UNIVERSITE LIBRE DE KIGALI (ULK)
CAMPUS DE GISENYI
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES
DEPARTEMENT DES SCIENCES ADMINISTRATIVES
B.P. : 243 GISENYI
PROBLEMATIQUE D'INDEMNISATION DES BIENS VOLES OU
DETRUITS LORS DU GENOCIDE DES TUTSI DE 1994 ET LE PROCESSUS DE
RECONCILIATION
CAS DU SECTEUR NYUNDO (2005-2010)
Mémoire présenté en vue de l'obtention
du grade de licencié en
Sciences Administratives
Par RUTAGAMBWA Jean-Berchmans
Directeur : Prof. Dr NZABANDORA Joseph
Gisenyi, décembre 2010
ÉPIGRAPHE
Sous le grand ciel d'une espérance,
Nous abattrons les forets de la haine,
Sous le grand ciel d'une croyance,
Nous construirons la maison humaine.
(Martin GRAY Maison Humaine)
DEDICACE
A tous ceux qui nous sont chers ;
A notre famille ;
A nos amis.
REMERCIEMENTS
Au moment où nous présentons ce mémoire,
qu'il nous soit permis, à travers ces quelques lignes d'exprimer nos
sentiments de profonde gratitude à toutes les personnes qui, d'une
manière ou d'une autre, ont permis qu'il soit réalisé.
Nos remerciements s'adressent d'abord au Président de
l'ULK, l'Honorable Sénateur Professeur Docteur RWIGAMBA BALINDA, pour
avoir fondé cette grande oeuvre, ainsi que tout le corps enseignant et
administratif des deux campus qui font que cette oeuvre grandiose participe
avec succès au bien être de tous les habitants du Rwanda.
En particulier, nous remercions le Prof. Dr NZABANDORA Joseph
pour avoir accepté de diriger ce mémoire. Nous remercions
également le CCA SERUGO Jean Baptiste pour nous avoir aidé dans
la correction du travail.
Nos remerciements s'adressent au Vice Recteur
Académique, Dr Rose GASIBIREGE et d'autres autorités de l'ULK qui
nous ont prodigué leurs conseils et encouragements clairvoyants
dès notre entrée à l'ULK et durant tout le parcours de nos
études.
Nos remerciements s'adressent aux agents de la CNLG, notamment
son Secrétaire Exécutif, qui nous ont permis d'effectuer notre
stage dans ladite commission et nous ont fourni la documentation
nécessaire pour bien mener ce travail.
Nos remerciements s'adressent aux Inyangamugayo, aux agents du
secteur de Nyundo qui ont bien voulu répondre à nos questions et
nous ont aidé aux différents contacts nécessaires avec les
enquêtés.
Nous remercions de tout coeur les responsables de
l'école d'arts de Nyundo qui nous ont facilité la tâche en
nous permettant de pouvoir continuer nos études.
Merci à tous ceux qui nous ont apporté leur aide
matérielle et morale, à tous les collègues de promotion,
et en particulier nos compagnons de tous les jours avec qui nous avons presque
tout partagé durant notre parcourt académique.
RUTAGAMBWA Jean-Berchmans
SIGLES ET
ABREVIATIONS
§ N° : Numéro
§ = : Egal
§ + : Plus
§ - : Moins
§ % : Pourcentage
§ Et al : et alii (et les autres)
§ CERAI : Centre d'Encadrement Rural en
Artisanat Intégré
§ CFJ : Centre de Formation des Jeunes
§ CNLG : Commission Nationale de Lutte
contre le Génocide
§ FARG : Fonds d'Appui aux Rescapés
du Génocide
§ ONG : Organisation Non
Gouvernementale
§ TPIR : Tribunal Pénal
International pour le Rwanda
§ RECO : Rwanda Electricity Corporation
§ RWASCO : Rwanda Water and Sanitary
Corporation
§ ULK : Université Libre de
Kigali
§ WWW : World Wide Web
§ Op.cit : opere citato
(ouvrage précédemment cité)
§ P. : Page
§ PDD : Plan de Développement du
District
§ TIG : Travaux d'Intérêt
Général
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Effectif de la population du
secteur Nyundo
31
Tableau 2 : Répartition des
enquêtés selon le sexe
37
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon l'âge
38
Tableau 4 : Répartition des
enquêtés selon le niveau d'études
39
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés selon leur état matrimonial
40
Tableau 6 : Données relatives aux
procès de la juridiction gacaca du secteur de Nyundo
41
Tableau 7 : Nature et volume des
réparations du bétail
42
Tableau 8 : Nature et volume des
réparations des ustensiles ménagers
43
Tableau 9 : Nature et volume des
réparations des véhicules, motos ou vélos
45
Tableau 10 : Nature et volume des
réparations de destruction des cultures
46
Tableau 11 : Nature et volume des
réparations de destruction des maisons
47
Tableau 12 : Avis des enquêtés sur
l'impartialité des juridictions gacaca
51
Tableau 13 : Avis des enquêtés sur la
crédibilité de la juridiction gacaca du secteur de Nyundo
52
Tableau 14 : Ampleur du nombre des personnes
reconnues coupables
53
Tableau 15 : Avis des enquêtés sur le
niveau de paiement des réparations
54
Tableau 16 : Avis des enquêtés sur les
causes de non paiement
55
Tableau 17 : Avis des enquêtés sur le
niveau de réconciliation
56
Tableau 18 : Avis des enquêtés sur les
causes de non paiement
57
Tableau 19 : Avis des enquêtés sur la
possibilité de libérer les accusés innocents
58
Tableau 20 : Avis des enquêtés sur
l'existence des faux témoignages à charge
59
Tableau 21 : Avis des enquêtés sur la
sécurité des familles des coupables
60
Tableau 22 : Avis des enquêtés sur la
possibilité des gacaca d'aboutir à la réconciliation des
Rwandais
61
TABLE DES
MATIERES
DEDICACE.....
iii
REMERCIEMENTS
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
TABLE DES MATIERES
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
I.1. Choix du sujet
1
1.2. Intérêt du sujet
2
1.2.1. Intérêt personnel
2
1.2.2. Intérêt académique et
scientifique
2
1.2.3. Intérêt social
2
2. Délimitation du sujet
3
3. Problématique
3
4. Hypothèses
5
5. Objectifs du travail
6
5.1. Objectif global
6
5.2. Objectifs spécifiques
6
6. TECHNIQUES ET METHODES
6
6.1. Techniques
7
6.1.1. Technique documentaire
7
6.1.2. Technique d'interview
7
6.1.3. Technique d'échantillonnage
7
6.1.4. Technique d'enquête par
questionnaire
8
6.2. Méthodes
8
6.2.1. Méthode analytique
9
6.2.2. Méthode statistique
9
6.2.3. Méthode synthétique
9
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
9
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
11
I.1. Cadre conceptuel
11
I.1.4. Gacaca..
12
1.1.5. Inyangamugayo
14
I.1.3. Réconciliation
16
I.2. Généralités sur
l'indemnisation
17
I.2.1. Le droit à la réparation
17
I.2.2. Evolution des mesures prises et
difficultés rencontrées
18
I.3. Généralités sur les
juridictions gacaca
20
I.3.1. Historique
20
I.3.2. Réflexion sur le recours au
système de justice participative «gacaca »
21
I.3.3. Les principaux objectifs attendus des
juridictions gacaca
23
I.3.3.1. La reconstitution de tout ce qui s'est
passé
23
I.3.3.2. La réconciliation des Rwandais et
le renforcement de leur unité
23
I.3.3.3. L'accélération des
procès
24
I.3.3.4. L'éradication de la culture de
l'impunité
25
I.3.3.5. La résolution de certains
problèmes résultant du génocide
25
I.3.4. Catégorisation de crimes en rapport
avec le génocide
25
I.3.5. L'indemnisation
27
Conclusion partielle
28
CHAPITRE II. LES CRIMES ECONOMIQUES
INVENTORIES PAR LES JURIDICTIONS GACACA DU SECTEUR DE NYUNDO
29
II.1. Présentation du secteur
29
II.1.1. Localisation géographique
29
II.1.2. Situation géographique du secteur
Nyundo
30
II.1.2.1. Limites
30
II.1.2.2. Climat
30
II.1.2.3. Hydrographie
30
II.1.2.4. Le sol
31
II.1.3. Effectif de la population
31
II.1.4. Missions du secteur Nyundo
31
II.1.5. Principes et valeurs
33
II.1.5.1. Principes
33
II.1.5.2. Valeurs
34
II.2. Opérationnalisation de
l'enquête
35
II.2.1. Objectif de l'enquête
35
II.2.2. Administration du questionnaire
35
II.2.3. Population d'étude
36
II.2.4. Taille de l'échantillon
36
II.3. Présentation
socio-démographique des enquêtés
36
II.3.1. Sexe des répondants
37
II.3.2. Age des répondants
37
II.3.3. Niveau d'études
38
II.3.4. Etat matrimonial
39
II.4. Natures et genres des crimes
40
II.4.1. Nombre de procès
40
II.4.2. Bétail...
41
II.4.3. Ustensiles ménagers
43
II.4.4. Véhicules, motos et vélos
44
II.4.5. Destruction des cultures
46
II.4.6. Destruction des maisons
47
II.5. Cas spécifiques des
établissements de l'Eglise catholique
48
II.5. Conclusion partielle
49
CHAPITRE III. AVIS DE LA POPULATION SUR LE
NIVEAU DE PAIEMENT DES REPARATIONS ET SON IMPACT SUR LE PROCESSUS DE
RECONCILIATION DES RWANDAIS
50
III.1. Avis des enquêtés sur
l'impartialité des juridictions gacaca
50
III.1. Niveau de paiement des
réparations
52
III.3. Impact sur l'unité et la
réconciliation des Rwandais
56
III.3.1. Avis des enquêtés sur le
niveau de réconciliation entre les habitants du secteur Nyundo
56
III.3.2. Lien entre le paiement des
préjudices et la réconciliation
57
III.3.3. Impact des juridictions gacaca sur la
réconciliation
58
Conclusion partielle
63
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
64
Bibliographie..
68
ANNEXES
INTRODUCTION GENERALE
Plus de
seize ans après l'atroce génocide des Tutsi de 1994 qui a
causé en cent jours plus d'un million de vies humaines, des destructions
massives et des pillages des biens (meubles et immeubles) appartenant aux
victimes Tutsi, le problème d'indemnisation reste posé. Selon
Stef Vandengiste, « un tel dommage ne peut pas être
réparé, certainement pas dans le sens strict du terme, qui est de
défaire toutes les conséquences de la
violation »1(*).
Dans le domaine de l'indemnisation, rien n'a été
fait sur le plan international. En effet, « le TPIR qui, dans son
statut, stipule qu'outre l'emprisonnement du condamné, la Chambre de
première instance peut ordonner la restitution à leurs
propriétaires légitimes de tous biens et ressources acquis par
des moyens illicites, y compris par la contrainte2(*). Dans aucun des jugements rendus à ce jour, le
tribunal n'a jamais fait application de cette possibilité d'ordonner
restitution »3(*).
Au niveau national, bien que le gouvernement rwandais ait
essayé de venir en aide aux rescapés du génocide par le
FARG et par quelques constructions de maisons pour les rescapés
vulnérables, l'indemnisation en terme de droit a été en
partie menée dans le processus gacaca. Toutefois, le gros du travail
reste à faire, et c'est le problème que doit clarifier ce
travail.
I.1. Choix du sujet
Nous avons donc choisi ce sujet pour analyser la
problématique d'indemnisation des victimes du génocide des Tutsi
de 1994 et le processus de réconciliation en prenant le cas du secteur
de Nyundo. Le choix de ce secteur est motivé par notre présence
sur terrain.
1.2.
Intérêt du sujet
Le sujet que nous traitons présente un
intérêt à trois dimensions : personnel, scientifique
et social.
1.2.1. Intérêt personnel
Ce sujet a pour but d'apporter sa contribution à
l'approfondissement des connaissances personnelles plus spécifiquement
sur la problématique d'indemnisation des victimes du génocide des
tutsi de 1994 et le processus de réconciliation dans le secteur de
Nyundo.
Ce travail est aussi pour nous un important exercice
intellectuel, pratique et formatif qui permet d'établir une comparaison
entre les connaissances théoriques que nous avons eues sur la
méthodologie de la recherche et la réalité de recherche
sur terrain.
1.2.2. Intérêt
académique et scientifique
Sur le plan académique, ce sujet répond aux
exigences académiques qui stipulent que tout étudiant finaliste
doit rédiger et présenter un travail de fin d'études.
Sur le plan scientifique, cette étude servira de
documentation aux futurs chercheurs qui voudraient bien s'intéresser aux
études similaires pour nous compléter.
1.2.3. Intérêt
social
Les résultats de cette étude seront
bénéfiques à la société rwandaise en
général, parce qu'elle aura des connaissances sur l'état
des lieux du processus de la réconciliation. Ils y trouveront notamment
l'apport de l'indemnisation des victimes du génocide dans le secteur
Nyundo. Ces résultats aideront également la société
rwandaise à mieux comprendre l'importance de l'indemnisation surtout
celle qui a été faite dans le processus gacaca sur la
réconciliation.
2. Délimitation du sujet
Selon Madeleine GRAWITZ, « Limiter son sujet, c'est
déterminer ce que l'on retient mais c'est aussi écarter un
certain nombre de problèmes »4(*). Comme tout autre travail scientifique, notre sujet
est limité dans le temps, l'espace et le domaine. Dans le temps, cette
étude s'étend sur une période allant de 2005 à
2010. Dans l'espace, nous nous intéressons uniquement au secteur de
Nyundo. Quant au domaine, notre sujet se limite dans la gestion des
conflits.
3.
Problématique
Le génocide de 1994 a eu des conséquences graves
qui ne cessent d'accroître jour et nuit. L'une de plus douloureuses de
ces conséquences est la dislocation de la société
rwandaise qui s'est vue scindée en deux : d'une part les bourreaux
et d'autre part, les victimes5(*).
Pour faire face à cette situation, le gouvernement
rwandais a entrepris plusieurs démarches visant la réconciliation
de la société6(*). L'une de ces démarches fut la mise sur pied
des juridictions gacaca. En effet, ces juridictions avaient un triple
objectif :
§ Faire connaître la vérité sur le
déroulement du génocide ;
§ Réconcilier la société rwandaise
affectée par le génocide ;
§ Rendre la justice aux victimes du génocide.
Toutefois, malgré les efforts du gouvernement rwandais
pour réconcilier ses enfants, plusieurs rapports de l'association IBUKA
qui regroupe les rescapés du génocide révèlent
l'existence de sérieux problèmes dans le déroulement des
procès au sein des juridictions gacaca. Selon cette association,
plusieurs facteurs, notamment ceux liés à la réparation
civile du préjudice subi, ont empêché que ces juridictions
aboutissent au résultat escompté7(*).
Dans le secteur de Nyundo, la pauvreté des personnes
condamnées a fait qu'elles soient totalement incapables de payer
l'indemnisation requise par les juges. Le coté pénal de la
justice semble avoir abouti contrairement au côté civil qui, dans
certains cas, a été jugé impossible, vu l'importance des
sommes à rembourser et la pauvreté de la personne qui doit
rembourser. Cet état de chose handicape le bon déroulement des
procès dans les juridictions gacaca, entravant par la même
occasion la réconciliation entre les Rwandais8(*).
C'est pourquoi nous avons décidé de mener cette
recherche dans le but de porter des éclaircissements aux questions
ci-après :
§ Quels types de crimes économiques qui ont
été commis pendant le génocide dans le secteur de
Nyundo ?
§ Quel est le niveau d'indemnisation des biens
volés ou détruits pendant le génocide dans le secteur de
Nyundo et quel est son impact dans le processus de
réconciliation ?
Ainsi, avons-nous décidé d'aller chercher la
réponse à ces questions auprès de la population du secteur
de Nyundo dans le district de Rubavu.
4.
Hypothèses
Les hypothèses sont des éléments des
réponses anticipées aux problèmes soulevés dans le
départ. Elles sont des propositions qui peuvent être
confirmées ou infirmées ou nuancées selon le cas
précis, d'après RWIGAMBA9(*). Ainsi, cette étude se base sur les travaux
antérieurs, les rapports et les enquêtes sur terrain pour tester
les hypothèses suivantes:
§ Les crimes économiques inventoriés par
les juridictions gacaca du secteur de Nyundo concernent : la destruction
de cultures, la destruction des maisons, le vol des vélos, motos et
véhicules, le vol des biens comme les ustensiles de cuisines, le vol du
bétail (vaches et chèvres), etc.
§ La population aurait des avis négatifs
vis-à-vis des réparations et ceci aurait un impact
négatif sur la réconciliation dans ce secteur.
5. Objectifs du travail
Dans la réalisation de ce
travail, nous poursuivons un objectif global et quatre objectifs
spécifiques.
5.1. Objectif global
L'objectif global de ce mémoire est d'analyser la
problématique d'indemnisation des victimes du génocide des Tutsi
de 1994 et le processus de réconciliation en prenant le cas du secteur
Nyundo.
5.2. Objectifs
spécifiques
Les objectifs spécifiques sont :
§ Inventorier les biens volés ou détruits
pendant le génocide ;
§ Evaluer le niveau de paiement des réparations en
comparant ce qui a été payé et ce qui ne l'a pas encore
été ;
§ Analyser l'impact du niveau de paiement sur le
processus de réconciliation dans le secteur de Nyundo ;
§ Proposer des suggestions pouvant répondre
à certaines questions qui n'ont pas encore trouvé de
réponses.
6. TECHNIQUES ET METHODES
Pour atteindre nos objectifs, nous allons recourir à
quelques techniques et méthodes de recherche.
6.1. Techniques
Selon RWIGAMBA10(*) les techniques sont des outils de recherche
impliquant des procédés de collecte de données
adoptées et surtout au point de vue qui guide la recherche. Les
techniques suivantes nous seront utiles lors de la collecte des
données :
6.1.1. Technique documentaire
Cette technique est orientée vers une fouille
systématique de tout ce qui est écrit ayant une liaison avec le
domaine de recherche11(*).
Elle nous a permis d'élucider notre problématique. Elle nous
aidera également dans la constitution du cadre théorique et
conceptuel mais aussi et surtout, dans la consultation de différents
documents susceptibles de nous donner des informations dont nous aurons besoin
pour mener à bien notre travail.
6.1.2. Technique d'interview
Elle consiste à des entretiens au cours desquels le
chercheur interroge des personnes qui lui fournissent des informations
relatives à son sujet de recherche12(*). Elle nous permettra de mener des entrevues pour
obtenir les informations que nous n'aurons pas pu trouver avec la recherche
documentaire.
6.1.3. Technique d'échantillonnage
L'échantillonnage est une technique qui consiste
à sélectionner une partie (échantillon) dans un tout. En
statistique, un
échantillon
est un ensemble d'individus extraits d'une
population
étudiée de manière à ce qu'il soit
représentatif
de cette population, au moins pour l'objet de l'étude.
Pour ce faire, on peut le tirer de façon
aléatoire, par un ensemble de méthodes mathématiquement
très contraignantes, ou quand ces méthodes se
révèlent impossibles à appliquer, par des méthodes
pratiques comme la
méthode
des quotas13(*). Cette
technique nous aidera dans l'élaboration d'un échantillon dans la
population du secteur de Nyundo auprès duquel va porter notre
enquête.
6.1.4. Technique d'enquête par questionnaire
Cette technique nous aidera à collecter les
données nécessaires à ce travail auprès de la
population du secteur de Nyundo.
6.2. Méthodes
GRAWITZ14(*) définit la méthode comme étant
un ensemble ordonné des principes, des règles et des
opérations intellectuelles permettant de faire l'analyse en vue
d'atteindre un résultat.
Les méthodes suivantes nous permettront d'analyser les
données récoltées auprès de la population du
secteur de Nyundo et d'autres institutions susceptibles de nous fournir les
données dont nous aurons besoin pour mener à bien notre
recherche.
6.2.1. Méthode analytique
La méthode analytique consiste à retrouver la
vérité d'une situation en analysant les données
éparses récoltées pendant le processus de
recherche15(*). Cette
méthode nous aidera surtout dans la phase finale de notre travail. En
effet, après la collecte des données et informations par
différentes techniques que nous aurons citées, nous allons
procéder à leur analyse systématique.
6.2.2. Méthode statistique
C'est une méthode qui aide à quantifier et
chiffrer les résultats d'une recherche16(*). Elle nous aidera dans la présentation des
données sous forme de tableaux et de figures.
6.2.3. Méthode synthétique
C'est une méthode qui consiste à
présenter les résultats de manière
synthétisée17(*). Elle nous aidera lors de la rédaction de
notre mémoire en présentant les synthèses de nos
résultats.
7.
SUBDIVISION DU TRAVAIL
A part l'introduction, la conclusion et les suggestions, notre
travail comprend trois chapitres. Le premier chapitre présente le cadre
conceptuel et théorique. Le deuxième chapitre nous aide à
inventorier les crimes économiques commis pendant le génocide
dans le secteur Nyundo et nous aide à vérifier la première
hypothèse. Le troisième chapitre analyse les avis de la
population sur le niveau de paiement des réparations et son impact sur
le processus de réconciliation des rwandais dans ce secteur. Ce chapitre
sera aussi une vérification de la deuxième hypothèse.
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Dans ce chapitre, nous avons défini les concepts
clés utilisés dans ce travail et des termes en rapport avec notre
sujet de recherche dans le but de permettre aux lecteurs d'en avoir une
même idée que nous. Il dégage certaines théories
dont la connaissance est d'une importance capitale pour une bonne
compréhension de l'ensemble du travail. Ce qui permet aussi de rendre le
travail suffisamment clair et d'éviter toute confusion possible.
Bref, le cadre théorique et conceptuel est très
important dans ce sens qu'il constitue un cadre de référence pour
la récolte et l'analyse des données et précise les
relations entre les concepts utilisés dans ce travail.
I.1. Cadre conceptuel
Sous ce titre, nous allons dégager la définition
et les différentes approches conceptuelles des mots clés à
notre étude qui sont problématique, indemnisation,
réparation, juridiction gacaca et processus de réconciliation.
I.1.1. Problématique
D'après le dictionnaire Petit Robert18(*), la problématique
signifie :
· Quelque chose qui pose un problème ou des
problèmes difficiles à résoudre
· Une construction conceptuelle thématique mettant
en relation un certain nombre de problèmes et de questions qui
dépendent les uns des autres (soutenu)
· En philosophie, c'est l'art de se poser des questions
I.1.2. Indemnisation
D'après le dictionnaire Hachette de Poche, le mot
indemnisation signifie le versement d'une somme d'argent en réparation
d'un dommage19(*).
I.1.3. Réparation
Selon le dictionnaire DICOS20(*), le mot réparation signifie :
· ce qui est nécessaire pour faire
disparaître les traces d'une dégradation ou d'un
dégât ;
· En Droit, c'est le dédommagement destiné
à indemniser la victime d'un préjudice. Synonyme :
compensation
I.1.4. Gacaca
D'après TWAHIRWA cité par DUSHIMIMANA
JD21(*), le mot
« Gacaca » vient de « UMUCACA », une
plante naturelle toujours verte quelle que soit la saison. A l'époque,
le tapis de « UMUCACA » servait de siège à
l'institution « GACACA ». Cette dernière
était un tribunal coutumier, une institution socio - judiciaire
d'essence populaire qui réglait les conflits entre voisins au sein d'une
même communauté locale dans la société rwandaise
traditionnelle.
GASIBIREGE22(*) définit « Gacaca » comme
suit :
« Gacaca ni Urukiko rwo mu muryango cyangwa se
rw'abaturanyi bigiramo ibibazo bivutse hagati y'abantu aba n'aba maze
bigakemurwa mu bwumvikane ntawe uhutajwe akaba ari nabyo byatumaga ubwizerane
n'ubusabane byarakomezaga kuranga imiryango » pour ainsi
dire :
« Gacaca » est un tribunal familial saisi
par les habitants d'une même colline, pour résoudre les petits
problèmes survenus entre les voisins, ces problèmes
étaient résolus dans un climat concordant sans qu'une partie soit
bafouée raison pour laquelle la confiance et la sociabilité
continuaient à régner entre les habitants ».
Pour cet auteur, le rôle de
« Gacaca » n'était pas seulement de rendre justice,
mais elle servait de terrain d'entente et de réconciliation. Le terme
« Gacaca » renvoie à deux systèmes
juridictionnels qui ont été utilisés au Rwanda en des
époques différentes. Il s'agit d'une part de l'institution
« Gacaca » qui est un système d'essence rwandaise
connu depuis des temps immémoriaux, qui jouait un rôle de trancher
les conflits inter et intra familiaux. On ne peut pas exactement
connaître le début précis de l'institution
« Gacaca » traditionnelle, seulement on localise les
premiers procès ou les premiers témoins qui ont été
écoutés sous le règne du Roi CYIRIMA I RUGWE mais
l'institution « Gacaca » aurait connu une bonne
organisation sous le règne du Roi MIBAMBWE GISANURA (1609 -
1642)23(*).
A cette époque là, le lieu de séance ne
pouvait pas être nécessairement le gazon
« UMUCACA », il pouvait également être soit
l'enceinte familiale (l'enclos), soit sous l'ombre d'un arbre ou autour des
abreuvoirs selon les circonstances.
D'autre part, il s'agit de la juridiction
« Gacaca », créée par le gouvernement
rwandais après le génocide de 1994 par la loi organique
n°40/200 du 26 Janvier 2001, pour accélérer les
procès de génocide et ressouder le tissu social rwandais depuis
longtemps désintégré par la haine ethnique. Gacaca est
difficile à définir qu'à décrire. La
difficulté majeure proviendrait du dynamisme même de cette
institution24(*).
Néanmoins, il existe des paramètres constants
tels que la participation communautaire au règlement des conflits, et
l'objectif de restauration de la concorde25(*).
Selon la LIPRODHOR26(*) par « Gacaca », il faut entendre
« une justice participative qui procède d'une collaboration
agissante de la population adulte d'un village, assimilable aux palabres
africains qui elles, sont « des débats coutumiers entre hommes
d'une même communauté ». D'après le même
auteur, dans le contexte actuel, les juridictions
« Gacaca » créées par le gouvernement
rwandais sont des institutions dans lesquelles la population joue un grand
rôle en participant au niveau des échelons de base, à la
production des preuves, à la catégorisation des auteurs des
infractions constitutives du crime de génocide et autres crimes contre
l'humanité, compte tenu du rôle joué ainsi qu'à la
fixation des peines à leur appliquer en visant le rétablissement
de la concorde et la réconciliation nationale.
1.1.5. Inyangamugayo
Les juridictions « Gacaca » de la
période post-génocide empruntent à la
« Gacaca » traditionnelle les juges
« Inyangamugayo » qui signifie littéralement les
« personnes intègres » ou dans la culture rwandaise
« ceux qui détestent l'opprobre »27(*). A l'époque ils
étaient des personnes de sexe masculin d'un certain âge dont
l'ascendance sur leur communauté était reconnue, avec la
différence que ces derniers sont élus à l'époque
actuelle28(*).
A son tour, DIGNEFFE29(*) décrit ces personnes dans les mots
suivants : « il s'agissait de notables plus ou moins
qualifiés et avertis, écoutant à longueur d'heures des
histoires qui prennent racine dans un passé déjà
éloigné et se développant dans le temps avec luxuriance,
en dérivant des circonvolutions autour d'un support qu'on souhaiterait
être la vérité, convaincus ou non par les récits que
confirmaient ou infirmaient des témoins dont la sincérité
paraît bien douteuse, les vieux prononcent une sentence qui semble
d'ailleurs satisfaire les plaideurs par une certaine côte qui nous donne
l'impression du bizarre, du flou, de peu de logique et du fort mal
explicite ».
A l'époque actuelle, la LIPRODHOR30(*) définit les
« INYANGAMUGAYO » comme des personnes intègres qui
ont été élues démocratiquement par la population
pour être les juges et animer les juridictions
« Gacaca » en vertu de l'arrêté
présidentiel n°12/01 du 26 juin 2001 portant organisation des
élections des juges des juridictions « Gacaca ». Il
convient de rappeler que contrairement à la
« Gacaca » traditionnelle qui excluait les femmes et les
filles de délibérations, la nouvelle loi organique ci - haut
mentionnée leur donne la possibilité de se faire élire
comme juges « INYANGAMUGAYO » au même titre que les
hommes. Cependant, leur implication a nécessité beaucoup de
campagnes de sensibilisation. Une telle mobilisation particulière pour
les encourager à surmonter les préjugés sociaux est
toujours nécessaire.
L'article 10 de la loi organique portant création des
juridictions « Gacaca » définit
« INYANGAMUGAYO », comme tout rwandais satisfaisant aux
conditions suivantes :
Etre de bonne conduite, vie et moeurs ;
§ Dire toujours la vérité ;
§ Etre honnête ;
§ Etre caractérisé par un esprit de partage
de la parole ;
§ N'avoir pas été condamné à
un jugement à une peine d'emprisonnement de 6 mois au moins ;
§ N'avoir pas participé à la
perpétration des infractions constitutives du crime de génocide
ou de crimes contre l'humanité.
L'assemblée générale de la juridiction
« Gacaca » est composée de tous les habitants
âgés au moins de 18 ans. Le nombre requis pour que
l'assemblée générale puisse se réunir est de 100
personnes au moins31(*).
Ce sont ces habitants qui participent à la confection
de la liste des personnes qui habitaient la cellule avant le génocide et
les massacres ainsi que la liste des victimes de ces infractions et celle de
leurs ainsi que la présentation des moyens de preuve à charge ou
à décharge dans les procès.
I.1.3. Réconciliation
Selon le dictionnaire de l'académie française,
la réconciliation est un raccommodement de personnes qui étaient
brouillées32(*).
Dans notre travail, la réconciliation concerne les Rwandais qui doivent
se raccommoder après le brouillement occasionné par le
génocide perpétré contre les tutsi en 1994.
I.2. Généralités sur l'indemnisation
Alors que le Rwanda s'atèle à rendre justice aux
victimes du génocide, la question de la réparation de leur
préjudice n'est toujours pas résolue. Pourtant, elle est une
étape nécessaire dans le processus de la réhabilitation de
la victime. Les lois qui se succèdent en la matière avancent
à petits pas mais ne rencontrent pas encore les attentes. Dans ce point,
nous présentons l'état des lieux de cette question.
I.2.1. Le droit à la
réparation
Le droit à la réparation des victimes est un
élément essentiel de la lutte contre l'impunité des
auteurs des violations flagrantes des droits de l'Homme. Il existe deux types
de mesures de réparation : les mesures individuelles et les mesures
de portée générale.
Au plan individuel, la réparation adéquate
devrait couvrir l'intégralité des préjudices subis par la
victime, et comprendre la restitution, l'indemnisation et la
réadaptation. Au niveau juridique, c'est la question spécifique
de l'indemnisation qui est d'abord posée33(*).
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)
n'autorise pas la constitution de partie civile et n'accorde pas de
réparations aux victimes du génocide. Seule est prévue la
restitution des biens34(*).
La justice internationale est-elle vraiment moderne et
efficace si elle exclut le contentieux de la réparation35(*) ? Pour obtenir
réparation, les victimes ou leurs ayants droit doivent invoquer leur
cause devant les juridictions nationales sur la base du jugement
délivré par le TPIR.
I.2.2. Evolution des mesures
prises et difficultés rencontrées
Au Rwanda la question de l'indemnisation des victimes du
génocide et des crimes contre l'humanité reste
problématique. Toutes les voies de sorties ont été
tentées mais jusqu'alors, aucune solution satisfaisante n'a
été trouvée.
La loi organique de 199636(*), ne donne pas de définition stricte de la
notion de victime et ne fixe pas de limite quant au lien de parenté ou
d'alliance. On remarque également une grande disparité entre les
montants alloués au titre de dommages et intérêts. Les
décisions définitivement rendues sur le recouvrement des dommages
et intérêts alloués ainsi que les condamnations civiles
prononcées contre l'Etat, restent lettres mortes. Dès lors, les
victimes ne peuvent pas faire exécuter les jugements prononcés en
leur faveur.
Le législateur a alors pensé à un
système qui pourrait apporter des solutions : le système
GACACA37(*).
Celui-ci avait prévu la création d'un fonds d'indemnisation des
victimes du génocide ou de crimes contre l'humanité commis entre
le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994 (art. 90 de cette
même loi). Il s'agissait d'un moyen pour l'Etat d'assumer ses
responsabilités et de favoriser un traitement plus équitable des
victimes (notamment celles dont le cas ne pourrait être soumis à
une juridiction faute d'identification de l'auteur ou faute de la
possibilité de la poursuivre à cause de son décès
ou de sa disparition)38(*). Le projet de création de ce fonds n'a pas
encore abouti notamment à cause de la problématique sur la
définition de la « victime » et du
caractère démesuré des chiffres avancés au regard
des possibilités budgétaires de l'Etat.
Aujourd'hui, 5% du budget de l'Etat est affecté au
F.A.R.G (Fonds d'assistance aux rescapés du génocide). Chaque
employé, fonctionnaire de l'Etat ou travailleur du secteur privé,
donne une contribution équivalant à 1% de son salaire brut.
Néanmoins tous ces montants restent dérisoires au regard du
nombre de victimes.
La loi organique du 19 juin 2004 portant organisation,
compétence et fonctionnement des juridictions GACACA, a innové en
définissant la notion de victime39(*). Mais il a fallu attendre une autre loi40(*) pour régler la question
de la stricte indemnisation ainsi que les mesures de réadaptation des
victimes et des mesures sociales, individuelles ou collectives, ou de
porté symbolique.
On constate que le problème de l'indemnisation des
dommages matériels et moraux n'a toujours pas été
réglé définitivement mais que des étapes sont
entrain d'être franchies.
I.3.
Généralités sur les juridictions gacaca
Dans cette partie, nous allons parler de l'historique des
juridictions gacaca, des réflexion sur le recours au système de
justice participative «gacaca », des principaux objectifs attendus
des juridictions gacaca ainsi que de la catégorisation de crimes en
rapport avec le génocide.
I.3.1. Historique
Au lendemain des événements tragiques de 1994
qui ont endeuillé le Rwanda, le pays s'est trouvé
confronté à plusieurs défis majeurs en résultant
dont principalement, dans le domaine judiciaire, éradiquer la culture de
l'impunité et faire justice aux nombreuses victimes du génocide
et des massacres qui venaient d'être commis.
Dans ce contexte, il fut procédé à
l'arrestation de personnes sur lesquelles pesaient des soupçons de
participation à la tragédie. Le nombre de détenus ne cessa
de croître jusqu'à dépasser les capacités de
l'appareil judiciaire qui ne peut les assurer l'application des règles
procédurales habituelles de détention se rapportant aux titres
couvrant l'incarcération, à la durée de validité de
tels titres et au délai, impératif de comparution devant le juge,
des procédures conçues pour les périodes normales. Ledit
appareil avait été lui-même laissé, en état
de délabrement quasi complet.
A ces éléments, s'ajoutait le devoir de
reconstituer le tissu social totalement décomposé par la
tragédie. Pour faire face à la situation, le Rwanda,
appuyé par des partenaires étrangers intervenant dans le domaine
judiciaire, procéda, dès 1995, à la remise sur pied de
l'appareil judiciaire par le recrutement en grand nombre et la formation de
nouveaux agents. En outre, un cadre particulier de poursuite et de jugement des
auteurs des infractions constitutives du crime de génocide et des crimes
contre l'humanité fut mis sur pied aux fins non seulement de pouvoir
poursuivre et punir l'entièreté des personnes impliquées
mais aussi pour accélérer leur jugement et
récupérer les exécutants repentis, et cela dans un souci
de récollection de la société rwandaise. Ce cadre est
fonctionnel depuis décembre 1996.
Mais, malgré tous les efforts de renforcement des
capacités de l'appareil judiciaire en ressources tant humaines que
matérielles, malgré le dispositif du cadre légal de
poursuite et de jugement conçu pour assurer la rapidité de la
procédure, les affaires jugées pendant 4 années
n'atteignaient que près de 1/50ème de l'ensemble en
attente.
Telle situation qui interpellait le Gouvernement, a
amené celui-ci à envisager d'autres voies alternatives. Les
réflexions engagées à cet effet dans le cadre d'une large
concertation avec la population ont amené à retenir, comme
solution alternative et, partiellement complémentaire de la justice
classique, le recours à la justice participative, faisant appel à
la population devant laquelle les crimes à juger ont été
commis.
Cette justice participative a déjà des traces au
Rwanda. Elle tire ses sources dans le système traditionnel de
règlements des conflits appelé «Gacaca » ; lequel a
donné son nom aux «Juridictions Gacaca ».
I.3.2. Réflexion sur le recours au système de
justice participative «gacaca »
Le recours au système de justice participative
«gacaca» fut objet des réflexions engagées depuis 1998
dans le cadre des réunions tenues au « Village Urugwiro » sous
le patronage du Président de la République. Le problème de
la justice à la suite du génocide de 1994 fût un des
principaux points qui a dû retenir l'attention des participants à
ces réunions. Il était de l'avis de tous qu'il faut un
système de justice qui permet, non seulement de réprimer le
coupable, mais aussi et surtout, de rétablir le dialogue social et
rebâtir la société sur des bases solides. L'idée de
recours au système traditionnel de règlement des
différends fût retenue à l'avis de la majorité, et
une commission ad hoc fût créée pour approfondir la
réflexion.
Le rapport de la commission a été une base pour
mener une plus large concertation avec toutes les couches de la population et
initier la loi organique instituant les Juridictions Gacaca adoptée par
le Parlement en mars 2001. Les principales motivations qui soutendent le
système tiennent entre autre compte du souci, aussi bien
d'éradiquer l'impunité et de reconstruire le tissu social, que de
retenir la voie de poursuite et de jugement la plus conforme à la
façon dont les crimes ont été commis41(*).
En effet, la criminalité est normalement un
phénomène marginal. Or tel n'était pas le cas durant le
génocide et les massacres de 1994, car ces crimes ayant
été planifiés et organisés par les autorités
publiques qui, par vocation, tracent la voie à suivre par les
administrés, ces derniers ne cherchaient pas à dissimuler leurs
méfaits, rassurés qu'ils étaient en train de se conformer
à la voie leur indiquée par ceux-là mêmes qui
devaient les appréhender.
Ainsi, les infractions constitutives du crime de
génocide et crime contre l'humanité furent commises publiquement,
sous les yeux de la population. En conséquence, le jugement de telles
infractions ne peut être basé que sur les seuls témoignages
de la population du lieu où elles ont été commises. Et
quel que soit le système de justice utilisé, y compris la justice
classique, tous n'auraient comme seule source que les témoignages.
I.3.3. Les principaux objectifs attendus des juridictions
gacaca
Parmi les principales attentes que suscite l'instauration des
«juridictions Gacaca », il y a lieu de citer particulièrement
:
I.3.3.1. La reconstitution de tout ce qui s'est
passé
L'unité et la réconciliation des rwandais
recherchées auront pour pilier une justice pour tous. Or, cette justice
n'est possible que dans la mesure où la vérité sur ce qui
s'est passé est établie. La façon dont l'institution
gacaca a été conçue permettra la découverte de
cette vérité, en ce sens que42(*) :
§ L'on aura à recourir aux habitants qui ont
été les témoins oculaires des faits qui se sont
passés, surtout dans leurs cellules ;
§ L'on établira ainsi la liste des victimes, celle
des auteurs des crimes commis ainsi que la liste des dommages causés;
§ Certaines situations pourront au moins être
éclaircies. L'on peut penser que les récits des
événements permettront de comprendre pourquoi certains lieux
antérieurement peuplés sont, aujourd'hui des ruines ou ce qui
s'est passé pour des gens qui ne se trouvent plus aux endroits connus
qu'ils habitaient auparavant.
I.3.3.2. La réconciliation des Rwandais et le
renforcement de leur unité
Le système gacaca emmènera les habitants de la
même cellule, du même secteur, ... à collaborer pour juger
ceux qui ont pris part au génocide, pour connaître les victimes et
rétablir dans leurs droits les innocents. Le système sera ainsi
à la base de la collaboration et de l'unité, surtout que, une
fois la vérité connue, il n'y aura plus de suspicions puisque les
auteurs auront été identifiés et condamnés ; la
justice aura été rendue et à la victime et au
détenu innocent qui sera réintégré dans la
société rwandaise.
Telle réintégration dans la famille rwandaise
n'est pas recherchée pour les seuls détenus innocents mais
même pour les personnes condamnées mais susceptibles d'être
ramenés dans le droit chemin. C'est ce que tente de réaliser le
système de «Juridictions gacaca » avec l'instauration du
principe d'aveu et de plaidoyer de culpabilité qui offre une
possibilité de réduction de la peine et une conversion d'une
partie de celle-ci en travaux d'intérêt général.
I.3.3.3. L'accélération des procès
Le Jugement de 120.000 cas qui étaient en attente lors
de l'instauration de ces juridictions, tout comme d'autres qui s'y ajouteront
peut-être, devrait être sensiblement accélérer
car43(*) :
§ Les affaires seront jugées par ceux qui
intervenaient déjà comme témoins dans lesdits
procès devant les actuelles chambres spécialisées ;
§ Près de 11.000 « Juridictions gacaca»
ont connu de ces procès de génocide alors que la tâche
était assumée par 12 chambres spécialisées.
I.3.3.4. L'éradication de la culture de
l'impunité
Dans leurs cellules, les habitants joueront un grand
rôle dans la reconstitution des faits et dans la détermination de
ceux qui y ont pris part. Personne de ceux qui y ont trempé ne devrait
alors échapper aux poursuites.
I.3.3.5. La résolution de certains problèmes
résultant du génocide
La situation était telle que tous les efforts sont
concentrés sur tout ce qui a trait au génocide ; tant du
côté des victimes qui attendaient que la justice leur soit rendue
que du côté des détenus qui avaient les mêmes
attentes au moment où leurs familles ne faisaient que se démener
exclusivement pour eux, voire des tiers.
Le règlement du problème permettra de concentrer
les efforts sur d'autres activités.
I.3.4. Catégorisation de crimes en rapport avec le
génocide
La Loi sur le Génocide de la République du
Rwanda catégorise les crimes de Génocide et les crimes contre
l'Humanité comme suit : les Personnes accusées de crimes
exposés dans l'Article 1 de cette loi organique et commis pendant la
période entre le 1 octobre 1990 et le 31 décembre 1994, sur base
de leurs actes de participation, sont classées dans une des
catégories suivantes :
I.3.4.1. Catégorie 1
Des personnes dont les actes criminels ou les actes de
participation criminelle les placent parmi les planificateurs, les
organisateurs, les instigateurs, les superviseurs et les leaders du crime de
Génocide ou d'un crime contre l'humanité; les Personnes qui ont
agi en position d'autorité au niveau National, Préfectoral,
Communal ,du Secteur ou de la Cellule, ou dans un parti politique,
l'armée, les confessions religieuses ou dans une milice et qui ont
commis ou favorisé de tels crimes; les meurtriers de triste
notoriété qui en vertu de leur zèle ou de malice excessive
avec laquelle ils ont commis des atrocités, se sont distingués
dans leurs secteurs de résidence ou là où ils ont
passé; les personnes qui ont commis des actes de torture sexuelle ou de
violence.
I.3.4.2. Catégorie 2
Des personnes dont les actes criminels ou dont les actes de
participation criminelle les placent parmi les auteurs, les conspirateurs ou
les complices d'homicide intentionnel ou de violation sérieuse contre la
personne - causant la mort.
I.3.4.3. Catégorie 3
Des personnes dont les actes criminels ou dont les actes de
participation criminelle les rendent coupables d'autres violations
sérieuses contre la personne.
I.3.4.4. Catégorie 4
Les personnes qui ont commis des violations contre la
propriété.
Dans la révision de la loi sur les juridictions gacaca,
les catégories 2 et 3 ont été regroupées en une
catégorie réduisant ainsi le nombre de catégorie à
trois44(*).
I.3.5. L'indemnisation
Il est prévu la mise en place d'un fonds
d'indemnisation chargé de répartir les dommages et
intérêts entre les différents bénéficiaires.
Les ressources du fonds proviendront notamment des dommages et
intérêts payés par les condamnés, un pourcentage sur
le budget de l'Etat, et d'autres sources possibles de financement45(*). C'est cet aspect plutôt
économique qui intéresse le plus ce travail.
Conclusion partielle
Ce premier chapitre intitulé « Cadre
théorique et conceptuel » nous a aidé à
permettre aux lecteurs de mieux comprendre le sujet que nous avons
traité. Nous y avons mis les définitions des concepts clés
et passé en revue la littérature
consacrée à notre thème. C'est
ainsi que nous avons défini indemnisation, réparation,
réconciliation et juridictions gacaca.
Dans le cadre théorique, nous avons donné les
généralités sur l'indemnisation et sur les juridictions
gacaca.
CHAPITRE II. LES CRIMES ECONOMIQUES INVENTORIES PAR LES
JURIDICTIONS GACACA DU SECTEUR DE NYUNDO
Dans ce chapitre nous allons vérifier la
première hypothèse de ce travail selon laquelle le niveau
d'indemnisation des biens volés ou détruits pendant le
génocide est encore bas. Les réparations inventoriées par
les juridictions gacaca du secteur de Nyundo concernent : la destruction
de cultures, la destruction des maisons, le vol des vélos, motos et
véhicules, le vol des biens comme les ustensiles de cuisines, le vol du
bétail : vaches et chèvres, etc.
Dans cette vérification, nous avons utilisé les
rapports et les interviews avec les
« inyangamugayo » de la juridiction gacaca du
secteur de Nyundo. Mais avant la vérification proprement dite de
l'hypothèse, nous présentons le milieu d'étude.
II.1. Présentation du
secteur
Pour faire une présentation complète du secteur
de Nyundo, nous avons utilisé le Rapport annuel de ce secteur, le Plan
de Développement du district de Rubavu, la Monographie du district et la
monographie du secteur.
II.1.1. Localisation géographique
Le secteur Nyundo est l'un de douze secteurs que comporte le
district de Rubavu à savoir : Gisenyi, Rubavu, Cyanzarwe,
Nyakiriba, Rugerero, Nyundo, Busasamana, Mudende, Kanzenze, Kanama, Nyamyumba
et Bugeshi. Le bureau du secteur Nyundo ainsi que celui de la juridiction
gacaca de ce secteur se trouve tout près de la route Rubavu-musanze,
près de l'agglomération de Mahoko dans la cellule Nyundo46(*).
II.1.2. Situation
géographique du secteur Nyundo
II.1.2.1. Limites
Le secteur Nyundo se situe à l'Ouest du Rwanda. Il est
délimité au Sud par le secteur Nyakiriba, au Nord par le secteur
Busasamana, à l'Ouest, par le secteur Rugerero et à l'Est par le
secteur Bugeshi47(*).
II.1.2.2. Climat
Le secteur Nyundo jouit dans son bon air des montagnes et de
chaleur de l'équateur d'où un climat de type
tempéré subéquatorial. Sa situation en altitude est de
1400m et sa température tourne autour de 22°C. Son module de pluie
annuelle se situe autour de 1300mm48(*). Le climat est caractérisé par deux
saisons distinctes (sèche et pluvieuse) qui s'alternent en quatre
périodes :
Saison pluvieuse : - Grande période de
pluie : mi-mars jusque fin mai
- petite période de pluie : octobre jusque
novembre
Saison sèche : - Grande période
sèche : de juin jusqu'en août
- Petite période sèche :
décembre jusque mi-mars49(*)
II.1.2.3. Hydrographie
Le réseau hydrographique du secteur Nyundo est
drainé par un cours d'eau dans le centre de ce secteur. La
rivière Sebeya s'oriente verticalement du Nord au sud pour se
déverser dans le lac Kivu. Le secteur Nyundo est une entité
approvisionnée en eau potable grâce à l'usine de traitement
d'eau de Kaniga (RECO-RWASCO). Les autres parties du secteur Nyundo n'ont
presque pas d'eau. Les ruissellements des eaux des pluies se déferlent
en grande partie dans les ravins des roches volcaniques pendant leurs
parcours50(*).
II.1.2.4. Le sol
L'ensemble des terres du secteur de Nyundo est
constitué des laves datant de la période tertiaire. Les marais
sont presque inexistants. La production agricole reste stable. Le reste de la
population du secteur vit en grande partie du commerce51(*).
II.1.3. Effectif de la population
Le secteur Nyundo compte à travers ses six cellules
administratives, une population de 48.398 habitants.
Tableau 1 : Effectif de la population du secteur
Nyundo
Secteur Nyundo
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
23.855
|
24.534
|
48.389
|
Source : Rapport annuelle du secteur
Nyundo, 2009
II.1.4. Missions du secteur Nyundo
La politique du secteur Nyundo tire ses racines de la grande
vision dont s'est doté le Gouvernement rwandais à l'horizon 2020.
De celle-ci, est bâti la société rwandaise actuelle.
Pour Ce faire le secteur Nyundo à moyen terme a pour
objectif d'offrir le service plus efficace répondant aux besoins de la
population grâce à une meilleure organisation des
méthodes modernes de gestion, renforcement des compétences et la
motivation du personnel. Le secteur Nyundo accomplit les missions qui lui sont
attribuées par la loi n° 29/2005 du 23/12/200552(*).
Lesdites missions sont les suivantes :
§ Rendre les services de qualité dans tout
département du secteur ;
§ Saisir et résoudre les conflits de la population
émanant des différentes cellules de secteur ;
§ Collecter les statistiques en vue d'établir un
plan d'actions du secteur ;
§ Assurer la gestion de tout le personnel enseignant du
secteur Nyundo ;
§ Sensibiliser la population à veiller sur le
programme de l'Etat notamment53(*):
· Education pour tous ;
· Gacaca ;
· Umuganda ;
· Adhésion à la mutuelle de
santé ;
· Planning familial ;
· Sensibilisation au mariage officiel ;
§ Assurer le suivi de l'activité
d'éducation préscolaire, primaire, secondaire et
alphabétisation ;
§ Assurer le suivi de fonctionnement de tous ce qui est
en rapport avec la santé soit54(*):
· Centre de santé ;
· Dispensaires ;
· Pharmacies et
· Hygiène de la population.
§ Veiller sur la promotion des femmes et de la jeunesse
dans les programmes de gouvernement ;
§ Sensibiliser la population à adhérer
à la mutuelle de santé chaque année ;
§ Promouvoir le sport, la culture et les loisirs dans
tout le secteur ;
§ Assurer l'exécution des décisions prises
par le conseil du district et du secteur.
II.1.5. Principes et valeurs
Pour l'exécution de ses missions le secteur Nyundo
s'appuie sur un certains nombres des principes et valeurs.
II.1.5.1. Principes
En ce qui concerne l'administration publique au service du
citoyen et pour orienter les actions des fonctionnaires de l'Etat à tous
les niveaux hiérarchiques, les principes suivants sont mis en
avant55(*) :
1. Respecter les lois, Les institutions et les droits de
l'homme ; tout acte de gestion se fait dans le strict respect de ces
principes.
2. L'efficacité et efficience fondées sur des
interventions répondant le mieux aux besoins de la population.
3. Confidentialité des informations : les
informations à caractère confidentiel ne sont diffusées
que dans des circonstances exceptionnelles et après approbation de
l'autorité compétente.
4. Transparence dans la gestion de ressources publiques, la
gestion des ressources humaines, financières et matérielles se
fait selon des procédures transparentes, simples et
compréhensibles.
5. Lutte contre la corruption, tout citoyen a droit au service
sans discrimination et à condition égale, le droit de recours et
d'appel contre tout acte de corruption est reconnu par tous.
6. Accessibilité des services : les services
publics sont accessibles à toute la population quelque soit le lieu, le
moment et les contraintes de la population à laquelle les services
s'adressent ;
7. Accès à l' information : les
fonctionnaires du secteur de Nyundo fournissent les informations exactes et
claires sur les services qu'ils rendent à la population et les
procédures à suivre pour en bénéficier.
II.1.5.2. Valeurs
Les valeurs privilégiées dans l'accomplissement
de la mission du secteur Nyundo sont les suivantes56(*) :
§ L'équité fondée sur la
disponibilité des services offerts à la population en
général et aux plus démunis en particuliers
§ L'éthique fondée sur le respect de la
dignité humaine et les règles de justice
généralement admises ;
§ Le respect de la spécificité du genre en
veillant à l'équité entre l'homme et femme dans la
présentation des services
§ L'éradication de toute forme de discrimination
§ La lutte contre la corruption57(*).
II.2.
Opérationnalisation de l'enquête
Dans cette partie, nous allons présenter la
façon dont l'enquête s'est déroulée. Nous donnons
successivement les objectifs de l'enquête, l'administration du
questionnaire ainsi que la population et la taille de l'échantillon.
II.2.1. Objectif de
l'enquête
Cette enquête visait à collecter les informations
nécessaires à la connaissance du niveau de paiement des
réparations des crimes économiques commis dans le secteur de
Nyundo pendant le génocide et son impact sur le processus de
réconciliation des rwandais.
Toutefois, les informations recueillies grâce au
questionnaire ont été complétées par les interviews
et les documents disponibles. Les critères retenus pour la
vérification de notre hypothèse concernent les variables
suivants :
§ La
crédibilité et le niveau de confiance des juridictions
gacaca ;
§ Impact sur l'unité et la réconciliation
des Rwandais.
II.2.2. Administration du questionnaire
L'enquête a été faite au mois de novembre
2010. Les questionnaires ont été administrés à un
échantillon d'habitants du secteur de Nyundo que nous avons choisi au
hasard. Nous les rencontrions chez eux et leur posions des questions relatives
à notre recherche.
Les données ont été saisies,
traitées et analysées avec le logiciel Excel. Word a
été utilisé pour le traitement du texte.
II.2.3. Population d'étude
La population totale de notre enquête est
composée de tous les habitants du secteur de Nyundo. Ce secteur compte
à travers ses sept cellules administratives, une population de 48.389
habitants (cfr. Tableau 1).
II.2.4. Taille de
l'échantillon
Selon Dr Peter ORERA et Dr Sylvestre Okenyi,
l'échantillon est un sous-ensemble de la population qui est choisi parmi
une plus grande population en vue de la recherche pour que les résultats
soient généralisés au groupe cible58(*).
Ainsi, cet échantillon ne se choisit pas n'importe
comment. Il est extrait d'une population mère aussi appelée
population parente.
Dans notre recherche, nous avons utilisé
l'échantillonnage aléatoire simple. Selon MANZI Stanley59(*) c'est la méthode
d'échantillonnage la plus facile à appliquer et la plus
couramment utilisée. Elle fait en sorte que chaque membre d'une
population ait une chance égale d'appartenir à
l'échantillon. Nous avons donc tiré au sort 96 personnes parmi
les habitants du secteur de Nyundo sur lesquels a porté notre
enquête.
II.3. Présentation socio-démographique des
enquêtés
Avant de passer à l'étape d'analyser les
données en rapport avec le niveau de paiement et son impact sur
l'unité et la réconciliation des Rwandais, nous avons
présenté les caractéristiques socio- démographiques
des enquêtés, en tenant compte de leur sexe, âge, niveau
d'étude et état matrimonial.
II.3.1. Sexe des
répondants
La variable sexe nous a permis d'identifier le nombre des
hommes et des femmes qui ont pris part à notre enquête. Elle nous
a permis également de recueillir à la fois, les opinions des
hommes et des femmes sur le niveau de paiement des dommages occasionnés
par les crimes commis pendant le génocide et leur impact sur la
réconciliation des Rwandais.
Tableau 2 :
Répartition des enquêtés selon le sexe
Variables sexe
|
Fréquence
|
%
|
Masculin
|
46
|
47,9
|
Féminin
|
50
|
52,1
|
Total
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 52,1% de nos
enquêtés sont de sexe féminin tandis que 47,9% sont de sexe
masculin. La supériorité des femmes sur les hommes est due au
fait que les femmes sont également plus nombreuses que les hommes dans
ce secteur. Ceci nous a permis de remarquer les divergences de vues entre les
habitants de sexe différent.
II.3.2. Age des répondants
La variable âge a une importance capitale car elle peut
influencer une personne dans l'exercice de son travail, dans
l'appréciation du déroulement des travaux des autres et dans bien
d'autres situations. Ainsi, une personne adulte n'apprécie pas les
choses de la même manière qu'une personne encore jeune qui n'a pas
encore beaucoup d'expérience en ce qui concerne la vie dans la
société. Cette variable nous permis de connaître les
catégories d'âge de nos répondants comme nous pouvons le
voir dans le tableau ci-après :
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon l'âge
Variables âge
|
Fréquence
|
%
|
Moins de 25 ans
|
21
|
21,9
|
Entre 25 et 40 ans
|
40
|
41,7
|
Plus de 40 ans
|
35
|
36,5
|
Total
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
Concernant l'âge, le tableau ci-avant nous montre que
les enquêtés sont repartis comme suit :
§ 21,9% ont moins de 25 ans ;
§ 41,7% ont entre 25 et 40 ans ;
§ 36,5% ont plus de 40 ans.
De ce constat, nous pensons que la raison qui justifie la
prédominance des personnes adultes par rapport aux adolescents est
liée au fait qu'ils sont plus nombreux à participer aux
déroulements des procès dans les juridictions gacaca. Comme nous
le remarquons à travers le tableau, les personnes qui ont
participé à notre enquête ne sont non plus des personnes
âgées.
II.3.3. Niveau d'études
Nous avons également cherché à
connaître le niveau d'études des individus qui ont
participé à notre enquête. Cette information nous a
aidé non seulement à connaître le niveau d'études de
nos enquêtés, mais aussi à voir si les
enquêtés sont capables de répondre clairement à nos
questions et de résoudre certains problèmes de
compréhension qu'ils peuvent rencontrer.
Tableau 4 : Répartition des
enquêtés selon le niveau d'études
Variables niveau d'études
|
Fréquence
|
%
|
Non scolarisé
|
9
|
9,4
|
Primaire
|
39
|
40,6
|
Professionnel
|
7
|
7,3
|
Secondaire
|
26
|
27,1
|
Supérieur
|
15
|
15,6
|
Total
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2009
D'après ce tableau, nous remarquons que la mode de
notre échantillon est constitué des personnes dont le niveau
d'études est primaires (40,6%). 9,4% n'ont jamais étudié,
7,3% ont fait différentes formations professionnelles comme les CERAI et
les CFJ. 27,1% ont un niveau secondaire tandis que 15,6% ont fait
l'université. Le constat est que nous avons enquêté toutes
les catégories de la population.
II.3.4. Etat matrimonial
L'état matrimonial est une variable qu'il ne faut pas
négliger, surtout lorsqu'on fait des études qui touchent sur les
crimes économiques ou les juridictions gacaca. En effet, les personnes
mariées n'ont pas les mêmes jugements et ne sont pas satisfaits de
la même façon que les célibataires. Il en va de même
à propos des divorcés et des veufs. C'est pourquoi, nous avons
voulu connaître les différences qui existent entre ces groupes en
posant à nos enquêtés une question relative à leur
état matrimonial. Les résultats obtenus sont dans le tableau
suivant :
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés selon leur état matrimonial
Variables état matrimonial
|
Fréquence
|
%
|
Célibataires
|
34
|
35,4
|
Mariés
|
36
|
37,5
|
Veufs
|
21
|
21,9
|
Divorcés
|
5
|
5,2
|
Total
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 35,4% de nos
enquêtés sont des célibataires ; 37,5% sont
mariés ; 21,9% sont veufs tandis que 5,2% sont divorcés.
Ceci veut dire que nous avons récolté les opinions des
différentes catégories de la population et les divergences dans
leurs points de vue seront analysées.
II.4. Natures et genres des crimes
Dans les pages qui vont suivre, nous allons analyser les
indicateurs retenus pour la vérification de l'hypothèse.
II.4.1. Nombre de procès
La juridiction gacaca du secteur de Nyundo a été
saisie des procès de trois catégories et les statistiques
sont données dans le tableau ci-après :
Tableau 6 : Données relatives aux
procès de la juridiction gacaca du secteur de Nyundo
Catégories
|
Nombre de procès portés devant la juridiction
|
3e catégorie
|
466
|
2e catégorie
|
358
|
1ère catégorie
|
245
|
Total
|
1069
|
Source : CNLG, Rapport sur le déroulement des
juridictions gacaca, Kigali, 2010
Dans ce tableau, nous constatons que le nombre total des
procès qui ont été portés devant la juridiction
gacaca du secteur de Nyundo c'est 1.069. Parmi ces procès, 245 sont de
la première catégorie, 358 de la deuxième catégorie
et 466 sont de la troisième catégorie. Dans notre étude,
nous allons nous intéresser sur les procès de la troisième
catégorie, c'est-à-dire, ceux qui sont en rapport avec les crimes
économiques.
II.4.2. Bétail
Parmi le bétail, nous faisons référence
à l'ensemble des animaux domestiques tels que les vaches, les
chèvres, les poules, les lapins, les cochons etc. Les données que
nous avons obtenues au siège de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo sur la nature des crimes économiques en rapport avec le
bétail commis pendant le génocide qui ont été
portés devant cette juridiction sont résumées dans le
tableau ci-après :
Tableau 7 : Nature et volume des
réparations du bétail
Types de bétail
|
Effectif volé
|
Effectif remboursé
|
Pourcentage
|
Vaches
|
20
|
14
|
70
|
Chèvres
|
25
|
18
|
72
|
Porcs
|
40
|
27
|
67,5
|
Moutons
|
15
|
11
|
73,3
|
Volailles
|
100
|
76
|
76
|
Source : Rapport de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 2009
D'après ce tableau, nous remarquons que les
réparations déjà effectuées pour réparer le
préjudice causé sur le bétail ne sont pas encore
terminées. En effet, sur les 20 vaches dont les auteurs ont
été portés devant la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 14 ont été dédommagées, soit 70%. Sur 25
chèvres qui devaient être dédommagés, seuls 18, soit
72% l'ont été. Sur 100 poules et consort (dindons etc.) qui
devaient être réparées, seuls 76, c'est-à-dire 76%
l'ont été.
Ces chiffres montrent que le processus de réparations
des préjudices causés au bétail est en marche mais qu'il
reste beaucoup de choses à faire. Dans une interview que nous avons eue
avec le Coordinateur des activités des juridictions gacaca dans le
district de Rubavu dans lequel se trouve le secteur de Nyundo concerné
par notre étude, il nous a dit que « ceux qui n'ont pas
encore payé sont notamment des auteurs dont on ignore où ils se
trouvent ou des personnes tellement pauvres que les juridictions n'ont pas pu
trouver comment les obliger de rembourser »60(*).
La majorité des coupables paient en espèces mais
certains ont payé en nature. A propos du montant total versé aux
victimes pour la réparation des dommages subis, le Coordinateur des
juridictions gacaca dans le district de Rubavu nous a dit ceci :
« Nous ne disposons pas des chiffres fiables parce que les
auteurs des crimes s'entendent avec les victimes et le paiement se fait
à l'amiable. Les juridictions n'interviennent que lorsque les deux
parties ne parviennent pas à s'entendre, et ces cas sont
rares ».
II.4.3. Ustensiles ménagers
Une autre catégorie des crimes économiques
perpétrés pendant le génocide concerne les ustensiles
ménagers ou plus généralement ce qu'on appelle
« ibikoresho byo mu rugo ». Dans cette catégorie
nous avons considéré les casseroles, les assiettes, les houes,
les chaises, les armoires, les lits, les habits, les appareils
électroménagers tels que les téléviseurs, les
postes radio etc. Le tableau ci-après nous donne le nombre de
procès dans lesquels la réparation de ces ustensiles était
exigée :
Tableau 8 : Nature et volume des
réparations des ustensiles ménagers
Nombre de procès
|
Paiements effectués
|
Pourcentage
|
158
|
122
|
77,2
|
Source : Rapport de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 2009
D'après ce tableau, nous constatons que la
majorité de ceux qui devaient réparer les ustensiles
ménagers l'ont fait à un degré de 78,8%. En effet, sur 158
procès dont le jugement a été l'ordre de rembourser les
ustensiles de ménage, 122 ont été achevés. Quant
à la nature des paiements effectués, un des Inyangamugayo de la
juridiction gacaca du secteur de Nyundo nous a dit que « abantu
bariyumvikanira ubundi bakatugezaho inyandiko igarargaza ko ibibazo byabo
babikemuye. Singombwa ko batubwira uko bishyuranye cyangwa amafaranga bahanye.
Twe ntibitureba. Tubyinjiramo iyo bananiwe kwiyumvikanira » (Les
personnes concernées s'entendent et nous font parvenir un écrit
qui atteste que le différend a été résolu. Ce n'est
pas nécessaire de nous donner les détails de leur entente. Nous
n'intervenons qu'en cas de manque de consentement entre les parties
concernées).
Toutefois, « dans la majorité des cas les
paiements se font en espèces. Il est rare que les auteurs
achètent des assiettes ou des téléviseurs pour rembourser
ceux qu'ils ont volés pendant le génocide. On estime son
coût actuel on paie en argent », nous a dit un des
Inyangamugayo que nous avons interviewé.
La réparation des ustensiles de maisons est
élevée puisque le fait d'avoir remboursé jusqu'à
77% dans une région peuplée en majorité par des personnes
dont les revenus sont limités montre qu'il y a un effort dans le
processus de réparation.
II.4.4. Véhicules, motos et vélos
Les procès qui concernent le vol de véhicules,
motos ou vélos ne sont pas nombreux dans la juridiction gacaca du
secteur de Nyundo. Le tableau suivant nous donne les détails :
Tableau 9 : Nature et volume des
réparations des véhicules, motos ou vélos
Objet volé
|
Nombre
|
Volume des réparations déjà
effectuées
|
Pourcentage
|
Véhicules
|
15
|
8
|
53,3
|
Motos
|
5
|
3
|
60
|
Vélos
|
7
|
7
|
100
|
Source : Rapport de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 2009
D'après ce tableau, nous remarquons que les
réparations pour les véhicules sont encore inférieures
à celles escomptées. Pour 15 cas de véhicules qui ont
été portés devant cette juridiction, seuls 8 ont
été effectivement remboursés, c'est-à-dire 53,3%.
Cette proportion est de 60% pour les motos tandis qu'elle est de 100% pour les
vélos.
D'après les explications que nous avons eues de la part
du Coordinateur des juridictions gacaca dans le district de Rubavu, nous avons
appris que « la majorité des auteurs des vols des
véhicules ne vivent pas au Rwanda. C'est pourquoi les réparations
sont au niveau très bas. Parmi ces auteurs, il y a ceux qui ont des
propriétés dans le secteur de Nyundo. Celles-ci ont
été vendues pour obtenir les réparations des
préjudices qu'ils ont causés aux victimes du génocide.
D'autres n'ont rien laissé et c'est de là que proviennent les
difficultés de paiements ».
Le niveau de réparation est encore bas sur ce point
précis concernant les véhicules, motos et vélos.
II.4.5. Destruction des cultures
Les procès qui concernent la destruction des cultures
ont été également portés devant la juridiction
gacaca du secteur Nyundo. Certaines victimes ont été
dédommagées tandis que d'autres ne le sont pas encore. Le
résumé de ces procès est dans le tableau suivant :
Tableau 10 : Nature et volume des
réparations de destruction des cultures
Nombre de procès
|
Paiements effectués
|
Pourcentage
|
133
|
86
|
64,6
|
Source : Rapport de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 2009
D'après ce tableau, nous constatons que les crimes de
destruction des cultures ne sont pas beaucoup dans les procès de la
juridiction gacaca du secteur de Nyundo. En effet, sur les 133 cas qui ont
été portés devant cette juridiction, 86 ont
été dédommagés ce qui veut dire 64,6%.
D'après un des Inyangamugayo chez qui nous avons
demandé pourquoi les procès de ce genre sont peu nombreux,
« le fait que les différends liés à la
destruction des cultures ne soient pas beaucoup est lié au fait que les
activités des habitants de le secteur de Nyundo ne sont pas
l'agriculture. Très peu d'habitants de ce secteur sont des
agriculteurs ».
64% n'est pas un niveau élevé puisque la
réparation pour d'autres genres de crimes a été plus
remarquable.
II.4.6. Destruction des maisons
Les procès qui concernent la destruction des maisons
dans le secteur de Nyundo ne sont pas si nombreux qu'on pourrait le penser. Le
tableau ci-après nous donne le résumé de la
situation :
Tableau 11 : Nature et volume des
réparations de destruction des maisons
Nombre de procès
|
Paiements effectués
|
Pourcentage
|
12
|
8
|
66,7
|
Source : Rapport de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo, 2009
D'après ce tableau, il est remarquable que les
procès qui concernent la destruction des maisons sont 12 Parmi eux, 8,
c'est-à-dire 66,7% ont été dédommagés.
Nous avons demandé au Coordinateur des juridictions
gacaca dans le district de Rubavu pourquoi les procès concernant la
destruction des maisons dans le secteur de Nyundo ne sont pas nombreux. Il nous
a dit ceci « Dans le secteur de Nyundo les
génocidaires n'avaient pas l'ambition de détruire les maisons
mais plutôt de s'installer en espérant devenir le nouveau
propriétaire. C'est pourquoi les procès de ce genre ne sont pas
si nombreux ».
La réparation en ce qui concerne la destruction des
maisons est bas puisque ce genre de réparation a un coût
très élevées et pour les populations aux revenus
limitées, comme c'est le cas pour celles du secteur de Nyundo, cela
pourrait justifier ce niveau.
II.5. Cas spécifiques
des établissements de l'Eglise catholique
Dans l'ensemble, étant donné l'histoire de la
région de Nyundo, la grande partie d'activités est liée
aux communautés de l'Eglise catholique. En effet, dans ce secteur on y
trouve la paroisse de Nyundo, l'Evêchée, le Petit
Séminaire, le Lycée Notre Dame d'Afrique, l'Ecole d'Art,
l'Orphelinat Noël, La communauté des soeurs « Abahire ba
Nyina wa Jambo », la communauté des soeurs
« Abenebikira », la communauté de soeurs de
« Saint Vincent de Paul », la Home d'accueil, la
communauté des soeurs de la résurrection, la congrégation
des frères Joséphites, l'Ouvroir, l'Economat, les écoles
primaires de Kayanza et de Sanzare, etc.
Tous ces établissements catholiques ont
été la première cible d'actes de pillage qui ont
été perpétrés pendant le génocide. Les
bourreaux ont pillé des véhicules, des motos, des ustensiles de
cuisines, des machines et autres matériels appartenant à ces
communautés religieuses.
Dans une interview que nous avons eue avec le Vicaire
Général du diocèse de Nyundo, il nous a dit que le
préjudice qu'a subi l'ensemble des établissements de l'Eglise est
évalué à 27.000.000 de frws. Lors des procès
gacaca, l'Eglise a exposé son problème devant les juges mais a
décidé néanmoins de ne pas poursuivre les bourreaux
puisqu'elle a jugé qu'ils étaient insolvables. Ce qui fait
qu'elle n'a jamais été remboursée.
II.5. Conclusion partielle
Nous arrivons ainsi à la fin du deuxième
chapitre qui était consacré à la vérification de la
première hypothèse ainsi libellée : « Les crimes
économiques inventoriés par les juridictions gacaca du secteur de
Nyundo sont : la destruction de cultures, la destruction des maisons, le
vol des vélos, motos et véhicules, le vol des biens comme les
ustensiles de cuisines, le vol du bétail : vaches et
chèvres, etc.»
Après avoir consulté différents rapports
de la juridiction gacaca du secteur de Nyundo et après avoir mené
des interviews avec les autorités qui ont les juridictions gacaca dans
leurs attributions, nous avons constaté effectivement que les crimes
économiques qui ont été commis pendants le génocide
concernent la destruction de cultures, la destruction des maisons, le vol des
vélos, motos et véhicules, le vol des biens comme les ustensiles
de cuisines, le vol du bétail : vaches et chèvres et par
conséquent, l'hypothèse a été
vérifiée par confirmation.
Nous venons de répertorier les crimes
économiques qui ont été portés devant la
juridiction gacaca du secteur de Nyundo. Dans le chapitre qui suit, nous allons
analyser les avis de ce secteur sur le niveau de paiement des
réparations et son impact sur le processus de réconciliation des
Rwandais dans ce secteur.
CHAPITRE III. AVIS DE LA POPULATION SUR LE NIVEAU DE PAIEMENT
DES REPARATIONS ET SON IMPACT SUR LE PROCESSUS DE RECONCILIATION DES
RWANDAIS
Dans ce chapitre, nous avons analysé les avis de la
population du secteur de Nyundo sur le niveau de paiement des
réparations et son impact sur le processus de réconciliation des
rwandais dans ce secteur. Cette analyse s'est faite dans le cadre de la
vérification de la deuxième hypothèse de ce travail ainsi
libellée : « La population aurait des avis
négatifs vis-à-vis des réparations et ceci aurait un
impact négatif sur la réconciliation des Rwandais ».
III.1. Avis des enquêtés sur
l'impartialité des juridictions gacaca
Nous avons voulu connaître les avis de nos
enquêtés sur l'impartialité de la juridiction gacaca de
leur secteur. Pour cela, nous avons posé deux questions : la
première sur l'impartialité dans les affaires récentes et
la deuxième sur la crédibilité qu'ils accordent à
cette juridiction dans l'ensemble. Les résultats obtenus sont
résumés dans les deux tableaux ci-après :
Tableau 12 : Avis des enquêtés sur
l'impartialité des juridictions gacaca
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Comment jugez-vous l'impartialité qui a
caractérisée la juridiction gacaca de votre secteur dans les
affaires récentes sur lesquelles elle a eue à se
statuer ?
|
Elle a été impartiale
|
45
|
46,9
|
Elle a été partiale
|
39
|
40,6
|
Je ne sais pas
|
12
|
12,5
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après les résultats contenus dans ce tableau,
nous constatons que les avis sont partagés. En effet, 46,9% de nos
enquêtés disent que la juridiction gacaca du secteur de Nyundo a
été caractérisée par l'impartialité dans les
affaires récentes sur lesquelles elle a eue à se statuer. 40,6%
estiment qu'elle a été partiale tandis que 12,5% disent qu'ils ne
savent pas.
D'ailleurs un de nos enquêtés que nous avons
interviewé nous a affirmé que « les juges ne sont
pas partiales puisque c'est nous-mêmes qui les avons
élus ». Cela prouve que les juges sont en majorité
impartiaux mais il y a tout de même des cas de partialité qui ont
été signalé par plus de 40% de nos
enquêtés.
Sur la crédibilité qu'ils accordent à
cette juridiction dans l'ensemble, nous avons trouvé les
résultats suivants :
Tableau 13 : Avis des enquêtés sur la
crédibilité de la juridiction gacaca du secteur de
Nyundo
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Quelle crédibilité accordez-vous à cette
juridiction vis-à-vis de nouveaux cas dont vous vous souvenez ?
|
Elle est crédible
|
55
|
57,3
|
Elle n'est pas crédible
|
39
|
40,6
|
Je ne sais pas
|
2
|
2,1
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 57,3% de nos
enquêtés disent que la juridiction gacaca du secteur de Nyundo est
crédible contre 40,6% qui affirment le contraire. 2,1% se sont abstenus
de donner un jugement positif ou négatif sur la
crédibilité de la juridiction.
Dans une interview avec ceux qui disent que la juridiction est
crédible, ils nous ont dit « Urukiko gacaca rw'umurenge
wacu turarwizera kuko rugizwe n'inyangamugayo twitoreye », pour
dire qu'ils accordent la crédibilité a leur juridiction
puisqu'elle est composée par les Inyangamugayo qu'ils ont
eux-mêmes élus.
Cela prouve que la juridiction gacaca du secteur de Nyundo est
crédible. En effet, c'est la majorité qui nous l'a
affirmé.
III.1. Niveau de paiement des réparations
Pour connaître les avis de nos enquêtés sur
le niveau de paiement des réparations, nous avons posé trois
questions et les résultats obtenus sur ces questions sont repris dans
les trois tableaux qui vont suivre.
Tableau 14 : Ampleur du nombre des personnes reconnues
coupables
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Combien de personnes ont été reconnues coupables
des crimes économiques dans ce secteur ?
|
Beaucoup de personnes
|
66
|
68,8
|
Peu de personnes
|
30
|
31,3
|
Aucune personne
|
0
|
0
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
Ce tableau nous montre les résultats que nous avons
obtenus sur les avis des enquêtés à propos de l'ampleur du
nombre de personnes reconnues coupables des crimes économiques. En
effet, 68,8% estiment qu'il y a beaucoup de personnes qui ont été
reconnues coupables des crimes économiques. 31,3% de nos
enquêtés disent plutôt qu'il y a peu de personnes qui ont
été reconnues coupables des crimes économiques.
D'après leur point de vue, le nombre des personnes reconnues coupables
est insignifiant si l'on considère l'ampleur des dégâts
matériels qui ont été occasionnés par le
génocide.
Les Inyangamugayo que nous avons interviewés à
ce sujet ont dit « Umubare w'abakoze ibyaha birebana n'imitungo
muri jenoside ni munini ariko ntabwo twashoboye kumenya ababikoze bose.
Birumvikana ko hari abatarashoboye kumenyekana bitewe no kubura ababashinja
cyangwa se bakaba batanakiriho ».
Pour dire que le nombre est assez impressionnant mais qu'il
existe des cas qui n'ont pas été portés devant la
juridiction faute de témoignages ou parce que les auteurs
présumés sont morts.
Tableau 15 : Avis des enquêtés sur le
niveau de paiement des réparations
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Que dites-vous du niveau des paiements des réparations
en général ?
|
Il est très bas
|
13
|
13,5
|
Il est bas
|
32
|
33,3
|
Il est élevé
|
51
|
53,1
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 13,5% des
enquêtés estiment que le niveau de paiement des réparations
en général est très bas. D'après leur point de
vue, certains auteurs de ces crimes n'ont rien à donner. Ils donnent
l'exemple d'une personne qui vient de passer plus de 15 ans en prison qui
n'avait pas de biens immobiliers. Il est difficile, voir impossible pour
celui-là de pouvoir réparer les préjudices qu'il a
causés pendant le génocide.
33,3% disent que le niveau de paiement est bas tandis que
53,1% disent que le niveau est élevé. D'après leur point
de vue, certes il est difficile de payer les préjudices
économiques causés pendant le génocide, mais ceux qui ont
été reconnus coupables ont payé ce qu'ils avaient. Un
Inyangamugayo que nous avons interviewé sur ce sujet nous a dit
« Bamwe barishyuye abandi babuze icyo bishyura, ariko muri
rusange abishyuye ni bo benshi », pour dire que les uns ont
payé, les autres pas encore, mais en général ceux qui ont
payé sont plus nombreux.
Nous avons alors voulu connaître les causes du non
paiement de certains coupables reconçus comme tels par la juridiction
gacaca du secteur de Nyundo. Voici les résultats obtenus :
Tableau 16 : Avis des enquêtés sur les
causes de non paiement
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Quelles sont les causes de non paiement ?
|
Manque d'argent
|
44
|
45,8
|
Manque de biens
|
31
|
32,3
|
Mauvaise volonté
|
21
|
21,9
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous remarquons que 45,8% de nos
enquêtés pensent que les raisons qui sont à la base du non
paiement des préjudices causés pendant le génocide est le
manque d'argent. 32,3% disent que c'est le manque de biens tandis que 21,9%
affirment que c'est la mauvaise volonté qui caractérise ceux qui
ont été reconnus coupables.
Dans une interview avec certains Inyangamugayo du secteur de
Nyundo, ils ont écarté l'hypothèse de mauvaise
volonté en disant « Ntabwo ari ikibazo cy'ubushake, ahubwo
ni itegeko. Bagomba kwishyura babishaka batabishaka ».
Pour dire que ce n'est pas question de volonté. Ils ont
l'obligation de payer de gré ou de force.
III.3. Impact sur l'unité et la réconciliation
des Rwandais
Le niveau de paiement des préjudices causés
pendant le génocide a un impact sur la réconciliation des
Rwandais. C'est ce que nous développons dans les pages qui vont
suivre.
III.3.1. Avis des enquêtés sur le niveau de
réconciliation entre les habitants du secteur Nyundo
Nous avons jugé bon de savoir les avis des
enquêtés sur le niveau de réconciliation entre les
habitants du secteur de Nyundo. Les réponses données sont
reprises dans le tableau suivant :
Tableau 17 : Avis des enquêtés sur le
niveau de réconciliation
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
D'après vous, quel est le niveau de
réconciliation entre les habitants du secteur Nyundo ?
|
Il est très bas
|
5
|
5,2
|
Il est bas
|
24
|
25
|
Il est élevé
|
67
|
69,8
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après les résultats de ce tableau, nous
constatons que le niveau de réconciliation est jugé entre les
habitants du secteur de Nyundo est jugé élevé par nos
enquêtés. En effet, 69,8% ont dit que le niveau est
élevé contre 25% qui ont dit qu'il est bas et 5,2% qui ont dit
qu'il est très bas.
Comme la majorité de nos enquêtés
affirment que le niveau de réconciliation est élevé, nous
tirons la conclusion que la juridiction gacaca a eu un impact positif et que
c'est un des résultats de ce processus.
Pour compléter les informations de ce tableau, nous
avons demandé a nos enquêtés si le niveau paiement des
préjudices causés pendant le génocide a un impact sur la
réconciliation. C'est l'objectif du point qui suit.
III.3.2. Lien entre le paiement des préjudices et la
réconciliation
Pour connaître les avis de nos enquêtés sur
le lien entre le niveau de paiement et la réconciliation, nous avons
demandé a nos enquêtés de nous en dire quelque chose. Les
résultats sont repris dans le tableau suivant :
Tableau 18 : Avis des enquêtés sur les
causes de non paiement
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Le niveau de paiements des préjudices causés
pendant le génocide a-t-il un impact sur la réconciliation des
rwandais dans votre secteur ?
|
Oui
|
88
|
91,7
|
Oui
|
8
|
8,3
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
Les résultats de ce tableau nous montrent que
l'écrasante majorité de nos enquêtés (91,7%) sont
d'accord que le niveau de paiements des préjudices causés
pendants le génocide a un impact sur la réconciliation des
rwandais dans le secteur de Nyundo.
En tant que professionnelle de l'administration, nous trouvons
que pour qu'il y ait la réconciliation nationale solide il faut que la
vérité sur tout ce qui s'est passé pendant le
génocide soit mise au clair. La connaissance de ce qui s'est
passé implique les sanctions à l'encontre des auteurs des crimes.
Le paiement des dommages subis est parmi les sanctions prévues par la
loi sur les juridictions gacaca. Ceci montre donc le lien entre le paiement et
la réconciliation.
III.3.3. Impact des juridictions gacaca sur la
réconciliation
Le déroulement des procès dans les juridictions
gacaca en général a aussi un impact sur la réconciliation
des rwandais. Nous avons donc posé une série de questions
à nos enquêtés pour récolter leurs opinions sur le
processus gacaca dans son ensemble. Les résultats obtenus sont repris
dans les tableaux qui vont suivre :
Tableau 19 : Avis des enquêtés sur la
possibilité de libérer les accusés innocents
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Les accusés qui sont innocents ont-ils compté
sur les juridictions gacaca pour le rendre public ?
|
Oui
|
54
|
56,3
|
Non
|
26
|
27,1
|
Neutre
|
16
|
16,7
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 56,3% de nos
enquêtés sont d'accord que les accusés qui sont innocents
peuvent compter sur les juridictions gacaca pour le faire connaître.
27,1% ont nié cette possibilité. 16,7% sont restés
neutres.
Ces résultats nous montrent que la majorité des
habitants du secteur de Nyundo reconnaissent que les juridictions gacaca
peuvent faire libérer un accusé innocent. D'ailleurs un de nos
enquêté nous a avoué qu'il a été
acquitté après avoir prouvé son innocence.
Tableau 20 : Avis des enquêtés sur
l'existence des faux témoignages à charge
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Y a-t-il eu beaucoup de faux témoignages à
charge dans le gacaca ?
|
Oui
|
51
|
53,1
|
Non
|
45
|
46,9
|
Neutre
|
0
|
0
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 53,1% de nos
enquêtés pensent qu'il y a beaucoup de faux témoignages
à charge dans le gacaca. 46.9% affirment le contraire et personne n'est
resté neutre.
Ces résultats nous permettent de confirmer qu'il existe
des faux témoignages à charge dans les procès de la
juridiction gacaca du secteur de Nyundo.
Dans une interview avec les
« inyangamugayo » de cette juridiction, ils nous ont
confirmé l'existence des faux témoignages des uns et des autres.
En effet, selon les propos du coordinateur de la juridiction gacaca du secteur
de Nyundo, on a même prononcé des peines d'emprisonnement ferme
contre les personnes qui se sont rendues coupables de faux témoignages,
les uns à charge, les autres à décharge.
Tableau 21 : Avis des enquêtés sur la
sécurité des familles des coupables
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Les familles des coupables sont-elles l'objet de
suspicion ?
|
Oui
|
21
|
21,9
|
Non
|
75
|
78,1
|
Neutre
|
0
|
0
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que 21,9% de nos
enquêtés affirment que les familles des coupables sont l'objet de
suspicion. 78,1% disent que ces suspicions ne sont pas une
réalité dans le secteur de Nyundo : « Icyaha
ni gatozi ku wagikoze », disent-ils, pour signifier que la
responsabilité criminelle n'est pas partagée.
Cela est juste puisque dans toutes les juridictions du monde,
la responsabilité est individuelle. Il doit en être ainsi dans les
gacaca.
Tableau 22 : Avis des
enquêtés sur la possibilité des gacaca d'aboutir à
la réconciliation des Rwandais
Questions
|
Réponses
|
Effectif
|
%
|
Le paiement des préjudices causés est-il une
étape essentielle vers l'unité et la réconciliation des
rwandais ?
|
Oui
|
69
|
71,9
|
Non
|
24
|
25
|
Neutre
|
3
|
3,1
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Résultats de notre
enquête, novembre 2010
D'après ce tableau, nous constatons que la
majorité de nos enquêtés (71,9%) sont d'accord que le
paiement des préjudices causés constitue une étape
essentielle vers l'unité et la réconciliation des Rwandais. 25%
ne sont pas d'accord avec cela et 3,1% se sont abstenus.
Ces résultats nous permettent donc d'affirmer que le
processus gacaca est une étape qui pourra aboutir à la
réconciliation des rwandais dans le secteur de Nyundo puisqu'ils sont
majoritaires à avoir affirmé cela.
III.4. Expérience des autres parties du
monde
La question des spoliations et des restitutions a fait l'objet
de très peu de recherches avant 1990, même si ce thème
était mentionné dans des études historiques61(*).
On peut ici mentionner un rapport au Gouvernement
français édité par la Documentation française en
1949 ; les travaux de Joseph Billig réalisés entre 1955 et 1960
dans le cadre du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC),
(malheureusement ces recherches ont été interrompues, le
ministère des Finances ayant cessé de les financer, jugeant que
cette question n'était plus d'actualité) ; enfin quelques
thèses de juristes après la guerre et, plus récemment, un
livre de Claire Andrieu. Toutefois, ceux-ci n'ont jamais fait l'objet d'une
diffusion auprès d'un large lectorat.
Il est même possible d'affirmer que ces documents
étaient amplement méconnus de la plupart des membres de la
Mission d'étude lorsqu'ils ont été nommés (hormis
les historiens qui en feront partie, parmi lesquels Claire Andrieu). Par
ailleurs, notons que les travaux les plus récents sur les spoliations et
la restitution ont commencé à la périphérie de
l'appareil d'État, mais ne sont pas l'émanation d'une
volonté gouvernementale. Ils ont notamment eu pour cadre la Caisse des
dépôts et consignations et la Ville de Paris qui doivent financer
les démarches visant à éclairer le génocide des
Juifs.
Cet exemple nous montre que la question de remboursement des
préjudices subi est prise au sérieux dans le traitement des
conséquences des autres génocides comme la Shoah. Ces agissements
pourraient servir d'exemple à l'Etat rwandais pour qu'il traite beaucoup
plus la question relative aux remboursements.
Conclusion partielle
Nous arrivons à la fin du troisième chapitre de
notre travail qui avait pour objectif de vérifier la deuxième
hypothèse selon laquelle « La population aurait des avis
négatifs vis-à-vis des réparations et ceci aurait un
impact négatif sur la réconciliation des rwandais ».
Après documentation, interview, enquête et
analyse, nous avons trouvé les résultats suivants :
§ 68,8% estiment qu'il y a beaucoup de personnes qui ont
été reconnues coupables des crimes économiques. 31,3% de
nos enquêtés disent plutôt qu'il y a peu de personnes qui
ont été reconnues coupables des crimes
économiques ;
§ 53,1% disent que le niveau de paiement des
réparations est élevé ;
§ 45,8% de nos enquêtés pensent que les
raisons qui sont à la base du non paiement des préjudices
causés pendant le génocide est le manque d'argent. 32,3% disent
que c'est le manque de biens tandis que 21,9% affirment que c'est la mauvaise
volonté qui caractérise ceux qui ont été reconnus
coupables ;
§ 69,8% ont dit que le niveau de réconciliation
est élevé contre 25% qui ont dit qu'il est bas et 5,2% qui ont
dit qu'il est très bas ;
§ L'écrasante majorité de nos
enquêtés (91,7%) sont d'accord que le niveau de paiements des
préjudices causés pendants le génocide a un impact sur la
réconciliation des rwandais dans le secteur de Nyundo.
Ces résultats nous permettent de rejeter la
deuxième hypothèse du travail puisque nous avons trouvé
que le niveau de réconciliation est élevé contrairement
à ce que nous avions pensé au départ.
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
Nous voici arrivé au terme de notre étude
intitulé « Problématique d'indemnisation des biens
volés ou détruits lors du génocide des Tutsi de 1994 et le
processus de réconciliation. Cas du secteur Nyundo».
Hormis l'introduction et la conclusion, notre travail comporte
trois chapitres :
§ Cadre théorique et conceptuel ;
§ Les crimes économiques inventoriés par
les juridictions gacaca du secteur de Nyundo;
§ Avis de la population sur le niveau de paiement des
réparations et son impact sur le processus de réconciliation des
rwandais.
Notre préoccupation majeure a consisté à
analyser la problématique d'indemnisation des victimes du
génocide des Tutsi de 1994 et le processus de réconciliation en
prenant le cas du secteur Nyundo.
Pour attendre nos objectifs, nous sommes parti des questions
suivantes :
§ Quel est le niveau d'indemnisation des biens
volés ou détruits pendant le génocide dans le secteur de
Nyundo ?
§ Quels sont les avis de la population sur le niveau de
paiement des réparations et son impact sur le processus de
réconciliation dans le secteur de Nyundo ?
Pour y parvenir, nous avons retenu les hypothèses
ci-après :
§ Le niveau d'indemnisation des biens volés ou
détruits pendant le génocide est encore bas. Les
réparations inventoriées par les juridictions gacaca du secteur
de Nyundo concernent : la destruction de cultures, la destruction des
maisons, le vol des vélos, motos et véhicules, le vol des biens
comme les ustensiles de cuisines, le vol du bétail : vaches et
chèvres, etc.;
§ La population aurait des avis négatifs
vis-à-vis des réparations et ceci aurait un impact
négatif sur la réconciliation dans ce secteur.
Pour récolter les données, afin de
présenter la synthèse de notre travail, nous avons recouru aux
techniques documentaire, échantillonnage, questionnaire, observation et
interview. Quant aux méthodes, nous avons utilisé,
synthétique, analytique et statistique.
Dans le premier chapitre, nous y avons mis les
définitions des concepts clés et passé en
revue la littérature consacrée
à notre thème.
Dans le deuxième chapitre, nous avons
vérifié la première hypothèse de notre travail.
Après avoir consulté différents rapports de la juridiction
gacaca du secteur de Nyundo et après avoir eu des interviews avec les
autorités qui ont les juridictions gacaca dans leurs attributions, nous
avons constaté effectivement que les crimes économiques qui ont
été commis pendant le génocide concernent la destruction
de cultures, la destruction des maisons, le vol des vélos, motos et
véhicules, le vol des biens comme les ustensiles de cuisines, le vol du
bétail : vaches et chèvres et par conséquent,
l'hypothèse a été vérifiée par
confirmation.
Dans le troisième chapitre de notre travail, nous avons
vérifié la deuxième hypothèse. Apres documentation,
interview, enquête et analyse, nous avons trouvé les
résultats suivants :
§ 68,8% estiment qu'il y a beaucoup de personnes qui ont
été reconnues coupables des crimes économiques. 31,3% de
nos enquêtés disent plutôt qu'il y a peu de personnes qui
ont été reconnues coupables des crimes
économiques ;
§ 53,1% disent que le niveau de paiement des
réparations est élevé ;
§ 45,8% de nos enquêtés pensent que les
raisons qui sont à la base du non paiement des préjudices
causés pendant le génocide est le manque d'argent. 32,3% disent
que c'est le manque d'argent tandis que 21,9% affirment que c'est la mauvaise
volonté qui caractérise ceux qui ont été reconnus
coupables ;
§ 69,8% ont dit que le niveau de réconciliation
est élevé contre 25% qui ont dit qu'il est bas et 5,2% qui ont
dit qu'il est très bas ;
§ L'écrasante majorité de nos
enquêtés (91,7%) sont d'accord que le niveau de paiements des
préjudices causés pendants le génocide a un impact sur la
réconciliation des rwandais dans le secteur de Nyundo.
Ces résultats nous ont permis de rejeter la
deuxième hypothèse du travail puisque nous avons trouvé
que le niveau de réconciliation est élevé contrairement
à ce que nous avions pensé au départ.
Nous ne prétendons pas avoir épuisé tout
ce qui est de notre sujet de recherche, mais nous venons de baliser la piste et
demandons aux futurs chercheurs de nous compléter.
2. Suggestions
A la fin de ce travail sur la problématique
d'indemnisation des biens volés ou détruits lors du
génocide des Tutsi de 1994 et le processus de
réconciliation ; cas du secteur Nyundo, nous tenons à
présenter les suggestions ci-après aux autorités du
pays :
§ Chercher des sanctions qui pourraient remplacer les
amandes d'un coupable qui n'est pas en mesure de payer les préjudices
qu'il a causé pendant le génocide. Nous proposons qu'on applique
la même sanction que ceux qui font les TIG et le condamné pourrait
effectuer sa peine au profit de la victime ;
§ Multiplier les sensibilisations auprès de la
population pour leur faire comprendre le lien qui existe entre le paiement des
réparations et la réconciliation des Rwandais ;
§ Mettre sur pied un fond qui paieraient à la
place des coupables qui n'ont pas les moyens de payer ce dont à quoi ils
ont été condamnés.
Bibliographie
A. Textes réglementaires
· Règlement de procédure et de preuve du
TPIR
· Loi organique de 1996 no 08/96 du 30 août 1996
portant organisation des poursuites des infractions constitutives du crime de
génocide et crimes contre l'humanité commises à partir du
1er octobre 1990
B. Ouvrages généraux
· Avocats Sans Frontières, VADE-MECUM, Le crime
de génocide et les crimes contre l'humanité devant les
juridictions ordinaires du Rwanda, Paris, ASF, 2004
· Cours suprême, Les juridictions gacaca comme
solution alternative au règlement du contentieux du
génocide, Kigali, Cours Suprême, 2003
· PATRY D., Le contentieux du Génocide Rwandais
ou l'impasse judiciaire, in Revue de droit Militaire et de droit de la
guerre, volume 3-4, 2002
· DIGNEFFE, F. et FIERENS., Justice et Gacaca.
L'expérience rwandaise et le génocide, Presse Universitaire
de Namur, 2001
· DRUILHET, P., Méthode statistique, Paris,
Bordas, 1985
· GRAWITZ, M., Méthode des sciences
sociales, Dalloz, Paris, 1992
· LIPRODOR, Procès de génocide au
Rwanda, Kigali, LIPRODHOR, 1999
· REY et al., Le Dictionnaire de l'Académie
Française, Paris, PAF, 2002
· ROBERT P, et al., Petit Robert, Paris, ed. P
Robert, 1997
· VANDENGISTE, S., Réparation pour les victimes
de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre
au Rwanda, CNLG, 2007
C. Rapports et autres documents
· Dictionnaire Hachette de Poche, Paris, Hachette, 1997
· Dictionnaire DICOs de Microsoft Encarta
· District de Rubavu, PDD, 2007
· IBUKA, Plan stratégique 2001-2006, Kigali,
2002
· IBUKA, Rapport annuel 2007, Kigali, 2008
· Secteur de Nyundo, Rapport sur les juridictions
gacaca, 2009
· Secteur de Nyundo, Monographie du secteur,
2008
· Secteur de Nyundo, Rapport annuel 2008
C. Mémoires et notes de cours
· DUSHIMIMANA, J.D., Etude sociologique sur la
participation de la population aux juridictions Gacaca des milieux ruraux au
Rwanda, Kigali, ULK, 2004,
· GASIBIREGE, S., Rapport de recherche : Elections
des Inyangamugayo des juridictions Gacaca : l'Evénement et de
signification, Butare, 13 novembre 2001
· RWIGAMBA BALINDA, Cours de recherche
scientifique, ULK, inédit, 2007
· TWAHIRWA, L., Concept et historique de gacaca in
GACACA, le droit coutumier au Rwanda, Kigali, 1996
D. Pages électroniques
·
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chantillonnage, consulté le
23 novembre 2010
·
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw, lu le 12 septembre 2010
· Objectifs des juridictions gacaca, disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 12 septembre 2010
·
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw, lu le 11 septembre 2010
· Organisation et fonctionnement des juridictions gacaca,
disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 15 septembre 2010
· L'indemnisation, disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 4 octobre 2010
·
http://www.rwandagateway.org/article.php3?id_article, consulté
le 2 novembre 2010
ANNEXES
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE DESTINE AUX
ENQUETES
Consigne :
§ Répondez « oui » ou
« Non » en mettant le signe X dans la case
indiquée.
§ Il y a là où vous pouvez répondre
librement en remplissant les pointillés.
I. Identification
1. Sexe : F :
M :
2. Quel est votre âge ?
3. Statut familiale
§ Célibataire
§ Marié
§ Divorcé
§ Veuf
4. Niveau de scolarisation :
§ Sans instruction
§ Primaire incomplet
§ primaire
§ Professionnel
§ Secondaire
§ Supérieur
II. Questions sur la crédibilité et le
niveau de confiance des juridictions gacaca
5. Comment jugez-vous l'impartialité qui a
caractérisée la juridiction gacaca de votre secteur dans les
affaires récentes sur lesquelles elle a eue à se
statuer ?
§ Elle a été impartiale
§ Elle a été partiale
§ Je ne sais pas
6. Quelle crédibilité accordez-vous à
cette juridiction vis-à-vis de cas dont vous vous souvenez ?
§ Elle est crédible
§ Elle n'est pas crédible
§ Je ne sais pas
III. Impact sur l'unité et la
réconciliation des rwandais
7. Combien de personnes ont été reconnues
coupables des crimes économiques dans ce secteur ?
§ Beaucoup de personnes
§ Peu de personnes
§ Aucune personne
8. Que dites-vous du niveau des paiements des
réparations en général ?
§ Il est très bas
§ Il est bas
§ Il est élevé
9. Quelles sont les causes de non paiement ?
§ Manque d'argent
§ Manque de biens
§ Mauvaise volonté
10. D'après vous, quel est le niveau de
réconciliation entre les habitants du secteur Nyundo ?
§ Il est très bas
§ Il est bas
§ Il est élevé
11. Le niveau de paiements des préjudices causés
pendants le génocide a-t-il un impact sur la réconciliation des
rwandais dans votre secteur ?
§ Oui
§ Non
§ Expliquez votre réponse
.....................................................................................................................................................................................................................
12. Les accusés qui sont innocents comptent-ils sur les
juridictions gacaca pour le faire connaître ?
§ Oui
§ Non
§ Neutre
13. Y a-t-il beaucoup de faux témoignages à
charge dans le gacaca ?
§ Oui
§ Non
§ Neutre
14. Les familles des coupables sont-elles l'objet de
suspicion ?
§ Oui
§ Non
§ Neutre
15. Le paiement des préjudices causés est-il une
étape essentielle vers l'unité et la réconciliation des
rwandais ?
§ Oui
§ Non
§ Neutre
QUESTIONS GUIDE D'INTERVIEW AVEC LES INYANGAMUYO ET
LES DIRIGEANTS DU SECTEUR
Ce guide d'interview nous permettra de collecter des
informations supplémentaires aux réponses des
enquêtés. Nous interviewerons les juges des juridictions gacaca et
les dirigeants du secteur de Nyundo qui ont plus d'informations sur
l'état d'avancement des paiements des réparations.
1. Quelle est l'ampleur des biens qui ont été
volés ou détruits pendant le génocide sur la
destruction de cultures, la destruction des maisons, le vol des vélos,
motos et véhicules, le vol des biens comme les ustensiles de cuisines et
le vol du bétail : vaches et chèvres ?
2. Comment est le niveau de paiements des préjudices
causés ?
3. Le niveau des payements des réparations aurait-il un
impact sur la réconciliation des rwandais
VERSION KINYARWANDA DU QUESTIONNAIRE
Consigne :
· Shyira X mu kazu karimo igisubizo
uhisemo
· Hari aho ushobora gusubiza mu magambo yawe
· Hari n'aho ushobora guhitamo ibisubizo birenze
kimwe
I. Identification
1. Imyaka ....................
2. Igitsina: Gore
Gabo
3. Imiterere y'umuryango
§ Ingaragu
§ Warashatse
§ Watandukanye n'umufasha
§ Umupfakazi
4. Amashuri wize :
§ Sinize
§ Abanza
§ A'yimyuga
§ Ayisumbuye
§ amakuru
II. Ibibazo ku kwizerwa kw'inkiko
gacaca
5. Ubona ute ubutabera bwaranze inkiko gacaca mu murenge
wanyu ?
§ Zagize ubutabera
§ Zarabereye
§ Simbizi
6. Ukurikije ibyo wibuka ubucamanza bwazo ubufata ute ?
§ Burizewe
§ Ntibwizew
§ Simbizi
III. Ingaruka ku bumwe n'ubwiyunge
bw'abanyarwanda
7. Ni bangahe bahamijwe ibyaha byerekeye imitungo mu murenge wa
Nyundo/
§ Benshi
§ Bake
§ Nta n'umwe
8. Ibyerekeranye no kwisyura ibyangijwe muri rusange ubivugaho
iki ?
§ Biri hasi cyane
§ Biri hasi
§ Biri hejuru
9. Ni izihe mpamvu zituma bamwe batariha ibyo bangije ?
§ Kutagira amafaranga
§ Kutagira ibintu
§ Ubushake buke
10. Uko ubibona Ubwiyunge bugeze he hagati y'abaturage
b'umurenge wa nyundo ?
§ Biri hasi cyane
§ Biri hasi
§ Biri hejuru
11. Uruhare rwo kwishyura ibyangijwe muri jenoside rufite
ingaruka ku bwiyunge bw'abanyarwanda mu murenge wanyu ?
§ Yego
§ Oya
§ Sobanura igisubizo cyawe
12. Abarezwe ntibahamwe n'icyaha hari icyo gacaca yabamariye mu
kubavuganira ?
§ Yego
§ Oya
§ Ntacyo mbivuganho
13. Ese habayeho abashinjabinyoma mu nkiko gacaca ?
§ Yego
§ Oya
§ Ntacyo mbivuganho
14. Ese abaturage baba bishisha imiryango y'abahamwe n'icyaha?
§ Yego
§ Oya
§ Ntacyo mbivuganho
15. Ese kwisyura ibyangijwe muri jenoside byaba byarabaye
intandaro yo kwiyunga kw'abanyarwanda mu murenge wanyu?
§ Yego
§ Oya
§ Ntacyo mbivuganho
IBIBAZO BIGENEWE ABARI INYANGAMUGAYO N'ABAYOBOZI
B'UMURENGE
Ibi bizadufasha bizadufasha gukusanya andi makuru yiyongera ku
bisubizo byavuye muri anketi. Tuzabaza abari abacamanza b'inkiko gacaca mu
murenge wa Nyundo n'abayobozi bawo.
1. Ibyibwe n'ibyangijwe muri jenoside bingana iki ?
· Amazu yashenywe:
· Imodoka zibwe:
· Amapikipiki:
· Amagare:
· Amamashini anyuranye:
· Ibikoresho byo mu rugo:
· Ibikoresho byo mu mashuri:
· Amatungo:
o Inka
o Ihene
o Ingurube
o Intama
o Inkoko
2. Kwishyura byageze ku ruhe rwego?
3. Urwego rw'ubwishyu bw'ibyibwe n'ibyangijwe rwaba rufite
ingaruka k'ukwiyunga kw'abanyarwanda?
* 1 VANDENGISTE S.,
Réparation pour les victimes de génocide, de crimes contre
l'humanité et de crimes de guerre au Rwanda, CNLG, 2007, p. 3
* 2 Idem, p. 4
* 3 Ibidem
* 4 GRAWITZ M.,
Méthode des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1992, p. 24
* 5 IBUKA, Plan
stratégique 2001-2006, Kigali, 2002, p. 19
* 6 Idem, p. 14
* 7 IBUKA, Rapport annuel
2007, Kigali, 2008, p 29
* 8 Secteur de Nyundo,
Rapport sur les juridictions gacaca, 2008, p. 20
* 9 RWIGAMBA BALINDA, Cours
de recherche scientifique, ULK, inédit, 2007, p. 22
* 10 RWIGAMBA BALINDA, Op.
Cit., p. 60
* 11 Idem, p. 65
* 12 Idem, p. 29
* 13
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chantillonnage,
consulté le 23 novembre 2010
* 14 GRAWITZ, Op.
Cit., p. 92
* 15 GRAWITZ, Op. Cit., p.
56
* 16 DRUILHET P.,
Méthode statistique, Paris, Bordas, 1985, p. 88
* 17 Idem, p. 62
* 18 ROBERT P et al., Petit
Robert, Paris, ed. P Robert, 1997, p. 1463
* 19 Dictionnaire Hachette de
Poche, Paris, Hachette, 1997, p. 447
* 20 Dictionnaire DICOs de
Microsoft Encarta
* 21 DUSHIMIMANA, J.D.,
Etude sociologique sur la participation de la population aux juridictions
Gacaca des milieux ruraux au Rwanda, Kigali, ULK, 2004, p. 16. Voir aussi
12. TWAHIRWA, L., Concept et historique de gacaca in GACACA, le droit coutumier
au Rwanda, Kigali, 1996, p. 11
* 22 GASIBIREGE, S.,
Rapport de recherche : Elections des Inyangamugayo des juridictions
Gacaca : l'Evénement et de signification, Butare, 13 novembre
2001, p. 3
* 23 GASIBIREGE, S., Op.
Cit., p. 3
* 24 GASIBIREGE, S., Op.
Cit., p. 3
* 25 TWAHIRWA cité par
DUSHIMIMANA, JD, Op. Cit, 18
* 26 LIPRODOR,
Procès de génocide au Rwanda, Kigali, 1999, p. 13
* 27 LIPRODHOR, Op.
Cit., p.13
* 28 NKUNDIYE, cité par
DUSHIMIMANA JD, Op. Cit., p. 17
* 29 DIGNEFFE F. et FIERENS.,
Justice et Gacaca. L'expérience rwandaise et le génocide,
Presse Universitaire de Namur, 2001, p. 22
* 30 LIPRODHOR, Op.
Cit., p.13
* 31 Cours suprême,
Les juridictions gacaca comme solution alternative au règlement du
contentieux du génocide, Kigali, 2003, p. 15
* 32 REY et al., Le
Dictionnaire de l'Académie Française, Paris, PAF, 2002
* 33 Avocats Sans
Frontières, VADE-MECUM, Le crime de génocide et les crimes
contre l'humanité devant les juridictions ordinaires du Rwanda,
2004, p.215
* 34 Article 105 du
Règlement de procédure et de preuve du TPIR
* 35 Didier PATRY, Le
contentieux du Génocide Rwandais ou l'impasse judiciaire, in Revue
de droit Militaire et de droit de la guerre, volume 3-4, 2002, p. 39
* 36 Loi organique de 1996 no
08/96 du 30 août 1996 portant organisation des poursuites des infractions
constitutives du crime de génocide et crimes contre l'humanité
commises à partir du 1er octobre 1990
* 37 référence
à la loi no 40/2000 du 26 Janvier 2001
* 38 Avocats Sans
Frontières, Op. Cit., p. 220
* 39 Art. 34 in fine de la loi
organique no 16/2004 portant, organisation, compétence et fonctionnement
des juridictions GACACA dispose qu'est victime « toute personne
dont les siens ont été tués, qui a été
pourchassée pour être tuée mais qui s'est
échappée, qui a subi des tortures sexuelles ou qui a
été violée, qui a été blessée ou qui
a subi toute autre violence, dont les biens ont été
pillés, dont la maison a été détruite ou les biens
ont été endommagés d'une autre manière, à
cause de son ethnie ou ses opinions contraires à l'idéologie du
génocide ».
* 40 art. 96 de la loi
organique du 19 juin 2004
* 41
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 12 septembre 2010
* 42 « Objectifs des
juridictions gacaca », disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 12 septembre 2010
* 43
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 11 septembre 2010
* 44 « Organisation
et fonctionnement des juridictions gacaca », disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 15 septembre 2010
* 45
« L'indemnisation », disponible sur
http://www.inkiko-gacaca.gov.rw,
lu le 4 octobre 2010
* 46 District de Rubavu,
PDD, 2007, p. 11
* 47 District de Rubavu,
PDD, 2007, p. 12
* 48 Secteur de Nyundo,
Monographie de le secteur de Nyundo, 2005, p.8
* 49
http://www.rwandagateway.org/article.php3?id_article,
consulté le 2 novembre 2010
* 50 Secteur de Nyundo,
Monographie du secteur, 2008, p. 17
* 51 Idem, p. 18
* 52 Secteur de Nyundo,
Rapport annuel 2008, p. 6
* 53 Idem, pp. 6-7
* 54 Idem, p. 8
* 55 Secteur de Nyundo,
Rapport annuel 2008, p. 8
* 56 Secteur de Nyundo,
Rapport annuel 2008, p. 11
* 57 Idem, p. 12
* 58 ORERA et OKENYI, 2006,
Op. Cit., 74
* 59 MANZI Stanley, Cours de
démographie, 2007, p. 14
* 60 Entretien avec le
Coordinateur des JG dans le secteur de Nyundo, le 2 novembre 2010
* 61 BILLIG J., Question
d'indemnisation des rescapés de la Shoah, Paris, dans le cadre du
Centre de documentation juive contemporaine, CDJC, 1955-1960
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