III-3-3 Variations saisonnières numériques
des imagos de Culicidae
Les résultats de l'influence des saisons sur l'abondance
des différentes espèces de Culicidae sont
représentés dans le tableau 11.
Le tableau 11 montre que la petite saison sèche est la
plus abondante avec 2084 individus annuels. L'espèce dominante est
Anopheles moucheti avec 1408 individus (27,98%), tandis que
l'espèce la moins abondante est Aedes vittatus avec 52
espèces (01,03%).
Le test de Fischer (ANOVA) montre qu'il n'existe pas une
différence significative entre les variations de l'abondance de toutes
les espèces de Culicidae, sauf chez Aedes aegypti
où la variation est significative (F=4,186 ; ddl=3 ; p=0,047).
Tableau XII : Evolution saisonnière des
différentes espèces de Culicidae de l'étang du
quartier Mairie de Zoétélé en 2006.
Saisons
Espèces
|
GSS
|
PSP
|
PSS
|
GSP
|
Totaux
|
F
|
ddl
|
P
|
Anopheles moucheti
|
236
|
724
|
198
|
250
|
1408
|
3,258
|
3
|
0,081
|
Anopheles nili
|
192
|
454
|
169
|
204
|
1019
|
1,665
|
3
|
0,251
|
Anopheles gambiae
|
132
|
277
|
109
|
137
|
655
|
0,515
|
3
|
0,683
|
Culex quinquefasciatus
|
78
|
129
|
148
|
137
|
492
|
1,024
|
3
|
0,432
|
Culex duttoni
|
57
|
113
|
86
|
98
|
354
|
0,800
|
3
|
0,528
|
Anopheles funestus
|
101
|
144
|
28
|
73
|
346
|
1,119
|
3
|
0,397
|
Aedes albopictus
|
35
|
94
|
117
|
56
|
302
|
4,031
|
3
|
0,051
|
Aedes aegypti
|
19
|
54
|
57
|
27
|
157
|
4,186
|
3
|
0,047
|
Aedes tarsalis
|
15
|
43
|
43
|
25
|
126
|
2,967
|
3
|
0,097
|
Culex tigripes
|
21
|
35
|
31
|
35
|
122
|
0,593
|
3
|
0,637
|
Aedes vittatus
|
6
|
17
|
20
|
9
|
52
|
1,583
|
3
|
0,268
|
Totaux
|
892
|
2084
|
1006
|
1051
|
5033
|
|
|
|
III-4 MORPHOLOGIE SOMMAIRE DES IMAGOS DES DIFFERENTES
ESPECES DE CULICIDAE IDENTIFIEES AU QUARTIER MAIRIE DE ZOETELE EN
2006
Caractères sommaires morphologiques :
Les palpes sont lisses avec trois bandes pâles, bande
apicale pâle impliquant tout le dernier segment ; costa avec une tache
pâle à l'apex de la nervure anale et d'une tache pâle entre
la nervure anale et la base de l'aile ; présence d'une tache pale
à l'apex des tarsomères I à IV des pattes.
Caractères sommaires morphologiques :
Les palpes des femelles avec trois ou quatre bandes pâles ;
costa avec cinq taches pâles dont deux basales ; tarse antérieur
largement annelé et pâle au niveau des articulations.
Caractères sommaires morphologiques :
Les pâles de femelles avec trois bandes pâles
très étroites ; costa avec quatre taches pâles, le quart
basal entièrement noir ; fémur, tibia entièrement noirs,
parfois une tache pâle à l'apex du tibia des pattes prothoracique
et métathoracique.
Caractères sommaires morphologiques :
Proboscis noir, parfois pâle ; écailles
présentes et sombres ; tarses I à III avec des bandes pâles
basales et apicales, tarses IV et V entièrement pâle.
Caractères sommaires morphologiques :
Proboscis noir et intensivement blanc ventralement chez la
femelle ; pas d'écailles ; tibia et tarses I à V avec des bandes
pâles basales et apicales chez la femelle.
Caractères sommaires morphologiques :
Proboscis noir ; écailles sombres sur le corps et jaunes
à la limite des ailes ; fémur, tibia et tarses sombres
excepté le fémur de la patte mésothoracique ; aile
entièrement sombre avec des écailles jaunes à leur
limite.
Caractères sommaires morphologiques :
Présence d'une large ligne médiane sur le thorax ;
pas de plaques blanches ; tibia entièrement sombre, fémur avec
une tache pâle basale, avec celui de la patte métathoracique
présentant une ligne blanche ; tarses I à II des pattes pro et
mésothoraciques avec une bande pâle apicale, tarses I à IV
de la patte métathoracique avec une bande pâle apicale, et tarse V
entièrement pâle.
Caractères sommaires morphologiques :
Plaques blanches antérolatérales en forme de
lyse ; ligne blanche présente sur le fémur des pattes ; tarses I
à II des pattes pro et mésothoracique avec une bande pâle
apicale ; tarses I à IV de la patte métathoracique avec une bande
pâle apicale et tarse V entièrement pâle.
Caractères sommaires morphologiques :
Présence d'une bande blanche cylindrique sur le proboscis
; présence des taches apicales et subapicales sur les tarses.
Caractères sommaires morphologiques :
Présence de cinq paires de plaques blanches
dorso-ventralement ; fémur moucheté avec des bandes blanches
subapicales ; tarses I à III des pattes pro et mésothoracique
avec une bande blanche apicale ; tarses I à IV de la patte
métathoracique avec une bande pâle apicale et tarses V
entièrement pâle.
DISCUSSION
De la présente étude, il ressort que les larves
de la sous-famille d'Anophelinae (63,51%) sont plus abondantes
(36,59%), que celles de Culicinae (36,59%). Ces résultats sont
similaires à ceux enregistrés par Akono (2005), qui a
récolté à Nkolbisson (quartier périphérique
de Yaoundé) 62,48% des larves d'Anophelinae et 37,57% de
Culicinae. La forte proportion de la sous-famille
d'Anophelinae à l'étang du quartier Mairie de
Zoétélé s'expliquerait par des conditions du milieu de vie
des larves (collection d'eau claire, calme, ensoleillée et moins riche
en matières organiques) dans cet étang. Ces observations sont par
contre différentes de celles de Ngagni(1996) qui a enregistré
07,80% de larves d'Anophelinae et 92,20% de larves de Culicinae
aux alentours du campus de l'Ecole Normale Supérieure de
Yaoundé et à ceux de Lema (2000) qui a enregistré 03,30%
de larves d'Anophelinae et 96,70% de larves de Culicinae lors
d'une étude culicidienne à Messa, Tongolo , Essos (quartiers de
la ville de Yaoundé ) , car en milieu urbain ,les collections d'eau sont
sombres, polluées et très riches en matières organiques
,et par conséquent propices au développement des
Culicinae .
En effet lorsqu'on récolte beaucoup de larves, il y a
de forte probabilité d'avoir assez de nymphes, malgré les
changements des conditions de vie des larves (milieu de vie, nutrition ...).
Nous avons enregistré 64,11% de nymphes d'Anophelinae et 35,39%
de nymphes de Culicinae. Le taux d'émergence des larves en
nymphes est de 79,49% .Ce taux de transformation est très faible au mois
de septembre car, pendant cette période, nous avons observé le
plus grand nombre de cadavres de larves de Culicidae dans les bacs
d'élevage, mortalité qui serait dû à
l'activité prédatrice de larves de l'espèce Culex
tigripes, mais aussi par la forte compétition
intra-spécifique.
L'abondance des adultes et celle des nymphes étant
synchrones, nous observons également une forte abondance d'imagos de la
sous-famille d'Anophelinae 68,11% par rapport à celle de
Culicinae 31,89%, dont 19,23% du genre Culex et 12,66% du
genre Aedes. Le taux de transformation annuel de nymphes en adultes
est de 94,05%, soit un taux de mortalité de 05,95%. Ce faible taux de
mortalité serait dû au fait que les nymphes ne se
nourrissent pas, et que ce stade de développement est
très court (1 à 2 jours). Lorsque nous comparons ces
résultats à ceux de Benleg (1999) (100% de la sous-famille de
Culicinae ) au campus de l'Université de Yaoundé I ,
Ngagni (1996) (01,78% de la sous-famille d'Anophelinae et 98,22% de la
sous-famille de Culicinae) aux alentours du campus de l'Ecole Normale
Supérieure de Yaoundé ,Wague (2002) (03,53% de la sous-famille
d'Anophelinae et 96,47 % de la sous-famille de Culicinae ) au
quartier Nkomkana , Bakwo (2005) ( 02,79% de la sous-famille d'
Anophelinae et 97,21% de la sous-famille de Culicinae )
étangs de la station aquacole du quartier Obili et Akono (2005) ( 67,85
% de la sous-famille d' Anophelinae et 32,15% de la sous-famille de
Culicinae ) à Nkolbisson, nous constatons que les
Culicinae sont plus abondants dans les quartiers du centre urbain ,
alors que les Anophelinae sont les plus représentés dans
les quartiers périphériques .Ces différences pourraient
s'expliquer par le fait que les collections d'eaux des quartiers des centres
urbains sont plus polluées que celles de la périphérie ,
d'où la distribution des larves des sous-familles de Culicidae.
Nos travaux révèlent que dans la sous-famille
d'Anophelinae, l'espèce Anopheles moucheti est
majoritaire dans l'étang du quartier Mairie de
Zoétélé avec 1408 individus (41,07 %), suivi
d'Anopheles nili avec 1019 individus (29,72 %).Nos observations
rejoignent celles de Le Goff et al. (1993), Njan Nloga et al.
(1993) et Manga et al (1995) faites dans différents
faciès écologiques du Sud-Cameroun. Ces grands effectifs
d'Anopheles moucheti s'expliqueraient par le fait que le vecteur
profite de la dégradation progressive de l'environnement forestier,
ainsi que la création des voies de pénétration en milieu
forestier pour agrandir son implantation dans ce faciès
écologique. Ces observations sont par contre différentes de
celles d'Adam (1956), Languillon et al. (1956) qui ont signalé
Anopheles gambiae comme vecteur principal dans le Sud-Cameroun. La
forte abondance de la sous-famille d'Anophelinae s'expliquerait par le
fait que notre gîte est moins riche en matières organiques, a une
eau claire, ensoleillée associée à la
végétation. Ce gîte ne convient pas à la
sous-famille Culicinae qui se reproduit abondamment dans des eaux
beaucoup plus polluées, chargées de matières organiques.
Dans la sous-famille de
Culicinae, le genre Culex est
majoritairement représenté par Culex quinquefasciatus
(09, 79%), qui est le vecteur principal de la filariose de Bancroft. Le
genre Aedes révèle qu'Aedes albopictus et
Aedes aegypti sont les plus représentées avec
respectivement 06,00% et 03,12% .Ces observations sont semblables à
celles de Nchoutpouen (2003), qui a montré qu'Aedes albopictus
et Aedes aegypti sont prépondérants dans le
Sud-Cameroun, et sont des vecteurs potentiels respectivement de la dengue et de
la fièvre jaune au Cameroun. De même, Chan et al. (1975),
ont montré également qu'Aedes albopictus et Aedes
aegypti sont des espèces majoritaires dans la zone
équatoriale de Singapour.
Nous n'avons pas obtenu les imagos du genre Mansonia
parce que leurs larves vivent au fond de l'eau fixées aux
végétaux aquatiques par leurs siphons respiratoires. Ainsi notre
méthode de récolte « dipping » ne nous a pas permis
d'obtenir ces larves du genre Mansonia.
Au terme de 12 mois, nous avons récolté 6370
larves de Culicidae. Mars, juin, juillet et novembre sont les mois les
plus productifs. Ainsi mars présente un maximum de larves avec 881
individus. Janvier, février, mai et octobre sont les mois les moins
abondants en larves de Culicidae. Les mois les plus chauds sont
février et janvier, alors que mai et octobre sont les mois les plus
pluvieux. Les mêmes observations ont été faites par Bakwo
(2005) qui a enregistré un maximum de larves de Culicidae au
mois de mars (951 larves), février, mai et octobre étant les mois
les moins productifs en larves de Culicidae. La forte abondance des
larves au mois de mars s'expliquerait par l'arrivée des premières
pluies qui reconstituent les parties du gîte préalablement
asséchés, tandis qu'en juin et en novembre le gîte est
relativement calme du fait de la diminution des pluies. La faible abondance en
larves de Culicidae aux mois de janvier et février serait due
à l'assèchement d'une bonne partie du gîte, tandis qu'en
mai et en octobre, les pluies et les vents agitent l'eau du gîte.
Les variations saisonnières numériques des
différents stades de développement de Culicidae ont
fluctué toute l'année 2006. Dans la sous-famille
d'Anophelinae, les larves du
genre Anopheles sont abondantes pendant la petite
saison de pluies (1899 larves) et peu
nombreuses pendant la grande saison sèche (697 larves).
Ceci pourrait s'expliquer par le
fait que pendant la grande saison sèche
l'activité de pêche (faucardage de l'étang) est
intense dans l'étang du quartier Mairie de
Zoétélé. Par contre pendant la petite saison de pluies,
l'arrivée des pluies reconstitue des parties du gîte larvaire
préalablement asséché et
les activités de pêche sont moins intenses. De
même dans la sous-famille de Culicinae, le
genre Aedes est abondant pendant la petite saison de
pluies (352 larves) et peu abondant pendant la grande saison sèche (140
larves). Les larves du genre Culex sont plus abondantes pendant la
grande saison de pluies (394 larves).
Dans la sous-famille d'Anophelinae, le genre
Anopheles a connu un pic d'abondance en imagos pendant la petite
saison de pluies (1599 adultes).Par contre cette abondance en imagos est faible
pendant la petite saison sèche (504 individus ).Ces observations sont
différentes de celles d'Akono (2005) qui a plutôt
enregistré une grande quantité d'imagos du genre
Anopheles pendant la grande saison sèche , une faible abondance
en imagos lors de grande saison sèche. Dans la sous-famille de
Culicinae, chez le genre Culex, on observe une abondance en
imagos pendant la petite saison de pluies (277 individus).Cependant Culex
quinquefasciatus est abondant pendant la petite saison sèche (148
imagos) .En effet , à cause du faucardage et de l'approximité de
la porcherie , il y a pollution de l'étang à cette
période, ce qui a favorisé la prolifération de cette
espèce , car Culex quinquefasciatus affectionne les eaux
polluées ( Manga et al . 1995 ). De même dans le genre
Aedes, on a connu un pic d'abondance en imagos pendant la petite
saison sèche (237 imagos) à cause du milieu qui devient
pollué à cette période.
|