2.3. Recours à l'aide et aux importations
alimentaires pour faire face au déficit alimentaire
Pour faire face au déficit alimentaire, la RDC fait
recours à l'aide alimentaire et aux importations alimentaires. Il est
donc indispensable ici de connaître les produits les plus en vue au
niveau de l'aide alimentaire comme des importations alimentaires. Pour ce
faire, un examen de la structure des importations et de l'aide alimentaires est
indispensable.
2.3.1. Structure des importations alimentaires
Les importations alimentaires en RDC ne cessent de croitre,
malgré la protection relativement importante de la production locale. Le
pays importe surtout des céréales (maïs, farine de
maïs, riz, blé dur, sucre, huile végétale) et des
produits carnés (viande et poisson)82. Les statistiques sur
les importations ont été fournies par le service statistique de
la DGDA, on ignore le degré de fiabilité de ces statistiques,
mais on constante de grandes fluctuations d'une année à l'autre
qui ne s'expliquent pas toujours. Les principaux produits importés sont
les suivants :
i' Blé dur et farine de blé :
la production de blé est très restreinte en RDC. Elle
n'était que de 10.000 tonnes 199983. La RDC importe environ
200.000 tonnes d'équivalent de farine de blé. Actuellement, elle
n'importe plus de farine mais uniquement du blé en grains. Il provient
des Etats-Unis, à cause du taux de change dollar/Euro favorable aux
importations de blé dur de la zone dollar. Ces importations augmentent
régulièrement et font que le pain, ou plutôt la baquette,
sont d'une consommation très courante dans les villes, surtout comme
alimentation hors du domicile. Les importations sont principalement entre les
mains
82 TOLLENS E, et HUART Alain, Les importations
alimentaires et la protection douanière en RDC, Belgique, Troupeaux
et cultures des tropiques, 2006, p.23
83 GOSSENS, MINTEN et TOLLENS, Nourrir Kinshasa,
l'approvisionnement local d'une méthode africaine, éd
L'harmattan, Paris, 1994, col. zaïre-histoire et société,
p.277
de la Minoterie de Matadi (MIDEMA), qui dispose
d'installations de déchargement et de stockage dans le port de
Matadi.
i' Riz : la RDC importe plus de 100.000
à 200.000 tonnes de riz chaque année, surtout en provenance
d'Asie, dont 30% de brisures de riz. Souvent, ce riz provient de stocks de
sécurité alimentaire et est âgé de 3 à 4 ans.
Depuis deux années, les prix du riz sur le marché mondial ne
cessent de grimper. Aussi le riz de production locale, qui a la
préférence des consommateurs, gagne-t-il en compétitive.
Le principal frein à la consommation de riz en ville est le prix. On
assiste souvent à une augmentation de la consommation de riz lorsque les
revenus des ménages augmentent ; d'une manière
générale, le riz importé est préféré
au riz local dans les milieux urbains, surtout à Kinshasa. Le prix du
riz importé influence celui du riz local. Ainsi, l'offre croissante du
riz à des prix mondiaux nettement inférieurs a eu un effet
négatif sur les prix du riz local.
i' Maïs et farine de maïs : la RDC
importe essentiellement du maïs et de la farine de maïs à
Kinshasa pour les besoins de l'aide alimentaire. Il n'y a pratiquement pas
d'importations commerciales de maïs, ou du moins pas dans l'ouest du
pays84. Au Katanga et dans les deux Kasaï, où le
maïs est la composante essentielle de la consommation alimentaire avec le
manioc, le grand déficit de la production locale oblige la RDC à
importer massivement, surtout des pays voisins et d'Afrique du Sud, des
quantités relativement importantes car des sources informelles parlent
de 200.000 t par an, mais une information qui n'est pas confirmée par le
service des statistiques de la DGDA.
i' Viande bovine : on importe 30.000 à
40.000 t/an de viande bovine, surtout de 5ème quartier
(tête, queue, pattes, boyaux), la viande kappa et de la viande de moindre
qualité. On importe actuellement de la viande buffle à partir de
l'Inde. Ces importations de boeuf se font du Brésil, de l'Argentine, de
l'Afrique du Sud et de l'Union Européenne.
84 OCHA, Rapports d'évaluation des besoins
humanitaires par province, Kinshasa, 2006, p.34
i' Mpiodi : il s'agit du poisson chinchard,
congelé, non trié et non éventré,
pêché dans les eaux territoriales de la Namibie ou de la
Mauritanie par des bateaux de pêche industrielle. La RDC en importe plus
de 100.000 t/an. Le prix de vente est d'environ 1,5 dollar/kg. Presque tous les
ménages urbains consomment le mpiodi. Il est en concurrence direct avec
le poisson local provenant de la pêche artisanale. Son prix augmente au
fur et à mesure que l'on s'éloigne de Kinshasa.
i' Huile végétale : la RDC
était jusqu'en 1958 le plus grand exportateur d'huile de palme au monde
; elle importe actuellement de grandes quantités d'huile
végétale 50.000 à 60.000 t/an.
Les tableaux ci-dessous nous donnent l'état de
l'importation des produits alimentaires et l'importation de produits vivriers
pour une certaines périodes.
Tableau n°4: Les importations alimentaires (en tonn
es
Denrée Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
Farine de blé
|
119.541
|
223.340
|
179.478
|
Farine de Maïs
|
4.690
|
67.651
|
7.904
|
Viandes de boeuf de porc
|
8.126
|
82.469
|
184.658
|
Volaille
|
8.812
|
49 .164
|
27.763
|
Poisson
|
75.127
|
149.426
|
94.669
|
Lait, produits laitiers
|
6.220
|
18.400
|
10.378
|
Pomme de terre
|
93
|
1.034
|
541
|
Oignon
|
78
|
3.635
|
3.315
|
Haricot
|
3.666
|
4.032
|
3.536
|
Riz
|
46.678
|
273.764
|
115.265
|
Huile végétale
|
2.900
|
95.790
|
8.876
|
Source : DGDA et OCC
Du point de vue de leur évolution sur la
période, les importations ont connues une régression annuelle
moyenne de 6,2%. Elles sont constituées essentiellement de poissons 46%,
de riz 24%, de maïs 23%, et 7% restant sont répartis sur d'autres
produits dont spécialement la farine de froment, les produits laitiers
et les épices.
Malheureusement, au même moment, on ne relève aucun
effort tendant à l'incitation de la production intérieure sur ces
mêmes spéculations.
Quant à l'avenir, la RDC deviendra un importateur net
de produits agricoles, une tendance qui va perdurer et s'amplifier : nous
estimons que d'ici 2020, le déficit commercial agricole atteindra le 90%
contre le 60% en 2015 si aucun n'effort n'est entrepris pour inciter la
production agricole locale.
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