4.2.5 Exemple de réussite de projet jatropha en zone
désertique : cas d'un projet égyptien
- Justification et contexte :
Traitant des opportunités du développement de
cultures de jatropha curcas au Sahel, il nous est primordial de nous rassurer
davantage de la faisabilité de tels projets au vu des
particularités climatiques de cette région de l'Afrique. En
grande partie le Sahel reste célèbre pour ses grandes chaleurs
elles-mêmes conséquences de l'aridité ambiante. Même
si notre zone d'étude est à proprement parlé en grande
partie `'semi-aride» avec une pluviométrie caractéristique
se situant généralement entre 200 et 700 mm de pluie par an, la
grande irrégularité de ces dernières (une autre
caractéristique fondamentale du Sahel), la prédominance des
sécheresses qui en découle et la progression du Sahara sur le
Sahel, nous obligent à entrevoir de faire face à quelques milieux
totalement arides. On peut même envisager que les zones les plus
`'sèches» du Sahel doivent en être les plus prioritaires dans
le cadre d'intensifications de cultures de jatropha curcas à des fins
énergétiques. Ceci permettrait de dissiper l'inquiétude
légitime de compétition d'avec les filières alimentaires
sur les terres arables. C'est sürement en visant la mise en valeur des
vastes terres incultes, que de nombreux égyptiens, promoteurs de projets
agricoles se sont spécifiquement intéressés à
développer le pourghère. Quand cette ambition rencontre celles
d'investisseurs étrangers assurés de disposer de la
totalité des graines produites exportables en direction de leurs pays,
les projets jatropha ne peuvent que proliférer. En effet contrairement
à tous les pays du Sahel, L'Etat Egyptien subventionne fortement le prix
des carburants de base. Ce qui fait qu'actuellement et malgré les
difficultés économiques que connait l'Egypte le litre du gasoil
coüte 1,10 Livre Egyptienne ce qui fait à peine 100FCFA. Sachant
que l'on a besoin d'au moins 4 Kg de graines (autour de 5kg parfois) de
jatropha pour produire un litre de biodiesel, on peut rapidement conclure que
l'huile de jatropha qui commence à s'imposer sur le marché des
hydrocarbures au Mali et au Burkina n'est pas prête d'avoir la même
destinée en Egypte.
Par ailleurs, les égyptiens ayant une grande
expérience en développement agricole des zones
désertiques, de part le grand nombre de savants formés aux
Etats-Unis dans ce domaine, la filière jatropha a quand même connu
un essor fulgurant en Egypte. Pour preuve le GEXSI dans son étude parue
en 2008 sur le sujet faisait cas de plusieurs sites pilotes
disséminés un peu partout dans le désert égyptien
dont beaucoup étaient sous la direction d'entités
gouvernementales. Dans cette lancée, et selon cette même source le
gouvernorat de Louxor (haute Egypte) comptait déjà une
exploitation de jatropha curcas estimée à près de 140
hectares. C'est justement ce projet que nous choisissons de commenter en vue
d'y relever quelques originalités que le Sahel pourrait lui envier.
Selon le SWERI (Soils, Water and Environnement Research
Institute ) la République Arabe d'Egypte est à près de 95%
désertique d'oü les immenses missions assignées à son
ministère de tutelle dit de l'Agriculture et de la Réhabilitation
des Terres. Du nombre de ses plusieurs chantiers de récupération
des sols, on remarque qu'une place de choix est faite à un projet
jatropha qui débutait en 2003. Ce projet réunit en dehors de la
structure principale précédemment citée, le
ministère d'Etat chargé des affaires environnementales (MSEA),
l'équipe de Recherche de l'ARC (Agricultural Research Center) et
de l'aide financière de l'USAID qui est l'organisme
d'aide au développement du gouvernement des Etats Unis. Principalement
l'idée directrice consistait a choisir un site a Louxor pour y
démontrer la faisabilité de la réutilisation des eaux
traitées dans l'agriculture. Pour s'y faire les chercheurs avaient
souhaité que le choix se porte sur une espèce non comestible
reconnue pour ses vertus de reboisement des zones arides. Le site initial fut
installé a proximité de la station d'épuration locale.
L'eau est pompée directement a partir d'une lagune de l'usine qui
traitait les eaux domestiques de la ville. Notons a ce niveau que le contexte
de l'agriculture égyptienne est aussi marqué par une
inadéquation prononcée entre les planifications de production et
la réalité des ressources en eau. En effet il ne faut surtout pas
se tromper a réfléchir en surestimant les capacités du Nil
a arroser les champs des égyptiens. La vastitude du territoire (997 730
km2), une démographie très soutenue de plus de 80 000
000 millions d'habitants et l'extrême faiblesse des pluies sur l'ensemble
du territoire (il ne pleut presque jamais a ASSOUAN, et très peu au
Caire par exemple) obligent les décideurs politiques et les promoteurs
de projets agricoles a se rabattre sur le fort potentiel des eaux usées
domestiques. Après la conjonction des éléments favorables
cités et le succès des premiers hectares de jatropha curcas
l'idée fut retenue d'y associer un investisseur allemand qui a
proposé de préfinancer un lot de 100 hectares avec la garantie de
disposer de 60% des récoltes dès la deuxième
année.
- Dénomination du projet : LA CULTURE DU JATROPHA A
LOUXOR AVEC DES EAUX USEES TRAITEES.
- Responsable du projet : Dr. Imam El Gamassy, Professeur
d'agroéconomie Agricultural Research Center (ARC), Cairo, Egypt. .
- Publication de la dernière étude: Septembre
2008.
- Objectif global du projet : Démontrer la
Faisabilité de cultures intensives de jatropha curcas en
plein désert par utilisation des eaux usées
traitées. - Objectifs spécifiques :
* Procéder a une analyse financière
détaillée sur la culture du jatropha comme un projet
d'investissement.
*Conclure un partenariat avec un investisseur étranger
afin de prendre la relève des financements et de multiplier
l'exemple.
- Principales réalisations du projet :
* L'an 2 du projet il a été produit près de
600 kg par hectare ce qui a permis de fournir 60 tonnes pour l'ensemble des 100
hectares.
*L'exploitation passa en 2005 de 100 hectares a 140 hectares et
en 2008 c'est près de 400 tonnes qui furent récoltées.
*Mise a vente de 70 tonnes de semences sur le marché
locale a raison de 10 Livres Egyptiennes le KG.
* Spécialisation dans la labellisation des semences de
qualité.
* Renforcement des capacités de nombreuses structures
entrant dans le domaine.
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