Perspectives régionales de création d'un
marché financier
SADC : incidence économique,
financière et politique
Emmanuel Kabwe Tshiamala
EPIGRAPHE
« Nous avons l'impression que les forces
économiques, les marchés financiers,
les nouvelles technologies, transforment notre vie
de tous les jours bien
davantage que nos ministres ou nos
parlementaires ».
LUC FERRY
Extrait de Penser le changement
DEDICACE
A MADAME HELENE KABWE
A TOUTE LA FAMILLE KABUE
AU PROFESSEUR EDGARD MAKUNZA KEKE
A LA SADC
Je dédie ce travail
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
Ø ACBA : Association des
Banques Centrales Africaines
Ø ACU : African Currency
Unit
Ø AEC : Communauté
Economique Africaine
Ø AGF : Association de la
Gestion Financière
Ø AMF : Autorité des
Marchés Financiers
Ø BRVM : Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières
Ø CDGF : Conseil de Discipline
de la Gestion Financière
Ø CEA : Commission
Economique pour l'Afrique
Ø CECEI : Comité des
Etablissements de Crédit et des Entreprises d'Investissement
Ø CEDEAO : Communauté des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
Ø CEEAC : Communauté
Economique des Etats d'Afrique Centrale
Ø CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire d'Afrique Centrale
Ø CEPGL : Communauté
Economique des Pays de Grands Lacs
Ø CER : Communautés
Economiques Régionales
Ø CMF : Conseil des
Marchés Financiers
Ø COB : Commission des
Opérations de Bourse
Ø COI : Commission de
l'Océan Indien
Ø COMESA : Marché Commun
de l'Afrique Orientale et Australe
Ø DSI : Directive sur les
Services d'Investissement
Ø FCP : Fonds Communs de
Placement
Ø FIDA : Fonds International de
Développement Agricole
Ø FMI : Fonds Monétaire
International
Ø FOREX : marché des
changes
Ø ICM : Comité
Intégré des Ministres
Ø MC : Marché au
Comptant
Ø NEPAD : Nouveau Partenariat
pour le Développement de l'Afrique
Ø OIT : Organisation
Internationale de Travail
Ø OPC : Organisme de Placement
Collectif
Ø OPCVM : Organisme de Placement
Collectif des Valeurs Immobilières
Ø OUA : Organisation de
l'Unité Africaine
Ø PAC : Politique Agricole
Commune
Ø PIB : Produit Intérieur
Brut
Ø Pm : Prix mondial
Ø Ps : Prix de Soutien
Ø RDC : République
Démocratique du Congo
Ø RISDP : Regional Indicative
plan of Organ
Ø RM : Marché à
règlement Mensuel
Ø SA: South Africa (Afrique du Sud)
Ø SADC : Communauté de
Développement de l'Afrique Australe
Ø SADCC : Conférence de
Coordination pour le Développement de l'Afrique Australe
Ø SICAV : Sociétés
d'Investissement à Capital Variable
Ø SIPO : Strategic Indicative
Plan of Organ
Ø SRD : Service de
Règlement Différé
Ø UDEAC : Union Douanière
des Etats de l'Afrique Centrale
Ø UEM : Union Economique et
Monétaire
Ø UEMOA : Unité Economique
et Monétaire de l'Ouest Africain
Ø UMA : Union du Maghreb Arabe
Ø ZLE : Zone de Libre Echange
LISTE DES SCHEMAS, TABLEAUX ET GRAPHIQUES
I. SCHEMA
v Financement direct et intermédiation financière
(p.22)
II. TABLEAUX
CHAPITRE PREMIER
Ø Tableau1.1 : Apport du
marché financier au financement de l'économie en milliards
d'euros (p.24)
Ø Tableau1.2 : calcul des
corrélations entre le PIB et les émissions brutes (p.25)
Ø Tableau 1.3 : les indicateurs
du marché boursier (p.33)
Ø Tableau1.4 : classement mondial
des places financières (p.37)
Ø Tableau 1.5 : les principaux
indices mondiaux (p.41)
Ø Tableau 1.6 : Exemple :
feuille de marché à l'ouverture de l'action KABWE&T (p.57)
CHAPITRE DEUXIEME
Ø Tableau 2.1 : diversité
des résultats de l'Afrique subsaharienne 1986-87 (p.64)
Ø Tableau 2.2 : les principaux
secteurs industriels des 18 pays africains (1970) (p.65)
Ø Tableau 2.3 : croissance de la
production agricole, 1961-84(pourcentage moyen de variation annuelle) (p.69)
Ø Tableau 2.4 : part des
dépenses budgétaires allant à l'agriculture (en % des
dépenses budgétaires totales exprimées en monnaies
nationales) (p.72)
Ø Tableau 2.5 : coûts types
en Afrique subsaharienne et en Asie (p.77)
Ø Tableau 2.6 :
présentation de la SADC (p.89)
Ø Tableau 2.7 : coûts estimatifs de la
centrale de Harare- 1999à 2002 (en milliers de USD) (p.98)
Ø Tableau 2.8 : Plan
proposé pour la centrale de Harare (en milliers de USD) (p.99)
Ø Tableau 2.9 : commerce
intra-régional en Afrique, 1970-2002, années choisies
(exportations des marchandises en millions de $ USD) ( p.107).
CHAPITRE TROISIEME
Ø Tableau 3.1 : simulation des
combinaisons des politiques suivies (p.121)
Ø Tableaux 3.2 &3.3 : Exemple
chiffré des phénomènes de création et de
détournement des flux commerciaux au seuil de 60% &30% (p.129)
Ø Tableau 3.4 : Les phases de la
mise en place de l'UEM
(p. 145)
III. GRAPHIQUES
° Graphique 3.1 : Analyse des
choix stratégiques des acteurs
(p. 116)
° Graphique 3.2 : la fonction de
réaction : la droite des contrats de PARETO (p.118)
° Graphique 3.3 :
L'équilibre de NASH ou équilibre non coopératif (p.119)
° Graphique 3.4 :
L'équilibre de STACKELBERG (p.120)
° Graphique 3.5 : Variation de
l'offre et demande par rapport au niveau du tarif douanier (p. 125)
° Graphique 3.6 : Analyse de
l'offre conjointe dans le cadre d'une union douanière (p.127)
° Graphique 3.7 : Analyse des
facteurs de la formation de l'union douanière (p.128)
° Graphique 3.8 : Analyse des
phénomènes de création et de détournement des flux
commerciaux (p.128)
° Graphique 3.9 : Solde des
variations du surplus des consommateurs, de la rente des producteurs et les
recettes douanières (p.131)
° Graphique 3.10 : Actionnaires et
décideurs dans la Grande Entreprise (p.135)
° Graphique 3.11 : Niveau
d'utilité possible des managers et courbe d'indifférence
(p.137)
° Graphique 3.12 :
Mécanisme de soutien des prix internes et des subventions à
l'exportation (p.151)
° Graphique 3.13 : Accroissement
des gains de productivité et de l'offre grâce au soutien des prix
internes (p.153)
° Graphique 3.14 : Les
restitutions à l'exportation, l'accroissement de l'offre mondiale et la
dépression du prix mondial (p.153)
INTRODUCTION GENERALE
I.
PROBLEMATIQUE
Au cours de l'année 1999 et jusqu'en octobre 2000, les
acteurs des marchés financiers européens ont montré leur
incapacité à se mettre d'accord sur une plate-forme
boursière commune. Ils annoncèrent dans un ordre dispersé
des projets de fusions concurrents, et se livrèrent même à
des batailles boursières entre bourses ! Le 20 mars 2000, les
bourses de Paris, Bruxelles et Amsterdam annonçaient officiellement
leur projet de fusion Euronext. Cinq semaines plus tard, le 3 mai 2000, les
membres du London Stock Exchange et la bourse de Francfort
révélaient leur prochaine fusion dans une société
commune dénommée « iX », marginalisant ainsi
la place de Paris et le projet Euronext. Le 28 août 2000, le groupe
Suédois OM Gruppen, qui contrôle la bourse de Stockholm,
lançait une OPA hostile sur la bourse de Londres, ce qui eut pour
conséquence de faire échouer le projet iX.
Néanmoins, et malgré les turbulences, l'an 2000
fera date dans l'histoire de la construction boursière
européenne. Le 22 septembre 2000, la fusion annoncée en mars se
déroulait comme prévu entre les bourses de paris, Bruxelles et
Amsterdam, donnant naissance à Euronext qui est la première
fusion réussie de bourses nationales indépendantes.
Le marché des valeurs mobilières ou
marché financier est le lieu de rencontre entre une offre et une demande
de capitaux à long terme, dont le support est une valeur
mobilière : action, obligation ou autre titre financier. Le fait
que les droits acquis par les apporteurs de capitaux soient
représentés par des valeurs mobilières distingue le
marché financier des autres marchés de capitaux. Ce marché
est ouvert à toutes les catégories d'agents
économiques.
Le marché financier répond
à un triple objectif :
Substituer aux contraintes réglementaires une
régulation par le marché ;
Créer un marché unifié de
capitaux, accessible à tous les agents économiques ;
Moderniser et créer de nouveaux instruments
financiers.
- Le marché unifié des capitaux du
jour le jour au très long terme s'articule autour des
composantes à court et moyen terme : le marché
monétaire et long terme, le marché des valeurs
mobilières.
- Le marché monétaire
est formé d'un marché réservé aux
établissements de crédit, le marché interbancaire, et d'un
marché ouvert à tous les opérateurs, le marché des
titres de créances négociables ;
- Le marché des valeurs
mobilières regroupe le marché des actions, des
obligations dont l'échéance est généralement
supérieure à 7 ans et des nouveaux titres. Les marchés
dérivés permettent la gestion des risques de taux, de change et
de marché.
Les marchés financiers ont connu une profonde mutation
au cours des vingt-cinq dernières années. La
déréglementation, l'explosion des innovations techniques et
financières, la mondialisation ont radicalement transformé les
marchés de capitaux et redistribué les rôles entre les
agents économiques.
L'appel aux marchés de capitaux est l'une des
alternatives de financement des entreprises. Le moyen de financement
privilégié des entreprises est le financement interne, mais
l'autofinancement n'est généralement pas suffisant pour couvrir
tous les besoins de financement des entreprises.
Pour réaliser leur équilibre financier, les
entreprises doivent alors recourir au financement externe : l'endettement
bancaire ou le financement par les marchés de capitaux (émission
des titres de créances négociables et de valeurs
mobilières). De même, l'achat de valeurs mobilières est
l'un des placements possibles de l'épargne. L'évolution du taux
d'épargne et de la rentabilité comparée des placements
alternatifs, tels que l'immobilier, les produits d'assurance, ou
l'épargne liquide, influence la demande de titres.
La fonction de financement du marché financier à
l'économie peut être appréciée par la comparaison
entre les ressources collectées sur le marché, ce qui correspond
aux émissions d'actions et d'obligations et autres valeurs
mobilières et un indicateur économique global : le produit
intérieur brut (PIB) ou la formation brute du capital fixe.
Le ratio d'émissions de valeurs mobilières sur
le PIB permet de comparer les ressources collectées sur le marché
financier et la production. L'augmentation de ce radio signifie que, pour un
montant donné de production, l'émission correspondante de titres
s'accroit. Ce ratio est un indicateur du degré de financiarisation de
l'économie.
L'évolution de ce ratio traduit un changement
structurel dans le comportement financier des agents économiques, le
passage d'une économie d'endettement à une économie de
marché.
L'Afrique connaît depuis un certain temps des mutations
dans les domaines d'intégration économique régionale. Ces
organisations régionales influencent et restructurent d'une
manière profonde les économies des pays membres. Sur le plan
financier, l'Afrique connaît des bourses nationales à
caractère international et local. L'Union Economique et Monétaire
de l'Ouest Africain (U.E.M.O.A) a mis en place un marché financier
régional dénommé : la bourse régionale des
valeurs mobilières (BRVM) depuis le 17 décembre 1993. Cette
bourse a commencé à fonctionner le 16 septembre 1998, date de sa
première séance de cotation. On peut retenir que l'objectif
principal de la BRVM reste et demeure la consolidation de l'intégration
économique régionale. Elle s'inscrit déjà dans
l'histoire des marchés financiers africains comme la première
expérience des bourses communes de plusieurs Etats en Afrique.
La SADC ou la Communauté de Développement
d'Afrique Australe (ou acronyme de l'Anglais Southern African Development
Community) est une organisation qui vise à promouvoir le
développement économique de l'Afrique Australe. Elle a
succédé le 17 août 1992 à la conférence
de coordination pour le développement de l'Afrique Australe,
fondée le 1er avril 1980. La SADC est composée de 15
Etats membres actuellement.
Eu égard à ce qui précède, le
développement économique d'un ensemble géographique
implique, d'une manière non moins importante, la présence d'un
marché financier capable de permettre aux agents économiques
d'accéder aux capitaux pour financer leurs activités.
La SADC ne dispose pas d'une bourse commune des valeurs
mobilières pour ses Etats membres. Il s'agit pour nous ici d'un
plaidoyer pour la conception et la mise en place d'une bourse régionale
dans le cadre de la SADC, vu son importance dans l'activité
économique des Etats et des agents économiques.
Les économies des Etats membres sont
inarticulées et déséquilibrées, c'est-à-dire
elles ne constituent pas, sur un territoire étendu, un réseau
homogène de prix, de flux (en monnaie ou en nature) et d'information. Le
minimum vital, pour certains d'entre eux, n'est pas
assuré : le coût du statut humain de vie pour tous, les
coûts de l'homme, les coûts qui procurent à chacun
l'espérance de vie, la santé, l'accès à la
connaissance, compatibles avec les conditions concrètes du lieu et de
l'époque ne sont pas couverts.
Ces disparités et inarticulations des économies
nationales de la SADC nous poussent à nous poser la question sur les
alternatives au financement de celles-ci et leur homogénéisation
potentielle. Au regard des mérites qui lui sont reconnus, le
marché financier s'affiche en alternative possible et réalisable,
porteuse des espoirs de développement économique de la
sous-région de l'Afrique australe.
D'où la question suivante qui nous semble primordiale
et capitale. Quelle serait l'incidence économico-financière et
politique de la création d'un marché financier régional
dans le cadre de la SADC ? Il s'agit d'ici encore moins des
éléments d'appréciations qualitatifs que quantitatifs.
L'incidence implique, dans le cadre de l'objet de cette
étude, des préalables structurels favorisant la conception,
l'émergence, le développement, la croissance d'un marché
financier régional. Quelles en sont les implications au triple niveau
économique, financier et politique ? En d'autres termes, quelles
sont les conditions qui prévalent à la création, au
dynamisme et au développement d'un marché boursier dans un espace
régional de la SADC ?
Nous nous ingénions à relever autant que
possible les mesures d'accompagnent, de promotion et de développement
d'une bourse commune sous-régionale résultante des bourses
nationales indépendantes ou génératrices de
celles-ci ; soit qu'il s'agira d'une intégration horizontale ou
verticale.
II. HYPOTHESES DE RECHERCHE
L'incidence de la création d'un marché financier
et régional dans le cadre de la SADC se traduit par le renforcement de
l'intégration économique et financière de la
sous-région, et par ricochet, l'accélération de la
croissance économique.
Une intégration régionale soutenue par des
projets de coopération et de partenariat entre les pays membres de la
SADC.
La création d'un marché régional implique
la conception et mise en place des marchés financiers nationaux dans
ses pays membres, au point que le marché financier régional
deviendra la résultante de la fusion des bourses nationales
indépendantes ou génératrices de celles-ci. . Ainsi le
marché financier régional pourrait devenir une bourse commune
des valeurs mobilières de la sous-région, permettant
d'accélérer le rythme de la croissance économique
régionale, l'amélioration de l'indice de développement
humain et la mise en place des structures favorisant l'accroissement des
épargnes nationales.
La création d'un marché des capitaux,
résultante des bourses nationales indépendantes, dans le cadre de
la SADC, implique enfin une harmonisation des structures
économico-financières et politiques favorisant le
développement, la diversification et la compétitivité des
activités économiques aux niveaux nationaux et supranationaux.
III. METHODES ET TECHNIQUES DE TRAVAIL
Nous avons fait recours à deux méthodes pour
élaborer ce travail : à savoir la méthode descriptive
et la méthode analytique pour analyser et interpréter les
données.
Ces méthodes ont été
complétées par les techniques suivantes : l'observation
documentaire et l'interview.
IV. INTERET ET CHOIX DU SUJET
L'intérêt et le choix du sujet portent sur deux
aspects fondamentaux :
Le
rôle et l'importance des marchés financiers dans l'économie
des Etats occidentaux sont indéniables. La mondialisation impose son
rythme au monde et aux Etats. L'Afrique n'est pas en reste. La BRVM s'inscrit
dans le contexte d'adoption à ce rythme, et en même temps appelle
l'Afrique restante à emboîter le pas vers un marché
unifié de capitaux des valeurs mobilières : Actions et
obligations. C'est dans ce remue-ménage que nous inscrivons
l'étude présente.
La
fonction de financement du marché financier à l'économie
est appréciée par la comparaison entre les ressources
collectées sur le marché financier et le produit intérieur
Brut. Cela entraîne, en conséquence, que le marché
financier, par sa capacité de résorption et l'ordonnancement de
l'épargne des ménages, vient en aide aux économies
asphyxiées par le besoin de financement. D'où
l'intérêt de cet objet d'étude : offrir à la
SADC des possibilités de financement de l'activité
économique, par delà soutenir sa croissance économique, en
lieu et place des politiques d'endettement, lesquelles entraînent des
politiques d'ajustements structurels du FMI et de la Banque Mondiale. Toute
déduction faite, l'Afrique doit inventer sa voie. Il est donc temps de
penser autrement, dans le cadre de la SADC, de mettre en place une bourse
commune, fusion des bourses nationales indépendantes ou
génératrices de celles-ci.
V.
DELIMITATION DU SUJET
Nous avons relevé dans les pages
précédentes que le marché unifié des capitaux
s'articule autour des composantes à court et moyen termes : le
marché monétaire et long terme : le marché des
valeurs mobilières.
Pour notre étude, nous traitons uniquement du
marché financier stricto sensu, c'est-à-dire du marché des
valeurs mobilières et de marchés dérivés.
Si l'espace est connu, c'est-à-dire la SADC, nous
recourons toutefois au marché financier européen, en particulier
français, pour analyser et interpréter la donne
financière.
VI. CANEVAS DU TRAVAIL
Le présent travail s'articule autour de trois
chapitres :
Le
marché financier. Quid ?, l'Afrique de la SADC et les perspectives
sur l'incidence de l'intégration financière régionale.
CHAPITRE PREMIER
LE MARCHE
FINANCIER.QUID?
1.0. Introduction
Qu'est-ce qu'un marché financier ? Quelles en sont
les principales articulations ? Quels sont les mécanismes de
fonctionnement ? Qui en sont les principaux acteurs ? Quelles sont
les principales structures qui favorisent et régulent le marché
financier ? Et surtout quelle est l'incidence (apport) d'un marché
financier sur l'économie et la croissance économique ? Ce
sont là les questions auxquelles nous tentons de répondre dans ce
chapitre.
Section I. Le marché financier
1.1.1. Quid?
Le marché des valeurs mobilières ou
marché financier est le lieu de rencontre entre une offre et une demande
de capitaux à long terme, dont le support est une valeur
mobilière : action, obligation et autre titre financier.
Le fait que les droits acquis par les apporteurs de capitaux
soient représentés par des valeurs mobilières distingue le
marché financier des autres marchés de capitaux. Ce marché
est ouvert à tous les agents économiques, toutes
catégories confondues.
Le marché financier s'articule autour des composantes
de court et moyen terme : le marché monétaire et long
terme : le marché des valeurs mobilières.
Le marché des valeurs mobilières connaît
des marchés dérivés qui permettent la gestion des risques,
de change et de marché.
1.1.2. Les fonctions du marché financier
Le fonctionnement du marché financier s'articule autour
de deux marchés dont les fonctions sont différentes et
complémentaires : le marché primaire et le marché
secondaire.
1.1.2.1. Le marché primaire
1.1.2.1.1. La fonction du marché primaire
Le marché financier est le marché des
émissions de titres financiers. C'est un compartiment qui remplit une
fonction de financement, d'allocation du capital.
D'une manière globale, les entreprises du secteur
productif et de l'Etat réalisent des investissements supérieurs
à leur épargne, d'où un besoin de financement externe qui
se manifeste notamment par une offre de titres financiers, des émissions
d'actions (augmentation de capital) et des émissions d'obligations.
Inversement, d'autres agents, les ménages en particulier ont un
excédent de financement, leur épargne étant
supérieure à leurs investissements.
Le marché primaire met en relation les agents en
déficit de financement (les entreprises, les collectivités
locales et l'Etat) et les agents à surplus de financement,
essentiellement les ménages, qui disposent de capacités de
financement qu'ils cherchent à placer.
Le marché financier permet également aux
intermédiaires financiers de lever des capitaux, de se procurer des
ressources principalement sous forme d'émissions d'obligations, qu'ils
reprêtent ensuite aux entreprises. Il y a intermédiation dans la
mesure où la créance détenue par les agents à
excédent de financement est différente de la dette des agents
à déficit.
Le financement par le marché financier est
direct lorsque les émissions des titres sont
réalisées par les agents économiques en déficit de
financement et souscrites par l'agent qui épargne. Pour une
émission d'obligation, par exemple, dans le cas d'un circuit court ou
financement direct, la créance détenue par l'obligataire est
aussi la dette de celui qui emprunte.
Le schéma ci-après représente le
financement direct et le processus d'intermédiation
financière.
Financement indirect
INTERMEDIAIRES
FINANCIERS
Liquidités
valeurs mobilières emprunts
Liquidités
Liquidités
AGENTS A SURPLUS
DE FINANCEMENT
AGENTS A DEFICIT
DE FINANCEMENT
Valeurs mobilières
Financement Direct
Schéma 1.1 :- Financement direct et
intermédiation financière1(*)
1.1.2.1.2. L'apport du marché financier au financement
de l'économie
On apprécie la fonction du marché financier par
la comparaison entre les ressources collectées sur le marché, ce
qui correspond aux émissions d'actions et d'obligations et autres
valeurs mobilières, et un indicateur économique global : le
Produit Intérieur Brut (P.I.B.) ou la formation brute du capital
fixe.
Examinons les données suivantes pour l'économie
française sur la période 1970 - 1975, le ratio émissions
brutes/ PIB était de 2,8%. Alors que les ratios calculés en 1980
et depuis 1990 sont reproduits dans le tableau1.
Tableau 1.1 : Apport du marché financier
au financement de l'économie en milliards d'euros2(*).
Actifs financiers
|
1980
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Emissions brutes
Actions
Obligations
|
3,69
17,03
|
33,23
51,66
|
37,09
51,22
|
37,73
55,84
|
36,62
81,91
|
40,81
62,28
|
39,71
55,78
|
43,6
73,36
|
44,66
72,84
|
50,83
70,89
|
31,36
68,28
|
Total
|
20,72
|
84,89
|
88,31
|
93,57
|
118,53
|
103,09
|
95,49
|
116,96
|
117,5
|
121,72
|
99,64
|
PIB
Emissions / PIB en %
|
427
4,85
|
1007
8,41
|
1029
0,51
|
1067
8,67
|
1056
11,23
|
1127
9,15
|
1168
8,36
|
1200
9,67
|
1240
9,38
|
1275
10,37
|
1344
7,40
|
Le ratio d'émissions de valeurs mobilières sur
le PIB permet de comparer les ressources collectées sur le marché
financier et la production.
Avec : Rvm/PIB : le ratio d'émissions de
valeurs mobilières sur le PIB
Rc : Ressources collectées sur le
marché financier
PIB : Produit Intérieur Brut ou la
production
L'augmentation ou la diminution de ce ratio signifie que, pour
un montant donné de production, l'émission correspondante de
titres s'accroît ou décroit. L'émission de ce ratio traduit
un changement structurel dans le comportement financier des agents
économiques, le passage d'une économie d'endettement à une
économie de marché. Ce ratio est un indicateur de
financiarisation de l'économie.
1.1.2.1.3. Calcul des corrélations entre les
émissions brutes et le PIB
Au regard des données du tableau1,
considérons :
Y = PIB
X = Emissions brutes
Générons les résultats des calculs dans
le tableau2 suivant et vérifions si réellement les
émissions brutes totales, actions et obligations, expliquent
significativement la production PIB) au seuil de 5% par le test de Student.
Tableau 1.2 : Calcul des corrélations
entre le PIB et les émissions brutes
Année
|
(y)
PIB
|
(X)
Em.brutes
|
(y-y)
|
(y-y)²
|
(x-x)
|
(x-x)²
|
(y-y)(x-x)
|
Y
|
(y-y)=e
|
(y-y)²=e²
|
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
|
1007
1029
1067
1056
1127
1168
1200
1240
1275
1344
|
84,89
88,31
93,57
118,53
103,09
95,49
116,96
117,50
121,72
99,64
|
(144,3)
(122,3)
(84,3)
(95,3)
(24,3)
16,7
48,7
88,7
123,7
192,7
|
20822,49
14957,29
7106,49
9082,09
590,49
278,89
2371, 69
7867,69
15301,69
37133,29
|
(19,08)
(15,66)
(10,4)
14,56
(0,88)
(8,48)
12,99
13,53
17,75
(4,33)
|
364,046
245,236
108,16
211,994
0,774
71,91
168,74
183,061
315,063
18,749
|
2753,244
1915,218
876,72
(1387,568)
21,384
(141,616)
632,613
1200,111
2195,675
(834,391)
|
1081,753
1094,219
1113,392
1204,371
1148,092
1120,39
1198,646
1200,111
1215,998
1474,721
|
(74,753)
(65,219)
(46,392)
(148,371)
(21,092)
47,61
1,352
39,384
59,002
(130,721)
|
5588,011
4253,511
2152,185
22013,909
44,875
2266,712
1,827
1551
3481,189
17087,845
|
|
11513
|
1039,7
|
-
|
115512,1
|
|
1687,733
|
6151.391
|
-
|
-
|
58441,064
|
Source : données de PILVERDIER et HAMET, 2001 et
nos calculs
Calcul
des moyennes
b. estimation du
modèle
=
= 3,645
D'où le modèle de l'équation :
t
c. Calcul du coefficient de signification du
modèle
d. Le coefficient de corrélation
r :
=
= 0,703 > 0,6
D'où on peut établir qu'il y a une
corrélation significative entre le PIB et les émissions brutes
totales, actions et obligations sur le marché financier.
e. Le Ratio de student :
Or ttab = tn-2 = t10-2 = 2,306
Conclusion : tc > ttab, nous rejetons
l'hypothèse Ho et acceptons l'hypothèse H1. Ce qu'implique que
les émissions brutes sur le marché financier expliquent le
produit intérieur brut.
f. les ratios des paramètres
Or
avec ó² = la variance de l'erreur de
spécification
D'où :
Ainsi :
Que retenir de ces calculs ?
Du moment que nous établissons les liens entre les
émissions brutes totales sur le marché financier et le PIB, cela
conduit à relever que tout déséquilibre, tout
dysfonctionnement et toute distorsion sur le marché financier
entraîne des conséquences sur l'économie avec
possibilité d'entraîner celle-ci dans la récession voire la
dépression. C'est ce qui explique la crise financière
internationale que le monde a connue ces dernières années.
Plus les règles de l'orthodoxie sur le marché
financier sont respectées, mieux l'économie se portera.
1.1.2.2. Le marché secondaire ou bourses des
valeurs
Ce compartiment est indispensable au bon fonctionnement d'un
marché financier.
1.1.2.2.1. Les fonctions du marché secondaire
Le marché secondaire est le marché où
s'échangent les titres déjà émis. C'est en quelque
sorte un marché de « l'occasion ». Il assure la
liquidité et la mobilité de l'épargne investie en valeurs
mobilières. Son rôle est de fournir une évaluation
permanente des titres côtés et d'effectuer des transactions.
L'existence des marchés secondaires répond
à la nécessité de créer un marché officiel
et organisé pour les détenteurs des titres qui souhaitent
récupérer leurs fonds sans devoir attendre
l'échéance. Un besoin de liquidité de la part d'un
actionnaire se conçoit aisément puisque la durée de vie
d'une action correspond à celle de la société. Or, les
statuts prévoient généralement une durée de vie
sociale de 99 ans tacitement reconductibles.
La bourse des valeurs permet aussi de réaliser des
opérations de couverture, d'arbitrage et de spéculation, de
gérer les portefeuilles de valeurs mobilières.
1.1.2.2.2. La sélection des valeurs cotées
Toutes les actions, en France par exemple, ne sont pas
cotées en bourse. Pour être cotées sur le marché
réglementé, les sociétés par action doivent obtenir
l'autorisation auprès de l'autorité compétente, le conseil
des marchés financiers (CMF), qui a fusionné en 2001, avec la
commission des opérations de bourse (COB) et le conseil de discipline de
la gestion financière (CDGF), pour devenir « Autorité
des Marchés Financiers » (AMF).
En revanche, la quasi-totalité des obligations est
cotée en bourse. Il existe plus de 2000 lignes de cotation. En France,
jusqu'en 1997, la capitalisation boursière des obligations était
supérieure à celle des actions. Depuis, cette tendance s'est
inversée.
Fin 1999, la capitalisation boursière des actions
représente 66% de la capitalisation totale, alors que la proportion
relative en 1990 était de 62% pour les obligations, et seulement de 38%
pour les actions.
Ainsi, en assurant dans de bonnes conditions la mobilisation
de l'épargne investie en titres financiers, la bourse des valeurs permet
le développement du marché primaire. Si le marché
secondaire n'existait pas, il ne serait pas possible de placer les
émissions de titres.
1.1.3. Les relations entre le marché primaire et le
marché secondaire
Le marché secondaire remplit la fonction fondamentale
d'évaluer quotidiennement les titres, compte tenu de toute l'information
disponible. On dit que le marché assure la découverte des prix.
La valeur de marché, c'est-à-dire le prix des titres sur le
marché secondaire, est une valeur de référence qui indique
les conditions auxquelles peuvent être émis les nouveaux titres
sur le marché primaire.
Le cours boursier des actions sert aux sociétés
cotées de valeur de référence pour fixer le prix
d'émission des actions nouvelles créées lors des
augmentations de capital. C'est pourquoi elles ne sollicitent leurs
actionnaires qu'après ou pendant une période de bonne tenue de
leurs cours boursiers.
Les opérations sur capital de même que les
introductions en bourse, sont fortement liées au comportement du titre
sur le marché secondaire et à la conjoncture boursière.
La bourse joue également un rôle essentiel pour
le marché des obligations. La cotation des obligations fournit
quotidiennement le prix des obligations sur le marché secondaire, ce qui
permet de calculer des taux de rendement et de disposer d'une
référence pour les nouvelles émissions. En effet, les taux
à l'émission sont fixés par référence aux
taux de rendement constatés sur le marché secondaire.
Les porteurs de valeurs mobilières se
répartissent en cinq catégories :
Les
investisseurs institutionnels,
Les
sociétés,
Les
autres agents non financiers,
Les
ménages,
Les
non résidents.
Section II. Les caractéristiques du marché
boursier français
Le marché boursier français est composé
de quatre segments sur lesquels sont cotées les entreprises. Le choix du
marché dépend de la dimension des entreprises et de leurs
profils. Les plus grandes accèdent au premier marché3(*), tandis que les entreprises
moyennes sont introduites sur le second marché. Le nouveau
marché, créé en 1996, s'adresse à des
sociétés entrepreneuriales à fort potentiel de croissance.
Ces trois compartiments sont des marchés réglementés alors
que le marché libre ouvert en 1996 est un marché non
réglementé au sens de la directive européenne sur les
services d'investissement, mais organisé.
1.2.1. Les indicateurs du marché boursier
français et leur évolution
La structure de la bourse et son évolution sont
retracées dans le tableau.3 qui présente les principaux
indicateurs relatifs au marché secondaire. Un large éventail de
valeurs inscrites à la cote anime le marché boursier et
détermine l'importance de sa capitalisation. Une place financière
se caractérise aussi par le volume des transactions et par ses indices
boursiers.
Tableau 1.3 : Les indicateurs du
marché boursier4(*)
|
1980
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Sociétéseuropéennes(1)
Premier marché
Second marché
Nouveau marché
|
794
794
|
873
578
295
|
839
551
288
|
784
513
271
|
726
472
254
|
724
459
265
|
710
444
266
|
702
406
280
16
|
717
376
307
34
|
784
345
364
75
|
846
372
368
106
|
Sociétés internationales
|
175
|
214
|
219
|
206
|
210
|
204
|
194
|
189
|
178
|
172
|
169
|
Capitalisation
Boursière (2)
Actions
Obligations
|
128
39
89
|
638
244
395
|
725
283
442
|
761
276
486
|
1000
410
590
|
931
368
563
|
1003
373
630
|
1171
469
702
|
1333
620
713
|
1604
844
760
|
2262
1499
793
|
Transactions (2)
Actions
Obligations
|
18
9
10
|
571
101
470
|
585
97
488
|
757
98
659
|
1248
146
1102
|
1214
171
1043
|
1019
161
859
|
1209
221
982
|
1147
371
776
|
932
527
405
|
794
733
61
|
Indices
CAC 40 (3)
SBF 80 (4)
SBF 120 (4)
SBF 250 (4)
MID CAC (4)
|
|
|
1766
1161
1161
|
1858
1211
1140
|
2268
1594
1506
|
1881
1287
1251
|
1972
1284
1233
999
|
2316
1856
1618
1562
1356
|
2999
2197
2052
1945
1588
|
3943
2659
2656
2500
1648
|
5958
4718
4053
3811
2283
|
(1) A partir de 1999, les statistiques distinguent les
sociétés européennes et internationales.
(2) En milliards d'euros
(3) Base 1000au 31.12.1987
(4) Base 1000 au 31.12.1990
1.2.1.1. Les valeurs inscrites à la cote
Le nombre de sociétés inscrites à la cote
est le résultat d'un double mouvement, celui des introductions
diminuées des radiations. La place de Paris a toujours été
accueillante pour des sociétés étrangères. La
présence d'actions étrangères est un palliatif à
l'étroitesse du marché français, jadis, des actions
dû à l'importance relative du secteur public.
1.2.1.2. La capitalisation boursière
1.
Définition
La
capitalisation boursière est égale au produit du cours d'un titre
par le nombre de titre émis.
Avec : la capitalisation boursière
= x N
Avec
: la capitalisation boursière
: Le cours d'un titre
N: nombre de titres émis
La
capitalisation totale est la valeur boursière de tous les titres
inscrits à la cote d'une place financière.
t = ? x N
Avec t : la capitalisation
? x N : La somme de tous les titres inscrits à
la cote d'une place financière.
La
capitalisation flottante
Le flottant ou la capitalisation
flottante est une notion qui permet de caractériser la
liquidité du marché d'une action. Il correspond à la
proportion de titres détenus par des actionnaires dont l'objectif n'est
pas de contrôler l'entreprise, mais de gérer un portefeuille
d'actions de façon à obtenir la meilleure rentabilité tout
en minimisant le risque. Un flottant élevé garantit une bonne
liquidité sur le marché secondaire.
Par
opposition, la capitalisation bloquée correspond
à la partie du capital détenue par des personnes physiques et
morales dont l'objectif est de contrôler l'entreprise. Lorsqu'ils sont
détenus par une personne morale (la société mère
par exemple), ces titres sont inscrits en immobilisations financières
dans le bilan de celle-ci. Ils ne sont pas offerts sur le marché
secondaire, si ce n'est à l'occasion d'un changement dans les structures
de pouvoir. L'acquisition ou la cession des titres de participation se
réalise par le biais d'offres publiques ou par la négation de
blocs de titres.
Comparaisons internationales
Depuis
la seconde guerre mondiale, New York occupait la première place,
d'après le critère de la capitalisation des valeurs à
revenu variable (actions et titres assimilables). En 1999, le Nasdaq
détenait la deuxième place mondiale, du fait des nombreuses
introductions en bourse des valeurs liées à la nouvelle
économie et de la croissance exceptionnelle de leurs cours boursiers.
Fin 2000, malgré une baisse de 31%, le Nasdaq conserve la
deuxième place mondiale.
On
peut signaler la croissance régulière de l'Italie qui fait partie
du groupe des dix premières places mondiales depuis 1998. Alors que la
bourse de Paris se situe depuis plusieurs années au cinquième
rang, avant les bourses allemandes.
Tableau 1. 4. -Classement mondial des places
financières
Rang
Fin 2000
|
Places financières
|
31.12.96
|
31.12.97
|
31.12.98
|
31.12.99
|
31.12.2000
|
2000/1999
|
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
|
NYSE
Nasdaq
Tokyo
Londres
Paris
Deutsche Börse
Suisse
Toronto
Italie
Amsterdam
Hong Kong
Madrid
Australie
|
6842
1512
3011
1643
587
665
400
487
257
375
449
241
312
|
8880
1737
2161
1996
676
825
575
568
345
469
413
290
295
|
10278
2244
2439
2373
985
1087
689
543
566
600
344
400
329
|
11438
5205
4435
2855
1503
1432
693
789
728
695
609
432
428
|
11442
3579
3157
2577
1447
1270
792
770
768
640
623
504
373
|
0%
-31%
-29%
-13%
-4%
-11%
+17%
-2%
+5%
+8%
+3%
+17%
-13%
|
Source : Rapport FIBV. Capitalisation
boursière en fin d'année des Actions nationales
(Unité : milliards de dollars US ou d'USD)
1.2.1.3. Les Transactions
Traditionnellement, la bourse de Paris se caractérisait
par un volume de transactions sur obligations très important, de l'ordre
de 80% par rapport aux transactions sur actions.
1.2.3. Les indices boursiers français
Les indices permettent de mesurer l'évolution des
marchés boursiers, de comparer les résultats de
différentes places financières. Ils servent de
référence (brench mark) pour mesurer les performances
boursières des investisseurs et des gestionnaires de portefeuilles.
Certains indices servent de support aux contrats à terme et/ou aux
contrats d'options négociées sur les marchés
dérivés.
Un indice boursier représente par un nombre unique la
variation relative d'un ensemble de cours boursiers. Il est le résultat
de calculs dont les règles sont stables dans le temps et se
définit par :
L'échantillon des valeurs retenues,
La
pondération des valeurs le composant,
La
date de référence ou période de base.
Les places boursières disposent de différents
indices représentatifs de l'ensemble du marché, de secteurs
d'activités ou d'une population de valeurs spécifiques.
La place de Paris dispose d'une gamme complète
d'indices boursiers qui sont adaptés à chaque segment de la
bourse et à une réalité changeante. Euronext Paris calcule
et diffuse des indices « actions » et un indice
« obligations convertibles ».
Les indices CAC40, SBF120 et SBF250, ont été
conçus selon une logique d'emboîtement : le SBF250 comprend
les 120 valeurs du SBF120 qui comprend lui-même les 40 valeurs du CAC40.
Cette structure hiérarchique assure une bonne cohérence entre les
indices.
Les trois indices CAC40, SBF80 et SBF120, et les deux nouveaux
indices technologiques IT CAC et IT CAC50 sont calculés en continu
à chaque nouveau cours coté de l'une des valeurs de
l'échantillon et diffusé toutes les 30 secondes sur les vecteurs
d'information boursière. Les quatre autres indices, le SBF250, le
MIDCAC, les indices du second marché et du nouveau marché, sont
calculés sur la base des cours d'ouverture et de clôture.
1.2.4. La méthode de calcul des indices
Pour chaque indice, la Bourse de Paris calcule plusieurs
mesures, l'indice de prix ou indice nu qui ne tient pas compte des dividendes
versés, et deux indices de rentabilité.
La valeur de l'indice (I) nu se calcule ainsi :
I = 100 x
Où :
- K est le coefficient d'ajustement de la base dû aux
admissions, radiations et opérations modifiant le capital,
- CB : représente la capitalisation de base au 31
décembre de l'année de référence.
La variation de l'indice est alors égale
à la variation moyenne des valeurs de l'échantillon,
pondérée par la capitalisation boursière.
Pour répondre aux besoins de la gestion de portefeuille
et mesurer la performance d'un placement, l'indice de prix est
complété par deux indices de rentabilité :
Une
rentabilité nette calculée en réinvestissant le montant
des dividendes nets dans les portefeuilles que constituent les
différents échantillons ;
Une
rentabilité globale calculée en réinvestissant le montant
global des dividendes (net+ avoir fiscal) versés dans les portefeuilles
que constituent les différents échantillons.
Le tableau 5 donne les caractéristiques des principaux
indices mondiaux blue chips.
Tableau 1.5. - Les principaux indices
mondiaux
Nom de l'indice
|
Places boursières
|
Nombre de valeurs
|
Dow Jones Industrials Average
EURONEXT 100
CAC 40
NIKKEI
FTSE 100
DAX
AEX
BEL 20
MIB 30
IBEX35
SMI
|
New York
Paris - Amsterdam - Bruxelles
Paris
Tokyo
Londres
Francfort
Amsterdam
Bruxelles
Milan
Madrid
Zurich
|
30
100
40
225
100
30
25
20
30
35
25
|
Source : Rapport FIBV. Capitalisation
boursière en fin d'année des Actions nationales.
1.2.5. Les placements collectifs en valeurs
mobilières
En France, les institutionnels qui détiennent 26% des
actions françaises, comprennent :
La
caisse des dépôts ;
Les
compagnies d'assurance ;
Les
OPCVM : Organismes de placement collectif en valeurs
mobilières ;
Les
caisses de retraite ;
Les
sociétés d'investissement fermées.
- Les organismes de placement gèrent un volant
d'épargne considérable.
- Les OPCVM, en bénéficiant d'une totale
exonération fiscale, placent en valeurs mobilières et instruments
financiers les fonds qui leur sont confiés et gèrent les
portefeuilles. Les détenteurs d'actions et d'obligations peuvent donc
être des actionnaires ou des obligataires directs ou indirects.
En France, les OPCVM regroupent les SICAV
(sociétés d'investissement à capital variable) et les FCP
(fonds communs de placement).
L'actif des OPCVM est constitué essentiellement de
valeurs mobilières, mais il peut comprendre aussi des contrats à
terme et à titre accessoire des liquidités. Ces liquidités
sont exclusivement des dépôts à vue et à terme.
1.2.6. Le rôle de la commission des opérations de
bourse et de l'association de la gestion financière
1.2.6.1. Le rôle de la commission des opérations
de bourse (COB)
La COB joue un rôle majeur. La constitution, de
même que la transformation, la fusion, la scission ou la liquidation d'un
OPCVM sont soumis à l'agrément préalable de la COB.
La demande d'agrément se compose de documents
suivants :
Les
statuts ou le règlement de l'OPCVM,
La
fiche d'agrément, et ses annexes, qui doivent décrire la nature
de l'OPCVM, fournir des informations sur le dépositaire, la
société de gestion et la délégation de gestion, et
classer l'OPCVM conformément aux instructions de la COB,
La
notice d'information qui doit être remise à jour, constitue
l'élément essentiel d'information des souscripteurs. Elle doit
indiquer la classe d'appartenance de l'OPCVM, ses modalités de
fonctionnement et décrire ses orientations financières.
Si le gestionnaire souhaite faire apparaître un objectif
de gestion, il doit le mentionner sous une rubrique particulière. Toute
information supplémentaire utile pour les investisseurs peut figurer
dans la notice. Le choix des précisions complémentaires est
laissé à la libre appréciation des gestionnaires.
1.2.6.2. L'association de la gestion financière
(AGF)
Les OPCVM sont représentés par l'Association de
la gestion financière. Elle est ouverte aux entreprises ayant pour
activité la gestion d'actifs financiers sous mandat.
Elle participe à l'élaboration de la
réglementation et entretient des relations permanentes avec les
autorités publiques (COB, ...), ainsi que les organismes professionnels.
L'association établit des règlements de déontologie.
1.2.6.3. L'autorité des marchés financiers
(AMF)
Sous la tutelle du ministre de l'Economie et des Finances,
l'AMF a pour objectif de donner plus de pouvoir au régulateur pour
sanctionner les délits résultant de la violation des
règlements et de supprimer la « balkanisation » des
institutions qui ne facilitent pas le dialogue avec émetteurs et les
investisseurs.
Sa principale instance décisionnelle « sera
un collège représentatif de la diversité des acteurs qui
ont la responsabilité du bon fonctionnement des
marchés ».
1.2.6.4. Le Conseil des marchés financiers
(CMF)
Le CMF, qui se compose d'un collège d'un certain nombre
de membres, a pour mission d'établir un règlement
général homologué par le ministre de l'Economie et des
Finances fixant notamment :
Les
principes généraux d'organisation des marchés
réglementés et leurs règles de fonctionnement.
Les
règles de bonne conduite des prestataires de services d'investissement,
d'établissements de crédit et des entreprises d'investissement
sont les règles relatives aux offres publiques.
Section III. Les membres du marché
1.3.1 Les négociateurs et les compensateurs
Les négociateurs sont les établissements de
crédit et les entreprises d'investissement qui demandent à
adhérer au marché pour y exécuter les ordres d'achat et
vente. Ils peuvent assurer eux-mêmes les opérations de
règlement- livraison par l'intermédiaire de la bourse s'ils ont
le double statut de négociateur-compensateur. Sinon, ils doivent
s'adresser à un autre membre du marché qui a le statut de
compensateur, pour qu'il gère les flux de titres et des capitaux qui
résultent de l'exécution des ordres.
Les négociateurs assurent également la
conservation des titres de leurs clients sous forme de comptes ouverts, et leur
offrent des services d'analyse et de conseil.
1.3.2. Les collecteurs d'ordres
Lorsqu'ils ne sont pas membres des marchés de la
bourse, les intermédiaires financiers qui collectent des ordres
auprès des clients, les transmettent à un négociateur,
seul intermédiaire habilité à les exécuter.
1.3.3. Les frais supportés par l'investisseur en
bourse
Les prestataires de service fixent librement leurs conditions
tarifaires. Ils facturent à leurs clients des frais de courtage qui
varient en fonction du montant des ordres et des droits de garde qui varient
en fonction du montant du portefeuille :
Les
frais de courtage sont appliqués lors de l'achat ou de la vente de
valeurs. Ils comportent un minimum de courtage variable selon les prestataires
et les tarifs dégressifs ;
Les
frais de garde servent à rémunérer l'établissement
qui détient les valeurs en compte et en assure l'administration
(relevé mensuel de portefeuille, éventuel relevé fiscal,
informations sur les opérations concernant les sociétés,
versement de coupons). Ils sont généralement facturés par
semestre sur le montant du portefeuille. Ils sont de l'ordre de 0,3% par an du
montant du portefeuille.
En
outre, les achats et les ventes d'actions sont à l'impôt de
bourse, qui comporte certaines exonérations.
1.3.4. Un accès aux bourses du monde
Dans un avenir assez proche, les plus grands courtiers en
ligne offriront un accès à toutes les bourses mondiales et un
fonctionnement permanent, un round the clock trading.
Section IV. Principaux marchés financiers
Il s'agit, par nombre de volumes négociés
décroissants :
Des marchés de taux
d'intérêt, c'est-à-dire les marchés de la
dette, qu'il est d'usage de séparer en :
Des marchés monétaires pour les
dettes à court terme (moins d'un, deux ou même parfois trois ans
à son émission) ;
Des marchés obligataires pour les
dettes originellement à moyen ou long terme ;
Des marchés des changes ou
FOREX, où l'on échange des devises les unes contre les
autres ;
Des marchés d'actions,
c'est-à-dire des titres de propriétés des
entreprises ;
Des marchés de crédit
Et
enfin, par tradition, à la frontière avec les marchés
organisés de produit de base (en anglais : commodities), les
marchés de deux métaux précieux, or et argent, bien que
ceux-ci soient de moins en moins monétisés et que leurs
marchés soient en fait minuscules en regard de la taille
désormais atteinte par les autres marchés.
1.4.1. Principes généraux de fonctionnement
Les mécanismes sur lesquels reposent les marchés
est celui de la mutualisation de fait des risque : plus un marché
est liquide et plus il y a d'intervenants divers, avec des vues
différentes, pour essayer d'en profiter à court terme ou sur de
petits écarts, et donc mieux sont absorbés les chocs
importants.
Arbitrage et spéculation permettent tendanciellement de
réduire le risque global et, en augmentant la volatilité à
très court terme, permettent en fait de réduire la volatilité à moyen
terme et de donner un caractère continu et oscillatoire aux
marchés, plutôt que des grandes ruptures univoques.
La permanence de la liquidité sur les marchés
génériques les plus importants permet l'émergence,
quasiment en permanence, de nombreux nouveaux instruments peu liquides mais
spécifiques à certains besoins.
Ce type de fonctionnement s'interrompt pour des brèves
périodes d'ajustement, certes généralement
écartées de plusieurs années mais néanmoins
dangereuses, marquées par une instabilité intense, la
non-applicabilité des modèles mathématiques habituels et,
dans les cas les plus graves, l'apparition d'un risque systématique
causé de manière endogène.
Ces crises sont amenées par la nature partiellement
autoréférentielle des processus de formation des prix et
obéissent dans leur développement à des lois
mathématiques bien différentes de celles utilisées dans la
plupart des modèles de mathématiques financières, qui sont
généralement basés sur la loi normale et sont bien
adaptés à des périodes de calme relatif ou d'obligation
moyenne, mais pas à de tels emballements.
1.4.2. Types de transactions et d'acteurs
Les marchés financiers (en anglais, on dit de plus en
plus : capital markets, sont des marchés des capitaux, au
lieu de financial markets), sont les marchés où sont
effectués les transactions sur des actifs financiers et, de plus en
plus, leurs produits dérivés.
Les marchés financiers sont des
marchés de gros, hautement industrialisés et informatisés.
Les intervenants sont des institutions financières (Banque centrale,
banques, gestions collectives, assureurs, hedge funds, etc.), des
sociétés (marché primaire des émissions) ou des
particuliers.
L'essentiel des échanges a maintenant lieu via des
produits dérivés (forwards, futures, options,
swaps, etc.) qui sont en forte croissance depuis le début des
années 1980.
Dans tous les cas, une partie des transactions a
lieu :
Sur des marchés organisés :
marchés à terme et bourses, où les transactions sont
effectuées sur des actifs standardisés et où la bourse ou
le marché à terme s'interpose, comme contrepartie universelle,
entre les acheteurs et les vendeurs ;
Et
une autre de gré à gré, directement entre
institutions financières ou lorsque l'une d'elle sert de contrepartie
directe, pour les opérations plus spécifiques, discontinues.
Le Forex, ou marché des changes, est le plus
interbancaire des trois grands marchés financiers et l'essentiel des
transactions y a lieu de gré à gré.
Partage des profits et de risque :
diverses institutions (banque, ménage, etc.) achètent des titres
(SICAV ou FCP), le marché assure une allocation des fonds basés
sur la comparaison des anticipations des profits des différents projets
d'entreprise afin d'alimenter les projets les plus rentables.
Ce dernier permet la liquidité des épargnants
détenteurs de titres financiers, la possibilité de les vendre.
D'où le placement à long terme, d'une masse importante
d'épargne.
1.4.3. Les métiers des salles de marché
Dans une salle des marchés on trouve :
Des commerciaux (sales) qui servent
d'interlocuteurs aux clients dans la réalisation de leurs
transactions ;
Des
opérateurs (traders) qui cherchent à proposer le
meilleur prix techniquement possible aux commerciaux, notamment en anticipant
sur les évolutions de marché (spéculation). Devant la
complexité de certains produits (exotiques), l'opérateur doit
pouvoir rapidement estimer dans quelles mesures l'évolution des
paramètres fait évoluer les prix, souvent en s'aidant de
modèles mathématiques et informatiques ;
Des
ingénieurs financiers qui se situent entre les traders et les
commerciaux dans le cas de demande ou de problématique formulée
par un client, si cela dépasse la simple opération de swap. Ils
discutent avec le client pour déterminer la réponse à sa
problématique, pour lui proposer des solutions de couverture en fonction
de ses attentes,...
Des
analystes financiers qui établissent des scénarios sur
l'évolution des cours en fonction de l'environnement, apportant ainsi un
support aux commerciaux et aux traders ; ils peuvent être des
représentants, correspondants ou salariés de certaines agences de
notations.
Des
informaticiens, dont le rôle est de s'assurer que les
communications sont fiables
1.4.4. La dématérialisation
Les marchés financiers sont désormais
quasi-entièrement dématérialisés et
électroniques. Ils prennent alors la forme de réseaux
informatiques entre institutions financières. Les bourses comme à
Paris le Brongniart sont maintenant des bâtiments vides tandis que les
sociétés qui gèrent les marchés organisés,
comme Euronext, successeur de la société des bourses
françaises ou deutsche Börse, successeur de la bourse de Francfort,
se considèrent dorénavant avant tout comme des prestataires de
services informatiques.
La dématérialisation est la disparition du
titre papier (coupon de papier de format A5) représentant
physiquement une action de la société, au profit d'une
inscription dans un compte bancaire appelé compte-titres.
Cette dématérialisation du support (le titre
papier) s'est également et presque concomitamment accompagnée
d'une dématérialisation de l'ordre d'intervention (ordre de
bourse) avec l'apparition d'internet et de sa banalisation.
Ainsi, aujourd'hui, il est non seulement possible mais
également fort simple pour un particulier, d'avoir à son domicile
l'équivalent d'une salle de marché permettant d'intervenir en
direct sur le marché des devises à Paris, sur le marché
d'actions à New York ou sur le marché des matières
premières à Chicago.
1.4.5. Les raisons de la croissance des marchés
financiers
Depuis les années 1930, le système financier
était essentiellement bancaire. Le financement de l'économie
s'effectuait quasi-uniquement via le bilan des banques. De plus, celles-ci
contrôlaient souvent une partie du capital des grandes entreprises,
particulièrement au Japon et en Allemagne. Les marchés financiers
avaient du coup une importance très faible. Aux Etats-Unis, les banques
de dépôt avaient même l'interdiction d'y participer depuis
le Glass-Steagall Act de 1933, adopté en réaction au
Krach d'octobre 1929. C'est dans les années 1970 que deux
nécessités et trois événements ont contribué
de manière décisive à la forte croissance des
marchés financiers et au basculement vers le système actuel.
Il s'agit :
De
l'adoption du système de changes flottants en mars 1973, qui a
créé la nécessité d'un marché des
changes ;
Des
déficits budgétaires américains, qu'il fallait
financer, d'où la nécessité d'un vaste marché des
taux d'intérêt ;
Ainsi que :
Du
choix par les Etats-Unis de la retraite par capitalisation :
l'ERISA (Employment Retirement Income Security Act) est adopté en
1974 ; cela crée donc une demande structurelle croissante
de la part des fonds de pension en titres de placement à long terme,
c'est-à-dire en obligations longues (10-30 ans) et actions ;
De la
suppression des commissions fixes sur les valeurs mobilières aux
Etats-Unis le 1er mai (Mayday, en anglais) 1975, qui rend possible
la liquidité des marchés d'actions et, surtout,
d'obligations ;
Et
enfin des très forts mouvements de taux d'intérêt à
court terme décidés en octobre 1979 par la banque centrale
américaine pour éradiquer l'inflation, qui ont créé
pendant plusieurs années des mouvements désordonnés des
taux d'intérêt réels et entraîné une
activité considérable sur les marchés.
Trois facteurs sous-tendent aujourd'hui leur
développement :
Les
déficits budgétaires européens et japonais, qui
ont pris le relais des déficits américains et profitent des
mécanismes qui s'étaient originellement créés pour
financer ceux-ci ;
Les
besoins d'épargne - retraite de la
génération nombreuse issue du baby boom ;
Le
fait que la mondialisation n'ait pas été accompagnée du
développement des marchés bancaires et financiers
régionaux, en particulier en Asie et au Proche-Orient, ce qui concentre
d'importantes poches d'épargne récentes (cf. Chine et
pays producteurs de pétrole) sur quelques devises, en particulier de
dollar, et sur des marchés réputés liquides.
Le passage d'un système financier international
bancaire à un système de marchés financiers, qui a
commencé en 1973, semble maintenant, après plus de quarante ans,
assez irréversible, compte-tenu de la quantité astronomique et de
la complexité des risques croisés entre établissements
financiers, sauf en cas d'événement politique de nature
supérieure, du type guerre mondiale, ou d'explosion du système,
du type crise de 1929. La liquidité et la cohérence des
principaux marchés financiers sont considérées par les
Etats qui, rappelons-le, s'y financent - et par les banques centrales, au
premier rang desquelles la banque centrale américaine, comme un bien
public mondial primordial.
Le 5 Août 2002, le nouveau maire de Shanghai (Chine),
Chen Liangyu5(*),
annonçait qu'il voulait faire de sa ville, dans les trois années
à venir, le centre du marché financier intérieur, des
circulations des capitaux et de gestion de fonds, et l'un des centres
financiers les plus importants pour une durée de dix à vingt
ans.
Les finances devront donc jouer un rôle central dans le
développement économique et le fonctionnement de la
métropole chinoise, qui pourra accueillir des organismes financiers
chinois et étrangers et des intermédiaires financiers. Il a
indiqué par ailleurs que Shanghai accélérerait
prochainement la construction d'un espace financier de haute qualité,
élargirait le marché financier, créerait de nouveaux
systèmes d'administration financière pour attirer vers
elle de talentueux financiers, qui contribueront au développement de la
capitale économique de la Chine.
1.4.6. L'organisation des cotations
En comparant les modes de cotation des actions au niveau
mondial, on constate qu'il existe deux grands types d'organisation :
les marchés dirigés par les ordres et les
marchés dirigés par les prix, toutefois cette
distinction tend à s'estomper.
1.4.6.1 Le déroulement d'une séance en
continu
Pour les valeurs cotées en continu, une séance
de bourse se déroule suivant plusieurs phases :
-La pré-ouverture du marché de 7h45
à 9hoo' ; pendant cette période, les négociateurs
introduisent les ordres dans le système sans qu'aucune transaction
n'intervienne ;
-L'ouverture à 9h00'
A 9 heures, le système déclenche automatiquement
l'ouverture sur toutes les valeurs. L'ordinateur détermine le prix
d'équilibre ou fixage d'ouverture qui permet l'échange du plus
grand nombre des titres. Le cours d'ouverture est le prix d'équilibre
calculé à 9h00'. Les ordres dont la limite le permet sont
exécutés. En moyenne, 5% des transactions sont
réalisées au cours d'ouverture. Les ordres non
exécutés au cours d'ouverture restent inscrits dans le cahier de
cotation informatisé.
-Les cotations continuent de 9h01' à 17h30'.
Après l'ouverture et jusqu'à 17heures30, le marché
fonctionne en continu. Les ordres introduits sont exécutés
dès lors qu'il existe un ordre (ou plusieurs) de sens contraire sur la
feuille de marché à une limite compatible. Si l'ordre ne peut
être exécuté, il apparaît sur la feuille de
marché à sa limite, derrière les ordres
éventuellement déjà introduits à cette limite. Il
ne sera exécuté qu'à partir du moment où tous les
ordres le précédant à sa limite auront été
totalement exécutés (règle du premier entré,
premier servi).
-la pré-clôture de 17h30' à
17h35' ; comme en pré-ouverture, les ordres s'accumulent sans
qu'aucune transaction n'intervienne ;
-La clôture à 17h35' ; à
17h35, il y a confrontation de tous les ordres restant pour déterminer
le fixage de clôture au cours de clôture.
1.4.6.2. La cotation au fixage
Pour les valeurs négociées au fixage, la
confrontation générale des ordres a lieu :
Deux
fois par jour à 11h30' et à 16 heures pour les valeurs du fixage
A qui regroupe les valeurs à faible liquidité du premier et du
second marché,
Une
fois par jour à 15heures pour le fixage B qui regroupe les valeurs du
marché libre,
Deux
fois par jour à 10h30' et à 16h30' pour les valeurs du Nouveau
marché qui ne sont pas cotées en continu.
1.4.6.3. Exemple de détermination du prix
d'équilibre
Les cours d'ouverture, de clôture et les fixages sont
déterminés en fonction de tous les ordres présents. Le
prix d'équilibre permet l'échange du plus grand nombre de
titres. Prenons l'exemple de l'action KAT dont nous allons calculer le cours
d'ouverture. A 9heures, les titres accumulés sur la feuille de
marché de l'action sont les suivants.
Titres
à l'achat : il y a au total 6.100 titres demandés (500
à tout prix, 200 à 81,25$, 150 à 81,20$, 500 à
81,15$, 850 à 81,10$, 1100 à 81,05$ et 2800 à 81,00$)
Titres
à la vente : il y a au total 5200 titres offerts (400 à tout
prix, 250 à 80,95$, 400 à 81$, 500 à 81,05$, 600 à
81,10$, 1350 à 81,15$ et 1700 à 81,20$).
Le
tableau 6 reprend ces données avec le cumul des titres à l'achat
et à la vente. Dans cet exemple, c'est au cours de 81,10$ que le
marché s'équilibre, qu'il y a le plus grand nombre de titres
échangés ;
Tous
les ordres d'achat à tout prix et limités à un prix
supérieur (500 à tout prix +200 à 81,25$ + 150 à
81,20$ + 500 à 81,15$) seront exécutés en
totalité.
Tous
les ordres de vente à tout prix et limités à un prix
inférieur à 81,10$ (400 à tout prix + 250 à 80,95$
+ 400 à 81$ + 500 à 81,05$) seront exécutés en
totalité.
Tableau 1.6: -Exemple : Feuille de
marché à l'ouverture de l'action KABWE&T
Demande( achat)
|
Offre (vente)
|
Cumul
|
Quantité
|
Prix
|
Prix
|
Quantité
|
Cumul
|
700
850
1350
2200
3300
6100
|
500
200
150
500
850
1100
2800
|
À tout prix
81,25
81,20
81,15
81,10
81,05
81,00
|
À tout prix
80,95
81,00
81,05
81,10
81,15
81,20
|
400
250
400
500
600
1350
1700
|
650
1050
1550
2150
3500
5200
|
Source : données adaptées
Les ordres limites au cours d'ouverture sont dits
« à cours touché ». Leur
exécution totale, partielle ou leur non-exécution est faite
automatiquement en fonction des quantités disponibles et de leur
horoclassement. Dans cet exemple, les ordres de vente de 600 titres à
81,10$ seront totalement exécutés mais seulement 800 titres sur
les 850 demandés à 81,10$ seront servis et la feuille de
marché va conserver un ordre d'achat de 50 titres à 81,10$.
CONCLUSION DU CHAPITRE
Nous l'aurons souligné au passage, le rôle du
marché financier demeure celui de permettre aux agents
économiques d'accéder aux capitaux pour financer leurs
activités. Les capitaux proviennent essentiellement de l'épargne
des ménages et des entreprises. Si le marché financier permet aux
uns et aux autres de satisfaire leurs intérêts, il a cependant le
mérite d'influer directement sur le développement et la
croissance économique des Nations. Il faciliterait la résorption
des mécanismes perpétuels d'endettement extérieur
auxquels font face les pays en voie de développement.
CHAPITRE DEUXIEME
L'AFRIQUE DE LA SADC
2.0. INTRODCUTION: L'INTEGRATION REGIONALE
L'intégration économique de l'Afrique constitue
une des principales recommandations du Plan d'Action de Lagos (1980). Pour les
chefs d'Etats africains, elle s'inscrit dans l'objectif souhaité
d'autonomie (« self-reliance) et en constitue une condition
nécessaire de réalisation.
Cependant elle apparaît aussi davantage comme une
idée-force que comme un programme d'action. Rien n'est vraiment
précisé ni quant aux modalités de réalisation, ni
quant aux moyens d'empêcher que les échecs antérieurs ne se
reproduisent.
Il n'est pas étonnant que le calendrier de
libéralisation des échanges n'ait pas été
respecté. En 1985, les chefs d'Etat, réunis à Addis-Abeba,
ont décidé d'appliquer ce qu'ils avaient déjà
adopté en 1980 ! Enfin, en 1991, à Abuja (Nigeria), 49
gouvernements ont signé un nouveau traité établissant une
communauté économique africaine. Quelles en sont les chances de
réalisation ?
L'Afrique est une pépinière de projets
mort-nés d'intégration6(*).
En 1982, il existait, dans la seule Afrique de l'Ouest, 36
organismes, créés ou envisagés, à vocation
d'intégration économique. De 1958 à 1975 :
« il est né chaque année, une organisation
économique en Afrique de l'Ouest »7(*). En 1989, selon la Banque
mondiale, l'Afrique compte plus de 200 organisations de coopération
régionale (dont plus de 160 sont intergouvernementales)8(*). Cette prolifération
entraîne d'ailleurs des problèmes de coordination et multiplie les
coûts financiers et les coûts en hommes. On ne peut pas dire
qu'elle soit un signe de santé. Dans toutes ces organisations, combien y
en a-t-il qui sont réellement en activité et combien sont
efficaces ?
Dans ces conditions, il est compréhensible que certains
s'interrogent sur la possibilité et l'utilité de travailler,
à l'heure actuelle, en Afrique, à des projets
d'intégration économique. Ne sommes-nous pas dans le domaine du
mythe, de l'aspiration vague ? Ou y a-t-il réellement place pour
une action efficace ? Mais alors comment s'expliquent les échecs
répétés et quelles voies faudrait-il emprunter pour sortir
de l'ornière des projets antérieurs ?
En conséquence, la nécessité d'un
recentrage de l'économie et la prise de conscience plus ou moins
explicite du défaut d'adéquation de la division politique
actuelle expliquent largement la multiplication des tentatives
d'intégration. Mais c'est le refus de tirer de ces tentatives les
implications de politique économique qui en explique les échecs
successifs.
SECTION I. L'ECONOMIE AFRICAINE : MEANDRES ET
DEBOIRES
2.1.1. LA DIVERSITE DES SITUATIONS NATIONALES ET DES
EVOLUTIONS
La quarantaine d'Etats africains situés au sud du
Sahara connaissent à l'heure actuelle des situations différentes,
résultant des dotations naturelles spécifiques, mais aussi
d'histoires particulières et de politiques économiques complexes
et changeantes. Même si tous ont un même objectif
économique, à tout le moins proclamé, de
développement et si les modalités structurelles de celui-ci ne
sont pas quelconques, il serait dangereux de vouloir
généraliser.
Au début de son étude prospective à long
terme sur l'évolution économique de l'Afrique, la Banque mondiale
synthétise en ces termes la diversité du continent :
« Pratiquement aucun pays n'est homogène du
point de vue culturel ou social. Les modes de gouvernement vont de
démocraties véritables, qui encouragent le débat et le
dialogue, à des régimes autoritaires ne tolérant aucune
dissidence. Certaines économies sont étroitement
contrôlées, alors que d'autres sont régies en grande partie
par les lois du marché. On trouve les zones climatiques possibles,
depuis des hautes terres tempérées et bien arrosées
à des déserts, en passant par des savanes sèches et des
forêts humides. Certains pays sont minuscules, d'autres très
vastes. Cinq pays comptent à eux seuls plus de la moitié des
habitants de la région. Le Nigeria a plus de 100 millions d'habitants,
avec plus de 246 habitants au Kilomètre carré autour du lac
victoria et moins de 1 en Mauritanie. Quinze pays sont enclavés et six
sont des îles. Les revenus par habitant vont de 1 à 20$. Certains
états sont dotés de richesses minières ou
pétrolières considérables, alors que d'autres en sont
presque entièrement dépourvus »9(*).
De même, la diversité est réelle en ce qui
concerne les évolutions de ces différents Etats depuis une
cinquantaine d'années. S'inscrivant dans un continent marqué par
des problèmes et des contraintes assez largement similaires, ils
présentent néanmoins aujourd'hui un bilan contrasté.
Certains pays africains sont particulièrement affectés,
connaissent une régression importante de leur production, une absence
presque totale de diversification, voire un recul de celle-ci, un endettement
mieux en tout cas que la moyenne des pays africains, parfois même mieux
que la moyenne des pays en développement. (Voir le tableau 1).
Tableau 2.1 : Diversité des
résultats de l'Afrique Subsaharienne, 1986-87.
Taux de croissance annuels moyen du PIB
|
Nombre de pays
|
Part du PIB régional (%)
|
Part de la population (%)
|
Plus de 3%
|
19
|
29
|
42
|
0 à 3 %
|
14
|
22
|
26
|
Négatifs
|
8
|
49
|
(32)
|
(dont pays exportateurs de pétrole
|
(3)
|
(46)
|
(25)
|
Note : Non compris l'Angola, les Comores, Djibouti et la
Guinée équatoriale.
Source : Banque mondiale/PNUD, l'ajustement et la
croissance pendant les années 80, 1989, p.8
Ces évolutions contrastées s'expliquent à
la fois par les conditions propres aux pays (différence de dotations
politiques, de situation géographique, de conditions climatiques,
existence ou non de troubles politiques ...) et par les politiques qui ont
été menées (utilisation plus ou moins rentable des
ressources, politiques de change, politique fiscale, efficacité variable
de l'administration et des établissements parapublics,
prélèvement plus ou moins grand de la classe dirigeante,
exportations de capitaux privés ...).
2.1.2. L'industrie en Afrique
2. 1.2.1. Le constat
L'industrie en Afrique est, aujourd'hui, un secteur peu
important et fragile et dont la part relative dans les activités
économiques diminue depuis quelques années.
Au cours de la décennie (1980-1989), son taux de
croissance a été particulièrement faible, de l'ordre de
0,7%, soit un rythme très inférieur à l'accroissement
démographique (3,2%) et aux taux de croissance, pourtant limités,
des autres secteurs d'activité (2% pour l'agriculture et 2,3% pour les
services). En conséquence, la part de l'industrie dans le PIB africain
se réduit : elle est passée de 32% en 1980 à 27% en
198910(*).
GRELLET a détaillé dans un tableau suggestif les
divers secteurs industriels de 18 pays africains (tableau 2). Le tableau montre
le caractère peu diversifié de l'industrie africaine. De
façon récurrente, apparaissent les mêmes secteurs :
produits alimentaires, boissons, textiles. Certes le tableau date de 1970, mais
depuis lors, le changement a été limité.
Tableau 2.2 : Les principaux secteurs industriels
de 18 pays africains
(1970)
Pays
|
Principaux secteurs (avec leur part dans la VAM
totale)11(*)
|
Burundi
|
Boissons (46), articles d'habillement (16), ouvrages en
métaux à l'exclusion des machines (15), produits alimentaires
(14)
|
Congo
|
Boissons et tabac (20), raffinage du pétrole et
produits dérivés du pétrole (18), produits alimentaires
(16)
|
Ethiopie
|
Textiles (28), produits alimentaires (27), boissons (16)
|
Ghana
|
Raffinage du pétrole (15), textiles (11), produits
alimentaires (11), production et première transformation de
métaux non ferreux (11) et boissons (10)
|
Kenya
|
Produits alimentaires (19), matériel de transport
(11)
|
Madagascar
|
Produits alimentaires (29), textiles (20)
|
Malawi
|
Produits alimentaires (22), boissons (17), tabac (12),
textiles (11)
|
Mozambique
|
Produits alimentaires (36), textiles (11)
|
Nigeria
|
Textiles (24), boissons (15), produits alimentaires (12)
|
Rép.Unie de Tanzanie
|
Textiles (22), produits alimentaires (21)
|
Rép.Unie de Cameroun
|
Produits alimentaires (30), production et première
transformation de métaux non ferreux (17), boissons (12)
|
Rhodésie
|
Produits alimentaires (12)
|
Rwanda
|
Produits alimentaires et boissons (89)
|
Somalie
|
Produits alimentaires (89)
|
Soudan
|
Textiles et articles d'habillement (27), produits alimentaires
(21), boissons (14)
|
Swaziland
|
Bois, ouvrages en bois et meubles (57), produits alimentaires
et boissons (37)
|
Togo
|
Textiles (37), boissons (33) produits alimentaires (20)
|
Zambie
|
Boissons et tabacs (41) produits alimentaires (14)
|
VAM : valeur ajoutée manufacturée. Les
données relatives au Burundi et au Cameroun correspondent à la
production brute.
Source : G. GRELLET, Les structures
économiques de l'Afrique noire, 1982, p.76.
2. 1.2.2. Perspectives de l'industrie en Afrique
L'industrialisation, conçue à la fois comme
multiplication des activités industrielles et comme transformation des
processus de production par utilisation de machines, est au coeur de tous les
développements. On peut donc affirmer, sans grands risques d'erreur, que
l'Afrique devra, pour se développer, y recourir. Cependant, comme nous
venons de le voir, les premières tentatives n'ont guère
été des succès : au contraire, elles ont
été lourdes d'erreurs et de gaspillages.
Il est donc essentiel que les pays africains tirent les
leçons de ces expériences malheureuses, qu'ils élaborent
leurs projets futurs sur des bases économiques saines et qu'ils les
inscrivent dans une stratégie cohérente. Concrètement,
cela signifie que les nouveaux investissements industriels devront rapidement
produire une rentabilité suffisante. Pour obtenir cette
rentabilité, ils devront être décidés en tenant
compte des contraintes de l'environnement économique de l'Afrique et ils
devront répondre à une demande réelle.
L'effort devra porter à la fois sur l'offre et sur la
demande. Du côté de l'offre, le problème est d'abord
technique, alors que du côté de la demande l'aspect
économique est prédominant.
2.1.3. L'Agriculture en Afrique
2. 1.3.1. La crise agricole
Tous les observateurs s'accordent pour souligner que le
secteur agricole constitue à l'heure actuelle un point faible des
économies africaines ; beaucoup estiment qu'il s'agit du point le
plus faible.
De fait, les évolutions sont inquiétantes. Alors
que l'agriculture reste en Afrique le secteur d'activité qui emploie la
fraction la plus importante de la population active, la tendance, tant
globalement que de façon moins agrégée, a
été caractérisée, depuis le début des
années 70 et sur une période significative, par une chute du
rythme d'expansion des productions ; plus d'une fois, il y a même un
recul absolu. En outre, la comparaison avec l'ensemble des pays en
développement et même avec les seuls pays dits
« à faible revenu » est systématiquement
défavorable à l'Afrique (tableau 3).
Tableau 2.3 : Croissance de la production
agricole, 1961-84 (pourcentage Moyen de variation annuelle)
|
1961-70
|
1971-84
|
Cacao, café, thé
|
|
|
Pays en développement
|
-0,4
|
1,9
|
dont : pays à faible revenu
|
1,9
|
1,2
|
dont : Afrique
|
2,5
|
-0,5
|
Aliments
|
|
|
Pays en développement
|
2,2
|
3,2
|
dont : pays à faible revenu
|
1,3
|
3,2
|
dont : Afrique
|
2,6
|
2,0 (a)
|
Matières premières
|
|
|
Pays en développement
|
4,5
|
2,3
|
dont : pays à faible revenu
|
5,7
|
3,8
|
dont : Afrique
|
6,0
|
-1,8
|
Total agriculture
|
|
|
Pays en développement
|
2,4
|
3,0
|
dont : pays à faible revenu
|
1,9
|
3,3
|
dont : Afrique
|
3,0
|
1,2
|
A
comparer à un accroissement démographique de l'ordre de 2,7%.
Source : Banque mondiale, Rapport sur le
développement dans le monde 1986, tiré du tableau 1.3, p.6.
2. 1.3.2. L'objectif d'autosuffisance et de
sécurité alimentaire
Beaucoup d'Etats africains font de l'autosuffisance
alimentaire un objectif prioritaire de leur politique agricole et, plus
généralement, de leur politique de développement.
En réalité, sous ce vocable, ils entendent
souvent à la fois l'autosuffisance alimentaire
proprement dite (c'est-à-dire la possibilité de
produire dans le pays lui-même la nourriture qui y est consommée)
et la sécurité alimentaire
(c'est-à-dire la possibilité d'avoir des aliments en
quantité telle que chacun puisse manger à sa faim). Or il s'agit
de deux objectifs distincts et qui ne peuvent être confondus. Dans la
mesure où un choix doit être opéré, il est
socialement nécessaire que priorité soit donnée à
la sécurité alimentaire.
2. 1.3.3. Les modalités d'une politique agricole
Dans son livre sur les déterminants de la crise agraire
en Afrique Subsaharienne et la spécificité Zaïroise12(*), KAZADI TSHAMALA s'interroge
sur les stratégies des divers agents économiques et notamment sur
celles des Etats et des agriculteurs et avance quelques idées
intéressantes.
Lorsque les recettes publiques et les recettes d'exportation
provenaient essentiellement du secteur agricole, les Etats africains eurent
tendance à opérer un prélèvement excessif minier
(rente minière et pétrolière) et furent davantage
portés vers des pratiques d'exclusion de la paysannerie, par un
financement discriminatoire des activités productives. Cependant, dans
l'un et l'autre cas, les conséquences furent comparables, consistant en
un affaiblissement de la production agricole africaine et en une
marginalisation des producteurs paysans.
En conséquence, il appartient aux responsables
politiques et économiques de créer les conditions qui favorisent
les réponses créatrices et valorisent le dynamisme du monde
paysan. Pour l'heure, on en est déjà là, avec quelques
amorces dans le cadre de la SADC.
Enfin, pour apprécier avec équité les
maigres performances de l'agriculture africaine, il faut se souvenir de ce que
celle-ci a été, en dépit des déclarations
officielles, la parente pauvre des budgets nationaux et des aides
étrangères.
Le tableau 4 donne quelques chiffres concernant la part que
représentait l'agriculture dans les dépenses budgétaires
aux cours des dernières années « normales »,
c'est-à-dire avant la crise. Même s'ils doivent être
interprétés avec prudence (les efforts de l'Etat en faveur d'un
secteur économique particulier ne se limitent pas aux dépenses
budgétaires du département ministériel qui le concerne),
ces chiffres sont éloquents.
Tableau 2.4 : Part des dépenses
budgétaires allant à l'agriculture.
(En % des dépenses budgétaires totales
exprimées en
Monnaies nationales).
Pays
|
Dépenses courantes
|
Investissements en capital
|
Dépenses totales
|
Afrique du Nord
|
|
|
|
Soudan (1972)
|
4,7
|
10,3
|
15
|
Afrique Ouest
|
|
|
|
Côte d'Ivoire (1973)
|
2,7
|
5,7
|
8,4
|
Gambie (1973)
|
7,66
|
5,1
|
12,8
|
Ghana (1972)
|
5
|
1,3
|
6,3
|
Liberia (1970)
|
3
|
0,12
|
3,12
|
Niger (1971)
|
6,7
|
1,1
|
7,8
|
Nigeria (1969)
|
0,76
|
0,45
|
1,21
|
Sierra Leone (1969)
|
3,2
|
3,8
|
7
|
Afrique Centre
|
4
|
0,6
|
4,6
|
Rwanda (1971)
|
|
|
|
Zaïre (RDC)
|
0,16
|
0,11
|
0,27
|
Afrique Est
|
|
|
|
Botswana (1973)
|
4,67
|
1,07
|
5,7
|
Ethiopie (1973)
|
3,6
|
4,8
|
8,4
|
Kenya (1972)
|
6,8
|
3,15
|
10
|
Lesotho (1973)
|
5
|
6
|
11
|
Madagascar (1972)
|
5,5
|
8,4
|
13,9
|
Malawi (1973)
|
10,4
|
5
|
15,4
|
Ouganda (1969)
|
6,55
|
0,86
|
7,4
|
Swaziland
|
4,6
|
11
|
15,6
|
Zimbabwe
|
9,2
|
1,7
|
10,9
|
Source : GRELLET, G., op. Cit. p.45
Depuis quelques années, devant l'ampleur de la crise
agraire, un changement est cependant perceptible, bien que l'on soit encore
loin de l'objectif de 20 à 25% des investissements publics, qui avait
été proposé dans le Programme prioritaire de
redressement économique de l'Afrique 1986-1990 de l'OUA.
D'après les données du FMI, les pays africains,
à l'heure actuelle, consacreraient en moyenne à l'agriculture
entre 10 et 20 % de leurs dépenses publiques13(*). Mais certains sont à
la traîne : en 1990, les dépenses du budget du
département Zaïrois de l'agriculture ont représenté
0,16% des dépenses courantes de l'Etat ; les prévisions
budgétaires pour 1991 étaient encore plus faibles, puisqu'elles
sont estimées à 0,05% du budget total14(*). Quant à la situation
actuelle de la République démocratique du Congo ...
A tout le moins, il faudra, de façon
complémentaire, mener une politique active de recherche et
d'accompagnement.
De nombreux auteurs soulignent cette convergence
nécessaire des mesures, aucune politique, ne fût-elle des
« bons prix », n'étant à elle seule
suffisante. De façon globale, on peut synthétiser en reprenant
les termes du programme d'action de la FAO. Il faut, disait la FAO, visait une
amélioration de quatre « i » : les
incitations (c'est-à-dire les prix), les intrants, les
institutions, les infrastructures15(*).
2.1.4. L'évolution des termes de change
« L'échange est inégal. En 1972, il
fallait 38 tonnes de sisal pour acheter un camion ; en 1982, pour le
même camion, il en fallait 134. 3 tonnes de bananes étaient
nécessaires à la Côte d'ivoire pour acheter un tracteur en
1960 ; en 1970, il lui en fallait 10 ; aujourd'hui le
double »16(*).
L'effondrement des termes de l'échange de la plupart
des pays africains dans les années récentes constitue, aux yeux
de l'opinion publique l'image la plus apparente de la dégradation de
leur environnement international. Cette dégradation, depuis quelques
années, est spectaculaire dans le cas de l'Afrique.
Lorsque cette détérioration est ainsi la
conséquence d'une diminution des coûts de production, la
signification économique en est claire : il y a, non pas
pénalisation d'un partenaire à l'échange, mais partage
international du progrès réalisé par l'économie
dynamique.
Cependant la détérioration des termes de
l'échange peut également trouver son origine dans une faiblesse
de la demande, soit que cette dernière ne s'accroisse pas à un
rythme comparable à celui de l'offre, soit qu'elle s'effondre pour des
raisons conjoncturelles et/ou structurelles17(*). Dans ce cas, les conséquences pour le
producteur sont totalement différentes. La détérioration
n'implique plus seulement un gain moindre, elle peut signifier une diminution
du revenu global. C'est ce type de détérioration qui affecte le
plus souvent les pays exportateurs de produits primaires.
Toutefois, même en ce cas, il ne faut pas s'en tenir
à la seule observation des évolutions unitaires de prix. Une
appréciation complète de la situation exige que l'on tienne
compte également de l'évolution des quantités
exportées.
2.1.5. L'opérateur économique face à
l'insuffisance des infrastructures
Il convient d'ajouter tous les éléments
négatifs de l'environnement politique, économique et social
africain qui accroissent les coûts de l'entreprise et rendent difficile
la poursuite d'une activité économique qui ne soit pas
principalement orientée vers la spéculation ou l'exploitation des
rentes (découlant des ressources naturelles ou des distorsions de
marché).
L'opérateur économique se heurte, en Afrique,
à l'insuffisance des infrastructures et/ou à leur
délabrement : infrastructures des transports, des communications,
des services ... Il en résulte pour lui un accroissement signification
de ses coûts de production et même, dans certains cas, un
véritable isolement. Dans un monde où l'information et la
communication sont devenues des éléments essentiels que
représente, pour un producteur ou un commerçant, le fait
d'être mal relié à ses fournisseurs et à ses
clients, quand ce n'est pas d'en être proprement coupé ! Il
en va ainsi quand la route est détériorée, voire
impraticable, quand le rail est inutilisable, quand le téléphone
et le télex sont défaillants18(*).
Certes, le problème de l'inadéquation des
infrastructures n'est pas propre à l'Afrique et se retrouve peu ou pas
dans tous les pays, à fortiori dans les pays en
développement ; son acuité est aussi très variable
d'un pays africain à l'autre, dépendant des priorités du
pouvoir et de l'efficacité de la gestion publique. Mais dans beaucoup de
pays africains, il s'agit, à l'heure actuelle, d'un problème
majeur : leurs bases industrielles, déjà étroites,
ont encore été sérieusement affaiblies par la longue
période de désinvestissements qu'ils ont connue et les moyens
budgétaires actuels ne permettent pas les investissements
nécessaires à l'entretien des infrastructures, ni a fortiori
à leur amélioration19(*).
2. 1.5.1. Le coût administratif et la corruption
Il faut de plus tenir compte d'un coût administratif
souvent élevé et du poids de la corruption, d'ailleurs
favorisé par la complexité administrative comment devenir un
opérateur économique dynamique et tenter sa chance sur des
marchés nouveaux quand, comme au Congo Démocratique, en 1989, il
fallait franchir 39 étapes pour exporter et 30 pour importer ! Et
la banque mondiale qui donne cet exemple, précise :
« signatures, validations, licences et autorisations à obtenir
d'innombrables administrateurs qui tous prélèvent une
taxe ». La Banque cite aussi des cas où le commerce
interafricain officiel exige au minimum 70 formalités
administratives !20(*)
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que
fréquemment les coûts en Afrique, soient systématiquement
plus élevés qu'ailleurs. Caractéristique à cet
égard est le tableau qui a été établi par la Banque
mondiale sur base de différentes études et qui compare un certain
nombre de coûts types en Afrique et en Asie (tableau 5).
Tableau 2.5 : Coûts types en Afrique
Subsaharienne et en Asie
|
Afrique Subsaharienne
|
Pays d'Asie à faible revenu
|
Rapport entre les pays d'Afrique et les pays d'Asie à
faible revenu
|
Investissement
|
|
|
|
Irrigation (milliers de $ 1984 par ha)
|
6,0-10,0
|
2,5-6,0
|
1,4-2,4
|
Approvisionnement en eau des zones urbaines ($ 1985 par
unité)
|
55-106
|
35-60
|
1,8
|
Pension dans les écoles professionnelles (milliers de $
par élève)
|
5,0
|
3,0
|
1,7
|
Routes (milliers de $ par Km)
|
250
|
190
|
1,3
|
Charges renouvelables
|
|
|
|
Enseignement primaire ($ 1980 par élève)
|
92
|
17
|
5,4
|
Transports
|
|
|
|
Entretien des routes (milliers de $ par Km)
|
4,8
|
2,2
|
2,2
|
Coût de matériel roulant ($ par tonne/Km)
|
0,09
|
0,04
|
2,3
|
Salaires
|
|
|
|
Administration centrale (multiple du revenu par habitant,
point médian, montant annuel, 1997-82)
|
5,5
|
2,0
|
2,8
|
Bâtiment, ouvriers non qualifiés (point
médian, $ par jour, 1989)
|
1,91
|
1,35
|
1,4
|
Note : Le taux de couverture des pays varie
selon l'indicateur, en fonction des données disponibles. Dossiers
relatifs aux projets de la banque et divers rapports. Pour de plus amples
détails, voire document d'information de SINGH. Les données sur
les salaires dans l'administration centrale proviennent de HELLER et TAIT,
1984
Source : Banque mondiale, l'Afrique
Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.32.
Faut-il conclure que les perspectives d'industrialisation
soient bouchées et que pour le temps présent les pays africains
soient, de façon systématique, en position défavorable par
rapport aux pays développés et/ou aux autres pays en
développement ? Ce serait confondre coûts absolus et
coûts comparatifs.
Il faut rappeler que dans le domaine international la
concurrence principale ne se situe pas, contrairement à ce que les
apparences suggèrent, entre producteurs du même bien dans des pays
différents, mais entre producteurs de biens différents dans le
même pays. Cela signifie que le problème, pour les pays africains,
est de trouver, voire de susciter, des activités nouvelles qui, par
rapport aux activités traditionnelles basées sur la rente, soient
avantageuses.
Les activités nouvelles doivent être
conçues en fonction des besoins du pays mais il est logique que
certaines d'entre elles donnent lieu à l'exportation. Il n'y a en effet
aucune raison d'admettre qu'un pays qui diversifie sa structure interne de
production ne puisse dégager des avantages concurrentiels nouveaux. Il
n'y a pas de raison non plus pour que certains biens nouveaux ne trouvent leur
marché à l'extérieur. Pas plus que les autres continents,
l'Afrique n'est pas condamnée à rester un fournisseur mondial de
quelques produits primaires.
Il ne s'agit pas de privilégier le commerce
extérieur mais de lui redonner sa place, celle d'être, dans
certains cas, un détour efficace pour accroître les biens mis
à la disposition de la population.
2.1.6. Le développement économique
souhaitable
Le développement économique africain, partant
d'une situation héritée de l'histoire, implique une conversion de
l'économie, un recentrage sur le pays, sur les besoins de ses habitants.
Et cette conversion ne peut être obtenue qu'à travers une
diversification des activités, génératrice
d'économies externes et donc d'amélioration des résultats
par unité d'effort.
Le développement économique n'est qu'un aspect
du développement tout court, mais c'est un aspect important. D'abord
parce que, comme le soulignait Saint Thomas d'AQUIN, il n'y a pas de vertu sans
minimum vital : la satisfaction des besoins élémentaires est
une condition nécessaire à l'épanouissement des hommes.
Mais aussi parce que, dans notre monde en mutation rapide, un pays qui stagne
est un pays faible, dominé, et qui pourra difficilement défendre
les valeurs culturelles propres auxquelles il tient.
La Banque mondiale n'estime-t-elle pas d'ailleurs, en
invoquant les leçons de l'expérience
que : « en moyenne les mesures prises sur le plan
intérieur ont un effet environ deux fois plus important sur la
croissance en longue période qu'une évolution des conditions
extérieures »21(*).
D'une part, même si l'on se refuse à une telle
appréciation quantitative de la dimension
« politique » du développement, il n'en demeure pas
moins que la responsabilité des gouvernants est grande et que leur
défaillance constitue, pour le pays qui en est victime, non une simple
déficience, mais un réel obstacle. « Pour l'heure, il
suffit de savoir que les pouvoirs publics doivent jouer un rôle actif,
positif. Il s'ensuit que le gouvernement qui se refugie à remplir un tel
rôle, ou en est incapable, peut lui-même être
considéré comme un obstacle au développement ou comme une
cause fondamentale de pauvreté »22(*).
D'autre part, certes il est vrai que la hausse du PIB n'est
pas l'objectif ultime des sociétés humaines et qu'on ne
s'enthousiasme pas pour un taux de croissance : l'épanouissement
des hommes n'est pas assuré par la seule satisfaction de leurs besoins
matériels et la société de consommation ne peut combler
leurs aspirations.
Dans cette optique, on peut souligner avec la banque mondiale
que : « le développement au sens large comprend
d'autres éléments encore, notamment des progrès dans le
sens de l'égalité des chances, de la liberté politique et
des libertés civiques »23(*). La manifestation la plus spectaculaire de cet
élargissement du concept se trouve dans le Rapport mondial sur le
développement humain, publié par le PNUD depuis 1990 et qui met
en évidence la relation réciproque qui existe entre
développement humain et croissance économique. « De
même que la croissance est nécessaire au développement
humain, le développement humain est essentiel à la croissance
économique. Toute action politique éclairée doit
s'organiser autour de cette relation réciproque »24(*).
Dans son livre « Le plan ou
l'antihasard », Pierre MASSE a cette formule heureuse :
« Le développement n'est pas seulement la marche vers
l'abondance, c'est plus encore, sans doute, la construction d'une
société »25(*), soulignant ainsi que les implications du
développement dépassent de loin les seuls aspects
« techniques ». Peut-être aurait-il dû
préciser que la marche vers l'abondance n'est possible que si l'on
construit la société.
2. 1.6.1. La question des moyens
En supposant acquis les préalables politiques et
réalisée la mise en place d'un environnement plus favorable au
développement, reste alors la question des moyens. La solution à
ce problème se situe à la fois au niveau international et
national.
Certes l'Afrique arrive tard dans la course au
développement et, par rapport à d'autres régions, elle
vient de perdre cinq décennies : elle risque de trouver bien des
territoires occupés où il ne lui sera pas facile de se faire une
place. Mais elle peut aussi tirer avantage de cette arrivée tardive et
apprendre de l'expérience des autres.
2.1.6.2. Exploiter les avantages comparatifs : atout pour
la diversification de l'économie
Pour mettre en place et réussir une politique
d'exportations industrielles, un changement d'optique est nécessaire,
tant dans le chef des gouvernants que dans celui des opérateurs
économiques à tous les niveaux (Africains et étrangers).
Il faut cesser d'agir comme si l'Afrique était condamnée à
rester pendant longtemps encore pourvoyeuse de matières
premières ; il faut cesser de penser seulement en termes de cuivre
ou de cacao.
L'Afrique a d'autres potentialités et il est
nécessaire de les exploiter si l'on veut diversifier l'économie
et la mettre sur la voie royale du développement. Et ces
potentialités ne se limitent pas aux ressources naturelles ! Il
faut méditer à cet égard l'affirmation de la Banque
mondiale : « l'avantage comparatif se mesure de plus en
plus à l'intelligence des marchés, à la maîtrise
technologique et à l'adaptabilité »26(*).
La situation actuelle de crise n'est ni le résultat du
déterminisme, ni celui de la fatalité, ni même le fruit
d'un héritage culturel et la sortie de crise tient d'abord dans le
dynamisme et la créativité des hommes. Et si ce dynamisme, ni
cette créativité ne font défaut à l'Afrique. Ils
sont par exemple bien présents dans le secteur culturel ou dans le
secteur politique ou dans les multiples activités du secteur informel.
Encore faut-il qu'ils se manifestent dans le secteur des activités
économiques du secteur formel.
Pour que cette reconversion s'opère, il importe que
l'environnement macroéconomique soit porteur. Il importe d'autant plus
que, dans les coûts industriels, la part des salaires tend à
diminuer au profit des coûts de management, des coûts de
commercialisation et des coûts financiers.
Même si la proportion varie selon les biens produits,
cette tendance indique une réduction progressive de l'assiette des
coûts sur laquelle les pays africains peuvent faire jouer leurs avantages
spécifiques. Il est donc plus que temps de s'atteler à
transformer la structure africaine de production.
Mais cela pourra-t-il se faire aussi longtemps que le pouvoir,
comme c'est le cas dans beaucoup de pays africains, sera assis sur
l'exploitation des rentes économiques traditionnelles et sera, en
conséquence, peu enclin à favoriser une diversification de
l'économie qui l'affaiblirait ?
SECTION II. La SADC : Pour l'intégration
économique de l'Afrique Australe
2.2.1. SADC. QUID ?
La SADC signifie la communauté de
développement de l'Afrique australe (de l'anglais :
Southern African Development Community). Elle est une organisation qui vise
à promouvoir le développement économique de l'Afrique
australe. Elle a succédé le 17 août 1992 à la
conférence de coordination pour le développement de l'Afrique
Australe, fondée le 1er avril 1980.
2.2.2. Historique de la SADC
L'histoire de la SADC se présente de la manière
que voici :
1980 : création de la conférence de
coordination pour le développement de l'Afrique (SADC) par neuf pays de
la ligne de front (Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Swaziland,
Tanzanie, Zambie, Zimbabwe).
1992 : au lendemain de l'indépendance de
la Namibie, signature du traité fondateur de la SADC (communauté
de développement de l'Afrique australe, Southern African Development
Community) à Windhoek par les neuf pays de la SADC et la Namibie.
1994 : fin du régime d'Apartheid et
adhésion de l'Afrique du Sud.
1995-2002 : Maurice (1995), la République
Démocratique du Congo (1998), les Seychelles (1998) et Madagascar (2005)
rejoignent l'organisation, qui compte désormais 14 membres.
Mars
2001 : initiation d'une réforme des institutions de la SADC, visant
à renforcer la conférence de l'organisation : dissolution
des unités sectorielles de coordination et reprise de leurs
activités par un secrétariat renforcé, mise en place
d'instruments de coordination (poste de Directeur général au sein
du secrétariat, Comité intégré des ministres,
Comités nationaux de la SADC dans les Etats membres), mise au point d'un
plan régional de développement sur 15 ans pour fixer des lignes
directrices aux politiques de développement de la région.
2003 : adoption des deux plans
stratégiques indicatifs à long terme (15 ans), l'un pour le
développement de la région (RISDP ; Regional Indicative
Strategic Development Plan), l'autre pour les questions de politique,
défense et de sécurité (SIPO, Strategic Indicative Plan
of Organ). La mise en application de ces orientations est prévue
à ce jour dans 24 protocoles (notamment commerce, finances et
investissement, gestion des fleuves transfrontaliers et nationaux ...).
Avril
2006 : conférence consultative SADC/partenaires de
coopérative (windhoek) : adoption d'une déclaration sur les
principes de l'aide entre la SADC et ses partenaires, définition de cinq
domaines prioritaires et création de groupes thématiques pour la
coopération avec les bailleurs.
2.2.3. Fonctionnement de la SADC27(*)
La SADC s'est dotée d'institutions calquées en
grande partie sur le modèle européen :
Sommet (niveau des chefs d'Etats) :
Instance supérieure de la SADC, le sommet se réunit annuellement
en août pour définir la politique de l'organisation. Il existe une
troïka composée du président sortant, du président
actuel et du futur président.
Organe pour la politique, la défense et la
sécurité : il est placé sous
l'autorité d'une troïka tournante des chefs d'Etat
(différente de la précédente).
Conseil des ministres :
composé du ministre de chaque Etat membre chargé du suivi de la
SADC (en règle générale, les ministres des finances ou des
affaires étrangères), le conseil a la charge de superviser le
processus et le fonctionnement de la SADC, de veiller à la mise en
oeuvre effective des politiques de l'organisation et de préparer les
réunions du sommet. De manière générale, le conseil
se réunit deux fois par an, en début d'année pour discuter
le budget de l'organisation et en août, à la veille du sommet
annuel de la SADC.
Comité intégré des
ministres : créé pour rompre avec la logique
sectorielle qui prévalait avant la restructuration de 2001 (conseils
spécialisés) et placé sous l'autorité du conseil
des ministres, le comité intégré des ministres (ICM) -
composé de 2 à 4 ministres de chaque Etat en fonction de l'ordre
du jour adopté - se réunit une fois par an pour orienter,
superviser et coordonner au niveau politique dans les différents
secteurs. En outre, des sous-comités sectoriels se réunissent sur
une base ad hoc pour approfondir certaines questions.
Secrétariat : le
secrétariat de la SADC est l'organe d'harmonisation et de pilotage
stratégique du processus de la SADC (coordination de la mise en oeuvre
des deux plans indicatifs stratégiques régionaux).
Comités nationaux de la
SADC : créés après la restructuration
de 2001, les comités nationaux de la SADC (SNCS) ont la
responsabilité dans chaque Etat de contribuer à
l'élaboration des politiques régionales et de coordonner et
superviser leur transposition au niveau national.
2.2.4. Relations avec les partenaires de coopération
Les relations avec les bailleurs reposent sur la tenue,
à un niveau ministériel, des conférences consultatives
biannuelles (windhoek en 2006, Maurice du 18 au 20 avril 2008).
A un niveau inférieur, des réunions se tiennent
régulièrement au niveau des ambassadeurs des pays partenaires,
dans le cadre de la joint Task Force, et en dessous dans le cadre du core
group.
2.2.5. Contact de la SADC
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site
internet officiel de l'organisation:
www.sadc.int
Pour le secrétariat le contact est la suivant:
SADC Headquarters
Plot No. 54385
Central Business District
Private Bag 0095
BOTSWANA-Gaborone
Tél. : +267 395 1863
Fax. : (267) 397 28 48
E-mail: info@sadc.int
2.2.6. Etats Membres28(*)
Les 9 Etats fondateurs de la SADC sont :
Angola ;
Botswana ;
Lesotho ;
Malawi ;
Mozambique ;
Swaziland ;
Tanzanie ;
Zambie ;
Zimbabwe.
Le total des membres est passé à 15 avec les
adhésions de :
Namibie - 31 mars1990 ;
Afrique du Sud - 30 août 1994 ;
Maurice - 28 août 1995 ;
République Démocratique du Congo - 8
septembre 1997 ;
Madagascar - 18 août 2005 (suspendu suite aux
événements de mars 2009) ;
Seychelles - 8 septembre 1997 - 1er juillet
2004, 2008.
La candidature du Rwanda a été rejetée en
2005 pour des questions de procédure.
Tableau 2.6 : Présentation de la
SADC
Siège
|
Gaborone, Botswana
|
Membres
|
15 Etats membres
|
Langues de travail
|
Anglais, Français et Portugais
|
Formation :
|
|
SADCC
|
1er avril 1980
|
SADC
|
17 août 1992
|
Secrétaire général
|
Tomaz Augusto Salomâo
|
Site
officiel
|
www
.sadc.int
|
Source : données synthétiques
2.2.7. LE lancement de la zone de Libre Echange (ZLE) de la
SADC
Le lancement de la ZLE - lundi, 18 août 2008 -
consacré à la « croissance, au développement et
à la création de richesses », est un pas significatif
vers les objectifs ultimes de la SADC, à savoir :
L'union douanière en 2010 ;
Le
marché commun en 2015 ;
L'union monétaire en 2018.
Il constitue un jalon dans le processus d'intégration
économique de la région.
Avec le lancement de la ZLE, les industries de la SADC
bénéficient d'un accès élargi au marché et
d'économies d'échelle, car elles produiront pour un marché
plus vaste, selon la SADC. De l'autre côté, les consommateurs
auront accès à une plus importante variété de
produits, et à des prix moins élevés, car les marchandises
traverseront désormais les frontières nationales sans droits de
douane.
C'est dans ce sens que l'ex-président Sud-africain
Thabo Mbeki, qui a présidé le sommet, a qualifié le
lancement de la ZLE d'événement historique pour la
région29(*).Il a
souligné que c'était un jalon extraordinaire dans le programme
d'intégration de la SADC. « Aucun d'entre nous ne pourra
assurer la stabilité politique et sociale, la sécurité
ainsi que le développement économique dans nos pays, si la
région dans son ensemble continue à prendre à
bras-le-corps les problèmes du sous-développement, de
l'instabilité, de la pauvreté et de la
marginalisation », a déclaré M. Mbeki.
« L'intégration économique régionale peut jeter
les assises pour que les marchés et les industries de la région
franchissent les limites des petits marchés nationaux, afin de
réaliser des économies d'échelle, de renforcer la
compétitivité et de participer plus effectivement à
l'économie mondiale », a-t-il précisé.
Douze des 15 Etats de la SADC intègreront la zone de
libre échange dès son lancement. Ce qui donnera naissance
à un marché régional doté d'un produit
intérieur brut de 360 milliards de dollars, d'une population de 170
millions de personnes et d'une croissance économique annuelle de 7%.
L'Angola et la RD Congo, à eux deux,
représentant un marché de 71 milliards de dollars et une
population de 77 millions de personnes, restent pour l'instant en dehors de la
zone de libre échange, dont la SADC a débuté en 2000 le
processus d'établissement après la signature du Protocole sur le
commerce de la SADC en 1996.
Les Etats membres de la SADC ont libéralisé
leurs tarifs douaniers à différents niveaux. En
général, les pays développés les ont réduits
plus rapidement. L'Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie ont
supprimé la plupart de leurs droits de douanes en 2000. Les pays
à revenus moyens, tels que l'Ile Maurice, ont graduellement
réduit leurs tarifs douaniers d'année en année entre 2000
et 2008. Pour les pays les moins avancés tels que le Mozambique et la
Zambie, la réduction des tarifs douaniers a été introduite
en 2007 et 2008.
Depuis le début du mois d'août 2008, les
producteurs et les consommateurs de la région ne payent plus de droits
d'importation pour 85% des marchandises entre les 12 Etats fondateurs.
Le programme d'intégration régionale de la SADC
comprend :
La
Zone de libre échange en 2008 ;
L'union douanière en 2010 ;
Le
marché commun en 2015 ;
L'union monétaire en 2016 ;
La
monnaie unique en 2018.
Selon la SADC, sa zone de libre échange vise
à :
Harmoniser les procédures douanières et
les classifications douanières, promouvoir la coopération
douanière ;
Réduire les coûts par l'introduction d'un
document simple et standardisé pour les douanes de toute la
région ;
Mettre
en place des postes frontières « un stop » afin de
réduire de moitié le temps des démarches à la
frontière. A présent, il existe trois projets pilotes de ce
genre aux frontières entre le Mozambique et le Zimbabwe
(Forbes-Machipanda), entre l'Afrique du Sud et le Mozambique (Lebombo Ressano
Garcia), et entre le Zimbabwe et la Zambie (chirundu) ;
Faciliter le transbordement pour que les marchandises
circulent au sein de la communauté.
2.2.8. Centrale multi donateurs pour la
sécurité alimentaire et le développement rural avec le
concours de la FIDA.30(*)
2.2.8.1. Développement et pauvreté en milieu
rural dans les pays de la SADC
Malgré la diversité des résultats des réformes
économiques et des taux de croissance, les pays membres de la SADC sont
confrontés à des problèmes de développement rural
très similaires. Environ 70% de la population de la sous-région
vit en milieu rural et, dans la majorité des économies des pays
membres, le secteur agricole est prédominant - la part de l'agriculture
dans le produit intérieur brut est supérieur à 16% dans
presque la moitié des pays de la communauté. Le secteur agricole
fournit une proportion substantielle des exportations régionales et
emploie en moyenne, estime-t-on, 70 % de la population rurale. Il fournit
également les matières premières nécessaires au
secteur agro-alimentaire en expansion.
Dans de nombreux pays de la SADC, la pauvreté est encore largement
répandue et les moyens institutionnels et les ressources humaines sont
limités. La production de base de ressources naturelles diminue dans
certains pays en raison d'une mise en valeur insuffisante des ressources et de
la médiocrité des pratiques culturales. Dans les pays de la SADC,
la sécurité alimentaire est non seulement précaire mais
s'est détériorée ces dernières années. Dans
une large mesure, les stratégies adoptées par les Etats membres
pour stimuler la croissance et faire reculer la pauvreté ont
été « pro rurales » mais la mise en oeuvre de
ces programmes s'est vue compromise par le manque de moyens permettant de
résoudre efficacement les problèmes complexes existants, qu'ils
soient anciens ou nouveaux.
Pour diverses raisons, l'assistance fournie
précédemment par les donateurs n'a pas donné les
résultats escomptés ni en retombées prévues sur la
production agricole, les revenus ruraux et la sécurité
alimentaire de la région. La diminution de l'aide extérieure au
développement ces dernières années a également
porté au secteur rural un coup disproportionné. La persistance de
la faim et de la malnutrition dans les pays de la SADC, en dépit des
efforts mis en oeuvre à l'échelle régionale et à
celle des gouvernements nationaux, plaide fortement en faveur d'un partenariat
entre de multiples donateurs pour le développement agricole et rural de
la région de la SADC, dans le cadre d'une centrale multi donateurs pour
la sécurité alimentaire et le développement rural (la
centrale).
Cette
centrale est un dispositif supplémentaire pour financer des services
d'appui technique de haut niveau, à savoir des experts locaux et
internationaux, en vue d'un développement rural durable fondé sur
les priorités et les stratégies de développement
définies par les pays.
2.2.8.2. Le cadre institutionnel
A
l'heure actuelle, la SADC compte 15 membres, dont chacun est chargé de
la coordination d'un secteur donné pour le compte de la
communauté. La direction est assurée par un président et
un vice-président, alors que le fonctionnement au quotidien incombe
à un secrétariat établi à Gaborone (Botswana). Les
ministres de chacun des Etats membres de la SADC constituent le conseil des
ministres, dont l'une des tâches importantes est de décider des
secteurs de coopération tant entre les Etats membres de la
communauté qu'entre celle-ci et ses partenaires donateurs
extérieurs. A cette fin, chaque Etat membre se voit attribuer la
responsabilité d'un secteur donné. Lorsque la
responsabilité d'un secteur a été attribuée
à un pays en particulier, le ministre chargé de ce secteur dans
le pays concerné préside alors le comité sectoriel des
ministres. Tous les comités sectoriels rendent comptent de leurs travaux
au conseil des ministres. La responsabilité du secteur agricole ayant
été confiée au Zimbabwe, l'unité chargée du
développement du secteur alimentaire, de l'agriculture et des ressources
naturelles sise à Harare assure la coordination de toutes les questions
relevant de ce secteur.
2.2.8.3. Le programme proposé
La
centrale a pour objectif principal de fournir un appui technique en temps
opportun en ce qui concerne l'élaboration, l'exécution et le
suivi des programmes conjointement définis et soutenus par la SADC et
par les donateurs dans le secteur de l'alimentation, de l'agriculture et des
ressources naturelles des pays membres de la SADC. La centrale de Harare met en
particulier l'accent sur :
La
formulation des stratégies rurales : aider activement et dans
les meilleurs délais les Etats membres à préparer et
à préciser leurs stratégies et politiques de
développement rural en vue de stimuler la croissance, de lutter contre
la pauvreté et d'améliorer la sécurité
alimentaire.
La
préparation des projets : aider les Etats membres de la SADC
à préparer leurs projets nationaux ainsi que les projets et
programmes financés par les donateurs dans les Etats membres.
L'appui à l'exécution :
fournir un appui crucial en matière d'exécution aux
ministères et organismes nationaux, y compris en ce qui concerne le
suivi de l'exécution.
Le
renforcement des capacités : appuyer les activités de
renforcement des capacités mises en oeuvre par les Etats membres dans
divers secteurs, par le biais du détachement de personnel, de stages,
d'ateliers, de séminaires et de conférences. La centrale sera
également un centre sous-régional d'excellence en matière
de renforcement des capacités grâce à diverses
activités, notamment des stages à l'intention des fonctionnaires
des ministères chargés du développement rural.
La
constitution de réseaux : outre la promotion de partenariat et
de collaboration à l'échelle régionale pour le
développement rural, la centrale servira de plate-forme pour la
constitution de réseau entre ces divers organismes d'aide
bilatérale et multilatérale afin d'avoir, étant
donné le peu de moyen dont disposent les Etats membres, un effet
mobilisateur et démultiplicateur des ressources et de l'assistance
technique.
2.2.8.4. Résultats et avantages prévus
Les avantages quantifiables seront notamment les
stratégies et politiques de développement rural
élaborés avec le soutien et les apports concertés de
donateurs multiples, l'amélioration de la conception des produits et la
diminution des risques grâce au suivi étroit, ainsi que la
prestation de conseils techniques dans les délais voulus. Ces avantages
devront être mesurés du point de vue de leur impact sur le
développement, sur la réduction de la pauvreté et sur
l'amélioration de la qualité de la vie en milieu rural dans les
pays de la SADC. Enfin, l'amélioration de la coordination entre les
donateurs entraînera une meilleure utilisation des ressources
limitées, améliorera la qualité des produits et des
services, et renforcera les capacités de l'Afrique dans les secteurs
tant public que privé.
2.2.8.5. Coûts et financement estimatifs du
programme
Le coût total de fonctionnement de la centrale et de ses
antennes est estimé à 9,7 millions d'USD pour la phase
expérimentale initiale de trois ans (tableau 7). Ces coûts
incluent un montant total de 4,5 millions de USD (46%) pour le personnel
mobilisé par les donateurs et recrute localement, 300.000 USD (3%) pour
les services de consultants. En outre, un fonds destiné au renforcement
des capacités, la formation et à la réalisation
d'études spéciales, d'un montant de 1,5 million de USD (15,4%),
sera créé pour répondre aux besoins particuliers dans le
domaine du renforcement des capacités et/ou aux requêtes
spécifiques des Etats membres dans le domaine du développement
rural. Les coûts d'administration de la centrale pour les trois ans sont
estimés au total à 2,7millions de USD, ce montant incluant
900.000 USD au titre de la mise en place des liens de communication, du
matériel s'y rapportant et de l'assistance technique, 500.000 USD au
titre du matériel et de 500.000 USD au titre de la location de
bureaux.
Tableau 2.7 : coûts estimatifs de la centrale
de Harare - 1999 à 2002 (en milliers de USD)
Catégories de coût
|
11999
|
22000
|
22001
|
22002
|
TTotal
|
%%
|
Fonctionnement de la centrale
|
|
22316
|
11148
|
11477
|
33941
|
440,5
|
Services de consultants
|
|
1100
|
1100
|
1100
|
3300
|
33,0
|
Formation et renforcement des capacités
|
|
5500
|
5500
|
5500
|
11500
|
115,4
|
Voyages
|
|
2210
|
2210
|
2250
|
6670
|
66,8
|
Administration de la centrale
|
11044
|
5594
|
5514
|
6634
|
22785
|
228,6
|
Antennes
|
|
1133
|
1178
|
2222
|
5533
|
55,4
|
Coût total
|
11044
|
22853
|
22649
|
33183
|
99729
|
1100
|
Source: FIDA, Document 49359,Library DMS, Roma
,EB99/68/R.31,199
Le plan de financement proposé par la SADC, qui est le
résultat des conditions initiales menées avec les donateurs
partenaires éventuels, est présenté au tableau 8.
Tableau 2.8 : plan proposé pour la
centrale de Harare (en milliers de USD)
|
Japon
|
UE
|
bilatéral
|
FIDA
|
PNUD
|
Banque
mondiale
|
FAO
|
SADC
|
Total
|
Coût total
|
2013
|
2013
|
1412
|
900
|
923
|
1308
|
923
|
237
|
9729
|
Le
Japon et l'Union européenne ont apporté leur aide aux termes d'un
contrat-cadre.
Le
PNUD, la FAO et la Banque mondiale ont détaché du personnel
à la centrale.
Source : FIDA, op. cit.
Section III : Afrique-SADC : convergence et unions
monétaires
« Le rôle de la monnaie dans la
création de la valeur ajoutée met en exergue la
nécessité d'une période de transition où
harmonisation, convergence, amélioration de la
compétitivité des entreprises africaines, meilleure gouvernance
des affaires publiques et commerce intra-régional ont leur rôle
à jouer. A défaut, la monnaie commune africaine risque de ne
voire le jour comme prévu et la banque centrale africaine qui en serait
garante risque de rencontrer des difficultés pour s'affranchir de la
servitude »31(*). Il est question de retrouver une souveraineté
monétaire, et donc la liberté d'agir en Afrique au service des
populations africaines.
2.3.1. Le rôle de la monnaie dans la création
de la valeur ajoutée
L'impossibilité de qualifier les pays africains de pays
industrialisés met en exergue la difficulté qu'il y a à
créer de la valeur ajoutée et de la croissance économique
durables en Afrique. Les fruits de cette croissance économique doivent
nécessairement être partagés sous la forme
d'infrastructures d'amélioration du mieux-être pour la population
avec des effets bénéfiques sur l'environnement social. Cela
suppose une certaine autonomie et une prise en compte des préoccupations
des populations africaines lors des arbitrages budgétaires et
financiers.
Les monnaies africaines servant d'équivalent
général dans les transactions ne peuvent évoluer vers une
monnaie commune d'ici à l'an 2021 sur décision des chefs d'Etats
membres de l'union africaine et 2018 pour ceux de la SADC.
2.3.2. La monnaie commune : vers la levée de
l'intangibilité des frontières
La monnaie, en tant qu'équivalent général
intégrant les fonctions d'unité de paiement, d'unité de
compte et d'unité de réserve, n'échappe pas au
problème d'arbitrage.
L'avènement d'une monnaie commune africaine
crédible devra passer par plusieurs étapes avant de devenir une
monnaie unique à terme. Paradoxalement, l'accélération du
processus devra passer par la levée de l'intangibilité des
frontières actuelles, au moins sur le plan de la libre circulation des
biens et des personnes.
Pour atteindre cet objectif, l'Afrique doit s'attacher
à organiser l'harmonisation et la convergence de certains
critères macro-économiques. La coopération entre des Etats
africains, qualifiés parfois d'Etats détaillants sur le plan
économique, d'Etats organisés en fonction des recettes instables
imposées par les termes de l'échange ou encore d'Etats
dépendant des variations climatiques sont d'autant de contraintes qui
peuvent faire croire à un défi impossible à relever.
2.3.3. L'indispensable transition : harmonisation,
convergence et monnaie commune
L'unité africaine et la volonté affichée
d'y parvenir animant les chefs d'Etat africains reposent sur les efforts
d'intégration du continent. Les efforts d'amélioration de la
gouvernance politique et économique prônée par le nouveau
partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ne peuvent faire
l'économie de l'harmonisation et de la cohérence des politiques
monétaires, financières et économiques. Cela ne peut se
faire en isolation ou en marge de la construction d'un environnement
institutionnel, légal et judiciaire prévisible.
Il n'est donc pas possible de dissocier la conquête de
la souveraineté politique de la souveraineté économique et
financière. Dès 1963, la défunte organisation de
l'Unité Africaine (OUA) a posé les bases de la création
d'une monnaie africaine unique sur un plan continental. L'article 44 du
Traité instituant la communauté économique africaine (AEC)
et l'article 19 de l'Acte constitutif de l'union monétaire africaine
adopté le 11 juillet 2000 à Lomé ont posé les bases
de la création de l'union monétaire africaine. Face aux
contraintes multiples, il apparaît clairement qu'il sera
nécessaire de passer par une période transitoire et
d'harmonisation des zones monétaires régionales avec des monnaies
sous-régionales avant d'envisager la création d'une monnaie
continentale et d'une banque centrale africaine.
2.3.4. Une banque centrale n'est pas une banque de
développement
La définition d'une
banque centrale s'impose du fait des interprétations de certains
dirigeants politiques africains. Il est encore souvent inconcevable pour ces
derniers de voir cette institution s'affranchir de leurs injonctions et
organiser son indépendance sur la base d'une orthodoxie
financière. Par ailleurs, il y a souvent pour les mêmes dirigeants
de concevoir qu'une banque centrale n'est pas nécessairement une banque
de « développement » mais d'abord une institution
d'organisation de la crédibilité de la monnaie. Elle ne peut, au
risque de se décrédibiliser, soutenir indéfiniment des
déficits budgétaires appelés par défaut de langage
un soutien au développement alors qu'il s'agit souvent de
conséquences de décisions erronées, reflétant
souvent une difficulté à prendre ses responsabilités
vis-à-vis des citoyens.
Une banque centrale est une banque dotée de
privilèges plus ou moins étendus pour émettre de la
monnaie en échange du financement de la dette publique. Pour ce faire,
elle a besoin de s'assurer du respect d'un certain nombre de règles de
prudence et de critères de convergence. Sans garde-fou, un tel
système dans le contexte africain peut conduire à financer
indéfiniment un pays dont la gouvernance est déficiente. Cela
peut avoir, entre autres, comme conséquences des dévaluations
successives et une inflation non maîtrisée. On parle alors d'Etat
défaillant, incapable d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses
principaux créditeurs y compris les opérateurs économiques
locaux, ce qui a pour conséquence de mettre en jeu la stabilité
financière et la sécurité collective.
La banque centrale, devenue avec l'évolution la
« banque des banques », a aussi pour fonction de refinancer
les banques secondaires. De ce fait, elle influence directement les
liquidités et la monnaie en circulation en fournissant de la monnaie
« centrale », sous la forme de création de la
monnaie.
La banque centrale fonde l'unité et la
pérennité du système de paiements. Elle est la garante de
la monnaie nationale et assure la confiance en elle. En veillant à la
stabilité de la valeur interne et externe de la monnaie : elle a un
rôle d'une part sur la politique monétaire et, d'autre part, sur
celle de change. En tant qu'institution qualifiée de
« prêteur en dernier ressort », la banque centrale
doit veiller à prévenir les crises et les défaillances en
cascades des banques tout en veillant à ce que celles-ci n'aient pas de
conséquences fâcheuses sur le système de paiements.
Ainsi, accepter de céder une parcelle du pouvoir
national à une structure sous-régionale ou continentale,
fusse-t-elle une banque centrale, a toujours posé un problème en
Afrique. En cela, c'est tout le problème de l'intégration
monétaire qui est posé en filigrane. Cette intégration
suppose que plusieurs économies aient entre elles une
mobilité totale des capitaux : cela peut prendre la forme
de monnaies liées entre elles par des taux de change fixes ou alors
prendre la forme d'une monnaie unique dans le cadre d'une union
monétaire. Les chefs d'Etats africains ont choisi la seconde approche
et, compte tenu des contraintes liées aux frontières dites
intangibles, ont sagement repoussé la date de création de cette
monnaie commune à l'an 2021.
2.3.5. Pas de monnaie commune sous-régianale sans
respect des critères de convergence
Le processus menant à cette intégration
monétaire risque d'être long et laborieux car elle suppose des
efforts titanesques tant sur le plan de l'harmonisation que de la
décentralisation des prérogatives des autorités nationales
vers des autorités sous-régionales et continentales. La
réalité est que l'on s'occupe plus de fixer des taux de change
que de s'assurer de la mobilité des capitaux qui sont les signes avant
coureurs annonçant l'émergence d'une monnaie unique dont la
crédibilité est garantie. Ainsi, il n'ya pas d'intégration
sans une stabilité des taux de change. Au niveau sous-régional ou
continental, cela signifie une perte plus ou moins grande d'autonomie de la
politique monétaire nationale quand elle existe. L'approche minimaliste
des chefs d'Etat africains sur la perte d'autonomie en général ne
présage pas d'une avancée radicale sur ce sujet malgré les
effets de manche associés aux déclarations volontaires
exprimées ici et là.
Ainsi les dirigeants décrétèrent d'abord
la monnaie commune et la création d'une banque centrale puis
tentèrent au cours du premier trimestre 2005 de réaliser
l'étude de faisabilité. Celle-ci devra définir les
modalités et les mécanismes pour la création de cette
monnaie et cette banque.
Les
étapes de la création d'une véritable union
monétaire, les différentes formes d'unions monétaires et
les mécanismes parallèles pour l'harmonisation monétaire
et la coopération financière au sein et entre les
communautés économiques régionales (CER), devraient
s'opérer en collaboration avec l'union africaine et l'association des
banques centrales africaines (ACBA).
Il est bien de tenir compte de l'expérience de la
banque centrale européenne. Il est question avec la monnaie commune
africaine de sortir définitivement de l'approche post coloniale pour
embrasser une nouvelle forme de partenariat intelligent avec les partenaires
intéressés à accompagner l'Afrique dans son
développement au service de sa population.
Les principaux critères de convergence, dont-il est
question, ici sont :
Un
niveau respectable des réserves ;
Une
discipline budgétaire ;
Une
réduction des financements inflationnistes non basés sur une
production réelle ;
Une
maîtrise des prix et un contrôle de l'inflation.
Au niveau des CER telles que la communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le marché
commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) par exemple, les
progrès vers une zone monétaire unique sont plus lents. Au niveau
continental, à part l'étude de faisabilité en cours, on en
est maintenant à l'élaboration d'une sorte de feuille de route
qui comprend trois étapes :
Une
période préparatoire ayant pour objectif d'atteindre une
réelle et effective convergence économique ; une
période de transition où compensation et changes entre les
monnaies ne devrait plus rencontrer d'obstacles ; l'adoption d'une
nouvelle unité de compte.
Compte tenu des lenteurs bien africaines et une planification
à l'emporte pièce, faut-il remettre en cause le bien-fondé
de la faisabilité d'une union monétaire africaine comme le
suggère des économistes occidentaux du fonds monétaire
international (FMI) ? 32(*). Bien sûr que non ! Le regroupement
économique prenant la forme d'interdépendances
institutionnalisées ne peut que renforcer les positions de
négociation sur des bases sous-régionales.
2.3.6. Promouvoir la compétitivité pour
améliorer la convergence monétaire
La solution ne peut être uniquement monétaire. Il
faut promouvoir le commerce intra-régional au sein des zones
monétaires en formation et ouvrir plus effectivement les
frontières dites intangibles pour favoriser la croissance
économique, et donner des chances à la
complémentarité et la diversification dans les secteurs
primaires, secondaires et tertiaires en Afrique.
D'après l'organisation mondiale du commerce, le
commerce intra-régional africain (exportations de marchandises) est en
légère progression passant de 9,8% en 1995 à 10,2% en
200333(*). Au niveau du
commerce au sein des blocs régionaux, les disparités et les
progressions sont asymétriques et tendent à révéler
plus le poids d'une locomotive économique sous-régionale sur les
autres membres, comme le témoigne indirectement le poids du Nigeria dans
la CEDEAO ou l'Afrique du Sud dans la Communauté de développement
économique de l'Afrique australe (SADC), voir tableau infra.
Tableau 2. 9 : Commerce intra-régional en
Afrique, 1970-2002, années
Choisies (exportations de marchandises en millions de $
US)
Blocs régionaux
|
11970
|
11980
|
91990
|
2000
|
2002
|
CEMAC
|
222
|
775
|
1139
|
102
|
131
|
CEPGL
|
3
|
22
|
77
|
10
|
12
|
COMESA
|
3392
|
6609
|
9910
|
1556
|
1801
|
CEEAC
|
1162
|
889
|
1163
|
196
|
236
|
CEDEAO
|
886
|
6692
|
11557
|
2.873
|
3009
|
COI
|
223
|
339
|
773
|
105
|
136
|
SADC
|
4483
|
6617
|
11630
|
4452
|
4268
|
UDEAC
|
222
|
775
|
1139
|
101
|
130
|
UEMOA
|
552
|
4480
|
6621
|
741
|
875
|
UMA
|
660
|
1109
|
4958
|
1104
|
1178
|
CEMAC : Communauté économique et
monétaire d'Afrique centrale ;
CEPGL : Communauté économique des pays de
Grands lacs ;
COMESA : Marché commun de l'Afrique orientale et
australe ;
CEEAC : Communauté économique des Etats
d'Afrique centrale ;
CEDEAO : Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'ouest ;
COI : Commission de l'Océan Indien ;
SADC : Communauté de développement des Etats
d'Afrique australe ;
UDEAC : Union douanière des Etats de l'Afrique
centrale ;
UEMOA : Union économique et monétaire ouest
africaine ;
UMA : Union du Maghreb arabe
Source : World Bank; world development indicators 2004,
p.318
|
S'il est vrai qu'une intégration réussie permet
de réduire les coûts de transaction au sein de la zone, il faut se
faire à l'idée qu'il va falloir accepter de ne plus utiliser la
monnaie nationale et la politique monétaire nationale comme un
instrument pour s'ajuster à des chocs économiques. En outre, il
faut rationaliser les doublons : un pays par zone monétaire.
La question de la monnaie commune africaine est trop
importante pour être laissée entre les mains des
monétaristes et des banquiers. Ils ne sont que la tête de
l'iceberg.
Ainsi, la monnaie commune sous-régionale est un atout
et doit servir d'effet de levier pour l'avènement de la monnaie commune
africaine en 2021 ou plus tôt. Elle permettra une mutualisation des
risques, une capacité de négociation collective et une
démultiplication des opportunités pour les Africains. Cette
option suppose qu'il y ait consensus sur la nécessité de
réaliser une croissance économique partagée au sein et
entre les sous-régions africaines. Il y va de la servitude ou de la
liberté de l'Afrique34(*).
CONCLUSION DU CHAPITRE
LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE AFRICAIN
Nous avons vu que la situation économique des pays
africains, telle qu'elle existait au moment des indépendances,
était lourde d'insuffisances et de contraintes. La colonisation n'avait
que très imparfaitement résolu le problème
économique sous sa double dimension de production et de consommation.
En ce qui concerne la production, beaucoup de ressources
matérielles et humaines étaient mal employées, voire
totalement inemployées : productivité peu
élevée et régions entières pratiquement
laissées en friche. Quant à la consommation, elle était
faible (revenus globaux limités) et déséquilibrée
(répartition très inégalitaire).
On pouvait légitimement espérer que la
modification dans la détention du pouvoir politique, comme
conséquence de l'accession à la souveraineté
internationale, entraîne un changement sensible dans les priorités
économiques, induise une diversification des activités de
production, réoriente l'économie vers la satisfaction prioritaire
des besoins nationaux et améliore la distribution des revenus au
bénéfice de plus pauvres.
Aujourd'hui, plus de cinquante ans après les
cérémonies d'indépendance, il faut constater que, dans
beaucoup de pays africains, il n'en a malheureusement rien été -
ou très peu. Au contraire pour plusieurs d'entre eux, comme nous avons
eu l'occasion de le voire, l'évolution a été
régressive : faiblesse des rythmes de croissance inférieure
à l'accroissement démographique, voire diminution absolue des
productions, renforcement de la concentration des activités sur quelques
produits traditionnels d'exportation et dans quelques régions
privilégiées, multiplication des rentes, accroissement des
inégalités de revenus.
Faut-il conclure que l'avenir est fermé ? Que
l'Afrique serait, comme on l'a écrit, un « continent à
la dérive »35(*). Certes, toutes les projections actuelles ouvrent sur
un avenir lourd de menaces. La commission économique pour l'Afrique
(CEA) a été jusqu'à écrire que l'image qui
émerge d'un scénario conforme à la tendance historique
« est presque un cauchemar »36(*).
Et pourtant, le développement n'est-il pas, dans son
essence même, rupture d'avec les situations et les évolutions
antérieures et construction d'une société nouvelle ?
Alors, ce que les hommes, dans d'autres régions du monde, ont pu faire,
il n'ya aucune raison qu'ils ne puissent aussi le réaliser en
Afrique.
La création d'un marché financier dans le cadre
de la SADC implique des incidences aux niveaux économiques, politiques
et financiers, niveaux qui encadrent et impulsent l'activité
économique, par delà tendent à stimuler la croissance et
le développement économique de la sous-région. Tel est
l'objet du prochain chapitre.
CHAPITRE TROISIEME
LES PERSPECTIVES SUR
L'INCIDENCE DE
L'INTEGRATION FINANCIERE REGIONALE (37(*))
3.0. INTRODUCTION
L'Afrique de la SADC, précédent chapitre, nous a
permis de brosser le cadre général de la naissance et du
développement de la SADC. Certes, la SADC est née dans ces
conditions : corruption, lourdeur administrative, tracasseries fiscales et
multiplicité d'impôts, dégradation des termes
d'échange pour la plupart des pays, décroissance
économique, paupérisation de la population,... Mais il faut
à la SADC, à côté de ses organisations soeurs,
relever les défis de la croissance et du développement.
Au regard du programme d'action de la SADC, on peut relever la
ZLE (Zone de libre échange), l'union monétaire pour des horizons
à moyen et long terme. Cette zone de libre échange implique,
à bien des égards, la libre circulation des personnes, des
capitaux et des marchandises. Cette circulation sous-entend une union
douanière basée sur des règles claires et simplificatrices
des procédures douanières. Nous empruntons cette voie certes en
démontrant que les efforts énormes sont fournis par la SADC sur
la question des politiques agricoles, économiques, douanières,
monétaires,... Des politiques et des objectifs doivent fournir des
instruments capables d'aider au développement des nations, étant
donné le principe de Tinbergen, selon lequel les décideurs
économiques doivent employer autant d'instruments que d'objectifs
(38(*)).
S'il est question dans le présent travail de militer
pour la création et la mise en place d'un marché financier
régional dans le cadre de la SADC, il est pour nous plus
impérieux d'éluder la question d'examen des différentes
politiques pouvant être prises dans le cadre de la SADC pour consolider
les bases de croissance économique et du développement
sous-régional ; car estimons-nous nécessaire qu'il faille
à ce marché financier qui devrait nécessairement
naître, que les conditions soient réunies pour favoriser sa
croissance et l'aider à jouer pleinement son rôle. Le cercle
vertueux de croissance voudrait que du dynamisme économique,
insufflé par un cadre macroéconomique favorable, le marché
financier facilite aux uns et autres l'accès aux capitaux et aux
placements. Telle est la tangente tracée autour de cette
circonférence de la « SADC ».
Section I. La mesure des incidences économiques
3.1.1. Les fondements de la coopération Internationale
Pour certains, l'idée de coordonner les politiques
économiques entre Etats n'est pas pertinente. Pour l'école
monétariste, une politique menée isolément par un pays
pourrait être compatible avec celles suivies par ses partenaires
dès lors que les taux de change peuvent librement flotter. La pertinence
de cette vision des choses repose sur les hypothèses fortes au premier
plan desquelles la flexibilité et des salaires permettant d'ajuster les
marchés intérieurs, l'absence de sur ajustement des changes et le
caractère stabilisant de la spéculation (39(*)). Deux éléments
importants justifient la coopération. Il s'agit des canaux de
transmission liés au commerce international (les exportations des uns
sont les importations des autres) et aux mouvements de capitaux. Ceux-ci
affectent la balance des paiements, et au-delà les taux de change et les
taux d'intérêts. Dans ces conditions, les performances
économiques d'un pays ne relèvent pas seulement de la politique
qu'il met en oeuvre.
On ne peut ignorer aujourd'hui, compte tenu du degré
d'ouverture qui caractérise les économies, et donc leur
interdépendance, le fait qu'une politique menée dans un pays
donné puisse entraîner des réactions de la part de ses
partenaires, la politique des uns ayant des incidences sur la situation des
autres. L'interdépendance des économies appelle à la
coordination de façon à limiter les conflits
susceptibles d'être engendrés par des politiques menées de
façon isolée. Le terme de coordination a un contenu plus fort que
celui de simple coopération, laquelle peut se limiter à de
simples échanges d'informations, à des consultations,... La
coordination peut en effet impliquer des modifications dans les politiques
suivies.
3.1.1.1. L'approche en termes de théories des
jeux : les diagrammes de HAMMADA, les notions d'équilibre de NASH
et de STACKELBERG, la courbe des contrats de PARETO
La théorie des jeux est l'étude de la prise de
décision par les acteurs agissant en interaction. Chaque joueur effectue
ses choix en fonction de ses anticipations concernant l'action de ses
partenaires : on dit qu'il s'agit des choix stratégiques.
Raisonnons sur deux pays, l'Afrique du Sud (SA) et la
République Démocratique du Congo (RDC), dans le cadre de la
SADC.
SA
expansion
GRAPHIQUE 3.1 : Analyse des choix
stratégiques des acteurs
A
A'' 1
A1
E''1
E
é 2
é1
E
e1
e2
récession
A'1
RDC
Récession
expansion
E' 1 E 1
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
On représente sur chaque axe, la nature de la politique
suivie par la SA et la RDC. La situation préférée par la
SA est représentée par le point A (la SA souhaite que la RDC
suive la politique E'1 et qu'elle adopte la politique
A1), de même la RDC souhaite mener la politique E1
avec la SA la politique A'1. Raisonnons sur le cas de la RDC, le
degré de satisfaction de cette dernière diminue à mesure
que l'on s'éloigne de E : les situations rencontrées sur la
courbe e e'1 (appelée courbe d'indifférence en ce sens
que la satisfaction est la même pour tous les points de cette courbe) est
moins favorable que celle représentée par E, les situations
rencontrées sur e2 e'2 sont-elles mêmes
moins favorables que sur e1e'1,...
Si les deux pays étaient totalement
indépendants, le choix de l'un n'aurait pas d'effet sur l'autre, la RDC
mènerait la politique E1, la SA la politique A1 (les courbes
d'indifférence seraient alors les droites E1E''1 et AA''1).
Dans la réalité, chaque pays doit tenir compte,
dans son réglage conjoncturel de la politique adoptée par
l'autre. Cela conduit à définir la notion de fonction
de réaction.
Raisonnons toujours sur les deux pays et considérons la
politique Sud-Africaine comme donnée. Il s'agit de trouver une courbe
d'indifférence compatible avec cette politique Sud-Africaine et qui soit
le plus proche possible de E (situation désirée). Si la SA adopte
la politique A2 (graphique infra), la RDC adoptera E3. De même si la RDC
adoptait politique E3, la SA choisirait A'3,...
GRAPHIQUE 3.2 : la fonction de
réaction : la droite des contrats de Pareto
R.R D C
du sud
R. R S A
Afrique
a'3
A'3
A2
A 3
a3
é 2
A'2
A
e'1
E
e1
e2
E3 E2
RDC
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
En joignant les deux points ainsi obtenus (combinaisons
A2E2,...), on, obtient la fonction de réaction de la RDC. La courbe
d'indifférence e2e'2 est tangente à A2A'2, elle est compatible
avec la politique suivie par l'Afrique du Sud, et c'est la plus proche possible
du point E.
Sur la courbe AE, les courbes d'indifférence (e1e'1,
a2a'2,...) sont tangentes. En se déplaçant le long de AE on ne
peut améliorer la situation de l'un des partenaires sans
détériorer celle de l'autre. La courbe AE est appelée
droite des contrats de Pareto.
Nous disposons à présent des instruments
d'analyse nécessaires pour mettre en évidence les gains de la
coopération (par comparaison à des situations non
comparatives).
3.1.1.2. L'équilibre de NASH ou équilibre non
coopératif
Dans ce cas de figure, un pays prend comme donnée la
politique menée par l'autre (il considère ne pas pouvoir
influencer son partenaire) et y adapte sa propre politique toujours de
façon à se rapprocher le plus possible de son propre objectif.
Si par exemple, la RDC poursuit la politique E1 (graphique
ci-après), la politique pertinente pour l'Afrique du Sud telle qu'elle
ressort de sa fonction de réaction sera A1. Si tel est effectivement le
cas, la RDC sera amenée à mettre en oeuvre la politique E2 qui
elle-même conduira la SA a ajusté leur politique (en A2) et ainsi
de suite,... on aboutira finalement à la combinaison des politiques (EN,
AN) c'est-à-dire au point N où se croisent les courbes
d'indifférence ean-e'an et aan-a'an sur lesquelles se situent
respectivement la RDC et la SA c'est cette situation qui caractérise
l'équilibre de Nash.
GRAPHIQUE 3.3 : l'équilibre de Nash ou
équilibre non coopératif
Afrique su sud
AN
A2
A1
R.D.C
R. SA
E1
E2 EN
R.D.C
A
N
E
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
3.1.1.3. L'équilibre de STACKELBERG
Dans ce cas de figure, l'un de deux
pays a un rôle de leader et sait que la politique qu'il choisit
influencera celle de son partenaire, dont il anticipe par ailleurs les
réactions. Supposons que la SA soit ce pays leader et choisisse la
politique AS.
GRAPHIQUE 3.4 : L'équilibre de
STACKELBERG
R. SA
R.D.C
N
Afrique du sud
a'
S
A
A'
AS
e'
E'
a'
e'
E
E1
R.D.C
Source : ARVISENET, Ph et PETIT, J.P., 1997
L'équilibre obtenu est alors situé au point S
défini comme l'équilibre de Stackelberg. La politique
menée par l'Afrique du Sud est la plus proche possible de A compte tenu
de la politique de la RDC (E1). On constate que la situation décrite par
le point S est préférable à celle correspondant au point
N, et cela aussi bien pour l'Afrique du Sud que pour la RDC.
3.1.1.4. La coopération
Toutefois, si, ni l'équilibre de Nash, ni
l'équilibre de Stackelberg ne sont aussi favorables que les points
situés entre A' et E', lesquels sont plus proches à la fois de A
et de E, la coopération pourrait théoriquement conduire la RDC et
l'Afrique du Sud à mettre en oeuvre des politiques situées sur
A'E', ce qui améliorerait leur situation respective.
3.1.1.5. Une présentation fondée par la
théorie des jeux
L'exemple chiffré présenté ici repose
toujours sur un univers à deux dimensions, l'Afrique du Sud et la RDC.
Dans chaque case, on donne le résultat des combinaisons de politiques
suivies, le premier (à gauche) est relatif à la RDC, le second
(à droite) à l'Afrique du Sud. Les données figurant dans
le tableau infra sont les indices de misère obtenus en additionnant taux
d'inflation et taux de chômage, l'objectif étant bien sûr de
les minimiser.
Tableau 3.1: Simulation des combinaisons des
politiques suivies
|
RDC
|
Politique 1
|
Politique 2
|
Afrique du Sud
|
Politique 3
|
10/10
|
14/6
|
Politique 4
|
6/14
|
7/7
|
Source : ARVISENET ET PETIT (1997), données
adaptées
· Lecture
Si l'Afrique du Sud suit la politique 3 et la RDC la politique
2, l'indice de misère Congolais est de 14, celui de l'Afrique du Sud est
de 6.
· Les cas possibles
Si l'Afrique du Sud choisit de suivre la politique 3, la RDC
va naturellement suivra la politique 1 qui minimise son indice de misère
(10 au lieu de 14 avec la politique 2). Si l'Afrique du Sud choisit la
politique 4, la RDC suivra toujours la politique 1 (6 au lieu de 7).
Si la RDC suit la politique 1, l'Afrique du Sud adoptera la
politique 3, il en sera de même si la RDC suit la politique 2.
On constate que dans tous les cas de figure, les politiques
retenues sont la politique 3 pour l'Afrique du Sud et la politique 1 pour la
RDC, cette combinaison conduit à des indices de misère de 10 pour
chaque pays.
Il est clair que lorsque chacun cherche isolément
à minimiser son indice de misère, la solution obtenue n'est pas
aussi favorable que celle qui aurait découlée d'une solution
coopérative (politique 4 pour l'Afrique du Sud et politique 2 pour la
RDC).
3.1.1.6. Les formes de coopération
Il existe plusieurs niveaux de coopération depuis le
simple échange d'informations jusqu'à l'adoption de règles
de conduite stricte et la centralisation des décisions en passant par la
consultation et la négociation.
a) L'échange d'informations
L'échange d'informations porte sur les situations
économiques, les politiques mises en oeuvre. Il s'opère dans
différents cadres de coopération. L'échange d'informations
est une bonne chose : mieux vaut définir une politique future sur
la base d'une bonne information : l'idée serait l'orientation
uniforme des politiques dans le cadre de la SADC pour tous les pays membres.
b) La consultation
A titre d'exemple la politique de taux suivi par les uns n'est
pas indépendante de celle adoptée par les autres (Cf.
l'équilibre de Nash).
c) L'ajustement mutuel des politiques
Il s'agit d'une véritable coordination, les intentions
propres des partenaires sont prises en compte dans la définition des
politiques. La politique de chacun est définie en tenant compte de ses
effets sur les voisins. La situation à laquelle on aboutit devrait alors
être favorable pour chacun (passage de l'équilibre de Nash vers
l'équilibre de Pareto). La « théorie de la
locomotive » en est une illustration. La relance chez A
améliore les comptes extérieurs de B, ses exportations sont
favorisées. La contrainte extérieure étant
relâchée chez B, ce dernier peut à son tour soutenir
l'activité, au total chacun s'en porte mieux et A n'a pas eu à
pâtir d'une dépréciation monétaire ou d'une
détérioration de ses termes de l'échange.
d) La théorie du convoi
Si A sait que les autres vont procéder à une
relance il peut lui-même faire un peu plus. Chaque politique
expansionniste décidée isolement serait moins forte que des
politiques décidées en commun, chaque pays est alors une
locomotive pour l'autre.
Les mesures justifiées à court terme rencontrent
des limites ; au-delà des simples questions de délai de mise
en oeuvre, il faut compter avec les biais inflationnistes (ou
déflationnistes), les problèmes de crédibilité,
les incertitudes sur l'effet des politiques suivies (sens et intensités
des mécanismes de transmission). En particulier, les politiques
mises en oeuvre ont aujourd'hui le souci de stimuler l'offre (éviter les
distorsions fiscales ou celles générées par des
dépenses ou des transferts accrus), de répondre aux chocs et
d'assurer la stabilité monétaire. A cet égard, on peut
considérer que la meilleure orientation qu'un pays puisse retenir est de
maintenir des politiques de stabilité et des politiques
prévisibles propres à favoriser le bon fonctionnement des
économies de marché.
Il faut mentionner aussi le fait que la coopération
peut donner l'opportunité à un pays d'échapper à
ses responsabilités : un gouvernement pourrait ne pas adopter une
politique adéquate dans l'espoir que les politiques suivies par ses
partenaires la rendront inutile. Il faut également considérer le
cas où des gouvernements pourraient n'être capables de
résoudre des conflits entre les objectifs qu'ils poursuivent
séparément, non par mauvaise volonté mais à cause
de contraintes électorales : si, par exemple, un pays
préfère les situations d'excédent commercial, la
coopération avec d'autres partenaires pour soutenir l'activité
n'est pas une mention qui va de soi.
3.1.2. Les fondements théoriques de
l'intégration économique
L'élimination des droits de douane dans le cadre de
marché commun, la réalisation du marché unique
caractérisée par la libéralisation des mouvements de
facteurs de production (capital, travail), la libre prestation de services et
l'abolition des barrières non tarifaires ont pour effet d'intensifier la
concurrence à l'intérieur d'un marché commun.
3.1.2.1. L'analyse économique de l'union
douanière : les effets de la construction d'une union
Au départ, la construction communautaire repose sur la
mise en place d'une union douanière accompagnée d'un ensemble de
politiques communes. En tant qu'union douanière, la communauté
s'inscrit dans le processus mondial de régionalisation des
échanges. Rappelons qu'une union douanière se différencie
d'une simple zone de libre échange, car elle comporte, au-delà du
simple démantèlement des barrières tarifaires internes, la
mise en oeuvre d'une politique commerciale commune.
Le plus commode est de raisonner sur un cas simple avec deux
pays : le pays domestique (I) et le pays partenaire (II), en supposant
l'instauration d'un tarif extérieur commun (t) vis-à-vis du reste
du monde.
GRAPHIQUE 3.5 : variation de l'offre et demande
par rapport au niveau du tarif douanier
Offre I
Offre I
0'
Offre mondiale
Prix
Prix mondiale
A
B
Importations
demande I
-t
QA
QB
O
Quantités
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
Au départ, le tarif t est appliqué par I
à tous, y compris son futur partenaire. Avant la constitution de
l'union, l'offre de I est 0A0'. Au-delà de QA, la demande est satisfaite
par les importations (ici QB-QA).
Une fois formée, les produits de II entrent chez I sans
douane et viennent concurrencer les produits de I. la nouvelle courbe d'offre
conjointe (de I et II) est OBC (graphique infra).
GRAPHIQUE 3.6 : Analyse de l'offre conjointe dans
le cadre d'une union douanière
Offre I
Offre de l'union
0'
A
C
B
-t
Offre mondiale
Prix mondial
Quantités
Source : ARVISENET, Ph et PETIT, J.P., 1997
Les conséquences de la formation de l'union
dépendent de plusieurs facteurs : compétitivité des
membres de l'union vis-à-vis du reste du monde, importance initiale des
tarifs douaniers et du tarif extérieur commun, élasticités
de l'offre et de la demande par rapport au prix.
B
P1
P'1
Q''1
Q1
Q'1
Offre I
0'
Offre conjointe
D
C
Demande I
GRAPHIQUE 3.7 : Analyse des facteurs de la
formation de l'union douanière
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
Dans le cas ci-dessus, le tarif extérieur est si
élevé au départ que I n'importe pas, la demande de I est
égale à l'offre domestique Q1. Avec la formation de l'union,
l'offre devient 0B0'.Les produits de II entrent chez I sous protection
tarifaire, la nouvelle courbe d'offre coupe la courbe de demande au point c,
l'offre de Q'1, le prix P'1. L'offre domestique est réduite de Q'1
à Q''1. On remarque une hausse de surplus des consommateurs et une
réduction de la rente des productions chez I. Dans ce cas de figure, des
flux commerciaux sont apparus (« trade creation ») suite
à la constitution de l'union.
Imaginons à présent une situation de
départ dans laquelle le pays I couvre une partie de sa demande par des
importations (les droits de douane étant moins élevés que
dans le cas précédent) pour un montant Q1-Q'1 (graphique
ci-dessous).
Offre I
Offre mondiale
demande I
Quantitééés
B
P 1
Prix mondial
Prix
C
GRAPHIQUE 3.8 : Analyse des
phénomènes de création et de détournement des flux
commerciaux
Q'1 Q1
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
Dans ce cas de figure, la partie de la demande auparavant
couverte par des importations provenant de l'ensemble du monde est à
présent satisfaite par les importations en provenance du pays partenaire
(II). Les flux commerciaux ont été détournés (trade
diversion), le commerce n'a pas été accru, l'augmentation des
débouchés pour II s'est faite au détriment du reste du
monde dont la productivité est pourtant plus élevée que
celle de II (l'offre hors taxes s'effectue à un prix
inférieur : Pm, prix mondial).
Tableau 3.2. : Exemple chiffré des
phénomènes de création et de détournement des flux
commerciaux au seuil de 60% &30%
a. Hypothèse d'un taux t=60%
CAS 1
|
Coût de production
|
Prix avant l'union
|
Prix après l'union
|
Domestique (I)
|
30F
|
30F
|
30F
|
Partenaire (II)
|
25F
|
40F
|
25F
|
Reste du monde
|
20F
|
32F
|
32F
|
Tableau 3.3 :
b. Hypothèse d'un taux t=30%
CAS 2
|
Coût de production
|
Prix avant l'union
|
Prix après l'union
|
Domestique (I)
|
30F
|
30F
|
30F
|
Partenaire (II)
|
25F
|
32,5F
|
25F
|
Reste du monde
|
20F
|
26F
|
26F
|
Source : ARVISENET ET PETIT (1997) ; données
adaptées
Dans le premier cas de figure, les producteurs les plus
efficaces de II fournissent le marché de I. Après constitution de
l'union, il y a création de flux commerciaux de II vers I. Rien n'est
modifié en ce qui concerne les débouchés pour les pays
tiers.
Dans les deuxième cas de figure, la création de
l'union permet aux producteurs du pays tiers qui au départ
étaient plus compétitifs après prélèvements
douaniers. On est là en présence d'un détournement de flux
commerciaux (trade diversion).
Dans la réalité, les deux
phénomènes de création et de détournement de flux
commerciaux coexistent. Si au départ, le tarif douanier (t) est
élevé et que les partenaires de l'union sont presque aussi
efficaces que ceux du reste du monde, on peut montrer qu'il y a toutes chances
que la constitution de l'union douanière débouche sur un gain net
(solde des variations du surplus des consommateurs, de la rente des producteurs
et les recettes douanières).
GRAPHIQUE 3.9 : Solde des variations du surplus
des consommateurs, de la rente des producteurs et les recettes
douanières
D
E
Offre
Prix union
Prix mondial
A
B
C
I
H
G
Quantités
Prix
Source : ARVISENET, Ph et PETIT, J.P., 1997
Le surplus des consommateurs augmente de AEGB/La rente des
producteurs diminue de ADCB. Les recettes fiscales baissent de DEIH. Il demeure
un solde positif DIC+EHG.
3.1.2.2. La libre circulation des personnes, des capitaux et
des services
S'agissant de la libre circulation des personnes, les
principaux progrès ont touché ici la liberté
professionnelle, c'est-à-dire la liberté d'établissement
pour chaque travailleur dans n'importe lequel des pays de la communauté.
Des acquis juridiques importants ont été obtenus au profit des
salariés (droit à l'assistance des autorités de l'Etat
d'accueil, droit aux mêmes conditions de travail et avantages
sociaux,...). Il reste que de nombreuses discriminations demeurent dans la
réalité.
Mais les principales difficultés peuvent concerner les
professions libérales dont la liberté d'établissement est
restée très théorique. Le principal obstacle à la
libre circulation est ici la reconnaissance mutuelle des diplômes.
Concernant la liberté de mouvement des capitaux, ce
principe devrait être affirmé par des directives pour certains
mouvements de capitaux (investissements directs, crédits commerciaux
à court terme, acquisitions de titres cités, transferts en
exécution de contrats d'assurance). Toutefois, relevons que la tendance
naturelle pour certains plans d'utiliser les « clauses de
sauvegarde» qui leur permettaient de surseoir temporairement à leur
application (en cas de difficulté de change ou de balances des
paiements).
3.1.2.3. La libre circulation des marchandises
L'Union douanière signifie donc deux points importants
pour les pays membres :
- Tout d'abord la suppression des restrictions quantitatives
(contingentements) et les droits de douane dans les échanges intra
communautaires ;
- Ensuite, l'Union douanière suppose également
la mise en place d'un tarif douanier commun (ou tarif extérieur)
applicable sur les importations en provenance des pays tiers. Ces importations
sont dédouanées une seule fois à l'entrée dans la
communauté, quel que soit le pays membre.
3.1.2.4. La fiscalité des sociétés
Dans une zone de marché libre, on peut imaginer que des
différences importantes de base d'imposition et de taux ne puissent
subsister durablement. La concurrence inhérente au maintien de cette
situation conduit les agents à prendre des décisions plus
motivées par la fiscalité que par les données
fondamentales de l'économie, entraînant de ce fait des distorsions
dans l'allocation des facteurs de production (découragement de certains
investissements, érosion de l'assiette de l'impôt,...). Par de
là le principe de subsidiarité, ce contexte devrait sans doute
conduire à des nouvelles propositions d'harmonisation (base imposable
minimale, harmonisation des principaux paramètres de fixation de
l'assiette,...).
Il en va de même pour la fiscalité de
l'épargne, dont certaines valeurs mobilières (obligations,...)
sont exonérées dans certains pays et pas dans les autres. De
même, on peut relever le problème de la fiscalité indirecte
(TVA,...). Il s'agit dans ce domaine d'une harmonisation des textes pour la
communauté ainsi que le rapprochement et l'uniformisation des
systèmes comptables.
3.1.2.5. Actionnaires et décideurs dans la grande
Entreprise
Dans la grande entreprise, aujourd'hui, les décisions
de gestion courante ne relèvent plus généralement des
actionnaires. Ce sont les « managers » qui décident
du volume de production et du niveau des prix, ce sont eux aussi qui
déterminent la politique d'investissement de la firme.
Ainsi, peut-on faire l'hypothèse que, dans certaines
circonstances tout au moins, l'entreprise cherche à maximiser ses ventes
tout en dégageant un profit suffisant pour rémunérer
convenablement les actionnaires et pour satisfaire les besoins de la politique
d'auto-financement des investissements (40(*)).
Maximiser q sous la contrainte que ð?ðO
Où ðO est le profit minimum que la firme
doit réaliser.
Le profit de la firme augmente tant que la recette marginale
est supérieure au coût marginal ; il atteint son maximum au
moment où la recette marginale est égale au coût marginal,
et diminue ensuite. Il est nul lorsque la recette moyenne est égale au
coût moyen.
GRAPHIQUE 3.10 : Actionnaires et décideurs
dans la grande Entreprise
Cm
P
P*
Po
Cm
P
P*
Po
Cm
Cm
Rm
RM
Rm
QM
QM
Q0
Q*
Q0
Q*
ð
ð
ð0
ð0
Q*
Qo
Q
Q.M
Q
Source : JURIO, B., Economie politique, 1996
Si l'objectif de la firme est de maximiser son profit, elle
produit une quantité Q* qu'elle écoule sur le marché au
prix P*. Si elle veille à maximiser ses ventes en satisfaisant sa
contrainte de profit minimum, elle augmente son volume de production
(QO au lieu de Q*) en diminuant son prix (PO au lieu de
P*).
On pourrait également associer aux dirigeants de
l'entreprise une fonction d'utilité dont les deux arguments seraient le
profit de la firme et le niveau de ses ventes :
Avec
L'objectif de ces décideurs serait d'examiner leur
niveau de satisfaction compte tenu de la relation établie plus haut
entre le volume de production de firme et de son niveau de profit (à
chaque niveau d'utilité possible des « managers »,
on va associer « une courbe d'indifférence»,
décroissante et tournant sa convexité vers l'origine,
représentant l'ensemble des combinaisons de ð et de Q assurant ce
niveau d'utilité).
GRAPHIQUE 3.11 : Niveau d'utilité possible
des managers et courbes d'indifférence
Source : JURIO, B., Economie politique, 1996
E
U4
U3
U2
U1
O
ð
ð1
0
Q*
Q1 Q
En augmentant leurs ventes au delà de Q*, les
dirigeants de l'entreprise étudiée voient augmenter leur niveau
de satisfaction : le gain d'utilité résultant des ventes
plus élevées est plus important que la perte d'utilité
provenant d'une diminution du profit de la firme.
C'est pour un volume des ventes de Q1, et un profit
égal àð1 que ces « managers »
maximisent leur niveau de satisfaction. Ici, aussi, la firme produit plus que
dans l'hypothèse où on lui assigne l'objectif de profit
maximum.
3.1.2.6. L'ouverture des marchés publics
C'est un autre élément-clef de création
du marché unique dans le cadre de la SADC. Les gouvernements
contractaient traditionnellement avec des fournisseurs de leur propre pays pour
les fournitures et les travaux. Un grand marché intérieur ne
serait pas compatible avec le fonctionnement des marchés publics
reposant sur de tels comportements qui engendrent des coûts
considérables, surtout financiers pour les administrations (donc pour le
contribuable), maintien d'entreprises locales plus compétitives,
pratiques d'entente illicites,...
Concrètement, l'ouverture des marchés publics
passe notamment par la transparence des procédures d'adjudication, cela
vise plus précisément la publicité des appels d'offre dans
l'union.
Section II. La mesure des incidences financières
3.2.1. L'intégration financière : le
marché unique de la Banque, de la finance et de l'assurance
3.2.1.1. Les principes généraux
Les entraves aux mouvements de capitaux doivent être
levées, mais progressivement et seulement « dans la
mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché
commun».
L'intégration financière pourra être
relancée par la conjonction de plusieurs
phénomènes :
- L'abolition progressive des contrôles de
changes ;
- La déréglementation
financière ;
- La globalisation des marchés financiers (à
l'échelle mondiale) ;
- Le développement des grandes places
financières de la SADC.
Le processus recouvre en réalité trois concepts
distincts mais complémentaires.
· La liberté
d'établissement (pour les organismes financiers) : il
nécessite donc une harmonisation minimale en matière
d'implantation pour recevoir une pleine application (principe d'un
agrément unique) ;
· La liberté des mouvements de
capitaux : cela recouvre la possibilité pour les agents
économiques, non seulement de composer leur patrimoine comme ils le
souhaitent (mais aussi de le détenir là où ils
l'entendent, cela constitue une condition indispensable à la
réalisation de la libération des prestations de services
financiers. Il s'agit des mouvements de certains capitaux comme :
investissements directs, crédits commerciaux à court terme,
acquisitions des sites côtés, transferts en exécution de
contrats d'assurance).
· La liberté de prestation des services
financiers : cela recouvre en fait la liberté pour un
agent économique financier établi dans un pays membre de pourvoir
librement exercer son activité (vente de produits ou services
financiers) dans un autre pays membre sans y disposer d'une installation
permanente et en étant toujours soumis à la réglementation
de son pays d'origine.
Ce principe peut être insufflé par la libre
circulation des valeurs mobilières ainsi que par une directive sur la
libre admission des parts d'organisme de placement collectif (OPC)
c'est-à-dire respectant une harmonisation communautaire
préalable.
Une cour de la communauté d'Afrique Australe, statuant
en matière de prestations financières, fixera la doctrine autour
de deux axes :
- La libre prestation est la règle, sa limitation ne
peut être que l'exception ;
- Des exigences portant sur l'établissement stable ou
sur des clauses d'agrément peuvent être toutefois
édictées par un Etat d'accueil à une double
condition :
· Des règles doivent répondre à des
raisons impérieuses liées à l'intérêt
général et notamment à la protection des consommateurs,
· Les objectifs que l'on cherche à atteindre ne
peuvent être réalisés autrement, ni par les
autorités du pays d'origine, ni par l'application de règles moins
contraignantes édictées par l'Etat d'accueil.
Ajoutons toutefois deux points essentiels s'agissant de la
portée de l'intégration financière de la SADC ;
ü Premier point : l'intégration n'implique
que pas ici obligatoirement une harmonisation réglementaire
préalable des pays membres de la SADC.
Dès lors, c'est le principe de la reconnaissance
mutuelle qui domine aussi les transactions financières entre les
différents pays, cela n'est pas sans conséquences
économiques directes. A partir du moment où un produit ou service
est conforme à la réglementation du pays d'origine, il doit
pouvoir circuler dans les autres pays membres. De façon similaire, la
surveillance des intermédiaires financiers est confiée aux
autorités du pays où est situé le siège de
l'institution concernée. Le principe de reconnaissance mutuelle
s'accompagne cependant d'un minimum d'harmonisation pour les règles
essentielles touchant la sécurité et la solidité des
institutions financières ;
ü Deuxième point : l'intégration
financière de la SADC contribue également à
l'intégration financière mondiale. En effet, il ne peut y avoir,
à l'instar des échanges de marchandises, de tarif
extérieur commun. La libération des mouvements de capitaux se
fera donc « erga omnes », autrement-dit aussi bien entre
les Etats membres que vis-à-vis des pays tiers. Cela imposera sans doute
à la communauté de plus grandes exigences en matière de
réciprocité de la part de ces derniers.
Il convient maintenant d'examiner par type d'industrie
(banques, assurances, services d'investissement) le contenu de la SADC
financière.
3.2.2. LA SADC des Banques
Le cadre réglementaire dans lequel s'exerce
l'activité des établissements de crédit devrait être
défini par un arsenal de directives. Il comportera une harmonisation des
lois et des pratiques réglementant l'accès à
l'activité bancaire et visera à assurer une meilleure
sécurité du système bancaire de la SADC par un
renforcement du contrôle prudentiel.
3.2.2.1. L'harmonisation des activités
Les principaux éléments d'une directive bancaire
dans le champ de l'activité bancaire sont les suivants :
- Réglementation harmonisée relative à
l'accès à l'activité bancaire, aux fonds propres (pour
prévenir les risques de défaut et de marché), à la
prévention de l'octroi de prêts « excessifs »
à chaque emprunteur, à la forme et au contenu des comptes
annuels et consolidés ;
- Interdiction de tout traitement discriminatoire entre
établissements communautaires et nationaux ;
- Implantation de filiales d'établissements de
crédits ayant leur siège hors de SADC, soumise à
l'approbation du pays d'accueil concerné (avec ou une possibilité
de suspendre l'autorisation en cas de non-réciprocité).
L'agrément n'est pas consenti qu'à certaines
conditions sur la définition du champ des activités bancaires et
de la précision des modalités concernant le droit d'accès
et d'exercice des activités bancaires.
- Contrôle de l'actionnariat
(« responsabilité » et connaissance de
l'identité des actionnaires) détenant une participation
qualifiée (à 10% du capital social, modification significative de
l'actionnariat soumis à l'autorisation des autorités
compétentes) ;
- Exigence d'un capital minimum fixé à 5
millions de dollars américains (1 million pour certaines
catégories d'établissements de crédit, notamment les
coopératives et les sociétés de crédit de
logement), ce plafond pouvant être relevé à
discrétion par les autorités du pays d'accueil. Ce capital
minimum doit être maintenu (les fonds propres, déduction faite des
pertes accumulées et des non-valeurs, doivent rester supérieurs
à 5 millions USD $) ;
- Présence d'au moins deux dirigeants responsables dont
l' « honorabilité» et l'expérience sont
reconnues ;
- Présentation d'un programme d'activités dans
lequel sont notamment indiqués le type d'opérations
envisagées et la structure de l'établissement ;
- Reconnaissance mutuelle des agréments avec la
consécration du « passe port SADC unique ».
L'établissement de crédit peut exercer des activités dans
toute la SADC au moyen de succursales ou par libres prestations de services
dans la mesure où ces activités sont autorisées par
l'agrément reçu dans le pays d'origine. Ce principe favorise les
établissements des pays dont la législation autorise une gamme
d'activités large. L'implantation de filiales requiert l'agrément
du pays d'accueil, la personnalité juridique d'une filiale étant
distincte de celle de la maison mère.
3.2.2.2. La réglementation prudentielle
Il s'agit d'assurer la stabilité du système
financier et une sécurité accrue pour les déposants et les
investisseurs.
Le contrôle prudentiel des établissements de
crédit relève, pour les questions de solvabilité globale,
des seules autorités compétentes du pays d'origine (celles qui
ont accordé l'agrément). Il appartient aux autorités
du pays d'accueil de surveiller la liquidité des établissements
de crédit installés sur leur territoire (établissements
nationaux et succursales d'établissements étrangers).
Le système de contrôle interne de
l'établissement (contrôle administratif et de vérification
des comptes) devrait être soumis à une surveillance accrue.
Il s'agit ensuite de renforcer la surveillance des
établissements appartenant à un groupe, notamment en
étendant le champ de surveillance aux groupes bancaires dont
l'entreprise mère n'est pas un établissement de
crédit.
La libéralisation
financière devrait notamment aboutir à une meilleure allocation
des ressources et permettre une diversification des actifs qu'une baisse du
coût d'intermédiation des économies d'échelle et de
gamme pour les établissements bancaires. Le cadre réglementaire
harmonisé devra viser à améliorer la
sécurité générale du secteur bancaire tout en
égalisant les conditions de traitement entre les acteurs.
Une approche similaire devra être suivie dans le domaine
des services d'investissement. Examinons à présent la question
des politiques macroéconomiques nationales dans le cadre de l'union
économique et monétaire dans le cadre des objectifs lointains de
la SADC.
3.2.2.3. Les politiques macroéconomiques dans le cadre
de l'union économique et monétaire
Aujourd'hui, l'environnement des politiques économiques
se modifie : la marche vers l'union économique et monétaire
(UEM) selon les objectifs de la SADC, réduit notoirement le champ des
possibles ; à la limite, l'interdépendance accrue des pays
ne conduit-elle pas à parler de la fin des politiques nationales de
régulation ?
L'UEM devrait favoriser les échanges
intra-communautaires par la suppression des coûts de transaction de
change et des coûts d'incertitude liés aux risques cambiaires. Le
risque ne devrait plus affecter les calculs de rentabilité des
entreprises. Les divers éléments associés à de
faibles taux d'intérêt et d'inflation devraient favoriser
l'investissement et l'expansion économique.
Au plan global, une plus grande stabilité
macroéconomique est attendue de l'aboutissement du processus de
l'UEM.
Tableau 3.4. : Les phases de la mise en place de
l'UEM
PHASE 1
|
- Libéralisation des mouvements de capitaux
- Libre circulation des biens et services (avec exceptions) et
théoriquement des personnes
- Renforcement de la concurrence et de la coordination des
politiques économiques notamment en matière d'inflation.
|
PHASE 2
|
- Innovation maitresse : création d'un institut
monétaire de la SADC ayant pour mission :
- Le renforcement de la coordination des politiques
monétaires nationales,
- Le contrôle du fonctionnement du système
monétaire
- La promotion du développement de l'ACU (Africain
currency Unit)
- Renforcement de la convergence économique.
|
Phase 3
Phase finale de l'UEM
|
- Mise en place du système SADC de banques centrales
dont l'objectif principal est le maintien de la stabilité des prix. Le
système devra être composé de la banque centrale de la
SADC et des banques nationales.
- deux étapes sont à distinguer dans cette
phase 3 :
- 1 .Permanence des monnaies nationales avec fixation
irrévocable des parités
- 2. adoption d'une monnaie unique
- Le passage à la phase 3 suppose une convergence
économique nominale des Etats membres : 4 critères :
- Déficit budgétaire inférieur à
seuil minimum fixé
- Dette publique inférieure à 60 % du PIB
- Taux d'inflation fixé à un seuil minimum
- Taux d'intérêt à long terme
fixé à son seuil minimum
|
Source : Jalladeau , J., Introduction à la
macroéconomie, p.297
Si l'UEM constitue un élément
intégrateur, il n'en résulte pas autant que les conjonctures
des pays de la SADC soient totalement synchrones et que disparaisse
radicalement toute possibilité de chocs macroéconomiques
spécifiquement nationaux.
Dans une optique moins optimiste, les politiques
budgétaires survivront au processus d'intégration.
3.2.3. La SADC des assurances et des services
d'investissement
Dans le domaine des assurances et des services
d'investissement, une démarche similaire à celle suivie pour les
banques devra être adoptée. La mise en application des principes
directeurs, avec notamment la consécration d'un «
passeport SADC » devra être effectuée dans les
secteurs des assurances et dans le domaine des services d'investissement.
3.2.3.1. Les assurances
Les compagnies d'assurance communautaire devront
opérer librement dans la SADC à partir du seul agrément
unique délivré par leur pays d'origine, par
établissement de succursales ou par fourniture de prestations de
service.
Des directives prises dans ce sens devront permettre de
décloisonner les marchés de l'assurance dans la SADC. Toutefois,
la construction d'un véritable marché unique dans ce secteur
butera encore sur deux obstacles non des moindres : l'absence
d'harmonisation concernant la fiscalité indirecte appliquée aux
produits d'assurance, laquelle entraine des distorsions significatives ;
la question du droit du contrat ,qui ne permet pas des conditions
d'exercice similaires.
3.2.3.2. Les services d'investissement
Dans ce sens, une Directive sur les services
d'investissement ( DSI) devra prévoir la création d'un
marché unifié des transactions boursières41(*). Elle permettra à tout
intermédiaire financier de la communauté d'Afrique australe,
« entreprise d'investissement » d'opérer
librement dans la SADC après avoir obtenu un «
passeport SADC », au travers d'implantations de succursales et de
prestations de service à partir du pays d'origine.
La directive sur les services d'investissement
précisera les métiers concernés, spécifiera un
processus d'agrément, un contrôle prudentiel et
déontologique, demandera aux Etats membres de définir les
marchés règlementés par opposition aux marchés
de gré à gré.
La notion essentielle qui fonde la directive est celle
d' « entreprise d'investissement ». Elle se
définit comme toute personne morale qui exerce habituellement une
profession ou une activité consistant à fournir un service
d'investissement à titre professionnel. Quatre principaux
métiers sont concernés : la réception et la
transmission d'ordres pour le compte de tiers, la négociation pour
compte propre, la gestion du portefeuille d'investissement, la prise ferme et
le placement de valeurs mobilières. Des « services
auxiliaires » sont également cités comme la
conservation ou la location des coffres.
En revanche, le métier de la compensation est exclu
du champ de la Directive sur les services d'investissement. Les Banque centrale
, les entreprises d'assurances , les entreprises qui fournissent un service
d'investissement au sein d'un groupe, les organismes de placement
collectif, les personnes qui fournissent un service d'investissement de
manière accessoire , les intermédiaires en matières
premières sont exclus de ce champ.
La directive établira par ailleurs la liste des
instruments financiers qui entrent dans le champ des services
d'investissement : les valeurs mobilières (actions , obligations) ,
les parts d'organismes de placement collectifs , les titres du marché
monétaire , les contrats à terme ( futures ) les contrats
à terme sur taux d'intérêt, les swaps de taux et de
devises, les equity swaps, les options.
La Directive ne limitera pas son champ d'application aux
marchés organisés. Chaque Etat membre devra définir les
« marchés réglementés », eu
égard à quelques grands critères : fonctionnement
régulier du marché, existence d'une règlementation,
respect de la transparence (pour le prix notamment) les instruments
financiers, les prestations de services d'investissement et les entreprises
d'investissement.
La mise en place du comité des Etablissements de
crédit et des Entreprises d'investissement (CECEI) permettra
d'agréer les entreprises d'investissement. Le conseil de marchés
Financiers ( CMF) saisit le CECEI après approbation du programme
d'activité des requérants ( champ d'activités
prévu, moyens mis en oeuvres). Il est responsable de la
définition des règles de bonne conduite des prestataires des
règles des chambres de compensation, des conditions d'exercice des
activités , des principes d'organisation et de fonctionnement des
marchés réglementés, des règles concernant les
offres publiques , les mesures disciplinaires.....
Section III. La mesure des incidences politiques
3.3.1. Les politiques communautaires
L'intégration économique suppose la mise en
oeuvre de politiques communes ; celles-ci devraient porter sur un
champ sans cesse plus vaste. on mettre d'abord l'accent sur les principales
d'entre elles, soit du fait de leur importance au plan budgétaire (
politique agricole commune) , soit du fait de leur place dans le dispositif
visant à assurer le bon fonctionnement du marché (politique
de la concurrence ). On consacrera quelques développements aux
politiques des transports, de l'énergie , et aux politiques
régionales et sociales dont le rôle sera accru avec
l'élargissement de la SADC et avec la mise en oeuvre du
marché unique, sans oublier bien sûr les questions
budgétaires. On laissera de coté les politiques à peine
émergentes (environnement) ou dont l'ampleur est restée
marginale (éducation par exemple).
3.3.1.1. La politique agricole commune(PAC)
La politique agricole commune est parmi les politiques qui
suscitent de plus vifs débats. Il est difficile d'imaginer un
marché commun sur la base d'accords bilatéraux ; la
formation d'un prix intérieur commun s'impose.
L'objectif affiché ici est d'assurer un niveau de
vie convenable aux ruraux, de stabiliser les marchés, de stimuler
l'offre et la productivité, ceci tout en assurant un prix
raisonnable aux consommateurs.
1. Les mécanismes de base et la logique du
système
Le plus commode pour bien appréhender la logique du
système est de recourir à une analyse graphique.
GRAPHIQUE 3.12 : Mécanisme de soutien des
prix internes et des subventions à l'exportation
D O
A
C D F
O Q1
Q'1 Q'2 Q2 Quantités
Prix
Ps
t
Pm
B
E
Source : ARVISENET ET PETIT (1997)
Soit Pm le prix mondial, considéré comme
exogène ( l'offre et la demande communautaire ne l'affectent
pas) . En l'absence de tout mécanisme de soutien des prix
internes et de toutes subventions à l'exportation, seules les
exploitations les plus efficaces sont compétitives. Leur offre est de
Q1 .Au prix Pm, la demande est de Q2, elle est satisfaite à hauteur
de Q2-Q1 par les importations.
Supposons que l'on définisse un prix de soutien Ps.
Celui-ci a pour effet, grâce à des prélèvements
(t), de relever les prix à l'importation à Ps = Pm + t.
Dans ces conditions, l'offre communautaire est de Q'1 et la demande de Q'2,
le recours aux importations est limité à Q'2 - Q'1.
Dans ce cas de figure, les consommateurs ont limité
leur demande (légèrement car la demande pour les biens
alimentaire est rigide). La rente des producteurs ( écart entre
leurs recettes et leur coût ) augmente de PSA C Pm, des recettes
fiscales ( prélèvements à l'importation ) apparaissent
pour un montant AEDC.
Si l'on abandonne l'approche statique pour envisager les
phénomènes dans la durée, il faut considérer que
le soutien des prix va permettre d'investir ; ce qui va stimuler les
gains de productivité et accroître l'offre (à prix
donné, la production sera plus élevée). Cela se traduit
graphiquement par un glissement de la courbe d'offre vers la droite. (cf.
Graphique infra). un excèdent va en résulter (Q3-Q'2). Face
à une telle solution la stabilité des prix suppose soit le
stockage de l'excèdent par les autorités ( la courbe de demande
passe de DD à D'D'), soit un écoulement sur le
marché mondial, ce qui implique l'achat de la production au prix Ps
et sa revente au prix Pm, ce qui revient à subventionner les ventes
sur le marché mondial, c'est à cette procédure que
correspondent les « restitutions à
l'exportation ».
Avec le stockage, tout excèdent apparaissant est
absorbé ; la demande est parfaitement élastique.
Combinés à un soutien des prix internes qui
stimule la production , les restitutions à l'exportation, qui
conduisent à accroitre l'offre mondiale, peuvent avoir pour effet
de déprimer le prix mondial pm, dans ce cas le coût initial
des restitutions ( ABEF) est accru ( de EFCD) .
O
O'
P
PS
Pm
FIGURE 3.13: Accroissement des gains de
productivité et de l'offre grâce au soutien des prix
internes
D
D'
D
D'
O
Q'2
O'
Q
Q3
Source :Jalladeau , J., Introduction à la
macroéconomie,1995
FIGURE 3.14: les restitutions à l'exportation,
l'accroissement de l'offre mondiale et la dépression du prix
mondial
Q
D
O
B
A
E
C
O
D
Pm
Pm'
P
Ps
Q d
Q o
F
D
Source :Jalladeau , J., Introduction à la
macroéconomie,1995
La mise en place de ce système se traduit par un
relèvement conséquent des prix agricoles de la SADC par rapport
aux cours mondiaux, phénomène qui devra naturellement
s'accompagner d'une forte hausse des productions , l'autosuffisance devenant
ainsi quasi générale.
Le fonctionnement de ce système pourrait connaitre
des problèmes de financement, car le coût en subvention de
l'écoulement des excédents est d'autant plus
élevé que les prix mondiaux seront orientés à la
baisse, situation susceptible de dégénérer en conflit
avec les pays tiers.
3.3.2. Les autres politiques sectorielles
3.3.2.1. La politique des transports
Les transports ont un rôle central dans le
développement des flux commerciaux entre pays. Leur plus grande
efficacité contribue à modérer les prix des marchandises
et a donc un effet comparable à celui d'un allègement des
tarifs douaniers ou d'autres entraves au libre échange. Il est donc
logique que la SADC ait le souci de développer une politique commune
dans ce domaine, sa mise en oeuvre devra se heurter à beaucoup
d'obstacles. Les transports sont en effet un secteur dans lequel le poids des
interventions des Etats est important. Les risques de distorsions de
concurrence liés à des soutiens publics ne sont pas
négligeables.
3.3.2.2. La politique de l'énergie
Au départ, la mise en oeuvre d'une politique de
l'énergie vise deux objectifs essentiels. Il s'agit d'abord
d'éviter que des politiques menées de façon
isolée, qu'elles consistent à protéger des sources
nationales ( par exemple faire survivre certains producteurs ) au moyen de
barrières à l'importation ou de subventions, ne viennent
générer des distorsions de concurrence. Ainsi, une baisse des
prix de l'énergie rendue possible par une subvention, en
allégeant le coût des consommations intermédiaires,
renforcerait artificiellement la compétitivité des entreprises
fortement utilisatrices d'énergie.
Une deuxième préoccupation tient à la
dépendance croissante des pays vis-à-vis de l'énergie des
pays tiers. Des pays plus prudents que d'autres, constituant des stocks de
sécurité et en limitant la consommation nationale
d'énergie se trouverait, dans l'éventualité d'une crise
d'approvisionnement, dans une meilleure position concurrentielle que leurs
partenaires. Eviter l'apparition de telles situations au moyen d'une
politique commune revient à reconnaitre l'idée selon laquelle
les pays de la SADC sont tous « embarqués dans les même
bateau ».
3.3.2.3. La coopération technologique et la politique
de recherche communautaire
Cette coopération devra se traduire par la mise
oeuvre de plusieurs programmes de recherche sectoriels (énergie,
environnement, matières premières). Ainsi la coopération
pourra s'intensifier dans les autres domaines.
En fait, une stratégie communautaire de la recherche a
plusieurs fondements :
v Eviter la fragmentation des efforts de recherche qui conduit
à des redondances donc des surcoûts. Une politique de recherche
communautaire présente d'indéniables avantages (économies
d'échelle, effet de marché, gain de temps prise de risque
plus forte.....) ;
v Pallier la taille réduite des équipes et la
mauvaise communication entre les laboratoires qui se feraient le plus
souvent concurrence qu'ils ne coopèrent ;
v Remédier aux lacunes de développement
industriel des produits ;
v Enfin, réduire les difficultés liées
à la normalisation et à la propriété
intellectuelle et industrielle (dépôt de brevet)
Un programme de recherche communautaire et de
coopération technologique devra s'orienter autour des axes
suivants :
v Technologie de l'information et des
communications ;
v Technologies industrielles et des matériaux ;
v Environnement ;
v Sciences et technologies du vivant ;
v Energie
v Transports ;
v Recherche socio-économique ;
v Coopération internationale ;
v Diffusion et valorisation ;
v Formation et mobilité des chercheurs ;
3.3.4. Les politiques «
horizontales »
3.3.4.1. La politique de la concurrence
Le marché unique devrait exposer les entreprises de la
SADC à des pressions concurrentielles accrues, ceci au
bénéfice des consommateurs, Il est donc nécessaire
d'éviter qu'elles puissent s'organiser avec, les cas
échéant, l'aide des gouvernements pour se soustraire à
l'intensification de la concurrence.
a. Les pratiques restrictives
Dans ce domaine, seront prohibés les accords entre
entreprises susceptibles d'affecter le commerce entre pays membres et de
réduire la concurrence L'Objectif, au demeurant, est d'empêcher
les accords visant à partager les marchés (Quotas par
producteurs , discrimination au niveau de la distribution ) et les accords
de prix.
b. L'abus de position dominante, cartels
C'est l'abus de la position dominante qui soulève ici
problème.
c. Les fusions
Il s'agit d'éviter les distorsions de concurrence.
Il faut s'assurer que les gains attendus du processus d'intégration
économique ne soient pas érodés du fait de fusion
à caractère défensif visant à simplement
accroître les parts de marché pour limiter la concurrence.
d. Les aides publiques
La distribution des aides publiques peut
être à l'origine de distorsions de concurrence.
3.3.4.2. La politique sociale
La charte sociale (charte des droits sociaux fondamentaux du
travailleur) constituera ce qu'on appelle « espace social
SADC ». Elle a le désavantage de n'être pas
légale et donc moins contraignante pour les pays membres. Elle a
cependant le mérite de rappeler un certain nombre de droits
fondamentaux relatifs à la liberté syndicale, à une
rémunération correcte , aux conditions de travail , à
la protection sociale , au droit d'association et aux négociations
collectives , à la formation professionnelle et continue , au
traitement égal entre les sexes, à l'information, à la
consultation et à la participation , à la protection des
enfants, adolescents, handicapés.
3.3.5. Vers une politique régionale et
structurelle
L'action des fonds structurels s'appuie sur quatre principes,
explicités ci-après, complémentaires et
indissociables.
a) Le premier principe est la concentration des interventions
désormais sur six objectifs prioritaires.
- Objectif n° 1 : favoriser le développement
et l'ajustement structurel des régions en retard de
développement (celle dont le PIB par habitant est inferieur à
75 % de la moyenne communautaire.
- Objectif n° 2 : aider à la reconversion
des régions ou de parties de régions (y compris les bassins
d'emploi et les communautés urbaines) gravement affectées par
le déclin industriel ;
- Objectif n° 3 : lutter contre le chômage de
longue durée, favoriser l'insertion professionnelle des jeunes (de
moins de 25 ans) et l'intégration des personnes exposées à
l'exclusion du marché du travail ;
- Objectif n° 4 : faciliter l'adaptation des
travailleurs aux mutations industrielles et à l'évolution des
systèmes de production ;
- Objectif n° 5a : accélérer
l'adaptation des structures de production, de transformation et de
commercialisation dans l'agriculture et la sylviculture et aider à la
modernisation et à la restructuration de la pêche et de
l'agriculture ;
- Objectifs n° 5b : favoriser le
développement des zones rurales,
- Objectifs n° 6 : intervenir en faveur des
régions à faible niveau de vie
3.3.5. Les relations extérieures de la
communauté
3.3.5.1. La politique commerciale commune
La SADC devrait posséder des compétences
extérieures propres dans les domaines des relations
extérieures.
La politique commerciale commune est fondée sur des
principes uniformes, notamment en ce qui concerne les modifications
tarifaires, la conclusion d'accords tarifaires et commerciaux,
l'uniformisation des mesures de libération , la politique d'exportation,
ainsi que les mesures de défense commerciale, dont celles à
prendre en cas de dumping et de subventions. Cette communautarisation de la
politique commerciale est tout à fait logique comme l'écrit
J.M. Siroën, « elle constitue le corollaire de la
création d'un marché commun (ou « unique)42(*).
3.3.5.2. Les accords de la communauté avec les autres
zones géographiques
Ici, l'accent est placé sur les accords de la
communauté dans le domaine de la coopération, laquelle politique
est complémentaire à celles qui sont menées par les Etats
membres. Elle devrait favoriser :
v Le développement économique et social durable
des pays de la SADC et particulièrement des plus pauvres d'entre
eux ;
v L'insertion harmonieuse et progressive des pays dans
l'économie mondiale ;
v La lutte contre la pauvreté ;
v L'introduction d'éléments encourageant le
respect des droits sociaux (basés sur les conventions de l'OIT) et de
l'environnement.
CONCLUSION DU CHAPITRE
Au terme de ce chapitre, nous sommes enclin à relever
que le débat reste ouvert et le chemin semble tracé. Il
appartient aux politiques d'amener les peuples au bon port de croissance et de
développement économiques, sociaux, environnementaux,
commerciaux, financiers...
Cela ne peut se faire qu'au travers des cadres
institutionnels, réglementaires appropriés et surtout avec des
mesures d'accompagnement et de suivi adéquates. L'intégration
économique suppose la mise en oeuvre de politiques communes .Celles-ci
devraient porter sur un champ sans cesse plus vaste.
CONCLUSION GENERALE
Au-delà du marché financier régional,
c'est la question de l'intégration économique, dans le cadre de
la SADC, qui est véritablement posée avec acuité dans la
présente analyse. Nul n'est besoin de rappeler les différences et
les disparités qui caractérisent les pays africains et
particulièrement les pays membres de la SADC.
Avec la crise financière internationale (2008), les
Etats et les entreprises ont plus que jamais besoin des marchés
financiers pour financer leurs activités. La Grèce et l'Irlande
(2010) ont eu besoin de plus de cent cinquante milliards d'euros pour se sauver
de marasmes économiques. Des crédits consortiaux à
l'échelle internationale. Si la Grèce est assurée de
rembourser l'emprunt avec un taux de 5,2 %, l'Irlande le fera avec un taux de
6,7 %. L'Entreprise américaine de notations financières, selon
Euronews du 14/12/10, a revu non seulement à la baisse la cote de la
Belgique pour l'incertitude politique liée à la mise en place
d'un gouvernement responsable, mais l'a rendue négative. En outre, le
Japon a enregistré le niveau mondial le plus élevé
d'introductions boursières au cours de l'année 2010. C'est pour
relever l'importance et l'influence des milieux financiers en
général, et des marchés financiers en particulier que nous
soulignons cette actualité quasi-permanente.
On dénombre actuellement 18 marchés financiers
émergents sur le continent africain qui sont dans l'ordre
décroissant de leur capitalisation boursière, du montant
évalué en bourse chaque jour : Afrique du Sud, Egypte,
Maroc, Tunisie, Zimbabwe, Nigeria, Kenya, Ghana, Ile Maurice, Côte
d'Ivoire, Botswana, Swaziland, Namibie, Tanzanie, Zambie, Ouganda ,Malawi,
Mozambique et Gabon( 2008).43(*)
Le professeur ITIMELONGO44(*), dans ses notes de cours sur les théories
approfondies d'économie monétaire, estime que les pays qui
réussissent à mobiliser des volumes importants d'épargne
publique ou étrangère sont en mesure d'enregistrer des taux de
croissance élevés. Mais pour les pays où la mobilisation
de l'épargne publique est difficile et où l'épargne
étrangère fait défaut ou est refusée, l'adoption
d'une politique de renforcement des circuits financiers peut être
indispensable à la croissance soutenue des revenus. En effet, l'essor de
la part des liquidités dans les pays en voie de développement
donne une indication approximative de la capacité du système
bancaire à accroître ses prêts à des fins
d'investissements. A cet effet, la marque de la stratégie de
renforcement des circuits financiers consiste à éviter les taux
d'intérêts réels négatifs ; le système
financier faible inclut classiquement, d'un côté, des taux
d'intérêts réels fortement négatifs.
L'essor du volume réel du système financier
augmente la capacité de celui-ci à exercer ses fonctions
d'intermédiaire, c'est-à-dire à collecter l'épargne
provenant des sources privées diverses et à orienter celle-ci
vers l'investissement productif.
Dès lors, pour la majorité des pays en voie de
développement, l'essor du volume réel du système financier
se reflète avant tout, dans l'accroissement de la part de
liquidité dans le PIB. L'accroissement des valeurs mobilières sur
le marché financier a une incidence sur celui du PIB. C'est ce que nous
avons démontré dans le premier chapitre de ce travail .Une
corrélation positive, établie sur le marché financier
français, nous a permis de démontrer une causalité entre
les valeurs mobilières et le PIB.
La création d'un marché financier
régional dans le cadre de la SADC est d'une importance cruciale dans le
contexte actuel de la mondialisation, de la mobilité des capitaux et du
besoin permanent de financement des entreprises ainsi que de la capitalisation
des épargnes publiques et privées. Cependant, compte tenu de la
disparité des économies africaines, au sein même de la
SADC, ainsi que de l'incapacité des certains Etats à mettre en
place des marchés financiers, nous proposons une intégration
verticale. Par intégration verticale, nous
entendons la création d'un marché financier régional qui
aura pour missions de faciliter l'accès aux capitaux étrangers
des entreprises nationales et d'accompagner d'autres Etats dans la mise en
place de leurs plateformes financières.
Il ne s'agit pas simplement de militer pour cette mise en
place, mais au-delà de celle-ci, une préoccupation demeure
cependant : quelles sont les conditions qui prévalent à la
création, au dynamisme et au développement d'un marché
boursier dans un espace régional de la SADC ? Quelles en sont les
implications aux triples niveaux économiques, financiers et
politiques ? Telle demeure notre préoccupation en tant qu'agent du
développement.
L'incidence implique, dans le cadre de l'objet de cette
étude, des préalables structurels favorisant la conception,
l'émergence, le développement, la croissance d'un marché
financier régional. Nous avons mesuré cette incidence aux triples
niveaux économico-financier et politiques. Des mesures
économiques, financières et politiques doivent être prises
pour favoriser le climat des affaires et la fluidité des mouvements des
capitaux entre les acteurs économiques sur les espaces nationaux et
régionaux. Tel a été l'objet du troisième
chapitre.
Nonobstant nos envolées futuristes, point n'est besoin
de relever que l'Afrique et tous les autres pays de la SADC sont encore loin de
l'harmonisation des politiques communes sur différents secteurs de la
vie économique, financière, politique, sociale et agricole. Nous
les y encourageons. Cet appel se fait de plus pressant d'autant plus qu'il faut
à l'Afrique une certaine dose de réalisme pour emboîter le
pas de l'accélération de la croissance économique et du
développement social de sa population. Ce fut là encore l'objet
du deuxième chapitre.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
1. ARVISENET, Ph et PETIT, J.P., Echanges et finance
internationale, Revue Banque Editeur, Paris, 1997
2. EKOUE AMAIZO, Y., Une monnaie africaine commune :
l'impossible respect des critères de convergence ? Collection
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3. GILLIS, M et ALII., Economie du développement,
Bruxelles, De Boeck-wesmael, 1990
4. GRELLET, G, Les structures économiques de l'Afrique
Noire, Economica,Paris 1982
5. JALLADEAU, J., Introduction à la Macroéconomie.
Modélisation de base et redéploiement théoriques
contemporains, De Boeck &Larcier, Bruxelles, 1995
6. JURIO, B., Economie politique, De Boeck &Larcier,
Bruxelles, 1996
7. KAZADI TSHAMALA., Les déterminants de la crise agraire
en Afrique sub-saharienne et la spécificité Zaïroise.
Rôle du modèle de développement et des agents
socio-économiques, Louvain-la-Neuve, CIACO, 1991.
8. MASSE, P., Le plan ou l'anti-hasard, NRF, Paris, 1965
9. MASSON, P et PATTILO, C., The monetary geography of Africa,
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10. NORRO, M., Economie africaine, De Boeck -Wesmael, Bruxelles,
1994.
11. OUALI, K., Intégration africaine. Les cas de la CEAO,
Economica, Paris, 1982
12. PILVERDIER, J et HAMET, J., Le marché financier
français, Economica, Paris, 4e éd, 2001
13. PISANI, E., Pour l'Afrique, Odile Jacobs, Paris, 1988
14. SIROEN, J.M., La politique commerciale, cahiers
français, Paris, 1994
15. TCHUNDJANG POUEMI, J., Monnaie, servitude et
liberté : Répression monétaire de l'Afrique,
éditions Menaibruc, Paris
16. TOLLENS, E., Le développement agricole et rural au
Zaïre, Pile et face. Bilan de la coopération Belgo-Zaïroise,
CNCD, 1989.
II. ARTICLES ET COURS
1.
http://fr-wikipedia.org/wiki/march% C3%a9-finance.
2.
http://www.ambafrance-bw.org/article-imprim.ph3?.Id_article=380
3. http:// fr.wikipedia.org/wiki/communaut%C3% A9_de_d% C3 A9
Develeppement_d%
4. ITIMELONGO TITI, théories approfondies
d'économie monétaire, L2 ECODEV,UCC, 2010-2011.
5. MAKUNZA KEKE, E., gestion du portefeuille et des risques, L1
Ecodev , UCC,2009-2010.
III. RAPPORTS ET DOCUMENTS
1. Banque mondiale, l'Afrique subsaharienne
de la crise à une croissance durable, 1989
2. Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le
monde, 1986.
3. Banque mondial, Rapport sur le développement dans le
monde 1992
4. Banque mondial, Rapport sur le développement dans le
monde 1991.
5. Banque du Zaïre, Rapport annuel 1991.
6. FAO, l'Agriculture africaine. Les 25 prochaines années,
1990
7. FIDA, Document # 49359, Library DMS, Rome,
EB99/68/R.31,1999
8. ONUDI, Industry and development. Global Report 1989/90.
9. Rapport FIBV., Capitalisation boursière en fin
d'année des actions nationales.
10. WTO, International Trade statistics 2004.
11. World Bank., Development indicators 2004.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
.....................................................................................................................................................
II
DEDICACE
......................................................................................................................................................
III
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
............................................................................................................V
LISTE DES SCHEMAS, TABLEAUX ET GRAPHIQUES
...................................................................................VII
INTRODUCTION GENERALE
1
I.
PROBLEMATIQUE
13
II. HYPOTHESES DE RECHERCHE
18
III. METHODES ET TECHNIQUES DE TRAVAIL
19
IV. INTERET ET CHOIX DU SUJET
19
V. DELIMITATION DU SUJET
20
VI. CANEVAS DU TRAVAIL
20
CHAPITRE PREMIER
21
LE MARCHE FINANCIER.QUID?
21
1.0. Introduction
21
Section I. Le marché financier
21
1.1.1. Quid?
21
1.1.2. Les fonctions du marché
financier
22
1.1.2.1. Le marché primaire
22
1.1.2.1.1. La fonction du marché
primaire
22
1.1.2.1.2. L'apport du marché
financier au financement de l'économie
24
1.1.2.1.3. Calcul des corrélations
entre les émissions brutes et le PIB
25
1.1.2.2. Le marché secondaire ou
bourses des valeurs
29
1.1.2.2.1. Les fonctions du marché
secondaire
29
1.1.2.2.2. La sélection des valeurs
cotées
29
1.1.3. Les relations entre le marché
primaire et le marché secondaire
30
Section II. Les caractéristiques du
marché boursier français
32
1.2.1. Les indicateurs du marché
boursier français et leur évolution
32
1.2.1.1. Les valeurs inscrites à la
cote
35
1.2.1.2. La capitalisation
boursière
35
1. Définition
35
Comparaisons internationales
36
1.2.1.3. Les Transactions
38
1.2.3. Les indices boursiers
français
38
1.2.4. La
méthode de calcul des indices
39
1.2.5. Les placements collectifs en valeurs
mobilières
41
1.2.5. Le rôle de la commission des
opérations de bourse et de l'association de la gestion
financière
42
1.2.5.1. Le rôle de la commission des
opérations de bourse (COB)
42
1.2.5.2. L'association de la gestion
financière (AGF)
43
1.2.5.3. L'autorité des
marchés financiers (AMF)
43
1.2.5.4. Le Conseil des marchés
financiers (CMF)
44
Section III. Les membres du
marché
45
1.3.1 Les négociateurs et les
compensateurs
45
1.3.2. Les collecteurs d'ordres
45
1.3.3. Les frais supportés par
l'investisseur en bourse
45
1.3.4. Un accès aux bourses du
monde
46
Section IV. PRINCIPAUX MARCHES
FINANCIERS
47
1.4.1. Principes généraux de
fonctionnement
47
1.4.2. Types de transactions et
d'acteurs
49
1.4.3. Les métiers des salles de
marché
50
1.4.3. La
dématérialisation
51
1.4.4. Les raisons de la croissance des
marchés financiers
52
1.4.5. L'organisation des cotations
54
1.1.5.1 Le déroulement d'une
séance en continu
55
1.4.5.2. La cotation au fixage
56
1.4.5.3. Exemple de détermination du
prix d'équilibre
56
CONCLUSION DU CHAPITRE
59
CHAPITRE DEUXIEME
61
L'AFRIQUE DE LA SADC
61
2.0. INTRODCUTION: L'INTEGRATION
REGIONALE
61
SECTION I. L'ECONOMIE AFRICAINE :
MEANDRES ET DEBOIRES
63
2.1.1. LA DIVERSITE DES SITUATIONS
NATIONALES ET DES EVOLUTIONS
63
2.1.2. L'industrie en Afrique
65
2. 1.2.1. Le constat
65
2. 1.2.2. Perspectives de l'industrie en
Afrique
67
2.1.3. L'Agriculture en Afrique
68
2. 1.3.1. La crise agricole
68
2. 1.3.2. L'objectif d'autosuffisance et de
sécurité alimentaire
70
2. 1.3.3. Les modalités d'une
politique agricole
70
2.1.4. L'évolution des termes de
change
74
2.1.5. L'opérateur économique
face à l'insuffisance des infrastructures
75
2. 1.5.1. Le coût administratif et la
corruption
76
2.1.6. Le développement
économique souhaitable
79
2. 1.6.1. La question des moyens
81
2.1.6.2. Exploiter les avantages
comparatifs : atout pour la diversification de l'économie
81
SECTION II. La SADC : Pour
l'intégration de l'Afrique Australe
84
2.2.1. SADC. QUID ?
84
2.2.2. Historique de la SADC
84
2.2.3. Fonctionnement de la SADC
85
2.2.4. Relations avec les partenaires de
coopération
87
2.2.5. Contact de la SADC
87
2.2.6. Etats Membres
88
2.2.7. LE lancement de la zone de Libre
Echange (ZLE) de la SADC
90
2.2.8. Centrale multidonateurs pour la
sécurité alimentaire et le développement rural avec le
concours de la FIDA.
93
2.2.8.1. Développement et
pauvreté en milieu rural dans les pays de la SADC
93
2.2.8.2. Le cadre institutionnel
94
2.2.8.3. Le programme proposé
95
2.2.8.4. Résultats et avantages
prévus
96
2.2.8.5. Coûts et financement
estimatifs du programme
97
Section III : Afrique-SADC :
convergence et unions monétaires
100
2.3.1. Le rôle de la monnaie dans la
monnaie dans la création de la valeur ajoutée
100
2.3.2. La monnaie commune : vers la
levée de l'intangibilité des frontières
101
2.3.3. L'indispensable transition :
harmonisation, convergence et monnaie commune
101
2.3.4. Une banque centrale n'est pas une
banque de développement
102
2.3.5. Pas de monnaie commune
sous-régianale sans respect des critères de convergence
104
2.3.6. Promouvoir la
compétitivité pour améliorer la convergence
monétaire
106
CONCLUSION DU CHAPITRE
111
LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE AFRICAIN
111
CHAPITRE TROISIEME
113
LES PERSPECTIVES SUR L'INCIDENCE DE
113
L'INTEGRATION FINANCIERE REGIONALE
()
113
3.0. INTRODUCTION
113
Section I. La mesure des incidences
économiques
115
3.1.1. Les fondements de la
coopération Internationale
115
3.1.1.1. L'approche en termes de
théories des jeux : les diagrammes de HAMMADA, les notions
d'équilibre de NASH et de STACKELBERG, la courbe des contrats de
PARETO
116
3.1.1.2. L'équilibre de NASH ou
équilibre non coopératif
119
3.1.1.3. L'équilibre de
STACKELBERG
120
3.1.1.4. La coopération
121
3.1.1.5. Une présentation
fondée par la théorie des jeux
121
3.1.1.6. Les formes de
coopération
122
3.1.2. Les fondements théoriques de
l'intégration économique
125
3.1.2.1. L'analyse économique de
l'union douanière : les effets de la construction d'une union
125
3.1.2.2. La libre circulation des
personnes, des capitaux et des services
132
3.1.2.3. La libre circulation des
marchandises
132
3.1.2.4. La fiscalité des
sociétés
133
3.1.2.5. Actionnaires et décideurs
dans la grande Entreprise
134
3.1.2.6. L'ouverture des marchés
publics
138
Section II. La mesure des incidences
financières
139
3.2.1. L'intégration
financière : le marché unique de la Banque, de la finance et
de l'assurance
139
3.2.1.1. Les principes
généraux
139
3.2.2. LA SADC des Banques
142
3.2.2.1. L'harmonisation des
activités
142
3.2.2.2. La réglementation
prudentielle
143
3.2.2.3. Les politiques
macroéconomiques dans le cadre de l'union économique et
monétaire
145
3.2.3. La SADC des assurances et des
services d'investissement
147
3.2.3.1. Les assurances
147
3.2.3.2. Les services d'investissement
147
Section III. La mesure des incidences
politiques
150
3.3.1. Les politiques communautaires
150
3.3.1.1. La politique agricole commune
150
3.3.2. Les autres politiques
sectorielles
154
3.3.2.1. La politique des transports
154
3.3.2.2. La politique de
l'énergie
154
3.3.2.3. La coopération
technologique et la politique de recherche communautaire
155
3.3.3. Les politiques «
horizontales »
156
3.3.3.1. La politique de la concurrence
156
3.3.3.2. La politique sociale
157
3.3.4. Vers une politique régionale
et structurelle
158
3.3.5. Les relations extérieures de
la communauté
159
3.3.5.1. La politique commerciale
commune
159
3.3.5.2. Les accords de la
communauté avec les autres zones géographiques
159
CONCLUSION DU CHAPITRE
161
CONCLUSION GENERALE
163
BIBLIOGRAPHIE
167
TABLE DES MATIERES
171
* 1 PILVERDIER, J et HAMET,
J : Le marché financier français, Economica, Paris,
4è éd, 2001, p 14
* 2 Ibm., 14
* 3 Jusqu'en septembre 2000, le
premier marché comprenait le marché à règlement
mensuel (RM) ui a été remplacé par le service de
règlement différé (SRD) et le marché au
comptant.
* 4 Op. Cit. 27.
* 5
http://fr.wikipedia.org/wiki/march%c3%a9_finance
* 6 NORRO, M., Economie
africaine, De Boeck-wesmael, Bruxelles, 1994, p.205.
* 7 Kamadini OUALI,
Intégration africaine. Le cas de la CEAO, Paris, Economica,
1982, p.323.
* 8 Banque mondiale,
l'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable,
1989, p.178.
* 9 Banque mondiale, l'Afrique
Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.20.
* 10 NORRO, M., op. cit.,
p.186.
* 11 VAM : valeur
ajoutée manufacturée. Les données relatives au Burundi et
au Cameroun correspondent à la production brute.
Source : G. GRELLET, Les structures économiques
de l'Afrique noire, 1982, p.76.
* 12 KAZADI TSHAMALA, Les
déterminants de la crise agraire en Afrique Subsaharienne et la
spécificité Zaïroise. Rôle du modèle de
développement et des agents socio-économiques,
Louvain-la-Neuve, C.A.C.O, 1991, p.241p
* 13 Eric TOLLENG, Le
développement agricole et rural au Zaïre, Pile et face. Bilan
de la coopération belgo-Zaïroise, CNCD, 1989, p.172
* 14 Soit 1.145 millions de
Zaïres sur un budget global de 2.166.938 millions de Zaïrois (en
1990, les dépenses s'étaient élevées à 1.801
millions de Zaïres sur un total de 1.101.258 millions). Banque du
Zaïre, Rapport annuel 1991, tableaux 47 et 48
* 15 FAO, L'agriculture
africaine. Les 25 prochaines années, p.3.
* 16 Edgar PISANI, Pour
l'Afrique, Paris, Odile Jacob, p.40.
* 17 Par exemple une innovation
technique entraînant une diminution de la consommation de l'intrant ou de
la découverte d'un produit de substitution.
* 18 A certains moments, dans
les années 80, la GECAMINES COMMERCIALE, qui vendait le cuivre du
Zaïre (RDC) et était le principal pourvoyeur en devises du pays, a
été coupée pendant plusieurs jours de ses correspondants
à l'étranger parce que ni téléphone, ni le
télex ne fonctionnaient !
* 19 ONUDI, Industry and
Development. Global Report 1989/90, p.28
* 20 Banque mondiale,
L'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable,
1989, p.192
* 21 Banque mondiale, Rapport
sur le développement dans le monde 1992, p.34
* 22 Malcom GILLIS et Alii,
Economie du développement, Bruxelles, De Boeck-wesmael,1990
* 23 Banque mondiale, Rapport
sur le développement dans le monde 1991, p.38
* 24 PNUD, Rapport sur le
développement humain, 1991, p2
* 25 Pierre MASSE, Le plan
ou l'anti-hasard, Paris, NRF, 1965, p54.
* 26 Banque mondiale,
l'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable,
1989, p.44
* 27
http://www.ambafrance-bw.org/article-imprim0php3?id_article=380
* 28
http//wikipedia.org/wiki/communaut%C3%A9_de_d%C3%A9veloppement_d%E...
* 29 Ibidem.
* 30 FIDA, Document# :
49359, Library DMS, Rome, EB99/68/R31, 1999
- FIDA : Fonds International de développement
Agricole
* 31 Yves EKOUE AMAÏZO,
Une monnaie africaine commune : l'impossible respect des
critères de convergence ? Collection
« interdépendance africaine », éditions
l'Harmattan, Paris, 2005
* 32 Paul MASSON et Catherine
PAHILLO, The Monetary geography of Africa, Brookings institutions,
Washington, USA, 2004.
* 33 WTO, International
Trade statistics 2004, pp77.
* 34 TCHUNDJANG PORSEMIR,
J. ; Monnaie, servitude et liberté : répression
monétaire de l'Afrique, éditions Menaitruc, Paris, 2000.
* 35 André FONTAINE, Le
Monde, 12 novembre 1984 in NORRO, M., op. cit., p.277.
* 36 Ibidem.
* (37) Ce chapitre s'inspire
des travaux d'Arvisenet et Petit sur la construction de l'Union
Européenne et des différentes mesures qui ont accompagné
celle-ci. ARVISENET, Ph. Et Petit, J.P., Echanges et finance
internationale, Paris, Revue Banque Editeur, 1997.
* (38) Jalladeau, J.,
Introduction à la macroéconomie. Modélisation de base
et redéploiements théoriques contemporains, Bruxelles, De
Boeck et Larcier, 1995, p. 283.
* (39) Ph. D'AVISENET et J.P.,
Op. cit, p.19.
* (40) .JURIO B., Economie
politique, De Boeck et Larcier s.a, Bruxelles, 1996, p.173.
* 41D'Arvisenet et Petit:
op.cit, p.255
* 42 Siroën,JM.,
« la politique commerciale de la
communauté », Cahiers français, n° 264,
1994
* 43 MAKUNZA KEKE, E., cours de
gestion du portefeuille et des risques, L1, FED, UCC, 2009-2010.
* 44 L2,FED,UCC,2010-2011
|