Conclusion générale
L'introduction et le développement de l'Internet au
Mali ont engendré de nouveaux enjeux, de nouvelles pratiques. Certes, de
nombreuses contraintes et limites existent encore: faiblesse de la
télé densité, du parc d'ordinateurs et des ressources
humaines, coûts prohibitifs des équipements informatiques et des
communications téléphoniques, inadéquation des
infrastructures de télécommunication, absence de politique
cohérente et incitative en matière d'Internet etc. Cependant,
l'Internet se développe au Mali en dépit de toutes ces
contraintes.
L'impact de l'Internet au Mali s'est traduit par
l'augmentation du nombre de cyber cafés en ville, pendant que celui des
cyberespaces à l'université reste insignifiant par rapport au
nombre d'universitaires, de surcroît certains ne sont toujours pas
opérationnels. L'Internet commence à entrer dans les moeurs d'une
partie du public universitaire, tout au moins l'usage du courrier
électronique. Les résultats de l'étude nous montrent que
cette tendance est entrain d'être renversée, notamment chez les
étudiants qui ont été nombreux à citer la recherche
d'information comme leur usage principal d'Internet. De ce fait, force est de
reconnaître l'importance d'Internet dans l'accès aux ressources
électroniques. Beaucoup d'étudiants de la FMPOS et de la FLASH se
servent de ces ressources pour rédiger leurs thèses et
mémoires. Internet devient alors un outil incontournable pour ces
personnes. Malgré ce recours massif à la recherche d'information
sur Internet, les résultats de l'étude montrent que les
universitaires ne maîtrisent pas ou maîtrisent peu la recherche
d'information en ligne. Dans ce contexte d'usage croissant d'Internet par les
étudiants, l'éducation à l'information s'avère
nécessaire pour permettre aux universitaires de tirer un meilleur profit
des ressources documentaires électroniques. La question de la formation
à la recherche documentaire et
d'information nécessite donc une attention
particulière des autorités universitaires. Mais notons qu'elle
doit prendre en compte les usages et les représentations des
étudiants en la matière, pour être adaptée à
leurs besoins. Rappelons que toutes les personnes interrogées ont
déclaré avoir le plus besoin de formation pour l'usage des
ressources sur Internet, la mise en ligne des cours et l'évaluation de
l'information. Parallèlement, la sensibilisation des enseignants et
chercheurs à l'usage des ressources électroniques doit être
accentuée car les résultats de l'étude soulignent la
méconnaissance et la sous exploitation de ces ressources pourtant
disponibles et le plus souvent gratuitement.
L'analyse des résultats de notre enquête montre que
malgré la diversification de l'usage des TIC, la culture d'Internet
n'est pas encore entrée dans toutes les mentalités à
l'université notamment chez les étudiantes et enseignants.
Beaucoup d'entre eux n'ont pas encore intégré de traditions dans
ce que l'on pourrait appeler la culture d'Internet et plus
généralement des TIC et utilisent ces outils d'une manière
assez aléatoire, selon leurs besoins à court terme.
Les résultats de l'étude révèlent un
désintérêt des usagers pour les bibliothèques.
Celles-ci sont de moins en moins fréquentées, le public
universitaire préférant se documenter sur Internet. Face à
cette situation, il urge d'équiper les bibliothèques
universitaires d'ordinateurs connectés à Internet et
dédiés à la recherche d'information en ligne. La demande
d'information à l'heure actuelle est plus forte que l'offre. La seule
structure du Campus numérique ne saurait à elle seule suffire
à inverser la tendance.
En ce qui concerne les missions des bibliothèques,
l'apport d'Internet peut s'établir selon deux principaux axes. Il peut
s'agir tout d'abord de valoriser les ressources d'un établissement
(numérisation de fonds patrimoniaux, mise à disposition du
catalogue en ligne, présentation des services disponible. etc.). Le
réseau peut également servir d'ouverture sur l'extérieur,
en permettant l'accès à des informations distantes: rendre
possible la consultation d'Internet dans une bibliothèques publique
revient donc à ouvrir cette «boite à livres » vers une
quantité indéfinie de contenus dont le professionnel ne
maîtrise plus la valeur, la nature, l'origine. Aventure passionnante sur
le plan de la circulation des savoirs, une telle révolution implique en
outre la remise en question des politiques classiques d'acquisition et de mise
à disposition des ouvrages (CHAZAUD, 1997)
Il ressort de ce travail que les représentations
d'Internet des universitaires sont le plus souvent sociales et ont un lien
direct avec les usages qu'ils font de l'outil Internet. Les usages quant
à eux sont multiples et diffèrent selon les disciplines
enseignées à l'université (usage des outils de
référence, des bases de données, le
téléchargement de logiciels...). Cependant certains usages
semblent identiques chez toutes les personnes interrogées: l'usage de la
messagerie électronique, la
lecture d'information, la recherche d'information en ligne
etc.
La fréquence d'utilisation la plus élevée et
la plus diversifiée se rencontre chez le profil «grands
utilisateurs», tandis que la plus basse et la moins
régulière est notée du côté des filles.
Pour favoriser et optimaliser l'usage de l'Internet en milieu
universitaire, un certain nombre de défis doivent être
relevés et en priorité l'Etat doit:
> élaborer un cadre règlementaire d'usage des
TIC à l'Université qui comprenne les infrastructures, une
politique d'appropriation des TIC, un plan stratégique de mise en oeuvre
progressive des cyberespaces et un programme de formation adapté aux
besoins;
> accepter de dégager d'importantes ressources
budgétaires pour le développement des TIC (infrastructures,
personnels qualifiés). Le financement de ces infrastructures semble plus
urgent et opportun que de vouloir atteindre certains objectifs ambitieux de
"démocratisation de l'accès à la société de
l'information";
> baisser davantage les fiscalités sur l'importation du
matériel informatique;
> recourir à des technologies adaptées aux
besoins du pays, conditions d'un service d'accès de masse à
l'Internet.
L'université de Bamako doit :
> s'impliquer dans la formation des étudiants à
la recherche documentaire qui reste le plus souvent inexistante (à part
les ateliers organisés par le CNFB). Une très grande
majorité des universitaires interrogés ont appris par
eux-mêmes à utiliser les ressources disponibles sur le net.
L'introduction d'un module "initiation à la recherche documentaire
traditionnelle et à la recherche d'information sur Internet dès
la première année de l'université s'avère
nécessaire;
> veiller à l'introduction de l'informatique dans les
programmes de formation à tous les niveaux d'enseignement;
~ consacrer un budget digne de ce nom à la documentation
des enseignants et chercheurs pour leur permettre de souscrire un abonnement
aux revues scientifiques dans leurs domaines respectifs;
> renforcer les capacités d'accueil et de
fonctionnement des cyberespaces dans toutes les facultés et instituts
de l'université ainsi que toutes les grandes écoles du pays;
> former davantage d'enseignants tout en diminuant les volumes
horaires. Ceci permettra aux enseignants chercheurs de disposer d'un maximum de
temps pour se
consacrer à la recherche et à la production de
contenus;
> mettre en place des stratégies pour développer
la culture de l'information, les usages des outils d'information et de
communication dans le milieu universitaire;
> encourager et aider les associations estudiantines dans la
vulgarisation des TIC en milieu universitaire.
Mais, s'il est vrai qu'à plusieurs égards
l'adoption des TIC peut aider l'université à résoudre
certains de ses problèmes notamment, l'accès aux ressources
documentaires, l'isolement et la pénurie d'enseignants chercheurs ( le
e-learning comme réponse) ou encore l'absence ou l'insuffisance de
production de contenus, il est nécessaire de garder à l'esprit
que ces techniques en elles-mêmes ne suffisent pas pour garantir un
succès réel et durable si elles ne s'insèrent pas dans un
environnement suffisamment préparé. Il s'avère donc, avant
tout souhaitable d'oeuvrer à la mise en place des conditions favorables
à cet aboutissement. Des études ont révélé
que le potentiel et l'utilisation des TIC dans le secteur éducatif en
Afrique peuvent apporter une solution à la carence des ressources
documentaires à condition de veiller à la mise en place
d'infrastructures qui permettent ces usages. Dans ce cas ne serait-il pas
judicieux et opportun de penser en termes de complémentarité des
ressources papier et des ressources Internet? Complémentarité
entre bibliothèques et Internet tant évoquée dans les
propos de la majorité du public interrogé? Quant à l'usage
des ressources du Net, a-t-il un impact positif sur la réussite
universitaire des internautes concernés?
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