~ i ~ EPIGRAPHE
« Les droits des agriculteurs méritent
l'attention des défenseurs des droits de l'homme et doivent être
encouragés dans le cadre de la promotion continue du droit à
l'alimentation, car c'est des bases solides sur lesquelles ces droits auront
été établis que dépendront nos futurs
approvisionnements alimentaires et leur durabilité...
Cette fonction protectrice de l'Etat constitue l'aspect le
plus important de ses obligations touchant les droits économiques,
sociaux et culturels, et est assimilable à son rôle de protecteur
des droits civils et politiques »
Conseil économique et social des Nations Unies, le 28
juin 1999
~ ii ~ DEDICACE
A tous les paysans congolais dépourvus des
activités génératrices des revenus à cause des
aides et importations alimentaires massives.
A ma future épouse et mes futures enfants,
A mon petit Hénoc,
A toute la famille NDONDA,
Je dédie ce travail
NDONDA MANDUNDU Jean-Louis
~ iii ~ REMERCIEMENTS
Ce travail que nous venons de réaliser a
évidemment une histoire longue, mais surtout très riches
d'enseignements. Car nous sommes ici bas pour surtout apprendre, et il faut
l'avouer, nous avons beaucoup appris. Mais il ne s'agit pas de conter les
leçons apprises il est question ici de remercier ceux qui d'une
façon ou d'une autre, ont contribué à cet apprentissage.
Et Dieu sait qu'ils sont nombreux et alors très nombreux et d'ores et
déjà nous présentons nos excuses a ceux qui seront
oubliés de cette longue liste.
Néanmoins, qu'il me soit permis de citer en
premier, le Professeur Ordinaire MUPINGANAYI KADIAKUIDI Bruno,
notre Directeur de mémoire, cheville ouvrière de cette
étude qui a cru en nous dès le premier contact nous a offert son
savoir et ses valeurs éthiques qui vont nous conduire durant toute notre
vie professionnelle.
Nous ne saurons oublier l'Assistant KIMUANGA
EYAMBO PapyFernand qui a réussi à nous prendre le
premier rendez-vous auprès d'un savant ; ce qui n'était point
acquit à l'avance.
Je ne saurais oublier notre grand frère
José NDONDA MOPITO qui au commencement était et
qui à la fin est encore là. C'est lui en effet qui nous a
convaincu à nous engager dans cette entreprise ; c'est encore lui qui a
su nous encourager à continuer au moment où le
désintérêt a commencé à nous gagner. Nous
sommes heureux de lui dire qu'enfin, nous avons fini et vraiment fini. Puis
nous nous en voudrons de ne pas citer notre tendre mère
Adèle DEGBALASE KANDA pour ses énormes
sacrifices, en se montrant à nous comme une mère, malgré
les difficultés, elle a été toujours pour nous comme une
« poule » qui protège ses petits contre un « géant
épervier », nous ne saurions lui dire un mot de la fin, celui qui
sonde les coeurs des hommes sait ce que nous envisageons pour sa
vieillesse.
~ iv ~
Il va s'en dire que sans l'aide indéfectible de ma
famille, ce travail n'aurait jamais pu être écrit, je sais qu'elle
a beaucoup souffert de nos absences répétées, parfois
longues et peut être inopportunes. Nous voilà enfin à
l'aboutissement, merci pour la patience.
Nous ne saurions oublier ici, notre feu Papa
François NDONDA-MATAKONGOTE de qui, nous avons retenu
qu'il faut toujours achever toute oeuvre entamée. Il faut avouer que
cette leçon parmi tant d'autres, qu'il n'avait jamais cessé de
nous répéter, nous a beaucoup aidé et permis la
matérialisation de ce travail. Tellement cela nous a coûté
du temps que certains n'osent plus enquérir de peur de nous
irriter.
Nous avions bien compris l'embarras de tout un chacun, et
nous sommes heureux de nous voir réconciliés puisque nous avons
enfin fini, nous citons ; Pétronelle, Elisabeth, Corneille, Jean-Claude,
Elodie, Jinette, JeanJosé, Patrick, Roseline, Irène, Catherine,
Maximilien, Martini, Françoise, Hortense, Moïse NDONDA, Giselle, ma
jolie femme Mado Ituli, Déborah, Néhémie,
Bénédicte, Raïssa, Nadège, Berbérine,
Jehovanie, Marlon, Gloire, Iréné, Diton, Gédéon,
Marie, Ruffin Nangele, Hélène Damosi, Mamie Bondoko ,Irène
Bondoko, Jacques Ndongo, Tous soeurs et frères.
Toutefois vous au moins n'avaient de cesser de nous
demander où nous sommes avec notre travail, il s'agit de Guy-Lambert
Monzango, Lydie Wama, Lydie Mobale ma bien aimée, Richard Dobo,
Cédric Mongengo, Alain Mangawa, Georges Motato, Djodjo Mbandombele,
Benoit Ekwa, Gires Belongo, Dickens Liwono, Junior et Augy Ndukuma,
Alpha-te-sarah, Mignonne Mubu, Nada M'Poo, Eric Mamboto, Mao Kanda, Nancie
Alula, Petra Iyeli, Gédeon Kalambayi, Sylvain Bokanga, Lumeji Gitona,
Alain Kiboko, Mandua Ndarabu, Jérémie Mangbau, Toto, et Patrick
Ribeiro collègues et camarades.
NDONDA MANDUNDU Jean-Louis
INTRODUCTION GENERALE
La présente introduction générale de
notre étude s'articule autour de six points à savoir :
problématique, hypothèse, choix et intérêt du sujet,
délimitation du sujet, méthodologie et canevas du travail.
I. Problématique de l'étude
Depuis le déclenchement de la crise économique
et financière au milieu des années 1990, les conditions de vie
des populations congolaises ne cessent de se dégrader. En effet, les
programmes d'ajustement structurel mis en oeuvre pour faire face à cette
crise ont été caractérisés entre autres par
l'arrêt des recrutements, la réduction des effectifs de la
fonction publique et la réduction des salaires de plus ou moins
30%1. Cette situation a conduit à l'effritement du pouvoir
d'achat et surtout à la paupérisation des ménages dans la
mesure où la fonction publique occupe une grande partie de la population
active et chaque fonctionnaire a en moyenne huit personnes à
charge2.
Après les multiples dévaluations de la monnaie
nationale et les événements sociopolitiques que le pays a connus
et continue à connaître ont aggravé cette situation
occasionnant ainsi de nombreuses pertes en vies humaines, la destruction des
logements et des unités de production. Le rapport national du Programme
des Nations Unies pour le Développement publié en 2002 estime
à 71,1% le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de
pauvreté. Sur le plan alimentaire, il ressort du rapport conjoint de FAO
et PAM sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le
monde, qu'en 2000 à 2002 il y avait 36,6 millions de nombre de personnes
sous-alimentées et de 2004 à 2006 une proportion de 75% de
personnes sous-alimentées dans la population totale. Cette situation
dont l'une des conséquences est la mortalité
1 SHEPHERD A. et FAROLFI S, Libéralisation
du secteur des cultures d'exportation en Afrique, Rome, 1999, p.7
2 PNUD : Rapport de développement humain
2008
infantile estimée à 92%o est surtout
préoccupante dans les zones rurales3. La malnutrition
protéine énergétique avec une Disponibilité
Energétique Alimentaire (DEA) estimée à 1.701 kcal/jour
par habitat, l'anémie nutritionnelle, l'avitaminose A et les maladies
par carence en iode sont les problèmes les plus graves en matière
de nutrition dans le pays.
Dans le secteur agricole, l'insistance des réformes
à caractère libéral dans le contexte actuel de
mondialisation a amené l'Etat à se désengager sans
même que les conditions ait en été réunies à
cet effet. Plus dramatique, le retrait de l'Etat ne s'est pas accompagné
d'une relève pour le secteur privé qui est encore embryonnaire et
qui a du mal à jouer le rôle de premier plan qui lui est
dévolu. Cette situation a aggravé la dégradation de la
situation dans le secteur agricole qui faisait déjà face à
la faillite des offices de commercialisation des produits vivriers et des
cultures de rente.
En effet, malgré une population active agricole
estimée à 74,4%, des superficies cultivables environ 97% et des
conditions naturelles favorables, les activités agricoles ne couvrent
que 10% d'hectares de terres cultivables4. Les techniques
utilisées restent rudimentaires et les exportations agricoles
(café, l'huile de palme, le coton, le cacao...) sont quasiment nulles.
La production vivrière est inférieure à la demande
intérieure et le déficit est comblé par l'importation
massive des produits alimentaires estimée à 675,0 milliers de
tonnes soit 25,5 millions de dollars US et une aide alimentaire environ de 72,4
milliers de tonnes entre 2004 à 20085.
A propos de ces importations massives, Jean-Pierre
Bertrand et Guillermo Hillcoat affirment que les
importations alimentaires sont soumises aux mêmes risques
d'instabilité que les recettes d'exportation6. Si les
céréales
3 Action Contre la Faim(ACF), Rapport d'enquête
nutritionnelle 2004
4 YUNG J.M et BOSC P.M, Le développement
agricole au sahel, tome IV, Paris, 1992, p.44
5 Banque Mondiale, Indicateurs de développement
de l'Afrique 2004
6 BERTRAND (J.P) et HILLCOAT (Guillermo),
Brésil et Argentine : la compétitivité agricole et
agro-
alimentaire en question, INRA et l'harmattan, Paris,
1996, p.34
importées constituent une ressource bon marché,
rien n'assure que ce phénomène sera durable. Le prix du
blé a doublé entre 1987 et 1988 à la suite du gel des
terres aux Etats-Unis et de la sécheresse. Le marché mondial du
riz est étroit (4% de la production mondiale), ce qui rend son prix
très volatile : une simple baisse de 1% de la production chinoise
entraînerait une baisse de 10% des exportations et stimulerait les prix
à la hausse. Pourtant les importations alimentaires comme
relèvent Jean-Gilbert Theissen et Roland Pierrot jouent
un rôle sécuritaire devant le déficit de la production
nationale et surtout permettent de nourrir la population à faible
coût dans le contexte de baisse des revenus et de bas prix relatifs des
céréales sur le marché international7.
Les importations alimentaires massives n'ont pas seulement
pour origine la défaillance du secteur agricole mais aussi de deux
causes supplémentaires qui méritent d'être relevées
; Il s'agit de préférence implicite pour la ville dans les
politiques de développement et la référence à une
situation où la découverte et l'exploitation d'une ressource
naturelle entraîne une éviction des autres secteurs de
l'économie (l'agriculture par exemple). La préférence se
manifeste de nombreuses façons (politiques des prix, politique
d'investissement...). Ainsi pour des raisons sociales et politiques, dans le
but de protéger le niveau de vie des consommateurs urbains, les biens
alimentaires importés ne sont généralement pas
taxés ou ne le sont que faiblement.
Les offices de commercialisation ont malgré tout eu une
influence sur le marché, cette influence a joué dans le sens du
maintien de prix bas, au détriment des paysans et au
bénéfice des consommateurs habitants les villes. Avec la
mondialisation des échanges sous la férule de l'OMC8,
s'organise ainsi à marche forcée et extrêmement violente,
une spécialisation de la
7 THEISSEN (Jean) et PIERROT (Roland), Protection
des cultures alimentaires en Afrique de L'Ouest et Centrale, Paris, 1994,
p.30
8 OMC signifie Organisation Mondiale de Commerce
production à l'échelle de la planète au
bénéfique des régions qui peuvent exporter le moins cher,
le plus souvent à coup de subventions directes ou indirectes pour
assurer le revenu de leurs producteurs soi-disant compétitifs. Cette
logique permet en pièces les volontés de souveraineté
alimentaire des autres régions de la planète, détruit
l'équilibre ville-campagne en poussant à l'exode vers des
bidonvilles sans emploi de larges portions de la paysannerie.
Jacques Berthelot dans son analyse sur les
effets de la mondialisation sur l'agriculture pose la question de savoir ;
« comment parler sérieusement d'économie au service de
l'homme quand le prix payé pour le travail paysan se fait par la
référence à des pratiques de dumping sur des
marchés mondiaux complètement déconnectés de toute
réalité sociale et environnementale?»9.
C'est pourquoi aujourd'hui, du niveau local jusqu'à
celui des échanges internationaux, le peuple congolais doit lutter pour
la souveraineté alimentaire, pour le droit de choisir son alimentation
en quantité, qualité et contenu culturel, c'est-à-dire
selon ses traditions alimentaires.
Cette revendication fondamentale n'a rien d'abstrait. Elle
passe pour la définition de priorités comme le maintien et le
développement des produits vivrières culturellement inscrites
dans le marché intérieur, par l'adoption de prix
rémunérateurs pour que les paysans puissent vivre dignement de
leur travail, par des pratiques agricoles durables et, si nécessaire,
pour la maitrise des volumes intérieurs de production.
Dans cette optique, Jean Coussy constate que
l'explosion urbaine en Afrique modifie les consommations, elle crée des
ruptures dans les modes anciens de satisfaction des besoins et elle oblige les
autorités à répondre à la demande croissante par un
recours aux importations10. Il y a mimétisme des
modèles ou des styles alimentaires et diffusion des modèles
occidentaux par
9 BERTHELOT (Jacques), L'agriculture talon
d'Achille de la mondialisation, l'harmattan, Paris, 2004, p.7
10 NDINGA Mathias, Evaluation des importations et des
aides alimentaires par rapport à l'appui au développement de
l'agriculture : cas du Congo-Brazzaville, Brazzaville, 2004, p.4
les canaux de la publicité, de l'aide ou des effets de
démonstration des groupes occidentalisés.
Fort de ce constat, il nous a semblé avantageux
d'étudier dans ce travail ; l'incidence des importations et
aides alimentaires sur l'agriculture congolaise de manière à
protéger l'agriculture locale contre la concurrence
étrangère.
II. Hypothèse de recherche
Les importations et les aides alimentaire ont en
général un impact certes négatif sur la promotion de
l'agriculture local.
III. Choix et intérêt du sujet
Le choix de ce sujet a été inspiré par le
souci d'examiner les causes des évolutions d'appui au
développement dans le secteur agricole, d'analyser les effets sur
l'économie et de proposer les stratégies de sortie qui permettent
au pays d'assurer de façon durable la sécurité alimentaire
pour toute la population congolaise.
IV. Délimitation du sujet
Tout travail scientifique, compte tenu de la complexité
des matières à traiter doit être délimité
dans le temps et dans l'espace.
Notre étude couvre toute la production agricole,
particulièrement l'agriculture vivrière; car elle
représente l'essentiel de la production à travers de petites
exploitations paysannes dans les zones rurales en République
Démocratique du Congo pour la période allant de 1977 à
2007.
V. Méthode et techniques de l'étude
Tout travail scientifique appelle une démarche
méthodologique. Dans le cadre de notre travail, nous allons utiliser la
méthodologie suivante :
i' La méthode analytique et déductive ;
i' Les techniques de collecte des données
nécessaires à la réalisation de notre travail comprennent
la technique documentaire et le recours aux données secondaires
collectées et analysées par les rapports d'études
menées par les chercheurs isolés dans le cadre de recherches
académiques, le ministère de l'agriculture, les ONG ou les
organismes du système des Nations Unies.
VI. Canevas du travail
Outre l'introduction générale et la conclusion
générale notre travail comprend quatre chapitres repartis en
sections et sous-sections dont la répartition se présente comme
suit :
i' Le premier chapitre sera consacré à une approche
conceptuelle sur l'agriculture ;
i' Le deuxième chapitre sera consacré sur l'aide et
l'importation alimentaire face à l'éthique;
i' Le troisième chapitre décrit et analyse
l'état de la sécurité alimentaire en République
Démocratique du Congo ;
i' Le quatrième chapitre fera l'objet de l'étude de
l'impact des importations et aides alimentaires sur l'agriculture locale.
~ 7 ~ PREMIER CHAPITRE
APPROCHE CONCEPTUELLE SUR L'AGRICULTURE
Dans ce premier chapitre, nous traiterons du cadre
théorique sur l'agriculture et autres concepts s'y
référant.
Subdivisé en trois sections, la première traite
des généralités sur les concepts de base de l'agriculture,
la deuxième aborde l'approche économique alimentaire et le
troisième explicite les théories sur les importations et les
aides alimentaires.
Section 1 : Généralités sur
l'agriculture
Cette section va nous aider à bien comprendre
l'agriculture dans son extension et même sa contribution dans une
économie.
1.1. L'agriculture
D'une manière générale l'agriculture est
définie comme une série de cultures et d'animaux auxquels tel ou
tel intrant peut être appliqué pour donner des résultats
immédiats.
Plusieurs auteurs ont définis le concept agriculture, mais
pour ce qui nous concerne nous avons retenu les définitions suivantes
:
Mocher montre que l'agriculture est un mode
particulier de production fondée sur le processus de croissance des
plantes et des animaux11.
En parlant de l'agriculture selon le professeur Mokonda
Bonza ; on lui attribue tantôt un sens large, tantôt un
sens strict ou étroit12.
11 MOCHER A.T., Pour une agriculture moderne,
PUF, Paris, 1967, p.27
12 MOKONDA B, Economie rurale générale,
notes de cours, graduat/Unikin, 2006-2007, p.6 (inédites)
Au sens large, l'activité agricole doit comprendre la
production, l'élevage (activités pastorales), l'exploitation
forestière, les activités de soutien ou d'appui à la
production ou à la commercialisation ainsi que, évidemment, leurs
interactions avec le milieu et la préservation des ressources
naturelles.
Au sens étroit, l'agriculture ne comporte que
l'activité de production agricole, c'est-à-dire l'exploitation
des cultures vivrières et maraichères ainsi que des cultures
industrielles.
La définition de l'agriculture ne se résume pas
seulement avec les précédentes mais au contraire, elle peut se
définir comme un ensemble complexe où d'interactions entre sols,
végétaux, animaux, équipements, travailleurs, et bien
d'autres éléments, le tout influencé par l'environnement,
et dont les commandes sont tenues et manipulées par une personne
appelée agriculteur qui, en fonction de ses préférences et
de ses aspirations, s'efforce de produire à partir des intrants et des
techniques qui lui sont disponibles.
1.1.1. Rôles de l'agriculture
L'agriculture, principale activité du monde rural, doit
continuer à jouer son rôle historique qui se résume comme
suit :
i' Fournir de matières premières à
l'industrie généralement localisée dans les centres
urbains, dans une première phase du développement ;
i' Transférer de la main-d'oeuvre rurale à diverses
activités des secteurs secondaire et tertiaire ;
i' Générer des ressources nécessaires au
financement du développement du pays, grâce à divers
mécanismes de mobilisation des recettes en devises et en monnaie locale
;
i' Constituer l'exutoire naturel des produits manufacturés
mis au point par le secteur industriel.
1.1.2. Types de l'agriculture
Il existe deux types d'agriculture ; traditionnelle et moderne
a) L'agriculture traditionnelle
Une agriculture est dite traditionnelle lorsqu'elle est
basée sur une technologie archaïque à très faible
productivité, héritée de plusieurs
générations13. Cette agriculture appelée aussi
d'autosubsistance s'occupent principalement de cultures vivrières telles
que : le manioc, le maïs, le riz, les légumes, etc. Le paysan
cultive pour son alimentation et pratique également quelques cultures
industrielles (café, le palmier à huile, le tabac, le thé,
etc.).
On constate souvent qu'un clan se spécialise dans la
production d'une denrée compatible avec les exigences et les conditions
climatiques du sol qu'il habite.
La production est assez faible à cause des étendues
réduites et du travail surtout manuel fourni par une main d'oeuvre
familiale.
Les méthodes traditionnelles de culture sont basées
sur brûlis. Les tâches sont divisées entre hommes et
femmes.
Le régime foncier est presque partout le régime
coutumier qui désigne la répartition des droits, de faire usage
ou de disposer de l'usage d'une terre qui est reconnue par la
collectivité. Cette répartition ne se fonde pas
nécessairement sur des textes législatifs ou des titres de
propriété, mais sur le rapport institutionnel résultant le
plus souvent des coutumes locales et de l'accord de la communauté sans
l'intervention de mesures législatives14.
13 NKWEMBE UNSITAL, Economie rurale, notes de cours,
graduat/Unikin, 2008-2009, p.16 (inédites)
14 DUCROQUETZ A.L ; Le principe de
précaution en matière de sécurité alimentaire,
FAO, Rome, 2001, p.14
~ 10 ~ b) L'agriculture moderne
C'est une agriculture qui par essence et par objectif, est
liée à l'économie du marché. Elle fait appel
à un important apport des capitaux étrangers et nationaux. Elle
recourt systématiquement à l'emploi de trois facteurs de toute
activité agricole à savoir : l'homme, la terre et le capital
financier.
Cette forme d'agriculture suit les innovations agronomiques,
recourt aux engrais chimiques, biologiques et pesticides, utilise des
variétés de cultures améliorées et emploi des
machines. Tous ces facteurs conjugués permettent de meilleurs
rendements.
Il existe aussi l'agriculture du type intermédiaire,
rencontré chez les paysans qui bénéficient d'un
encadrement agricole de la part des structures spécialisées,
étatiques et privées.
1.1.3. Production
Dans un sens courant, la production désigne
l'activité économique consistant à créer des biens
et des services. La production apparait d'abord comme le résultat d'un
travail fourni par l'homme.
Cependant, tout travail ne conduit pas à une
production, pour parler d'une production d'une façon économique,
il y deux éléments distincts essentiels ; il faut que les biens
produits s'échangent sur un marché ou alors que ceux-ci soient le
résultat d'un travail rémunéré.
La comptabilité nationale donne la définition
suivante de la production : c'est « l'activité économique
socialement organisée consistant à créer des biens et
services s'échangeant habituellement sur le marché ou obtenus
à partir des facteurs de production (travail, capital, terre et
technologie) s'échangeant sur le marché.
Cette double référence au marché nous permet
de distinguer la production marchande et la production non marchande.
i' La production marchande ; c'est la production des biens et
services destinée à être vendue sur un marché ;
i' La production non marchande ; c'est les services gratuits
ou quasi gratuits réalisés avec des facteurs de production
obtenus sur le marché.
Nous pouvons aussi définir la
productivité qui est l'une de concept clé de la production comme
un rapport entre une production et les facteurs (travail, capital notamment)
mis en oeuvre pour la réaliser.
La productivité du travail est le rapport entre la
valeur ajoutée et la quantité de travail nécessaire,
celle-ci étant représentée soit par les effectifs
employés soir par le nombre total d'heures travaillées.
1.1.4. Agriculture durable
Le terme « durabilité » est aujourd'hui
largement utilisé dans les milieux de développement. Selon le
dictionnaire, la durabilité se dit de « la continuité d'un
effort, la capacité de pouvoir durer et ne pas chuter ». Dans le
contexte de l'agriculture, la durabilité se réfère
principalement à la capacité de rester productif tout en
maintenant la base des ressources15.
Toutes fois, beaucoup se réfèrent à une
définition plus large selon laquelle l'agriculture est durable si elle
est d'après Gips16 cité par
Reijnts et allié :
1° Economiquement saine,
c'est-à-dire qu'elle préserve la qualité des ressources
naturelles et qu'elle améliore la dynamique de l'ensemble de
15 REIJNTJS, HAVERKORT et WATERS Bayer, Une
agriculture pour demain, Karthala, Paris, 1995, p.21
16 REIJNTJS, HAVERKORT et WATERS Bayer Id,Op.Cit,
p.28
l'agro-écosystème, de l'homme aux micro-organismes
du sol, en passant par les cultures des animaux.
Le meilleur moyen d'assurer cette dynamique reste une gestion
du sol, et de la santé des cultures, des animaux et des êtres
humains, grâces à des procédés biologiques
(autorégulation).quant aux ressources locales, elles sont
utilisées de manière à minimiser les pertes
d'éléments minéraux, de biomasse et d'énergie et
à éviter toute pollution, l'accent étant placé sur
l'utilisation de ressources renouvelables ;
2° Economiquement viable,
c'est-à-dire qu'elle permet aux agriculteurs de produire suffisamment
pour assurer leur autonomie et/ou un revenu, et de fournir un profit suffisant
pour garantir le travail et les frais engagés.
La viabilité économique se mesure non seulement
en termes de production agricole directe (rendement), mais également en
fonction de critères tels que la préservation des ressources et
la minimisation des risques ;
3° Socialement équitable,
c'est-à-dire que la répartition des ressources et du pouvoir est
telle que les besoins essentiels de chaque membre de la société
sont satisfaits, et que leurs droits concernant l'usage des terres,
l'accès à un capital approprié, l'assistance technique, et
les possibilités de marché, sont assurés.
4° Humaine, c'est-à-dire que
toute forme de vie (végétale, animale et humaine) est
respectée, que la dignité fondamentale de tout homme est
reconnue, que les différents rapports humains et institutionnels
utilisent des valeurs essentielles telles que la confiance,
l'honnêteté, l'amour-propre, la coopération et la
compassion, et que l'intégrité culturelle et spirituelle de la
société est préservée et entretenue ;
5° Adaptable, c'est-à-dire que
les communautés rurales sont capables de s'adapter aux changements
incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture
(croissance démographique, politiques, demande du marché, etc.).
Cela n'implique pas seulement le développement de nouvelles techniques
mieux appropriées, mais aussi des innovations sur le plan social et
culturel.
Ces critères définissant la durabilité
peuvent être contradictoires, et abordés selon des points de vue
différents : celui de l'agriculteur, de la communauté, de la
nation et du monde. Des conflits peuvent donc surgir entre les besoins actuels
et futurs, entre la satisfaction des besoins immédiats et la
préservation des ressources de base.
Nous avons retenue que l'agriculture durable consiste à
gérer de manière efficace les ressources utilisables par
l'agriculture dans le but de satisfaire les besoins changeants de l'être
humain, tout en veillant au maintien, voire à l'amélioration de
la qualité de l'environnement ainsi qu'à la préservation
des ressources naturelles.
1.1.5. Croissance et Développement
Economique
On utilisera fréquemment les expressions croissance
économique et développement économique. Leurs
significations ne sont pas identiques.
L'expression croissance économique renvoie à
l'augmentation de la production (produit intérieur brut) par habitat, ou
du revenu (produit national brut) par habitat dans un pays17. Les
deux ne sont pas nécessairement identiques : certains des revenus
provenant de la production peuvent s'écouler vers l'étranger.
L'expression développement économique a deux
significations. L'on l'utilise pour désigner la croissance
économique à laquelle s'ajoute
17 HAGEN (Everett), Economique de
développement, Economica, Paris, 1982, col. Tendances actuelles,
p.11
l'amélioration de la répartition du
bien-être matériel à l'intérieur des pays à
bas revenu. Dans ce sens, elle implique une amélioration de
l'alimentation, des services de santé, et de l'éducation des
familles aux revenus les plus bas18.
On utilise aussi l'expression développement
économique, de façon plus technique, pour designer tous les
effets complexes de la croissance, voulus ou non, bénéfiques,
préjudiciables ou neutres : les transformations dans les types de biens
produits, les méthodes pour les produire, et la structure de l'emploi.
On l'utilise aussi pour désigner les transformations dans le taux de
croissance de la population, le commerce extérieur, et l'urbanisation,
etc.
1.1.5.1. Développement durable
L'expression développement durable est la traduction du
terme anglais « sustainable development » elle a été
définie pour la première fois de façon claire en 1987,
dans le rapport Brundtland de la commission de l'ONU sur
l'écodéveloppement. Sa définition la plus simple, celle du
rapport de Brundtland, est la suivante : « le développement durable
est un développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs. ».19 Cette définition reste
peu opérationnelle car elle est trop large et s'appuie sur la notion de
besoins qui est à préciser.
Malgré le flou qui caractérise cette notion, au
sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992, le développement
soutenable est présenté comme un modèle. Il est
évoqué en termes de respect des hommes et de l'environnement et a
pour finalité l'autonomie alimentaire par la mise en valeur des
ressources locales.
18 Idem, p.12
19 VALLEE Annie, Economie de l'environnement,
éd. Seuil, Paris, 2002, p.41
Le développement soutenable est également
conçu comme une articulation entre développement agricole et
protection de l'environnement. Redclift et Olivier Godard vont
plus loin dans l'analyse de cette notion. Pour ce dernier, le
développement durable s'est imposé comme un des objectifs de la
communauté internationale pour concilier le développement
économique et la protection de l'environnement planétaire.
Cependant, dit-il, la notion en soi est incertaine et vise à nommer un
défi plus qu'elle n'ordonne des actions à
entreprendre20. Pour Godard le développement durable
assumerait trois fonctions institutionnelles : décloisonner les
analyses, intégrer l'environnement dans une perspective de
développement économique, lier l'environnement et les relations
Nord/Sud.
Jean-Pierre Bertrand s'accorde avec les
auteurs précédents pour dire que la notion de soutenable est un
compromis entre intérêts socioéconomiques et les
intérêts socio-écologiques. Mais en agriculture, ce
compromis qui s'inscrit sur une longue durée, porte l'idée de se
donner du temps pour une solution plus globale face à la crise
agricole21.
Ces auteurs attirent par ailleurs notre attention sur la
polysémie du terme « soutenable ou durable » : on ne sait pas
très bien ce qu'il recouvre néanmoins il est utilisé par
les scientifiques et par le grand public en général.
Mais la notion de durable est également
assimilée à « reproductible ». Une agriculture durable
serait ainsi en rapport avec la possibilité de reproduction des
exploitations et des formes sociales de production. Le cas
échéant, des exploitations agricoles à caractère
intensif peuvent y figurer pourvu qu'elles assurent leur viabilité.
Ainsi, le développement soutenable autoriserait aussi la
perpétuation d'une forme de productivisme violé par une :
20 GODARD (Olivier), Le développement durable :
paysage intellectuel in Nature, sciences et sociétés,
vol.2, Paris, p.330
21 BERTRAND(Jean-Pierre) et GUILERMO HILLCOAT, Op.cit,
p. 101
idéologie de l'environnement qui recours à
l'éthique, à la morale, pour valoriser et défendre la
compétitivité, pour légitimer l'assistance.
Pour s'accorder avec les auteurs précédents,
nous définissons le développement durable comme celle qui assure
à la fois la rentabilité et la qualité des produits, des
paysages, de l'environnement physique et social, autrement dit un
développement qui viendrait combler les failles du modèle de
développement intensif.
1.1.5.2. Sous-développement
C'est une économie qui a comme caractéristique
principale ; insuffisance d'infrastructures économiques, de moyen de
transport, de formation, d'éducation de la population moyenne,
économie insuffisamment industrialisée où l'agriculture
est le seul secteur le plus dominant de la vie économique, etc.
Selon l'expression de François
Perroux, le sous-développement est le blocage de la croissance
qui résulte de la domination des pays
développés22. Le sous-développement des uns
serait alors la conséquence du développement des autres.
Plusieurs manifestations de ce processus sont ainsi mises en
avant :
1° L'échange inégal qui maintient les pays
en dével oppement dans la production de produits de base (d'origine
agricole et minière) et les condamne à servir de
débouchés aux produits manufacturés des pays
industrialisés ;
2° Le développement des cultures d'exportation
rése rvées aux marchés étrangers (coton,
café, bois, tabac) aux dépens des cultures vivrières
permettant d'améliorer le niveau de subsistance des populations ;
22 NYEMBO SHABANI, Op.cit.
3° La dégradation des termes de l'échange
qui appau vrit les pays en voies de développement puisqu'ils
achètent de plus en plus cher des produits étrangers alors que
les prix des produits qu'ils exportent eux-mêmes diminuent ;
4° Le développement du dualisme économique
et socia l, c'est-à-dire la coupure, la fragmentation des structures
économiques et sociales en deux groupes séparés
(opposition entre un secteur moderne et un secteur traditionnel dans
l'agriculture comme dans l'industrie ; opposition entre les villes et les
campagnes, etc.).
1.1.6. Agriculture et développement rurale
Avant la modernisation de l'agriculture de
l'après-guerre, rural et agricole étaient quasiment synonymes :
le rural était perçu et vécu à travers
l'agriculture. Le développement rural n'était pas alternatif au
développement agricole, il lui était consubstantiel et faisait
référence à différentes activités dans un
même village23. Le terme développement rural s'est
d'ailleurs progressivement substitué à celui de vulgarisation
agricole jusqu'aux années soixante, le développement rural passe
donc par la modernisation de l'agriculture et se confond avec le
développement agricole, et bien il puise du sens dans le processus
d'industrialisation et son parallèle de modernisation de l'agriculture.
Ce processus conduit à l'exode rural et donne lieu à un
développement inégal entre urbain et le rural.
Ainsi, plus une région est rurale, plus elle est
sous-développée. Une politique de développement rural
vient se substituer à la politique structurelle, avec l'ambition de
réduire les déséquilibres et l'intention de faire des
zones rurales des lieux attractifs pour les urbains, de manière à
freiner le dépeuplement des zones fragiles et vulnérables. Il
s'agit entre autres de retenir à la campagne une population qui ne peut
plus être embauché en ville dans le secteur industriel.
23 PERRIN, L'agriculture dans le
développement des régions, pour n°83, 1984, p.13
Dans cet arrangement entre agriculture et développement
rural, les termes d'agriculture de services et d'exploitation rurale, introduit
par Pierre Muller, nous semble un bon référant. Le premier est
défini comme l'ensemble des pratiques économiques où
l'exploitant agricole utilise le patrimoine de l'exploitation pour
développer une activité de vente de services, soit liés
à l'agriculture, soit intégrés dans la logique
économique locale24. Dans cette définition, l'auteur
passe à celle d'exploitation rurale, considérée comme un
système où les différentes activités que
l'exploitant exerce ne sont pas juxtaposées mais imbriquées les
unes aux autres, se valorisant mutuellement.
1.1.7. Agriculture et environnement
L'environnement apparait dans le discours politique comme un
leitmotiv qui réfère autant à la préservation du
milieu, à la préservation d'un patrimoine commun, qu'à la
relance de la productivité. Le terme est en effet ambigu et chaque
discipline se le réapproprie, sans pour autant parvenir à
l'ériger en concept. Au niveau du discours agricole, il apparait comme
un levier dans la gestion du territoire et un passe-partout venant
légitimer de nouvelles stratégies économiques.
L'environnement envisage une reconnaissance, une
légitimité des formes locales d'agricultures jouant sur des
systèmes de production sousjacents à une région ; il met
en lumière les potentialités de ces systèmes non prises en
compte par le modèle global dominant. Concrètement, l'imbrication
agriculture-environnement ouvre sur une nouvelle conception de l'agriculture et
sur une conception du développement en harmonie avec les conditions
régionales. L'environnement et la gestion de l'espace pourraient ainsi
déboucher sur la légitimation de nouveaux modes d'appropriation
des ressources, voir de nouvelles manières d'utiliser les moyens de
production. Pour l'instant, comme le soulignent certains auteurs25,
l'agri-environnement
24 MULLER (Pierre), Vers une agriculture de services
in les problèmes économiques, n°2244, les
éditions Ouvrières, Paris, p.8
25 ALPHANDERY et BILLAUD, « L'agriculture
à l'article de l'environnement », Etudes rurales n°141-142,
p.9-19
constitue un observatoire sur les transformations des
fonctions de l'agriculture, sur l'usage des espaces et leurs conflits, sur les
rapports de partenariat, etc., un observatoire sur la possible mise en place
d'une nouvelle forme de développement.
1.1.8. Le ménage et l'exploitant agricole
1.1.8.1. Le ménage agricole
On considère un ménage comme étant
agricole dès lors qu'au moins un membre du ménage gère une
exploitation ou dès lors que le chef de ménage a une
activité économique, principalement en agriculture.
Trois conceptions permettent de définir et d'identifier le
ménage agricole :
i' Selon qu'il est rattaché à l'exploitation ; dans
ce cas, il réside sur l'exploitation c'est le critère de
résidence ;
i' Selon qu'il exploite ou mieux gère l'exploitation et
perçoit son revenu principal de cette exploitation c'est le
critère de gérance de l'exploitation ;
i' Selon qu'il fait de l'agriculture son activité
principale.
1.1.8.2. Exploitation agricole
On considère comme exploitant agricole ; toute personne
physique de sexe masculin ou féminin qui vit en milieu rural ou urbain
et exerce une activité agricole au sens large. Ici on se
réfère à la population agricole.
1.1.9. L'espace rural
François BLAISOT cité par
Jacques Berthelot fait appel à un certain nombre de
critères qualitatifs, statistiques et administratifs pour définir
l'espace rural26.
Du point de vue économique, l'espace rural est celui
où se produisent les denrées agricoles, car toutes autres
activités qui s'y développent le sont au service de l'agriculture
et de la population agricole.
Du point de vue sociologique, la société rurale
se distingue par la spécificité du mode de vie, des comportements
et d'un système de valeurs propres autres que celles que l'on observe
dans les centres urbains.
Du point de vue géographique, c'est l'occupation de
l'espace qui en constitue la caractéristique propre donc la dispersion
de l'habitat.
Du point de vue statistique, il est beaucoup plus question de
tabler sur des données chiffrées relatives à la taille de
la population. Dans ce cas, on prend en compte le seuil de la population
à partir duquel on considère que l'agglomération peut
être qualifiée d'urbaine ou pas.
1.1.10. Le mode de production
Selon K. MARX, le mode de production constitue, un concept de
base du processus de changement historique. Il représente la
façon dont les hommes produisent les biens matériels
nécessaires pour que la société puisse vivre et se
développer.
Depuis 1960, W. ROSTOW a enrichi la littérature
économique sur la notion de mode de production en introduisant la
théorie des « étapes de la croissance économique
». Pour lui, en effet, le processus de développement de toutes les
sociétés passe par les cinq phases qui sont : la
société traditionnelle, les conditions préalables du
démarrage, le démarrage, le
26 BERTHELOT (Jacques), Op.cit, p.32
progrès vers la maturité et l'ère de
consommation de masse. La société traditionnelle, première
phase, est caractérisée par la prédominance de
l'activité agricole. Or, le développement de celle-ci est
limité par :
i' une technologie élémentaire et rudimentaire
ayant une faible incidence sur les rendements ;
i' une structure sociale fortement hiérarchisée
privilégiant le pouvoir des vieux sur les jeunes qui leur restent
totalement dépendants ;
i' le lien essentiel entre la propriété
foncière et l'exercice du pouvoir politique, à telle enseigne que
ceux qui possédaient la terre ou la soumettaient à son
autorité se trouvaient au centre du pouvoir politique.
1.1.11. L'autosubsistance et l'autoconsommation
1.1.11.1. L'autosubsistance
L'autosubsistance doit être considérée
comme l'aptitude qu'à une communauté de produire les vivres
nécessaires à son entretien et à sa reproduction à
partir des ressources qui sont à sa portée et obtenues par
exploitation directe.27
1.1.11.2. L'autoconsommation
Une communauté qui évolue dans le cadre d'une
agriculture d'autosubsistance destine l'essentiel voire la totalité de
sa production à l'autoconsommation. L'organisation
socio-économique de la production ne vise donc pas le marché, en
tant que destination première, autrement dit en tant qua objectif
primordial poursuivi par la communauté28. En d'autres termes,
l'ensemble des disponibilités alimentaires sont affectées
à la consommation, déduction faite des prélèvements
sous forme de semences indispensables à la continuité et à
l'expansion du processus de production en relation avec le croît
démographique.
27 MOKONDA, Op. Cit, p.8
28 Idem
Mais l'autosubsistance recule avec le développement de
l'agriculture. Dès que plus de 50% de la production du ménage
sont destinés au marché, l'économie agricole cesse
d'appartenir à la production de subsistance.
1.1.12. Le revenu agricole
Pour les ménages agricoles, le revenu provient de
plusieurs sources telles que le fruit du travail réalisé dans
l'exploitation agricole, les autres activités secondaires, les
transferts éventuels. Il importe de préciser que la part du
revenu généré par l'exploitation comporte deux
éléments, à savoir monétaire et non
monétaire.
1.1.13. Système agraire
Spedding cité aussi par
Berthelot, définit le système comme étant un
certain nombre d'éléments en interaction, agissant ensemble vers
un but commun et capables de réagir comme un tout à des
incitations extérieurs29.
Le système agraire se conçoit au niveau d'une
région. Il peut être définit comme l'association dans
l'espace des productions et des techniques mises en oeuvre par une
société en vue de satisfaire ses besoins.
Mazoyer cité par Mokonda
Bonza, propose de définir un système agraire comme un
mode d'exploitation du milieu historiquement constitué et durable, un
système de forces de production adapté aux conditions
bioclimatiques d'un espace donné et répondant aux conditions et
aux besoins sociaux du moment30.
29 BERTHELOT (Jacques), Op.cit, p. 45
30 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.30
1.2. Théorie générale sur
l'agriculture dans une approche économique
Plusieurs auteurs ont parlé de l'agriculture comme
moteur du développement économique mais certains d'eux ont fait
une synthèse particulièrement remarquable dans le processus de la
croissance économique du pays.
Pour que l'agriculture joue réellement et efficacement
ce rôle éminemment historique, elle doit être performante.
Il est donc utile de voir comment l'activité agricole est-elle
financée dans le pays pour améliorer sa productivité et de
voir les dispositions qu'on devrait prendre en vue d'assurer une meilleure
commercialisation de ses produits et voir aussi comment procéder pour
accroitre la valeur ajoutée des produits issus du secteur agricole.
1.2.1. Contribution de l'agriculture à la
croissance économique
Dans les pays où le niveau de développement se
trouve encore dans les premières phases telles que décrites par
Rostow, la croissance de l'agriculture a une forte incidence sur la croissance
économique. Généralement, dans ces pays, l'agriculture y
contribue pour une large proportion au Produit Intérieur Brut (PIB) dans
la mesure où elle est le secteur qui emploie le plus de main-d'oeuvre et
qui produit le plus de richesse. Si l'on considère un modèle
simple à deux secteurs, agriculture et industrie, la croissance
économique est le résultat conjugué de la croissance
pondérée de chacun de deux secteurs.
Dans les pays en développement où la
contribution de l'agriculture est prépondérante, la valeur
ajoutée par l'agriculture peut atteindre 40 à 50 %. Mais, au fur
et à mesure que les autres secteurs prennent de l'importance, la
proportion relative de l'agriculture au PIB diminue jusqu'à tomber
parfois en dessous de 10 %. Ceci se comprend facilement d'autant plus que
les
rendements d'échelle sont plus faibles en agriculture
que dans d'autres secteurs, l'industrie en particulier. L'agriculture
étant un secteur à croissance lente, le taux global de croissance
est d'autant plus faible que le secteur agricole demeure
prépondérant. Tant que sa croissance est lente, l'agriculture
peut constituer un véritable frein à la croissance
économique globale31.
1.2.2. Contribution au transfert des ressources en
faveur des autres secteurs d'activités économiques
Sur ce point, deux principaux transferts sont mis à
contribution : celui de la force de travail et celui de l'épargne.
1.2.2.1. Transfert de la main-d'oeuvre
Dans la section précédente, nous avons
indiqué que le développement des autres secteurs peut occasionner
la réduction de la valeur ajoutée dans le secteur agricole.
L'accroissement de la productivité agricole entraîne une
libération d'une fraction importante de la main-d'oeuvre qui peut
rationnellement être utilisée dans d'autres secteurs de
l'activité économique. Dans ce cas, comme l'écrivaient
déjà les pères de la science économique,
l'agriculture constitue un vrai réservoir de main-d'oeuvre dans lequel
le secteur industriel doit puiser en permanence pour satisfaire ses besoins. Le
secteur agricole constituant un résidu, le caractère de la
main-d'oeuvre agricole demeure également résiduel, car il ne
reste que l'effectif strictement nécessaire après que les autres
secteurs aient satisfait leurs besoins.
Toutefois, si la croissance de l'emploi industriel est
inférieure à la croissance de l'emploi global, l'emploi agricole
ne peut cesser de croître. Si la croissance de l'emploi est
inférieure à celle de la population en âge
d'activité, le sous-emploi augmente dans le pays, soit sous forme de
sous-emploi urbain, soit sous forme de chômage agricole
déguisé32.
31 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.53
32 Jacques BERTHELOT, Op. cit, p.47
Comme nous l'avons dit précédemment, la
diminution de la population active agricole est un phénomène
historique normal. Cependant, ce qu'il faut craindre, c'est que ce
phénomène se réalise sans qu'il n'y ait croissance de la
productivité agricole. La croissance de l'agriculture en
général, et de la production alimentaire en particulier, doit
être en rapport avec l'évolution des besoins alimentaires de la
population dont le taux de croissance démographique constitue
l'indicateur le plus précieux33.
1.2.2.2. Transfert d'épargne
Dans les pays dotés en richesses minières et
pétrolifères, ce sont les ressources
générées par l'exploitation de ces ressources qui
fournissent les moyens nécessaires au financement de l'industrie, de
l'agriculture voire d'autres activités comme le tourisme. Par contre,
dans des pays qui en sont démunis, ce sont les ressources provenant de
l'agriculture qui jouent un rôle décisif dans le financement du
développement. Nous devons signaler qu'il y a plusieurs
mécanismes qui sont en effet mis à contribution pour
générer ses ressources : nous citons à titre d'exemple
l'épargne des agriculteurs qu'on ne peut mobiliser que si le revenu de
ces derniers s'accroît régulièrement, etc.
1.2.2.3. Contribution à la production des
ressources en devises
Dès le début de la colonisation,
l'économie des pays nouvellement en contact avec le mode de production
capitaliste s'est caractérisée par l'implantation d'une
monoculture orientée vers le commerce extérieur. La promotion
d'un secteur agricole exportateur devient en effet source de production de
réserves de change tant pour ces pays que pour certains pays ayant
déjà atteint un niveau de développement avancé
comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, les Etats-Unis
d'Amérique et même le Japon. Mais, l'inconvénient de la
monoculture étant la dépendance à une seule
33 TIKER TIKER cité par NKWEMBE, Economie
rurale, notes de cours, Graduat/Unikin, 2009-2010 (Inédites)
culture a incité la plupart de ces pays à
diversifier leur agriculture, comme ce fut le cas au Congo.
Toutefois, la forte concurrence entre les pays producteurs a
affecté les cours sur les marchés internationaux au point de
provoquer une dégradation des termes de l'échange34.
Afin de stabiliser les cours et les revenus des pays exportateurs, plusieurs
accords commerciaux furent initiés dans un premier temps, notamment en
prévoyant un contrôle de la production et des exportations afin
d'éviter des surproductions qui n'auraient que des effets
dévastateurs sur le niveau des cours. Dans un deuxième temps,
certains pays modifièrent leur stratégie en promouvant davantage
la transformation locale des produits agricoles afin d'exporter des produits
élaborés ou semi-finis (huiles végétales, jus de
fruits, cuir de ruminants, conserves alimentaires, bois sciés,
tranchés ou contreplaqués, meubles en rotin ou en bambou, etc.).
Mais, très souvent le problème qui se pose est celui du transfert
de la technologie dont les pays industrialisés ou nouvellement
industrialisés en sont les détenteurs exclusifs et jaloux.
1.2.2.4. Contribution au processus
d'industrialisation
La promotion de l'industrialisation par l'agriculture peut se
réaliser de trois manières35 :
1) L'achat et la transformation des matières
premières agricoles ;
2) Le transfert de la force de travail et des ressources
financières (question ayant déjà été
abordée dans les paragraphes précédents) ;
3) La consommation de produits issus du processus
industriel.
34 THEISSEN et PIERROT, Op.cit. p.23
35 MOKONDA BONZA, op.cit, p.57
1.2.2.4.1. Le rôle des industries agricoles et
alimentaires
Dans les pays en développement, les Industries
Agricoles et Alimentaires (IAA) représentent souvent dans la matrice du
tableau d'échanges interindustriels la base du tissu
industriel36. Comme l'agriculture est l'activité dominante,
les premières unités industrielles qui voient le jour dans les
agglomérations urbaines, le sont généralement pour
transformer les produits agricoles. Mais puisque ces produits sont souvent de
faible valeur marchande et que le coût de transport risque de les rendre
peu compétitifs, des unités de première transformation
s'implantent déjà en milieu rural.
Plusieurs filières dans l'agriculture constituent une
source importante de la structure industrielle de pays en développement.
C'est le cas notamment :
i' De la culture du palmier à huile dont le processus
de transformation commence par l'huile de palme et se poursuit par la
fabrication du savon (de ménage et de toilette), de la glycérine,
de l'huile raffinée de table. Le concassage de noix est une
opération qui permet d'obtenir de l'huile d'amande largement
utilisée dans différentes préparations industrielles et
des tourteaux ;
i' De l'élevage dont la viande, outre la consommation
en l'état, peut être transformée en conserves, tandis que
la peau bien tannée donne du cuir, matière première
nécessaire à l'industrie de la chaussure et de la
maroquinerie.
Les industries agricoles et alimentaires présentent
plusieurs avantages dans les pays où elles se sont implantées
:
i' Elles sont à coefficient de travail relativement
élevé ;
36 JUNG J.M et BOSC, Op.cit. p.21
i' Elles ne requièrent pas toujours une main-d'oeuvre
très qualifiée ;
i' Elles peuvent être dimensionnées par rapport
à leur milieu d'accueil (agglomérations urbaines ou zones
rurales) ;
i' Elles peuvent également nécessiter un
coefficient de capital élevé et donc bénéficier
d'importantes économies d'échelle (pâte à papier,
panneaux de fibre, etc.) ;
i' Elles sont capables d'entraîner la création
d'autres unités industrielles aussi importantes. C'est le cas de
l'industrie forestière avec le sciage, le tranchage, le placage, la
menuiserie, les papiers, les cartons, etc. ;
i' Elles sont génératrices de la valeur
ajoutée et créatrices de nombreux emplois industriels.
1.2.2.4.2. Commercialisation des produits
agricoles
Jean-Baptiste Say disait : « L'offre crée sa
propre demande ». On ne peut parler de la production sans envisager
l'opération de vente ou de commercialisation. L'offre des produits
incite les consommateurs (demandeurs) à l'achat. Les
préoccupations des vendeurs ainsi que les souhaits des acheteurs doivent
s'exprimer sur les marchés qui sont les lieux de rencontre des uns et
des autres.
Le but de tout marché agricole est de mettre en contact
les candidats vendeurs et acheteurs ; en d'autres termes, c'est de confronter
l'offre et la demande. Le prix est donc l'élément qui permet aux
uns et aux autres de satisfaire leurs désirs. Si au départ,
chacun des intervenants exprime une préférence concernant le
niveau de prix ; à un certain moment, la négociation se termine
par un prix d'équilibre accepté par le vendeur et l'acheteur. Le
prix d'équilibre détermine par conséquent la
quantité échangée de commun accord.
Il ne suffit pas qu'il y ait marché,
c'est-à-dire confrontation de l'offre et de la demande, faut-il encore
savoir comment fonctionne ce marché. Etant donné que les produits
agricoles ne présentent pas toujours les mêmes
caractéristiques, on admet par conséquent l'existence de
plusieurs marchés37. Le marché du riz n'a rien
à voir avec celui du maïs, et encore moins avec celui des
légumes. Mais, une meilleure organisation du marché est fonction
de la qualité des infrastructures physiques nécessaires à
la commercialisation des produits.
1.2.2.4.3. Le progrès technique
Le progrès technologique a véritablement
révolutionné l'agriculture dans le monde, et en particulier dans
les pays du Nord. Les nombreuses recherches dans le domaine de la
génétique, de la physiologie, de la phytopathologie, de la
médecine vétérinaire, de la technologie, de la gestion des
exploitations, etc. ont permis d'accroître de façon
considérable la productivité du travail agricole et le volume de
l'offre ainsi que la qualité des produits destinés à la
consommation finale.
En Afrique subsaharienne, la connaissance de l'offre requiert
une analyse approfondie de la production agricole, mais aussi de tous les
facteurs susceptibles d'influencer la performance des agriculteurs. L'offre
globale en produits vivriers tout comme l'offre d'un produit spécifique
(le riz, par exemple) peuvent dépendre notamment :
a) du volume de la production, résultat de la
combinaison plus ou moins efficace des facteurs de production et de la
réceptivité des agriculteurs au progrès technologique ;
b) des prix des autres produits pratiqués sur les
marchés ;
c) de l'état des infrastructures de communication et des
moyens de transport utilisés pour l'évacuation des produits ;
37 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.61
d) du volume des produits destinés officiellement ou non
à l'exportation ;
e) de la politique d'importations des denrées
alimentaires pratiquée par le gouvernement, suivant qu'elle favorise ou
défavorise la production domestique.
Section 2 : Approche économique alimentaire
L'approche économique alimentaire est un cadre
permettant d'analyser la sécurité alimentaire des ménages.
Son objectif est d'identifier et de quantifier les moyens que disposent les
ménages pour se procurer des vivres.
2.1. Sécurité alimentaire
Selon la FAO, la sécurité alimentaire est
concrétisée lorsque tous les êtres humains ont, à
tout moment, un accès physique et économique à une
nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs
besoins énergétiques et leurs préférences
alimentaires pour mener une vie saine et active38.
La Conférence Mondiale de l'Alimentation définie
la sécurité alimentaire comme la Capacité de tout temps
d'approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de
la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les
prix39.
Pour la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire
vise à permettre à tous les individus d'accéder à
tout moment aux aliments salubres et nutritifs dont ils ont besoins pour mener
une vie saine et active.
La sécurité alimentaire des ménages
correspond à l'application de ce concept au niveau de la famille, les
individus qui composent le ménage étant au centre de
l'attention.
38 FAO, L'état de l'insécurité
alimentaire dans le monde, Rome, 2009, p.8
39 FAO, Les concepts et cadres de l'IPC,
séminaire de formation du 8 septembre 2010
Nous disons, la sécurité alimentaire aux niveaux
individuel, familial, national, régional et mondial existe lorsque tous
les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et
économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur
permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.
2.1.1. Problèmes et défis de la
sécurité alimentaire
La plupart de pays sont confrontés à une
série de défis résultant de la combinaison de la
pauvreté monétaire, de l'importance des postes alimentaires dans
les budgets des ménages, d'une dépendance très
élevée aux importations pour l'alimentation et pour
l'approvisionnement en énergie fossile, de la faiblesse des performances
de l'agriculture et des capacités institutionnelles40.
De ce fait, la faim et la sous-alimentation sont des sources
permanentes de préoccupation sur tout le continent, et en particulier en
Afrique. Durant la dernière décennie, de réels
progrès ont été accomplis dans de nombreux pays et
à travers les sous-régions. Cependant, le défi demeure au
sein de groupes très importants de population et ceci est de
surcroît accentué par les reculs dus à la crise alimentaire
récente.
2.1.2. Composantes de la sécurité
alimentaire
Au stade actuel des connaissances sur la
sécurité alimentaire, il est permis de distinguer trois
éléments fondamentaux dans le contenu de la
sécurité alimentaire, à savoir41 :
v' La présence des disponibilités alimentaires
suffisantes ;
v' La stabilité des approvisionnements dans le temps et
dans l'espace ;
40 ONU, L'état de la sécurité
alimentaire en Afrique, Addis-Abeba, octobre 2009, p.2
41 TOLLENS (Eric), L'état actuel de la
sécurité alimentaire en RD. Congo : Diagnostic et perspectives,
Working Paper, n°77, Bruxelles, février 2003, p.18
i' L'accès matériel et économique de tous
les individus aux approvisionnements disponibles.
a) La présence des disponibilités
alimentaires
Nous envisageons à ce niveau l'aspect de l'offre
nationale de produits alimentaires pouvant résulter de :
i' La production alimentaire intérieure ; i' Importations
commerciales ;
i' L'aide alimentaire.
b) La stabilité des
approvisionnements
L'existence des disponibilités ne suffit pas, comme
l'affirmait Sen, il faut encore garantir à la population du pays la
stabilité des approvisionnements. Les variations saisonnières,
l'inefficacité des infrastructures de transport, les déficiences
du système de commercialisation, la position de la balance des
paiements, une politique des prix peu rémunérateurs, etc., bref,
tous ces facteurs peuvent influencer négativement la stabilité
des approvisionnements.
c) L'accès matériel et économique
aux approvisionnements Disponibles
1° L'accès économique est
fonction du revenu disponible au niveau de l'individu ou du ménage. La
présence des stocks physiques ne résout nullement
l'équation de la faim au niveau de l'unité de consommation. C'est
le pouvoir d'achat qui détermine la quantité et la qualité
des aliments que le ménage (ou l'individu) est disposé à
acquérir pour la consommation.
La création des emplois nouveaux, le
réajustement périodique des rémunérations et leur
versement régulier, tels sont les moyens qui concourent à la
réalisation de l'objectif de sécurité
alimentaire42.
2° L'accès physique est
conditionné par la dispersion géographique de la production, de
la praticabilité du réseau de communications (routes, fleuves,
chemins de fer) et notamment de la pénurie des moyens de transport.
2.2. Les zones économiques alimentaires
Les zones économiques alimentaires sont des zones dans
lesquelles les mêmes options de revenu alimentaire et de revenu en
liquidités tendent à être disponibles et sur lesquels les
familles plus ou moins pauvres et riches dépendent à divers
degrés43.
Une zone de subsistance est une entité
géographique qui peut être utilisée pour l'analyse des
données spatiales, où l'objet d'intérêt regroupe les
résultats relatifs à l'homme: comment les personnes sont
affectées par le risque, les chocs, et l'évolution du climat ou
des processus économiques.
2.3. Sous-alimentation
On parle de sous-alimentation selon la FAO et le PAM, lorsque
l'apport calorique est inferieur aux besoins énergétiques
alimentaires minimaux (BEAM). Les BEAM correspondent à la
quantité d'énergie nécessaire à la pratique d'une
activité légère et au poids minimum acceptable pour une
taille donnée. Ils différent selon les pays et varient tous les
ans en fonction du sexe et de la pyramide des âges.
42 MOKONDA B. Op. Cit, p.63
43 TANYA Boudreau, L'approche économique
alimentaire : cadre permettant de comprendre les stratégies de
subsistance en milieu rural, Paris, 1998, p.11
2.4. La pauvreté
La pauvreté comprend différentes dimensions
liées à l'incapacité de satisfaire des besoins humains
tels que consommer et assurer sa sécurité alimentaire, être
en bonne santé, pouvoir apprendre, pouvoir faire valoir ses droits et
entendre sa voix, vivre en sécurité et dans la dignité, et
exercer un travail décent. La pauvreté doit également
être combattue en vertu de considérations liées à la
protection de l'environnement et à l'instauration d'un
développement durable.
La pauvreté a donc plusieurs dimensions, au niveau
opérationnel, elle est souvent définie en termes de revenu. Les
mesures les plus courantes de la pauvreté sont le seuil national de
faible revenu et un revenu inférieur à 1 dollar US par jour.
Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) est
établi sur les paniers alimentaires constitués de groupes de
produits qui sont essentiellement consommés. Ces biens composent la
dépense minimale d'un individu ou d'un ménage pour se procurer un
panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes
nutritionnelles d'un régime alimentaire équilibré et les
habitudes de consommation de la population considérée.
2.5. Les Moyens d'Existence
Les moyens d'existence sont les capacités, (à la
fois les ressources matérielles et sociales) et les activités
nécessaires à un individu pour gagner sa vie.
Les moyens d'existence sont durables lorsqu'on est en mesure
de supporter les tensions et de se remettre des chocs, de conserver ou
d'améliorer ses capacités et ses biens sans pour autant
compromettre la base de ressources naturelles.
2.6. Crise agricole
Par la crise on attend une rupture, un retournement brutal de
la conjoncture économique qui marque la fin d'une période
d'expansion hausse de la production). La crise est donc au départ le
court moment où tout bascule.
La crise agricole prend son origine des difficultés qui
se trouvent dans le secteur prépondérant de l'agriculture. A la
suite de guerres ou des conditions naturelles défavorables. La
récolte est mauvaise, ce qui entraine une diminution des revenus de la
grande majorité de la population paysanne tandis que la hausse de prix
des céréales ne profite qu'à ceux qui ont pu constituer
des réserves44.
Cette augmentation du prix conduit la population à
consacrer l'essentiel de ses revenus à l'achat de produits alimentaires,
si bien que la demande adressée à l'industrie chute brutalement.
Ainsi la crise agricole aboutit à une crise des débouchés
industriels.
2.7. Office de commercialisation
Les offices de commercialisation représentent le
principal problème pour le système commercial international sont
ceux intervenant à l'importation plutôt qu'à l'exportation.
Ses organismes conservent la capacité de restreindre les volumes
importés, indépendamment de l'existence ou non de quotas
tarifaires.
2.8. Dumping agroalimentaire
Le dumping est une pratique anticoncurrentielle consistant
à exporter et à vendre sur un marché étranger un
produit à un prix inférieur de celui pratiqué dans le pays
d'origine.
44 TOLLENS (Eric), Op. cit, p.13
Selon le GATT45 résulte de la vente d'un
produit sur le marché mondial à un prix inferieur à sa
valeur normale sur le marché intérieur ou, si l'on peut
l'identifier, à son coût de production assorti d'une marge
bénéficiaire normale46. Donc le dumping est vendre
à perte sur le marché international.
Section 3 : Généralités sur les
concepts l'importation et les aides alimentaires
3.1. L'importation alimentaire
L'importation alimentaire implique tous les vivres
destinés à la vente, la monétisation, si bien par les ONG
ou les agences multilatérales que par les gouvernements
également47.
3.2. L'importation et l'agriculture
3.2.1. Les poussées d'importations
Il n'existe pas de définition universelle du concept de
« poussée d'importation » La définition habituelle est
tirée de l'article 2 des Accords de Sauvegarde de l'OMC. On parle de
poussées d'importations quant un produit est importé dans un pays
dans des conditions telles qu'elles causent ou menacent de causer des dommages
sérieux sur les industries domestiques par la concurrence directe ou
indirecte de ces produits importés sur des produits
locaux48.
La FAO définit une poussée d'importation comme
une augmentation de 30% de la moyenne des importations sur les trois
dernières années pour l'ensemble des pays en
développement.
45 GATT est sigle qui signifie General Agreement on
tarif and Trade (Accord Général sur les droits de Douane et le
Commerce)
46 THEISSEN et Roland PIERROT, Op.cit.
47 BRONKHORST Ruud, Effets de l'aide alimentaire
structurelle dans la forme d'achat local et de vente de riz sur le
développement rural, Thèse, Amsterdam, 2006, p.9
48 DUTEURTRE G, l'impact des importations sur les
filières agricoles dans les pays en développement.
Réflexion à partir de l'étude des « poussées
d'importation », séminaire, Dakar, juin 2005, p.1
Ainsi, une poussée est associée à des
dysfonctionnements dans les processus commerciaux, dysfonctionnements propres
à justifier des mesures de « sauvegarde ». le terme sauvegarde
est utilisé en référence à des actions
gouvernementales qui peuvent prendre la forme de restrictions ou de
contrôle des importations par l'élévation des droits de
douane ou la restriction des quantités (comme les contingentements).
Selon ces définitions, entre 2500 et 6000 cas sont
reportés dans les 20 dernières années pour l'ensemble de
pays en développement.49 Ce chiffre varie, selon que l'on
prend en compte les importations globales, les importations commerciales seules
ou l'aide alimentaire seule.
3.2.1.1. Facteurs des poussées
d'importations
Plusieurs facteurs expliquent les poussées
d'importations, au premier rang desquels on trouve la disponibilité sur
le marché mondial de produits à des prix extrêmement
bas.
Les pays africains sont fortement concernés par la
menace des poussées d'importations et ce, pour trois raisons
principales. D'une part le faible développement de leurs
économies, d'autre part, les économies sont largement ouverte au
commerce international, et enfin une ouverture de leurs marchés dans le
cadre de l'intégration régionale et sous-régionale.
3.2.1.2. Impact des poussées d'importation sur les
filières locales
L'impact des importations sur les filières locales se
révèle assez complexe. Mais énumérons les faits
suivants :
i' Les poussées d'importations ne sont pas
forcément un frein majeur au développement des filières
locales ;
i' Les pratiques déloyales ne sont pas toujours la cause
des poussées d'importations ;
i' La segmentation des marchés tendent à limiter
l'impact des importations à certains types d'entreprises
i' Une politique commerciale n'a d'effet que si elle est
doublée d'une politique d'investissement et d'appui aux filières
locales.
i' Plusieurs leviers peuvent être utilisés pour
lutter contre l'impact négatif des importations, aux premiers rangs
desquels on trouve les politiques de sauvegarde, la formation des acteurs et la
sensibilisation des consommateurs.
3.2.1.3. La révolution verte
Surnommé le père de la révolution verte,
Swaminathan savait que, depuis la fin des années
soixante, il était techniquement possible de sortir de la famine
grâce à la mise au point de nouvelles semences de riz et de
blé à haut rendement50. La sélection de
l'I.R.36, riz amélioré qui est né par croisement, dans un
tube à essais, d'espèces sauvages recueillies dans la nature,
n'existait pas en 1966. Il a toutes les vertus que peut en attendre un paysan
d'Asie : croissance rapide, tige courte, épi lourd, résistance
aux maladies et aux intempéries. C'est l'I.R.36 qui a triplé les
rendements, et grâce auquel les besoins en riz sont globalement
satisfaits dans le monde51. L'Inde de 1988 produit davantage de riz
par habitant qu'en 1966 alors qu'elle compte cent millions d'habitants de
plus.
La révolution verte n'a réussi que là
où les conditions politiques et économiques accordées aux
agriculteurs ont permis une juste rémunération de leurs efforts.
La première condition pour échapper à la famine, c'est
donc le respect de la petite propriété privée.
50 GASSAMA Tiguidanké, Les déterminants
des importations de produits agricoles du Sénégal : cas du riz,
mémoire de DEA en économie internationale, Dakar, 2006, p.30
51 GASSAMA Tiguidanké,Op.Cit, p.32
3.2.1.3.1. La portée de la révolution
verte
La révolution verte est une politique
d'amélioration des agricultures du Tiers-Monde fondée sur
l'intensification et l'utilisation de variétés de
céréales à hauts rendements. Le terme révolution
verte désigne le bond technologique réalisé en agriculture
au cours de la période 1944-1970, à la suite de progrès
scientifiques réalisés durant l'entre-deux-guerres. Elle a
été rendue possible par la mise au point de nouvelles
variétés à haut rendement, notamment de
céréales (blé et riz), grâce à la
sélection variétale. L'utilisation des engrais minéraux et
des produits phytosanitaires, de la mécanisation, de l'irrigation y ont
aussi contribué. Elle a eu pour conséquence un accroissement
spectaculaire de la productivité agricole, et a permis d'éviter
des famines catastrophiques, qui auraient été la
conséquence naturelle de l'augmentation sans précédent de
la population mondiale depuis 1950.
La révolution verte est le modèle de
développement le plus efficace à moyen terme dans le Tiers-Monde.
L'Inde en est l'exemple le plus connu et évident : en effet, elle a
multiplié par 10 sa production de blé, et par 3 sa production de
riz. Mais la révolution verte connaît aussi des limites : les
productions demandent beaucoup d'eau, d'engrais, de pesticides
(d'éléments chimiques en général), ce qui
entraîne des sols moins fertiles, et très pollués. Elle a
entraîné un usage excessif de pesticides et un appauvrissement de
nombreux sols.
Cette révolution a de nombreux effets non agricoles.
Elle a causé de profonds changement culturels : exode rural massif,
déperdition du savoir traditionnel agricole. Elle a par ailleurs
été accusée de contribuer à réduire la
biodiversité et de mettre les agriculteurs sous dépendance de
l'industrie agropharmaceutique.
profiter. L'État s'engage alors sur les réseaux
d'irrigation, sur la formation de techniciens, la mécanisation, va
favoriser les crédits, et va également garantir aux agriculteurs
des prix d'achat élevés. Malgré cet engagement de
l'État, les paysans ne sont pas équipés pour ce genre
d'agriculture : ils n'ont pas des terres assez grandes et doivent souvent
s'endetter. La révolution verte était une enveloppe technologique
contenant des éléments importants: variétés
améliorées à haut rendement (VHR) de deux
céréales de base (riz et blé), irrigation ou
maîtrise de l'approvisionnement en eau et meilleure utilisation de
l'humidité, engrais et pesticides, et techniques agronomiques
associées.
3.3. Aides alimentaires
Selon la FAO, l'expression aide alimentaire est
traditionnellement utilisée pour désigner des opérations
internationales qui ont pour but de fournir une « aide sous forme de
produits alimentaires à un pays qui aurait besoin d'une telle aide
».52
Selon le PAM, l'aide alimentaire est décrite comme des
livraisons ou des actions incluant la livraison de spécifiques
quantités matérielles de vivres à un pays
bénéficiaire ou acquis dans ce pays même, grâce
à des fonds fournis par une agence donatrice officiellement ou par une
ONG internationale.53
Le professeur MAHIEU dans son article
d'éthique et aide alimentaire, définit l'aide alimentaire comme
une forme de l'aide internationale qui consiste principalement à
subvenir à la sécurité alimentaire de populations
vulnérables par la distribution de nourriture.54
52 FAO : Les négociations commerciales
internationales et aides alimentaires, Rome, 2005, p.2
53 BRONKHORST Ruud, Effets de l'aide alimentaire
structurelle dans la forme d'achat local et de vente de riz sur le
développement rural, Amsterdam, 2006, p.9
54 MAHIEU F.R, Ethique et aide alimentaire,
Genève, février 2009, coll. Economie et développement
international, p.3
Pour le professeur Mokonda l'aide alimentaire
constitue un transfert sans contrepartie financière de denrées
vivrières d'un pays donateur à un autre pays
bénéficiaire, elle est avant tout d'origine humanitaire.
L'aide alimentaire est avant tout un instrument mis en place
en situation d'urgence lorsqu'il s'agit de sauver des vies dans un délai
proche de l'immédiat, soit après de graves catastrophes
naturelles (sécheresses, inondations...), soit à la suite de
crises politiques majeures.
Pour ce qui nous concerne, l'aide alimentaire peut se
définir comme toutes aides données sur une base
régulière au pays et qui n'est pas utilisée pour les cas
d'urgences. Ces aides prennent aussi bien en compte les importations
alimentaires que les vivres achetés localement et distribués
ensuite à des groupes spécifiques dans le pays.
3.3.1. Rôle de l'aide alimentaire
Globalement, l'aide alimentaire reste nécessaire pour
suppléer en partie à une production locale insuffisante et
à un manque évident de solvabilité des populations. Ses
impacts dépendent de son mode de distribution et du
calendrier.55
3.3.2. Formes de l'aide alimentaire
Aides alimentaires est une des réponses aux situations
d'insécurité alimentaire, en particulier les plus extrême.
Elle peut prendre plusieurs formes :
i' Aide alimentaire d'urgence représente
l'aide octroyée aux victimes de catastrophes relavant de
phénomènes naturels ou d'origine humaine.
55 GERARD F et all. L'impact des mesures de soutien
à l'exportation et de l'aide alimentaire sur la
sécuritéalimentaire, rapport d'étude,
Paris, Octobre 2006, p.11
Cette aide est distribuée gratuitement à des
groupes de bénéficiaires ciblés,
généralement sous forme de don.
i' Aide alimentaire octroyée dans le cadre de
projet vise à soutenir des activités spécifiques
de lutte contre la pauvreté et de prévention en cas de
catastrophe à travers la distribution de denrées alimentaires
pour des projets liés à l'aide alimentaire en échange d'un
travail « vivre contre travail », aux repas scolaires et à la
nutrition mère-enfant. L'aide alimentaire octroyée dans le cadre
de projets peut aussi favoriser le développement agricole et la
sécurité alimentaire. cette aide est généralement
distribuée gratuitement à des groupes de
bénéficiaires ciblés ou vendue localement sur le
marché libre devenant ainsi une aide alimentaire «
monétisée ». elle est octroyée sous forme de don.
i' Aides alimentaires programmes,
représente un transfert de ressources, fourni dans un cadre
bilatéral, fréquemment dans le contexte de difficultés
relatives à la balance des paiements et généralement
monétisée dans le marché bénéficiaire. Cette
aide est parfois fournie sous forme de don et ne vise pas de groupes
bénéficiaires particuliers.ici l'aide est accordée
à des conditions de prêt.
~ 43 ~ DEUXIEME CHAPITRE
L'AIDE ET L'IMPORTATION ALIMENTAIRES FACE A
L'ETHIQUE
L'objectif de ce chapitre est d'analyser les grandes critiques
faites à l'aide alimentaire et la protection agricole à
l'importation par une réflexion éthique afin d'identifier les
grands problèmes qui sont soulevés.
Section 1. Ethique et aide alimentaire
1.1. Ethique comme concept
Le terme éthique, qui se dit adjectivement de ce qui a
rapport à la morale, s'emploie aussi comme féminin par certains
auteurs pour désigner la science de la morale ou un ouvrage traitant de
cette science.56
Puisque l'éthique est synonyme de la morale, ce vocable
doit se définir comme nom donné à la science ou à
la doctrine qui détermine les règles de nos actions, tandis que
dans son sens le plus large, l'expression déontologie couvre la science
déterminant l'ensemble de devoirs à remplir57.
Pour ce qu'il y a des domaines de l'application de
l'éthique, celle-ci s'applique à tous les domaines de prestation
des services destinés à la consommation du public. Toute personne
qui s'installe sur la place publique pour rendre service au public est tenue
à l'éthique, qu'il s'agit de la production des biens ou des
services, à titre gracieux ou onéreux.
L'éthique est une connaissance pratique : elle
reconnait le bien là où il se trouve, elle contribue aussi
à l'amener par l'action dans les cas où il fait défaut, ou
à empêcher qu'il ne soit lésé. L'éthique
contient donc un savoir d'après lequel peut s'orienter la
réflexion de l'individu sur les actions bonnes et nuisibles, justes ou
injustes.
56 MUPINGANAYI (Bruno), Ethique et
déontologie professionnelle, éd. CARI, Kinshasa, 1998, p.1
57 Idem, p.2
L'exigence de l'éthique devient encore plus forte
lorsque les prestations destinées au public touchent à la
santé, à l'honneur et au bien-être des
citoyens.58
1.2. A la recherche d'une perspective historique
Depuis la fin de la guerre froide, l'enjeu n'est plus de
soutenir tel ou tel camp, mais au contraire de contraindre certains acteurs de
conflit à faire la paix. Il s'agit en effet de résoudre, ou
parfois simplement de contenir, des crises qui, pour une raison ou une autre,
menacent la stabilité politicoéconomique de certaines
régions. Dans ce contexte, de nouvelles stratégies
d'instrumentalisation de l'aide humanitaire, et notamment de l'assistance
alimentaire pour ne pas dire de l'arme alimentaire sont apparues. Ceci n'est
que le dernier épisode d'une longue histoire qu'il s'agit de
décrypter.
Au cours de la période coloniale, la mise sur pied du
commerce triangulaire entre la France métropolitaine, l'Indochine et les
colonies d'Afrique a eu des effets considérables sur les systèmes
agricoles locaux. En coulant les productions vivrières traditionnelles
par la vente à bas prix du riz « cochinchinois », et en
instaurant une politique fiscale coercitive (les impôts coloniaux sur le
sel, le nombre de personnes par famille, les corvées en nature), la
puissance coloniale a pu développer, en Afrique notamment, des cultures
de rente. Les paysans du bassin arachidier sénégalais connaissent
bien les conséquences de cette évolution :
écosystèmes en crise, sols dégradés,
vulnérabilité accentuée des économies paysannes en
face du commerce international des produits agricoles59. De plus, le
commerce des céréales locales s'est trouvé fortement
entravé et déstructuré par les nouvelles habitudes de
consommation. Les produits d'importation ont en effet pris une place
déterminante dans le panier de la ménagère, notamment en
milieu urbain : riz, pain, etc.
58 MUPINGANAYI, Op.cit, p.2
59 GRÜNEWALD (François), « pour ou
contre l'aide alimentaire » in revue internationale de la Croix-Rouge,
n°822, p.633
Parallèlement à cette approche mercantile sont
apparues des stratégies d'utilisation politique de l'aide alimentaire.
L'un des premiers exemples bien documentés de cette dernière est
l'assistance apportée par l'Occident à l'URSS lors de la grande
famine de 1921. Croyant montrer au pouvoir des Soviets la
générosité de l'Ouest et la supériorité du
modèle capitaliste, les promoteurs de ce programme de secours
alimentaires ont en fait facilité la mise sous coupe
réglée de l'agriculture et l'écrasement de la
paysannerie60. Ainsi l'aide alimentaire d'urgence, offerte
manifestement ou refusée, cache souvent d'autres
desseins61.
Avec la fin de la guerre froide et les changements affectant
« la planète de toutes les crises », les stratégies
d'utilisation de l'aide alimentaire ont évolué. L'embargo
alimentaire et le refus de financer des programmes nutritionnels sont de plus
en plus utilisés pour faire fléchir une partie à un
conflit, quel qu'en soit l'impact sur les populations civiles. Lorsque l'on
sait que ceux qui décident de l'arrêt ou de la continuation d'un
conflit ne sont généralement pas ceux qui pâtiront de la
pénurie induite par l'embargo, on peut imaginer qu'il faudra que les
zones qu'ils contrôlent soient transformées en champs de
souffrances infinies pour que, de peur d'une révolte, ils cèdent
aux pressions. À quel prix humain ? Les embargos économiques au
sens large font, certes, partie de la panoplie des pressions diplomatiques
à disposition du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils peuvent
également être utilisés de façon unilatérale
par certains pays. Il faudra veiller à ce que l'on n'en abuse pas, et
surtout, à ce que les populations vulnérables des pays
ciblés ne deviennent pas, du fait de cette action politique, des
sinistrés alimentaires. Les agences humanitaires doivent garder dans ces
situations toute latitude d'agir, de façon indépendante et
impartiale, et de prévenir la catastrophe. Les débats actuels
à propos de l'Irak, de la Serbie et du Burundi montrent la
complexité de ces questions.
1.2.1. L'aide alimentaire comme instrument du
colonialisme
De nos jours, le monde possède d'énormes
capacités pour répondre aux famines à grande
échelle et prévenir leur expansion. Mais les mécanismes
qui fournissent l'alimentation en cas de famine ne sont pas aussi efficaces
qu'ils pourraient l'être car ils ne sont pas toujours motivés par
les besoins des affamés mais par des motivations liées à
l'histoire du colonialisme.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) est le rouage le plus
important de la machinerie de l'aide alimentaire mondiale. Les Etats-Unis sont
de loin les plus gros donateurs du PAM, fournissant plus de 60% de l'aide
alimentaire. Mais ils insistent pour soit donner des produits alimentaires soit
pour lier leurs contributions financières à la commande de
produits américains.
Cette politique fait partie d'une stratégie
délibérée de subvention de l'agriculture des Etats-Unis et
de fragilisation de ses concurrents agricoles. Fournir de l'aide en nature
allège les symptômes de la famine mais perpétue ses
causes.
Il n'est dans l'intérêt de l'économie et
du secteur agricole des Etats-Unis de développer le Sud que dans la
mesure où cela leur ouvre de nouveaux marchés et leur apporte des
commandes. Comme l'a fait remarquer Lawrence Godwin, de l'organisation Africa
Faith and Justice Network, "Les Etats-Unis veulent voir leurs compagnies
contrôler les ressources les plus fondamentales de la vie, incluant les
semences, les plantes cultivées et l'eau62.
David King, le conseiller scientifique en
chef du Royaume Uni, s'est fait l'écho de nombreuses personnes en
dénonçant la tentative des Etats-Unis de faire entrer de force
les technologies de modification génétique en Afrique par
62 www.legrandsoir.info. Consulté le 24
octobre 2010
le biais de l'aide alimentaire comme étant "une
expérimentation humaine massive.63"
Tout porte à croire que c'est le rejet mondial des
plantes génétiquement modifiées qui influence les
pratiques d'aide des Etats-Unis. Avec la montée de la résistance
aux plantes génétiquement modifiées que l'on observe
aujourd'hui au niveau mondial, la majeure partie du maïs que les
Etats-Unis proposent actuellement comme aide alimentaire à l'Afrique ne
peut plus de toutes les manières être vendue. Comme le fait
remarquer le London Independent, "L'aide alimentaire est le dernier
marché à l'exportation non régulé ouvert aux
agriculteurs des Etats-Unis quand les consommateurs européens et
asiatiques fuient le maïs génétiquement modifié et
introduisent des réglementations strictes pour son importation et son
étiquetage.64
1.3. Les dérives de l'aide alimentaire à
travers le prisme de l'éthique
L'aide alimentaire est avant tout un instrument mis en place
en situation d'urgence lorsqu'il s'agit de sauver des vies dans un délai
proche de l'immédiat, soit après de graves catastrophes
naturelles, soit à la suite de crises politiques majeures. Elle recouvre
une vaste diversité d'instruments spécifiques à chaque
situation : distribution de rations sèches, mis en place de cuisines
populaires, systèmes d'alimentation complémentaires
spécifiques destinés aux femmes enceintes, système de
réhabilitation thérapeutique.
Si le principe de cette forme d'aide n'est pas remis en cause,
son efficacité est très variable selon le contexte dans lequel
elle est mise en oeuvre. Pour Carlo Del Ninno, les
marchés sont encore le moyen le plus efficace de faire face à
l'insécurité alimentaire dans la plus part des situations,
notamment hors crise. Ayele Gelan va plus loin, et montre
l'effet démotivant de l'aide alimentaire sur la production locale en
prenant l'exemple particulier
63 USAID procurement information (
www.usaid.gov/procurement_bus_opp)
64 Declan Walsh, «America finds ready market for
GM food - the hungry», The Independent, 30 March 2000.
de la RDC. La production locale n'étant plus
compétitive face à l'aide alimentaire gratuite, les producteurs
ayant réussi à produire malgré les difficultés ne
parviennent pas à écouler leurs stocks. Les producteurs sont
découragés. Ils adaptent leur comportement à la situation
engendrée par le donneur et préfèrent intégrer les
rangs des vulnérables et recevoir de la nourriture gratuitement. Ce
comportement égoïste développé face à un
partenaire altruiste est décrit par Becker cité
aussi par MEHIEU comme un comportement « d'enfant
gâté ». Ce théorème s'énonce comme suit
: « si un agent bienveillant peut augmenter son utilité en
réalisant un transfert vers un bénéficiaire quelconque,
alors ce bénéficiaire, recherchant son intérêt
propre, sera amené à simuler l'altruisme envers le donateur afin
d'obtenir en fin de compte un transfert plus important que s'il ne
s'était pas comporté de manière altruiste. Le
bénéficiaire fait donc en sorte de choisir une stratégie
qui maximise l'utilité du donateur pour, à son tour, en retirer
un gain maximum ».65
En choisissant d'opter pour une stratégie attentiste et
non productive, conforme aux attentes du donneur, les producteurs ainsi
démobilisés par l'aide alimentaire renforcent la
récurrence et l'ampleur des situations de crise, confortant les
donateurs dans leur jugement et dans la nécessité de
développer encore un peu plus les dons.
James Buchanan nous aide à comprendre
ce processus avec son « dilemme du samaritain ». Pour lui le
samaritain est actif, c'est-à-dire que le choix entre donner et ne pas
donner n'est pas conditionné par le comportement de l'individu
aidé66.
Ainsi, soit le samaritain donne et l'individu aidé ne
travaille pas ; soit le samaritain ne donne pas et alors il déroge
à ses principes moraux. Le samaritain est donc face à un dilemme
: donner et conforter l'individu aidé
65 BALLET (Jérôme), BARILLOT et MAHIEU,
« Dilemme du samaritain : une mise en perspective », in Monde en
développement, vol.2007/1,n°137,p.11
66 KOBOLBT (Christian), « Rational samaritans,
strategic moves, and rule-governed behavior : some remarks on James Buchanan's
«samaritan's dilemma»,1995
dans son comportement égoïste, ne pas donner et
subir la perte morale de ne pas aider quelqu'un dans le besoin. Buchanan
évoque la situation où le samaritain joue après l'individu
aidé. Il devient passif car il conditionne son choix à celui de
l'autre protagoniste. Le donneur n'est plus qu'un samaritain potentiel et ne
s'impose plus la contrainte morale du don. L'individu aidé anticipe
alors le nouveau pragmatisme du donneur. La règle morale fixée a
priori est alors de nouveau la faiblesse du donneur. Ici, Buchanan met en
lumière la contradiction entre l'utilité de court terme tant pour
le samaritain (satisfaction morale de faire la charité) que pour
l'individu aidé (ne pas travailler et recevoir quelque chose) et le long
terme qui est affecté négativement par cette action de
charité.
Si cette conséquence de l'aide alimentaire est
aujourd'hui clairement identifiée, elle est loin d'expliquer à
elle seule la récurrence des stratégies d'aide alimentaire et le
fait qu'elles tardent à basculer dans les phases de
réhabilitation puis de développement, seules étapes
à même de générer les changements structurels
propres à sortir de l'assistant. Et si l'on porte un regard attentif aux
mécanismes d'aide alimentaire du point de vue des donateurs, on se rend
alors compte que l'engagement altruiste et charitable n'est probablement pas
l'unique motivation.
En premier lieu, il est important de saisir que les
contributions en nature des pays donateurs sont moins liées à la
survenance de crise de par le monde qu'au cours de la tonne sur les
marchés d'échanges. Jacques Bertholet constate
que les dons augmentent lorsque les cours sur le marché mondial sont les
plus bas, c'est-à-dire quand les céréaliers du Nord ne
parviennent pas à écouler leurs excédents67.
Ce graphique détermine la relation entre aide alimentaire
et cours mondial du blé.
67 BERTHOLET (Jacques), Op. CIt. p.336
La situation
d'urgence subie par des populations vulnérables
n'est alors plus l'objet premier du don, mais il découle d'u ne seconde
stratégie par les pays du Nord.
La critique la plus appuyée que l'on peut
porter à l'aide alimentaire est qu'elle est l'objet
d'un véritable business générant des sommes colossales
dans les pays du Nord. Dans le cas de l'aide alimentaire américaine, une
loi exige que 75% de cette aide soit non seulement d'origine
américaine (issue des agro- industries
céréalières), mais également conditionn
ée et transportée
par voie maritime (jusqu'au pays aidé) par des
entreprises américaines. Si le cas des
Etats-
Unis est particulièrement marquant, nous
insistons sur le fait que ce principe d'instrumentalisation se retrouve chez la
plupart des pays donateu rs d'aide alimentaire sous formes
variées.
Nous nous retrouvons bien loin du samaritain de
Buchanan, victime de son altruisme, exploité par des
parasites prédateurs. Il est au contraire dominateur et l'individu
aidé est alors victime du don.
Un exemple encore plus édifiant est traité par
Zerbe. Lors de la crise alimentaire de 2002 en Afrique
Australe, l'opinion publique est interpellée sur la présence de
céréales OGM dans les dons d'aide alimentaire des EtatsUnis. Sans
parler des effets des OGM sur la santé ou l'environnement qui font
encore l'objet de recherches et des débats passionnés, les
impacts négatifs sur l'agriculture fragiles sont assez clairement
identifiés. En effet, les céréales distribuées pour
l'alimentation font inévitablement l'objet d'une sélection pour
reconstituer les stocks de semences. A la récolte, les agriculteurs
sélectionnent là encore les meilleurs grains pour l'année
suivante sauf que les grains d'OGM sont stériles, plongeant à
nouveaux les paysans en situation de vulnérabilité. Pour
Zerbe, l'aide alimentaire américaine lors de cette
crise n'avait d'autre but que de permettre à l'industrie des
biotechnologies d'étendre sa zone d'influence et sont marché avec
la volonté de rendre l'agriculture locale dépendante, au risque
d'aggraver l'insécurité alimentaire dans la
région68. Le don impur devient alors malveillant,
empoisonné.
Toutefois, cette défiance extrême de l'aide
alimentaire a eu pour effet salutaire de faire sortir certains Etats de leur
comportement de « l'enfant gâté ». Ainsi, un certain
nombre d'Etats au premier rang desquels la Zambie, a refusé
l'entrée sur leur territoire de l'aide alimentaire américaine.
De tout ce qui précède, nous constatons que si
la morale du principe fondamental de l'aide alimentaire qui consiste à
reconnaitre à chaque individu sur la terre l'universalité du
droit à l'accès à une nourriture en quantité et en
qualité suffisante peut être admise largement comme juste et
bonne, les mécanismes qui s'en prévalent sont quant à eux
beaucoup plus critiquables. L'utilité individuelle de court terme se
confronte à la responsabilité de la société dans
son ensemble dont l'horizon est infini.
68 ZERBE Noah, « feeding the famine? American
food aid and the GMO debate in southern Africa», food
policy,n°29,2004,p.594
1.4. Le cheminement d'une réflexion éthique
sur l'aide alimentaire
Dans la première partie, nous avons balayé de
façon non exhaustive le paysage des actions d'aide alimentaire pour
identifier les problèmes éthiques qu'elles peuvent soulever. Dans
cette seconde partie, nous nous proposons d'aborder la problématique en
sens inverse : sur la base d'un questionnement critique, quelles devraient
être les réponses éthiques que les actions d'aide
alimentaire devraient apporter.
Pour ce faire, nous nous baserons sur l'étude de
François Grünewald, pourquoi la simple
interrogation « Pour ou contre l'aide alimentaire » doit être
dépasser : Il s'agira plutôt de répondre aux questions
pourquoi l'aide alimentaire ? Quand l'aide alimentaire ? Comment l'aide
alimentaire ? Et enfin comment s'en passer ? ». Il n'est alors plus
question de remettre en cause la finalité, mais bien de débattre
des moyens et des mécanismes de mise en oeuvre.
1.4.1. Pourquoi aide alimentaire ?
D'un point de vue éthique, l'aide alimentaire
internationale se fonde avant tout sur la perception morale des pays
donateurs69. Il s'agit d'un altruisme pur de donneur et/ou de sa
responsabilité vis-à-vis des pays en situation de crise
alimentaire. Selon Peter Singer cité par
Mahieu, il n'y a pas de différence entre laisser mourir
et tuer. Les citoyens des pays riches en n'intervenant pas dans les pays en
crise apparaissent alors comme meurtrier. De même, Levinas
cité aussi par Mahieu exposait cette
responsabilité ainsi : « Etre moi, signifie dès lors, ne pas
pouvoir se dérober à la responsabilité, comme si tout
l'édifice de la création reposait sur mes épaules
»70
69 On ne considère alors pas seulement les
décideurs, mais l'ensemble des citoyens.
70 MAHIEU (François-Régis), Ethique
économique, fondements anthropologiques, éd. Harmattan,
Paris, 2001, p.150
La seconde notion éthique qui justifie la
finalité de l'aide alimentaire répond à la
nécessité de justice sociale dans la communauté mondiale.
On distinguera alors une approche « substantive » à la
Rawls : les besoins premiers, tel l'accès à une
nourriture en quantité et en qualité suffisante, doivent
être assurés pour tous. A cette approche, Nozick
oppose la justice « procédurale » par laquelle le juste
mécanisme de mise en oeuvre est garanti. Il s'agit alors de corriger les
répartitions inégalitaires initiales de revenus et de puissance
liées à l'histoire. L'aide alimentaire est alors un vecteur de
redistribution de richesse par le maintien de filet de
sécurité71.
1.4.2. Quant l'aide alimentaire ?
C'est probablement la question essentielle d'une
démarche éthique concernant l'aide alimentaire si l'on veut
éviter des effets pervers dont nous avons parlé en
première partie. L'analyse de la nature de la famine et de sa cause est
indispensable. Une origine erronée aboutit à une politique d'aide
alimentaire inadéquate, souvent conçue pendant la crise et qui
conduit à des effets inefficaces voire condamnable.
La seule approche macroéconomique pour expliquer une
crise alimentaire ne suffit pas. Les liens de causalité
systématique entre une crise alimentaire et la pression
démographique ou la disponibilité de la nourriture ne sont pas
vérifiés empiriquement.
Selon Sen, c'est plutôt un
problème de droit à l'accès à la nourriture. Il
décrit alors la famine comme un manque des capacités. Ces
capacités sont déterminées par la carte d'échanges
propre à chaque individu et à son positionnement dans la
société, elle-même caractérisée par des
aspects légaux, politiques et économiques. Ainsi, Sen montre
qu'il peut y avoir famine alors même que les greniers sont
pleins72.
71 NOZICK (Robert), « Distributive justice
»,Philosophy and public affairs, vol.3,p.45
72 MAHIEU (François-Régis), Op.cit,
p.155
Dès lors que la crise est due au dysfonctionnement des
échanges et à une inégalité des capacités
des individus, fournir de la nourriture ne résout pas le problème
à long terme : La prévention des famines met en jeu des mesures
si faciles que la véritable énigme tient à ce qu'elles
continuent à sévir. Ainsi, une situation
d'insécurité alimentaire comprend un aspect conjoncturel
(catastrophe, conflit...) qui joue le rôle de catalyseur et un aspect
structurel (vulnérabilité des populations liée à un
effondrement de la production causé par des politiques agricoles
inappropriées, une instabilité politique...) qui
représente la prédisposition de la population à passer
d'une situation de sécurité à une situation
d'insécurité.
Le don alimentaire se justifie pleinement dans l'urgence d'un
événement générant une famine car
l'universalité des droits humains justifie la nécessité de
l'ingérence des pays riches plutôt que le respect de la
souveraineté d'Etat en incapacité de faire face. Cependant,
dès lors que les facteurs structurels à l'origine de la
vulnérabilité des populations sont identifiés, le don
alimentaire ne peut être la réponse systématique. Gardons
en outre à l'esprit qu'il existe de nombreux cas où la famine est
au mieux instrumentalisée, au pire créée à des fins
politiques73. Bien analyser l'origine de la famine, c'est
éviter d'engager une action d'aide alimentaire soit qui sera inefficace,
soit qui nourrira des affameurs. Il convient donc d'identifier le bon moment
où il faudra changer de mode d'intervention.
1.4.3. Comment l'aide alimentaire
Cette question fait écho à celle du «
pourquoi ? ». Car si la finalité doit être juste, les moyens
et les procédures mis en oeuvre pour y parvenir doivent l'être
tout autant. Ceci nous amène une nouvelle fois au débat autour de
la justice sociale. Même si l'expression d'une justice substantive
manifeste la bonne intention de l'aide alimentaire, les pratiques nous montrent
la nécessité de procédures équitables, donc d'une
justice procédurale. Autrement dit, la
73 CHAMARKH et BALLET, Op.cit
mise en place de cette aide ne doit ni générer
d'effets externes négatifs dans les pays aidés, ni être
l'instrument d'une domination par les donateurs. Pour cela, il faut commencer
par définir les objectifs de l'aide et sa durée. Une
évaluation de la situation alimentaire et des besoins d'aide alimentaire
est indispensable avant, pendant et après les actions. Souvent les
infrastructures et les transports locaux sont mal adaptés pour
gérer des flux de produits alimentaires. Il arrive que des milliers de
gens meurent de la faim, alors que des milliers de tonnes d'aliments se
gâtent au port ou sont vendues sur le marché noir.
Tous ces constats et exigences ont été traduits
dans la charte de l'Aide alimentaire par les pays donateurs et
bénéficiaires. Mais malgré son existence depuis une
vingtaine d'années, elle n'est que peu respectée car non
contraignante pour ses signataires. Le défi est de faire respecter la
charte pour garantir une sécurité alimentaire durable et
établir une volonté politique collégiale, faite de
renforcements et de partenariats. Ces initiatives peuvent se traduire par une
aide triangulaire où le Programme Alimentaire Mondial, organe des
Nations Unies, aurait un rôle majeur à jouer. L'envoi de
céréales venues du Nord serait remplacé par une somme
d'argent destinée à acheter des céréales produites
localement en zone excédentaire, pour les redistribuer aux populations
nécessiteuses, tout en veillant à ne pas déstabiliser les
marchés locaux et en prenant en compte la capacité d'absorption
des individus bénéficiaires. De nombreuses expériences
réussies ont existé principalement à l'initiative
d'ONG.
Pour clore, la question qui doit être l'aboutissement
d'une réflexion éthique portée sur l'aide alimentaire
devrait être celle-ci : comment se passer de l'aide alimentaire ? Il
s'agit non seulement d'envisager de supprimer l'aspect structurel d'une famine
potentielle (politique agricole performante), mais également d'envisager
qu'un Etat puisse être en capacité de protéger sa
population de la faim suite à une catastrophe naturelle ou non. Il
serait tentant de dire que si la réponse était connue alors elle
serait déjà en application.
Toutefois, si nous avons correctement répondu avec
éthique aux questions précédentes, alors nous ne devons
probablement pas être loin de la réponse à cette
dernière question. Il semblerait dès lors que la justice sociale
n'est pas substantive ou procédurale, mais substantive et
procédurale, car l'universalité des droits humains ne peut
s'exprimer au détriment de la capacité des peuples à y
subvenir par eux-mêmes.
Section 2. L'éthique et la protection agricole
à l'importation
La protection à l'importation est la forme de soutien
la plus transparente et la plus universelle dans le temps et l'espace, donc la
plus légitime. Pourtant, derrière l'écran de fumée
de leurs discours idéologiques sur la nécessaire
libéralisation des échanges agricoles, les pays occidentaux ont
imposé au reste du monde une typologie des formes de protection permises
et interdites conforme à leur situation spécifique de pays riches
tout en bafouant les valeurs éthiques et les déontologies du
commerce international.
La protection à l'importation s'impose dans tous les
pays d'abord pour défendre les revenus des agriculteurs et la
stabilité du pouvoir d'achat des consommateurs contre la forte
volatilité des prix mondiaux.74 Il s'avère donc que la
protection à l'importation s'impose d'abord pour garantir la
sécurité alimentaire quantitative des pays pauvres. Elle s'impose
aussi pour que l'agriculture puisse remplir pleinement ses fonctions non
marchandes en contribuant à la préservation de l'environnement,
au maintien des emplois ruraux, à l'aménagement
équilibré du territoire, garantir aux consommateurs des produits
alimentaires de qualité, alors que les pays occidentaux voudraient les
obliger à consommer de la viande aux OGM. Bref elle s'impose au nom de
la multifonctionnalité de l'agriculture, laquelle est un secteur
d'activité très spécifique.
Jean-François Sneessens estime,
à raison, que aussi longtemps que le niveau d'organisation des pouvoirs
publics reste mondial, la responsabilité
74 BERTHELOT, Op.cit, p.296
d'assurer cette sécurit et le choix des moyens à
mettre en oeuvre restent eux aussi nationaux. Aussi longtemps que les
marchés mondiaux fonctionnent de manière aussi imparfaite que
c'est le cas actuellement, on ne peut imposer aux Etats un dumping à
l'importation par une suppression systématique et déraisonnable
de leurs barrières douanières.75 Au sein du
Comité agricole de l'OMC, une majorité de pays reconnaissent
qu'un traitement contre l'éthique et différencié en
matière d'accès au marché continue à être
essentiel en vue d'améliorer la participation générale des
pays en développement dans le commerce agricole mondial et pour
renverser la tendance croissante de nombre d'entre eux à devenir
importateurs nets.
Une évaluation faite par FAO montre l'impact de
l'Accord Agricole d'Uruguay Round sur une dizaine de pays du Sud est
globalement négative, notamment du fait de la forte baisse des
protections à l'importation qui ont rendu les produits locaux non
compétitifs.
Nous avons fait un constat que la protection tarifaire
agricole doit encore en moyenne supérieure à 40% dans les pays
occidentaux contre 4% pour les produits industriels alors qu'elle n'est que de
10% à 20% dans la majorité des pays du Sud. Ce constat malheureux
nous conduit à conclure qu'il faut éliminer partout la protection
car cette dernière n'est pas éthique dans un commerce où
on cherche l'équité et la justice sociale. Comment ne pas
s'interroger sur le lien entre la dépendance alimentaire croissante de
l'Afrique noire et la quasi absence de protection à l'importation de son
agriculture, contrairement à la plupart des autres pays du Sud qui n'ont
réduit leur forte protection, sous la pression occidentale, que
récemment après avoir atteint une quasi autosuffisance
alimentaire, tout en bénéficiant d'ailleurs de la protection
alternative très efficace liée à la sous-évaluation
de leurs monnaies.
75 SNEESSENS (Jean-François), Mondialisation,
marchés mondiaux des produits agricoles et coopération
internationale, communication lors du colloque de l'Association
Européenne de Formation Paysanne et Rurale, Bruxelles, 25 février
2000.
2.1. Les pays industrialisés et la protection de
leur agriculture à l'importation
Les leçons de l'histoire montrent que tous les pays qui
se sont spécialisés en fonction de leurs avantages comparatifs
initiaux dans les productions de matières premières, notamment
agricoles, sont restés sousdéveloppés alors que les pays
occidentaux et les pays du Sud aujourd'hui industrialisés (Taïwan,
Corée du Sud, Inde, Brésil, Chine...) ont bâti de toutes
pièces leurs avantages comparatifs actuels dans les secteurs secondaire
et tertiaire, le Japon et les EU en tête, à l'abri d'une
très forte protection de leur agriculture, notamment à
l'importation. Anderson et Tyers ont d'ailleurs montré que la protection
agricole s'accroit avec le degré d'industrialisation des
pays.76
L'évolution de la politique agricole de la Finlande de
1931 à 1994 confirme le constat de Swinnen77
cité par Anderson et Tyers selon
lequel la protection a varié en fonction inverse de la part de
l'agriculture dans l'emploi total, dans le budget des ménages et dans le
taux d'autosuffisance alimentaire. Elle a montré aussi que les
périodes de baisse des revenus agricoles relativement au reste de
l'économie correspondent à une hausse de la protection et que,
inversement, la protection agricole baisse lorsque le revenu agricole augmente
plus vite que la moyenne. Plus généralement, l'on peut
vérifier la corrélation étroite qui existe entre le niveau
de développement d'un pays et l'importance de sa protection à
l'importation. De même, les pays du Sud à ne pas s'être
industrialisés, en premier lieu ceux d'Afrique noire, sont aussi les
seuls à ne pas avoir eu la volonté ou la capacité
politique de protéger leur agriculture à l'importation, compte
tenu des pressions exercées sur eux par les pays occidentaux et les
organisations internationales qu'ils dominent, le trio Banque Mondiale, FMI et
OMC en tête.
La protection obligée de l'agriculture à
l'importation découle de la nécessité de garantir des
revenus agricoles minima face aux forts aléas climatiques qui lui sont
spécifiques. L'absence de protection contribue au contraire, face
à une demande alimentaire faiblement élastique, à
accentuer au niveau national les fluctuations de prix déjà
intrinsèques au marché mondial. D'autant que celui-ci se
caractérise par la dégradation à long terme des termes de
l'échange entre les produits agricoles et les produits industriels et
les services, qui tient elle-même à la relative saturation des
besoins alimentaires dans les pays développés, contrairement
à la consommation des produits industriels et des services. D'autant en
outre que les fluctuations des prix mondiaux sont amplifiées par la
valse imprévisible des taux de change dans le contexte de la
globalisation financière.
La protection de l'agriculture à l'importation est
particulièrement cruciale aux premières phases du
développement, tant que les paysans représentent la
majorité de la population puisque des revenus agricoles
élevés conditionnent les investissements permettant d'accroitre
les rendements et ainsi de libérer des ressources pour l'industrie et
les services. Simultanément le démarrage de ces secteurs
dépend de l'importance de la demande des agriculteurs.
~ 60 ~ TROISIEME CHAPITRE
ANALYSE CRITIQUE DE L'ETAT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
L'objectif de ce troisième chapitre est d'analyser la
situation du pays sur le plan de la production agricole et de la
sécurité alimentaire. Cependant, la description et analyse de
l'état de la sécurité alimentaire nécessitent que
soient prises en compte les questions liées à la population et
aux modèles de consommation, car ces derniers déterminent les
besoins de consommation alimentaire et leur évolution. C'est ainsi
qu'avant d'analyser la situation du pays sur le plan de production agricole et
de la sécurité alimentaire, il est passé en revue les
aspects liés aux changements des modèles de consommations.
Section 1. A la découverte de la RDC
Située en Afrique centrale à cheval sur
l'Equateur, la République Démocratique du Congo (RDC)
s'étend de l'Océan atlantique au plateau de l'est et correspond
à la majeure partie du bassin du fleuve Congo, sur une superficie de
2.345.000 km2. Elle comprend quatre types de climats : le climat
équatorial, le climat tropical humide, le climat tropical à
saison sèche prolongée et le climat littoral. Le Nord du pays,
sous influence de l'Equateur, présente une pluviométrie plus
forte et régulière78.
Elle est limitée au Nord par le Soudan et la
République Centrafricaine, au Sud par l'Angola et la Zambie, à
l'Est par la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda, et à l'Ouest
par l'Océan atlantique, l'Enclave de Cabinda et la République du
Congo.
Sa population et sa densité sont estimées
respectivement à environ 60.000.000 habitants et 26 hab/km2.
Il faut noter que le dernier recensement de la population de la RDC date de
1984. Cette population se concentre sur
78 www.wikipedia/RD.Congo/28Aout 2010
les plateaux, dans la savane, près des fleuves et des
lacs ; au nord et au centre du pays, les domaines de la jungle sont quasiment
vides. L'exode rural exacerbé par les guerres a gonflé les villes
et surtout Kinshasa, la capitale. Le peuple congolais est composé de
près 450 tribus en majorité Bantou (près de 80 % de la
population).
La RDC possède un important potentiel de ressources
naturelles et minérales. Son économie est fortement
tournée vers l'exportation des produits miniers (diamant, or, cuivre,
coltan, bauxite, fer, manganèse, charbon, pétrole, gaz
méthane, schistes bitumeux, cobalt, ...). Aucune industrie de pointe n'a
été développée.
L'agriculture reste la principale activité en milieu
rural, mais souffre d'un manque total de mécanisation. Les principales
ressources agricoles sont les cultures céréalières, les
tubercules, le café, le bois et le caoutchouc. Le tourisme a
été freiné par les guerres civiles. Les voies de
communication sont presque inexistantes.
Selon le Rapport sur le développement humain
publié en 2007 ; la RDC est classée au 168ème
sur 177 pays. Le même rapport signale que le pays est classé parmi
les Pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) et
Pays les moins avancés (PMA) avec un PIB par habitant estimé
à 119 $ US en 200579 puis à 130 $ US en 2006 et une
proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté
estimée à 70%.
Section 2. Situation du pays sur le plan de la
production agricole
2.1. Analyse des besoins alimentaires
L'analyse de la production agricole en rapport avec la
sécurité alimentaire conduit à examiner la capacité
du pays à satisfaire ses besoins alimentaires à partir de sa
production. Pour ce faire, il est indispensable de
79 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain
2007/2008
connaitre ces besoins avant d'examiner la couverture de ces
derniers par la production nationale. En effet, le niveau de consommation d'une
population est un facteur important dans l'analyse du bilan alimentaire, car
c'est à partir du niveau de consommation que les objectifs de la
politique alimentaire peuvent être fixés.
Le tableau ci-après donne les niveaux moyens de
consommation de quelques groupes de produits par personne et par an.
Tableau ni : Consommation moyenne par personne et par an
(en kg)
Groupes de produits
|
1970-1980
|
1981-1990
|
1991-2000
|
2001-2010
|
Céréales-Excl Bière
|
23.5
|
35.7
|
38.7
|
41.6
|
Fruit- excl vin
|
49.7
|
54.7
|
58.8
|
67.4
|
Lait- excl Beurre
|
10.3
|
12.4
|
9.5
|
12.5
|
Légumes
|
17.5
|
16.4
|
16.7
|
19.8
|
Poissons et fruits de mer
|
34.6
|
29.7
|
27.8
|
14.2
|
Tubercules et Racines
|
459.6
|
406.5
|
360.7
|
299.5
|
Viandes et abats
|
15.1
|
12.9
|
10.1
|
17.3
|
Sources : nous-mêmes à partir des
données de la FAOSTAT
La lecture de ce tableau permet d'avancer que les tubercules
et racines (manioc, pomme de terre, patates douce, ignames, etc.) constituent
les aliments de base de quasi-totalité des congolais avec des
quantités moyennes consommées, par personne et par an,
supérieures à 250 kg quelle que soit la décennie
considérée. Les tubercules sont suivis des fruits dont les
quantités consommées en moyenne par personne au cours d'une
année ont évolué de 49.7 kg lors de la première
décennie, à 58.8 kg au cours de la décennie 1990 ; ce qui
représente une augmentation de 18,7% à travers les trois
décennies.
Par ailleurs, ce tableau montre que lors de la décennie
1970, les poissons ont occupé la troisième place dans la
consommation des populations. Seulement, à partir de la décennie
1980 jusqu'à nos jours, la consommation de cet aliment a reculé,
perdant ainsi leur troisième place dans la consommation au profit des
céréales. Cette situation est en partie
attribuable à l'augmentation de la consommation du riz et
du pain qui est fabriqué à partir de la farine de blé.
S'agissant des autres groupes de produits (les légumes,
les viandes et les produits laitiers), le tableau montre qu'ils sont
consommés en faible quantité car le nombre moyen de kilogramme
par personne et par année n'atteint pas 20 kg pour l'ensemble des
produits et pour les quatre décennies. Cependant, on relève que
la consommation de ces trois produits a connu une évolution croissante
sur la période de décennie 2000-2007. Ainsi, les kilogrammes de
légumes consommés en moyenne par année sont passés
de 17.5 dans la première décennie à 19.8 dans la
quatrième décennie. Les quantités moyennes de viande et de
produits laitiers sont quant à elles passés respectivement de
15.1 et 10.3 kg dans la première décennie à 17.3 et 12.5
kg dans la dernière.
Dans l'ensemble l'augmentation des produits tels que les
céréales, les viandes et les produits laitiers dont les
évolutions à travers les quatre décennies dépassent
90%, s'expliquent, en partie, par le phénomènes d'exode rurale
où tout le monde veut habiter la ville et par le mimétisme de
consommation par ceux qui habitent la campagne.
Dans la perspective, si la situation ne change pas, les
consommations moyennes par personne et par an des céréales, des
légumes, des viandes et abats et du lait vont augmenter. A contrario,
les consommations des poissons et fruits de mer ainsi que celles des autres
fruits vont décroitre.
2.2. Production agricole et satisfaction des besoins
alimentaires
2.2.1. La production agricole
enquête agricole dans les provinces date de 1996/1997.
Depuis lors, il n'y a plus eu d'enquêtes sur le terrain et toutes les
statistiques sont donc des projections qui parfois ne reflètent pas la
réalité sur terrain et aujourd'hui elles sont corrigées
parfois avec les enquêtes ponctuelles dans certaines zones en fonction
des disponibilités de financement.
Dans presque toutes les provinces, la tendance de la
production agricole est à la baisse, malgré l'accroissement
continu de la population qui est de l'ordre de 3% par an. Cette situation
parait peu crédible et il serait peutêtre préférable
de ne pas publier de statistiques agricoles sur la production et de ne pas
faire de bilans d'approvisionnement alimentaire basés sur ces
statistiques.80
Le dernier grand recensement agricole en RDC date de 1970. En
1980, seules ont été menées des enquêtes villages
pour la mise à jour de la base des données. Le dernier
recensement général de la population date de 1984.
Il existe des annuaires de statistiques agricoles jusqu'en
2004, et même des projections 2005-2009, faites à la demande du
groupe ECOFIN de l'Assemblée Nationale. Ces données sont peu
fiables ; les responsables le reconnaissent volontiers mais ces données
sont utilisées faute de pouvoir s'en procurer d'autres.
Pour illustrer cette production nous avons choisi la culture
vivrière car celle-ci représente l'essentiel de la production
à travers de petites exploitations paysannes dans les zones rurales et,
depuis les dernières années, dans les zones
périphériques de certains grands centres urbains (tels que
Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Mbandaka, etc.)
L'estimation de la production des principales cultures
vivrières par province en 2000 est résumée dans les
tableaux ci-après.
Tableau ni : Estimation de la production vivrière
en RDC par province en 2000 (en tonnes)
Provinces
|
|
Manioc
|
Maïs
|
|
Riz
|
Plantains
|
Arachides
|
Haricots
|
Bandundu
|
3
|
614
|
789
|
188 481
|
24
|
027
|
19
|
011
|
123
|
397
|
nd
|
Bas Congo
|
1
|
313
|
000
|
19 802
|
18
|
672
|
24
|
587
|
13
|
427
|
13 886
|
Kinshasa
|
|
14
|
378
|
13 592
|
2
|
289
|
|
Nd
|
2
|
743
|
142
|
Equateur
|
1
|
772
|
303
|
141 670
|
22
|
355
|
45
|
960
|
22
|
431
|
269
|
Prov. Orient
|
2
|
671
|
065
|
100 257
|
115
|
819
|
237
|
757
|
22
|
431
|
17 312
|
Kasaï Occ.
|
|
122
|
841
|
176 642
|
15
|
468
|
11
|
222
|
3 5031
|
9
|
Kasaï Orien.
|
1
|
365
|
774
|
200 337
|
40
|
288
|
10
|
126
|
42
|
386
|
751
|
Maniema
|
|
762
|
553
|
33 637
|
46
|
765
|
23
|
862
|
16
|
141
|
18
|
Nord Kivu
|
|
335
|
768
|
46 237
|
12
|
298
|
129
|
762
|
7
|
453
|
56 468
|
Su Kivu
|
|
731
|
556
|
16 232
|
27
|
571
|
23
|
948
|
16
|
703
|
27 050
|
Katanga
|
2
|
149
|
452
|
247 112
|
12
|
248
|
10
|
948
|
77
|
797
|
6 095
|
TOTAL
|
15
|
959
|
055
|
1183999
|
337
|
800
|
537
|
183
|
379
|
940
|
122 000
|
Sources : Nous-mêmes sur base des données de
SNSA/FAO/PAM
L'analyse par produit montre que la culture du Manioc occupe
86% de la production nationale vivrière, cela s'explique par la forte
demande de ce produit sur le marché car le manioc constitue un aliment
de base dans l'alimentation de la plupart des congolais, elle est suivie par la
culture du Maïs qui occupe 6% de la production pour la simple raison que
le Maïs est souvent mélanger dans la préparation du «
fufu » dans la plupart des provinces surtout dans la ville de Kinshasa et
dans le deux Kasaï. Vue leurs modes de préparation dans les
ménages, la production des plantains et du riz occupent respectivement
la troisième et la quatrième place avec une proportion
respectivement de 3% et 2 % sur l'ensemble de la production vivrière
nationale. La production d'arachide pour l'année occupait la
cinquième place suive de la production d'haricot qui n'est pas encore
bien connue dans l'alimentation congolaise.
Dans un rapport d'enquête sur l'analyse de la
sécurité alimentaire et de la vulnérabilité en RDC,
il découle que la production par province montre une baisse
générale de la production du manioc sur l'ensemble des provinces.
La plus forte baisse est notée dans la province du Katanga avec 41%. Les
plus grandes productions de manioc proviennent du Bandundu, du Katanga et de
la province Orientale. Le Nord et Sud Kivu ainsi que le
Maniema ont des productions faibles de manioc par rapport aux autres provinces
lors des 16 dernières années. Le graphique ci-dessous donne
l'évolution de la production de manioc sur l'ensemble du pays.
Figure n°1 : Evolution de la production agricole de
manioc entre 1990 et 2006
Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
On constate sur ce graphique, une brusque chute de la
production dans plusieurs provinces en 1996. Cependant, la remontée
rapide de la production l'année suivante aussi n'est pas facile à
comprendre et à expliquer.
En ce qui concerne le maïs, malgré une hausse de
33% lors des 14 dernières années, les provinces du Maniema, du
Nord Kivu ont accusé un déficit de 22% et le Katanga 12%. Les
plus grandes productions de maïs proviennent du Kasaï Occidental, du
Bandundu et du Katanga.
La figure n°2 : L'évolution de la production
de ma ïs lors des 16 dernières années par
province
Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
De manière globale, ce graphique nous montre que la
production agricole du maïs a connu une forte baisse passant de 27.137.750
tonnes en 1990 à 21.137.950 tonnes en 2006 ; soit une baisse de 23%.
L'importance de cette baisse varie en fonction du type de
spéculation.
La baisse la plus spéculaire est notée au niveau
de la banane plantain. En effet, la baisse de la production de cette
denrée a atteint 75% entre 1990 et 2006 sur l'ensemble des provinces
excepté le Katanga ou elle a accusé une baisse de 40% (cf. figure
n°3 ci-dessous).
Figure n°3 : Evolution de la production de banane p
lantain entre 1990 et 2006
Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
Cette situation de baisse généralisée de
la production agricole au niveau national est notée aussi au niveau de
la production de la banane douce, la pomme de terre, l'haricot et le mil. Il
faut signaler cependant que pour la banane douce, une augmentation de la
production a été constatée dans le Sud Kivu, le Katanga et
le Kasaï occidental au cours de ces dernières années.
2.2.2. Production agricole et satisfaction des besoins
alimentaires
Après avoir analysé les niveaux de consommation
alimentaire et la production nationale, il est indispensable de voir dans
quelle mesure ces besoins sont couverts par la production
nationale81. Pour ce faire, l'approche méthodologique
adoptée ici consiste à calculer le taux de couverture de la
consommation par la production nationale. Ce taux est obtenu en divisant la
production nationale pour un groupe de produits par la consommation y relative.
Le résultat obtenu est en suite multiplié par 100. Lorsque le
résultat
obtenu est inferieur à 100, on déduit que le
pays est déficitaire, autrement la production nationale ne permet pas de
faire face aux besoins de consommation dans le pays. Dans le cas contraire, on
peut conclure que le pays est excédentaire. Le tableau ci-dessous
illustre le rôle de la production dans la consommation pour les cultures
principales.
Tableau n°3 : Couverture des besoins alimentaires
p ar la production nationale (en pourcentage)
Produits
|
1990-92
|
1995-97
|
2000-02
|
2004-06
|
Farine de manioc
|
108.0
|
103.8
|
95.2
|
86.0
|
Manioc
|
440.3
|
375.0
|
357.1
|
357.1
|
Farine de Maïs
|
100.0
|
100.0
|
96.0
|
95.2
|
Huile de palme
|
106.5
|
99.9
|
88.3
|
87.5
|
Farine de blé
|
64.2
|
56.0
|
61.7
|
44.6
|
Sources : FAOSTAT/2006
L'examen de ce tableau montre que, la production nationale
permet de couvrir les besoins alimentaires en farines de manioc, le manioc, la
farine de Maïs et l'huile de palme mais avec une baisse relative de la
consommation suite à la non satisfaction de la production locale. En
plus, pour l'ensemble des produits, les taux de couverture connaissent une
baisse au cours des dernières années. Enfin, en ce qui concerne
les poissons, le taux de couverture n'atteint pas 70% pour l'ensemble des
périodes suite au pouvoir d'achat des ménages.
Au cours des dernières années, si la situation
actuelle ne change pas, la production alimentaire nationale permettra juste de
couvrir les besoins du pays en racines et tubercules et fruits. Elle sera
déficitaire pour les autres produits. On note qu'au cours de ces
années, les taux de couverture des produits comme les
céréales et le lait n'atteindront même pas 5%. Les
importations de différents produits vont croître durant ces
dernières années pour couvrir les insuffisances de la production
nationale.
2.3. Recours à l'aide et aux importations
alimentaires pour faire face au déficit alimentaire
Pour faire face au déficit alimentaire, la RDC fait
recours à l'aide alimentaire et aux importations alimentaires. Il est
donc indispensable ici de connaître les produits les plus en vue au
niveau de l'aide alimentaire comme des importations alimentaires. Pour ce
faire, un examen de la structure des importations et de l'aide alimentaires est
indispensable.
2.3.1. Structure des importations alimentaires
Les importations alimentaires en RDC ne cessent de croitre,
malgré la protection relativement importante de la production locale. Le
pays importe surtout des céréales (maïs, farine de
maïs, riz, blé dur, sucre, huile végétale) et des
produits carnés (viande et poisson)82. Les statistiques sur
les importations ont été fournies par le service statistique de
la DGDA, on ignore le degré de fiabilité de ces statistiques,
mais on constante de grandes fluctuations d'une année à l'autre
qui ne s'expliquent pas toujours. Les principaux produits importés sont
les suivants :
i' Blé dur et farine de blé :
la production de blé est très restreinte en RDC. Elle
n'était que de 10.000 tonnes 199983. La RDC importe environ
200.000 tonnes d'équivalent de farine de blé. Actuellement, elle
n'importe plus de farine mais uniquement du blé en grains. Il provient
des Etats-Unis, à cause du taux de change dollar/Euro favorable aux
importations de blé dur de la zone dollar. Ces importations augmentent
régulièrement et font que le pain, ou plutôt la baquette,
sont d'une consommation très courante dans les villes, surtout comme
alimentation hors du domicile. Les importations sont principalement entre les
mains
82 TOLLENS E, et HUART Alain, Les importations
alimentaires et la protection douanière en RDC, Belgique, Troupeaux
et cultures des tropiques, 2006, p.23
83 GOSSENS, MINTEN et TOLLENS, Nourrir Kinshasa,
l'approvisionnement local d'une méthode africaine, éd
L'harmattan, Paris, 1994, col. zaïre-histoire et société,
p.277
de la Minoterie de Matadi (MIDEMA), qui dispose
d'installations de déchargement et de stockage dans le port de
Matadi.
i' Riz : la RDC importe plus de 100.000
à 200.000 tonnes de riz chaque année, surtout en provenance
d'Asie, dont 30% de brisures de riz. Souvent, ce riz provient de stocks de
sécurité alimentaire et est âgé de 3 à 4 ans.
Depuis deux années, les prix du riz sur le marché mondial ne
cessent de grimper. Aussi le riz de production locale, qui a la
préférence des consommateurs, gagne-t-il en compétitive.
Le principal frein à la consommation de riz en ville est le prix. On
assiste souvent à une augmentation de la consommation de riz lorsque les
revenus des ménages augmentent ; d'une manière
générale, le riz importé est préféré
au riz local dans les milieux urbains, surtout à Kinshasa. Le prix du
riz importé influence celui du riz local. Ainsi, l'offre croissante du
riz à des prix mondiaux nettement inférieurs a eu un effet
négatif sur les prix du riz local.
i' Maïs et farine de maïs : la RDC
importe essentiellement du maïs et de la farine de maïs à
Kinshasa pour les besoins de l'aide alimentaire. Il n'y a pratiquement pas
d'importations commerciales de maïs, ou du moins pas dans l'ouest du
pays84. Au Katanga et dans les deux Kasaï, où le
maïs est la composante essentielle de la consommation alimentaire avec le
manioc, le grand déficit de la production locale oblige la RDC à
importer massivement, surtout des pays voisins et d'Afrique du Sud, des
quantités relativement importantes car des sources informelles parlent
de 200.000 t par an, mais une information qui n'est pas confirmée par le
service des statistiques de la DGDA.
i' Viande bovine : on importe 30.000 à
40.000 t/an de viande bovine, surtout de 5ème quartier
(tête, queue, pattes, boyaux), la viande kappa et de la viande de moindre
qualité. On importe actuellement de la viande buffle à partir de
l'Inde. Ces importations de boeuf se font du Brésil, de l'Argentine, de
l'Afrique du Sud et de l'Union Européenne.
84 OCHA, Rapports d'évaluation des besoins
humanitaires par province, Kinshasa, 2006, p.34
i' Mpiodi : il s'agit du poisson chinchard,
congelé, non trié et non éventré,
pêché dans les eaux territoriales de la Namibie ou de la
Mauritanie par des bateaux de pêche industrielle. La RDC en importe plus
de 100.000 t/an. Le prix de vente est d'environ 1,5 dollar/kg. Presque tous les
ménages urbains consomment le mpiodi. Il est en concurrence direct avec
le poisson local provenant de la pêche artisanale. Son prix augmente au
fur et à mesure que l'on s'éloigne de Kinshasa.
i' Huile végétale : la RDC
était jusqu'en 1958 le plus grand exportateur d'huile de palme au monde
; elle importe actuellement de grandes quantités d'huile
végétale 50.000 à 60.000 t/an.
Les tableaux ci-dessous nous donnent l'état de
l'importation des produits alimentaires et l'importation de produits vivriers
pour une certaines périodes.
Tableau n°4: Les importations alimentaires (en tonn
es
Denrée Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
Farine de blé
|
119.541
|
223.340
|
179.478
|
Farine de Maïs
|
4.690
|
67.651
|
7.904
|
Viandes de boeuf de porc
|
8.126
|
82.469
|
184.658
|
Volaille
|
8.812
|
49 .164
|
27.763
|
Poisson
|
75.127
|
149.426
|
94.669
|
Lait, produits laitiers
|
6.220
|
18.400
|
10.378
|
Pomme de terre
|
93
|
1.034
|
541
|
Oignon
|
78
|
3.635
|
3.315
|
Haricot
|
3.666
|
4.032
|
3.536
|
Riz
|
46.678
|
273.764
|
115.265
|
Huile végétale
|
2.900
|
95.790
|
8.876
|
Source : DGDA et OCC
Du point de vue de leur évolution sur la
période, les importations ont connues une régression annuelle
moyenne de 6,2%. Elles sont constituées essentiellement de poissons 46%,
de riz 24%, de maïs 23%, et 7% restant sont répartis sur d'autres
produits dont spécialement la farine de froment, les produits laitiers
et les épices.
Malheureusement, au même moment, on ne relève aucun
effort tendant à l'incitation de la production intérieure sur ces
mêmes spéculations.
Quant à l'avenir, la RDC deviendra un importateur net
de produits agricoles, une tendance qui va perdurer et s'amplifier : nous
estimons que d'ici 2020, le déficit commercial agricole atteindra le 90%
contre le 60% en 2015 si aucun n'effort n'est entrepris pour inciter la
production agricole locale.
2.3.2. La protection douanière et les
importations alimentaires
L'Afrique Subsaharienne en générale et la RDC en
particulier suit la tendance de la mondialisation avec des taux de droits
d'entrée assez bas car de toute façon, son déficit
alimentaire ne lui permet pas d'instaurer des droits de douanes
élevés sur les produits alimentaires comme c'est le cas pour
l'Union Européenne, et plus encore le Japon. L'ensemble des tarifs des
droits et taxes à l'importation et à l'exportation en RD. Congo
peuvent être consultés dans le document de la DGDA qui date
d'avril 2003, selon la loi n°002/03 et 003/03 du 13 mars 2003.
Les droits de douane à l'importation sont assis sur la
valeur CAF (l'ensemble de la valeur du coût du produit, de l'assurance
maritime et du fret maritime). La valeur normale du droit pour les produits
alimentaires est de 20%, avec quelques exceptions à 10%. A cela s'ajoute
l'impôt sur le chiffre d'affaires(ICA), généralement de
13%, à l'importation assis sur la valeur CAF augmentée de droits
de douane ; dans d'autres cas, on a le droit à la consommation à
l'importation, assis sur la valeur CAF augmentée de droits de douane,
généralement égal à la valeur ICA, c.à.d.
13%. Soit l'ICA s'applique pour des produits pas directement consommables, soit
de droit à la consommation. L'ensemble est prélevé en une
fois par la DGDA au moment de l'importation.
Une dizaine de sociétés sont actives dans
l'importation de produits alimentaires et c'est donc un secteur assez
concurrentiel.
Notons que certains importateurs échappent à ces
taxes, les plus grands importateurs en exonération de taxes sont la
MONISCO, le PAM et le Ministère du Plan (don de riz de Japon).
A titre d'exemple, le total des droits et impôts à
l'importation sont comme suit (DGDA 2003) :
Froment
|
24,3%
|
Riz
|
24,3%
|
Farine de blé
|
24,3%
|
Farine de maïs
|
24,3%
|
Sucre
|
35,6%
|
Poulet
|
24,3%
|
Mpiodi
|
24,3%
|
Huille végétale
|
35,6%
|
Viandes de boeuf
|
24,3%
|
Que répondre à ceux qui disent : « pourquoi
devrait-on privilégier la production locale, alors que ce serait
beaucoup mieux de favoriser une grande ouverture à des importations
à bas prix pour une population qui vit dans la pauvreté ?
»
Max Muland répond à la question
: « si l'on se met à la place des dirigeants du pays, soucieux de
la paix sociale, on peut comprendre, sans les excuser, qu'ils n'hésitent
pas à favoriser les importations. Mais c'est se voiler la face sur la
survie économique du pays »85.
Pour importer autant, nous avons besoin
d'énormément de devises. La Banque Centrale du Congo devrait
déjà, il y a quelques années, mobiliser 60 à 70
millions de dollars par mois pour satisfaire les importateurs. Alors, n'y
aurait-il pas moyen de travailler à court, moyen et long termes pour
mettre ces capitaux à la disposition de l'agriculture, de la production
locale, des familles
85 Interview de Max Muland, Kinshasa, octobre 2006.
paysannes, d'un soutien aux denrées de base ? Certes,
nos productions sont tombées tellement bas qu'entre-temps, il faut bien
nourrir les populations avec les produits importés. Mais nos
gouvernements doivent respecter ce à quoi ils ont souscrit. En 2003, au
sommet de l'Union africaine à Maputo, ils ont convenu, par une
déclaration commune au sein du NEPAD de consacrer 10% des
dépenses publiques à l'agriculture et au développement
rural, afin de soutenir la sécurité alimentaire dans le continent
et ceci dans les cinq années à venir. Or, actuellement, nous
pensons que le secteur agricole reçoit de l'Etat à peine 3%
à 6% du budget national.
2.3.2.1. La concurrence
Les produits locaux sont commercialisés par les
milliers des petits vendeurs qui travaillent dans le noir. La production locale
coûte plus cher, notamment les produits vivriers, par rapport aux
produits importés similaires qui sont subventionnés et qui entre
en concurrence sur le marché local. Favorisés par la faiblesse
des pouvoirs d'achat de la population, les produits importés sont plus
demandés dans les grands centres de consommation au détriment de
la production locale. Le secteur formel fait face à l'émergence
du secteur informel qui exerce une concurrence déloyale.
Les entreprises formelles du secteur sont en majorité
constituées par quelques gros importateurs, qui sont « leaders
» sur le marché.
Ces gros importateurs sont généralement des
sociétés à capitaux détenus majoritairement par des
étrangers, ou des sociétés de représentation de
marques étrangères, c'est le cas pour le riz, l'huile de palme,
lait en poudre, le thé, etc.
2.3.3. Structures des aides alimentaires
alimentaire est avant tout d'origine humanitaire. Cependant,
au fil des temps, l'aide s'est progressivement substituée aux
importations commerciales comme soutien financier à des projets,
programmes ou politiques de développement. L'aide est utilisée
comme une arme alimentaire. Elle sert à maintenir les pays
bénéficiaires dans la zone d'influence du pays
donateur86.
En RDC, l'aide alimentaire est très importante dans les
situations d'urgence et de vulnérabilité87. C'est un
instrument indispensable à la réussite de la mise en place d'un
régime politique plus stable et démocratique88.
Selon le rapport de PAM, 72.000 tonnes de nourriture ont
été effectivement distribuées en 2004, dont 39.773 tonnes
de farine de maïs, 9 .021 tonnes de maïs, 6.576 tonnes de haricots,
9.356 tonnes de pois, 3.177 tonnes d'huile végétale et 2.374
tonnes de mélange de farine de maïs et soja. Les stocks du PAM au
cours de l'année 2004 étaient de l'ordre de 20.000 tonnes. Les
achats locaux et régionaux étaient respectivement de 1.872 tonnes
et 16.957 tonnes. Il n'y a pas eu d'achats locaux de maïs en 2004.
Au cours des six premiers mois de 2005, un total de 32. 996
tonnes d'aide alimentaire a été distribué, dont 21 176
tonnes de céréales, essentiellement du maïs, 7.721 tonnes de
haricots et de pois, 2013 tonnes d'huile végétale, 1.392 tonnes
de mélange de farine de maïs et de soja, 320 tonnes de sel, 26
tonnes de sucre, 101 tonnes de poisson salé et 5,2 tonnes de
biscuits.
Les achats locaux, par contre, sont financés par le
pays donateur dans le pays bénéficiaire même. Plusieurs
bailleurs européens, notamment la Belgique, donnent la
préférence, dans la mesure du possible, aux achats
locaux.89
86 MOKONDA BONZA Op.cit.p.67
87 PAM, op.cit, p.47
88 TOLLENS, Op.Cit, p.57
89 Idem, p.58
2.3.4. Les coûts de transaction liés aux
aides/importations Alimentaire
Il n'existe pas une étude spécifique sur les
coûts de transaction des importations ou des aides alimentaires en RD.
Congo, mais l'analyse comparée des facteurs de production et de
l'état des infrastructures permet de se faire une idée sur ces
coûts. En effet, cinq aspects de l'isolement géographique, de la
ruralité et de l'environnement économique permettant de penser
que les coûts de transactions des importations et des aides alimentaires
sont élevés :
1. Toutes les provinces ou des régions du pays ne sont
pas facilement accessibles notamment par voie terrestre. Cette situation
élève les frais de transport du fait des routes impraticables
à certaines saisons et mal entretenues ; de l'éloignement et de
la pénurie de moyens de transport peu coûteux et adapté.
2. Les importations et les aides alimentaires comprennent des
produits pondéreux si bien que leur transport jusqu'aux marchés
est difficile et coûteux. La situation est aggravée par le manque
d'installations de stockage et les difficultés d'accès aux
marchés intérieurs notamment dans la partie Nord du pays.
3. Les moyens de communication qui permettraient de diffuser
des renseignements sur les marchés, les produits et les prix sont
absents ou sous-développés.
4. L'insuffisante couverture du pays en
électricité. La quasi-totalité des provinces sont pourvues
d'installation électrique et quand la localité dispose des
installations, la fourniture n'est pas régulière, ce qui fait que
le maintien de la chaîne de froid est nécessaire, un
investissement additionnel en achat de moteur électrique et de
dépense en carburant ; ce qui élève les coûts de
transaction.
5. Les coûts liés à la gestion de l'aide.
En effet, l'aide alimentaire pour être efficace nécessite une
bonne administration qui doit entre autre
identifier les populations cibles et s'assurer que ces derniers
reçoivent effectivement l'aide qui leur ait destiné.
Section 3 : Etat de la sécurité
alimentaire
D'une façon générale la
sécurité alimentaire peut être assurée de deux
façons : par l'accroissement de la production intérieure, d'une
part et par celle des importations et d'aides, d'autre part.
S'agissant du premier point, de nombreux pays du Sud n'ont pu
remplir leur obligation de sécurité alimentaire, car ils ont
connu tout au long des années 1990, une baisse de la production agricole
par tête, en raison des aléas climatiques et de l'existence de
conflits, auxquels se sont ajoutés les effets des mesures de
libéralisation des échanges.
En ce qui concerne le second point, les pays en
développement ont, pendant les années 1990, fortement accru leurs
importations de denrées alimentaires : 5,6% par an pour l'ensemble des
pays en développement et 6,9% par an pour les pays à faible
revenu et à déficit vivrier.
Il résulte de cette évolution que la position
traditionnelle d'excédent agricole des pays en développement
s'est contractée à partir du début des années 1990
et que, durant la plus grande partie de la dernière décennie, les
importations et les exportations de ces pays se sont quasi
équilibrées.
Quant à la RDC, les études récentes ont
révélé qu'en 2003, 73% de la population de la RDC
souffrait de l'insécurité alimentaire90. En 2008, un
rapport d'évaluation de la vulnérabilité dans les
provinces publié par la FAO a montré une amélioration
considérable. La production agricole en RDC a affiché une
diminution pendant des décennies. Cette diminution est estimée
à
90 TOLLENS, Op. Cit, p.12
-20%,-12% et -6% respectivement pour les
céréales, les racines et tubercules et les légumes.
Le déclin le plus frappant est celui du manioc, un
aliment de base qui occupe 50% des terres cultivables et qui représente
70 à 80% de la consommation alimentaire pour la majorité des
habitants des zones rurales en raison de la prévalence des parasites,
des maladies et le manque de production en raison de conflit civil qui dure
depuis 14 années.
Une tendance similaire est signalée dans le secteur de
la pêche, qui a enregistré une diminution de 25% à 60%.
Avec un baisse moyenne de près de 45%. Le potentiel annuel de la
pêche est estimé à 707.000 tonnes. Les éleveurs des
régions du Nord Kivu, Sud Kivu, Ituri, Tanganyika, Nord Katanga et
Bandundu ont perdu entre 80 et 100% de leur bétail.
L'insécurité générale qu'a connue
la RDC depuis 1996, et avant les élections démocratiques de 2006,
a provoqué l'abandon des activités agricoles et commerciales, ce
qui a donné lieu à une carence grave des denrées
alimentaires.
3.1. Disponibilité alimentaire
Le niveau de la production interne est en grande partie
inconnu. Les statistiques sur la production en RDC préparées par
le Service National des Statistiques Agricoles (SNSA) ne sont pas en fait
faibles. La dernière enquête agricole importante dans les
provinces date de 1996/1997. On remarque que, depuis 1996 la production
agricole décline dans toutes les provinces et cette situation est
intenable. Le Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural (MINAGRI a présenté les déficits de la production
interne comme suit : il y a un déficit de 51% pour le manioc, 7% pour le
riz, 35% pour le maïs et 45% pour le haricot sec)91.
91 MINAGRI, Rapport sur l'état de l'agriculture
dans les provinces, Kinshasa, 2008, p.12
3.2. Accessibilité alimentaire
La demande alimentaire n'avait pas été
satisfaite depuis le début des années 70. Les importations des
denrées alimentaires en RDC sont en hausse constante. Les denrées
importées sont principalement les céréales (riz,
blé et maïs), le sucre, l'huile végétale et les
produits de viande (viande et poisson) pour approvisionner Kinshasa et d'autres
grandes villes.
Une enquête menée en 2001 par PAM a montré
que 27% des ménages en RDC mangent un seul repas par jour, tandis que 2%
de la population ne mangent pas chaque jour. La population frappée par
l'insécurité alimentaire était estimée à 64%
en 2001 et à 73% en 2002. En 1991, cette population était
estimée à 31%. Le prix du blé et du maïs a
doublé, de même que celui du riz, de l'huile
végétale et des produits laitiers depuis 2003. Le coût de
la vie est en hausse rapide dans les villes.
3.3. Consommation alimentaire
La consommation alimentaire journalière en RDC
exprimée en calories et en grammes de protéines est restée
plus ou moins normale jusqu'en 1992- 1993, et depuis lors elle n'a cessé
de se détériorer pour atteindre seulement 1.514 calories et 24,3
grammes de protéines en 200092. L'observation la plus
frappante est la consommation du manioc estimée à 288kg par
personne par an en 2000, avec une production générale annuelle de
manioc de 15.959.000 tonnes, soit 859,5 calories représentant 57% et une
consommation de céréales par tête de 274 calories, soit
18%.
Une enquête de la FAO menée en 2002 sur la
consommation des ménages de Kinshasa qui portrait sur 2000
ménages sélectionnés du centre à la
périphérie, avait révélé que la consommation
moyenne par jour était de 1.349 calories et 36 g de protéines.
Ainsi, les habitants de Kinshasa
92 TOLLENS, Op. Cit., p.23
consommaient presque deux fois moins de calories que la
moyenne mondiale de 2.750 calories. Au centre de Kinshasa, la moyenne
était de 1.579 calories et 46 g de protéines contre 1.165
calories et 27 g de protéines à la périphérie. La
même tendance a été observée à Lubumbashi,
Kikwit (1.835 calories et 32,6 g de protéines) et Kindu. Des
résultats similaires ont été signalés dans les
districts des provinces du Nord et du Sud Kivu par ACF (Action Contre la Faim),
ainsi qu'au Nord Katanga et Tanganyika par Food for The Hungry dans les
enquêtes de 2008 et de 2009.
Les enquêtes nutritionnelles ont
révélé que le taux général de malnutrition
parmi les enfants de moins de 5 ans se situe entre 10 et 20% dans les districts
de Kinshasa, alors qu'il est plus élevé à
l'intérieur du pays. La situation nutritionnelle en RDC reste
très critique dans des provinces de l'Est (Kivu) qui sont en guerre
civile. Les indicateurs estimés montrent encore une situation
stationnaire ou en détérioration continue.
3.4. Moyens de subsistance des ménages
3.4.1. Principales activités et sources de
revenus
Les revenus et modes de vie constituent un indicateur
très important et fondamental d'accessibilité dans la mesure
où toutes les dépenses (alimentaire et non alimentaire) en sont
tributaires.
Les résultats de l'enquête conjointe du PAM
montrent que tous les ménages enquêtés exercent au moins
une activité génératrice de revenus. Concernant le nombre
d'activités exercées par les ménages, 23% des
ménages exercent une seule activité, tandis que 45,4% des
ménages en exercent deux et 31% trois. De grandes disparités sont
à noter entre provinces. En effet, à peine un ménage sur
10 exerce une seule activité dans les provinces de l'Equateur (10,8%) et
du Maniema (7,4%) alors que cette proportion est de près d'un
ménage sur deux dans les provinces de Bas-
Congo (47,1%) et du Kasaï-Oriental (44,1%). La figure
ci-dessous montre le nombre des ménages qui exerce des activités
dans toutes les provinces.
Figure n°4 : Nombre d'activités
exercées par les mé nages par province
Sources : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
Les principales activités exercées par les
ménages sont des activités :
i' De type agropastoral : tel que l'agriculture
(pratiquée par 92,6% des ménages, la pêche
(pratiquée par 19,8% des ménages), l'élevage
(pratiqué par 11,3% des ménages), la chasse (pratiquée par
9,7% des ménages) ou la cueillette (pratiquée par 4,8% des
ménages) ;
i' Liées au commerce : tel que le commerce de produits
agricoles (pratiquée par 17,6% des ménages) ou le petit commerce
(pratiquée par 12,3% des ménages) ;
i' Liées au travail salarial : tel que le travail
journalier (pratiqué par 6,9% des ménages), le fonctionnariat
(pratiquée par 5,5% des ménages) ;
i' Liées à l'artisanat/petits métiers
(pratiquée par 10,3% des ménages).
La figure ci-dessous donne les principales activités
exercées par les ménages sur l'ensemble de la population
congolais.
Figure n°5 : Principales activités
exercées par les ménages
Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
Sur l'ensemble de la population congolaise, la principale
activité exercée par les ménages est l'agriculture
(92,6%), suivi de loin de la pêche, et du commerce. Cette
hiérarchisation n'est pas la même sur l'ensemble des provinces. En
effet, bien que l'agriculture soit la première activité sur
l'ensemble des provinces, la seconde activité varie selon les provinces.
La pêche est la seconde activité dans l'Equateur et le Katanga,
alors que dans le Nord et le Sud Kivu, le petit commerce vient en
deuxième position. Dans les deux Kasaï, les activités
minières et le travail journalier constituent la seconde
activité.
L'agriculture est l'activité dont la contribution
relative au revenu global des ménages est la plus importante dans toutes
les provinces, principalement dans le Kasaï Oriental et le Bas-Congo. En
effet, elle constitue la première activité respectivement de 83%
et de 90% des ménages dans ces deux provinces. Les sources de revenus
des ménages des provinces de l'Equateur,
du Maniema, du Kasaï Occidental et du sud Kivu sont
diversifiées. En plus de l'agriculture on a respectivement la
pêche, le commerce de produits agricole et les travaux liés aux
minerais. Au Sud et Nord Kivu, deux autres activités dominent
après l'agriculture, ce sont le petit commerce et le travail journalier.
L'importance relative de ces sources de revenus dans le revenu global permettra
à ces ménages de se procurer des revenus alternatifs au cas
où les sources de revenus directement liées au secteur agricole
étaient affectées par un choc. La figure ci-dessous donne la
contribution au revenu global du ménage par province.
Figure n°6 : Contribution des activités au
revenu g lobal du ménage par province
Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du
plan
La relance du secteur agricole est essentielle au retour de la
stabilité et d'une croissance économique saine en RDC, Ce secteur
assure en effet la substance de plus des deux-tiers des congolais, et tout
progrès a donc des répercussions immédiates sur le revenu
et donc les conditions de vie de la population. La relance des activités
agricoles est généralement importante pour la restauration de la
sécurité et de la cohésion sociale dans bon nombre de
zones rurales où elle peut aider à résoudre les
difficultés d'approvisionnement et tirer l'activité dans d'autres
secteurs.
Enfin, si elle intervient suffisamment rapidement, elle peut
permettre de faciliter le recentrage de l'économie congolaise sur une
base différente du passé, c'est-à-dire à partir
d'activités dans lesquelles la richesse est largement partagée
à travers le pays.
Section 4 : Evolution et tendance de l'appui
accordé au développement rurale
4.1. La place de l'agriculture dans l'économie du
pays
L'examen de la place de l'agriculture dans le pays permet de
mieux appréhender son importance dans le développement. Pour ce
faire l'examen de celui-ci est effectué en distinguant trois aspects
à savoir : sa capacité d'absorption de la main-d'oeuvre, sa
contribution à la richesse nationale et sa capacité de
créer de revenus en devises résultant des exportations.
4.1.1. Absorption de la main-d'oeuvre
La capacité d'absorption de la main-d'oeuvre
revêt une importance particulière car elle permet
d'apprécier la capacité du secteur à recevoir les
activités et donc à distribuer des revenus. Ainsi, l'analyse de
cette capacité est faite au moyen du pourcentage de la population active
occupée dans les différents secteurs de l'économie.
Tableau n°6 : Population active occupée dans
les di fférents secteurs en pourcentages
Années
|
Agriculture
|
Industrie
|
Service
|
1970
|
80,9
|
9,6
|
20,5
|
1975
|
85,6
|
8,7
|
24,6
|
1980
|
80,7
|
7,0
|
29,6
|
1985
|
89,8
|
6,2
|
37,2
|
1990
|
75,9
|
5,3
|
25,6
|
1995
|
80,6
|
6,3
|
26,8
|
2000
|
74,4
|
7,0
|
18,0
|
Sources : Nous-mêmes à partir des
données de l'INS/FAO
L'examen de ce tableau permet d'avancer que l'agriculture est
le secteur de l'économie qui reçoit plus de 50% de la population
active. Les services viennent en seconde position avec des pourcentages qui
varient entre 18% et 20,5% de la population active occupée. Enfin,
l'industrie est le secteur qui reçoit le moins la main-d'oeuvre avec des
pourcentages qui ne dépassent pas 12% sur l'ensemble des années
retenues. Ainsi, ont peut dire que l'agriculture a un rôle important dans
l'économie du pays dans la mesure où elle occupe une frange
importante de la population active ; elle est ainsi le premier secteur
créateur d'emploi.
4.1.2. Contribution de l'agriculture à la
richesse du pays
Pour évaluer la contribution du secteur à la
richesse du pays, il a été reporté la valeur
ajoutée de ce secteur au PIB et le résultat a été
exprimé en pourcentage. Pour permettre une analyse comparative, cette
contribution est également calculée pour les autres secteurs. Les
résultats obtenus sont contenus dans le tableau suivant :
Tableau n°7 : Contribution de l'agriculture au
PIB
années
|
Agriculture
|
Industries
|
Services
|
1998
|
52,4
|
16,2
|
30,8
|
1999
|
52,0
|
18,4
|
30,0
|
2000
|
49,4
|
20,0
|
30,0
|
2001
|
48,5
|
20,1
|
29,5
|
2002
|
47,0
|
21,3
|
30,0
|
2003
|
45,0
|
22,6
|
30,6
|
2004
|
42,5
|
25,0
|
30,8
|
2005
|
40,5
|
26,6
|
31,0
|
2006
|
45,5
|
27,4
|
32,2
|
2007
|
46,5
|
28,4
|
33,6
|
2008
|
47,4
|
30,0
|
34,8
|
Sources : Nous même sur base des données
de la BCC/BM
Il ressort de ce tableau que l'agriculture (l'élevage,
pêche, chasse) contribue à plus de 30% dans le PIB du pays suivie
de services et l'industrie. Ce tableau révèle également
qu'en 2004, la contribution de l'industrie
commence à avoir une contribution importante au PIB. Ce
changement dans la structure du PIB est le fait de contrainte dans la
production agricole qui pousse les paysans à se donner dans l'industrie
artisanal pour procurer le revenu surtout dans les provinces
minières.
4.2. Evolution de l'appui financier au secteur agricole
Comme il a été constaté plus haut,
l'agriculture qui occupe la plus grande partie de la population active et qui
est considérée comme un secteur sur lequel devrait s'appuyer la
RD. Congo pour son développement à long terme ne
bénéficie pas de toute la considération qui est due
à son importance dans le budget d'investissement. Le tableau suivant est
assez illustratifs de la contradiction existante entre l'importance reconnue au
secteur et les crédits qui lui sont accordés.
Tableau n°9 : Répartition des
dépenses d'interventi ons économique entre 2005 à 2008
(en pourcentage)
Secteurs
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2011 p
|
Infrastructure s
|
3,5%
|
11%
|
7%
|
4%
|
34%
|
Présidence de la Répub.
|
57%
|
55%
|
30%
|
19%
|
22%
|
Agriculture
|
27,8 %
|
9%
|
2,3%
|
4,28 %
|
25%
|
Industrie
|
12%
|
8%
|
60%
|
74%
|
23%
|
Total General
|
100%
|
100 %
|
100 %
|
100%
|
100%
|
Sources : nous-mêmes sur base des données
du Ministère du Budget
Comme on peut le constater, la part de l'agriculture dans le
budget d'investissement n'a jamais atteint 30% entre 2005 et 2008. Au
contraire, cette part a chutée encore plus d'avantage pour remonter
légèrement en 2008. Entre 2006 et 2008 la part du secteur est
restée en dessous de la barre de 10%, malgré l'augmentation du
budget que l'on peut observer en 2011 cette part est restée inferieur
par rapport aux accords de Maputo. Cette
évolution est attribuable au retrait de l'Etat du
secteur agricole avec la fermeture des offices de commercialisation des
produits agricoles (Office de café, de cacao et l'office des cultures
vivrières). Cette libéralisation du secteur qui a
coïncidée avec la faillite de ces offices de commercialisation
s'est transformée en un abandon du secteur agricole.
En définitif, l'on peut dire que le secteur agricole,
bien qu'étant celui qui occupe le plus d'actifs, contribue de moins en
moins à la richesse nationale. Cette situation est imputable à
plusieurs facteurs internes et externes à ce secteur. Il y a
l'échec des plans et programme de relance du secteur, la
dégradation continue des conditions de production, l'absence d'une
politique de commercialisation fiable et la réduction des crédits
accordés à ce secteur au niveau du budget d'investissement n'a
pas été non plus de nature à favoriser le
développement de ce secteur.
~ 89 ~ QUATRIEME CHAPITRE
INCIDENCES DE L'AIDE ET IMPORTATION ALIMENTAIRE
SUR L'AGRICULTURE CONGOLAISE
L'objectif de ce chapitre est de mettre en évidence
l'impact de l'aide alimentaire et des importations alimentaires sur le
développement agricole du pays. La démarche ici consiste en trois
sections. La première consiste d'abord à mesurer le poids de
l'aide et des importations alimentaires dans l'économie. La seconde
tient en l'analyse économétrique des impacts de l'aide et des
importations alimentaires sur la principale grandeur macroéconomique et
enfin une extension de l'analyse est faite pour déterminer les niveaux
au-delà desquelles l'aide alimentaire et les importations alimentaires
deviennent nocives pour la croissance du secteur agricole.
Section 1 : Analyse des facteurs explicatifs de
l'évolution des importations alimentaires
1.2. Une analyse factuelle
Le changement des modèles de consommation est un aspect
important dans la mesure où il permet de comprendre certaines dynamiques
sociales qui concourent au recours accru aux importations alimentaires dans le
pays. Deux aspects particulièrement étudiés ici en raison
de leur importance dans les changements observés. Il s'agit des
questions de la politique commerciale et d'urbanisation.
1.2.1. Accélération de l'urbanisation
L'analyse des conséquences du phénomène
d'urbanisation dans la modification des modèles de consommation
nécessite un examen des tendances démographiques dans le pays. Le
tableau suivant retrace ces grandes tendances.
~ 90 ~ Tableau n°9 : Evolutions de la population et de
l'e mploi
Population
|
1998
|
1999
|
2000
|
2002
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Total (en millions)
|
48.71
|
50.38
|
52.01
|
54.95
|
57.96
|
59.70
|
61.49
|
63.33
|
Pop.
Active (en milliers)
|
29.223.5
|
30229,8
|
31.261,4
|
33.068,6
|
34.736,8
|
35661,3
|
36503,8
|
38.009,7
|
Pop. Occupée Salariée (en
milliers)
|
8.539,1
|
8.630,6
|
8.790,7
|
11.567,4
|
12.380,2
|
12.688,3
|
13.093.9
|
13.303.4
|
Taux de croissance de la pop.
|
3,39
|
3,44
|
3,40
|
2,70
|
3,00
|
3,00
|
3,00
|
3,00
|
Densité (hab/km2)
|
23
|
26
|
29
|
32
|
35
|
38
|
41
|
44
|
Sources : nous même sur base des données
condensée BCC/2010
Il ressort de ce tableau que la population congolaise augmente
chaque année d'une proportion de 3% et cela conduit à une
augmentation de la densité de la population de 23hab/km2
jusqu'à 44hab/Km2 qui témoigne ainsi la forte
urbanisation qui caractérise le pays. Les mouvements de
déplacement des populations vers les centres urbains s'est
accéléré à partir de 2002 avec la fin de la guerre
où tout le monde vient en ville pour chercher de l'emploi.
L'urbanisation rapide du pays s'est accompagnée entre
autre d'une modification des modes de vie. Au niveau de la consommation
particulièrement, ce phénomène a eu pour corollaire la
modification des besoins de consommation alimentaire, notamment des produits
issus de l'agriculture et des filières de l'agroalimentaire. Il s'agit
tout aussi des produits alimentaires consommés de production locale et
des produits alimentaires consommés importés.
Le phénomène d'urbanisation, avec le
développement d'une « élite urbaine », a
entraîné la consommation de nouveaux produits (produits laitiers,
conserves, les pâtes alimentaires, etc.), la substitution progressive
des
produits traditionnels comme le manioc par le pain, le riz et
les pates alimentaires. Il en est de même des huiles
végétales produites artisanalement qui sont de plus en plus
remplacées par les huiles alimentaires industrielles produites
localement ou importées et du poisson traditionnel d'eau douce ou de la
viande de chasse qui sont substitués respectivement par du poisson de
mer congelé ou des boîtes de conserve d'importation.
A cet égard, le Bureau d'étude de la FAO dans le
traitement des indices de prix à la consommation distingue la
consommation des ménages de type africain et celle des ménages de
type européen. Hilaire Babassana cité par NDINGA Mathias quant
à lui parle de modèle urbain et de modèle
rural93. Dans le fond, les deux distinctions sont identiques car
elles font allusion à une même réalité. En effet,
l'on retient d'abord à travers les deux présentations l'existence
de deux modèles de consommation. Ensuite lorsqu'ils font allusion
à un modèle urbain ou un modelé européen de
consommation, il s'agit d'un modèle de consommation résultant du
modernisme dans les sociétés africaines et qui est dominant en
milieu urbain. Dans le deuxième cas, les expressions modèles
rurales ou consommation des ménages de type africain ne désignent
qu'un modèle de consommation qui est le fruit des sociétés
traditionnelles et qui est dominant en milieu rural.
Ces deux modèles de consommation ont des
conséquences économiques et sociales qui ne sont pas même
nature et/ou n'ont pas la même importance ou signification. En effet,
comme la plupart des congolais souhaitent vivre aujourd'hui en ville ou dans
les milieux urbains. Il va s'en dire que le modèle de consommation de
type moderne va s'implanter davantage dans le pays. Cette situation
s'accompagne d'un accroissement des besoins des produits modernes qui n'est pas
sans conséquence sur la structure de la consommation, la qualité
des besoins et les moyens indispensables à leur
93 NDINGA Mathias, Op. Cit, p.41
satisfaction. C'est pourquoi il indispensable d'examiner les
questions relatives à la sécurité alimentaire et à
la production.
1.2.2. La baisse des revenus (et du pouvoir
d'achat)
La dégradation de la situation économique s'est
accompagnée de celle des conditions sociales des populations ce
malgré la mise en oeuvre des reformes politiques, économiques
à travers les PAS. Le Produit Intérieur Brut est passé de
492,70 millions de CDF en 1977 à 522,90 en 1990 puis à 297,10 en
2000 à la suite de la dévaluation du Franc Congolais pour
remonter à 410,82 en millions de CDF en 2007. Le recul de la production
et la baisse des revenus ont eu pour conséquence la baisse de la
consommation dont le rythme a été estimé à 0,7% par
an entre 1980 et 1996 par la Banque mondiale.94
Cette situation a conduit à une aggravation de la
pauvreté caractérisée au plan nutritionnel par la
diminution de l'apport journalier par habitant de 2.235 calories en 1970
à 1.514 en 2000.
Parmi les facteurs explicatifs de cette situation figure
l'échec de PAS qui ont engendré des déséquilibres
structurels internes et externes. Le déficit des ressources qui a
résulté de toutes ces pratiques a mis l'Etat congolais dans
l'incapacité d'assurer l'entretien des infrastructures
économiques et sociales et de couvrir ses dépenses de
fonctionnement de base, au point d'accumuler vingt quatre mois
d'arriérés de salaires aux fonctionnaires. Ces tendances ont
été aggravées par la dévaluation du franc congolais
en 1994 et les guerres civile de 1995 à 1997 et 1998 à 2001.
La dévaluation du Franc Congolais a renchérie
les prix des produits alimentaires. Le contrôle des prix n'a pas pu
freiner la hausse des biens de première nécessité. Le taux
d'inflation est passé de 2,6 % en 1993 à plus de
94 Rapport Banque mondiale 2007
50% en 1994 et plus de 60% en 1995 pour atteindre encore 2,3%
en 2007 ce qui représente plus qu'un doublement en trois ans. La
production nationale n'ayant pas pu prendre le relais des importations, cela a
conduit à une dégradation du pouvoir d'achat des
ménages.
Les événements socio-politiques ont
amplifié la crise économique et financière en affectant
les conditions de vie des populations notamment par : les pertes en vies
humaines, les destructions d'infrastructures économiques et sociales,
les pillages et les déplacements des populations, le
renchérissement des prix des denrées alimentaires et d'autres
produits comme matériaux de construction, du fait des difficultés
d'approvisionnement des principales villes.
1.2.3. Politique de commercialisation et modèles
de consommation
La question du changement des modes de consommation n'est pas
le fait exclusif d'une augmentation de la population nationale. Il a
été favorisé également par la politique de
commercialisation du pays. Il faut dire qu'en matière de
commercialisation des produits agricoles, le Congo-belge a longtemps
privilégié une situation de monopole étatique
conformément à ses orientations politique (le socialisme). Ainsi
quelques années après l'indépendance, on a
créé en 1965 l'office national de Commercialisation des Produits
agricoles. Cette structure qui jouissait d'un monopole de principe collectait
et vendait les produits agricoles. Devant les contre-performances de cette
structure, l'Etat a décidé de la dissoudre dans les années
1980 au profit de l'Office zaïroise de Café (OZACAF), ainsi tant
d'autres offices qui devraient avoir le même rôle que la
défunte, les activités de ces offices, qui couraient vers la
faillite, ont été interrompus en 1990 suites aux mesures de
libéralisation économique.
Il faut dire que l'échec des offices, en dehors des
problèmes de gestion, tient aux problèmes de transport, du manque
des structures de stockage ou de conservation qui ont un rôle important
dans la définition des
prix et le fonctionnement du marché. La
commercialisation des produits agricoles souffre de l'enclavement de certaines
provinces, ce qui rend prohibitif les coûts du transport routier ou
fluvial en particulier. En effet, le transport intégrant l'influence de
la distance et du temps, le mauvais état des routes et la très
nette limitation du nombre de commerçants transporteurs placent ces
derniers dans une véritable position de détenteur d'une rente de
situation. La manque de conditions satisfaisantes de stockage,
d'évacuation et de conservation aggrave cette situation et explique
aussi l'importance du volume de perte dont le taux est estimé entre 30%
et 50% pour les produits périssables ou fragiles. Cette situation a
conduit les circuits commerciaux, tant privé que publics à
privilégier les produits importés sur lesquels les marges
commerciales sont plus fortes, et les risques les moins
élevés.
Les importations alimentaires ont donc
bénéficié d'une situation intérieure qui leur
était favorable pour inonder les marchés du pays. Plus elles ont
imposé une concurrence ruineuse sur la petite production locale
subsistance qui ne peut faire face aux produits des pays industrialisés
« greniers » issus des systèmes de production agricole et
agro-industriel à haute productivité, souvent
subventionnés et bénéficiant des taux de change
avantageux. Cette situation qui a transformé le pays en un marché
captif pour les produits importés a également influencé le
changement des modèles de consommation des populations, notamment des
élites urbaines influencées par la culture occidentale.
Section 2 : Le poids de l'aide et des importations
alimentaires dans l'économie
Il est indispensable, avant de procéder à une
analyse d'impact de voir ce que représente l'aide alimentaire et les
importations alimentaires par rapport aux différentes grandeurs de
l'économie. Pour ce faire, l'on a calculé les pourcentages de
l'aide alimentaire et des importations alimentaires par rapport au PIB du
secteur agricole, à la consommation alimentaire, les
dépenses et les recettes publiques. Afin d'avoir une
bonne lisibilité des données, l'on a procédé par
une distinction dans la présentation entre l'aide alimentaire et les
importations alimentaires.
2.1. Le poids de l'aide alimentaire dans
l'économie
L'aide alimentaire avait un poids important dans
l'économie du pays en 1970 dans la mesure où elle
représentait plus de 50% des grandeurs macroéconomiques comme
montre le tableau n°10 ci-de ssous. A partir de 1980 jusqu'à 2002,
cette importance s'est considérablement réduite au point de ne
plus franchir la barre de 20% cela s'explique premièrement par la fin de
la guerre de 2001 et par les efforts qui sont entrains d'être mener par
le gouvernement pour la relance du secteur agricole tant soit peu.
Tableau n°10 : Poids de l'aide alimentaire dans
l'é conomie (en pourcentage)
|
1970
|
1980
|
1990
|
2000
|
2002
|
Aide en % du PIB agricole
|
54,33
|
4,69
|
8,27
|
42,46
|
17,93
|
Aide en % des dépenses publiques
|
201,23
|
3,60
|
3,09
|
7,56
|
3,75
|
Aides en % de recettes publiques
|
81,50
|
3,06
|
3,95
|
6,14
|
3,22
|
Aides en % de cons. alimentaire
|
65,05
|
4,49
|
5,77
|
27,13
|
13,34
|
Sources : nous-mêmes, données de la FAO et
Ministre de Budget
L'observation du poids de l'aide alimentaire dans
l'économie montre une évolution en dent de scie. Le poids de
l'aide alimentaire a connu une baisse en 1980 avec le premier choc minier dont
les effets se sont prolongés jusqu'au milieu des années 1989.
Pendant cette période, le pays a bénéficié
d'importantes ressources qui ont permis de réduire le déficit
alimentaire du pays par le financement du secteur agricole d'Etat et les
importations alimentaires.
l'échec des différents programmes de soutien
à l'agriculture (faillite des offices de commercialisation des produits
agricoles, du paysannat et des groupements coopératifs étatique
du secteur agricole). En outre, pendant cette période, le pays fait face
à une crise financière qui conduit à l'abandon du secteur
agricole dont la production connait une chute brutale et la
vulnérabilité croissante de certaines couches de la population
nécessite un recours accru à l'aide alimentaire. Cette tendance
à l'augmentation, bien que non significative, va se poursuivre en 2001.
Cela est trivial car il s'agit d'une période poste conflit où
l'aide alimentaire constitue une solution d'urgence pour la population
vulnérable (notamment les personnes déplacées, les femmes
et les enfants exposés à la famine après avoir perdu leurs
biens et moyens de production).
En définitif l'on retient que jusqu'à ce jour
l'aide alimentaire fait rage surtout dans la province de Maniema, le deux Kivu,
l'Equateur et la province Orientale avec le PAM et autres Organismes
Internationaux. Signalons aussi qu'entre 1990 à 2002 la RDC à
reçue une aide extérieure environs de 5.614 milliards de dollar
américains pour l'agriculture.
2.2. Le poids des importations dans l'économie
Dans l'ensemble les importations alimentaires n'atteignent pas
30% des différentes grandeurs à partir des quelles elles ont
exprimées. Le PIB du secteur agricole est la seule grandeur
macroéconomique pour laquelle les importations atteignent 25% du montant
total. Si l'on tient compte du fait que les grandeurs retenues ici ne sont pas
celles de toute l'économie, on peut dire que les importations
alimentaires ont un faible poids dans l'économie du pays comme montre
l'ensemble des résultats contenus dans ce tableau n°11.
Tableau n°11 : Le poids des importations alimentair
es dans l'économie(en%)
Importations alimentaire en % du :
|
1970
|
1980
|
1990
|
2000
|
2002
|
PIB agricole
|
15,48
|
25,92
|
21,80
|
28,73
|
24,75
|
Dépenses publiques
|
23,22
|
19,91
|
8,15
|
5,12
|
5,18
|
Recettes publiques
|
23,22
|
16,90
|
10,42
|
4,15
|
4,44
|
Cons. Alimentaire
|
18,53
|
24,82
|
15,22
|
18,36
|
18,41
|
Sources : par nous à partir des données
de Perspectives Economique et Banque Centrale du Congo
Ce tableau permet aussi de faire le constat suivant lequel, le
pourcentage des importations alimentaires par rapport aux dépenses et
aux recettes publiques à évolué de manière
décroissante. En effet, de 23,22% que représentaient les
importations alimentaires en pourcentage des dépenses publiques en 1970,
on est passé à 8,15 en 1990 et 5,18% en 2002. Au niveau des
recettes publiques, ce pourcentage est passé de 23,22 % en 1970 à
4,44% en 2002.
Section 3 : Analyse de l'impact de l'aide et des
importations alimentaire sur la production locale
3.1. Présentation du modèle
L'intérêt de faire une extension de l'analyse est
du fait que les importations alimentaires tout comme l'aide alimentaire ont des
effets négatifs sur la croissance du secteur agricole congolais à
court comme à long terme. Il s'agit donc dans ce paragraphe de
déterminer des niveaux « seuils » des importations
alimentaires et de l'aide alimentaire au-delà des quels l'augmentation
des importations alimentaires comme de l'aide alimentaire devient
néfaste pour la croissance du secteur agricole. Pour ce faire, nous
allons nous servir d'un modèle économétrique
inspiré des travaux de NDINGA Mathias95.
95 NDINGA Mathias, Op.cit p.50
Le choix de ce modèle réside dans le fait qu'il
a inclus plusieurs variables qui lui ont permis d'aboutir à des
résultats satisfaisants. NDINGA Mathias a étudié la
fonction de production locale agrégée de la République du
Congo/Brazzaville pour la période de 1970 à 2002. Contrairement
aux travaux antérieurs, celui de NDINGA Mathias a eu recours à la
méthode moderne de la cointégration. Son modèle a
tenté d'expliquer les effets d'importations et d'aides alimentaires
congolaises (Brazzaville) sur la production locale.
3.1.1. Spécification du modèle et
description des variables
Le travail empirique est basé sur un modèle de
cointégration testé avec le logiciel EVIEWS. Donc dans la
première partie nous allons présenter le cadre théorique
puis les estimations. La forme fonctionnelle de notre modèle est la
suivante :
PIBAt = f (PIBAt-1,AIDEt,IMPAt) (1)
|
Où :
i' Le produit intérieur brut du secteur agricole
(PIBA) : la variable à expliquer du modèle. Elle
représente l'ensemble de la production agricole nationale. Cette
production est exprimée en millions de CDF au prix de l'année
1990.
i' Le produit intérieur brut décalé
(PIBAt-1) : il capte la production antérieure. La prise
en compte de cette variable permet de savoir si la production initiale est
influencée par d'autres variables du modèle.
i' Les aides alimentaires ou dons
(AIDE), cette variable elle est
exogène, sa prise en compte permet de savoir si, elle a va influencer
négativement notre fonction de produit intérieure brute du
secteur agricole.
i' Les importations alimentaires
(IMPA), cette variable est exogène.
Sa prise en compte permet de savoir sil elle a une influence négative
sur notre fonction de produit intérieur brute du secteur agricole.
Pour des raisons liées à l'absence des
données, nous ne pouvons pas faire une analyse par catégorie de
produit agricole. Un tel travail devrait donner des informations plus fines sur
l'importation et aides des différents types des produits agricoles sur
la production locale congolaise.
Tableau n°12 : Liste des variables exogènes avec le
urs signes attendus
Variables endogène LPIBA
|
Variables exogènes
|
Signes attendus
|
LIMPA
|
-
|
LAIDE
|
-
|
LPIBA
|
+
|
LPIBAt-1
|
+
|
Nous obtenons ainsi un modèle
économétrique et les signes constituant les résultats
attendus. En effet, les aides et les importations alimentaires doivent diminuer
le niveau de la production locale, d'où le signe négatif.
Dès lors, ce modèle peut se présenter comme
suit :
logPIBA =
á0+á1+log PIBAt-1+logAIDE+
á2 logIMPA +åt (2)
|
Où :
i' á0 est la constante
i' á1 et á2 sont les paramètres des
variables à estimer
i' t est le temps (nombre d'années prises en compte dans
notre analyse) i' åt est le terme d'erreur
Les variables PIBA, AIDE et IMPA ont été
exprimées en logarithme népérien afin d'éviter les
problèmes liés aux effets de grandeur et faciliter les
interprétations. En effet la forme logarithmique permet d'analyser les
coefficients sous forme d'élastiques et de disposer des séries
normales.
3.1.2. Sources des données
La base de données provient de l'Institut nationale de
Statistique agricole (INSA), le service des statistiques de la DGDA, PAM, et la
Banque Centrale du Congo. Pour raison de fiabilité des données ;
en ce qui concerne les aides alimentaires nous nous sommes basé plus sur
les statistiques du PAM, car il est un organe chargé de la distribution
des aides dans le monde. En ce qui concerne les importations ; nous avons
rencontré une difficulté d'ordre accessibilité et
inexistence des données dans nos différents services nationales.
Pour ce faire nous avons fait de compilation des données existantes dans
les rapports annuels de la Banque Centrale du Congo et de la Direction de
Statistique de la DGDA et du Bilan Alimentaire de la FAO. Les données du
PIB du secteur agricole proviennent de la base des données du Fonds
Monétaires Internationales (Perspectives Economique en Afrique
Subsaharienne).
3.1.3. Techniques d'estimation
La plupart des séries économiques ne sont pas
stationnaires car elles sont affectées par de long terme, elles sont
donc tendancielles. Cette tendance peut agir sur la série de
manière déterministe ou stochastique et il importe de bien
identifier la nature pour utiliser le meilleur procédé
d'élimination des effets de la tendance. Etant donné que les
séries que nous avons sont des séries temporelles, il est donc
nécessaire d'étudier leur stationnarité avant toute
estimation. Au cas où les séries sont stationnaires, on utilisera
la méthode des moindres carrée mais si elles ne le sont pas, on
fera le test de la cointégration. Si l'on dénote l'existence de
la cointégration, on aura recours au Modèle à correction
d'Erreur (MCE).
3.2. Présentation des résultats et
commentaires
3.2.1. Test informel
Graphique n°7 : L'évolution du PIB
agricole
-1.0 -1.2 -1.4 -1.6 -1.8 -2.0
|
|
|
80 85 90 95 00 05
|
LPIBA
Le graphique ci-dessus donne une évolution peu stable
du produit intérieur brute agricole de 1977 à 1995 et
après elle a connue une forte évolution suite à la chute
du secteur minier et vers 2000 il y a une évolution moins que
proportionnelle du produit intérieur brute agricole.
Graphique n°8 : L'évolution des importations
alimentaires
0.96 0.94 0.92 0.90 0.88 0.86 0.84 0.82
|
|
|
80 85 90 95 00 05
|
LIMPA
Le graphique ci-dessus donne une évolution stable des
importations de 1977 à 1995 et de turbulence les années suivantes
de 2001 à 2008 une certaine constance.
Graphique n° 9 : L'évolution des aides
alimentaires
2.8 2.4 2.0 1.6
1.2 Le graphique ci-dessus donne une fluctuation
tellement forte d'aide alimentaire d
0.8
80 85 90 95 00 05
3.2.2.1. La stationnarité
Lorsqu'on utilise des données temporelles, il est
primordial qu'elles conservent une distribution constante dans le temps. Si une
série est non stationnaire, le différencier peut la convertir en
série stationnaire. Afin d'examiner la présence de la racine
unitaire, les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et Philips-Perron
(PP) ont été appliqués. Le tableau ciaprès donne le
résultat du test de stationnarité.
ADF Test Statistic -4.487556 1% Critical Value* -3.6852
5% Critical Value -2.9705
10% Critical Value -2.6242
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
Augmented Dickey-Fuller Test Equation Dependent Variable:
D(LPIBA,2)
Method: Least Squares
Date: 01/20/11 Time: 08:26
Sample(adjusted): 1980 2007
Included observations: 28 after adjusting endpoints
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
D(LPIBA(-1))
|
-1.327442
|
0.295805 -4.487556
|
0.0001
|
D(LPIBA(-1),2)
|
0.130610
|
0.189930 0.687676
|
0.4980
|
C
|
0.020730
|
0.025860 0.801634
|
0.4303
|
R-squared
|
0.593155
|
Mean dependent var
|
-0.003222
|
Adjusted R-squared
|
0.560607
|
S.D. dependent var
|
0.200154
|
S.E. of regression
|
0.132676
|
Akaike info criterion
|
-1.100860
|
Sum squared resid
|
0.440071
|
Schwarz criterion
|
-0.958124
|
Log likelihood
|
18.41204
|
F-statistic
|
18.22424
|
Durbin-Watson stat
|
1.993709
|
Prob(F-statistic)
|
0.000013
|
Source : nos calculs
Le principe de ce test de stationnarité consiste
à vérifier au seuil de 1%,5% et 10%, l'hypothèse de non
stationnarité contre l'hypothèse contraire en niveau, en
différentielle première ou seconde, à travers une
comparaison de la valeur calculée de la statistique de PP et ADF par
rapport à la valeur critique (critical values) lue de McKinnon.
Il ressort de ce tableau que, toutes les variables du
modèle sont stationnaires car la statistique d'ADF en valeur absolue est
supérieure aux trois valeurs critiques de Mackinnon.
3.2.2.2. Test de causalité
La causalité entre deux variables pouvait être
testée de deux façons :
1' soit par la statistique de ficher : si Fc<
Ftab, on rejette H0, donc on accepte l'hypothèse de
causalité ;
1' soit par prob-stat : si prob-stat < 0,05, donc nous
acceptons la causalité
entre deux variables avec 95 % de chance de ne pas se tromper.
Dependent Variable: LPIBA Method: Least Squares
Date: 01/21/11 Time: 01:29 Sample: 1977 2007
Included observations: 31
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C LAIDE
|
-2.651392
0.280154
|
1.770496 0.085192
|
-1.497542
3.288501
|
0.1454 0.0027
|
LIMPA
|
0.737587
|
1.998420 0.369085
|
0.7148
|
R-squared
|
0.288466
|
Mean dependent var
|
-1.392103
|
Adjusted R-squared
|
0.237642
|
S.D. dependent var
|
0.247383
|
S.E. of regression
|
0.215998
|
Akaike info criterion
|
-0.135334
|
Sum squared resid
|
1.306338
|
Schwarz criterion
|
0.003439
|
Log likelihood
|
5.097677
|
F-statistic
|
5.675791
|
Durbin-Watson stat
|
0.671639
|
Prob(F-statistic)
|
0.008526
|
Source : nos calculs
Test de Granger montre qu'il y a une relation
unidirectionnelle de la production intérieure brute agricole. Donc en
menant le test au seuil de signification de 5 %, on rejette l'hypothèse
de la causalité entre la production intérieure brute agricole,
l'aide alimentaire et l'importation alimentaire. C'est-àdire l'aide
alimentaire et l'importation alimentaire cause la diminution de la production
intérieure brute agricole.
Il ressort du tableau que l'aide alimentaire a un impact
positif sur le PIB du secteur agricole à court terme. Lorsque l'aide
alimentaire augmente de 10%, toute chose égale par ailleurs, le PIB du
secteur agricole augmente de 0,28%. A long terme, l'impact de l'aide
alimentaire sur le secteur reste positif et une augmentation de l'aide
alimentaire de 10%, toute chose égale par ailleurs, conduit à une
élévation du secteur agricole de 1%. S'agissant des importations
alimentaires, les résultats obtenus suggèrent que cette variable
ait un impact négatif sur le PIB du secteur agricole à court
terme et à long terme. Une augmentation des importations alimentaires de
10%, toute chose égale par ailleurs, réduit le PIB du secteur
agricole de 0,35% à court terme et 4,8 à long terme.
Les importations alimentaires ont montré qu'à
partir d'un niveau de 30.000 tonnes, l'effet sur la croissance du secteur
agricole devient négatif or les importations alimentaires
dépassent largement ce seuil depuis 1977 et elles n'ont fait que croitre
de manière très vite et le niveau atteint en 2001 est presque
quatre fois supérieures au niveau de seuil ou de tolérable pour
la croissance du secteur agricole.
Au niveau de l'aide alimentaire, les résultats obtenus
suggèrent que l'aide alimentaire accompagne la croissance du secteur
agricole jusqu'au niveau de 14.000 tonnes. Au delà, elle devient
néfaste pour la croissance de ce secteur. L'aide alimentaire est
très variable car elle dépend des situations d'urgence dans le
pays, mais on peut néanmoins relever qu'en RD. Congo elle est
supérieure à ce seuil depuis la crise économique de 1990
et les multiples conflits armés qu'à connu le pays. Au cours de
l'année 1980, l'aide alimentaire était de 14.200 tonnes et en
2000 elle se situe à 45.256 tonnes et aujourd'hui nous sommes à
environ 75.000 tonnes, ce qui ne représente plus six fois le seuil
compatible avec la croissance du secteur agricole.
CONCLUSION ET RECOMMANDATION
Depuis la période coloniale, la place prioritaire de
l'agriculture a
toujours été proclamée dans la formulation
des politiques de mise en oeuvre en valeur ou de développement. Cette
vocation agricole de la RD. Congo, est
en fait, bien justifiée par l'importance des atouts de
toutes sortes dans ce domaine. Seulement les performances agricoles du pays
sont restées insuffisantes et la situation continue de se
dégrader. Tous les programmes sectoriels n'ont jamais été
appliqués intégralement ce qui n'a pas permis le redressement de
ce secteur en dépit de toute l'attention proclamée dont il fait
l'objet de la part des décideurs.
Cette situation a pour conséquence la faiblesse de la
couverture des besoins alimentaires du pays par la production locale. Pour ce
faire face aux besoins alimentaire grandissants et nouveaux de la population
qui de plus en plus s'installe en milieu urbain tant que rural, le pays a
opté pour une stratégie d'aide/importations alimentaires
massives. Ces dernières permettent aux populations notamment à
faible revenu d'avoir accès à la nourriture. Les incidences de
ces importations sur l'économie sont marginales du point de vue de
l'importance nonobstant le fait que les importations alimentaires et l'aide
alimentaire agissent négativement sur la croissance du secteur agricole
du fait que les seuils tolérables ont été largement
dépassés.
Les échos portés sur la suppression ou la forte
diminution de droit de douane à l'importation des produits alimentaires,
ces mesures ont eu un effet sur le prix à la consommation des produits
importés au détriment de la production locale. Le gouvernement a
pris des mesures de suppression des droits de douane à l'importation sur
les produits alimentaires mais l'inflation générale n'a pas
été combattue pour autant. De plus la charge a pesé
lourdement sur les finances publiques et les conséquences
budgétaires n'ont pas été toujours clairement
identifiées.
A partir des résultats empiriques de notre analyse,
nous allons faire des recommandations sous forme de politiques
économiques, aux autorités politiques congolaises afin
d'atteindre les objectifs d'autosuffisance alimentaire en production locale, de
lutter contre la pauvreté et le développement rural.
L'examen des recommandations met l'accent sur les cadres
d'actions stratégiques. Il s'agit :
1. Mettre une politique permettant de relancer la production
dans le secteur agricole du pays et cette politique sera efficace que
lorsqu'elle va s'inscrire dans une stratégie globale de
développement du pays. Ces stratégies vont se reposer sur les
trois composantes essentielles : développement des marchés et des
échanges, croissance de la productivité agricole, et politiques
budgétaires appropriées pour capter une partie des gains de
productivité et les investir dans secteurs sociaux prioritaires.
2. Mettre en place une mesure qui pourra assurer un appui
technique notamment la diffusion des variétés
améliorées et la fourniture des moyens de production aux petits
paysans et aux producteurs de cultures vivrières. Cette politique
restera inefficace si elle n'est pas accompagnée d'une politique
infra-structurelle orientée vers la construction et/ou
l'aménagement des pistes agricoles et des routes de déserte
agricole, des réseaux d'électrification des zones rurales et la
mise en place d'équipements collectifs de base qui profitent aux
agriculteurs et agricultrices et indirectement aux entreprises du secteur
formel urbain, ne serait ce qu'à travers le transport et la
communication des produits vivriers.
3. Soutenir la production locale par l'hypothèse qu'un
meilleur accès aux intrants augmentera la production qui à son
tour baissera les prix des produits alimentaires locales et ces derniers vont
faire concurrence avec les produits importés subventionnés.
4. Faire recours à la politique d'autosuffisance
alimentaire afin de réduire la dépendance aux importations.
5. Créer des stocks publics et privés qui
consisterait à gérer les excédents et les déficits
alimentaires.
6. Renforcement des capacités des paysans par la
formation appropriées et celui du ministère de l'agriculture,
pêche et élevage et du ministère de développement
rural.
De ce fait une bonne combinaison de politiques
macroéconomique et d'appuis à la production locale ainsi que les
importations et l'aides alimentaires et de volet social permet de stabiliser
les disponibilités et les prix intérieurs, et de faire face
à l'insécurité transitoire, seule la croissance de la
productivité du secteur agricole et la mobilisation de ces gains de
productivité pour le développement économique, qui mettre
l'accent sur les l'élargissement des marchés via le renforcement
de l'intégration sous régionale, la réduction des
coûts de transaction et des mesures d'appuis technique et financier
permettront d'atteindre la sécurité alimentaire à moyen et
long terme.
BIBLIOGRAPHIE
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-
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-
www.faostat.fao.org/defaut.aspx
-
www.fao.org/es/ESA/riga/french/indexfr.htm
ANNEXES
Annexe ni : Données de base utilisées
dans l'analy se économétriques
Années
|
PIB du secteur agricole au prix de 1990 (en millions CDF)
|
Aide alimentaire (en tonne)
|
Importations alimentaire (millier de tonne)
|
1977
|
23.90
|
9.600
|
85.331
|
1978
|
27.50
|
9.600
|
85.330
|
1979
|
28.32
|
10.670
|
85.332
|
1980
|
26.82
|
14.200
|
85.337
|
1981
|
25.93
|
15.000
|
85.327
|
1982
|
31.45
|
17.260
|
85.346
|
1983
|
34.55
|
20.588
|
85.309
|
1984
|
31.44
|
19.324
|
85.383
|
1985
|
31.82
|
1725
|
85.235
|
1986
|
33.62
|
19.830
|
85.531
|
1987
|
29.73
|
19.450
|
84.938
|
1988
|
29.84
|
18.567
|
86.125
|
1989
|
28.58
|
17.570
|
83.750
|
1990
|
30.96
|
15.354
|
88.500
|
1991
|
41.67
|
14.056
|
79.000
|
1992
|
49.42
|
15.024
|
98.000
|
1993
|
51.72
|
16.404
|
434.200
|
1994
|
57.00
|
20.430
|
25.100
|
1995
|
57.00
|
22.567
|
44.242
|
1996
|
33.55
|
30.238
|
62.000
|
1997
|
48.14
|
40.678
|
88.000
|
1998
|
47.48
|
40.978
|
44.000
|
1999
|
52.72
|
42.804
|
48.000
|
2000
|
49.97
|
45.256
|
68.500
|
2001
|
59.74
|
45.764
|
144.000
|
2002
|
51.01
|
55.934
|
163.000
|
2003
|
51.01
|
60.054
|
184.560
|
2004
|
47.26
|
72.000
|
206.707
|
2005
|
45.52
|
73.450
|
195.634
|
2006
|
45.67
|
75.693
|
201.170
|
2007
|
42.47
|
83657
|
198.402
|
Sources : compilation des données de la BCC, la FAO, le
PAM, l'USAID, le MINIGRA, le SNSA, et le SNS.
Annexe n°2 : Résultats des tests
statistiques du modèle à correction d'erreur
a) Tests sur la spécification du
modèle
Wald Test: Equation: Untitled
Null Hypothesis: C(2)=2/3
C(3)=1/3
F-statistic 10.33569 Probability 0.000435
Chi-square 20.67138 Probability 0.000032
b) Test d'homocédasticité des erreurs
- Test de ARCH
F-statistic 12.52532 Probability 0.001424
Obs*R-squared 9.272218 Probability 0.002327
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Least Squares
Date: 01/21/11 Time: 12:38
Sample(adjusted): 1978 2007
Included observations: 30 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.020946 0.005678 3.689140 0.0010
RESID^2(-1) 0.277517 0.078414 3.539113 0.0014
R-squared 0.309074 Mean dependent var 0.033028
Adjusted R-squared 0.284398 S.D. dependent var 0.029376
S.E. of regression 0.024850 Akaike info criterion -4.487549
Sum squared resid 0.017291 Schwarz criterion -4.394136
Log likelihood 69.31323 F-statistic 12.52532
Durbin-Watson stat 1.616516 Prob(F-statistic) 0.001424
10 8 6 4 2 0
|
|
|
Series: Residuals Sample 1977 2007 Observations 31
Mean -2.80E-16
Median 0.070037
Maximum 0.293476
Minimum -0.561691
Std. Dev. 0.208673
Skewness -0.720965
Kurtosis 2.857270
Jarque-Bera 2.711899
Probability 0.257702
|
|
-0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0 0.1 0.2 0.3
c) Test de significativité des
coefficients
Dependent Variable: LPIBA Method: Least Squares
Date: 01/21/11 Time: 12:53
Sample: 1977 2007
Included observations: 31
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-2.651392
|
1.770496 -1.497542
|
0.1454
|
LAIDE
|
0.280154
|
0.085192 3.288501
|
0.0027
|
LIMPA
|
0.737587
|
1.998420 0.369085
|
0.7148
|
R-squared
|
0.288466
|
Mean dependent var
|
-1.392103
|
Adjusted R-squared
|
0.237642
|
S.D. dependent var
|
0.247383
|
S.E. of regression
|
0.215998
|
Akaike info criterion
|
-0.135334
|
Sum squared resid
|
1.306338
|
Schwarz criterion
|
0.003439
|
Log likelihood
|
5.097677
|
F-statistic
|
5.675791
|
Durbin-Watson stat
|
0.671639
|
Prob(F-statistic)
|
0.008526
|
|
LPIBA
|
LAIDE
|
LIMPA
|
LPIBA
|
1.000000
|
0.533858
|
0.116854
|
LAIDE
|
0.533858
|
1.000000
|
0.109337
|
LIMPA
|
0.116854
|
0.109337
|
1.000000
|
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
INTRODUCTION GENERALE 1
Problématique de l'étude 1
Hypothèse de recherche 5
Choix et intérêt du sujet 5
Délimitation du sujet 5
Méthode et techniques de l'étude
6
Canevas du travail 6
PREMIER CHAPITRE: APPROCHE CONCEPTUELLE SUR L'AGRICULTURE
7
Section 1 : Généralités sur l'agriculture
7
L'agriculture 7
Production 10
Agriculture durable 11
Croissance et Développement Economique 13
Développement durable 14
Sous-développement 16
Agriculture et développement rurale 17
Agriculture et environnement 18
Le ménage et l'exploitant agricole 19
L'espace rural 19
Le mode de production 20
L'autosubsistance et l'autoconsommation 21
Le revenu agricole 22
Système agraire 22
Théorie générale sur l'agriculture dans une
approche 23
Contribution de l'agriculture à la croissance
économique 23
Contribution au transfert des ressources en faveur des 24
Section 2 : Approche économique alimentaire
30
Sécurité alimentaire 30
Problèmes et défis de la sécurité
alimentaire 31
Composantes de la sécurité alimentaire 31
Les zones économiques alimentaires 33
Sous-alimentation 33
La pauvreté 34
Les Moyens d'Existence 34
Crise agricole 35
Office de commercialisation 35
Dumping agroalimentaire 35
Section 3 : Généralités sur les concepts
l'importation et les aides 36
3.1. L'importation alimentaire 36
L'importation et l'agriculture 36
Aides alimentaires 40
Rôle de l'aide alimentaire 41
Formes de l'aide alimentaire 41
DEUXIEME CHAPITRE: L'AIDE ET L'IMPORTATION ALIMENTAIRES
FACE A
L'ETHIQUE 43
Section 1. Ethique et aide alimentaire 43
Ethique comme concept 43
A la recherche d'une perspective historique 44
L'aide alimentaire comme instrument du colonialisme 46
Les dérives de l'aide alimentaire à travers le
prisme de 47
Le cheminement d'une réflexion éthique sur l'aide
alimentaire 52
Pourquoi aide alimentaire ? 52
Quant l'aide alimentaire ? 53
Comment l'aide alimentaire 54
Section 2. L'éthique et la protection agricole à
l'importation 56
2.1. Les pays industrialisés et la protection de leur
agriculture à 58
TROISIEME CHAPITRE: ANALYSE CRITIQUE DE L'ETAT DE LA
SECURITE
ALIMENTAIRE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
60
Section 1. A la découverte de la RDC 60
Section 2. Situation du pays sur le plan de la production
agricole 61
Analyse des besoins alimentaires 61
Production agricole et satisfaction des besoins alimentaires
63
Recours à l'aide et aux importations alimentaires pour
faire 70
Structure des importations alimentaires 70
La protection douanière et les importations alimentaires
73
Structures des aides alimentaires 75
Les coûts de transaction liés aux aides/importations
77
Section 3 : Etat de la sécurité alimentaire 78
Disponibilité alimentaire 79
Accessibilité alimentaire 80
Consommation alimentaire 80
Moyens de subsistance des ménages 81
Section 4 : Evolution et tendance de l'appui accordé au
85
La place de l'agriculture dans l'économie du pays 85
Absorption de la main-d'oeuvre 85
Contribution de l'agriculture à la richesse du pays 86
Evolution de l'appui financier au secteur agricole 87
QUATRIEME CHAPITRE: INCIDENCES DE L'AIDE ET IMPORTATION
ALIMENTAIRE
SUR L'AGRICULTURE CONGOLAISE 89
Section 1 : Analyse des facteurs explicatifs de
l'évolution des 89
Une analyse factuelle 89
Accélération de l'urbanisation 89
La baisse des revenus (et du pouvoir d'achat) 92
Politique de commercialisation et modèles de consommation
93
Section 2 : Le poids de l'aide et des importations alimentaires
dans 94
Le poids de l'aide alimentaire dans l'économie 95
Le poids des importations dans l'économie 96
Section 3 : Analyse de l'impact de l'aide et des importations
alimentaire 97
Présentation du modèle 97
Spécification du modèle et description des
variables 98
Sources des données 100
Techniques d'estimation 100
Présentation des résultats et commentaires 101
Test formel 102
CONCLUSION ET RECOMMANDATION 105
BIBLIOGRAPHIE 108
ANNEXES 113
TABLE DES MATIERES 118
|