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Université d'Abidjan - Cocody Institut de
Géographie Tropicale
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UFR : Sciences de l'Homme et de
Société
Cote attribuée par la
bibliothèque
Année Académique : 2009-2010
Mémoire de Maîtrise
Option :
Géographie Rurale
Sujet :
Méagui, une zone de production et
de commercialisation des produits vivriers
Présenté
par
DAGOU Dagou Hermann Wenceslas
Encadreur
Dr DOUKA ANNE MARCELLE
Abidjan, Novembre 2010
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DEDICACE
Á Monsieur ANON DAGOU AUGUSTIN, mon
père
Á ma mère, Madame MANIBE JULIETTE
Á mon
oncle, Monsieur N'GBO PIERRE-MARIE
Soyez bénis pour votre affection
agissante à mon égard.
Á mes frères DAGOU Anon Stéphane, DAGOU
Yves Yannick ; YAPO Jean-Rodrigue.
Que la grâce et la paix abondent toujours dans vos vies,
pour les sacrifices consentis durant ce travail.
RESUME : Méagui, une zone de production et de
commercialisation des produits vivriers
Comment nourrir les hommes ? Tel est le défi actuel
auquel il faut faire face. Dans le Sud ouest de la Côte d'Ivoire, la
région de Méagui s'est prêtée à cette
interrogation. Faiblement peuplée de Bakwé, la région a
vu, dans le cadre d'une opération de mise en valeur du Sud-Ouest,
affluer des migrants qui représentent aujourd'hui la majorité de
la population : Dioula, Burkinabé, et surtout Baoulé. Ceux-ci ont
transformé cette zone forestière en de vastes espaces
occupés par les cultures pérennes. Mais avec la demande urbaine
existante, on a le développement du vivrier renforcé par la crise
alimentaire et le potentiel de la région. On se demande alors comment
une région de cultures de rentes peut contribuer à
répondre aux sollicitations des marchés en produits vivriers.
La présente étude veut contribuer à une
meilleure connaissance du bassin vivrier de la région de Méagui.
Elle entreprend, plus spécifiquement d'identifier la nature des produits
vivriers et évaluer leur importance dans la région de
Méagui ; d'analyser l'organisation des acteurs autour de
l'activité vivrière et de décrire les circuits de
commercialisation et les dysfonctionnements liés à cette
filière.
L'échantillon se base sur deux construits. Le choix des
localités s'est fait parmi les villages que compte la sous
préfecture de Méagui avec comme critères la taille, le
type de cultures et la proximité de la voie principale. Les acteurs,
concernés sont des producteurs, des commerçants (grossistes et
détaillants) et des transporteurs ou propriétaires de
véhicules. L'échelle d'étude est le cadre de la
souspréfecture de Méagui et plus récemment celle d'Oupoyo,
ces deux circonscriptions constituent la région de Méagui. Apres
définition des unités d'observation et des variables
d'études, a suivi la collecte des données. Une
pré-enquête à parmi d'ajuster le questionnaire.
Les résultats sont les suivants. La
disponibilité des produits vivriers met à la tète les
féculents et les fruits. Un commerce local absorbe une partie. Il est
dirigé par les grossistes financièrement plus forts, ce qui
freine l'essor du commerce local. Puis une autre, moins importante de la
production, est convoyé sur les centres de collecte voisins. La raison
se trouve dans l'inadéquation des moyens de transport et les
tracasseries routières qui limitent les quantités.
Mots clés : Méagui, produits
vivriers, production, commercialisation
Abstract : How to feed the people? Such is
the present challenge to which it is necessary to cope. In the west South of
Côte d'Ivoire the region of Méagui was suitable to this
questioning. Weakly populated by Bakwé, the region saw, in the setting
of an operation of enhancement of the Southwest, the flow of the migrants from
varied origins, who represent today the majority of the population: Dioula,
Burkinabé, and especially Baoulé. They transformed this forest
zone in vast spaces occupied by the perennial cultures. But with the existing
urban demand, we have the development of food crops reinforced by the food
crisis and the potential of the region. So, we wonder how such a great region
of raw material cultures can contribute to answer the solicitations of Abidjan
markets in food crops.
The present survey wants to contribute to a better knowledge
of the basin of the region of Méagui. It undertakes, more specifically
to bring up the importance of the food crops, to analyze the organization of
the actors around the crops activity and to describe the circuits of
merchandising and the dysfunctions bound to this path.
The sample is based on two criteria. The choice of the
localities was made among the villages which are in the prefecture of
Méagui with as criteria the size, the type of cultures and the proximity
of the main way. The actors concerned are producers, tradesmen (wholesale and
retailing) and the carriers or owners of vehicles. The scale of survey is the
setting of under-prefecture of Méagui and more lately the one of Oupoyo,
these two circumscriptions constitute the region of Méagui. The
collection of data comes after the definition of observation units and study
variables. A pre - investigation allowed to adjust the questionnaire.
The results are the next ones. Starchy and fruits come at the
head of the availability of food crops. A local trade absorbs a part. It is
directed by the financially stronger wholesalers, what slows down the flight of
the local trade. Then another, less important of the production, is escorted on
the centers of collection neighbors. The reason is in the unsuitability of the
transportation means and the road harassments that limit the quantities.
Key words: Méagui, crops products,
production, merchandising.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce document a été possible
grâce au soutien de certaines personnes à qui nous tenons à
exprimer notre sincère reconnaissance.
Au Pr. ALOKO pour l'initiation à
l'épistémologie, socle de la recherche ;
Au Pr ATTA pour la méthode de recherche et une
lisibilité de l'espace à aménager ;
Au Pr BIPKO et au Dr TIA pour leur guide de mises en forme et
d'évaluation ; Au Dr KABLAN et au Dr KONAN pour notre initiation
à la cartographie.
Veuillez trouver ici, l'expression de notre infinie
reconnaissance.
Nous exprimons notre sincère gratitude au Dr DOUKA ANNE
MARCELLE, notre encadreur scientifique qui a été d'un apport
considérable à la réalisation de cette recherche. En nous
faisons l'honneur de suivre ce travail, vos conseils et encouragements et
surtout l'esprit d'ouverture nous ont permis de concrétiser ce travail
de recherche.
Nous ne voulons pas omettre les enseignants lecteurs et
reviseurs, si souvent oubliés pour leur anonymat, sans qui certains
aspects de perfectionnement ne seraient pas intégrés.
Notre gratitude va également à l'endroit des
autorités administratives et municipales de la ville de Méagui
qui nous ont facilité la tâche dans les démarches sur le
terrain. Enfin, nous exprimons des remerciements particuliers à
Messieurs FOFANA Syndou, Directeur de l'O.C.P.V. de Méagui, YAPI ANGE du
C.N.R.A. de ladite ville ainsi qu'à Mr N'GBO PIERRE-MARIE pour la
documentation.
Elle va particulièrement à notre frère,
camarade et amis d'âme Mr AUBIN KORE DEBRUCHARD, Professeur d'anglais
à Méagui, pour l'induction de cette recherche, pour son
hospitalité, pour son accès aux sources de données et
à bien d'autres choses. Sans oublier nos camarades pour tous leurs
conseils et encouragements dont KRA SOLANGE, KODI SALOMON, KOUAKOU STEPHANIE et
tous les camarades de la promotion de Maîtrise 2008-2009 avec tous ceux
qui de près ou de loin nous ont aidés dans cette recherche.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE 2
RESUME 3
REMERCIEMENTS 4
TABLE DES MATIERES 5
LISTE DES FIGURES 7
LISTE DES PHOTOS 8
LISTE DES TABLEAUX 9
LISTE DES ABREVIATIONS 10
INTRODUCTION GENERALE 11
REVUE DE LA LITTERATURE 13
1. La production vivrière 13
2. Le transport et les circuits de distributions 14
3. Les marchés 17
4. L'organisation spatiale 18
PROBLEMATIQUE 21
1. Le problème de recherche 21
2. Les questions de recherche 22
3. Objectifs de l'étude 23
3.1. Objectif général 23
3.2. Objectifs spécifiques 23
4. Hypothèses de l'étude 23
METHODOLOGIE DE COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNEES 24
1. Echelles d'étude et unités d'observation 24
2. La collecte des données 24
2.1. Préparation de l'enquête 25
2.1.1. La recherche documentaire 25
2.1.2. Les entretiens exploratoires 25
2.1.3. Variables d'analyse 26
2.2. L'enquête proprement dite 28
2.2.1. Echantillonnage 28
2.2.2. Outils d'enquête 30
3. Le traitement et analyse des données 32
DIFFICULTES RENCONTREES 32
1ère PARTIE :
POTENTIALITES ET
DISPONIBILITES DES PRODUITS VIVRIERS
34
Chapitre 1 : HISTORIQUE ET SITUATION GEOGRAPHIQUE 35
1.1. Création du site 35
1.2. Situation géographique 37
Conclusion du Chapitre 1 38
Chapitre 2 : REGION AUX POTENTIALITES DIVERSES 39
2.1. Potentialités humaines 39
2.1.1. Composition de la population des différentes
localités 39
2.1.2. Evolution démographique 41
2.2. Potentialités naturelles 42
2.2.1. Les précipitations 42
2.2.2. Les formations géologiques et le relief 44
2.2.3. La végétation 45
2.3. Potentialités économiques : une
prépondérance du secteur tertiaire 45
2.3.1. L'activité primaire : activité principale
45
2.3.2. L'activité secondaire 46
2.3.3. L'activité tertiaire 46
Conclusion du Chapitre 2 48
Chapitre 3 : PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION 49
3.1. Historique des potentialités 49
3.1.1. Une économie traditionnelle de chasse et de
cueillettes 49
3.1.2. Une économie moderne de planteurs 50
3.2. Espace et niveau de production 51
3.2.1. Nature des produits vivriers 52
3.2.2. Production vivrière à Méagui 52
3.3. Evolution et nouvelles tendances 57
Conclusion du Chapitre 3 60
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 61
2ème PARTIE
ORGANISATION DES ACTEURS
AUTOUR DE L'ACTIVITE VIVRIERE
DANS LA REGION DE MEAGUI
62
Chapitre 4 : PRODUCTEURS ET L'ENTRETIEN DES EXPLOITATIONS 63
4.1. Producteurs et la main d'oeuvre familiale 63
4.2. Producteurs et la main d'oeuvre étrangère
64
4.3. L'utilisation de la main d'oeuvre et des pesticides 67
Conclusion du Chapitre 4 70
Chapitre 5 : TRANSPORT VERS LES MARCHES DE LA REGION 71
5.1. Les différents modes de transports en vigueur 71
5.1.1. La marche à pied ou le portage 72
5.1.2. Les moyens de transports sans moteurs 72
5.1.3. Les moyens de transports à moteurs 73
5.2. Le transport sur les différents marchés 74
5.3. Des acteurs particuliers : chargeurs et forces de l'ordre
75
Conclusion du Chapitre 5 77
Chapitre 6 : LE ROLE DU GROSSISTE DANS LA COLLECTE ET LA
DISTRIBUTION
DU VIVRIERS 78
6.1. Grossistes et Producteur : les différents lieux de
collectes 78
6.1.1. La collecte par la vente au champ ou la vente bord champ
79
6.1.2. La collecte par la vente en cours de route 79
6.1.3. La collecte par la vente à domicile 79
6.1.4. La collecte par la vente au marché local 80
6.2. Grossistes et Détaillantes : une dépendance
masquée 80
6.3. L'approvisionnement des détaillants auprès des
grossistes 82
Conclusion du Chapitre 6 85
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 86
3ème PARTIE
COMMERCIALISATION DES PRODUITS
VIVRIERS
DE LA REGION DE MEAGUI
87
Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE LOCAL 88
7.1. Organisation des marchés de la région de
Méagui 88
7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les modes
d'utilisation 89
7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les
marchés de la région de Méagui 90
7.2. De la région de Méagui vers d'autres centre de
commerce 91
7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo 91
7.2.2. Les marchés abidjanais 94
7.3. Les circuits de commercialisation 96
Conclusion du Chapitre 7 99
Chapitre 8 : IMPACT DE LA COMMERCIALISATION ET PROBLEMES 100
8.1. Relations entre Méagui et sa région :
urbanisation ou périurbanisation ? 100
8.2. Difficultés 102
8.2.1. Insuffisance du système entourant le vivrier 102
8.2.2. Confits fonciers 103
8.2.3. Financement du stock des produits vivriers 104
8.2.4. Saisonnalité et instabilité des prix des
produits 106
8.2.5. Insécurité commerciale et mauvais
état des routes 107
Conclusion du Chapitre 8 107
Chapitre 9 : PERSPECTIVES DE LA PRODUCTION ET DE LA
COMMERCIALISATION
DES PRODUITS VIVRIERS 109
9.1. Renforcement de l'appui aux produits vivriers 109
9.2. Sécurisation foncière 109
9.3. Amélioration des conditions d'exercice de
l'activité des détaillantes 110
9.4. Amélioration des conditions de circulations du
vivriers 110
9.5. Articuler stratégies individuelles et collectives :
une nécessité 111
CONCLUSION DE TROISIEME PARTIE 112
CONCLUSION GENERALE 113
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 115
ANNEXES 119
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1 : Situation des localités
enquêtées 38
Figure 2.1 : Répartition de la population des
localités par nationalités 40
Figure 2.2 : Précipitation de la station de Tabou 43
Figure 2.3 : Précipitation de la station de Gagnoa 43
Figure 2.4 : Localisation des sols de la région 44
Figure 3.1 : volume de production des spéculations par
superficies et par exploitants 54
Figure 3.2 : Répartition de la production des
spéculations par superficies et par exploitants 60
Figure 6.1 : Position des autres acteurs par rapport aux
grossistes 78
Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de
commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan 88
Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers 93
Figure 7.3 : Localisation des marchés
approvisionnés à Abidjan 95
Figure 7.4 : Les circuits de commercialisation des produits
vivriers dans la région de Méagui 98
Figure 8.1 : Répartition des commerçants selon leur
source de financements 105
LISTE DES PHOTOS
Photo 3.1 et 3.2 : Associations Igname-Maïs (dans un champ)
et Riz-Banane Plantain (dans un bas
fonds) 58
Photo 5.1 : Commerçants et planteurs de Léonkro en
destination d'Oupoyo 73
Photo 6.1 et 6.2 : Détaillantes venues s'approvisionner
auprès de grossistes 82
Photo 8.1 et 8.2 : Utilisation des bas fonds et des terrains non
bâtis 101
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 0.1 : Echantillonnage de la population d'étude
29
Tableau 2.1 : Ventilation des ethnies majoritaires par
localités et par sexes 40
Tableau 2.2 : Recensement général en pays
Bakwé - A.R.S.O. - 1972 41
Tableau 2.3 : Recensement général en pays
Bakwé - A.R.S.O. - 1975 41
Tableau 2.4 : Recensement général en pays
Bakwé - I.N.S. - 1998 42
Tableau 2.5 : Répartition de la population de la
région par secteurs d'activités et par sexes 47
Tableau 3.1 : Superficies des spéculations par nombres
d'exploitants et par productions 52
Tableau 3.2 : Comparaison des productions vivrières par
localités 59
Tableau 4.1 : Résumé des relations de travail en
vigueur 67
Tableau 4.2 : Répartition de la main d'oeuvre par
nationalités et par ethnies 68
Tableau 4.3 : Superficies des spéculations par nombres
d'exploitants et utilisation des pesticides 69
Tableau 5.1 : Parc auto des gares de Méagui 75
Tableau 6.2 : Extrait d'une fiche de formations de prix de
l'O.C.P.V. 83
Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon les
canaux d'information utilisés 91
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
A.N.A.D.E.R. : Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural
B.N.E.T.D : Bureau National d'Etude Technique et de
Développement
C.C.T : Centre de Cartographie et de
Télédétection
C.N.R.A. : Centre National de la Recherche Agronomique
F.A.O : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation
F. C.F.A : Francs de la Communauté
Financière Africaine
F.D.S : Forces de Défense et de
Sécurité I.G.T : Institut de Géographie
Tropicale I.R.D : Institut de Recherche pour le
Développement
I.N.S : Institut National de la Statistique
Km : Kilomètre
Kg : Kilogramme
O.C.P.V. : Office pour la Commercialisation des
Produits Vivriers
R.G.P.H : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
INTRODUCTION GENERALE
1. Compréhension du sujet
L'humanisation du territoire ivoirien se dessine sous l'action
des producteurs et des consommateurs. Leurs rencontres animent des espaces pour
les transformer en places marchandes grâce aux transactions
effectuées. Autour de ces espaces, se développent de nouveaux
lieux qui sont une sorte de « marché de route » qu'exploitent
les consommateurs sur les axes de communication. Ces marchés dynamiques,
dont les consommateurs ambulants et les entreprises tirent profit, se
structurent pour devenir des villes. Méagui, est un exemple de ce
phénomène. Cette localité est née du rassemblement
de cinq villages Bakwé à coté d'une scierie près de
laquelle s'était créé un marché local dominé
par la production vivrière (Dardel 1991, p 10). Situé au centre
d'une zone pionnière de produits de rentes, ce marché a pris de
l'ampleur tant au niveau local, régional que national grâce au
couple café cacao. Des commerçants sont venus s'y installer et
ont développé un véritable centre de transit et de
distribution de la production. Cette situation était favorable selon
l'étude de Dardel (1991, p 46) puisque les voies et moyens de
communication servaient indifféremment aux cultures de rentes et aux
cultures vivrières. Faiblement peuplée de Bakwé, la
région a vu, dans le cadre d'une opération de mise en valeur du
Sud-Ouest (A.R.S.O.), affluer des migrants d'origines variées, qui
représentent aujourd'hui la majorité de la population : Dioula,
Burkinabé, et surtout Baoulé.
La diversité des produits vivriers vendus est à
mettre en relation avec les différentes ethnies. Selon nos
enquêtes de juin 2009 : les Baoulé sont les principaux producteurs
d'igname, les Dioula et les Burkinabé produisent les
céréales (riz et maïs), les Bakwé mettent sur le
marché de la banane plantain. Pour finir nous avons noté que
toutes les ethnies mettent du manioc en association avec la culture principale.
Pour la commercialisation nos préenquêtes (juin 2009) ont
révélé que sur le marché local, chaque ethnie vend
ce qu'elle produit et pour le transport vers les villes ce sont des
regroupements ponctuels par types de produits. Cependant la production
vivrière joue un rôle secondaire dans les revenus de
l'exploitation : l'essentiel des ventes provient du café et surtout du
cacao. Une lecture de la trajectoire de l'agriculture de plantation souligne le
fait qu'elle a reposé sur des formes d'incitation (Chauveau 2003, p 2).
Les populations migrantes et étrangères, constituant la main
d'oeuvre essentielle pour le développement des cultures d'exportations
se trouvent soutenu par le système politique ivoirien des années
1960. Celui-ci faisait pression sur les populations autochtones pour accueillir
et installer les étrangers, galvanisant de plus en plus la migration
et
l'immigration par le slogan « la terre appartient
à celui qui la met en valeur »1. Ainsi, profitant de
cette situation, ceux-ci ont transformé cette zone forestière en
de vastes espaces occupés par les cultures pérennes ; toutes
choses qui contribuaient à l'essor économique du pays. Mais avec
la demande cumulée de la population urbaine et de la population
immigrée, on a le développement du vivrier renforcé par la
crise alimentaire urbaine plus accrue. La production et le commerce de produit
vivrier dans la région est le fait en partie des couronnes
périurbaines (Méagui et Touagui 2) mais aussi de zones plus
éloignées comme Robert-Porte et Oupoyo. Les agriculteurs
produisent d'avantage pour se nourrir et alimenter les villes comme San-Pedro,
Soubré (O.C.P.V., 2008), que pour acheminer leurs produits sur Abidjan,
marché fort éloigné de plus de 440 Km.
Dans cette région, l'activité agricole fournit
aux femmes leurs principaux revenus. Agents producteurs de vivriers et exclus
partiellement des retombées des cultures de rentes, elles investissent
dans le vivrier d'où elles tirent de nombreux bénéfices.
Ensuite, elles assurent la trésorerie quotidienne, par les ventes
régulières effectuées sur les marchés.
Le problème géographique posé est le suivant
: comment la région de Méagui va mettre en place des
mécanismes pour polariser tout son potentiel en vivrier et le
commercialiser.
2. Questions de recherche
La production et la commercialisation des denrées
alimentaires se heurtent à un certain nombre de contraintes. Il faut
tenir compte de celles-ci pour que la région de Méagui puisse
jouer son rôle de zone de production. Malgré cela, on note
l'existence et les actions de plusieurs acteurs autour des produits vivriers de
cette région. Alors, comment se fait la production et
se déroule la commercialisation des produits vivriers de cette
région.
La réponse à cette question de départ
nécessite de répondre à ces interrogations:
-Quels sont les produits vivriers concernés,
les zones de production et le niveau de leurs productions ?
-Quels sont les acteurs qui interviennent et comment
son-ils structurés autour de la production vivrière
?
-Comment est animé le commerce des produits
vivriers de la région et quel est son ampleur ?
1 Discours de Félix Houphouët B.
(Août 1963)
REVUE DE LA LITTERATURE
L'intitulé du sujet suggère une
référence à des publications sur le ravitaillement en
général, et en particulier sur l'apport de la région de
Méagui pour les marchés abidjanais. Dans le but de
réaliser un travail plus spécifique et de couvrir un champ plus
large, nos informations sont regroupées en quatre points :
-La production vivrière et son importance ;
-L'organisation des circuits de distribution fonctionnelle sur
les marchés ; -L'importance des marchés urbains ;
-L'impact du vivrier sur la structuration de l'espace.
Dans l'analyse des relations ville-campagne et les recherches
sur les politiques alimentaires, il faut introduire une différence
d'approche entre ravitaillement et approvisionnement au niveau du
fonctionnement et des acteurs majeurs du système. Avant tout, une
définition des termes du sujet est nécessaire. Selon le
Dictionnaire Robert 2010 (version électronique), une zone est une
portion de l'espace terrestre, d'un territoire. C'est aussi un domaine dans
lequel s'exerce une activité, ce domaine représente
Méagui. La production de vivrier est assurée par les producteurs
de la région. Le commerce de ces produits implique plusieurs agents,
avec le commerçant grossiste au coeur du dispositif. Cet entrepreneur
(le grossiste) prend en compte les besoins des consommateurs et met en oeuvre
des procédures de régulation en vue de satisfaire producteurs et
consommateurs.
1. La production vivrière
La politique volontariste de mise en valeur du Sud-Ouest
jusqu'alors coupée du reste du pays va susciter une très forte
vague d'immigration agricole. Ce courant se dirige en particulier vers le pays
Bakwé. Il est, essentiellement sous-tendu par les possibilités
d'accès à l'économie de plantation que permet un milieu
naturel favorable et un faible peuplement. De nombreuses innovations sont
à l'actif du pionnier, autant techniques que sociales: la forêt et
son mode de défrichement ont été maitrisés; la
nourriture à base de tubercules et de banane n'a pas été
un problème, même si chaque ethnie a tenté d'acclimater les
plantes de la base alimentaire traditionnelle; une fois la forêt
consumée, les plantes vivrières ont été maintenues
en concevant un système de culture igname/manioc/jachère courte;
le manioc produit pour la vente a parfois conduit à l'emploi
d'herbicide. L'exploitation forestière, en couvrant la région
d'un réseau dense de pistes et la construction d'un pont, sur le
Sassandra à Soubré ont joué un rôle
décisif dans cette progression spectaculaire (Lesourd
1989, p 360). L'origine ethnogéographique des migrants est d'une
diversité telle que, face au milieu social autochtone existant, c'est la
naissance non pas d'un nouveau milieu social allochtone mais d'autant de
spécificités qu'il y a de groupements humains homogènes en
présence.
Selon Balac (1993), elle compte trois grands groupes de
populations : les Bakwé qui sont les populations autochtones ; les
allogènes venus notamment du Nord, du Centre, du Centre-Ouest et de
l'Est, avec pour majorité les déplacés Baoulé de
l'opération d'aménagement du SudOuest (A.R.S.O.) et les
étrangers venus d'autres pays dont les plus nombreux sont les
ressortissants de la C.E.D.E.A.O. C'est à ce titre que dans son
étude sur le département de Soubré, Chaléard (1996)
affirme qu'on a un « système Baoulé » fondé sur
l'igname et un « système autochtone » fondé sur la
banane plantain. Le travail dans la conception du Bakwé est de cultiver
des denrées alimentaires telles que le riz, le manioc, le tarot et la
banane plantain sur des espaces très restreints et d'être un grand
travailleur sur les navires. Il vivait donc de la pêche, de la
cueillette, de la chasse puis de la navigation et ne s'intéressait pas
aux cultures de rentes. Une telle situation nous permet de comprendre pourquoi
la région des Bakwé, vaste zone forestière jadis
inoccupée ou faiblement occupée, est aujourd'hui peuplée
d'étrangers attirés par les cultures industrielles comme le
café et le cacao. Dans ce contexte, la banane plantain et l'igname sont
favorisées : la première parce qu'elle est la plante d'ombre des
jeunes cacaoyers et la seconde parce qu'elle est l'aliment
préféré des Baoulé. Pour les Baoulé, Lesourd
(1989, p 367) affirme qu'«ils ne sacrifient jamais les cultures
vivrières car elles sont une base considérée comme
indispensable, un grenier pour la famille, une sécurité
alimentaire». En effet en quittant leur région d'origine, ils
n'abandonnent pas leurs habitudes alimentaires. Les Dioula et les
Burkinabé commercialisent du riz et du maïs dont ils sont
consommateurs et dont ils font des champs à part, à
côté des plantations arbustives. Chaléard (1990, p 326)
conclut pour dire que tous les groupes associent banane plantain et igname sur
le défrichement de l'année. Chaque groupe a ses
préférences en fonction d'habitudes alimentaires et des pratiques
culturales anciennes. La résultante est une production riche et
diversifiée.
2. Transport et circuits de distribution
Les politiques de sécurité alimentaire ont
été longtemps orientées uniquement vers les populations
rurales. Le consommateur n'est pas considéré comme un acteur
séparé du producteur car en fait il est supposé «
produire lui-même sa nourriture ou l'acquérir par troc » (Dia
1997, p 13). Le modèle de pensée dominant de l'époque ne
s'attardait pas sur une analyse objective de la réalité de
production et de mise sur le marché des produits agricoles par les
producteurs. Il
faut attendre le caractère marchand du vivrier pour
voir émerger des stratégies et l'intérêt pour les
ventes lointaines. Les communes comme Méagui, distante d'environ 440 Km
de la capitale économique Abidjan, de 270 Km de la capitale politique de
la Côte d'Ivoire utilise donc exclusivement un transport motorisé
pour le commerce lointain.
Le transport est lié à l'organisation des
marchés et des circuits commerciaux. Un constat général en
Afrique concerne le poids remarquable des coûts de commercialisation par
rapport aux prix finaux des produits. Une partie importante de ce coût
relève souvent des transports.
Chaléard (1995) montre que le modèle dominant de
l'époque « agro exportateur » cède la place aux
<< modèle du vivrier marchand » où l'essor des
cultures destinées aux villes est d'abord le résultat des
initiatives paysannes exploitant par leur seule force la conjoncture
créée par l'explosion urbaine. En effet, « Ce sont (...) les
Lobi qui, transposant sur le plan commercial leur dynamisme agraire, acheminent
la plus forte part de la production sur les centres urbains. Ils se groupent
à plusieurs, louent aux transporteurs de Bondoukou des camions et
expédient leur récolte sur Abidjan» (Chaléard 1990, p
327). Ces moyens de transport sont parfaitement adaptés aux besoins
spécifiques individuels des détaillantes des marchés, des
petits grossistes de denrées alimentaires ou des particuliers aux
faibles revenus. Une certaine nuance est établie par Wilhelm (1997, p
24) quant à la composition des passagers. Elle affirme que si les
commerçants forment l'essentiel de la clientèle
régulière, les citadins sont aussi des usagers fréquents
pour le transport de produits de première nécessité (sacs
de riz et bidons d'huile) et pour tous les objets encombrants et volumineux
(meubles, pièces de rechange).
Le transport par camion (10 ou 20 Tonnes) est inaccessible
à ces différentes catégories d'utilisateurs en raison de
son coût élevé et, en ce qui concerne les
commerçants, parce qu'il ne possède pas la souplesse
nécessaire pour fournir les services répondant très
exactement à leurs contraintes spécifiques.
Particulièrement à Méagui, on voit se développer
deux types de circuits2 reposant sur une division
géographique et fonctionnelle des espaces : Sur place, <<un
pisteur parcourt la brousse à la recherche des produits. II loue des
camions (10 ou 20 Tonnes) pour aller les chercher et les concentrer à
Méagui, ou dans un des nombreux villages situés sur la route
bitumée. Un commerçant grossiste d'Abidjan vient chercher la
production qu'il transporte pour la vendre à un grossiste ou au
détail dans la métropole ivoirienne» (Chaléard 1996,
p 587). Il poursuit pour dire que les acteurs les plus actifs de ce commerce
sont les négociantes, installées à Méagui, qui
utilisent des camions qui reviennent vide sur San Pedro.
2 Itinéraire parcouru par un produit entre la
production et la consommation finale est plus ou moins long en fonction du
nombre d'intermédiaires qui y participent.
Hermann, Larissa, & Solange ( 2008, p 14) dans leurs
études sur Taabo ont distingué des circuits directs (ne faisant
pas intervenir d'intermédiaire), des circuits courts (où le seul
intermédiaire est le détaillant) et des circuits longs (dans
lesquels les intermédiaires sont soit des grossistes, soit des
détaillants). Dans d'autres cas, à travers nos enquêtes
nous avons constaté que la productrice concentre sa récolte et
celle de sa voisine pour obtenir des quantités plus importante. Ensuite
une grossiste (fille, nièce ou soeur) la transporte à Abidjan,
où elle l'écoule auprès de commerçants ou d'une
parente, souvent salariée en ville. Elle utilise pour le transport le
réseau de cars en place (Chaléard 1996, p 593).
Wilhelm (1997c, p 8) décrit comment les usagers et les
commerçants bénéficient et ont intérêt
à pérenniser ce mode de transport pour raison de fourniture de
services essentiels. C'est «un package» qui contient « une
économie des frais de manutention intégrant les opérations
de chargement et déchargement (...); des possibilités de groupage
de marchandises entre plusieurs commerçants; une variété
de types de chargement (...); une organisation de la livraison qui
libère le producteur de l'obligation d'accompagner sa marchandise».
Le choix effectué par ceux-ci entre les différents moyens de
transport dépendra certes de leurs coûts, mais aussi et surtout de
la quantité de marchandises à transporter, la rapidité
avec laquelle le commerçant souhaite être livré de telle
sorte que l'on constate une réelle segmentation du marché du
transport. Chaque type de véhicule étant dominant sur un segment
de marché pour un trajet donné, un type de marchandise
transporté et une catégorie d'utilisateur. Cette
évolution, née d'initiatives paysannes ou du secteur marchand
"informel", est largement spontanée. La priorité du transport
dans la commercialisation est souvent frappante quand elle se concrétise
par la création de marchés relais le long des grands axes
routiers et méme à l'intérieur de la ville (Wilhelm 1997,
p 10). Et ce qu'il y a de remarquable, c'est la rapidité avec laquelle
les infrastructures et les réseaux se mettent en place lorsqu'il y a
matière à négoce. En outre, face à la croissance
urbaine, il faut rappeler que l'alimentation est fortement dépendante
des transports de longue distance qui, encore aujourd'hui, véhiculent
des quantités importantes de produits vivriers surtout des
féculents et des fruits et légumes (O.C.P.V., 2008).
L'outil le plus efficace du développement des cultures
vivrières est, en effet, représenté par la construction du
réseau routier qui charpente désormais le territoire national.
C'est grace aux routes que les agriculteurs ont su saisir les
opportunités que leur offrait l'extension des marchés urbains, en
défrichant de nouveaux secteurs et en développent leurs cultures
vivrières, et que les circuits commerciaux ont été
organisés.
3. Le marché
D'une manière générale, le marché
est le lieu où un ensemble de transactions ou d'opérations de
négoce est conclu entre acheteurs et vendeurs. On y identifie des
acteurs, des flux de marchandises et la formation des prix. Dans les grandes
zones de production, de véritables centres de groupage3 sont
nés. Cela s'illustre à travers deux exemples. Dans le Nord-Est,
la localité de Flakièdougou est devenue un point de collecte
important des produits vivriers, particulièrement de l'igname
précoce dont la zone est grande productrice (Chaléard 1996, p
535). Les commerçants parcourent la campagne environnante à la
recherche de tubercules, rassemblés dans le gros bourg. Dans cette
optique, le marché hebdomadaire est un centre de renseignements et le
lieu où le marchand peut, éventuellement, compléter son
chargement. De même la localité de Méagui, au sud de
Soubré, est un centre de transaction où est concentrée la
production de banane plantain par des collectrices qui l'expédient
ensuite sur San-Pedro et Soubré (O.C.P.V. 2008) ou Abidjan. Ce
marché rural représente le deuxième maillon dans
l'organisation marchande après les marchés bord champ. Ils
assurent la collecte des produits et ouvrent les campagnes sur
l'extérieur.
Au sens de Paulais & Wilhem (2000, p 52), le marché
est un centre de << dispatching >> : en ville, c'est le point
d'arrivée et le point de départ des marchandises avant la vente
au consommateur. Si les marchés ruraux servent en partie de lieux
officiels de négoces et de concentration d'une production paysanne
très dispersée, les marchés urbains sont le point
d'éclatement des denrées pour la vente au consommateur. Le
renforcement de ce point de vue conduit Chaléard (2001) à les
qualifier de << pôles de diffusion vivriers >>. En
caractérisant les grands marchés des villes d'Afrique, Paulais et
Wilhem (2000, p 57) soutiennent que c'est la diversité des fonctions
qu'ils assurent : micro détail, détail, demi gros, gros, zone de
stockage et de réexpédition qui est fondamentale. Le
marché est pour eux, le point de convergence des réseaux
d'approvisionnement et de distribution des produits vivriers comme des produits
manufacturés. Dans les zones de production, un vaste projet, né
à la fin des années 1980 prévoyait de mettre en place une
vingtaine de centres de collecte. Trois furent construits dont celui de
Méagui qui fut un échec. Les agriculteurs ne se
déplacèrent pas, préférant attendre les marchandes
chez eux. Les grossistes choisirent de rester sur la place qu'elles occupaient
dans le centre ville, le long de la route bitumée. On note une
méfiances vis-à -vis de toute tentative de contrôle de la
part de l'administration par le payement des droits sur les transactions et un
loyer pour l'utilisation d'entrepôts dont elles jugeaient pouvoir se
passer. En somme, ces mar-
3 Les zones de groupages peuvent être
considérées comme un avant-marché pour le consommateur
chés sont nés inopérants. Comme raisons,
Tollens (1997, p 31) constate qu'ils sont trop éloignés du centre
et les consommateurs ou détaillants préfèrent
s'approvisionner auprès des commerçants restés près
du marché central. Coquery (1997, p 52) explique ces échecs par
la place secondaire et insignifiante du commerce de détail dans la
planification et l'intervention des urbanistes. Il présente le
marché dans les villes africaines comme des espaces ouverts où
producteurs ruraux et marchands viennent vendre << à même le
sol ». Ces marchés donnent l'impression d'un développement
qui n'est possible et viable que dans l'informel. En d'autres terme moins ils
sont structurés plus il y a de l'affluence et les transactions son
intenses. Dans le même sens, Franqueville (1997) complète cette
conception par l'analyse suivante : << on peut donc se trouver en
présence, notamment pour les grandes villes, d'un espace
d'approvisionnement qui laisse une impression d'incohérence et de
démesure, (...) ce qui ne va pas sans faire peser un risque certain
d'insécurité sur l'alimentation urbaine quotidienne».
(Franqueville 1997, p 12).
Aux discours pessimistes qui ne voient la croissance urbaine
dans les pays en développement qu'en termes d'exode rural, de
dépendance alimentaire, de pauvreté et
d'insécurité, Bricas (1997, p 67) oppose une vision plus
optimiste qui voit dans la ville une occasion pour le développement
agricole dans la mesure où le marché qu'elle représente
offre des débouchés, prenant le relais d'un marché
international très instable.
4. L'organisation spatiale
Comme Paul Claval (1977, p 124) le disait << la nouvelle
géographie est ainsi conduite à s'interroger de plus en plus sur
les rapports entre l'organisation sociale et l'ordre spatial ».
L'agencement de différentes composantes de l'espace de Méagui qui
constitue son organisation spatiale, peut être modifié par la
dynamique du vivrier. Leurs influences peuvent être lues à
différents niveaux. En premier lieu sur l'offre par
l'amélioration des échanges, donc la disponibilité
alimentaire; puis sur l'environnement économique général
en favorisant l'emploi et le pouvoir d'achat, donc l'accessibilité
à la nourriture; et enfin sur les circuits commerciaux par
l'amélioration de leur efficacité.
> La production et les échanges, donc la
disponibilité alimentaire
La croissance de la demande alimentaire urbaine entraîne
une concentration très forte d'activités et de marchandises vers
les villes. Ce qui a pour effet de stimuler l'émergence de nouvelles
formes d'exploitation ou de valorisation des espaces de l'hinterland.
D'abord elle permet la valorisation des bas-fonds,
jusque-là délaissés par l'arboriculture mar-
chande. A
l'échelle régionale, apparaissent des zones de production plus ou
moins spécialisés
et organisées en auréoles concentriques, avec au
moins trois secteurs : une zone centrale, intra ou périurbaine, dans
laquelle est développée les cultures valorisant fortement le sol,
cultures maraîchères et rizicoles ; une auréole où
l'emportent les denrées comme le manioc, parfois accompagné
d'igname ; au-delà, une dernière auréole, où
l'agriculture locale est fortement étendues banane, ou igname
(Chaléard 1996, p 47). Ce qui frappe aujourd'hui dans cette population,
c'est bien d'une part, le nombre croissant de marchands ambulants
itinérants ou semiitinérants et occasionnels et, d'autre part, la
forte mobilité spatiale des vendeurs installés. Les distinctions,
opératoires autrefois, entre sédentaires et ambulants,
réguliers et occasionnels, deviennent de plus en plus floues. Wilhelm
ajoute que l'image du vendeur à l'étal attendant son client et de
l'ambulant se portant au devant de celui-ci, est aujourd'hui totalement
brouillée ( Wilhem 1997a, p 33). Pour ce qui est des aires
d'approvisionnement, le cas de Méagui suggère la
prévalence des circuits longs sur les circuits courts pour le
ravitaillement du centre urbain qu'est Abidjan. Autrement dit,
«l'augmentation de la demande alimentaire urbaine n'a pas conduit au
développement d'une intense agriculture périurbaine, mais
à la stimulation de l'offre en zones rurales relativement
éloignées». (Oyep 1997).
> L'environnement économique, en favorisant l'emploi et
le pouvoir d'achat
La détérioration des conditions
économiques fait augmenter la pression sociale: le chômage pousse
une masse sociale consistante vers l'activité commerciale, à la
recherche d'occupations et de sources additionnelles de revenus. Ceux qui
perdent leur emploi dans le secteur moderne se créent au niveau du
secteur informel une autre source de revenu. C'est ainsi que l'investissement
dans la restauration est devenu, pour bon nombre de licenciés, une
alternative au chômage (Akindès 1991, p 172). On assiste au
développement de la restauration populaire de type informel. Ces
restaurants sont en général alimentés par du vivrier de
moindre qualité ou à la limite de la conservation. Pour
Akindès (1991, p 160), l'agrandissement de la ville, conjugué au
rythme de vie urbain et à la faiblesse des moyens de transport,
enlève aux travailleurs et à la population scolaire la
possibilité de prendre leurs repas à domicile. D'ou une
orientation vers la restauration populaire où les prix peuvent
être négociés en fonction du pouvoir d'achat.
> Les circuits commerciaux, par l'amélioration de leur
efficacité.
Selon Moustier (1990 ; p 89): «L'analyse du
système de commercialisation révèle une organisation,
à l'amont et à l'aval, adaptée à un contexte de
forte incertitude, à un marché du crédit et à une
information sur l'offre très imparfaits ». Les réseaux
commerciaux atomisés, où les relations personnalisées
permettent une bonne circulation de l'information entre producteurs et vendeurs
et des relations de crédit, sont plus efficaces qu'une organisation
centralisée et ano-
nyme. D'autre part, l'existence de points de vente en gros,
souvent informels, permettent une confrontation des transactions, et
l'intensification de marché de gré à gré. Pour
Nassa (2007), cette activité engendre des effets induits très
diversifiés sur l'organisation de l'espace. Ainsi le
développement de l'espace marchand donne lieu à
l'étalement de la ville. La ville prend donc du volume grâce aux
marchés routiers et à leur croissance.
Des recherches en Afrique centrale ont été
initiées par Pierre Vennetier (1972, p 63). Il met en avant la
polarisation de l'espace géographique où l'alimentation des
citadins dépend d'apports lointains, ce qui entraîne des
difficultés de ravitaillement et un rôle croissant pour les
transports. Se référant à l'évolution des fronts
pionniers, Chaléard (1996, p 207) constate des localités
nouvelles se créer à partir des centres, devenues en quelques
années des agglomérations de plus de 5000 habitants, comme
Méadji (dans le Sud-ouest) ou Flakièdougou (dans le Nord-est),
à partir desquels opèrent des marchands qui rassemblent la
production avant de l'expédier sur Abidjan ou Bouaké.
Chaléard montre l'importance du transport dans la capacité de
réponse des agricultures vivrières locales à la demande
des villes, mais également celle des flux d'échange entre
agglomérations urbaines et campagnes qui ne sont pas limités
à des flux alimentaires à sens unique.
En somme, la littérature sur notre sujet a
été abordé dans ces différentes parties prisent
individuellement. La production vivrière embryonnaire à
l'époque est spécialisée par ethnie est déjà
évoquée. Les transports dans la région, a fait l'objet
d'étude mais à une époque ou l'activité n'avait pas
grande ampleur. Bien que des marchés existent dans la région, ils
n'ont pas fait l'objet d'étude à notre connaissance ainsi que
l'organisation spatiale. Elle a été intégrée par
Chaléard4 dans un cadre plus global du département de
Soubré sur le plan géographique et sur le plan sociologique par
Schwartz5. De plus, l'actualisation de ces connaissances dans le
cadre plus spécifique de la région de Méagui sur les
produits vivriers n'est pas encore documentée. La mise en
évidence dans cette région du jeu complexe des acteurs du
commerce qui combinent : une diversité d'espaces de ravitaillement et de
redistribution ; une gamme de produits adaptée à
l'instabilité dans le temps de la production et une dissémination
des espaces cultivés conduit à notre problématique.
4Temps des villes, Temps des vivres. L'essor du
vivrier marchand en Côte d'Ivoire. Paris, Karthala, 661 p
5 Sous-peuplement et développement dans le
Sud-ouest de la Côte d'Ivoire : Cinq siècles d'histoire
économiques et sociales, Paris, ORSTOM, 488 p
PROBLEMATIQUE
La planète est-elle capable de nourrir un nombre
d'habitants en croissance constante ? Telle est la question-clé de notre
actualité, qui se traduit partiellement en termes de géographie
rurale de la façon suivante : Quels seront les nouveaux rapports
villes/campagnes ? Comment nos recherches géographiques peuvent-elles
s'intégrer dans cet ensemble ?
La géographie rurale a gardée le
privilège de concerner des territoires bien circonscrits : « les
espaces hors des villes ». Elle donne à chacun d'y observer les
évolutions et les ruptures provoquées par l'ensemble des
conditions endogènes et exogènes (Bonnamour, 2003). Nous avons
choisi la Côte-d'Ivoire pour observer ce dynamisme. Elle connaît
depuis plusieurs décennies une croissance urbaine spectaculaire : le
pourcentage de citadins dans la population totale est passé de 3 % en
1940, à 15 % en 1958 et à plus de 50 % dans les années
1990. Ce mouvement s'est traduit par une demande accrue en produits
alimentaires, qui a provoqué, en dépit d'un recours non
négligeable aux importations, des mutations dans les campagnes. Le
relatif développement économique qu'elle a connu dans les
années 1960 et 1970 était essentiellement lié à sa
performance agricole basée sur le binôme café-cacao. Selon
le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(D.S.R.P version 2009), la Côte d'Ivoire est un pays dont 57% de la
population vit en milieu rural. L'agriculture y représente
l'activité principale avec 2/3 des recettes d'exportation et 2/3 des
emplois. Elle contribue pour 27% du PIB et a permis de générer
des revenus pour l'Etat ; les producteurs et les exportateurs ; et a
contribué au développement des secteurs secondaire et tertiaire.
Le secteur vivrier occupe 85% de la population active agricole dont 90% sont
des femmes. Les principales cultures vivrières sont le riz, l'igname, le
manioc, la banane plantain, le maïs et les légumes. La production
vivrière, estimée à 9 000 000 de tonnes en 2006, occupe
une superficie de 2 448 000 ha.
A partir de 1980, dans le cadre du Plan d'Action de Lagos, est
lancé le mot d'ordre d'autosuffisance alimentaire. Il faut attendre la
fin de cette année avec le projet soja, auxquels sont associés le
riz et secondairement le mais et l'igname, pour que les cultures
vivrières prennent de l'importance. Il s'agit à la fois d'assurer
la nourriture des ivoiriens en réduisant les importations. Ainsi
plusieurs zones de production ou fronts pionniers sont misent en place et
identifiés notamment les régions forestières avec la
production de banane plantain, de riz, d'igname et de manioc. De plus le
désenclavement du Sud-Ouest forestier par le projet A.R.S.O avec la
réinstallation des populations déplacées et l'ouverture du
port de San-Pedro en 1972, entraîne l'apparition du dernier front
pionnier (N'gotta, 2010), dont fait partie Méagui. Par le
développement d'une production destinée à nourrir les
villes, les cultures vivrières apparaissant de plus en plus comme de
véritables cultures spéculatives (Douka 1981, p 125)
avec la hausse continue et soutenue de la demande urbaine. En
effet, l'insuffisance de l'offre nationale en produits alimentaires rend
vulnérable notre système alimentaire. Dès lors il devient
important de se pencher sur les greniers ou plus précisément les
bassins de productions vivrières en Côte d'Ivoire au nombre
desquelles se trouve la région de Méagui.
Le choix de cette région s'est fait sur la base d'une
pure curiosité scientifique. Celle-ci a été
renforcée par rapport à son importance sociodémographique
(population hétérogène) et économique (cultures de
rentes). Elle constitue aujourd'hui une zone très stratégique
pour le pays du fait de son statut de boucle des produits d'exportation en
particulier le cacao. Du point de vue démographique, la localité
compte un fort potentiel humain (42914 habitants en 1998 (I.N.S. 1998) pour une
superficie de 362 Km2 soit une densité de 118 habitants au
Km2). On y rencontre une forte présence de communautés
allogènes et étrangères constituées de plusieurs
couches ethniques ivoiriennes (Baoulé, Yacouba) et de ressortissants des
pays de la C.E.D.E.A.O (Guinéens, Maliens, Burkinabés,
Togolais...). Ces populations sont les plus importantes de la localité
(96% de la population totale). Sur le plan naturel, la localité
bénéficie d'un climat véritablement humide avec une
pluviométrie très élevée (2000mm de pluie en
moyenne) qui rythme bien la vie des planteurs et les travaux champêtres.
Le relief est constitué de nombreux bas-fonds argileux qui sont
favorables aux cultures vivrières. L'abondance des pluies, la richesse
du sol et surtout l'immensité de la forét lui confère de
nombreuses aptitudes culturales et font de cette zone un lieu de
développement agricole.
Au sujet de vivrier, Chaléard (1990, p 324) affirmait
qu'autour de Méagui, les ventes sont importantes en tonnages mais
faibles en valeur, les prix étant très bas, et les pertes dans
les champs considérables. Les paysans producteurs sont en situation de
faiblesses dans le négoce locale puisqu'incapable de vendre ou
d'acheminer leurs récoltes sur d'autres centre de collecte comme celui
de Yabayo. Les commerçantes se retrouvent souvent en situation de
monopsone6 pour certains produits difficiles de conservation
(maraicher et fruits). Dès lors, le faible pouvoir d'achat local et le
bon état relatif des axes routiers sont ici les causes principales de
l'attrait des villes comme Abidjan. Ainsi, nous avons cherché à
savoir comment une région de cultures de rente, fourni-t-elle
une production vivrière et organise un commerce au-tour de cette
production ?
6 Etat d'un marché où le jeu de
concurrence est faussé au niveau de la demande du fait de la
présence d'un seul acheteur.
3. Objectifs de l'étude
- Objectif général : La présente
étude veut contribuer à une meilleure connaissance du bassin
vivrier de la région de Méagui.
- Objectifs spécifiques :
_ Identifier la nature des produits vivriers et évaluer
leur importance dans la région de Méagui _ Analyser
l'organisation des acteurs autour de l'activité vivrière ;
_ Décrire les circuits de commercialisation des produits
vivriers et les dysfonctionnements liés à cette
filière.
4. Hypothèses de l'étude
Première hypothèse : Les féculents et les
fruits sont les principales denrées produites dans le bassin vivrier de
Méagui.
Deuxième hypothèse : La faible autonomie
financière des producteurs et de détaillants à
l'égard des grossistes freine l'essor du commerce des produits
vivriers.
Troisième hypothèse : L'inadéquation des
moyens de transport et les tracasseries routières limitent les
quantités de produits vivriers qui transitent par les principaux
circuits commerciaux.
METHODOLOGIE DE COLLECTE ET TRAITEMENT DES
DONNEES
La méthodologie suivie dans le cadre de cette
étude se base sur trois éléments fondamentaux. Il y a
d'abord, l'échelle des unités d'observation puis de la
collecte des données décomposées en phase exploratoire et
en une phase de terrain et enfin le traitement et l'analyse des données
recueillies.
1. Echelle d'étude et unités
d'observation
La démarche de base de cette recherche est simple : il
s'agit de noter la manière dont les hommes emploient leur temps et
utilisent l'espace. Elle se fait donc dans un cadre spatial limité
à la sous-préfecture de Méagui et plus récemment
celle d'Oupoyo. Donc pour nous, ces deux circonscriptions constituent la
région de Méagui. On y note la nature de l'activité, le
lieu où il se déroule, les flux qu'elle implique ou qu'elle
crée, les relations proches ou lointaines qu'elle met en oeuvre. Comme
cette région n'est pas en autarcie, les marchés de Yopougon,
d'Adjamé et d'Abobo, lieu de destinations de ces flux ou de ces
relations constituent d'autres lieux à l'échelle de la
commune.
Dans le but de vérifier les hypothèses, plusieurs
unités d'observation ont été retenues.
- Concernant l'origine et la nature des produits vivriers
vendus sur les marchés de Méagui, nous allons d'abord mener nos
observations dans les plantations, les bassins de production (Méagui et
villages ciblés), ensuite sur les marchés de la ville qui les
réceptionnent.
- Quant au fonctionnement du bassin et ses composantes, les
acteurs, les voies et moyens de communications, les ventes sur les
marchés et les points d'activités économiques ont servi
d'unité d'observation.
- Pour l'impact de ce bassin sur le développement de
l'espace de Méagui, nous avons évalué l'intensité
du commerce, le nombre de convoies de vivriers destiné à Abidjan,
observé le cadre de vie des populations de la région de
Méagui ainsi que le niveau d'équipements.
2. La collecte des données
La documentation utilisée peut classer en deux
séries. La première rassemble celles qui appartiennent
déjà à la géographie, les monographies locales ou
régionales et les études à portés
géographiques. La seconde, pose les problèmes plus
délicats des informations extérieurs à elle mais
indispensables pour son information tels les recueils statistiques, les
études économiques sociologiques ou ethnographiques. Nous avons
dans un premier temps, recherché la documentation composée
d'ouvrages généraux et de référence sur la question
du vivrier au sens large.
L'autre étape a été la recherche de
données primaires par des enquêtes de terrains vue l'obsolescence
des chiffres et la prise en compte des réalités actuelles.
2.1. La préparation de l'enquête
:
L'objectif était d'être mieux équipé
face à des interlocuteurs peu disposés à perdre du temps.
La phase préliminaire se décompose en recherche documentaire et
entretiens exploratoires.
2.1.1. La recherche documentaire
Cette documentation a contribué à nous faire
comprendre le sujet dans sa globalité. Les ouvrages consultés
proviennent respectivement de la bibliothèque de l'Institut de
Géographie Tropicale (I.G.T.) de l'Université de Cocody Abidjan,
des bibliothèques de l'Institut Recherche pour le Développement
(I.R.D.) pour les articles et travaux d'enseignants et étudiants sur la
géographie rurale (épistémologie, méthode,
perspectives de recherche...) et sur le vivrier (nomenclature,
évolutions, répartitions régional...). A l'Institut
National des Statistiques (I.N.S.) des données sur l'évolution
(1975-1998) de la population des localités d'étude (sexes,
ethnies, nationalités, activités). Auprès des directions
de l'Office d'aide à la Commercialisation des Produits Vivriers
(O.C.P.V.), du Ministère de l'Agriculture et la Production Animale
détaché à Méagui et de l'Agence Nationale d'Appui
au Développement Rural (A.N.A.D.E.R.), nous avons obtenus les
données sur l'agriculture (types de produits, provenance, destination,
prix sur le marché, état de l'utilisation des espèces
améliore et des engrais). A cette liste, il faut ajouter les archives de
la mairie et de la sous-préfecture de Méagui pour des organismes
internationaux.
2.1.2. Les entretiens exploratoires
En complément à la lecture de ces documents et
dans l'objectif de nous familiariser avec le terrain étudié, nous
avons fait une reconnaissance durant le mois d'octobre 2008 pour connaitre
l'espace d'étude. Cette pré-enquête a eu pour but de faire
l'état des lieux en répertoriant les différentes
unités d'observation nécessaires à notre étude et
à tisser des premiers contacts. C'est aussi par ce biais que nous avons
« négocié » notre entrée dans l'univers des
chargeurs, des déchargeurs et des porteurs.
En juin 2009, nous y avons fait un très court
séjour pour rencontrer le responsable de l'O.C.P.V. (pour obtenir des
données chiffrées) et la responsable d'une coopérative
agréée. Ainsi, dès notre arrivée à
Méagui, nous avons cherché à faire la connaissance des
différents responsables de certains services tels que l'A.N.A.D.E.R. et
l'O.C.P.V. Dans ces différents
services, nous basant sur les premières informations
livrées (2007-2008), nous avons établi l'inventaire des zones de
production et estimé les volumes des produits convoyés vers les
marchés urbains.
2.1.3. Variables d'analyse
Les unités d'observation ainsi définies, nous
avons privilégié trois grands groupes de variables pour mener les
enquêtes. Ces différentes variables serviront à renseigner
nos hypothèses afin de les infirmer ou de les confirmer.
-Variables relatives aux caractéristiques
démographiques
Pour étudier ce bassin, un préalable est de
connaitre les acteurs qui animent les activités de ce bassin de
ravitaillement. Il a donc été primordial de renseigner les
variables suivantes :
Le sexe ; La tranche d'age ; Le niveau d'instruction ; La
première profession ; Le village d'origine ; La situation matrimoniale ;
Le nombre d'enfants et de résidents ; et L'ethnie. Pour cette variable
« ethnie», la question n'était pas posée mais
renseigner de façon informelle.
-Variables relatives à la nature, à
l'origine et l'ampleur des produits vivriers.
Pour collecter des informations portant sur la nature de ces
denrées, nous nous sommes intéressés aux types de produits
vivriers cultivés dans la région de Méagui et
convoyés sur les marchés. Cette étape permet de faire la
classification de ces denrées alimentaires et d'observer leur
état et leur fréquence. En outre, pour être fixé sur
l'origine de ces cultures, il faut identifier les producteurs intervenant dans
la production vivrière pour être situé sur les types de
produits cultivés, la pratique de leur activité champêtre
et sur l'évaluation des volumes produits.
Pour apprécier l'ampleur de la mise en valeur des terres,
l'intérêt sera porté sur :
-La taille des exploitations ;
-Les superficies cultivées et leurs rendements,
-Le temps de rotation des cultures et calendrier agricole ;
-L'investissement réalisé et revenus obtenus ;
-La place du vivrier dans le système de production global
des agriculteurs.
Aussi, le niveau d'encadrement des producteurs aidé
à comprendre l'environnement dans lequel cette activité se
pratique. A ce stade, les données de l'A.N.A.D.E.R. et l'O.C.P.V. ont
été d'une grande utilité.
-Variables liées aux acteurs et au fonctionnement
du bassin de ravitaillement.
Il faut préciser que les producteurs ont été
identifiés plus haut. Aussi, un préalable sera de faire un
inventaire des acteurs du transfert des produits vivriers vers la ville et leur
importance res-
pective dans le fonctionnement du bassin de ravitaillement
(Méagui) et des marchés Abidjanais.
Pour appréhender le fonctionnement de ce bassin, les
variables choisies sont : Le réseau de transport utilisé pour les
échanges vivriers;
-Les potentialités non utilisées de réseaux
;
-Les flux des produits depuis le producteur jusqu'à la
ville: entrepôts et marchés, volumes, étapes et ruptures de
charge ;
-L'état des véhicules ;
-La formation des prix et les marges obtenues par les
différents acteurs le long des flux observés.
Cela a conduit à visiter les lieux suivants : les
différentes gares routières, Les lieux de stationnement des
véhicules, aux abords des marchés et aux différents lieux
de productions dans les champs pour saisir les modes de transport en
vigueur.
Pour comprendre la stratégie commerciale des
détaillants et des grossistes, les variables suivantes sont retenues
:
-Les lieux de provenance et de destination ;
-Les produits les plus convoyés ;
-Les lieux d'approvisionnement ;
-Les relations avec les autres acteurs ;
-Les organisations, et Les difficultés
rencontrées. Ces informations vont permettre de comprendre si les
acteurs opèrent individuellement ou en réseau sur les aires de
commerce et s'ils appartiennent à des organisations de
commerçants et de savoir les lieux d'approvisionnement.
Au niveau des marchés, les variables sont :
-Les modalités d'installation,
-Les lieux de stockages (entrepôts et marchés) et de
conditionnements ;
-La répartition géographique des activités
des détaillants.
Cela servira pour appréhender les procédures
d'installation des détaillants et des grossistes exerçant dans le
domaine du vivrier et d'être situé sur le genre de places qui leur
sont attribués dans les différents marchés.
- Variables liées à la commercialisation et
à l'ampleur de ce commerce.
Une importance particulière sera accordée à
la description et à l'explication de l'organisation des espaces avec
pour principale variable l'extension spatiale de la ville.
L'aide des services techniques de la mairie de Méagui a
permis de percevoir l'impact de cette filière sur le
développement du bassin de ravitaillement (Méagui et ses
villages). Les variables retenues sont :
-L'état des lots mis en valeur et /ou partiellement mis en
valeur ;
-Répertorier les équipements,
-Évalué l'état de la voirie, de l'habitat et
des infrastructures socio-économiques. Auprès des ménages
de la région de Méagui, comme variables on a :
-La consommation alimentaire et son évolution ;
-Une estimation de l'utilisation des revenus de la production
vivrière commercialisée. Á Abidjan, les marchés de
Treichville, de Youpogon, d'Abobo et d'Adjamé seront visités
ainsi que les acteurs qui y opèrent et les coopératives. Les
espaces particuliers comme Abobogare et Yopougon-gare seront parcourus. Les
variables retenues sont :
-Le type et le volume de vivrier en provenance de Méagui
et de sa région ; -La fréquence et la période de
ravitaillement ;
-La suffisance en quantité et en qualité de la
desserte et lacunes dans le réseau.
Tout ceci aura pour but d'évaluation de la
quantité et la qualité de l'approvisionnement en provenance de la
région de Méagui. Les commerçantes-voyageuses qui
descendent des cars seront interviewées.
2.2. L'enquête proprement dite.
2.2.1. Echantilonnage
Nous avons la structure de la population selon les documents
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1998.
Cela constitue notre base de sondage et notre choix se porte sur les
méthodes empiriques. Cette base de sondage n'est pas une statistique
récente et occulte certaines réalités comme les nouveaux
bassins de productions. Déjà en 1977, Claval (1977, p 43) notait
que « les recensements (...) négligent certains aspects essentiels
de la vie des groupes». Ils convient donc de mobiliser d'autres sources.
De plus, le fait que notre es-pace d'étude comprend des villages
disséminés dont on ne connait pas le nombre exact de chef de
ménages nous impose d'utiliser la méthode des quotas. Elle
utilise le raisonnement pour opérer le choix à partir de
critère défini de telle manière à avoir tous les
cas de situation possible dans notre échantillon. Ainsi, l'accent sera
mis sur le choix des villages, des chefs de ménage ayant une
exploitation.
-Choix des villages
Il s'est fait parmi les villages que compte la sous
préfecture de Méagui : dans le secteur communal et dans le
secteur non communal (I.N.S. 1998). Les critères utilisés sont la
taille, le type de cultures et la proximité de la voie principale qui
est bitumée.
- La taille : il s'agit de l'effectif des populations issues des
statistiques du recensement général de la population et de
l'habitat fait en 1998.
- Le type de cultures : La répartition en fonction du
type de culture a pu être possible grâce aux données issues
de l'O.C.P.V. (2007-2008). Dans ces statistiques, nous avons retenues
après traitement les zones de grandes productions de différentes
cultures (féculents, fruits, maraichers, oléagineux et
céréales).
- La proximité de la voie principale : la notion de
prix de transport et l'accessibilité des zones de production ont
été privilégiée. En effet, la plupart de ces zones
de production sont situées en bordure de la voie bitumée. Pour
voir quelle est l'influence de cette voie sur l'accès des produits
vivriers aux marchés, un village dont l'accès est difficile est
choisi : Gnititouagui 2.
En croisant ces différents critères, nous avons
choisit d'enquêter 10% de l'ensemble des ménages de 5 villages. Ce
choix est guidé par la contrainte financière et le temps imparti
à cette étude. La répartition est la suivante :
Tableau 0.1 : Constitution de notre échantillon
d'études
|
Localités
|
Populations résidentes
|
Ménages i enquêter
|
Proportions
|
Secteur communal
|
Méagui
|
3282
|
3282*10%
|
|
328
|
328/586 * 100 55,97%
|
Touagui 2
|
753
|
753*10%
|
|
75
|
75/586 * 100 12,80%
|
Secteur non communal
|
Oupoyo
|
1291
|
1291*10%
|
|
129
|
129/586 * 100 22,01%
|
Robert-Porte
|
222
|
222*10%
|
|
22
|
22/586 * 100 3,75%
|
Gnititouagui 2
|
323
|
323*10%
|
|
32
|
32/586 * 100 5,46%
|
|
5871
|
586
|
|
|
100,00%
|
Source : (I.N.S., 1998)
-Choix des acteurs
L'approche par l'acteur est privilégiée pour
confronter les logiques et les pratiques antagonistes. Les données ont
été recueillies auprès des producteurs, des
commerçants grossistes, des détaillants et des chauffeurs ou
propriétaires de véhicules. Le choix de réaliser trois
types d'enquêtes s'explique par la complexité de l'objet et de la
société étudiée et le souci de contribuer au mieux
à la compréhension du système.
- L'enquête auprès des grossistes : Pour
étudier les réseaux, nous avons considéré
comme
grossistes dans les différentes filières, ceux qui font
le va-et-vient entre les zones de produc-
tion et la ville de Méagui d'une part et les
marchés Abidjanais d'autre part. De manière
générale, il s'agit de 12 commerçants grossistes choisis
à partir du nombre de déplacement et qui travaillent avec
plusieurs partenaires en ville ou à la campagne. Nous n'avons pas retenu
le chiffre d'affaires dans la mesure où cela était impossible
à établir avec la méme fiabilité pour tous les
commerçants mais plutôt le type de produits commercialisés,
la zone d'approvisionnement, le marché fréquenté, le
nombre de chargements par semaine effectués dans les lieux de collecte
pour approvisionner un marché.
- L'enquête auprès des détaillants inclue
les vendeuses de rue, il s'agissait de mieux cerner les pratiques de survie des
populations urbaines les plus pauvres. Pour cette catégorie d'acteurs,
il n'y avait pas de base de sondage possible pour l'effectif des vendeurs
à enquêter ou la taille de l'échantillon. Parce que la
majeure partie de la population de la ville pratique cette activité,
nous avons optés pour un échantillon par grappes en retenant
comme critère d'échantillonnage le produit vendu, le
marché fréquenté à Méagui et l'importance du
commerce des vivres frais sur le marché considéré. Nous
avons enquêtés 180 acteurs.
- L'enquête auprès des chauffeurs et des
propriétaires de véhicules de transport reflète leur
rôle fondamental. En raison de la grande mobilité de ces acteurs,
nous avons utilisés la technique des échantillons
stratifiés en fonction de la catégorie de transport (transport
urbain, interurbain ou entre la ville et les villages) et de la zone
fréquentée (axe Soubré-Méagui ou axe Méagui
San-Pédro). Cette enquête a été
complétée par des entretiens avec les autres auxiliaires de
transport (chargeurs, déchargeurs, pousseurs et porteurs). Leur nombre
est de 45 acteurs repartit dans les cinq localités d'étude.
2.2.2. Outils d'enquête
-L'interview
Nos interlocuteurs sont aussi bien des responsables, agents
des services publics et privés que des particuliers dont les
activités professionnelles ont trait à la production agricole,
à la distribution et à la commercialisation des produits
vivriers. Les instruments utilisés pour cette enquête sont un
guide d'entretien et un questionnaire.
La première phase a concernée
les autorités politiques, les services administratifs et techniques
locaux pour avoir des informations sur les acteurs du vivrier et les
infrastructures (des marchés et voiries). Mais également sur la
gestion des marchés de Méagui, comprendre les enjeux de pouvoir.
Pour ces autorités, les lieux visités et les acteurs
rencontrés sont :
· La direction régionale de l'agriculture et des
ressources animales (le Directeur)
· La mairie (le Maire)
· L'agence de l'A.N.A.D.E.R.-zone de Méagui et le
C.N.R.A. (Des agents de terrain)
· L'agence locale de l'O.C.P.V. de Méagui (le
Directeur et deux enquêteurs)
· Les coopératives (2 responsables et des
membres)
Les questions ont concerné l'identité et
l'entrée dans l'activité, le mode d'approvisionnement, la vente
des produits vivriers et les problèmes rencontrés au cours des
transactions dans la filière vivrière.
La seconde phase s'est déroulée
auprès des acteurs de la filière pour avoir des informations
relatives à leurs activités. Pour la visite dans les
différents villages, notre contact sur place, un professeur d'anglais
à faciliter notre insertion. En effet certaines réticences ou
méfiances peuvent être observées. Un questionnaire à
été administré à ces différents acteurs. Ce
sont : Les producteurs de vivriers ; Les transporteurs ou propriétaires
agricoles ; Les commerçants grossistes ; Les commerçants
détaillants.
-L'inventaire
L'inventaire a été nécessaire pour
connaître les différentes activités liées à
la filière du vivrier, le nombre de marchés urbains et ruraux de
la région. L'agent enquêteur de l'O.C.P.V. a permis de faire un
inventaire des produits vivriers sur le marché de Méagui et de
Robert-Porte. Cela a servit à élabore un fiche des prix (bas -
moyen - élevé) et aussi d'avoir une idée du nombre de
commerçants. De plus, la liste de grossistes et de transporteurs fut
actualisée par rapport à celle détenus par la mairie. On
dénombre donc 12 grossistes dont 6 appartiennent à une
association sans dénomination et 45 transporteurs permanents.
-L'observation directe
Cette technique nous met en situation de spectateur. Elle nous
permet d'observer la composition sociologique des différents groupes
d'acteurs (producteurs, détaillants, grossistes) les faits et les gestes
quotidiens de notre population d'enquête. Sur les différents
corridors à l'entrée de la ville, le contrôle douanier a
permis d'observer la présence dans les coffres à bagages, de sacs
de bananes plantain et de manioc embarqués depuis la veille. Sur les
routes de champs, des micros points d'achats bord champ sont présents et
segmentés soit par ethnies ou par parentés. L'utilisation des bas
fonds commence à prendre plus d'importance, mêlant
féculents et céréales. En effet, une année avant
lors des entretiens exploratoires et la situation sous nos yeux justifie cette
affirmation. Des photos illustratives ont été prises.
3. Traitement et analyse de données
Ce processus comprend deux étapes : la première
concerne l'organisation et la seconde relève de l'interprétation.
Dès l'étape de l'organisation des données, des
décisions ont été prise pour repérer ce qui
s'avère signifiant dans les propos qui ont été tenus lors
des entretiens. Les indicateurs statistiques simples permettent de
caractériser les tendances et de mesurer de manière
synthétique leurs répartitions. Toutes les informations sont
intégrées dans la rédaction du travail et
présentées parfois sous forme de tableaux statistiques, des
diagrammes ou des graphiques. Avec le développement de l'informatique,
des logiciels spécialisés en analyses qualitatives de
données aident à cette tâche. De la mise en forme du
questionnaire jusqu'aux tableaux statistiques, le progiciel
Sphinx2 Lexica V5 a été
utilisé. Si on est bien d'accord pour admettre que l'approche
géographique se fonde sur le paysage et que son outil d'excellence est
la carte, on comprendra que l'ensemble de la connaissance et que la
réflexion du géographe passent à un moment ou un autre par
la cartographie, ce qui implique une absolue rigueur dans la fabrication et le
maniement de la carte. A cette fin, la conception des cartes a
été confiée au Laboratoire de Traitement de l'Information
Géographique (LA.T.I.G.). De manière à savoir ce qui, de
son interprétation, relève d'une lecture sans incertitude et ce
qui relève d'une lecture spéculative dont les leçons
doivent être balisées (René de Maximy 1995, p 112).
DIFFICULTES RENCONTREES
Une contingence majeure à été
l'information auprès des administrateurs de la ville et des
ministères détachés. Obtenir une carte de la ville
était quasiment impossible. Celle qui était proposée date
de 2004 et des localités d'étude n'y figure pas (Gnititouagui 2
et Touagui 2). Ce handicap a été une difficulté majeure
dans le travail. Mais comme dans le sujet, « Méagui » doit
être compris comme une région et non la ville de Méagui,
cela a permis de pallier cette contrainte.
1ère PARTIE
POTENTIALITES ET DISPONIBILITES
DES PRODUITS
VIVRIERS À MEAGUI
Que par définition la géographie fasse de
l'espace terrestre l'objet méme de ses recherches, est une
évidence qui n'est mise en doute par personne. Notre espace
d'étude est la région de Méagui dont nous
présentons l'historique et la situation géographique dans le
chapitre 1.
Création continue de la société, la
région de Méagui est un produit social qui se reproduit en
s'adaptant au cours des générations. Il a connu des mutations
mais c'est l'action humaine, surtout celles des populations immigrées
qui a remis en cause l'ordre sur lequel s'est fondée cette symbiose
entre les populations Bakwé et leur espace. Il sera
présenté dans le chapitre 2, les potentialités naturelles,
humaines et économiques de la région de Méagui.
Le milieu s'est adapté à la mise en place du
peuplement. Des activités de production et des moyens de circulation se
sont mis en place pour assurer la vie des hommes qui exploitent cet
aménagement particulier. Dans le chapitre 3, il est mis en exergue la
production vivrière de la région.
Chapitre 1 : CREATION ET SITUATION GEOGRAPHIQUE DE
MEAGUI
Le contexte historique de la zone va prendre en compte le
peuplement de Méagui. Il s'agit ici de voir les circonstances du
peuplement, les mouvements de migrations vers la zone d'étude, et
l'avènement du site de Méagui.
1.1. Création du site
Le peuplement de Méagui été le fait d'une
volonté politique du pouvoir en place d'alors. En effet, jusqu'à
l'avènement des indépendances en 1960 la localité
était encore une zone isolée et impénétrable. A
l'origine, Méagui était l'un des cantons de la subdivision de
Soubré, et cette subdivision était composée des cantons
Brokoua, Akuya, Bogouo, Lobre, Kousier, Guibouao et le canton Bakwé. La
population autochtone Bakwé est rattachée au groupe linguistique
Krou originaire du Nord et du Nord-est de la Côte d'Ivoire actuelle. Les
populations autochtones Bakwé y vivaient de façon
dispersée dans ce vaste espace forestier. Cet espace leur sert en fait
plus de domaine de chasse que de territoire de cultures. D'ailleurs la taille
des regroupements était de vingt (20) à trente (30) individus au
maximum (Schwartz 1993, p 97). Après les indépendances, il y eut
une volonté politique de développer toute la zone
forestière du Sudouest dont fait partie Méagui. Des politiques de
développement ont été mises en place à travers
l'A.R.S.O. (Autorité pour l'Aménagement du Sud-ouest). Dès
1965, un pont reliant Soubré et partant du reste du réseau
national a été créé ; ce qui permettait
désormais un accès facile à cette zone. Ainsi, des
sociétés d'exploitation s'y sont implantées à
travers les scieries. Cependant, pour le fonctionnement de ces
sociétés, d'autres populations ont été
sollicitées compte tenu de la faible densité des populations
autochtones. De plus jusqu'en 1965, la localité de Méagui ne
connaissait aucun développement en matière d'infrastructures.
Cette absence va rendre difficile la commercialisation du cacao et du
café, pourtant introduits dès le début du siècle.
Il était nécessaire de repeupler cette zone avec d'autres
populations afin que celle-ci bénéficie des infrastructures.
Ainsi, la zone de Méagui a commencé à
enregistrer la présence des étrangers car « ils
étaient de préférence la meilleure
main-d'oeuvre des chantiers et la plupart avaient enregistrédes engins
». Les Bakwé occupés par les activités de
navigation, et aussi, de peur qu'un pro
blème de cohabitation se
pose, n'ont pas voulu accueillir les chantiers. Alors les chantiers se
sont
construits en dehors des sites d'accueil qui sont les villages Bakwé.
Les employés de ces
chantiers étaient composés à
90% d'étrangers non Ivoiriens. Dans ces conditions la région
va
connaître une forte émigration des jeunes actifs masculins.
Un peu plus tard, les employés ont
créé un marché dans leur zone
d'habitation. Par la suite, il y a eu l'envie de créer un gros village
composé d'abord des employés des scieries. Le marché
étant devenu l'atout principal, les autochtones que sont le patriarche
Kato, ensuite la vielle Wawa, puis le vieux Kato Pierre ont eu besoin de se
déporter sur ce nouveau site qui est devenu aujourd'hui Méagui.
Cette forte émigration n'a pas favorisée une augmentation de
l'emprise foncière des terroirs autochtones. Elle n'a pas conduit non
plus la prise de conscience de la valeur de la terre et de la
nécessité de préserver l'avenir pour les jeunes
générations. La terre n'ayant jamais été une source
de revenus intéressants, on s'explique que certains villages aient
cédé des superficies considérables. On voit par
conséquent se dessiner les conditions d'une infériorité
économique des autochtones par la réduction de la capacité
de travail potentielle. Par ailleurs, le contrôle de leur es-pace par les
Bakwé est rendu très difficile par la faiblesse de la population,
sa mauvaise répartition, et la petite dimension des villages (60
à 80 hts en moyenne)7.
Aussi, faut-il rappeler que la facilité de peuplement
de la zone était liée aussi à des évènements
qui ont joué sur la psychologie des Bakwé. Il y avait d'abord la
guerre contre le fétichisme avec l'introduction de la religion
chrétienne à travers le Harrisme dans la période de 1965
et en 1970, la guerre du Guébié qui était des populations
voisines8 (Schwartz 1979a, p 67). Ensuite le souci de
bénéficier au développement pourrait être
considéré comme des facteurs explicatifs de l'acceptation et de
l'introduction de nouvelles populations dans la région. Enfin il fallait
donc coopérer avec le pouvoir en place, favorable aux Baoulé pour
régner sur son village. Ainsi des mobilités considérables
se sont faites observées dans la localité et les vagues
migratoires ont infiltré de façon progressive la zone de
Méagui. Ces vagues étaient constituées en grande partie
par les Akans notamment les Baoulé. Ils avaient été
aidés dans leur pénétration par les autorités
administratives en charge de la dite zone, et étaient à cette
époque tous d'origine Akan (Baoulé). Il s'agissait en effet du
moniteur de l'agriculture, originaires de Bocanda, du capitaine des eaux et
forêts, originaires de Sakassou, du sous-préfet originaire de
Bouaké. Le commandant de brigade et le juge étaient
également des Baoulé. Ainsi les mouvements de populations de
Bocanda (les Agba), de Sakassou (les Walèbo), de Bouaké (les
Fafouê) et un peu plus tard, ceux de Daoukro sont arrivés. Comme
on le re-marque, dans toute la zone de Méagui, beaucoup de campements
portent un nom Akan en
7 Schwartz, 1976, Le peuplement du canton
Bakwé en Mai 1975, Abidjan, ORSTOM.
8 Le lundi 27 octobre 1970, un groupe d'hommes d'une tribu
Bété -la tribu Guébié- de la région de
Gagnoa, monte à l'assaut d'un centre de regroupement Baoulé en
tenue de guerre traditionnelle. A leur tête, un jeune "intellectuel" de
la tribu, Gnagbé Opadjlé qui avait maintes fois manifesté
son hostilité au régime du Président Houphouet-Boigny.
souvenir du lieu d'origine. C'est le cas de Petit Bocanda, Petit
Daoukro, N'Drikro (en souvenir du sous-préfet d'alors).
C'est le canton Bakwé qui prend plus tard le nom de
Méagui en mémoire de l'ancêtre emblématique du nom
de ME. Méagui signifie donc les descendants de ME (unis par un
ancêtre commun, Méa). Au total, les stratégies mises en
place pour l'occupation de la zone de Méagui, à savoir le choix
des autorités de la zone et de leurs ethnies ont permis à la
population d'accueillir et de réserver dès les premières
heures un espace de communication favorable à l'installation des
étrangers. La pénétration de la zone de Méagui
s'est faite de façon violente sur la base de l'étranger
accueilli. Par ailleurs l'arrivée des populations a occasionné la
création du site de Méagui.
1.2. Situation géographique
La zone de recherche choisie est la localité de
Méagui. Elle est située dans la zone forestière de la
Côte d'Ivoire dans la région du Bas-Sassandra
précisément dans le département de Soubré. C'est
une localité issue de l'éclatement de la Sous-préfecture
de Soubré. Erigé en souspréfecture sous le décret
n° 86-1021 du 24 Septembre 1986 avec Grand-Zattry, elle couvre une
superficie de 2400Km2. La sous préfecture de Méagui se
limite, (voir figure 1.1) : Au nord par la Sous-préfecture de
Soubré, Grand Zatry et Buyo ; Au sud par la Sous-préfecture de
San Pedro ; A l'est, par les sous-préfectures de Okrouyo et de Sassandra
; A l'ouest, par les Souspréfectures de Grabo et de Taï (Parc
national).
La commune de Méagui est distante d'environ 440 Km de
la capitale économique Abidjan, de 270 Km de la capitale politique de la
Côte d'Ivoire, de 47 Km de Soubré son chef-lieu de
département et de 80 Km de San-Pedro, zone portuaire. Le décret
N°95-941 du 13 décembre 1995 organise la localité en commune
sur une superficie de 362 Km2 avec 11 quartiers dont Grutel,
Commerce, Kaboré Bila, Kato, Wawa, Bayard, Nogbolo, Bako, Netro, Kobiti,
Gbooulio. Les localités étudiées se situent au nord de la
sous-préfecture pour les villages de Robertporte et Oupoyo sur l'axe
Méagui-Soubré. Toujours au nord mais beaucoup plus proche de
Méagui (2 Km), on a le village de Touagui 2. Au sud, sur l'axe
Méagui San-Pedro, se trouve le village de Gnititouagui 2. Pour y
arriver, il faut d'abord descendre à Krohon puis emprunter une voie non
bitumée de 7Km pour y parvenir. Sur la carte ci-dessous, ces
localités ont été identifiées en rouge.

Figure 1.1 : Situation des localités
enquêtées
Conclusion du Chapitre 1
Après l'historique et de la situation des
localités qu'achève la carte ci après, on peut retenir
qu'une mutualisation ethnique est à l'origine de la création de
cette région. Il convient de passer en revue le potentiel de la
région sur le plan naturel, humain et économique.
Chapitre 2 : REGION AUX POTENTIALITES DIVERSES
La région de Méagui, grace à sa position
géographie bénéficie d'avantages naturels. Anciennement
forêt vierge et presque vide d'hommes, elle a connue une immigration de
populations avec diverses raisons comme le peuplement ou la
réinstallation ; le manque de mains d'oeuvres pour l'agro industrie et
une compétition foncière. D'où une diversité dans
la population. Chaque migrant se déplaçant avec son modèle
de société, il est rare qu'il choisisse un modèle
fondamentalement différent de celui qui a régi son univers avant
la migration. Ainsi chacun va exercer, en grande parti son ardeur
vis-à-vis de l'activité économique propice au milieu.
2.1. Potentialités humaines
La population est cosmopolite et on y distingue : des autochtones
(Qui est issu du sol même oüil habite, qui ne sont pas
venu par immigration ou ne sont pas de passage) comme les Bakwé ;
des allochtones (Qui proviennent d'un endroit
différent). Parmi ceux-ci, il y a des allogènes (D'une origine
différente de celle de la population autochtone) comme les Baoulé
et les Etrangers (Non ivoiriens) comme les Burkinabé.
2.1.1. Composition de la population des
différentes localités
Les localités étudiées se situent au nord
de la sous-préfecture de Méagui pour les villages de Robert-porte
et Oupoyo sur l'axe Méagui-Soubré. Toujours au Nord mais beaucoup
plus proche de Méagui (2Km), on a le village de Touagui 2. Au Sud, sur
l'axe Méagui_ San-Pedro en empruntant une voie en terre (Gnititouagui
2). Leurs populations sont dans le tableau n°2 qui suit. De prime abord,
on peut voir que le cosmopolitisme ethnique de chaque village. Région de
peuplement car tardivement mise en exploitation, les autres ethniques y sont
venus pour leur part de terres.
2.1.1.1. Composition par ethnies
Dans la région de Méagui, différentes
ethnies sont représentées à des proportions variables. Le
tableau n°2 est une synthèse élaborée en tenant
compte des populations les plus représentatives des localités et
leurs incidences sur le vivrier. On peut distinguer trois classes : Les
Baoulés (81,83%), sont parmi les Ivoiriens les plus nombreux, qui
représentent la première classe ; Les Dioula (4,75%), les Agni
(3,04%) et les Senoufo (3,93%) et les Bakwé (3,53%) viennent en seconde
classe. Enfin, il faut noter la présence des Lobi (1,39%) et des
Bété (1,53%) pour l'igname et l'exploitation des bas-fonds et des
plaines en riz dans la dernière classe.
Tableau 2.1 : Ventilation des ethnies majoritaires dans la
région d'étude

Source : I.N.S, 1998
2.1.1.2. Composition par nationalités
Outre les Ivoiriens, on constate dans l'ensemble que les
Burkinabé sont les plus nombreux dans toutes les localités avec
un taux qui gravite autour de 20 à 30%. Ensuite viennent les Ma-liens et
le groupe des Togolais et des Béninois. Mais dans l'ensemble le rapport
Ivoiriens / non Ivoiriens est en faveur des Ivoiriens.

Figure 2.1 : Population des localités par
nationalités. (Source : I.N.S, 1998)
Á travers la figure 2.11, il est question de monter que
par lieux d'enquête, les Ivoiriens et le
Burkinabés sont les
plus important. Depuis que ce recensement a été effectué,
les chiffres ont
varié et tendent plus vers une égalisation
entre populations Ivoiriennes et Burkinabé à cause
des taux de natalité individuel et de l'immigration. En
relation avec la première hypothèse, ce sont ceux-ci qui sont la
locomotive de l'activité agricole dans la région.
2.1.2. Évolution démographique
Grande bourgade bâtie au milieu de plantations de
café et de cacao dans l'ouest forestier de la Côte d'Ivoire,
Méagui a connu une démographie galopante, en raison de ses terres
fertiles qui ont attiré des allochtones de la savane, mais surtout des
étrangers des pays frontaliers du nord. Selon l'I.N.S., la région
avait une densité de 0,8 habitants /Km2 en 1965. Dix ans
après, Méagui avait une centaine d'habitants pour une
densité de 4,6 habitants /Km2. On remarque que la
densification de l'espace comme déjà. Avec les différents
recensements, la population estimée à 7684 habitants en 1988
(population urbaine : 1561 et population rurale : 6123) avec une densité
de 41,5 habitants /Km2 est passée à 15998 habitants en
1994 (source I.N.S.). Actuellement la sous-préfecture de Méagui
selon les chiffres du dernier recensement de l'habitat en 1998, compte environs
211.917 habitants pour une superficie de 2562 Km soit 82 habitants au
Km2. En pratiquement trente ans (1965 - 1998), la densité de
la population a été multipliée par cent. Les trois
tableaux 2.2 ; 2.3 et 2.4 qui suivent sont une synthèse qui
élimine les valeurs aberrantes.
Tableau 2.2 : Recensement général en pays
Bakwé - A.R.S.O. 1972
NATIONALITES
|
|
Proportion relative de chaque acteur
|
BENIN
|
5,45%
|
5,45%
|
BURKINA-FASO
|
15,85%
|
15,85%
|
IVOIRIEN
|
71,13%
|
AGNI
|
0,76%
|
0,54%
|
BAOULE
|
62,32%
|
44,33%
|
BAKWE
|
1,63%
|
1,16%
|
BETE
|
15,07%
|
10,72%
|
DIOULA
|
16,88%
|
12,00%
|
LOBI
|
0,04%
|
0,03%
|
SENOUFO
|
3,30%
|
2,35%
|
MALI
|
7,46%
|
7,46%
|
TOGO
|
0,12%
|
0,12%
|
TOTAL
|
100,00%
|
Source : A.R.S.O. 1972
Tableau 2.3 : Recensement général en pays
Bakwé - A.R.S.O. 1975
NATIONALITES
|
|
Proportion relative de chaque acteur
|
BENIN
|
0,22%
|
0,22%
|
BURKINA-FASO
|
12,24%
|
12,24%
|
IVOIRIEN
|
76,67%
|
AGNI
|
0,54%
|
0,41%
|
BAOULE
|
58,21%
|
44,63%
|
BAKWE
|
28,62%
|
21,94%
|
BETE
|
0,92%
|
0,70%
|
DIOULA
|
9,06%
|
6,95%
|
LOBI
|
1,00%
|
0,77%
|
SENOUFO
|
1,66%
|
1,28%
|
MALI
|
9,27%
|
9,27%
|
TOGO
|
1,60%
|
1,60%
|
TOTAL
|
100,00%
|
Source : A.R.S.O. 1975
Tableau 2.4 : Recensement général en pays
Bakwé - I.N.S. 1998
NATIONALITES
|
|
Proportion relative de chaque acteur
|
BENIN
|
0,71%
|
0,71%
|
BURKINA-FASO
|
29,24%
|
29,24%
|
IVOIRIEN
|
62,42%
|
AGNI
|
3,04%
|
1,90%
|
BAOULE
|
81,83%
|
51,08%
|
BAKWE
|
3,53%
|
2,20%
|
BETE
|
1,53%
|
0,95%
|
DIOULA
|
4,75%
|
2,96%
|
LOBI
|
1,39%
|
0,87%
|
SENOUFO
|
3,93%
|
2,46%
|
MALI
|
6,67%
|
6,67%
|
TOGO
|
0,97%
|
0,97%
|
|
TOTAL
|
100,00%
|
Source : R.G.P.H. 1998
On peut faire une comparaison entre les nationalités et
les ethnies. Avec les différents recensements, on constate que les
populations Baoulé dominent suivit de Burkinabé. Leurs
évolutions est progressive depuis la création du site de
Méagui.
2.2. Potentialités naturelles
La production dépend étroitement des effectifs
de population et de la capacité des groupes sociaux en présence
à mobiliser les hommes. Mais Sawadogo (1977, p 195 cité par
Chaléard 1996, p 51) souligne le vallonnement du modelé, dont les
paysans doivent tenir compte à l'échelle locale. Pour lui, c'est
le climat beaucoup plus que le relief qui rythme la vie agricole et
définit l'éventail des plantes cultivées. C'est pourquoi,
évaluer la capacité paysanne à répondre au
défi citadin impose l'évocation des trois données qui
conditionnent la géographie agraire du pays : les précipitations,
la végétation, la formation géologique et le relief.
2.2.1. Les précipitations
Située dans la zone équatoriale, la
localité connaît quatre saisons (deux saisons sèches et
deux saisons de pluie) qui favorise des productions agricoles abondantes. La
première saison humide dure d'avril à juillet, elle est ensuite
suivie par une brève saison sèche en aoüt et septembre. Les
pluies recommencent en octobre et novembre. Survient alors la saison
sèche principale qui dure de décembre à mars inclus. A
part ce cycle général, l'intensité des saisons varie
considérablement du Sud au Nord. En effet, la localité
bénéficie d'un climat véritablement humide avec une
pluviométrie très élevée (2000 mm de pluie en
moyenne) qui rythme bien la vie des planteurs et les travaux champêtres.
Les données sur la situation pluviométrique proviennent des
relevés effectués par le service de la météorologie
de la société d'exploitation et de développement
aéroportuaire, aéronautique et météorologique
(SODEXAM) dans la moitié
Sud. Nous avons choisi ces deux localités car elles
encadrent bien notre région d'étude et c'est dans ces villes que
se trouvent les stations les plus proches. A Tabou (Sud-ouest) la
pluviométrie en 2009 est supérieure à la normale pour les
mois de février- avril, et inférieure pour le reste des mois. De
façon générale, le cumul des précipitations pour la
même période (Janvier - Septembre) montre que l'année 2009
connait un déficit important par rapport à la normale et à
un degré moindre par rapport à l'année 2008.

Figure 2.2 : Précipitation dans le Sud Ouest de la
Côte d'Ivoire ; Station pluviométrique de Tabou (Source :
SODEXAM 2009)
A Gagnoa (Centre Ouest) la pluviométrie en 2009 est
supérieure à la normale pour les mois de janvier, février,
mars, avril, et inférieure pour le reste des mois. De façon
générale, le cumul des précipitations pour la même
période (Janvier - Septembre) montre que l'année 2009 est
excédentaire par rapport à la normale et déficitaire par
rapport à l'année 2008. En plus de ces données, celles
recueillies lors de nos enquêtes auprès de producteurs nous disent
que cette année, il n'a pas plu et non seulement ça mais les
périodes ont changé.

Figure 2.3 : Précipitation dans le Centre Ouest de la
Côte d'Ivoire, station pluviométrique de Gagnoa. (Source :
SODEXAM 2009)
2.2.2. Les formations géologiques et le
relief
Du point de vue géologique, la région Sud-ouest
fait partie du socle précambrien du continent africain, qui se compose
principalement de roches granitiques, de schistes et de flyschs (formation
détritique essentiellement constituée de grès, de schistes
et de bancs calcaires). Plus précisément des sols ferralitiques
moyennement desaturés, sols remaniés modaux avec faciès de
recouvrement (Atlas de Cote d'Ivoire 1976). Ces sols se retrouvent en
général sous forêt ombrophile.
Le relief est constitué de nombreux bas-fonds qui sont
à la base de nombreuses productions vivrières. On y note
également des plateaux qui dominent en général tout le
terrain avec la présence de quelques collines.

Figure 2.4 : Localisation des sols de la région.
(Source : ATLAS de Cote d'Ivoire, 1976)
2.2.3. Végétation
Quant à la végétation, elle était
caractérisée par la forêt dense et occupait la
quasi-totalité de la zone. Mais aujourd'hui cette vaste forét a
fait place aux jachères et aux cultures pérennes,
hévéa au nord et cacao au sud. Dans l'éventail des
cultures adoptées par les paysans, les principaux atouts demeurent la
longueur de la période végétative et la grande
diversité de plantes cultivables. Le maïs d'abord, qui demande 600
mm répartis sur un cycle de 120 jours et peut assurer deux
récoltes par an. Le manioc ensuite, dont l'optimum pluviométrique
se situe entre 1 200 et 1 800 mm et dont les faibles exigences quant à
la qualité des sols en font une des plantes les plus répandues.
L'igname, en raison de l'existence de multiples variétés aux
besoins différents : les unes à cycle long, de 8 à 10 mois
réussissent dans le centre et le sud du pays. Le riz, qui exige plus de
1 000 mm de pluie pendant la période végétative se cultive
sur plusieurs formes (riz de bas fond, de plateau, irrigué). La banane
plantain et le taro, qui à l'inverse exigent beaucoup d'eau, ne
prospèrent qu'entre Méagui et Soubré où les
précipitations dépassent 1 400 mm. Au total, en dépit de
l'inégale réussite des différentes cultures, il faut
souligner l'omniprésence des cultures maraîchères, des
fruits et des plantes oléagineuses. Elles apportent les
éléments essentiels à l'alimentation locale et offrant des
possibilités variées et souples de commercialisation en fonction
des conditions du marché. La pratique d'une polyculture
diversifiée, autorisée par la gamme étendue des espaces et
des variétés cultivables, trouve sa justification dans
l'importante instabilité des prix.
2.3. Potentialités économiques : une
prépondérance du secteur tertiaire
L'essor récent de Méagui repose sur la
densité des relations avec un milieu rural en pleine croissance
démographique. A cela, il faut ajouter la multiplication des centres de
collecte et de ré-collecte des productions agricoles et les
réexpéditions sur Abidjan qui affecte l'activité de la
région.
2.3.1. Le secteur primaire : activité
principale
Au début de la décennie 1970, l'activité
primaire est présente dans le Sud-ouest ivoirien sous deux formes
principales : l'agriculture, l'exploitation forestière. Le temps actuel
nous fait constater, avec le recul du couvert forestier que l'activité
forestière a pratiquement disparue.
- Agriculture : L'agriculture était l'activité
de base de la population autochtone. Les données démographiques
recueillies à la veille de l'ouverture du port de San Pedro nous montre
qu'en 1971, elle occupait 94,8 % des actifs masculins ruraux : 52,8 % a
l'exclusion de toute autre actifs, 42,0 % cumulativement avec une autre
activité, en particulier la navigation (Schwartz
1993, pp 44-45). Cette agriculture comprend deux volets : un
volet << culture vivrière », un volet << culture de
rente ». Le premier volet alimente largement une économie de
subsistance en assurant ici pleinement une fonction essentielle :
l'alimentation de la population. Le second entretient à travers les
cultures du cacao et du café, une économie commerciale.
Aujourd'hui, l'activité des cultures de rente demeure
dominante puisqu'elle créatrice de 80% du revenu monétaire.
- Exploitation forestière : C'est une activité
en disparition. La sylviculture, entendue ici comme la seule activité de
coupe du bois, à l'exclusion de toute transformation industrielle de
celui-ci employait en 1971, quelque 2000 travailleurs (Schwartz 1976, p 10). Il
s'agit là d'un secteur d'activité qui a pratiquement disparu dans
la zone. Il s'est déplacé plus au nord dans la région du
moyen Cavally.
2.3.2. Les activités secondaires
Ils comprennent les industries de transformation des produits
(comme les métiers du textile qui produisent du tissu à partir de
fibres végétales ou les activités
pétrolières qui transforment le pétrole brut en essence)
et le bâtiment (le BTP, ou bâtiment et travaux publics). À
une époque plus reculée, les industries avaient pour
matière première le bois. Une bonne revue et une cartographie
sont faites par (Schwartz 1976, pp 8-10). Cependant à l'heure actuelle,
il n'existe pas de véritable industrie à Méagui à
part quelques unités de transformation telles que la S.A.P.H. pour la
collecte du latex sur l'axe Méagui San-Pedro et quelques scieries de
très petites tailles.
2.3.3. Les activités tertiaires
Il est aussi appelé secteur des services. Il comprend
toutes les activités qui n'appartiennent ni au secteur primaire, ni au
secteur secondaire. On y inclut donc les métiers les plus divers : le
commerce, la restauration, les transports, les communications, les banques, les
assurances, les métiers de l'informatique, etc. C'est un marché
non construit de 2000 places dans le centre de la ville qui polarise l'ensemble
des activités de commerce. Le coté sud du marché se trouve
dans une zone délabrée. En plus de ce marché moderne, un
autre marché est en construction au quartier Bayard depuis 2000. Il y a
6 hôtels et de nombreux restaurants et auberge (maison, petit hôtel
simple, généralement à la campagne, où l'on trouve
à loger et à manger en payant). Le transport y est vraiment
intense. On y compte 8 associations de transporteurs et de nombreuses
compagnies de transport (15 gares). La ville possède deux
supermarchés, à côté desquels, il existe des grandes
boutiques. Le secteur des transports est la chasse gradée par les
Dioula et Burkinabé qui possèdent une grande
partie des véhicules. La commercialisation des produits importés
est dominée par les Dioula et Burkinabé. Ils monopolisent le
commerce du poisson, du riz, des tissus (friperies) et de produits
manufacturés.
Chez les petits artisans tels que les horlogers, les
mécaniciens, les coiffeurs, les menuisiers et notamment dans le domaine
de la confection vestimentaire (tailleurs et couturiers), la domination des
Baoulé est nette dans ces professions. Les vendeurs ambulants sont en
très grand nombre exerçant avec des brouettes, des pousse-
pousses et des bassines. Sur l'ensemble des localités d'enquête,
cette stratégie est utilisée pour échapper à la
taxation fantaisiste de la mairie et capter la majorité de la
clientèle qui est itinérante.
La répartition par secteurs d'activités qui suit
nous en donne un aperçu.
Tableau 2.5 : Répartition de la population de la
région par secteurs d'activités et par sexes.
|
MEAGUI
|
OUPOYO
|
ROBERT-PORTE
|
TOUAGUI 2
|
GNITITOUAGUI 2
|
ACTIVITES
|
Hommes
|
Femmes
|
Hommes
|
Femmes
|
Hommes
|
Femmes
|
Hommes
|
Femmes
|
Hommes
|
Femmes
|
Agriculture
|
36,93%
|
6,27%
|
86,95%
|
2,68%
|
61,13%
|
7,07%
|
92,73%
|
0,00%
|
75,63%
|
3,48%
|
Mine
|
0,02%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
Industrie
|
7,68%
|
3,49%
|
0,43%
|
0,67%
|
2,08%
|
1,29%
|
0,73%
|
1,36%
|
0,63%
|
0,20%
|
Bat & tp
|
2,89%
|
0,07%
|
0,28%
|
0,00%
|
3,56%
|
0,00%
|
0,36%
|
0,00%
|
0,16%
|
0,00%
|
Commerce
|
24,98%
|
23,14%
|
0,57%
|
0,50%
|
2,08%
|
6,43%
|
0,73%
|
1,36%
|
0,94%
|
4,30%
|
Service
|
15,81%
|
3,36%
|
1,84%
|
0,00%
|
0,59%
|
0,32%
|
0,36%
|
0,45%
|
2,04%
|
0,20%
|
Non classées ailleurs
|
4,75%
|
1,86%
|
0,14%
|
0,00%
|
28,19%
|
0,64%
|
2,91%
|
0,90%
|
14,31%
|
9,02%
|
Non defini
|
6,92%
|
61,80%
|
9,79%
|
96,15%
|
2,37%
|
84,24%
|
2,18%
|
95,93%
|
6,29%
|
82,79%
|
Total
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
100,00%
|
(Source : I.N.S, 1998)
Le tableau montrent que dans tous les secteurs
d'activités, les hommes sont en majorité les plus actifs. Toute
fois dans trois localités les femmes sont plus actives dans le commerce.
Cependant les « non défini » représentent une part, qui
dans les quatre localités exceptés Méagui vaut la
moitié de ceux qui appartiennent à un secteur d'activité.
Cela ne permet pas d'avoir une lisibilité par secteur. D'autre part, il
est à remarquer la grande proportion des femmes qui se retrouvent dans
des secteurs non défini. En réalité, la classification
officielle les reconnait comme n'étant pas inactives, sinon elle
l'aurait mentionnée mais n'arrive pas à trouver des
spécificités. Cela repose la problématique des indicateurs
de mesure globale pour appréhendé les phénomènes
qui ne rentrent pas dans leurs canons ou qui sont difficilement mesurable ou
qualifiable. En dépit de toutes choses, cela révèle que
les stratégies de survies sont diverses et variées.
Conclusion du chapitre 2
Obtenir une production vivrière dépend des
possibilités qu'offre la nature mais aussi et surtout de la vigueur des
hommes qui transforment ce lieu. La région de Méagui est un
espace cosmopolite avec pour les Ivoiriens, une importante de la population de
Baoulé dans tous les villages et pour les étrangers, une
domination des Burkinabés. Les facteurs naturels sont tous propices aux
cultures vivrières. A l'exception du commerce où les femmes sont
majoritaires, les hommes sont les plus représentatifs. De cette
conjonction d'éléments naturels et humains, nait une
diversité de production qu'il faut mettre en exergue.
Chapitre 3 : PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION
La récolte - parce qu'elle dépend d'une
multitude de paramètres qui n'évoluent pas nécessairement
selon les mêmes modalités (intensité, durée ou
fréquence) - est difficile à mesurer et anticiper. Et si les
exploitants eux-mêmes ont parfaitement conscience du climat d'incertitude
dans lequel ils évoluent, la sécurité des récoltes
et des approvisionnements reste souvent un objectif difficile à
atteindre.
3.1. Historique des potentialités
Jadis, affirment les vieux, << l'homme Bakwé
ne consacrait guère plus de 15 jours de l'année à
l'agriculture : la chasse et la cueillette constituaient les fondements de son
univers économique ». Aujourd'hui, l'activité agricole
occupe à << plein temps >> l'ensemble de la population en
âge de travailler. Une activité articulée à la fois
sur les cultures vivrières, à finalité de satisfaction des
besoins alimentaires quotidiens et sur les cultures de rentes à
finalité d'accès à un revenu monétaire.
L'économie de chasse et de cueillette ancienne sera
présentée avant d'évoquer les grands traits de
l'économie agricole nouvelle.
3.1.1. Une économie traditionnelle de chasses et
de cueillettes
La chasse était autrefois l'activité la plus
importante de l'homme Bakwé. Une activité dont les
finalités étaient multiples et difficilement dissociables, tant
sa pratique s'identifiait à un phénomène social total par
la diversité des significations qu'elle impliquait. Aller à la
chasse, la terminologie est explicite, c'était, en premier lieu,
«aller dans la forét» c'est-à-dire affilier une
présence dans un espace, marquer une emprise sur un milieu,
contrôler un environnement à défaut de le maîtriser
(Schwartz 1979b, p 67). Aller à la chasse, c'était, en second
lieu, lancer un défi à une nature hostile, aller sciemment
au-devant de quelque chose de dangereux; Aller à la chasse,
c'était enfin également remplir une fonction économique :
les défenses d'ivoire entraient dans la composition de la dot et
était un signe sublime de richesse (Schwartz 1993, p 86).
La cueillette - collecte de produits à la fois
végétaux et animaux sans intervention de techniques
spécialement élaborées, a laquelle nous ajoutons la
pêche - était par contre une activité féminine.
Tubercules et agrumes sauvages, feuilles, graines, fruits, escargots, larves de
chenilles... étaient ramassés par les femmes de manière
quotidienne et constituaient la base de l'alimentation. La péche
était pratiquée quand la viande de << brousse >>
faisait défaut. Les activités de chasse et de cueillette
étaient complétées par une très subsidiaire
activité de produc-
tion agricole, axée sur la culture du riz. C'est
à l'abattage des arbres de la parcelle destinée à recevoir
cette culture que l'homme consacrait les 15 jours annuels de travail. Le reste
des autres opérations, y compris la récolte, incombaient à
la femme. Une telle économie, pour se reproduire, avait de toute
évidence besoin de beaucoup d'espace. Par le biais de la chasse,
l'univers de vie quotidien du Bakwé s'étendait à des
dizaines de kilomètres de son village de base. Ce mode de vie
n'était reproductible que dans un contexte à la fois d'espace
abondant et de mobilité des hommes permanente.
3.1.2. Une économie moderne
d'agriculteurs-planteurs
La mise en place de l'appareil colonial va mettre fin à
l'économie Bakwé traditionnelle. L'une des conditions
indispensables à la reproduction de celle-ci, la mobilité
spatiale, était totalement incompatible avec la politique de
stabilisation, voire de regroupement, des populations que l'autorité
nouvelle entreprit de promouvoir avec vigueur dans cette région. La
généralisation de la crise actuelle et la durée de plus en
plus prolongée entre la période d'inactivité avant un
éventuel recrutement poussent les acteurs sociaux (les jeunes surtout)
à développer de nouvelles stratégies. La capacité
des acteurs des secteurs libéraux à résister ont convaincu
les jeunes de la précarité de l'emploi salarié. Dans cette
logique, ce qu'il est convenu d'appeler la débrouille permet aux
compressés, aux diplômés sans emplois et notamment
à la population féminine « de gagner un peu d'argent ».
Ceux-ci par leur arrivée accentuent le caractère marchand des
activités agricoles et y apportent une certaine modernisation issue de
leur éducation scolaire.
De plus, les petits producteurs de vivriers doivent composer
avec deux aléas : une diminution progressive du volume annuel des
précipitations comme l'atteste les Figures 2.12 et 2.13 des stations de
Gagnoa et de Tabou, et la grande variabilité de leur répartition
inter et intraannuelle. On y observe ainsi, d'une année à
l'autre, d'importants écarts par rapport à la nor-male et des
fluctuations temporelles non négligeables dans le démarrage de la
saison des pluies. Il est, par conséquent, très difficile, pour
le producteur vivrier de prévoir la date optimale des premiers semis. De
même, la répétition et la durée du creux
pluviométrique entre les deux saisons pluvieuses constituent une autre
source d'incertitude puisque ce phénomène intervient en pleine
maturation des deux principales cultures locales, l'igname et le manioc.
3.2. Nature et niveau de production
vivrière
3.2.1. Nature des produits vivriers
Les cultures vivrières sont nombreuses en Côte
d'Ivoire. On les classe souvent en cinq groupes. Ainsi, à partir des
données de l'A.N.A.D.E.R. et ceux de l'O.C.P.V..9, nous
classons ces produits de la façon suivante :
-Les céréales sont des plantes cultivées
pour leurs graines comestibles. Leurs grains sont très riches en «
sucres lents » (glucides complexes) : ils en renferment entre 60 et 85 %.
On les mange soit cuits directement, soit broyés en farine (farine de
blé, d'orge, de riz, etc.) avant d'être transformés en
pains, en galettes ou en pâtes. Les céréales les plus
cultivées sont le blé, le riz, le maïs.
-Par féculents, il faut voir les aliments qui
contiennent de la fécule10 qui est une substance blanche et
farineuse composée d'amidon. C'est pourquoi nous considérons
comme féculents : les racines (patates), les tubercules (igname, taro)
et la banane plantain ;
-Les oléagineux, plantes dont les graines ou les fruits
sont riches en corps gras. Les oléagineux se rencontrent dans les
régions tropicales, c'est le cas de l'arachide, du palmier à
huile, du cocotier, la pistache, le akpis et dans les pays
tempérés, soja, tournesol.
- Les cultures maraîchères : la tomate,
l'aubergine, le gombo, le piment, le concombre... et certains condiments enfin
qui entrent, à des titres divers, dans la préparation des sauces
accompagnant les aliments de base.
Il convient de souligner combien cette liste est relative et
est propre aux vivriers rencontrés dans la région de
Méagui. Le tableau qui suit donne un aperçu de
spéculations vivrières selon l'A.N.A.D.E.R. les exploitants
pratiques la polyculture et donc sont dans le decompte des paysans qui ont des
feculents et ceux qui ont des fruits par exemple. Il est donc difficle de
vouloir mesure une quelconque productivité.
En termes de proportion, les fruits (25%) et les
céréales (21%) ont presque les mêmes proportions dans
l'intensité de cultures. Les féculents dominent (41%) avec deux
fois plus de portions que les fruits ou les céréales. On est dans
une région qui est favorable à leurs cultures. Les légumes
(3%) sont en proportions très faibles certainement à cause de ce
que les plaines et les bas-fonds propices à leurs cultures ont
été utilisés à des fins rizicoles.
9 Les résultats de ces observations ont
été confirmés par la consultation des certificats de
provenance établis par l'O.C.P.V.
10 Dictionnaire Petit Robert 2009
Tableau 3.1 : Superficies des spéculations par nombres
d'exploitants et par production
SPECULATIONS Superficie (Ha) Nombre d'exploitants
Production(T)
|
FECULENTS
|
Banane plantain
|
1212,00
|
134,00
|
79
|
Igname
|
3729,20
|
415,00
|
299
|
Patate
|
153,00
|
223,00
|
27
|
Manioc
|
291,30
|
576,00
|
256
|
Total féculents
|
5385,50
|
1348,00
|
661,00
|
CEREALES
|
Riz de bas-fond
|
324,00
|
69,00
|
67,32
|
Riz de plateau
|
103,40
|
12,00
|
12,00
|
Riz irrigué
|
381,00
|
45,00
|
41,12
|
Maïs
|
1937,50
|
497,00
|
198,30
|
Total céréales
|
2745,90
|
623,00
|
318,74
|
LEGUMES
|
Aubergine longue violette
|
78,00
|
231,00
|
Non Défini
|
Aubergine
|
90,00
|
113,00
|
34,00
|
Piment
|
321,30
|
26,00
|
13,00
|
Courgette
|
121,10
|
33,00
|
Non Défini
|
Chou
|
99,20
|
42,00
|
55,80
|
Tomate
|
259,20
|
94,00
|
13,00
|
Concombre
|
189,70
|
56,00
|
11,00
|
Gombo
|
176,34
|
69,00
|
9,00
|
Total légumes
|
1334,84
|
664,00
|
135,80
|
OLEAGINEUX
|
Graine
|
87,70
|
15,00
|
Non Défini
|
Coco
|
23,40
|
12,00
|
Non Défini
|
Arachide
|
294,20
|
88,00
|
112,40
|
Total oléagineux
|
405,30
|
115,00
|
112,40
|
FRUITS
|
Papaye solo
|
67,20
|
21,00
|
22,70
|
Mangue
|
679,70
|
34,00
|
32,10
|
Orange
|
2370,00
|
127,00
|
Non Défini
|
Citron
|
189,00
|
45,00
|
6,00
|
Gingembre
|
29,70
|
11,00
|
3,00
|
Total fruits
|
3335,60
|
238,00
|
63,80
|
(Source : A.N.A.D.E.R., Septembre 2009)
3.2.2. Production vivrière à
Méagui
La mise en valeur de l'exploitation est relativement et
uniformément dominée par les vergers de cacaoyers et de
caféiers. Mais les planteurs doivent aussi assurer leurs autonomies
alimentaire pour cela, ils associent productions vivrières et
plantations arbustives. La première année sur défriches
forestières, ils plantent d'abord les espèces vivrières
comme les féculents qui serviront d'ombrage aux jeunes arbustes mis en
terre par la suite. Chez le Baoulé d'Oupoyo et Gnititouagui 2, l'igname
vient presque toujours en tête d'assolement : 77,4 % des surfaces
semées ou plantées l'année du défrichement le sont
en igname, contre 21 % en d'autres vivriers et 1,6 % en arbustifs.
D'après nos enquêtes portant sur les exploitations, quatre types
de
production sont particulièrement vendues : la banane
plantain, l'igname « tardive », le manioc et les fruits (oranges et
avocats). Viennent ensuite le riz et le maïs.
En fonction des groupes ethniques en place, on peut distinguer
une spécialisation. Les Baoulé sont les principaux vendeurs
d'igname dont ils sont également gros consommateurs et qu'ils plantent
systématiquement en première année sur défriche
avant les cacaoyers. Les allochtones (les Baoulé en grande partie, 67%)
mettent en semence des quantités non négligeables de manioc et de
maïs plantés en général après le riz, sur la
même parcelle. Les Dioula et les Burkinabé commercialisent le riz
et le maïs dont ils sont consommateurs. Ils font des champs
séparés des plantations arbustives. Un fait remarquable surtout
à Méagui est la sous utilisation des bas-fonds pour la culture du
riz. Les dépenses à effectuer dans le riz jusqu'à sa
récolte est plus élevée que l'achat du riz importé
est la principale raison évoquée par les Bakwé et
Baoulé propriétaire de bas-fonds. Selon un agent de
l'A.N.A.D.E.R., « cette pratique n'est pas dans leurs habitudes
culturales et alimentaires ». Il poursuit pour dire que ce sont les
Bété de Soubré qui s'intéressent à ces
bas-fonds. Des propriétaires de champs leur loués des parcelles.
Il explique que la location se fait tout de même dans une proportion
encore très faible. A cela, il faut dire qu'en ce qui concerne le
vivrier, les ressortissants de la C.E.D.E.A.O ont de terres qu'ils louent ou
échangent, ce qui leur permet de développer le riz (pluvial,
irrigué et de plateau). De plus comme la majorité de leurs
progénitures fréquente l'école coranique, ils servent pour
la plupart comme main d'oeuvre dans les bas fonds à proximité et
à l'intérieur des localités. Outre tous ces aspects, ils
détiennent 89% des unités de décorticages visités
dans l'ensemble des cinq (5) localités d'étude. On comprend donc
qu'ils contrôlent la filière des céréales.

Figure 3.2 : Volume de production des spéculations par
superficies et par exploitants (Source : C.N.R.A., Mars 2010)
La principale plante utilisée sur les défriches
forestières est le bananier. Toutefois, si la banane plantain est la
production la plus répandue, l'agriculture vivrière est d'abord
une poly-culture. A côté de la banane, beaucoup d'autres
espèces sont cultivées, par les agriculteurs euxmêmes et
surtout par les femmes qui plantent de denrées comme le gombo, le
piment, la to-mate qu'elles commercialisent ensuite. En outre, dans de
nombreuses parties de la région (Gnititouagui 2), les sols paraissent
peu favorables à la banane qui ne produit correctement que la
première année. Sur les parcelles sont presque toujours
associées ignames précoces et tar-dives, ignames de savane et de
forêt. L'association la plus fréquente est le << lokpa
>> et le << bete-bete >>. La présence de l'igname
précoce « lokpa » s'explique par la préférence
alimentaire que lui porte les Baoulé, mais aussi parce qu'elle offre
l'avantage de donner deux récoltes, l'une en septembre pour la
consommation, l'autre en décembre, utilisée le plus souvent comme
plant pour l'année suivante et pour les fetes. De plus, elle est
immédiatement consommable, alors que le << bete-bete >>, par
exemple, doit sécher plusieurs mois sur claie pour acquérir la
fermeté souhaitée. La culture de plusieurs variétés
montre la prudence des paysans face à un milieu qu'ils ont conscience de
mal maîtriser : les ignames réussissent inégalement selon
les sols, et les variétés permettent d'étaler la
récolte et de limiter les risques d'échec. Enfin, l'igname permet
d'accueillir des arbustifs (cacao ou hévéa) dès le mois
d'avril, alors qu'il faut attendre la récolte (septembre) pour disposer
librement d'un terrain semé de riz par exemple. L'association
banane-patate est fondamentale. Elle est le plus souvent plantée
dès la première année, en association avec l'igname sur
86,6 % des surfaces selon un agent de l'A.N.A.D.E.R. Avec 61,5 % des surfaces
vivrières des plantations, elle permet en association avec la patate
d'assurer une aide alimentaire aux élèves11 pendant
les périodes des petits congés. L'igname pénètre la
forét, avec des rendements équivalents (buttes plus
espacées mais plus productives), partout où il y a des paysans
baoulé, qu'ils constituent le fond autochtone du peuplement, comme dans
la région de (...) de Soubré (Haeringer 1972, p 204)
Le manioc, en plantation spécifique et unique est
modeste (33 ha) et ne couvre que 34,2 % de la superficie vivrière
annuelle. Deux grands types existent dont << le manioc de Bonoua >>
pour la consommation directe et << le manioc Blanc >> qui est
transformé en attiéké12,
11 Cela concerne surtout les élèves qui louent des
maisons et qui font la navette entre le village et leurs lieux de
fréquentation.
12 Sorte de couscous de manioc. Le manioc est
épluché, lave à plusieurs eaux, réduit en farine,
presse (après ajout d'une petite quantité d'huile et de manioc
fermenté, le magnan), séché, vanné et cuit à
la vapeur dans un canari ou un couscoussier.
placali13 avant utilisation. Il est toujours en
association avec une autre culture à cause de son utilisation comme
culture de soudure sur le plan nutritionnel et financier. Il est présent
toute l'année et indifféremment planté par tous les
agriculteurs. Le manioc a pris de l'importance dans l'alimentation et est
consommé sous différentes formes nourriture et
médecine.
Dans toutes les zones, le riz (surtout le riz pluvial) occupe
une place importante au niveau des cultures vivrières, car c'est souvent
l'aliment de base de ces différentes populations. Le choix du riz comme
culture principale d'appoint dépend aussi de la présence de
nombreux bas-fonds, des possibilités d'extension de la plantation
(alternative aux blocages fonciers) et des disponibilités en
main-d'oeuvre pour la confection des buttes. Le maïs (3,9 % de la
superficie vivrière annuelle) est présent en culture pure, mais
on le trouve fréquemment en association avec l'igname dans 63% des cas.
Les ventes sont faibles à Méagui car la majeure partie de la
production est autoconsommée. Le riz importé étant plus
cher, les planteurs préfèrent garder leurs productions en les
conservant dans des greniers aménagés initialement pour l'igname
et le maïs, mais aussi pour le riz. Mais actuellement les planteurs
commencent à multiplier les champs de riz dans les bas-fonds. En
dépit de cela, cette riziculture de bas-fonds n'a pas la même
importance partout. Le problème est de savoir comment développer
cette forme de riziculture dans les différents villages.
Légumes et cultures maraîchères,
très variés, sont, comme en pays baoulé, présents
dans toutes les associations culturales. Servant à confectionner les
sauces, ils peuvent être aussi vendus. Les superficies qui y sont
consacrées sont très modestes sauf pour la tomate. A en juger par
le Figure 3.2, ils sont tous dans des proportions semblables et la culture de
l'un n'est pas privilégier par rapport à celui de l'autre. Une
lecture des données du C.N.R.A. fait constater que l'aubergine
malgré la non-utilisation des produits phytosanitaires a une
productivité plus élevée. Le maïs est aussi la seule
culture alimentaire importante à couvrir l'ensemble du territoire
ivoirien, sans qu'il soit besoin, pour l'affirmer, de prendre en compte
l'apport des mouvements migratoires actuels (Haeringer 1972, p 206). Toute
ethnie la pratique.
Les fruits sont en quantité et en qualité
diverses en témoignent les agents du C.N.R.A.. C'est surtout dans la
zone entre Soubré et Méagui dans les campements des
localités d'Oupoyo et de Robert porte qu'on peut observer des champs de
3 à 5 ha associant orangers et
13 Pate molle de manioc, obtenue après grillage
des racines, épluchage, fermentation et enfin pilage.
avocatiers14. D'autres combinaisons comme
légumes (tomates, aubergines, gombos...) et fruits (mandarine, orange
avocat ...), les premiers étant à l'ombre des seconds existent.
De plus en ce qui concerne les éléments nutritifs, il y a une
certaine compensation ou complémentarité comme les avocatiers qui
puisent le trop d'eau nuisible aux tomates.
Par rapport à l'espace utilisé de
l'exploitation, les superficies vivrières diminuent avec les
années. Si, pendant les trois premières années de mise en
valeur la plantation est vivrière à 100 %, une plantation de 7
ans a, en moyenne, 38,5 % de sa surface en vivriers et une plantation de 12
ans, 21,9 % selon des parcelles témoins de l'A.N.A.D.E.R.
3.3. Evolution et nouvelles tendances
Pendant la phase pionnière d'économie de
plantation, les cultures vivrières et les caféiers et cacaoyers
sont co-plantés après le défrichement de la forêt ;
deux ou trois années plus tard, les cultures vivrières laissent
la place aux seuls caféiers ou cacaoyers. La production vivrière
est alors gênée par l'extension progressive des plantations.
Lorsque la forêt a disparu (blocage de l'extension des plantations), les
planteurs commencent à pratiquer un système vivrier à
jachère, soit sur une parcelle de forêt noire
préservé à cette fin, soit après l'abattage de
plantations de-venues improductives. La reconversion de l'économie
agricole villageoise conduit à une diversification des formes
d'insertion des cultures vivrières dans les systèmes de culture,
du fait soit d'une association (temporaire) ou d'une succession cultures
vivrières - nouvelles plantations, soit d'un maintien du système
à jachère. L'évolution n'a pas concerne uniquement les
modalités de l'insertion des cultures vivrières dans le terroir
villageois ; les cultures pratiquées ont également varié
dans le temps. A l'époque pionnière, le bananier plantain,
l'igname et le taro étaient les principales cultures d'autoconsommation,
donnant également lieu à des ventes ; le manioc -
variété amère - plante à faible densité dans
la parcelle d'igname était destiné uniquement à la
consommation familiale.
14 Selon les agents du C.N.R.A., cette zone couvre 27%
des superficies cultivables, proportion qui est la plus importante parmi les
surfaces en cultures.

Photo 3.1 et 3.2 : Associations Igname-Maïs (dans un champ)
et Riz-Banane Plantain (dans un bas fonds) (Source : DAGOU, 2009)
Comme on peut le voir sur la photo 3.1, les associations de
cultures sont courantes pour palier les mauvais rendements mais aussi pour
juguler le contraste entre augmentation des individus à nourrir et
saturation foncière. Ici on voit sur un même espace mais manioc
(en arrière plan), ignames en buttes manioc récolté et
attente d'être planté. Cette prise de vue date du 11 juin 2009
à 6h47 où le paysan rencontré nous confie qu'étant
polygame et n'ayant plus de terres, chacune de ses femmes veut avoir une
culture qui lui est propre. Pour lui, c'est donc la polygamie et le manque de
terres qui sont les raisons de la compétition spatiale entre les
cultures. La fin des défrichements sur forêt a conduit à
une forte réduction du bananier et du taro, cultures devenues
marginales. La culture de l'igname continue à être
pratiquée mais avec des résultats qui, selon les planteurs, sont
moins bons qu'à l'origine. La photo 3.2 montre aussi une association de
maïs-banane plantain et du riz dans un bas-fond. En faite on peut donc
associer et c'est d'ailleurs ce qui est courant, le maïs avec tous types
de cultures. On comprend pourquoi l'utilisation d'engrais s'intensifie chez
ceux qui la pratique en culture pure.
L'introduction d'une variété de manioc doux (le
Bonoua rouge) a présenté dans ce contexte un double avantage.
D'une part, cette variété plus productive et plus
appréciée que la variété amère a permis de
pallier la réduction des productions vivrières traditionnelles
d'autoconsommation. D'autre part, il s'agit d'une production pour laquelle
existe une demande des centres urbains proches (Soubré, San Pedro) et
présentant de nombreux avantages culturaux, ce qui a favorise son
développement comme culture commercialisée. Quatre cultures
vivrières dominent actuellement, spatialement et économiquement :
le manioc, l'igname, le maïs et la patate douce. On distingue deux
principaux systèmes vivriers culturaux : un système
maïsmanioc-jachère et un système
igname-manioc-jachère, la culture de la patate douce pouvant
venir se greffer sur ces systèmes. 72 % des
producteurs-propriétaires fonciers pratiquent le système
igname-manioc-jachère, contre 28 % seulement des producteurs sans terre.
Que l'igname soit peu cultivée par les producteurs sans terre,
s'explique par la conjugaison de plusieurs facteurs.... La durée
minimale de jachère de trois années que requiert, selon les
producteurs, la culture de l'igname, représente une contrainte certaine
dans contexte de pénurie de terre. Les producteurs-propriétaires
fonciers non «bloqués» peuvent assurer une durée de
jachère suffisante pour une production d'igname, même
médiocre, alors que lorsque la parcelle est louée, la
jachère peut avoir été d'une duré bien inferieure.
Par contre le manioc, la patate douce et le maïs peuvent être
plantés sur une jachère de courte durée.
Tableau 3.2 : Comparaison des productions vivrières par
localités
PRODUITS VIVRIERS
|
MEAGUI
|
OUPOYO
|
GNITITOUAGUI 2
|
ROBERT-PORTE
|
TOUAGUI 2
|
TOTAUX PAR PRODUITS
|
TONNAGES
|
TONNAGES
|
TONNAGES
|
TONNAGES
|
TONNAGES
|
IGNAME
|
10070
|
31,13%
|
5070
|
15,67%
|
9070
|
28,04%
|
2070
|
6,40%
|
6070
|
18,76%
|
32350
|
11,36%
|
BANANE PLANTAIN
|
9620
|
29,88%
|
6620
|
20,56%
|
6720
|
20,87%
|
3620
|
11,24%
|
5620
|
17,45%
|
32200
|
11,31%
|
MANIOC
|
7970
|
28,62%
|
2970
|
10,66%
|
8970
|
32,21%
|
2970
|
10,66%
|
4970
|
17,85%
|
27850
|
9,78%
|
RIZ
|
12270 52,55%
|
3270
|
14,00%
|
3270
|
14,00%
|
3270
|
14,00%
|
1270
|
5,44%
|
23350
|
8,20%
|
MAIS
|
6140 38,86%
|
1140
|
7,22%
|
5190
|
32,85%
|
2190
|
13,86%
|
1140
|
7,22%
|
15800
|
5,55%
|
ARACHIDE
|
2500
|
21,74%
|
1500
|
13,04%
|
3500
|
30,43%
|
3500
|
30,43%
|
500
|
4,35%
|
11500
|
4,04%
|
GRAINE
|
1820
|
17,06%
|
2220
|
20,81%
|
2820
|
26,43%
|
2990
|
28,02%
|
820
|
7,69%
|
10670
|
3,75%
|
AVOCAT
|
1800
|
8,45%
|
5800
|
27,23%
|
5100
|
23,94%
|
7800
|
36,62%
|
800
|
3,76%
|
21300
|
7,48%
|
MANDARINE
|
1300
|
6,63%
|
4900
|
25,00%
|
4200
|
21,43%
|
8700
|
44,39%
|
500
|
2,55%
|
19600
|
6,88%
|
ORANGE
|
4200
|
17,50%
|
7200
|
30,00%
|
2200
|
9,17%
|
9200
|
38,33%
|
1200
|
5,00%
|
24000
|
8,43%
|
GOMBO
|
1200
|
5,72%
|
4120
|
19,63%
|
1200
|
5,72%
|
6200
|
29,54%
|
8270
|
39,40%
|
20990
|
7,37%
|
OIGNON
|
2230
|
21,97%
|
230
|
2,27%
|
230
|
2,27%
|
5230
|
51,53%
|
2230
|
21,97%
|
10150
|
3,56%
|
PIMENT
|
1200
|
6,93%
|
1770
|
10,23%
|
1570
|
9,07%
|
8570
|
49,51%
|
4200
|
24,26%
|
17310
|
6,08%
|
TOMATE
|
2222
|
12,55%
|
2120
|
11,98%
|
2120
|
11,98%
|
5120
|
28,92%
|
6120
|
34,57%
|
17702
|
6,22%
|
64542 48930
|
56160 71430 43710 284772 100,00%
|
Source : O.C.P.V, Mars 2010
SOn peut voir une specialisation des
localités : Pour les féculents, Méagui (Igname :
31,13%)
Gnitouagui 2 (Banane plantain : 28,04%) et Touagui 2 (Manioc :
18,76%) ; Pour les céréales, 8% 0 20 36 1 %
Méagui (Riz : 52,55% et Mais : 38,86%) ; Pour les
oléagineux, Gnititouagui 2 (Arachide : 30,43%), Robert-Porte (Arachide :
30,43% et Graine : 28,02%) ; Pour les fruits, Robert-Porte 722% 15800 555%
(Avocat : 36,62%, Mandarine 44,39% et Orange : 38,33%) ; Pour les
cultures maraichères 0 8 %
Touagui 2 (Gombo : 39,40% et Tomate : 34,57%), Robert-Porte
(Oignon : 51,53%, Piment : , ,% , %
49,51% et Tomate : 28,92%). Il est vrai que dans ce tableau, nous
avons mis en exergue les 900 3833% 1200 500% 2000
8e3%
cultures les plus importantes dans les villages d'études. Le riz
est une culture jeune, qui pro-
gresse rapidement dans le cadre de l'autoconsommation paysanne
mais aussi dans celui de 1% 20 1 2% 2 ,5% 0
%l'approvisionnement urbain. Pour l'igname aussi, de gros
débouchés urbains, mais ces besoins
64542 48930 5610 1430 43710 284772 10000%
sont trop aisément couverts pour bouleverser les cadres
de production. Le seul accident dans la
géographie de l'igname n'est pas l'expression d'un
dynamisme propre à l'igname, mais celle d'un phénomène
démographique : les migrations Baoulé (Haeringer 1972, p 207). Le
maïs est un appoint partout apprécié et s'associe sans
problème à toute culture de même que le manioc. Toutefois,
il est à remarquer un nivellement de l'intensité de ces cultures.
Cela est dû à la compétition spatiale et aux habitudes
alimentaires qui tendent à se porter vers les tubercules et les
céréales, en particulier le manioc et le riz.
Conclusion du Chapitre 3
D'une agriculture de chasse et de cueillette,
l'activité des cultures vivrières est devenue une occupation
à part entière. Les paysans sont passés d'une monoculture
à une polyculture dans toutes les localités. Créant ainsi
une micro spécialisation des espaces de production. A cela il faut
ajouter le fait que toutes les associations culturales sont essayées
même dans les bas fonds. Ce qui montre que chaque lopin de terre est
poussé au maximum de son exploitation. On constat donc que la production
vivrière est présente. Selon qu'une part sert à
l'autoconsommation ou pour la commercialisation, la mise à
disponibilité se fait par les marchés. On y distingue des
marchés ruraux et un marché urbain, celui de Méagui. Le
fonctionnement et les rapports entre ces marchés seront
étudiés.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le mode de peuplement de la région de Méagui
constitue un potentiel majeur dans sa réussite agricole. De la
diversité des provenances et du truchement de la rencontre entre ces
peuples est né une région où les cultures vivrières
ce sont développées. Igname et manioc ont été
amenés incontestablement par les Baoulé du fait de leurs
habitudes alimentaires puis adoptés par les Burkinabés et Maliens
mais aussi par les autochtones Bakwé. Avec la fragilité de la
culture et la rentabilité aléatoire des maraichers, les paysans
immigrants du Nord se sont orientés vers les céréales et
les fruits. En croisant les données du CNRA ; de l'ANADER et de l'OCPV,
on a une riche production et une micro spécialisation dans la
région. Céréales pour Méagui ; Féculents
pour Gnititougui 2 , Touagui 2 et Méagui ; Fruits pour Robert-Porte et
Oupoyo ; Oléagineux pour Robert-Porte et Gnititouagui 2 et Maraicher
pour Touagui 2 et Oupoyo. Sur celle--ci se calque aussi les ethnies qui sont
Baoulé - Féculents ; Burkinabé - Céréales et
Fruits. En rapport avec la population des localités par ethnies et par
nationalité, on retient que plus une population domine dans une
localité, plus sa culture propre y prédomine. Cependant, il faut
préciser que les céréales ne font l'objet de
spéculations à cause de l'augmentation du prix du riz
importés. Ce qui valide la première hypothèse de travail
qui suggère que les féculents et les fruits sont les principales
denrées produites dans le bassin vivrier de Méagui.
Ces populations immigrantes ont su très tôt
bâtir de grands champs et rendre ces cultures spéculatives au
point de chercher de nouveau marché vers les zones de grandes
consommations. Après la production de ces denrées,
différents acteurs seront à l'oeuvre pour leurs acheminement
jusqu'aux consommateurs finaux. Cette deuxième partie se consacre
à l'étude des relations qu'ils entretiennent.
2ème Partie
ORGANISATION DES ACTEURS AUTOUR DE LA
PRODUCTION
VIVRIERE DANS LA REGION DE MEAGUI
Dans le cas du développement rural, Olivier de Sardan
(2008, p 3) identifie les principaux acteurs du développement: paysans
de statuts divers, jeunes sans emplois, notables ruraux, agents de
développement, représentants locaux de l'administration, membre
d'ONG, experts de passage, ... Pour notre analyse, nous pourrions rajouter :
les commerçants, les banquiers, les universitaires (qui constituent une
part non négligeable des "experts de passage").
Pour obtenir cette disponibilité de produits vivriers
montrés dans la première partie, les paysans mettent en jeu leurs
forces de travail. Elle peut être issue de sa famille ou non familiale
avec pour but d'entretenir l'exploitation. A cette main d'oeuvre, les
producteurs associent des moyens phytosanitaires (Chapitre 4). Ces produits
sont convoyés sur les marchés de la région grâce aux
transports (Chapitre 5). Après la récolte, un acteur central, le
grossiste met en jeu le système de distribution entre le paysan et le
consommateur final (Chapitre 6). Toute fois, cette vue brève et
simpliste n'occultera pas les relations directes qui ont cours.
Chapitre 4 : PRODUCTEURS ET L'ENTRETIEN DES
EXPLOITATIONS
Les hommes ont développé plusieurs types
d'activités liées au travail de la terre. Ces activités
sont le labour du sol, la préparation du lit de semence,
l'ensemencement, la fertilisation et la lutte contre les parasites des plantes.
L'ensemble de ces activités est effectué par l'utilisation de la
main d'oeuvre familiale ou salariée. D'une année à
l'autre, l'utilisation de manoeuvres rémunérées est
variable et dépend, en plus des possibilités de main-d'oeuvre
familiale, des prévisions de récolte, donc des conditions
climatiques de la saison. Dans les grandes plantations, la main-d'oeuvre
familiale est insuffisante et le chef d'exploitation doit impérativement
faire appel à une main-d'oeuvre rémunérée. Il le
fait d'autant plus volontiers que ses possibilités financières
sont importantes. Les petits planteurs, modestes défricheurs, n'ont pas
autant de facilités : la main d'oeuvre familiale disponible est encore
largement l'assurance de la bonne marche et de la croissance de
l'exploitation.
4.1. Les producteurs et la main-d'oeuvre
familiale
Toutes les exploitations utilisent naturellement la
main-d'oeuvre familiale pour le nettoyage des parcelles. Leur part est
d'ailleurs sous-estimée dans la mesure où la main-d'oeuvre
familiale accompagne souvent les travaux des six-mois sur la plantation, et
aussi parce que le chef d'exploitation peut disposer temporairement de
main-d'oeuvre supplémentaire. La maind'oeuvre familiale comprend outre
l'(les) épouse(s) du chef d'exploitation, ses enfants actifs, des aides
familiaux diversement apparentés (ou alliés),
éventuellement des parents de même génération ou
non. Selon nos enquêtes, le nombre moyen de résidents par
exploitation est de 7 personnes et le nombre moyen d'actifs de 4. Les
exploitations sont cependant de taille très variable : elles vont de 1
à 17 résidents et de 1 à 10 actifs en
général. Elle peut comporter des actifs temporaires
«prêtés » par les familles de départ pour une
tâche particulière : notamment des neveux (utérins ou non)
surtout à l'époque de la récolte ou pour l'entretien. En
réalité, les enfants inactifs de 10-14 ans jouent un rôle
d'appoint non négligeable, notamment en période de vacances
scolaires. Mais d'autres investigations montrent que la proximité de la
ville de fréquentation comme Méagui et Touagui 2 par exemple
offre la possibilité de faire un tour en week-end chez les parents soit
pour une aide au champ ou un apport financier. En période d'abondance ou
de récolte, ils sont occupés par les études scolaires mais
sont très utiles pendant les vacances. Souvent, certains parents
viennent chercher leurs fils à l'école ou au collège pour
superviser une vente ou une affaire qui nécessite lecture et
écriture. Ce qui nous fait dire que l'utilisation de cette main d'oeuvre
est beaucoup dépendante du niveau d'instruction du chef
d'exploitation.
L'utilisation de main-d'oeuvre familiale dépend en
partie aussi du rapport surface à entretenir/nombre d'actifs de
l'exploitation. Il est normal qu'un planteur disposant de nombreux actifs
familiaux les utilise de préférence à des salariés.
Ce sont effectivement les planteurs qui ont la superficie à entretenir
par actif la plus faible qui utilise le plus cette main-d'oeuvre familiale.
Vingt-sept planteurs de Touagui 2, avec en moyenne 2,8 ha à entretenir
par actif (Vivrier et arbustifs confondus; actifs masculins et féminins
confondus), ont fait appel à cette maind'oeuvre pour au moins 75 % de
leur superficie à nettoyer et quatorze planteurs à Gnititouagui 2
avec en moyenne 2,76 ha par actif sur 50 à 75 % de leur superficie.
Parmi les actifs familiaux, signalons l'importance particulière de la
main d'oeuvre féminine, et notamment des épouses des chefs
d'exploitation. C'est sur elle que repose l'entretien de la plupart des
parcelles vivrières, les planteurs qui disposent de deux épouses
ou davantage ont tendance à faire de grands défrichements,
puisque chaque épouse aura la responsabilité d'une parcelle
plantée en ignames ; ils ont aussi de meilleures possibilités
d'entretien. De la très grande diversité des situations on peut
retenir trois constantes selon Isabelle Droy (1990, p 29) : la contribution des
femmes aux travaux agricoles est importante et parfois supérieure
à celle des hommes, les tâches domestiques qui mobilisent beaucoup
de temps et d'énergie et elles ont pour principal objectif de trouver
une source de revenu pour faire face aux obligations familiales. A
l'opposé, les planteurs ayant un déficit relatif en main-d'oeuvre
familiale comme les monogames (32%) et les célibataires (18%) n'ont pu
utiliser celle-ci que sur des surfaces limitées. Il y a naturellement
des exceptions, certains font venir pendant les périodes de
récoltes ou de semences leurs parentés (cousins nièces
neveux...) pour une aide ponctuelle. A Robert-porte et Oupoyo, 27% des
planteurs rencontrés leurs font faire un petit métier pour
justifier un temps soit peu leurs déplacements et après cela ils
repartent. Mais dans l'ensemble, on peut dire que l'utilisation de
main-d'oeuvre familiale décroît avec l'importance des
défrichements effectués, ce que confirment les planteurs en
situant l'obligation de prendre des salariés au-delà de 4 ha.
On retrouve à Méagui presque uniquement des
contractuelles sur les petites plantations car même en se livrant
à d'autres activités (couture, cordonnerie,
maçonnerie,...), certaines personnes veulent conservées leurs
parcelles en exploitations. Cette forme de contrat verbal se rencontre
seulement entre parents car il est plus lié à un effet de
solidarité qu'a une rémunération. Il a pour but
d'éviter une expropriation pour non mise en valeur de la terre ou
acheter des produits qu'on peut cultiver.
4.2. Les producteurs et la main-d'oeuvre
étrangère
La structure de la main d'oeuvre agricole non familiale varie
en fonction de la taille des exploi-
tations. Dans nos enquêtes, la
personnalisation des rapports (84%) est apparue comme
l'élément directeur des relations entre
acheteurs et vendeurs de la main d'oeuvre mais aussi entre propriétaire
terriens et ceux qui n'en disposent pas.
L'utilisation du terme << rémunéré
» ou << salarié » implique que la main d'oeuvre ainsi
qualifiée soit libre, en mesure d'accepter ou de refuser les conditions
et le salaire que lui offre l'employeur. De plus le salaire peut être de
l'argent ou des produits de récoltes. Le travail peut se vendre sous
plusieurs formes : L'« abugnan » consiste en un partage
à parité de la récolte : une moitié pour le
planteur, l'autre moitié pour la ou les parties
bénéficiaires ; L' << abusan » est
divisé selon d'autres proportions : deux tiers pour le chef
d'exploitation, un tiers pour l'équipe de manoeuvres.
- L'<< abugnan » est attribué par
un planteur autant à de proches parents pour les récompenser de
leur zèle au travail qu'à une équipe de manoeuvres qui se
consacrent à la culture du café, considérée comme
plus pénible que celle du cacao. Il chevauche donc la frontière
entre cellule familiale et cellule non familiale au sein de l'unité de
production. Il se fonde sur une personnalisation des relations de travail. Dans
cette logique, le chef d'exploitation engage souvent des manoeuvres individuels
pour une période qui dure en gros six mois, c'est pour cela que dans la
littérature ils sont appelés les << Six-mois ». Ces
manoeuvres sont payés forfaitairement en fonction du nombre de mois
pendant lequel ils ont travaillé. Ce paiement en nature n'intervient le
plus souvent qu'après la vente. Les nettoyages effectués par les
<< six mois » concernent d'abord les arbustifs. Quelques parcelles
(11% à Gnitouagui 2) de vivriers ont cependant été
entretenues par des six-mois, bien que ce soit la main-d'oeuvre familiale -
femmes et filles surtout - qui en ait la charge. Les grands planteurs, dont les
parcelles les plus anciennes sont au plus fort de leur production, utilisent
aussi volontiers des six-mois, mais peuvent faire face, une année,
à un besoin exceptionnel de main-d'oeuvre en engageant, plus facilement
que les petits planteurs, des <<contrats ». Ceux-ci sont
utilisés dans les travaux d'entretien. Ce sont les «six-mois »
qui sont le plus utilisés (50,96% dans la région) car les
avantages de la main-d'oeuvre de six-mois sont connus, tant pour l'utilisateur
que pour le manoeuvre. Le planteur, parce qu'il dispose d'une main-d'oeuvre
jeune, docile, d'une grande souplesse d'utilisation puisque le six-mois peut
être conduit à effectuer tous les types de travaux (y compris les
défrichements) ; le six-mois, parce que, hormis le fait de gagner de
l'argent, il peut espérer s'insérer dans la société
qui l'accueille et obtenir une part de forét qui lui permettra de
s'installer à son compte. Certains des << six-mois »
rencontrées à Robert-Porte affirment être devenu
indépendant grâce à la générosité de
ceux qui les employait car en réalités ils sont maintenus dans
cet état sans possibilité réelle de sortir de ce cercle.
C'est donc une chance pour eux car certains vont jusqu'à user de leur
relation pour empécher qu'ils aient de la terre
méme en location. Contrairement à Gnititouagui
2, ils ont une vision plutôt de cumul d'un certain capital pendant leur
période d'activité et de se payer des terres plus loin dans
d'autres régions. Quand la superficie de l'unité de production
augmente, l'<< abusan » devient le mode de
rémunération dominant.
- Une deuxième catégorie de salariat l'<<
abusan », quelques fois qualifiées de métayage
correspond au partage au tiers. Ils sont recrutés pendant la
période des grands travaux pour nettoyer, entretenir, récolter et
nettoyer une dernière fois les plantations. On partage en attribuant le
tiers (1/3) de la récolte au manoeuvre et les deux tiers (2/3) au le
planteur. Ces proportions varient en fonction de la superficie et du type
d'intrants utilisés. Or 23% seulement utilise des herbicides et des
pesticides avec des techniques traditionnelles ce qui nous fait penser que le
facteur le plus à méme d'influencer ces proportions est la
superficie. La formule est avantageuse pour le planteur car elle attache
davantage le manoeuvre à la parcelle qu'il est chargé
d'entretenir : faire effectuer les deux nettoyages annuels qu'exige la parcelle
par un << abusan » permet d'avoir la quasi-certitude d'un
travail de qualité, le manoeuvre étant directement
intéressé à l'obtention d'un bon rendement. Aussi, ce mode
de paiement se généralise dans les villages comme Oupoyo et
Robert-Porte. La stratégie est simple. Ce sont le plus sou-vent de
jeunes Baoulé en général et quelques autochtones
rémunérés soit en argent (le prix est fixé lors de
l'engagement) soit en nature (1/3 de la récolte de la ou des parcelles)
sur place qui sillonne les parcelles. Or ceux-ci sont membres de <<
sociétés » qu'ils utilisent pour travailler et accomplir
leur contrat. C'est une forme de mains d'oeuvres collectives à but
unique.
- Une troisième catégorie est composée de
contractuels, travailleurs rémunérés à la tache
(nettoyage ou défrichement), après discussion avec l'employeur.
Il s'agit d'une forme très souple d'utilisation de main-d'oeuvre, la
plupart du temps étrangère suscité par les cultures des
rentes. La période dans ce cas est la journée. Cette forme
voilée de << société » fonctionne comme si
chacun est un commercial. Dès qu'un contrat est conclu, tous les membres
se réunissent pour accomplir la tâche. Ces <<
sociétés » reposent sur des associations de divers types
(groupements de jeunes, de femmes ou de fidèles affiliés à
un même culte) et fonctionnent sur la base d'un échange entre les
différents membres. Elles sont très minoritaires (quatre à
Méagui, un à Oupoyo et 2 à Touagui 2). Cependant, ces
<< sociétés de travail » sont une bonne affaire pour
le planteur, puisque le prix demandé n'est que légèrement
supérieur à celui d'un <<contrat » ordinaire et le
travail est fait beaucoup plus rapidement. Ces paysans tentent de compenser
leurs problèmes d'accès à la main-d'oeuvre par des
innovations dans l'organisation du travail. Mais la satisfaction de l'instinct
grégaire est apparemment la première raison d'être dans ces
groupes plutôt que le plaisir d'être ensemble pour travailler
(Maynard 1974, p 46).
Tableau 4.1 : Les relations de travail en vigueur
UNITE DE PRODUCTION
|
Hors unité de production
|
|
Cellule familiale
|
Cellule non familiale
|
RETRIBUTIONS ET REMUNERATIONS
|
DONS
|
ABUGNAN
|
ABUSAN
|
TRAVAIL A LA TACHE
|
SALAIRE
- à la journée - au mois - à
l'année
|
Sans con- trepartie
|
Fonction du travail
|
Fils Neveux
|
Manoeuvres
|
|
|
La moitié
|
La moitié
|
Un tiers
|
Source : Nos enquêtes, Décembre 2009
Cette apparente séparation ne doit pas laisser perdre
de vue que dans la pratique, ont assiste à une combinaison de ce facteur
de production au mieux de ses moyens. Les formes mixtes salarié-familial
sont répandues: le premier nettoyage, de Mai à Juillet, est
effectué par un manoeuvre, le second, en Octobre, par la famille. La
stabilité du salarié est fonction des promesses de l'employeur et
des perspectives d'avenir. Une assurance minimale qu'il a, c'est que la
concurrence entre les planteurs lui assure des rapports non purement
mercantiles mais la satisfaction d'un ultime désir : celui
d'accéder à la terre (Gastellu 1979, p 29).
4.3. L'utilisation de la main-d'oeuvre et des
pesticides
Tous les planteurs n'ont pas été touchés
de façon équivalente par la transformation et l'accroissement du
coüt de la main-d'oeuvre consécutif à l'épuisement
des réserves foncières. Les Bakwé et les Baoulé ont
dû faire face à la défection de leurs travailleurs
saisonniers « sixmois » pour lesquels l'accès à la
terre était la principale motivation. La chute du prix du cacao a
ensuite porté un coup fatal au système de recrutement qui
fonctionnait depuis la mise en place du front pionnier. Pour les allochtones du
nord de la Côte-d'Ivoire et les Burkinabè, l'accès à
la main-d'oeuvre repose en revanche sur des réseaux familiaux et un
système de coercition beaucoup plus prégnants et efficaces. Les
naissances multiples et l'émigration soutiennent ce réseau. Le
coût de cette main-d'oeuvre est également plus faible et il n'a
pas été affecté par les stratégies d'implantation
en ville. De tous les groupes d'immigrants, les Baoulé sont les plus
importants utilisateurs de main-d'oeuvre, et c'est leur capacité de la
mobiliser à bon prix qui explique leur réussite économique
d'ensemble. A coté de ce groupe, on a les habitants de la C.E.D.E.A.O
qui sont aussi travailleurs et qui utilise les sociétés de
travaux.
Le tableau 4.2 est la fusion de la répartition par
nationalité et par ethnie. Il montre que dans la proportion des 62,42 %
d'Ivoiriens, 81,83% sont des Baoulé et 4,75% des Dioula. Le produit des
deux pourcentages donne la part relative de chaque acteur (62,42 % x 81,83% =
51,08% ). La dernière colonne du tableau permet une comparaison entre
nationalité et ethnie
grace aux valeurs relatives. Pour mobiliser la main d'oeuvre, le
Baoulé (51,08%) et les Burkinabé (29,24%) seront les
pionniers.
Tableau 4.2: Répartition de la main d'oeuvre par
nationalités et par ethnies
NATIONALITES
|
|
Proportion relative de chaque acteur
|
BENIN
|
0,71%
|
0,71%
|
BURKINA-FASO
|
29,24%
|
29,24%
|
IVOIRIEN
|
62,42%
|
AGNI
|
3,04%
|
1,90%
|
BAOULE
|
81,83%
|
51,08%
|
BAKWE
|
3,53%
|
2,20%
|
BETE
|
1,53%
|
0,95%
|
DIOULA
|
4,75%
|
2,96%
|
LOBI
|
1,39%
|
0,87%
|
SENOUFO
|
3,93%
|
2,46%
|
MALI
|
6,67%
|
6,67%
|
TOGO
|
0,97%
|
0,97%
|
Source : I. N.S, 1998 TOTAL
|
100,00%
|
Les chefs d'exploitation emploient en général
trois types de main-d'oeuvre : familiale, salariée variée («
contrats15 » individuels, «
société16 » saisonnière, «six-mois
»17), occasionnelle plus ou moins familiale et salariée.
Quel qu'en soit le statut, elle est utilisée pour le défrichement
et l'entretien des vergers. Sous diverses formes, les planteurs de
Méagui et Touagui 2 utilisent ce type de main-d'oeuvre pour le
défrichement de 51% de leurs parcelles. L'emploi des «contrats
» est la forme la plus répandue (39,5%) tandis que l'utilisation
des «six mois » est plus restreinte (8,6%) et localisée
à la zone de Robert-Porte et d'Oupoyo. Apparenté au
S t
«contrat », mais effectué par un groupe
d'hommes jeunes désireux de gagner quelque argent,
0,7% 0,71%
le travail par «société» n'existe que
sur 3,3 % des parcelles. Les techniques culturales diffèrent
AGNI 304% 90%
peu. Le planteur prend le soin d'édifier lui-même
ou le fait faire par un de ses proches à qui il N
fait confiance, les buttes. Mais, en raison de l'abondance des
récoltes, la baisse de rendement
6242% BETE 153%
095%qu'entraîne l'absence de tuteurage est
jugée importante par les planteurs. Les parcelles
IOULA 4,5% 296%d'igname sont bien
entretenues par les femmes. En revanche, les parcelles de deuxième et
troi-
SENOUFO 393% 2,46%
sième années sont le plus souvent
médiocrement nettoyées : la pousse de végétation
parasite
6, 7 0 %
apporte un ombrage non négligeable aux jeunes arbustes
sans véritablement gêner leur crois-
TOTAL 100,00%
sance. En ce qui concerne le mode d'entretien, si les moyens
humains étaient beaucoup utili-
15Contrat : Ouvrier agricole travaillant pour une
tâche déterminée (défrichement, sarclage) sur une
parcelle d'étendue déterminée. Le salaire est fonction de
la surface de la parcelle.
16 Société : Contrat passé entre
un chef d'exploitation et un groupe d'hommes pour exécuter une tiche
déterminée pour une somme déterminée.
17 Six mois : Salarié engagé pour un
contrat à durée déterminée allant de juin
(préparation de la parcelle) à décembre (fin de la
récolte cacaoyère et caféière).
sés, les moyens chimiques le sont de plus en plus avec la
raréfaction de la main d'oeuvre. Le tableau suivant en
témoigne.
Tableau 4.3 : Superficie des spéculations par nombre
d'exploitants et utilisation de pesticides
|
SPECULATIONS
|
Superficie (Ha)
|
Nombre d'exploitants
|
Utilisation de produits
|
|
FECULENTS
|
|
Banane plantain
|
1212,00
|
134,00
|
Non - F
|
|
Igname
|
3729,20
|
415,00
|
Non
|
|
Patate
S Superf
|
153,00
|
223,00
|
Non
|
|
Manioc
|
291,30
|
576,00
|
Non
|
|
Total féculents
|
5385,50
|
|
|
|
CEREALES
|
|
Riz de bas-fond
|
Nombr
|
Uti
|
Oui - H
|
|
Riz de plateau
|
103,40
|
12,00
|
Non
|
|
Riz irrigué
|
|
LENTS45,00
|
Non
|
|
Maïs
|
1937,50
|
497,00
|
Oui - H - E
|
|
Total 3722745,90
|
|
|
|
|
3,00
|
|
c
longue 291,30
|
78,00
|
231,00
|
Oui
|
|
5
|
90,00
|
113,00
|
Non
|
|
Piment
|
ALES
|
26,00
|
Non
|
|
Courgette
|
121,10
|
33,00
|
Non
|
|
Chou
|
99,20
|
42,00
|
Oui - H
|
|
Tomate
|
259,20
|
94,00
|
Oui - P - H
|
|
Comcombre19189,70
|
|
56,00
|
Non
|
|
Gombo
|
176,34
|
69,00
|
Oui - P - H
|
|
Total legumes
|
UMES
|
|
|
|
231,00
|
|
Graine de 90
|
87,70
|
15,00
|
Non
|
|
Coco
|
23,40
|
12,00
|
Non
|
|
Arachide
|
294,20
|
88,00
|
Non
|
|
Total 99,
|
405,30
|
|
|
|
00
|
|
1
Papaye solo
|
67,20
|
21,00
|
Non - E
|
|
Mangue
|
679,70
|
34,00
|
Non - E
|
|
Orange
|
2370,00
|
127,00
|
Non - H - E
|
|
Citron
|
GINEU
|
45,00
|
Non
|
|
Gingembre
|
29,70
|
11,00
|
Non
|
|
Total fruits23335,60
|
|
|
|
gineux 405,30
e Source : C.NR.A 67970 (Janvier
34
La disponibilité des produits phytosanitaires ne conduit
pas à leur utilisation surtout que
237000 127,00 Non - H E embre
ceux-ci sont plus destinés au couple café-cacao.
Les pesticides sont des substances chimiques,
1100 Nonnaturelles
ou de synthèse, destinées à lutter contre les parasites
végétaux et animaux nuisibles
fruits 3335,60
aux cultures, aux récoltes et à l'homme. Les
pesticides sont classés selon la nature des nuisibles auxquels ils sont
destinés : herbicides (contre les plantes parasites), insecticides
(contre les insectes nuisibles), fongicides (contre les champignons parasites),
acaricides (contre les acariens), nématicides (contre les
nématodes) et rodenticides (contre les rongeurs). Du point de vue de
leurs utilisations et de leurs quantités de production, les trois
premières classes de pesticides constituent les plus
importantes18. Selon le C.N.R.A., leur utilisation est très
marginal (15% sur l'ensemble des exploitations) certainement à cause du
manque de sensibilisations mais plus encore selon nous à cause du fait
qu'il ne peuvent pas juger objectivement de la différence de production
dü à l'utilisation d'intrants chimiques. On remarque concernant les
légumes, l'utilisation de pesticides est encore faible d'où la
proportionnalité constatés entre superficie et production. Sur le
tableau 5.2, l'utilisation de pesticides pour la banane plantain concerne
exclusivement les fongicides. Aucun d'autres féculents n'a besoin de
pesticides ainsi que les oléagineux. Les sols contiennent encore
suffisamment de nutriments. Par contre, pour les céréales comme
le riz et le maïs, leur utilisation est plus intense pour le maïs que
pour le riz car cette culture peut facilement faire quatre récoltes sur
l'année. Le riz de bas fond est difficile à pratiquer, les
paysans s'aide pour ce faire d'herbicides. Pour les légumes ou cultures
maraichères, tomates, chou, gombos et aubergine sont concernés.
On peut remarquer que ce sont les intrants essentiels de nos sauces (le piment
ayant une production naturellement abondante). L'orange, la mangue et la papaye
solo sont des cultures marchandes, l'apport en engrais se justifie donc.
Conclusion du Chapitre 4
Mobiliser la force de travail conditionne en grande partie les
récoltes. Une main d'oeuvre « naturelle » qui existe est la
famille et dans la région de Méagui, elle est fortement mise
à contribution. Au cas où elle fait défaut, un appel est
fait à la main d'oeuvre étrangère. Celle-ci est
très diversifiée et répond et s'adapte aux besoins du
producteur en fonction de sa générosité. Pour être
plus efficace, des regroupements de main d'oeuvre sont faites. Ainsi, certaine
main d'oeuvre passe du statut d'aide familiale à une
société de travail surtout à Méagui. En plus de
l'utilisation de cette main d'oeuvre, les producteurs y ajoutent les pesticides
dans le but d'avoir un meilleur rendement. Mais après cette
récolte, comment se fait le transport vers les centres de commerce ?
18 "Pesticides." Microsoft® Encarta® 2010
[DVD].
Chapitre 5 : TRANSPORT VERS LES MARCHES DE LA
REGION
Le transport conditionne la compétitivité et la
régularité de l'approvisionnement des marchés urbains.
Pour ces raisons, la part du transport dans les coûts de
commercialisation des produits vivriers vendus est assez élevée.
De ce fait, chaque piste nait et meurt en fonction des pratiques commerciales
qui elles-mêmes sont conditionnées par les récoltes. Comme
aucun aménagement n'a prévalu a leur naissance, pendant la saison
des pluies, c'est un sauve qui peut : soit les cultures ou les récoltes
sont abandonnées à leurs sorts soit on prend le risque moyennant
une forte somme de s'y rendre. De sorte que pendant tout le temps que dure
cette période, une majorité des produits mis sur le marché
l'est grace au portage. Cette situation avantage les familles aux actifs
nombreux mais il nait temporairement des groupes de jeunes adolescents qui
prennent l'initiative pour effectuer le transport.
5.1. Les différents modes de transports en
vigueur
La route s'est imposée comme la principale voie de
communication dans les liaisons entre Méagui et ses villages.
L'état de la liaison avec la ville a accéléré la
commercialisation des produits agricoles et l'exploitation de nouvelles zones.
Avant d'entrer dans l'activité de transport, 73% des transporteurs
conduisaient des taxis urbains. Quand les véhicules prennent de l'age,
ils sont commis pour le transport de brousse. En moyenne ceux qui
possèdent 2 à 3 véhicules sont les retraités ou des
personnes issues de l'association de transporteurs. Comme l'activité des
cultures de rentes polarise le transport, les propriétaires sont 42% et
ceux qui font la location 73%. On distingue les différents moyens de
transport selon plusieurs critères :
- selon le milieu dans lequel on se déplace : transports
terrestres sur les terres, maritimes sur les mers et aériens dans les
airs ;
- selon le mode de traction utilisé : force humaine
(vélo, bateau à rames, pousse-pousse, etc.), force animale
(chevaux, éléphants, etc.), forces naturelles (vent, courant des
cours d'eau), moteurs (automobile, train, avion, etc.) ;
- selon la capacité : transports individuels (vélo,
moto, automobile, etc.) et transports en commun (autobus, train, etc.) ;
- selon ce qui est transporté : transports de passagers
(avion ou train de ligne) et transports de fret (avion ou train de
marchandises) ;
- selon qui organise le transport : transports privés
(organisés par des particuliers ou des entreprises privées),
transports publics (organisés par l'État ou les
collectivités), transports militaires (organisés par
l'armée).
Une combinaison de ces critères nous permet de
présenter les trois grands modes de transport: le transport
motorisé, les transports non motorisés et le portage.
5.1.1. La marche à pied ou le portage
Il faut rappeler en effet que la marche à pied
représente toujours l'un des modes de déplacement importants dans
les villes en Afrique. La charge transportée à pied ne peut
dépasser 30 à 50 kg pour une femme, éventuellement 80 kg
s'il s'agit d'un homme; le portage s'effectue sur de courtes distances et
concerne de très petits détaillants. Tous ceci sont des
données relatives qui ne sont garanties que par la force physique de
chaque individu. La part du portage dans les modes de transport pour
l'approvisionnement des marchés tient compte de l'accessibilité
de la zone de production. A Robert-Porte par exemple les habitants de
Léonkro sont convaincus à cause de la route que jalonne des cours
d'eau qu'aucun véhicule ne franchira ces eaux pour le transport du
vivrier. Ils sont donc obligés de << faire la pirogue19
>>. Dans cette localité donc il est probable que la part du potage
soit très importante. Elle est basée sur la seule volonté
de l'individu. Cette pratique décrit le pratiques qui on court dans les
autres localités.
5.1.2. Les moyens de transports sans moteurs
Le parc des transports non motorisés comprend les
bicyclettes et les véhicules à traction humaine à deux
roues (les brouettes et les pousse-pousse). Il faut souligner comme dans le
portage la force physique ou la force de traction indique la charge à
porter. La bicyclette, d'après certaines études20,
peut transporter jusqu'à 180 kg, le pousse-pousse et la charrette
à deux roues prennent entre 200 et 500 kg en moyenne, voire parfois 600
kg pour certains poussepousse. Ce mode de transport est très
utilisé car chacun peut pour une somme de 40 000 à 50 000 F.
C.F.A. peut acquérir une bicyclette et aussi les champs sont
éloignés. On assiste donc à une transformation des
habitudes de déplacement des autochtones pour adopter ceux de migrants
nordistes.
19 Expression couramment utilise qui faire allusion
à la traversée de l'eau, les bagages sur la tête.
20Cusset J.-M. et Sirpe G., 1994, <<La
mobilité apportée par le système deux roues: le cas de
Ouagadougou>> in Les transports dans les villes du Sud; la recherche
de solutions durables, Paris, Karthala, CODATU,

Photo 5.1 : Commerçants et paysans de Léonkro en
destination pour Oupoyo. (Source : DAGOU, 2009)
Comme le montre cette photo illustrative prise à 6h,
l'utilisation de bicyclettes se fait très tôt dès le matin
pour éviter la chaleur du soleil et pour ne pas épuiser à
d'autres taches. Juste à coté du mur on peut voir un point de
groupage de produit pour les porteurs en partance pour Oupoyo. D'autres aussi
en reviennent avec un échange de marchandise igname farine par exemple.
Mais le personnage de dos à bicyclette à droite de la photo est
un pisteur qui va chercher des légumes et du maraicher pour sa femme.
Cette route est encore en bonne état parce que beaucoup de
véhicules ne l'emprunt pas. On peut remarquer que toutes les personnes
sont descendues de leurs bicyclettes car une pente se trouve juste à 10
mètres.
5.1.3. Les moyens de transports à
moteurs
Les engins de transport motorisé sont les
motocyclettes, les fourgonnettes, les camionnettes et pick-up
(bâchées, vieilles jeeps, etc.), les moyens porteurs de trois
à cinq tonnes de charge utile pour les plus courants. Il y a très
rarement des plus gros porteurs (sept à dix tonnes). Le chargement type
des fourgonnettes est de quelques centaines de kg (entre 300 et 500 kg) et
consiste à convoyer indifféremment produits vivriers ou
denrées alimentaires. Les camionnettes et les pickups prennent une tonne
en moyenne et sont utilisés par des semi-grossistes organisant un
transport groupé à cause des quantités modestes prises
individuellement. Ces différents véhicules sont toujours
d'occasion et le plus souvent hors d'age. A Méagui, la majorité
des véhicules sont utilisés pour le transport des personnes et
des cultures de rentes. Par nécessité et surtout pour combler un
période de latence, les utilises pour le transport du vivrier.
Mais les routes ou les pistes étant très
mauvaises et impraticables, les prix du transport sont très
élevées ou le transport ne sa fait que sous le rapport ethnique.
Les Dioula étant très solidaires à cet effet,
particulièrement à Gnititouagui 2 où le relief en plus
d'être accidenté se trouve dans un sol argileux.
5.2. Le transport vers les différents
marchés
Le camion peut embarquer les marchandises appartenant à
une dizaine de commerçants et à destination de plusieurs
marchés lors du même voyage. Pour y participer, il faut être
accepté et payer un droit d'adhésion qui va de 1500 à 5000
F. C.F.A.21 en fonction de la quantité de marchandises puis
chaque fois que le marché se tient soit les vendredis ou les dimanches,
chaque commerçant dépose son colis à un lieu fixé
à l'avance. Cette pratique est l'apanage des commerçants d'Oupoyo
et de Robert-Porte qui veulent vendre sur les marchés de Méagui
ou de Soubré. Certains grossistes ont dû signer des contrats
permanents de location avec les propriétaires de camions pour
sécuriser la disponibilité des moyens de transport. En effet, ils
ne sont pas membre de cette organisation des grossistes Dioula et doivent donc
compter sur leur vigueur personnelle pour se trouver un moyen de transport. A
Gnititouagui 2, les grossistes (67%) y associent une relation amicale avec des
petits présents et des facilités qu'ils tiennent secrètes.
Les grossistes (38%) sont liés à un propriétaire par un
contrat de ce type. Il s'agit souvent de contrats verbaux fondés sur la
confiance et la parole donnée. Les grossistes (6 seulement sur les 12)
disent avoir un accord ou un contrat écrit. Plusieurs stratégies
prévalent puisque les commerçants préfèrent prendre
un camion en location à titre individuel (12%), en colocation (24%) ou
encore payer par colis à chaque voyage (17%). II existe plusieurs
propriétaires de camion à Méagui. A l'exception d'une
collectrice, ceux-ci sont des commerçants de marchandises diverses. Ils
utilisent leurs véhicules pour leurs propres besoins ou pour le
transport du cacao, et jouent donc un rôle tout à fait secondaire
dans l'acheminement du vivrier vers les marchés ruraux et centres
urbains. Les expéditions de retour se font grâce à des
camions venus livrer de la marchandise à San Pedro et retournant
à vide. Dans d'autres cas, si le transport débute dans les
villages pour converger vers Méagui, le parc auto des gares en place est
mis à contribution.
Toutes les « Dynas » que nous avons
mentionnés sont celles qui sont permanentes dans les gares. Comme nous
nous situons sur un axe routier, les passagers pris en cours de routes par les
cars de (50 à 60 places) et les véhicules de type « MASSA
» en provenance de Soubré ou de San-Pedro sont variables et ne sont
pas pris en compte dans le tableau. Toutefois, il faut
21 Propos d'un commerçant de friperie à
Oupoyo
préciser que leurs activités en ce qui concerne le
transport du vivrier mis en sac n'est pas négligeable.
Tableau 5.1 : Parc auto des gares de Méagui
Provenance-Destination
|
Type de véhicules
|
Nombre de véhicules
|
Prix du voyage en F. C.F.A
|
Nombre d'enquêtés
|
Méagui - Touagui 2
|
Baché
|
5
|
200
|
5
|
Méagui - Oupoyo
|
Minicar Dyna (Hiace)
|
20
|
500 400
|
2
9
|
Méagui -- Robert-Porte
|
Personnel Dyna (Hiace)
|
2 2
|
500 400
|
13
|
|
Car
|
-
|
350
|
|
Méagui - Gnititouagui 2
|
Personnel Minicar
|
15 -
|
250 300_500
|
2
|
|
Baché
|
9
|
1000
|
|
Taxis communaux
|
Peugeot 504
|
30
|
1000
|
4
|
|
Taxi
|
35
|
1000
|
10
|
|
Total
|
45
|
Source : Nos enquêtes, Décembre 2009
Monsieur Narcisse, responsable des syndicats sur l'axe
Méagui - San-Pedro nous dit ceci « les cars ne prennent des
commerçants qui ont tout au plus deux sacs parce qu'ils sont
pressés mais veulent bénéficier des taxes sur les
sacs». Le prix du transport est beaucoup plus intéressant
qu'une location de véhicule à Soubré ou Méagui. La
collectrice voyage avec le chauffeur et va négocier son chargement dans
le centre récepteur. Sur les trajets plus courts, et en terrain moins
escarpé, les charrettes et les véhicules motorisés sont en
concurrence. Le choix du mode de transport dépend alors, pour un prix
sensiblement identique, du volume transporté, du service demandé
(rapidité), des liens qui ont été noués avec tel ou
tel type de transporteur.
5.3. Des acteurs particuliers : chargeurs et force de
l'ordre
Chargement aux points de regroupement sur les places de
collecte, déchargement aux points de débarquement, portage au
point de vente ou au magasin de stockage, redistribution par pousse-pousse et
brouettes. Ces actions induisent des petits métiers qui permettent
l'approvisionnement et la distribution alimentaires dans la ville. En milieu
rural, le métier de chargeur ne se limite pas à la manutention.
Il canalise et diffuse l'information sur la disponibilité de la
marchandise et des véhicules de transport surtout pour les
taxis-brousses. Ceux-ci font des gains ponctuels importants22 quand
ils aident les femmes à convoyer leurs récoltes mis en sac sur
Méagui ou Oupoyo. A Touagui 2, une unité de production qui
décortique le riz fait gagner 250 F. C.F.A pour chaque sac au chargeur
qui donne la bonne information. Le
22 C'est montant sont compris entre 1000 et 4000 F. C.F.A
chargeur joue le rôle d'intermédiaire,
d'informateur et de négociateur entre le propriétaire du
véhicule et son chauffeur, entre le producteur et le commerçant.
Plus qu'une activité de survie, les auxiliaires de transport
considèrent cette phase comme une étape transitoire.
Ils dépendent souvent du transporteur ou du
commerçant dont ils attendent protection et promotion. La nature des
tâches, la force physique qu'elle requiert et le souci d'éviter la
concurrence les y obligent. << Nous formons une équipe de
trois personnes par chargement : une personne envoie, un autre
réceptionne en haut du camion et le troisième range dans le
camion » explique un chargeur au marché de collecte de
Robert-Porte. Et c'est d'ailleurs la pratique qui a cours dans tous les lieux
de chargements. Concernant le mode de tarification, s'il est connu de tous, les
tarifs pratiqués sont en revanche le résultat de
négociations entre les commerçants et les transporteurs. Ils
tiennent compte du sens du transport qui est plus cher dans le sens San-Pedro
que celui de Soubré ; de la nature et du conditionnement du produit, de
la distance à partir du marché de collecte, de l'état des
routes, du nombre de postes de péages et de contrôles de la
police. Cette activité apparait en général minoritaire
dans le vivrier d'autant que la grande partie de ceux qui s'y consacrent sont
dans les cultures de rentes.
Olivier De Sardan, (1995, p 65) estime qu'il n'y a pas de
société dotée d'Etat ou de bureaucratie qui ne connaisse
pas la corruption, les pratiques de corruption nuisent fortement à
l'efficacité de l'approvisionnement des villes. Le contrôle des
policiers et des gendarmes est abusif et excessif sur les routes nos route. Les
motifs de ces contrôles sont des plus fantaisistes et des plus
arbitraires. La brigade sur les routes aux différents corridors a pour
mission non seulement de vérifier que les véhicules qu'elle
intercepte ont des papiers en règle (établis aux postes
réguliers), et donc ne contiennent pas de marchandises de contrebande,
non déclarées, mais aussi de vérifier que ces
dédouanements sont « normaux », autrement dit qu'il n'y a pas
eu sous-évaluation de complaisance par les autres douaniers et
policiers. Cette brigade a toute latitude pour réévaluer le
montant des droits à payer et établir des redressements ou
infliger des amendes. Il y a normalement des << indications »
(sondages aléatoires, motifs de soupçons ou action sur
renseignements) qui devraient borner les interventions de la brigade. Mais en
fait, celle-ci agit bien au-delà de ces indications et utilise son
pouvoir quasi discrétionnaire pour prélever un péage
presque systématique sur tous les transporteurs entre Méagui et
Tiassalé. Il suffit de menacer d'opérer un contrôle :
celui-ci implique en effet un déchargement intégral pour fouille
du véhicule et une perte considérable de temps et
d'énergie, méme pour un camionneur « en règle »,
lequel n'a de surcroît aucune garantie que ses papiers ne seront pas
contestés malgré tout. En témoignent les
récriminations de ces acteurs : << Dans tous les cas, le
transporteur doit compter avec les policiers qui constituent la menace la plus
grave pour la
commercialisation des vivres frais. Que ce soit à
partir des différentes zones de production ou dans la distribution....
» . «L'état du véhicule ne compte pas pour eux. Que tu
aies toutes les pièces ou non, cela ne les intéresse pas. Ils
prennent non seulement de l'argent, mais très sou-vent ils se font payer
en nature. Avec ces gens, il n'y a pas de stratégie efficace. Ils
peuvent te bloquer sur place pendant deux ou trois heures et dites-vous
qu'entre Soubré et Abidjan, il y a une vingtaine de postes de
contrôle». «Cette catégorie d'agent de l'Etat
constitue un obstacle majeur pour la commercialisation des vivres frais en
termes de perte de temps».
L'usage est donc de glisser, que l'on soit en règle ou
pas, une certaine somme aux forces de l'ordre. Les « convois »
(camions groupés sous l'autorité d'un chef de convoi expert en
arrangements avec la douane) ont leurs propres tarifs. Ici aussi, mais d'une
autre façon, le « racket » profite de la
vulnérabilité de l'usager, en prenant son temps en otage et en
jouant sur sa fatigue. La corruption est devenue un mode de fonctionnement
normal sur nos routes. Pour les transporteurs et les grossistes, la
maîtrise de la géographie des postes de contrôle sur les
différents axes routiers permet de prévoir avec exactitude le
montant des « frais de route » qui contribuent à
accroître les coûts de commercialisation (Olivier de Sardan 2001, p
12).
Conclusion du Chapitre 5
Les transports de personnes de deux fois plus importants que
les transports de marchandises, en termes d'utilité mesurée par
les sommes payées, et les déplacements interurbains pèsent
plus lourd que les transports urbains. Le transport vers les marchés se
fait sans grande tracasseries endogènes sauf le pouvoir financier et le
courage pour le portage. Mais quant il s'agit de se rendre sur les
marchés voisins de Yabayo, il faut compter avec le racket des forces de
l'ordre qui conduit les grossistes à fractionner l'ensemble de leur
marchandise au départ (Méagui) et à les reconstituer
à Yabayo.
La commercialisation des produits issus de la récolte
affecte à chaque acteur une importance. Divers contacts peuvent
existés entre leurs acteurs impliqués dans cette
commercialisation, mais celui du grossiste est primordial dans la région
de Méagui. En effet, les va-etvient du grossiste entre la campagne
(Gnititouagui 2, Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2) et la ville (Méagui)
le placent au centre des rapports entre tous les acteurs. Producteurs,
Transporteurs et Détaillants gravitent autour de lui. Par rapport au
grossiste, principal acteur, on peut distinguer trois niveaux de rapports qui
lui permettent d'assurer la maîtrise de l'espace : avec les producteurs
dans les lieux de ventes ; avec les transporteurs dans l'acheminement et avec
les détaillants dans la distribution en milieu urbain.
Chapitre 6 : LE ROLE DU GROSSISTE DANS LA COLLECTE ET LA
DISTRIBUTION DU VIVRIERS
L'approvisionnement des villes en produits vivriers est
organisé par des grossistes dont le métier spécifique
recouvre plusieurs opérations: la prospection, l'achat, le groupage des
produits, leur collecte, l'expédition, le transport et la mise sur les
marchés. Ces grossistes sont regroupés et organisés sur
les marchés et les lieux de collecte, et de plus en plus sur la voie
publique à la sortie de la ville de Méagui. La maîtrise des
débouchés est le principal souci des grossistes car la
rapidité de rotation des expéditions en dépend.
L'efficacité du système d'approvisionnement et de distribution
alimentaires dépend toutefois de la qualité des rapports entre
ces acteurs et en particulier des rapports des grossistes, principaux
animateurs et coordonnateurs de cette activité avec les producteurs, les
transporteurs et les détaillants. Ces opérations peuvent
être assurées par des agents différents, relativement
spécialisés, ou par un seul et même agent, seule la
fonction transport étant alors remplie par un intervenant
spécialisé.
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Figure 6.1 : Position des autres acteurs par rapport aux
grossistes
6.1. Commerçantes grossistes et Producteurs : les
différents lieux de collectes
Les grossistes des marchés urbains de Méagui
sont pour la plupart des grossistes collecteurs traitant des quantités
limitées de produits. Ils ne possèdent pas de véhicules et
sont dépendants des transporteurs. Ils se déplacent donc peu et
utilisent les services de collecteurs ou achètent aux paysans qui se
rendent sur les marchés en convoyeurs de leurs récoltes. A
contrario, ceux qui sont en association même informelle dispose de
véhicules de type « KIA ». Puisqu'en gé-
néral, les paysans ne possèdent pas de grands
moyens de transport, ils apportent leurs récoltes par petites
quantités (une cuvette par exemple) à pied, avec les taxis
brousses, à vélo ou à moto. L'essentiel de ces
opérateurs commercialisent des volumes nettement plus limités,
entre 300 et 500 kg par jour. Ils sont en général en contact
étroit avec les zones de production. C'est en transit pour les
marchés que les grossistes et leurs pisteurs les rencontrent.
6.1.1. La collecte par vente au champ ou la «vente
bord champ»
Elle est une forme de vente du produit en
végétation, c'est-à-dire non récolté.
Quoique nous ayons trouvé des personnes qui aient déclaré
vendre de cette manière, cette forme de vente n'apparaît que de
façon marginale pour les cultures vivrières. Ici il est
très probable que la transaction soit en défaveur du paysan mais
ce qui prime c'est l'obtention des moyens financiers pour résoudre ses
problèmes urgents. Si le paysan a été en position de
faiblesse dans la négociation du prix, l'acheteur assume
néanmoins certains risques, lors de l'acquisition des vivres sous cette
forme, notamment ceux liés au rendement connu avec peu de
précision et ceux liés au vol par les habitants du village. A
Gnititouagui 2 par exemple, des cas de doubles ventes ont été
signalés. Ces deux formes de risque dissuadent la plupart des
commerçants que nous avons interrogés de procéder à
cette manière.
6.1.2. La collecte par la vente en cours de
route
C'est la dernière possibilité
pour le paysan. Dans ce cas il étale le produit au bord de la route pour
le sécher et pour l'exhiber en méme temps. Cette activité
apparaît marginale et seulement appliquée par des consommateurs et
des collectrices-détaillantes. Nous avons observé cette pratique
à Oupoyo et elle est très courante surtout pour ceux qui sont
dans les villages voisins pour l'achat de produit manufacturés. Aussi,
il faut dire que cela les déchargent de toute activité de
transport ou de perte comme nous l'on confier des vendeuses de fruits à
Robert-Porte. Une dizaine de femmes s'en réjouissent à cause de
la conservation qui est difficile surtout pour l'avocat.
6.1.3. La collecte par la vente à
domicile
Elle apparaît comme une forme de vente
fréquemment pratiquée par les paysans. La partie de la
récolte destinée à la vente échangée par ce
canal n'est pas connue de façon précise. Ce pourcentage peut
reporter selon le moment et selon le producteur en fonction des motifs suivants
: manque de moyens financiers et matériels, besoin urgent de
liquidités, faible quantité destinée à la vente.
L'achat à domicile se fait par des collecteurs, des grossistes et
méme par
des détaillant(e)s qui sillonnent les villages à
la recherche de produits vivriers. Mais sur ce terrain, les grossistes en
association sont spatialement plus efficaces car ils essaiment les
différents hameaux avec leurs pisteurs, leurs chargeurs, leurs «
cokseurs » et autres. Au final, ils rabattent dans leurs magasins une
collecte plus importante.
6.1.4. La vente au marché local
ponctuel
Elle s'adresse presqu'exclusivement aux consommateurs.
Arrivé au marché, un paysan a deux possibilités : la
première possibilité, c'est de vendre toute sa marchandise en
méme temps au grossiste rural. Dans ce cas il opte pour
l'écoulement rapide. Une de nos enquêtées Madame Malan,
nous affirme « je préfère vendre en gros même si mon
bénéfice est réduit comme cela je peux vite rentrer
à la maison pour m'occuper du ménage ». Elle fait un panier
de gombos à 1500 F. C.F.A. La deuxième possibilité,
notamment la vente aux détails. C'est un regroupement non
structuré de vendeurs qui vendent surtout des produits destinés
à la consommation directe. La majorité des acteurs sont des
micro-détaillantes avec un petit nombre de détaillantes. Les
agriculteurs et acheteurs se regroupent chaque semaine sur le marché
rural.
En pratique23, il y a une pré-collecte.
Quand le paysan n'a pas les moyens pour transporter le produit jusqu'au bord
d'une route, il lui faut trouver un chargeur pour le faire. Afin
d'éviter ceci, beaucoup de paysan(ne)s se regroupent pendant un jour
convenu avec les grossistes pour former un lieu de collecte temporel et
périodique. En fait ce n'est qu'une place où la transaction entre
le grossiste et le paysan a lieu. Cette place est beaucoup
fréquentée par les grossistes de la ville la plus proche, les
collecteurs et les collectrices-détaillantes à cause des prix.
6.2. Grossistes et Détaillants : une
dépendance masquée
Des acteurs de la distribution dans la région de
Méagui, les détaillants qui interviennent tous en milieu urbain
sont les plus vulnérables. L'importance des rapports sociaux pour leur
maintien en activité n'a d'égal que la faiblesse des fonds de
roulement. Sans capital, ni fonds de roulement consistant, le détaillant
doit faire preuve d'ingéniosité et d'habileté pour
générer une marge bénéficiaire et maintenir les
rapports avec son grossiste. Toute fois ces détaillantes sont
très actives dans la distribution des vivres en ville.
L'activité des détaillants est principalement
conditionnée par la faiblesse de leur capital commercial. Les
quantités pouvant être journellement commercialisées sont
de ce fait toujours très limitées. En conséquence, la
détaillante est fortement dépendante des possibilités de
crédit
23 Cette description est celle des marchés de
Touagui 2 et Gnititouagui 2
accordées par le grossiste, ce qui l'empêche de
jouer entre plusieurs fournisseurs selon les saisons ou l'état du
marché, pour pouvoir obtenir le «meilleur prix».
Les femmes sont en nette majorité sur les
marchés et sont spécialisées dans les produits
périssables: bananes, manioc, produits maraîchers. Elles assurent
la recherche du produit (et sou-vent sa récolte), son groupage, la
recherche du véhicule et le convoyage du chargement. Plusieurs formes de
collecte sont à distinguées, en fonction de leurs
particularités, on a :
- La collecte avec partage du bénéfice : cette
formule est fondée sur une relation de con-fiance absolue entre le
collecteur et le grossiste et se rencontre à Touagui 2 et Gnititouagui
2. Dans ce cas l'apport financier du grossiste comme le montre le commentaire
suivant « comme je suis sur le terrain, j'utilise mes relations
familiales et amicales pour rassemblé les produits, c'est ma
contribution ». Le grossiste avance la somme couvrant la transaction,
le transport et parfois les frais de subsistance du collecteur pendant sa
tournée en brousse. Cela concerne surtout la banane plantain et le
manioc. Une fois la vente réalisée par le grossiste, les frais de
collecte sont déduits de la recette, le bénéfice est
partagé à parts pratiquement égales entre le grossiste et
le collecteur ;
- La collecte avec commission par sac : tous les frais de
collecte (prospection du collecteur, achat du produit, location du
véhicule) sont avancés par le grossiste qui fixe le prix d'achat
au producteur souhaité. Cette forme de collecte est moins
présente à Touagui 2 qui est très proche de Méagui.
Les produits sont transportés à partir des champs sur une place
non loin de la gare dans des paniers confectionnés à cet effet.
Le collecteur, «coxer» ou «pisteur, est
rémunéré par une commission entre 100 et 500 F. C.F.A./sac
de banane plantain ou d'avocat surtout et parfois des sacs de manioc et
d'ignames mais il peut accroître sa rémunération en
négociant avec le producteur un prix inférieur à celui
accepté par le grossiste ;
- La collecte indépendante pré financé
par le grossiste : le grossiste finance entièrement l'achat du produit,
les frais de transport sont à la charge du collecteur. Ce dernier peut
céder le produit au client de son choix, parfois au grossiste qui l'a
financé. Mais nous avons rencontré qu'une seule qui dit avoir
recours à cette pratique pour le manioc. Après la cession, elle
doit en plus du remboursement de l'avance, verser au grossiste une commission
fixe de 200 F. C.F.A/sac. Il peut encore s'y ajouter un droit d'entreposage si
elle utilisait le magasin du grossiste mais elle constitue le stock en plein
air et le couvre avec des sacs.
- Une autre forme est le regroupement sur une place centrale
de collecte. Elle est répandue surtout à Méagui et
secondairement à Oupoyo. Les paysans envoient leurs produits
eux-mémes à un dépôt qui se trouve près d'une
route ou sur une place qui est accessible pour le transporteur. A Oupoyo par
exemple, les commerçants tôt dès le matin dans les villages
de
Leonkro et Pascalkro se dirigent vers le centre de collecte.
Chaque membre de la famille charge sur la tête ou sur une bicyclette pour
certains une partie des produits à vendre. Puis c'est le départ
pour une marche de 5 Km pour Leonkro et 7 Km pour Pascalkro. En chemin, ils
sont abordés par des grossistes et des pisteurs pour les autres qui
demandent à acheter. Il faut préciser que les grossistes ne vont
pas aussi loin que les pisteurs qui créés des points de
transactions environ chaque 400 mètres. Quand les quantités
deviennent importantes, un véhicule est déplacé
spécialement pour acheminer le tout vers la place centrale.
6.3. L'approvisionnement des détaillants
auprès des grossistes.
Les grossistes opèrent le dégroupage
nécessaire à la répartition entre les différents
marchés de quartiers. En aval, les clients sont principalement les
petites détaillantes des marchés et, secondairement, les
consommatrices. Le fractionnement des lots est très important
étant donné la faiblesse des capacités commerciales de la
majorité des acteurs de la redistribution. Deux types
d'approvisionnement peuvent être distingués : celle qui se fait
auprès des grossistes individuels donc de gré à gré
et celle des grossistes en association donc encadré.
Le premier type est l'apanage des Baoulé et des
Burkinabé qui sont disséminés sur les lieux de collectes.
Ces aires de dégroupage sont développées sur un des axes
principaux de pénétration de la ville soit vers Soubré ou
San-Pedro, à côté des gares routières. Pour les
fruits et les tubercules particulièrement, il faut remarquer que les
plates-formes d'arrivée fonctionnent à la fois comme relais dans
le trajet des poids lourds et comme lieux d'achat. Il s'agit de deux aires de
stationnement situé à côté du grand marché
comme le montre les images suivantes.

Photo 6.1 et 6.2 : Détaillantes venues s'approvisionner
auprès de grossistes. (Source : DAGOU, 2009)
Dès l'arrivé des grossistes, les
détaillantes, accourent pour constituer leurs stocks. Plusieurs
méthodes existes « c'est ma cliente », « c'est ma parente
», « elle est ancienne et paie bien». Puis c'est le
départ vers le marché ou les villages voisins pour un commerce de
derniers échelons. Sur leur étales respectives, elles vendent en
tas, en boîte, en seau, en cuvette ou à l'unité. Le choix
de ces unités de mesure s'explique par leur praticabilité. Chez
les vendeuses de rue ou à la sauvette, c'est plutôt le tas. Dans
la pratique, ce sont les enfants (fils et filles) des vendeuses fixes sur le
marche qui vendent aussi à la sauvette. Les revenus sont très
modestes entre 2000 et 15000 F. C.F.A selon la marchandise.
Tableau 6.1 : Extrait d'une fiche de formation des prix de
l'O.C.P.V.
Centre de collecte et de groupage de Méagui Date : Lundi 6
Avril 2010
Enquêteur : FOFANA SYNDOU
PRODUITS
|
NIVEAU D'APPROV.
|
DESTINATION
|
UNITES
|
POIDS
|
PRIX
|
PRIX AU KG
|
|
Féculents
|
|
Igname « Kinglè »
|
faible
|
Didievi
|
Kg
|
1Kg
|
125
|
125
|
Igname « Assawa »
|
fort
|
Méagui
|
Tas
|
4500g
|
500
|
111
|
Banane plantain
|
moyen
|
Guiglo
|
Sac
|
100Kg
|
7000
|
70
|
Manioc doux
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
7500g
|
500
|
66
|
|
Céréales
|
|
Mais grain blanc
|
Fort
|
Gagnoa
|
Sac
|
100Kg
|
13000
|
130
|
Mais grain jaune
|
fort
|
Gagnoa
|
Sac
|
150Kg
|
16000
|
107
|
riz paddy
|
moyen
|
Méagui
|
Sac
|
100Kg
|
14500
|
145
|
Mil
|
moyen
|
Burkina
|
Sac
|
100Kg
|
30000
|
300
|
|
Oléagineux
|
|
Graine de Palme
|
moyen
|
Méagui
|
Cuvette
|
10Kg
|
1000
|
100
|
Arachide décortiqué
|
moyen
|
Bouake
|
Sac
|
100Kg
|
36000
|
360
|
Pistache
|
faible
|
Danané
|
Sac
|
150Kg
|
20000
|
133
|
|
Fruits
|
|
Avocat
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
2Kg
|
25
|
12,5
|
Gingembre
|
fort
|
Grand-Zattry
|
Sac
|
100Kg
|
10000
|
100
|
Papaye solo
|
faible
|
Abidjan
|
Tas
|
100Kg
|
20000
|
200
|
Orange
|
fort
|
Abidjan
|
Tas
|
1125Kg
|
15000
|
13
|
|
Cultures maraichers
|
|
Tomate SODEFEL
|
moyen
|
Issia
|
Kg
|
10Kg
|
3000
|
300
|
Aubergine « n'drowa »
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
900g
|
500
|
55
|
Gombo frais
|
moyen
|
Soubré
|
Cuvette
|
10Kg
|
1750
|
175
|
Piment frais
|
fort
|
Issia
|
Cuvette
|
10Kg
|
2000
|
200
|
Choux vert
|
faible
|
Burkina
|
Tas
|
3200g
|
500
|
156
|
Carotte
|
faible
|
Abidjan
|
Filet
|
10Kg
|
7000
|
700
|
Source : O.C.P.V Méagui, 2010
Comme on peut le voir à la lecture de ce tableau, les
prix sont faibles en moyenne sur le site de groupage mais sont grevés
d'une multitude de frais qui les font augmenter. Les grossistes de produits
vivriers, tels que les céréales, dans certains cas, les fruits
(ces deux produits pouvant être traités ensemble par les
mêmes grossistes), s'installent principalement sur les marchés des
localités enquêtées ou dans les quartiers où ils
forment souvent un ensemble dense de magasins réunis dans une ou deux
rues.
Le second type, celui de l'organisation des grossistes. La
grande partie (86%) des grossistes de Méagui ont un groupement
structuré autour d'une famille Malinké. Celle-ci a une main mise
sur de KIA qui effectue le transport dans toute la région. Les
Burkinabé qui s'y sont affiliés l'on été grace
à l'Islam. Dans le quartier Bayard et Kaboré-Bila de
Méagui, le nouveau marché qui devait être construit
à vu ses magasins achevés par des grossistes. Ils les ont
loués par groupe de cinq ou de quatre pour stocker tous ce que les
rabatteurs trouvent. Ces magasins constituent pour certaines des lieux
d'habitations. De là, ils partent pour approvisionner leurs clients dans
les quartiers périphériques ou les villages voisins. Dans
certains cas, pour les chefs de réseau, c'est l'ensemble des
détaillants qui se rend à son domicile ; qui pour un stock ou
pour le règlement d'une créance ou pour une demande de
subvention. Ces dernières peuvent louer une chambre à la nuit,
pour quelques jours, ou un logement, pour plusieurs mois selon l'aire
d'extension de leur commerce. Pour le rabattage des vivriers, ils sont
aidés par les pisteurs familiaux, les « cokseurs » et les
chargeurs. Les uns dans les gares, sur les pistes champétres ou
sillonnant les villages dans le but de réduire l'écart
temporelle. Si un pisteur à Gnititouagui 2 ou Robert-Porte à une
information d'une récolte prochaine ou en cours, il in-forme tous les
transporteurs du réseau à proximité et trouve quelqu'un de
disponible puis celui-ci se rend sur place pour faire évacuer. Leur prix
de transport est invariant fixé à 30 000 FCFA
indépendamment du lieu du moment où la récolte leur est
vendue. Alliant ainsi réduction temporelle et spatiale beaucoup de
producteur les préfère surtout qu'avec une certaine
fidélité, on peut espérer un crédit. En revenant
sur l'aspect du transport, la convergence vers les magasins est assurée
par les véhicules de types « KIA ». Mais pour le transport sur
d'autres localités comme Oupoyo ; Soubré ou Yabayo, deux camions
remorques de 30 tonnes, mis à la disposition par l'organisation ethnique
des Dioula, de ceux qui sont leurs grossistes. Toutes les commodités que
se soit la part des syndicats, des policiers ; les chargeurs et autres sont
mobilisés pour la bonne conduite jusqu'à Yabayo. Le regroupement
des grossistes ou des détaillantes sur un marché ou dans un
quartier résulte de la combinaison d'un ensemble de facteurs historiques
(primauté et pouvoir des commerçants de produits secs par rapport
aux acteurs des autres circuits commerciaux), ethniques et familiaux
(spécialisation dans un type
de produits), et enfin socio-économiques
(communautés de besoins et d'intérêts). Les quartiers
«spécialisés» dans lesquels opèrent aujourd'hui
les grossistes de produits vivriers sont situés à
proximité immédiate du marché central. Cette image
correspond bien à Gnititouagui 2 qui à son marché
méme s'il est temporaire (3 heures environ) au centre du village. Ce
processus, assez récent, de transformation du tissu urbain d'habitation
autour des marchés au profit de la fonction commerciale (plus
spécialement le commerce de gros et le stockage) s'explique par la
pression foncière provoqué par de la saturation des installations
actuelles du marché.
Conclusion du chapitre 6
Producteurs, grossistes et détaillants peuvent
poursuivre des objectifs contradictoires, par exemple en termes de volume ou de
rentabilité. Mais, surtout, ils se trouvent de fait en concurrence pour
se partager la valeur créée par le canal. La concurrence rendant
difficile l'augmentation des prix de vente au détail, les grossistes
vont donc assurer le fonctionnement du canal tout en maximisant leur propre
marge. Les grossistes se rendent dans les villages périphériques
pour constituer ou augmenter leurs stocks. Leur poids économique
(chiffre d'affaires généralement supérieur à celui
des producteurs) et leur rôle crucial comme point d'accès
obligatoire au marché ont conduit à des relations souvent tendues
polarisent en conséquence, toutes actions. De plus la relative
dispersion spatiale des grossistes de produits vivriers dans le tissu urbain et
les innombrables points de vente qu'ils approvisionnent (étals des rues,
commerces du soir, etc.) permettent un bon drainage du réseau des
marchés. Ils contribuent à une optimisation de la redistribution
urbaine.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Si, de manière générale, aucun contrat
écrit ne lie le commerçant (grossistes) à ses
différents partenaires (colporteurs, collecteurs, pisteurs,
acheteurs-groupeurs) ou à ses employés (chauffeurs, convoyeurs,
aides vendeurs), il existe cependant entre les uns et les autres une certaine
complicité et un niveau de confiance. Ceux-ci dépendent de
l'appréciation que le commerçant fait du sérieux et du
dynamisme des partenaires qu'il met très souvent en concurrence.
Partenaires et employés sont recrutés soit en fonction de leurs
appartenances aux mêmes groupes ethniques, soit en raison de leur
connaissance des producteurs ruraux, des marchés, des demi-grossistes et
des détaillantes. Dans les zones de production, les rapports
grossistes-producteurs se renforcent et se diversifient par le jeu des rapports
de force et de négociation pour que les producteurs arrivent à
vendre leurs productions. Au niveau de la distribution en milieu urbain, les
rapports sociaux et les relations de crédit basées sur la
confiance nouées constituent surtout pour la détaillante,
financièrement fragile, le vecteur essentiel d'expansion commerciale. La
multiplication des agents, parties prenantes dans la distribution avec une
bonne base ethnique et religieuse, de même que la minimisation du
coût du transport par la maitrise du réseau de transport
concourent à la suprématie des l'organisation des grossistes. La
gestion d'un nombre aussi important de relations avec les autres acteurs
économiques aussi diversifiés confirme la fonction de chef de
réseau que joue le grossiste. La production ne sera stimulée du
coté des producteurs que s'ils trouvent des débouchés
favorables à leur récolte. Le devenir donc de la production et de
la commercialisation des produits vivriers dépend donc du grossiste. La
deuxième hypothèse est donc vérifiée.
3ème partie
COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS
DE LA REGION
DE MEAGUI
Le commerce des produits vivriers à un certains aire
d'extension qu'on peut définir par son rayonnement commercial. Il
défini l'ensemble des villages ou des villes susceptibles d'y effectuer
des achats, soit de produits locaux soit de produits manufacturés. Au
départ de la région de Méagui, selon le rayonnement
commercial, trois types de commerces vivriers peuvent être
distingués :
- Le négoce local est très actif : transactions
entre paysans, ventes aux citadins de la région sur les lieux de
production, sur les marchés ruraux ou en ville. Il est pratiqué
aussi bien par des agricultrices que par des marchandes professionnelles. Il
s'étend sur un rayon de 20Km.
- Le commerce sur San Pedro et Soubré (Yabayo) n'est
pas négligeable. Ce sont des femmes qui le pratiquent, Malinké
surtout, Maliennes et Burkinabé en grand nombre également. Elles
louent des camionnettes ou viennent directement en car et achètent des
vivres sur les marchés ou chez les agriculteurs. Il s'étend sur
une distance comprise entre 50 et 80Km.
- Le commerce à longue distance avec plus de 400 Km,
c'est-à-dire principalement sur Abidjan. Les points centraux de ce
commerce sont, outre Méagui, Yabayo (Soubré) centre de groupage
en concurrence géographique où sont installés de
façon temporaire ou permanente de nombreux commerçants.
Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE
Le circuit parcouru par un produit entre la production et la
consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre
d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les
circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul)
et des circuits indirects. Ce schéma détaille les étapes
suivies par les commerçants regroupant les productions de Touagui 2,
Gnititouagui 2 et Méagui au centre de collecte de Méagui. Ensuite
suivant la voie bitumée, ils parcourent les différents points de
collecte jusqu'à Abidjan. Il suggère que le facteur principal qui
modèle ou structure le circuit principal distribution est le transport
dans une direction bien précise : Méagui - Oupoyo - Abidjan.

Ce schéma est le processus général suivi
par les produits vivriers au départ de la région Méagui.
Plusieurs points de collecte existent mais seul celui de Yabayo principalement
et d'Oupoyo en second ont une activité intense.
Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de
commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan
7.1. Organisation des marchés de la région
de Méagui
Les principaux éléments qui caractérisent
les marchés mais la fréquence, la durée, la
répartition des activités et l'aire d'influence.
7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les
modes d'utilisation
En réponse à la crise qui frappe
l'économie ivoirienne, les habitants de Méagui s'investissent
dans le commerce pour répondre à des situations de
détresse économique et sociale (veuves sans ressources, jeunes au
chômage) ou pour diversifier les revenus des ménages (cas de
nombreuses épouses). Dans la localité de Robert-porte et de
Méagui, la majorité des détaillantes
enquêtées sont entrées dans la profession en faveur du
déplacement dû à la guerre et à leur situation
matrimoniale mais aussi à cause du niveau croissant de pauvreté.
En effet, beaucoup sont veuves (23%), célibataires (39%) ou
épouses de chômeurs (12%). L'installation des vendeuses n'exige
pas de grands frais, ce qui explique un accès facile à la
profession et son succès : l'investissement de départ est
réduit et, dans quelques cas, les grossistes font crédit aux
détaillantes jusqu'à ce qu'elles aient vendu les produits.
L'équipement se limite à un ou deux récipients (cuvette,
bassine ...) servant au transport et à l'entrepôt des
denrées, rarement une balance. Beaucoup (80%) ont été
aidées par un parent au départ (mère, frère ou
soeur, etc.), et parfois leur mari, commerçant ou salarié. Le
capital de départ oscille entre 20 000 à 80 000 F. C.F.A pour la
construction de l'étale ou de la table avec un toit ; les frais à
la mairie et d'autres frais. D'une façon générale, on
constate que les aménagements ont été
réalisés et financés en grande partie par les
commerçants eux-mémes sans l'aide de la municipalité. Tout
dépend de la surface qui peut être achalandée et du
réseau utilisé (connaisseur du milieu). Une attention
particulière montre qu'en fait, le niveau d'équipement est
fonction de l'investissement de départ et des revenus
espérés. Cette typologie, classée par niveau
d'équipement, distingue: les bâtiments et les boutiques,
l'installation délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte
(hangar), la table et l'étalage au sol. Des équipements ont
été réalisés beaucoup plus pour donner un plan
directeur d'urbanisation que pour le souci des
commerçantes24. Ces équipements se sont
révélés souvent non fonctionnels, et ont été
insuffisants pour répondre à la demande croissante de places de
vente sur les marchés. De ce fait, les règles d'attribution des
places de marché, qui interdisent la sous-location et imposent qu'il n'y
ait qu'un attributaire par emplacement et qu'un vendeur ne puisse en cumuler
plusieurs, sont par-tout transgressées. Le nombre d'installations d'un
marché ne correspond jamais au nombre de vendeurs : de méme, la
liste d'attributaires que l'on peut trouver auprès de la
municipalité n'a qu'un lointain rapport avec la réalité.
Le partage d'installation est une des pratiques
généralisées sur tous les marchés surtout celui de
Méagui. Deux causes distinctes sont à l'origine de cette
situation: d'une part, la saturation des marchés et
l'impossibilité d'obtenir un emplace-
24 Cette description est valable pour l'ensemble des
localités non compris Gnititouagui 2 où le marché se fait
sur « un chemin » aménager à cet effet
ment et, d'autre part, la nécessité de partager
les frais d'installation et d'exploitation de l'installation. Il est
très courant qu'un vendeur dispose de plusieurs installations de vente
à travers des prête-noms. Ainsi, la majeure partie des ventes de
vivriers se font aux abords des routes et pour cause la chaleur des toitures et
la clientèle qui est toujours de passage les obligent à se
déplacer (Hermann, Larissa, et Solange, 2008, p 12).
7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les
marchés de la région de MéaguiLes
acteurs qui opèrent sur les marchés sont variés, chacun
avec ses particularités : consom-
mateurs, de la simple paysanne du village voisin au citadin
qui fait ses achats réguliers ; détaillants, qui étalent
leurs marchandises et dont la diversité est grande (agriculteurs,
commerçants professionnels en produits alimentaires, vendeurs d'objets
manufacturés ...) (Paulais & Wilhem 2000, p 48) ; collecteurs, qui
opèrent sur ces places où se rassemblent les marchandises ; sans
oublier les transporteurs, qui relient les localités entre elles et
assurent le convoiement des personnes et des produits. A ces catégories,
sans qui le marché n'existerait pas, il faut ajouter des agents
secondaires, présents surtout dans les principaux centres :
«brouettiers» qui transportent les marchandises entre les gares
routières et les stands; gardiens des marchés urbains et
balayeurs. Le commerce du vivrier de détail appartient tout entier
à ce vaste secteur informel qui permet, en fournissant aux femmes
ressources et emplois, à la très grande majorité des
ménages urbains de survivre (Droy, 1990). Les commerçantes de
vivriers occupent les secteurs les plus dégradés des
marchés, ceux qui cristallisent tous les dysfonctionnements:
surconcentration, enclavement, manque d'hygiène, bâti
vétuste à la limite du dangereux. Elles ont été
«repoussées» à l'extérieur des marchés
pour rester à la périphérique. Cette description convient
bien au marché de Méagui qui est situé dans un bas-fond
qu'on peut qualifier de vallée en U. De plus en ce lieu convergent
toutes les eaux usées des habitations voisines et les eaux de
ruissellement qui stagnent et rendent cet endroit insalubre. Quant à la
rue, elle accueille aujourd'hui non seulement les petites détaillantes
progressivement refoulées hors des marchés par les vendeurs de
produits manufacturés, mais aussi, en nombre toujours plus grand, des
grossistes de produits vivriers.
Les achats sont fréquents mais portent sur de faibles
sommes : la majorité des consommateurs dépense de 500 à 2
000 F. C.F.A. au marché, sans que l'on note de différence
significative entre villes et campagnes. En milieu rural (Gnititouagui 2,
Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2), les paysans achètent peu de vivres :
ils sont venus vendre leurs récoltes pour se procurer les produits
manufacturés indispensables. La plus grande partie de cet argent sert
à acheter des denrées de première nécessité
pour la maison : pétrole, savon, bouillons cubes
pour la sauce, phytosanitaires ... Le reste est
épargné en prévision de dépenses plus importantes.
En ville (Méagui), la situation est différente : les
épouses viennent presque tous les jours, pour acquérir des
vivres, ou délèguent une parente (soeur, nièce, fille...)
ou servante pour cette tâche.
7.2. De la région de Méagui vers les
centres de commerce
En partant de Méagui jusqu'à leurs destinations
finales, les commerçantes visitent plusieurs centre de commerce comme
l'indique le schéma ci-dessus. Le plus essentiel est celui de Yabayo.
7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo
Les vingt et unes commerçants rencontrées
reconnaissent tous faire de la collecte de vivriers sur le tronçon de
Soubré. Au départ de la région de Méagui, tous
constitue leurs stocks à Méagui sur un centre de collecte
à la sortie de la ville destinée à cet effet. Dès
ce moment, les spéculations se mettent en place. Pour une
commerçante qui ne possède pas des produits en grande
quantité et qui n'a pas de sources d'information fiable sur le trajet,
il est préférable de revendre à une autre grossiste pour
éviter les pertes. Par contre, celle qui a un bon réseau de
communications se déplace sur le centre de collecte voisin de Yabayo.
Cette pratique est légion dans le domaine. Pour le transport de leurs
marchandises, elles dépensent entre quinze mille (15000 F. C.F.A.) et
vingt cinq mille (25000 F. C.F.A.), voire plus. Le tableau qui suit donne les
sources possibles du réseau de communication.
Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon le
canal d'information utilisé en (%)
|
Observations
|
Téléphone
|
Commerçants
|
Chauffeurs
|
Sources d'information sur les prix
|
44,8
|
0,2
|
34
|
1,8
|
Sources d'information sur les
disponibilités administratives
|
3
|
52
|
10
|
15,4
|
Sources d'information sur les routes
|
-
|
33
|
9
|
50,8
|
Sources d'information sur les coûts
du transport
|
12
|
10
|
16
|
32
|
Sources d'information sur la qualité
des produits
|
40,2
|
4,8
|
31
|
-
|
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Sources : Nos enquêtes, Décembre 2009
Pour pratiquer l'observation, il faut se déplacer le
long du circuit ce qui est coüteux pour un bénéfice
incertain même pour des commerçantes à grand fond de
roulement. L'alternative est donc d'être sur place par le
téléphone en étant absente. Là encore cette
pratique ne marche qu'entre parente. En effet de Méagui jusqu'à
Yabayo, on est dans le même groupe ethnique cependant un lien de
parenté est plus efficace qu'un lien ethnique dans ce domaine à
cause de
la concurrence. Sur la place de collecte de Yabayo, celles qui
ont complété leur stock à un niveau satisfaisant peuvent
embarquer pour Abidjan directement. Une autre catégorie encore, si elles
constatent une insuffisance du niveau de stock peut revendre comme les
premières l'on faite à Méagui. En général,
cet échange se fait avant l'arrivée sur le centre de collecte par
cession à une parente ou une partenaire qui va sur Abidjan. Il y a aussi
celles qui travaillent avec le réseau de car en place (U.T.B. surtout).
Installé initialement à Méagui, elles ont des contacts
à Yabayo, à Gagnoa et à Divo de sorte qu'avant
Tiassalé, le stock acceptable est atteint avec un déplacement
minimum et un coüt de transport élevé. On constate qu'a ce
niveau, il n'est plus possible de distinguer le produit vivrier originaire de
Méagui tant il y a des récollettes sur le trajet. Enfin, il y
celles qui en période d'abondance surtout pour les fruits (avocats et
orange), s'informent auprès des transporteurs et viennent pour un court
séjour dans la région, constituer un chargement entier et se
rendent directement sur le marché d'Abobo et de Yopougon à
Abidjan. Toute fois même si nous sommes dans l'impossibilité de
distinguer les produits en provenance de la région de Méagui, la
certitude existe que ces produits on eu pour point de départ la
région de Méagui.
Ravitailler les marchés en produits vivriers
s'avère être un vrai casse tête pour les
commerçantes. Celles-ci doivent non seulement faire face aux
différents frais de transport, mais aussi aux chargeurs, sans toutefois
oublier les taxes douanières. Loin de connaître un répit
financier, les commerçantes doivent aussi faire face à des
dépenses supplémentaires pour ne pas avoir à subir les
nombreuses et fréquentes tracasseries routières. C'est pourquoi,
cellesci préfèrent s'attacher les services de policiers. " Il
est préférable de payer les trente mille francs aux policiers et
de se faire escorter que de tout perdre " affirme Bertine. Si certaines
commerçantes effectuent elles-mêmes les voyages pour leurs
produits vivriers, cela n'est pas le cas pour d'autres qui
préfèrent attendre patiemment qu'une connaissance ou un parent en
collaboration avec un chauffeur de camion les leur livre. Ce type de circuit se
rencontre sur la voie de San-Pedro - Abidjan mais avec un nombre très
faible de commerçants. Souvent, par faute de moyens, celles-ci sont
obligées de s'associer à deux ou à trois pour minimiser
les dépenses effectuées et rentabiliser leurs
déplacements. A côté de cela, il y a aussi le coût du
convoi qui leur revient à trente mille (30.000) Francs C.F.A. Outre ces
dépenses, les commerçantes qui vont se procurer les produits
vivriers dans les campements et villages doivent verser une taxe de trois mille
(3000) Francs C.F.A. à l'Office pour la Commercialisation des Produits
Vivriers (O.C.P.V.) en plus d'une taxe à payer au corridor de Yopougon.
Or les quantités qu'elles collectent ne sont pas grandes pour couvrir
l'ensemble des charges engagées dans ce
commerce. Du coup, comme dans leurs budgets, le postes des
dépenses en transport et ses frais annexes sont les plus importants,
elles préfèrent livrer son stock.

Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers
L'amélioration de l'efficacité du transport par
des cargaisons plus importantes, les allers-retours plus rapides et la
meilleure utilisation des capacités, sont toutes des méthodes qui
ont fait leurs preuves concernant la diminution des coüts et l'ouverture
de débouchés de marché plus compétitifs comme celui
d'Abidjan. La voie qui passe par la côtière est plus courte mais
est la plus dégradée du faite de son intense utilisation. C'est
pourquoi dans la conception de cette carte (Figure 8.1), il n'est pas fait
mention d'elle. Mais ré profiler la voie rendrait plus dynamique le
commerce de vivre. Un ancien commerçant, notre locataire pendant le
séjour d'étude, regrettait encore la stimulation à la
production que l'acheminement par cette voie leur procurait à
l'époque. A l'ouverture du marché de collecte en 1992, les
produits vivriers destinés aux commerces étaient
détournés pour emprunter cette voie. Mais avec l'usage, elle
s'est dégradée, détournant ainsi le commerce vers la
région de Soubré.
7.2.2 Les marchés abidjanais
L'existence de réseaux anciens de commercialisation,
les trajectoires migratoires des commerçants urbains, leurs relations
avec leurs zones d'origine et leur type d'implantation dans la ville expliquent
le développement de fonctions commerciales spécialisées.
Certains circuits d'approvisionnement de la ville sont indépendamment du
produit traité. On peut distinguer deux formes principales
d'organisation des circuits :
Dans le premier cas, l'agent principal de l'approvisionnement,
le grossiste collecteur, est obligé de se déplacer lui-même
le long du circuit, assurant la plupart des opérations
nécessaires à la circulation du produit: prospection, collecte,
groupage, convoyage, mise sur le marché. Cette dernière
opération étant parfois abrégée par les grossistes
en place sur le marché terminal de distribution. Ce grossiste est par
conséquent relativement spécialisé dans un produit et une
zone d'approvisionnement ;
Dans le second cas, le grossiste collecteur est
inséré dans un réseau marchand. Grâce à la
circulation des flux d'information et des flux financiers entre ses membres ;
la multiplication de ces opérations dans l'espace et le temps, il a une
maîtrise bien supérieure des risques et des contraintes
inhérents au commerce des produits vivriers. La gamme de produits sur
lesquels le grossiste intervient est alors beaucoup plus diversifiée.
Abidjan est caractérisé par la coexistence de
différents types de circuits et de réseaux, sans que l'on puisse
toujours saisir avec précision leurs articulations. Si les produits
vivriers arrivent sur les marchés d'Abidjan et dans d'autres villes de
la Côte d'Ivoire, c'est en grande partie grâce aux femmes Gouro qui
ont "colonisé" les "Marché Gouro" d'Adjamé et le
"Marché Gouro" de Yopougon. La figure qui suit en donne une
localisation.

Figure 7.3: Localisation des marchés approvisionnés
à Abidjan
Les gares d'Abobo et de Yopougon jouent un rôle
particulier pour les commerçantes qui font le transport par cars. Ces
lieux ont longtemps joué le rôle de centre de stockage et de
distribution. Actuellement ils se caractérisent dans notre étude
car ils sont les premiers lieux de rencontre entre
commerçantes-voyageuses et les réceptionnistes et les clientes.
Par ailleurs elles sont les deux principales zones d'entrée en
provenance de l'intérieur ce qui fait que les premiers
déchargements se font d'abords dans ces gares. A la fin de notre
séjour à Méagui, des commerçantes effectuaient
aussi le voyage. A la gare UTB de Yopougon Siporex, une foule de femmes dont
l'âge oscille entre 12 et 60 ans attendaient avec patience
l'arrivée des convois de marchandises. Certaines portant des grossesses,
d'autres des enfants au dos. Les unes assises, les autres, couchées sur
un morceau de pagne ou à même le sol. Objectif, s'en procurer.
Parfois, à l'issue d'une rude lutte. L'essentiel est de repartir soit
avec un sac d'aubergine, soit un panier de tomates ou encore un sac de gombo,
de piments, de bananes ou de manioc. Les commerçantes-voyageuses font
décharger les sacs marqués d'un signe de vernis à des
grossistes qui les attendent. Après cette étape, elle continue
pour Adjamé et Treichville selon le cas. Les marchés centraux de
Treichville et d'Adjamé s'emploient surtout à répondre aux
be-
soins alimentaires de l'ensemble de la population abidjanaise.
Leur fréquentation se fait sur la base des prix pratiqués et de
la qualité des produits ce qui fait qu'Adjamé
bénéficie d'une réputation de prix bas et Treichville des
produits de bonne qualité. C'est spécifiquement ces trois
marchés que ravitaille Méagui selon les entretiens obtenus. Il
faut dire que le marché d'Abobo reçoit surtout l'avocat et de la
cola en destination d'Ayama (Figure 8.2). L'essentiel des autres produit sont
conduit sur le marché Gouro de Yopougon et d'Adjamé. Dans notre
enquête, nous n'avons pas eu de véhicules en destination directe
de Méagui. Cette certitude peut être établit pour l'avocat
car il est livré conjointement avec le cola.
Au marché Zamblé (Gouro) et Roxy à
Adjamé, la situation est la même. De toutes les manières,
il faut pouvoir être présente sur le marché dès
l'aube. Quand un camion, surchargé, roulant péniblement et
transportant les produits apparait, c'est la course au trésor. Certaines
femmes n'hésitent pas à lancer un morceau de pagne sur le
véhicule. D'autres, tout objet qu'elles trouvent sur leur passage. C'est
une manière à elles de faire la réservation, peu importe
la manière. Il faut précise que ces camions viennent directement
de l'intérieur sans escale préalable dans un des marchés
abidjanais. Telle se présente la situation avant l'approvisionnement.
En définitif pour le vivrier en provenance de
Méagui, trois commune sont concerné celle de Youpougon, celle
d'Abobo et celle d'Adjamé. La commune de Treichville ne vient d'en
second plan. Sur les marchés concernés dans chacune des communes,
les quantités en provenance de Méagui ne peuvent être
distingué car indifféremment collecte avec d'autres vivrier sur
d'autres villes. Les convois « pure » sont faibles voire inexistant
à cause de nombreuses tracasseries constaté déjà au
niveau de Soubré. Ce qui ne motive pas au risque et fait donc que
l'essentiel du commerce se déroule sur place.
7.3. Les circuits de commercialisation
La distribution consiste en plusieurs opérations
matérielles et économiques intermédiaires, qui impliquent
au moins un achat par le distributeur et un achat par le consommateur ; elle
suppose donc que soit organisé de manière satisfaisante
l'ajustement entre quantités offertes et quantités
désirées. Ces transactions revêtent une dimension spatiale
(il faut oraniser le transport des biens et fournir des points de vente
accessibles aux acheteurs), une dimension temporelle (il faut rapidement mettre
les produits sur le marché en fonction des besoins des consommateurs,
tout en tenant compte des disponibilités des fournisseurs) et proprement
économique (le rôle du distributeur consiste à gérer
le décalage entre l'offre et la demande sur un marché
déterminé). Le circuit parcouru par un produit entre la
production et la consommation
finale est plus ou moins long en fonction du nombre
d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les
circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul)
et des circuits indirects. Dans ces derniers, on distingue des circuits courts
(où le seul intermédiaire est le détaillant) et des
circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des
grossistes, soit des détaillants). Cependant dans le cadre de notre
analyse, nous parlerons de circuits principaux et de circuits secondaires. Sur
la figure 7.1, on voit de manière schématique les
différents circuits parcourus par le vivrier.
Un premier circuit est animé par principalement par les
néo ruraux (licenciés, retraités,...) qui se rendent
directement sur les exploitations pour des achats de petites quantités
justes pour l'autoconsommation. Ils se déplacent à moto ou
à vélo et quelque fois en véhicule.
Des bassins de production (Robert-Porte, Oupoyo, Touagui 2 et
Gnititouagui 2), le vivrier accède aux marchés par les
producteurs ou par les grossistes. Un second circuit débute par des
grossistes (ruraux ou venant d'Abidjan) qui vont directement dans les zones de
productions pour constituer leurs stocks. Puis, ils se rendent pour certains
(Grossistes d'Abidjan) à Yabayo ou à Soubré pour
compléter le stocks initial et pour d'autres, ils le commercialisent
auprès des détaillants ou de leurs clients. Ceux-ci les revendent
directement aux consommateurs sur les marchés et un autre se poursuit
pour les villes voisines. Pour les grossistes d'Abidjan, si les
quantités ne sont pas toujours importantes, ils se déplacent vers
le centre de collecte suivant : le centre de Yabayo. On peut remarquer
l'absence de semi grossiste car ceux-ci sont confondus aux détaillants.
C'est de véritables spéculateurs se déplaçant en
fonction des sites spéculatifs de vivriers. Ce circuit est principal car
il mobilise un plus grand nombre d'acteurs et des quantités aussi
importantes y transitent.
Le troisième circuit dit secondaire par rapport
à notre étude, comporte plusieurs embranchements parmi les
grossistes en premier lieu (l'un peut racheter les marchandises à
l'autre) ensuite entre détaillantes. De la diversité des types de
circuit de distribution qui existe, tous sont pratiqués. Il ne suffit
pas d'être présent dans la chaîne de distribution pour avoir
une connaissance précise et actualisée de la situation. Chaque
maillon détient une information partielle et partiale. De façon
à maîtriser l'information, il convient de se déplacer
physiquement tout au long du circuit ou bien d'avoir intégré dans
son organisation des agents spécialisés. C'est le rôle que
jouent les grossistes afin de centraliser les productions achetées
à Méagui. Deux situations se présentent alors : celles qui
ont un pouvoir d'activité plus faible (grossistesdétaillantes)
revendent leurs productions aux détails ou à d'autres grossistes.
Celles-ci, après ces rachats se rendent sur de centres de collecte (voir
figure 7.1). Ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles atteignent les
quantités qui peuvent être convoyé sur Abidjan.

Bassin de production
Fruits
Céréales
Féculents
Oléagineux
Produits maraîchers

Bord champs :
Grossistes collec-
teurs d'Abidjan
Grossistes Collecteurs
de Yabayo ou Soubré
San-Pedro - Sassandra
Fresco - Grand-Lahou
Marché de routes :
Carrefour de villes
Détaillants de produits
Micro-détaillantes de
quartiers ou de rues
Consommateurs
Bord champs :
Grossistes ruraux
intermédiaires
Gagnoa - Lakota
Divo- Tiassalé
Autres centres de commerce
Consommateurs
Marchés
permanents
[Méagui-Oupoyo-Robert-porte]
Marchés hebdomadaires
[Touagui 2 - Gnititouagui 2]
Bassin de commercialisation
Productrices
Détaillantes
Productrices
Détaillantes
Abidjan
Destinations diverses
Figure 7.4: Les circuits de commercialisation des produits
vivriers dans la région de Méagui. (Source : Nos
enquêtes, Décembre 2009)
Légende :

: Principaux circuits : Circuits secondaires
Circuits indirects Circuits directs
Long Court Court Long

La route, support fondamental de ce circuit, facilite les
échanges de produits agricoles entre Méagui et ses villages. Il
permet de renforcer la distinction entre le circuit principal et les circuits
secondaires, la facilité de déplacement permettant une
circulation plus importante des flux de marchandises. La région de
Méagui ne possède qu'une voie bitumée qui relie
Soubré et San-Pedro. Le réseau routier est très dense en
piste non praticable selon qu'il se trouve au bout des cultures. Les
commerçantes dans leur grande majorité vivent des
difficultés pendant leur voyage: dépense pour l'achat des
produits vivriers, le prix du déchargement, le prix de l'escorte, les
taxes ainsi que les imprévus comme la panne d'un camion qui pourrait
survenir en cours de route ou pire, les vols occasionnés par les
coupeurs de route. Le vrai dilemme est trouver un type de véhicule qui
fasse sortir les récoltes sans trop les abimés surtout pour les
fruits et le maraichers. Mais il ne s'en trouve pas.
Aux nombreuses difficultés de déplacement des
récoltes, il faut ajouter les coupeurs de routes. Ces derniers profite
de dos d'âne et des nids de poule sur la voie bitumé pour
créées des difficultés aux commerçantes en prennent
soit leurs marchandises ou l'argent qu'elles possèdent. A contrario, le
tronçon Méagui - San Pedro est en bonne état mais n'est
pas pratiqué car les prix ne sont pas rémunérateur sur ces
marchés. Les produits entre en concurrence avec ceux de la région
de San-Pedro qui ont un coût de transport très faible et un
développement des moyens de transports liée à
l'activité portuaire.
Conclusion du Chapitre 7
Le commerce de la région se déroule dans une
sphère locale et sur les centres de commerce de Yabayo. Le centre de
Yabayo est plus actif car carrefour de plusieurs villes. De l'ensemble des
circuits, plusieurs sont utilisés mais le bon état relatif de la
route fait de la voie bitumée le principal circuit de distribution. De
par ce fait comme le transport en commun s'y déroule, la grande partie
des commerçantes l'utilisent pour le transport de leur produit.
Chapitre 8 : IMPACT DE LA COMMERCIALISATION
ET
PROBLEMES
Usant de stratèges et souvent au prix de leur
santé, les commerçantes parcourent des kilomètres depuis
Méagui pour ravitailler certains marchés d'Abidjan. Ce sont les
commerçantes en gros de produits vivriers qui ravitaillent nos
différents marchés, en dépit d'énormes
difficultés qu'elles rencontrent aussi bien lors de leurs
différents voyages que dans la livraison. Mais quelles sont les
influences entre Méagui et ses localités et quelles sont les
difficultés rencontrées dans les pratiques commerciales?
8.1. Relations entre Méagui et sa région :
urbanisation et périurbanisation
L'urbanisation rurale, désigne tantôt un
état, tantôt une relation entre deux termes (ville/campagne,
rural/urbain), tantôt un processus. Bien des acceptions de cette notion
sont différentes et donnent lieu à de multiples
définitions parfois contradictoires.
Par urbanisation des campagnes comme Oupoyo et Robert-Porte,
nous entendons un processus d'intégration de la mobilité spatiale
des personnes, des biens et des idées dans la vie quotidienne. Elle
donne toute la logique à l'individualisation, en diminuant le poids des
enracinements locaux. Elle fait, du projet individuel, un élément
clé de revendication dans la vie quotidienne. Vu sous cet angle,
l'urbanisation des campagnes, n'est plus un processus d'assimilation mais
d'intégration des catégories de populations, même
arriérées, dans la modernité.
Nous définirons par périurbanisation tout
processus de transformations discontinues des espaces ruraux à
proximité et sous influence des villes (comme Méagui). L'espace
périurbain est un espace fonctionnellement urbain situé à
la périphérie d'une agglomération urbaine.
Cela convient bien à Touagui 2 qui est considéré
comme un quartier de Méagui. L'espace rurbain, quant à
lui, résulte d'une transformation sur place de l'espace rural. Il
produit un territoire, conservant des structures héritées,
où s'épanouit une culture individualiste calquée sur la
culture urbaine et relativement à l'abri des contraintes collectives.
C'est l'image de Gnititouagui 2 qui se transforme avec l'électrification
et la construction de gares modernes.
Depuis longtemps, les planteurs-commerçants Dioula ont
l'habitude d'avoir une main mise sur leur plantation et une autre en ville
où ils ont construit une demeure, voire plusieurs, pour les louer. A
Méagui comme à Oupoyo, les agriculteurs font quelquefois
construire des maisons qu'ils louent ou qu'ils habitent le dimanche ou lors des
périodes de moindres travaux. C'est le cas des planteurs Baoulé
qui s'intéressent en priorité à leur village d'origine
mais
commencent à investir dans les cités de la zone
pionnière. C'est certainement la mutation de l'habitat qui est la plus
visible dans le paysage. Beaucoup de paysans surtout les grossistes
résidents pour qui les disponibilités monétaires sont
importantes et certains producteurs cherchent à posséder leur
maison en dur : murs crépis de ciment, toit en tôles
ondulées, voire pour les plus riches, maison à étage.
Le développement de l'économie de plantation
villageoise, s'il a servi de support à la croissance urbaine, s'est
nourri d'elle également. L'agriculture d'exportation a besoin d'un
certain nombre d'infrastructures, de relais commerciaux, qui ne se trouvent
qu'en ville. En même temps, la cité fournit au paysan les produits
dont il a besoin ou qu'il désire, notamment les produits de
consommation, et que ses gains dans l'agriculture lui permettent
d'acquérir, soit directement en se rendant en ville ou soit par un
intermédiaire.

Photos 8.1 et 8.2 : Utilisation des bas fonds et des terrains non
bâtis (Source : Dagou, 2010)
On peut remarquer les bas-fonds qui sillonnent la ville. On a
des bas fonds secs dans les quartiers Bako, Netro et Bayard. Du riz et des
cultures maraichères s'y développent avec une faible
intensité. Sur la photo 10.1, le riz a été
récolté et on aperçoit quelques épis qui sont
restés dans le quartier Bayard. Un champ de maïs et de banane
plantain se trouve le long du versant de ce bas-fond. Dans les autres
quartiers, les bas fonds humides sont plantés en riz principalement.
Dans les quartiers périphériques, domaine d'extension de la
ville, ceux qui possèdent des terrains viabilisés mais non mise
en valeur y cultivent de l'igname, du manioc pour maintenir leur
propriété sur le terrain (Photo 8.2). Certains plutôt,
comme sur la photo 8.1, y construise leur demeure. En effet, on peut sur cette
photo observer les murs de la terrasse et la clôture en bois qui
définie la limite de son terrain. Maintenir une agriculture
périurbaine n'est pas
l'objectif initial mais la sécurité foncière
lui donne droit de cité surtout que des litiges récurrents
naissent de ventes de terrain à plusieurs personnes.
L'agriculteur ne répond à la demande que pour
autant qu'il y trouve avantage ou refuse de vendre sa marchandise. La
réponse paysanne à la demande urbaine croissante se traduit par
le développement de systèmes de production fondés sur la
culture de la banane ou de l'igname ou par l'association des vivriers au
café-cacao. La réussite commerciale des paysans repose
également sur une stratégie qui suppose un déploiement
urbain surtout pour le transport, comparons ceux du Nord-Est et ceux du
Sud-Ouest. Les agriculteurs Lobi qui commercialisent leur igname directement
sur Abidjan regroupent leur production dans de gros camions et char-gent l'un
des leurs qui connaît la ville et instruit, d'aller contacter le
transporteur, puis de conduire et de vendre la production à Abidjan.
Stratégie rurale où le paysan scolarisé qui a vécu
en ville tient une position clef (Chaléard et Dubresson, 1989, p 288).
La mise en place d'une agriculture spécialisée dans
l'approvisionnement de marchés lointains répond à des prix
suffisamment rémunérateurs et exige une organisation efficace des
circuits commerciaux. C'est parce que l'igname est une denrée
relativement chère qu'elle a pu susciter l'intérêt de
paysans situés à plus de 500 kilomètres du lieu de
consommation25. Dans le Sud-Ouest par contre, pour rendre possible
un tel essor, on assiste à la greffe de l'agriculture vivrières
sur l'agriculture de plantation qu'ils développent une production
alimentaire pour les villes. Si on peut percevoir la ville comme porteuse de
déracinement et d'uniformisation face à l'espace rural, les
rapports entre Méagui et ses villages s'inscrivent dans une série
de rapports sociaux, qui évoluent avec les techniques de contrôle
de l'espace (moyens de transport, de communication, de coercition) qui sont
timides.
8.2. Difficultés
Les difficultés sont de plusieurs ordre tant au niveau de
la production que de la commercialisation. Mais aussi des
éléments exogènes comme l'instabilité des
saisons.
8.2.1. Insuffisance du système d'encadrement
entourant le vivrier
Les structures étatiques d'encadrement et de
planification que sont le C.N.R.A, l'A.N.A.D.E.R, l'O.C.P.V. ; le
Ministère du Plan et de l'Urbanisme, le Ministère de
l'Agriculture ont toutes leurs représentations à Méagui.
Mais la proximité des agents et des paysans est un défi majeur.
Ils ont été prioritairement déployés pour les
cultures de rentes et
25 Chaléard J. L., Fronts pionniers et
ravitaillements des villes en Côte d'Ivoire, 1990
pour atténuer les problèmes fonciers. Mais
actuellement, le soutient initial a baissé et les locaux qu'abritent ces
différentes structures sont dans un état
dégradé.
Pour le Ministère du Plan et l'Urbanisme, le manque
d'électricité et l'utilisation temporaire des locaux de la mairie
limite leur champ de compétences. Obtenir une carte fut un
véritable parcours du combattant. Si nous y avons eu recours, c'est que
les autres voies étaient épuisées. Pour l'O.C.P.V., les
magasins de stockage ne contiennent que des produits de rentes
(café-cacao) et des aires de séchages. Les responsables au nombre
de deux ne vont que quand ils le peuvent sur les marchés et les
corridors. Le manque d'engins roulant ou de carburant est la raison
principalement évoqué. Ces locaux sont souvent transformés
en centre culturelle pour les activités sportives « Maracana »
et culturelles comme l'émission « Tonnerre ». Pour ter-miner,
le marché actuel de Méagui devrait être construit dans le
prolongement de l'O.C.P.V. mais le faible engouement pour la spéculation
autour du vivrier a conduit au détachement des deux entités.
Actuellement l'espace de l'O.C.P.V. est en entrain d'être réduit
par la construction de magasins, de gares routières et point de
commerce. L'A.N.A.D.E.R et le C.N.R.A ne sont pas présent en tant que
tel mais ont des agents qui sillonnent le département de Soubré.
Ces structures manquent véritablement de moyens techniques pour mieux
encadrer les producteurs mais surtout souffre de ce que leurs activités
ne sont pas contrôlées ne permettant pas de dégager des
seuils d'améliorations.
8.2.2. Conflits fonciers
L'épuisement des réserves forestières et
l'inéluctable nécessité d'intensifier les systèmes
de production se sont accompagnés de la remise en cause des conventions
foncières entre autochtones et migrants. Progressivement, les
obligations morales dues aux tuteurs sont devenues des prestations, de plus en
plus importantes et de plus en plus régulières, pour
l'accès et l'occupation de la terre. Le changement de
génération, chez les tuteurs comme chez les migrants,
l'augmentation de la pression foncière et le retour au village de
ressortissants citadins ont contribué encore à accentuer les
tensions entre autochtones et étrangers.
En ce qui concerne les jeunes ivoiriens, le modèle
urbain d'ascension sociale, qui a été leur
référence durant les années de prospérité,
s'est estompé. Les jeunes autochtones ont subi les conséquences
de la crise économique dans les principales villes du pays. Leur
contestation a été d'autant plus vive qu'ils se trouvaient
confrontés aux difficultés d'accès à la terre au
sein de leur propre famille et au monopole des « vieux » sur la rente
foncière. Enfin, leur frustration a été accrue par leurs
aspirations à un mode de vie urbain, que le caractère «
rurbain » des
campagnes ivoiriennes, au moins dans le Sud forestier, continue
d'encourager méme lorsque le repli sur les villages d'origine reste la
seule stratégie possible de survie.
Les jeunes exploitants migrants, particulièrement
d'origine sahélienne, sont constamment confrontés au risque de
voir dénoncer les conventions foncières qui avaient
été accordées aux parents auxquels ils succèdent.
L'affaiblissement de la sécurisation foncière des migrants
étrangers de la région de Méagui aura en effet un impact
négatif important sur la durabilité des cultures vivrières
(production et qualité d'entretien). En effet, une part importante de
ceux-ci, en particulier Burkinabés, participent à la production
tout en attirant de la main d'oeuvre utilisée tant par eux que par les
exploitants autochtones et par les migrants ivoiriens. Une partie notable
d'entre eux sont d'ailleurs à la fois producteurs directs et
fournisseurs de main d'oeuvre. Un désengagement, même partiel, des
migrants non ivoiriens pourrait donc avoir des conséquences non
seulement sur la productivité par rapport à la surface, mais
aussi, à terme, sur l'état phytosanitaire du verger ivoirien.
Enfin, une frange des exploitants migrants, surtout Burkinabé, est
également fournisseuse de services para-agricoles stratégiques
(crédit, achat de produit, transport).
8.2.3. Financement du stock des produits
vivriers
Probablement, la plus grande barrière à
l'entrée dans le commerce est la possibilité d'obtenir des
crédits pour le financement de départ. Cette barrière
sélectionne les gens qui ont assez de moyens et empêche les gens
sans moyens d'entrer sur le marché. La plupart des grossistes (68%) ont
déclaré d'avoir hérité le commerce de la famille.
Par conséquent, ils peuvent profiter d'un financement de départ.
A Oupoyo par exemple, deux grossistes rencontrés nous ont confié
bénéficier d'une retraite anticipée pour pratiquer cette
activité. Sachant que leur retraite était proche, ils ont
profité d'une offre de leur société pour réaliser
leurs voeux. Dans la région de Méagui, les réseaux de
crédit et de commercialisation reposent sur un tissu social très
structuré et hiérarchisé. Les mécanismes de
coercition y sont très contraignants et ont sans doute
opéré, lors de la phase pionnière, comme un frein aux
comportements individualistes. En période de pénurie
financière, ils représentent en revanche une
sécurité : les contraintes se traduisent par le
prélèvement d'une part importante du surtravail des planteurs,
via les prix d'achat du cacao et les services rendus aux chefs de la
communauté, mais elles sont compensées par un accès
privilégié à la main-d'oeuvre et au crédit.
Cependant avec les informations collectées, une typologie d'ensemble a
été établie concernant leur source de financement.
Figure 8.1 : Répartition des commerçants selon les
sources de financement (%)
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Source : Nos enquêtes, Décembre 2010
Le financement de départ des grossistes
indépendants provient soit d'un crédit de la famille ou d'un
avoir personnel. Il est très difficile d'obtenir un crédit de la
famille ou de la banque. Un crédit entre les amis est
considéré comme une «émission
d'actions». Il n'y a pas de taux d'intérêt, mais le
partage du bénéfice se fait avec le crédit en deux parts
égales. De cette façon, le créditeur porte le risque de ne
pas avoir un intérêt quand le débiteur enregistre une perte
avec l'argent emprunté. 54 % des grossistes interrogés ont
déclaré avoir un compte bancaire dans une micro finance
plutôt que dans une banque ordinaire. Ceci parce que les
possibilités de retrait sont plus souple et la fin pour laquelle ces
dépôts sont fait est l'emblème de la structure. Tous ces
fonds son soigneusement surveillés par l'organisation des grossistes. Ce
sont à Méagui et Touagui 2, 71 % des grossistes résidents
et à Robert-Porte et Oupoyo de 36 %. Pour obtenir un crédit, il
faut leur vendre ta production. On se tromperait sur le fait qu'un opportunisme
quelconque puisse exister car ils sont bien informés sur l'emplacement
des champs des sortes qu'au moment de la récolte, ils sont
présents. Les vendeurs au détail sont surtout des femmes, dont le
financement initial provient souvent des fonds propres familiaux (21,30%), du
capital décès ou des indemnités de licenciement du
conjoint. Une épargne peut être mobilisée à travers
les tontines (42,70%) ou du soutien d'une grossiste qui donne la marchandise
à crédit. Dans la pratique, la méthode la plus courante
est la tontine pour le financement des stocks de départ. Comme on peut
le voir, les détaillantes combinent différents mode de
financement mais qui sont au final inefficace puisque la mauvaise gestion et
les aléas sont
tels qu'elles se retrouvent endettées. En
définitive, on remarque que les détaillantes de marchés
constituent des communautés très fragiles et
contrôlées par le fond de roulement d'où le besoin d'un
fond d'aide et de soutien.
8.2.4. Saisonnalité et instabilité des prix
des produits
Le marché du vivrier ne se porte pas trop bien en ce
moment. Les femmes du vivrier évoquent de plus en plus la baisse de la
pluviométrie. Les climatologues essaient de tirer, eux-aussi, la
sonnette d'alarme. Pour Djé Kouakou Bernard, chef du département
de la climatologie et de l'agro-métrologie de la Société
d'exploitation et de développement aéroportuaire,
aéronautique et métrologique (SODEXAM), si actuellement la baisse
de la production paraît un phénomène normal (voir figure
2.2 et 2.3), force est de reconnaître que les effets du changement
climatique se font ressentir malheureusement sur les cycles de production. En
effet, les régions comme Gagnoa26 ont vu leur cycle de
production reculer de 31 jours, soit un mois. Pour M. Djé, la
déforestation et le réchauffement climatique risquent de mettre
en péril les productions agricoles nationales.
Selon les agents de l'A.N.A.D.E.R., la production agricole
ivoirienne de «type pluvial» a baissé de moitié ces dix
dernières années en raison du phénomène de
changement climatique. C'est un grand risque qui pèse sur la
sécurité alimentaire si nous n'arrivons pas à prendre des
mesures, avait prévenu Yo Tiémoko, Directeur du Centre National
de Recherche Agronomique27. Dans la pratique, le principal risque
est d'ordre économique. Variations des cours et mévente sont les
deux gros risques économiques que rencontrent les cultures
vivrières.
On constate cependant une certaine instabilité des
systèmes de production : les superficies en manioc ont fortement
augmenté au moment des hausses pour redescendre ensuite. L'augmentation
des prix est signe de pénurie (le risque de mévente est alors
éliminé) ; en même temps elle accroît la marge de
sécurité financière de l'exploitation, l'agriculteur
étant assuré de revenus par tonne plus élevés. Les
risques à ce moment là sont donc atténués. Mais ces
productions trouvent leurs limites : aucun producteur ne choisit la
monoculture, et rares sont les agriculteurs qui tirent l'essentiel de leurs
revenus des cultures maraîchères voire vivrières. Tous
pratiquent l'association différentes spéculations :
café-cacao quand ils le peuvent, banane plantain, manioc et cultures
maraîchères. Les cultures vivrières pour les ventes faites
dans un cadre traditionnel ne se heurtent pas à ce danger : mais le
risque vient de l'absence d'assurance d'écoulement de la production, que
l'agriculteur ne peut guère prévoir car il
26 Il fait allusion à la station de recherche
de la SODEXAM qui se trouve à Gagnoa.
27 Vendredi 19 mars 2010 - Par le journal Nord-Sud :
Vivriers, une pénurie guette le marché
ne connaît ni l'état du marché, ni le
niveau de la production globale au moment de sa vente. C'est pourquoi, les
petits exploitants qui ne maîtrisent qu'imparfaitement les techniques
culturales et la commercialisation cherchent souvent à réduire
les risques en minimisant les coûts de production : ils utilisent moins
d'engrais, et moins de produits que les gros exploitants. En-fin, beaucoup de
petits producteurs, quand ils ont la possibilité, évoluent vers
une agriculture bien connue pour répartir et amoindrir le risque : la
polyculture.
8.2.5. Insécurité commerciale et mauvais
état des routes
A la faveur d'un séminaire de réflexion sur la
relance du vivrier, les acteurs de la chaîne du vivrier se sont
concertés à Bouaké. Productrices du vivrier,
commerçantes et transporteurs ont débattu du 02 au 05 avril 2009
au Foyer Jeune Viateur de Bouaké des difficultés qui minent ce
secteur. Les problèmes qui sont l'apanage de ce secteur ont
été exposés. Mais aussi et surtout les tracasseries
routières qui frappent le secteur. Un dysfonctionnement qui a pris de
l'ascendant avec l'avènement de la crise qui a éclatée le
19 septembre 2002. Les productrices, commerçantes et transporteurs de
vivrier attendent toujours l'amélioration du problème de
fluidité routière pour leur permettre d'exercer au mieux leurs
activités respectives et d'en tirer véritablement profit. D'une
localité quelconque à Abidjan, commerçantes et
transporteurs de produits maraîchers et vivriers sont
rançonnés par les Forces de Défense et de
Sécurité. Le réseau routier de la Côte d'Ivoire
connaît depuis l'année 2000, une dégradation dramatique.
Les causes en sont multiples, mais on peut en retenir quatre principales qui
sont l'absence d'une politique cohérente d'entretien et de
réhabilitation ; les malfaçons d'origines diverses
constatées lors de la construction des chaussées et relatives
à la qualité des matériaux ; les conditions climatiques et
les causes liées aux poids des marchandises. On peut ainsi constater que
sur ce réseau le << nid de poule », le
rétrécissement de la voie créant ainsi des embouteillages
Et si dans cette situation, un accident survient, c'est tout le trajet qui est
mis en mal. Ainsi pour des commerçantes de produits périssables
(fruits et légumes), cette fluidité est vitale car ces produits
ont déjà fait l'objet de plusieurs collectes.
Conclusion du Chapitre 8
En inscrivant l'analyse du phénomène urbain dans
la hiérarchie et la dynamique spatiale des relations villes-campagnes,
Courade (1985, p 73) estime que << le rôle que la ville joue dans
le développement des campagnes est fonction des caractéristiques
de la ville dirigeante et encadrante », mais également des modes
d'organisation des paysanneries et de la structuration
des espaces ruraux. En effet le faible niveau et la
vétusté des équipements de Méagui fait qu'elle se
vide de ses richesses « vivrières » au profit des centres
urbains voisins comme Yabayo. Une typologie peut être établit,
entre les sous-espaces ruraux : les périphéries rurales actives
(Oupoyo et Gnititouagui 2), les périphéries rurales passives
(Touagui 2) et les sousespaces marginaux (Robert-Porte). Cette structuration ne
va pas sans crée de externalités négative. Les
problèmes ou obstacles, frein à la bonne organisation de la
filière du vivrier, sont nombreux.
La saisonnalité aussi perturbe beaucoup la production
vivrière et rend donc les prix ins-tables surtout qu'il s'agit d'une
production traditionnelle. Les agents de l'A.N.A.D.E.R. et de l'O.C.P.V
manquent de matériels de tout genre pour offrir leur expertise et
encadrer les producteurs. Par ailleurs, le racket auquel s'adonnent les agents
des forces de l'ordre gangrènent cette activité et les
véhicules incommodes aux transports des produits vivriers constituent un
premier lot de complexité qui freine la production.
La désorganisation des marchés dus à la
saturation et à la mauvaise occupation des places auxquelles se greffent
les difficultés d'ordre social et ethnique qui annihile toute
velléité d'organisation pour les Baoulés et
Burkinabé pionnier de cette agriculture. Enfin,
l'insécurité routière due aux coupeurs de route termine
d'égrainer le chapelet de problèmes que rencontre ce secteur.
Toutefois, une chose est de faire le diagnostic et un autre est de proposer des
recommandations et solutions pour redynamiser ce secteur.
Chapitre 9 : PERSPECTIVES DE LA PRODUCTION ET DE LA
COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS
L'exercice de la production et de la commercialisation est
imparfait dans son ensemble et nécessite pour chaque acteur que ses
capacités soient renforcées par la détection des
insuffisances et les attentes probables pour l'évolution de son
activité. Chaque acteur, en fonction de ce qu'il participe comme un
maillon de cette chaine, production-commercialisationconsommation a des
préoccupations spécifiques. Ils se caractérisent par la
collecte : elle est l'affaire des commerçants qui proposent des prix non
rémunérateurs aux producteurs ; le transport : il est
affecté par des coûts élevés dus à
l'état défectueux des infrastructures routières, les
tracasseries routières lors de l'acheminement des produits, la
non-disponibilité des moyens de transport et le prix élevé
du carburant ; et la distribution des produits vivriers : elle est inefficace
à cause de l'insuffisance d'infrastructures de groupage, de stockage et
de conservation des produits, du déficit d'information et de
communication sur l'offre et la demande entraînant une mauvaise
répartition de la production dans les centres de consommation.
9.1. Renforcement de l'appui aux produits
vivriers
L'absence d'un système de collecte dynamique et
ordonné a comme effet de maintenir un statu quo de la
production à petite échelle, et une compétition
déséquilibrée, dominée par de bas niveaux de
productivité. Les petites transactions sont des contraintes qui
mènent à une utilisation inefficace des camions en raison du
nombre élevé de commerçants impliqués. Cette
inefficacité a des implications sur la chaîne de commerce. Afin de
réaliser une collecte plus efficace, les agriculteurs devraient
centraliser les transactions de vente dans le temps et à moindre mesure
dans l'espace. La collecte optimale se situerait au niveau du village ou d'un
groupe de villages, avec un calendrier de vente fixe. Une transaction de vente
de trois à quatre sacs par ménage au lieu du nombre actuel de un
ou moins, mènerait de manière significative à moindre
coüts de collecte et de transport. L'introduction d'équipements de
transport bon marché dans les régions rurales permettrait aux
agriculteurs de transporter leurs produits aux marchés sans perdre leur
pouvoir de négociation.
9.2. Sécurisation foncière
La question foncière ne trouvera pas de voie
d'évolution relativement paisible et durable si les
politiques de
développement ne s'attaquent pas aux racines structurelles de la crise
de la rura-
lité, qui ne sont ni seulement agraires ni seulement
rurales. Pour y parvenir, il est de la respon-
sabilité des bailleurs de fonds de réviser les
objectifs de la libéralisation qui se sont avérés
largement inadaptés à l'ampleur des défis ivoiriens par
leur simplisme, leur dogmatisme, leur vision de court terme et la
déconnexion, dans leur conception, des champs du politique et de
l'économique. L'attention devrait être portée en
particulier sur le caractère de plus en plus « rurbain » des
campagnes, par la promotion d'activités non exclusivement agricoles pour
les jeunes hommes et les jeunes femmes. Toute action dans le domaine foncier
devra être accompagnée de mesures visant à améliorer
les marchés du crédit, des intrants et des prestations de
services, et à débarrasser les organisations coopératives
de leur chape clientéliste.
9.3. Amélioration des conditions d'exercice de
l'activité des détaillantes
Avoir une aide financière pour débuter son
commerce est le seul fait de l'affiliation parentale ou ethnique. Beaucoup
d'entre elles font des tontines pour combler ce besoin de financement. Cette
initiative privée bien qu'insignifiante par rapport aux besoins doit
être soutenue. Cela passe par la mise en place d'un fonds de
crédits pour la commercialisation des produits vivriers (achat de
produits bord-champ). De plus, la construction d'installations de vente leur
permettant d'être à l'abri des intempéries mais aussi de
leur assurer un bon stockage de leurs marchandises. Aussi la
sécurité de ces marchés est-elle de plus en plus
exigée. Les commerçants souhaitent que leurs marchés du
moins officiels, soient par exemple clôturés et soient
éclairés pour leur permettre d'exercer à toute heure. Par
ailleurs, un service de police efficace est aussi important, pour permettre
à ces vendeurs d'exercer en toute quiétude. Pour terminer,
l'approvisionnement en eau et la disponibilité des: équipements
sanitaires publics (latrines et douches) rendront toutes ces installations
viables.
9.4. Amélioration des conditions de circulation du
vivriers
Les difficultés de transport constituent une
véritable contrainte pour les acteurs à tous les niveaux de la
filière. Ceci s'explique par le fait que très peu de
transporteurs se sont spécialisés dans la commercialisation des
produits vivriers. Cette composante traite des aspects de collecte, de
transport et de distribution. Il s'agit d'une part, d'améliorer les
conditions de mise en marché en vue de réduire les prix des
produits vivriers au niveau des consommateurs. A la question de savoir comment
ils font l'entretien de leurs véhicules ; 47% ne vont chez les
mécaniciens que quand ils ont des pannes ; 23% que quand les
véhicule sont très sollicités ; 20% quand ils ont un bon
contrat. Cette répartition montre comment les réparations sont
soumises aux grés du hasard et font peser un risque sur
l'accomplissement du contrat. Les distances à parcourir et le relief du
lieu de collecte bord champ constituent des limites à leurs action.
Le
commerçant peut attendre plusieurs jours «en
brousse» lors des pannes et ne peut réclamer de
dédommagements. L'incertitude quant aux conditions et à la
durée du voyage est le principal inconvénient de cette pratique.
La colocation de véhicules de transport et le payement par colis
constituent des palliatifs pour contourner cette contrainte et amoindrir les
coûts. Pour la réussite de toutes ces actions, il faut aussi au
support du transport par l'entretien des pistes rurales reliant les zones de
production vivrières aux principaux marchés. Les véhicules
assurant le transport des produits agricoles sont des moyens de transport en
commun de passagers. Si l'on veut professionnaliser la filière du
vivrier, il importe de spécialiser des véhicules avec des
capacités de chargements et de conditionnement adéquats au
vivrier comme pour la viande congelée. Par ailleurs, tous les
transporteurs ont décrié le phénomène du racket aux
différents postes de contrôle. Il est donc impérieux que
l'Etat prenne des dispositions rigoureuses en vue de faire face à ce
phénomène en sanctionnant de manière exemplaire ces
auteurs. Ces mesures pourraient faciliter la fluidité routière et
stabiliser les prix des denrées alimentaires à un niveau
intéressant pour la population.
9.5. Articuler stratégies individuelles et
collectives : une nécessité
Dans une optique prospective, l'organisation des grossistes
Dioula doit être un modèle pour stimuler d'autres regroupements.
On peut avancer quelques critères permettant de la distinguer 1) elle
mène des activités économiques durant la contre-saison ;
2) elle a des relations avec des acteurs du développement situés
hors du village ; 3) elle affiche une volonté de rechercher de solutions
et de contrôle de la crise agricole actuelle en restant au village ; 4)
elle a une "autonomie", tant du point de vue des activités à
mener que des règles de fonctionnement. Même s'il ne faut pas sous
estimer les stratégies individuelles elles se sont montrées
jusque là inefficace. Avec l'émergence des néo-ruraux,
l'arrivée des migrants, la diversification des stratégies
individuelles, un nouveau lieu d'élaboration de consensus peut
être l'organisation rurale, dans la mesure où une mutualisation
des stratégies individuelles peut être trouvée. Les uns
avec leurs expériences du terrain et les autres avec leurs connaissances
scolaires. Ceux qui travail-lent pour moderniser l'agriculture souhaitent
l'émergence de groupements de producteurs capables de devenir des
entreprises ou organismes sachant gérer la chaine entière
d'activité, au risque de les voir échouer faute d'un
environnement socio-économique sécurisé.
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
La présence d'un système efficace de
commercialisation, de transformation et de distribution des produits
alimentaires est une voie de la sécurité alimentaire pour tous.
Trop souvent, les capacités de stockage et de transport entre la zone de
production et le lieu de consommation sont insuffisantes. Un commerce local se
tient dans la région de Méagui. Mais quand il s'agit d'un
commerce qui dépasse l'échelle du local, il est influencé
par les routes sur lesquelles les forces de l'ordre sont présentes, par
la distance qui ne rentabilise pas le commerce et par l'absence de
véhicules destinés aux vivriers. De ce fait plusieurs points de
collecte sont sollicités depuis Méagui jusqu'à Abidjan.
Les centres permettent surtout de compléter les quantités de
produits. Il est rare de rencontrer en « convoi pure » des produits
vivriers qui n'on pas fait l'objet d'une collecte supplémentaire. Si
à celle-ci, doit venir se greffer des charges comme la location d'une
remorque, les taxes sur les routes, les coûts de commercialisation
peuvent être considérables et représenter une part
importante du prix. On assiste alors à un rétrécissement
des quantités et du nombre de commerçantes ; le grand nombre
d'entre eux empruntant les transports en commun de voyageurs, principaux
circuits commerciaux. Cette inadéquation des moyens de transport et les
tracasseries routières qui ont cours sur les routes quelque soit les
modalités de transport, réduisent les quantités de
produits vivriers. Ce qui valide la troisième hypothèse.
CONCLUSION GENERALE
Cette recherche est née d'une curiosité
scientifique. Sa visée est donc exploratoire et elle a pour objectif de
contribuer à une meilleure connaissance du bassin vivrier de la
région de Méagui. Cette recherche de quatre parties
présente dans sa première partie, la structure du dispositif de
recherche mobilisé et mis en oeuvre pour recueillir les informations
traitées.
Dans la seconde partie, la nature des produits vivriers et les
disponibilités vivrières sont démontrées tant pour
les féculents, les fruits, les maraîchers et les
oléagineux. Que ce soit par le dynamisme Baoulé et
Burkinabé en particulier ou par le suivisme des Bakwé, chacun
contribue selon sa force de travail au développement des cultures
vivrières. L'évaluation de leurs importances dans la
région montre que chaque groupe est reconnu pour être pionnier
dans un type de cultures. Ce qui valide la première hypothèse et
satisfait au premier objectif. Toutefois, des changements devraient être
opérés dans les techniques de production, grâce à
une formation appropriée, accompagnés de mesures incitatives
telle que la fixation d'un prix garanti qui valorise au mieux la journée
de travail du paysan. De même, une meilleure organisation des paysans
tendant à leur inculquer un plus grand sens des responsabilités,
de l'autonomie et de l'initiative pourrait amoindrir les difficultés que
rencontrent les agriculteurs.
Au niveau de la distribution en milieu urbain, les rapports
sociaux et les relations de crédit basées sur la confiance
nouées constituent surtout pour les détaillantes, le vecteur
essentiel d'expansion commerciale. La multiplication des agents, parties
prenantes dans la distribution et la minimisation du coût du transport
par la maitrise du réseau de transport concourent à la
suprématie des l'organisation des grossistes. La gestion d'un nombre
aussi important de relations avec les autres commerçantes confirme le
rôle central des grossistes. Autour de l'activité vivrière,
les acteurs à cause de leur faible autonomie financière sont donc
organiser par les grossistes. Sans la volonté de ceux-ci ou un
désengagent même partiel de leur part étoufferait le
commerce de cette région. Ce qui à pour conséquence que
leurs rôles essentiels conditionnent l'évolution de la production
et de la commercialisation du vivriers de la région. Ce qui valide la
deuxième hypothèse et satisfait au second objectif.
Pour rentabiliser leurs commerces d'autres centres comme celui
de Yabayo et sur une plus longue distance, les marchés abidjanais sont
d'attraits. Les grossistes qui se déplacent de Méagui sont
confrontés à deux difficultés majeures :
l'inadéquation des moyens de transport et les tracasseries
routières. Dans ce processus de commercialisation, les moyens de
transport ne conviennent pas aux attentes des commerçantes qui se
déplacent sur d'autres centres. De plus
les agissements des forces de l'ordre fragilisent d'avantage un
commerce qui ne rapporte déjàpas de gros profit. Ce
qui a pour conséquence de limiter les quantités de produits
vivriers qui
transitent par ces circuits commerciaux. La troisième
hypothèse est donc validée et le denier objectif satisfait.
Le cas de la région de Méagui, comme le montre
les statistiques de la population, est un espace d'<< aventuriers»
en proie à ne faire que des bénéfices. Une activité
comme le vivrier qui se présente comme un sacerdoce ne peut pas occuper
cette population durablement, surtout que les bénéfices sont
soumis à de forts aléas. En passant du grenier à
l'autosuffisance puis à la sécurité pour aboutir à
la souveraineté alimentaire, le but était et est de plus en plus
que les populations soient garantes de leurs alimentations. Dans le cas
présent en l'occurrence, cette responsabilité est confiée
de manière tacite aux populations accueillies. En effet, le potentiel de
production, de commerces et de transports est détenu par des populations
<< étrangères » à la zone. Comment s'expliquer
que le schéma directeur du développement local soit aux mains des
étrangers à la zone. Les acteurs piliers de l'agriculture sont
soit des Baoulé soit des Burkinabé. Comme ceux-ci n'ont pas rompu
les liens avec leurs origines, toute la richesse qu'elles créent,
retourne dans leurs lieux de provenances. On comprend que cette région
se vide de sa richesse agricole.
Si la somme des hypothèses donne à constater que
la production existe mais que c'est son déplacement qui pose
problème, cela met en évidence le rôle crucial
occupé par les activités de transformation : l'alimentation hors
domicile. Elle permet aux citadins d'avoir accès à des produits
locaux sous une forme particulièrement bien adaptée à
leurs modes de vie. Le développement de l'alimentation hors domicile est
à mettre en relation d'abord avec les changements de conditions de vie
en ville (éloignement du lieu de travail, développement des
activités professionnelles des femmes). Mais d'autres facteurs sont
à prendre en considération comme les prix abordables des plats
préparés à partir des produits vivriers locaux. Ainsi,
pour la population défavorisée, ce mode d'alimentation constitue
un moyen de se nourrir à faible coût. Au lieu de transporter du
vivrier sur près de 400Km, il conviendrait d'étudier les
ten-dances à la diversification alimentaire, d'examiner en particulier
dans cette perspective, quels sont les produits locaux qui seraient les plus
susceptibles de se prêter à la diversification après
transformation.
Une chose est certaine : les opérateurs de ce secteur,
en particulier les multitudes d'artisanes qui l'animent, sont rarement prises
en compte dans les stratégies alimentaires. Pourtant, le rôle
prépondérant de ce secteur dans la valorisation des produits
agricoles locaux et son importante contribution à la valeur
ajoutée dans les filières vivrières en matière
d'emplois et de revenus méritent que son développement soit
appuyé. /.
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ANNEXES
Annexes 1: Structure des prix depuis les zones de production
jusqu'au marchés Annexes 2: Questionnaire aux producteurs
Annexes 3: Questionnaire aux grossistes
Annexes 4: Questionnaire aux transporteurs
Annexes 5: Questionnaire aux détaillantes
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Prix de gros +
Prix de manutention et stockage
Prix du
transport + Douane
Prix de gros + manutention Prix du transport + Douane
Prix demi-gros + Prix transport
Prix de micro détail + Taxes + Marge
Prix de gros ou
Prix de demi-gros +
Prix du transport +
Douane
Prix de miro détail
+ / - Taxes
Marchés permanents
[Méagui - Oupoyo -
Robert-porte]
Marchés hebdomadaires
[Touagui 2 -- Gnititougui 2]
Prix de gros
Prix de détail + Taxes
Prix de détail
Prix de micro détail
+
Taxes
Bassin de réception
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Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge
Prix de gros + Prix de stockage et manutention
Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge
Prix à l'entrée des marchés
Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge
Destinations diverses
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Bassin de Production
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Prix bord champ
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Prix sur champ
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Prix en cours de route
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Prix place centrale
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Prix marchétemporel
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