B- Du régime juridique et financier de la CNSS
En référence à l'article 8 al 2 de la loi
98-019 portant code de sécurité sociale, la CNSS est un
établissement public à caractère social jouissant de la
personnalité civile et de l'autonomie financière. Son
organisation financière est également prévue par les
articles 20 à 37 du code avec la particularité de la constitution
préventive des réserves techniques et de sécurité.
Le fonctionnement indépendant et presque autonome de chaque branche du
régime général constitue une marge de garantie pour la
viabilité de la structure.
De la politique financière de la caisse, l'analyse des
résultats financiers de ses rapports d'activités
élaborés (Tableau n°6) nous permet d'évaluer sa
stratégie.
Tableau n°6 : Evolution des résultats
nets des exercices : 2003 à 2008 (en F CFA)
Années
|
|
Placements
|
Immeubles
|
|
Prestations Familiales
|
Risques Professionnels
|
|
Pensions
|
|
TOTAL
|
|
2003
|
2
|
689
|
417
|
106
|
59
|
760
|
820
|
7
|
350
|
497
|
183
|
1
|
767
|
501
|
441
|
2
|
653
|
092
|
845
|
14
|
520
|
269
|
395
|
2004
|
3
|
604
|
077
|
610
|
50
|
922
|
441
|
7
|
019
|
549
|
910
|
1
|
663
|
068
|
121
|
2
|
512
|
218
|
560
|
14
|
849
|
836
|
642
|
2005
|
4
|
544
|
484
|
359
|
27
|
161
|
683
|
5
|
900
|
693
|
297
|
1
|
603
|
102
|
429
|
|
593
594 264
|
|
12
|
669
|
036
|
032
|
2006
|
4
|
128
|
976
|
173
|
57
|
664
|
133
|
8
|
932
|
020
|
284
|
2
|
130
|
395
|
932
|
3
|
952
|
891
|
861
|
19
|
201
|
948
|
383
|
2007
|
6
|
456
|
600
|
291
|
520
|
992
|
150
|
7
|
287
|
348
|
357
|
2
|
046
|
371
|
021
|
1
|
205
|
496
|
668
|
17
|
516
|
808
|
487
|
2008
|
7
|
213
|
706
|
923
|
854
|
954
|
913
|
12
|
151
|
674
|
620
|
3
|
078
|
146
|
477
|
6
|
955
|
886
|
183
|
28
|
254
|
369
|
116
|
Source : Rapport d'activité et bilans 2007 et 2008
de la CNSS
L'analyse de ces résultats nous permet d'observer un
résultat excédentaire sur les six (06) années. Ce
résultat dépend du montant relativement élevé des
recettes diverses effectuées. Le recours à d'autres sources de
financements comme les revenus de placements témoigne de la politique
ambitieuse de la structure. Il s'agit alors d'une politique de
rentabilisation des ressources de la caisse.
Egalement, les résultats par branche (Tableau 7, 8 et 9
présentés en Annexe 3) rendent compte de
l'effectivité de l'autonomie des branches de prestations de la
CNSS.
III- De l'analyse du fonctionnement des autres
organismes chargés de la protection sociale
Selon l'article 20 de la loi 98-019 portant code de la
sécurité sociale en République du Bénin, les
ressources de la CNSS proviennent des cotisations diverses, des subventions
éventuelles de l'Etat, du produit des placements, des dons, des legs et
de toutes autres ressources attribuées à la caisse par un texte
législatif ou réglementaire. En résumé, la base
certaine des ressources constitue les cotisations des employeurs et des
employés. Face aux exigences multiples du secteur social, l'augmentation
du taux d'inflation, la prolifération des entreprises
individuelles nouvelles et l'Indice béninois de
Développement Humain excessivement faible (environ 0,55% en
20153), les préoccupations essentiellement grandissantes des
autorités en vue d'une stabilisation du niveau de vie et du revenu moyen
par habitant (quasi négligeables) témoignent d'une volonté
de réduction du chômage et du renforcement de la protection
sociale. Ceci se renchérit depuis 2002 par la création des
mutuelles de sécurité sociale.
Toutefois, il faut remarquer le défaut de
fonctionnement de ces mutuelles du fait de l'absence d'une disposition
réglementaire prévoyant leur organisation, fonctionnement et leur
mode de gestion. Ceci constitue un facteur de découragement des acteurs
chargés de la gestion de ces mutuelles.
Par ailleurs, les articles 1er alinéa 2 et 7
de la loi 98-019 portant code de sécurité sociale en
République du Bénin prévoient la création d'un
régime spécial en faveur des travailleurs indépendants,
agricoles et du secteur informel. Ce régime, sans aucun doute
permettrait un redéploiement de la sécurité sociale
orientée vers l'atteinte des objectifs de base notamment la
maîtrise des facteurs de résorption du dénuement
économique et social de la population. Cependant, l'organisation et le
fonctionnement de ce régime doivent être fixés par une loi
spécifique. La création des mutuelles de sécurité
sociale pourrait faire croire que la gestion et le développement de ce
régime spécial lui serait confiée ; les mécanismes
d'évaluation des activités explosives du secteur informel,
l'appréhension des facteurs de la rude concurrence que livre ce secteur
avec le cadre formel, l'effort constant des autorités de
légiférer sur les activités de ce secteur laissent
entrevoir une lueur d'espoir dans le développement du régime
spécial.
Cependant, le faible développement du secteur agricole,
la non clarification de l'organisation et du fonctionnement de ces mutuelles de
sécurité
3 Emmanuel Fourmann (DIRECTION DE LA
STRATEGIE ; DEPARTEMENT DES POLITIQUES GENERALES ; DIVISION DES ETUDES
MACRO-ÉCONOMIQUES) dans son rapport de 2002 sur la situation
macroéconomique du Bénin ; p 13.
sociale, le faible taux d'adhésion4 (environ
3000 personnes) à ces mutuelles ne favorisent pas l'émergence de
ce régime. Cet état de chose nous conduit à faire
remarquer la quasi inexistence d'un régime spécial au
Bénin.
Dans le même ordre d'idées, les statistiques
fournies dans le tableau n°10 (annexe 3) nous montrent que seulement 5% de
la population active peut bénéficier des systèmes de
sécurité sociale mises en place. La part importante (95% et plus)
de cette population reste sans système de sécurité sociale
et sont laissées au gré d'un mécanisme d'auto
résistance et de prévention contre les risques et aléas
sociaux. Ce phénomène s'atténue par les activités
du Fonds Sanitaire pour l'Indigence (FSI) logé au
Ministère de la Santé, financé sur une ligne
budgétaire intitulée « Secours et aides » et dont le
paquet de soins concerné est spécifié par
l'arrêté interministériel n°743/MFE/MSP/DC/SP du 13
juin 2005. Le FSI intervient à travers les différents
hôpitaux. Les actions du FSI sont peu visibles. Ses
bénéficiaires (`indigents') rencontrent d'énormes
difficultés pour obtenir une aide sanitaire, du fait de la lourdeur de
la procédure. Tout ceci témoigne du fonctionnement peu
satisfaisant de cette structure.
La sécurité sociale étant un moyen
exclusif de stimulation de l'économie et de la cohésion sociale,
il est impérieux de remarquer le défaut de performance du
système de sécurité sociale en faveur des indigents.
Un bon développement de ce système permettra d'embraser
la sécurité sociale dans son ensemble afin d'assurer une bonne
répartition des richesses et de limiter ainsi la progression du
chômage et de la mendicité, reflet de l'inégalité
sociale.
Par ailleurs, jusqu'à ce jour, il n'existe aucune
structure publique spécialisée dans la prise en charge des
affections et maladies des personnes âgées, ni de leurs
activités de loisir et de sport. L'ancienne ambulance de Ouidah (centre
de gérontologie de Ouidah) vient d'être spécialisée
en un hôpital des personnes âgées. Certaines affections
comme la malvoyance, les arthroses, la prostatite, l'hypertension
artérielle apparaissent et s'aggravent avec l'âge sans
4 Rapports d'activités des mutuelles de
sécurité sociale de Cotonou et de Porto-Novo ;
qu'aucune publication officielle de statistiques sanitaires ne
mentionne les affections spécifiques et courantes dont meurent les
personnes âgées au Bénin. Cette situation rend difficile
leur suivi épidémiologique. Mises à part quelques
structures bénévoles et le seul Centre d'Intégration et
d'Epanouissement des Personnes Agées (CIEPA) de Porto- Novo (Louho)
actuellement en chantier, il convient de remarquer la quasi-inexistence
d'organismes publics d'aide psychologique ou de cadres de loisir et de
valorisation des potentialités des personnes âgées au
Bénin. C'est également un facteur d'aggravation des maux
de la protection sociale au Bénin.
A côté de ces structures publiques et
parapubliques, le secteur privé compte deux sociétés
d'assurance qui offrent des possibilités de pension de retraite (ARGG,
NSIA). Ici également, il faut avoir cotisé pendant 15 ans et
atteint 60 ans d'âge pour en jouir. Près de dix mille personnes
ont souscrit à une retraite ou à un complément de
retraites avec ces sociétés. Six sociétés
privées d'assurance maladie commerciale (NSIA, NSAB, Colina-vie etc.)
existent et couvrent environ 45 000 travailleurs soit environ 270 000
bénéficiaires au total avec leurs ayants droits.5
Enfin, il importe de remarquer l'initiative de la
création du Régime de l'Assurance Maladie Universelle
(RAMU) dont la bonne gestion et le bon développement constitue
un atout majeur. Ces situations n'atteignent pas pour autant le problème
crucial de la gestion des finances sociales au Bénin.
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