FACULTE DES ARTS, LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES
*********
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
FACULTY OF ARTS, LETTERS
AND SOCIAL SCIENCES
*********
DEPARTMENT OF SOCIOLOGY
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
LES COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUCTIFS DES
FEMMES VIVANT SOUS ANTIRETROVIRAUX AU
CAMEROUN
MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU EN VUE DE L'OBTENTION
DU DIPLOME DE MASTER EN SOCIOLOGIE
SPECIALISATION : POPULATION ET
DEVELOPPEMENT
PAR :
MOUSTAPHA MOHAMMED MONCHER NSANGOU
MBOUEMBOUE
SOUS LA DIRECTION DE :
VALENTIN NGA NDONGO
Professeur
Avril 2010
« L'acte sexuel d'après la conception
négro-africaine des choses, et cela ressort des analyses que nous avons
faites jusqu'à présent et de celles que nous ferons par la suite
est une réalité ambivalente ; en tant que moyen de parvenir
à la procréation, valeur suprême et exigence sociale, il
est quelque chose de bénéfique et de noble ».
J. P. OMBOLO, Sexe et
société en Afrique noire, Paris, Harmattan, 1990, p101
A
Mon père, Adamou
MBOUEMBOUE ;
Ma mère, Ladifatou
NGUETEMALEU ;
Ma chère Valdehi Djamila
NSANGOU ;
Ma feue grand-mère Salamatou
NGNAMI ;
Mes frères et soeurs ;
Toutes les personnes vivant avec le
VIH/SIDA.
REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre profonde gratitude :
- A notre directeur de mémoire, le Professeur
Valentin NGA NDONGO, pour l'intérêt et la
disponibilité dont il a fait preuve pour l'aboutissement de ce travail
malgré ses nombreuses occupations.
-A tous les enseignants du Département de sociologie
pour les enseignements qu'ils nous ont dispensés tout au long de notre
passage à l'université de Yaoundé I. Nous avons en outre,
une pensée particulière pour les Drs Honoré MIMCHE, Robert
MBA, Pierre MBOUOMBOUO, LEKA ESSOMBA, les MM. DJOUDA Yves Bertrand, Bienvenu
MOULIOM, pour leurs conseils édifiants.
-A tous nos camarades de promotion et ami(e)s,
particulièrement à PENIBECK MATOCK, Abel MOUNTAPMBEME, Abakar
MEFIRE, Placide AKOA, Nadège ATANGANA, Herman EPOH NDONGUE, Rosine,
Marie Josette KOUOGHEM, Pélagie YOUMOUE, Léonie EBEM, Colins SOP,
pour leur soutien multiforme.
-Aux Mamans Amina NAMBOUO, Awa MONKOUOP, Nji Marie-Claire
PAMBOUDEM MBOUDOUO, Maman Jeanne-Nicole NGNAMI FOUBAIN, Monsieur et Madame
MEFIRE, Monsieur NKOUANDI FIFEN, Madame KALTOUMI DINA pour leur assistance
régulière.
- A toute notre famille en l'occurrence aux familles NJI
PEMI, MEFIRE, FIFEN, NJOYA pour leur soutien moral, affectif, matériel
et financier.
Que tous ceux qui de près ou de loin, ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation de ce modeste travail, trouvent ici l'expression de notre
profonde reconnaissance.
RESUME
Ce mémoire qui a pour titre « les
comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous
antirétroviraux au Cameroun », est le résultat
d'un travail académique mené à Yaoundé. Le choix de
cette ville n'a pas été fait au hasard mais, en raison non
seulement de son statut de capitale politique du Cameroun, mais aussi du fait
de son caractère cosmopolite. Caractérisée par la
présence d'une population à culture
hétérogène, échantillon d'un Cameroun en
miniature.
Cette recherche se construit sur un constat de
départ : la mise sous traitement antirétroviral booste, dans
une certaine mesure, la féminité de la femme séropositive
camerounaise qui ne parvient plus toujours à retrouver son statut ou
à jouer son rôle tel que perçu dans l'imaginaire social
africain à savoir : celui de mère et épouse.
En outre, malgré les politiques de lutte contre la
pandémie SIDA mises en oeuvre au Cameroun par les pouvoirs publics
depuis le début des années 2000 à savoir : la prise
en charge du traitement de certaines infections opportunistes, les
réductions des coûts des examens qui précèdent le
traitement et la gratuité des ARV, les femmes séropositives ne
parviennent pas toujours à évacuer certaines contraintes d'ordre
économique, familial, social, culturel et religieux qui, pour beaucoup
d'entre elles, sont plus importantes que leur santé.
Ainsi, la question principale de cette recherche est de
savoir : quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels
et reproductifs des femmes séropositives sous traitement
antirétroviral au Cameroun ? L'hypothèse formulée
pose que, dans le domaine de la santé de reproduction ou de
procréation, les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous
traitement antirétroviral ne concorderaient pas toujours avec le
discours biomédical en raison des logiques socioculturelles,
économiques et religieuses qui orienteraient les actes de ces
dernières. Pour conduire cette recherche, la méthode qualitative
a été utilisée pour collecter, traiter et analyser les
données de terrain.
La présente analyse met en exergue les enjeux sexuels
et reproductifs qui présentent des risques sociaux, économiques,
culturels et religieux d'où les résistances de changements des
comportements par certaines de ces femmes qui préfèrent exister
socialement à travers leur maternité que d'exister sur le plan
sanitaire. Par ailleurs, le discours biomédical prescrit par le
personnel de santé évacue dans une certaine mesure la
féminité de la femme africaine en général et donc
celle de la femme camerounaise qui préfère exister socialement.
Ce qui est de nature à renforcer la stigmatisation que fuient ces
femmes.
ABSTRACT
This thesis whose title is "the sexual and reproductive
behaviours of women living under antiretroviral treatment in Cameroun ",
is the result of an academic work led to Yaounde. The choice of this city
was not made randomly but; because not only of its status of political
capital of Cameroun, but also because of its cosmopolitan character,
characterized by the presence of a population with heterogeneous culture,
sample of Cameroon in miniature.
This research is built on a starting report: the setting under
treatment antiretroviral booste to a certain extent the feminity of the
cameroonian HIV affected woman who does not always manage to find again her
status or to play her role as perceived in african social imaginary namely:
mother and wife.
Moreover, in spite of the policies of fight against pandemia
AIDS that are set up in Cameroon by public administation since the beginning
of the years 2000 with knowing: the charge taking of certain opportunist
infections treatment, the reduction of examination fees that precede the
antiretroviral treatment, the amountlesness of medical treatment, HIV women
always don't manage to evacuate certain constraints of economic, family,
social, cultural and religious order which, for some are more significant than
their health.
Thus, the main question of this research this way to know
what are stakes imply sexual and reproductive behaviours of women under
antiretroviral treatment in Cameron? We have expressed the hypothesis
according to which, in the field of the health of reproduction, the sexual and
reproductive behaviours of women under antiretroviral treatment may be
heterogeneous because of sociocultural, economical and religious bounds that
are preserve. To undertake this research, the qualitativ method has been
applied to collect, treat and analyze the data on the field.
The present analysis highlights the sexuals and reproductives
stakes that present social, economic, cultural and religeous risks from whith
it can be concluded that resistances of changes of behaviours by some of these
women who prefer to exist socially through their motherhood than living
medically. Morever, the biomedical speech of the medical staff in a certain
extent kicks aside the feminity of the african woman in general and that the
cameroonian woman in particular who prefers to exist socially. This is likely
to reinforce the stigmatization from these women run.
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
AFASO : Association des femmes actives
et solidaires
AFSU : association des frères et
soeurs unis
ARV : antirétroviraux
AS : assistant(e) social(e)
AZT : zidovudine
CEAM : cercle d'entraide et d'assistance
des mères de la fondation Chantal BIYA
CMPY : centre médical de police
de Yaoundé
CNLS : Comité national de lutte
contre le SIDA
CTA : centre de traitement
agréé
FIV : fécondation in vitro
HCY : hôpital central de
Yaoundé
HDJ : hôpital du jour
HMY : hôpital militaire de
Yaoundé
IEC : information, éducation et
communication
IO : infection opportuniste
IST : infection sexuellement
transmissible
MSP : ministère de la
santé publique
MST : maladie sexuellement
transmissible
N-né : nouveau né
OEV : orphelins et enfants
vulnérables
ONG : organisation non
gouvernementale
ONU : organisation des nations unies
ONUSIDA : organisation des nations unies
pour le SIDA
PEC : prise en charge
PMA : procréation
médicalement assistée
PPTE : pays pauvre très
endetté
PTME : prévention de la
transmission de la mère à l'enfant
PVVIH : personne vivant avec le
VIH/SIDA
SIDA : syndrome
d'immunodéficience acquise
TAR : traitement
antirétroviral
UPEC : unité de prise en
charge
VIH : virus immunodéficience
humain
LISTE DES TABLEAUX
1-Tableau I : Distribution des personnes
interrogées................................................24
2- Tableau II : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leurs âges ..........25
3- Tableau III : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leurs régions
d'origine....................................................................................................25
4- Tableau IV : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leurs catégories
socioéconomiques et
activités..........................................................................25
5- Tableau V : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leurs nombres d'enfants en vie
...........................................................................................26
6- Tableau VI : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leur état de grossesse au moment de
l'enquête.................................................................................26
7- Tableau VII : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leurs
religions...................................................................................................26
8- Tableau VIII : Distribution des enquêtées
(femmes séropositives) selon leur situation
matrimoniale..............................................................................................27
9-Tableau IX : Critères
d'éligibilité à la prise en charge
thérapeutique..........................69
10-figure 1 : relation entre alimentation saine,
équilibrée et VIH.................................84
11-figure 2 : relation entre sous alimentation et
VIH...............................................84
SOMMAIRE
-Epigraphe...................................................................................................I
-Dédicace...................................................................................................II
-Remerciements..........................................................................................III
-Résumé.............................................................................................................IV
-Abstract....................................................................................................V
-Liste des abréviations, sigles et
acronymes...........................................................VI
-Liste des tableaux et
illustrations...................................................................VIII
-Sommaire.................................................................................................IX
INTRODUCTION.........................................................................................1
PREMIERE PARTIE : DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE
SEROPOSITIVITE DES FEMMES A LEUR PRISE EN
CHARGE............................................................36
CHAPITRE I : CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA
SEROPOSITIVITE DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES
OBSERVEES..........................................38
CHAPITRE II : ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN
CHARGE.................64
DEUXIEME PARTIE : COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS
DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET
INCIDENCES.............................................................................................88
CHAPITRE III : LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES
SEROPOSITIVES SOUS
TRAITEMENT..............................................................................................90
CHAPITRE IV : LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES
SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU
CAMEROUN........................................113
CONCLUSION..........................................................................................143
BIBILIOGRAPHIE......................................................................................155
ANNEXES...............................................................................................164
TABLE DES
MATIERES..............................................................................175
INTRODUCTION
I - PROBLEME
Dans la plupart des pays du monde entier, le VIH/SIDA
constitue un sérieux défi de santé publique et de
développement socio-économique. Selon les données de
l'ONUSIDA1(*), parmi les
42.000.000 de personnes qui sont infectées dans le monde, 26.000.000
d'entre elles sont des travailleurs dont 18.000.000 vivent en Afrique. Depuis
le début de la pandémie dès les années 1980,
environ 65.000.000 de personnes dans le monde ont été
infectées du VIH/SIDA. Les prévisions de nouvelles victimes sont
estimées à des millions d'autres personnes à la fin de la
décennie si rien n'est fait. En fin 2006, on estimait à
39.500.000 le nombre de personnes infectés dans le monde et parmi elles,
près de 3.000.000 sont mortes de causes connexes au SIDA2(*). Par ailleurs, si les taux de
prévalence ne sont pas maîtrisés, la force de travail de 29
pays africains sera réduite d'au moins 12 % à cause de ce
fléau d'ici 20203(*).
En plus d'être une question de santé publique, la pandémie
VIH/SIDA présente des défis politiques, économiques,
sociaux et scientifiques dans les pays du monde entier4(*). Les chiffres interpellent
d'autant plus que, 5.000.000 de nouvelles infections sont enregistrées
chaque année et près de 12.000.000 d'enfants orphelins.5(*)
Par ailleurs, un constat en termes de féminisation de
la maladie mérite d'être fait. Sur près de 40.000.000 de
PVVIH (personnes vivant avec le VIH/SIDA), environ 60% d'entre elles sont des
femmes. On estime également que les jeunes de moins de 25 ans comptent
pour la moitié de toutes les nouvelles infections du VIH/SIDA à
l'échelle mondiale.
Au Cameroun, la maladie a connu entre 1985 et 2002 une
évolution inquiétante touchant principalement les jeunes, les
femmes enceintes, les prostituées, les transporteurs qui sont devenus
par ailleurs les catégories les plus prisées dans la
définition des groupes cibles au niveau des institutions en charge de la
question. La pandémie fait son entrée au Cameroun au début
des années 1980.Mais c'est en 1985 que le premier cas de SIDA est
diagnostiqué suite aux tests pratiqués au Centre Pasteur de
Yaoundé sur des malades présentant des symptômes cliniques
suspects6(*) . De la
découverte de la maladie à nos jours, les chiffres des personnes
infectées vont grandissant. Estimé à environ 0,5% en 1987,
ce taux passera à 12% en 2002 ; d'après les sources
sentinelles, qui ont été dans un premier temps, l'instrument
pour la surveillance épidémiologique. Cependant, d'après
les données de la dernière enquête démographique et
de santé7(*), des
données représentatives de la réalité sanitaire et
socio démographique nationale ont montré que ce taux est de 5%
pour les adultes (15 - 49 ans) avec les spécificités suivantes
pour quelques catégories sociales :
- le taux de prévalence est plus élevé
chez les femmes 6,8 % contre 4,1% chez les hommes d'où la
féminisation de la maladie ;
- Le milieu urbain présente un risque d'infection
nettement plus élevé que les zones rurales, mais les
comportements sexuels et les phénomènes de la discrimination et
de la stigmatisation sont assez récurrents dans le monde rural.
Dans l'attente d'une probable découverte d'un vaccin
contre ce qui a été appelé « le mal du
siècle », le phénomène SIDA a
dépassé le cadre de la seule expertise médicale ou
sanitaire pour devenir un problème de société. Il
nécessite désormais des politiques publiques qui ne se contentent
pas d'élaborer des messages de prévention portant sur la
promotion du préservatif, l'abstinence ou la fidélité mais
qui visent l'accès des personnes infectées au traitement.
Le Cameroun est l'un des pays qui a affiché une
politique volontariste en matière d'élargissement de
l'accès aux ARV (antirétroviraux) dans la perspective de
« 3 by 5 »8(*). De ce fait, il est un des pays ayant
bénéficié des financements les plus significatifs des
différents bailleurs de fonds internationaux notamment le FMI (Fond
Monétaire International) et la Banque Mondiale. La prise en charge des
personnes vivant avec le VIH, comprenant les ARV, a été incluse
dans le plan stratégique national de lutte contre le SIDA (2000 - 2005),
conduit par le conseil national de lutte contre le SIDA. Ainsi grâce
à un autre plan stratégique 2004 - 2006, prônant la mise de
plus de la moitié des PVVIH sous ARV, une décision de
création des unités de prise en charge (UPEC) au sein de 60 des
155 hôpitaux de district du pays a été prise en septembre
20049(*). Le Cameroun sera
donc l'un des premiers pays africains à tester à large
échelle une montée en puissance de l'accès des ARV par
leur diffusion à un niveau relativement décentralisé du
système de soin.
Cependant, la mise sous traitement des ARV est, comme la
maladie du SIDA, porteuse d'enjeux multiples pour les patients et leurs
entourages. Les patients soumis au traitement antirétroviral sont
tiraillés par deux registres normatifs présentant chacun un
certain nombre d'enjeux pour eux : les normes traditionnelles en
matière de sexualité et de procréation qui suscitent un
modèle de comportement sociodémographique de type nataliste, donc
anti contraceptif d'une part, et les dispositions thérapeutiques
prescrites par le personnel médical et paramédical qui incitent
à « faire l'économie de
l'utérus10(*) »ou « à faire la
grève de ventre »11(*) et à utiliser les nouvelles technologies de
reproduction.
En outre, l'observance du traitement du SIDA est
génératrice d'un certain nombre de changements dans la vie du
patient, notamment au niveau de l'organisation quotidienne de sa vie
professionnelle12(*),
familiale13(*) mais
également au niveau de leur vie reproductive et génésique.
Comme le montre l'histoire d'une femme séropositive à Abidjan,
racontée par KEROUEDAN, D: « Etre infectée par le
VIH a des répercussions sur la vie sexuelle mais aussi sur les
choix de procréation 14(*)».
Les enjeux soulevés par les modèles de
comportements témoignent de la complexité des liens entre
l'épidémie du SIDA, les différents domaines de la
santé de reproduction et de l'intérêt pour les sciences
sociales en général et de la sociologie en particulier. Ces
personnes infectées, notamment les femmes séropositives sous ARV,
doivent faire face à un contexte où décider de ne plus
avoir d'enfants les expose à plusieurs risques, notamment celui
d'être rejetées par le partenaire qui désire avoir des
enfants (pour celles qui sont mariées ou celles qui vivent une relation
avec des partenaires). Certaines femmes séropositives choisissent
délibérément de cacher leur sérologie positive
à leurs maris et continuent à chercher de nouvelles grossesses
pour poursuivre leur quota d'enfants pour celles qui en ont encore besoin.
Ainsi elles cherchent non seulement, à ne pas perdre leurs maris (ceci
à travers de nouvelles naissances), si elles n'avaient pas atteint un
nombre suffisant, mais aussi à résoudre l'équation de la
belle famille. Car en Afrique subsaharienne, malgré le recul du taux de
fécondité qui s'observe (6,7 enfants/femme en1985, 6,1 entre 1990
- 1994 et 5,4 entre 2000-2004), la demande d'enfants reste élevée
dans la zone contrairement à l'Asie (2,8 enfants/femme) contre 3,0 en
Afrique du Nord15(*).
Ainsi, l'enfant, malgré certains changements sociaux demeure une
préoccupation sociale.
Même si les professionnels de santé interdisent,
à l'accouchement, de ne plus allaiter le nouveau né au lait
maternel pour celles qui ont un enfant, une autre contrainte sociale ne sera
pas réellement évacuée. Dans le contexte africain, une
femme qui n'allaite pas est stigmatisée, elle est
étiquetée comme sorcière ou malade. Le lait maternel est
valorisé et a une portée symbolique, il inscrit l'enfant dans la
parenté et lui apporte une « force
sociale » particulière.
II - PROBLEMATIQUE
Dès son apparition, la pandémie du SIDA a fait
l'objet de plusieurs études dans les facultés de sciences, les
laboratoires de microbiologie et de virologie. Ces travaux ont abordé le
thème de manière restrictive .En effet, ils portaient sur
l'évolution du virus dans l'organisme humain, la
dégénérescence du système immunitaire de l'homme,
les symptômes et les modes de transmission de la maladie.
Peu de temps après, il passe du domaine de laboratoire
de médecine pour se poser comme un problème de
société. Des études ont révélé qu'il
se transmettait par voie sexuelle et n'était pas l'apanage des
homosexuels. Certains le percevaient en terme religieux ; pour eux, il
était taxé de maladie incurable, de mort, de malédiction,
c'était l'ultime chance pour les impurs et les païens de se rendre
compte de la colère de Dieu et de se reconvertir16(*). A ce moment, le SIDA devient
une maladie de la honte, des marginaux et étrangère en Afrique
amenant les PVVIH à se cacher17(*). Tout ceci a donc permis de comprendre l'ampleur de
la maladie au cours de la décennie 1990 - 2000 amenant les sciences
sociales à se pencher sur la question.
Cependant, une importante littérature a
été écrite sur la question de VIH/SIDA parce qu'en absence
de traitement curatif et de vaccin préventif, il fallait recourir par
des sciences sociales qui devaient permettre de comprendre les croyances, les
attitudes, les comportements qui favorisent ou freinent
l'épidémie et lui donnent forme. Egalement, les enjeux
politiques, économiques, éthiques de la prévention et du
traitement reposaient sur l'introduction de ces sciences18(*). Pour procéder à
cette étude il a été important pour nous de parcourir les
écrits des autres parce que selon QUIVY, R. et CAMPENHOULT,
Lorsqu'un chercheur entame un travail, il est peu probable
que le sujet traité n'ait jamais été abordé par
quelqu'un d'autre auparavant, au moins en partie ou indirectement... Tout
travail de recherche s'inscrit dans un continuum et peut être
situé dans ou par rapport à des courants de pensée qui le
précèdent et l'influencent. Il est donc normal qu'un chercheur
prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des objets
comparables et qu'il soit explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui
distingue son propre travail de ces courants de pensée19(*).
Les questions de propagation ont été
examinées dans différents aspects notamment au niveau de la
transmission du VIH, des enjeux de traitement et de prévention et au
niveau des facteurs de développement des comportements à risque.
Sur ce, certains chercheurs ont révélé
que sa propagation était liée au statut social de la
femme20(*) et à sa
précarité économique21(*) ; ce qui a contribué à aggraver le
taux de prévalence chez les femmes d'où la féminisation de
la maladie au Cameroun. D'autres par contre, ont évoqué les
différents processus de transmission du virus, car des études ont
révélé qu'il existe un rapport entre la transmission du
VIH, la culture et le système de croyances et de représentations.
Car la propagation de la pandémie est aussi liée à sa non
acceptabilité en Afrique comme maladie22(*), à cause de la corrélation qui
existé entre l'infection au VIH et la sexualité et
fécondité des PVVIH en général23(*)en ce sens que les PVVIH sont
contraintes de vivre un nouveau modèle de comportement.
En outre, vu la fonction biologique de la femme à
savoir la procréation, il a été prouvé que la
transmission du virus de la mère à l'enfant24(*) est d'un pourcentage non
négligeable. Or, la femme étant la donneuse de vie, et que sa
considération sociale en Afrique est liée à sa fonction
biologique, on observera une différentiation de chiffres des personnes
infectées entre ce continent et les autres. De même, les
conventions qui lient ce continent et l'Occident pour la recherche des
médicaments, EBOKO, F a affirmé que c'est « le
continent africain qui paye le plus lourd tribut à la pandémie du
SIDA, avec 70% des cas de contamination25(*) » ; dans la même
lancée, il aborde le thème sous un angle sociopolitique en 2007
en posant le problème de la disponibilité des médicaments
et de la dépendance du continent vis-à-vis du Nord et constate
que les médicaments sont au Nord et les malades au Sud26(*).
Au cours d'un séminaire doctoral sur les sciences
sociales et VIH/SIDA en France, plusieurs problèmes ont
été soulevés par les participants à savoir :
l'inégalité structurelle d'accès au traitement,
l'évolution et le vécu de la maladie, le rapport entre les
malades et leurs proches27(*). Mais ce qui n'a pas été fait c'est de
spécifier le vecu de la maladie chez les femmes séropositives
africaines qui ont des contraintes plus visibles que celles de
l'Occident ; ce qui a des répercussions sur les rapports avec leurs
proches.
Au Cameroun, ayant pris acte de certains problèmes
soulevés, des politiques seront donc mises sur pied pour favoriser un
accès des personnes infectées au traitement : la
confidentialité dans la déclaration des résultats des
tests sérologiques, la non discrimination, la reconnaissance du VIH
comme une question de vie collective, la prise en charge et le soutien des
patients et leurs familles. C'est pour cette raison que le gouvernement
camerounais a entrepris depuis 1996 28(*)des actions visant à faciliter l'accès
du plus grand nombre de PVVIH à l'ARV. Dans un point de presse du 19
avril 2007, le Ministre de la santé publique a annoncé la
gratuité des antirétroviraux à compter du 1er
mai 2007. Cette décision arrive au moment où les unités de
prise en charge (UPEC) et les centres de traitement agrées (CTA)
enregistrent chaque jour de nouveaux malades et de personnes mises sous
traitement antirétroviral. La mise en oeuvre de cette politique a permis
une augmentation du nombre de personnes ayant initié le traitement ARV
de 600 malades en fin 2001 à 53238 en juin 200829(*). De plus, 38.000 personnes
ont eu recours au dépistage au cours de l'année 2003. Ces
indicateurs ne doivent pas masquer la difficulté du programme,
soulignée explicitement par les promoteurs, dans le plan
stratégique de lutte contre le SIDA 2004 - 200630(*). Les ARV étant
introduits depuis 1996 dans le pays, il est important de vérifier les
effets de l'accès au traitement sur la sexualité et le
comportement procréateur des patients qui suivent ce traitement afin de
savoir les modifications qui surviennent. A ce titre, le Cameroun peut d'une
manière générale à travers sa capitale
politique(YAOUNDE), constituer un terrain privilégié de recherche
sur les spécificités sanitaires des femmes vivant avec le virus
du SIDA. Plus spécifiquement, le Cameroun apparaît comme un
terrain d'observation des effets de la mise sous ARV sur le comportement des
femmes et des hommes atteints par le virus du SIDA notamment dans le domaine de
la vie sexuelle et reproductive.
Lorsqu'un individu apprend qu'il est infecté par le
VIH, le conseil délivré par les équipes de santé
est d'utiliser des préservatifs à chaque relation pour ne pas
donner naissance à un enfant qui pourrait être infecté, ou
qui pourrait se retrouver orphelin quelques années plus
tard.31(*)
Ces propos soulèvent une question importante dans le
champ de la santé de la reproduction. On pourrait s'attendre à ce
que des personnes qui se savent infectées, fassent des choix volontaires
pour éviter dans leurs processus reproductifs toute sexualité
à risque. Ceci est pourtant loin de la réalité, surtout
dans le contexte africain en général et au Cameroun en
particulier où l'enfant est, malgré les mutations de la
société considéré comme une richesse.
Notre approche sera spécifiquement axée sur les
femmes sous traitement et la gestion de leur désir d'enfants parce qu'il
existe un rapport entre l'infection au VIH chez les femmes et leurs
comportements sexoreproductifs. En temps de VIH, les femmes ne rencontrent pas
les mêmes difficultés que les hommes séropositifs ce qui
crée une disparité dans les conséquences
enregistrées entre les hommes et les femmes32(*). Ces problèmes sont
d'ordre socioculturel, économique, affectif et religieux. Ainsi dans
cette étude nous nous attèlerons à comprendre si la mise
sous ARV constitue un facteur de modification de comportements des femmes
séropositives notamment les femmes enceintes, celles qui ont des
nouveaux nés, et celles qui n'en ont pas encore. Une étude
menée au Rwanda a au contraire montré que les femmes
dépistées positives pendant les campagnes de dépistage et
qui n'avaient pas encore de quota d'au moins 4 enfants se
« dépêchaient » plutôt à
faire d'autres enfants afin d'atteindre un nombre
« suffisant ». En Côte d'Ivoire, une
équipe franco ivoirienne a montré qu'après notification
à la femme de son statut sérologique, elles utilisent peu la
contraception, et encore moins le préservatif33(*).
Au Cameroun, une étude sur l'accessibilité aux
ARV a fait constater que l'une des motivations des femmes à assurer une
observance thérapeutique est surtout le souci de retrouver un certain
équilibre physique ou physiologique qui leur permettrait ensuite de
continuer un projet de procréation. Décider de ne plus avoir
d'enfants constitue une négation de l'avenir car celui-ci constitue un
gage de survie pour les parents34(*). Même lorsque les professionnels de la
santé proposeront à l'accoucheuse infectée, les options
d'allaitement en temps de VIH parmi lesquelles on peut citer l'allaitement
maternel exclusif ou le lait artificiel qui est sans risque, la forte pression
sociale que subissent les femmes infectées ou les accoucheuses peut
contraindre certaines d'entre elles à abandonner l'allaitement
artificiel au profit de l'allaitement maternel à risque. Aussi dans le
contexte de pauvreté où l'on assiste de plus en plus à un
« épuisement financier » des malades du SIDA, il
n'est pas toujours possible pour les femmes pauvres sous ARV d'assurer une
réelle survivance nutritionnelle ou une substitution en micronutriment.
Ces femmes pauvres pour la plupart, doivent donc gérer des contraintes
sanitaires et sociales liées à leur désir de
procréation. Ce projet de procréation ou ce désir de
contribuer à assurer sa sexualité conjugale doit être
corrélé à la fois à l'accessibilité
sanitaire, économique, sociale, culturelle et religieuse. Car, en
Afrique subsaharienne en général et au Cameroun en particulier,
malgré la tendance du recul des naissances, l'imaginaire social qui
prédomine est la recherche de l'enfant .Cette ambition peut être
immédiate ou à long terme selon l'aspiration des uns et des
autres. La femme est plus honorée quand elle a fait des enfants35(*). Ainsi, au vu de ceci, on
constate que ce programme des ARV n'a pas su allier faits sanitaires, faits
culturels, économiques et sociaux car au Cameroun et dans plusieurs
sociétés subsahariennes, la procréation est au coeur des
préoccupations sociales.
III - QUESTIONS DE RECHERCHE
Quatre questions vont constituer la toile de fond de ce
travail à savoir : une principale et trois autres qui lui sont
subsidiaires.
III-1-Question principale :
Quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements
sexuels et reproductifs des femmes séropositives placées sous
traitement antirétroviral au Cameroun ?
III-2-Questions secondaires :
Q1 : Quelles sont les logiques sociales qui orientent les
comportements des femmes séropositives placées sous ARV en
matière de sexualité et de reproduction au Cameroun ?
Q2 : Quelle est l'influence du traitement
antirétroviral sur les comportements sexuels et procréateurs de
ces femmes ?
Q3 : Dans un contexte de forte stigmatisation où
les PVVIH, spécifiquement les femmes, ont le plus souvent peur de rendre
public leur statut sérologique, comment parviennent - elles à
gérer leur sexualité et leur vie féconde ?
A la suite de ces questionnements, nous formulerons des
hypothèses qui sont des réponses provisoires.
IV - HYPOTHESES
Tout travail de recherche nécessite la formulation
d'une hypothèse qui reste un préalable pour l'accomplissement
d'une telle tache. C'est ainsi que M. GRAWITZ définit
l'hypothèse comme étant ; « une proposition de
réponse à la question posée. Elle tend à formuler
une relation entre des faits significatifs(...) Elle doit être
vérifiable de façon empirique ou logique. »36(*). Pour conduire cette
étude il s'est dégagé deux catégories
d'hypothèses à savoir : une hypothèse principale et
trois hypothèses secondaires.
IV-1-Hypothèse principale :
Comme hypothèse principale, nous formulons
que :
Dans le domaine de la santé de reproduction ou de
procréation, les comportements sexuels et reproductifs des femmes
séropositives sous traitement antirétroviral ne concorderaient
pas toujours avec le discours biomédical en raison des logiques
socioculturelles et religieuses qui orienteraient les actes de ces
dernières dans la société.
De cette hypothèse principale découlent trois
hypothèses secondaires.
IV-2-Hypothèses secondaires
H1 : l'imaginaire social axé sur la valorisation
des enfants et la tradition en matière de sexualité et de
fécondité sont les principales logiques qui orientent les
comportements sexuels et reproductifs des séropositives sous TAR.
H2 : La mise sous traitement antirétroviral
introduit les femmes séropositives dans une
nouvelle « carrière thérapeutique37(*) » qui interagit
avec la nature de leurs rapports sexuels et leur finalité.
H3 : Dans la gestion de leur sexualité et de leur
fécondité, ces femmes sont partagées entre deux registres
normatifs qui pourraient les amener à opérer un choix selon le
contexte où elles se trouvent.
V - METHODOLOGIE
Dans tout travail de recherche, la méthodologie
constitue le noeud. Car elle comporte, selon F.
CHINDJI-KOULEU, « à la fois la structure de l'esprit
et de la forme de la recherche et les techniques utilisées pour mettre
en pratique cet esprit et cette forme ».38(*)Cette partie du travail est
subdivisée en quatre moments à savoir : le cadre
théorique d'analyse, le cadre de l'étude et les techniques de
collecte de données, l'analyse des données et enfin la
définition de la population d'étude.
V-1- CADRE THEORIQUE D'ANALYSE
Une mobilisation des théories s'impose d'autant plus
que c'est le préalable de toute connaissance scientifique. Notre
thématique à savoir les comportements sexuels et reproductifs des
femmes vivant sous ARV au Cameroun, a amené à envisager la
mobilisation de certaines grilles théoriques pour l'observation,
l'exploitation, l'interprétation et la compréhension du
phénomène. Dans le cadre de notre travail, la théorie de
l'imaginaire social et l'ethnométhodologie ont servi à
l'interprétation de cette réalité sociale.
V-1-1 - La théorie de l'imaginaire social
Dans cette approche, la clé de compréhension du
phénomène de procréation réside dans les valeurs
culturelles partagées par un ensemble de personnes. La reproduction ou
la fécondité et la sexualité étant liées en
Afrique, comprendre le niveau de ce phénomène dans une
société revient à sonder les profondeurs de son
inconscient collectif. Il existe donc une relation qui pourrait être
qualifiée de cause à effet, entre le système de
représentation et le système de reproduction d'un peuple. C'est
ainsi que LOCOH 39(*)
affirme qu'il existe une rationalité collective dans la
fécondité d'une nation. Ceci étant, le constat qui se
dégage est que : sexualité et reproduction sont
indissociables en Afrique noire car le but premier de la sexualité dans
l'imaginaire collectif africain c'est la procréation.
Dans le cadre de ce travail, cette théorie a
été mobilisée pour expliquer les fondements des
comportements sexuels et reproductifs des africains en général et
des Camerounais en particulier. L'une des figures phares de ce courant en
Afrique est Jean -Marc ELA, sociologue camerounais. Pour lui, le sociologue
qui veut décrypter les déterminants de la
fécondité, trouve dans la théorie de l'imaginaire qui
s'impose aujourd'hui à de nombreuses recherches en sciences sociales, un
cadre d'analyse incontournable.40(*)
Ainsi, cet auteur démontre que c'est l'imaginaire
social qui structure les comportements, les représentations et le choix
stratégique d'un individu en matière de fécondité.
En Afrique subsaharienne, malgré la tendance à
la baisse de la fécondité et la variété des
comportements en matière de sexualité et de
fécondité (due à la crise économique, à
l'instruction de la femme et son accès à l'emploi
rémunéré, à l'utilisation des méthodes
contraceptives...), l'enfant demeure une préoccupation sociale. Il a une
place dans l'imaginaire africain ; aucun individu ou couple n'y
échappe. C'est lui qui fait de l'homme, un père et de la femme,
une mère. Ainsi, un africain ou un camerounais quelque soit son niveau
d'instruction, sa tendance à l'individuation41(*) est structurée par cet
imaginaire social, sa trajectoire socialisatrice ou son
« à priori historique ».42(*) En Afrique noire, loin
d'être un acte engageant les seuls individus, la fécondité
est un fait de société. Elle répond ainsi à des
sollicitations sociales et la société à travers un
certains nombre d'images et de symboles.
Le cadre souhaitable pour exprimer ce désir reste le
mariage, c'est pour cette raison que malgré des transformations
sociales43(*), cette
institution est toujours valorisée et a pour but la procréation.
C'est dans cette union que l'individu se sent en sécurité. Car,
cela lui permettra de pérenniser l'espèce humaine à
travers sa descendance. Cela se justifie par ce proverbe Béti qui
stipule que « l'homme n'a de valeur que s'il est
marié ».
Pour l'appliquer à ce travail, nous comprendrons
pourquoi certaines femmes sous ARV opèrent une résistance aux
changements de leurs comportements. Pour celles-ci, ne décider de ne
plus accoucher ce n'est plus assurer sa féminité car, il n'ya
pas de féminité sans maternité44(*), dans un contexte de forte
stigmatisation45(*).
Egalement le recours aux nouvelles technologies de reproduction46(*) (pour celles qui
désirent avoir absolument des enfants) demande assez de moyens
financiers, or elles sont dans un contexte où prévaut la
précarité économique. A ce niveau, l'accouchement sous ARV
sera l'apanage des femmes pécuniairement aisées. Pour ne pas
semer le moindre doute dans la société (partenaire, belle
famille, entourage), ces femmes (celles qui sont mariées) pour la
plupart voudront faire des enfants pour assurer leur considération
sociale et allaiter maternellement car, cette forme d'allaitement est symbole
de santé physique dans la société. Pour celles qui ne sont
pas mariées ou qui sont encore en quête de mariage pourront
camoufler leur statut sérologique pour ne pas compromettre leur
chance47(*).
En outre, les femmes ont des difficultés à
allier les normes thérapeutiques (utilisation des méthodes de
contraception...), les normes traditionnelles en matière de
sexualité et de procréation puisqu'en Afrique noire en
général, la procréation est contraignante et pour en
arriver là il faut passer par des rapports sexuels naturels48(*).
V-1-2-L'ETHNOMETHODOLOGIE
Cette théorie est convoquée pour
compléter la lecture de cette réalité sociale.
Malgré le caractère structurant de la société,
l'individu a la liberté de se défaire de cet impensé
structurant grâce à l'idiosyncrasie. Initiée par le
sociologue américain Harold GARFINKEL, cette méthodologie profane
s'oppose à la tradition sociologique qui est le holisme durkheimien et
s'insurge contre la stabilité de l'ordre social .Il rompt ainsi avec
cette tradition positiviste qui fait de la société une
réalité objective et l'acteur, un agent sans histoire, ni
passion et largement englué dans un ensemble de valeurs qui
déterminent ses comportements49(*).
Pour GARFINKEL, il faut intelligibiliser les faits car les
acteurs ne sont pas les idiots culturels ou des « monsieur
JOURDAIN 50(*)» mais ont des réactions les uns
différents des autres et sont capables de racontabilité. Dans le
cadre de la socialisation des individus, soit on aboutit à des individus
conformes à des normes sociales, soit à des individus
déviants. Le social est un processus, le fruit de l'activité
permanente des membres de la société.
Dans le cadre de ce travail, ce modèle a permis de
comprendre les motivations des femmes ou leurs démotivations à
prendre les ARV et à respecter les recommandations qui les accompagnent.
Egalement, il a permis de comprendre que la stigmatisation qui entoure cette
maladie peut susciter des stratégies d'action51(*). Ainsi, pour comprendre toutes
les postures comportementales de ces individus sous ARV, il convient de les
faire parler eux-mêmes, de rendre compte de ce qu'ils vivent, voient et
entendent.
V.2.CADRE D'ETUDE ET TECHNIQUES DE COLLECTE DE
DONNEES
V.2.1. CADRE DE L'ETUDE
La pertinence d'un thème est tributaire de sa
délimitation spatio-temporelle.
Dans le cadre de cette étude, le site
géographique choisi est la ville de Yaoundé pour
représenter le Cameroun pour plusieurs raisons :
Elle a été choisie non pas seulement à
cause de son statut de capitale politique du Cameroun, siège des
institutions et des décisions politiques, mais aussi en raison de son
caractère macrocéphalique52(*) c'est-à-dire un lieu de centralisme des
institutions et par le même effet jouît de multiples fonctions et
d'activités à savoir : l'agriculture, l'administration,
l'enseignement, l'artisanat, l'industrie, les services sociaux ...
Ce groupement d'activités et de fonctions attire les
individus des campagnes et crée un boom démographique en zone
urbaine. Par ailleurs, elle a été choisie en raison de son
caractère cosmopolite ; c'est-à-dire un lieu de
diversité culturelle et socioéconomique, constitué des
personnes venant des quatre coins du pays. Car, elle connait un afflux massif
d'immigrants provenant de tout le pays et de l'étranger53(*) comme si toutes les ethnies
s'étaient données rendez-vous dans la capitale du Cameroun. Car,
elle attire de nombreux migrants, modifiant ainsi leur composition
ethnique54(*) et la hisse
au second rang à travers son poids démographique après la
ville de Douala avec plus de 1 200 000 habitants55(*).
Elle est également une force centripète et
centrifuge du pays56(*)
et, un lieu par excellence de réalisation des projets pilotes dans les
essais thérapeutiques qui, par la suite, sont soumis à la
diffusion sur l'ensemble du territoire national.
Il est également nécessaire de souligner que la
ville de Yaoundé est un lieu qui dispose en son sein 7 CTA57(*) des 18 que possède le
pays ; soit un pourcentage de 38,88%. Avant la décentralisation des
CTA et des UPEC, cette ville était la seule à prendre en charge
les PVVIH au Cameroun. Cette situation poussait les personnes
séropositives qui habitaient en province ou en périphérie
à effectuer périodiquement des déplacements pour y aller
recevoir leurs soins. Certains patients se sont familiarisés avec les
CTA de cette ville au point où après la décentralisation
dans la prise en charge survenue en 2001, ils ont continué à
recevoir leurs soins dans les formations hospitalières de cette ville.
Ceci à cause des réseaux sociaux qu'ils ont noués avec
les techniciens de soins. Mais aujourd'hui, malgré la
décentralisation, la capitale reste le centre car cette politique loin
de marquer l'autonomie des UPEC, favorise l'augmentation de la prise en charge
du nombre des malades.
De même, l'introduction des PTME survenue en 2001 s'est
faite à travers un projet pilote à Yaoundé.
Sur les 12 associations des PVVIH que compte la région
du Centre, cette ville compte à elle seule en son sein 9
associations ; ce qui représente 75 % au niveau régional et
11,11 % au niveau de tout le pays. Une des preuves qui montre que
Yaoundé reste le laboratoire central dans les stratégies de lutte
contre le VIH-SIDA.
Enfin, le choix de Yaoundé, en tant que zone urbaine et
considérée au même titre que les zones rurales au Cameroun,
provient du fait que l'urbanisation n'a pas eu des effets escomptés sur
la fécondité. Des études montrent que le niveau de
fécondité urbaine n'est pas très éloigné de
celui des zones rurales. En Afrique noire, la ville n'est très souvent
que le prolongement de la campagne avec son univers de valeurs, ses
systèmes de représentations que les citadins tentent de
reconstruire dans leur nouveau milieu.58(*)
Au sein de cette ville, quelques unités ou sites de
recherche ont été retenues. Il s'agit des CTA de l'hôpital
du jour de l'hôpital central, de l'hôpital militaire et l'UPEC du
centre médical de l'Ecole de Police, la PTME de la maternité de
l'HCY et une association des femmes séropositives dénommée
AFASO.
En ce qui concerne le CTA de l'hôpital du jour de
l'hôpital central de Yaoundé (HDJ) et la PTME dudit hôpital,
nous l'avons choisi parce qu'il est considéré comme le CTA
mère au Cameroun. L'HCY a été choisi en raison de son
ancienneté dans le suivi et le traitement des PVVIH car il a
été agréé comme centre de traitement
agréé par décision ministérielle59(*) depuis 2001, date du
début de la prise en charge au Cameroun. De même, malgré la
décentralisation dans le traitement, l'HCY à travers les services
de l'HDJ reste le centre des structures de lutte contre le VIH/SIDA et
constitue un laboratoire des essais thérapeutiques comme l'exemple du
projet DAYANA60(*).
Quant au CTA de l'hôpital militaire et de l'UPEC du
centre médical de la police, nous les avons choisis pour deux
raisons : la vulnérabilité au VIH-SIDA des hommes en tenue
et de leurs partenaires61(*). Ensuite nous les avons choisis dans un souci de
confrontation des procédures de prise en charge.
Nous avons également choisi l'association AFASO parce
qu'elle est l'unique association qui compte uniquement les femmes
séropositives .Née à partir d'un détachement de
l'AFSU, elle s'est détachée de celle-ci pour constituer un cadre
intime à travers lequel les femmes séropositives devaient se
retrouver et discuter de leurs différents problèmes dans leur
stricte intimité.
Quant à la durée de la recherche, elle s'est
étendue à la période allant du mois d'août 2009
à février 2010.
V.2.2.TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES
Dans le cadre de ce travail, le choix des techniques de
collectes des données a été porté sur les
techniques essentiellement qualitatives qui visent la recherche, l'explication,
l'analyse des phénomènes visibles ou cachés pour leur
compréhension en profondeur62(*). Car, pour MENDRAS63(*),une technique sociologique doit être congruente
avec la réalité sociale qu'elle essaie d'étudier .Cette
étude porte sur un thème qui touche la sensibilité et
l'intimité des enquêtées ce qui peut les entrainer à
cacher certaines informations . Pour pallier à cette inquiétude
nous avons choisi des techniques qui nous ont permis de nous rapprocher de
notre public cible afin de pouvoir entrer en profondeur dans la
réalité sociale et pouvoir débusquer sa face
cachée64(*). Ici,
ce qui nous a intéressé c'est la qualité des informations
et non leur quantité. Ainsi comme techniques, nous avons mobilisé
un ensemble de procédés purement qualitatifs qui nous ont permis
de recueillir les informations relatives à notre thème à
savoir : l'observation directe, la recherche documentaire, les
entretiens, et enfin quelques récits de vie.
V.2.2.1.L'observation directe
Considérée comme l'une des techniques de
collectes des informations les plus importantes en sciences sociales parce
qu'elle permet l'entrée en contact direct avec la réalité
sociale, de porter un regard attentif sur une situation sans la modifier,
l'observation directe permet au chercheur de la vivre à partir de ses
sens. C'est le préalable à toute activité scientifique
Comme l'atteste V. NGA NDONGO en ces termes :
L'observation directe favorise l'accès
immédiat aux comportements, aux actes et aux objets en tant que
situation et contexte pratiquement réel dans lesquels interagissent
différents acteurs sociaux65(*).
Dans le cadre de ce travail, nous avons recouru à
l'observation à caractère ethnographique qui a reposé sur
trois savoirs faire fortement imbriqués à savoir :
« percevoir, mémoriser et noter66(*) ».
Pour faire cette observation, nous avons assisté
à des séances de counseling à l'HDJ, l'UPEC du
CMPY et à l'AFASO où nous avons tour à tour joué
les rôles d'observateur interne et d'assistant social pour entrer dans
l'intimité de ces femmes. Cette technique nous a permis non pas
d'observer in situ les comportements sexuels des femmes
séropositives sous traitement antirétroviral, mais plutôt
d'utiliser nos sens, principalement, notre vue et notre ouïe à
l'effet de comprendre leur vie sexuelle et féconde tout en
écoutant les recommandations qui leur sont données concernant
leur vie sexuelle et féconde lors des séances de prise en charge
psychosociale et thérapeutique ; d'observer leurs attitudes en
notant dans notre journal de terrain ,afin d'analyser et comprendre le pourquoi
certaines PVVIH continuent à adopter des comportements à risque
(nouvelles grossesses même lorsqu'elles ne sont pas encore prêtes
et allaitement maternel même lorsqu'il est jugé dangereux, qui
sont des preuves patentes du non respect des consignes médicales).
Elle nous a également permis de recueillir les
informations sur les PVVIH sous traitement en captant leurs attitudes et leurs
propos pour saisir des éléments de réponse sur le vif de
notre sujet afin de ne pas dépendre des réponses qu'elles vont
nous fournir dans le cadre des entretiens67(*).
V.2.2.2.L'observation documentaire
C'est une observation qui porte sur l'analyse des documents ou
l'étude des traces68(*).Pour V. NGA NDONGO, « il
s'agit d'une observation médiatisée par les
documents », il continue en disant
qu'
Est document tout élément
matériel ou immatériel, qui a un rapport avec l'activité
des hommes vivant en société et qui de ce fait constitue
indirectement une source d'informations sur les phénomènes
sociaux69(*).
C'est en somme une méthode de collecte des
données qui porte sur les sources écrites ou non.
Pour mieux appréhender notre objet d'étude, nous
avons au préalable procédé à une recherche
documentaire qui a consisté à recenser des mémoires, des
ouvrages, des articles, des rapports, des revues consacrés au SIDA en
général.
Ainsi, nous sommes arrivés à constituer un
corpus de textes, d'articles, d'émissions radiophoniques et
télévisées sur la question du SIDA en
général et particulièrement sur le traitement
antirétroviral. Ce qui nous a permis de mieux fixer les contours de
notre préoccupation.
De manière générale, notre recherche
documentaire est constituée des ouvrages généraux, des
ouvrages spécialisés (SIDA, Allaitement, Sexualité,
Fécondité...), des thèses, des mémoires, des
articles, revues et rapports scientifiques divers.
Pour entrer en possession de ces documents sus -cités,
nous avons tour à tour visité le
Cercle-Philo-Psycho-Socio-Anthropo(CPPSA) de l'Université de
Yaoundé I, les bibliothèques de l'IFORD, du Centre
régional de promotion du livre en Afrique au Sud du Sahara(CREPLA), du
Comité national de lutte contre le SIDA(CNLS), et de l'AFASO, toutes
situées à Yaoundé. De même, nous avons visité
la direction de la santé publique du ministère de la santé
publique du Cameroun pour entrer en possession des arrêtés
ministériels portant la gratuité des ARV et fixant les prix des
examens qui précèdent la prise en charge et d'autres relatifs au
suivi du TAR.
Cette observation documentaire nous a permis tout au long de
ce travail, de combler les lacunes de l'observation directe en entrant dans les
documents qui sont relatifs aux recommandations données aux personnes
séropositives en général et des femmes en particulier
concernant la gestion de leur sexualité et de leur désir de
procréation.
Ainsi, après cette étude normative, nous avons
fait une confrontation de ces normes thérapeutiques avec les valeurs
socioculturelles africaines pour établir leurs concordances ; car,
en dépit des changements sociaux qui ont cours dans ces
sociétés, la prévalence d'un imaginaire social reste
d'actualité. Cela se traduit par ces termes de MULAGO cité par
ELA : « Pour l'africain, vivre c'est exister au sein
d'une communauté. Il possède son être, sa vie qu'en
commun »70(*). Elle a aussi permis de relever les
formes de stigmatisation qui continuent à avoir lieu dans la
société.
V.2.2.3.Les entretiens
L'entretien est une technique de collecte des données
en sciences sociales qui est défini par LABOV et FANSHEL cités
par BLANCHET et GOTMAN comme étant « Un speech
évent (évènement de parole) dans lequel une personne A
obtient une information d'une personne B, information qui était contenue
dans la biographie de B ».71(*)
Ainsi, plusieurs entretiens ont été faits aux
deux catégories de personnes qui constituent les composantes de notre
échantillon72(*).
Le premier type d'entretien à caractère
ethnographique nous a permis d'établir une communication verbale, avec
les femmes séropositives sous traitement, de classes
socioprofessionnelles et de cultures hétérogènes se
situant dans la tranche d'âge de fécondité à propos
de leur vie sexuelle et féconde après l'établissement de
leur sérologie. Ceci, pour connaître leurs motivations ou
démotivations à prendre les ARV et à respecter les
recommandations hospitalières pour enfin savoir si leurs comportements
ont changé après leur mise sous ARV. Car, les
faits, « existent en tant que réalité
vécue, mais ils sont fabriqués au cours du processus
d'interrogation, d'observation et
d'expérience. »73(*).
Dans ce cadre, nous avons fait l'effort d'avoir une
proximité sociale en assistant à plusieurs séances de
prise en charge dans les CTA de l'hôpital du jour de Yaoundé, du
CTA de l'hôpital militaire et à l'UPEC du centre médical de
la police de la même ville, en nous passant parfois pour une PVVIH ou un
personnel médical pour nous situer dans le même univers social que
l'interviewé74(*).
Nous les avons rencontrées dans les CTA de l'HDJ, de l'HMY, de l'UPEC du
CMPY et dans deux associations des femmes séropositives à savoir
AFASO et CEAM, et enfin dans des endroits privés pour d'autres. Au cours
de cette rencontre, nous avons eu des entretiens sur les recommandations qui
leur sont données dans les formations sanitaires et ensuite sur les
difficultés liées à ces prescriptions.
A coté de cela, nous avons fait des entretiens semi
directifs à une autre catégorie de personnes à
savoir : les personnes ressources constituées des personnels de
santé.
S'agissant des personnes ressources constituées d'un
médecin gynécologue, de conseillères psychosociales qui
sont aussi séropositives mais qui ont fait des stages de recyclage pour
être associées à la prise en charge, d'assistante sociale
et d'infirmière, nous les avons rencontrées dans leurs lieux de
service suivant cette répartition :
Au CTA de l'hôpital de jour, nous avons rencontré
l'infirmière major de l'HDJ de Yaoundé, une assistante sociale ,
des conseillères psychosociales(séropositives et
bénévoles) dans la même institution et enfin un
médecin gynécologue de la PTME de la maternité de l'HCY
pour savoir comment se fait la prise en charge des PVVIH en
général et en particulier les femmes séropositives pour
savoir les dispositifs thérapeutiques et les mesures d'accompagnement
qui sont déployés dans leur désir de
fécondité pour enfin savoir si celles-ci parviennent à les
respecter.
Dans un souci de confrontation de cette prise en charge, nous
nous sommes rendus au CTA de l'HMY et à l'UPEC du CMPY du fait du
caractère vulnérable des hommes en tenue et de leurs partenaires,
où nous avons respectivement rencontré une conseillère
psychosociale et l'infirmière major responsable de la prise en
charge.
Cette opération d'entretien s'est
déroulée durant la période allant du mois d'août
2009 à février 2010.
V.2.2.4. Les récits de vie
Le récit de vie est un instrument de
collecte de données qui permet au chercheur d'établir une
conversation avec l'enquêté dans le but d'avoir les
éléments de sa biographie et son expérience vécue.
Pour WILLIAME R, « L'étude des faits
passés est indispensable à l'explication ou la
compréhension des faits sociaux actuels »75(*), car pour comprendre
les faits sociaux actuels, il faut entrer dans leur historicité.
Cette technique a été utilisé dans
l'optique de comprendre la vie en général, la trajectoire
sexuelle et reproductive de ces femmes depuis leur entrée dans la
maladie jusqu'au début de leur traitement, puis examiner les logiques
qui orientaient les comportements de ces femmes en matière de
sexualité et de reproduction.
Ainsi, nous avons dans le cadre de travail
récolté trois récits de vie de certaines femmes qui ont
vécu des situations particulières depuis leur entrée dans
la séropositivité. Ce qui fait qu'en dehors des entretiens que
nous avons eus avec qu'elles, nous avons eu des rendez vous
supplémentaires pour acquérir des fragments de leur vie.
V.3. Population de l'étude
Pour faire face à cette étude qui
s'intitule : « les comportements sexuels et
reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au
Cameroun », nous avons procédé à
l'échantillonnage de la population cible de ce travail.
Par échantillonnage, il faut entendre une
«technique par laquelle on choisit une partie représentative de
la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble
de la population à étudier »76(*).
Ainsi, pour aborder ce travail nous avons eu recours à
une population cible à deux composantes à savoir : les
personnes ressources qui s'occupent de la prise en charge, et les femmes
séropositives.
Mais dans le cadre de cette étude, nous n'avons pas
travaillé avec tout le personnel de santé du pays impliqué
dans la prise en charge ou toutes les femmes séropositives du Cameroun,
mais avec celui et celles de Yaoundé pour des raisons sus
évoquées .Et au sein de cette ville, nous avons
opéré un choix théorique c'est-à-dire aller
directement vers les personnes qui sont à même de nous fournir des
informations relatives à notre thème. Ceci nous a emmené
à aller vers les personnes impliquées dans la prise en charge des
personnes séropositives à Yaoundé. Celles que nous avons
repérées sont les infirmières major (deux), une assistante
sociale, un médecin gynécologue de la PTME de l'HCY et des
conseillères psychosociales.
Quant aux femmes séropositives que nous avons
rencontrées dans le cadre de notre recherche, elles sont de classes
sociales et de cultures hétérogènes .Nous avons choisi
des femmes issues des toutes les régions du pays, de classes sociales,
de situations matrimoniales, d'âges, et de catégories
socioprofessionnelles différentes.
Pour ce qui est de la taille de notre échantillon, nous
avons au total interrogé 30 personnes dans le cadre des entretiens,
reparties ainsi qu'il suit : 26 femmes séropositives et 4
personnels de santé. A coté de ces entretiens, quelques histoires
de certaines personnes ont été récoltées dans le
cadre des récits de vie. Ceci parce que, nous avons recouru
essentiellement aux techniques qualitatives. Or dans le cadre d'une approche
qualitative, « les entretiens approfondis ne visent pas
à produire des données quantifiées et n'ont pas besoin
d'être nombreux. Ils n'ont pas pour vocation
d'être « représentatifs »77(*). Allant à la suite
de ces auteurs, nous comprenons que dans les recherches qualitatives, le plus
important n'est pas la quantification ou la mathématisation du social,
mais la compréhension de ce social en profondeur même comme leur
catégorisation les expose au retour à cette
mathématisation.
La répartition des personnes interrogées se
trouve sur les tableaux ci-dessous selon leurs âges, leurs statuts
socioéconomiques et leurs régions d'origine :
1-Tableau I : Distribution des personnes
interrogées
Personnes interrogées
|
HDJ/HCY
|
PTME/HCY
|
HMY
|
UPEC/CMPY
|
AFASO/CEAM
|
total
|
Personnels de santé
|
2
|
1
|
0
|
1
|
0
|
4
|
Femmes séropositives associées dans la prise en
charge
|
2
|
0
|
1
|
1
|
4
|
8
|
Femmes séropositives
|
4
|
0
|
4
|
6
|
4
|
18
|
total
|
8
|
1
|
7
|
8
|
5
|
30
|
Source : Enquête de terrain
2- Tableau II : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon
l'âge
Classe d'âge
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
-de 20 ans
|
2
|
7,69
|
20-30 ans
|
8
|
30,76
|
30-40 ans
|
6
|
23,07
|
40-49 ans
|
10
|
38,46
|
total
|
26
|
99,98
|
Source : Enquête de terrain
Le tableau de ces femmes présentant leurs
différents âges montrent que nous nous sommes
intéressés à des femmes se situant dans la fourchette de
l'âge de la procréation.
3- Tableau III : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leurs régions
d'origine
Région d'origine
|
effectif
|
Pourcentage(%)
|
Adamaoua
|
0
|
0
|
Centre
|
7
|
26,92
|
Est
|
2
|
7,69
|
Extrême-Nord
|
2
|
7,69
|
Littoral
|
2
|
7,69
|
Nord
|
0
|
0
|
Nord-ouest
|
1
|
3,84
|
Ouest
|
6
|
23,07
|
Sud
|
3
|
11,53
|
Sud-ouest
|
1
|
3,84
|
Etranger
|
2
|
7,69
|
total
|
26
|
99,96
|
Source : Enquête de terrain
Ce tableau met en exergue la diversité et
l'hétérogénéité culturelle de notre
échantillon. Etant donné que notre étude est basée
sur le Cameroun, il était question pour nous d'opérer un choix
raisonné de notre échantillon. Pour impliquer toutes les
entités culturelles ou ethniques dans notre étude.
4- Tableau IV : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leurs
catégories socioéconomiques ou leurs activités
Catégories socioéconomiques
(activités)
|
effectif
|
Pourcentage (%)
|
Élèves ou Etudiantes
|
4
|
15,38
|
Secteur public/privé
|
7
|
26,92
|
Activité de bénévolat
|
7
|
26,92
|
Secteur informel
|
3
|
11,53
|
Sans activité
|
5
|
19,23
|
Total
|
26
|
99,98
|
Source : Enquête de terrain
Ce tableau présente la distribution de nos
enquêtées en fonction de leurs statuts socioéconomiques et
leurs activités ; question de montrer la diversité sociale
de ces femmes. Dans la gestion de leur sexualité et de leur
fécondité, certains paramètres entre en jeu comme les
examens, l'alimentation etc... Ce qui fait que pour relever les
difficultés auxquelles elles sont confrontées, il était
important de varier nos enquêtées au niveau des activités.
5- Tableau V : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leurs nombres
d'enfants vivants ou leur grossesse au moment de l'enquête
Nombre d'enfants en vie et/ ou une grossesse
|
effectif
|
Pourcentage(%)
|
0
|
5
|
19,23
|
1
|
8
|
30,76
|
2
|
2
|
7,69
|
3
|
4
|
15,38
|
4
|
2
|
7,69
|
+ de 4
|
5
|
19,23
|
total
|
26
|
99,97
|
Source : Enquête de terrain
6- Tableau VI : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leur état de
grossesse
Femmes en état de grossesse et reparties selon leur
CTA/UPEC
|
effectif
|
Pourcentage(%)
|
CTA/HDJ
|
1
|
25
|
CTA/HMY
|
2
|
50
|
UPEC/CMPY
|
1
|
25
|
total
|
4
|
100
|
Source : Enquête de terrain
Ces deux tableaux présentent les distributions de nos
enquêtées en fonction du nombre d'enfant en vie et de grossesse.
Ceci parce que dans la compréhension de la vie sexuelle et
procréative des femmes sous TAR, ce paramètre est important. Les
femmes continuent à faire des enfants si le quota de leurs enfants en
vie n'est pas atteint.
7- Tableau VII : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leurs
religions
religions
|
effectif
|
Pourcentage(%)
|
Chrétienne
|
22
|
84,61
|
musulmane
|
4
|
15,38
|
total
|
26
|
99,99
|
Source : Enquête de terrain
Nous avons également pensé à l'aspect
religion en évoquant ce tableau qui présente la distribution de
nos enquêtées en fonction de leurs religions. Dans la lutte contre
la pandémie SIDA, cet aspect est pris en compte. Ceci parce qu'il y a
des personnes qui préfèrent s'attacher au discours religieux
plutôt que de s'intéresser au discours médical.
8- Tableau VIII : Distribution des
enquêtés (femmes séropositives) selon leur situation
matrimoniale
situation matrimoniale
|
effectif
|
Pourcentage(%)
|
mariées
|
4
|
15,38
|
Célibataires
|
10
|
38,46
|
Union libre
|
1
|
3,84
|
veuves
|
7
|
26,92
|
divorcées
|
4
|
15,38
|
total
|
26
|
99,98
|
Source : Enquête de terrain
Ce tableau met en exergue la situation matrimoniale de nos
enquêtées. Cela montre une fois de plus le caractère
hétérogène de notre échantillon. Nous nous sommes
intéressés à toutes les couches des femmes
séropositives car les difficultés rencontrées dans la
gestion de leur sexualité et leur fécondité
dépendent de ces paramètres.
V.4. DU TRAITEMENT A L'ANALYSE QUALITATIVE DES
DONNEES
Après la phase de collecte des données, nous
avons procédé à la phase de traitement et d'analyse des
données récoltées sur le terrain. Cette phase se subdivise
en trois moments à savoir : la transcription, la
catégorisation et l'analyse proprement dite.
V.4.1.La transcription
Cette phase a permis de reproduire et de saisir les
données ou les informations collectées sur le terrain,
enregistrées sur cassette ou dans le journal de terrain sur un support
papier.
Sur le terrain, un magnétophone a été
utilisé pour couvrir certains entretiens individuels approfondis et
récits de vie récoltés.
Quant au journal de terrain, il a permis de noter tous les
éléments , détails et attitudes des femmes
séropositives observés sur le terrain notamment dans les
différents CTA et UPEC lors des différentes séances de
prise en charge. Cette phase a commencé juste une semaine après
le début de la collecte.
Ainsi, après cette épreuve de transcription, une
autre phase a été entamée : celle de regroupement ou
de la catégorisation.
V.4.2.La catégorisation
Dans le processus d'analyse de ce travail, la
catégorisation est l'étape qui a suivi la transcription. Elle
consiste à regrouper les données allant dans le même sens
en vue de permettre leur meilleure analyse.
Après la transcription des données sur des
papiers, nous avons procédé à un regroupement des
données en fonction de leur sens pour non seulement permettre leur
saisie en profondeur, mais aussi pour relever les occurrences dans les propos
et les attitudes des femmes interrogées car l'utilisation des techniques
qualitatives n'exclut pas le retour à la mathématisation des
faits.
Après cette étape s'en est suivie l'étape
d'analyse proprement dite.
V.4.3.L'analyse
Etant donné que,
L'entretien ne parle pas de lui-même, il faut pour
parvenir aux résultats de la recherche, effectuer une opération
essentielle, qui est l'analyse du discours. Elle consiste à
sélectionner et à extraire des données susceptibles de
permettre la confrontation des hypothèses aux faits.78(*)
De ce fait, l'enquête qualitative repose sur cette
analyse de contenu et contextuel puisque l'action sociale n'a de signification
que dans une situation particulière. Ceci, nous a amené à
prendre en compte les lieux où se sont déroulées nos
enquêtes, le temps et les acteurs mêmes dans cette analyse
sociologique qui repose sur la description et l'interprétation des
conduites, des comportements afin de les comprendre pour mieux les expliquer
sans les juger.
Ainsi, nous avons recouru à
l'interdisciplinarité79(*) pour avoir une saisie globale et totale de notre
objet d'étude. C'est dans ce sens que nous avons recouru tour à
tour à la biologie, la médecine, l'anthropologie, la sociologie,
la psychologie et au droit parce que la logique de la sociologie contemporaine
l'expose à une ouverture car, selon BALANDIER, une seule science ne peut
pas ouvrir les portes de la vérité80(*).
La biologie et la médecine nous ont servi dans ce
travail à mettre en exergue les nouvelles connaissances de la PTME
axées sur la gestion de la sexualité et la
fécondité des femmes séropositives. Quant aux
connaissances anthropologiques et sociologiques, elles ont été
mobilisées, pour mettre en exergue les rapports entre les
représentations socioculturelles et religieuses de ces femmes et le
discours biomédical. En ce qui concerne la psychologie, elle a
été utilisée pour ressortir l'état psychologique
des personnes infectées avant la prise en charge et après les
différentes recommandations. Le droit ici, a été
mobilisé pour mettre en relief les textes juridiques qui
régissent la gestion de la séropositivité.
Au cours de nos analyses, nous ne nous sommes pas seulement
focalisé sur les propos échangés ou produits par nos
personnes clés, mais nous nous sommes aussi intéressés
à leurs attitudes car celles nous ont aidé à comprendre
des non- dits de nos enquêtées et ressortir la face latente de la
réalité à partir de l'imagination sociologique81(*).
A l'HDJ par exemple nos enquêtées étaient
moins ouvertes alors qu'à l'AFASO, au CEAM, à l'HMY et à
l'UPEC du CMPY, elles étaient très ouvertes.
Nous avons également pris en compte les occurrences qui
ont un sens et une puissance82(*) dans cette étude. Occurrences qui aussi dans
une certaine mesure montrent un retour à la mathématisation du
social.
VI -DEFINITIONS DES CONCEPTS OPERATOIRES
Avant tout travail scientifique de recherche, il
s'avère impératif de faire une clarification conceptuelle pour
spécifier le sens des concepts que le chercheur a choisi afin
d'évacuer tout usage parasitaire de ces concepts. C'est dans ce sillage
que DURKHEIM attache du prix à cette partie et pense que cette
clarification conceptuelle permet au chercheur d'éviter de tomber dans
le piège du confusionnisme. A ce titre il dit :
Toute investigation scientifique porte sur un groupe
déterminé de phénomènes qui répondent
à une même définition. La première démarche
du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite
que l'on sache bien de quoi il est question. C'est la première et plus
indispensable condition de toute preuve de vérification.83(*)
Dans le cadre de ce travail, notre tache a consisté
à clarifier les concepts suivants : Les comportements sexuels,
les comportements reproductifs, femme sous ARV, ARV.
Avant de définir les comportements sexuels et les
comportements reproductifs, il a été important de commencer par
donner le sens du terme comportement avant de le recadrer dans ce travail
1 - Comportement : concept psychologique
venant des termes anglais behaviour et américain
behavior qui signifient manière d'être et d'agir des
animaux et des hommes, manifestations objectives de leur activité
globale.
C'est Henri PIERON qui insère ce concept dans le
langage psychologique français en 1907.
Pour la psychologie, la notion de psychologie contient deux
aspects :
- un organisme animal entretient des relations
spécifiques avec son environnement ; ces relations différent
profondément de celles des organismes végétaux.
- ensemble des phénomènes observables de
façon externe. Le comportement est un objet de perception ordinaire,
observable de façon externe ou publique.84(*)
Pour PIERON, le comportement est une manifestation de
l'activité globale des individus. Quant aux behavioristes comme
WATSON,
Le comportement est l'ensemble des réactions
objectivement observables qu'un organisme généralement pourvu
d'un système nerveux exécute en réponse au stimulus du
milieu, elles même objectivement observables.85(*)
Une autre approche psychologique définit ce concept
comme étant une expression des interactions entre organisme et milieu.
Ceci étant, il est une réalité appréhendable sous
la forme d'unités d'observation, les actes, dont la fréquence et
les enchainements sont susceptibles de se modifier. Il exprime une forme de
représentation et de construction d'un monde particulier.
En sociologie, le comportement est un ensemble de conduite
d'un individu dans son environnement proche ou dans sa société.
Il est caractérisé par son extériorité à
l'organisme, son interaction et les mouvements.86(*) .
Parler du comportement ici revient à présenter
les différentes attitudes des PVVIH, car la mise sous ARV influence leur
attitude sexuelle et leur fécondité car, la norme
thérapeutique les incite à une autre façon de se conduire
en matière de sexualité et dans la recherche de toute
procréation.
2 -Comportement Sexuel : Un comportement
sexuel est un ensemble de conduite d'un individu en vue de la recherche du
plaisir érotique qui fait intervenir son sexe. Or en Afrique
généralement, sexe et procréation sont indissociables,
c'est le sexe avec une finalité utile qui fait le mariage et le
consolide.
Etant donné que le sexe est l'un des organes sensibles
dans la transmission du VIH-SIDA, les professionnels de santé
recommandent aux PVVIH de se protéger avant tout rapport sexuel pour
éviter de contaminer les autres partenaires ou se réinfecter
à nouveau. Les PVVIH mariées ou non doivent désormais
vivre avec des méthodes de contraception quand il faudra faire
intervenir les rapports sexuels. Leur sexe remplira beaucoup plus la fonction
de plaisir que de procréation dans un contexte où c'est la
procréation qui est le but principal de l'acte sexuel. Cette situation
créera un climat de suspicion surtout qu'en Afrique en
général, la femme existe socialement que par son oeuvre de
procréation. En situation de VIH/ SIDA, les femmes sous TAR seront mues
par le désir d'exister socialement avant de voir dans quelle mesure
retrouver leur santé.
Dans le cadre de ce sujet, pour comprendre le concept de
comportement sexuel, nous avons examiné la perception du sexe les
PVVIH, la nature des rapports sexuels, les représentations sociales du
préservatif ; étant donné que c'est l'unique
méthode recommandée par le personnel médical en
matière de sexualité et comme conséquence logique, elle
devrait être suivie par une limitation ou une restriction des naissances
chez les femmes sous TAR. Ainsi, examiner les comportements sexuels de ces
femmes revient à s'interroger sur leur nature et leur finalité
pour comprendre si la mise sous traitement antirétroviral modifie les
comportements sexuels et réduit les risques.
3 - Comportement Reproductif : Dans ce
contexte un comportement reproductif est un comportement qui vise à
concevoir un enfant et à le mettre au monde.
En Afrique, généralement on aboutit à la
naissance d'un enfant en passant par des comportements sexuels naturels. Ce qui
marque une inséparabilité entre sexe et reproduction dans ce
continent. Ainsi, un comportement reproductif est tout comportement dont le but
est la copulation ou la fécondité. Il concerne les personnes
hétérosexuelles c'est-à-dire les individus de sexes
opposés.
A partir des normes thérapeutiques construites autour
des ARV (protection de tout rapport sexuel, restriction des naissances pour
éviter la naissance des futurs orphelins, l'allaitement maternel
exclusif puis sevrage brusque à l'âge de six mois pour celles qui
ont pu accoucher sans association avec d'autres aliments...), il ressort que
la procréation en temps de SIDA serait un phénomène
presque inexistant ou incertain chez les PVVIH ou du moins possible chez celles
qui recourront aux outils technologiques de la fécondité
(insémination artificielle...).
De manière générale, ce qui nous
intéresse dans cette étude c'est le désir d'enfant qui
reste une préoccupation majeure pour ces femmes. Après l'analyse
de ce désir, nous examinerons, les méthodes utilisées pour
arriver à cette fin, le nombre d'enfant souhaité et le nombre
d'enfant existant déjà, et enfin la gestion de leur vie
quotidienne en matière de leur alimentation et de celle de leurs
progénitures.
4 - Femme sous traitement ARV: Femme qui
est porteuse de VIH-SIDA et qui est éligible au traitement
antirétroviral. Ce qu'il faut relever c'est que ce n'est pas toutes les
personnes séropositives qui bénéficient de ce traitement
mais, il est tributaire du taux de CD4 de la personne infectée ou de la
présence de certaines infections opportunistes (IO) comme la
tuberculose, l'hépatite virale B ou C dans l'organisme du patient qui
contribue à sa fragilisation.
Lorsqu'une personne est éligible au TAR, cela montre
que son organisme est déjà fragile et par conséquent tout
activité ou pratique qui peut susciter le déclin de son organisme
est proscrite. Or, la mise sous traitement s'accompagne
généralement de certaines conditions thérapeutiques dont
l'application déstabilise souvent les fonctions sociales des femmes.
En Afrique en général, la femme pour exister
socialement est mue par le désir de remplir la fonction sociale qui lui
a été attribuée. Or les conditions du TAR contribuent
à détériorer l'image de la femme séropositive et
renforce la stigmatisation dans sa société ; ce qui entraine
chez celle-ci des stratégies d'action.
5 - ARV : Ensemble de protocoles de
médicaments ayant pour but de bloquer la multiplication et le
développement du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans
le sang tout en permettant de remonter le taux de CD4 (qui, sont des cellules
responsables de l'immunité dans l'organisme face à certaines
maladies )et de baisser la charge virale.
Dernière trouvaille en matière de lutte contre
le SIDA dans sa version prophylactique et curative, il convient de noter que
ces médicaments ne soignent pas le SIDA mais jouent un rôle
inhibiteur, stabilisateur du virus dans l'organisme et « capable
de prolonger la vie des PVVIH87(*) ».
Au Cameroun, la politique récente (1er mai
2007) est la distribution gratuite aux patients dans le but de rependre la
prise en charge dans tout le pays et que les personnes infectées du
VIH-SIDA issues de toutes les couches sociales, de toutes les catégories
socioprofessionnelles se sentent concernées .Mais dans la
procédure de mise sous ARV, le patient a plusieurs conditions à
respecter ce qui entraine nécessairement une modification dans sa vie
sexuelle et reproductive qui est source des problèmes
socioéconomiques, culturels, et religieux.
VII. PLAN DE L'ETUDE
Pour rendre compte de notre recherche, qui est à cheval
entre théorie et pratique, intitulée « les
comportements sexuels et reproductifs des femmes vivants sous
antirétroviraux au Cameroun », nous la
présenterons en deux parties subdivisées en deux chapitres
chacune.
La première partie s'intitule : De la
découverte du statut de séropositivité des femmes à
leur prise en charge. Quant à la deuxième partie, elle
s'intitule : Enjeux des comportements sexuels et reproductifs des
femmes sous traitement antirétroviral : recommandations et
incidences.
Au niveau de la première partie nous
présenterons le premier chapitre intitulé Circonstances
courantes de la découverte du statut de séropositivité des
femmes infectées et conduites observées. Il s'agira de
présenter les différentes circonstances qui amènent
généralement les femmes à faire leur dépistage de
VIH/SIDA et les conduites associées à la découverte de
leur statut de séropositivité. Ce chapitre comprendra deux
sections à savoir : une première qui liste quelques
circonstances de découverte du statut de séropositivité de
ces femmes infectées qui généralement se découvrent
séropositives pendant les consultations prénatales, lors de
l'apparition de certaines pathologies opportunistes, après le
décès d'un conjoint ou/et d'un enfant, pour une autre
catégorie des femmes, à la suite d'un dépistage
volontaire.
La deuxième section de ce chapitre quant à elle
fera mention des différentes réactions qui interviennent
après la notification du statut sérologique. Ces réactions
ne sont pas homogènes car elles sont fonctions des enjeux des personnes
dépistées séropositives. Ces enjeux étant fonctions
de l'âge, du statut matrimonial, de la situation socioéconomique,
de la culture et de la religion de celles-ci. La réaction inclut les
interactions de ces personnes avec leur entourage. Ce qui nous amènera
à examiner la gestion de l'information de la
séropositivité qui demeure un problème dans la
société Camerounaise.
Dans le second chapitre de la première partie
intitulée : Eligibilité au traitement et la prise en
charge, nous examinerons à la première section le rôle
de l'hôpital ou des centres de traitement agréés ou des
unités de prises en charge dans la gestion des personnes
infectées. Nous examinerons également les différents types
de prise en charge offerts par les centres de santé et les conditions
d'éligibilité au traitement car ce n'est pas toute personne
infectée qui bénéficie du TAR.
Dans la seconde section du chapitre 2, nous examinerons le
rôle des associations des personnes vivant avec le VIH et des relais
communautaires dans la prise en charge, ainsi que les différents
soutiens qu'ils apportent aux PVVIH et les répercussions auprès
de celles-ci.
Quant à la deuxième partie, nous listerons les
différents enjeux des comportements sexuels (Chapitre 3)et reproductifs
(Chapitre 4)des femmes infectées sous traitement antirétroviral
et les différentes contraintes socio-affectives, familiales,
économiques, culturelles et religieuses auxquelles elles font face.
Au niveau du troisième chapitre (Les comportements
sexuels des femmes séropositives sous traitement), nous
présenterons d'un coté le discours biomédical relatif
à la sexualité en temps de SIDA, la perception du sexe
après l'infection et de l'autre coté la norme culturelle en
Afrique en matière de sexualité, le statut social de la femme
Africaine en général qui sont des éléments qui
entrent en contradiction et empêchent le changement de comportement des
femmes séropositives.
Dans la deuxième section de ce chapitre, nous
examinerons les différentes contraintes qui concourent au boycott pour
certaines femmes infectées, au discours médical notamment les
contraintes affective, familiale, culturelle, ou/et religieuse. Cependant ces
contraintes se font beaucoup plus ressentir chez ces femmes en fonction de leur
statut socioéconomique.
Le dernier chapitre s'intitule : les comportements
reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun.
La première section présentera les normes thérapeutiques
en matière de procréation d'un coté, et d'un autre
coté le poids de l'enfant dans l'imaginaire collectif africain.
Dans la deuxième section de ce chapitre, il sera
question de relever les différentes contraintes auxquelles sont
confrontées les femmes sous TAR dans la gestion de leur désir
d'enfant.
Ainsi à travers cette étude, on pourra lire la
matérialisation des ambitions des femmes sous traitement qui
évitent toute exclusion sociale en s'efforçant de trouver des
stratégies qui suscitent des actions visant à les maintenir au
sein de la société.
PREMIERE PARTIE :
DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE SEROPOSITIVITE
DES FEMMES A LEUR PRISE EN CHARGE
Dans cette subdivision de notre travail, il est question de
présenter de manière générale, des circonstances
courantes dans lesquelles les femmes séropositives découvrent
leur statut sérologique au Cameroun et les conduites observées.
Pour le faire nous partirons d'abord de quelques récits de vie issus des
enquêtes de terrain pour lister ces circonstances ainsi que les
réactions qui s'en suivent souvent.
Deux chapitres constituent l'ossature de cette partie. Le
premier s'attarde sur ces circonstances courantes de la découverte de la
séropositivité qui ont des liens directs avec les
réactions de ces femmes dépistées qui sont
généralement dans un dilemme : dire pour subir une
répudiation ou ne pas dire et continuer à infecter ou se
réinfecter. C'est la préoccupation de la deuxième section
de ce chapitre.
Quant au deuxième chapitre, il présente les
conditions d'éligibilité au traitement antirétroviral, les
typologies de prises en charge ainsi que les différentes tâches
reparties entre personnels soignants, associations des PVVIH et relais
communautaires.
CHAPITRE I :
CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA SEROPOSITIVITE
DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES OBSERVEES
Nous introduirons ce premier chapitre avec quelques
interrogations signifiantes à savoir : quelles sont les
circonstances qui permettent généralement aux femmes
séropositives de connaitre leur statut sérologique ? Quelles
en sont leurs réactions ? Quel est le rôle des professionnels
de santé dans la gestion de cette séropositivité ?
Ici, il sera question de partir de quelques cas individuels pour ressortir les
circonstances qui permettent aux femmes de se découvrir
séropositives. Notre démarche sera essentiellement inductive. A
ce titre, nous partirons de quelques récits de vie
récoltés sur le terrain et des paroles des acteurs pour essayer
de les généraliser.
Manuela, 19 ans, élève dans un
collège de la ville de Yaoundé, originaire du Sud-ouest (tribu
Banyangui) est issue d'une famille modeste. Compte tenu de la taille de leur
famille et de la précarité de leurs conditions de vie, Julia sa
soeur ainée décide d'amener Manuela avec elle à
Yaoundé, où elles habitent le quartier Oyom-Abang depuis une
décennie. Elles sont très liées et s'entendent bien,
puisque Julia raconte pratiquement tout à sa soeur, question de ne pas
créer un écart avec sa soeur. Alexandre, l'époux de Julia
est un homme très dur de caractère et très bavard. Ce qui
est souvent à l'origine de disputes fréquentes entre Julia et ce
dernier.
En 2004, Manuela avait 14 ans lorsqu'elle fit la connaissance
de Yan, un garçon apparemment très calme et sérieux,
étudiant en Biochimie, âgé de 25 ans. Ils ont de grands
projets .Quelques mois après, Manuela contracte une grossesse. Prise de
panique, elle n'a pas d'arguments pour affronter sa soeur, surtout que celle-ci
lui fait confiance et la considère comme une fille très sage.
Manuela va faire pression auprès de Yan pour qu'il se présente
chez soeur Julia pour lui expliquer la situation, ou dans le cas contraire,
recourir à un avortement. Pour Yan, il faut préserver sa
visibilité sociale d'une part car, ce n'est socialement pas admissible
qu'un « grand étudiant » fasse un enfant avec une
« gamine », affirme Manuela. De l'autre coté,
recourir à un avortement est un risque surtout qu'ils ont
découvert la grossesse à 3 mois. Une situation qui
amène Yan à prendre la clé des champs.
Ainsi, Manuela abandonnée à elle-même,
s'est retrouvée dans une situation où il fallait gérer
à la foi la solitude et les besoins financiers. Sa grossesse lui
imposait d'autres envies alimentaires. Voilà qu'un matin, elle est
abordée par Monsieur MANFRED, un homme pécuniairement assis, mais
marié. Pour Manuela, c'est une occasion idoine pour résoudre son
problème. Au bout d'un mois, sa soeur établit des soupçons
de grossesse puisque Manuela a pris un peu plus de poids que d'habitude et dort
un peu plus qu'avant. Après moult questions de sa soeur, elle passe aux
aveux. Ce qui a créé chez Alexandre, l'époux de Julia, un
scandale. Manuela ne pouvant plus se faire avorter comme elle l'envisageait au
départ, n'a plus qu'à commencer à passer les consultations
prénatales. A l'hôpital, une série d'examens est prescrite
à cette dernière parmi lesquels le test de dépistage de
VIH/SIDA. Elle passe ses examens, et celui du VIH s'avère positif,
« chose que j'entend souvent », dit-elle. Or, elle
se souvient qu'avant de passer aux rapports sexuels non protégés
avec Yan, ce dernier lui avait préalablement montré son
résultat de dépistage de VIH. Il était
séronégatif.
Face à ce résultat, Manuela ne pense qu'à
une seule chose : se suicider parce qu'elle ne vivra plus pour longtemps
ou même si sa vie se prolonge, elle ne pourra plus se marier.
Déjà, son état de grossesse lui créé un
problème à la maison, car elle subit fréquemment injures
et humiliations de la part d'Alexandre. Une situation qui devrait selon elle,
être exacerbée en raison de son statut sérologique. A
l'hôpital, assise sur un banc de malades, elle se perd durant plusieurs
heures dans un monologue et fond en larmes. Elle est visiblement abattue et
inconsolable.
De retour à la maison, Manuela n'a pas le courage de
révéler la vérité à sa soeur
aînée. Elle lui explique simplement que son carnet lui sera remis
dans deux semaines, espérant qu'entre temps elle va trouver d'autres
arguments pour ne pas montrer son carnet. C'est ainsi que la jeune fille
devient de plus en plus enfermée et cachotière. Pour Julia, sa
soeur aînée, cette situation est due à la panique de sa
cadette, puisqu'elle est encore petite et primipare. Après la pression
de Julia, Manuela décide de lui présenter son carnet, mais
à une condition : ne pas mettre Alexandre au courant de la
situation, car ce dernier étant bavard, pourrait immanquablement
informer un grand nombre de personnes, notamment les parents de Manuela. Or,
cet aveu pourrait être lourd de conséquences. En effet, le
père de Manuela et Julia irait même jusqu'à renier sa
fille, et probablement incriminer Julia comme responsable de la situation.
Julia et Manuela vont donc garder « leur
secret ». Cette dernière va porter sa grossesse
jusqu'à terme, puis accouche dans des conditions normales. Toutefois, et
ce d'après les recommandations du médecin, l'enfant sera
privé du lait maternel pour échapper à toute
possibilité de contamination. A la place de l'allaitement maternel,
Manuela opte pour l'allaitement artificiel. Cela ne manque d'attirer
l'attention de son entourage qui se demande pourquoi opter pour une telle
méthode qui est coûteuse. Pour justifier ce choix, Julia
s'explique en alléguant que la mère de l'enfant est encore
élève et doit se consacrer de nouveau à ses études.
Par conséquent, elle ne sera pas toujours aux côtés de
l'enfant des journées entières. Il n'y a donc pas d'autres choix
que d'opter pour l'allaitement artificiel. Entre temps, Manuela s'est
effectivement remise à ses études et a fortement renforcé
sa croyance en Dieu qu'elle qualifie de « seul sauveur, puissant
soutien ».
La seconde histoire est celle de Solange ADA, 25 ans,
conseillère psychosociale à l'hôpital de jour de
Yaoundé, célibataire et mère d'un enfant. Solange, dans
son enfance (à l'âge de 7 ans) était très maladive
au point où elle faisait régulièrement des
anémies.
En 1996, Solange avait 12 ans lorsqu'elle a fait une crise
d'anémie sévère et à été conduite
dans un centre de Santé de Mbalmayo où elle était en
congé chez son oncle. Il lui fallait du sang puisqu'elle n'en avait
plus. C'est ainsi que l'un de ses oncles s'est porté volontaire d'offrir
son sang à la petite puisque les autres avaient toujours eu à la
secourir quand nécessité s'imposait. Ainsi, dans la
précipitation, le sang de l'oncle ATE a été recueilli et
transfusé à Solange sans aucun examen préalable puisque
à voir ATE, il était un homme apparemment bien portant et
toujours en forme.
Un an plus tard, Solange rechute. Elle est cette fois ci
transportée à l'hôpital central de Yaoundé. Son
médecin traitant lui a cette fois ci prescrit une série d'examens
parmi lesquels celui du VIH/SIDA. Les résultats de Solange montraient
qu'elle était séropositive. Or, à cette période
Solange était encore vierge et ne connaissait pas comment ça se
passe entre un homme et une femme. Mais son maître du cours moyen
deuxième année avait fait un cours sur le SIDA au cours duquel il
a présenté les modes de transmission du VIH/SIDA en insistant sur
la voie sexuelle comme principal mode ; également au cours de cet
enseignement, il a relevé que toute personne infectée au VIH
était vouée à la mort.
Les recherches effectuées sur l'origine de la
séropositivité de Solange ont montré qu'elle avait
été contaminée par le sang de son oncle puisque ses
anciens livrets médicaux faisaient état de sa
séronégativité. Suite à cette annonce, la petite ne
pensait qu'à ce que son maitre leur disait en classe de cours moyen
deuxième année et se voyait à tout moment dans la voie de
la mort.
Après son rétablissement, elle est allée
en classe puisqu'elle était élève au CETIC de
Ngoa-Ekélé mais, était toujours dominée par
l'idée du SIDA c'est-à-dire l'idée de la mort. C'est ainsi
qu'un jour à la pause, elle a rassemblé ses copines pour leur
passer ses adieux parce qu'elle était convaincue que la mort
était proche. C'est ainsi qu'elle n'était plus concentrée
en classe jusqu'au jour où elle part du collège.
Quelques années plus tard à l'âge de 19
ans, elle rencontre Stéphane. Un homme qui a accepté vivre avec
elle malgré son statut sérologique. Ils s'entendaient bien mais
seulement après deux ans et demi de vie commune, Stéphane ne
supportait plus les contraintes médicales ; puisque Solange non
seulement faisait partie d'une association des PVVIH (AFASO), mais aussi,
était déjà conseillère psychosociale et paire
éducatrice. Par conséquent respectait les consignes
médicales. Stéphane était de temps en temps
traversé par l'idée d'entretenir des rapports non
protégés avec sa compagne. Chose qui allait à l'encontre
de l'éthique des PVVIH. Car dans les associations, il est
recommandé aux PVVIH d'éviter de transmettre volontairement le
virus aux personnes non atteintes. Cette situation a entraîné un
climat de tension entre les deux partenaires jusqu'au jour où
Stéphane a décidé de mettre Solange à la porte en
lui disant « va avec ton SIDA là ».
Cette période a été pour Solange une
période très difficile car elle avait déjà appris
à vivre « normalement », puisqu'au départ
elle se disait qu'elle ne pouvait plus vivre en couple avec un homme. Ce qui
traversait son esprit après cette déception était juste de
chercher un homme qui pouvait lui faire un enfant. Car, cet enfant allait lui
permettre non seulement d'être femme comme les autres mais aussi de ne
pas vivre pour « rien ».
Un an après, Solange rencontre Julien, un jeune homme
de 26 ans, mécanicien de profession avec qui ils ont eu un enfant
après avoir satisfait tous les examens cliniques qui
précédent la procréation en période de SIDA. Julien
aime bien sa copine et sa fille, mais c'est la famille de ce dernier qui
constitue un obstacle à leur union. Cette situation a commencé
lorsque l'une des cousines de Julien a aperçu Solange avec la plaque de
l'AFASO au défilé des femmes le 8 mars 2008. Elle est venue se
rassurer auprès de Solange sur ce qu'elle avait vu. Celle-ci a
affirmé qu'elle était séropositive, ce qui a poussé
la cousine de son partenaire à propager la nouvelle dans la famille de
celui-ci entraînant menaces et injures auprès de la fille.
De ces deux histoires, il ressort que les circonstances de
découverte de la maladie ou du statut sérologique des patients en
général et des femmes en particulier ne sont pas
homogènes.
I. DES CIRCONSTANCES COURANTES DE DECOUVERTE DU STATUT
SEROLOGIQUE
Les recherches menées sur les circonstances courantes
de découverte du statut sérologique du patient montrent qu'elles
sont multiples et varient d'individus à d'autres surtout au niveau des
femmes. Les enquêtes de terrain ont montré que certaines des
femmes interrogées font leur test de dépistage de VIH/SIDA en
situation de grossesse, quant à d'autres, elles le font en cas de
maladie ou du décès d'un membre de leur famille (conjoint ou
enfant), cependant rares sont les personnes qui le font par curiosité
sauf dans certaines situations où le test de dépistage est
obligatoire.
I.1.Pendant les consultations prénatales
L'histoire de Manuela en est une des preuves concrètes
qui montrent que les consultations prénatales sont des périodes
au cours desquelles nombreuses femmes découvrent leur statut
sérologique au Cameroun. La période de la grossesse chez la femme
représente ainsi dans une famille et même dans la
société globale une phase délicate.
Sur 26 femmes interrogées, 15 d'entre elles ont
affirmé avoir découvert leur statut sérologique durant
leur grossesse. Une preuve patente de la résistance des Camerounais en
général à se faire dépister malgré les
campagnes de sensibilisation et de dépistage gratuit qui sont
régulièrement faites dans le pays. Très souvent le test
est fait en masse par les Camerounais, mais lors de la remise des
résultats certaines personnes n'acceptent pas aller les
récupérer. Cette situation traduit la psychose
généralisée qu'incarne encore cette maladie dans le pays.
Car, d'une manière générale les Camerounais ont peur
malgré la mise sur pied d'un traitement gratuit, d'être inscrits
en classe de séropositif.
Au Cameroun, très peu de personnes connaissent leur
statut sérologique88(*). Cette situation met en exergue la peur qui
accompagne la maladie, une peur qui est non seulement liée à la
procédure de prise en charge qui n'est pas toujours certaine pour les
uns89(*), mais beaucoup
plus à la stigmatisation qui demeure forte dans la société
camerounaise. C'est pour cette raison que les efforts du MINSANTE vont dans le
sens de la lutte contre la stigmatisation. Cela se vérifie au niveau des
affiches et plaques où l'on peut constamment voir des photos des
personnes saines qui entourent des personnes séropositives et lire des
messages tels que « non à la discrimination des personnes
vivant avec le VIH/SIDA » ou « non
à la stigmatisation des séropositifs »...
La grossesse est une période où plusieurs femmes
se découvrent en termes de statut sérologique. Parmi les examens
qui sont prescrits à toutes les femmes enceintes lors des consultations
prénatales figure le test de VIH. Il est un passage obligé pour
toute femme enceinte et par conséquent, devient incontournable. La
période de grossesse implique un suivi médical et par
conséquent le passage d'un certain nombre d'examens prénataux
prescrit par le système médical. Examens déterminants dans
le suivi prénatal en ce sens que ce sont eux qui renseignent les
personnels de santé sur les conduites à adopter pour obtenir
l'accouchement d'un bébé sain. Ainsi, le statut
sérologique est l'un des éléments primordiaux dans le
suivi de la femme enceinte en ce sens qu'il influence ce suivi dans le contexte
de séropositivité.
En situation de grossesse, c'est le préalable à
tout suivi médical et par conséquent devient obligatoire. Madame
Anne, présidente du CEAM atteste d'ailleurs que :
C'est quand je suis allée faire mes examens
prénatals et l'écographie surtout dans le but de savoir le sexe
de mon enfant que le médecin m'a prescrit un test de VIH/SIDA. J'ai
voulu lui dire que ça ne servait à rien puisque dans ma peau je
me sentais à l'aise et le père de mon enfant est quelqu'un de
très sérieux .je n'imaginait pas cette hypothèse. J'ai
quand même fait ce test dans le but de satisfaire le médecin .Mais
lorsque celui-ci m'a annoncée que je suis porteuse de VIH/SIDA. J'ai
perdu la tète, j'ai tout imaginé : la mort, l'avenir de mes
enfants qui n'auront plus bientôt une mère. Mais après
quelques conseils et surtout lorsqu'il m'a révélée qu'il y
avait des possibilités de sauver mon enfant que j'ai retrouvé
mes esprits sinon c'était...très difficile90(*).
Le cas de cette dame n'est pas unique car plusieurs femmes
entendent toujours parler du test de dépistage comme si cela ne les
concerne pas. Chez les femmes, beaucoup d'entre elles découvrent ce test
lors des visites prénatales. Une preuve de la non adhésion au
projet de lutte contre le VIH/SIDA. Pour la plupart des Camerounais, il faut
présenter des signes extérieurs comme : la perte de poids,
des diarrhées, des vomissements pour soupçonner le SIDA. Manuela
a d'ailleurs affirmé que :
C'est à la visite prénatale que je
découvre pour la première fois comment le test de
dépistage se passe. Mais j'avais déjà des connaissances
dessus puisque ma soeur ainée m'en avait déjà
parlé. 91(*)
Ainsi, malgré les efforts entrepris dans la lutte
contre la pandémie il existe encore un décalage entre le discours
et la pratique. Plusieurs personnes sont au courant de son existence mais
peu d'entre elles ont vérifié de manière volontaire
leur statut sérologique.
En outre, d'autres situations, en dehors de la grossesse,
nécessitent des examens médicaux parmi lesquels est inclus le
test de VIH/SIDA.
I.2. Lors d'un épisode de maladie ou du
développement des pathologies opportunistes
La sérologie positive est un état de
santé caractérisé par la diminution des anticorps et
d'autres éléments de protection de l'organisme. Cette diminution
des anticorps rend l'organisme faible et vulnérable face aux maladies ou
aux infections. Il devient ainsi le siège des maladies ou infections
dites opportunistes à l'instar de la tuberculose, la diarrhée,
les dermatoses, de l'hépatite virale.
La personne séropositive devient de temps en temps
malade. Ces pathologies font parfois l'objet des hospitalisations du patient ou
de la patiente sans succès. C'est ainsi que parfois à l'issu de
certains examens (d'urine, de selles, et de sang), le personnel soignant ne
parvient pas véritablement à déterminer avec exactitude ce
dont souffre le/la malade.
Au cours de nos enquêtes, 5 femmes interrogées
ont affirmé avoir découvert leur statut sérologique suite
à la persistance de certaines pathologies qui, pour certaines, ne
trouvaient pas toujours de succès malgré des soins intenses et
pluriels92(*) qu'elles
subissaient.
Certaines d'entre elles, déçues par la
médecine moderne ont du recourir à la médecine
traditionnelle mais sans succès comme nous a affirmé Mme
0044/0893(*),
élève institutrice que nous avons rencontré à
l'UPEC du CMPY en ces termes :
Il y a de cela plusieurs mois que j'ai été
secouée par une longue maladie. J'ai été
transférée à l'hôpital général de
Yaoundé où j'ai passé environ trois mois. Mon état
de maladie s'aggravait de plus en plus. Mon oncle maternel m'a emmené
chez un tradi-praticien car il estimait que d'après ses recherches il
s'agissait d'un poison de nuit qui m'avait été donné par
l'ex-épouse de mon ami. Nous avons fait un mois chez un tradi-praticien
à Mendong. Mais jusque là sans succès. On m'a
ramenée à la maison pour ruptures des moyens financiers. Je
n'attendais plus que la mort. Une semaine après, un conseil de famille a
été organisé à mon intention. Comme
décision, ma famille a décidé de me ramener à
l'hôpital. Mais cette fois c'était à l'hôpital
central de Yaoundé. Y étant le premier examen prescrit
était celui du VIH. Examen à l'issu duquel j'ai été
déclarée séropositive. Un autre examen de bilan a
été prescrit pour permettre de déterminer mon taux de CD4
et me mettre sous traitement. J'étais à 200 de CD4. Mais
heureusement après quelques jours de traitement j'étais
soulagée malgré les effets secondaires des ARV.94(*)
Le cas de cette dame n'est pas unique. Car, plusieurs d'entre
elles ont découvert leur séropositivité à la suite
des pathologies diverses. Cette découverte met encore en exergue le
caractère de la séro-ignorance des Camerounais. Ces personnes ont
fait leur test par contrainte alors que selon la déclaration universelle
sur la bioéthique et les droits de l'homme à l'article 6
alinéa 1:
Toute intervention médicale de caractère
préventif, diagnostique ou thérapeutique ne doit être mise
en oeuvre qu'avec le consentement préalable, libre et
éclairé de la personne concernée, fondée sur des
informations suffisantes. Le cas échéant, le consentement devrait
être exprès et la personne concernée peut le retirer
à tout moment et pour toute raison sans qu'il en résulte pour
elle aucun désavantage ni préjudice.95(*)
Chez d'autres personnes, l'infection VIH se manifeste par des
infections opportunistes telles que la tuberculose. C'est le cas de Mme 0073/08
,28 ans, ex-hôtelière qui a d'ailleurs perdu son emploi suite
à son infection découverte après une longue et intense
saison de tuberculose. Cette situation l'a amenée à retourner
dans son village Ebolowa où elle réside jusqu'à l'heure
actuelle entraînant chez elle une mobilité thérapeutique et
toutes les dépenses que ça comporte (transport, nutrition,...).
Lors de la rencontre que nous avons eue à l'UPEC du CMPY elle nous a
affirmé :
Je découvre mon statut sérologique à
la suite d'une intense tuberculose que je traitais sans suite. C'est à
l'issu d'un test de dépistage que le médecin m'en a
informé. Mon mari s'est précipité, puisque je l' avais
informé, de me mettre à la porte et d'aller publier à mon
lieu de service. Ce qui a valu mon renvoi. Abandonnée à moi
même j'ai pris la résolution d'aller mourir auprès de mes
parents. Y étant j'ai informé ma famille mais l'entourage savait
juste que j'avais la tuberculose. Au début, j'étais isolée
c'est lorsque j'ai repris la forme avec le traitement que certaines personnes
m'approchent.96(*)
Les propos de cette dame témoignent une fois de plus la
séro-ignorance qui caractérise plusieurs Camerounais en
général. De même sa répudiation par son partenaire
est une preuve que la maladie constitue encore un sérieux
problème chez les Camerounais. Puisqu'il n'a pas cherché à
connaître lui-même son statut sérologique .De même son
renvoi de son lieu de service et son isolement au village témoignent de
la persistance de la discrimination et de la stigmatisation que vivent les
PVVIH.
Une autre catégorie de personnes découvre leur
sérologie positive à la suite des dermatoses. Car, certaines
répondantes ont affirmé que c'est à la suite d'un Zona
répété avec traitement sans succès que le personnel
soignant leur recommande un test de dépistage qui s'avère
positif. C'est dans ce cadre que Madame QD7177/03, 34 ans, coiffeuse que nous
avons rencontrée à l'HDJ a affirmé que :
C'est après une succession de Zona que je suis
allée à chez un tradi-praticien pour aller vérifier ce
qu'il se passait parce que dans ma vie je n'avais jamais eu des choses comme
ça. Il m'a donné des poudres que je devais utiliser pour me laver
et a dit que c'était une de mes tantes avec qui je m'étais
disputée il y a quelques jours qui m'avait lancé ce sort. J'ai
commencé le traitement et au bout de quelques jours ça avait
l'air d'aller. Peu de temps c'est revenu plus qu'avant. C'est une de mes
copines qui m'a conseillé d'aller faire mon test car elle avait une
soeur séropositive qui avait les mêmes symptômes. Au
début j'ai eu peur. C'est au cours d'un passage à l'hôpital
que je vois des gens faire leur test. Moi-même, je les ai suivies et j'ai
fait le mien. C'est à l'issu de ce test que j'ai constaté que
j'étais séropositive. Je suis allée refaire cela au centre
pasteur pour avoir la confirmation et effectivement ce n'était pas une
erreur. Le médecin m'a recommandé des examens à faire pour
me placer sous antirétroviraux. Depuis que je prends mes
médicaments il ne reste que les cicatrices de ce Zona.97(*)
Mme 022/07, 43 ans, tristement, relevait qu'elle
découvre sa sérologie après une intense maladie
accompagnée d'un comma de 7 jours. Maladie durant laquelle elle avait
été abandonnée par son mari et sa famille. Nous a-t-elle
expliqué. Ce sont les soeurs de la mission catholique qui se sont
occupées et continuent encore à s'occuper d'elle. Car elle est
une fervente religieuse pratiquante.
A coté de ces cas d'autres femmes ont
déclaré avoir connu leur statut à la suite du
décès de leur partenaire ou de la succession de
décès de leurs progénitures.
I.3.Après le décès d'un conjoint ou
d'un enfant
Le décès d'un conjoint, d'un nouveau né
ou d'un mort né peuvent conduire une femme à faire des examens
pour « avoir le coeur net98(*) ». Sur les 26 femmes
interrogées, 6 veuves sur les 7 de notre échantillon ont
affirmé avoir découvert leur statut sérologique à
la suite du décès de leurs conjoints qui sont morts de suite de
longue maladie ou qui présentaient des symptômes de SIDA au cours
de leurs maladies. C'est ce qu'atteste Maman Coco, 48 ans, veuve et
mère de 5 enfants en ces termes :
Après le décès de mon mari et
comme il est resté longtemps malade, on m'a lavée au village pour
chasser la mort ; ce qui est un rite de veuvage dans notre coutume. J'ai
commencé à avoir une santé très fragile quelques
temps après sa mort. Malgré les remèdes traditionnels que
je prenais, je faiblissais et je maigrissais à vue d'oeil. On a
parlé de sorcellerie et d'autres disaient que c'est ma belle mère
qui m'en voulait d'avoir tué son fils pour rester avec ses biens et que
c'est la raison pour laquelle elle voulait finir avec moi. Après les
conseils d'une de mes belles soeurs complice qui avait assez
fréquenté et que dans un film j'avais vu un cas similaire. C'est
alors que je suis allée à l'hôpital faire mon test et que
le médecin m'a informée que j'étais porteuse du VIH/SIDA
et que je faisais la maladie. Apres un examen bilan, il m'a
immédiatement mise sous ARV.99(*)
Le cas de cette femme n'est qu'un cas parmi tant d'autres car
plusieurs d'entre elles se sont retrouvées dans des situations
similaires. Pour madame Judith Sim, veuve et épouse d'un feu militaire,
lorsque le médecin de la garnison militaire a découvert la
séropositivité de son mari qui n'a pas pu être sauvé
à cause du retard dans la découverte, il a immédiatement
demandé à la conjointe de faire son test. Test qui a
révélé le statut positif de celle-ci, un examen de taux de
CD4 a permis de placer celle-ci sous TAR.
Cette situation montre que plusieurs Camerounais(es) font leur
test par intermédiaire de leur partenaire. C'est-à-dire que c'est
à travers le statut sérologique du partenaire ou du conjoint
qu'ils/elles découvrent le leur.
Ainsi, « en Afrique, très peu de
personnes savent qu'elles sont infectées par le
VIH/SIDA. »100(*). Car, lorsqu'elles sont bien portantes ou ne
portent aucun symptôme, l'idée de cette maladie ne les passe pas
dans la tête. Elles ne peuvent pas s'imaginer malades. En Afrique noire,
un individu se sent malade lorsqu'il est couché ou lorsqu'il maigrit. Le
maintien du poids normal est signe du parfait état de santé
physique de l'individu.
Une autre catégorie de femme a découvert sa
sérologie à la suite d'un ou des décès de leurs
enfants. C'est le cas de Mlle Eléonore Samba, 27 ans, rencontrée
au CTA de l'HMY qui nous a répondu en coulant les larmes qu'elle a
découvert sa séropositivité après le
décès de son petit bébé garçon. Alors
qu'elle avait tellement désiré un enfant garçon car ses 2
premiers enfants sont des filles. Selon elle :
A la naissance, mon enfant n'avait aucun problème.
C'est à partir de 7 mois qu'il a commencé à être
très maladif. Comme j'habite dans un foyer polygamique, j'ai cru que
c'était la coépouse de ma mère qui était à
l'origine parce que chez nous il n'y a pas de garçon. J'assimilais sa
maladie à une sorcellerie. C'est lorsqu'il a fait une dernière
crise d'anémie qui l'a emporté qu'à l'hôpital, le
médecin m'a révélé qu'il était
séropositif, puisqu'il est mort quelques heures après sa prise de
sang pour le test de dépistage. Je n'en revenais pas. Il m'a aussi
prescrit un test qui s'est avéré positif. Donc il avait
été contaminé par moi. Je ne sais à quelle
période puisque lors de mes consultations prénatales
j'étais séronégatif.101(*)
Ainsi, « une mère qui perd son
enfant à cause du SIDA, ne sait généralement pas que son
enfant était infecté et qu'elle risque d'avoir à nouveau
un enfant infecté en étant de nouveau
enceinte »102(*) puisque, Eléonore Samba est de nouveau
enceinte alors que ça ne faisait que 5 mois qu'elle avait perdu son
enfant.
D'autres catégories de femmes découvrent leur
statut sérologique suite à un dépistage volontaire pour
des fins de mariage, pour un voyage à l'étranger, pour un don de
sang, pour un recrutement dans un emploi ou tout simplement par
curiosité.
I.4. Du dépistage volontaire
Au cours de nos enquêtes de terrain, d'autres femmes ont
affirmé avoir découvert leur statut suite à un
dépistage volontaire avec des finalités différentes.
Des campagnes de dépistages volontaires et gratuits
sont organisées pendant certaines périodes de l'année
notamment pendant la célébration de la journée mondiale de
lutte contre le VIH/SIDA le 1èr décembre de chaque année.
C'est donc pendant cette période que certaines femmes profitent pour se
faire dépister gratuitement. Mlle Adjara, 24 ans,
divorcée, a d'ailleurs déclaré :
J'ai été dépistée
séropositive au mois de décembre après avoir retiré
mes résultats au cours d'une campagne de dépistage gratuit et
volontaire le 1er décembre 2008 au CHU. J'avais l'impression que ces
résultats étaient faux et il y avait de fortes chances que mes
résultats aient été confondus à cause du nombre
élevé de personnes qu'il y avait. J'ai pris l'initiative de faire
un contre test qui a malheureusement confirmé les résultats du
premier.103(*)
Des propos de cette dame, il ressort que plusieurs personnes
n'attendent que les campagnes de dépistages gratuits pour se faire
dépister. Cela veut dire que si ces campagnes n'avaient pas
été organisées plusieurs personnes ne connaîtraient
pas leur statut sérologique. En plus, le fait que cette dame ait fait le
contre test témoigne de la non crédibilité que les gens
associent à ces campagnes. Car, pour beaucoup d'entre elles, le fait
qu'il y ait une présence massive des personnes lors de ces campagnes, il
y a possibilité de confusion des résultats par les techniciens de
laboratoire. D'où l'abandon de certaines personnes.
Quant à d'autres catégories de femmes, elles
découvrent leur séropositivité à la suite d'un test
de dépistage précédant le mariage ou lorsqu'elles veulent
se mettre ensemble avec un partenaire. Le SIDA a tellement fait des ravages et
a provoqué une psychose chez les Camerounais qu'avant tout mariage ou
toute union, certains couples préfèrent aller se faire
dépister. C'est à cette occasion que certaines femmes ont
découvert leur sérologie. Comme l'a déclaré Mlle
Estella Poufong, 22 ans, commerçante, que nous avons
interrogée au CTA de l'HMY :
J'ai rencontré mon ex en 2008, il a demandé
de m'épouser. Chose que je n'ai pas refusé parce qu'il
était un garçon doux, sympa, plein d'avenir. Mais seulement tout
s'est gâté lorsque nous sommes allés faire le test sous
l'insistance de sa mère. Mes résultats ont montré que
j'étais séropositive. Je n'imaginais pas cela car dans ma vie je
n'ai pas eu de désordre sexuel. J'étais fidèle à
mon premier gars qui m'avait abandonnée il y avait seulement 3 mois
avant que je ne fasse la connaissance de celui qui devait
m'épouser.104(*)
D'autres femmes à l'instar de Mme 062/09, officier de
police de 2e grade, affirmaient :
C'est quant je suis allée faire un don de
sang à une amie malade que le médecin m'a convoquée et
arrivée à son bureau, il m'a annoncé que j'étais
porteuse du virus du VIH/SIDA et de plus d'une grossesse de trois semaines.
C'est d'ailleurs cette nouvelle qui a expulsée le foetus car
j'étais tellement traumatisée105(*).
Par ailleurs, certaines femmes se sont découvertes
séropositives suite au test pré emploi et d'autres, suite au test
qui précède un voyage. Certains recrutements à certains
emplois106(*) sont
conditionnés par le test de dépistage de VIH tout comme certains
voyages à l'étranger. C'est ainsi que c'est dans le souci de
satisfaire à ces exigences que certaines femmes se sont
découvertes séropositives. C'est le cas de Mlle Christiane,
étudiante, 18 ans, qui voulait effectuer un voyage en Belgique et en
voulant satisfaire les examens médicaux qui lui avaient
été demandés qu'elle se découvre
séropositive.
Ainsi, au regard de ces différentes circonstances de
découverte de la séropositivité, il en ressort que
malgré les campagnes axées dans le sens d'encourager les
camerounais à faire leur test et à connaitre leur statut
sérologique, beaucoup d'entre eux développent une
résistance. Or tant que chacun ne connaitra pas son statut
sérologique, la lutte contre la pandémie ne restera toujours que
théorique. C'est ainsi qu'au niveau des personnes qui se sont
découvertes infectées, les réactions et la gestion de
l'information relative à la sérologie présentent des
disparités.
II. REACTIONS ET GESTION DE L'INFORMATION
De manière générale, le verdict du
dépistage est un moment bouleversant dans la vie d'un patient. Il
s'accompagne au départ de l'anxiété, de la
dépression, de l'angoisse, de la peur ou des pleurs. L'information vient
sonner comme un glas sur la vie du patient qui fait un bref bilan de ses
relations. Mlle Christiane dira à propos :
La première des choses qui m'est venue en
tête était de me poser la question de savoir qui m'a fait
ça avant de me poser la question de savoir comment réagira le
reste et surtout mes parents à cette nouvelle. Il fallait donc à
tout prix et à tous les prix garder la confidentialité de ma
situation.107(*)
A la question de savoir si à son avis la nouvelle avait
été bien annoncée, ce qui participerait selon nous
à influencer sa position et ses prises de décisions, Mme Solange
ADA ajouta :
Ce sont des professionnels de la santé et ils
connaissent comment prendre une personne qui est en situation. J'avoue
cependant que si ça avait été une vulgaire personne qui se
chargeait de me transmettre la nouvelle, je serai devenue folle108(*)
II.1.Du rôle du personnel médical
Face à la découverte de la
séropositivité d'un patient, le personnel soignant est tenu de
donner les résultats d'un patient dans une stricte intimité et
confidentialité, c'est régi par le serment d'Hippocrate. Ainsi,
conformément à ce serment,
Il est ainsi interdit au médecin de divulguer la
nature de l'affection ou de l'infection dont souffre un individu sans
autorisation expresse et formelle de ce dernier. Dans le cas du SIDA, la loi
n'autorise pas de faire subir le test à une personne sans consentement,
ni de communiquer les résultats du test à une tierce, fût-
elle son conjoint, sans son accord préalable. Ici également, se
pose le dilemme entre le droit de se taire et le devoir de dire109(*).
Face cette situation, le personnel médical
créé un environnement psychologique favorable pour le patient
dans l'optique d'une réception positive de la nouvelle car la
dédramatisation et l'acceptation de la maladie sont deux
éléments importants pour permettre de « vivre avec
la maladie ». Mal accepté le séropositif peut se
permettre de penser au pire et de fataliser la maladie. Ce qui peut l'emmener
à contaminer les autres volontairement pour dire « on
m'a donné et moi aussi je transmets »110(*).
Cependant, comment gérer le secret de la
séropositivité d'une femme (enceinte ou pas) vis-à-vis de
son conjoint ou de son partenaire? A cette question, le personnel
médical laisse le soin à la personne infectée de le faire.
Il lui présente juste les avantages du partage de l'information à
travers des séances de counseling. Car, dans cette tâche
ils sont appuyés par des assistants sociaux et des conseillers
psychosociaux. Mais, le fait de laisser la latitude aux personnes
infectées de parler de la nature de leur affection ou infection ne
garantit pas toujours vérité. En ce sens que celles-ci,
spécifiquement les femmes ont le souci de préserver leurs
réseaux socioculturels, affectifs ou religieux. C'est pour cette raison
que le partage de l'information n'est pas toujours effectif. C'est d'ailleurs
à ce titre que Christine TCHOKOUTE, assistante sociale à l'HDJ
nous a affirmé que :
Par semaine, nous enregistrons au moins 5 à 6 cas
de personnes qui ne veulent pas informer leurs partenaires de leur
sérologie. La dernière fois, nous avions eu le cas d'une jeune
étudiante, qui nous expliquait qu'elle disparaissait chaque 20 heures
pour aller à la douche prendre ses médicaments. Cette situation
se vérifie dans des couples mariés. Car, chacun redoute de la
réaction de l'autre.111(*)
A l' HDJ, lorsque nous y étions pour nos
enquêtes, nous avons trouvé l'infirmière-major se
fâcher parce qu'un garde malade avait été informé de
la nature de l'infection d'un patient. Ce qui témoigne de la
complicité des professionnels de santé dans l'entretien du secret
chez les PVVIH.
Le personnel médical n'a pas le droit d'informer
l'entourage du patient ou même le (la) conjoint(e) d'un malade. Or,
lorsqu'il s'agit d'autres maladies comme le paludisme, la typhoïde, ou le
cholera tout le monde est informé.
Ainsi, le problème se situe au niveau de la
« protection du secret médical112(*) » du malade
développée par les professionnels de santé alors que
d'autres maladies font l'objet de la diffusion. Ce silence consentant autour de
la maladie orchestré par le personnel médical est de nature
à rendre le patient suspect et entraîne le développement de
la rumeur puisque, en l'absence d'information claire, l'entourage du patient
crée une autre information qui est susceptible de se répandre
très rapidement.
Par ailleurs, dans le processus de prise en charge,
l'ouverture d'un dossier médical n'est pas automatique après la
découverte du statut sérologique d'un individu. Car,
conformément à l'article 6 alinéa 1 de la
déclaration universelle de la bioéthique et les droits de l'homme
sus-cité, le personnel médical ne peut pas procéder
à toute intervention médicale sans consentement du patient. Cette
situation montre qu'un patient peut délibérément refuser
la prise en charge s'il trouve que ses enjeux sociaux sont menacés.
Par contre chez les femmes séropositives nouvellement
dépistées, les comportements post test ne sont pas
homogènes et sont fonctions de leur situation matrimoniale, de leur
nombre d'enfants, de leur niveau d'instruction, de connaissance sur la maladie
et de l'environnement social dans lequel elles se trouvent.
Certains médecins affirment que beaucoup des malades
développent des comportements à risque car, sur place ils font
semblant d'accepter la maladie mais vont multiplier des rapports sexuels non
protégés et parfois avec plusieurs partenaires.
D'autres par contre acceptent la maladie, décident de
changer de comportement et deviennent responsables.
II.2.Femmes dépistées séropositives et
comportements post test : l'heure du dilemme.
De manière générale, après
l'annonce du résultat, les femmes se trouvent dans une situation de
troubles psychologiques car, « la découverte de la
séropositivité bouleverse très profondément
l'existence de la personne qui subit un véritable choc. Cette annonce
remet souvent en question l'ensemble des relations familiales et
sociales.113(*) » Comme le cas de Manuela qui
était dans un dilemme ou d'ADA qui ne savait pas que cela pouvait lui
arriver. Généralement assises sur la chaise devant le
médecin, il s'observe deux principaux types de comportements :
Une première catégorie de patientes observe un
calme plat, tête baissée se posant des questions en remontant leur
vie ou en s'évaluant pour essayer de retrouver la période ou la
personne qui leur a transmis le virus ; c'est le cas de Mme Anne qui nous
confiait :
J'étais pétrifiée, j'ai
passé plus de 45 minutes sur la chaise du bureau du médecin et
l'idée de la mort trottait sans cesse dans ma tête et sur le champ
je voulais savoir les réponses à certaines questions à
savoir : quand est ce j'ai contracté la maladie ? Où
est ce que j'ai contracté cette merde ? Avec qui ? Avec
combien de personnes j'ai entretenu des rapports alors que j'étais
déjà infectée ? (...) Pourquoi moi et pas les
autres ? Qu'ai-je fait à Dieu ? Suis-je condamnée
à mourir ? Et mes enfants, à qui vais-je les
laisser ?114(*)
La seconde catégorie de femmes interrogées
observe un comportement plutôt agité accompagné des pleurs.
Après l'annonce de son résultat par le médecin, Mlle
Eléonore SAMBA nous a affirmé justement :
A l'annonce de mes résultats j'ai commencé
à crier car, pour moi c'était inconcevable, inacceptable,
inimaginable bref je ne pouvais pas songer un seul instant que je sois porteuse
de cette infamie. Cela me faisait davantage mal à l'idée de
savoir ce que vont dire mes proches et la réaction violente de mes
parents, surtout de ma mère qui a passé le plus de sa vie
à nous inculquer des valeurs comme l'abstinence ; pour tout vous
dire je ne pouvais pas retenir mon émotion.115(*)
Ainsi, la maîtrise individuelle du diagnostic
`'séropositif `' ou du SIDA dépend, outre des conditions
spécifiques de la personne et à la situation, de processus de
maitrise sociale qui favorise ou contrarie le développement de
stratégie de domination.116(*)
Ceci étant, les réactions post test des femmes
infectées dépendent de plusieurs paramètres.
II.2.1.Du statut matrimonial
Il a été constaté que le statut de
mariée augmentait l'angoisse et l'hostilité face à
l'annonce du statut sérologique de la femme ; car en tant que
mère et épouse, rôle qu'elle assure et assume jusque
là avec succès. L'idée de la mort immédiate, de
laisser ses enfants orphelins et un mari veuf complique encore l'état
d'esprit. Ainsi les femmes mariées n'acceptent pas facilement le verdict
et vont pour la plupart des cas multiplier les contres tests.
Après l'annonce de mes résultats, le
médecin m'a demandée de refaire un autre test après un
mois. Cette période était pour moi une période d'espoir
dans la mesure où je croyais que les résultats cette fois
là pouvaient s'améliorer et je n'avais parlé à
personne, même pas à mon mari avec qui j'ai fait trois enfants. Le
moment venu j'ai fait le test à trois endroits différents, mais
tous les trois résultats étaient positifs. Je me suis donc
résignée car c'était fini.117(*)(Mme QD 7177/03,
rencontrée au siège de l'AFASO)) .
Elle a poursuivi dans la même lancée pour
annoncer le résultat à son mari :
Plus dur encore était d'annoncer la nouvelle
à mon conjoint car être malade est une chose mais le faire
accepter par votre conjoint en est une autre. Ainsi je lui ai demandé
d'aller faire son bilan de santé. Il a d'abord compliqué puis
s'est résolu de le faire. C'est alors qu'il a accepté la nouvelle
plus stoïquement que je ne l'imaginais. C'est d'ailleurs lui qui m'a
demandée d'aller vers un centre agrée pour le suivi. Il a
été mon principal soutien et c'est comme ça que jusqu'ici
nous vivons sans problèmes 118(*)
De manière générale,
les femmes mariées qui se découvrent séropositives ont
peur de révéler leur statut sérologique à leurs
conjoints parce que pour certaines, il y a la peur de répudiation comme
le cas de la jeune Christine citée par KOUROUEDAN ; car leur
séropositivité peut être appréhendée par
ceux-ci comme conséquence d'infidélité ou de
débauche sexuelle. Par contre, certaines ne révèlent pas
leur statut parce que estiment-elles sera utilisé comme
« arme » contre elles comme l'a affirmé Mme
ONDOUA, une séropositive, veuve, rencontrée à l'UPEC du
CMPY.
Quant aux filles ou femmes célibataires, elles
entretiennent un silence autour de leur sérologie parce qu'elles ont
peur de perdre leur chance pour le mariage, car il est socialement,
culturellement et religieusement approuvé au Cameroun. Ainsi,
« l'unique statut approuvé d'une femme est le mariage et la
maternité, le mariage est par conséquent une étape majeure
dans la vie d'une jeune femme 119(*)».
II.2.2. De l'état d'esprit du patient avant le
test et du niveau de connaissance de celui ci sur la maladie
Avant le dépistage, un bref aperçu
accompagné des conseils est souvent fait aux personnes à
dépister. Mais il se trouve que certains centres de santé ou
certaines occasions de dépistage ne mettent pas à l'ordre du jour
le counseling pré test. Ce qui fait que certaines personnes
subissent le choc de l'annonce de leur séropositivité en pensant
au pire. C'est le cas de Anne, présidente de l'association CEAM de la
fondation Chantal BIYA de Yaoundé qui nous a affirmé qu'elle a
découvert sa séropositivité lors d'une visite
prénatale et au préalable n'avait pas subit un counseling
pré test, ce qui fait qu'elle a été tellement
affectée au point où elle voulait avorter parce que
dit-elle :
Dans ma tête c'était que je donnais la vie et
la mort au même moment c'est-à-dire un enfant qui était
appelé à mourir plus tard. Ce qui fait que j'ai passé
toute une journée sans manger en réfléchissant120(*).
De cette déclaration, il en ressort que le niveau de
connaissance du patient sur la maladie influence sa réaction. En ce sens
qu'en l'absence d'information ou de connaissance relative à la maladie,
l'individu infecté ne pense qu'à la mort car, l'ancienne image
qui avait été présentée de la pandémie reste
toujours gravée dans les mémoires de la plupart des individus.
C'est le cas de Solange ADA qui a pensé à la mort après
l'établissement de sa sérologie car son enseignant de
l'école primaire lui avait donné une image de la maladie à
savoir la mort, image qui a changé avec le temps car le domaine du
VIH/SIDA est très dynamique surtout en matière de connaissance.
Par contre, certaines femmes qui ont eu à faire des
tours entre la médecine moderne et les tradi praticiens sans
succès accueillent avec passivité cette nouvelle ;
étant donné qu'elles ont recouru à plusieurs soins sans
solutions. Pour elles, avec au moins la nature de leur infection connue, cela
apparait comme un « triste soulagement » comme
expliquait madame Agnès en ces termes :
Lorsqu'on m'a dit que j'étais séropositive,
j'ai poussé « un ouf » de soulagement car, j'avais
déjà marché dans plusieurs hôpitaux et chez
plusieurs guérisseurs sans suite. J'étais contente parce que je
connaissais au moins de quoi je souffrais mais triste parce que apprendre qu'on
a le VIH n'est pas facile à digérer.121(*)
Ainsi, la réception de l'annonce du statut de
séropositivité n'est pas toujours aisée quelles que soient
les circonstances environnementales ou sociales car, cette annonce suppose
l'entrée dans une carrière thérapeutique122(*) ou est le signe d'un
classement social. Les personnes qui se découvrent
séropositives ont l'impression d'appartenir à une nouvelle
catégorie de personnes à savoir « des personnes qui
ne sont pas normales comme tout le reste123(*) » selon Rosita, secrétaire
générale du CEAM.
II.2.3. Du statut socio-économique du patient
La réaction des personnes dépistées
positives dépend souvent également du statut
socioéconomique de la personne dépistée
séropositive en ce sens que le VIH/SIDA est une infection dont la survie
du porteur dépend de ses moyens financiers. Avant l'année 2007,
date de la prise de décision de la gratuité des ARV, ces
médicaments antirétroviraux étaient payants et coutaient
énormément chers124(*). Cependant, à partir du mois de Mai 2007,
malgré le TAR devenu gratuit, les examens qui accompagnent ce traitement
restent payants125(*).
Pour des patients à ressources limitées, l'annonce du statut
sérologique est considérée comme un lourd fardeau en ce
sens que pour eux, la survie avec le VIH est l'apanage des personnes
relativement aisées sur le plan financier. Pour ces personnes à
ressources limitées, cette découverte apparait comme le moment le
plus stressant, étant donné que vivre avec le VIH/SIDA est
synonyme d'une présence régulière à
l'hôpital. Or selon Madame SIM Judith, 39 ans, militaire,
Le fait de se présenter à l'hôpital,
c'est une manière de dépenser. On ne peut pas avoir à
faire dans ce lieu sans débourser de l'argent. Il y a toujours des
motifs de dépenses. Que ce soit au niveau des examens, même comme
on nous a fait comprendre que les ARV sont gratuits126(*).
II.2.4. De la trajectoire historique du patient
Pour des personnes qui ont eu un passé ou une histoire
sexuelle moins ordonnée, ou qui ont vécu dans le multi
partenariat sexuel, l'annonce du statut sérologique s'accompagne des
remords et d'un calme interrogateur. Elles pensent que l'atteinte de la
maladie n'est qu'un châtiment ou une récompense pour ce qu'elles
ont eu à faire et que ce sont elles mêmes qui sont à
l'origine de ce qui leur arrive.
II.3.Gestions et stratégies d'annonce de la
séropositivité
De manière générale, l'information chez
les PVVIH s'accompagne de plusieurs enjeux (sociaux, économiques, et
même spirituels). Ces personnes ne livrent leurs informations qu'à
ceux qu'elles estiment qu'ils peuvent leurs apporter de l'aide127(*) tout en gardant le secret.
Car, les PVVIH ne se sentent à l'aise que lorsque leur statut reste un
secret. A ce niveau, un certain nombre de questions se dégagent à
savoir : comment gèrent-elles l'information ? comment
annoncent-elles leur séropositivité ? A qui
l'annoncent-elles ? Et à quel moment ?
A ces questions nos répondantes ont été
unanimes sur le filtre ou la sélectivité qu'elles
développent dans la gestion de leurs informations ; sauf quelques
unes qui, dans le cadre de leurs activités font des témoignages
à visage ouvert dans les médias. Elles ne font pas état de
leur statut à tout le monde pour celles qui essayent de partager.
Dans les différents CTA et UPEC où nous avons
assisté à la remise des médicaments aux patients, nombreux
sont ceux qui enlevaient les produits dans leurs étuis d'emballage ou
tout simplement détachaient la notice qui couvrait la boite de
médicament. Cette attitude témoigne de la dissimulation que ces
PVVIH entretiennent autour de la maladie. Car, le fait de garder l'emballage ou
la notice rendrait compte au partenaire ou de l'entourage de la nature de
l'infection dont souffre ces personnes.
Ainsi, pour elles, avoir le SIDA c'est avoir une nouvelle
condition sociale ou ne plus appartenir à l'ancienne classe. Cette
situation pourrait entraîner selon certaines femmes, le manque de respect
soit à la maison, soit dans la société les amenant
à opérer une sorte de théâtralisation dans la vie
quotidienne128(*). Ce
qui entraîne une sélection dans le partage de l'information. Le
partage de l'information est à ce niveau, fonction d'un certain nombre
d'enjeux, c'est pour cette raison que les PVVIH opèrent une sorte de
sélection sociale dans le choix de leurs confidents.
II.3.1.Enjeux économiques
Dans la gestion de l'information chez les PVVIH, il s'observe
que le partage de l'information a un enjeu économique en ce sens que
celles-ci ne livrent leurs informations qu'en fonction de leurs attentes.
Pour que certaines PVVIH parlent de leur sérologie,
elles se rassurent d'abord si en retour elles bénéficieront de
l'aide et que la personne à qui elles se confient gardera le secret.
Car, vivre avec le VIH nécessite assez de moyens financiers pour les
dépenses liées à la prise en charge notamment les examens,
le transport et la nutrition. C'est l'exemple d'Adjara qui a affirmé
que :
J'ai juste informé ma soeur ainée avec
qui j'habite parce que c'est elle qui s'occupe des frais de prise en charge. Si
je lui cachais cette information, j'allais être coincée lorsqu'il
allait falloir que j'aille à l'hôpital ou lorsqu'il allait falloir
débourser de l'argent pour le taxi, les examens biologiques qui
précèdent les soins129(*).
Toujours dans la même lancée, Manuela nous a
livré des informations après que nous lui avons proposé
un plat dans un restaurant et une fois elle s'est montrée de plus en
plus ouverte après une promesse d'aide que nous lui avons
formulée.
II.3.2.Enjeux sociaux
D'après les données collectées sur le
terrain, l'annonce de la séropositivité n'est pas effective chez
les PVVIH surtout les femmes car, elles subissent plusieurs contraintes que les
hommes. Cette annonce dépend aussi des enjeux sociaux. Dans ces enjeux
interviennent la situation matrimoniale de la femme séropositive, le
nombre d'enfant en vie, le climat social dans lequel vit la
séropositive.
Pour les femmes mariées, l'annonce de leur statut
dépend du nombre d'années passé avec le conjoint et du
degré de confiance qu'ils s'accordent mutuellement. Plus les deux
partenaires se font confiance, plus ils s'ouvrent l'un envers l'autre.
Cependant, lorsqu'il y a absence de confiance entre les deux,
la femme a peur d'annoncer son statut à son partenaire sous peine de
s'exposer à la répudiation ou d'avoir une coépouse. C'est
d'ailleurs à ce titre que Mme 022/07 a affirmé qu'elle n'a pas
informé son mari parce que dit-elle :
Nous résidions à BAMBILI, mon mari me
soupçonnait d'entretenir des relations avec un homme dans le quartier.
Si je lui annonce mon statut aujourd'hui, ça ne sera qu'une confirmation
de ce qu'il pensait de moi et il pourra me chasser. Et s'il m'abandonne avec
les enfants, sans profession que je suis, que pourrais-je
faire ?130(*)
De ces propos, il ressort que les femmes qui ne
partagent pas leur sérologie avec leurs partenaires ont peur de la
répudiation. Or, l'Afrique est un continent où le mariage
demeure encore une valeur malgré les transformations sociales qui ont
cours actuellement. Ce qui entraine « la passivité des
jeunes filles à se marier »131(*) parce qu'elles ont le souci d'exister
socialement.
De même, l'annonce de cette information
dépend également du nombre d'enfants en vie avec le partenaire en
ce sens que, la probabilité de répudiation diminue avec la
croissance du nombre d'enfants. Certains hommes continuent souvent à
garder leurs épouses à cause des enfants car en la
répudiant, les enfants s'exposent aux risques de l'instabilité
familiale.
Un nombre important d'enfants permet à la
femme de gagner du terrain. Ainsi, pour celles qui n'ont pas encore atteint
leur quota d'enfants, elles préfèrent se taire et de faire leurs
enfants en entretenant un silence.
Cette annonce dépend aussi du climat social
qui règne entre les deux partenaires ou dans l'entourage de la personne
dépistée positive. Certaines femmes interrogées ont
affirmé avoir caché leur statut à cause de la tension
sociale qui régnait dans leur foyer. Lorsque le climat est tendu, la
femme pense que l'annonce de son statut pourrait constituer un tremplin pour la
séparation d'où son silence comme le cas de Mme 470/03, 43 ans,
employée de banque qui relate :
Lorsque mon mari a appris que j'étais
séropositive, il a abandonné la chambre conjugale pour
séjourner au canapé du salon. Et comme avant cette situation,
entre nous il y avait déjà des petits problèmes, il a
demandé l'affectation pour aller travailler au Nord. Ça fait
trois ans aujourd'hui je n'ai plus de ses nouvelles et je suis
abandonnée avec les enfants. Heureusement que mon petit salaire me
permet de m'occuper de leur nutrition, de leur scolarité et des petits
nécessaires132(*).
Par contre, certaines femmes ont affirmé avoir
partagé l'information avec leur partenaire mais en usant des
stratégies. Pour celles qui ne se reprochaient de rien ont pu annoncer
comme Rosita du CEAM qui, à la remise de son statut, appelle son
partenaire parce que dit-elle « ne trompait pas son
conjoint ».
Certaines ont fait la pression à leurs
partenaires d'aller faire leur test tout en demandant au médecin de
garder les premiers résultats comme le cas de 062/09 qui a
« joué à la séro ignorante »
nous a-t-elle affirmé. Certaines par contre, qui au départ
ont caché leur statut, ont bénéficié de l'aide des
associations des conseillères psychosociales et des agents de relais
communautaires pour informer leurs conjoints en recourant préalablement
au counseling.
Pour les filles ou femmes célibataires qui
étaient relativement jeunes, chez qui l'idée de mariage
prédomine, elles ont peur d'être abandonnées, c'est pour
cette raison que la plupart n'a pas partagé l'information avec leurs
partenaires. Elles préfèrent camoufler leur statut. De
même, certaines d'entre elles renoncent au mariage car, dans la
majorité des mariages, il s'observe un test pré marital. Alors
accepter le mariage pour elles, c'est une façon de livrer l'information.
C'est pour cette raison que la plupart d'entre elles préfèrent
s'abstenir ou solliciter des séropositifs comme elles pour se marier. La
confirmation de cette idée a été faite par Adjara en ces
termes :
Je ne peux plus me marier parce que de nos jours, le test
de VIH est l'une des conditions de mariage dans mon village. Si un homme
cherche à m'épouser, je vais refuser parce qu'il risque
découvrir mon statut lors du test et ce qui fera que tout le monde sera
au courant de ma maladie. Pour éviter cela je préfère dire
que je ne veux pas me marier.133(*)
Par contre, celles qui ont été
déjà en union et ont accompli leur féminité, (en
accouchant le nombre d'enfants souhaité) elles ont pour la plupart
signifié leur statut d'une manière ou d'une autre parce qu'elles
désirent juste avoir une stabilité en restant avec des
partenaires qui vont les accepter.
II.3.3.Enjeux spirituels
Sur les 26 femmes interrogées, celles qui sont
de religion chrétienne nous ont affirmé toutes que parmi les
personnes qui connaissent leur statut sérologique figuraient les
prêtres et les pasteurs. Ceci parce qu'il ya des enjeux spirituels dans
le partage de l'information.
Certaines d'entre elles pensent qu'elles ont
été victimes d'un châtiment divin et comme les hommes
d'église sont des « représentants de Dieu sur
terre » c'est en se confiant à eux qu'elles pourraient obtenir
le pardon de celui-ci et sa grâce pour qu'elles puissent retrouver leur
santé. Le cas de Manuela en est très illustratif lorsqu'elle
affirme que le « Seigneur est son seul sauveur, son puissant
soutien134(*) ».
Pour certaines, Dieu est un être
suprême, détenteur de tous les pouvoirs et capable de
miracle, par conséquent il faut chercher sa voie pour espérer
à une quelconque guérison comme le pense madame 1571/03, 40 ans,
vendeuse :
Dieu n'oublie pas ses enfants, et écoute leur
prière .il est capable de tout miracle. Avec cette force, il peut faire
disparaitre la maladie. Nous ne pouvons lui demander ce genre de service qu'en
priant. Voilà pourquoi il est notre seul recours135(*).
D'autres par contre, recourent à la
prière parce qu'elles ont besoin d'un soutien pour supporter le poids de
la maladie. En situation de séropositivité, les personnes sont
psychologiquement affectées. Elles recourent à la prière
pour rechercher l'allègement de leur fardeau psychologique.
Cependant, les femmes musulmanes interrogées
n'ont pas avoué avoir partagé leur statut avec leurs leaders
religieux. Ceci parce que dans leur religion, le discours
développé concernant le SIDA est de nature à marginaliser
le détenteur de la maladie. D'où la nécessité pour
ces femmes de se taire et de ne pas être victime de la
marginalisation.
En conclusion, de ce qui précède, il en
ressort que les circonstances de découverte du statut
séropositif des personnes infectées en général et
des femmes en particulier sont très nombreuses impliquant une
pluralité de réactions. Ces réactions dépendent de
plusieurs paramètres à savoir : le niveau de connaissance de
la personne infectée, son environnement socioéconomique, son
nombre d'enfants vivants et sa trajectoire historique. Car, la gestion du
statut sérologique ou du partage de l'information est fonction de
plusieurs enjeux. Ainsi, l'individu pour partager son statut
sérologique, pense d'abord à la réaction de l'autre. Ceci
parce qu'il ne veut pas être victime de stigmatisation, ni de
discrimination ou de répudiation pour les femmes, surtout dans un
contexte où être sous le toit d'un homme est une valeur.
CHAPITRE II :
ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE
Dans ce chapitre, il sera question de présenter
l'itinéraire thérapeutique que suit un individu avant et
après le test, les conditions de mise sous TAR car, la découverte
du statut sérologique d'un patient ne s'accompagne pas automatiquement
des antirétroviraux. Dans ce chapitre également, nous parlerons
des structures de prise en charge, de leurs différents rôles et
des interactions qui existent entre elles ; puis l'impact de cette prise
en charge sur les PVVIH.
I. ROLES DES HOPITAUX ET DES ASSOCIATIONS DES PVVIH
DANS LA PRISE EN CHARGE
Dans la prise en charge quotidienne des personnes
séropositives, les taches sont partagées entre les personnels de
santé et certaines PVVIH formées, qui apportent leur appui aux
formations sanitaires dans le cadre du bénévolat. Cette
initiative permet l'implication de ces personnes dans la lutte quotidienne de
la maladie et fait d'elles des acteurs engagés car, un projet de
développement ne peut être solide que si et seulement si les
bénéficiaires sont impliqués. C'est pour cette raison que
pour SCHRAMM W, il faut « assurer la participation intelligente
de la population aux décisions concernant les transformations sociales
constitue donc un moyen efficace de tenir compte des relations dans le cadre du
groupe136(*)».
Il convient donc pour la réussite d'un projet de développement,
de placer la population bénéficiaire au centre de ce projet pour
qu'elle ne soit pas spectatrice du développement. C'est dans ce souci
que les PVVIH sont impliquées dans la prise en charge se
présentent sous forme d'ONG. Cependant, dans cette tâche,
malgré une division qui a été faite délimitant
ainsi les actions des hôpitaux ou des structures sanitaires et les
associations, les PVVIH de façon générale se plaignent
des tares auxquels elles font face au quotidien dans leurs différentes
structures de prise en charge.
I.1.A l'hôpital
Les hôpitaux ou les centres de santé sont des
formations sanitaires où commence la prise en charge. Mais avant d'y
arriver ce sont ces structures qui sont chargées de faire des tests de
dépistage aux personnes nécessiteuses. Cette prise en charge se
subdivise en deux parties à savoir : la prise en charge
psychosociale et la prise en charge thérapeutique.
La première prise en charge se fait avant et
après le test de dépistage. Cette tache incombe aux assistants
sociaux, aux psychologues et aux conseillers psychosociaux qui sont des
personnels des structures sanitaires ou des personnes séropositives
associées à la prise en charge.
Apres cette prise en charge psychosociale, d'autres
activités s'en suivent à savoir :la prise en charge
thérapeutique, mais avant de passer à cette activité, il y
a une autre procédure à suivre à savoir, les examens et le
bilan clinique
I.1.1.Prise en charge psychosociale
Elle commence à l'hôpital avant et après
le test de dépistage du VIH/SIDA. Elle est faite par les assistants
sociaux, les psychologues, qui sont des personnels d'appui aux formations
sanitaires et les associations des PVVIH reconnues comme des ONG.
Avant le test de dépistage, « il faut au
préalable avoir le consentement de la personne à qui on veut
faire le test137(*) » affirme Madame Christine
TCHOKOUTE, assistante sociale en service à l'hôpital du jour de
l'hôpital central de Yaoundé. Ce consentement s'obtient
après une séance de conseil (counseling) pré-test
au cours de laquelle l'AS présente les avantages du test au demandeur
d'examen et lui parle des conduites à tenir si jamais, il se
découvre infecté ou non infecté. Ainsi, pendant cette
séance, il obtient toutes les informations relatives à la
maladie, sur les causes, les manifestations, les conduites à tenir en
cas de contagion pour celui qui se découvrira contaminé.
C'est à l'issu de ce counseling pré
test que le personnel de santé effectue le test au demandeur sur
agrément de celui ci. Le test consiste à prélever un
échantillon de sang sur l'individu, l'analyser pour voir si le sang de
cet individu contient des anticorps138(*) de VIH/SIDA. Si ces anticorps sont présents
cela veut dire que l'individu ayant subi le test est porteur de VIH/SIDA ou
séropositif, mais s'ils sont absents cela suppose que la personne est
séronégative.
Etre séropositif veut dire qu'on a trouvé
les anticorps du VIH dans le sang testé. Mais cela ne veut pas dire
qu'il est déjà malade. Une personne peut en effet avoir le VIH et
paraître en bonne santé pendant de nombreuses années. On
dit alors que la personne est porteuse asymptomatique ou sans symptômes.
C'est-à-dire que la personne a le VIH dans son sang mais n'a pas encore
développé de signes de la maladie SIDA parce que son
système immunitaire est encore capable de se défendre. Une
personne porteuse du virus du VIH peut en effet paraître en bonne
santé pendant de nombreuses années. Mais, même si elle ne
présente pas encore de signes de la maladie, elle peut transmettre le
VIH.
Après le test, tous les individus ayant subi cet
exercice bénéficient pour la deuxième fois d'un
counseling post test. Cette fois ci, ceux qui sont
dépistés séronégatifs bénéficient
encore des conseils relatifs à la prévention, quant aux individus
dépistés séropositifs, les personnels de santé leur
demandent une autorisation d'ouverture d'un dossier de suivi. Ils
bénéficient en outre, des conseils des assistants sociaux, des
psychologues pour leur réconfort moral. Ils sont appuyés dans
cette activité par un certain nombre d'association de PVVIH qui sont
présentes dans les structures sanitaires sous forme d'ONG.
Ces ONG, constituées de plusieurs associations des
PVVIH (AFSU, CEAM, AFASO, SWAA, ...), déploient un certain nombre de
leurs membres dans un cadre de bénévolat pour apporter leur
soutien aux personnes infectées à travers des causeries
éducatives, des témoignages à visage ouvert. Cette
initiative d'implication des PVVIH dans la lutte contre le VIH/SIDA, s'inscrit
dans le cadre de la durabilité du projet, car en les impliquant, elles
deviennent actrices de la lutte et non des simples bénéficiaires
du projet. C'est une initiative qui permet selon SCHRAMM W, de faire avec la
population bénéficiaire et non de faire pour elle139(*). Faire pour elle, participe
à la rendre spectatrice du projet et par conséquent, ne permet
pas au projet d'avancer. Ce volet est partagé entre les formations
sanitaires et les associations des PVVIH.
Ce volet psychosocial continue avec les personnes
dépistées positives au niveau des CTA, des UPEC et en association
pour celles qui vont y adhérer.
Après cette phase, qui est sans fin et sera de temps en
temps reprise, car avec l'infection au VIH le malade bénéficie
toujours d'un réconfort psychologique et social, il passe au test
d'éligibilité.
I.1.2.Test d'éligibilité au
traitement
Dans le test d'éligibilité, plusieurs examens
sont prescrits aux malades afin que leur stade clinique puisse être
évalué. Selon l'OMS, le paquet d'examen prescrit dans le cadre de
l'éligibilité comprend :
-la numérotation formule sanguine (NFS)
-la glycémie à Jeun
-la numérotation lymphocytaire CD4/CD8
-les transaminases hépatiques (ASAT, ALAT).
La numérotation formule sanguine (NFS) est un examen
recommandé au malade dans le but de connaître sa
différentielle, celles des lymphocytes totaux et des plaquettes.
Quant à la glycémie, elle est faite pour avoir
d'autres renseignements sur le sang du patient à savoir le paludisme, le
diabète ou autres maladies.
Pour ce qui est de la numérotation lymphocytaire
CD4/CD8, elle renseigne sur l'état du système immunitaire du
patient, permet de savoir la capacité de résistance qui reste
à l'organisme du patient face aux virus : les transaminases
hépatiques (ASAT, ALAT) permettent d'obtenir les renseignements si
l'organisme est attaqué par les IO (tuberculose, hépatite B, C),
donnent aussi des renseignements sur le poids du patient et de la
présence d'une grossesse chez la femme. C'est à l'issu de cet
examen qu'il est décidé si le patient peut être
placé sous ARV et son protocole qui lui correspond.
Il existe trois stades qui peuvent refléter
l'état d'un malade. Et certains stades ne nécessitent pas le TAR.
Ces stades sont répartis ainsi qu'il suit :
-stade A
-stade B
-stade C
Ces critères de prise en charge se résument
dans le tableau (IX) suivant :
Stade clinique selon l'OMS
|
CD4 non disponible
|
CD4 inférieur ou égal à 200 cell/mm3
|
CD4 sup. à 200 et inférieur à 350
cell/mm3
|
CD4 sup. ou égal à 350 cell/mm3
|
Stade A
asymptotique
|
Ne pas traiter
|
Traiter
|
Ne pas traiter
|
Ne pas traiter
|
Stade B
Modéré
|
Traiter si les leucocytes totaux sont moins de 1200 mm3
|
Traiter
|
Ne pas traiter
|
Ne pas traiter
|
Stable C
Avancé
|
Traiter
|
Traiter
|
Considérer le traitement en fonction du contexte
clinique140(*),
cependant initier avant CD4 inf. à 200 cell/mm3
|
Ne pas traiter
|
Stade D
Sévère
|
Traiter
|
Traiter
|
Traiter
|
Traiter
|
Source : Guide national pour la
prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA
Selon l'OMS, si le premier stade A appelé stade
asymptomatique correspond à un taux de CD4 inférieur ou
égal à 200 cell/millimètre cube, chez le patient, il faut
le mettre sous TAR. Mais si à ce stade, son taux de CD4 est
supérieur à 200 ou inférieur à 350
cell/millimètres cube, ou également ce taux est supérieur
ou égale à 350 cell/ millimètre cube, le TAR n'est pas
nécessaire.
Le deuxième stade B, appelé stade
modéré nécessite le TAR si et seulement si le taux de
lymphocytes totaux sont moins de 1200 cell/millimètre cube ou si le taux
de lymphocytes totaux sont moins de 1200 cell/millimètre cube ou si le
taux de CD4 est inférieur ou égal à200
cell/millimètre cube. Quant au troisième stade, dit
avancé, le TAR est nécessaire sauf au cas où le patient
présente plus de 350 cell/millimètre cube.
En outre, le patient peut aussi bénéficier du
TAR s'il présente des IO quelque soit le niveau élevé de
son CD4 car les IO détruisent rapidement le système immunitaire
des patients.
Après l'éligibilité au traitement, le
malade est placé sous ARV et son protocole sera fonction de son
organisme. C'est pour cette raison que chaque individu dispose d'un protocole
d'ARV qui lui est spécifique.
I.1.3.Prise en charge thérapeutique
La prise en charge thérapeutique est la dernière
étape et dépend des étapes précédentes. Elle
comprend l'offre des soins et des médicaments, le suivi mensuel par des
rendez-vous, et enfin les examens de bilan semestriel.
I.1.3.1.Offre des médicaments et de soins
Après le test d'éligibilité, les patients
éligibles bénéficient des soins et des
médicaments.
L'infection à VIH entraine la réduction du
système immunitaire de l'organisme aux infections. Il est donc plus
facile de tomber malade. C'est pour cette raison qu'une offre spéciale
de soins et de médicaments est destinée aux PVVIH. Au Cameroun,
en ce qui concerne les médicaments toutes les personnes
séropositives bénéficient du traitement gratuit par le
Cotrimoxazole141(*),
médicament qui leur permet de lutter contre les IO,
« étant donné que tous ces patients sont à
la merci de toutes les maladies (I0) ».142(*) Mais en ce qui concerne les
protocoles ARV, ils ne concernent que les patients éligibles selon les
grilles de l'OMS.
Dans la gamme des protocoles on peut citer : la
névirapine, la Zidovudine, l'atripla, l'aluvia, la
névirapine-truvada, l'aluva-viread...Ces protocoles se présentent
sous forme de comprimés, de gélules ou de sirop pour les
bébés. La prescription de ces protocoles dépend de
l'organisme du patient et de son sous type de virus car, les personnes
infectées n'ont pas les mêmes organismes ni les mêmes sous
types de virus.
Pour ce qui est de l'offre des médicaments, les
patients éligibles reçoivent dans leurs unités de prise en
charge des boites de comprimés ou de gélules pour une prise d'un
mois. Ceci parce que ces médicaments sont renouvelés
mensuellement. La remise des médicaments d'une durée d'un mois
seulement est selon Madame EBALLE :
Une stratégie d'observance
thérapeutique. C'est-à-dire une manière de voir de temps
en temps le patient à l'hôpital pour surveiller son état
sanitaire. Si on leur donne des rendez vous très long, il peut se passer
des choses qui peuvent conduire à l'échec thérapeutique.
Or en les ayant à tout moment auprès de nous ça nous
permet non seulement de veiller sur la prise des médicaments parce
qu'à tout moment avant de donner d'autres médicaments nous
comptons les comprimés ou gélules restantes, mais aussi, nous
rassurer si le patient n'a pas eu des complications ou des effets secondaires
qui peuvent nous pousser à changer le protocole de
médicament143(*).
Quant à l'offre des soins, elle concerne les patients
qui ont atteints la phase symptomatique144(*), qui présentent des infections
opportunistes145(*).
C'est la phase qui nécessite l'hospitalisation. A ce moment les centres
de santé ou les structures hospitalières offrent des soins
supplémentaires à ces patients visant à éliminer
ces maladies ou infections qui contribuent à affaiblir davantage le
système immunitaire de ceux-ci.
Dans l'accompagnement de la prise en charge
thérapeutique, un suivi médical mensuel est organisé
à leur intention puis un bilan général semestriel.
I.1.3.2.Suivi mensuel
Une fois que le patient a fait ses examens qui lui ont
été prescrits et que les personnels de santé ont pu
repérer les protocoles de médicaments qui cadrent avec son
organisme, il obtient des rendez-vous mensuels dans son CTA ou son UPEC.
Dans l'optique de s'assurer de la progression de leur
état sanitaire et de leurs protocoles de médicaments, il leur est
donné des rendez-vous mensuels. Ces rendez-vous sont programmés
dans le but de vérifier l'aspect physique du malade (poids, mine,
corpulence...). Aspect apparent qui donne des renseignements sur l'état
interne du patient ; car si le patient a une mauvaise mine, perd le poids,
le traitant peut changer le protocole de médicaments pour proposer celui
qui est jugé plus adapté à l'organisme et au sous type de
virus du patient.
Cependant, dans le souci d'éviter toute rupture dans
cette prise de médicament, les personnels de santé donnent des
rendez-vous 3 ou 5 jours à l'avance, car une quelconque rupture ou
interruption même momentanée, entraînerait la
résistance du virus et par conséquent rendra le TAR nul.
Au cours de notre enquête, nous avons assisté
à quelques rendez-vous mensuels, nous avons observé que
lorsqu'un patient est face à son traitant il commence par se faire peser
pour que l'on sache si le traitement évolue, son poids est
évalué par rapport à celui du mois
précédent. Après cette prise de poids, on assiste de
nouveau à une prise en charge psychosociale, car le malade dans sa
carrière de maladie rencontre d'énormes difficultés
d'ordre psychologique et social. Pour entrer en contact avec ces
problèmes, le traitant, établit une conversation avec le malade
au cours de laquelle, il écoute puis prodigue des conseils à ce
dernier, et le rassure d'avantage en lui donnant toujours espoir. Le traitant
s'illustre ainsi comme le meilleur confident du patient. C'est dans cette
optique que madame EBALLE, affirme que :
Nous sommes des confidents des malades, et pour cela
nous devons nous montrer disponibles et utile. Parfois, je reçois des
coups de fil à des heures très tardives lorsque certains malades
m'appellent pour me parler de leurs problèmes. Ils me considèrent
comme leur sauveur et pour cela, je suis obligée de les écouter,
de les comprendre et d'essayer de proposer des solutions à leurs
problèmes. Bref, ces PVVIH sont désormais ma famille.146(*)
Toujours dans ce volet de suivi médical, pour se
rassurer que le TAR correspond avec l'organisme du patient, un bilan semestriel
lui est prescrit.
I.1.3.3.Bilan semestriel
C'est un contrôle général qui se fait tous
les six mois. Contrôle au cours duquel tous les examens sont refaits au
patient. Ce bilan permet d'avoir un renseignement sur le taux de lymphocytes
CD4 et CD8, la charge virale, et l'état sanitaire général
du patient. Il permet également de vérifier s'il y a eu
échec thérapeutique. Echec qui peut se vérifier à
trois niveaux147(*) :
-au niveau des CD4 et CD8 si ceux-ci sont toujours bas et ne
remontent pas. On parle à ce niveau d'échec immunologique.
-au niveau de la charge virale si elle est encore
élevée dans l'organisme à ce moment on parlera
d'échec virologique.
-au niveau de l'état général du patient
s'il présente des maladies ou des infections .opportunistes, ici on dira
qu'il y a échec clinique. Certains patients au cours de leur bilan
général se découvrent porteurs des IO.
Pour avoir toutes ces informations, un paquet d'examens est
prescrit tous les six mois aux PVVIH ou lorsque celles-ci manifestent le
désir d'enfant. Parmi le paquet des examens prescrits on peut citer les
examens de charge virale, de contrôle CD4 et CD8 par la
numérotation lymphocytaire CD4/CD8, des tests des IST, la
numérotation formule sanguine (NFS), les transaminases hépatiques
(ASAT, ALAT).
Avec les progrès de la biologie et de la
médecine qui ont mis sur pied des médicaments pouvant prolonger
la vie des séropositifs, avec également la gratuité de
certains de ces médicaments, le nombre de PVVIH devient de plus en plus
croissant dans les points de traitement agréés avec plus de 53238
PVVIH placées sous TAR en juin 2008 contre 600 seulement en
2001148(*). Cette
situation crée des stagnations des personnes séropositives dans
leurs structures de prise en charge en raison de l'insuffisance du personnel de
santé et du matériel pour la prise en charge. Ce qui participe
à augmenter le stress chez ces personnes déjà
vulnérables.
En ce qui concerne la sous-dotation de certains services en
ressources humaines149(*), cela se vérifie dans plusieurs CTA ou UPEC.
Par exemple, à l'UPEC du CMPY, une seule infirmière major
s'occupe de toutes les PVVIH ; elle est parfois aidée d'une
assistante volontaire séropositive qui n'est pas toujours
présente en raison du manque des frais de transport. Ce qui donne
beaucoup de travail à cette infirmière et peut l'amener à
interrompre parfois des suivis suite à une démotivation
liée aux conditions de travail difficiles (charge de travail
élevée, moyens techniques insuffisants).
Aux CTA de l'HDJ et de l'HMY, nous avons plusieurs fois vu
des personnes qui attendaient longuement leurs soins. Cette longue durée
d'attente s'accompagne généralement des famines. Certaines
personnes ne pouvant pas faire face à ces tares en raison de leur manque
de moyens sont obligées de rentrer. Ce qui est souvent à
l'origine de l'interruption des médicaments et des désertions
(perdus de vue). Certains patients qui ont des moyens financiers, nouent des
relations avec les personnels de santé au point où lorsqu'ils
arrivent, ils sont aussitôt servis et reçoivent même parfois
des médicaments pour une durée plus longue. Au CTA, nous avons vu
une femme recevoir des médicaments pour une durée de deux mois
parce qu'elle avait des rapports personnels avec le Capitaine-médecin
pharmacien en charge de distribution de médicaments. Or, dans les
principes, les médicaments donnés aux PVVIH sous TAR devraient
couvrir une période de 30 jours renouvelables autant que possible. Ce
qui permet à la personne suivie de se présenter à son
traitant tous les mois afin que celui-ci puisse se rassurer du bon
déroulement des soins. Dans le cas où la PVVIH reçoit les
médicaments pour une longue période, c'est en sa défaveur
en ce sens qu'elle peut avoir des problèmes entre temps et son traitant
ne sera pas au courant pour demander l'interruption ou changer le protocole.
Certains patients qui n'ont pas de moyens ou des relations
particulières avec les personnels de santé sont parfois
angoissés lorsque la période de rendez-vous arrive ou lorsqu'ils
doivent aller faire des examens de bilan. Rosita du CEAM à ce titre a
attesté que :
Lorsque je pense que je dois aller faire mes examens, je
suis très mal à l'aise. C'est toute une journée que je
sacrifie parce qu'on arrive à l'hôpital très tôt le
matin pour être reçu au plutôt à partir de 13 heures
30. Quand je dois faire mes examens, je demande une permission deux jours avant
à mon patron. Il m'appelle même déjà madame
permission. Mais je ne lui donne pas exactement la raison. Il sait simplement
que je continue mes études supérieures150(*).
Une autre difficulté est celle de l'approvisionnement.
En raison du nombre croissant des PVVIH sous TAR, les personnels de
santé font généralement face à des ruptures de
stock en ARV et des réactifs pour les examens de CD4. Ce qui a un impact
négatif sur l'observance au traitement des patients, directement du fait
de l'absence des médicaments et indirectement du fait du système
lui-même qui n'incite pas les patients à respecter les
prescriptions151(*).
De manière générale, les facteurs
liés à l'offre de soins de qualité retardent le
démarrage du TAR et influencent sur l'observance du patient. Dans ce
role de prise en charge, les structures sanitaires associent également
les associations des PVVIH non seulement pour rendre actives les personnes
déjà infectées mais aussi pour les prendre comme des
témoins de la maladie.
II. ROLES DES ASSOCIATIONS DES PVVIH
En dehors de l'appui psychologique qui se fait dans les
hôpitaux, les CTA et les UPEC avant et après le test de VIH
à travers l'envoi de leurs membres dans le cadre du volontariat, les
associations des pvvih au niveau de leurs structures apportent également
un soutien multidimensionnel aux PVVIH adhérentes.
II.1.Soutien psychologique, social et spirituel aux PVVIH
Pour vivre positivement avec le VIH, il faut d'abord accepter
son statut sérologique. C'est l'une des missions fondamentales des
associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Cette acceptation de la
sérologie ne se fait qu'en recourant à la prise en charge
psychosociale qui n'est en réalité qu' « un
soutien aussi psychologique que social apporté aux personnes vivant avec
le VIH/SIDA 152(*)».
Cette prise en charge se subdivise en deux parties à
savoir : le volet psychologique, spirituel et le volet social.
II.1.1.Soutien psychologique et spirituel.
Parlant du volet psychologique, elle est beaucoup plus
axée sur des conseils visant à promouvoir la vie positive.
Pratique qui consiste à cultiver et à développer une
attitude et un regard positifs envers soi-même et envers les autres
puisque la découverte de la séropositivité s'accompagne
très souvent du sentiment d'impureté, de souillure chez la
personne infectée l'amenant à développer une
auto-discrimination153(*) ou auto-stigmatisation154(*).
Les associations des PVVIH permettent donc à ce titre
selon Madame Pauline MOUNTON, présidente de l'AFASO « le
remodelage de la perception du VIH/SIDA chez les personnes
infectées »155(*)pour assister à ce que THIAUDIARE appelle
la transition épidémiologique156(*). Pour en arriver,
des séances de counseling sont encore organisées au
sein de ces associations indépendamment des formations sanitaires.
Séances au cours desquelles, des éclairages sur la maladie sont
faites surtout avec la gratuité du TAR car, la perception de la maladie
change avec cette gratuité du traitement ; à ce moment
« le SIDA passe du spectre de la mort à la
chronicité »157(*). Selon les dires de madame 00670/00 que nous
avons rencontrée à l'AFASO,
Je préfère le VIH que le cancer. Parce
qu'aujourd'hui avec le VIH, une personne infectée a déjà
les médicaments pour se soigner, peut également suivre un
régime alimentaire pour vivre longtemps alors qu'avec le cancer, il n'y
a pas espoir de vie. La personne atteinte par le cancer attend tranquillement
sa mort158(*).
Les propos de cette dame traduisent que son association lui a
déjà permis d'accepter sa maladie.
Cette acceptation du statut devient évidente avec les
témoignages à visage découvert faits au sein des
associations. Au cours des séances de réunion auxquelles nous
avons assisté pendant notre enquête notamment à l'AFASO et
au CEAM, avant les débuts de ces réunions, chaque membre se
présentait nommément, donnait sa profession, son ethnie puis
l'année de la découverte de son statut de
séropositivité. Cette situation permet non seulement aux nouveaux
membres de comprendre qu'ils ne sont pas les seuls dans cette situation, mais
aussi leur permet grâce à la présence des anciens ou des
doyens en âge dans la maladie, de comprendre qu'on peut vivre longtemps
avec la maladie. Cette illustration se lit dans les propos de quelques femmes
interrogées au sein de leur association en ces termes :
Je suis arrivée au CEAM en 2008, lorsque j'ai vu
plusieurs femmes comme moi et dans la même situation que moi, j'ai
compris que je n'étais pas la seule. Malgré le discours de
consolation que développe le personnel de santé, une personne
séropositive ne peut se sentir réconfortée que si et
seulement si c'est une autre personne qu'elle qui lui donne des conseils. Ce ne
sont que les personnes qui vivent avec le VIH qui sont mieux outillées
pour vous parler du VIH/SIDA159(*).
L'espoir renait quand on voit les autres comme soi et
lorsque chacun ou chacune de nous raconte les circonstances de la
contamination, les modes de transmission, tu te rends compte que même
sans avoir une vie de débauche comme pensent les gens, tu peux
être contaminée160(*).
Nous sommes très solidaires entre nous. Ce qui fait
que nous parvenons à surmonter le poids de la maladie. Nous avons au
sein de notre structure des petites activités qui nous lient par exemple
des AGR, des tontines, des visites à domiciles et bien
d'autres161(*).
Une fois que la maladie est acceptée par les PVVIH, les
associations font former quelques uns de leurs membres pour contribuer à
la lutte contre le VIH/SIDA. C'est ce qui explique le fait que bon nombre de
femmes rencontrées sur le terrain soient des conseillères
psychosociales, des pairs éducateurs, des agents de relais
communautaire. Les associations à travers ces personnes permettent
d'impliquer les PVVIH dans la lutte contre la pandémie et de les rendre
responsable du point de vue comportemental. L'histoire de Mme 1571/03
rencontrée à l'AFASO en est une illustration.
En effet, cette dame de 40 ans, découvre sa
sérologie positive depuis 2001 au cours d'une consultation
prénatale lorsqu'elle était en classe de terminale A4 au
lycée Général Leclerc de Yaoundé. Elle cachait son
statut sérologique parce que dit elle « avait peur du
regard de l'autre », puisque si elle annonçait son
statut, non seulement ses camarades allaient l'éviter et le père
de son enfant allait s'en aller l'abandonnant avec le bébé. Etant
donné qu'elle évoluait dans un multi partenariat sexuel, elle
développait des comportements peu responsables. Avec son partenaire
principal(le père de son enfant), elle a dit qu'elle ne voulait plus
concevoir pour la deuxième fois, une manière de le
protéger. Quant aux autres qui l'abordaient, lorsqu'elle se rendait
compte qu'elle avait à faire à un homme qui pouvait lui porter
plainte pour contamination, elle refusait de sortir avec lui. Mais quand il
s'agissait des personnes qui ne peuvent rien contre elle, elle les infectait.
Sa logique était qu'il fallait infecter des personnes qu'elle n'aimait
pas et préserver ceux qu'elle aimait. Puisqu'elle l'a affirmé en
ces termes : « j'aimais mes ennemis et les vraies
personnes je les détestais parce que je ne voulais pas les
contaminer »162(*).
Elle a caché son statut pendant plusieurs années
à son partenaire et à son entourage puisque même l'enfant
qu'elle avait mise au monde n'avait pas été allaité au
sein. Elle avait évoqué l'argument selon lequel elle était
encore élève et non seulement elle ne pouvait pas avoir le temps
nécessaire pour allaiter son bébé mais aussi, voulait
préserver sa poitrine.
Cinq ans après elle entre à l'AFASO, fait la
connaissance de plusieurs femmes comme elles avec qui elle a partagé ses
expériences et son statut. Ce qui lui a fait bénéficier
des conseils et grâce à ces conseils reçus de l'association
elle a pu changer de comportement en quittant ses autres partenaires pour
rester avec le père de son enfant. Malgré les conseils
reçus en association de partager l'information, elle n'avait pas
toujours annoncé son statut à son partenaire principal jusqu'au
jour où celui-ci a découvert qu'elle prenait les ARV.
« C'était un scandale » a-t-elle-dit. Mais
après explication, son partenaire ne l'a pas quitté puisque au
moment de notre enquête elle annonçait son mariage avec lui pour
janvier 2010.
De l'histoire de cette dame, il ressort que les associations
jouent un rôle primordial dans la lutte contre le VIH/SIDA en ce sens
qu'elles permettent de
(...) promouvoir la reconnaissance de la maladie (...)
pour établir le lien préventif et thérapeutique
indispensable à l'efficacité des stratégies de lutte. A
cet égard, l'affirmation publique de leur séropositivité
par certaines personnes, parmi lesquelles les leaders sociaux ou culturels,
aura permis de lever le tabou entretenu autour de la maladie dans nombreuses
sociétés africaines163(*).
Les associations socialisent leurs membres dans la protection
des autres puisque selon leur idéologie, il faut préserver ceux
qui ne sont pas encore atteints. Cette socialisation va se lire dans l'attitude
de plusieurs membres. Au cours de nos entretiens, plusieurs femmes nous ont
révélé qu'elles préfèrent fuir les hommes
qui les approchent parce que en les acceptant, certains d'entre eux ne voudront
pas porter le préservatif. L'histoire de Rosita en est une illustration.
En effet, Rosita est une jeune femme de 28 ans, elle fait la
connaissance d'un homme en 2008. Avant d'entretenir des rapports sexuels, ils
ont décidé aller faire leur test de VIH. Son amant l'a
amené dans un centre de santé où il connaissait des
techniciens de laboratoire. Les deux tests ont révélé que
les deux étaient séronégatifs. Or, l'homme était
déjà infecté.
Quelques mois plus tard, une des copines de Rosita tombe
malade. Celle-ci conseilla à sa copine d'aller faire son test. Elle l'a
accompagnée à l'hôpital de district de la cité verte
où elle a même payé les frais de dépistage de sa
copine. Voulant aussi faire un test de curiosité puisqu'elle connaissait
déjà son statut sérologique, elle se rend compte que son
résultat montre qu'elle est séropositive et sa copine qui
était souffrante se révèle
séronégative ; quel contraste. Elle a d'abord pensé
à une probable confusion des résultats. Elle s'est donc
dirigée vers le centre Pasteur du Cameroun (CPC) où il y a eu
confirmation de son statut sérologique. Rosine, ne se reprochant de rien
informe son partenaire. Celui-ci lui demande de se débrouiller. Elle a
fait des efforts pour qu'ils restent ensembles puisqu'ils étaient
déjà tous deux infectés. Mais l'homme l'a toujours
quitté. Elle rejoint le CEAM en 2008 où elle reçoit des
conseils de ne pas infecter autrui, de songer à sa préservation
et à celle de l'autre.
En 2009, elle rencontre un autre jeune homme avec qui elle
s'entend. Rosita insiste sur l'utilisation du préservatif parce qu'elle
ne voulait pas infecter l'homme qu'elle aimait. Peu de temps après son
partenaire fait un accident de moto au point où il a fait un mois sans
marcher. Rosine le soutient pendant la durée de son infirmité.
Leur relation s'intensifie au point où le nouvel amant de Rosita lui
demande qu'ils aillent faire leur test parce qu'il ne voulait plus utiliser le
préservatif. Selon lui entre deux personnes qui s'aiment bien, le
préservatif ne doit pas s'interposer. Rosita connaissant bien son statut
déploie des stratégies pour contourner le test. Son homme s'en va
faire son test. Lors d'un rapport il a insisté ne pas utiliser le
préservatif. Rosita a refusé parce que pour elle, la loi
n'autorise pas à contaminer quelqu'un d'autre de manière
consciente.
Un soir, après plusieurs heures de conversation entre
les deux, Rosita avoua qu'elle refuse de ne pas entretenir des rapports
sexuels sans préservatif parce qu'elle est séropositive.
Situation qui amena son partenaire à se plier. Aujourd'hui,
elle préfère fuir un homme lorsqu'il l'aborde parce qu'elle ne
veut plus être victime des déceptions, ni infecter un partenaire
parce qu'elle veut le garder.
De même les associations des PVVIH encouragent tous
leurs membres à continuer le traitement car certaines personnes
abandonnent très souvent leur traitement parce qu'elles ont
retrouvé leur santé physique. Selon la major EBALLE de L'UPEC du
CMPY,
Il est déconseillé aux patients
d'interrompre leur traitement. Car, même si la charge virale du patient
devient indétectable ça ne veut pas dire que le virus n'est plus
présent. Il est toujours là mais n'attend que des
opportunités pour revenir en force. A ce moment le traitement sera
inefficace car le virus aura développé des résistances.
Cependant, il y a des patients qui interrompent leur traitement lors qu'ils ont
retrouvé leur santé physique parce qu'ils craignent la suspicion
de leur entourage due à la continuation du traitement alors qu'ils sont
déjà en santé164(*).
Pour éviter l'interruption volontaire des traitements,
madame Solange BEKOMO, conseillère psychosociale à l'AFASO,
affirme que,
L'une de nos missions c'est de veiller à ce que
nos membres poursuivent leur suivi médical. Ceci n'est possible que
grâce à des causeries éducatives que nous organisons au
sein de notre structure au cours desquelles nous présentons les
avantages du suivi médical et les inconvénients de l'interruption
du traitement. Nous les encourageons également à consulter le
médecin dés l'apparition des premiers symptômes des
maladies ou des infections opportunistes et les déconseillons
l'automédication qui est source de nombreuses aggravations des
maladies165(*).
Sur le plan spirituel, ces associations encouragent
leurs membres à beaucoup prier. Avant de commencer toute
réunion, une séance de prière est d'abord faite. Car en
situation d'infection au VIH, ces personnes trouvent une grande force dans la
religion et constatent que leurs craintes diminuent. Lors de notre passage dans
les différentes associations, ce qui a retenu notre attention c'est la
présence des photos de la vierge Marie et du seigneur Jésus
respectivement installées dans les locaux de l'AFASO et du CEAM. Ce qui
traduit l'importance qu'accordent les PVVIH au domaine spirituel parce qu'elles
sont en détresse et recherchent une force spirituelle pour affronter
l'épreuve de la maladie.
De même, les PVVIH sont en contact permanent
avec les religieux car cela leur permet de s'accepter, d'accepter les autres et
à chasser les idées pessimistes. La foi leur permet ainsi de
rester constructifs. C'est le cas de madame 00670/00 qui, lorsqu'elle se
découvre séropositive au cours d'un épisode de maladie, a
été abandonnée par sa famille. Pour se maintenir en vie,
elle a dû bénéficier du soutien des soeurs de la mission
catholique de Mendong166(*) pour son suivi médical et pour obtenir un
logement. Au départ, elle était stressée,
angoissée, elle savait qu'elle devait mourir mais ne voulait pas
être méconnaissable avant de mourir comme son mari. Mais,
lorsqu'elle a fait la connaissance des soeurs par le biais d'une de ses
copines, après sa sortie de l'hôpital où elle a
séjourné pour deux mois, elle est devenue très pieuse.
Elle effectue souvent des travaux domestiques au sein de sa confession
religieuse, une façon pour elle de témoigner sa reconnaissance
auprès des soeurs qui lui ont sauvé la vie. Elle envisageait,
lorsque nous l'avons interrogé, monter un projet AGR pour obtenir un
financement. Parce que selon elle, « je dois me battre pour vivre
et montrer à ma famille que Dieu existe 167(*)».
II.1.2.Soutien social
Sur le plan social, les membres des associations des PVVIH
bénévoles dans les centres de santé ou hôpitaux
permettent aux personnes dépistées séropositives de
joindre un groupe de soutien en adhérant à une des associations
de leur choix. Par cette initiative, ils visent le non isolement des PVVIH,
l'esprit de solidarité et la cohésion sociale de leurs membres
tout en assurant leur contrôle social. Pour renforcer les liens sociaux
entre les membres, il est organisé au sein de ces structures des
réunions toutes les deux semaines. Réunions au cours desquelles,
les messages d'espoir sont transmis à tous les adhérents.
Chaque membre extériorise ses problèmes puis le
groupe essaie d'apporter des solutions. Le fait que ces personnes se
côtoient, se partagent les secrets, participe à renforcer leurs
liens sociaux. La preuve en est que lors de notre passage dans ces structures
nous avons entendu ces femmes s'appeler de part et d'autre « ma
soeur », une façon de manifester leur attachement.
De même, des visites à domiciles sont souvent
organisées pour assurer le soutien social des membres surtout pour
celles qui sont désireuses. Cependant, certaines qui n'ont pas
annoncé leur statut à leur partenaire ou à leur entourage
n'acceptent pas de visite. Une façon pour elle de ne pas attirer des
suspicions. Ce soutien s'accompagne de quelques conseils d'hygiène qui
permettent de vivre en évitant des ennuis dans la société.
-Il s'agit d'informer son partenaire de sa
séropositivité et de l'encourager à se faire
dépister afin que celui-ci n'adopte pas des comportements
déviants en cas de découverte par lui même.
-Eviter d'avoir plusieurs partenaires sexuels.
-Pratiquer l'abstinence ou avoir des rapports sexuels
protégés (port systématique et correct du
préservatif) pour éviter de se réinfecter ou d'infecter
son partenaire.
-Consulter immédiatement le médecin en cas
d'IST.
Sur le plan corporel, la PVVIH doit pratiquer une bonne
hygiène de son corps et de son environnement en :
-se lavant au moins une fois par jour pour éviter toute
infection de la peau ou éviter d'attirer l'attention de l'entourage qui
contribuerait au rejet de la PVVIH.
- lavant le linge dès qu'il est sale, souillé
par le sang, des selles ou d'autres liquides corporels.
II.2.Soutien nutritionnel, financier, et médical aux
PVVIH en association
L'évolution de l'infection à VIH vers la phase
avancée qui est le SIDA peut être lente et durer plusieurs
années. Ceci dépend de l'environnement de l'individu
infecté, de son état général et plus
particulièrement de son état nutritionnel.
II.2.1.Soutien nutritionnel
Il existe une corrélation entre la nutrition et le VIH.
Les associations des PVVIH apportent un soutien nutritionnel à leurs
membres au niveau des conseils pratiques et au niveau des collations offertes
lors des jours de réunion.
Pour ce qui est des conseils pratiques, les
conseillères psychosociales à la suite des professionnels de
santé demandent à leurs membres de bien se nourrir. Ceci parce
que la relation nutrition et VIH est que plus l'individu est bien nourris plus
il capitalise des vitamines qui vont accroitre les globules blancs pour lutter
contre les infections opportunistes. Or lorsqu'un séropositif est sous
alimenté, étant aussi immunodéprimé, il ne
capitalise pas sa défense immunitaire pour lutter contre les IO.
Pour garder son poids, sa forme et sa santé, il est
recommandé à ces personnes d'adapter les aliments à des
situations c'est-à-dire manger ce qu'elles aiment et ce qu'elles
supportent. En situation de VIH, les individus sont contraints de manger
même s'ils n'ont pas faim mais surtout en respectant le régime
alimentaire tel que prescrit par les personnels de santé c'est pour
cette raison qu'on leur demande de consommer:
- des aliments sains et équilibrés168(*) et en quantité
suffisante pour maintenir son système immunitaire fort.
-des céréales complètes comme du soja, du
mais, du blé qui sont riches en magnésium et en vitamine E
antitoxique.
- des fruits, légumes frais qui sont d'un très
grand apport en vitamines et en sels minéraux et des agrumes169(*) qui sont riches en vitamine
C naturelle.
- des yaourts et autres aliments lactofermentés pour la
santé des intestins.
- de l'eau potable, des aliments liquides comme des jus de
fruits et semi-liquides pour faciliter la digestion.
En outre, il leur est déconseillé de
consommer :
-les huiles frites à plus de 100° C qui pourraient
participer à l'installation des tumeurs dans leur organisme ; car
elles sont déjà affaiblies et doivent éviter ce qui peut
participer à les affaiblir davantage.
-l'alcool, le thé, le café et tous autres
excitants dépourvus de propriétés nutritives.
-la cigarette et le tabac sont également proscrits car
ils affaiblissent les défenses et empêchent une bonne
oxygénation.
-trop de sucre car, 100 grammes de sucre blanc empêchent
le travail des globules blancs pendant 5 heures.
Ces conseils leurs sont donnés parce qu'une
alimentation équilibrée et saine chez les PVVIH contribuent
à les solidifier et à renforcer leur système immunitaire
déjà faible. Cette relation se lit dans les schémas
ci-dessous :
Bien manger appétit stimulé
Immunité plus forte et résistance à
l'infection
Evolution plus lente de la maladie du stade de l'infection par le
VIH au stade déclaré du VIH
Bonne nutrition maintien du poids de forme
Figure 1 : relation entre alimentation
saine, équilibrée et VIH
Figure 2 : relation entre
sous-alimentation et VIH
Malnutrition
Immunité affaiblie et réduction de la
résistance au VIH et aux infections
HIV
Evolution plus rapide de la maladie et accroissement de
l'exposition aux IO
Augmentation des besoins nutritionnels et apports alimentaires
insuffisants
Source : Vie positive avec le
VIH.
En dehors des conseils, les associations contribuent à
soutenir leurs membres sur le plan nutritionnel. A l'AFASO, des collations sont
offertes aux membres à chaque réunion c'est-à-dire deux
fois par mois. Au cours de notre passage dans cette structure, nous avons eu
l'occasion de prendre avec ces femmes une collation. Egalement, pour les
personnes nécessiteuses, une aide leur est souvent allouée
grâce aux subventions des partenaires.
Au CEAM, une aide est allouée aux personnes de temps en
temps grâce aux dons des personnes généreuses ou des
partenaires. Cette aide, lorsqu'elle est disponible, est distribuée
à tous les membres de la structure. A coté de ce soutien, un
autre type d'aide est aussi apporté sur le plan financier.
II.2.2.Soutien financier
Pour promouvoir l'autonomie des femmes séropositives,
un soutien financier est alloué aux femmes nécessiteuses de ces
associations. Il s'agit des subventions des projets des femmes membres de ces
associations. A coté de ces subventions, dans le but de promouvoir
l'épargne, des tontines sont mises sur pied.
Pour ce qui est des subventions des projets, à l'AFASO,
elles appellent cela AGR170(*). Ces subventions ont des critères
d'éligibilité. C'est pour cette raison que madame Pauline MOUTON
a affirmé que :
Pour bénéficier des subventions AGR, la
première condition est d'être Séropositive membre de
l'AFASO, ensuite monter un projet qui sera soumis à une étude. Le
comité d'étude s'assure de la rentabilité, de la
durabilité et de l'autonomie du projet. Si le projet est retenu il peut
être subventionné à un montant d'une hauteur de
100 000 à 150 000 francs CFA remboursable dans un délai
de 6 à 12 mois171(*).
Cette initiative est une forme de contribution
à la lutte contre le VIH, puisque des études172(*) ont
révélé que les femmes étaient plus
vulnérables à la pandémie à cause de leur situation
socioéconomique précaire.
Au CEAM, nous avons rencontré des femmes en
pleine cotisation pour leur tontine. Ce qui veut dire que dans toutes les
associations des PVVIH, la promotion de l'autonomie des membres est l'une des
missions prioritaires. Selon Anne, présidente du CEAM,
Il y a des personnes qui interrompent leur traitement ou
ne font pas des bilans semestriels parce qu'elles n'ont pas de l'argent ni pour
les frais d'examens ou de déplacement. Notre initiative est d'encourager
nos membres de ne compter que sur elles-mêmes afin d'éviter tout
désagrément173(*).
II.2.3.Soutien médical
Dans le souci de promouvoir la lutte des infections
opportunistes, les associations des PVVIH soutiennent médicalement leurs
adhérentes. Ce soutien n'est pas dans le sens de la distribution des
médicaments antirétroviraux parce que cette fonction est
exclusive aux centres de traitement agréés et aux autres
formations sanitaires associées, mais dans le sens de l'aide à
l'observance à partir des relais communautaires, des conseils
médicaux et des bons de commande de certains antibiotiques dans leurs
structures.
A l'AFASO, nous avons assisté non seulement à
des séances de conseils médicaux faites par des femmes
formées mais aussi, avons observé la distribution des
antibiotiques en l'occurrence du Cotrimoxazole aux femmes, une façon de
soutenir ces femmes dans la lutte des infections opportunistes.
En plus, en période de rupture de médicaments,
les associations plaident auprès des décideurs pour le
ravitaillement en médicament.
En somme, après la découverte du statut
sérologique d'une personne, elle est tenue de faire son test
d'éligibilité pour suivre son traitement. Dans la prise en charge
des personnes séropositives, il y a une division des tâches. La
prise en charge psychosociale est assurée par les personnel d'appui des
centres de santé et en association à savoir : les assistants
sociaux, les psychologues, et les conseillers psychosociaux, agents de relais
communautaires qui sont des séropositifs associés et
exerçant dans le cadre du bénévolat. En outre, la prise en
charge thérapeutique faite à l'hôpital est assurée
par le personnel médical. Pour assurer la prise en charge totale et
assurer une meilleure observance, les personnes séropositives sont
impliquées dans la lutte contre la pandémie à travers des
formations qu'elles subissent pour s'encadrer elles mêmes.
DEUXIEME PARTIE :
COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES FEMMES SOUS
TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET INCIDENCES
Dans cette subdivision de notre travail, qui en constitue
d'ailleurs le noeud, il est question de présenter de manière
générale les typologies des comportements sexuels et reproductifs
des femmes séropositives sous traitement et les enjeux qui les sous
tendent au Cameroun.
Ainsi, deux chapitres ont constitué l'ossature de cette
partie. Le premier présente les comportements sexuels des femmes vivant
sous traitement au Cameroun car, le discours médical recommande un
modèle de comportement sexuel à toute personne infectée.
Et le respect de ces recommandations n'est pas toujours effectif par ces
personnes à cause des normes traditionnelles, culturelles, et
religieuses qui sont en cours au Cameroun. Ce chapitre examine la nature des
comportements sexuels de ces femmes qui n'est pas toujours en conformité
avec le discours médical et les enjeux qui les sous tendent.
La préoccupation du deuxième chapitre de cette
partie est axée sur les comportements reproductifs ou
procréateurs des femmes vivant sous traitement au Cameroun. Ils ne sont
pas toujours homogènes à cause des contraintes
économiques, sociales, affectives, culturelles et religieuses. Ce qui
pousse ces femmes à présenter des comportements
hétérogènes qui sont fonctions des enjeux qu'elles veulent
préserver.
CHAPITRE III :
LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES SEROPOSITIVES SOUS
TRAITEMENT
Dans ce troisième chapitre consacré à
l'analyse des comportements sexuels des femmes vivant sous ARV au Cameroun, il
sera question de mettre en exergue les logiques socioculturelles, familiales,
économiques et religieuses qui sous tendent les rapports sexuels de ces
femmes en temps de VIH. Ainsi, seront passées en revues les croyances,
les considérations entretenues autour de ces comportements pour mieux
comprendre le rapport qui existe entre le discours biomédical et ces
logiques socioculturelles, affectives, économiques et religieuses. Ce
chapitre semble déterminant dans le cadre de la vérification de
nos hypothèses axées sur les logiques qui déterminent les
comportements sexuels au Cameroun, sur l'influence du traitement ARV sur ces
comportements et sur la gestion de la sexualité des femmes sous TAR.
I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES
THERAPEUTIQUES, NORMES CULTURELLES ET LA PERCEPTION DE L'ACTE SEXUEL
I.1.Discours biomédical sur la sexualité
Lorsqu'un individu a été découvert
séropositif, les principales recommandations des personnels
médicaux sont axées sur l'usage systématique du
préservatif à chaque rapport sexuel quelque soit son sexe et un
régime alimentaire équilibré.
I.1.1.Usage systématique et correct du
préservatif lors des rapports sexuels
Le discours médical prescrit un modèle de
comportements à adopter aux personnes séropositives.
« En Afrique, le moyen privilégié dans les efforts
de prévention est l'usage du préservatif 174(*)». Il reste
également un mode contraceptif incontournable en situation de VIH/SIDA.
Ceci pour plusieurs raisons :
-Il permet de protéger le partenaire contre
l'infection au VIH s'il ne l'a pas encore.
-Ensuite, il permet de protéger la personne
déjà infectée contre la réinfection car le virus de
SIDA est de plusieurs types à savoir : « le VIH1 et
le VIH2175(*) ». La personne séropositive
peut présenter un type puis en allant sans protection avec un partenaire
qui dispose d'un autre type, elle peut se réinfecter et l'amener vers
une résistance aux médicaments qui pourraient être la
source de leur dégénérescence. De même,
Chez les patients séropositifs pour le VIH, il est
possible qu'une exposition fréquente au VIH puisse faire
décompenser un système immunitaire déjà fortement
stimulé, et être ainsi la cause d'une progression plus rapide vers
le SIDA. C'est dans cette crainte qu'il a toujours été
recommandé aux couples séropositifs d'avoir des rapports sexuels
protégés176(*).
Egalement, le virus du SIDA est un virus extrêmement
mutant qui, une fois dans l'organisme humain, développe des souches de
virus en fonction de l'organisme où il se trouve.
Pour le major EBALLE,
Les souches de virus sont de plusieurs
sortes ; il existe des virus VIH1 de souche M, VIH1 souche N, ...,
des VIH2 souche M et VIH2 souche N. Voila pourquoi il est recommandé aux
personnes déjà infectées de se protéger afin
qu'elles ne soient plus réinfectées par d'autres souches de
virus177(*).
Le préservatif permet ainsi la protection des deux
partenaires quelque soit leur statut sérologique (sérodiscordant
ou séroconcordant).
Dans la situation de séroconcordance, les partenaires
sont tenus de se protéger parce que le VIH/SIDA est un virus qui se
développe en fonction de l'organisme dans lequel il se trouve dans sa
multiplication des souches. Lorsqu'il intègre un organisme, il cherche
à s'adapter dans son nouveau milieu en développant des souches
propres à son nouveau milieu. Or, étant donné que les
organismes humains sont différents, on assistera à des virus
à souches différentes. C'est pour cette raison qu'en l'absence
des médicaments pouvant complètement guérir cette maladie,
le préservatif se trouve être un instrument indispensable en
situation de VIH/SIDA.
La mise sous ARV est tributaire de l'organisme de chaque
individu et de sa souche de virus. C'est pour cette raison que Mme Catherine
AYISSI atteste qu'«il existe plusieurs protocoles de
médicaments et chaque protocole est fonction de l'organisme de chaque
individu et de son sous-type de virus »178(*). Ainsi, une situation
de réinfection peut annuler l'action d'un protocole de médicament
car, on assistera au développement d'une résistance d'un virus
mélangé par un nouveau sous-type. Ce qui peut rendre l'action du
protocole de médicament nulle. Pour renforcer la puissance du
traitement, il est demandé au patient de suivre un régime
alimentaire qui lui permettra de remonter le taux de ses leucocytes CD4 afin
qu'il récupère sa mine et sa forme.
I.1.2. Un régime alimentaire
équilibré
Une autre recommandation médicale s'oriente sur
l'alimentation de la PVVIH parce qu'il existe une relation entre son
alimentation et sa sexualité. L'alimentation influence sur
l'activité sexuelle parce que celle-ci est un exercice physique et
suppose une perte d'énergie au cours de sa pratique. Or, les PVVIH,
étant déjà immunodéprimées se doivent de
consommer des aliments riches en apport énergétique pour ne pas
épuiser leur dernière réserve et énergie
disponibles.
Cependant, lorsque les patients commencent à
récupérer, certains d'entre eux développent une certaine
perception vis-à-vis du sexe. Ce qui est source de nombreuses attitudes
vis-à-vis de celui-ci.
I.2. Perception de l'acte sexuel
Par perception, il faut entendre la représentation
qu'un individu se fait d'une chose. Dans ce contexte, c'est la
représentation qu'un individu se fait de l'acte sexuel. Cette image tire
source de la société des représentations sociales de la
maladie car « quand on dit cancer, oh la pauvre, elle n'a pas eu
de chance, mais quand on dit SIDA, oh peut être qu'elle a eu un
passé, voilà ça y est, c'est bien fait179(*) ». Ce qui
montre que le SIDA apparait dans la société comme d'abord une
maladie vénérienne.
Etant donné qu'en Afrique, le mode le plus connu dans
la transmission du VIH est la voie sexuelle,
La séropositivité affecte l'image de soi
à travers la perception de son propre corps considéré
comme dangereux. La peur apparait doublement : la peur de soi du fait de
son statut sérologique, et celle de contaminer l'autre. Si la peur peut
être mise à distance dans les autres moments de la vie
quotidienne, les rapports sexuels la rappellent toujours180(*).
Cette perception de l'acte sexuel, va entrainer chez certaines
personnes infectées une culpabilisation voire même une
distanciation vis-à-vis du sexe aux premières heures de la
séropositivité. Des entretiens que nous avons eus avec ces
femmes, nombreuses sont celles qui ont affirmé qu'après l'annonce
de leur statut, il en est suivi un arrêt provisoire ou définitif
des relations sexuelles. Pour le PR KAPTUE cité par RENAUDIN, c'est
« une période de relâchement et de ressaisissement
dans les comportements sexuels 181(*)» surtout pour des femmes célibataires et
veuves.
Ce relâchement s'explique parce que,
Devenir séropositives entraine des
altérations importantes de l'image de soi. La plupart des personnes
séropositives éprouvent un sentiment de perte d'estime de soi, la
sensation d'être devenus sales et dangereux. Elles se considèrent
comme indignes d'être aimées. (...) Apprendre que l'on est
séropositif incite à se définir soi-même en fonction
des représentations sociales relatives à l'épidémie
et des ruptures que celles-ci introduisent dans les normes qui sous tendent le
déroulement de la vie amoureuse182(*).
Pour les femmes en union ou en mariage et qui n'ont pas
partagé l'information avec leur partenaires, elles ne peuvent pas le
faire sans motifs valable sous peine de développer des suspicions
contre elles.
Des propos des femmes interviewées, l'on peut
retenir les plus signifiants :
« Depuis que j'ai découvert ma
sérologie en 2008, j'ai arrêté les rapports sexuels parce
que c'est à cause de cela que je suis dans cette situation183(*) ».
« J'ai complètement arrêté,
surtout avec la mort de mon mari car je dois vivre longtemps pour
éduquer mes enfants. J'ai déjà un nombre suffisant donc
inutile de courir des risques qui vont me faire partir et laisser mes
enfants 184(*)».
« Il faut que je m'occupe d'abord de ma
santé ; le reste vient après185(*) ».
« J'ai fait sept ans sans coucher avec
un homme, je les fuyais mais aujourd'hui j'ai repris mon activité avec
modération 186(*)».
De ces propos, il ressort que la période de
l'annonce de la séropositivité s'accompagne dans la plupart des
cas d'une diminution de l'intensité des rapports sexuels. Il devient
parfois nul chez certaines femmes qui sont veuves et ont un âge
relativement élevé surtout lorsque le partenaire lui-même
est mort de SIDA.
Certaines femmes par contre, qui ont des enjeux sociaux
à préserver préfèrent continuer à se livrer
à la pratique sexuelle. C'est le cas des femmes qui sont en union et qui
n'ont pas signalé leur statut à leur partenaire.
Ce qui fera qu'on assiste à des rapports sexuels de
nature hétérogène qui sous tendent des enjeux
multiples.
I.3.Normes traditionnelles en matière de
sexualité en Afrique
La sexualité dans l'imaginaire collectif des africains,
respecte un certain nombre de règles. Elle a d'abord un but utile,
ensuite sa pratique, sa nature, sa période de praticabilité
relève le plus souvent de la décision de l'homme à cause
du statut social de la femme qui est toujours inférieur malgré
les dynamiques sociales.
I.3.1.Rapports sexuels naturels et finalité de
procréation
Dans la tradition africaine, la sexualité a toujours
été pratiquée avec un but utile. Ce but est la
procréation. Le modèle de sexualité qui a cours dans
l'imaginaire social africain, expose ce continent à une politique
nataliste par conséquent à un modèle de croissance
démographique. Car, en Afrique la valeur d'un individu est avant tout
tributaire de sa descendance. Ainsi, l'acte sexuel avant d'être plaisir,
a d'abord une finalité utile.
En situation de mariage, l'acte sexuel n'est plus
seulement plaisir, mais il doit se faire utile. C'est dans ce sens que OMBOLO
J.P affirme que :
S'il ya des périodes ou des occasions qui
interdisent l'acte sexuel, il en est d'autres qui le rendent obligatoire (...).
L'obligation de l'acte sexuel est d'abord liée au culte de la
procréation (...), l'obligation de l'exercice de la sexualité
s'observe encore dans le cadre des cultes de la
fécondité.187(*)
Ainsi, en Afrique noire, la sexualité occupe une place
de choix et dans certaines situations comme en union, elle se veut utile
c'est-à-dire avec une matérialisation par des enfants.
Or, étant donné que dans ce continent
l'individu est un être culturel, la femme est dans l'obligation de
respecter ses valeurs socioculturelles pour ne pas être
considérée comme déviante. Car, pour PAQUOT,
« le comportement de la femme est conditionné par sa
culture et sa tradition »188(*).
Au Cameroun, le mariage est un cadre où se
matérialise et se valorise la procréation. Il y a parfois des
ruptures d'union parce que la femme est incapable de procréer puis que
la stérilité est toujours perçue comme ayant une origine
chez elle. Dans plusieurs ethnies du Cameroun comme chez les Bulu, les
Béti, les Bamiléké..., la dot de la femme est
élevée parce qu'on considère celle-ci comme un être
qui va aller produire chez son mari. Le mariage devient ainsi comme un
marché qui a comme bénéfice : les enfants. A ce
titre, L. M. OMGOUM, définit le mariage comme étant
« un marché où la femme est le capital.
Lorsqu'elle a des enfants, elle produit des bénéfices, mais, dans
le cas contraire, son mari, l'investisseur, tourne à
perte »189(*)
.
Cette sexualité à but utile amène donc
à classer la femme au second plan dans une union, puisque la
décision de procréation et de la sexualité ne
relève pas d'elle.
I.3.2.Statut social de la femme et décision
relative à la sexualité en Afrique
Le statut social implique la notion de position sociale d'un
individu dans la société. Sous sa forme statique, il indique un
sens de droit et d'obligation socialement définis et rattachés
à une position.
En Afrique noire en général, et au Cameroun en
particulier, la socialisation qui a cours dans la société est
différentielle et est basée sur des stéréotypes
sexistes qui prônent la supériorité du genre masculin sur
le genre féminin. Ce qui entraine une inégalité de statut
sociale entre l'homme et la femme. A partir de la socialisation
différentielle, la sexualité et la conjugalité sont
construites par la société de manière à renforcer
la supériorité de l'homme sur la femme.190(*).
Dans la tradition africaine, la femme est appelée
à faire la volonté de son mari. C'est pour cette raison que
« Les attentes sociales et culturelles exigent qu'elles soient
sexuellement disponibles et dociles à leur mari »191(*). Dans cette même
lancée plusieurs femmes séropositives mariées ou vivant en
couple avec leur partenaires nous ont affirmé qu'elles sont
obligées de satisfaire leur mari ou leurs partenaires afin que ceux-ci
ne les quittent pas ou n'aillent ailleurs. C'est ainsi que
Plus souvent, les femmes sont prises dans un dilemme entre
essayer de plaire à leur mari et satisfaire ses besoins sexuels et leurs
propres souhaits (...) La nécessité de
garder un mari est extrêmement importante car le mariage est porteur
d'enjeux : respectabilité et sécurité d'où
leur absence de pouvoir 192(*)
Certes la fonction de reproduction appartient à la
femme, mais la décision de la taille de la famille, du choix du moment
et des méthodes relatives à la sexualité appartiennent
à l'homme. Ce qui rend toujours la femme inférieure et
dépendante à l'homme voire même impuissante dans la lutte
contre le VIH/SIDA.
Ainsi,
Les mesures prises contre la pandémie de VIH/SIDA
ne seront efficaces que si elles tiennent compte du déséquilibre
des forces entre les hommes et les femmes, qui empêchent les femmes
d'exercer des droits fondamentaux de la personne humaine, notamment en
matière de santé sexuelle et procréative. La protection
des femmes (...) n'est pas toujours garantie parce que leur choix en
matière de santé sexuelle et procréative sont
déterminés par leur position sociale subalterne et par les
attentes socioculturelles193(*).
De même, le statut économique de la
femme est un paramètre qui ne la rend pas indépendante. Dans
certains ménages où la femme dépend économiquement
de l'homme, elle ne peut qu'exercer les désirs de son partenaire afin de
ne pas être victime du sevrage d'argent. A ce titre madame QD 7177/03 de
l'AFASO a affirmé qu'
Il veut toujours des rapports sexuels et je ne peux
pas refuser. Une fois quand j'ai refusé de le satisfaire parce que je ne
me sentais pas bien, il m'a menacé et à promis de prendre une
deuxième épouse sous prétexte que j'étais
déjà fatiguée. Et la période là, il a fait
trois jours sans me donner de l'argent pour la ration. Le quatrième
jour, étant déjà à bout de souffle, j'étais
obligée d'aller vers lui.194(*)
De ces propos, il ressort que la santé
génésique des femmes ne dépend pas d'elles à cause
de leur statut socioéconomique inférieur. Ce sont leurs
partenaires qui sont des décideurs de la gestion de leur
sexualité. Ceci parce que ceux-ci, à cause de leur pouvoir
économique, ils ont le dessus sur leurs partenaires et imposent leur
manière de faire et d'être.
Enfin,
Le manque d'autonomie économique des femmes, en
particulier, les empêche souvent de se protéger contre l'infection
par le VIH/SIDA, de négocier les modalités des rapports sexuels
ou de rompre les relations à risque ou des relations empreintes de
violence.195(*)
Ainsi, ces logiques socioculturelles, affectives et
économiques sont source de plusieurs comportements sexuels de nature
hétérogène puisque l'individu tire son action dans le
contexte où il se trouve.
I.4.Nature des rapports sexuels chez ces femmes
Par nature, il faut entendre la propriété d'une
chose. Mais dans ce contexte il s'agit de voir si les rapports sexuels
entretenus sont protégés ou pas. Cette nature des rapports
sexuels chez les PVVIH n'est pas homogène tel que stipule le discours
médical. Ceci parce qu'il y a des enjeux multiples qui sous tendent ces
comportements sexuels.
I.4.1.Chez les femmes mariées
Des enquêtes de terrain, il ressort que chez
cette catégorie de femme, la nature des rapports sexuels n'est pas
toujours homogène.
Ils sont protégés si le partenaire
est au courant, parce que lorsqu'il est informé de la situation, s'il
est compréhensif, il va juste chercher à pendre des dispositions
pour aider sa conjointe à se maintenir en vie. Car, aujourd'hui avec les
progrès de la science, être infecté au VIH/SIDA n'est plus
synonyme de la mort « sick die 196(*)» (comme le relevait une
patiente). Dans ce contexte, le cas de madame 062/09 en est une illustration
lorsqu'elle nous a révélé que :
Si j'allais prendre mon résultat seule, j'allais
le cacher. Mais ce jour, nous étions deux : mon mari et moi.
Lorsque c'est sorti comme c'est sorti, il m'a beaucoup soutenu alors que
lui-même était séronégatif. Il m'aide à
respecter les conditions prescrite à l'hôpital et ne
dérange pas en matière de sexualité.197(*)
Mais si le partenaire n'est pas au courant du statut de sa
conjointe, celle-ci continuera à entretenir des rapports sexuels non
protégés. Dans ce cas, ce qui est important pour cette
catégorie de femme, c'est de garder sa place et sa considération
sociale.
De manière générale, les femmes
déjà en mariage ont peur d'être répudiée
surtout de suite de VIH ou de voir leur conjoint épouser une autre
femme. Les femmes que nous avons interrogées ayant le statut de femme
mariée, ont avoué qu'elles ne peuvent pas introduire le
préservatif du jour au lendemain dans leurs couples car il y a risque de
suspicion d'infidélité de la part du partenaire sauf si celui-ci
est au courant de la situation. De même, certaines femmes pensent qu'en
demandant subitement l'usage du préservatif à leur conjoint c'est
une façon de révéler son statut à son conjoint
d'où la nécessité pour elle de ne pas en parler. Ce qui
nous fait penser que l'usage du préservatif n'est pas toujours
systématique dans des couples infectés. Ainsi,
(...) « le préservatif peut être perçu
subjectivement par la personne séropositive comme
révélateur pour autrui de son statut sérologique tout en
agissant en tant qu'un rappel de ce statut pour elle-même 198(*)».
I.4.2.Chez les femmes célibataires
Plusieurs d'entre elles ont affirmé qu'elles utilisent
le préservatif au cours de leurs rapports sexuels bien qu'elles aient
souligné les difficultés qu'elles rencontrent. Certaines d'entre
elles qui ont eu des nouveaux partenaires après la découverte de
leur séropositivité brandissent l'argument selon lequel elles
éviteraient des grossesses non désirées ou des IST.
Par contre, celles qui ont eu leurs partenaires avant de se
découvrir séropositives continuent à avoir des rapports
sexuels de même nature qu'avant le test. Ceci parce qu'elles ne veulent
pas attirer l'attention du partenaire sur leur statut à savoir des
rapports protégés ou non protégés en fonction des
modes d'avant test. Certaines d'entre elles qui étaient
financièrement autonomes ont préféré rompre avec
leurs partenaires comme le cas de Madame 470/03, 43 ans, employée de
banque qui nous a affirmé :
Je préfère le perdre que de lui faire du mal
car je l'aime beaucoup. Si je le contamine, j'aurai des remords toute ma vie.
C'est mieux que je le quitte sans lui faire du mal sans qu'il ne sache aussi
pourquoi. Pour le faire j'ai du profiter d'un petit problème de rien du
tout pour m'en aller.199(*)
Ainsi, celles qui ont eu des ruptures de relations
préfèrent attendre ou souhaitent tout simplement rencontrer des
hommes séropositifs comme elles (comme elles nous l'ont souligné
plus haut). La majorité d'entre elles ne souhaitant plus vivre des
relations d'aventure, préfèrent éviter tout rapprochement
des hommes ou ne pas céder à leurs avances. Ceci pour mieux
gérer leur secret. Le fait pour elles de souhaiter rencontrer des
séropositifs comme elles c'est de pouvoir ensemble appliquer les
recommandations médicales parce que selon Mme TCHOKOUTE,
Dans les couples concordants les recommandations
réussissent à être appliquées parce que chacun des
partenaires sait ce qu'il doit faire. Et en plus la femme est à l'abri
de nombreuses frustrations. Or dans cette situation la préservation de
l'ataraxie est importante.200(*)
Cette situation n'est pas vécue de la même
manière chez les veuves.
I.4.3.Chez les veuves
Les veuves que nous avons rencontrées n'ont pas
émis l'idée de remariage parce qu'elles ne souhaitent plus voir
un autre conjoint s'en aller ou mourir. Pour madame QD 7235/05, membre de
l'AFASO,
La mort d'un conjoint est traumatisante et affecte
tellement la femme. Ce qui fait qu'elle ne veut plus s'engager dans une autre
relation sachant qu'elle sera encore victime d'un autre décès du
conjoint. C'est pour cette raison que les veuves en général ne
veulent plus se remarier après le décès de leur
conjoint201(*).
Cependant, leurs activités sexuelles dépendent
de leur âge et de leur nombre d'enfants en vie. Pour celles qui ont un
âge relativement élevé et qui ont atteint leur quotas
d'enfants, la fréquence de leur sexualité baisse
considérablement voire même devient nulle202(*).
Quant à celles qui sont encore relativement jeunes,
elles préfèrent vivre à distance avec leurs partenaires.
Le fait d'être mise sous TAR, entrainent chez bon nombre d'entre elles
des comportements sexuels responsables. Elles n'ont plus rien à
préserver puisque la société a été
témoin de leur mariage. Elles vivent pour la plupart d'entre elles pour
leurs enfants. Inutile pour elles de multiplier des comportements à
risque qui pourraient contribuer à leur déchéance et les
empêcheraient de s'occuper de leurs enfants.
Mais de manière générale, les femmes
séropositives mises sous TAR et membres des associations ont tendance
à protéger leurs rapports sexuels. Ceci parce qu'elles ont
côtoyé les professionnels de santé et certaines d'entre
elles qui ont reçu des formations des pairs éducateurs, des
conseillères psychosociales et des assistantes sociales qui leur ont
inculqué les biens fondés de la protection, elles ont
également été impliquées dans la lutte contre le
VIH en suivant des formations des pairs éducateurs ou des
conseillères psychosociales ou des assistantes sociales. De même,
pour celles qui font partir des associations des PVVIH, des notions de droits
des PVVIH leur sont inculquées tout en leur interdisant d'infecter les
autres. Dans toutes les associations, l'idée essentielle
véhiculée est la préservation des personnes saines. Le
respect de cette éthique leur permet d'adopter des comportements sains.
Même comme plusieurs d'entre elles ne parviennent pas à respecter
cette éthique à cause de leur souci de se maintenir dans
l'anonymat.
I.4.4.Les associations des PVVIH : une source de
motivation
Les associations des PVVIH sont des stimuli pour le retour
à la sexualité chez certaines femmes. Lorsqu'un individu se
découvre séropositif, son désir des relations sexuelles
disparait car il existe une relation entre l'infection au VIH/SIDA et la
sexualité de cet individu. En réalité l'infection au VIH
ne pose aucun problème sur la libido de cet individu mais, avec les
troubles psychologiques qui suivent l'annonce, le patient est bouleversé
et ne manifeste plus aucune envie d'entretenir les rapports sexuels.
Dans les associations des PVVIH, on stimule les membres
à créer le désir. Le souci des associations des PVVIH
c'est de motiver leurs membres à retrouver leur vie de départ.
Pour y parvenir, les membres sont encouragés à se faire convoiter
par des partenaires mais en se préservant non seulement la PVVIH mais
aussi le partenaire.
De même, lors des réunions, les membres se
racontent leurs histoires, leurs aventures, se conseillent et peu à peu
le désir renait chez celles qui l'avaient perdu tout en prônant la
protection des rapports sexuels.
II. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE CONTRAINTES
AFFECTIVES, FAMILIALES, CULTURELLES ET RELIGIEUSES
II.1. Les contraintes affectives et familiales
Dans la situation de séropositivité, les femmes
sont confrontées à plusieurs contraintes qui sont d'ordre
affectif et familial. Ces contraintes se font de plus en plus ressentir en
fonction du statut matrimonial de celles-ci. Car, elles ne vont pas se
présenter de la même manière, mais vont dépendre de
leur statut vis-à-vis des hommes. C'est pour cette raison que ces
contraintes se présentent avec une assez grande
hétérogénéité qui est aussi fonction du
statut matrimonial de ces femmes.
II.1.1.Cas des femmes mariées ou ayant un (des)
partenaire(s) sexuel(s)
De cette enquête, il en est ressorti que les femmes en
général ont le souci de vivre dans le mariage ou d'avoir à
leur côté un homme. Parce que c'est le mariage qui garantit
acceptabilité et responsabilité de la femme.
Etant donné que la seule et unique règle de
pratique des rapports sexuels en situation de VIH/SIDA reste l'usage
systématique du préservatif, certaines femmes sont
confrontées à plusieurs contraintes.
Le premier problème est que le préservatif
conduit à un modèle de restriction de naissance. Pour cela, il
n'est pas accepté par tous les partenaires. Son acceptabilité
dépend avant tout du niveau d'instruction203(*) et de compréhension
du partenaire. En ce sens que plusieurs d'entre eux voient en cet instrument un
indicateur d'infidélité de leur partenaire. Comme nous a
relaté madame Pasma AHMADOU, que lorsque les personnels de santé
lui ont recommandé le préservatif comme instrument devant
régir ses rapports sexuels, elle a commencé à voir
naître des problèmes dans son ménage. Elle continue en
disant :
J'étais la seule à savoir pourquoi
j'insistais sur le port du préservatif à mon mari parce que je ne
lui avais pas au préalable annoncé la nouvelle. Mais cependant,
il m'a soupçonné et m'a traité d'infidèle. Je
n'avais pas le choix que de subir ses menaces.204(*)
Certaines femmes choisissent de sauver leur foyer, leur
mariage au détriment de leur santé. Car, elles estiment
qu'étant déjà séropositives, si elles sont
abandonnées par leurs maris ou leurs partenaires, elles risquent ne plus
en trouver surtout qu'actuellement au Cameroun, nombreux sont les hommes qui
demandent à faire le test de dépistage du VIH/SIDA avant tout
mariage. Malgré les résistances de certains camerounais
vis-à-vis du dépistage, nombreux sont ceux qui n'échappent
pas à cette règle. Pour certaines femmes, leurs maris, même
leurs partenaires comptent beaucoup pour elles, il est donc difficile pour
elles de les voir partir. Surtout que dans plusieurs ménages,
malgré les transformations sociales qui s'opèrent au Cameroun,
l'homme reste le pourvoyeur important des ressources. C'est lui qui assure le
loyer, la nutrition, et la santé...dans le ménage.
Cependant, à côté des femmes qui
choisissent de préserver leur réseaux affectifs, familiaux et
sociaux, il ya une autre catégorie de femmes qui préfère
sauvegarder leur santé car, elle la juge primordiale.
Dans le désir de préserver leur santé,
certaines femmes perdent parfois le côté affectif ou familial. En
ce sens qu'en essayant d'exiger le préservatif à leurs
partenaires ou à leurs maris, ces derniers les abandonnent souvent pour
ceux qui ne sont pas compréhensifs. C'est le cas de madame 470/03 qui
affirme :
Lorsque j'ai incité mon mari de porter le
préservatif, il a choisi sortir de la chambre conjugale et trois mois
après, il a demandé l'affectation pour Bafoussam, me laissant
avec trois enfants à Yaoundé. Heureusement que grâce
à mon petit boulot, je me débrouille à payer le loyer, de
nourrir les enfants et d'assurer leur scolarité205(*) .
Cependant, certaines partenaires qui ont au préalable
été informées et qui ont choisi de continuer avec leurs
partenaires dans le cas de la sérodiscordance où les femmes sont
infectées, les femmes subissent les caprices de leurs partenaires. C'est
le cas de madame 00670/00 qui affirme que son mari lui a dit qu'ils continuent
à rester ensemble à condition que la femme accepte d'avoir une
autre rivale, car pour son mari, il a de temps en temps besoin des rapports
naturels qui procurent un autre type de plaisir.
De même, dans certains ménages ou certains
couples où les hommes ne sont pas informés du statut
sérologique de leurs partenaires ou de leurs femmes, celles-ci sont
généralement victimes des violences sexuelles206(*). Les hommes abusent d'elles
en allant contre leur gré ou en entretenant des rapports non
protégés avec elles. Surtout qu' « environ 80%
des africains ont des rapports sexuels dans l'obscurité. La
lumière est éteinte et les partenaires sont sous la
couverture 207(*)». Ce qui fait qu'il est facile à
ces hommes qui n'ont pas la culture du préservatif d'abuser de la
confiance de leurs partenaires en enlevant le préservatif. Comme nous a
attesté Mme 299/09, 25 ans, lorsqu'elle affirmait que :
Mon partenaire a des problèmes avec le
préservatif. Nous nous sommes toujours disputés à propos
de son usage. Parfois il le porte mais pendant que nous passons à
l'acte, il l'enlève. Il a déjà fait cela au moins trois
fois et j'ai peur de l'infecter voilà pourquoi quand il me veut j'ai
toujours peur. Il me dit très souvent que faire l'amour avec le
préservatif ce n'est pas vraiment faire l'amour. Pour lui c'est
agréable de faire l'amour sans préservatif. Mais malheureusement
il ne connait pas mon statut208(*).
Dans la même lancée, certains hommes
créent des problèmes avec le préservatif en disant que
« ça empêche la nature de suivre son
cours » surtout quand ils sont ivres précise Mme SIM
Judith, 39 ans, veuve.
Ainsi, le traitement ARV influence la nature et
l'intensité des rapports sexuels lorsque les deux partenaires sont
informés de leur statut sérologique mais dans le cas où
l'un des partenaires n'est pas au courant, certaines femmes continuent de
dissimuler leur statut en pratiquant des rapports sexuels non
protégés. Cette contrainte ne se présente pas de la
même manière chez les femmes célibataires.
II.1.2. Cas des femmes célibataires
Est femme célibataire ici, une femme qui n'est pas
officiellement mariée à un homme, mais cependant qui dispose ou
pas d'un partenaire sexuel. La gestion de la sexualité ici dépend
de plusieurs paramètres à savoir : l'autonomie
financière de ces femmes vis-à-vis de leurs partenaires, le
partage de l'information et le nombre de temps mis avec ceux-ci.
Pour les femmes célibataires qui sont
financièrement autonomes, elles ont une marge de liberté dans la
gestion de leur sexualité en ce sens qu'elles ne sont pas victimes des
caprices de leurs partenaires. Au Cameroun, les hommes ont du respect pour les
femmes qui sont financièrement autonomes. Ce qui fait que dans la
gestion de leur sexualité, elles ont aussi leur mot à dire dans
la nature des rapports sexuels. Situation qui leur permet de prendre en compte
leur état de santé même si les partenaires ne sont pas au
courant de la sérologie de ces femmes.
Quant aux femmes célibataires dépendantes de
leurs partenaires, elles n'ont pas une marge de manoeuvre grande comme chez les
femmes autonomes. Etant donné qu'elles dépendent de leurs
partenaires, elles sont victimes des pressions de ces partenaires. Surtout
qu'en situation de dépendance, les femmes n'ont le voeu que d'être
auprès de leurs hommes. Chez cette catégorie de femmes, la
recherche d'un statut social ou celui de femme mariée est plus
importante car non seulement c'est un signe de sécurité tant sur
le plan économique que sur le plan social.
De même, la nature des rapports sexuels dépend
généralement du temps passé avec le partenaire. Plus les
partenaires mettent du temps, plus ils se font confiance et abandonnent le
préservatif. Pour certaines femmes qui se sont découvertes
séropositives qui, avaient déjà mis du temps avec leurs
partenaires ont des difficultés à introduire cet instrument qui
est perçu par la majorité des personnes comme instrument
indicateur de manque de confiance. Le problème est que dans la plupart
des relations libres, les partenaires sont beaucoup plus complaisants.
Ainsi, le plus important pour les filles ou femmes
célibataires c'est la recherche de l'estime du partenaire pour assurer
leur place auprès de celui-ci.
Des rapports sexuels impliquent une relation
sérieuse comme le mariage ou les fiançailles. Compte tenu de la
diminution des taux de nuptialité et de l'augmentation des taux de la
divortialité, les rapports sexuels sont justifiés par les femmes
par le sentiment amoureux. Les hommes pressent leur petite amie d'avoir des
rapports sexuels avec eux pour leur prouver qu'elle est amoureuse (et donc une
partenaire de confiance) et pas seulement à la recherche des biens
matériels. Inversement les femmes aspirant à une relation
sérieuse auront tendance à renoncer rapidement au
préservatif pour donner une preuve d'amour, de constance et de
confiance209(*)
Ce qui pousse à dire que la mise sous TAR des femmes
célibataires n'entraine pas toujours des changements de comportement en
matière de sexualité quand l'autre partenaire n'est pas
informé du statut sérologique de sa conjointe.
II.2. Les contraintes culturelles et religieuses
II.2.1.Culture et préservatif
Le préservatif est l'une des méthodes
contraceptive qui permet aux individus non seulement de se protéger
contre les maladies mais aussi, d'éviter les grossesses non
désirées. On en distingue deux types à savoir : le
préservatif masculin, porté par les individus de sexe masculin
et le préservatif féminin porté par les individus de sexe
féminin.
Parmi les recommandations données aux personnes
infectées par le VIH/SIDA, le préservatif est
considéré comme un instrument indispensable lors de tout rapport
sexuel. Ceci pour deux raisons : il permet aux personnes
déjà infectées de ne plus se réinfecter, ou de ne
pas occasionner des grossesses non désirées et empêche la
contamination des personnes saines.
Cependant son usage n'est pas toujours systématique
chez les PVVIH car « bien que la plupart des populations
subsahariennes connaissent le préservatif, son emploi dépend du
contexte social et religieux »210(*).
Etant donné que le préservatif est un instrument
artificiel, son acceptabilité n'est pas homogène dans la
société. Or, à partir du statut social de la femme qui la
confère au second rang dans la prise de décision en
matière de sexualité et de fécondité, il ne lui
appartient pas de décider du moment, de la façon dont il faut
entretenir les rapports sexuels surtout que pour certaines personnes,
« la femme est un objet de plaisir » souligne
Catherine AYISSI211(*).
A coté de cela, certaines femmes, qui de par leur
position sociale et économique inférieure (dépendantes sur
le plan financier), ne parviennent pas à imposer le préservatif
à leurs partenaires pour plusieurs raisons : elles
préfèrent sauvegarder leur réseau social plutôt que
de préserver leur santé. La demande du préservatif peut
entrainer des suspicions auprès de leurs partenaires surtout que
« le préservatif n'est pas vu d'un bon oeil dans le
couple »212(*), c'est pour cette raison qu'elles
préfèrent se taire et d'en subir les conséquences. C'est
le cas de Mme 062/09 qui, au courant de sa sérologie lorsqu'elle
était secouée par une maladie durant sa grossesse, n'a pas
véritablement révélé de quoi elle souffrait parce
qu'elle avait peur de la réaction de son mari.
Cependant, certaines femmes qui se préfèrent et
qui sont conscientes de la non compréhension de leur partenaires
préfèrent juste se retirer de la relation tout en subissant les
conséquences sociales à savoir la stigmatisation dont sont
souvent victimes les filles ou les femmes célibataires.
Pour certaines qui sont inférieures et
dépendantes de leur partenaire dans leurs relations, elles
préfèrent continuer à aller à l'encontre des
prescriptions médicales parce que disent-elles
« veulent sauvegarder leurs relations ».
Le problème d'usage du préservatif est d'ordre
culturel au Cameroun car il est très souvent utilisé lors des
rencontres occasionnelles, lors des rapports sexuels avec des
prostituées ou lors des premiers mois d'une relation entre deux
partenaires. Généralement, il est perçu par les
partenaires ayant mis du temps comme une preuve d'infidélité
c'est pour cela que certaines femmes infectées ne trouvent pas
d'arguments convaincants à réintroduire le préservatif
dans leur union.
De même, certaines personnes qui sont conservatrices des
valeurs traditionnelles ont du mal à s'accommoder au préservatif
en ce sens que bon nombre de cultures africaines n'autorisent pas le gaspillage
du sperme. C'est l'exemple des Béti. Ainsi,
Dans la société Béti, on
relève également que « le ndem », liquide
séminal sécrété par l'organe mâle,
considéré comme le signe de vie destiné à
procréer, est un liquide sacré qu'il n'est pas permis de
gâcher, en le déposant hors du vagin par exemple.213(*)
L'autre problème du préservatif est dû
à la disponibilité financière des individus surtout en ce
qui concerne le préservatif féminin qui est en pleine promotion
au Cameroun.
Le préservatif masculin, malgré sa
disponibilité et son prix accessible, dépend de l'homme. Pour
promouvoir l'utilisation de cet instrument par la femme et l'impliquer dans la
prise de décision, la promotion du préservatif féminin
suit son cours. Cela se lit à travers les spots publicitaires
récurrents dans certains média en ces
termes : « protectiv214(*), je prends les choses en main ». Cela
veut dire que c'est la femme qui prend les choses en main. Et prendre les
choses en main c'est prendre la décision de l'utilisation du
préservatif. Cependant son utilisation est entravée par
plusieurs facteurs215(*).
Egalement les rapports sexuels forcés sont courants
dans la vie conjugale de plusieurs femmes. Ce qui les empêche toujours de
veiller au port du préservatif par leurs partenaires. Surtout que dans
la majorité des relations, les hommes aiment des rapports sexuels
naturels qui procurent plus de plaisir que des rapports
protégés.
Ce problème d'usage du préservatif
n'étant pas seulement d'ordre culturel et économique mais aussi
d'ordre religieux.
II.2.2.Religion et méthodes contraceptives
Le Cameroun est un pays caractérisé par la
prépondérance de deux principales religions à
savoir : le christianisme et l'islam. Ces deux principales religions
développent des discours allant à l'encontre des méthodes
contraceptives en général, et principalement le port du
préservatif. De manière générale, aucune religion
n'autorise l'utilisation du préservatif à ses adeptes.
II.2.2.1.Le Christianisme
Dans le combat de la lutte contre le VIH/SIDA, le
christianisme avec pour figure emblématique le catholicisme a une
position hostile contre le préservatif. Pour cette confession
religieuse, il relève de l'artificiel et favorise la fornication et la
débauche sexuelle qui sont des contre valeurs de la doctrine. Ainsi, le
moyen recommandé dans la lutte contre la propagation du VIH/SIDA est
l'abstinence et la fidélité. Cela se justifie dans les propos du
Pape Benoit XVI lors de sa première tournée216(*) en terre africaine lorsqu'il
affirme :
Je dirai le contraire. Il me semble que l'entité la
plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le SIDA
est vraiment l'Eglise catholique, avec ses mouvements et ses diverses
structures. (...) je dirai que l'on ne peut pas dépasser ce
problème de SIDA avec seulement de l'argent, qui est nécessaire,
mais s'il n'ya pas l'âme, si les Africains ne s'aident pas, on ne peut
pas dépasser le fléau avec la distribution de
préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. La
solution ne peut venir que d'un double engagement : en premier, une
humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel
et humain qui permette une nouvelle manière de se comporter les uns avec
les autres, et deuxièmement une vraie attention particulière
à l'égard des personnes qui souffrent, la disponibilité,
les sacrifices aussi, les renoncements personnels pour être avec les
personnes souffrantes. Ce sont les moyens qui aident et permettent des
progrès visibles c'est pour quoi, je dirais que c'est là
notre double force : renouveler l'homme intérieur, donner une force
spirituelle et morale pour un comportement juste dans la manière de
considérer son corps et celui d'autrui, et d'autre part cette
capacité à souffrir avec ceux qui souffrent, d'être
présents aux cotés de ceux qui traversent des épreuves. Je
crois que c'est là la juste réponse, que l'Eglise la met en
oeuvre et offre ainsi une aide très grande et importante.217(*)
De cette position du Pape, il apparait que l'église ne
développe pas une idéologie de confiance dans le
préservatif. Selon elle, il aggrave le problème en donnant une
fausse sécurité, une sécurité qui n'en est pas
toujours une selon Monseigneur Laurent MONSONSENGWO PASINYA218(*) lorsqu' il reprenait le
Pape. Pour lui, le préservatif n'est pas le moyen le plus sûr car
il peut être de mauvaise qualité. La morale chrétienne
préfère l'abstinence pour les personnes non mariées et la
fidélité pour les personnes mariées car recommander le
préservatif, c'est encourager la débauche sexuelle.
Ainsi, certaines personnes vont s'appuyer sur les arguments de
la proscription du préservatif par l'église sans chercher
à comprendre la position soutenue. De même, l'infection au VIH
/SIDA amène les malades à changer spirituellement et à
croire en DIEU plus qu'ils ne le faisaient avant leur
séropositivité.219(*) Certaines personnes infectées qui ne croient
qu'en la délivrance de DIEU, vont respecter la logique de
l'église pour éviter de tomber dans un dilemme. C'est le cas de
Manuela qui depuis sa séropositivité n'entretient plus de
rapports sexuels parce que pense-t-elle, le faire, irait à l'encontre de
sa religion en utilisant les préservatifs, et à l'encontre de sa
santé en allant sans préservatif. À coté de cette
tendance religieuse, l'islam va aussi aborder la question du préservatif
dans le même sens.
II.2.2.2.L'Islam
Considéré comme l'un des grands courants
religieux du Cameroun, l'islam a une idéologie qu'il développe
dans sa stratégie de lutte contre le VIH/SIDA. Il s'agit de l'abstinence
et de la fidélité. Abstinence pour les fidèles qui ne
sont pas encore mariés et fidélité pour ceux qui vivent
déjà en union reconnue.
Cependant, en ce qui concerne l'usage du préservatif,
cette religion maintient une position ferme, celle de la proscription. Pour
elle, le préservatif est un instrument artificiel qui empêche les
individus d'entretenir des rapports sexuels naturels tels que prévus par
le Coran.
De même, le sperme est un liquide qui contient les
germes humains, utiliser le préservatif c'est gaspiller ce liquide.
Par conséquent, gaspiller les germes humains. Or dans la tradition
musulmane, l'enfant est un don de Dieu et il est intolérable qu'un
individu aille à l'encontre de la divinité en recourant aux
méthodes contraceptives.
Accepter le préservatif dans l'islam, c'est autoriser
la débauche sexuelle, la fornication qui sont des contre-valeurs de
cette religion.
A ce moment, il se pose un problème
d'interprétation. D'un côté, on a des fidèles
musulmans qui sont confrontés à la situation de la non
autorisation du préservatif dans le but de limiter les comportements
jugés peu ordonnés et d'un autre côté, le discours
biomédical qui recommande fermement l'usage de cet instrument ou
contraceptif à toute personne séropositive. Or l'Islam est une
religion qui impose soumission et obéissance de la femme vis-à
vis de son mari, car c'est la première règle dans tout mariage
musulman.
Ainsi, la femme séropositive est confrontée
à une situation dans laquelle, si elle veut respecter sa religion, elle
sacrifie sa santé au profit de sa religion. Surtout qu'en situation de
VIH/SIDA, la PVVIH devient de plus en plus croyante parce qu'elle croît
en la délivrance divine.
En conclusion, chez les PVVIH les comportements sexuels ne
sont pas toujours homogènes. Au Cameroun, le discours médical
axé sur la sexualité recommande l'usage systématique du
préservatif, l'alimentation équilibrée et saine coince les
femmes séropositives. Le fait de vouloir respecter ce discours les
expose à des risques socioéconomiques, culturels et religieux.
D'un coté, elles sont confrontées à des recommandations
médicales qui doivent désormais régir leur
sexualité et d'un autre coté, elles font face à des
contraintes cultuelles, sociales, économiques, et religieuses. Ce qui ne
leur permet pas toujours de développer des comportements sexuels tels
que le défini le discours médical. En plus, la santé
sexuelle et reproductive des femmes au Cameroun ne dépend pas d'elles.
Face à cette incapacité de pouvoir échapper à ces
contraintes, certaines femmes qui désirent se préserver et ne pas
contaminer leurs partenaires, préfèrent juste s'abstenir de
relations sexuelles espérant rencontrer des hommes ayant leur statut
sérologique. De même, ce mode de comportement défini par la
médecine semble faire une scission entre sexualité et
procréation, or en Afrique les deux vont de paires.
CHAPITRE IV :
LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS
TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU CAMEROUN
Dans ce quatrième et dernier chapitre, il faut entendre
par comportement reproductif, toute attitude consistant à concevoir,
à mettre au monde un enfant puis à l'alimenter. A ce niveau, les
préoccupations qui se dégagent sont celles de savoir : quel
est le discours biomédical mis sur pied par les professionnels de
santé pour assurer le désir d'enfant chez les femmes
séropositives ? Quelles sont les conditions à remplir pour
être éligible à la fécondité ? Quelles
sont les logiques sociales qui orientent les comportements reproductifs de ces
femmes ? Quelles difficultés rencontrent -elles dans la gestion de
leur fécondité ? Il sera question ici de présenter
les recommandations faites par les professionnels de santé aux femmes
séropositives en matière de procréation, puis des
représentations sociales de l'enfant qui ont cours en Afrique en
général et au Cameroun en particulier. Nous présenterons
également les différentes options d'alimentation des enfants
nés de ces femmes ensuite dans la deuxième partie nous
relèverons les différentes contraintes auxquelles font face ces
femmes.
I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES
THERAPEUTIQUES ET REPRESENTATIONS SOCIALES DE L'ENFANT AU CAMEROUN
I.1.Normes thérapeutiques en matière de
procréation
L'infection au VIH /SIDA influence la fécondité
de toute personne séropositive en ce sens que dans cette situation elle
devient conditionnée par son état de santé. Ce qui entre
en contradiction aux habitudes de procréation ayant cours dans le
continent en général et dans le pays en particulier.
Avant 1990, du fait des connaissances limitées, le VIH
était incompatible avec le désir d'enfant. Lorsqu'un individu se
découvrait séropositif, surtout la femme, le seul conseil
prodigué par le personnel de santé était de ne pas ou plus
accoucher. Ceci parce que la science n'avait pas encore progressé au
niveau de la PTME pour essayer de sauver le bébé qui devait
naitre de l'individu infecté.
Mais à la fin des années 1990, avec les
avancées de la PTME, il s'est révélé que le VIH est
présent dans le sperme des hommes non traités entre 80 - 90% et
10% chez les sujets traités grâce aux techniques de triage du
sperme mis au point.
De nos jours, le désir d'enfant et l'infection au VIH
ne sont plus incompatibles grâce aux avancées de la PTME. Mais
cette procréation en temps de VIH se fait par assistance
médicale.
I.1.1.Une procréation sur autorisation
médicale
Chez les personnes infectées, le désir d'enfant
est conditionné par une assistance médicale. Ce sont les
professionnels de santé qui donnent un agrément pour la
conception. Cette conception est précédée par des examens
biologiques qui déterminent le taux de lymphocytes CD4, puis la charge
virale de l'individu.
D'autres examens sont également prescrits avant
l'acceptation de la procréation à savoir le
prélèvement urétral (PU) chez les hommes
séropositifs ou le prélèvement cervico vaginal (PCV) chez
les femmes pour détecter la présence des IO ou des IST car selon
le Dr YMELE FOUELIFACK,
Généralement les gynécologues
demandent le test d'IST parce qu'elles peuvent influencer sur la
fécondité d'une femme en expulsant la grossesse ou en
développant les mécanismes d'infection du bébé
pendant l'accouchement220(*).
Dans le cas où la femme présente un taux de CD4
inferieur ou égal à 200, le personnel de santé n'autorise
pas à la femme de concevoir. Elle est tenue de patienter pour que son
taux de lymphocyte CD4 remonte. Quant aux femmes qui sont à 500 de CD4,
elles peuvent concevoir leur enfant au cas où elles ne présentent
pas des pathologies opportunistes ou des IST.
I.1.2.Cas de restriction de grossesse chez les
femmes
Lorsqu'une femme a un taux de CD4 inférieur à
500, ou lorsqu'elle présente des IO ou IST quelque soit son taux de CD4,
il lui est proscrit pour l'heure de concevoir. A ce moment, elle se situe dans
un stade d'immunodépression, stade délicat pour elle car, cet
état peut entrainer sa mort soit avant, pendant ou après
l'accouchement.
Pendant la grossesse,
Le taux des lymphocytes CD4 est partagé par
moitié entre la femme et son foetus, c'est pour cette raison qu'il est
proscrit à une femme n'ayant pas atteint au moins 500 de CD4 de
procréer. Ainsi, la grossesse pourrait augmenter le risque de
mortalité des femmes infectées par le VIH et inversement,
l'infection pourrait accroitre le risque de décès maternel
car, avec un faible taux de CD4, qui sera plus tard divisé par
deux, une nouvelle grossesse contractée par une pvvih est une
menace pour elle, et préjudiciable à sa santé.221(*) Nous a affirmé
Madame EBALLE.
Une femme qui s'expose à une quelconque grossesse,
court des risques de décès lors de l'accouchement laissant son
bébé ou ses enfants pour celles qui en ont. Or, le Cameroun ne
dispose pas assez de moyens pour s'occuper des OEV. Leur intégration
sociale nécessite d'énormes moyens pour leur scolarité,
leur nutrition, et leur santé. Ce refus de conception se justifie
à deux niveaux, au niveau de l'enfant qui pourrait souffrir après
la mort de sa mère, et au niveau de l'Etat qui pourrait être
confronté aux difficultés d'insertion des OEV.
Ainsi,
Le problème est en partie financier. La
pandémie est à la fois une cause et une conséquence de
l'aggravation de la pauvreté dans le pays causée aussi par la
dette extérieure qui(...) empêche les pouvoirs publics de
remédier à la crise des orphelins 222(*)
C'est pour la sécurité de la mère et de
son enfant que les professionnels de santé demandent à celle-ci
d'attendre l'amélioration de son état de santé avant de
concevoir. Une fois qu'elle a atteint le taux de lymphocytes requis, il lui
sera présenté différentes possibilités des
techniques de procréation sous TAR. Dans ce contexte, le désir
d'enfant ne peut être résolu qu'avec l'adoption d'un enfant.
I.1.3. Différentes possibilités de
procréation avec assistance médicale de la PTME pour les femmes
à taux de CD4 élevé.
La procréation chez les femmes séropositives est
conditionnée par une assistance médicale, en ce sens qu'elle
dépend du statut sérologique des deux partenaires, du taux de CD4
de la femme et avant de concevoir, il leur est demandé de passer un
certain nombre d'examens pré partum.
I.1.3.1. Procréation dans les couples
concordants
Ici, il s'agit des couples dans lesquels les deux partenaires
sont séropositifs. La procédure de procréation est
particulière.
Dans la plupart des cas, lorsque les deux partenaires sont
séropositifs, la grossesse est souvent déconseillée par
les professionnels de santé à cause du risque que court l'enfant
à venir en ce sens que, les femmes VIH sont susceptibles de
développer des maladies mortelles liées au VIH223(*) pendant ou après la
grossesse ; et même, la grossesse pourrait augmenter la
mortalité des femmes infectées par le VIH et inversement,
l'infection pourrait accroitre le risque de décès maternel.
Généralement, dans ce cas, c'est l'adoption d'un ou des enfants
qui est souvent recommandée.
Mais pour les partenaires qui désirent absolument faire
un enfant, ils doivent impérativement passer par des examens de taux de
CD4, de charge virale, le PU (pour le partenaire masculin) ou le PCV (pour la
femme), puis les examens des IST.
Ensuite chez le partenaire masculin, un recueillement de
sperme est accompagné d'un traitement ou d'un lavage dans un laboratoire
dans le but d'obtenir la séparation des leucocytes infectés des
spermatozoïdes, de les stériliser, et de détruire au maximum
le nombre de virus contenu dans ce sperme car il contient les anticorps du
VIH.
Quant à la femme, en dehors des examens qui lui sont
recommandés à savoir, le contrôle CD4, de la charge virale,
des IST, du PCV, la prise de température pour déterminer la
période féconde. Puis, une insémination artificielle du
sperme lavé est faite à l'aide d'une seringue
(c'est-à-dire introduire ce sperme lavé dans le vagin de la femme
pendant sa période féconde afin qu'il puisse avoir ovulation).
Après l'insémination, la femme est placée
immédiatement sous traitement pour celle qui ne l'était pas
encore, mais pour celle qui suivait déjà son traitement, elle ne
l'interrompt pas.
Cette méthode de procréation ne garantit pas
toujours la protection de la transmission de l'enfant car elle ne
détruit pas totalement les anticorps de VIH dans le sperme mais vise
plutôt sa diminution à un pourcentage très bas224(*). C'est pour cette raison
qu'avant d'y arriver les professionnels de santé veillent que les
concernés aient une charge virale très faible voire même
indétectable.
En 2000, sur 217 grossesses obtenues par insémination
en Italie, seulement 172 enfants ont été découverts non
infectés225(*).
Ce qui revient à dire que lorsque les deux partenaires sont
séropositifs les chances pour obtenir un enfant
séronégatif sont réduites quelle que soit la
méthode utilisée. C'est pour cette raison que dans certaines
unités de prise en charge, il est souvent déconseillé
à ces catégories de personnes de procréer.
Cependant dans les couples sérodiscordants, la
méthode de procréation présente des éléments
de différence.
I.1.3.2. Procréation dans les couples
discordants
Les couples sérodiscordants sont des partenaires qui
présentent des statuts sérologiques différents. Il peut
s'agir d'un homme positif et d'une femme négative ou d'une femme
positive et d'un homme négatif. A ce moment, les méthodes
utilisées pour la procréation présentent des
légères disparités.
Lorsqu'il s'agit d'un homme positif et d'une femme
négative, les professionnels de santé procèdent
également par insémination du sperme traité avec au
préalable présentation des résultats des examens de la
charge virale, du contrôle CD4, des tests d'IST, du PU. Ils peuvent
également recourir à la fécondation in vitro (FIV) puis
opérer au transfert d'embryon au lieu de procréer par
insémination. Pour effectuer cette FIV, l'on effectue un
prélèvement de sperme chez le sujet masculin, puis procède
au traitement des ovules chez la femme afin de reproduire les conditions de
fécondation en milieu stérile. L'embryon est par la suite
transplanté dans l'utérus de la femme.
Une autre possibilité de fécondation chez les
discordants (homme positif, femme négative) c'est permettre à
l'homme, après avoir présenté les résultats de ses
examens, d'entretenir des rapports sexuels non protégés le
jour de l'ovulation. Mais cette méthode comporte trop de risques car
quelle que soit la charge virale, le risque de contamination de la femme est
réel étant donné que la morphologie sexuelle de la femme
se présente comme un réservoir. Le sperme infecté va
rester dans son « réservoir » et si elle a
des lésions, elle sera infectée.
Lorsqu'il s'agit d'une femme séropositive et d'un homme
séronégatif, la procédure de procréation est
différente. Les examens de numération CD4, de charge virale, des
IST, et le PCV sont recommandés chez la femme.
Lorsqu'elle présente un résultat de
numération CD4 supérieur ou égal à 500 et une
charge virale indétectable, le gynécologue leur demande
d'entretenir des rapports sexuels non protégés uniquement pendant
la période féconde et de continuer à se protéger
après cette période. Le médecin autorise ces relations
sexuelles non protégées à cette période parce que
lorsqu'un séropositif présente une numération CD4
élevée, sa charge virale est indétectable, et le risque de
contagion est réduit. Puis, il est recommandé à la femme
de prendre un traitement ARV pré, per et post partum.
Dans le cas où une femme ne présente pas ces
résultats ou a une numération CD4 inférieure à 500
alors elle présente des risques accrus pour la transmission du virus. A
ce niveau, il y'a deux options :
soit le couple recourt à l'adoption des enfants ou
s'ils insistent eux mêmes faire leurs enfants, le médecin met la
femme sous traitement AZT si elle ne l'est pas encore avant qu'elle ne tombe
enceinte puis, demande au couple d'entretenir des rapports sexuels
protégés tout en utilisant un préservatif spécial
qui ne contient pas des antiseptiques ensuite, on procède par
insémination c'est-à-dire au recueillement du sperme du
partenaire dans une seringue qui est introduite dans le vagin de la femme
après le rapport sexuel. Ce rapport sexuel doit se déroulé
au pic ovulatoire, affirme le DR YMELE FOUELIFACK226(*).
I.1.3.3. Pour les femmes séropositives
déjà enceintes
Dans le cas où la femme découvre sa
séropositivité déjà enceinte, la gestion de sa
grossesse est toute particulière par le personnel médical. Selon
le Dr YMELE FOUELIFACK,
Chez ces femmes déjà enceintes avant la
découverte de leur séropositivité, la politique du
Cameroun voudrait qu'elles soient placées à partir de la 28e
semaine sous bithérapie pour baisser leur charge virale. Mais si elles
présentent les signes cliniques, elles sont plutôt placées
sous trithérapie. Lorsqu'elles entrent en travail, on évite que
cette période ne soit longue parce que les contractions favorisent la
transmission227(*)
En général, chez toutes les femmes
séropositives enceintes, un ensemble de précautions est pris de
la grossesse jusqu'à la période post partum. Ainsi, les
manoeuvres traumatiques qui peuvent favoriser le saignement sont
évitées. Pendant le travail, le touché se fait chez ces
femmes deux fois au lieu de quatre fois comme chez les femmes
séronégatives.
Lors de l'accouchement, pendant la sortie vers la
filière génitale, le personnel accoucheur nettoie l'enfant avec
des antiseptiques comme le « Cytréal ou le
Chlorexidine228(*) » pour diminuer le risque d'infection
qui est de 10-20% pendant le travail et l'expulsion.
Après l'accouchement, l'enfant est mis sous traitement
au plus tard dans les 72 heures qui suivent la naissance, ce qui dure 7jours
pour l'AZT ou 1 mois pour la névirapine.
De manière générale, il est
recommandé à ces femmes d'espacer les naissances pour permettre
à leurs organismes de se régénérer. Ce qui les
entraine dans une sorte de planification de naissance même sans le
vouloir. Parmi les technologies de reproduction, les techniciens de soins
recourent à la césarienne pour limiter la contamination. Une
méthode qui présente assez de risques.
Ainsi, avec l'arrivée de l'AZT, des progrès de
la PTME, les femmes séropositives parviennent à surmonter leur
désir d'enfant car, c'était l'une de leurs préoccupations
majeures. Mais seulement, les méthodes auxquelles elles sont
confrontées ne leur permettent pas d'évacuer un certain nombre de
contraintes qui sont d'ordre économique, affectif, familial, et
culturel. Egalement, en temps de VIH, les grossesses ne se font plus de
manière anarchique, il y a une planification des grossesses ou un
espacement considérable pour permettre à la femme de remonter ses
CD4 perdus lors de la précédente grossesse et l'allaitement.
Cette avancée de la PTME se présente aussi au niveau de
l'allaitement.
I.1.3.4. Traitement post partum des nouveaux-
nés des femmes séropositives
Après la naissance du nouveau -né chez la femme
séropositive, l'enfant est soumis à des consultations
permanentes229(*) dans
un centre de santé suivi d'un dépistage du VIH après 18
mois. Il lui est également administré un traitement
prophylactique des IO à partir de 6 semaines de sa naissance, un
traitement préventif du paludisme et un supplément en vitamine A
et en fer.
Ce désir d'enfant au Cameroun est orienté par
l'imaginaire social qui lui donne un certains poids social. Ce qui fait que
toute femme qui veut exister socialement veut s'exprimer à travers sa
maternité.
I.2. Le poids des représentations sociales de
l'enfant
L'enfant en Afrique noire, a un poids social qui n'est plus
à démontré. Il est à la fois une preuve de
santé génésique de ses parents notamment pour sa
mère, et constitue de ce fait un argument de réussite sociale et
de gage d'avenir pour ses ascendants.
I.2.1.Enfant comme preuve de la bonne santé de
la mère
En Afrique, la fécondité est une preuve ou un
indicateur de fertilité ou de santé biologique des individus.
Généralement, la santé de reproduction est toujours
socialement évaluée chez la femme même si c'est l'homme qui
est à l'origine de l'infertilité ou de la
stérilité. Celui ci est souvent indexé lorsqu'il est
impuissant et à ce moment la société saura que c'est lui
qui est l'origine de l'infertilité.
Lorsque deux individus se mettent ensemble dans le cadre d'une
union ou d'un mariage, si au bout d'une période, il n'y a pas de signe
de grossesse, c'est la femme qui est interpellée. Même chez les
filles qui ont un âge relativement élevé, malgré la
scolarisation qui est souvent poussée, la professionnalisation, autres
formes d'occupations, celles-ci sont très souvent l'objet des pressions,
afin que celles-ci essayent de prouver leur féminité. A ce
niveau, l'enfant apparait comme la matérialisation de la santé
génésique des parents plus précisément de la
mère. La société très souvent, lit la santé
de l'homme au niveau de son aptitude à garder la femme. Elle suppose
ainsi qu'une femme ne peut rester longtemps avec un homme qui
« ne fonctionne pas230(*) » ou est impuissant sans se
plaindre.
Lorsqu'une femme entre en union en Afrique noire, la
société s'attend à ce qu'elle tombe enceinte dans une
durée relativement courte. Cette situation non seulement rassure le
partenaire de son choix, mais aussi permet à la famille, la belle
famille et l'entourage de témoigner de la santé
génésique parfaite de la femme.
Cette situation se vérifie également dans les
circonstances de contraception en ce sens que, lorsqu'un couple à
l'unanimité, décide de limiter ou d'espacer largement les
naissances, c'est la femme qui est d'abord interpellée pour
répondre aux questions de la famille, de la belle famille ou des
chuchotements de l'entourage sur leur silence procréateur. Ainsi,
l'enfant est perçu comme preuve de réussite sociale et gage
d'avenir.
I.2.2.Enfant comme preuve de réussite sociale
et gage de l'avenir
L'enfant occupe une place de choix dans les structures de
l'imaginaire en Afrique noire quelles que soient les couches sociales. Il est
source d'honneur pour ses parents. Ceux ci à travers leur
progéniture reçoivent une nouvelle naissance et cette renaissance
est consacrée dans la société par un changement symbolique
de nom. Une personne ayant eu un enfant est rarement appelé par son nom.
La naissance d'un enfant permet à l'individu d'accéder à
un statut privilégié dans l'univers des valeurs sociales.
Ainsi, en Afrique noire, la fécondité s'inscrit
dans une sorte de « code d'honneur ».
Malgré de nombreuses transformations qui s'opèrent dans ces
sociétés, l'enfant demeure une richesse. Chez les
Bamiléké de l'Ouest Cameroun, le deuil d'un individu qui n'a pas
d'enfant quelque soit son âge, se déroule avec
légèreté. La durée des cérémonies
funéraires est plus réduite et tout se passe comme si la
société n'exprimait aucun regret à l'endroit du
défunt. Une fois enterré, la société l'oublie, or
si cet individu avait eu une descendance, celle-ci devait pérenniser son
existence. D'après THEGHO, l'enfant permet d'« assurer
l'immortalité des ascendants et perpétuer la lignée,
constituer une main d'oeuvre et une assurance vieillesse, témoigner sa
reconnaissance et sa gratitude, assurer un prestige social et la puissance de
la famille »231(*).
Au niveau de la mère, il permet à celle ci
d'accéder à un meilleur statut et constitue par ailleurs la
condition de son insertion auprès de la belle famille ; car en
Afrique, le mariage est à la fois une affaire d'individus et de groupes.
La femme est toujours une étrangère tant qu'elle n'a pas encore
remplit son contrat avec la belle famille c'est-à-dire accoucher. Ainsi,
par sa descendance plus ou moins nombreuse, la femme devient membre à
part entière de son lignage d'adoption.
Egalement, l'enfant constitue en même temps la condition
de la survie des relations, et d'unions dans la plupart des cas, car son
absence crée parfois des ruptures de couple ou d'union et la non
application du système anthroponymique232(*). Une relation marquée par la présence
d'une progéniture est difficilement tarissable car celle-ci
emmène toujours les parents à se voire pour s'entretenir à
son sujet.
Quant au système anthroponymique, il impose à
l'Africain de faire des enfants pour ressusciter les morts, en leurs donnant
les noms des défuntes personnes importantes de la famille. Cette
pratique des noms donnés aux enfants impose à l'Africain de
remonter aussi loin que possible son arbre généalogique, et, lui
permet en même temps d'instaurer un lien d'attachement entre les enfants
et leur lignage. Cette pratique a pour objectif le maintien du nom des
ancêtres et à comme finalité la protection des enfants
auprès de ceux-ci.
Dans la même lancée, l'enfant est
considéré en Afrique noire comme un gage d'avenir ou un
investissement à long terme, en ce sens que, c'est lui qui prendra la
relève lorsque ses parents auront atteint le troisième
âge, étant donné qu'ils vivent dans un contexte de
pauvreté ambiante. A cet instant faire un enfant, c'est assurer sa
sécurité sociale, car, c'est lui qui soutiendra ses parents
lorsque ceux-ci ne parviendront plus à travailler ou à pouvoir
s'occuper d'eux mêmes avec l'achat des médicaments en cas de leurs
maladies, de l'assistance financière, matérielle ou
nutritionnelle. C'est ainsi que le choix est souvent porté dans la
plupart des sociétés africaines sur l'enfant de sexe masculin car
« le garçon est celui qui reste et la fille, celle qui
s'en va233(*) » c'est-à-dire que la fille
est très souvent considérée comme une personne
appelée à aller en mariage. Le garçon quant à lui
perpétuera la lignée et deviendra le futur chef de famille. La
religion et la société dans la plupart des cas valorisent le
garçon en lui conférant le pouvoir de domination et certains
privilèges politiques, économiques, sociaux et culturels. C'est
ce qui explique la présence des grossesses supplémentaires dans
certaines sociétés dans l'optique de faire des garçons.
Comme l'histoire d'une femme rapportée par ISATOU TOURAY en ces
termes :
Je ne suis plus la femme favorite parce que je n'ai que
des filles et mes belles soeurs me rappellent sans cesse que j'ai
été amenée dans la famille pour leur donner un
héritier. J'aimerai avoir un garçon pour ne plus subir les
violences verbales de ma belle famille234(*).
Ainsi, l'enfant (surtout le garçon) apparait dans la
société africaine comme un argument qui permet à ses
parents de s'affirmer et à la mère de garantir sa place
auprès de son époux ou de son partenaire. Pour certaines femmes,
une fécondité élevée est une stratégie qui,
à long terme pourra leur permettre de s'affranchir d'une
écrasante domination économique maintenue par des structures
familiales inégalitaires. Ainsi, les enfants constituent pour leurs
parents une source future d'avantages économiques. Demander à
celle-ci de ne pas procréer, de retarder, de limiter les naissances ou
de recourir à plusieurs conditions thérapeutiques posera à
la femme séropositive des contraintes qui ne seront pas faciles à
évacuer. Le principal souci de cette femme sera donc de prouver sa
féminité à la société et de prendre en
compte les recommandations médicales.
I.3. Allaitement et VIH au Cameroun
Selon, les recommandations de l'UNICEF et de l'OMS, tous les
enfants de moins de six mois devraient être exclusivement nourris au sein
jusqu'à six mois. Car, le lait maternel est à lui seul suffisant
pour satisfaire aux besoins nutritionnels d'un nourrisson pendant cette
période de sa vie. Il contient tous les éléments
nutritionnels et les immunités requis. En plus d'être plus digeste
pour le bébé, il est meilleur dans la promotion de sa croissance.
Le fait de commencer à allaiter dans les
premières minutes de la naissance contribue à l'expulsion du
placenta et réduit l'hémorragie chez la mère. Ce mode
d'allaitement dès la naissance permet de garder le bébé
au chaud et jette les bases requises pour un allaitement sain au cours des
semaines et des mois à venir. De même, le colostrum qui est un
liquide jaunâtre produit par les seins de la mère au cours des
jours qui suivent immédiatement l'accouchement, apporte à
l'enfant les immunités importantes et sert de laxatif naturel qui
facilite les premières selles de ce dernier.
En outre, l'introduction trop précoce des aliments de
complément n'est pas recommandée car, elle expose les nourrissons
aux agents pathogènes et augmente ainsi leur risque de contracter des
maladies, en particulier la diarrhée et la pneumonie. Cette situation
peut être provoquée par l'utilisation du biberon mal
nettoyé ou des tétines mal stérilisées qui sont
à l'origine des troubles gastriques .C'est pour cette raison que
l'utilisation du biberon est proscrite chez les jeunes enfants, en ce sens
qu'elle est le plus souvent associée à une augmentation de
risques de maladies.
Si des efforts ont été fournis pour que le
bébé de la séropositive échappe à la
contamination pendant la grossesse et l'accouchement, il n'en demeure pas moins
que celui-ci a échappé à cette situation car, il peut
être infecté par le virus pendant l'allaitement maternel. C'est
pour cela que des précautions sont toujours prises par le personnel
médical pour épargner le bébé de cette
infection.
Dans les pays occidentaux, après l'établissement
du statut de séropositivité d'une femme, la recommandation qui
lui est donné par le personnel médical lorsqu'elle attend un
enfant, c'est de ne pas allaiter l'enfant de son sein car, des études
ont révélé que l'une des formes de transmission du
VIH/SIDA de la mère à l'enfant se faisait par le lait maternel.
Ce lait est substitué par le lait artificiel. Selon le Dr FOUELIFACK
YMELE :
Le lait maternel d'une femme séropositive contient
les anticorps du VIH/SIDA et est dangereux pour le nouveau né en ce sens
que ce dernier peut avoir des lésions au niveau de la bouche ou dans le
tube digestif .Ces lésions faciliteraient l'introduction des anticorps
ou des germes du VIH dans le sang du nourrisson et développeraient une
contamination de l'enfant c'est pourquoi en temps normal il est interdit
à femmes dépistées séropositives de donner du lait
provenant de leur sein au bébé.235(*)
Au Cameroun, cette mesure est difficile à appliquer
à cause des conditions socio-économiques et culturelles des
femmes séropositives qui ne sont pas homogènes.
Peu avant, compte tenu du risque que comportait le mode
d'allaitement traditionnel, le personnel de santé demandait de recourir
uniquement à l'allaitement artificiel.
Mais aujourd'hui, vu les avantages du lait maternel236(*), il est recommandé
à toutes les femmes séropositives en général, et
compte tenu des difficultés économiques associées à
l'allaitement artificiel de recourir à l'allaitement au sein exclusif
sans association des aliments de complément ou même de l'eau suivi
d'un sevrage brusque à 4 ou 6 mois.
Pour l'ONUSIDA, il faut recourir à une alimentation de
substitut237(*) quand
elle est acceptable, faisable, pérenne et sans risques. Cependant, les
femmes qui sont financièrement disponibles peuvent recourir à
l'allaitement artificiel car avec l'allaitement au sein, le risque de
transmission n'est pas totalement évacué, il est de
5-20%238(*).
A Yaoundé, le programme national du Cameroun
recommande l'alimentation aux substituts du lait maternel à toutes les
femmes séropositives, qu'elles soient en phase avancée ou non
pour évacuer tout risque d'infection car, la possibilité de
choix officiel du mode d'allaitement leur permettrait de s'appuyer sur des
prétextes économiques pour contrer les contraintes sociales. Or,
étant donné que ce mode d'allaitement nécessite beaucoup
de précautions, il peut arriver des fausses manoeuvres de
négligence avec pour conséquence la contamination de l'enfant.
C'est pour cette raison que Madame Christine TCHOKOUTE réitère la
proscription du lait maternel chez les séropositives tout en expliquant
qu' :
Il peut arriver que le bébé lors de sa
gestuelle envoie le doigt dans sa bouche et se blesse ou qu'il ait des
lésions au niveau du tube digestif ou encore que les pratiques qui
consistent à frotter la langue du nouveau né pour la nettoyer de
la couche blanche qui est signe de pathologie, ne se déroulent pas sans
laisser des petites lésions au niveau de sa langue, il ne pourra pas
dire à sa mère qu'il est blessé parce qu'il ne parle pas.
A ce moment, il est exposé et lorsque le lait infecté viendra, la
contamination sera évidente239(*)
Si une femme séropositive souhaite allaiter au sein,
elle doit discuter des différentes options avec un prestataire de
service de santé. Parmi ces options,
- Elle peut procéder à un traitement
antirétroviral à la fois pour elle et/ou pour l'enfant durant la
période de l'allaitement et ce mode est exclusif. Cependant, la
durée d'allaitement autorisée se situe entre trois et six mois
suivie d'un sevrage brusque afin de ne pas multiplier les risques de contagion
qui est de 25 à 35%240(*). Ceci parce qu' « un arrêt
précoce et complet de l'allaitement maternel réduit
évidemment le risque de transmission du VIH en réduisant la
durée d'exposition de l'enfant au VIH présent dans le lait
maternel »241(*).
-Elle peut recourir au lait maternel exprimé et
pasteurisé en extrayant son lait et de le traiter
thermiquement242(*)
avec interdiction stricte de ne pas y associer de l'eau car celle-ci peut
comporter des particules de microbes pouvant créer des infections dans
le tube digestif de l'enfant.
-Elle peut également choisir recourir à un
allaitement par une nourrice c'est-à-dire donner son enfant à une
autre femme pour nutrition à base de son sein.
-Elle peut toujours dans cette optique recourir au lactarium
ou aux banques de lait.
Une autre option est le recours au substitut du lait maternel
243(*) qui est sans
danger244(*) pour
l'enfant en ce sens qu'il ne peut pas transmettre le virus du VIH1.
Pour les femmes ayant un nourrisson, parvenues au stade
clinique C de la maladie c'est-à-dire qui sont avancées dans la
maladie et ont une numération CD4 faible, il n'y a pas de choix à
opérer. L'unique recours est la cessation complète de
l'allaitement maternel à cause de leur charge virale
élevée ; et plus la charge virale est élevée,
plus il y a risque de contamination sauf dans le cas des femmes
infectées au VIH2 car jusqu'à nos jours, aucune étude n'a
révélé que l'allaitement à VIH2 transmettait le
virus à l'enfant245(*).
L'autorisation à l'allaitement maternel est aussi
tributaire de l'alimentation de la femme séropositive.
I.3.1.Alimentation et procréation
Le discours biomédical tourne aussi autour de
l'alimentation de la personne infectée car il existe un rapport de
consubstantialité entre l'alimentation d'un individu et sa santé
procréative (de la grossesse à l'allaitement).
Les personnels de la prise en charge de PVVIH recommandent une
alimentation saine et équilibrée en ce sens qu'une alimentation
déséquilibrée et souillée augmenterait d'autres
microbes dans l'organisme de la PVVIH, or elle est suffisamment
immunodéprimée, fragile et exposée à plusieurs
coïnfections qui peuvent l'emporter à tout moment.
La principale recommandation est la consommation des aliments
riches en vitamine A car, elle est nécessaire au développement et
à la conservation du tissu épithélial des appareils
digestif et respiratoire. La vitamine A est stockée par le foie, mais
lorsqu'elle est de faible quantité, les conséquences deviennent
manifestes au niveau de la mère et de l'enfant.
Chez la femme enceinte qui présente des carences en
vitamine A, elle court un risque accru de mort durant l'accouchement ou juste
après. C'est pour cette raison que l'alimentation est l'un des facteurs
importants dans la vie génésique des femmes et en particulier
celles atteintes par le VIH. Or, la grossesse et l'allaitement réduisent
les réserves en vitamine A chez toutes les femmes.
Chez l'enfant, la carence en vitamine A provoque des
lésions oculaires et entraine une moindre résistance aux maladies
infantiles.
De même, une alimentation saine et
équilibrée participe au renforcement et au remplacement du lait
absorbé par le bébé pour des femmes qui choisissent
d'allaiter. Elles doivent non seulement manger qualité mais aussi
quantité pour assurer leur ration alimentaire plus exigeante et pour le
nourrisson. C'est pour cela que le major EBALLE demande à ces femmes
de,
Manger beaucoup, pas parce qu'elles ont faim mais parce
que l'organisme en a besoin. Il faut manger pour trois personnes et non pour
une ou deux. Et de préférence des aliments riches en vitamine A,
en fer. Cela participerait à réduire certaines maladies ou
carences chez les enfants comme la cécité, le goitre, le
crétinisme, l'anémie ou l'affaiblissement du système
immunitaire246(*).
L'organisme étant comme un système qui, en
situation d'attaque quelque part, présente un dysfonctionnement
total ; par exemple certaines maladies ou infections alimentaires peuvent
provoquer ce dysfonctionnement surtout chez la femme qui allaite au sein.
En situation de VIH/SIDA, l'organisme ne dispose plus assez
de CD4 pour combattre les maladies ou les infections, ce qui rend l'organisme
de l'individu infecté fragile. Il doit prendre les médicaments
dans le but d'accroitre son taux de CD4 pour renforcer son système
immunitaire qui est déjà insuffisant et des aliments qui vont
l'aider à se maintenir étant donné que l'allaitement
épuise la femme. A ce stade, elle est tiraillé entre
l'alimentation de son enfant et la sienne qui n'est pas déjà
suffisante. C'est pour cette raison qu'elle ne doit pas consommer des aliments
qui sont de nature à la détruire.
Une alimentation saine et équilibrée permet
à la personne infectée, non seulement de réduire les
microbes dans son organisme, mais aussi de susciter un apport nutritionnel
riche en vitamine dans l'optique de renforcer ou de solidifier son
organisme.
En outre, certains médicaments sont très actifs
au point où leurs prises nécessitent d'abord une bonne
alimentation. Ceci parce qu'ils ont des effets secondaires comme des
nausées, des diarrhées, des maux de tête, et des effets
toxiques tels que l'hépatite, les problèmes rénaux ou
risque accru des problèmes cardio-vasculaires et des troubles digestifs.
Certains de ces effets secondaires peuvent amener la PVVIH à
éprouver un dégout pour les rapports sexuels ou à
interrompre les médicaments.
Or, l'interruption des médicaments avec pratique des
rapports sexuels constitue un risque accru pour la PVVIH et son partenaire. En
ce sens qu'en absence des médicaments, la charge virale s'accroit et le
risque de contagion ou la réinfection est très accru.
Lors de notre enquête, nous avons assisté
à plusieurs cas d'interruption des médicaments à cause
d'une sous alimentation. A l'UPEC du CMPY, nous avons rencontré madame
Pasma AHMADOU, 26 ans, de religion musulmane qui ne prenait pas suffisamment
ses médicaments. Elle devait apporter six comprimés lors de son
rendez-vous mais elle en a présenté quinze(15). Comme argument
justifiant son interruption, elle nous a dit que ce produit la menaçait.
Elle nous a également avoué qu'elle faisait le jeun de
Ramadan247(*). Or,
madame EBALLE, son traitant lui avait préalablement refusé de
faire le jeun. Elle s'est justifiée en ces termes :
J'habite une cour commune. Il est inadmissible chez nous
qu'une personne en santé physique ne fasse pas le Ramadan. Il est dit
dans le Coran que, ne doit interrompre le jeun qu'une personne qui est
gravement malade ou une femme en période de menstruation. Or, tout le
monde me voient bien portante, je n'aurais pas de justification à leur
donner248(*)
Ainsi, le désir d'enfant chez les femmes
s'accompagne toujours d'un certain nombre de dispositions cliniques. C'est
pour cette raison que lorsque les femmes sous traitement expriment ce
désir, les personnels sanitaires leur demandent d'attendre la
montée du taux de CD4 et voir si elles peuvent satisfaire aux exigences
thérapeutiques. Or parfois, elles ne peuvent pas attendre à cause
de certaines contraintes socioculturelles qu'elles doivent satisfaire.
II. FEMMES SEROPOSITIVES ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES,
FAMILIALES, SOCIALES, ECONOMIQUES ET CULTURELLES
La procréation en temps de VIH malgré les
avancées de la recherche au niveau de la PTME s'accompagne toujours d'un
certain nombre de contraintes au Cameroun. Ces contraintes peuvent être
lues au niveau affectif, familial, social, économique ou culturel. Ces
difficultés que rencontrent les femmes séropositives ne leur
permettent pas d'appliquer les recommandations formulées par les
professionnels de santé. Cette situation entraine ainsi,
l'avancée de la pandémie avec la croissance des cas d'infection
et de réinfection.
II.1.Procédures de conceptions et
difficultés familiales, économiques et culturelles
Avec les nouvelles techniques de procréation, les
personnes infectées connaissent encore de nombreuses difficultés
liées à leur praticabilité.
II.1.1.Femmes séropositives entre
Procédures de conceptions et contraintes socio-familiales
Sur le plan familial, la méthode proposée par la
PTME est truffée de plusieurs difficultés liées au partage
de l'information, à la pression familiale. Pour les femmes qui n'ont pas
annoncé leur statut à leurs partenaires, elles ne disposent pas
généralement d'argument pour demander à ceux-ci d'utiliser
un préservatif puis procéder à l'insémination
à partir d'une seringue. C'est pour cette raison que certaines d'entre
elles continuent à entretenir des rapports sexuels non
protégés. Comme nous a affirmé Mme 7177/03
rencontrée au CTA de l'HMY attendant ses médicaments :
Je n'ai jamais parlé de ma situation à mon
mari parce que c'est un monsieur difficile. Et si subitement je commence
à utiliser le préservatif ou à pratiquer la méthode
qu'on nous a enseignée ici, il va me taxer de sorcière et me
chasser. Je préfère me taire car je sais que c'est lui qui m'a
contaminé. Et aussi, je suis déjà un cadavre ambulant je
n'ai plus peur de rien, je préfère rester dans mon foyer et
garder mes enfants car je ne vis que pour eux249(*).
Pour des femmes qui n'ont pas eu à informer leurs
partenaires de leur séropositivité, elles sont confrontées
à la difficulté liée à la demande d'enfant par
ceux-ci. Généralement dans la plupart des pays subsahariens, la
demande d'enfant est souvent impulsée par l'homme. Certaines femmes
n'ayant pas suffisamment d'arguments, ne peuvent pas convaincre leurs
partenaires d'attendre. Car, nous avons vu plus haut que la procréation
chez les femmes séropositives est conditionnée.
De même lorsque le mari est informé de la
sérologie de son épouse, il existe toujours une pression au
niveau de sa famille ou de sa belle famille de faire un autre enfant. Pour des
femmes qui ont encore un taux de CD4 en dessous de la norme
thérapeutique pour la conception, elles sont butées par d'autres
formes de pression familiale. Car, étant enceinte, la femme se partage
son taux de CD4 avec son foetus. A moins de 500 de CD4, elle est très
fragile et risque perdre sa vie pendant la grossesse, lors de l'accouchement
suite à son état d'immunodépression. Pendant notre
enquête à l'UPEC du CMPY, nous avons entendu la major EBALLE,
gronder une de ses patientes qui est tombée enceinte alors que son taux
de CD4 était à 250 mais développait une TB. Celle-ci alors
d'un regard pensif et désespéré s'est mise à
pleurer. Ce qui montre que l'idée de tomber enceinte ne dépendait
pas d'elle mais d'une autre personne qui pourrait être son partenaire, sa
famille ou sa belle famille. Si elles ont des infections opportunistes, le
personnel médical leur demandera d'attendre. Cette attente constitue
généralement un motif de suspicion dans la famille.
Pour des femmes qui décident de respecter cette
consigne médicale, elles ont des difficultés à trouver des
partenaires qui acceptent leur faire des enfants dans cette condition. C'est
pour cette raison que Mlle 299/09 a affirmé qu' :
Avant de trouver un gars qui a accepté faire un
enfant avec moi, j'ai dû aller à trois gars car lorsqu'un d'eux
m'abordait et je lui parlais de mon problème il s'éclipsait sans
hésitation. Le premier avait fait semblant de compatir à ma
souffrance lorsque je lui avais annoncé ma séropositivité
trois mois après et s'est retiré en évoquant un voyage
fictif. Le second, quant à lui, j'ai émis juste le voeu d'avoir
un enfant de lui et le reste allait me regarder. Il m'a répondu qu'un
enfant ça peut attendre. Et c'était son départ. Quant au
père de mon enfant, il a accepté parce qu'il a fait beaucoup
d'études et connait les modes de transmission du VIH250(*).
Quant à Mme ADA Solange, elle nous a affirmé sa
discrétion en ces termes :
J'avais conçu de manière discrète en
procédant moi-même à l'insémination. Si je parlais
de ça au père de mon enfant, il allait avoir des doutes sur moi.
J'ai apprêté une seringue, après notre rapport, je lui
ai enlevé la capote pour aller mettre à la douche où je
devais me nettoyer et une fois là bas j'ai procédé
à l'opération. Quand il a constaté que j'étais
enceinte alors qu'on utilise toujours le préservatif, il a pensé
que je l'avais trompé. Mais cependant, j'ai émise
l'hypothèse que le préservatif était peut être
défectueux. Un médecin qui était son voisin a
confirmé cette hypothèse251(*).
En outre, « le fait d'aller à
l'hôpital tout le temps rend le malade suspect et le rend aussi
visible252(*) ». Étant donné que dans
la procédure de conception telle que stipule le discours
biomédical, les partenaires ont des examens à passer. Ces examens
ne sont pas fais en un jour avec le retrait des résultats. Des
rendez-vous avec le gynécologue dans la cadre du traitement du sperme
pour les hommes infectés et à l'insémination chez la femme
peuvent créer un climat de suspicion surtout pour des partenaires qui
vivent dans une maison commune. En Afrique et surtout au Cameroun, lorsqu'un
individu dit qu'il va à l'hôpital, et surtout si c'est
récurrent, la société commence à douter de lui.
II.1.2. Des méthodes de conception
contradictoires aux habitudes traditionnelles de la sexualité et de
reproduction en Afrique
En Afrique noire, la procréation passe par des rapports
sexuels naturels. Lorsqu'un individu entretient des rapports sexuels avec sa
partenaire (surtout pour les couples mariés) il sait qu'il le fait dans
le but de faire l'enfant. Le fait d'entretenir des rapports sexuels naturels
est une preuve que sa partenaire lui appartient. Le fait de recourir aux
méthodes recommandées par la PTME apparait un peu contraignant
chez certaines personnes. L'Africain étant très lié
à sa culture, recourir à tout moment aux nouvelles technologies
de procréation s'appréhende chez certaines personnes comme de
l'artificiel. Or, certains Africains n'aiment pas des pratiques artificielles
surtout en matière de sexualité, car cela fait de la femme, un
objet de plaisir.
« De façon générale, ces
normes sont sous tendues par l'idéologie de la planification familiale
et de la parenté responsable253(*)» c'est-à-dire que la
fécondabilité de la femme dans ce contexte est orientée
vers le malthusianisme. Or en Afrique, il existe encore dans certaines
sociétés des représentations sociales selon lesquelles
c'est Dieu qui donne l'enfant. Le fait de vouloir espacer les naissances peut
apparaitre aux yeux de la société comme un signe d'abandon du
seigneur. En Afrique, certaines personnes pensent que c'est lui qui donne les
enfants et c'est lui qui arrête la procréation. Il n'est donc pas
nécessaire de vouloir le faire par le canon des personnels de
santé. Le fait même de vouloir respecter ces logiques
médico-sanitaires peut participer à la paupérisation de
certaines personnes qui sont financièrement démunies.
II.1.3.Une procédure économiquement
contraignante
La procréation chez les PVVIH telle que
recommandée par la PTME est un peu contraignante notamment sur le plan
financier. Pour prétendre à une grossesse, il y a des examens
préalables à faire.
Dans les couples concordants, les deux partenaires doivent
faire ces tests. Pour l'homme, il doit faire le PU qui coute environ 9750
francs CFA254(*), la
charge virale (16 000 francs CFA), le test des IST et MST ( syphilis qui
coute environ 7500 francs CFA, chlamydiae qui lui coute entre 5000 et 8000
francs CFA), le lavage de sperme ou le spermogramme qui est estimé
à environ 9060 francs CFA et chez la femme infectée, elle doit
aussi elle-même faire le PCV et l'antibiogramme (9750 francs CFA), le
contrôle CD4 (environ 2500 francs CFA lors qu'il est subventionné
par le CNLS).
Quant aux couples discordants, seul le partenaire
infecté est tenu de faire ces examens.
De ces montants liés aux examens, il ressort que le non
respect des techniques de la PTME est très souvent lié au manque
de moyens financiers car, l'enfant devient l'apanage des PVVIH qui ont des
moyens financiers. Ceci pourrait même aussi justifier le fait que
certaines femmes camouflent leurs statuts sérologiques. Car, certains
hommes conscients des dépenses qui sont liées à la
procréation chez les femmes séropositives préfèrent
les fuir. Or, la plupart des pays africains tout comme le Cameroun traverse
depuis les années 1980, une période de crise économique.
Nombreuses sont des personnes qui vivent dans la précarité, pire
encore si ces formes de dépenses s'ajoutent dans leur vie.
Quant à certains couples concordants, conscients des
dépenses qui, sont liées à la procréation (pire
encore s'il y recourt à la césarienne), préfèrent
utiliser des méthodes classiques. Ceci parce qu'ils sont
confrontés à des contraintes sociales et leurs moyens ne leurs
permettent pas d'attendre ou de ne pas en faire. Pour eux, ne pas faire des
enfants c'est une manière de faire naitre la suspicion au sein de la
société qui attend ceux-ci pour attester leur santé.
II.2.Allaitement et difficultés affectives,
familiales, culturelles et économiques
Dans les pays du nord, la substitution du lait maternel avec
le lait artificiel est une stratégie de limitation de la transmission du
VIH au nouveau né, or dans les pays du sud, on assiste à des
difficultés liées à des obstacles socioculturels et
économiques.
En 2001, on estimait à 800 000 enfants infectés
par VIH parmi lesquels plus de 90% d'entre eux vivent dans les pays aux
ressources limitées. 1/3 de cette contamination serait imputable
à l'allaitement.
II.2.1.Modes d'allaitement en temps de VIH et
contraintes économiques
Dans la prévention de la transmission du VIH par
l'allaitement, les pays du Nord et ceux du Sud ne présentent pas les
mêmes stratégies de lutte à cause des logiques
socioculturelles et économiques différentes.
Dans les Pays industrialisés dés qu'il a
été démontré que le VIH pouvait être transmis
au nouveau-né lors de l'allaitement , il a été
recommandé aux femmes infectées par le VIH d'allaiter
artificiellement leurs enfants(...)Dans les pays en voie de
développement , l'accès à l'eau potable n'est pas
assuré , et où les conditions d'hygiène sont
précaires, il a été démontré que
l'allaitement artificiel était associé à un risque accru
de morbidité et de mortalité par diarrhée ou malnutrition,
alors que l'allaitement au sein , d'un cout minimal ,assurait au
nouveau-né une protection vis-à-vis de nombreuses maladies
infectieuses, un apport nutritionnel optimal , renforçait la relation
mère- enfant ,tout en favorisant l'espacement des
naissances. 255(*)
Pour les femmes ayant choisi d'allaiter exclusivement leur
enfant au sein, certaines d'entre elles sont confrontées à des
difficultés liées à l'alimentation. Elles ne doivent que
donner de leurs seins au bébé sans eau ni autre boisson sauf des
médicaments en sirop si les professionnels de santé font des
prescriptions. Le lait maternel devient pour l'enfant son eau et sa nourriture.
Or, lorsque le bébé traverse une poussée de croissance, il
demande davantage d'allaitement. Ces poussées de croissance se
produisent généralement selon Mme EBALLE, « aux
environs de trois semaines, six semaines, trois mois et six mois256(*) ». Ce qui
entraine des pertes énormes chez la mère. Ainsi, elle doit bien
s'alimenter pour compenser les pertes dues à l'allaitement et assurer la
pérennité du lait. Or, au Cameroun, plusieurs ménages font
face à la crise économique qui a une influence non
négligeable dans leur alimentation.
Dans les métropoles camerounaises et
précisément à Yaoundé qui est formé des
populations allogènes, nombreuses sont celles qui se nourrissent des
produits dont l'origine est commerciale. Face à des difficultés
liées à la rareté ou à la flambée des prix
des denrées de première nécessité, certaines femmes
ne parviennent pas à opérer une consommation de qualité et
de quantité. Ce qui a des conséquences non négligeables
sur leur état de santé à savoir la baisse de leur taux de
CD4 et l'exposition aux IO. A ce niveau, il ya risque d'amaigrissement de la
mère qui peut la conduire vers le stade C de la maladie.
En outre, le sevrage brusque recommandé par la PTME
pour limiter le risque de contagion devrait s'accompagner d'une alimentation de
compléments riche et équilibré afin que le nourrisson ne
puisse pas ressentir un déséquilibre nutritionnel lié au
sevrage. Mais dans les populations économiquement démunis, les
aliments de compléments sont souvent pauvres du point de vue
nutritionnel. Ce qui peut entrainer chez le nourrisson des maladies
liées à la carence ou à une malnutrition. Or, cette sous
alimentation ou malnutrition du bébé peut entrainer des
maladies257(*) qui vont
contribuer à alimenter le climat de suspicion dans la
société.
Quant aux femmes qui n'ont pas un taux de CD4 leur permettant
d'allaiter, la PTME recommande l'allaitement artificiel. La difficulté
qui ressort de ce mode d'allaitement est qu'elle est couteuse.
Pour des femmes qui donnent du lait de vache ou de
chèvre à leur enfant, il y a un risque de rupture
d'approvisionnement. Etant donné que dans les centres villes ou plus
particulièrement à Yaoundé où les points
d'élevage ne sont pas très récurrents, les femmes peuvent
être butées à la difficulté d'approvisionnement. Or,
au Cameroun, le prix d'un produit est généralement fonction de sa
disponibilité. Ce qui fait que vu sa rareté, le prix est
exorbitant.
En ce qui concerne le lait maternisé artificiel, il est
présent dans tous les rayons commerciaux mais il s'apparente à un
mode d'allaitement élitiste en ce sens que non seulement il est
coûteux mais sa préparation nécessite un certain nombre de
conditions d'hygiène. En ce qui concerne son coût, il varie en
fonction de la marque et de l'endroit258(*) où il est vendu. On peut l'avoir dans des
boutiques, des supermarchés, des pharmacies à des prix se situant
entre 1800 à 3000francs CFA la boite. Il peut être associé
à d'autres aliments de nourrisson fait à base de blé, de
riz ou d'autres céréales toujours disponibles en boite. Dans le
cas où l'enfant est nourri au biberon, il peut prendre en moyenne 3
à 4 boites259(*)
par mois. Ce qui pourrait constituer une difficulté pour des femmes
n'ayant pas assez de moyens financiers. Surtout que pour madame Solange BEKOMO,
Les hommes ne soutiennent pas les femmes dans ce mode
d'allaitement. Ils acceptent parfois à condition que les dépenses
soient partagées entre les deux partenaires. Comme mon cas je
m'étais entendu avec le père de mon enfant pour partager les
dépenses destiner à acheter le lait de notre enfant. Ainsi,
chaque fin du mois, chacun de nous savait combien il devait contribuer pour la
nutrition de l'enfant.260(*)
De même ce mode d'allaitement est souvent
associé à un autre type de difficulté lié à
l'approvisionnement en eau potable. Yaoundé tout comme de nombreuses
localités du Cameroun ou des villes du Sud, est très souvent
confronté à des problèmes d'approvisionnement en eau
potable261(*).
L'eau salubre est un facteur fondamental de la
santé. Or, une grande partie de la population n'a pas accès
à de l'eau salubre en Afrique subsaharienne. L'insuffisance des
systèmes d'assainissement et d'évacuation des matières
fécales complique les données du problème, notamment dans
les régions rurales et les bidonvilles situés à la
périphérie des villes où les infiltrations et les eaux de
ruissellement peuvent contaminer les étangs, les cours d'eau et les
rivières.262(*)
Ainsi, pour la préparation du lait artificiel, un
certains nombre de conditions d'hygiène doit être respecté.
A défaut de l'utilisation de l'eau minérale qui n'est pas
accessible à tout le monde à cause de son coût au Cameroun,
il faut traiter de l'eau soit en la chauffant, en la filtrant ou en la
javellisant. Or, nombreuses sont des femmes qui ne savent pas traiter de l'eau.
Pour elles, lorsqu'une eau est claire, elle est buvable. Ces eaux
généralement sont de grands dangers pour l'enfant qui, a un
organisme encore très fragile et en l'absence du lait maternel
comportant des substances d'immunité naturelle, il y a risque que ce
dernier soit à la merci des maladies causées par l'eau sale. Car,
il existe des microbes qui, même après élévation de
la température sont résistants. Ces maladies occasionnées
par les eaux sales risquent appauvrir d'avantage les PVVIH suffisamment pauvres
à cause des aléas de la prise en charge.
II.2.2.Création d'un vide affectif entre la
mère et l'enfant
Par l'allaitement maternel, l'enfant développe un
comportement d'attachement vis-à-vis de sa mère. Par attachement,
il faut entendre le lien affectif d'une personne avec une autre263(*). Dans ce cas, il s'agit du
lien réciproque qui nait entre la mère (ou la nourrice) et
l'enfant suite à la satisfaction des besoins de nourriture. Les effets
de carence maternelle dus à la restriction de l'allaitement au sein
peuvent générer des conséquences importantes sur les
comportements futurs de l'un et de l'autre.
L'allaitement maternel est une période qui va de la
naissance jusqu'à environ un à deux ans parce que
« une fois l'enfant venu au monde et nourrit de son premier lait,
la mère et l'enfant se partagent chaque instant de la journée et
de la nuit pendant une période264(*). » Dans le cas où il est
exclusif, il est compris entre zéro à quatre ou six mois au
moins. Période pendant laquelle l'enfant dépend exclusivement de
sa mère ou de sa nourrice. Ici cet allaitement a deux fonctions à
savoir : la fonction utilitaire et la fonction ludique. Au niveau de la
première, l'on note que le sein est en même temps un repas, une
boisson et un médicament pour le N-né. Au niveau de la seconde,
l'on relève que le sein est en même temps un objet de distraction
pour l'enfant. Etant donné que sa mère lui met du sein quand il a
faim ou soif dans la bouche ou même lorsqu'il veut être
flatté, il développe une faculté de reconnaissance de sa
mère ou de sa nourrice suite à son odeur qu'il a toujours
l'habitude de humer. L'odeur de sa mère ou de sa nourrice lui fait
développer un amour particulier parce que lors qu'il a faim ou soif
c'est cette odeur qui lui donne à manger.
Cet amour va s'intérioriser dans la partie
intégrante de l'enfant au point où il va grandir avec cela comme
une partie de lui. Ce qui fait que même lorsque devenu grand, il va
manifester un amour continuel pour sa mère ou sa nourrice.
Il existe un système de communication entre la
mère ou la nourrice et l'enfant à partir du sein.
Généralement, certaines femmes ressentent le désir de
tétée de leurs enfants à travers les seins car, lorsque
ceux-ci ont faim, leurs mères ressentent une douleur au bout de leurs
seins.
Dans le cas où cet allaitement est proscrit, puisqu'il
est recommandé de donner des aliments de substitut à l'enfant
lorsqu'il est faisable, fiable, pérenne, l'enfant ne connaitra pas cette
odeur maternelle et par conséquent ne manifestera pas le même
degré d'attachement que les autres enfants qui ont été
allaités au sein vis-à-vis de leurs mères. Cette situation
ira jusqu'à avoir des répercussions dans la
société.
En outre, si l'enfant est allaité par sa nourrice, il y
a risque que celui-ci ne manifeste qu'un attachement envers sa nourrice au
détriment de sa mère biologique.
II.2.3.Allaitement et société
Les sociétés africaines sont
caractérisées pour la plupart par une solidarité
mécanique manifestée au niveau phénoménal.
En effet lorsqu'une femme accouche, elle reçoit des
visites non seulement des membres de sa famille, de sa belle famille mais aussi
de son entourage (amis, voisins...). Ces personnes au cours de leurs visites
exercent deux fonctions : l'une au niveau patent et l'autre au niveau
latent265(*).
La première fonction qui s'apparente comme patente est
la fonction d'assistance en ce sens que ces personnes viennent témoigner
à l'accouchée, leur affection, leur soutien et leur sympathie
car, l'accouchement en Afrique est un événement qui se
célèbre souvent. Ceci parce que la femme a traversé une
étape de risque qui pouvait l'emporter.
La deuxième fonction (latente) qui met en exergue la
pseudo solidarité mécanique266(*) évoquée plus haut est la fonction
d'espionnage et de vérification. Parmi les visiteurs, certaines
personnes viennent vérifier si la mère et le bébé
sont bien portants. Cette vérification se lit à plusieurs niveaux
parmi lesquels on peut citer la forme de l'enfant, sa ressemblance et son mode
d'allaitement. Etant donné que les sociétés africaines
pour la plupart sont dans un contexte de soupçon permanent, ou de la
prédominance du « je » c'est-à-dire
que certaines personnes se plaisent à voir les autres souffrir et
vouloir être les seules à être contentes ou à avoir
des enfants en bonne santé, lorsque la mère ne donne pas de son
sein à l'enfant, elle est entourée de soupçon si elle ne
produit pas d'arguments valables. Cette situation pousse certaines femmes
séropositives à développer des stratégies pour
contourner les normes.
En Afrique, l'allaitement maternel a une valeur sociale et une
multitude de symboles. Il est la preuve de la santé de la mère,
c'est-à-dire qu'elle n'a aucune maladie parce qu'il est non seulement
produit par le corps mais aussi, il est une substance qui sera
intégrée dans les représentations du corps267(*).
Dans la même lancée, il inscrit l'enfant dans la
parenté en créant un lien social, car il existe une
parenté de lait. C'est pour cette raison que MADINA QUERRE affirme que
« des enfants qui ont tété le même sein ne
peuvent jamais se marier. Un lien de parenté direct est alors
établi entre les deux enfants. (...) La filiation par le lait est alors
privilégiée au détriment de celle parle sang.268(*)»
De même, l'allaitement symbolise le lien non seulement
entre l'enfant et sa mère mais aussi avec celui-ci et ses frères
et soeurs. C'est ce qui explique la proximité affective entre les
frères et/ou soeurs germains ou utérins que les frères et
/ou soeurs consanguins.
Il donne également une force sociale à l'enfant
car généralement, les conceptions populaires disent qu'un enfant
nourrit au sein est plus considéré qu'un enfant nourrit au
substitut de lait. Lorsqu'une femme nourrit un enfant au sein, c'est une preuve
que l'enfant lui appartient sauf en cas de décès de celle-ci ou
de maladies graves qui poussent des nourrices à faire un lavage de sein
pour nourrir l'enfant.
C'est ainsi que voulant contourner cette situation, plusieurs
femmes évoquent l'idée de leur profession, c'est le cas de madame
SIM Judith qui avait déclaré à son entourage qui lui
faisait pression d'allaiter qu'elle travaille et que si elle habituait son
enfant à prendre les seins, il y avait risque que celui-ci s'y adapte et
refuse le biberon quand elle allait reprendre le travail.
D'autres femmes ou filles quant à elles évoquent
l'idée de vouloir préserver leur jeunesse en gardant leur sein en
forme comme le cas de Manuela. Cet argument passe généralement
avec des filles qui sont encore sur les bancs ou qui sont encore
célibataires. La société tolère parce qu'elle
estime que la fille n'a pas assez de temps pour allaiter le bébé
ou dans l'autre cas, on estime que l'allaitement est souvent source de
détérioration de la morphologie de la femme. Or étant
célibataire, elle désire se maintenir pour ne pas compromettre
ses chances pour le mariage.
Par contre certaines d'entre elles évoquent les
maladies fictives de seins. C'est à ce titre que Mme Christine TCHOKOUTE
a affirmé qu' :
Il y a des filles qui frottent du mercurochrome sur le
bout de leur sein et disent qu'elles ont été blessées.
Mais d'autre ne s'en sortent pas. C'est le cas d'une jeune fille qui avait fait
l'enfant avec un gars Bassa, elle lui a dit qu'elle avait des problèmes
de coulée de sein et de peur que son partenaire aille faire quelque
chose qui allait avoir des répercussions sur sa santé a
finalement dit la vérité à ce dernier. Ce qui a
entrainé une rupture de leur relation.269(*)
Pour les femmes ayant informé leur partenaire et que
généralement c'est l'homme qui couvre sa femme en disant que
c'est lui qui achète le lait.
Ainsi, il ressort de cette situation que certaines femmes
malgré les arguments avancés, ne parviennent pas à
évacuer certaines contraintes. Ce qui fait que pour celles qui ne
parviennent pas à évacuer préfèrent donner leur
sein à l'enfant pour échapper à la suspicion.
Pour des femmes qui ont recours à la nourrice pour
l'allaitement de leurs enfants, d'autres difficultés se posent au niveau
de la mère et de la nourrice.
Au niveau de la mère, elle est exposée à
un risque de stigmatisation car étant en vie et n'étant pas
couchée sur un lit de malade ou n'ayant pas des problèmes de
seins, la société peut considérer cette attitude comme la
résultante de la maladie de la mère.
Au niveau de la nourrice, si elle connait la véritable
raison pour laquelle la mère biologique n'allaite pas, elle peut penser
à un risque de contagion si le résultat de test de l'enfant n'est
pas préalablement présenté.
En définitive, « l'angoisse de mourir
sans avoir rien fait »270(*) est le principal sentiment chez les PVVIH. C'est
pour cette raison que le désir d'enfant semble être la principale
préoccupation chez ces femmes. Cette préoccupation leur permet
non seulement de ne pas perdre leur considération ou reconnaissance
sociale mais aussi leur permet de retrouver l'espoir qu'elles sont encore des
personnes comme les autres. Cependant « Contrairement aux valeurs
traditionnelles, la mise sous traitement apparait comme une perspective de
construction d'une nouvelle identité sexuelle et reproductive.271(*) » Ces femmes
recherchent au quotidien des stratégies pour affirmer leur existence
sociale.
CONCLUSION
En définitive, au sortir de ce travail de recherche
s'intitulant « les comportements sexuels et reproductifs des
femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun », notre
préoccupation était de savoir : Quels sont les enjeux qui
sous-tendent les comportements sexuels et reproductifs des femmes
séropositives placées sous traitement antirétroviral au
Cameroun ?
Notre démarche qui se voulait beaucoup plus
interdisciplinaire nous a permis d'avoir un échange avec les populations
cibles. Notre série d'entretien avec les femmes séropositives et
les professionnels de santé, nous a permis de constituer un corpus
empirique intéressant. A l'aide de ce dernier, nous avons pu
vérifier nos hypothèses de recherche après une analyse
basée sur l'imaginaire social. Ainsi, il ressort que les comportements
sexuels et reproductifs des séropositives sous traitement
antirétroviral ne concordent pas toujours avec le discours
biomédical en raison des logiques socioculturelles, familiales,
économiques et religieuses qui font obstacles chez la plupart d'entre
elles. Les résultats de cette recherche ont été
présentés en deux parties.
La première partie s'intitulant :
« De la découverte du statut de
séropositivité des femmes à leur prise en
charge » se subdivisait en deux chapitres.
Le premier a fait état des circonstances de
découverte de la séropositivité de ces femmes. Des
données récoltées ont montré qu'elles sont
nombreuses. La plupart d'entre elles se sont découvertes
infectées au cours des consultations prénatales car, le test de
dépistage à ce niveau constitue l'une des conditions sine qua non
pour le suivi des femmes enceintes. Quant aux autres, elles se sont
découvertes infectées lorsqu'elles développaient des
pathologies ou infections opportunistes. Une autre catégorie des femmes
infectées a découvert son statut sérologique après
le décès du conjoint ou d'un enfant. Cependant, une petite
tranche de femmes interrogées s'est découverte infectée
après le passage d'un test volontaire. Mais un test pseudo volontaire
car, certaines d'entre elles étaient contraintes de le faire à
cause des voyages ou des mariages. Des ratios des circonstances de cette
découverte, il apparait que malgré les campagnes de
sensibilisation axées sur la promotion des tests272(*) et de la connaissance du
statut sérologique, les Camerounais en général
développent une résistance vis-à-vis des tests. Cette
situation traduit la peur qui réside en les Camerounais, car
« la communauté perçoit le VIH comme une maladie
occulte 273(*)» (...) donnant un caractère
stigmatisant à la maladie. Ce qui fait que les individus ont peur de se
retrouver dans une autre catégorie de personnes leur conférant
une autre nouvelle façon de vivre et d'être.
Dire ou ne pas dire qu'on est séropositive ou malade.
Cette partie a constitué la deuxième section du premier chapitre.
Tout depend à l'évidence de la personne à qui l'on a dit.
Nous sommes partis des questions selon lesquelles : Quel est le role des
professionnels de santé dans la gestion de l'information ? Comment
la société traite t- elle ses séropositifs ? Comment
l'autre va la regarder et regarder sa maladie ? De ces interrogations, il
en est ressorti que les enjeux qui sous tendent l'information sont
énormes. Au niveau des professionnels de santé, le sermon
d'Hippocrate ayant un caractère à la limite d'hypocrite ne leur
permet pas de divulguer la nature de l'affection d'un individu surtout en
matière de VIH. Le filtre de l'information est d'abord orchestré
par ces professionnels. Attitude qui va s'enchainer dans la
société avec une gestion de la maladie sous anonymat. Etant
donné que la société a généralement tendance
à marginaliser ses malades et mêmes ses proches, ceux-ci ne se
sentiront à l'aise que si leur statut est caché. De même,
la peur de répudiation, de perdre leur place ou la peur
d'éclabousser les enfants sont les principaux mobiles qui amènent
les femmes séropositives à opérer un filtre dans le
partage de l'information. A ce moment, le partage de l'information chez ces
femmes est jonché de plusieurs enjeux. Elles ne se livrent qu'aux
personnes dont elles estiment bénéficier d'un soutien
matériel, financier, et/ou spirituel. La maladie leur imposant des
moyens assez élevés pour les frais des examens qui accompagnent
le TAR, la nutrition, et le transport pour leurs lieux de prise en charge.
Dans le chapitre 2, il était question de parler de la
critériologie et de l'effectivité de la prise en charge des
personnes dépistées séropositives. Pour en arriver, il en
est ressorti que cette prise en charge a deux volets fondamentaux à
savoir : le volet psychosocial et le volet thérapeutique.
La première section de ce chapitre parle des
rôles des structures de cette prise en charge à savoir : les
formations sanitaires agréées et les associations des PVVIH qui
se présentent sous forme d'ONG. Le premier volet de la prise en charge
commence dans les centres de santé à partir des tests de
dépistage et se poursuit au sein des associations avec les personnes
confirmées séropositives. Avant le test l'individu
bénéficie d'une séance de counselling qui
consiste en « un dialogue confidentiel entre le client et un
conseiller, en vue de surmonter le stress et de permettre au client de
surmonter le stress et de prendre les décisions personnels en rapport
avec le VIH/SIDA.274(*)» Ce premier volet prépare les
individus à développer des attitudes stoïques face à
leur statut quelque soit le résultat. Mais, le constat qui a
été fait est que ce premier volet du counselling n'est
pas toujours associé à tous les tests parfois à cause de
l'effectif des demandeurs de tests. Pendant les séances de
dépistages gratuits dans certaines structures, les individus subissent
des tests de dépistages sans au préalable des
counselling pré test. Ce qui participe à entrainer chez
certaines personnes le non recours au TAR et l'augmentation du stress. Cette
prise en charge psychosociale continue dans les formations sanitaires pour les
personnes dépistées séropositives avec l'aide des
personnels d'appui à la santé comme des psychologues, des
assistants sociaux, des agents de relais communautaires qui apportent
régulièrement des conseils liés à la gestion de la
séropositivité. Cet appui est également apporté par
les associations des PVVIH, qui ont été coptées pour
entretenir les personnes infectées. Ce qui fait que certaines personnes
d'entre elles ont reçu des formations pour contribuer à la lutte
de la pandémie.
Quant au deuxième volet de la prise en charge, il se
fait uniquement dans les centres de traitement agréés. Mais avant
d'en arriver à ce stade la PVVIH passe par le stade
d'éligibilité au TAR parce que selon l'OMS, le traitement
antirétroviral n'est pas destiné à toute personne
infectée. Il dépend non seulement du stade du patient mais aussi
de la présence des infections récidivantes. Pour
déterminer le statut d'éligibilité du patient au TAR,
celui-ci passe impérativement par les examens biologiques ce qui
l'inscrit dorénavant non seulement à une carrière
hospitalière susceptible d'entrainer un regard stigmatisant de la
société sur lui, mais aussi à un début de
dépenses visant à l'appauvrir. Au Cameroun,
Malgré la gratuité des ARV adoptée en
mai 2007 et le subventionnement par le gouvernement et les bailleurs
internationaux d'autres dépenses liées au traitement (telles que
les examens biologiques), les dépenses à la prise en charge des
patients restent considérables : un quart des patients
traités et près d'un tiers des patients non traités font
encore face à des dépenses catastrophiques de
santé275(*).
Apres, les examens pré thérapeutiques, la
patiente placée sous TAR est suivie mensuellement dans son CTA ou son
UPEC question pour son traitant de se rassurer de l'observance de celle-ci. A
coté de cela, un examen de bilan général lui est prescrit
chaque semestre pour le suivi des leucocytes CD4 et de son état
général de santé. Ce qui n'est pas toujours aisé
pour les PVVIH en général. Déjà, leur
présence régulière à l'hôpital est souvent
corrélée des difficultés financières pour les
patientes financièrement démunies, mais aussi pour toutes ces
personnes qui font face à des difficultés liées à
leur prise en charge. En raison de leur nombre croissant dû au TAR
gratuit, elles font généralement face à des longues heures
d'attentes ceci est dû aux personnels d'encadrement insuffisants dans les
structures de prise en charge. Ce qui semble être la cause de nombreuses
interruptions de traitement.
La seconde section de ce chapitre deuxième quant
à elle, évoque le rôle des associations des PVVIH en
général, notamment celles de l'AFASO et du CEAM dans la lutte
contre le SIDA. En réalité, le choix de ces deux associations a
été fait en raison de leur caractère purement
féminin et de leur présence respectivement particulière au
CTA de l'HDJ et de la Fondation Chantal BIYA. Leurs rôles ont
été examinés sur plusieurs plans :
- Sur le plan psychologique et spirituel en ce sens que les
associations permettent aux femmes d'accepter leur statut sérologique.
Ceci à partir des témoignages à visages ouverts, et des
causeries éducatives. De même, les femmes de ces associations sont
encouragées à être plus pieuses qu'avant leur
séropositivité parce qu'elles estiment trouver la force de
pouvoir surmonter le poids de leur maladie en Dieu et de pouvoir
développer des comportements responsables.
- Sur le plan social, la gestion sociale de la maladie reste
pour ces femmes un problème épineux en ce sens qu'elles doivent
rechercher l'alliance entre les logiques médico-sanitaires et les
logiques socioculturelles. Les associations à partir de leurs relais
communautaires apparaissent à ce niveau pour essayer de résoudre
certains problèmes qui naissent souvent entre la femme
séropositive et son entourage. Ces problèmes sont souvent
fréquents entre ces femmes et leurs partenaires. C'est pour cela que les
associations par le biais de certains de leurs membres, rendent souvent visite
à domicile (à celles qui autorisent) pour gérer ces
différends. De même, elles permettent à ces femmes de ne
pas se sentir seules pour celles qui ont été rejetées, et
de créer une sorte de cohésion sociale entre elles. Ce qui
participe à la naissance d'un autre type de solidarité
mécanique.
- Sur le plan nutritionnel, les femmes de ces associations
bénéficient non seulement des conseils relatifs à leur
nutrition mais aussi des aides, des dons de nourritures grâce aux
partenaires de ces structures. Ceci parce qu'il existe une corrélation
entre la nutrition et l'infection au VIH/SIDA. Une nutrition saine et
équilibrée participe à préserver la PVVIH de
l'évolution du virus alors qu'une sous alimentation contribue à
sa déchéance car, non seulement elle ne fournira aucun
élément nutritif capable de multiplier les leucocytes CD4 pour
bloquer les IO mais aussi, elle pourra générer des microbes qui
vont participer à l'avancée au stade C ou SIDA.
- Sur le plan financier, ces associations mettent en leur sein
des politiques d'autonomisation des femmes car, il a été
démontré que la dépendance économique et son
insubordination sont des facteurs qui amènent les femmes à ne pas
changer de comportements276(*).
- Sur le plan médical, les associations soutiennent
leurs membres non pas avec la distribution des médicaments
antirétroviraux parce que ce rôle appartient exclusivement aux
professionnels de santé, mais avec des conseils de prise en charge, de
l'observance et de la distribution des médicaments de traitement des IO.
Ces institutions plaident également auprès des décideurs
en temps de rupture des ARV et participent à la commande des protocoles
rares.
Mais cependant, leur regroupement reste joncher de quelques
obstacles liés à la présence des femmes issues de
différentes catégories socioprofessionnelles. Car, là
où il y a regroupement humain, il ya toujours conflits. Ces conflits
sont généralement dus à la différentiation des
ethnies, des niveaux d'instruction, de statut matrimonial. Ce qui entraine des
problèmes de coordinations et la désertion de certains
membres.
Notre deuxième partie présentant
« les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous
traitement antirétroviral au Cameroun », était
constituée de deux chapitres. De manière générale,
nous sommes partis des recommandations médicales pour en arriver aux
incidences socioéconomiques, familiales, culturelles et religieuses.
Le chapitre 3 subdivisé en deux sections,
présente les comportements sexuels des femmes sous TAR. Ici, il
était question de présenter le discours biomédical
axé sur la sexualité des personnes infectées et d'analyser
les différentes contraintes qui entravent l'application de ce discours
chez la plupart d'entre elles.
La première section de ce chapitre présente le
discours biomédical en matière de sexualité chez les PVVIH
en général, les normes traditionnelles en matière de
sexualité en Afrique, la perception de l'acte sexuel par les personnes
infectées, le statut social des femmes en général en
Afrique et les natures des rapports sexuels chez ces femmes
infectées.
En ce qui concerne la norme thérapeutique, il est
recommandé à toute PVVIH l'usage systématique du
préservatif à chaque rapport sexuel. Ceci pour la protection non
seulement du partenaire qui doit être préservé de la
contamination, mais aussi pour la protection de la PVVIH qui doit être
préservée contre la réinfection qui peut participer
à la résistance de son sous type de virus et participer à
son avancée à un stade sévère. Avec l'apparition
des ARV, il n'est non plus seulement question de protéger les personnes
non contaminées mais aussi, de protéger les personnes
déjà infectées de la réinfection car, des
études ont montré que le TAR pouvait prolonger la vie des
personnes infectées. Il est donc question de les réinsérer
dans la société et ceci ne peut être possible que si et
seulement si celles-ci sont préservées de la réinfection.
Toujours dans cette section, nous avons présenté la norme
traditionnelle en matière de sexualité et le statut social de la
femme africaine qui malgré les transformations sociales apparaissent
comme des logiques socioculturelles qui influencent les comportements sexuels
des femmes sous TAR. En Afrique en général et au Cameroun
également, la norme traditionnelle en matière de sexualité
oriente les rapports sexuels naturels avec pour finalité la
procréation. Avant d'en arriver au statut social des femmes en Afrique,
nous avons examiné la perception de l'acte sexuel chez les femmes sous
TAR. Des données issues du terrain, il en ressort que, de manière
générale l'infection au VIH influence la sexualité des
personnes dépistées séropositives. Elle ne baisse pas les
performances sexuelles de l'individu mais réduit le désir chez
celui-ci à cause des troubles psychologiques qui accompagnent souvent
l'annonce du statut. Ainsi,
Son mode de transmission par voie sexuelle lui
confère par ailleurs le statut de la maladie vénérienne,
avec pour corolaire le sentiment de culpabilité et de honte. (...)
L''Afrique va devoir désormais faire face à une maladie dont les
porteurs se sentent coupables277(*).
Face à cette situation de perception de la maladie ou
du corps comme objet souillé, les femmes sous TAR vont observer une
période de relâchement. La reprise des activités sexuelles
sera fonction du statut matrimonial de ces femmes et du partage de
l'information avec le partenaire. Pour les veuves ayant un âge
relativement avancé et disposant un nombre important d'enfants, leur
fréquence va même atteindre zéro rapport. Par contre, pour
les femmes mariées ou femmes vivant en couple n'ayant pas informé
leurs partenaires, elles vont continuer à simuler en entretenant des
rapports non protégés, quant aux femmes célibataires
disposant de leur propres moyens financiers, elles ont parfois la
possibilité de prendre des décisions relatives à leur
sexualité. Cependant, les femmes célibataires pour qui le mariage
est important continueront à entretenir des rapports sexuels de
mêmes natures qu'avant leur séropositivité. Ce qui pousse
à dire que pour elles la visibilité sociale est plus importante
que leur santé.
Quant au statut social des femmes africaines en
général ou camerounaises en particulier, des études ont
relevé que, malgré les discours féministes voulant mettre
les femmes au même statut que les hommes, celles-ci occupent encore le
second plan dans les prises de décision à cause de leur
dépendance vis-à-vis des hommes. Une dépendance qui se
vérifie sur tous les plans notamment sur les plans
socioéconomiques, culturels et religieux. Ce qui participe à
bouleverser la nature des rapports sexuels des femmes séropositives sous
TAR. On assiste ainsi à des rapports sexuels de nature
hétérogène. Certaines préfèrent entretenir
des rapports sexuels non protégés à cause des logiques
socioéconomiques, culturelles et religieuses. Quant à d'autres,
le désir de préserver leur santé est important parce
qu'elles n'ont pas d'énormes contraintes et qu'elles le jugent
nécessaire.
La deuxième section de ce chapitre quant à elle,
met en exergue les différentes contraintes socioéconomiques,
culturelles et religieuses que ces femmes rencontrent au quotidien. Les
premières difficultés sont d'ordre socio-familial. Ces
difficultés sont fonction du statut matrimonial et du statut
socioéconomique de ces femmes. Ce qui fait qu'elles ne présentent
pas de la même manière chez toutes les femmes
séropositives.
Pour les femmes mariées ou vivant en couple avec leurs
partenaires, la nature, la fréquence, la praticabilité des
rapports sexuels dépendent de ceux-ci. Pis encore si ces femmes
dépendent économiquement de leurs partenaires, elles subissent en
victimes résignées les assauts sexuels des hommes. Quant aux
femmes célibataires ne vivant pas avec leurs partenaires, pour celles
qui en ont, elles ont parfois une marge de liberté à imposer le
port du préservatif à ceux-ci surtout lorsqu'elles ne sont pas
financièrement autonomes. Certaines femmes qui désirent
éviter des désagréments dus à ce genre de
situation, préfèrent éviter de se mettre en relation avec
des hommes ou tout simplement émettent le souhait de trouver des
partenaires séropositifs comme elles pour la recherche d'une meilleure
compréhension de leur situation.
Une autre contrainte soulevée dans cette section est
d'ordre culturel et religieux. Au Cameroun, malgré les campagnes de
vulgarisation du préservatif, son utilisation n'est pas toujours
systématique. Pour certains, il relève de l'artificiel, il est
perçu comme un instrument d'infidélité. Pour d'autres, les
rapports sexuels non protégés sont synonymes de satisfaction
totale et de vilité. Il est à ce moment perçu comme un
instrument qui empêche « la nature de suivre son
cours »et entraine la frustration du male. En plus, au Cameroun,
ayant constaté que le préservatif masculin dépendait de
l'homme, une Campagne de promotion est aujourd'hui axée sur la promotion
du préservatif féminin. Ceci parce qu'on estime que par là
les femmes pourront elles mêmes « prendre les choses en
main 278(*)». Mais à cause de la morphologie, de la
non disponibilité dans tous les points de vente, du coût, et
même des difficultés liées à l'utilisation de cet
instrument, son usage n'est pas toujours systématique. De même,
sur le plan religieux, ces méthodes sont proscrites parce qu'elles sont
source de débauches sexuelles, et d'autres pratiques
considérées comme étant des contre-valeurs pour ces
religions. Or, certaines PVVIH qui considèrent leur maladie comme une
malédiction ou un châtiment divin, ne veulent plus aller à
l'encontre de la parole de Dieu parce qu'elles estiment qu'en le faisant leur
châtiment risque s'aggraver. Ainsi, certaines qui ne veulent pas
être coincées à cause du non respect de la parole de Dieu
ou du discours médical préfèrent arrêter leur
sexualité.
Le dernier chapitre quant à lui s'intitulant les
comportements reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au
Cameroun, se subdivise également en deux sections.
La première section de ce chapitre évoque deux
points essentiels à savoir : le discours médical axé
sur la procréation dans le contexte d'infection au VIH, ensuite les
représentations sociales de l'enfant en Afrique. En ce qui concerne le
volet du discours médical, ce chapitre met en exergue les
conditionnalités de procréation offerte par la PTME. Cette
procréation est conditionnée par l'état de santé de
la PVVIH. Dans le cas où elle présente un état
très fragile (- de 500 de CD4) ou des IO, les professionnels de
santé lui demandent d'attendre. A cet instant, la procréation est
proscrite. Le seul recours ici est l'adoption des enfants. Lorsqu'elle est
à un taux de CD4 élevé et ne présentant pas des IO,
la procréation est autorisée. Mais une procréation
médicalement assistée. Aujourd'hui avec les avancées de la
recherche, la PTME a mis sur pied différentes possibilités et
techniques de procréation en fonction des statuts sérologiques
des deux partenaires (concordants ou discordants). La première condition
est l'examen des IST et MST parce que ces maladies ou infections peuvent
être à l'origine des avortements ou de l'infection du
bébé. Apres le passage de ces tests, si les partenaires sont
éligibles, ils recourent à l'une des techniques proposées
par la PTME :
-Dans le cas des couples concordants, l'on procède au
lavage du sperme, puis à l'insémination artificielle.
-Dans le cas des couples sérodiscordants, la
démarche change. Si c'est la femme qui est séropositive, le
partenaire procède juste à un rapport sexuel
protégé puis à l'insémination artificielle.
Cependant, l'alimentation est un paramètre important
dans les conditionnalités de procréation. Pour qu'une femme
séropositive conçoive cette variable n'est pas à
négliger. Ceci parce qu'il existe une corrélation entre grossesse
et nutrition. Lorsqu'une femme est enceinte, son taux de CD4 est divisé
en deux : la première moitié pour la mère et la
seconde moitié pour le bébé. Toujours dans ce volet
nutrition, nous avons examiné les options d'alimentation
recommandées pour les bébés. La première est
l'allaitement artificiel exclusif lors qu'il est faisable et pérenne ou
pour le cas des femmes qui ont un état de santé très
déprimé. L'autre possibilité c'est l'allaitement maternel
exclusif sans association avec de l'eau, ni aucune autre boisson sauf des
sirops si les professionnels de santé en font des recommandations.
A coté de ce discours biomédical, nous avons
examiné les représentations sociales de l'enfant en Afrique. Il
en est ressorti que l'enfant est non seulement une preuve de santé
génésique de ses parents plus précisément sa
mère, mais aussi une preuve de réussite sociale et d'un meilleur
lendemain.
Quant à la deuxième section de ce chapitre, elle
présente les différentes contraintes auxquelles les femmes
séropositives sont butées.
Les premières sont d'ordre socio-familial,
économique et culturel. Ces méthodes mises au point par la PTME
sont contradictoires aux habitudes traditionnelles en matière de
conception ou de fécondité. Elles nécessitent
également assez de moyens financiers parce que dans les
procédures de conception les partenaires passent au préalable par
un certain nombre d'examens. Or, dans un contexte où certaines PVVIH
sont déjà appauvries par les examens de prise en charge, le
transport pour celles qui se déplacent pour aller se faire suivre, et
les frais de nutrition, le respect de ces procédures ne sera que
l'apanage des femmes issues d'une certaine classe sociale aisée. Quant
aux couples ou aux femmes qui n'ont pas la possibilité de satisfaire aux
exigences médicales, étant aussi victimes de la pression sociale
ou familiale, vont chercher à faire des enfants sans toutefois
satisfaire à ces exigences.
De même, les modes d'allaitement prévus par la
PTME présentent d'énormes difficultés. Les
premières étant d'ordre économique en ce sens qu'il
nécessite que les PVVIH soient financièrement outillées
afin d'assurer la pérennité du lait artificiel et son sevrage.
Quant à l'allaitement maternel exclusif, la difficulté reste
presque la même car, le lait maternel ici reste le seul aliment du
nourrisson et sa boisson. Pour assurer sa pérennisation, il est
recommandé aux femmes séropositives de manger qualité et
quantité. Or, dans un contexte de paupérisation croissante, il
est difficile pour certaines femmes d'allaiter et même de continuer
à suivre le traitement. Ceci parce que certains protocoles de
médicament sont très actifs au point où si la PVVIH
ressent un déséquilibre nutritionnel, elle sera secouée
par ces produits qui ont des effets indésirables non
négligeables.
Cette situation pousse souvent certaines femmes à
abandonner leur traitement pour se retrouver dans des cas de resistance du
virus.
L'autre difficulté étant d'ordre social
résulte du fait que le fait que l'enfant soit nourrit par une nourrice
alors que sa mère vit ou le fait que la mère ne trouve pas d'
argument valable pour justifier l'allaitement artificiel du bébé
peut contribuer à créer un climat de suspicion dans la
société. Or, les femmes séropositives afin de
préserver leur secret, ne donnent jamais l'occasion à la
société de les suspecter. Ce qui conduit
généralement aux recours à certaines stratégies de
contournement qui peuvent dans certaines manières participer à la
contamination de l'enfant.
L'allaitement maternel inscrit l'enfant dans un système
de parenté sociale en ce sens qu'il cultive l'idée d'appartenance
sociale ou du « nous » parce qu'on a tété le
même sein et par conséquent, il y a instauration de certains
interdits sociaux comme le mariage entre deux individus ayant
tété le même sein. Par le sein, deux individus de
maternité différente deviennent des frères ou des soeurs.
Par le sein, une nourrice devient la mère d'un individu.
De même, la dernière difficulté qui est
ressorti de ce travail est d'ordre psychologique. Le fait pour certaines femmes
séropositives de ne pas donner de leurs seins aux enfants peut
contribuer à la naissance d'un vide affectif entre la mère et
l'enfant. L'allaitement maternel est avant tout une communication entre la
mère et son enfant. En son absence la mère n'est plus liée
à son enfant et cette situation peut contribuer à
détériorer la relation de celle-ci et de son enfant plus tard. Ce
qui peut contribuer à une absence d'affection entre la mère et
son enfant.
A l'issue de ce travail d'autres perspectives peuvent
être relevées à savoir :
La problématique des tests au Cameroun en ce sens qu'au
vu des circonstances de découverte de la séropositivité
des femmes, il en est ressorti que plusieurs d'entre elles ont connu leur
statut sérologique à la suite des tests forcés. Les
pourcentages des femmes testées demeurent encore faibles au Cameroun or,
le fait de ne pas maitriser son statut sérologique apparait comme un
facteur de propagation de VIH/SIDA.
En outre, une autre piste qui peut être
dégagée à la suite de ce travail est le partage de
l'information chez les PVVIH. Il apparait que les personnes
séropositives opèrent une sorte de sélection sociale et de
réseautage dans le choix de leurs confidents. Or, le fait de vivre dans
ce cercle fermé participe non seulement à détruire la
PVVIH mais aussi ne sécurise pas leurs partenaires.
Toujours dans cette optique, une autre réflexion peut
également être axée sur l'accès aux soins chez les
PVVIH au Cameroun. De cette étude, il ressort que grâce à
la gratuité des ARV, le nombre des patients sous traitement devient
croissant. Ce qui a des répercussions tant au niveau des personnels de
santé qui se sentent débordés, qu'aussi au niveau des
infrastructures et des médicaments qui ne parviennent plus à
satisfaire le nombre des PVVIH. De même, les centres de santé du
fait de leur saturation deviennent pour les malades des lieux stressants. Ce
qui entraine des répercussions au niveau de l'observance des
patients.
Enfin, une autre piste peut encore susciter des interrogations
à savoir : l'idée ou la perception du mariage chez les
PVVIH. Elles perçoivent le mariage comme un instrument de
révélation de leur statut sérologique. Pour continuer
à dissimuler leur statut, elles préfèrent éviter le
mariage ou faire des mariages de réseaux arrangés par les
professionnels de santé en laissant leurs coordonnées
auprès de ceux-ci.
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ANNEXE I
Liste des informations
N°
|
Noms et prénoms ou n°dossier
|
Statut sérologique
|
Ages (ans)
|
Situation matrimoniale
|
Ethnie ou régions d'origine
|
Profession
|
Nombre d'enfant
|
Lieu de résidence
|
Lieu de rencontre
|
Date
|
Heure d'entretien
|
Avant sérologie +
|
Après sérologie +
|
1
|
Mme Catherine AYISSI
|
-
|
|
Mariée
|
Ewondo (centre)
|
Infirmière major HDJ
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
HDJ
|
24/09/09
|
9h-9h42
|
2
|
Mme Christine TCHOKOUTE
|
-
|
|
Mariée
|
Bamiléké (ouest)
|
AS HDJ
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
HDJ
|
24/09/09
|
11h-13h
|
3
|
Mme EBALLE
|
-
|
|
Mariée
|
Béti (centre)
|
Officier de police 2e grade- infirmière major
UPEC CMPY
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
UPEC CMPY
|
-25/08/09
-08/09/09
-13/09/09
|
13H10-14h15
13h-14h10
13h-14h30
|
4
|
Dr FOUELIFACK Ymele Florent
|
-
|
|
Mariée
|
Bamiléké (ouest)
|
Gynécologue obstétricien
PTME-HCY
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
PTME HCY
|
30/09/09
|
10h-10h45
|
5
|
Mme MOUNTON Pauline
|
+
|
43
|
Veuve
|
Bamoun (ouest)
|
Présidente AFASO
|
03
|
/
|
Yaoundé
|
AFASO
|
10/09/09
|
12h-13h10
|
6
|
Mme Anne
|
+
|
|
Mariée
|
Ewondo
(centre)
|
Présidente CEAM fondation C.B
|
/
|
/
|
Bafoussam
|
CEAM fondation C BIYA
|
15/01/10
|
14h-15h
|
7
|
Mlle Rosita
|
+
|
28
|
Célibataire
|
Bamiléké (ouest)
|
Comptable
SG CEAM
|
01
|
/
|
Yaoundé
|
CEAM domicile anonyme
|
-15/01/10
-20/02/10
-28/02/10
|
13h-13h36
18h-21h
12h-16h
|
8
|
Mme ADA Solange
|
+
|
25
|
Célibataire
|
Malienne
|
Conseillère psycho sociale HDJ
|
/
|
01
|
Yaoundé
|
CTA HDJ
|
16/09/09
|
14h-15h30
|
9
|
Mme ONDOUA
|
+
|
41
|
Veuve
|
Est
|
Conseillère psycho sociale UPEC-CMPY
|
04
|
/
|
Yaoundé
|
UPEC CMPY
|
08/09/09
|
15h-16h
|
10
|
Mama coco
|
+
|
48
|
Veuve
|
Bassa (littoral)
|
Conseillère psycho sociale CTA HMY
|
05
|
/
|
Yaoundé
|
CTA HMY AFASO
|
10/09/09
|
16h-16h30
|
11
|
Mlle SAMBA Eléonore
|
+
|
27
|
Célibataire
|
Maka
(EST)
|
Etudiante
|
0
|
02 + grossesse
|
Yaoundé -Soa
|
CTA HMY
|
10/10/09
|
9h-11h
|
12
|
Mlle POUFONG Estella
|
+
|
22
|
Célibataire
|
Bamiléké (ouest)
|
Commerçante
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
CTA HMY
|
20/10/09
|
9h10-11h10
|
13
|
Mme SIM Judith
|
+
|
39
|
Veuve
|
Ntumu (Sud)
|
Militaire
|
02
|
/
|
Yaoundé
|
CTA HMY
|
03/11/09
|
10h10-11h
|
14
|
Mme AGNES
|
+
|
41
|
Veuve
|
Nord-ouest
|
Contrôleur
poids-mesure
|
01
|
|
Santa
|
CTA HMY
|
02/11/09
|
9h-10h20
|
15
|
Mme 0073/08
|
+
|
28
|
Célibataire
|
Bulu (sud)
|
Ex-hôtelière
|
01
|
/
|
Ebolowa
|
UPEC CMPY
|
25/08/09
|
13h-13h30
|
16
|
Mme 0064/08
|
+
|
47
|
Veuve
|
Bamoun (ouest)
|
Ménagère
|
08
|
/
|
Akonolinga
|
UPEC CMPY
|
25/08/09
|
16h-16-30
|
17
|
Mme 0044/08
|
+
|
33
|
Célibataire
|
Eton (centre)
|
Elève institutrice
|
01
|
/
|
Yaoundé
|
UPEC CMPY
|
01/09/09
|
13h-13h33
|
18
|
Mme 062/09
|
+
|
33
|
Mariée
|
Toupouri (Extrême-nord)
|
Officier de police 2e grade
|
03
|
02
|
Sangmélima
|
UPEC CMPY
|
01/09/09
|
13h50-14h25
|
19
|
Mlle Adjara
|
+
|
24
|
Divorcée
|
Bamoun (ouest)
|
Sans profession
|
0
|
/
|
Yaoundé
|
UPEC CMPY
|
25/08/09
|
16h-17h
|
20
|
Mme Pasma Ahmadou
|
+
|
26
|
Mariée
|
Haoussa Extrême-nord)
|
Ménagère
|
01
|
02
|
Yaoundé
|
UPEC CMPY
|
13/08/09
|
14h30-15h20
|
21
|
Mme Solange BEKOMO
|
+
|
47
|
Veuve
|
Sawa (littoral)
|
Conseillère psycho sociale AFASO
|
05
|
/
|
Yaoundé
|
AFASO
|
18/08/09
10/09/09
|
15h-17h10
17h-17h20
|
22
|
Mlle Manuela
|
+
|
19
|
Célibataire
|
Banyangui (sud-ouest)
|
Elève
|
/
|
01
|
Yaoundé
|
AFASO Anonyme
|
18/08/09
|
9h-10h20
|
23
|
Mme 00670/00
|
+
|
40
|
Rupture union
|
Ewondo (centre)
|
Conseillère psycho sociale AFASO
|
05
|
/
|
Yaoundé
|
AFASO
|
10/11/09
|
9h45-10h50
|
24
|
Mlle Christiane
|
+
|
18
|
Célibataire
|
Eton (centre)
|
Etudiante
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
AFASO
|
18/08/09
|
11h-11h40
|
25
|
Mme 470/03
|
+
|
43
|
Rupture union
|
Béti (centre)
|
Employée de banque
|
/
|
02
|
Yaoundé
|
HDJ
|
16/09/09
|
10h-10h45
|
26
|
Mlle 299/09
|
+
|
25
|
Union libre
|
Niger
|
Paire Educateur
|
/
|
01
|
Yaoundé
|
HDJ
|
16/09/09
|
11h-12h
|
27
|
Mme 022/07
|
+
|
43
|
Rupture union
|
Bulu (centre)
|
Sans profession
|
0
|
0
|
Yaoundé
|
HDJ
|
30/09/09
|
13h-14h
|
28
|
Mme QD7177/03
|
+
|
34
|
Mariée
|
Ewondo (centre)
|
Coiffeuse
|
01
|
02 + grossesse
|
Yaoundé
|
AFASO
|
13/11/09
|
11h-11h30
|
29
|
Mme 1571/03
|
+
|
40
|
Célibataire
|
Yambassa (centre)
|
Vendeuse
|
/
|
/
|
Yaoundé
|
HDJ AFASO
|
27/08/09
|
10h22-11h
|
30
|
Mme QD 7235/05
|
+
|
38
|
Veuve
|
Bamiléké (ouest)
|
Conseillère psycho sociale AFASO
|
/
|
01
|
Yaoundé
|
HDJ AFASO
|
27/08/09
|
12h43-13h20
|
ANNEXE II
GUIDES D'ENTRETIEN
I-GUIDE D'ENTRETIEN POUR FEMMES SEROPOSITIVES SOUS ARV
1-Identification
-Nom ou pseudonyme ou numéro de dossier de prise en
charge
-âge
-ethnie
-profession
-religion
-statut matrimonial
-nombre d'enfants
2-Circonstance de découverte du statut
sérologique positif
3-Conseils reçus
4-gestion de l'information avec votre entourage
-partenaire
-famille et ami(e)s
-belle famille (pour celles qui sont mariées)
5-Recommandations et début de prise en charge
6-Motivations de la recherche de la prise en charge
7-médicaments et effets secondaires
8-gestion de votre sexualité et de votre désir
d'enfant
9-Nouveau rapport avec votre partenaire ou votre famille ou
belle famille
10-Symbolique de l'enfant
11-Symbolique de l'allaitement maternel
12-représentation du préservatif
13-Dépenses liés à votre prise en charge
-examens
-nutrition
-nutrition de l'enfant (pour celle qui a un enfant)
14-Difficultés rencontrées et mesures
palliatives
II-GUIDE D'ENTRETIEN POUR PERSONNELS DE SANTE
1- Caractéristiques sociodémographiques
-Sexe - âge
-statut sérologique
-Niveau d'instruction
-Ancienneté dans la profession
-Ethnie
-lieu de résidence
2-Circonstances courantes de découverte de la
séropositivité de vos patients
3-Connaissance et pratique en matière de prise en
charge et du suivi médical
-Recommandations immédiates
-critères de prise en charge du patient
séropositif
-mode d'observance des patients sous ARV
4-Morphologie et posologie des ARV
5-ARV et effets secondaires
6-Typologie de prise en charge
7-Cout des examens qui accompagnent la prise en charge
8-Gestion des l'information avec l'entourage du patient
(partenaire, famille et amis)
9- Influence du VIH sur la sexualité du patient
10-Mesures d'accompagnement des femmes séropositives
dans leur désir d'enfant
III-GUIDE D'ENTRETIEN POUR ASSISTANTES SOCIALES,
CONSEILLERES PSYCHOSOCIALES
1-1- Caractéristiques sociodémographiques
-Sexe -âge
-statut sérologique
-Niveau d'instruction
-Ancienneté dans la profession
-Ethnie
-lieu de résidence
2-Rôle et déroulement de la prise en charge
psychosociale des PVVIH
3-Condition d'éligibilité à cette prise
en charge
4-Période et lieu de la prise en charge
5-Gestion des problèmes socio affectifs, culturels et
religieux des PVVIH
IV-GUIDE D'ENTRETIEN POUR EXPERTS DE LA PTME
1- 1- Caractéristiques sociodémographiques
-Sexe -âge
-statut sérologique
-Niveau d'instruction
-Ancienneté dans la profession
-Ethnie
-lieu de résidence
2-Historique de la procréation chez les PVVIH
3-Gestion du désir d'enfant par les femmes
séropositives et nouvelles techniques
4- Femmes séropositives et allaitement
5-Difficultés de l'adoption des techniques
recommandées
ANNEXES IV
Tableau des dépenses pour la lutte contre le
sida (2004-2007)
|
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
|
|
Dépenses intérieures(en dollars
US)
|
1 334 544
|
4 411 183
|
6 002 497
|
9 617 262
|
|
|
Dépenses internationales (en dollars
US)
|
22 949 539
|
38 762 442
|
27 935 338
|
28 208 699
|
|
|
Dépenses intérieures et internationales
(en dollars US)
|
24 284 083
|
43 173 625
|
33 937 835
|
37 825 961
|
|
Source : Rapport CDMT279(*) SIDA Cameroun 2008-2010, 2007.
Tableau des prix de traitement ARV au Cameroun
de 2000-2007.
années
|
Prix du traitement ARV
|
Examens biologiques
|
2000
|
3 00 000-6 00 000
|
|
2001
|
70 000
|
|
2002
|
22 000
|
|
2003
|
22 000
|
|
2004
|
5 000
|
|
2005
|
5 000
|
|
2006
|
3 000-7 000
|
|
2007
|
0
|
3 000
|
Source :CLNS
TABLE DES MATIERES
-Epigraphe...................................................................................................I
-Dédicace...................................................................................................II
-Remerciements..........................................................................................III
-Résumé...................................................................................................IV
-Abstract...................................................................................................V
Liste des abréviations, sigles et
acronymes.........................................................XIII
-Liste des tableaux et
illustrations.......................................................................X
-Sommaire.................................................................................................XI
INTRODUCTION.........................................................................................1
I.
Problème..................................................................................................2
II.
Problématique...........................................................................................5
III. Questions de
recherche..............................................................................10
III-1-Question
principale................................................................................10
III-2-Questions
secondaires............................................................................10
IV. Hypothèses de
recherche...........................................................................10
IV-1-Hypothèse
principale..............................................................................11
IV-2-Hypothèses
secondaires...........................................................................11
V.
Méthodologie..........................................................................................11
V.1.Cadre théorique
d'analyse..........................................................................12
V.1.1.La théorie de l'imaginaire
social................................................................12
V.1.2.L'ethnométhodologie.............................................................................14
V.2.Cadre d'étude et techniques de collecte de
données............................................15
V.2.1. Cadre de
l'étude..................................................................................15
V.2.2.Techniques de collecte de
données.............................................................18
V.2.2.1.L'observation
directe...........................................................................18
V.2.2.2.L'observation
documentaire...................................................................19
V.2.2.3.Les
entretiens....................................................................................21
V.2.2.4. Les récits de
vie................................................................................22
V.3. Population de
l'étude..............................................................................23
V.4. Du traitement à l'analyse qualitative des
données.............................................27
V.4.1.La
transcription....................................................................................27
V.4.2.La
catégorisation..................................................................................28
V.4.3.L'analyse...........................................................................................28
VI. Définitions des concepts
opératoires...............................................................29
VII. Plan de
l'étude........................................................................................34
PREMIERE PARTIE : DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE
SEROPOSITIVITE DES FEMMES A LEUR PRISE EN
CHARGE...........................................................36
CHAPITRE I : CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA
SEROPOSITIVITE DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES
OBSERVEES.........................................38
I. DES CIRCONSTANCES COURANTES DE DECOUVERTE DU STATUT
SEROLOGIQUE......................................................................................43
I.1.Pendant les consultations
prénatales...............................................................43
I.2. Lors d'un épisode de maladie ou du
développement des pathologies opportunistes.......45
I.3.Après le décès d'un conjoint ou d'un
enfant..................................................48
I.4.Du dépistage
volontaire.............................................................................49
II. REACTIONS ET GESTION DE
L'INFORMATION..........................................51
II.1.Du rôle du personnel
médical.....................................................................52
II.2.Femmes dépistées séropositives et
comportements post test : l'heure du dilemme........54
II.2.1.Du statut
matrimonial...........................................................................55
II.2.2. De l'état d'esprit du patient avant le test et
du niveau de connaissance de celui ci sur la
maladie....................................................................................................56
II.2.3. Du statut socio-économique du
patient.......................................................57
II.2.4. De la trajectoire historique du
patient.........................................................58
II.3.Gestions et stratégies d'annonce de la
séropositivité..........................................58
II.3.1.Enjeux
économiques...............................................................................59
II.3.2.Enjeux
sociaux.....................................................................................60
II.3.3.Enjeux
spirituels...................................................................................62
CHAPITRE II : ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN
CHARGE.................64
I. ROLES DES HOPITAUX ET DES ASSOCIATIONS DES PVVIH DANS LA PRISE
EN
CHARGE..................................................................................................65
I.1.A
l'hôpital.............................................................................................65
I.1.1.Prise en charge
psychosociale.....................................................................66
I.1.2.Test d'éligibilité au
traitement...................................................................68
I.1.3.Prise en charge
thérapeutique....................................................................70
I.1.3.1.Offre des médicaments et de
soins............................................................70
I.1.3.2.Suivi
mensuel.....................................................................................71
I.1.3.3.Bilan
semestriel...................................................................................72
II. ROLES DES ASSOCIATIONS DES
PVVIH...................................................75
II.1.Soutien psychologique, social et spirituel aux
PVVIH..........................................75
II.1.1.Soutien psychologique et
spirituel...............................................................76
II.1.2.Soutien
social.....................................................................................81
II.2.Soutien nutritionnel, financier, et médical aux
PVVIH en association........................82
II.2.1.Soutien
nutritionnel.................................................................................82
II.2.2.Soutien
financier...................................................................................85
II.2.3.Soutien
médical....................................................................................86
DEUXIEME PARTIE : COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES
FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET
INCIDENCES............................................................................................88
CHAPITRE III : LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES
SEROPOSITIVES SOUS
TRAITEMENT...................................................................................90
I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES,
NORMES CULTURELLES SUR LA SEXUALITE ET LA PERCEPTION DE L'ACTE
SEXUEL...................................................................................................91
I.1.Discours biomédical sur la
sexualité................................................................91
I.1.1.Usage systématique et correct du
préservatif lors des rapports sexuels......................91
I.1.2. Un régime alimentaire
équilibré..................................................................93
I.2. Perception de l'acte
sexuel........................................................................93
I.3.Normes traditionnelles en matière de
sexualité en Afrique....................................95
I.3.1.Rapports sexuels naturels et finalité de
procréation..........................................96
I.3.2.Statut social de la femme et décision relative
à la sexualité en Afrique....................97
I.4.Nature des rapports sexuels chez ces
femmes....................................................99
I.4.1.Chez les femmes
mariées..........................................................................99
I.4.2.Chez les femmes
célibataires.....................................................................100
I.4.3.Chez les
veuves....................................................................................101
I.4.4.Les associations des PVVIH : une source de
motivation....................................102
II. FEMMES SEROPOSITIVES: ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES,
FAMILIALES, CULTURELLES ET RELIGIEUSES
..............................................................102
II.1. Les contraintes affectives et
familiales..........................................................102
II.1.1.Cas des femmes mariées ou ayant un (des)
partenaire(s) sexuel(s)........................103
II.1.2. Cas des femmes
célibataires...................................................................105
II.2. Les contraintes culturelles et
religieuses.......................................................106
II.2.1.Culture et
préservatif.............................................................................106
II.2.2.Religion et méthodes
contraceptives..........................................................109
II.2.2.1.Le
Christianisme...............................................................................109
II.2.2.2.L'Islam.........................................................................................111
CHAPITRE IV : LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS
TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU
CAMEROUN........................................113
I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES ET
REPRESENTATIONS SOCIALES DE L'ENFANT AU CAMEROUN.......................114
I.1.Normes thérapeutiques en matière de
procréation..............................................114
I.1.1.Une procréation sur autorisation
médicale....................................................115
I.1.2.Cas de restriction de grossesse chez les
femmes.............................................115
I.1.3. Différentes possibilités de
procréation avec assistance médicale de la PTME pour les femmes
à taux de CD4
élevé...........................................................................116
I.1.3.1. Procréation dans les couples
concordants...................................................117
I.1.3.2. Procréation dans les couples
discordants....................................................118
I.1.3.3. Pour les femmes déjà
enceintes...............................................................119
I.1.3.4. Traitement post partum des nouveaux- nés des
femmes séropositives.................120
I.2. Le poids des représentations sociales de
l'enfant...............................................121
I.2.1.Enfant comme preuve de la bonne santé de la
mère...........................................121
I.2.2.Enfant comme preuve de réussite sociale et gage
de l'avenir................................122
I.3. Allaitement et VIH au
Cameroun.................................................................124
I.3.1.Alimentation et
procréation......................................................................128
II. FEMMES SEROPOSITIVES ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES,
FAMILIALES, SOCIALES, ECONOMIQUES ET
CULTURELLES.................................................130
II.1.Procédures de conceptions et difficultés
familiales, économiques et culturelles.........130
II.1.1.Femmes séropositives entre Procédures de
conceptions et contraintes
socio-familiales..................................................................................................131
II.1.2. Des méthodes de conception contradictoires aux
habitudes traditionnels de la sexualité et de reproduction en
Afrique..........................................................................133
II.1.3.Une procédure économiquement
contraignante..............................................133
II.2.Allaitement et difficultés affectives, familiales,
culturelles et économiques................134
II.2.1.Modes d'allaitement en temps de VIH et contraintes
économiques......................135
II.2.2.Création d'un vide affectif entre la mère
et l'enfant........................................138
II.2.3.Allaitement et
société............................................................................139
CONCLUSION
........................................................................................143
BIBILIOGRAPHIE.....................................................................................155
ANNEXES................................................................................................164
TABLE DES
MATIERES.............................................................................175
* 1 ONUSIDA, Aids
epidemic update, 2006.
* 2 ibid.
* 3
http//www.camerounaids.
* 4
http://www.globalhealthreporting.org.
* 5 U.OLANGUENA
AWONO, Le SIDA en terre Africaine : l'audace des
ruptures, Toulouse, éd. Privat, 2006, p.15.
* 6 F. EBOKO et
C.RENAUDIN, « la lutte contre le SIDA au Cameroun :
collusion entre perspectives internationales et dynamiques d'un Etat
fragile » in terroir, n° SIDA 1-2, 2005, p.203.
* 7 Source : EDSC III
2004.
* 8 3 by 5 : une
politique qui a été mise en place en 2004 par l'ONUSIDA
permettant de placer au moins 3personnes infectées sur 5 sous
antirétroviraux à travers un fond international ; le
programme 3/5 fut en fait un projet qui permettait de fournir les
antirétroviraux à trois millions de personnes infectées au
VIH à l'horizon 2005.
* 9 MINSANTE, Plan
stratégique de lutte contre le VIH/SIDA/IST du secteur de santé
au Cameroun 2004-2006, novembre 2004.
* 10 H. MIMCHE et
al, « Les enjeux sexuels et reproductifs de la mise sous ARV
des PVVS au Cameroun », 5e conférence sur la
population africaine, Arusha, 2007, p.2.
* 11 J-M. ELA, Afrique,
L'irruption des pauvres. Société contre ingérence, pouvoir
et argent, Paris, L'harmattan, 1994, p.64.
* 12 -Source : UNESCO
1990
* 13 L. LAURINDO DA SILVA,
Vivre avec le SIDA en phase avancée, étude sociologique de la
maladie au Brésil, Paris, L'Harmattan, 1999.
* 14 D.KEROUEDAN,
« Christine, jeune femme séropositive. Réflexion sur la
prévention et la prise en charge du SIDA de la mère en Cote
d'Ivoire » in D.KEROUEDAN et F.EBOKO, Politiques publiques du
SIDA en Afrique, CAEN Bordeaux n 61-62, 1999, pp.3-8.
* 15 D. TABUTIN (dir),
Population et sociétés en Afrique au Sud du Sahara,
Paris, L' Harmattan, 1988.
* 16
J.TONDA, « SIDA, pentecôtisme et périls bio
politiques en Afrique centrale » in Enjeux n°31,
avril-juin, 62-66, 2007, pp.59-62.
* 17 U.OLANGUENA AWONO, op.
cit. p.35.
* 18 Revue internationale des
sciences sociales, Le VIH/SIDA vu par les sciences sociales,
UNESCO/érès, vol.186, n°4, 2005.
* 19 R. QUIVY et L.
CAMPENHOULT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod,
1995, pp.42-43.
* 20 G. T. MBANG,
« Statut social, connaissance et prévention du SIDA chez la
femme Camerounaise », Mémoire de Maitrise en Sociologie,
Université de Yaoundé, 1991-1992.
* 21 C. RENAUDIN,
« Prévenir et traiter le Sida en Afrique, l'exemple du
Cameroun », Mémoire de maitrise en Géographie,
Université Paul Valery (Mont Pellier 3), septembre 2004, p.91.
* 22 L. VIDAL, Faire de
l'Anthropologie. Santé, science et développement, Paris, La
Découverte, 2010.
* 23 H. MIMCHE et al. op.
cit.
* 24
http//.bms.france.fr/comment-entre-on-en-contact-avec-html :2/3
pendant la grossesse, 1/3 des cas lors de l'accouchement, et 10 à 30%
lors de l'allaitement si la femme n'est pas suivie.
* 25 F. EBOKO, « Le
droit contre la morale ? L'accès aux médicaments contre le
SIDA en Afrique » in Revue des sciences sociales...op. cit. p.789.
* 26 F. EBOKO, « Une
sociologie de l'accès aux médicaments contre le SIDA au
Cameroun », in Enjeux n°31, 2007, p.12.
* 27
http//calenda.revues.org/nouvelles11669.html.publié par D.
CAVALLO le 15 avril 2008.
* 28 Les ARV ont
été découverts en 1990, mais c'est en 1996 que leur
efficacité a été prouvée dans le monde entier.
* 29 ARNS,
Actualité en santé publique, doc. De l'ARNS, juin 2009,
p.2.
* 30 MINSANTE, Plan
stratégique..., op. cit.
* 31 D. DESGREES DU
LOU, « SIDA et fécondité » in A.
GUILLAUME et M. KHLAT (dir.), Santé de reproduction au temps du
SIDA, CEPER, 2001, p.101.
* 32 P. AGGLETON, Analyse
comparative : recherches effectuées en Inde et en Ouganda.
Discrimination, stigmatisation et rejet liés au VIH et au SIDA,
Genève, ONUSIDA, 2002.
* 33 D. DESGREES DU
LOU, ibid.
* 34 J-M. ELA, op. cit.
* 35-Chez les Béti
du Sud-Cameroun par exemple, la femme qui vient d'accoucher est
appelée « femme accomplie ou encore la remplie des
remplies ».
* 36 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11e
éd.2001, p.398.
* 37 C.
THIAUDIERE, Sociologie du sida, Paris, La Découverte,
coll. « Repères », 2002, p.24.
* 38 F. CHINDJI-KOULEU,
Mes premiers pas dans la recherche, Yaoundé, Sagraaph, 2002,
p.74.
* 39 T. LOCOH,
Fécondité et famille en Afrique de l'Ouest : le Togo
méridional contemporain, Paris, PUF, travaux et documents, cahier
n° 107, 1984.
* 40 J-M. ELA,
« Fécondité, structures sociales et fonctions
dynamiques de l'imaginaire en Afrique noire » in H. GERARD et V.
PICHE (dir.), La sociologie des populations, Montréal, PUM,
1995, p.192.
* 41 Concept de WEBER, M qui
montre que les individus ont tendance à s'autonomiser en se
détachant plus ou moins de leur groupe. Dans ce cas précis, ce
concept est utilisé pour expliquer les transformations sociales qui
s'opèrent dans la plupart des sociétés actuelles, en ce
sens que certes l'enfant appartient à la communauté mais les
charges liées à sa nutrition, à sa scolarisation, à
sa santé sont l'apanage de ses parents. Ce qui amène les
individus à restreindre leur fécondité.
* 42 Concept de M.
FOUCAULT, L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969,
p.166.
* 43 La
société africaine en générale est
caractérisée par un certains nombres de transformations sociales
à savoir : l'abondance des célibats, des mariages tardifs
dues à l'autonomie de la femme impulsée par sa scolarisation, son
accès à des emplois rémunérés.
* 44 J-M. ELA, op. cit.
p.198.
* 45 En Afrique noire
généralement, une femme qui n'a pas d'enfants est
étiquetée ou stigmatisée de malade ou de
sorcière.
* 46 En santé de
reproduction, avec les progrès de la science, une femme peut forcer
l'accouchement soit par assistance médicale ou par FIV ou
procréer à partir d'une couveuse. Quant à l'allaitement,
il peut avoir substitution du lait maternel au lait artificiel. Mais les
méthodes naturelles restent plus prisées car elles offrent une
force sociale à l'enfant.
* 47 H. MIMCHE et
al, op. cit. p.11.
* 48 J. KENYATTA, Au
pied du mont Kenya..., Paris, Maspero, 1967.
* 49 M. LALLEMENT,
Histoire des idées sociologiques : de Parsons aux
contemporains, Paris, Nathan, t2, 1993, p.231.
* 50 Expression utilisée
par les ethno méthodologues pour montrer que les individus ne sont pas
des marionnettes sociales.
* 51 E. GOFFMAN,
Stigmate. Les visages sociaux des handicaps, Paris, Minuit, 1975
* 52 J-M. ELA, La ville
en Afrique noire, Paris, Karthala, 1983.
* 53 S. M. ENO BELINGA et J.
P. VICAT, Yaoundé : une grande métropole africaine au
seuil du troisième millénaire, Yaoundé, Les
classiques Camerounais, 2001, pp. 4-6.
* 54 J-M. ELA, op. cit.
* 55 S. M. ENO BELINGA et J.
P. VICAT, ibid.
* 56 C. RENAUDIN, op.
cit. p.39.
* 57 La ville de
Yaoundé totalise à elle seule 7 CTA à savoir : celui
de l'hôpital central encore appelé hôpital du jour et
considéré comme CTA mère au Cameroun, celui de
l'hôpital général, du centre hospitalier de
Yaoundé, de l'hôpital militaire, de l'hôpital de la CNPS, de
l'hôpital Jamot, et enfin celui du centre mère et enfant de la
fondation Chantal BIYA.
* 58 J-M. ELA, op. cit.
* 59 Décision n
0190/D/MSP/CAB du 30 mars 2001 du Ministère de la Santé
Publique.
* 60 DAYANA est un projet
qui est en cours à l'HCY qui s'étant sur deux ans. Projet de
recherche qui fait ses essais thérapeutiques sur un certains nombre de
personnes séropositives n'ayant jamais pris un médicament,
ensuite chez les femmes séropositives qui ont été
désignées pour ce projet ; le souhait du projet c'est
qu'elles ne tombent pas enceintes mais dans le cas contraire elles sont
toujours maintenues dans le projet.
* 61
Généralement, ils préfèrent se faire prendre en
charge dans leurs structures hospitalières.
* 62 Voir A. MUCCHIELI,
Les méthodes qualitatives, Paris, PUF, coll. Que
sais-je ?, 1994.
* 63 H. MENDRAS,
Eléments de sociologie, Paris, Armand colin, 1967, p.74.
* 64 Voir A. TOURAINE,
Pour la sociologie, Paris, Seuil, 1974.
* 65 V. NGA
NDONGO, « L'opinion camerounaise », thèse de
Doctorat d'Etat en sociologie, Université de Paris x Nanterre, 1999, t1,
p.23.
* 66 S. BEAUD et F. WEBER,
Guide de l'enquête de terrain, Paris, La découverte,
2003, p.143.
* 67 J. GUIBERT et G. JUMEL,
Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et
sociales, Paris, Armand colin, 1997, p.97
* 68 R. GHIGLIONE et B.
MATALON, Les enquêtes sociologiques : théories et
pratiques, paris, Armand colin, 1992, p.92.
* 69 V. NGA NDONGO, op. cit.
p.283.
* 70 J-M.
ELA, « fécondité... », op. cit.
p.191.
* 71 A. BLANCHET et A.
GOTMAN, L'enquête et ses méthodes : L'entretien,
Paris, Armand colin, 2e éd. Coll.128, 2007, p.17.
* 72 Cf. tableau de
distribution des enquêtés à la section
intitulée : population d'étude.
* 73 P. RABINOW, Un
ethnologue au Maroc : Réflexion sur une enquête de
terrain, Paris, Hachette, 1988, p.137.
* 74 A. BLANCHET et A.
GOTMAN, op. cit. p.71.
* 75 R. WILLIAM,
« Pour une micro- sociologie historique » in H. GERARD et
M. LORIAUX, Au-delà du quantitatif : espoirs et limites de
l'analyse qualitative en démographie. Chaire de Quételet,
Liège, UCL, 1985, p.80.
* 76 ONU, Conduite de
petites enquêtes nutritionnelles : Manuels de terrain, Rome,
n°5, 1992, p.29.
* 77 S. BEAUD et F. WEBER,
op. cit. p.177.
* 78 A. BLANCHET et A.
GOTMAN, op. cit. p.89.
* 79 G.
GURVITCH, La vocation actuelle de la sociologie,
Paris, PUF, 1950.
* 80 G. BALANDIER, dans son
ouvrage intitulé Sens et puissance : Les dynamiques
sociales, Paris, PUF, 1971
* 81 Voir
C. W. MILLS, L'imagination sociologique, Paris, Maspero, 1978.
* 82 -concepts
utilisés par G. BALANDIER qu'il utilise pour montrer que la
réalité sociale révèle toujours une signification
qui n'est pas toujours ce qu'elle parait être ou ce qu'elle est. Elle a
un contenu qui ne peut être révélé qu'en
profondeur.
* 83 E. DURKHEIM, Les
règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1999,
p.34.
* 84 Voir BLOCH et Al
(dir), Dictionnaire fondamental de la psychologie,
A-K, Paris, Larousse, 1997, p.240.
* 85 WATSON, Le
behaviorisme, Paris, CEPL, 1972.
* 86 A.
AKOUN et P. ANSART (dir.), Dictionnaire de sociologie,
collection le Robert/Seuil, 1999, p.98.
* 87 A. HARDON,
« la lutte contre l'épidémie du VIH /SIDA en Afrique
subsaharienne : les politiques à l'épreuve de la
pratique » in Revue internationale des sciences sociales :
le VIH/SIDA vu par les sciences sociales, 186, UNESCO, 2008, p.661.
* 88 Selon le rapport
établi par l'EDSC III, 17% de filles et 8,1% de garçons de 15
à 24 ans ont fait leur test de dépistage. Mais seuls 7,3% de
filles et 6,7% de garçons ont retiré leurs résultats. Dans
la tranche 25-29 ans, 31,9% des femmes ont fait leur test, mais seulement 11,7%
ont retiré leur résultat contre 21,9% des hommes qui ont
été testé mais 19,5% d'entre eux ont retiré les
résultats de leur test. Dans la tranche de 30-39 ans, 28,1% de femmes
ont été testées mais seulement 11,0% d'entre elles qui ont
retiré leurs résultats. Par contre chez les hommes de cette
même tranche, 24% ont été testés mais 20,8% ont
retiré leurs résultats. Quant à la tranche de 40-49 ans,
22% des femmes ont été testées mais seulement 12,8% ont
retiré leurs résultats. Quant aux hommes, 22,8% ont
été testés, mais 18,8% ont retiré leurs
résultats.
* 89 La prise en charge
n'apparait pas toujours évidente pour certaines personnes au
Cameroun ; car, avec la rumeur qui est de temps en temps rependue faisant
acte de la rupture des ARV, ils estiment que la vie des séropositifs qui
en dépend peut toujours s'arrêter à tout moment.
* 90 Entretien, janvier
2010.
* 91 Entretien, août
2009.
* 92 J. BENOIST (dir), Se
soigner au pluriel. Essai sur le pluralisme thérapeutique, Paris,
Karthala, 1996.
* 93 Pour besoin de
confidentialité, certaines femmes ont émis le souhait de ne pas
voir leurs noms apparaitre, c'est pour cette raison que nous les appelons par
leur numéro de dossier de prise en charge. Cette initiative rentre
toujours dans le cadre du respect de la stricte confidentialité et de la
vie privée des patientes.
* 94 Entretien, septembre
2009.
* 95
« Déclaration universelle sur la bioéthique et les
droits de l'homme » in Revue internationale des sciences
sociales : le VIH/SIDA vu par les sciences sociales,
UNESCO/ères, n°186, pp.811-819
* 96 Entretien, Août
2009
* 97 Entretien, novembre
2009.
* 98 Extrait de propos d'une
enquêtée.
* 99 Entretien, septembre
2009.
* 100 A.
DESGREES DU LOU, op. cit.
* 101 Entretien, octobre
2009.
* 102 A. DESGREES DU LOU,
ibid.
* 103 Entretien, août
2009.
* 104 Entretien, octobre
2009.
* 105 Entretien, septembre
2009.
* 106 Parmi les
métiers dont le recrutement nécessite au préalable le
passage d'un test de VIH /SIDA on put citer : le métier des armes
(armée, police), l'emploi dans certains Hôtels etc....
* 107 Entretien, août
2009.
* 108 Entretien, août
2009.
* 109 U. OLANGUENA AWONO,
op. cit. p. 121.
* 110 Extrait de propos
d'une enquêtée
* 111 Entretien, septembre
2009.
* 112 C. BIOS
NELEM, « La médiatisation de la sphère
privée au Cameroun : facteurs et enjeux », thèse
de doctorat Ph/D en sociologie politique, Université de Yaoundé
I, Octobre 2008, p.105.
* 113 SCHENEEBERGER et M.
PERMET, « personnel de santé face à l'infection par
VIH » in SIDA et infection par VIH, Paris, Flammarion,
p.521.
* 114 Entretien, janvier
2010.
* 115 Entretien, octobre
2010.
* 116 Sandra LUCCHETTI
« Défi et menace : théories subjectives d'un
séropositif et d'un sidéen » in UWE FLICK, La
perception quotidienne de la santé et de la maladie ;
théories subjectives et représentations sociales, P.
177.
* 117 Entretien, novembre
2009.
* 118 ibidem.
* 119 S. FAIZ RACHID,
« Peu de pouvoirs, peu de choix : droits sexuels et reproductifs
dans le contexte des bidonvilles au Bangladesh » in Au coeur de
l'importance de la sexualité, IDS, Bulletin, vol 37, n°5,
2008, p.118.
* 120 Entretien, janvier
2010 au siège du CEAM.
* 121 Entretien, novembre
2009 au CTA de l' HMY.
* 122 C. THIAUDIERE, op.
cit.
* 123 Entretien,
février 2010.
* 124 cf. tableau des
grilles de prix aux annexes.
* 125 L. NCHOUNDAP LIMBEPE,
op. cit. p.76.
* 126 Entretien, novembre
2009.
* 127 L'aide ici est de
plusieurs natures : financière, matérielle, spirituelle ou
sociale.
* 128 E. GOFFMAN, op.
cit.
* 129 Entretien, août
2009.
* 130 Entretien, septembre
2009.
* 131 I. BARDEM et I.
GOBATTO, Maux d'amour, vies de femmes : sexualité et
prévention du SIDA en milieu urbain Africain, Paris, Harmattan,
1995, p.27.
* 132 Entretien, septembre
2009.
* 133 Entretien, septembre
2009.
* 134 Se
référer à l'extrait du récit de vie sus
-cité.
* 135Entretien, août
2009.
* 136 W. SCHRAMM,
L'information et le développement national, UNESCO, 1964,
p.102.
* 137 Entretien,
septembre2009.
* 138 Lorsque le VIH entre
dans l'organisme, les globules blancs réagissent en produisant des
substances chimiques appelées anticorps. C'est la présence de ces
substances qui montre que l'organisme est infecté au VIH/SIDA.
* 139 W. SCHRAMM, op.
cit.
* 140 Tenir compte des IO
ou de la grossesse chez les femmes enceintes.
* 141 Conformément
à l'article 5 de la décision n 00094/C/MSP/CAB du 14 janvier 2005
portant sur les traitements des infections opportunistes.
* 142 L. NCHOUTNDAP, op.
cit. p.33.
* 143 Entretien, aout
2009.
* 144 Cette phase
s'accompagne très souvent de plusieurs signes cliniques comme :
-infection invasive à salmonelle
-pneumonie à pneumocystis (pic de fréquence
entre 4 et 7 mois de vie)
-candidose oesophagienne
-zona
-dermatose généralisée persistante ne
répondant pas au traitement
-fièvre prolongée ou récurrente
-infections bactériennes sévères
récurrentes
* 145 Parmi les IO
récurrentes chez les personnes infectées au VIH on peut citer la
tuberculose, les hépatites virales B et C, la syphilis, la chlamydiose,
le chancre mou, l'herpès, etc...
* 146 Entretien, septembre
2009.
* 147 SIDA : un
glossaire, mise à jour, juillet 2005, Act up, Paris, p.36.
* 148 ARNS, op. cit.
p.2.
* 149 Manque de
médecins, infirmiers qualifiés, et assistants sociaux.
* 150 Entretien,
février 2009.
* 151ARNS, op. cit.,
p.12.
* 152 M. A. ABESSOLO,
« L'impact de la prise en charge psychosociale sur
l'amélioration de l'état de santé des jeunes femmes
séropositives de 21 à 30 ans : le cas de l'hôpital de
jour de l'hôpital central de Yaoundé », mémoire
de maitrise de psychologie, Université de Yaoundé I, 2001-2002,
p.21.
* 153 L'auto-discrimination
est une attitude qu'adopte généralement les séropositifs
pour se retirer, se marginaliser de la société parce qu'elles
estiment qu'elles ne sont plus des personnes normales.
* 154 L'auto-stigmatisation
est une attitude qui consiste à un auto-déclassement. Au cours
de notre enquête, nous avons vécu cette auto-discrimination avec
la plupart de nos enquêtées célibataires qui ont
avouées qu'elles ne peuvent plus se marier à cause de leur statut
sérologique. Au Cameroun actuellement, nombreuses sont des personnes qui
recourent au test pré marital avant de s'unir.
* 155 Entretien, septembre
2009
* 156 Voir C. THIAUDIAIRE,
op. cit. En effet, il utilise ce concept pour montrer que le SIDA devient une
maladie qui s'attaque à l'individu et lui laisse la possibilité
de vivre longtemps. Ce qui participer au changement de perception chez
celui-ci.
* 157 L. NCHOUTNDAP,
LIMBEPE, op cit. p.60.
* 158 Entretien, novembre
2009.
* 159 Entretien avec
Rosita, 28 ans, Secrétaire générale du CEAM, janvier
2010.
* 160 Entretien, avec Mme
QD 7235/05, 38 ans, veuve, membre de l'AFASO aout 2009.
* 161 Entretien avec Maman
Coco, AFASO, septembre 2009.
* 162 Entretien, septembre
2009.
* 163 U. OLANGUENA AWONO,
op cit, p.59.
* 164 Entretien, aout
2009.
* 165 Entretien, septembre
2009.
* 166 Mendong est un
quartier de la ville de Yaoundé 6e.
* 167 Entretien, novembre
2009.
* 168 Parmi ces aliments,
nous pouvons citer : du poisson, de la viande, des oeufs, des
légumes, etc...
* 169 Parmi ces agrumes, on
peut citer : des oranges, des citrons, des mandarines, des
pamplemousses...
* 170 AGR signifie
activité génératrice des revenus. Forme de micro projet
subventionné dans les associations des PVVIH, pour promouvoir leur
autonomie. Ceci en réaction aux abandons multiformes dont sont victimes
ces personnes en détresses.
* 171 Entretien, septembre
2009.
* 172 Lire à ce
titre : G. T. MBANG, op. cit. / N. LYDIE et GARENNE,
Genre et SIDA, Paris, CEPED, n° 67 ou Revue des
sciences sociales, op. cit.
* 173 Entretien, janvier
2010.
* 174 P. BEAT SONGUE,
SIDA et prostitution au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1993, p.29.
* 175 N. LYDIE et GARENNE,
op. cit.
* 176 I. HEARD,
« l'absence de protection pendant les rapports sexuels entre des
sujets séropositifs pour le VIH est-elle un facteur de risque de
progression vers le SIDA ? » in
Séropositivité, vie sexuelle et risque de transmission du
VIH, collection sciences sociales et SIDA, ARNS, septembre 1999, p.39.
* 177 Entretien, août
2009.
* 178 Entretien, septembre
2009.
* 179 Entretien d'une femme
citée par I. THERY, « Une femme comme les
autres » séropositivité, sexualité et
féminité » in op. cit. pp.116-136.
* 180 F. LERT et Y.
SOUTENAUD, op. cit. p. 7.
* 181 C. RENAUDIN, op. cit.
p.89.
* 182 G. MEYSTRE
AGUSTONI, « Prises de risque chez les personnes vivant avec le
VIH/SIDA » in op. cit. pp.103-104.
* 183 Entretien avec madame
0044/08,33 ans, élève institutrice rencontrée à
l'UPEC du CMPY, septembre 2009.
* 184 Entretien avec madame
0064/08, 47 ans, veuve, rencontrée à l'UPEC du CMPY, août
2009.
* 185 Entretien avec madame
Agnès, 41 ans, veuve, rencontrée au CTA de l'HMY, novembre
2009.
* 186 Entretien avec Mme
022/07, 43 ans, rupture d'union, rencontrée au CTA de l'HDJ, septembre
2009.
* 187 J. P. OMBOLO,
Sexe et société en Afrique noire, Paris, Harmattan 1990,
p.118.
* 188 PAQUOT (dir) ;
Terre des femmes, Paris, La découverte-Maspero, 1982, p.111.
* 189 L. M. OMGOUM,
« poème des femmes Bamiléké » in
Barbier, J, C, (dir), Femmes du Cameroun, Paris Karthala, 1985,
p.294.
* 190 Voir C. GUIONNET et
E. NEVEU, Féminins/Masculins. Sociologie du genre, Paris,
Armand Colin, 2004.
* 191 S. FAIZ RASHID, op
cit, p.122.
* 192 Ibid.
* 193 M. CHIPASULA-BANDA et
al, « Violence sexuelle et vulnérabilité des femmes
à la transmission du VIH au Malawi. Les droits des femmes » in
Revue...op cit, p.716.
* 194 Entretien, novembre
2009.
* 195 M. CHIPASULA-BANDA et
al, ibid. p.717.
* 196 Terme
empreinté chez les anglo-saxonnes, puis transformé de cette
manière pour désigner une maladies qui tue automatiquement.
* 197 Entretien, septembre
2009.
* 198 F. DELOR,
« Vie sexuelle des personnes atteintes, sérodiscordance et
risque du SIDA » in Séropositivité...op.cit.,
p.92.
* 199 Entretien, septembre
2009.
* 200 Entretien, septembre
2009.
* 201 Entretien, août
2009.
* 202 H. MIMCHE et al, op.
cit. p.2.
* 203 - G. LANGUE MENYE et
al, op.cit. 1999 p.11.
* 204 Entretien, août
2009.
* 205 Entretien, septembre
2009.
* 206 Des études
ont montré que des rapports sexuels forcés sont récurrents
dans nombreux foyers.
* 207 PEMPELANI MUFUNE,
op. cit. in Revue...op. cit. p.751.
* 208 Entretien, septembre
2009.
* 209 PEMPELANI MUFUNE,
ibid. p.755.
* 210 HART et al,
« Women attitudes to condoms and female controlled means of
protection against HIV and STDs in South western Uganda » in AIDS
care, 11,1999, p.687.
* 211 Entretien, septembre
2009.
* 212 E. C.
NDOMBOU NDOMBOU, « La perception du SIDA par les jeunes
de Melong (Moungo) » Mémoire de maitrise de sociologie,
Université de Yaoundé I, 2003-2004, p.74.
* 213 F. NGUEMEN,
« Acceptabilité du condom féminin chez les personnes
sexuellement actives à Yaoundé », mémoire de
maitrise en sociologie, université de Yaoundé I, décembre
2000, p.54.
* 214 Nom donné au
préservatif féminin.
* 215 F. NGUEMEN, ibid. il
énumère les difficultés liées à
l'utilisation du préservatif féminin en évoquant ces
arguments :
-Sa rareté et sa disponibilité car dans tous les
points de vente, des boutiques lorsqu'un individu demande le
préservatif, on lui donne le préservatif masculin. Les points de
vente de préservatifs féminins restent encore rares.
-les difficultés liées à son insertion
à cause de la présence de l'anneau interne et son retrait.
-sa forme physique, il est très grossier.
-son manque de lubrifiant qui entraine des douleurs pendant
l'utilisation
- Des bruits pendant l'utilisation qui peuvent rendre l'acte
sexuel dégoutant.
-Son coût énorme. Les individus
préfèrent s'offrir 3 ou 4 préservatifs masculins au prix
d'un préservatif féminin (100 francs CFA).
* 216La première
visite papale en Afrique avait lieu le17 mars 2009.
* 217Source :
http//www.globalhealthreporting. Réponse donné par le pape
Benoit XVI à Philippe VISSEYRIAS de France 2 sur la position de
l'église catholique quant aux moyens de lutter contre le Sida souvent
considéré comme irréaliste et inefficace. Traduit de
l'italien par : Agence i. media.
* 218 Ibidem. Propos de
l'archevêque de Kinshasa (République Démocratique du Congo)
soutenant la position du pape.
* 219 S. AWA
NDAPU, « La religion comme mécanisme d'adaptation pour
les personnes vivant avec le virus du SIDA : La vie spirituelle des
personnes vivant avec le VIH/SIDA » Mémoire de Maitrise
d'Anthropologie, Université de' Yaoundé I, 2005-2006.
* 220 Entretien, septembre
2009.
* 221 Entretien, août
2009.
* 222 G. NGEUKENG,
« Cameroun : les orphelins du sida ; la crise
silencieuse », KNB-BIA supplément 459, coll. forum associatif
tous ensemble, 2003, p.2.
* 223 Tuberculose ou
pneumonie à pneumocystis carinii (pcp)
* 224 0,01%. Selon le Dr M.
BOMIA, « Femme VIH et procréation. Formation des pairs
conseillers ».
* 225 Ibid.
* 226 Entretien, septembre
2009.
* 227 Entretien, septembre
2009.
* 228 Désinfectants
utilisés pour le nettoyage des nouveaux -né pour éviter
toute infection au cours de l'accouchement qui peut être transmise par la
mère. Dans la PTME ces produits sont très prisés car, ils
permettent de réduire le taux de transmission lié à
l'accouchement.
* 229 Dans le cadre de la
PTME, pour réduire les risques de contamination du bébé,
il est régulièrement suivi dans un centre de santé. Suivi
au cours duquel, il a un calendrier spécial de vaccination :
-à la naissance, s'il est asymptomatique, il
bénéficie d'un vaccin BCG, d'un polio oral. Apres 6, 10, 14
semaines, il prend un DTC coq+polio oral, un vaccin Hépatite B et
Haemophiluis B. A 6 mois, il bénéficie d'un vaccin de
Rougeole+vit. A puis à 9 mois, de l'Antiamarile, Rougeole,
Hépatite B.
Mais lorsqu'il est à un stade symptomatique, à
la naissance, il prend un polio oral, à 6, 10, 14 semaines, il
bénéficie d'un DTC coq+polio oral, un vaccin Hépatite B et
Haemophiluis B, à 6 mois d'un vaccin de Rougeole si son cas de
déficit immunitaire est sévère +vit. A et à 9 mois
Rougeole, Hépatite B.
A 18 mois, il passe à un diagnostic sérologique.
S'il est positif ,on se réfère au TAR qui convient.
* 230 En Afrique, selon les
représentations sociales, l'infertilité n'est
appréhendée que du coté de la femme. Si l'homme a
déjà la possibilité d'être en érection, alors
on suppose qu'il est bien portant et par conséquent il peut faire des
enfants. Dans le cas où il n y a pas d'enfant la société
suppose que c'est la femme qui a des problèmes de conception.
* 231 THEGHO,
L'enracinement culturel en Afrique : une nécessité pour un
développement durable, Yaoundé,
ed.Demos, 2001 pp.70-71.
* 232 Dans la plupart des
sociétés, les parents font des enfants pour leur donner le nom
des ancêtres. Par ce système d'anthroponymie ces personnes
ressuscitent les personnes déjà décédées et
cela leur permet d'avoir non seulement une protection mais aussi une
bénédiction de la part des ancêtres.
* 233 G. NICOLAS,
Dynamique sociale et appréhension du monde au sein d'une
société Haussa, Paris, éd. Centre National de
recherche scientifique, 1975, p.185.
* 234 ISATOU TOURAY,
« sexualité et droits ... » op. cit. p.131.
* 235 Entretien, septembre
2009.
* 236 Lait facile à
digérer, nutritif et complet, toujours disponible, ne nécessite
pas de préparation spéciale, protège de la
diarrhée, de la pneumonie et d'autres infections/maladies, renforce le
lien entre la mère et son bébé.
* 237 Une alimentation de
substitut est une alimentation qui peut être utilisée pour
remplacer le lait maternel comme le lait de vache, de chèvre, et
d'autres boissons
* 238 DR M.
BOMIA, « Santé de l'enfant né de mère
séropositive », CAMNAFAW, 6-10 aout 2007.p.1.
* 239 Entretien, septembre
2009
* 240 DR M. BOMIA, op. cit
.
* 241 P. VAN DE PERRE,
« Epidémiologie, questions de santé publique et
dernière recommandations » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE,
(dir), Allaitement et VIH en Afrique de l'Ouest : De l'anthropologie
à la santé publique, Paris, Karthala, p.60.
* 242 La pasteurisation du
lait se fait à 62,5° pendant 30 minutes ou à 57°
pendant 33 minutes pour éliminer les particules de VIH1.
* 243 Parmi les aliments de
substitution on peut citer le lait animal modifié notamment celui de la
vache, ou de la chèvre qui sont disponibles en liquide ou en poudre.
* 244 INFO.
« Réponses aux questions sur l'allaitement : Guide
à l'intention des prestataires de services », mars 2005,
n°5, p.7.
* 245 A. DESCLAUX et B.
TAVERNE (dir), ibid.
* 246 Entretien, août
2009.
* 247 Puisqu'au cours de
cette période (septembre 2009), les musulmans étaient en plein
Ramadan.
* 248 Entretien, septembre
2009.
* 249 Entretien, novembre
2009.
* 250 Entretien, septembre
2009.
* 251 ibidem.
* 252 Communication d'ABE
C, dans le cadre de l'inauguration du site de l'agence ARNS, en juin 2009 au
palais des congrès de Yaoundé
* 253 H. MIMCHE et al, op.
cit. p.8.
* 254 Ces prix sont ceux du
Centre Pasteur du Cameroun, qui est considéré comme un centre de
référence du pays en ce qui concerne les examens. Dans d'autres
structures hospitalières, ces prix peuvent être de moindre ou de
plus. Mais l'écart n'est pas très considérable.
* 255 A. DESCLAUX,
« Transmission du VIH par allaitement : mesures de
prévention en Afrique » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE (dir),
Allaitement ... op. cit. p.113.
* 256 Entretien, août
2009.
* 257 Le manque de vitamine
et minéraux essentiels comme le calcium, l'iode, le fer, le zinc est
à l'origine des maladies ou troubles de carence en micronutriment.
-l'absence de vitamine A entraine la cécité
- l'absence d'iode entraine le goitre, le crétinisme
-l'insuffisance de fer est à l'origine des
anémies qui ont des conséquences comme l'affaiblissement du
système immunitaire.
* 258 Ce lait est plus
couteux en pharmacie que dans des supermarchés ou des boutiques.
* 259 Source : Mme SIM
Judith, une femme séropositive qui a nourri son enfant au biberon.
* 260 Entretien, septembre
2009.
* 261 De nos jours,
Yaoundé qui est la capitale politique du pays est confronté
à des difficultés d'approvisionnement en eau potable. Cette
situation concerne pratiquement tous les quartiers de la ville. Pour contourner
cette situation, des véhicules des sapeurs pompiers et de la
communauté urbaine sont souvent utilisées pour le ravitaillement.
Encore faut- il s'interroger sur la qualité de l'eau du ravitaillement.
Ce qui laisse croire que dans l'arrière pays c'est une situation plus
présente.
* 262 Banque mondiale,
Pour une meilleure santé en Afrique, Washington DC, 1994,
p.36.
* 263 ZAZZO,
L'attachement, Lausanne, De la chaux et Niestlé,
rééd.1997.
* 264 MADINA QUERRE,
« la voie du lait. Le sens des pratiques autour de l'allaitement chez
les Peul du Séno » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE, B. (dir),
op. cit. p.204.
* 265 A. TOURAINE, op.
cit.
* 266 E. DURKHEIM, De
la division du travail social, Paris, PUF, 1996, 3e
éd.
* 267 A. DESCLAUX et B.
TAVERNE, op. cit.
* 268 MADINA QUERRE, ibid.
p.200.
* 269 Entretien, septembre
2009.
* 270 Vivre le SIDA, le
livre blanc des états généraux du 17 au 18 mars 1990
à Paris, éd. Du Cerf, Paris, 1992, p.85.
* 271 H. MIMCHE et al, op.
cit. p.8.
* 272 -plusieurs campagnes
de dépistage gratuit sont régulièrement organisées
à l'intention de tout le monde. Ceci pour faciliter un accès
général à la connaissance du statut sérologique par
les Camerounais.
* 273 -H. MIMCHE et al, op.
cit. p.10.
* 274 -A. M.
KEGNE, « Sensibilisation du VIH/SIDA et changements de
comportements sexuels à risques chez les femmes : le cas des femmes
Bansoa de Yaoundé », Mémoire de maitrise de
psychologie, Université de Yaoundé I, 2002-2003, p.22.
* 275 -ARNS, op.cit.
p.11.
* 276 -C. RENAUDIN, op.
cit. p.90.
* 277 -U. OLANGUENA AWONO,
op. cit. pp.35-36.
* 278 -cf. spots
publicitaires dans les média.
* 279 Cadre de dépenses
à moyen terme.
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