1.4. RESTITUTIONS ORGANIQUES
Les sources de fumure organique sont peu nombreuses. Il s'agit
de compostage, la transformation physico-chimique des matières
végétales et animales par voie microbienne, le fumier
d'étable. Celles-ci représentent les principales fumures
organiques les plus utilisées dans les zones tropicales d'Afrique
(BERGER et al., 1987). Cependant les contraintes liées à
la production et à l'utilisation de la fumure organique sont d'ordre
financier, technique, matériel et social (la saison sèche est
réservée aux mariages, funérailles, constructions...).
La valorisation des résidus de récolte contribue
de façon déterminante à assurer le maintien de la
fertilité des sols. La mise en culture des sols est suivie d'une
dégradation rapide de la fertilité qui se traduit par une
acidification accentuée par l'utilisation quasi exclusive des engrais
minéraux (KOULIBALY et al., 2009).
BERGER et al. (1987) ont proposé
l'enfouissement direct des résidus au sol ou leur restitution sous forme
de fumure organique pour maintenir la fertilité des sols
cultivés.
D'autres travaux précisent que le recyclage des
résidus ou leur incorporation au sol combinée aux techniques de
travail du sol et aux rotations des cultures, améliore certaines
propriétés du sol tout en réduisant les
phénomènes d'érosion.
Il est recommandé 2 t/ha et par an ou 6 t/ha tous les 3
ans de fumure organique pour compenser globalement les pertes annuelles de
matière organique du sol. Les doses inférieures sont
insuffisantes pour enrayer la dégradation physique liée à
la disparition de la matière organique du sol. Par ailleurs, les apports
de fumures organiques à raison de 6 t/ha tous les 3 ans est la
principale recommandation. La matière organique doit être enfouie
pour que le mélange matière organique-sol se fasse normalement et
pour permettre une rétention des éléments minéraux
qui peuvent être perdus par volatilisation, par lixiviation ou par
lessivage (FERTI-BAR, 2010). Le tableau 1 indique une quantité
importante d'éléments minéraux exportés par les
tiges de cotonnier et de maïs surtout avec la fertilisation
organominérale. Cela traduit l'importance des pertes
d'éléments minéraux suite aux exportations des
résidus de récolte pratiquées par les paysans.
Tableau 1. Exportation minérale par les
tiges (kg/ha) de cotonnier et de maïs après une application de
fumure minérale seule et associée au compost dans une rotation
coton/maïs
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Exportations minérales par les tiges (kg/ha)
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Fumures
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Cotonnier
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Maïs
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N
|
P
|
K
|
S
|
N
|
P
|
K
|
S
|
Fm
|
28,6
|
11,0
|
12,0
|
3,7
|
61,6
|
5
|
33,7
|
3,3
|
FmCom
|
37,8
|
13,0
|
18,4
|
4,5
|
70,3
|
5,2
|
33,9
|
3,6
|
Fm: Fumure minérale, FmCom : Fumure minérale + 6
t/ha de compost
Source : KOULIBALY et al., (2009)
La baisse de la fertilité des sols est liée au
système de culture dit du type "minier" car n'intègre pas
d'activités de restitution des exportations faites par les productions
ainsi que les tiges utiliser dans les constructions ou comme source
d'énergie. Ainsi le peu de matière organique existant dans nos
sols est minéralisé par la faune minéralisatrice sans
être renouvelé.
Bien que l'efficacité des amendements soit
établie, leur utilisation en milieu paysan demeure très faible.
La principale contrainte résulte essentiellement de leur faible
disponibilité en qualité et en quantité suffisante (SEGDA,
1991) à cause du faible niveau
d'intensification agricole. Aussi, la consommation des
résidus de récolte pour les besoins domestiques comme source
d'énergie et matériaux de construction (clôture de jardin,
hangars, etc.) demeure l'obstacle à la production et à
l'utilisation de la fumure organique. De plus les difficultés de
transformation et de transport (insuffisance de main d'oeuvre,
non-maîtrise des techniques de transformation et le faible niveau
d'équipement en moyens de transport) sont souvent
évoquées.
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