Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010 |
I.4.2.Chez les femmes célibatairesPlusieurs d'entre elles ont affirmé qu'elles utilisent le préservatif au cours de leurs rapports sexuels bien qu'elles aient souligné les difficultés qu'elles rencontrent. Certaines d'entre elles qui ont eu des nouveaux partenaires après la découverte de leur séropositivité brandissent l'argument selon lequel elles éviteraient des grossesses non désirées ou des IST. Par contre, celles qui ont eu leurs partenaires avant de se découvrir séropositives continuent à avoir des rapports sexuels de même nature qu'avant le test. Ceci parce qu'elles ne veulent pas attirer l'attention du partenaire sur leur statut à savoir des rapports protégés ou non protégés en fonction des modes d'avant test. Certaines d'entre elles qui étaient financièrement autonomes ont préféré rompre avec leurs partenaires comme le cas de Madame 470/03, 43 ans, employée de banque qui nous a affirmé : Je préfère le perdre que de lui faire du mal car je l'aime beaucoup. Si je le contamine, j'aurai des remords toute ma vie. C'est mieux que je le quitte sans lui faire du mal sans qu'il ne sache aussi pourquoi. Pour le faire j'ai du profiter d'un petit problème de rien du tout pour m'en aller.199(*) Ainsi, celles qui ont eu des ruptures de relations préfèrent attendre ou souhaitent tout simplement rencontrer des hommes séropositifs comme elles (comme elles nous l'ont souligné plus haut). La majorité d'entre elles ne souhaitant plus vivre des relations d'aventure, préfèrent éviter tout rapprochement des hommes ou ne pas céder à leurs avances. Ceci pour mieux gérer leur secret. Le fait pour elles de souhaiter rencontrer des séropositifs comme elles c'est de pouvoir ensemble appliquer les recommandations médicales parce que selon Mme TCHOKOUTE, Dans les couples concordants les recommandations réussissent à être appliquées parce que chacun des partenaires sait ce qu'il doit faire. Et en plus la femme est à l'abri de nombreuses frustrations. Or dans cette situation la préservation de l'ataraxie est importante.200(*) Cette situation n'est pas vécue de la même manière chez les veuves. I.4.3.Chez les veuvesLes veuves que nous avons rencontrées n'ont pas émis l'idée de remariage parce qu'elles ne souhaitent plus voir un autre conjoint s'en aller ou mourir. Pour madame QD 7235/05, membre de l'AFASO, La mort d'un conjoint est traumatisante et affecte tellement la femme. Ce qui fait qu'elle ne veut plus s'engager dans une autre relation sachant qu'elle sera encore victime d'un autre décès du conjoint. C'est pour cette raison que les veuves en général ne veulent plus se remarier après le décès de leur conjoint201(*). Cependant, leurs activités sexuelles dépendent de leur âge et de leur nombre d'enfants en vie. Pour celles qui ont un âge relativement élevé et qui ont atteint leur quotas d'enfants, la fréquence de leur sexualité baisse considérablement voire même devient nulle202(*). Quant à celles qui sont encore relativement jeunes, elles préfèrent vivre à distance avec leurs partenaires. Le fait d'être mise sous TAR, entrainent chez bon nombre d'entre elles des comportements sexuels responsables. Elles n'ont plus rien à préserver puisque la société a été témoin de leur mariage. Elles vivent pour la plupart d'entre elles pour leurs enfants. Inutile pour elles de multiplier des comportements à risque qui pourraient contribuer à leur déchéance et les empêcheraient de s'occuper de leurs enfants. Mais de manière générale, les femmes séropositives mises sous TAR et membres des associations ont tendance à protéger leurs rapports sexuels. Ceci parce qu'elles ont côtoyé les professionnels de santé et certaines d'entre elles qui ont reçu des formations des pairs éducateurs, des conseillères psychosociales et des assistantes sociales qui leur ont inculqué les biens fondés de la protection, elles ont également été impliquées dans la lutte contre le VIH en suivant des formations des pairs éducateurs ou des conseillères psychosociales ou des assistantes sociales. De même, pour celles qui font partir des associations des PVVIH, des notions de droits des PVVIH leur sont inculquées tout en leur interdisant d'infecter les autres. Dans toutes les associations, l'idée essentielle véhiculée est la préservation des personnes saines. Le respect de cette éthique leur permet d'adopter des comportements sains. Même comme plusieurs d'entre elles ne parviennent pas à respecter cette éthique à cause de leur souci de se maintenir dans l'anonymat. * 199 Entretien, septembre 2009. * 200 Entretien, septembre 2009. * 201 Entretien, août 2009. * 202 H. MIMCHE et al, op. cit. p.2. |
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