1.1. Etat des études antérieures
empiriques
Les précédentes études empiriques ont
montré qu'il existe de multiples indicateurs pour mesurer la
performance. Elles ont recours à une batterie de ratios dont la plupart
ne constituent pas des ratios de rentabilité stricto sensu.
Ainsi, Charreaux (2000) utilise des ratios d'activité,
des ratios de marge ou de profitabilité, tel que le résultat net
/ ventes ou de productivité comme ventes / effectif ou résultat
net / effectif voire de ratios représentant l'effort d'investissement,
l'équilibre financier. Ces derniers sont utilisés à titre
complémentaire comme des variables explicatives de l'évolution de
la performance.
Par ailleurs Churchill (1979), a proposé dans le cadre
de la mesure de la performance, une démarche méthodologique,
connue sous le nom de paradigme de Churchill, visant à mobiliser les
connaissances concernant la théorie de la mesure ainsi que les
techniques appropriées pour améliorer dans une procédure
systématique.
Les travaux de Spriggs et de Kumar (1994), proposent des
outils de mesure pour évaluer les différentes facettes de la
performance identifiée. Leur démarche consiste à la
constitution de questionnaire et à l'analyse de données
déclaratives recueillies par ce moyen. Les outils proposés visent
à mesurer les différentes facettes de la performance difficile
à appréhender et non observable au moyen d'un simple
questionnaire.
Morin et Al., (1994), retiennent quatre critères de
mesure de la performance organisationnelle. Il s'agit de la
pérennité représentée par la qualité du
produit / service, rentabilité financière et
compétitivité ; l'efficience économique mesurée par
l'économie des ressources et la productivité ; la valeur des
ressources humaines, avec comme indicateur la mobilisation, le
développement du personnel, le rendement et le climat social ; et enfin,
la légitimité de l'organisation auprès des groupes
externes qui se matérialise par la satisfaction des bailleurs de fonds,
de la clientèle, des organismes régulateurs et de la
communauté.
Les études antérieures mettant en relation les
pratiques de GRH et la performance des entreprises ont permis de regrouper les
indicateurs de performance selon qu'ils sont internes (performance sociale),
intermédiaires (performance organisationnelle) ou externe (performance
économique).
Selon Liouville et Bayad (1995), la satisfaction,
l'absentéisme et le taux de roulement des employés sont des
indicateurs internes retenus pour mesurer la performance sociale. La
productivité, la flexibilité, l'innovation et la satisfaction des
clients sont des
indicateurs intermédiaires utilisés pour mesurer
la performance organisationnelle (Way, 2002). Enfin le taux de rendement de
l'actif, le taux de rendement des fonds propres et le prix des actions se
rangent parmi les indicateurs externes servant à mesurer la performance
économique.
La performance apparaît comme un concept clef dans la
littérature managériale et financière. En effet, bien
qu'il soit important, peu de recherches bancaires se sont attardées
à l'examiner. Selon A. D. Luc et A. B. Karl (2006), il est possible
d'apprécier la performance financière des banques à partir
du Return On Equity (ROE) et du Return On Assets (ROA), qui sont des
indicateurs calculés de manière ex post. La Villarmois (1999),
estime que la performance des banques peut être évaluée par
le montant du PNB rapporté à leur taille (mesurée par le
nombre d'employés ou le nombre de comptes vivants).
D'autres auteurs ont mesuré l'efficience globale des
agences bancaires (Schaffnit, Rosen et Paradi, 1997 ; Thenet et Guillouzo
2002). Toutefois, ces derniers ont uniquement considéré les
ressources humaines avec un modèle d'efficience dont l'objectif
était d'en minimiser le coût. Ils occultaient ainsi une partie des
ressources utilisées par les agences bancaires et les frais qui en
découlaient (frais financiers, autres frais d'exploitation).
Dans la littérature économique, la performance
trouve sa traduction dans l'Economic Value Added (EVA). L'EVA est une mesure de
performance créée dans les années 90 par le cabinet Stern
& Sterwart qui est directement lié au résultat
économique opérationnel. L'EVA est donc la richesse
générée par l'entreprise diminuée du coût des
ressources financières nécessaires au fonctionnement de
l'entreprise. Pour les concepteurs, l'EVA se calcule de la façon
suivante : EVA = résultat opérationnel après impôts
- coût moyen pondéré du capital10. En France, il
est acquis que « l'EVA s'obtient en multipliant le montant de l'actif
économique par la différence entre rentabilité
économique après impôts et coût moyen
pondéré du capital » (Vernimmen, 2002).
Pour P. DANNON (2009), les indicateurs comptables classiques
permettent une synthèse efficace de l'activité mais ne
représentent qu'une vision restrictive de la performance
économique ou financière. La technique d'enveloppement des
données
10 Le coût moyen pondéré des
ressources de financement est le prix à payer par l'entreprise pour
soutenir ses projets d'investissement, dans lequel on doit intégrer le
coût des fonds propres (la rémunération des actionnaires)
et le coût de l'endettement (la rémunération des banquiers
notamment).
appelée DEA (Data Envelopment Analysis) est un
précieux outil en complément des indicateurs financiers dont on
sait les limites dans l'évaluation de la performance des
organisations.
La première application a été
réalisée par Sherman et Gold (1985). Ils ont évalué
la performance productive des agences bancaires, encore appelée
efficience opérationnelle ou efficience technique. Celle-ci a encore
été mesurée par Parkan (1987), Oral et Yolalan (1990),
Vassiloglou et Giokas (1990), Giokas (1991), Tulkens (1993), Al-Afarajn Alidi
et Bu-Bshait (1993) Sherman et Ladino (1995).
La méthode DEA est une technique de programmation
linéaire visant à mesurer l'efficience relative des firmes
évaluées. Admettant que chaque firme produit des
outputs11 à partir des inputs12, cette
méthode « consiste à chercher pour chaque producteur s'il
existe un autre producteur qui le surclasse: celui-ci est "meilleur"
que le producteur initial auquel il est comparé, s'il produit une plus
grande quantité d'outputs à quantité d'inputs
donnée, ou si, à quantité d'outputs donnée, il
utilise une quantité moindre d'inputs. S'il existe, ce
`meilleur' producteur se caractérise par des quantités
d'inputs et d'outputs solutions du programme linéaire d'optimisation
».
Appréhender la performance en se rapportant aux travaux
antérieurs n'est pas une tâche facile. La comparaison directe des
études traitant la performance semble être difficile vu que les
chercheurs attribuent des contenus différents au concept et utilisent
des outils de mesure différents. Face à cette polysémie,
nous nous proposons dans la présente étude de fixer les objectifs
et hypothèses de recherche ci-après :
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