CHU D'ORAN
Faculté de médecine
C A T DEVANT UNE INTOXICATION MEDICAMENTEUSE
AIGUE
DR MIHI.D. EPH. BECHAR
2011
SOMMAIRE
1/introduction
2/démarche diagnostique
3/conduite thérapeutique
3-1/traitement symptomatiques
3-2/traitement évacuateur
3-3/traitement épurateur
3-4/ traitement spécifique
4/particularités de certaines intoxications
5/ évaluation et cat devant une
Intoxication cher l'enfant
6/prévention
7/conclusion
8/ BIBLIOGRAPHIE
1/INTRODUCTION:
-GENERALITES :
Les intoxications accidentelles ou volontaires
représentent une charge de travail très importante aux urgences
et dans les services de reanimations.les intoxications médicamenteuses
aigues comptent parmi les intoxications les plus fréquentes et
représentent un motif fréquent d'hospitalisation aux urgences et
en réanimation en particulier parmi la population jeune de moins de
trente ans. elles sont le plus souvent poly médicamenteuses
volontaires( 80% si > 12 ans) surtout chez la femme rarement
accidentelles(le plus souvent chez l'enfant < 6ans et chez les personnes
âges) .les intoxications les plus sévères sont
causées le plus souvent par des médicaments dont l'action
centrale est prédominent comme les antidépresseurs , les
hypnotiques et les neuroleptiques. Chez l'enfant les analgésiques, les
antipyrétiques et les anti-inflammatoires sont la première cause
d'intoxication surtout moins de six ans. Les intoxications auges et
professionnelles sont rares et redoutables, les intoxications criminelles
sont difficiles à reconnaitre. la mortalité intra
hospitalière d'environ 0 ,1% a 0 ,2% dans ces situations est
actuellement faible en raison des progrès constants de la
réanimation médicale polyvalente qui a particulièrement
mis l'accent sur la primauté de la correction des défaillances
des fonctions vitales ,mais également dans une modification de la
prescription thérapeutique qui a écarte certaines
molécules au profit d'autres présentant un profil toxicologique
plus favorable et également les progrès de la toxicologie
médicale .il existe cependant des situations critiques liées
aux propriétés de certaines molécules ou au terrain
affaibli du patient intoxique . le succès de la prise en charge des
victimes d'intoxications dépendra de la justesse de la
démarche diagnostique et de la démarche thérapeutique
déployée en parallele.le but de toute intervention
thérapeutique en cas d'intoxication est d'assurer la survie du patient
sans séquelles ulterieures.il convient d'évaluer également
le pus tôt possible le danger que représentent la nature et la
quantité du toxique absorbe et d'appliquer une démarche
rigoureuse, d'identifier les problèmes thérapeutiques les plus
urgents ,d'isoler un tableau clinique avec le diagnostique suppose
d'intoxication et de porter des indications thérapeutiques plus
spécifiques .
Le pronostic dépend de la précocité
du diagnostique, la qualité de la prise en charge, du terrain, ainsi
de la nature et la quantité du médicament en cause. La
mortalité est variable en fonction des médicaments
incrimines :
1% pour les psychotropes
15% pour les cardiographes
La mortalité est dépendante de la prise en
charge :
< 3% si prise en charge <24 heures
16% si prise en charge tardive.
-EPIDEMIOLOGIE :
Les intoxications sont devenues la première cause
d'admission à l'hôpital des sujets de moins de 30 ans dans les
pays développés et la deuxième cause de mort brutale dans
les pays en voie de développement. Malheureusement, il n'existe pas de
statistique nationale récente sur les intoxications. L'intoxication
était volontaire dans 26 % des cas, accidentelle et domestique dans 55 %
des cas, accidentelle et professionnelle dans 2,8 % des cas .selon les produits
concernés, les médicaments et produits à usage
pharmaceutique étaient impliqués dans 53 % des cas, les produits
ménagers dans 15 % des cas, la mortalité des intoxications
médicamenteuses en France reste un problème pour lequel on
dispose de données, mais dont l'exactitude n'est pas certaine. Il y
aurait plus de 2 000 décès par intoxication médicamenteuse
chaque année en France. En Algérie l'exactitude des
statististiques n'est pas certaine (pas d'enquêtes nationales
épidémiologiques fiables)
Le centre selon national de toxicologie
année
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Intoxications totales
|
11365
|
12999
|
4732
|
5201
|
Intoxications médicamenteuses
|
5965
|
9452
|
2795
|
3021
|
-en 2008 les psychotropes représentent 46% du total de
l'intoxication médicamenteuse.
Pour la wilaya de Bechar (service
d'épidémiologie EPH nouvel hôpital)
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
101cas
|
88cas
|
73cas
|
64cas
|
49cas pour le 1eret 2me trimestre
|
-DEFINITIONS.
c' est l'absorption d'un produit chimique ou naturel
avec ou non une activité pharmacologique a des doses
supérieures aux doses normales de façon intentionnelle
,accidentelle ou criminelle.
-un produit toxique est une substance exogène
susceptible d'exercer des effets délétères sur les
organismes vivants .elle peut être volontaire ou accidentelle.
-la voie de contamination est essentiellement digestive par
ingestion
Intoxication = individu x expositions
Xénobiotique : substance possédant des
propriété toxiques, même à très faible
concentration (exemple des pesticides) / toxique au sens large
Biodisponibilité :
- toxique soluble / non soluble
- absorption importante au niveau : cutané, muqueuses,
pulmonaire
- au niveau digestif : absorption diminuée
Intoxication volontaire / involontaire
Types de produits, causes d'intoxication :
- médicaments (environ 54 %)
- produits ménagers
- produits industriels- alcool
T.I.A.C = Toxi-infection Alimentaire Collective
Déclaration obligatoire
2/DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
la démarche diagnostique en toxicologie comporte
certaines particularités la plus importante est que l'intoxication est
un phénomène dynamique soit que le toxique se distribue
et s'élimine selon des règles toxicocinetique soit que son
action au niveau des organes cibles est retardée. le réel
danger est de sous-estimer la gravite réelle de l'intoxication. La
prise en charge d'une intoxication aiguë comporte quatre étapes
:
- réanimer et stabiliser le patient
- obtenir un diagnostic en fonction des données
épidémiologiques, des circonstances, du toxique, des
symptômes, des résultats des examens para cliniques et de
l'analyse toxicologique.
- évaluer la gravité en fonction des
symptômes, de la nature du toxique, du terrain et des concentrations
plasmatiques.
- juger de la nécessité, en dehors du traitement
stabilisateur et symptomatique, d'un traitement spécifique,
évacuateur (décontamination), épurateur ou antidotique.
Déterminer, si nécessaire, les mesures préventives.
Devant toute suspicion d'intoxication, il faut :
Rechercher dans un premier temps une défaillance grave
des fonctions vitales, Répondre par un traitement symptomatique
2-1 /interrogatoire
ï interrogatoire minutieux de l'intoxiqué(e) :
ordonnance, « lettre d'adieu »
ï de l'entourage : témoins ?
ï détermination
ï de la cause de l'intoxication : récupérer
les emballages
ï des circonstances : préciser la voie de
pénétration du produit
ï de l'heure de la prise, quantité supposée
ingérée
ï chronologie des symptômes et symptômes
initiaux,
ï des éventuelles complications,
ï notion de prise d'alcool associée.
ï l'interrogatoire doit répondre aux questions
suivantes :
ï qui est intoxiqué ?
ï avec quoi et combien ?
ï où, quand et comment est survenue l'intoxication ?
ï âge, sexe : éléments pronostiques et
décisionnels
ï profession
ï médecin : curares, potassium, barbituriques
rapides, formes iv,
ï pharmacien, dentiste, chimiste : cyanure, arsenic,
ï vétérinaire : euthanasiant.
ï contexte de survenue
ï cadrer les circonstances
ï tentatives de suicide :
ï 90 % des intoxications de l'adulte,
ï plus fréquentes chez les femmes (60%),
ï médicaments en cause dans 85% des cas.
ï intoxications accidentelles domestiques :
ï 95 % des intoxications chez l'enfant,
ï cause souvent évidente si intoxication en
présence de témoins,
ï chez l'adulte : ingestion fréquente d'un produit
transvasé ou déconditionné, exposition lors d'une mauvaise
manipulation.
ï intoxications professionnelles :
ï plus rares, manipulation ou exposition à un toxique
connu sur le lieu du travail.
ï toxicomanies :
ï diagnostic basé sur le contexte, les
antécédents, des traces d'injections, la symptomatologie
ï erreurs thérapeutiques ou surdosages
médicamenteux :
ï enfants et personnes âgées surtout. risques
d'être méconnues.
ï intoxications criminelles.
ï autres éléments utiles :
ï intoxication collective :
ï dues à ingestion toxiques
ï dues à une inhalation d'un gaz toxique (Co).
ï lieu de survenue :
2-2/clinique et démarche en urgence
Ingestion volontaire ou accidentelle d'un toxique avec
examen clinique normal
ï Il s'agit, par exemple, du cas d'un enfant retrouvé
assis au milieu de boîtes de médicaments ou d'un adulte prenant
devant témoins un produit et qui est amené immédiatement
aux urgences.
ï En urgence, la certitude de l'intoxication n'est pas
nécessaire, la seule suspicion d'intoxication suffit au raisonnement. Le
raisonnement toxicologique en urgence s'effectue sur quelques critères
simples à savoir :
· la nature des produits ;
· la dose
ï le délai depuis l'ingestion.
ï Toutefois, avant de se pencher sur le raisonnement
toxicologique, il faut avoir examiné le patient. Un examen clinique
normal en toxicologie d'urgence signifie que le patient est non seulement
conscient mais aussi cohérent dans ses propos, qu'il bouge les quatre
membres. La fréquence et l'auscultation pulmonaire sont normales. Il n'y
a pas de cyanose. Le pouls, la tension sont normaux, il n'y a pas de marbrure.
Il n'y a pas de point d'appel abdominal. La température est normale.
L'électrocardiogramme(ECG), réalisé immédiatement,
est normal
ï Démarche en urgence
ï Un produit étant suspecté, l'appel au centre
antipoison permet de définir :
ï les points d'impact du toxique et donc les
paramètres à surveiller qui peuvent être cliniques ou
biologiques. En effet, pour certains toxiques, tels que le paracétamol
ou les anti vitamines K, l'examen clinique initial est normal, le tableau de
l'intoxication est biologique ;
ï l'intensité des troubles potentiels qui guide
l'indication d'une hospitalisation, voire d'une admission directe en milieu de
soins intensifs (ex. : intoxication par la chloroquine ou d'autres
cardiotropes) ou en chirurgie (ingestion d'acides ou de bases
fortes).L'administration d'une dose unique de charbon activé est
indiquée en respectant ces contre-indications classiques devant
l'ingestion :
ï d'un produit toxique ;
ï à dose toxique ;
ï avec un délai d'ingestion inférieur
à 1 heure. L'administration de dose répétée de
charbon activé est discutée devant les intoxications par :
ï carbamazépine
ï digitaliques ;
ï phénobarbital ;
ï quinine ou quinidine ;
ï théophylline ;
ï toutes les formes à libération
prolongée ;
ï salicylés.
ï Les indications du lavage gastrique sont maintenant
extrêmement limitées et clairement définies. Il s'agit des
intoxications par les produits non adsorbés par le charbon
activé, c'est-à dire:
ï les alcools (éthanol, méthanol,
éthylène glycol), dans l'heure qui suit l'ingestion ; Point
important Si la personne intoxiquée est encore asymptomatique, les
indications de décontamination, le plus souvent digestive, s'imposent
d'emblé.
Présence de symptômes et prise de
toxiques définis
Il s'agit, par exemple, d'un malade retrouvé somnolent
ou comateux avec des boîtes de médicaments à
côté de lui. La première question que soulève cet
examen initial est de savoir si les symptômes présentés par
le malade nécessitent un traitement d'urgence. En d'autres termes de
savoir s'il existe une défaillance d'organe. Il est en effet fondamental
de bien concevoir que c'est l'amélioration du traitement symptomatique
qui a permis d'améliorer le pronostic de nombreuses intoxications (ex. :
insuffisance respiratoire aiguë des comas toxiques, collapsus
cardiovasculaires toxiques). L'adage américain dit :
« Traite le patient avant de traiter le poison ». Il
faut connaître les situations où existe un risque vital
immédiat afin d'en faire rapidement le diagnostic et de corriger sans
tarder cette ou ces défaillances vitales.
Connaître un toxique permet d'évaluer
les points d'impact du toxique, les risques encourus par le patient et de
définir les éléments de surveillance grâce à
un appel auprès du centre antipoison. Cependant, pour que cet appel soit
le plus constructif possible, il faut que le médecin qui appelle ait
réalisé au préalable un examen clinique complet de son
patient ainsi qu'un ECG. Cet examen clinique détermine s'il existe une
adéquation entre les produits toxiques suspectés et les
symptômes présentés par le patient. Il faut en effet savoir
si les produits suspectés expliquent à eux seuls la
totalité du tableau clinique. Une réponse négative conduit
à poser deux questions :
· l'intoxication est-elle réelle ?
Devant toute suspicion d'intoxication, il convient de garder
présent à l'esprit les diagnostics différentiels que les
symptômes présentés par le patient peuvent évoquer.
Dans la mesure où bon nombre d'intoxications évoluent
favorablement sous traitement symptomatique, cette situation nécessite
une grande vigilance vis-à-vis des diagnostics différentiels que
l'on peut opposer aux étiologies toxiques. En effet, les pathologies
sont nombreuses où des traitements spécifiques sont
nécessaires (ex. : comas métaboliques, endocriniens, infectieux,
choc septique, etc.
· quels sont les autres toxiques qui peuvent
expliquer ces symptômes? Le corollaire d'une réponse positive
à cette question est de savoir quels risques nouveaux font alors
apparaître ces produits associés. Les fonctions vitales
étant assurées, l'intérêt d'une
décontamination peut être discuté. Les indications des
antidotes pourront être posées Il ne faut pas sous-estimer
l'intérêt de ceux-ci en urgence. Bien conduits, ils facilitent
très souvent la réanimation symptomatique.
L'augmentation de l'élimination du toxique pourra
être obtenue par une diurèse provoquée ou par une
épuration extrarénale qui n'intéresse pas les
intoxications les plus fréquentes mais uniquement des intoxications
rares ou très limitées.
Le diagnostic toxicologique pourra être
étayé par une analyse toxicologique en urgence.
L'intérêt de l'analyse toxicologique en urgence dépasse
d'ailleurs le simple cadre diagnostique (cf. infra« L'analyse
toxicologique en urgence »).
Patient symptomatique, étiologie toxique
suspectée mais sans orientation initiale
Il s'agit par exemple d'un sujet retrouvé comateux dans
une chambre d'hôtel, dans la nature, ou d'une intoxication dite « de
poubelle » de l'enfant. Le premier problème est encore de
vérifier l'absence de détresse vitale qui nécessiterait un
traitement immédiat. Dans cette situation, il ne faut pas oublier que si
l'interrogatoire du patient ou de son entourage sont impossibles, un examen
clinique soigneux et répété, l'analyse critique des
examens biologiques de routine apportent des informations qui, à elles
seules, orientent le diagnostic. Il faut alors préciser, par l'examen
clinique initial, le syndrome toxique, le « toxidrome »dans lequel se
situe cette suspicion d'intoxication (ex. :
Encéphalopathie, coma, hallucinations, état de
mal convulsif).L'examen clinique et les examens para cliniques rechercheront
progressivement, au sein du tableau clinique et biologique, les
éléments discriminants .Les fonctions vitales étant
assurées, l'indication d'une décontamination peut être
discutée. Devant une intoxication symptomatique, si les symptômes
sont compatibles avec le diagnostic suspecté, la certitude diagnostique
n'est pas nécessaire à la mise en route des traitements
spécifiques par antidotes .L'indication d'une épuration
extrarénale n'est discutée que devant des troubles
métaboliques sévères. Le diagnostic peut être
confirmé par une analyse toxicologique.
Conduite à tenir en fonction du tableau
clinique initial Conduite à tenir devant UN coma présumé
toxique
Devant un tel coma, il faut simultanément :
· évaluer sa profondeur par la mesure du score
de Glasgow ;
· trouver son étiologie ;
· rechercher des complications qui peuvent être
:
Communes à tous les états comateux.
propres à l'étiologie suspectée.
Évaluation de la profondeur
La profondeur du coma permet d'évaluer le risque
immédiat de survenue d'une insuffisance respiratoire.
Étiologie
L'énorme valeur d'orientation diagnostique de l'examen
clinique doit être reconnue. Il ne faut jamais oublier que :
· hormis le monoxyde de carbone et
l'hypoglycémie, les comas toxiques ne s'accompagnent jamais de signes de
localisation. Leur existence doit faire suspecter une cause neurologique et
impose l'examen tomodensitométrique en urgence.
· les comas toxiques peuvent être fébriles
(pneumopathies d'inhalation) mais il n'existe jamais de syndrome
méningé. Au moindre doute, une ponction lombaire doit être
réalisée.
· devant une suspicion de coma toxique, les examens
toxicologiques les plus importants à obtenir en urgence sont en fait les
examens biologiques : glycémie, ionogramme sanguin, calcémie,
hémogramme, taux de prothrombine, gaz du sang,
créatininémie.
Conduite à tenir devant un coma
présumé toxique avec collapsus cardiovasculaire
L'association d'un collapsus à un coma est une
situation fréquemment rencontrée en toxicologie et de haute
gravité. La démarche diagnostique et thérapeutique lors de
la découverte d'un coma présumé toxique avec collapsus est
la suivante.
Mise en route sans délai du traitement
symptomatique
Sa primauté doit être soulignée. Il
associe :
· la mise immédiate sous oxygène au
masque, voire l'intubation et la ventilation assistée même si le
coma n'est pas profond ;
· la pose de deux abords veineux de bonne
qualité. La réanimation de ces états commence toujours par
un remplissage vasculaire ;
· la pose d'une sonde urinaire : l'évacuation
du globe vésical permet de débuter la surveillance horaire de la
diurèse.
Orientation étiologique et traitement
adapté au mécanisme et à la cause du collapsus
Les caractéristiques cliniques du coma, la prise de la
température et l'ECG permettent de répondre au problème de
l'étiologie et du traitement spécifique de ce coma avec
collapsus.
Selon la température
En cas de collapsus hypotherme, pour que le collapsus puisse
être rattaché à l'hypothermie, il faut que celle-ci soit
franche, c'est-à-dire inférieure à 32 °C, pouvant
atteindre 28 °C. La fréquence cardiaque n'est alors jamais
accélérée. Le collapsus hypotherme reconnaît un
traitement symptomatique bien codifié. L'hypothermie est une
complication non spécifique des comas toxiques.
En l'absence d'hypothermie, l'attention doit se
porter sur l'ECG.
Selon l'électrocardiogramme
QRS larges supérieurs ou égaux à
0,10 s. L'élargissement des
complexes QRS associé à des troubles de
repolarisation, ondes T plates, QT allongé, doit faire évoquer
une intoxication par produits à effet stabilisant de membrane. De
très nombreux produits ont un tel effet Le pronostic vital est
constamment engagé lorsque la durée des complexes QRS est
supérieure ou égale à 0,16 s. Devant des complexes QRS
larges, supérieurs ou égaux à 0,16 s, le traitement fait
appel de première intention aux sels de sodium hypertoniques :
bicarbonate ou lactate de sodium molaire. En l'absence d'efficacité des
sels de sodium molaire, il faut avoir recours aux catécholamines et une
étude hémodynamique est nécessaire. Dans les formes
majeures, il faut savoir discuter
l'indication d'une assistance circulatoire
périphérique.
QRS fins à l'ECG inférieurs à
0,10 s. Il existe des causes non spécifiques de collapsus au
cours des comas toxiques. Leur diagnostic est habituellement facile pour peu
que ces étiologies soient évoquées (mise à part
l'hypothermie) :
· choc septique précoce accompagnant une
pneumopathie d'inhalation. Les hémocultures à l'admission sont
positives ;
· choc hypovolémique accompagnant une
rhabdomyolyse étendue, cliniquement évidente .Au sein des causes
toxiques, de première intention, on évoquera une intoxication
par le méprobamate. Les phénothiazines sont une
cause de collapsus. Un collapsus peut être observé à la
phase précoce d'une inhalation de fumées d'incendie. Il
témoigne d'une intoxication cyanhydrique sévère
associée à l'intoxication oxycarbonée. Les patients ont
toujours un trouble de conscience et sont couverts de suies. Outre l'intubation
et la ventilation contrôlée en oxygène pur, le traitement
fait appel à l'hydroxocobalamine administrée par voie
intraveineuse à la dose de 5 g en 15 minutes éventuellement
renouvelée. Les opiacés ont un effet vasodilatateur à
l'origine d'une hypovolémie relative à laquelle sont toujours
associés myosis, sédation et bradypnée.
Coma, collapsus et bradycardie
L'hypothermie est bien sûr évoquée de
première intention, ainsi que les opioïdes et plus
particulièrement l'héroïne ou la morphine en raison de leur
effet vagal.
L'association d'un collapsus, d'une bradycardie et d'un coma
doit faire évoquer la prise associée de psychotropes et de
b-bloquants ou d'inhibiteurs calciques. Les
b-bloquants lipophiles comme le propranolol
peuvent être responsables du coma.
Coma et troubles du rythme ventriculaire
Au cours des intoxications par les a stabilisant de
membrane associé à la
Tachycardie sinusale anti cholinergique d'une véritable
tachycardie ventriculaire. Les torsades de pointes peuvent aussi être
observées.
Coma, collapsus et acidose métabolique
Lorsque l'acidose lactique est intense, certaines
étiologies particulières peuvent être
évoquées de première intention :
· intoxication par des produits tels que les
antitussifs comme le clobutinol qui sont à l'origine d'états de
mal convulsif ; certains raticides contiennent de la chloralose ou de la
crimidine ;
· intoxication par les cyanures chez une victime
d'incendie. Une lactacidémie supérieure ou égale à
10 m mol/l est un signe sensible et spécifique d'intoxication
cyanhydrique associée à une intoxication oxycarbonée ;
· acidose lactique compliquant un traitement par
metformine .Si les lactates ne sont pas très élevés et
n'expliquent pas à eux seuls le trou anionique, il faut savoir
évoquer une forme grave d'intoxication par l'éthylène
glycol ou le méthanol.
Conduite à tenir devant un coma avec acidose
métabolique
Cette situation de haute gravité nécessite une
démarche diagnostique systématisée d'autant que
l'orientation diagnostique initiale fait défaut. Dans l'immédiat,
l'existence d'un trouble de la vigilance doit faire discuter l'indication d'une
intubation trachéale et d'une ventilation assistée. Cette
situation nécessite la mise en place d'un abord veineux et d'un
sondage
Urinaire qui doivent être rapidement
réalisés. La recherche de corps cétoniques sur
échantillon capillaire ou urinaire élimine une
acidocétose diabétique.
Les ionogrammes sanguin et urinaire, les gaz du sang, la
créatininémie, les CPK précisent le cadre
séméiologique dans lequel on se situe.
Le calcul du trou anionique : (Na + K) - (Cl + HCO3) permet de
distinguer deux grandes situations selon sa valeur à l'admission.
Acidose métabolique avec trou anionique
augmenté : supérieur à 18 m mol/l
L'acidose métabolique peut être expliquée
:
· soit par une hyperproduction endogène
d'acides ;
· soit par une gêne à
l'élimination rénale des acides.
Hyperproduction d'acides
C'est la mesure de la lactacidémie qui donne la
clé du raisonnement. Il convient de distinguer les
hyperlactacidémies sans acidose vraie de l'acidose lactique où
l'augmentation de la lactacidémie est telle qu'elle dépasse les
capacités de compensation de l'organisme et met en jeu le pronostic
vital. L'intoxication pure par le monoxyde de carbone ou l'éthanol est
une cause fréquente d'hyperlactacidémie mais très rare
d'acidose lactique alors que le cyanure est une cause fréquente
d'acidose lactique. Si le trou anionique est expliqué par
l'élévation des lactates, il s'agit d'une acidose lactique dont
les principales causes sont illustrées ci-dessous. Il convient de
remarquer que s'il existe des causes proprement toxicologiques d'acidose
lactique, les causes non toxiques peuvent aussi s'observer chez
l'intoxiqué. Si le trou anionique n'est pas expliqué par la
lactacidémie :les étiologies dans ce groupe sont indiquées
ci-après. Il faut
Rapidement éliminer une acidocétose
diabétique et une insuffisance rénale organique. Si l'acidose
métabolique est au premier plan de l'intoxication
salicylée, il s'agit d'une intoxication de haute
gravité. Devant une acidose métabolique à trou anionique
augmenté, non expliquée par les lactates, il faut, de principe et
sans aucun délai, évoquer les intoxications par le
méthanol et l'éthylène glycol. L'extrême
gravité de ces intoxications rares en évolution
spontanée doit être soulignée. Devant la
moindre suspicion d'intoxication par l'éthylène glycol ou
méthanol, il faut administrer, dès l'admission, un inhibiteur
métabolique (éthanol ou mieux fomépizole pour
l'éthylène glycol et le méthanol).
Acidose métabolique sans augmentation du trou
anionique (trou anionique inférieur à 18 m mol/l)
Il s'agit d'une acidose hyperchlorémique qui peut
résulter de perte de bicarbonate par diarrhées abondantes quelle
qu'en soit la cause. Il existe des causes rénales de pertes de
bicarbonate, mais celles-ci sont rares et ne sont pas une cause usuelle de
coma. L'ingestion de fortes doses de chlorure d'ammonium peut provoquer une
acidose hyperchlorémique d'apport.
Point important
Causes fréquentes d'acidoses lactiques
· Collapsus cardiovasculaire.
· Convulsions généralisées et
répétées.
· Cyanure.
· Metformine.
· Intoxication grave par le paracétamol (avant
la phase
d'insuffisance hépatocellulaire).
· Propylène glycol.
· Salicylés.
· Effets secondaires des traitements
antirétroviraux.
· Insuffisance hépatocellulaire.
· Infection
Conduite à tenir devant des convulsions toxiques
Les toxiques fréquemment rencontrés à
l'origine de convulsions méritent d'être individualisés
pour des raisons diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques.
Raisons diagnostiques
La survenue de convulsions oriente d'emblée vers
certaines étiologies.
Raisons pronostiques
Les convulsions toxiques sont souvent
répétées et parfois à l'origine d'un état de
mal convulsif. Chez un patient non intubé, la survenue d'une anoxie
cérébrale n'est pas exceptionnelle, ces toxiques engagent le
pronostic vital.
Raisons thérapeutiques
Le traitement symptomatique vise à limiter les
conséquences systémiques des convulsions
répétées. Il repose avant tout sur une parfaite
oxygénation des patients. De plus, certaines intoxications
possèdent un traitement spécifique. Leur intérêt ne
doit pas être sous-estimé car ces traitements peuvent faciliter
L'arrêt des convulsions soit par un effet direct (ex. :
vitamine B6et isoniazide), soit par un effet indirect (ex. : correction des
troubles hémodynamiques induits par les antidépresseurs, la
chloroquine). Il faut rappeler que la prise concomitante de
benzodiazépines et d'un toxique convulsivant contre-indique
l'utilisation du flumazénil, antagoniste des benzodiazépines, au
risque de voir apparaître un état de mal convulsif.
Conséquences systémiques des convulsions
répétées
Les convulsions toxiques sont
généralisées. Elles entraînent une hypoventilation
alvéolaire source d'hypoxémie et d'hypercapnie.
Parallèlement, les mouvements convulsifs provoquent une acidose
lactique. Aussi les convulsions répétées sont-elles
rapidement à l'origine d'une acidose mixte, métabolique et
respiratoire et d'une hypoxie. En présence d'un toxique convulsivant,
tous ces facteurs concourent à la répétition des
convulsions d'autant que, très souvent, s'y associe une toxicité
cardiovasculaire (ex. : antidépresseurs). L'arrêt cardiaque est
Souvent le mode de résolution d'un état de mal
épileptique toxique évoluant sans traitement. La survenue d'une
convulsion, même isolée, représente une indication
impérative à une surveillance en milieu de soins intensifs. Il
n'existe pas de traitement ayant montré son efficacité dans la
prévention de nouvelles convulsions. Aussi le traitement est-il celui
des crises. Des convulsions répétées
Imposent l'intubation et la ventilation assistée. Une
élévation du taux sérique des CPK est fréquemment
observée au décours de convulsions
répétées
. Point important
Toxiques fréquemment rencontrés à
l'origine de convulsions
· Hypoglycémies toxiques.
· Anti cholinergiques.
· Antihistaminiques.
· Antidépresseurs tri- ou tétra
cycliques.
· Chloroquine.
· Salicylés (chez l'enfant).
· Chloralose.
· Crimidine.
· Lithium.
· Antitussifs (clobutinol).
· Cocaïne.
· Amphétamines.
· Monoxyde de carbone.
· Sevrages en benzodiazépines.
· Intoxication à l'eau des potomanes
Conduite à tenir devant une encéphalopathie
myoclonique
Les encéphalopathies myocloniques réalisent un
cadre diagnostique et
Thérapeutique particulier :
· diagnostique car les causes sont limitées,
la présence de myoclonies a une grande valeur d'orientation
étiologique :C syndrome sérotoninergique. Il résulte soit
d'un effet secondaire soit d'une intoxication aiguë par inhibiteurs de la
recapture de la sérotonine. Les myoclonies font partie des
critères diagnostiques
- surdosage au lithium chez un patient traité ;
- présence de chloralose et crimidine qui sont des
rodenticides
les accès myocloniques sont provoqués par la
moindre stimulation. La détection urinaire des toxiques est possible
;
- anoxie cérébrale au décours d'un
arrêt cardiaque ou respiratoire
- syndromes de sevrage à l'alcool, aux
benzodiazépines et au méprobamate qui peuvent s'accompagner de
myoclonies. Il s'agit de manifestations d'apparition tardive au cours du
sevrage ;
· thérapeutique. Les encéphalopathies
myocloniques se singularisent par leur durée. Elles causent des
complications qui s'installent à bas bruit : troubles hydro
électrolytiques à type de déshydratation extracellulaire,
encombrement bronchique et broncho-pneumopathie de surinfection.
Conduite à tenir devant une fièvre maligne
toxique
Le développement des inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine, l'accroissement de la consommation de la cocaïne, de
l'ecstasy et de la métamphétamine ont remis les fièvres
toxiques dans le phare de l'actualité. La fièvre est à la
fois un symptôme évocateur de certaines étiologies
particulières mais aussi de complications fréquemment
observées.
En cas d'étiologies
particulières
À la suite de l'ingestion d'hormones
thyroïdiennes, la symptomatologie peut apparaître après un
intervalle libre de plusieurs jours. Devant toute fièvre apparaissant
chez un patient traité par neuroleptique, il faut évoquer un
syndrome malin des neuroleptiques. L'hypertonie est fréquente,
l'atteinte musculaire est objectivée par l'augmentation du taux
sérique des enzymes
Musculaires (aspartate aminotransférase [ASAT],
créatines phosphokinases [CPK]). Le syndrome malin des neuroleptiques
doit être évoqué de première intention car il
possède un traitement spécifique très efficace : le
dantrolène. Cependant, la pratique quotidienne montre que le plus
souvent c'est une infection qui se cache derrière la fièvre sous
neuroleptiques. Devant la fièvre d'un syndrome sérotoninergique,
des traitements spécifiques sont proposés. Lors d'une toxicomanie
à l'héroïne par voie veineuse, il ne faut jamais accepter le
diagnostic de « poussière » porté par le toxicomane
pour expliquer une fièvre au décours d'une injection
intraveineuse, mais toujours rechercher une cause infectieuse à cet
état fébrile.
Conduite à tenir devant une rhabdomyolyse
Les rhabdomyolyses peuvent s'observer dans différentes
circonstances :
· il peut s'agir d'une rhabdomyolyse de posture,
complication non spécifique d'un coma toxique. Une pneumopathie
d'inhalation est très souvent associée ;
· les convulsions, lorsqu'elles sont
répétées, entraînent souvent une
rhabdomyolyse diffuse. Un toxique convulsivant doit être
suspecté chaque fois que les CPK sériques ont un taux
élevé à l'admission alors même que la prise de
toxique est récente ;
· une toxicité musculaire directe a
été observée pour certains toxiques. Le plus typique est
l'intoxication par la paraphénylène-diamine utilisée comme
agent de teinture dans le Maghreb et dont l'ingestion, même accidentelle,
provoque
Une rhabdomyolyse faciotronculaire caractéristique. Le
pronostic dépend de l'insuffisance respiratoire due à
l'oedème massif du cou, comprimant les voies aériennes en
l'absence d'intubation, puis de l'insuffisance rénale prolongée
liée à la rhabdomyolyse et enfin d'une éventuelle
myocardite toxique. Une toxicité musculaire a aussi été
rapportée à la cocaïne, aux statines et à la loxapine
en effet secondaire. Devant un syndrome des loges, la seule possibilité
thérapeutique
est représentée par une aponévrotomie de
décharge en urgence chaque fois qu'il existe un syndrome compressif
vasculaire artériel. La mesure de la pression dans les loges musculaires
n'est pas de pratique courante. L'indication opératoire
est posée chaque fois qu'il existe des loges
musculaires dures, tendues d'autant qu'il existe, en aval, une diminution de la
chaleur et de la coloration du segment de membre. L'indication devient
impérieuse lorsque l'examen bilatéral comparatif montre que le
pouls distal est aboli ou faiblement perçu. Le doppler vasculaire peut
aider au diagnostic, il ne doit pas retarder un geste chirurgical urgent. Les
rhabdomyolyses, lorsqu'elles sont étendues, peuvent s'accompagner d'un
syndrome systémique qui associe une hypotension, une insuffisance
rénale d'abord fonctionnelle puis organique, une acidose
métabolique et une hyperkaliémie. Il faut insister sur le fait
qu'une correction rapide de l'hypovolémie par une réhydratation
précoce et une alcalinisation permettent souvent d'éviter le
passage en anurie. Cela nécessite une surveillance très
étroite de la diurèse car les volumes perfusés sont
souvent importants. Dans les premières heures qui suivent la
découverte du patient, le problème rénal des
rhabdomyolyses est en fait un problème pré rénal
2-3/L'examen clinique
ï Parfois aucun ne signe :
- AVK,
- Paracétamol,
- Éthylène glycol,
- Méthanol,
- parquât
- Troubles digestifs : diarrhées,
vomissements et douleurs abdominales ont valeur d'orientation :
- Digitaliques,
- Métaux lourds,
- Colchicine,
- Éthylène glycol absorbé,
- Champignons,
- Parquât,
- Lithium,
- Carbamates,
- Hormones thyroïdiennes
ï Haleine particulière :
- Éther,
- Éthanol,
- Méthanol,
- Trichloréthylène,
- Organophosphorés,
- Arsenic,
- Parquât,
- Liée à une insuffisance
hépatocellulaire,
- Liée à la présence de corps
cétoniques
ï Troubles neurosensoriels :
- Digitaliques - chloroquine,
- Théophylline,
- LSD, champignons hallucinogènes,
- Ecstasy, Haschich
ï Manifestations cutanées :
- Cyanose : méthémoglobinémie (recherche
d'intoxication aux nitriles), sulhémoglobinémie, hémolyse
intra vasculaire,
- Sueurs profuses :
ï Sd anti cholinergiques : antidépresseurs
tricycliques et
ï apparentés,
ï Sd sérotoninergiques : inhibiteurs de la
recapture de la sérotonine,
- Vermillon : intoxication au CO,
- Marbrure : choc hypovolémique, vasoplégique,
cardiogénique,
- Rhabdomyolyse de posture,
- Manifestations neurologiques : troubles de la conscience
- Les troubles de la conscience sont très
fréquents vu la prédominance des psychotropes (environ 85%) dans
les intoxications volontaires.
- Particularités du coma "toxique" :
- absence de signes de localisation,
- profondeur variable selon la dose et en fonction du
temps,
- réversibilité sans séquelles en
l'absence de complications,
- Des signes asymétriques orientent vers une
organicité : AVC, épilepsie, ...
- Trace de choc : traumatisme crânien, plaie,
phlébotomie
ï Manifestations neurologiques d'orientation :
coma calme ou agité
- État d'agitation et coma agité :
- CO,
- alcool, méthanol, glycol,
- Hypoglycémiants,
- antidépresseurs tricycliques (ADTC),
- antihistaminiques,
- Antihistaminiques,
- Cocaïne, amphétamine, ecstasy
- État calme et coma calme :
- benzodiazépines,
- barbituriques,
- Carbamates,
- Neuroleptiques
- Manifestations neurologiques d'orientation : convulsions et
myoclonies
- convulsions :
- ADTc,
- Phénothiazines,
- lithium,
- Chloralose,
- Dextropropoxyphène,
- Carbamates,
- Cocaïne,
- Amphétamine,
- anti cholinergiques
- Théophylline.
- myoclonies :
- chloralose,
- crimidine,
- lithium,
- Hallucinations : antihistaminiques, atropine et
dérivés, cannabis, LSD.
ï Manifestations respiratoires : fréquence
respiratoire
ï Bradypnée, apnée brutale :
- Barbituriques rapides,
- Opiacés naturels (héroïne, morphine,
...),
- Cyanures,
- Hydrogène sulfuré,
- Curares,
- Strychnine,
- anticholinestérasiques
ï Manifestations respiratoires : anomalies
auscultatoires
ï Encombrement bronchique :
ï Organophosphorés (hypersécrétion
bronchique),
ï Suies incendies,
ï Bronchospasme :
ï Cholinergiques,
ï Bêtabloquants,
ï Gaz irritants,
ï inhalation
ï Crépitants :
ï OAP cardiogénique
ï Surcharge volémique,
ï Cardiotropes,
ï Chloroquine,
ï Colchicine
ï OAP neurogénique
ï Inhalations,
ï Vapeurs toxiques,
ï Opiacés,
ï Vapeurs toxiques,
ï Chloroquine,
ï Parquât,
ï Salicylés
ï Pneumopathie
ï Manifestations cardio-circulatoires : collapsus
ï Origine vasoplégique :
ï Carbamates, antihypertenseurs, opiacés, ...
ï Origine métabolique :
ï Acidose, hypothermie, troubles ioniques, ...
ï Pertes volémiques :
ï Diarrhées (cf. toxiques/troubles digestifs,
colchicine), hémorragie digestive
ï Origine septique :
ï inhalation
ï Origine cardiogénique par atteinte directe de la
fonction myocardique :
ï Carbamates, bétabloquant, chloroquine, anti
arythmiques , antidépresseurs tricycliques, barbituriques, ...
ï Manifestations cardio-circulatoires : HTA et TDR
ï HTA :
ï Cocaïne, amphétamines, Ecstasy,
Théophylline, hormones thyroïdiennes, ...
ï Bradycardie :
ï Anticholinestérasiques, bétabloquant,
anti arythmiques classe 1, inhibiteurs calciques, digitaliques, ...
ï tachycardie :
ï antidépresseurs tricycliques,
Théophylline, trichloréthylène, digitaliques, Cocaïne
(douleur thoracique), amphétamines, ...
ï Manifestations rénale : diurèse
ï Recherche d'une rétention aiguë des urines
:
ï Psychotropes dont neuroleptiques, ...
ï Oligo-anurie :
ï Insuffisance rénale fonctionnelle
ï Hypovolémie,
ï Choc,
ï Néphrotoxicité directe
ï Métaux lourds,
ï Lithium,
ï Éthylène glycol,
ï parquât
2-4/para clinique:
-ECG
ï systématique, Dc, Pc, Ttc.
ï Recherche d'un effet stabilisant de membranes
- Aplatissement des ondes T,
- Allongement de l'espace QT,
- Puis stade ultime élargissement QRS > 0.10 avec
perturbations hémodynamiques
ï bétabloquant,
ï anti arythmiques classe 1,
ï antidépresseurs tricycliques,
ï chloroquine,
ï Phénothiazine,
ï Dextropropoxyphène,
ï Barbiturique ultra rapide
ï QRS fin et collapsus associé
- Méprobamate,
- CO,
- Dextropropoxyphène,
- Opiacés
ï Torsade de pointe
- bétabloquant,
- théophylline,
- antidépresseurs tricycliques,
- Chloroquine
- anti arythmiques classe 1,
- Hypokaliémie des diurétiques
ï TV
- théophylline,
- antidépresseurs tricycliques,
- trichloréthylène,
- anti arythmiques classe 1A,
ï bradycardie
- bétabloquant,
- Inhibiteur calcique,
- Opiacés,
- Digitaliques,
- Anticholinestérasiques
ï Complication ischémique
- Cocaïne,
- amphétamine
-biologie
ï GDS
- Acidose : pH < 7,37
- Métabolique : bicarbonate < 22 m mol/l,
- Si acidose, calcul du trou anionique :
- [Na + K] - [Cl + HCO3] # 16 #177; 4
- si élevé : lactatémie
ï Ionogramme sanguin
- Hypokaliémie : chloroquine, théophylline,
diurétiques hypokaliémants,
- Hyperkaliémie : digitaliques, / insuffisance
rénale, diurétiques hyperkaliémants,
- Natrémie : état d'hydratation
- Calcémie :
- Hypercalcémie : vitamines A et D, sels de calcium
- Hypocalcémie : acides fluorhydriques
(détachants), fluorure
ï Lactatémie
- Acidose métabolique + trou anionique
élevé + lactatémie N
- = Production exogène d'acide
- Méthanol : acide formique
- Éthylène glycol : acide glycolique
- Acidose métabolique + trou anionique
élevé + lactatémie élevée
- = Mécanisme anaérobie
- Intoxication aux cyanures,
- Salicylés
ï Méthémoglobinémie
- cyanose gris ardoisée : nitrites, chlorates, sulfones
ï Urée créatininémie
- Recherche d'une insuffisance rénale
- Fonctionnelle,
- Organique,
- Indication de dialyse (lithium)
Glycémie
- Hypoglycémie
- Glycols,
- Insuline, Antidiabétiques oraux
- alcool
- Hyperglycémie : réaction
adrénergique
ï Hémostase et coagulation
- complications (hépatites, CIVD)
- effets du toxique (antivitaminiques K, venins de
serpents)
ï CPK, myoglobine
- rhabdomyolyse
-Imagerie
ï Radio pulmonaire
- Recherche de complications
- Inhalation,
- Pneumopathie,
- OAP lésionnel ou cardiogénique
- Cliché de référence
ï ASP
- Identifications du toxique en visualisant des
opacités :
- Métaux lourds (arsenic),
- Trichloréthylène,
- Tétrachlorure de carbone,
- Emballage de toxique (bodypacker),
- Amiodarone,
- Cps de potassium
- les autres examens paracliniques
ï EEG
- Diagnostic différentiel : coma toxique vs état
de mal convulsif,
- Rythmes parfois types du toxique ingéré
ï endoscopie digestive.
- en cas d'ingestion de produits caustiques ou corrosifs
- => établir l'importance des lésions
2-5/toxicologie
Le bilan toxicologique ne peut donner un diagnostic
spécifique ni détecter toute
Intoxication chez tous les patients, mais peut confirmer ou
infirmer une suspicion anamnestique ou clinique. Des dosages qualitatifs sont
suffisants mais des dosages quantitatifs sont surtout importants pour les
substances suivantes :
-Barbituriques.
-Carboxyhémoglobine, méthémoglobine.
-Digitaliques.
-Diphénylhydantoïne.
-Éthanol, méthanol,
éthylène-glycol.
-Lithium, fer, plomb, arsenic, mercure.
-Salicylés, paracétamol
(acétaminophène).
-Théophylline
ü
Intérêt diagnostic et pronostic
ü Prélèvements:
*liquide gastrique
*urine
*sang
ü Étude qualitative et quantitative
Analyse toxicologique en urgence
La demande, en urgence, par un clinicien, d'une analyse
toxicologique essaie de répondre aux trois ordres de
préoccupation que sont le diagnostic, le pronostic et le traitement des
intoxications. Le problème du clinicien est donc
l'interprétation
du résultat rendu par le biologiste.
Préoccupations diagnostiques
De nombreuses molécules ou familles de composés
peuvent être détectées dans les laboratoires d'urgence.
Cependant, avant de se lancer dans des analyses toxicologiques d'autant plus
longues, coûteuses et infructueuses que les renseignements cliniques
d'orientation manqueront, il n'est peut-être pas inutile
de rappeler :
· qu'il est toujours possible de prélever,
à l'arrivée du patient, quelques millilitres de sang sur tube
avec anticoagulant (jamais un tube sec) et quelques dizaines de millilitres
d'urine .
· qu'il est souvent possible de se donner un temps
pour réunir les informations suffisantes sur les circonstances de
l'intoxication lorsque celles-ci manquent .
· qu'à l'admission, ce sont les effets
biologiques du toxique dont la mesure est primordiale. Chaque fois qu'un
toxique est à même de perturber gravement le milieu
intérieur, l'intérêt de l'analyse biologique en urgence
prime sur l'analyse toxicologique. À notre avis, l'analyse toxicologique
à but diagnostique représente non pas le point de départ
du raisonnement clinique mais le terme ultime de la démarche qui
confirme ou infirme le diagnostic suspecté par le clinicien. L'analyse
toxicologique occupe donc une position clé dans le raisonnement clinique
; identifiant la molécule toxique dans l'organisme du patient, elle doit
apporter une preuve qui souffre le moins de discussion possible. Cela explique
les exigences que doit avoir le clinicien vis-à-vis de la
spécificité de la méthode utilisée par le
biologiste pour répondre à la question posée. De plus, en
raison de l'existence des relations dose-effet, les méthodes analytiques
donnant un résultat quantitatif doivent être
privilégiées par rapport aux méthodes de simple
détection. Un dosage pondéral possède, pour le clinicien,
l'intérêt de savoir si l'intensité des symptômes est
en relation avec la concentration mesurée du toxique. Ces relations ont
été établies pour de nombreux toxiques fréquemment
rencontrés . L'existence d'une discordance doit faire rechercher
d'autres toxiques, ce qui n'est pas sans conséquence
Préoccupations pronostiques
Dans le cas de la chloroquine et de l'aspirine, il existe une
bonne corrélation entre la concentration sanguine du toxique et la
gravité de l'intoxication mais en aucun cas un traitement ne saurait
être retardé par l'attente du résultat. Dans le cas du
paracétamol, le dosage interprété en fonction du
délai entre l'ingestion et l'heure du prélèvement permet
de prévoir et de prévenir l'atteinte hépatique à
une phase précoce de l'intoxication où la clinique et la biologie
sont encore normales. Pour les antidépresseurs tricycliques, il n'existe
pas de relation étroite entre le taux plasmatique du toxique et la
gravité de l'intoxication. Une concentration plasmatique
fréquemment observée au cours d'intoxications graves est de
l'ordre de 1 mg/l (3 umol/l pour les antidépresseurs tricycliques). Ce
résultat ne saurait retarder le traitement que nécessite
l'état du patient.
Préoccupations
thérapeutiques
On distingue :
· le traitement symptomatique. En aucun cas ses
indications ne sont discutées sur les résultats de l'analyse
toxicologique. L'analyse biologique est la seule qui puisse en guider les
composantes ;
· les traitements spécifiques, tels les
antagonistes, les chélateurs. Devant une intoxication symptomatique et
si les symptômes présentés par le patient sont compatibles
avec le toxique suspecté, les dosages ne sont pas utiles à la
prescription initiale du traitement spécifique. En revanche,
l'analyse
toxicologique permet de surveiller secondairement
l'efficacité du traitement.
3/conduite thérapeutique
- Prise en charge thérapeutique : orientation du
malade
ï pas d'hospitalisation systématique
- chez l'enfant en particulier : toxique à risque
mineurs et dose ingérée souvent faible
- En cas de doute ; appel du centre antipoison =>
renseignements adéquats.
ï si intoxication volontaire, hospitalisation quasi
obligatoire
- en raison de leur gravité potentielle (liée
à la dose importante souvent ingérée),
En raison du contexte avec possibilité de
récidive immédiate
-Prise en charge thérapeutique : prise en charge
initiale
En priorité
- le traitement symptomatique,
- le monitoring des paramètres vitaux si
nécessaire
ï fréquence respiratoire,
ï fréquence cardiaque,
ï pression artérielle,
ï #177; SpO2 et diurèse).
- la réalisation du bilan initial
ï examens biologiques,
ï ECG,
ï analyse toxicologique si nécessaire.
- en cas de coma d'étiologie non certaine, 3
traitements peuvent être indiqués en urgence (à titre
thérapeutique #177; diagnostique) :
ï injection de glucose,
ï injection de flumazénil,
ï injection de naloxone
- Prise en charge thérapeutique : le traitement
ultérieur
ï Il comporte classiquement 4 volets :
- traitement symptomatique,
- traitement évacuateur,
- traitement épurateur,
- traitement antidotique
3-1/traitement symptomatiques
Défaillance neurologique : protéger et
agir de manière adaptée
ï PLS ou position demi-assise,
ï oxygénothérapie,
ï libération des voies aériennes
supérieures,
ï Aspiration oro-trachéo-bronchique,
ï Réchauffement prudent,
ï Ventilation mécanique et sédation,
ï Anticonvulsivants
ï Resucrage G30 %,
Antidote : naloxone, flumazénil
Défaillance cardio-circulatoire :
protéger et agir de manière
adaptée
ï RCP de base, puis spécifique,
ï Oxygénothérapie,
ï Épreuve de remplissage par
macromolécules,
ï Utilisation d'amines pressives (adrénaline),
ï Utilisation d'anti cholinergique (atropine),
ï Utilisation d'un antitoxique spécifique
(lactate, vit B12, ...)
ï Utilisation d'un anti arythmique et ou entrainement
électro-systolique externe
Défaillance respiratoire : protéger et
agir de manière adaptée
ï Libération des Voies Aériennes
Supérieures,
ï Position demi-assise,
ï Ventilation BAVU,
ï Oxygénothérapie,
ï Ventilation mécanique,
ï Ventilation contrôlée,
ï Antidote : naloxone, flumazénil, ...
Défaillance thermique :
protéger et agir de manière adaptée
ï Hypothermie :
- Réchauffement prudent,
- Réanimation cardio-pulmonaire,
- Circulation extracorporelle
ï Hyperthermie
- Ventilation assistée,
- Curarisation,
- Refroidissement,
- Dantrolène
3-2/traitement évacuateur
Les vomissements provoqués par le sirop
d'ipéca. Les vomissements provoqués sont licites dans
l'heure suivant une ingestion de produits à fort potentiel toxique . Le
sirop d'Ipéca est préconisé. Il doit être
administré par un médecin. Il ne doit pas être
intégré dans les pharmacies familiales mais dans la trousse du
médecin de famille, des SMUR et des Services d'Urgences
Hospitalières. La posologie du sirop d'Ipéca est : de 6 à
9 mois, 5 ml ; de 9 à 12 mois, 10 ml ; de 1 à 12 ans, 15 ml ; au
dessus de 12 ans, 30 ml. La dose doit être répétée
une fois si aucun vomissement n'est survenu 20 minutes après
l'ingestion. L'inconvénient de cette méthode est de retarder
l'administration du charbon activé. Dans la circonstance exceptionnelle
où un patient est examiné immédiatement après
l'ingestion d'une substance hautement toxique, l'injection d'apomorphine est
recommandée.
Contre-indications aux vomissements :
- troubles de la conscience
- ingestion de produit corrosif
- ingestion de produit convulsivant
- ingestion de produit très fluide (solvant, ..).
Lavage gastrique
Les avantages et les risques du lavage gastrique ont
été récemment réévalués de
manière critique. Son utilité en routine est mise en doute
.L'aspiration du contenu gastrique doit systématiquement
précéder L'administration de charbon activé si celui-ci
est instillé par une sonde. L'intérêt d'y associer un
lavage de plusieurs litres doit être évalué
individuellement. En règle générale, le lavage ne doit
être pratiqué que s'il a des chances de retirer des
quantités significatives d'un produit dangereux. Il faut évaluer
si le même effet ne peut pas être obtenu par l'administration de
charbon activé adsorbant seul. Il est difficile de définir une
règle générale quant au délai utile : certaines
drogues ont une absorption gastrique rapide (30 à 60 minutes pour la
nicotine ou la strychnine par exemple) ; d'autres, par un effet
intrinsèque (atropiniques, tricycliques, phénothiazines,
opiacés), retardent la vidange gastrique et le lavage peut garder une
certaine efficacité plus longtemps après l'ingestion. Pour
certaines substances, l'absorption est théoriquement rapide, mais peut
être limitée par la solubilité et la formation de
concrétions gastriques (salicylés, barbituriques,
méprobamate). Le lavage gastrique plus d'une heure après
l'ingestion est généralement peu utile. L'ingestion de caustiques
est une contre-indication formelle, tant à l'introduction d'une sonde
gastrique qu'au lavage. Les ingestions d'acides fluorhydrique ou oxalique
peuvent faire exception, en raison de leur toxicité systémique
sévère. L'ingestion simultanée d'objets blessants ou
l'existence d'une pathologie oesophagienne préalable sont d'autres
contre-indications, de même que les diathèses
hémorragiques.L'intubation endo-trachéale avec ballonnet
gonflé est un préalable indispensable à l'insertion d'une
sonde gastrique si la conscience est altérée et/ou si les
réflexes pharyngés sont absents. Il faut utiliser un tube
oro-gastrique large (32-40 F chez l'adulte, 16-26 F chez l'enfant) et multi
perforé. Le patient est placé en décubitus latéral
gauche, tête déclive, ce qui a l'avantage de collecter le contenu
gastrique dans le fundus, plutôt que de favoriser le passage au travers
du pylore. De surcroît, le risque d'inhalation est réduit, en cas
de vomissements. Le liquide de lavage doit être instillé en
quantité connue et limitée (250 à 300 ml chez l'adulte, 50
à 100 ml chez l'enfant) pour éviter de forcer le pylore. L'eau du
robinet convient parfaitement chez l'adulte ; elle doit être
tiédie en cas d'hypothermie. Chez l'enfant en bas âge, on
préférera une solution salée à 0,45 %. Il est
préférable de vidanger le liquide instillé par simple
gravité, plutôt que de le ré aspiré à la
seringue. Le lavage gastrique doit être poursuivi jusqu'à
limpidité. Avant d'entamer le lavage, il convient toujours de
préserver un échantillon de liquide gastrique pour analyse
Contre indications à l'épuration
digestive dans les intoxications aiguës :
* Intoxication par caustiques, hydrocarbures, produits
moussants.
* Altération de l'état de conscience
(présente ou susceptible de survenir à brève
échéance), sauf si le malade est intubé avec sonde
à ballonnet gonflé.
* Chez le malade non intubé, toute situation
comportant
- un risque d'inhalation :
- convulsions
- perte des réflexes de protection des voies
aériennes supérieures
- personnes âgées dépendantes
* Age inférieur à 6 mois.
* Condition hémodynamique précaire (sauf pour le
charbon activé).
* Iléus (sauf pour le lavage gastrique).
Adsorption, neutralisation ou dilution des toxiques in
situ
LE Charbon ne devrait plus être utile une fois le
toxique résorbé. Pourtant, Cette approche consiste à
adsorber le toxique sur une matrice dans le tube digestif, ce qui réduit
son absorption. La matrice la plus utilisée est le charbon
activé, produit de distillation de substances organiques diverses (pulpe
de bois, écorce de noix de coco, charbon, céréales...),
activé par des vapeurs d'acide fort à haute température.
L'administration de charbon est surtout indiquée en cas d'ingestion
endéans l'heure de quantités toxiques d'une substance
carboadsorbable. On utilise la forme pulvérisée, mise en
suspension dans l'eau, à raison de 50 à 100 g chez l'adulte (1
g/kg chez l'enfant), à délayer dans 4 volumes d'eau. Si un lavage
gastrique a été pratiqué, cette suspension est
instillée par la sonde gastrique. Bien que le charbon soit inodore et
insipide, l'administration orale est plus difficile en raison de son aspect
répugnant et du caractère granuleux de la suspension. Elle peut
être facilitée chez l'enfant par l'addition d'édulcorants,
tels le sirop de groseilles ou de chocolat (qui n'altère pas les
propriétés d'adsorption du charbon), ou l'usage d'un
récipient opaque et d'un gros chalumeau. Théoriquement, le
l'élimination de certains produits peut être accrue en cas de
cycle entérohépatique (digitaline par exemple) ou «
entéro dialyse » (barbituriques par exemple). L'administration de
charbon est inutile et même contre-indiquée dans les ingestions de
caustiques (acides minéraux et organiques forts, alcalis). Elle est peu
efficace pour les produits non hydrosolubles, les alcools, les sels (en
particulier de lithium) et le fer. Les complications sont rares. Le charbon ne
semble pas aggraver le pronostic des pneumopathies en cas d'inhalation. Dans
quelques cas, il existe des adsorbants ou des neutralisants plus
spécifiques que le charbon activé pour neutraliser ou s'opposer
à la résorption des toxiques
+++
|
++
|
+
|
chloroquine
|
antidépresseurs
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paracétamol
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barbituriques
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benzodiazépines
|
colchicine
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théophylline
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digitaliques
|
salicylés
|
carbamazépine
|
bétabloquants
|
|
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AINS
|
|
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phénothiazines
|
|
|
parquât
|
|
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méprobamates
|
|
- Substances absorbées par le charbon
activé-
Administration répétée de charbon
activé(« entérodialyse »)
L'entérodialyse consiste à administrer un
adsorbant de manière répétée, par voie orale ou par
sonde gastrique. Le principe est d'épurer toutes les
sécrétions digestives des toxiques qu'elles contiennent avant
leur réabsorption. L'efficacité cinétique de ce
mécanisme est démontrée par la réduction de la
demi-vie de substances telles que l'amitriptyline ou le phénobarbital,
administrées par voie IV ou intra péritonéale. D'abord
conçue pour interrompre le cycle entéro-hépatique de
certaines drogues (la digitoxine par exemple), on s'est aperçu qu'elle
permettait aussi une « dialyse intestinale » de drogues
présentant certaines caractéristiques (favorables à un
cycle entéro-entérique) : volume de distribution limité
(Vd < 1 l/kg), élimination lente (demi-vie longue), bon transport
transmembranaire (pKa bas), faible liaison protéique. L'administration
répétée de charbon activé est recommandée
pour les salicylés, la dapsone, la quinine, le phénobarbital, la
théophylline, la carbamazépine, le méthotrexate, le
diazépam, et surtout la digitoxine. Les clairances obtenues par
l'entérodialyse sont au moins égales à celles produites
par des techniques d'épuration extracorporelle. L'effet est plus douteux
pour d'autres substances comme le méprobamate, la digoxine, la
phénylbutazone, la diphénylhantoïne, le valproate, la
cyclosporine. La réalisation de la technique est encore mal
codifiée. Pour une efficacité maximale, il faut donner le charbon
activé à un rythme qui permet d'en remplir l'intestin
grêle, puis qui évite la désorption du toxique fixé.
Après la dose initiale de 50 à 100 g de charbon activé
destinée à prévenir l'absorption du toxique, on recommande
50 g toutes les 4 heures (ou 12,5 g/h) par sonde gastrique. L'administration de
charbon doit être poursuivie jusqu'à un retour aux concentrations
thérapeutiques. L'intérêt d'une association
systématique du charbon activé à un laxatif comme le
sorbitol est contesté, mais des antiémétiques peuvent
être indiqués. Le principe de l'entérodialyse est
également appliqué dans l'intoxication au thallium par
administration répétée de bleu de Prusse ou dans
l'intoxication au potassium par administration répétée de
résine échangeuse (Kayexalate®).
Laxatifs
La seule indication des laxatifs actuellement reconnue est la
prévention de la constipation induite par les doses
répétées de charbon activé. On utilise
généralement les laxatifs osmotiques (sorbitol 70 %, lactulose),
qui produisent une diarrhée rapide, parfois violente et
accompagnée de crampes abdominales, mais n'ont pas de toxicité
systémique. Des cas de déshydratation et d'hypernatrémie
ont néanmoins été rapportés,
généralement après administration
répétée. On peut éventuellement pratiquer un lavage
intestinal complet par une
Technique analogue à celle pratiquée pour la
préparation des patients en vue d'examens coliques (coloscopie) par
administration de 0,5 (enfant) à 2 litres (adultes) par heure d'une
solution ionique associée à du polyéthylène-glycol
(solution PEG-ELS, exemple: Colopeg®).
Cette technique est particulièrement recommandée
pour l'intoxication massive aux sels de fer (non adsorbable par le charbon), ou
par des médicaments en enrobage à libération progressive
(slow release).
3-3/traitement épurateur
Épuration active
Diverses méthodes peuvent être utilisées
pour accélérer l'élimination naturelle d'un toxique.
Certaines tentent d'accroître les potentialités naturelles de
l'organisme (diurèse forcée, manipulation du pH urinaire,
induction enzymatique hépatique, oxygénothérapie
hyperbare), d'autres font appel à des systèmes corporels
d'épuration (dialyse péritonéale, entérodialyse) ou
à des dispositifs extracorporels (hémodialyse,
hémoperfusion, hémofiltration continue,
plasmaphérèse, exsanguinotransfusion...).
La décision d'épurer activement un toxique et le
choix de la technique utilisée doivent être basés sur
plusieurs critères :
- le principe de la technique et ses limites propres ;
- les caractéristiques chimiques de la molécule
(poids moléculaire,
hydro/liposolubilité et polarité) ;
- la toxicinétique du produit en général
(volume de distribution, liaison
protéique, voies d'élimination, clairance et
demi-vie spontanées), et chez le patient en particulier en tenant compte
de l'insuffisance rénale (aisée à
détecter) et de l'insuffisance hépatique (plus
difficile à évaluer en urgence) ;
- la condition préalable du patient (âge,
affection sous-jacente) si elle affecte les risques encourus ;
- la présentation clinique et la présence de
critères de gravités ou de facteurs de pronostic
défavorable reconnus ;
- l'ingestion d'une dose potentiellement fatale ou une
concentration sérique reconnue létale ou critique.
Diurèse « forcée » et
manipulation du pH urinaire
La diurèse « forcée » n'a guère
d'indication et n'est plus pratiquée, en raison du urinaire de 2 ml/kg/h
chez l'enfant et de 100 à 150 ml/h chez l'adulte par des perfusions est
généralement suffisant.
Un pH urinaire acide entrave la résorption tubulaire
des bases faibles, alors qu'un pH urinaire basique entrave la résorption
tubulaire des acides faibles. En pratique, la diurèse alcaline peut
être utilisée dans l'intoxication de gravité
modérée par barbituriques à action longue (surtout le
phénobarbital), salicylés ou certains herbicides. On cherche
à obtenir un pH urinaire supérieur à 7 par
l'administration de bicarbonate sodique de 100 mEq en bolus, à
répéter. La diurèse acide n'est pratiquement jamais
utilisée. L'intoxication sévère par les
amphétamines, qui est son indication principale, est souvent
accompagnée de rhabdomyolyse, si bien que l'acidification du
sérum et des urines risque de précipiter une hyperkaliémie
et une insuffisance rénale aiguë.
Épuration extrarénale
L'épuration extrarénale peut être indiquée pour des
raisons préventives ou curatives.
Dialyse
Une substance est dial sable si certains critères
physiques inhérents à la molécule et au système de
dialyse sont présents :
- la membrane dialysante (ou le péritoine) doit
être suffisamment perméable à la molécule toxique
(porosité, surface) ;
- le toxique doit avoir une faible liposolubilité et un
volume de distribution limité, et être en équilibre rapide
avec le compartiment plasmatique, être peu lié aux
protéines, et avoir un faible poids moléculaire (< 500
daltons, en général). Si la substance est dialysable, un
bénéfice clinique peut être attendu de la dialyse s'il
existe une relation entre les taux plasmatiques et la toxicité clinique
(toxiques « fonctionnels »), si la demi-vie plasmatique est longue,
ou si les mécanismes naturels de détoxification ou
d'élimination sont altérés. Les principales intoxications
pour lesquelles une hémodialyse peut être envisagée
sont :
- le lithium ;
- la théophylline ;
- le phénobarbital ;
- les alcools (méthanol, isopropanol, éthanol)
;
- les glycols (éthylène glycol, butyl glycol)
;
- l'hydrate de chloral
- le carbromal ;
- les bromures et,
- les salicylés.
Hémoperfusion
Les mêmes critères d'utilisation rationnelle sont
valables (volume de distribution, rapidité d'équilibre entre
plasma et tissus, débit dans le circuit). La perméabilité
au travers de la membrane est remplacée par l'adsorbabilité sur
le charbon activé ou la résine utilisée (amberlite). Les
molécules polaires sont généralement mieux
absorbées par le charbon activé, alors que les substances non
polaires sont aussi bien absorbées par le charbon que par les
résines. Le taux de liaison aux protéines a relativement moins
d'importance que pour la dialyse. L'hémoperfusion est souvent
utilisée en série avec une dialyse.
Les indications sont très restreintes : intoxications
par la théophylline, et
éventuellement le phénobarbital, la
théophylline, le méprobamate et la
carbamazépine. L'inconvénient principal est la
thrombocytopénie.
Hémodiafiltration continue
Elle a été proposée pour épurer
des toxiques de poids moléculaire limité(< 10000 d), de faible
liaison protéique, hydrosoluble et de Vd inférieur à 1
l/kg. Si le Vd est plus large, l'hémofiltration continue assure une
élimination plus lente, mais plus constante que l'hémodialyse
répétée et évite les effets de rebond qui peuvent
survenir après la dialyse. Pour être efficace, la technique exige
un débit sanguin supérieur à 200 mL/min et un débit
d'ultra filtrat supérieur à 3 litres/heure. Son efficacité
cinétique dans l'intoxication au lithium est environ 4 à 5 fois
plus faible que celle de l'hémodialyse qui reste la technique la plus
rentable, en dépit des phénomènes de rebond.
Alcalinisation : par un apport de
bicarbonates(une ampoule en bolus puis 3 ampoules dans un litre de G à
5% justifiée pour les intoxications sévères par :
phénobarbital, Aspirine.
3-4/ traitement spécifique
Antidotes
Un antidote est un traitement pharmacologique qui agit par une
interaction spécifique avec le toxique en cause ou ses mécanismes
d'action. Certains antidotes agissent probablement par plusieurs
mécanismes. Les antidotes agissent principalement par trois
mécanismes d'action :
- la modification de la cinétique du toxique ou de ses
métabolites soit par un effet de chélation-neutralisation
(chélateurs des métaux lourds, immunothérapie, hydrox
cobalamine), soit en interférant avec le métabolisme du
toxique
Et en empêchant la formation ou l'accumulation de
métabolites toxiques
(Éthanol, 4-méthylpyrazole,
N-acétylcystéine), soit en augmentant son
Élimination (thiosulfate de sodium) ;
- la modification de la toxicodynamie, soit en
déplaçant le toxique du récepteur (flumazénil,
naloxone, bêtabloquants, catécholamines), soit en
réactivant le récepteur (acétylcholinestérases pour
la pralidoxime, hémoglobine pour le bleu de méthylène)
;
- la correction des effets toxiques, soit par un effet «
antagoniste » au niveau de canaux ioniques (sels de sodium hypertoniques)
ou de métabolismes cellulaires (glucagon), soit par un effet substitutif
de certains métabolites (glucose, facteurs de coagulation, vitamines)
Utilisables en urgence : peu nombreux.
, - N-acétylcystéine pour le
paracétamol
solutés glucosés pour les
hypoglycémiants,
naloxone pour les opiacés,
oxygène pour le monoxyde de carbone,
atropine pour le syndrome cholinergique,
flumazénil pour les benzodiazépines
- hydroxocobalamine pour les cyanures
- fragment Fab : digitaliques
- vitamine K: anti-coagulant oraux.
- glucagon : bêta-
bloqueurs/hypoglycémiants
Orientation des patients
ï Sortie
-« sur pulsion plus que sur désir de
mourir »,
-Examen clinique strictement normal,
-> 6 h par rapport à la prise,
-Suivi psychiatrique en cours (avant), effectué pendant
et programmé après,
-Accord du psychiatre référent,
-Intoxication accidentelle,
-Dose ingérée <<< dose toxique
ï Passage en secteur psychiatrique
-Intoxication « banale »,
-Toxique fonctionnel,
-Examen clinique subnormal,
-GCS > 14
-Délai > 6 h,
-HDT nécessaire
ï Passage en secteur médical
Sans nécessité de surveillance rapprochée
des fonctions vitales,
Nécessité d'une administration d'antidote
ï Passage en secteur
réanimation
-Altération des fonctions vitales,
-Nécessité d'une surveillance rapprochée
des fonctions vitales,
-Monitoring spécialisé,
-Antidote sous surveillance rapprochée,
-Épuration extra-rénale
ï Passage en secteur UHCD
« Tous les autres cas de figure »
4/particularités de certaines
Intoxications
4-A/LES PSYCOTROPES
- Les benzodiazépines
Depuis la mise sur le marché du chlordiazépoxide
en 1960, les benzodiazépines ont supplanté de nombreux
médicamentsdans leurs indications de médicaments hypnotique,
anxiolytique, myorelaxant et anticonvulsivant. Elles sont devenues etrestent
les médicaments les plus fréquemment mis en cause dans les
Intoxications médicamenteuses, parfois seules, souvent associées.
Elles ont été rejointes par les molécules
apparentées zolpidem et zopiclone , qui n'ont pas montré une
toxicité différente et répondent à l'antidote des
benzodiazépines, le flumazénil.
Effets selon l'âge
Chez l'adulte
Les intoxications aiguës par benzodiazépines
seules sont à l'origine d'un coma calme hypotonique, rarement
très profond mais qui peut s'accompagner de complications respiratoires.
Toutes les benzodiazépines potentialisent très fortement les
effets dépresseurs du système nerveux central des autres
Psychotropes sans oublier l'alcool, avec le risque respiratoire que Cela
représente. Une bradycardie sinusale a parfois été
observée au cours d'intoxications par le flunitrazépam et le
loflazépate. Une agitation, des hallucinations sont fréquentes
avec le lorazépam au réveil du coma ou à la phase
initiale.
Chez les sujets âgés
L'intoxication aiguë par les benzodiazépines est
parfois responsable d'un coma peu profond, mais prolongé. La
pérennisation de cet état s'accompagne de complications
respiratoires tel un encombrement bronchique, une broncho-pneumopathie
surinfection et nécessite une ventilation assistée souvent
prolongée. Il existe chez ces patients une grande hypotonie Musculaire
pouvant être à l'origine de difficultés de sevrage du
respirateur.
Chez l'enfant
L'intoxication accidentelle n'est pas exceptionnelle en
raisonde la grande disponibilité des benzodiazépines dans les
foyers.Celle-ci est très souvent monomédicamenteuse. Le tableau
clinique est par conséquent celui d'un coma calme, hypotonique,
hyporéflexique.L'intérêt clinique de la détection
sanguine ou urinaire desbenzodiazépines reste à définir.Le
flumazénil (Anexate®) est l'antagoniste spécifique
desbenzodiazépines. Il est efficace et bien toléré dans
les intoxications pures . Il ne raccourcit pas la durée de
l'intoxication mais En modifie l'expression clinique. L'utilisation de
flumazénil expose principalement à trois risques :
· réendormissement : la durée d'action
des benzodiazépines est supérieure à celle du
flumazénil qui n'est que de l'ordre de30 minutes.
· apparition d'un syndrome de sevrage aigu, chez
l'intoxiqué dépendant, lorsque la posologie de flumazénil
est trop élevée ;
· apparition de convulsions traduisant soit un
syndrome de sevrage, soit la levée de l'effet protecteur
anticonvulsivant chez un épileptique, ou bien, plus fréquemment,
en présence de toxiques convulsivants associés aux
benzodiazépines, en particulier les antidépresseurs tricycliques.
Les limites de l'utilisation du flumazénil proviennent des risques de
convulsions ou de troubles du rythme graves lors d'intoxications
polymédicamenteuses associant des produits convulsivants dont les plus
fréquents sont les antidépresseurs.
C'est pourquoi l'interrogatoire de l'entourage, mais surtout
l'examen clinique minutieux et l'analyse de l'électrocardiogramme sont
des préalables à son utilisation. Lorsque le coma est compatible
avec une intoxication aux benzodiazépines (coma calme, hypotonique,
hyporéfléxique) et l'ECG normal ou Non évocateur d'une
intoxication par antidépresseurs tricycliques, l'efficacité du
flumazénil est probable, mais, surtout, le risque de convulsions devient
très faible. En revanche, lorsque le coma est non compatible avec une
intoxication aux benzodiazépines (agité, hypertonique avec signes
pyramidaux, pupilles
En mydriase), et l'ECG très évocateur d'une
intoxication par antidépresseurs (tachycardie =?90/min, allongement du
QT, élargissement du QRS), l'efficacité est faible, voire nulle
et le risque de convulsions élevé. Le flumazénil est
Particulièrement utile comme test diagnostique lors d'un trouble de
conscience, et pour éviter l'intubation lorsque celle-ci n'est pas
souhaitable (insuffisant respiratoire chronique, personne âgée).
Bien que le flumazénil ne possède Pas l'autorisation de mise sur
le marché (AMM) chez l'enfant, son utilisation devant une intoxication
pure par benzodiazépines mérite d'être discutée.
Modalités du traitement
Chez l'enfant
La dose de charge est de 0,01 mg/kg en intraveineuse (i.v.)
lente toutes les 2 minutes jusqu'au réveil complet. L'entretien du
réveil nécessite une perfusion continue, la dose horaire initiale
est égale à la dose de charge totale efficace. Une Surveillance
en milieu de soins intensifs est impérative.
Chez l'adulte ou la personne
âgée
La dose de charge se fait par injections successives de 0,1 mg
en intraveineuse lente, répétées toutes les 2 minutes sans
dépasser 1 mg. L'amélioration des troubles de la conscience doit
être évaluée par les réponses aux ordres simples. Il
ne faut pas chercher un réveil total et rapide ou utiliser des
stimulations Nociceptives qui sont susceptibles d'amplifier le réveil et
d'inciter des réactions de refus. L'absence de réponse avec des
doses de charge supérieures ou égales à 1 mg doit faire
arrêter le flumazénil et rechercher une autre cause du coma. Le
Traitement d'entretien se fait en perfusion continue. La dose
horaire en perfusion continue est égale à la dose de charge. Par
exemple, si un patient a été réveillé par 0,3 mg,
la dose d'entretien à la phase initiale est de 0,3 mg h-1.
Il faut insister sur le fait que la perfusion continue de
Flumazénil n'autorise pas un allégement de la surveillance. UN
patient traité par flumazénil doit être hospitalisé
dans une unité offrant une surveillance clinique constante et
rapproché
Soumission chimique
Les benzodiazépines de courte durée d'action ont
été utilisées dans un but délictueux en raison de
l'intense amnésie des faits récents qu'elles procurent
(soumission médicamenteuse). Des patients peuvent consulter pour cette
raison. Le problème médical est de réunir les
éléments étayant la prise médicamenteuse.
Analyse toxicologique précoce pour montrer la
présence de benzodiazépines dans l'organisme,
électroencéphalogramme(EEG) à la recherche de rythmes
rapides de type médicamenteux, et de noter soigneusement les
éléments cliniques pouvant traduire des sévices (remise de
documents, d'argent, confidences, Actes sexuels).
Syndromes de sevrage
Les syndromes de sevrage aux benzodiazépines
apparaissent d'autant plus fréquents qu'ils sont recherchés avec
attention. Certains auteurs font état de la survenue d'un syndrome de
sevrage chez 15 à 44 % des utilisateurs à long terme de
benzodiazépines. Selon la demi-vie de la benzodiazépine, le
syndrome De sevrage s'exprime 3 à 4 jours (jusqu'à 1 semaine)
après l'interruption d'un traitement dont la durée minimale est
de 4à 6 semaines. Les circonstances de survenue du syndrome de sevrage
peuvent être : soit un arrêt brutal, soit une diminution rapide de
doses, soit le remplacement d'une benzodiazépine à Demi-vie
longue par une autre à demi-vie courte. Les symptômes ne sont pas
spécifiques et associent, à une phase précoce,
l'apparition de céphalées, d'une insomnie, une inversion du
rythme du sommeil qui doit éveiller l'attention
Notamment lors de l'hospitalisation d'un patient pour un
problème intercurrent. Il existe fréquemment une hyper
sensorialité avec hyperacousie, photophobies, paresthésie,
hyperosmie, hypersensibilité au toucher et à la douleur. Le
patient se plaint de vertiges et de spasmes musculaires. Ensuite, on observe
l'apparition d'un syndrome confusionnel et au maximum la survenue de
convulsions.
Le traitement repose sur la ré administration de la
benzodiazépine, au mieux la benzodiazépine en question, si non
d'une molécule présentant une demi-vie d'élimination
comparable. L'arrêt des benzodiazépines doit toujours être
progressif : il doit être étalé sur 4 semaines au moins,
avec diminution par Paliers.
-Les neuroleptiques
Ces antipsychotiques comprennent plusieurs classes : les
phénothiazines (comme la chlorpromazine) et les dérivés du
thioxanthène, les butyrophénones (comme l'halopéridol) et
les dérivés de la diphénylpipéridine, les
benzamides (comme le sulpiride et le Métoclopramide). Certains
dérivés sont proches des antidépresseurs Tricycliques, y
compris par leur toxicité. Les neuroleptiques « classiques »
ont plusieurs formes de manifestations toxiques.
Effets secondaires
Récepteurs muscariniques
Ils sont impliqués dans les effets atropiniques ou
anticholinergiques (mydriase, troubles de l'accommodation visuelle,
augmentation de la pression intra-oculaire, bouche sèche, constipation,
iléus, rétention urinaire, tachycardie, confusion) qui sont
surtout très marqués avec les phénothiazines.
Récepteurs cholinergiques centraux
Ils peuvent mener à des états confusionnels et
d'agitation paradoxale, surtout chez les sujets âgés ou en mauvais
état général.
Récepteurs
alpha-adrénergiques
Ils sont impliqués dans les effets hypotenseurs,
souvent associés à une tachycardie sinusale réflexe. Parmi
les autres complications cardiovasculaires, des allongements de l'espace QT,
avec risque de torsades de pointe et de mort subite, ont été
décrits avec de nombreux neuroleptiques, particulièrement dans le
groupe des neuroleptiques sédatifs, mais aussi l'halopéridol, le
dropéridol et plusieurs antipsychotiques atypiques. Cet effet semble
lié à la dose.
Récepteurs H1 de l'histamine
Ils sont impliqués dans les effets sédatifs et
la dépression du SNC (apathie, adynamie, indifférence affective,
passivité), plus importants pour les phénothiazines.
Récepteurs D2 dopaminergiques
Ils seraient responsables des effets extrapyramidaux :
- dyskinésies ou dystonies aiguës (mouvements
involontaires, généralement sous forme de pro traction de la
langue, de crises Oculogyres, de contractures orales et péri-orales, de
trismus, de difficultés de déglutition, de torticolis
spasmodique, d'emprosthotonos ou opisthotonos) ; ces symptômes sont
très désagréables et perturbants pour le patient. Leur
prévention ou leur correction immédiate peut Être obtenue
par la procyclidine 10 mg IM (Kémadrin®) ou le dexétimide
0,25 mg IM. L'orphénadrine 60 mg IV lent est une
alternative .
- un syndrome parkinsonien (tremblements, hypertonie,
akinésie) ;
- un syndrome hyperkinétique.
Autres effets
La plupart des neuroleptiques ont un effet proconvulsant,
même si le développement de crise d'épilepsie est rare en
dehors d'autres facteurs de prédisposition. Ils ont aussi des
propriétés antiémétisantes.
Syndrome « malin » aux neuroleptiques
(SMN)
Cette complication sérieuse est rare (0,2 % des
patients traités par neuroleptiques) mais l'emploi répandu des
neuroleptiques en fait une source de morbidité et de mortalité
non négligeable.
Le SMN peut se développer de façon spectaculaire
en quelques heures ou de façon plus insidieuse en 3 à 9 jours
après l'instauration du traitement. Les manifestations peuvent persister
jusqu'à deux semaines.
Il s'agit d'une réaction idiosyncrasique, plus
fréquente avec les neuroleptiques puissants sans relation avec la dose
administrée, à moins qu'il n'y ait indéterminisme
génétique. Une récidive lors d'une reprise du traitement a
été rapportée dans 30 à 50 % des cas.
Le SMN serait principalement dû à un blocage de
la transmission
Dopaminergique, en particulier au niveau des récepteurs
D2 des ganglions de la base de l'hypothalamus, ce qui expliquerait les
tremblements, la rigidité et l'hyperthermie.
Au niveau périphérique, des neuroleptiques
augmentent l'entrée de calcium dans la cellule, générant
une contracture des fibres musculaires.
Une température ambiante élevée, la
déshydratation, l'agitation ou un état catatonique, un syndrome
de sevrage, les lésions cérébrales sous-jacentes ou un
état démentiel semblent être des facteurs de
prédisposition.. Il existe de nombreuses formes incomplètes
(frustes).
Le diagnostic doit être évoqué devant le
développement d'une rigidité
Musculaire sévère et d'une
élévation progressive de la température corporelle (>38
°C), dans un délai de 1 à 4 semaines après
l'utilisation d'un neuroleptique. Au moins 5 critères parmi les dix
suivants sont en plus nécessaires : transpiration profuse, tremblements,
altération de l'état mental, tachycardie, hyperleucocytose,
dysphagie, incontinence, mutisme, pression artérielle
élevée ou labile, manifestations biologiques de la souffrance
musculaire (par exemple une élévation des CPK, myoglobinurie)
Modifications de l'état mental
Obnubilation, coma Confusion, délire Catatonie
Instabilité du système nerveux Autonome
Instabilité de la pression artérielle
Tachycardie, choc
Arythmies, mort subite
Hyperthermie habituellement > 38 °C,
Parfois > 41 °C
Détresse respiratoire
Transpiration profuse
Pâleur
Anomalies motrices
Rigidité musculaire (« tuyau de plomb »)
Akinésie
Dyskinésies
Dystonies
Troubles extrapyramidaux
Tremblements
Roue dentée
Dysarthrie
Dysphagie
Droolingmyoglobinurie.
Ces symptômes ne doivent bien entendu pas être
attribuables à une autre cause (intoxication par amphétamines ou
phencyclidine, encéphalite virale, troubles de l'humeur avec
manifestations catatoniques, par exemple).Sur le plan biologique, le SMN
s'accompagne souvent d'une élévation importante Des CPK et de la
myoglobinémie, et d'une myoglobinurie. D'autres manifestations
fréquentes sont une hyperkaliémie, une hypocalcémie, une
hyper- ou une hyponatrémie, une insuffisance aiguë, une acidose
métabolique, et une leucocytose importante (10000-40000/mm3).Une
thrombocytose peut être observée, ainsi qu'une CIVD.
L'interruption du traitement neuroleptique en cause est
évidemment prioritaire. Les autres mesures sont avant tout
conservatrices : admission aux soins intensifs, hydratation
généreuse, alcalinisation, intubation et assistance respiratoire,
aspiration nasogastrique, contrôle de l'hyperthermie par les moyens
externes, prévention de la Maladie thromboembolique, hémodialyse
en cas d'insuffisance rénale aiguë, etc. Les mesures plus
spécifiques ont un rôle incertain :
- le dantrolène (2-3 mg/kg/j IV/IM, au départ
(la forme parentérale est chère), suivi par 4-8 mg/kg/j -
jusqu'à 10 mg/kg/j - PO ou par sonde nasogastrique dès que
possible) bloque la libération de calcium par le réticulum
sarcoplasmique des Fibres musculaires ; son usage prolongé peut
être la source d'une hépatotoxicité ;
-les agonistes dopaminergiques réactivent les
récepteurs Dopaminergiques bloqués:
Bromocriptine (Parlodel® 4 _ 2,5-10 mg/j [PO ou par sonde
nasogastrique]),
amantadine 2 à 3 _100 mg/j,
carbidopa/lévodopa, L-dopa par voie IV ;
- les agonistes GABAergiques :
le diazépam (Valium®), par exemple.
Un traitement sédatif, voire paralysant peut être
nécessaire.
Les diagnostics différentiels principaux sont le coup
de chaleur (mais dans ce cas le tonus est réduit, la peau sèche
et la température souvent plus élevée), également
favorisé par la prise de neuroleptiques, et le syndrome
sérotoninergique
Intoxication aiguë
Le tableau est variable en fonction des
propriétés anticholinergiques et antihistaminiquesH1
associées.
Les phénothiazines dépriment le plus fortement
le SNC. Dans les cas sévères, on peut observer des convulsions,
une hypotension avec tachycardie (vasoplégie), une hypothermie profonde
et une dépression respiratoire. On note souvent un myosis. Une
prolongation du QT est possible ; plus rarement (thioridazine), l'ECG peut
Montrer des troubles de conduction. Avec les butyrophénones, la
dépression centrale est moins marquée, mais le tableau est
dominé par l'hypotension et le syndrome extrapyramidal.
Traitement
Il est symptomatique. L'hypotension répond
généralement au
Remplissage vasculaire. Les anticholinergiques sont utiles
pour corriger les signes extrapyramidaux importants. Le diazépam est
utile pour réduire l'hypertonie musculaire.
4-B/LES ANTIDEPRESSEURS
Ce sont les antidépresseurs les plus utilisés.
Ils constituent la première cause de mortalité par intoxication
médicamenteuse volontaire. Ils ont plusieurs actions pharmacologiques :
effet anticholinergiques (exclusivement antimuscarinique) et antihistaminiques
(H1 et H2), inhibition de la recapture de la noradrénaline et de la
sérotonine.
On distingue les tricycliques classiques, de type amines
(imipramine,
amitryptyline, doxépine, trimipramine, clomipramine,
désipramine, nortryptiline,protryptiline, et les molécules
apparentées de type tétracycliques
(maprotiline,miansérine, amoxapine, loxapine, nomifensine) ou des
analogues structurels(viloxazine, mélitracène, paroxétine,
fluoxétine, fluvoxamine, citalopram, sertraline,trazodone,
bupropion).Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de
sérotonine (SSRI) semblent avoir un index thérapeutique
particulièrement élevé, mais peuvent générer
un syndrome sérotoninergique en association avec d'autres produits. La
toxicité des antidépresseurs tricycliques et apparentés
entraîne des complications cardiaques et neurologiques.
La cardiotoxicité résulte de plusieurs
mécanismes pharmacologiques :
- effet anticholinergique : tachycardie sinusale, hypertension
;
- libération puis blocage du recaptage
noradrénergique : tachyarythmies,
Hypertension ;
- effet stabilisateur de membrane (« quinidine-like
») : troubles de conduction et dépression de la
contractilité, arythmies par réentrée, torsades de pointe.
Déjà à dose thérapeutique, on peut observer une
prolongation du QRS et duQT;
- effets alphabloquants : hypotension (d'abord orthostatique),
arythmies
Secondaires à une diminution de la perfusion
myocardique, tachycardie réflexe à l'hypotension.
- on note trois critères ECG témoins d'une
intoxication tricyclique
Significative : tachycardie > 100/min, QRS > 100 msec,
QTc > 318 msec.
La toxicité cardiaque est généralement
précoce (2-3 heures). La crainte
D'arythmies tardives (> 48 heures), conduisant à un
monitoring cardiaque prolongé, est basée sur des observations
anecdotiques.
La neurotoxicité semble surtout liée à
l'effet anticholinergique central. Le patient peut être
désorienté, agité, halluciné ou délirant. Le
coma, lorsqu'il est présent, est souvent peu profond et de courte
durée. Toute prolongation de plus de 24 heures doit faire suspecter une
complication (mal épileptique, hypoxie cérébrale...) ou un
toxique associé. Les myoclonies ou les mouvements
choréo-athétosiques ne sont pas Rares. Les convulsions soutenues
peuvent conduire à une acidose (qui accroît la
cardiotoxicité), à une rhabdomyolyse, à de
l'hyperthermie... Une dépression respiratoire est possible. Le patient
présente souvent des signes antimuscariniques (mydriase, vue trouble,
peau sèche, flush, iléus, rétention urinaire...) ou
sympathicomimétiques (tremblements, transpiration).
Traitement
La décontamination digestive est impérative en
cas d'intoxication récente ou massive. L'induction de vomissements est
formellement contre-indiquée. Le charbon activé est très
efficace. L'intérêt et les risques du lavage gastrique doivent
être discutés pour chaque cas. On dit souvent qu'un lavage
gastrique tardif est utile en raison del'effet anticholinergique des
tricycliques qui ralentit le transit digestif : en réalité,
l'iléus est souvent un signe que le toxique est déjà
résorbé.Aucune méthode d'épuration active n'est
utile, compte tenu des caractéristiques cinétiques de ces
antidépresseurs (large Vd, liaison protéique importante...).
L'administration de doses répétées de
charbon activé dans un but d'entérodialyse n'a pas
d'intérêt démontré et risque d'être la source
de complications en cas de ralentissement du transit gastro-intestinal. Le
traitement est donc avant tout symptomatique
Manifestations cardiovasculaires
La lidocaïne et le sulfate de magnésium sont les
antiarythmiques de choix en casd'hyperexcitabilité. Le sulfate de
magnésium est indiqué en cas de torsade de pointe associée
à une prolongation du QT. Les troubles de conduction (et les arythmies
secondaires) peuvent être améliorés par les solutions
salées hypertoniques, particulièrement si une alcalinisation est
réalisée simultanément. La ventilation doit être
précoce en cas de coma, afin de prévenir toute acidose
respiratoire. En cas
D'arythmie majeure, il faut ensuite maintenir une
alcalémie (pH aux environs de7, 50) par une perfusion de bicarbonate de
sodium. L'alcalinisation n'est pas dépourvue de risques (surcharge
sodée, hypokaliémie, hypercapnie...) et nécessite une
surveillance métabolique et hémodynamique étroite.
L'arrêt cardio-circulatoire sur intoxication tricyclique reste une
indication du bicarbonate sodique ! L'hypotension est souvent due à la
vasodilatation, mais une dépression myocardique est possible. Le patient
doit être placé en position de Trendelenbourg et
Un remplissage prudent doit être entrepris (solution
sodée, éventuellement alcaline).En cas d'hypotension persistante,
le monitoring hémodynamique s'impose
.
Manifestations neurologiques
Coma, myoclonies et mouvements
choréo-athétosiques répondent bien à la
physostigmine, mais les risques inhérents sont
généralement disproportionnés (bradyasystolie,
bronchospasme) et la durée d'action brève. Le coma est souvent
peu préoccupant. Les mouvements anormaux soutenus doivent être
interrompus par sédation s'ils conduisent à l'acidose. En cas de
délire ou D'hallucinations, l'administration de neuroleptiques, sans
Couverture benzodiazépinique préalable, doit être
évitée (effet pro convulsant).La surveillance médicale ne
peut être levée que si le patient a des paramètres vitaux
normaux, si la conscience n'est pas altérée, si l'ECG
soigneusement analysé est normal et si le transit digestif est normal.
En cas d'anomalie de l'ECG, 24 heures de surveillance, après sa
normalisation, sont suffisantes. Les taux sanguins sont peu utiles, sauf si la
présentation clinique est sévère, inhabituelle ou
anormalement prolongée. Dans les intoxications poly
médicamenteuses, Le dosage permet d'évaluer la part des signes
cliniques attribuable aux Tricycliques. Même si les taux
supérieurs à 1 000 ng/mL (taux cumulé de divers
antidépresseurs et de leurs métabolites actifs) sont
généralement associés à des signes toxiques
significatifs et à des complications, il n'y a pas de relation
étroite entre les taux mesurés et la gravité clinique.
D'autres drogues (alcool, phénothiazines) ont un effet
potentialisateur.
4-C/LA THEOPHYLLINE
L'intoxication à la théophylline et ses
dérivés est fréquente et souvent iatrogène, en
raison de leur faible index thérapeutique. Une interaction
médicamenteuse est fréquemment impliquée (anti-H2,
érythromycine, vérapamil...). Plus rares sont les intoxications
aiguës, survenant chez des sujets non traités habituellement par
xanthines. La théophylline est un inhibiteur de la
phosphodiestérase et accumule donc l'AMP cyclique intracellulaire. Le
surdosage se caractérise par une irritabilité, de l'agitation,
des vertiges, des tremblements, des céphalées, des troubles
digestifs et des douleurs épigastriques. Le patient est tachycarde (avec
arythmies supra ventriculaires ou ventriculaires) et modérément
hypotendu, parfois polyurique. Dans les cas sévères, le patient
peut
présenter des convulsions, souvent rebelles au
traitement, évoluant en état de mal. Une rhabdomyolyse et une
hyperthermie peuvent se développer. Sur le plan biologique, des
anomalies métaboliques (hyperglycémie, hypokaliémie,
hypomagnésémie, hypophosphatémie, déshydratation)
sont souvent présentes. Les troubles acido-basiques consistent en une
alcalose respiratoire secondaire à l'hyperventilation dans les
intoxications modérées, et une acidose métabolique
lactique dans les intoxications plus graves. Il existe une assez bonne
corrélation entre la concentration plasmatique et le risque de
complications cardiaques ou neurologiques majeures. Il faut se méfier
des formes de plus en plus répandues à libération
progressive qui donnent un pic de toxicité retardé ou des pics
répétés. Des concentrations de pic de 20 40 ug/mL ne sont
généralement associées qu'à des signes toxiques
mineurs. Une intoxication sévère (en particulier, un mal
convulsif peut être observé pour des taux de plus de 100
ug/mL).
En cas de surdosage chronique, la relation taux/effets est
moins prévisible, et d'autres facteurs comme l'âge ou
l'état clinique préalable du patient doivent être pris en
compte. Néanmoins, une toxicité sévère
(hypotension, convulsions, arythmies) est souvent observée pour des taux
entre 40 et 70 ug/mL.La caféine a la même toxicité que les
autres xanthines. Une dose de 10 g peut être mortelle.
Traitement
La prévention de l'absorption est primordiale : le
charbon activé adsorbant est très actif. Son administration doit
être répétée en cas de forme « retard ».
Le patient doit être étroitement surveillé et
monitorisé. Les troubles hydro électrolytiques doivent être
corrigés. Les convulsions sont parfois rebelles, notamment à la
diphantoïne.Chez le sujet non asthmatique, les bêta-bloquants
corrigent la plupart des manifestations toxiques cardiaques. L'hypotension
répond généralement au
remplissage. Une épuration active est indiquée
en cas d'intoxication grave. L'hémoperfusion sur charbon est la
technique d'épuration de choix, mais l'hémodialyse est efficace,
avec moins d'effets secondaires. On recommande l'épuration active pour
des taux supérieurs à 100 ug/mL (selon qu'il s'agit
d'intoxication aiguë) ou 40-50 ug/mL (intoxication chronique), en cas
d'état de mal convulsif, d'instabilité hémodynamique
Ou d'arythmie rebelle. En l'absence de troubles digestifs
majeurs, l'entérodialyse réduit notablement la demi-vie. L'usage
de l'irrigation intestinale totale pour éliminer les comprimés
à libération progressive est controversé.
4-D/LES B BLOQUANTS
L'intoxication produit une hypotension et une bradycardie,
avec troubles de conduction AV ou intra ventriculaire, et bas débit
cardiaque. La toxicité du sotalol se rapproche de celle de l'amiodarone,
en particulier pour la genèse de torsades de pointes. Le patient peut
aussi développer un tableau de choc cardiogénique, voire de
dissociation électromécanique. Le patient
prédisposé peut présenter un bronchospasme. Sur le plan
Neurologique, somnolence et convulsions sont
fréquentes. Coma et délire hallucinatoire sont également
possibles. L'hypoglycémie et
L'hyperkaliémie peut survenir.
Traitement
Outre les mesures habituelles de prévention de
l'absorption digestive, le traitement est généralement
symptomatique pour les cas bénins. Il faut surveiller la glycémie
et la kaliémie. Les méthodes d'épuration active sont
généralement inefficaces. Les ß2-mimétiques sont
utiles en cas de bronchospasme. Pour les intoxications graves, plusieurs
approches antidotiques sont possibles et d'ailleurs complémentaires.
L'administration d'atropine doit d'abord être tentée en cas de
bradycardie. En cas d'échec, l'isoprénaline (à manipuler
avec une extrême prudence en cas D'hypotension), la dobutamine ou
l'adrénaline doivent être utilisées. L'échec de ces
mesures doit faire recourir à l'entraînement
électrosystolique.En cas d'échec, on peut tenter l'administration
de glucagon qui active l'adénylcyclase en court-circuitant le
récepteur bêta bloqué. Les doses à utiliser sont
élevées (5 à 10 mg IV en bolus puis 1 à 5 mg/h en
perfusion). Elles s'accompagnent fréquemment d'effets secondaires
(crampes abdominales, vomissements). L'agent Préservateur
(phénol) peut poser des problèmes en cas de doses massives. Les
inhibiteurs de la phosphodiestérase III (amrinone, enoxinone) pourront
aussi être utilisés pour combattre la dépression
myocardique.En cas d'échec des mesures pharmacologiques ci-dessus, une
assistance circulatoire extracorporelle doit être envisagée.
Propranolol (Avlocardyl®)
L'intoxication aiguë est à l'origine de troubles
cardiovasculaires, neurologiques et, plus rarement, métaboliques. Les
études épidémiologiques montrent qu'il existe une
surmortalité des intoxications par b-bloquants possédant en plus
un effet stabilisant de membrane, comme le propranolol ou l'acébutolol,
par rapport à ceux qui en sont dépourvus.Les troubles
cardiovasculaires associent des perturbations électrocardiographiques et
hémodynamiques. L'ECG montre
Une bradycardie sinusale, un bloc sino-auriculaire, des blocs
auriculo ventriculaires éventuellement de degré
élevé. Le rythme cardiaque peut être d'origine sinusale,
jonctionnelle ou ventriculaire d'échappement. Des complexes QRS larges
peuvent traduire soit un rythme ventriculaire d'échappement, soit un
effet stabilisant de membrane. La survenue d'une asystolie est
imprévisible. Dans quelques cas, on retrouve flutter ou fibrillation
ventriculaire. Un collapsus d'origine cardiogénique peut exister. Ce
choc cardiogénique induit par les b-bloquants peut s'observer même
lorsque le rythme est sinusal. Dans certains cas, un effet stabilisant de
membrane peut s'associer à l'effet bêta. Le propranolol peut
induire coma et convulsions. Un bronchospasme
Peut survenir chez des sujets présentant des
antécédents d'asthme. La glycémie doit être
surveillée. Il existe un risque d'hypoglycémie, ainsi qu'un
risque d'hyperkaliémie (relativement rare). La gravité de
l'intoxication dépend de
l'association à d'autres cardiotropes et de
l'état myocardique sous-jacent.
Le traitement associe une surveillance ECG constante sous
scope et une surveillance rapprochée de la pression artérielle.
La décontamination digestive est réalisée
précocement par charbon activé, en respectant ses
contre-indications. Il existe des formes à libération
prolongée de propranolol qui peuvent bénéficier de doses
répétées de charbon activé.
Devant une bradycardie sinusale sans chute tensionnelle :
atropine0,5 mg à 1 mg. Celle-ci est rarement efficace, mais l'absence
d'efficacité doit être considérée comme ayant une
valeur diagnostique par rapport au diagnostic d'intoxication par
b-bloquants.
Lorsqu'il existe une hypotension ou un collapsus :
catécholamines
: dobutamine à fortes doses, voire adrénaline.
En l'absenced'efficacité, il faut recourir au glucagon de 1 à 5
mg par voie veineuse suivie d'une perfusion continue de la dose qui peut
améliorer l'état du patient. En cas d'intoxication par
b-bloquants présentant un effet stabilisant de membrane et devant un
aspect de bloc intra ventriculaire : administration de bicarbonate ou lactate
de sodium molaire. Si le QTest long et qu'il existe une torsade de pointes, une
vérification de la kaliémie ainsi qu'une
accélération de la fréquence cardiaque par
isoprénaline sont nécessaires.Devant un état de choc
réfractaire à un traitement médical bien conduit,
l'assistance circulatoire périphérique est salvatrice, même
lors d'un arrêt cardiaque prolongé réanimé, en
raison de l'effet stabilisant de membrane.
4-E/Digitaliques
Les digitaliques inhibent la Na/K ATPase membranaire,
provoquant une perte cellulaire en potassium et un gain en sodium et en
calcium. À doses élevées, ils potentialisent le tonus
vagal et le tonus sympathique. Ils augmentent l'excitabilité myocardique
en diminuant la période réfractaire des oreillettes et des
ventricules. Par contre, ils dépriment la conduction
auriculo-ventriculaire en augmentant la période réfractaire du
noeud AV. Les digitaliques ont un très faible index
thérapeutique. Il faut distinguer deux tableaux toxiques :
- le surdosage chronique est en général
iatrogène. L'anorexie est le symptôme le plus précoce,
suivi de nausées, de vomissements, d'asthénie et parfois de
diarrhées. Tous les types d'arythmies sont possibles.
L'hypokaliémie est souvent associée. Des troubles visuels
(notamment vision colorée) peuvent aussi survenir. Le pronostic est
grave, particulièrement chez le sujet âgé, porteur d'une
cardiopathie sous-jacente ;
- l'intoxication aiguë est en général
volontaire chez un patient sans affection cardiaque sous-jacente. Les
nausées, vomissements et diarrhées sont fréquents. Les
arythmies ventriculaires sont plus rares que les arythmies supraventriculaires,
les bradycardies et les troubles de conduction. L'ECG montre classiquement une
prolongation du QT et un sous-décalage de ST. Des signes neurologiques
(troubles visuels, céphalées, angoisses) sont parfois
présents. Les taux de glycoside sont élevés et la
kaliémie est haute. L'évolution est plus bénigne chez
l'enfant que chez l'adulte.
PHYSIOPATHOLOGIE INTOXICATION
-Inhibition pompe ATP ase membranaire
-Hyperkaliémie extracellulaire
Traduction déplétion potassique
intracellulaire
-Anomalies électro cardiographiques .Augmentation
automaticité des fibres de Purkinje et de l'excitabilité,
diminution de la vitesse de conduction et de durée de la période
réfractaire des cellules atriales et ventriculaires
TRAITEMENT INTOXICATION DIGITALIQUES
Les mesures de décontamination habituelles doivent
être prises dès que possible dans les ingestions aiguës : le
charbon adsorbant est très efficace. L'intérêt de
l'administration répétée de charbon est probable,
notamment pour réduire la demi-vie longue de la digitoxine, mais les
troubles digestifs empêchent parfois de recourir à ce traitement.
Les méthodes d'épuration extracorporelles sont inefficaces. Le
traitement de base est symptomatique. La surveillance du rythme cardiaque est
impérative.
Monitoring cardiaque continu
Lavage gastrique avant H2
Charbon activé : 50g / 8H pendant 24H pour digoxine,
plusieurs jours pour digitoxine (circulation
entéro-hépatique
Corrections prudentes de toutes les anomalies ioniques et de
l'équilibre acido-basique
Hyperkaliémie réfractaire aux traitements
habituels
Si bradycardie : atropine 1 mg IVD, à renouveler
Pour maintenir une activité suffisante et éviter
l'asystolie ou la survenue de troubles du rythmes ventriculaires
d'échappement Anti arythmiques inefficaces, voire dangereux
Contre indication des catécholamines
efficacité inconstante de la lidocaïne
Entraînement électrosystolique : bradycardies
extrêmes, résistantes à l'atropine, en cas de non
disponibilité du traitement antidote
Dialyse : efficacité limitée Grand volume de
distribution, fort taux de liaison tissulaire Risque d'induction d'une
arythmie ventriculaire (injection de lidocaïne avant)
ANTICORPS Fab ANTI-DIGITALIQUES = ANTIDOTE
Formation de complexes immuns stables, permettant de masquer
les sites moléculaires du toxique
Fixation par les anticorps de la digoxine intra vasculaire
libre
inactivation des digitaliques et
réversibilité de la toxicité
Action en 30mn; Effet maximal après 3-4H
Correction de l'hyperkaliémie et des anomalies ECG en 1
à 4H
Admi taux plasmatiques; taux digoxine librenistration
précoce
Seul traitement efficace de l'hyperkaliémie
Associée à une intoxication digitalique
4-F/LE PARACETAMOL
C'est l'antalgique et l'antipyrétique actuellement le
plus utilisé, seul ou dans des préparations composées. Il
dérive aussi du métabolisme de la phénacétine C'est
une intoxication fréquente chez les enfants du fait de sa
fréquence d'utilisation. La toxicité, plus élevé
chez le grand enfant et l'adolescent que chez le nourrisson, est liée
à l'accumulation de métabolites hépatotoxiques,
après épuisement des réserves en glutathion.. La
toxicité est principalement liée au risque de
développement d'une hépatite centrolobulaire fulminante. En
intoxication, le métabolisme normal (glycurono- et sulfoconjugaison) du
paracétamol est « débordé », ce qui permet la
production par les microsomes d'un métabolite intermédiaire
hépatotoxique, transformé lui-même, grâce au
glutathion, en cystéine et acide mercaptopurique. En imprégnation
toxique, les stocks de glutathion s'épuisent et les substances
hépatotoxiques s'accumulent. Typiquement, l'intoxication évolue
en trois phases :
- moins de 24 heures après l'ingestion, le patient
présente des troubles digestifs non spécifiques. Transpirations,
léthargie, hypothermie sont possibles (enfants) ;
- le deuxième jour est souvent asymptomatique, mais
l'altération des tests hépatiques apparaît sous forme de
cytolyse ;
- le troisième jour, le patient développe un
ictère, des douleurs de l'hypocondre droit, des vomissements et des
signes d'encéphalopathie. Les complications sont des hémorragies,
des hypoglycémies, un syndrome hépatorénal, la
coagulopathie.
Une nécrose tubulaire rénale peut aussi
survenir. Un risque hépatotoxique apparaît pour une DSI
supérieure à 150 mg/kg chez l'enfant et 100 à 120 mg/kg
chez l'adulte. Le seuil peut toutefois être plus bas chez
l'éthylique chronique (75 mg/kg) ou le patient dont la fonction
hépatique est préalablement altérée. Les
lésions sévères sont consécutives à des
ingestions de plus de 250 à 300 mg/kg. La présentation du
paracétamol en grands conditionnements rend souvent difficile
l'évaluation de la DSI. L'absorption peut en outre avoir
été perturbée par des vomissements ou l'administration de
charbon activé. Il est donc difficile d'établir un pronostic
fiable sur la base de l'anamnèse.
L'évolution est généralement
bénigne lorsque l'élévation des transaminases à
l'admission ne dépasse pas le double de la valeur normale et/ou quand la
NAC peut être commencé endéans les 8 heures suivant
l'intoxication.
On peut se référer au nomogramme de Rumack et
Matthew, , pour évaluer le risque d'hépatotoxicité en
fonction de la paracétamolémie et du délai
écoulé depuis l'ingestion. Sa validité est toutefois
limitée aux dosages pratiqués entre la 4e et la 16e heure et aux
ingestions uniques, pour autant que la demi-vie du paracétamol ne soit
pas prolongée
DIAGNOSTIC
??Les doses toxiques sont estimées à :
o > 250 mg/kg chez enfant < 6 ans en bon état
nutritionnel et avec une intoxication isolée
o > 150 mg/kg chez enfant > 6 ans en bon état
nutritionnel et avec une intoxication isolée
o > 100 mg/kg quelque soit l'âge dans les autres
situations
??Les premiers signes apparaissent avant la 14e heure
succédant l'ingestion : nausées, vomissements
précoces, hépatalgies, sensation de malaise
général pour les plus grands
??L'altération de l'hémostase et du bilan
hépatique sont nets à partir du 2 e jour, avec nécrose
centrolobulaire
au 3 e jour : cytolyse hépatique, diminution des
facteurs de coagulation (facteur V)
??L'évolution se fait habituellement vers la
régression à partir du 4 e jour et la guérison sans
séquelle en
2 semaines ; l'insuffisance hépatique peut aussi se
majorer dans quelques cas avec encéphalopathie
hépatique, insuffisance rénale et risque de
décès par hépatite fulminante entre le 4e et le 14e jour
Traitement.
Une décontamination par charbon activé doit
toujours être réalisée si le patient est admis dans un
délai raisonnable.
La N-acétylcystéine (NAC - Lysomucyl®) est
l'antidote de choix : elle agit en régénérant le
glutathion et peut-être en favorisant la sulfo-conjugaison.
Idéalement, le traitement doit être entamé entre la 4e et
la 8e heure post-ingestion, mais systématique.
La dose est de 150 mg/kg en 30 à 60 minutes
(possibilité de réactions anaphylactoïdes qui se
résolvent sous antihistaminiques H1 et corticoïdes), suivi de 50
mg/kg EN 4 heures puis de 100 mg/kg en 20 heures. Si les tests
hépatiques s'altèrent, la poursuite d'une perfusion de NAC de 200
à 300 mg/kg/24 heures est généralement proposée.
Les techniques d'épuration (HP, HD) n'ont guère
d'intérêt.
PRISE EN CHARGE AUX URGENCES DES INTOXICATIONS
POTENTIELLES
Conduite à tenir générale
· Abord veineux si troubles digestifs + bilan
biologique
o paracétamolémie 2 heures après
l'ingestion < 6 ans ou entre 4e et 12e h à tous les âges
o si indication traitement par NAC: NF, transaminases, TP,
TCA, facteur V, glycémie, urée,
créatinine, ionogramme (#177; GDS si critères de
gravité)
??Evacuation gastrique inefficace, sauf en cas d'intoxication
polymédicamenteuse < 1 h
??Administration de CARBOMIX :
o inutile chez enfant < 6 ans (absorption des
solutés buvables < 30 min.)
o utile > 6 ans dans l'heure qui suit l'ingestion (mais
rend impossible l'administration PO de NAC)
Indication de traitement par NAC
??Dès l'arrivée du patient si :
o critères de gravité
o ingestion > 8 h (puis arrêt protocole si
paracétamolémie réalisée < 15e h en zone non
toxique)
??A tout âge si paracétamolémie entre 4e
et 15e heure dans la zone toxique .
??Chez enfant < 6 ans avec paracétamolémie
> 225 mg/L à la 2 e h
Protocole d'administration de la
NAC
· PO (en l'absence de vomissement et d'administration de
CARBOMIX) = MUCOMYST, EXOMUC ou FLUIMUCIL (sachets à 100-200 mg ; susp.
buv. à 100-200 mg/càc) : dose de charge (H0) de 140 mg/kg
puis 70 mg/kg toutes les 4 h jusqu'à H72
??IV = FLUIMUCIL (fl. 5 g/25 mL = 200 mg/mL) : dose de charge
de 150 mg/kg (= 0,75 mL/kg dans 250 mL
G5%) en 1 h puis 50 mg/kg (0,25 mL/kg) en 4 h puis 100 mg/kg
(0,5 mL/kg) en 15 h
(à poursuivre IV 100 mg/kg/16 h ou relais PO 70 mg/kg/4
h pendant 48 h)
CRITERES D'HOSPITALISATION
· Hospitalisation systématique si intoxication
potentielle :
o en réanimation si encéphalopathie,
critères de gravité, facteur V < 50% ;
o en lit UHCD en cas de doute (en attente
paracétamolémie)
o en secteur traditionnel dans les autres cas
PRESCRIPTIONS A LA SORTIE DES URGENCES
· Pour les patients hospitalisés : poursuite du
traitement initié et de la surveillance, EEG si encéphalopathie,
bilan pré-greffe pour les patients admis en réanimation...
??Pour les absorption de doses infra -toxiques : arrêt
traitement par paracétamol 48 h.
4-G/LES INIBITEURS CALCIQUES
Très dangereux : risque de collapsus ou d'arrêt
cardiaque précoce dans les3 premières heures, mais pouvant
être retardé avec les formes retard. Ces patients sont
hospitalisés en réanimation.
- Nausées, vomissements, confusion, convulsions,
hypotension,
Bradycardie, collapsus. Tachycardie sinusale (Adalate,
dihydropyridines).
- ECG : troubles du rythme et de la conduction
(Isoptine,Tildiem,Cordium).
Monitorage ECG et tensionnel.
- En attendant le réanimateur :
. CaCI 1 g (10 ml à 10%) IVL en cas de signes
cardiovasculaires, relayé en perfusion de 1 g/h (30);
. bradycardie sinusale < 60/min : 0,5 mg d'atropine IVD,
répétable;
. bloc sino-auriculaire (bradycardie sans onde P), BAV :
Isuprel ;
. collapsus : adrénaline 3 mg/h (faire un bolus de 1 mg
IV en cas d'arrêt
circulatoire), et massage cardiaque en l'absence de pouls. )
Charbon activé dès que possible. Lavage
discutable, dans l'heure suivant l'ingestion, en réanimation.
Examens complémentaires : ionogramme,
créatininémie et urée.
4-H/SALYCILES
Les composés les plus fréquemment
rencontrés sont l'aspirine (acide acétylsalicylique) et l'acide
salicylique, et des dérivés, contenus dans certains produits
kératolytiques et antalgiques topiques. Le salicylate de méthyle,
parfois présent à haute concentration (20 %), est
particulièrement dangereux car bien résorbé par la peau.
La toxicité des salicylés est principalement liée à
leur action découplante sur les
Phosphorylations oxydatives.
L'intoxication salicylée résulte le plus souvent
de dosages inappropriés d'aspirine chez l'enfant. Une toxicité
modérée apparaît pour 150-300 mg/kg, et
sévère au-delà La dose léthale est de 500 mg/kg
environ. L'intoxication « chronique » est généralement
plus grave que l'intoxication aiguë, pour un même taux
plasmatique.
Les intoxications légères sont la source de
troubles digestifs et de douleurs
Épigastriques. Le patient peut présenter une
hémorragie digestive. Les vertiges, l'hypoacousie, les bourdonnements
d'oreille et les céphalées sont fréquents. Le patient peut
être agité ou confus et présenter une hyperventilation
neurogène (alcalose respiratoire). Hypotension, tachycardie et
hyperthermie paradoxale peuvent compléter le tableau.
En cas d'intoxication sévère, le patient peut
sombrer en coma avec hyperthermie, dépression respiratoire, convulsions
et choc. Un oedème pulmonaire lésionnel peut apparaître. Le
tableau est accompagné d'une acidose fixe (salicylés et acide
lactique).
On peut également observer une hypocalcémie
(avec tétanie), une hypokaliémie, une hyper- ou
hyponatrémie, une hypoglycémie et une insuffisance rénale
aiguë, ainsi que des troubles de coagulation (PT, plaquettes) avec
diathèse hémorragique.
Traitement
La prévention de l'absorption doit être
soigneuse. Les vomissements spontanés sont fréquents. Le charbon
activé est très actif sur les salicylés dissous, mais des
bézoars peu accessibles se forment parfois en cas d'ingestion massive.
La fibroscopie est parfois utile pour guider leur élimination. Le reste
du traitement est conservateur, en veillant particulièrement aux
troubles glycémiques et à la réhydratation avec
Suppléments potassiques.
L'hémodialyse peut être indiquée en cas
d'intoxication sévère avec acidose importante, si les taux
dépassent 100-120 mg/dL en cas de surdosage aigu, 60-80 mg/dL dans les
cas chroniques. La diurèse alcaline réduit la demi-vie de
l'aspirine, mais n'est généralement pas utile dans les
intoxications modérées et est contre indiquée dans les
intoxications graves. L'entérodialyse n'a pas prouvé son
intérêt
Clinique. De la vitamine K1, du plasma frais
viro-inactivé ou du PPSB sont parfois nécessaires pour corriger
les troubles de coagulation. Des anti-H2 ou de l'oméprazole doivent
être administrés systématiquement.
4-I/LES ANTICOAGULANTS
Anticoagulants oraux (coumariniques et
indanediones)
Ces anticoagulants, par interférence avec le
métabolisme de la vitamine K, inhibent la formation de certains facteurs
de coagulation (II, VII, IX, X). L'intoxication ou le simple surdosage
produisent des pétéchies et des saignements spontanés.
Traitement
L'antidote est la vitamine K (Konakion®).
L'administration doit être intraveineuse et lente, car elle peut
s'accompagner de réactions anaphylactoïdes. L'effet est
différé. L'administration de plasma frais congelé
viro-inactivé ou de PPSB est requis en cas d'hémorragie il s'agit
de produits à longue durée d'action pouvant nécessiter un
protocole de traitement prolongé adapté. Il faudra toujours
vérifier le TQ 48 heures après l'arrêt de la vitamine K.
Héparine non fractionnées et
HBPM
Le surdosage est généralement
iatrogène.
Traitement
Une neutralisation immédiate de l'héparine est
possible par la protamine, par formation d'un complexe
héparine-protamine inerte. La dose est de 50 mg de protamine pour
inhiber 5 000 unités d'héparine. Il faut tenir compte du
délai d'administration de la dernière dose d'héparine pour
déterminer la dose de protamine. Le risque, notamment anaphylactique,
de ce traitement n'est pas négligeable
4-J/LES ANTIEPILEPTIQUES
Acide valproïque
On rencontre surtout des surdosages thérapeutiques. Ils
se traduisent par de la confusion (parfois liée à une
hyperammoniémie), des troubles digestifs et souvent un myosis. Dans les
cas graves, le patient peut sombrer dans un coma flasque avec dépression
respiratoire, dû à l'oedème cérébral.
Rarement, des convulsions peuvent se développer. Certains patients
présentent une thrombopénie.
Traitement
Le traitement est symptomatique. La prévention de
l'absorption digestive est particulièrement importante pour les formes
« retard », en particulier la répétition des doses de
charbon activé. L'efficacité de l'hémodialyse est
controversée, en raison de la large liaison protéique (toutefois
réduite en cas d'intoxication). La naloxone améliorerait la
conscience dans certains cas
Carbamazépine
Cet antiépileptique est chimiquement proche des
antidépresseurs tricycliques. Les signes du surdosage sont des
céphalées, une sécheresse de la bouche, une mydriase et
des troubles digestifs. Vertiges, nystagmus, ataxie, diplopie ou mouvements
anormaux sont souvent observés. En cas d'intoxication
sévère, le patient peut présenter des troubles de
conduction intraventriculaire ou des arythmies, une hypotension, un coma
(hyperréflexie), de l'hypothermie, des convulsions et une
dépression respiratoire. Des bulles cutanées sont parfois
observées.
Traitement
Surtout symptomatique, notamment le diazépam pour les
convulsions. La prévention de l'absorption par charbon activé
doit être réalisée même tardivement (mauvaise
solubilité, formes retard). L'hémoperfusion est proposée
dans les cas sévères.
.Phénytoïne
On rencontre surtout des surdosages thérapeutiques. Ils
se manifestent par des troubles digestifs, de la confusion, un nystagmus, des
signes cérébelleux (ataxie, Intoxications 505
hyperréflexie, dysarthrie...) et parfois de la diplopie. Un coma, de
l'hypoglycémie et des troubles de conduction ou d'excitabilité
cardiaque peuvent apparaître dans les cas sévères.
Traitement
Il est symptomatique. La prévention de l'absorption
digestive peut être envisagée même après plusieurs
heures en raison de la mauvaise solubilité du produit.
Phénobarbital
(Gardénal®)
Lors d'une intoxication aiguë, les troubles de
consciences installent plus ou moins rapidement, précédés
d'une période ataxique pseudoébrieuse avec agitation. Le coma est
calme, hypotonique et hyporéflexique. L'EEG varie parallèlement
aux troubles cliniques. Au maximum, la dépression
cérébrale se manifeste par de grandes ondes lentes non
réactives et par des périodes de silence électrique. La
durée du coma varie selon le type de barbiturique, la concentration de
départ et la bonne qualité de l'épuration digestive. Il
existe une bonne corrélation entre la profondeur du coma et la
phénobarbitémie Un coma profond sans réaction aux
stimuli nociceptifs s'observe pour une phénobarbitémie de l'ordre
de 400 umol/lchez un sujet non traité. Dans la mesure où le
phénobarbital induit un coma de plusieurs jours, les complications non
spécifiques des comas sont souvent observées. Le traitement est
d'abord symptomatique.
La décontamination gastro-intestinale fait appel au
charbon activé, en respectant ses contre-indications et après
intubation des patients qui présentent des troubles de conscience. Il a
été démontré que le charbon activé diminuait
de façon significative la demi-vie d'élimination du
phénobarbital par le phénomène de dialysance
gastro-intestinale. Il faut donc administrer des doses
répétées de charbon activé, soit 25 g/8 h,sur une
durée qui varie selon l'amélioration clinique et la baisse des
concentrations plasmatiques. La clairance rénale spontanée du
phénobarbital est de 1 ml/min. Elle est augmentée par la
perfusion de bicarbonate à raison de 2 000 ml j-1 (avec ajout 2 gde
KCl/L) chez l'adulte de façon à obtenir un pH urinaire
supérieur ou égal à 7,5. Elle est surveillée de
près chez l'insuffisant cardiaque ou rénal.
4-K/ANTI-INFLAMATOIRES N/S
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
sont des médicaments très largement utilisés. À
doses thérapeutiques, ils peuvent être responsables de nombreux
effets indésirables dont certains sont très graves. Les
principaux effets indésirables communs liés à la dose
concernent le tube digestif et le rein alors que les réactions
allergiques ou idiosyncrasiques peuvent prendre la forme commune, avec
intolérance croisée très fréquente, sinon de
règle, d'un syndrome de Fernand Widal(asthme à l'aspirine et aux
autres AINS) ou d'une urticaire
chronique. Il existe des interactions potentiellement
dangereuses avec de nombreux médicaments. Très diffusés,
ils sont souvent responsables d'intoxications aiguës.
Ibuprofène [18] (Advil®, Nureflex®,
Nurofen®, Ibuprofène®, Rhinadvil®,
Upfen®)
La posologie quotidienne maximale de l'ibuprofène est
de40 mg kg-1 chez l'enfant. Les prises uniques de moins de100 mg kg-1 ne
produisent généralement aucun symptôme. Des complications
graves ne sont susceptibles d'être observées que pour des doses
ingérées d'au moins 400 mg kg-1. La plupart des intoxications
aiguës par l'ibuprofène sont asymptomatiques (90 % chez l'enfant ;
50 à 60 % chez l'adulte). Lorsque des signes d'intoxication sont
observés, ils sont généralement bénins (douleurs
abdominales, nausées, vomissements, céphalées, sensations
vertigineuses, bourdonnements d'oreille, vision floue, diplopie, nystagmus,
somnolence). Dans quelques cas, des complications plus graves ont
été observées : coma profond, hypothermie, convulsions,
pauses respiratoires (en particulier, chez les très jeunes enfants),
acidose métabolique, hypotension, troubles de l'excitabilité
cardiaque, insuffisance rénale aiguë.
.Diclofénac
(Voltarène®)
Les signes rapportés dans les quelques cas
publiés sont des troubles digestifs, des acouphènes, une
somnolence et une insuffisance rénale aiguë.
Acide niflumique (Nifluril®)
L'acide niflumique est potentiellement responsable
d'intoxications graves. Les convulsions sont fréquentes. Souvent
précédées de myoclonies, elles surviennent 0,5 à 12
heures après la prise. Elles peuvent se compliquer d'un coma, d'une
acidose métabolique, d'une rhabdomyolyse, d'une insuffisance
rénale aiguë, voire d'un arrêt cardiorespiratoire. Les autres
manifestations observées au décours de surdosages sont des
troubles digestifs et une hypoprothrombinémie
Acide tiaprofénique (Surgam®),
kétoprofène(Profénid®), flurbiprofène
(Antadys®)
Les surdosages en kétoprofène peuvent provoquer
des troubles digestifs, une dépression du système nerveux
central, des convulsions et une acidose métabolique.
Naproxène (Apranax®)
Les intoxications aiguës par le naproxène sont
généralement asymptomatiques ou bénignes. Les
symptômes les plus souvent observés sont des troubles digestifs,
des céphalées et une somnolence. Des complications plus graves
ont rarement été
rapportées : coma profond, convulsions, acidose
métabolique, atteinte rénale (protéinurie et
hématurie). Dans un cas, une hypoprothrombinémie,
régressive sous vitamine K, a fait suite à la prise de 10 g de
naproxène.
Généralement les AINS Même à
forte dose, sont rarement toxiques. Doses toxiques mal connues.
- Biologie : ionogramme, créatininémie et
urée, glycémie, NFS, TQ et TCA, transaminases. Bandelette
urinaire (Lodine : faux + acétone et bilirubine).
Biologie à répéter à 12-24 et 48
heures, éventuellement en externe.
Risque supérieur chez le sujet âgé ou
déshydraté. Troubles digestifs.
Sensations vertigineuses, diplopie, nystagmus, trouble visuel,
céphalée,
somnolence, ataxie, fasciculations, convulsions (Ponstyl >
2-4 g).
Hypotension, brady-tachycardie. Insuffisance rénale
aiguë, protéinurie,
hématurie. Dépression respiratoire. Hypothermie.
Hypoglycémie.
Hypocoagulabilité. Hépatite, cholestase.
- Charbon activé. Pansement gastrique en cas
d'épigastralgie.
Hospitalisation de 12 heures au moins en cas de dose
significative.
4-L/CORTICOIDES
Corticoïdes : prednisolone
(Solupred®),prednisone (Cortancyl®), bétaméthasoneplus
dexchlorpheniramine (Celestamine®)
Lors d'intoxications aiguës, il n'a pas été
rapporté de manifestations
autres que digestives. Il faut prêter attention aux
principes actifs associés ex. : dexchlorphéniramine de la
Celestamine® (antihistaminique).
4-M/CHLOROQUINE
L'intoxication par la chloroquine est fréquente et
grave. Le tableau clinique initial est faussement rassurant. La gravité
de cette intoxication est directement liée à la dose
ingérée. Le pronostic de cette intoxication a été
transformé par un protocole thérapeutique agressif associant la
perfusion d'adrénaline, la mise sous ventilation assistée et
l'administration de fortes doses de diazépam. La Savarine® associe
proguanil et chloroquine dans un rapport 200/100 mg par comprimés. Il
n'existe pas de données concernant un surdosage simultané aux
deux principes actifs. La toxicité liée au surdosage est
déterminée en fonction de la dose de chloroquine. La dose de
chloroquine considérée comme dangereuse est de l'ordre de 3 g.
Une dose supérieure à 5 g est mortelle en l'absence de
traitement. Contrairement à la plupart des intoxications,
l'évaluation de la dose ingérée est assez fiable car le
patient est souvent conscient, et n'a ingéré que de la
chloroquine. Les troubles digestifs et neurosensoriels ont une valeur d'alarme.
Toute la gravité est liée aux perturbations cardiovasculaires.
Le tableau initial est souvent faussement rassurant, et
l'arrêt cardiocirculatoire peut survenir de façon précoce
et brutale
.Troubles digestifs
Les vomissements sont fréquents. Lorsqu'ils sont
très précoces (moins de 1 heure), ils peuvent diminuer la
quantité de chloroquine réellement absorbée. Plus tardifs,
ils exposent au risque d'inhalation. Une diarrhée est parfois
notée.
Signes neurosensoriels
Les intoxications aiguës par la chloroquine sont à
l'origine d'une symptomatologie cochléovestibulaire et oculaire :
diminution de l'acuité visuelle, modification du champ visuel, vision
floue, acouphènes, vertiges. Ils ont une valeur d'alarme. Les signes
oculaires des intoxications aiguës sont spontanément
réversibles. Les signes neurologiques comprennent des
céphalées,
une agitation, une obnubilation, voire un coma ou des crises
comitiales. Ces deux derniers symptômes s'accompagnent le plus souvent
d'une défaillance hémodynamique.
Signes cardiovasculaires
La chloroquine a un puissant effet stabilisant de membrane
(voir paragraphe « Effets stabilisants de membrane et flécaïne
»). Une asystolie ou une fibrillation ventriculaire peuvent survenir de
façon précoce et brutale, expliquant toute la gravité de
cette intoxication.
Effets respiratoires
Une hypoxie a été rapportée dont le
mécanisme est souvent plurifactoriel. Elle favorise les troubles du
rythme, à l'origine d'un arrêt cardiocirculatoire ou d'un
collapsus.
Troubles hydroélectrolytiques et
acidobasiques
L'hypokaliémie est un reflet de la gravité de
l'intoxication. Celle-ci peut être extrêmement profonde,
jusqu'à 0,8 mmol/ 1 dans notre expérience. Elle est secondaire au
transfert intracellulaire de potassium et se normalise rapidement en 48 heures.
Il existe par ailleurs une acidose lactique, témoin de l'hypoperfusion
tissulaire, même en l'absence de signes nets de collapsus
Évaluation initiale de la
gravité
Trois paramètres permettent l'évaluation en
urgence de la gravité d'une intoxication : la dose de
chloroquineingérée (> 4 g), la baisse de la pression
artérielle systolique (= 100 mmHg) et l'élargissement des
complexes QRS (=?0,12 s), auxquels il faut ajouter l'existence de troubles du
rythme.
Le traitement doit être adapté à la
gravité de l'intoxication.
Administration de charbon activé
Elle se conçoit dans l'heure qui suit l'ingestion et
doit être réalisée chez un patient conscient, en l'absence
de facteurs de gravité ou bien après intubation, ventilation et
traitement associant adrénaline et diazépam, en présence
des facteurs de gravité.
Traitement symptomatique et
spécifique
Pour les formes sans facteurs de gravité, une
surveillance en unité de soins intensifs s'impose pour surveillance
continue de l'ECG et de la pression artérielle. Toute aggravation, et
notamment l'apparition de signes de gravité, doit faire discuter la mise
en route du traitement des formes sévères.
Le traitement des formes sévères doit
débuter le plus précocement possible, à la phase
préhospitalière. Il nécessite donc un transport
médicalisé. Le protocole thérapeutique associe :
· adrénaline i.v. à la seringue
électrique 0,25 ug kg-1 min-1 augmentée par paliers de 0,25 ug
kg-1 min-1, et adaptée à la pression artérielle ;
· diazépam : 2 mg kg-1 i.v. en 30 minutes
suivi de 2 à 4 mg kg-1 24 h-1 à la seringue électrique. Le
bénéfice du diazépam, qui a été
suggéré au travers des modèles expérimentaux, reste
discuté en clinique. Il ne doit, en aucune manière, retarder la
mise sous adrénaline et doit systématiquement être
accompagné d'une intubation-ventilation assistée, pour
éviter les risques d'inhalation ;
· intubation et ventilation mécanique. Le
protocole d'induction doit éviter le thiopental, en cas
d'instabilité hémodynamique il doit être remplacé
par l'étomidate. Les sédatifs et anesthésiques choisis
doivent tenir compte des interactions possibles avec le diazépam. Le
lactate de sodium molaire en perfusion peut permettre de traiter un
élargissement des complexes QRS supérieur ou égal à
0,16 s. Dans les formes graves, réfractaires au traitement
médical bien conduit, l'assistance circulatoire
périphérique améliore le pronostic vital. Elle est
cependant réservée à des centres spécialisés
.
4-N/Dextropropoxyphène(Di Antalvic®
,Propofan®)
La dose toxique, variable selon la tolérance du sujet,
est de 500 mg environ chez l'adulte. L'intoxication aiguë par ce
dérivé de la méthadone présente certaines
particularités. La dépression respiratoire induite par le
dextropropoxyphène n'est corrigée que par de fortes doses de
naloxone. Des convulsions sontfréquemment observées. Le
dextropropoxyphène a une toxicité cardiaque sévère
qui résulte de son effet stabilisant de membrane. En cas de collapsus
cardiovasculaire sévère, après optimisation du traitement
médical, il faut envisager une assistance circulatoire
périphérique. Enfin, le dextropropoxyphène est
associé à du paracétamol dans certaines
spécialités
(Di-Antalvic®, Propofan®).
4-O/Dihydroergotamine(Seglor®)
L'intoxication aiguë peut résulter d'un surdosage
volontaire ou accidentel, mais l'ergotisme aigu peut apparaître alors que
les posologies sont respectées, faisant discuter une sensibilité
individuelle particulière. De nombreux médicaments sont capables
de provoquer un ergotisme lors d'associations médicamenteuses. Le
tableau clinique associe des nausées, des vomissements, un syndrome
ischémique des extrémités, des myalgies, une
gangrène. Des céphalées, une obnubilation, un
délire, des convulsions, une hémiplégie ont
été décrits ; le coma Une insuffisance rénale et
une insuffisance coronaire aiguë ont
été également rapportées. Le
traitement associe l'arrêt des médicaments en cas d'interaction
médicamenteuse, du charbon activé en cas d'intoxication
aiguë si le patient est vu dans l'heure qui suit l'ingestion. Le
traitement anti-ischémique associe hydratation, antalgiques et
vasodilatateurs. De nombreux médicaments vasodilatateurs ont
été proposés : trinitrine en perfusion continue,
nifédipine,nitroprussiate, nitroglycérine, prazosine ou
captopril. Lesconvulsions sont traitées par diazépam ou
clonazépam.
4-P/ Antihistaminiques
doxylamine](Donormyl®)loratadine(Clarityne®),dexchlorphéniramine
(dans Celestamine®),cétirizine (Zyrtec®)
L'intoxication peut être sévère, notamment
chez l'enfant, à l'origine de :
· troubles neuropsychiatriques : agitation,
hallucination, ataxie, incoordination, syndrome extrapyramidal, notamment avec
les phénothiazines et les pipérazines. Coma avec les
phénothiazines. Le risque majeur de cette intoxication, quel que
soit le type d'anti-H1, est la survenue de convulsions
volontiers répétées et pouvant aboutir à un
état de mal épileptique
· syndrome atropinique : mydriase, tachycardie,
chaleur, rougeur
du visage, sécheresse des muqueuses, rétention
d'urine et fièvre qui peut être préoccupante chez
l'enfant
4-Q/Hypoglycémiants
Insuline
Les symptômes sont ceux de l'hypoglycémie. Non
traitée, la situation évolue vers un coma convulsif.
L'hypokaliémie est fréquente.
Traitement
Il consiste en perfusion de glucose hypertonique (30 à
50 %). La durée du traitement dépend de la forme d'insuline
utilisée : quelques heures pour une insuline « rapide
»à quelques jours pour une insuline « retard ».
L'excision chirurgicale du site d'injection (sous-cutanée) est parfois
recommandée pour les formes lentes. Le reste du traitement est
symptomatique : intubation, ventilation, anticonvulsants éventuels,
correction de l'hypokaliémie. Le glucagon est une
alternative en urgence, mais est inefficace en cas de malnutrition
(éthylisme, jeûne...).Il n'y a guère de corrélation
entre la sévérité ou la durée de
l'hypoglycémie et le
taux d'insuline plasmatique. L'évolution de la
glycémie est habituellement suffisante pour assurer le traitement du
patient. Cependant, le dosage d'insuline et de C peptide permet
occasionnellement de différencier les hypoglycémies
spontanées, induites par un insulinome ou l'intoxication par les
sulfamides hypoglycémiants et l'hypoglycémie due à de
l'insuline exogène (hypoglycémies criminelles ou factices).Il n'y
a pas de relation entre le dosage d'insuline et la
sévérité.
Sulfamides hypoglycémiants
Leur action hypoglycémiante peut être très
prolongée, par stimulation de la sécrétion d'insuline
(taux de C peptide élevé).
Traitement
Le traitement est symptomatique, avec surveillance
étroite de la glycémie. L'usage du glucagon doit être
évité (hyper insulinémie secondaire). En revanche,
l'administration
d'octréotide (Sandostatine®, 50 ug à
répéter éventuellement toutes les 12 heures)facilite
considérablement le contrôle glycémique, car elle inhibe la
sécrétion d'insuline, alors que l'administration de glucose la
stimule.
Biguanides
Outre l'hypoglycémie, ces antidiabétiques oraux
provoquent des troubles digestifs(nausées, vomissements,
diarrhées, parfois hémorragie digestive) et un goût
métallique. Certains (phenformine surtout, mais aussi la metformine)
peuvent provoquer une redoutable acidose lactique (type 2) avec choc,
hypothermie, convulsions et coma, en bloquant le cycle de Cori (respiration
mitochondriale).L'insuffisance rénale est un facteur précipitant
classique. Ce trouble est souvent précédé de crampes
musculaires, douleurs thoraciques...
Traitement
Il faut prévenir l'absorption digestive par le charbon
adsorbant. En dehors du contrôle de la glycémie, le traitement est
symptomatique. L'administration de bicarbonate sodique peut aider à
maîtriser les acidoses modérées. L'hémodialyse peut
être bénéfique en cas d'acidose lactique
sévère.
4-R/AUTRES
Anticholinergiques antiparkinsoniens
:trihexyphénidyle (Artane®),
tropatépine (Lepticur®)
L'intoxication se manifeste par un syndrome atropinique,avec
mydriase aréactive, bouche sèche, rougeur de la face, parole
bredouillante, rétention sinusale. L'encéphalopathie associe une
agitation, une d'urine, hyperthermie et tachycardieconfusion, des
hallucinations et des convulsions. Au cours des intoxications graves : coma,
collapsus cardiovasculaire, insuffisance respiratoire et hyperthermie maligne
et décès ont été observés. Le traitement est
essentiellement symptomatique.Il associe une décontamination digestive
précoce par charbon activé, la mise en place d'une sonde urinaire
est souvent nécessaire en raison de la rétention d'urine qui est
source d'agitation. L'encéphalopathie des patients oblige souvent
à un apport hydroélectrolytique par voie veineuse. L'agitation
peut être calmée par les benzodiazépines, les
neuroleptiques et notamment les phénothiazines ne doivent pas être
utilisés car
ils sont susceptibles d'avoir un effet anticholinergique
propre.En cas de fièvre élevée, un glaçage est
indispensable. Les convulsions sont réduites par les
benzodiazépines. L'intubation et la ventilation assistée sont
nécessaires en cas de convulsions répétées. La
physostigmine, inhibiteur réversible des cholinestérases, a un
effet remarquable mais éphémère sur
l'encéphalopathie et la tachycardie. Son utilisation est
controversée.
Pseudoéphédrine (Actifed®,
Rhinadvil®)
L'intoxication aiguë associe des troubles digestifs,
neuropsychiatriques,
cardiovasculaires et métaboliques. Les premiers signes
cliniques apparaissent 10 minutes à 1 heure 30 après
l'ingestion.Les troubles digestifs sont souvent les plus précoces :
nausées, vomissements, épigastralgies. La plupart des
sympathomimétique sont des effets psychostimulants et l'on peut observer
des céphalées, une agitation, une anxiété, un
délire, un état psychotique aigu, un syndrome confusionnel. Tous
ces médicaments peuvent entraîner des convulsions. Des
rhabdomyolyses aiguës avec insuffisance rénale aiguë ont
été rapportées à la suite de convulsions.
L'hypertension artérielle est le symptôme cardiovasculaire
principal. Elle peut être sévère et à l'origine
d'une encéphalopathie hypertensive, d'hémorragies
cérébrales. Cette hypertension artérielle est surtout le
fait de l'effet alpha-vasoconstricteur. Aucours des intoxications par
l'éphédrine ou la pseudoéphédrine, l'effet
bêta, non négligeable, induit une tachycardie associée
à l'hypertension artérielle. À noter la possibilité
d'interférences décès médicaments avec les IMAO,
à l'origine de crises hypertensives sévères.
Les autres signes cliniques sont : mydriase,
hyperthermie,bradypnée, rétention d'urine. La pâleur est
fréquente témoignant de la vasoconstriction cutanée.
Les troubles métaboliques traduisent les effets b-2.
Ils associent une hyperglycémie, une acidose métabolique de type
lactique et une hypokaliémie paradoxale dans ce contexte d'acidose.
Cette hypokaliémie résulte principalement d'un transfert
intracellulaire. Il existe une toxicomanie aux sympathomimétiques,
décrite notamment avec la phénylpropanolamine et avec
l'éphédrine. Elle représente souvent une toxicomanie de
substitution aux amphétamines. Le traitement symptomatique est celui de
l'hypertension artérielle lorsque celle-ci dépasse 180/100mmHg
chez l'adulte. Il fait appel soit à des agents a-bloquants, soit
à des vasodilatateurs artériels mais uniquement devant une
hypertension artérielle menaçante. La durée de l'effet
toxique étant habituellement inférieure à 6 heures, le
traitement est de courte durée. En cas de signes associés
d'intoxication par b-mimétiques, le traitement repose sur les
b-bloquants. Le propranolol ou l'esmolol sont les b-bloquants de choix : en cas
d'effet bprédominant, labétalol en cas d'effet mixte ab.
b-lactamines amoxicilline-acideclavulanique:cefpodoxime(Orelox®)
Avec les pénicillines ont été
rapportés des troubles digestifs, des troubles neurologiques, une
insuffisance rénale aiguë oligoanurique.
Codéine (Codéine®,
Codoliprane®,Néo-Codion®)
Utilisés pour ses propriétés
sédatives de la toux, la codéine, opiacé naturel, induit,
lors d'une intoxication aiguë, une dépression respiratoire qui peut
être sévère. Les autres symptômes observés
sont une somnolence, une ataxie, un myosis, des vomissements et très
souvent un rash cutané. Des décès ont été
rapportés aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte. La naloxone permet
de corriger la dépression respiratoire. Chez l'enfant, la dose initiale
de naloxone est de 0,01 mg kg-1.La codéine peut être
associée au paracétamol qui nécessite un traitement
spécifique.
Hydroxyzine (Atarax®)
Ce médicament présente des
propriétés sédatives, antihistaminiques,
anticholinergiques et des effets quinidine-like.L'intoxication
aiguë est rare, mais, très souvent, l'hydroxyzine est
associée à d'autres médicaments. Une intoxication peut
être à l'origine d'une agitation, de tremblements, d'un coma, de
convulsions, d'une dépression respiratoire et d'un syndrome atropinique
: mydriase, tachycardie, et hyperthermie surtout chez l'enfant. Des collapsus
ont été rapportés. Des troubles de repolarisation,
à type d'onde T plate et de QT long, ont été
rapportés à doses pharmacologiques mais aussi à fortes
doses. Le traitement de l'intoxication est symptomatique, associé
à une décontamination gastro-intestinale dans l'heure qui suit
l'ingestion en respectant ses contre-indications.
Métoclopramide
(Primpéran®)
L'intoxication aiguë est à l'origine de dystonies
réalisant des tableaux variés : opisthotonos, torticolis,
hypertonie démembres, crises oculogyres, dyskinésies faciales,
déviation conjuguée des yeux, diplopie, nystagmus, trismus. Lors
des épisodes dystoniques, des troubles respiratoires
sévères résultant d'une obstruction pharyngée
peuvent survenir et des décès on tété
rapportés. Quelques cas d'hypertension artérielle, lors de
l'administration par voie veineuse de fortes doses de métoclopramide,ont
été observés. Dans la période néonatale,
quelques cas de méthémoglobinémie d'évolution
favorable après administration de bleu de méthylène ont
été rapportés.
Métopimazine
(Vogalène®)
À dose massive, la métopimazine induit une
somnolence et un coma vigil, une hypotonie, voire une hypotension
artérielle
Métronidazole
L'intoxication aiguë par 4,2 et 12 g de
métronidazole ne s'est accompagnée d'aucune manifestation
clinique particulière chez deux patients. L'ingestion simultanée
d'alcool peut induire un effet antabuse
Oméprazole (Mopral®)
Les principaux effets indésirables sont digestifs
à type de diarrhée, douleurs abdominales, nausées,
vomissements. Quelques cas de céphalées, vertiges, rush
cutané, élévation de transaminases, gynécomasties
ont été rapportés. De même, il a été
signalé des hyponatrémies, notamment chez le sujet
âgé.
Tramadol [58-60]
Le tramadol est un agoniste pur non sélectif des
récepteurs opiacés avec une affinité plus marquée
pour les récepteurs u.C'est aussi un inhibiteur de la recapture de la
noradrénaline et de la sérotonine. Dans une étude
rétrospective portant sur 190 cas d'intoxication mono
médicamenteuse par tramadol, dont 55 % de femmes, les ingestions
aiguës représentaient 90 % des cas. L'âge des patients allait
de 9 mois à 80 ans. Le suicide était la circonstance la plus
fréquente. Les symptômes les plus fréquents étaient
une dépression du système nerveux central (27 %), des
nausées et vomissements (21 %), une tachycardie (17 %) et des
convulsions (14 %). La dose la plus élevée était de 5 000
mg. La dose la plus faible de tramadol associée avec des convulsions
était de 200 mg et 85 % des convulsions sont survenues dans les 6 heures
qui suivaient l'ingestion. Les symptômes ont disparu en 24 heures chez 97
% des 121 patients qui avaient des symptômes. La naloxone a
amélioré la dépression du système nerveux central
chez sept des huit patients chez qui la réponse a été
documentée. Dans un cas d'intoxication aiguë est survenu un
collapsus cardiovasculaire avec effet stabilisant de membrane (voir supra).
Tiemonium (Viscéralgine®
forte)
Antispasmodique anticholinergique, il induit, en cas
d'intoxication, des effets atropiniques : sécheresse de la
bouche,constipation, tachycardie, confusion mentale, notamment chez les
personnes âgées (voir noramidopyrin
Spiramycine (Birodogyl®)
Il n'existe pas de dose toxique connue pour la spiramycine
.Les signes attendus à fortes doses sont des troubles digestifs
:nausées, vomissements, diarrhées. Des cas d'allongement du QT
ont été rapportés chez des nouveau-nés
traités par forte dose et après administration intraveineuse chez
des sujets à risque
.Hormones thyroïdiennes
(Levothyrox®)
L'intoxication aiguë est à l'origine de
symptômes d'hyperthyroïdie dont l'apparition peut être
retardée par rapport à l'ingestion(10 à 15 jours). Les
intoxications sont habituellement de gravité modérée en
l'absence d'antécédents cardiaques. Les signes observés
définissent un état de thyrotoxicose :
· troubles digestifs : vomissements, douleurs
abdominales, diarrhées et boulimie. Un amaigrissement peut être
noté en plus dans les surdosages chroniques ;
· troubles cardiovasculaires : tachycardie
très fréquente et plus rarement arythmie par fibrillation
auriculaire ou extrasystoles, hypertension, palpitations, douleurs thoraciques
et ischémie myocardique, voire collapsus cardiogénique avec
hypotension et signes d'insuffisance cardiaque ;
· troubles généraux : rougeur de la
peau, impression de chaleur, fièvre ;
· troubles neurologiques : irritabilité,
insomnie, céphalées, agitation, confusion, mydriase, troubles de
la conscience, coma et accès de psychose aiguë.
La surveillance en hospitalisation est indispensable en cas
d'ingestion de doses élevées (> 75 ug), de présence de
signes fonctionnels, de traitement au long cours ou de pathologie
cardiovasculaire sous-jacente. Après une ingestion de plus de4 mg de
thyroxine ou en cas de dose supposée ingérée inconnue,
la détermination précoce des concentrations
plasmatiques de T4 peut prédire la survenue éventuelle de signes
cliniques (tachycardie, hypertension, troubles neurologiques), même en
l'absence de manifestations cliniques initiales.
Le traitement est symptomatique, associé à une
décontamination digestive précoce. Le traitement symptomatique
comporte hydratation en cas de fièvre et surveillance cardiaque encas de
troubles cardiaques. En cas de tableau clinique grave, on peut recourir au
propranolol et à la prednisolone pour réduire les effets de la
thyroxine, au propylthiouracil pour bloquer la synthèse de T4
endogène, et à la cholestyramine pour inhiber le cycle
entérohépatique des hormones thyroïdiennes.Un bilan clinique
est réalisé au 8e jour après l'intoxication en raison de
la possibilité d'apparition tardive des troubles.
Misoprostol (Cytotec®)
Lors d'intoxications aiguës ont été
rapportées : fréquemment diarrhée, rarement
nausées, vomissements, douleurs abdominales, céphalées,
vertiges et confusion mentale. Des réactions allergiques, très
rares, ont également été décrites. Plusieurs cas de
malformations congénitales ont été rapportés, dont
un cas après tentative d'autolyse chez une femme enceinte
Clonidine
Les effets toxiques sont complexes. Cet antihypertenseur
réduit le tonus
adrénergique central (et accroît le tonus
parasympathique relatif), mais à forte dose, il stimule les
récepteurs alpha périphériques. Le tableau
cardiovasculaire de l'intoxication peut aller de l'hypotension,
accompagnée de bradycardie vagale à
l'hypertension paradoxale. Une dépression du SNC ou de la respiration et
des troubles de conduction AV peuvent être observés. Un myosis
peut être présent et suggérer une intoxication
opiacée. Des convulsions ont été rapportées.
L'intoxication
est particulièrement redoutable chez l'enfant.
Traitement
Il est surtout symptomatique (atropine, remplissage ou
vasodilatateurs en cas d'hypertension). La naloxone corrige parfois
l'altération de la conscience et la dépression respiratoire,
voire les manifestations cardiovasculaires, mais cet effet est inconstant.
Alcool éthylique (éthanol)
Il est contenu dans les boissons alcoolisées, mais
aussi dans les parfums, eau de Cologne, lotions capillaires et autres
cosmétiques. Il peut être un composant de l'alcool à
brûler, avec le méthanol.
Dans les conditions normales, l'alcool éthylique est
bien métabolisé par l'alcool déshydrogénase (70
à 100 g/h chez l'adulte non éthylique chronique). L'intoxication
modérée donne de l'ébriété : agitation,
euphorie et troubles de l'équilibre. L'ingestion massive entraîne
toutefois un coma et une dépression respiratoire. L'acidose respiratoire
peut être doublée d'une acidose lactique. Les complications les
plus fréquentes sont l'obstruction des voies respiratoires
supérieures et la pneumopathie
d'inhalation. Le patient peut présenter une hypoxie
cérébrale. La
rhabdomyolyse n'est pas rare, mais souvent
modérée. Enfin des doses même modérées
peuvent provoquer une l'hypoglycémie (surtout chez l'enfant ou le
patient dénutri) et des convulsions. La CL50 est de 5 g/L environ et la
DL50 de 5 à 8 g/kg en fonction de la tolérance du patient.
L'alcoolémie donne une information approximative : une
alcoolémie basse, chez un sujet comateux, pousse le clinicien à
rechercher d'autres causes d'atteinte neurologique ; inversement, un taux
élevé sans signes cliniques importants suggère la
tolérance chez un éthylique chronique. Rappelons encore qu'un
sujet est plus sensible aux alcoolémies croissantes qu'aux
alcoolémies décroissantes. Comme le traitement de l'intoxication
éthylique est le plus souvent conservateur, la mesure de
l'alcoolémie n'est indispensable que pour
définir la contribution de l'alcool à la présentation
clinique.
Rappelons que la présence d'éthanol dans le
sérum génère un trou osmotique.
L'éthylomètre mesure l'alcool dans l'haleine de manière
très grossière.
Traitement
Le traitement est symptomatique, mais une perfusion
glucosée est toujours préférable chez l'enfant et en cas
d'intoxication sévère chez l'adulte. On y associera de la
vitamine B1 (thiamine 100 mg IV) dans un contexte d'éthylisme chronique
ou de dénutrition. L'hémodialyse est très efficace, mais
rarement nécessaire (coma profond, troubles
hémodynamiques). Bien que des cas d'amélioration
aient été rapportés après administration de
naloxone ou de flumazénil, aucun antidote fiable
n'est connu .Le traitement de la réaction antabuse
modérée est symptomatique.
5 /EVALUATION ET CAT DEVANT UNE INTOXICATION CHEZ
L'ENFANT
Les intoxications constituent un problème de taille en
pédiatrie. On observe actuellement davantage d'absorptions accidentelles
de médicaments, dont l'évolution est rapidement favorable que de
véritables intoxications aiguës où la vie de l'enfant est
menacée. Ce résultat est dû à l'information
permanente de la population depuis 20 ans, à une bonne connaissance par
les parents des structures d'urgence et de réponse (centres antipoison,
Service d'aide médicale d'urgence), à la
généralisation par les firmes de conditionnements de
sécurité. Si la mortalité est très faible, la
morbidité reste importante, car les parents sont souvent inconscients,
ne rangeant pas leurs médicaments ou leurs produits, Il persiste
cependant des points noirs comme les intoxications par le monoxyde de carbone,
Dans le traitement des intoxications médicamenteuses, le lavage
d'estomac a cédé du terrain au profit du charbon
végétal activé en raison de l'existence de nombreux
produits carboadsorbables. En revanche, les antidotes sont peu nombreux. La
prise en charge du patient pédiatrique intoxiqué est presque
identique à celle des adultes. S'il s'agit d'un sujet très
malade, il faut évaluer l'ABC (A pour airway ou voies aériennes,
B pour breathing ou respiration et C pour circulation) et stabiliser son
état avant de passer au traitement de l'intoxication. On doit s'assurer
de la perméabilité des voies aériennes et vérifier
si le réflexe nauséeux est présent. Il faut pratiquer une
intubation endotrachéale si le réflexe nauséeux est absent
ou impossible à évaluer. L'enfant doit recevoir de
l'oxygène à 100 % initialement. Après s'être
assuré de la présence du réflexe nauséeux et de la
perméabilité des voies aériennes, il faut créer un
accès veineux et évaluer la circulation en mesurant la tension
artérielle, la fréquence cardiaque, le rythme cardiaque et la
circulation capillaire avec surveillance électrocardiographique.
Après évaluation de l'ABC, on peut amorcer le traitement des
symptômes aigus (c'est-à-dire convulsions, hypotension, arythmies,
agitation psychomotrice). Lorsqu'on soupçonne une intoxication aux
opiacés (trouble de conscience, bradypnée et myosis), il faut
recourir rapidement à la naloxone à raison de 0,1 mg/kg
jusqu'à2 mg/dose q 2-3 min au besoin. La confirmation d'une
hypoglycémie par un glucomètre requiert une solution de dextrose
chez l'enfant (dose en g/kg variant selon les strates d'âge).Conduite
à tenir par le médecin en première ligne devant une
intoxication médicamenteuse.
- Le plus souvent, l'absorption accidentelle vient de se
produire, en présence d'un adulte qui appelle aussitôt, l'enfant
n'ayant aucun signe clinique. - Il faut s'enquérir :
- du médicament en cause ; il s `agit rarement dans
cette situation de plusieurs médicaments, excepté lors des
explorations-découverte ou de jeux collectifs (dînette) ;
- de la dose absorbée certaine, probable ou
supposée ; c'est un point délicat, car peu de parents se
souviennent exactement de la quantité de médicament restante
avant la prise accidentelle ; il faut alors demander la date du début du
traitement, le nombre de prises quotidiennes et leur quantité, pour
essayer d'approcher la quantité absorbée par l'enfant ; on
n'omettra pas de demander aux parents de rechercher par terre, ou sous un
meuble ou un tapis, quelques gélules qui auraient pu s'y glisser
- du poids de l'enfant, puisque les doses toxiques se
calculent par rapport au kilogramme de poids en une seule prise. Un lavage
d'estomac ne doit entraîner aucun risque ; il est effectué en
position latérale de sécurité, l'enfant bien
enveloppé dans un linge, parfaitement conscient, avec une grosse sonde
bucco gastrique dite « tube de Faucher », munie à son
extrémité d'une tulipe en verre, qui reçoit le liquide de
lavage, soit du sérum physiologique (chlorure de sodium[NaCl] 0,9 %) en
totalité, soit un mélange à parts égales de
sérum physiologique et d'eau distillée, plutôt
réchauffé, mais en aucune façon avec une solution trop
hypotonique qui, malgré la vidange au bocal au sol, après un
court temps de mélange intra gastrique, pourrait conduire à une
intoxication par l'eau, facteur de dilution sanguine, d'hyponatrémie
monstrueuse (Na106-110 mmol/L) engendrant un oedème
cérébral, une hypertension intracrânienne brutale et ses
conséquences dramatiques, parfois mortelles. Si l'enfant présente
des troubles de la conscience ou respiratoires, il est intubé au
préalable avant de procéder au lavage d'estomac.
L'évacuation du toxique est une urgence : vomissements provoqués,
lavage d'estomac.
- Choc électrique en cas de fibrillation
ventriculaire.
- Entraînement électro systolique en cas de
torsades de pointe.
- Lactate de sodium molaire si trouble de la conduction intra
ventriculaire.
- Inotropes positifs (dobutamine10 ug/kg/min au
pousse-seringue électrique) encas de choc car diogénique.
- Massage cardiaque externe, intubation et ventilation
mécanique contrôlée en oxygène pur en cas
d'arrêt circulatoire
Prévention des intoxications
médicamenteuses chez l'enfant
La négligence des parents dans le rangement
adéquat des médicaments après leur prise et donc dans leur
stockage dans un milieu approprié inaccessible aux jeunes enfants de
moins de 5 ans rendent compte de la majorité des intoxications
accidentelles. On rappelle que, dans 80 % des cas, les parents sont à
côté de l'enfant lorsque l'accident survient .On voit
également les médicaments de l'enfant laissés sur sa table
de nuit. Enfin, des parents se trompent de doses ou de produits, quand i l ne
s'a g i t pas d'automédication. Et pourtant, la mortalité et la
morbidité se sont effondrées dans la dernière
décennie. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer. Les conditionnements
sécuritaires se sont multipliés :
- plaquette mono alvéolaire plastique avec feuille
d'aluminium thermoformée pardessus relativement résistante, dit
blister, qui empêche le jeune enfant d'absorber trop de comprimés,
de gélules ou de tablettes, malgré ses efforts ; ce « jeu
» semble trop difficile à l'enfant qui l'abandonne ;
- flacon de produit concentré muni d'un système
compte-gouttes soudé sur le col du flacon, qui ne permet la distribution
des gouttes que si le flacon est renversé à 180°
- pilulier sécurité où bouchon et corps
du pilulier doivent être disposés d'une certaine façon pour
pouvoir ensuite, d'un coup de pouce, ouvrir le bouchon ; ce conditionnement est
utile pour les microcomprimés qui ne peuvent être mis sous forme
blister.
- système de fermeture à l'épreuve des
enfants de moins de 4 ans, comme celui qui oblige à exercer une pression
et à tourner en même temps pour dévisser le bouchon et
dés enclencher la sécurité (exemple : Doliprane et en
sirop à 2,4 %) ; un jeune enfant ne peut coordonner ces deux mouvements
À défaut d'armoire à pharmacie dans les familles, qui
reste une belle image d'Epinal, il devrait y avoir au moins une armoire de
toilette fermée à clef pour les médicaments. Ceux
destinés aux enfants doivent être bien séparés de
ceux utilisés par l'adulte. Seuls les parents sont habilités
à donner les médicaments à l'enfant, même les
quotidiens(Zymafluort,vitamineD). La surconsommation médicamenteuse
familiale est source d'intoxication accidentelle, voire récidivante. Les
parents doivent se méfier des réunions familiales ou entre amis,
où tous les sacs à main et les manteaux sont réunis dans
une même pièce, ou des tables de nuit des grands-parents. Mais
d'autres mesures doivent concourir à diminuer l e risque d'intoxication
accidentelle ; elles ont été rappelées encore en 1999 dans
un bulletin du Conseil de l'Ordre des médecins. Le médecin a un
rôle essentiel :
- mention du nom et du prénom de l'enfant, de son
âge et de son poids sur l'ordonnance.
- prescription lisible, écrite en toutes lettres, en
indiquant de façon claire et précise les posologies, le mode et
les horaires d'administration, en l'expliquant aux parents et en les informant
des risques potentiels dus à certains médicaments ;
- respect des spécialités pédiatriques,
des formes galéniques bien adaptées à l'usage
pédiatrique, des posologies en fonction du poids.
- mise en garde des parents contre toute automédication
;
- respect de la durée du traitement .Pour le
pharmacien, s'il existe un doute sur la prescription médicale ou des
médicaments incompatibles en fonction de l'âge de l'enfant, il est
préférable de téléphoner au médecin
prescripteur pour se mettre d'accord sur la prescription avant la
délivrance du médicament .Le pharmacien réexplique aux
parents la teneur de la prescription et peut inscrire sur les emballages les
posologies, les horaires et les conditions d'administration.
6/PREVENTION
Toutes constatations épidémiologiques font
prendre la mesure de l'impérieuse nécessité de poursuivre
et développer les stratégies de prévention. Celle- ci
regroupe l'ensemble des actions permettant d'éviter l'apparition d'une
intoxication (prévention primaire), d'en limiter ses conséquences
(prévention secondaire), et d'en réduire les risques de
récidive (prévention tertiaire). Les moyens de prévention
visant à réduire les intoxications médicamenteuses sont
bien souvent les mêmes que pour les produits ménagers, ou de
jardin. Il existe cependant quelques particularités pour les
médicaments.
2.1. La prévention primaire
Elle va mettre en présence tous les acteurs dont les
rôles aboutiront enfin à l'administration du médicament
:
le médecin : la prescription doit être
claire, lisible pour les parents, toujours associée à une
explication orale ; il faut préférer, lorsque cela est
possible, les conditionnements et les dosages spécifiques.
le pharmacien : il doit dispenser lui-aussi une
explication orale, préférer la délivrance d'un
conditionnement spécifiquement pédiatrique avec
« bouchon-sécurité » et dosage
spécifiques pédiatriques.
le fabricant : doit proposer des conditionnement avec
« bouchon-sécurité », avec des boites de
couleur différente (adulte/enfant) facilitant l'identification du
médicament à visée pédiatrique exclusive ; il
peut également proposer un contenu total de la boite inférieur
à la dose toxique (difficile pour les jeunes enfants et/ou de petit
poids) ; enfin les fabricants pourraient harmoniser les informations
inscrites sur les flacons et boites à usage pédiatriques :
certains dosages sont indiqués en mg/24 h, en mg/prise, en mg/kg, voire
en pourcentage de médicaments actifs favorisant les erreurs
thérapeutiques.
les parents : ils doivent s'astreindre à tenir
hors de portée, en hauteur et sous clef les médicaments (de
même que tous les autres toxiques potentiels de la maison), notamment les
piluliers. Il faut également s'adapter à l'évolution
psychomotrice de l'enfant (ce qu'il n'attrapait pas hier, il peut l'attraper
aujourd'hui ... !). Il est préférable de lire
systématiquement les notices contenues dans les boites. Il est
recommandé de séparer les conditionnements adultes et enfants
dans l'armoire à pharmacie familiale. Enfin, toujours se méfier
de la maison d'autrui (grands-parents, amis ...) dont on ne connaît pas
les dangers, en termes de localisation des toxiques.
Les familles : doivent être la cible de campagnes
d'informations plus générales pour développer
l'éducation parentale et édicter les règles de
sécurité à observer. A ce niveau, le rôle des
pédiatres et des services de pédiatrie est important ; de
même que celui de la PMI, des médecins traitants, des services
sociaux (qui se rendent à domicile), et des compagnies d'assurance
...
2.2. La prévention secondaire
Elle doit inculquer le « savoir que faire en cas
d'intoxication ». Elle doit transmettre l'information auprès
des intoxiqués, c'est-à-dire auprès des familles ayant des
enfants.et en milieux scolaire. Elle doit préciser les
conduite-à-tenir (gestes à faire et/ou ne pas faire). Là
encore, elle met en jeu un partenariat entre les jeunes, les parents, les
médecins et pédiatres traitants, les SAMU et Centre antipoison,
enfin les services d'urgences accueillant les enfants et les adultes.
2.3. La prévention tertiaire
Elle concerne la lutte contre la récidive. Il est
à noter les expériences intéressantes canadiennes :
les familles dont l'un des enfants avait été victime d'une
intoxication ont bénéficié d'un entretien visant à
prévenir les récidives ; il a été
démontré que le taux de récidive des intoxications des
enfants de ces familles était nettement moins élevé que
celui des familles n'ayant reçu aucune information.
7/CONCLUSION
Les intoxications médicamenteuses sont encore
fréquentes en nombre et encore létales ; elles sont le
plus souvent liées à des comportements à risque. Par
ailleurs, le nombre de tentatives de suicide médicamenteuses est en
augmentation, et en particulier avec l'apparition de suicide chez des enfants
de plus en plus jeunes. Tout ceci met en évidence l'impérieuse
nécessité d'accroître la prévention dans un projet
pluridisciplinaire de santé publique.une bonne PEC d'une intoxication
aiguë, c'est
- une Prise en charge bien codifiée.
- Ne jamais sous-estimer la gravité d'une intoxication
- Reconnaître une détresse vitale,
- Traiter une détresse vitale,
-Anticiper sur la toxicité potentielle du produit,
- Utiliser son bon sens clinique,
-Savoir prescrire utilement les examens complémentaires,
-Savoir interpréter les examens complémentaires,
-Faire peu ou pas d'examens toxicologiques
-« Charbonner » peu et orienter
-La surveillance+++
-Réfléchir sur l'orientation utile du patient
*Consultation psychiatrique
*Enquête du médecin de travail
*Enquête au domicile La prévention
(Éviter les récidives)
8/BIBLIOGRAPHIE
1/Le manuel de réanimation, soins intensifs et
médecine d'urgence
2/Le manuel Du résident, médecine d'urgence
2009
3/intoxications aiguës en réanimation
.Dr v. danel
4/guide pratique de toxicologie
pédiatrique par régis bédry, brigitte llanas, vincent
danel, michael fayon
5/urgences toxicologiques de l'adulte (guide pratique)
Dr v.danel, b.megarbane
6/TOXICOLOGIE D'URGENCE par alison l.jones
7/Urgences pediatriques volume 1 PAR
P.LABRUNE
8/Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales Volume 74
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