Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010 |
DEUXIEME PARTIE :COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET INCIDENCESDans cette subdivision de notre travail, qui en constitue d'ailleurs le noeud, il est question de présenter de manière générale les typologies des comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives sous traitement et les enjeux qui les sous tendent au Cameroun. Ainsi, deux chapitres ont constitué l'ossature de cette partie. Le premier présente les comportements sexuels des femmes vivant sous traitement au Cameroun car, le discours médical recommande un modèle de comportement sexuel à toute personne infectée. Et le respect de ces recommandations n'est pas toujours effectif par ces personnes à cause des normes traditionnelles, culturelles, et religieuses qui sont en cours au Cameroun. Ce chapitre examine la nature des comportements sexuels de ces femmes qui n'est pas toujours en conformité avec le discours médical et les enjeux qui les sous tendent. La préoccupation du deuxième chapitre de cette partie est axée sur les comportements reproductifs ou procréateurs des femmes vivant sous traitement au Cameroun. Ils ne sont pas toujours homogènes à cause des contraintes économiques, sociales, affectives, culturelles et religieuses. Ce qui pousse ces femmes à présenter des comportements hétérogènes qui sont fonctions des enjeux qu'elles veulent préserver. CHAPITRE III :LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES SEROPOSITIVES SOUS TRAITEMENTDans ce troisième chapitre consacré à l'analyse des comportements sexuels des femmes vivant sous ARV au Cameroun, il sera question de mettre en exergue les logiques socioculturelles, familiales, économiques et religieuses qui sous tendent les rapports sexuels de ces femmes en temps de VIH. Ainsi, seront passées en revues les croyances, les considérations entretenues autour de ces comportements pour mieux comprendre le rapport qui existe entre le discours biomédical et ces logiques socioculturelles, affectives, économiques et religieuses. Ce chapitre semble déterminant dans le cadre de la vérification de nos hypothèses axées sur les logiques qui déterminent les comportements sexuels au Cameroun, sur l'influence du traitement ARV sur ces comportements et sur la gestion de la sexualité des femmes sous TAR. I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES, NORMES CULTURELLES ET LA PERCEPTION DE L'ACTE SEXUELI.1.Discours biomédical sur la sexualitéLorsqu'un individu a été découvert séropositif, les principales recommandations des personnels médicaux sont axées sur l'usage systématique du préservatif à chaque rapport sexuel quelque soit son sexe et un régime alimentaire équilibré. I.1.1.Usage systématique et correct du préservatif lors des rapports sexuelsLe discours médical prescrit un modèle de comportements à adopter aux personnes séropositives. « En Afrique, le moyen privilégié dans les efforts de prévention est l'usage du préservatif 174(*)». Il reste également un mode contraceptif incontournable en situation de VIH/SIDA. Ceci pour plusieurs raisons : -Il permet de protéger le partenaire contre l'infection au VIH s'il ne l'a pas encore. -Ensuite, il permet de protéger la personne déjà infectée contre la réinfection car le virus de SIDA est de plusieurs types à savoir : « le VIH1 et le VIH2175(*) ». La personne séropositive peut présenter un type puis en allant sans protection avec un partenaire qui dispose d'un autre type, elle peut se réinfecter et l'amener vers une résistance aux médicaments qui pourraient être la source de leur dégénérescence. De même, Chez les patients séropositifs pour le VIH, il est possible qu'une exposition fréquente au VIH puisse faire décompenser un système immunitaire déjà fortement stimulé, et être ainsi la cause d'une progression plus rapide vers le SIDA. C'est dans cette crainte qu'il a toujours été recommandé aux couples séropositifs d'avoir des rapports sexuels protégés176(*). Egalement, le virus du SIDA est un virus extrêmement mutant qui, une fois dans l'organisme humain, développe des souches de virus en fonction de l'organisme où il se trouve. Pour le major EBALLE, Les souches de virus sont de plusieurs sortes ; il existe des virus VIH1 de souche M, VIH1 souche N, ..., des VIH2 souche M et VIH2 souche N. Voila pourquoi il est recommandé aux personnes déjà infectées de se protéger afin qu'elles ne soient plus réinfectées par d'autres souches de virus177(*). Le préservatif permet ainsi la protection des deux partenaires quelque soit leur statut sérologique (sérodiscordant ou séroconcordant). Dans la situation de séroconcordance, les partenaires sont tenus de se protéger parce que le VIH/SIDA est un virus qui se développe en fonction de l'organisme dans lequel il se trouve dans sa multiplication des souches. Lorsqu'il intègre un organisme, il cherche à s'adapter dans son nouveau milieu en développant des souches propres à son nouveau milieu. Or, étant donné que les organismes humains sont différents, on assistera à des virus à souches différentes. C'est pour cette raison qu'en l'absence des médicaments pouvant complètement guérir cette maladie, le préservatif se trouve être un instrument indispensable en situation de VIH/SIDA. La mise sous ARV est tributaire de l'organisme de chaque individu et de sa souche de virus. C'est pour cette raison que Mme Catherine AYISSI atteste qu'«il existe plusieurs protocoles de médicaments et chaque protocole est fonction de l'organisme de chaque individu et de son sous-type de virus »178(*). Ainsi, une situation de réinfection peut annuler l'action d'un protocole de médicament car, on assistera au développement d'une résistance d'un virus mélangé par un nouveau sous-type. Ce qui peut rendre l'action du protocole de médicament nulle. Pour renforcer la puissance du traitement, il est demandé au patient de suivre un régime alimentaire qui lui permettra de remonter le taux de ses leucocytes CD4 afin qu'il récupère sa mine et sa forme. * 174 P. BEAT SONGUE, SIDA et prostitution au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1993, p.29. * 175 N. LYDIE et GARENNE, op. cit. * 176 I. HEARD, « l'absence de protection pendant les rapports sexuels entre des sujets séropositifs pour le VIH est-elle un facteur de risque de progression vers le SIDA ? » in Séropositivité, vie sexuelle et risque de transmission du VIH, collection sciences sociales et SIDA, ARNS, septembre 1999, p.39. * 177 Entretien, août 2009. * 178 Entretien, septembre 2009. |
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