2° L'équivalent
ou substitut fonctionnel.
Un élément culturel ou social peut jouer un
rôle d'équivalent ou de substitut fonctionnel à un autre
pour exercer une activité à sa place. La réalité ne
montre-t-elle pas des besoins humains et sociaux, qui peuvent être
satisfaits de façons différentes : un seul
élément pouvant remplir plusieurs fonctions, de même qu'une
seule fonction peut être remplie par les éléments
interchangeables.
En effet, depuis le déclenchement de la seconde guerre
dite de « rectification » en R.D.C., l'on assiste à
une partition de fait du territoire national. Une partie est
contrôlée par le gouvernement central et une autre est
partagée entre diverses factions rebelles et bandes armées. Cela
implique que les missions de l'Etat jadis remplies par le seul gouvernement
central sur tout le territoire national se trouvent ainsi partagées
entre eux en vue d'assurer la continuité de l'Etat. Dans ce cas, bien
que ces belligérants ne soient pas reconnus comme gouvernements d'Etat,
ils ont l'obligation de promouvoir et de respecter les droits de l'homme et
d'assurer la sécurité des citoyens Congolais et étrangers
des territoires qu'ils administrent au même titre que l'Etat. Ces
belligérants remplissent donc le rôle de substitut de l'Etat.
3° Les fonctions
manifestes et les fonctions latentes.
Les fonctions manifestes sont les conséquences
objectives qui, contribuant à l'ajustement ou à l'adaptation du
système, sont comprises et voulues par les participants du
système. En revanche, les fonctions latentes sont essentiellement celles
qui ne sont ni comprises ni voulues mais qui n'en n'existent pas moins. Ces
fonctions latentes sont parfois remplies par des rites anciens qui, ne jouant
plus leur rôle, substituent leur but initial à une autre
fonction.
Dans le cas d'espèce, disons que les acteurs
politiques, en menant la guerre dite de « rectification »,
ont eu pour objectif principal et officiellement défendu ; le
remplacement des institutions existantes considérées selon eux
comme autoritaires et inefficaces ; donc, de les remplacer par celles qui
garantiraient le respect des droits de l'homme, la justice et le
bien-être social ainsi que la démocratie en R.D.C. Telle a
été la fonction manifeste de la guerre dans les conditions
normales.
Cependant, l'évolution du conflit a
démontré une toute autre réalité qui se distancie
presque totalement de l'objectif de départ. En effet, les mouvements
rebelles dont le R.C.D./Goma, au lieu de garantir la justice sociale et le
bien-être du peuple Congolais pour lequel ils prétendent se
battre, se plaisaient à en violer les droits et libertés les plus
fondamentaux. C'est une situation, certes, non voulue mais qui déforme
voire modifie le sens même de l'intérêt de la guerre. Cette
violation des droits humains constitue donc la fonction latente, parmi tant
d'autres, de l'état de guerre.
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