INTRODUCTION GENERALE
I.
PROBLEMATIQUE
Au cours de l'année 1999 et jusqu'en octobre 2000, les
acteurs des marchés financiers européens ont montré leur
incapacité à se mettre d'accord sur une plate-forme
boursière commune. Ils annoncèrent dans un ordre dispersé
des projets de fusions concurrents, et se livrèrent même à
des batailles boursières entre bourses ! Le 20 mars 2000, les
bourses de Paris, Bruxelles et Amsterdam annonçaient officiellement
leur projet de fusion Euronext. Cinq semaines plus tard, le 3 mai 2000, les
membres du London Stock Exchange et la bourse de Francfort
révélaient leur prochaine fusion dans une société
commune dénommée « iX », marginalisant ainsi
la place de Paris et le projet Euronext. Le 28 août 2000, le groupe
Suédois OM Gruppen, qui contrôle la bourse de Stockholm,
lançait une OPA hostile sur la bourse de Londres, ce qui eut pour
conséquence de faire échouer le projet iX.
Néanmoins, et malgré les turbulences, l'an 2000
fera date dans l'histoire de la construction boursière
européenne. Le 22 septembre 2000, la fusion annoncée en mars se
déroulait comme prévu entre les bourses de paris, Bruxelles et
Amsterdam, donnant naissance à Euronext qui est la première
fusion réussie de bourses nationales indépendantes.
Le marché des valeurs mobilières ou
marché financier est le lieu de rencontre entre une offre et une demande
de capitaux à long terme, dont le support est une valeur
mobilière : action, obligation ou autre titre financier. Le fait
que les droits acquis par les apporteurs de capitaux soient
représentés par des valeurs mobilières distingue le
marché financier des autres marchés de capitaux. Ce marché
est ouvert à toutes les catégories d'agents
économiques.
Le marché financier répond
à un triple objectif :
Substituer aux contraintes réglementaires une
régulation par le marché ;
Créer un marché unifié de
capitaux, accessible à tous les agents économiques ;
Moderniser et créer de nouveaux instruments
financiers.
- Le marché unifié des capitaux du
jour le jour au très long terme s'articule autour des
composantes à court et moyen terme : le marché
monétaire et long terme, le marché des valeurs
mobilières.
- Le marché monétaire
est formé d'un marché réservé aux
établissements de crédit, le marché interbancaire, et d'un
marché ouvert à tous les opérateurs, le marché des
titres de créances négociables ;
- Le marché des valeurs
mobilières regroupe le marché des actions, des
obligations dont l'échéance est généralement
supérieure à 7 ans et des nouveaux titres. Les marchés
dérivés permettent la gestion des risques de taux, de change et
de marché.
Les marchés financiers ont connu une profonde mutation
au cours des vingt-cinq dernières années. La
déréglementation, l'explosion des innovations techniques et
financières, la mondialisation ont radicalement transformé les
marchés de capitaux et redistribué les rôles entre les
agents économiques.
L'appel aux marchés de capitaux est l'une des
alternatives de financement des entreprises. Le moyen de financement
privilégié des entreprises est le financement interne, mais
l'autofinancement n'est généralement pas suffisant pour couvrir
tous les besoins de financement des entreprises.
Pour réaliser leur équilibre financier, les
entreprises doivent alors recourir au financement externe : l'endettement
bancaire ou le financement par les marchés de capitaux (émission
des titres de créances négociables et de valeurs
mobilières). De même, l'achat de valeurs mobilières est
l'un des placements possibles de l'épargne. L'évolution du taux
d'épargne et de la rentabilité comparée des placements
alternatifs, tels que l'immobilier, les produits d'assurance, ou
l'épargne liquide, influence la demande de titres.
La fonction de financement du marché financier à
l'économie peut être appréciée par la comparaison
entre les ressources collectées sur le marché, ce qui correspond
aux émissions d'actions et d'obligations et autres valeurs
mobilières et un indicateur économique global : le produit
intérieur brut (PIB) ou la formation brute du capital fixe.
Le ratio d'émissions de valeurs mobilières sur
le PIB permet de comparer les ressources collectées sur le marché
financier et la production. L'augmentation de ce radio signifie que, pour un
montant donné de production, l'émission correspondante de titres
s'accroit. Ce ratio est un indicateur du degré de financiarisation de
l'économie.
L'évolution de ce ratio traduit un changement
structurel dans le comportement financier des agents économiques, le
passage d'une économie d'endettement à une économie de
marché.
L'Afrique connaît depuis un certain temps des mutations
dans les domaines d'intégration économique régionale. Ces
organisations régionales influencent et restructurent d'une
manière profonde les économies des pays membres. Sur le plan
financier, l'Afrique connaît des bourses nationales à
caractère international et local. L'Union Economique et Monétaire
de l'Ouest Africain (U.E.M.O.A) a mis en place un marché financier
régional dénommé : la bourse régionale des
valeurs mobilières (BRVM) depuis le 17 décembre 1993. Cette
bourse a commencé à fonctionner le 16 septembre 1998, date de sa
première séance de cotation. On peut retenir que l'objectif
principal de la BRVM reste et demeure la consolidation de l'intégration
économique régionale. Elle s'inscrit déjà dans
l'histoire des marchés financiers africains comme la première
expérience des bourses communes de plusieurs Etats en Afrique.
La SADC ou la Communauté de Développement
d'Afrique Australe (ou acronyme de l'Anglais Southern African Development
Community) est une organisation qui vise à promouvoir le
développement économique de l'Afrique Australe. Elle a
succédé le 17 août 1992 à la conférence
de coordination pour le développement de l'Afrique Australe,
fondée le 1er avril 1980. La SADC est composée de 15
Etats membres actuellement.
Eu égard à ce qui précède, le
développement économique d'un ensemble géographique
implique, d'une manière non moins importante, la présence d'un
marché financier capable de permettre aux agents économiques
d'accéder aux capitaux pour financer leurs activités.
La SADC ne dispose pas d'une bourse commune des valeurs
mobilières pour ses Etats membres. Il s'agit pour nous ici d'un
plaidoyer pour la conception et la mise en place d'une bourse régionale
dans le cadre de la SADC, vu son importance dans l'activité
économique des Etats et des agents économiques.
Les économies des Etats membres sont
inarticulées et déséquilibrées, c'est-à-dire
elles ne constituent pas, sur un territoire étendu, un réseau
homogène de prix, de flux (en monnaie ou en nature) et d'information. Le
minimum vital, pour certains d'entre eux, n'est pas
assuré : le coût du statut humain de vie pour tous, les
coûts de l'homme, les coûts qui procurent à chacun
l'espérance de vie, la santé, l'accès à la
connaissance, compatibles avec les conditions concrètes du lieu et de
l'époque ne sont pas couverts.
Ces disparités et inarticulations des économies
nationales de la SADC nous poussent à nous poser la question sur les
alternatives au financement de celles-ci et leur homogénéisation
potentielle. Au regard des mérites qui lui sont reconnus, le
marché financier s'affiche en alternative possible et réalisable,
porteuse des espoirs de développement économique de la
sous-région de l'Afrique australe.
D'où la question suivante qui nous semble primordiale
et capitale. Quelle serait l'incidence économico-financière et
politique de la création d'un marché financier régional
dans le cadre de la SADC ? Il s'agit d'ici encore moins des
éléments d'appréciations qualitatifs que quantitatifs.
L'incidence implique, dans le cadre de l'objet de cette
étude, des préalables structurels favorisant la conception,
l'émergence, le développement, la croissance d'un marché
financier régional. Quelles en sont les implications au triple niveau
économique, financier et politique ? En d'autres termes, quelles
sont les conditions qui prévalent à la création, au
dynamisme et au développement d'un marché boursier dans un espace
régional de la SADC ?
Nous nous ingénions à relever autant que
possible les mesures d'accompagnent, de promotion et de développement
d'une bourse commune sous-régionale résultante des bourses
nationales indépendantes ou génératrices de
celles-ci ; soit qu'il s'agira d'une intégration horizontale ou
verticale.
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