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Politique Africaine de sécurité et de défense: problèmes et perspectives( Télécharger le fichier original )par Tony KELO ZOLA Université de Lubumbashi - Relations internationales 2009 |
§2. L'ETAT, monopole de la véritéLe danger de l'Etat postcolonial réside dans sa facilité à prétendre être détenteur « de la vérité », du progrès, de la modernité, de l'authenticité, de la culture...Rompu aux techniques de communication, d'endoctrinement, de désinformation, passé maître dans l'art de détenir seul la parole à travers ses médias officiels, l'Etat ne ménage aucun effort pour faire entendre sa voix. Au regard de la situation actuelle de la libération de la presse et d'accès aux moyens de communication et d'information, le drame qui consiste à avoir endormi, trompé, voire acheté les esprits, loin d'être compensé, reste entier. De récents ouvrages analysent ces questions préoccupantes. Ainsi, Eboussi-Boulaga déclare-t-il que « l'Etat fétichiste, sans prise sur la réalité, est structurellement mensonge et violence meurtrière », s'imposant de la sorte faute de légitimité et l'enracinement social. L'Etat postcolonial inverse les données. Il se définit sans son peuple, devient son opposé voire son ennemi; il reconduit l'ordre colonial et esclavagiste sous couvert d'un ordre nouveau à établir en le sublimant. Son impuissance à changer les choses le pousse au mensonge et à la coercition.63(*) De même en est-il de « l'Etat unanimiste où le monologue du parti fait écho au soliloque présidentiel ». La vérité y est une et unique : elle vient du sommet du pouvoir. Dans cet univers politique, tout est truqué, signe de sollicitude infinie. Or, « tout est possible à un pouvoir qui s'affirme comme la seule source de vérité », notamment le rêve de façonner une société entièrement nouvelle « sur le néant de la monopensée ».
La violence surgissant de l'Etat « monopole de la vérité » est à la fois active et passive. Active, en ce sens où, plongeant et maintenant l'Afrique dans la léthargie et la soumission, elle permet à l'Etat et au pouvoir politique d'accomplir leur oeuvre de destruction et de répression. Passive, dans la mesure où elle falsifie l'histoire et le patrimoine socioculturel négro-africains64(*).
Il va sans dire qu'une telle avalanche de violence politique ne peut s'accomplir indéfiniment sans contre violence ou, pour le moins, sans violence contestataire. * 63 GEMDEV, op.cit, p.227 * 64 GEMDEV, op.cit. p. 227 |
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