RESUME
Ce mémoire qui a pour titre « les
comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous
antirétroviraux au Cameroun », est le résultat
d'un travail académique mené à Yaoundé. Le choix de
cette ville n'a pas été fait au hasard mais, en raison non
seulement de son statut de capitale politique du Cameroun, mais aussi du fait
de son caractère cosmopolite. Caractérisée par la
présence d'une population à culture
hétérogène, échantillon d'un Cameroun en
miniature.
Cette recherche se construit sur un constat de
départ : la mise sous traitement antirétroviral booste, dans
une certaine mesure, la féminité de la femme séropositive
camerounaise qui ne parvient plus toujours à retrouver son statut ou
à jouer son rôle tel que perçu dans l'imaginaire social
africain à savoir : celui de mère et épouse.
En outre, malgré les politiques de lutte contre la
pandémie SIDA mises en oeuvre au Cameroun par les pouvoirs publics
depuis le début des années 2000 à savoir : la prise
en charge du traitement de certaines infections opportunistes, les
réductions des coûts des examens qui précèdent le
traitement et la gratuité des ARV, les femmes séropositives ne
parviennent pas toujours à évacuer certaines contraintes d'ordre
économique, familial, social, culturel et religieux qui, pour beaucoup
d'entre elles, sont plus importantes que leur santé.
Ainsi, la question principale de cette recherche est de
savoir : quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels
et reproductifs des femmes séropositives sous traitement
antirétroviral au Cameroun ? L'hypothèse formulée
pose que, dans le domaine de la santé de reproduction ou de
procréation, les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous
traitement antirétroviral ne concorderaient pas toujours avec le
discours biomédical en raison des logiques socioculturelles,
économiques et religieuses qui orienteraient les actes de ces
dernières. Pour conduire cette recherche, la méthode qualitative
a été utilisée pour collecter, traiter et analyser les
données de terrain.
La présente analyse met en exergue les enjeux sexuels
et reproductifs qui présentent des risques sociaux, économiques,
culturels et religieux d'où les résistances de changements des
comportements par certaines de ces femmes qui préfèrent exister
socialement à travers leur maternité que d'exister sur le plan
sanitaire. Par ailleurs, le discours biomédical prescrit par le
personnel de santé évacue dans une certaine mesure la
féminité de la femme africaine en général et donc
celle de la femme camerounaise qui préfère exister socialement.
Ce qui est de nature à renforcer la stigmatisation que fuient ces
femmes.
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