Le rôle du
réseau routier dans l'intégration et la croissance
économique : l'impact des ring et des routes de desserte agricole
dans la création des richesses en RDC1(*)
HERTINCE NTOMBA APPUYER
Etudiant finaliste en sciences économiques de
l'Université de Kinshasa
INTRODUCTION GENERALE
1. PROBLEMATIQUE
Le réseau routier comme un ensemble des routes
interconnectées et entrecroisées entre elles permettant le
passage des personnes et des marchandises constitue un secteur important dans
une économie. Il participe et contribue efficacement au processus de
création des richesses dans un pays.
Les routes comme secteur porteur de croissance dans une
économie agit efficacement de par et d'autre sur le secteur agricole,
sur le secteur de l'industrie manufacturière et sur le secteur des
échanges en permettant l'acheminement de l'input agricole vers les zones
agricoles, l'évacuation de l'output des zones productrices vers
l'industrie manufacturière considérée comme le centre de
transformation de celui-ci en produit fini ou semi fini(octroi de la valeur
ajoutée) ainsi qu'en favorisant le démarrage du processus des
échanges (naissance du commerce).
Pour le cas qui nous est sien, la réalité prouve
le contraire, c'est-à-dire le réseau routier congolais accuse une
incapacité qui ne lui permet pas de jouer convenablement son
rôle. Concrètement, les routes en RDC ne constituent pas un
réseau effectif parce qu'elles ne sont pas interconnectées, ne
permettent pas l'intégration et même la liaison de
l`arrière pays considérée comme la zone de production et
les villes comme le centre de consommation. Cet état de choses prouve
l'absence ou soit la faible participation du réseau routier dans le
processus de création des richesses en RDC.
Malgré la faible production agricole qu'offrent les
zones rurales d'arrière pays, les voies de desserte agricole sont
à même incapables de permettre l'évacuation de cette
production vers les centres de consommation (villes). Aussi, il se juge une
incapacité pour ces routes de faire l'acheminement des moyens de
production et des produits finis des villes vers les agriculteurs ruraux.
Cette situation montre l'impact jugé négatif du
réseau routier congolais, très particulièrement celui des
RING et des routes de desserte agricole sur, d'une part le secteur agricole et
le secteur de l'industrie manufacturière et d'autre part, sur
l'économie congolaise en général au moment où
plusieurs études empiriques avaient prouvé la sensibilité
qu'ont ces deux secteurs de promouvoir le démarrage du processus de
croissance économique en RDC.2(*)
Notre préoccupation majeure se situe au niveau de la
compréhension et de l'analyse de l'état des routes
d'intérêt général et celles de desserte agricole
considéré comme pièce maîtresse de la faible
contribution de ce secteur dans le processus de création des richesses
en RDC.
Cette préoccupation révèle en nous un
certain nombre de questions telles que : comment est l'état du
réseau routier congolais ? En quoi consiste l'importance des RING
et des routes de desserte agricole dans l'économie congolaise ?
Quelles sont les contraintes qui ne permettent pas ce secteur de contribuer
efficacement au processus de création des richesses en RDC ?
Ce sont autant de questions que nous nous sommes posées
dont les réponses se dévoileront tout au long de ce travail.
2. HYPOTHESES DE TRAVAIL
Avant tout pronostic, par les simples observations nous disons
ceci :
Le réseau routier congolais ne contribue
presqu'à rien dans le processus de création des richesses car il
est détruit à 90% environ.3(*)
La quasi inexistence de politique de financement interne et
l'existence des influences politiques dans la gestion sont autant de
problèmes que connaisse le réseau routier congolais.
L'absence des politiques d'entretien et de suivi des travaux
de construction et de réhabilitation amoindrie l'impact du réseau
sur l'économie nationale.
3. OBJECTIF DU TRAVAIL
La présente étude a pour mission d'identifier
les vraies contraintes/difficultés qui font à ce que les routes
d'intérêt général et celles de desserte agricole ne
puissent pas participer efficacement au processus de création des
richesses en RDC afin de proposer des solutions éventuelles.
4. CHOIX ET INTERET DU SUJET
Pour atteindre sa mission, l'Etat congolais doit d'une
manière ou d'une autre procéder à la création des
richesses afin d'améliorer le bien-être de sa population.
De par son rôle et de son importance dans le processus
de création des richesses dans un pays, le réseau routier
revêt d'une importance capitale pour stimuler la croissance et de
promouvoir le développement économique dans notre pays. C'est ce
qui a fait l'objet de notre motivation à ce sujet combien si important
pour une économie comme la notre.
5. DELIMITATION DU SUJET
Notre étude vise l'amélioration des conditions
d'évacuation des produits agricoles des zones de production vers les
centres de consommation ainsi que de l'intégration économique et
territoriale dans le but de stimuler la croissance économique en RDC.
Il se fait qu'à dater de ce jour (2011), notre
étude fait un recul de quatre ans (2007) afin d'être un peu proche
de la réalité.
6. PLAN SOMMAIRE DE TRAVAIL
Avec une introduction et une conclusion, notre étude
sera sanctionnée sur trois chapitres, à savoir :
Chapitre 1. Le réseau routier dans une
économie
Chapitre 2. Généralités sur le
réseau routier congolais
Chapitre 3. Quelles stratégies pour le réseau
routier congolais ?
CHAPITRE I. LE RESEAU
ROUTIER DANS UNE ECONOMIE
Les routes constituent une épine dorsale dans le
processus du développement économique d'un pays. Elles sont pour
une économie les infrastructures de base pour le démarrage du
processus de la croissance économique du fait qu'elles jouent un
rôle important dans le sentier du développement en
établissant d'une part les liaisons entre les régions
productrices et celles qui ne le sont pas, et d'autre part, entre le pouvoir
central, les pouvoirs provinciaux et les entités
décentralisées.4(*)
Dans ce chapitre, il sera question de voir comment les routes,
très particulièrement les RING et les routes de desserte agricole
adéquates agissent sur une économie ainsi que leur rôle et
leurs impacts dans le processus de création des richesses afin de
promouvoir la croissance.
C'est ainsi que pour bien cerner la portée de cette
question, il convient de définir d'abord quelques concepts clés
relatifs à notre analyse.
I.1. DEFINITION DES
CONCEPTS
De prime à bord, nous définissons quelques
concepts relatifs aux routes :
1. Infrastructures routières
Les infrastructures routières constituent l'ensemble
des ouvrages et équipements au sol destinés à faciliter le
trafic routier, c'est-à-dire le déplacement des personnes et des
biens d'un point donné à un autre.
2. Réseau routier
On entend par réseau routier l'ensemble des routes
interconnectées et entrecroisées au sein d'une région
permettant le passage des personnes et des marchandises.
3. Routes d'intérêt général
(RING)
Les routes d'intérêt général,
appelées autrement routes prioritaires constituent l'ensemble des routes
mettant en liaison les provinces (grandes villes) entre elles afin de favoriser
le trafic et les échanges commerciaux.
4. Routes de desserte agricole (RDA)5(*)
C'est l'ensemble des routes qualifiées
d'intérêt local visant la liaison des zones rurales avec comme
activité principale l'agriculture et les villes.
Puis nous définissons des concepts économiques
suivants :
5. Création des richesses
La création des richesses dans une économie
constitue l'ensemble des mécanismes susceptibles de rendre les
ressources utiles et capables de satisfaire aux fins humains. Comme le dit Adam
SMITH, la richesse c'est le produit du travail et de la terre.6(*) Sous l'angle de la production,
la création des richesses désigne l'augmentation de la valeur
ajoutée, c'est-à-dire du PIB.
6. Intégration économique
Par intégration économique, on entend comme un
processus qui conduit plusieurs économies distinctes à former un
seul espace économique.7(*)
7. Croissance économique
C'est une augmentation soutenue dans une ou plusieurs
périodes longues du produit global en termes réels.
I.2. ROLES DU RESEAU ROUTIER
DANS UNE ECONOMIE
Comme nous l'avons défini ci-haut, le réseau
routier est un ensemble des routes interconnectées au sein d'une
région/territoire visant l'intégration et l'unification. Il joue
un rôle important dans une économie par son action de mise en
connexion de toutes les zones de production à celles de consommation.
Le réseau routier constitue un des secteurs porteurs
de croissance en ayant des effets d'entrainement sur d'autres secteurs. Il est
au fait considéré comme une épine dorsale et un des
secteurs moteurs de démarrage du processus de la croissance.
Dans le processus de création des richesses dans une
économie, les routes permettent les transactions et les échanges
commerciaux entre les régions en accordant une sorte de valeur
ajoutée sur toutes les productions agricoles locales dans les milieux
urbains, et cela par l'action de l'industrie manufacturière tout en
évitant le cloisonnement des marchés sur une région.
De manière générale, le réseau
routier agit sur le secteur agricole et sur le secteur de l'industrie
manufacturière considérée comme les deux secteurs les plus
sensibles pour le démarrage du processus de la croissance
économique dans certains pays (cas de la RDC).
En d'autres termes, le processus de développement
économique en tous lieux nécessite l'établissement d'un
réseau routier adéquat car l'insuffisance et la non connexion des
routes constituent un des éléments principaux qui entravent le
développement des pays sous équipés, en l'occurrence de la
RDC.
Comme l'avait dit le Professeur IVON BONGOY :
« il n'existe pas un seul pays qui se dit développé et
qu'il a des problèmes des routes et inversement, il n'existe pas un seul
pays qui a des infrastructures routières adéquates et que sa
population vit dans la pauvreté ».8(*)
I.3. L'IMPACT DU RESEAU
ROUTIER DANS UN PAYS
En jouant correctement leurs rôles dans une
économie, particulièrement les RING et les routes de desserte
agricole ont un impact significatif sur une économie nationale.
Nous voulons ici dans le cadre de notre analyse dégager
l'impact découlant de l'existence d'un réseau routier
adéquat tant sur le plan économique qu'administratif.
I.3.1. Au niveau
économique
Nous voulons ici dans le cadre de notre analyse montrer
l'impact du réseau routier sur deux secteurs importants d'une
économie. Il s'agit du secteur agricole et du secteur de l'industrie
manufacturière.
De manière particulière, les routes
d'intérêt général et celles de desserte agricole
agissent en amont et en aval du secteur agricole. En amont, elles permettent
l'acheminement des moyens de production (tracteurs, camions, intrants
agricoles, produits finis) des villes vers les zones de production agricole. En
aval, elles permettent l'évacuation de l'output agricole des zones de
production vers l'industrie manufacturière (grandes villes).
Dans le processus de création des richesses,
l'industrie manufacturière assurera la transformation de cet out put
agricole en produits finis ou semi-finis, c'est-à-dire en biens
intermédiaires, biens d'équipement ménagers ou
professionnels, biens de consommation courante, etc.9(*)
Déjà à ce niveau, il ya augmentation de
la valeur ajoutée et du niveau de produit intérieur brut, donc il
ya création des richesses.
En touchant ces deux secteurs (agricole et industrie
manufacturière), le réseau routier favorise :
- la création d'emplois et la mobilité des
facteurs de production ;
- la naissance d'effets d'entrainement sur d'autres
secteurs ;
- l'indépendance alimentaire du pays ;
- les transactions et échanges commerciaux entre
provinces (intégration économique) ;
- la réduction de la pauvreté ;
- l'avènement des investissements lourds
(étrangers et locaux), etc.
I.3.2. Au niveau
administratif
Par l'action qu'effectuent les RING, celle de la liaison des
provinces entre elles et avec le pouvoir central, le réseau routier
influe sur l'instauration de l'unité nationale et de l'autorité
de l'Etat, il permet la communication du pouvoir central et des entités
administrées.
De manière générale, le réseau
routier favorise :
- l'intégration économique et
territoriale ;
- la mobilité interne ;
- la reconnaissance nationale ;
- le patriotisme ;
- le rapprochement entre les dirigeants et les dirigés,
etc.
CHAPITRE II. GENERALITES SUR
LE RESEAU ROUTIER CONGOLAIS
Après avoir passé en revue l'importance, la
nécessité, le rôle et l'impact des infrastructures
routières dans une économie selon la théorie
économique, il est question d'analyser dans ce chapitre l'état du
réseau routier de la RDC et son impact sur l'intégration, la
croissance et le développement économique.
II.1. ETAT DU RESEAU ROUTIER
CONGOLAIS
En 2008, le réseau routier congolais totalisait 152.320
km, soit 7,38% du réseau routier africain qui est de 2.613 km dont 7.400
km de voiries urbaines, 58.308 km de routes d'intérêt
général dont 5% revêtus et 86.615 km de routes
d'intérêt local.10(*) La RDC a hérité des colonisateurs
145.000 km à l'indépendance et actuellement (2010), le
réseau routier totalise 152.400 km.11(*) Donc, nous pouvons dire que dans 50 ans, la RDC n'a
construit que 7400 km de routes.
Près de 80% de la population congolaise vivent en
milieu rural avec comme activités principales l'agriculture, la
pêche et l'élevage. Cependant cette population vit dans une
situation précaire et une pauvreté absolue malgré les
potentialités immenses qu'offre le secteur agricole congolais. Ces
populations vivent dans l'isolement par rapport au reste du pays du fait de
l'inaccessibilité de leur milieu suite à la dégradation
très avancée des routes.
Au moins 70% des voies de desserte agricole sont dans un
état de détérioration avancée.12(*)A cause de ce mauvais
état des routes, le secteur agricole accuse il ya une vingtaine
d'années des difficultés de plusieurs ordres, notamment
l'accès au marché, l'évacuation de l'output agricole,
cloisonnement des marchés, etc.
Cette insuffisance qualitative et quantitative de l'offre des
services de transport routier constitue l'un des problèmes prioritaires
du pays. En effet, elle constitue une entrave à une croissance
économique durable et ne facilite pas les échanges commerciaux,
ni l'accès des populations rurales aux autres services sociaux de
base.
En définitive, les différentes études
menées aboutissent à la conclusion selon laquelle le
réseau routier congolais est détruit à 90% environ,
c'est-à-dire l'état grave se trouve dans le réseau routier
ainsi que les conséquences qui en découlent.
II.2. CARACTERISTIQUES DU
RESEAU ROUTIER CONGOLAIS
Le réseau routier congolais a été
construit pour compléter et prolonger les principaux eau-rails,
conférant de ce fait aux routes un rôle incontestablement moins
important que celui de deux modes précités.
La plupart ou la quasi totalité des routes que
possèdent actuellement la RDC sont des routes qui ont été
construites à l'époque coloniale avec les caractéristiques
suivantes13(*) :
- Aujourd'hui 152.400 km du réseau ;
- Les tracés des routes étaient fixés
attentivement aux moindres coûts avec des pentes exagérées
et les rayons très courts ;
- Routes construites sans fondations, ni drainage, ni
revêtements ;
- Les ouvrages d'art sont provisoires, insuffisantes ou
même inexistants ;
- Le climat tropical a une action trop prononcée sur
les routes qui sont saisonnières, inutilisables et elles souffrent des
pluies et des érosions.
Le réseau routier congolais a au moins 58.385 routes
dont 20.989 routes d'usage réel, c'est-à-dire 20.151 routes
prioritaires et 17.245 routes régionales. Dans ces routes, il ya au
total 2.071 routes nationales revêtues et 7.308 routes nationales en
terre.
En guise d'illustration, les tableaux ci-dessous font la
synthèse sur le réseau routier congolais, sur les routes
nationales revêtues et non revêtues.
Tableau
1 : Réseau routier congolais (RD)
Province
|
Routes
|
Routes prioritaires
|
Routes régionales
|
total
|
Bas-Congo
|
1380
|
891
|
869
|
3140
|
Bandundu
|
2267
|
3.566
|
3.160
|
8993
|
Equateur
|
2970
|
2.781
|
3.158
|
8909
|
P. Orientale
|
3706
|
3.484
|
3.075
|
10.265
|
Ex. Kivu
|
2905
|
2607
|
1932
|
7.444
|
Katanga
|
4035
|
4054
|
2958
|
11.046
|
Kasaï Occ.
|
1998
|
1141
|
859
|
3998
|
Kasaï Or.
|
1457
|
1627
|
1234
|
4318
|
Kinshasa
|
272
|
-
|
-
|
272
|
total
|
20.989
|
20.151
|
17.245
|
58.385
|
Source : Office des Routes,
Département de planification, 1995.
Tableau 2 :
Routes Nationales en RDC (revêtues et non revêtues)
Province
|
Routes revêtues
|
Routes non revêtues
|
total
|
Kinshasa
|
239
|
13
|
252
|
Bas-Congo
|
341
|
-
|
341
|
Bandundu
|
475
|
836
|
1.311
|
Equateur
|
-
|
539
|
539
|
P. Orientale
|
149
|
365
|
514
|
Kasaï Occ.
|
23
|
687
|
710
|
Kasaï Or.
|
140
|
1093
|
1233
|
Nord Kivu
|
133
|
359
|
442
|
Sud Kivu
|
210
|
479
|
689
|
Maniema
|
177
|
955
|
1132
|
Katanga
|
187
|
1.982
|
2169
|
total
|
2.071
|
7.308
|
9382
|
Source : Annuaire statistique de GET, p.
18.
II.3. ENTITES CHARGEES DE
LA GESTION ET DE L'ENTRETIEN DES ROUTES
1. OFFICE DES ROUTES (OR)
C'est un établissement public à caractère
technique dont la mission consiste dans :
- l'exécution des études et des travaux
d'entretien d'aménagement, de modernisation et de construction des
routes, d'ouvrages d'art et des bacs ;
- des interventions dans l'entretien et l'aménagement
des autres routes, ouvrages d'art et bacs à la demande du
Ministère des Travaux publics et infrastructures ;
- la gestion du laboratoire national des travaux publics,
etc.
Sur les 152.400 km que dispose le réseau routier
congolais, l'Office de routes a en charge la gestion des routes
d'intérêt général totalisant au moins 50.000 km.
2. DIRECTION DES VOIRIES DE DESSERTE AGRICOLE
(DRDA)
La DVDA est une Direction nationale oeuvrant au sein du
ministère de l'agriculture. Elle a pour mission de gérer le
réseau des routes d'intérêt local qui est de 87.000 km soit
60% du réseau routier.
3. OFFICE DE VOIRIES ET DRAINAGE (OVD)14(*)
L'OVD est un établissement public chargé de la
gestion, d'entretien et de la construction des routes urbaines.
Concrètement, l'OVD a pour mission :
- de concevoir, construire, entretenir, contrôler et
surveiller, aménager, moderniser et développer des
infrastructures urbaines des voiries et drainage ;
- d'exécuter ou faire exécuter les études
relatives aux réseaux des voiries et drainage à Kinshasa et de
certaines provinces.
II.4. CONTRAINTES RELATIVES
AU RESEAU ROUTIER CONGOLAIS
De par son rôle, de son importance et de son impact dans
la création des richesses dans une économie, le réseau
routier congolais connait d'énorme difficultés/problèmes
qui ne lui permettent pas de jouer efficacement son rôle dans
l'économie afin de participer réellement au processus de
création des richesses en RDC.
D'emblé, nous devons savoir que c'est le pouvoir
politique qui est premièrement à la base de la
détérioration de l'économie congolaise. C'est ici
même le hic de notre analyse.
1. CONTRAINTES TECHNIQUES
Techniquement, le réseau routier connait les
difficultés suivantes :
- structure rudimentaire de la chaussée qui ne
correspond pas à l'évolution du trafic de plus en plus dense et
dont le tonnage est disproportionné par rapport à la charge
à l'essieu ;
- non respect des normes à l'importation
caractérisé par l'introduction dans le pays des véhicules
à tonnage élevé et non adaptés à la
structure de la chaussée ;
- disparition ou inexistence du cantonnage manuel ;
- mauvais diagnostics dans les projets de construction ou de
réhabilitation ;
- inachèvement des travaux suite au manque de
contrôle et de suivi.
2. CONTRAINTES FINANCIERES
Ces contraintes financières sont les
suivantes :
- modicité de la part du budget de l'Etat alloué
dans ce secteur ;
- non exécution des crédits
alloués ;
- mauvaises affectations des ressources suite aux mauvais
diagnostics dans les travaux des routes ;
- existence de la hausse généralisée des
prix entrainant la perte du pouvoir d'achat des crédits
prévus ;
- décaissements irréguliers pour les dotations
en matériels, etc.
3. CONTRAINTES SOCIALES
Les contraintes d'ordre social sont :
- difficulté d'assurer la continuité de
l'entretien par le cantonnage manuel dû à l'absence des salaires
de cette catégorie d'agents ;
- modicité des salaires alloués aux agents
d'entretien des routes ;
- absence des motivations, etc.
4. CONTRAINTES POLITIQUES
Aujourd'hui, la politique devient un instrument de la
détérioration de l'économie congolaise. Les contraintes
à ce niveau sont les suivantes :
- Influences politiques dans la gestion de la chose
publique ;
- mauvaise gestion et détournements des fonds
alloués dans ce secteur suite au manque de contrôle
d'évaluation et de la présence des boucliers de familles
politiques, etc.15(*)
Ce sont autant de problèmes que
connait le réseau routier congolais et qui ne lui permettent pas de
contribuer efficacement au processus de création des richesses afin de
promouvoir la croissance et le développement économique dans
notre pays.
II.5. L'IMPACT DE L'ETAT DU
RESEAU ROUTIER SUR L'ECONOMIE CONGOLAISE
Du fait du mauvais état du réseau routier en
général et celui des RING et des routes de desserte agricole,
l'économie congolaise subit les conséquences suivantes :
1. AU NIVEAU SOCIAL
Sur ce plan, il ya des conséquences suivantes :
- paupérisation accentuée des populations des
grandes villes ;
- conditions précaires des agriculteurs des zones
rurales suite au manque de l'acheminement des produits finis (sucre, savon,
habits, etc.).
2. AU NIVEAU ECONOMIQUE
A ce niveau, l'économie congolaise subit
les conséquences suivantes :
- anéantissement du secteur agricole suite aux aides
alimentaires et importations élevées des produits
agricoles ;
- inutilité du secteur de l'industrie
manufacturière ;
- absence de création des richesses favorisant la
faible production nationale ;
- taux de chômage élevé suite au principe
d'interdépendance des secteurs composant l'économie nationale,
etc.
3. AU NIVEAU POLITIQUE
Ce sont les conséquences surtout d'ordre politique qui
traduisent aujourd'hui la fragilité de l'Etat congolais. Il
s'agit :
- de la dépendance politique et économique de
l'Etat congolais vers l'extérieur ;
- l'incapacité de l'Etat à relancer
l'économie, etc.
CHAPITRE III. QUELLES
STRATEGIES POUR LE RESEAU ROUTIER CONGOLAIS
III.1. INTRODUCTION
Dans le but de permettre au réseau routier congolais de
jouer son rôle et de contribuer efficacement à la création
des richesses en RDC, le présent chapitre aborde la question de savoir
quelles stratégies prendre pour renforcer l'efficacité de ce
secteur combien si important pour le démarrage du processus de
croissance dans l'économie congolaise.
Vu la conclusion des différentes études
menées dans ce secteur disant que le réseau routier congolais est
détruit à 90% environ, notre étude a porté son
choix sur quelques stratégies d'amélioration,
particulièrement pour les RING et des routes de desserte agricole.
Connaissant l'intervention de chaque secteur ou facteur dans
le processus de création des richesses dans un pays les actions à
mener dans le secteur se situe tant au niveau économique et technique,
au niveau politique et même social.
1. AU NIVEAU ECONOMIQUE ET TECHNIQUE
A ce niveau, les actions à mener doivent d'abord
tourner autour de la réhabilitation et à l'entretien
régulier des voies routières prioritaires et celles de desserte
agricole existantes avant que l'on puisse projeter la construction des
nouvelles infrastructures.
Concrètement, les actions à mener sont les
suivantes :
- promouvoir les entretiens préventifs dans le but de
garder en bon état les routes, et cela par le nettoyage et la
canalisation des eaux de pluies ;
- la réhabilitation, la modernisation des RING car
elles font l'office du réseau prioritaire en favorisant les transactions
et échanges commerciaux au niveau interne ;
- accroître les investissements dans le secteur routier
par une part considérable du budget de l'Etat ;
- procéder à l'exécution intégrale
des crédits alloués dans ce secteur ;
- promouvoir les affectations des ressources dans des travaux
de réhabilitation soutenus par des bons diagnostics;
- équiper et moderniser l'office des routes et la
direction des voiries de desserte agricole (DVDA), etc.
2. AU NIVEAU POLITIQUE
Les actions à mener sont les suivantes :
- opter pour l'indépendance de la gestion de la chose
publique ;
- l'instauration de l'autorité de l'Etat par
l'élaboration des mécanismes institutionnels et
réglementaires favorables à l'épanouissement des RING et
celles de desserte agricole ;
- la réglementation dans la passation des
marchés publics relatifs aux travaux de construction, de
réhabilitation ou de modernisation des routes ;
- renforcement du contrôle de qualité des travaux
publics relatifs au RING et celles de dessertes agricoles ;
- instauration des suivis, des contrôles
d'évaluation ainsi que des sanctions afin d'éviter les travaux
inachevés, etc.
III.2. AGENTS ECONOMIQUES
A INTERVENIR ET SOURCE DE FINANCEMENT
A ce stade, nous ne voulons pas prendre le risque de citer de
prime à bord l'intervention des partenaires étrangers, ni
l'intervention d'un financement externe pour une cause qui nous est sienne et
qui peut être réglée par l'Etat lui seul.
En premier lieu, seuls les Pouvoirs publics (l'Etat et ses
subdivisions) qui sont les premiers agents économiques à
intervenir dans l'amélioration du réseau routier qui connait un
état de dégradation à 90% environ, car les investissements
réclamés dans ce secteur sont tellement lourds que le
privé ne saurait pas intervenir.
En deuxième lieu, pour y parvenir, nous visons ici le
Budget de l'Etat comme seule source de financement dans ce secteur car il est
le volet financier de l'action de l'Etat.16(*) Constatant que le Budget de l'Etat Congolais accorde
plus des crédits aux dépenses de fonctionnement qualifiées
d'improductives (transferts et salaires), nous faisons ici appel à la
théorie macroéconomique de l'endogenéité du secteur
public17(*) en appelant
l'Etat à se comporter en entrepreneur et à réaliser plus
les dépenses à caractère économique
(dépenses d'investissement, qualifiées de plus productives).
Sans oublier aussi que la réforme des fiances publiques
de mars 2010 prône sur la place du Budget de l'Etat dans le processus de
développement économique dont la finalité est celle
d'avoir des finances publiques saines et viables pouvant soutenir la croissance
économique et de lutter contre la pauvreté (Plan
stratégique de réforme des finances publiques, mars 2010).
En sus, sachant que l'économie congolaise se situe dans
la phase de dépression caractérisée par une faible
production et le sous-emploi, l'Etat congolais peut procéder par un
financement monétaire dans ce secteur afin de construire, de
réparer et de moderniser des routes par référence à
la politique des grands travaux de Keynes. Donc, par une meilleure politique
budgétaire et monétaire, seul l'Etat congolais peut intervenir
efficacement dans l'amélioration du réseau routier qui constitue
un secteur important dans le processus de création des richesses afin de
promouvoir le démarrage de la croissance économique en RDC.
CONCLUSION
Les routes constituent l'un des secteurs porteurs de la
croissance économique, elles constituent une épine dorsale dans
le processus de développement économique. De par son rôle
et de son importance dans une économie, elles constituent un secteur
intermédiaire entre le secteur agricole et le secteur de l'industrie
manufacturière qui sont considérés comme les secteurs les
plus sensibles pour le décollage de l'économie congolaise.
Sur ce, le réseau routier congolais ne joue pas
convenablement son rôle, il accuse des difficultés d'ordres
conjoncturels et structurels, et cela tant sur le plan économique,
technique, politique et social.
Pour y parvenir, la présente étude a opté
pour quelques stratégies ou actions à mener ciblant d'abord
l'amélioration des routes d'intérêt général
et celles de desserte agricole qui constituent respectivement les routes
prioritaires et les routes d'intérêt local afin de permettre
l'augmentation de la production agricole, l'augmentation de la valeur
ajoutée et en général l'accroissement du PIB dans le cadre
de la création des richesses en RDC.
Pour cette analyse, l'agent économique ciblé et
capable d'intervenir dans ce secteur c'est « les pouvoirs
publics », c'est-à-dire l'Etat et ses subdivisions. Tandis que
la meilleure source de financement pour palier aux contraintes qui lient le
réseau routier congolais c'est le budget de l'Etat.
Dans l'ensemble, par une meilleure politique budgétaire
et monétaire, l'Etat congolais peut intervenir efficacement dans le
secteur routier.
BIBLIOGRAPHIE
1. OUVRAGES
- Jean -Yves CAPUL et Olivier, Dictionnaire d'économie
et de science sociale.
- Robert BADOUIN, Agriculture et accession au
développement, 2e éd., Approche, Paris, 1967.
2. DOCUMENTS ET RAPPORTS
- Document de la stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté, juillet 2006 ;
- Rapport de mise en oeuvre de la stratégie de
croissance et de réduction de la pauvreté ;
- Document OVD, rôle des infrastructures
routières dans l'intégration économique et territoriale,
mai 2011.
3. NOTES DE COURS ET TRAVAUX SCIENTIFIQUES
- Ivon BONGOY, Cours de théories de l'économie
et des finances publiques, UNIKIN/FASEG, 2011, 94 p.
- Jacques KAWATA et Albert MOLONI, cours de
macroéconomie, UNIKIN/FASEG, 2011, 270 p.
- F. MUSA MUNDEDI, cours de théories et doctrines
économiques et sociales, UNIKIN/FASEG, éd. 2007, 118 p.
- TFC/FASEG : « les contraintes relatives au
transport et l'approvisionnement de la ville de Kinshasa ».
TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I. LE RESEAU ROUTIER DANS UNE
ECONOMIE
4
I.1. DEFINITION DES CONCEPTS
4
I.2. ROLES DU RESEAU ROUTIER DANS UNE
ECONOMIE
5
I.3. L'IMPACT DU RESEAU ROUTIER DANS UN
PAYS
6
I.3.1. Au niveau
économique
6
I.3.2. Au niveau administratif
7
CHAPITRE II. GENERALITES SUR LE RESEAU
ROUTIER CONGOLAIS
8
II.1. ETAT DU RESEAU ROUTIER
CONGOLAIS
8
II.2. CARACTERISTIQUES DU RESEAU ROUTIER
CONGOLAIS
9
Tableau 1 :
Réseau routier congolais (RD)
9
Tableau 2 : Routes
Nationales en RDC (revêtues et non revêtues)
10
II.3. ENTITES CHARGEES DE LA GESTION ET DE
L'ENTRETIEN DES ROUTES
10
II.4. CONTRAINTES RELATIVES AU RESEAU
ROUTIER CONGOLAIS
11
II.5. L'IMPACT DE L'ETAT DU RESEAU ROUTIER
SUR L'ECONOMIE CONGOLAISE
12
CHAPITRE III. QUELLES STRATEGIES POUR LE
RESEAU ROUTIER CONGOLAIS
14
III.1. INTRODUCTION
14
III.2. AGENT ECONOMIQUE A INTERVENIR ET
SOURCE DE FINANCEMENT
15
CONCLUSION
16
BIBLIOGRAPHIE
17
TABLE DE MATIERE
Erreur ! Signet non
défini.
* 1 Direction et
Correction du Professeur MUBAKE MUMEME Michel, Enseignant au département
des Sciences Economiques, spécialité : Economie
Publique.
* 2 Phrase tirée de
l'intervention du Professeur MUBAKE Michel, cours de fluctuations et croissance
économiques, UNIKIN/FASEG, 26 juillet 2011.
* 3 Document OVD, rôle des
infrastructures routières dans l'intégration économique et
territoriale, mai 2011, p.5.
* 4 Document OVD, op.cit,
p.2.
* 5 F. MUSA, Cours de
Géographie économique et économie de transports,
UNIKIN/FASEG, 2008.
* 6 F. MUSA, cours de
théories et doctrines économiques et sociales, UNIKIN/FASEG,
éd.2007, p.36.
* 7 Définition
tirée du dictionnaire économique.
* 8 Phrase tirée de son
intervention sur le rôle des infrastructures routières dans
l'intégration économique et territoriale, mai 2011.
* 9 Définition
tirée du dictionnaire économique.
* 10 F. MUSA, op.cit.
* 11 Document OVD, op.cit,
p.5.
* 12 DSCRP1, Point 107, juillet
2006, p.30.
* 13 F. MUSA, op.cit.
* 14 Décret n°09/48
du 03 décembre 2009 portant fixation de statuts d'un
établissement public dénommé OVD.
* 15 Une illustration est
prévue au moment de la défense de ce travail.
* 16 IVON BONGOY, Cours de
théorie de l'économie et des finances publiques, UNIKIN/FASEG,
2011, p.9.
* 17 Jacques KAWATA, Cours de
macroéconomie, UNIKIN/FASEG, 2008, p. 102.
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