Les usages et représentations d'internet chez les étudiants, enseignants et chercheurs de l'université de Bamako( Télécharger le fichier original )par Birama Seyba TRAORE Université Stendhal Grenoble 3, UFR Sciences de la Communication, Institut de la Communication et des Médias - Master 2 Recherche en Sciences de l'Information et de la Communication 2008 |
B. Les représentations et perceptions d'Internet chez les universitaires maliensUn des objectifs de la recherche consistait à récolter des données sur les opinions et les représentations qu'ont développées les universitaires vis à vis d'Internet. Les nouvelles technologies en général et Internet en particulier sont désormais partie de l'environnement de travail de la population étudiée. Dans cette étude nous nous intéressons aux représentations et perceptions du public universitaire de l'outil Internet qu'ils utilisent massivement dans leurs activités quotidiennes. Les réponses aux questions sont très variées. Le tableau ci-après donne un aperçu des réponses rencontrées lors des entretiens. 41 Ils payent 25F la page au lieu de 50F ou 100F comme pour les abonnés. En plus ils sont autorisés à imprimer 20 pages gratuitement chaque mois. 42 Signets (Netscape) ou favoris (Internet Explorer) ou Marques pages (FireFox)
Tableau 18: Exemples de réponses et classification en modalités (thèmes) Pour cerner les représentations des universitaires, six groupes de questions leur ont été adressées. Ces questions portent essentiellement sur: > Les représentations en général qu'ont les universitaires d'Internet (que représentent les TIC pour eux en tant qu'universitaires. Quelle place occupe Internet dans leurs activités) > Les avantages, limites et dangers liés à l'Internet > Les contenus présents sur Internet en regard de la véracité, de la fiabilité de l'information. > Internet et les bibliothèques: complémentarité ou rupture? La liste complète des questions posées lors de l'entretien est disponible dans le guide d'entretien à l'annexe 7. Le terme outil (artefact) est de loin le plus utilisé dans les représentations de l'Internet chez la population étudiée. On le rencontre très fréquemment dans les propos des enseignants et enseignants chercheurs: ils sont 13 sur 14 à l'employer. Il est le plus souvent associé à d'autres termes: "outil de travail ", "outil formidable ", " outil approprié ", "outil de communication " "outil performant ", "outil d'information " etc. Ces représentations restent fortement liées aux usages que cette population fait de l'Internet. pour B K (enseignant), "Internet est un outil de travail qui permet d'améliorer la qualité de l'enseignement, un outil de recherche et d'échange avec d'autres enseignants " Pour I B (enseignant), " Internet est un outil formidable pour la recherche: recherche dans le cadre de la formation, recherche de documents au delà des ouvrages généraux. C'est un outil d'un apport appréciable dans notre travail... s'il n'était inventé il fallait l'inventer " Pour I O (enseignant), "Internet est un outil de travail très important indispensable pour la recherche. C'est un outil approprié pour un travail rapide et efficace " Pour M W (enseignant) "c'est un outil performant dans la nouvelle ère qu'est la globalisation permettant la préparation des cours et l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Un outil de recherche très efficace " L'aspect recherche documentaire et d'information occupe une place centrale dans les réponses fournies par les enseignants et enseignants chercheurs. Les représentations sont liées à ce qu'Internet leur permet réellement de faire dans leurs activités surtout sur les possibilités que le réseau leur offre. Sur les 14 répondants de cette catégorie, 13 commencent leurs propos par: "C'est un outil de travail..." ou par "C'est un outil de recherche...". Un outil est avant tout un instrument de travail, dont on se sert pour accomplir un travail bien déterminé. De ce point de vue, Internet serait un instrument faisant partie des activités d'enseignement du corps professoral de notre échantillon. Le deuxième terme que l'on rencontre couramment dans les propos de nos interlocuteurs est le terme "moyen". Un "moyen", c'est ce qui sert pour parvenir à une fin. On le rencontre le plus souvent chez les étudiants en année de Maîtrise1 et est le plus souvent accompagné par les mots "recherche" "information" "communication" "accès". Internet, pour L F (Etudiant M1), "c'est un moyen de recherche, de communication et d'information " SD (Etudiant en M1) pense que ''Internet est un moyen de recherche, de communication et d'échange avec d'autres personnes" Pour MS (étudiant en L3), ''Internet est un moyen efficace d'avoir de l'information, d'apprendre; un moyen de communication, d'échange" Cependant le terme "source d'information" est évoqué par quelques étudiants (3 au total). pour E Y par exemple ''Internet est une source d'information, une sorte de bibliothèque qui renferme tout ce qu'on veut" Comme chez les enseignants et enseignants chercheurs, l'aspect recherche d'information occupe une place de choix chez les étudiants en année de Maîtrise1. Elle est suivie par la "communication". Les filles s'expriment différemment sur ce point. Certaines ont souvent des difficultés à donner leurs avis. Pour A D (étudiante en Génie Biologie), ''Internet est une source de technologie qui peut nous aider, permet l'interconnexion" "On peut tout faire avec Internet" s'exprimera ainsi A C (étudiante en Maîtrise Maths Appliquées" Pour L K (étudiante en DEUG2 Anglais unilingue), ''Internet est avant tout acquisition de l'information, un réseau de communication, un outil d'apprentissage" F D (étudiante en Licence Géologie) résume en ces termes: ''Internet pour moi est le réseau international de communication" C'est plutôt l'aspect "réseau", "interconnexion" qui ressort le plus souvent dans les propos des filles de notre échantillon. Il faut noter que cet aspect n'a pas de lien direct avec les activités d'enseignement comme dans les deux premiers cas. Leurs représentations contrairement aux deux autres, restent fortement liées à l'aspect physique de l'outil. C'est plutôt une représentation de l'Internet en tant qu'objet technique, entité physique (notion d'ordinateur, d'informatique). Ceci est pourtant contradictoire avec leurs usages car elles ne sont pas ou sont peu attirées par l'ordinateur (l'informatique) en général. Ces différentes représentations seraient une adéquation entre les possibilités (ce que permet de faire) d'Internet et les besoins de notre population étudiée: besoin d'information, de documentation, de communication, d'échange en premier lieu surtout dans les activités universitaires. Les représentations que les usagers se font d'Internet expliquent en partie la façon dont ils l'utilisent (Poissenot, 2000) 1. Tendances générales En général, nos interlocuteurs ont une vision très positive d'Internet, des perceptions très favorables. Ils sont 68,6% à se représenter Internet comme un outil de communication. 8,6% des enquêtés pensent qu'Internet est un outil incontournable pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Comme avantages perçus du réseau, 60% des enquêtés citent la recherche d'information, la lecture d'information (journaux nationaux et internationaux en ligne), ainsi que la communication; 34,2% soulignent la possibilité d'avoir des cours en ligne, de se former, l'accessibilité et la rapidité de l'outil. Si Internet n'a cessé d'être loué tout au long de nos entretiens, toutefois certains de nos interlocuteurs n'ont pas manqué d'attirer l'attention sur ses méfaits, sur ses inconvénients. Ainsi ils sont 31,4% à déplorer la présence de sites obscènes, d'images à caractère pornographique ou portant atteinte à la dignité humaine, racistes et arnaques sur Internet. Cependant un pourcentage non négligeable de notre échantillon (25,7%) ne trouve aucun inconvénient à Internet. Seulement 5 personnes évoquent dans leurs propos la non fiabilité de l'information sur Internet et 1 seule personne, le manque de contrôle. 2. Internet peut-elle remplacer les bibliothèques? A ce sujet les opinions sont partagées: 34,3% sont d'accord pour dire qu'Internet remplace valablement les bibliothèques "on peut tout trouver sur Internet, tous les documents dont on a besoin" dira A C (étudiante en Maîtrise Maths Appliquées). 28,6% pensent le contraire: pour I B (enseignant) "Internet et les bibliothèques, c'est deux choses différentes, ce n'est pas la même chose". Un troisième groupe trouve qu'ils sont plutôt complémentaires (37,1%). Mais malgré ces affirmations, aucun des répondants (ceux qui pensent qu'Internet ne remplace pas les bibliothèques aussi bien que ceux qui pensent qu'ils sont complémentaires) ne fréquente les bibliothèques. Ils déclarent être satisfaits des ressources disponibles sur Internet. Comme raison principale de la non fréquentation des bibliothèques, ils évoquent le manque de documents et les étapes à franchir pour obtenir le document désiré: " On est plus autonome, plus libre avec Internet" dira M C (étudiant). L'avènement d'Internet a eu un impact négatif sur l'usage des ressources papier en bibliothèques. Un avertissement? En tout état de cause les bibliothèques au Mali sont appelées à redéfinir leurs politiques d'approche des "nouveaux usagers." Malgré ses ressources immenses, ses potentialités énormes, serait-il raisonnable d'affirmer que l'Internet se substitue aux bibliothèques classiques ? Comme l'ont si bien souligné les 28,6% des personnes interrogées, les deux sont complémentaires. Internet pourrait être une solution et venir en appoint à l'appauvrissement des fonds documentaires. Les universitaires ne doivent-ils pas penser plutôt en termes de complémentarité à l'imprimé qu'en termes de substitution ? Dans les usages d'Internet dans différents lieux d'accès public, Pouts-Lajus Serge et Sophie Tievant soulignent dans leur étude que les bibliothèques sont certainement appelées à jouer un rôle de premier plan43. Mais pour ce faire, elles auront certainement besoin de se repositionner en intégrant les TIC dans certains services proposés aux usagers. 43 POUTS-LAJUS, S. et TIEVANT, S. Observation des usages d'Internet dans différents lieux d'accès public. Bulletin des bibliothèques de France, 1999, vol. 44, no 5. P.30-34
60% du public enquêté pensent qu'il n'est pas forcement nécessaire d'avoir des compétences informatiques particulières mais juste savoir manipuler la souris. 37,1% pensent le contraire. Ils trouvent qu'avoir des compétences s'avère nécessaire. Nous nous sommes intéressés aux opinions de nos interlocuteurs sur certaines rumeurs qui courent dans le milieu universitaire sur Internet. Ces rumeurs sont au nombre de quatre à savoir:
Là encore les opinions sont controversées. Les "grands utilisateurs" trouvent ces propos un peu démesurés et pensent qu'ils doivent être atténués. Leur avis est tranchant face à ces rumeurs:
La majorité de la population étudiée n'a ni méthodologie ni stratégies adéquates face à la recherche d'information. "Oui l'information est toujours gratuite sur Internet, c'est seulement l'impression des résultats de recherche qu'il faut payer" 5. Avantages et Inconvénients de l'Internet Dans leur quasi totalité, les universitaires portent un regard positif sur Internet. Les opinions sont globalement favorables: "Outil efficace pour la recherche d'information, rapide et peu coûteux pour communiquer avec les collègues, les amis...", voilà en quoi peut se résumer les avantages selon les propos entendus. L'utilisation des TIC, principalement d'Internet, comporte des avantages indéniables pour les universitaires: > un accès en ligne à des ressources scientifiques électroniques, des ressources pédagogiques; > une communication plus rapide, des échanges, de l'interaction dans le cadre universitaire; > un lieu ou l'on peut valoriser les productions de l'université (visibilité), un endroit idéal pour la publication, le partenariat inter universitaire. Cependant, certains points qui étaient considérés comme un avantage dans l'utilisation de l'Internet deviennent plutôt des inconvénients, à court ou à moyen terme: > Internet n'est accessible qu'a une minorité de personnes (fossé numérique à l'intérieur d'un même pays); > l'impressionnante quantité d'information disponible peut s'avérer trop volumineuse et, donc, noyer l'essentiel. Comme on a coutume de le dire "trop d'informations tue l'information". L'information est difficilement repérable; > le caractère souvent éphémère de l'information; > à cause de sa non fiabilité, l'information ne peut être consommée directement. Il est indispensable de la valider (évaluation de l'information) ce qui nécessite forcement des compétences; > la présence sur Internet de sites obscènes, racistes... 5.1 Avantages A présent quels sont les avantages perçus du réseau chez les étudiants, enseignants et chercheurs? Les avantages les plus cités par les universitaires sont entre autres: > la possibilité de recherche documentaire et d'information; > la possibilité de communiquer, d'échanger avec le reste du monde; > la possibilité de s'informer, de découvrir le monde étant sur place; > la possibilité de se former, de suivre des cours à distance; > l'accessibilité et la rapidité du réseau. Ils sont 60% à avoir souligné comme avantages: la recherche d'information, la communication et la lecture d'information. 17,1% mettent l'accent sur les possibilités de se former, de suivre des cours en ligne. Le même pourcentage voit les avantages dans l'accessibilité et la rapidité du réseau. Selon I O enseignant "l'avantage d'intenet, c'est qu'il permet de mettre l'information à la disposition de tout le monde. L'accès à l'information est démocratisé. on peut se former librement de façon autonome" Selon MW (enseignant) "Tout ce qu'on trouve sur Internet est quelque part consigné dans les livres. Le seul avantage de l'Internet par rapport aux publications imprimées est sa rapidité et son accès facile" ''Internet c'est des informations de toute nature sur tous les sujets, généralement en libre consultation. C'est aussi l'actualité mondiale, les informations de l'autre bout de la planète, consultables à tout moment de la journée. C'est un réseau mondial, qui permet de relier les ordinateurs du monde entier entre eux, et c'est une immense source. L'ouverture sur le monde est à portée de main. Internet nous donne ce qu'on ne trouve pas dans les cours" affirme avec conviction S S, étudiant M2 chimie Parmi les avantages cités par les filles, "La découverte du monde" figure en première place A D(étudiante en Génie Biologie) ''Internet nous permet de découvrir de nouvelles connaissances, le monde et beaucoup d'autres choses" Quant aux étudiants, leurs propos tournent autour des aspects "information et communication". Selon S M (Étudiant M1 Géographie développement) ''Internet d'accéder facilement à l'information,la communication est pratiquement gratuite et très rapide" Un autre étudiant souligne comme avantage "la liberté: on est libre de faire ce qu'on veut. Internet c'est plus d'information, plus de communication" ''Internet nous facilite la recherche d'information. Ce qui nous aide considérablement dans nos études. Internet nous offre ce que les bibliothèques ne nous donnent pas s'exprime ainsi I D (Étudiant M1 Droit) ''Internet c'est comme un second maître". 5.2 Les inconvénients Les inconvénients les plus rencontrés dans les propos de nos interlocuteurs sont: > la présence de sites obscènes, d'information pernicieuse, à caractère pornographique. Cet inconvénient a été cité par 31,4% des répondants; > la présence de l'information peu fiable, de qualité douteuse (14,3% l'ont déploré surtout les enseignants) > La présence de l'escroquerie et de l'arnaque sur Internet. Cette présence à été soulignée par 8,6% des répondants. M S, étudiant M1 Maths énumère dans ses propos les inconvénients suivants: ''- on peut se mettre en danger avec de mauvaises rencontres (adolescents bien souvent); - on peut oublier la vie réelle et rester fixer devant son ordinateur via les jeux en ligne, msn , les chats; - les informations sont parfois mauvaises; - il faut beaucoup de temps pour trouver ce que l'on recherche - des sites pornographiques, ... sont disponibles à tout le monde et parfois des jeunes enfants y tombent dessus; - les publicités de certains sites sont envahissantes." D'autres inconvénients ont été cités tels que les virus, le manque de contrôle sur Internet, le divertissement excessif (loisirs). Cependant, 25,7% du public enquêté ne trouvent aucun inconvénient à Internet. Cette opinion est surtout partagée par les filles de notre échantillon. Sur les 11 filles, 7 trouvent qu'Internet n'a pas d'inconvénient. Le caractère pernicieux de l'information est surtout décrié par les étudiants (ils sont 9 contre 2 enseignants). Comme inconvénients, les enseignants ont surtout insisté sur la non fiabilité de l'information. C. La recherche d'information et la publication électronique Cette partie est consacrée à la recherche d'information qui reste l'usage le plus fréquent chez la population étudiée (68,6% des personnes interrogées l'ont cité dans leurs propos). Elle est suivie par l'usage de la messagerie électronique qui a déjà fait l'objet d'une étude. Nous nous intéresserons également à la publication électronique à l'université de Bamako en général et chez les enseignants et enseignants chercheurs de notre échantillon en particulier. La diffusion de l'information est un facteur essentiel du développement. A la base de toute société organisée se trouve l'information. Manuel Castells, définit la société de l'information comme une forme particulière d'organisation sociale dans laquelle la création, le traitement et la transmission de l'information deviennent les sources premières de la productivité et du pouvoir. L'information est à l'origine de l'innovation technique et de sa diffusion44 Selon Claire Guinchat et yolande skouri, l'information se présente sous forme de "données" plus ou moins concrètes, un renseignement, un fait, un concept. Ce peut être un chiffre de population, un énoncé, une image, une photo, un film, un son. C'est un élément de connaissance.45 L'information est un élément de connaissance qui est la clé de voûte de tout développement et la réussite universitaire passe nécessairement par lui. Les universitaires semblent l'avoir compris car ils soulignent tous l'importance de l'information dans leurs activités universitaires. Ils ont été très nombreux à citer la recherche d'information comme leur premier usage d'Internet. Les universitaires maliens ont régulièrement recours à Internet dans leur quête d'information. Ceci s'accentue davantage d'autant plus que les bibliothèques s'appauvrissent de jour en jour: la problématique du document y oblige. Certes l'information est surabondante sur Internet, mais stockée dans le plus grand désordre, on parle de "déluge informationnel". Il n'est pas souvent facile de s'orienter dans ce "labyrinthe". Comment se fait concrètement cette recherche d'information? Quels sont les outils utilisés pour le repérage de l'information? Comment sont-ils utilisés? Les universitaires ont-ils une méthodologie appropriée, des stratégies adéquates? Ont-ils une connaissance des ressources scientifiques et pédagogiques disponibles gratuitement et à titre payant sur Internet? Comment se fait la validation de l'information? Ont-ils des critères propres à eux pour évaluer l'information qu'ils consomment quotidiennement? Quels comportements, quelle attitude adoptent-ils face à l'information en ligne? Qu'en est-il du droit d'auteur? Citent-ils les sources d'information? Voilà entre autres un certain nombre d'interrogations auxquelles ce sous chapitre tente de donner des réponses en s'appuyant sur l'analyse des entretiens réalisés auprès des personnes interrogées. 1. La recherche documentaire et d'information L'information est perçue comme une ressource indispensable dans tous les secteurs de l'activité humaine qu'ils soient politiques, économiques, administratifs ou culturels. Pourquoi les étudiants ont-ils besoin d'être compétents à l'usage de l'information? L'étude sur les connaissances en recherche documentaire des étudiants entrant au 1er cycle dans les universités québécoises souligne ce qui suit : « ... on reconnaît maintenant l'importance et le rôle des habiletés en recherche et exploitation de la 44 Manuel Castells, la société en réseaux. L'érè de l'information, Paris, Fayard, 1998 45 Claire Guinchat, yolande skouri, guide pratique des techniques documentaires, vol1: traitement et gestion des documents EDICEF, 1996 documentation dans la réussite académique ainsi que dans la poursuite de l'apprentissage au-delà des études. Un faible taux de connaissance dans ce domaine a donc un impact négatif sur ces aspects».46 Ainsi, la compétence visant la maîtrise de l'usage de l'information n'est pas seulement une compétence académique. Il s'agit en fait d'une compétence que l'étudiant mettra à contribution dans les situations concrètes de la vie, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle. Avec la prolifération des sources d'information dans une société basée sur l'économie du savoir, les étudiants ont besoin plus que jamais d'apprendre à repérer et à accéder à l'information leur permettant de répondre à leurs besoins informationnels de même qu'à évaluer de façon critique cette information. Selon l'étude réalisée par Bahi dans les cybercafés abidjanais, «Les internautes étudiants affirment venir ''préparer leur avenir'' ou ''acquérir des connaissances'' pour la rentrée prochaine. Internet leur sert à ''se former, se documenter, se cultiver et s'instruire'' (Bahi, 2004). 1.2. Initiation à la recherche d'information La méthodologie de la recherche d'information ne fait pas toujours partie de l'enseignement traditionnel à l'Université de Bamako. Pourtant cette méthodologie a des conséquences indiscutables: - sur la qualité et l'efficacité du travail des universitaires ; - sur leur future autonomie personnelle et professionnelle. La plupart des répondants disent avoir appris ce qu'ils connaissent d'Internet grâce à des camarades ou en expérimentant eux-mêmes. Ceci explique le fait d'avoir rencontré à plusieurs reprises dans les propos des répondants la phrase ''je me débrouille''. Seulement 28,6% des personnes interrogées tous profils confondus ont reçu une initiation à la recherche d'information contre 71,4% qui n'en ont jamais reçu. Ce qui laisse croire que presque toute la recherche se fait par tâtonnement sans aucune maîtrise préalable des techniques et outils de recherche. Un très grand nombre de filles ont déclaré n'avoir jamais été initiées à la recherche d'information. Elles sont seulement 3 sur 11 à avoir suivi un programme d'initiation à la recherche d'information sur Internet. Mais aucune des 3 n'est capable de dire exactement ce qu'elle a retenu de cette initiation. Que faut-il penser? Ces filles ont-elles assimilé ce module d'initiation à la recherche 46 Diane Mittermeyer, Diane Quirion, Étude sur les connaissances en recherche documentaire des étudiants entrant au 1er cycle dans les universités québécoises, 2003 d'information? Peut-être oui, mais elles ont tout simplement des difficultés à s'exprimer sur le sujet comme cela a été constaté durant la plupart des entretiens réalisés auprès d'elles. Peut être qu'elles ont également eu le temps d'oublier ce qu'elles ont appris, vu que cette catégorie d'utilisateurs ne se sert pas d'Internet régulièrement. Le même constat a été fait chez les enseignants. Seules 4 personnes sur 14 sont initiées à la recherche d'information (3 enseignants et 1 enseignant chercheur). Contrairement aux étudiants, des sessions de formation à la recherche d'information sont souvent organisées à l'intention des enseignants et enseignants chercheurs de l'université de Bamako (2 formations ont déjà été organisées pour l'année en cours, une troisième est inscrite au programme d'activités de l'année 2008). Il a été constaté que très peu d'enseignants et enseignants chercheurs prennent part aux sessions de formation qui sont organisées à leur intention. Nous nous sommes entretenus avec eux sur cette question. Dans leurs réponses, ils évoquent le manque de temps, un emploi du temps chargé mais déclarent tous être intéressés par ces sessions de formation. Si ces raisons avancées sont prouvées, ne serait-il pas mieux de cibler les moments les moins chargés pour les professeurs afin d'organiser des sessions de formation à leur intention? Aucune personne ayant le profil ''petits utilisateurs'' n'a été initiée à la recherche d'information. Par contre 6 personnes du profil ''grands utilisateurs'' ont pu recevoir une formation à la recherche d'information sur Internet. Un constat s'impose: le besoin de formation à la recherche d'information se fait sentir et nous semble utile et urgent. D'ailleurs tous les répondants déclarent avoir besoin d'être encadrés dans la recherche d'information afin de pouvoir tirer un maximum de profit des ressources d'information disponibles sur Internet. 1.3. Les outils de la recherche d'information: Les universitaires maliens utilisent de façon majoritaire (94,3%) les moteurs de recherche. Néanmoins, il ressort des entretiens que 5,7% des personnes interrogées utilisent des annuaires. Google est de loin le moteur le plus utilisé. Il a été cité par presque tous nos interlocuteurs comme outil leur servant à accéder à l'information sur Internet. Le public enquêté, dans sa majorité, semble ne pas être familier des annuaires de recherche: ''je ne les utilise pas, je ne les connais pas''. C'est cette phrase que nous avons rencontré la plupart du temps dans leurs propos. Néanmoins un certain nombre de personnes (10, parmi lesquelles 2 filles) déclarent connaître les annuaires de recherche mais ne les utilisent pas. En plus de Google, les outils les plus utilisés sont Altavista, MSN seach et Wikipedia. Le seul annuaire (répertoire) de recherche cité par les 5,6% est Yahoo. Il est très généralement utilisé dans la lecture d'informations d'actualités. Les sources d'information en ligne préférées des enquêtés sont les moteurs de recherche, les sites d'organismes (institutionnels) et les espaces presse (journaux et radio en ligne). Les sites institutionnels sont surtout cités par les enseignants. Quant aux étudiants, ils portent leur préférence sur les moteurs de recherche ainsi que les sites d'universités étrangères. 1.4. Quelle méthodologie et quelles stratégies adoptent-ils pour la recherche d'information en ligne? L'abondance d'information (des milliers de pages sont créées tous les jours) sur Internet impose non seulement aux spécialistes de l'information mais également à toute personne effectuant la recherche d'information dans le cadre de ses activités une méthodologie dans la collecte de l'information. De nos jours, une bonne stratégie de recherche semble indispensable pour pouvoir se procurer de documents pertinents. Dans la majorité des cas, étudiants et
professeurs tâtonnent pour parvenir à
l'information M T (enseignant) «je n'ai pas de méthode précise, je traîne dans les résultats'' M D (enseignant) ''j'introduis mon thème de recherche dans Google. Il m'arrive de répéter, faut le faire plusieurs fois, il faut tâtonner jusqu'à ce que ça marche'' S D (étudiant M2 chimie) ''j'utilise les mots clés, les opérateurs également. j'utilise aussi les mots clés en Anglais'' La plupart du temps c'est ''la phrase entière'' qui est introduite dans la barre de recherche ou encore le titre entier d'un document. Seulement 5 personnes interrogées (2 enseignants, 2 étudiants M2 et une étudiante) ont déclaré utiliser l'option recherche avancée ainsi que les opérateurs de recherche. Selon SS (étudiant M2 chimie) ''Dans la recherche d'information, la précision compte beaucoup. Il faut être précis pour être sur d'atteindre les objectifs, le document désiré». 1.5. Validation de l'information La grande "bibliothèque virtuelle qu'est le Net" pose de plus en plus de difficultés aux utilisateurs en termes de recherche d'informations, de validation des sources sans oublier les problèmes éthiques que posent, parfois, les ressources documentaires elles-mêmes. Internet est une mine d'information sans médiateur: le lecteur laissé à lui même, doit filtrer et valider l'information au risque de consommer de l'information de mauvaise qualité. Mais pour pouvoir le faire, il faut à la fois savoir établir la crédibilité de la source et repérer les indices qui peuvent faire douter de l'information proposée. Les deux problèmes majeurs qui se posent par rapport à Internet sont sans doute: > Comment trouver l'information utile? > L'information trouvée est-elle fiable? Pour cela, il est indispensable de maîtriser soi-même la recherche d'information et les sources d'information. Les premiers critères d'évaluation d'un site sont ceux d'un document traditionnel: auteur, source, contenu...Puis viennent des critères plus spécifiques à savoir les critères de forme (identification de l'auteur, lisibilité du texte, facilité et rapidité de la navigation...) et les critères de fond (qualité de l'information, accessibilité des documents...) Nous avons recueillis les propos de nos interlocuteurs qui ont bien voulu se prononcer sur ces questions. 80% des personnes interrogées ont déclaré la présence des deux types d'information sur Internet: la fiable et la non fiable. Le deuxième groupe (20%) trouve de bonne qualité l'information sur Internet donc, ne se préoccupe pas de filtrer l'information. A priori, nous nous intéressons ici aux opinions du premier groupe. Appliquent-ils les critères de validation de l'information sur Internet? Si oui lesquels? sinon pourquoi? Quels sont selon eux les critères d'un bon site? Beaucoup d'entre eux ont seulement entendu dire que l'information n'est pas toujours de bonne qualité sur Internet mais eux mêmes sont incapables de dissocier la bonne information de celle qui ne l'est pas. Il nous a fallu recentrer à plusieurs fois l'entretien sur les ressources d'information utilisées dans le cadre professionnel (études, enseignements) car la plupart de nos interlocuteurs ont compris par ''l'information non fiable'' les sites obscènes, pornographiques, racistes. Et même souvent le «chat» a été cité. Les enseignants semblent être les seules personnes qui tentent de se mette à l'abri d'une éventuelle utilisation de l'information peu ou non fiable.13 enseignants sur 14 ont leurs critères propres à eux pour valider l'information. Mais quels sont ces critères? Sont-ils fiables? -B K (psycho-criminologie) ''je vais toujours à partir de mes connaissances principales. je n'utilise pas l'information en provenance d'un site que je ne connais pas'' -I B (science de l'éducation) ''je fais très attention à la source de l'information s'il n'y a pas de source, je me méfie car sans source on ne pas citer dans un travail scientifique'' -I O (histoire) ''je tiens compte de l'origine de l'information. Si l'information vient d'un organisme, d'une université c'est bon par contre je me méfie des sites personnels'' -M W (biochimie) ''je fais toujours une comparaison par rapport à ce que je connais .Il y a une tendance scientifique, on cite toujours une référence. Et puis il y a toujours une partie discussion». Ce qu'on retient de leurs propos: les enseignants analysent d'une manière ou d'une autre l'information en ligne. Ils ont une certaine méfiance envers les sites personnels. Leurs sources préférées d'informations sont les sites d'organismes, d'institutions. Ils appliquent dans la majorité des cas les premiers critères valables d'évaluation d'un site: auteur, source, contenu... Les filles: elles sont sûrement les plus vulnérables, les plus exposées à la consommation de l'information de mauvaise qualité. Elles sont 10 sur 11 à déclarer ne pas connaître les critères de validation de l'information. Elles n'ont pas non plus de critères propres à elles qui leur permettent de faire la différence entre l'information fiable et celle qui ne l'est pas bien que 5 d'entre elles confirment la présence des deux types d'information. 6 personnes de ce profil ont affirmé avec conviction que l'information est toujours fiable sur Internet. H M (étudiante Maths Physique) est la seule qui tente de valider l'information sur Internet. Selon elle, ''il faut regarder en bas pour vérifier la présence d'un cadenas. S'il est fermé cela est synonyme d'un bon site mais s'il est par contre ouvert, il faut se méfier de l'information. Ensuite je fais attention au nom de domaine'' Ces critères sont-ils assez fiables pour mettre notre interlocutrice à l'abri de la consommation d'une information de mauvaise qualité? Qu'en est-il du profil ''grands utilisateurs'' et ''petits ''utilisateurs''? Pour ce qui concerne le profil ''petits utilisateurs'', ils ignorent les critères de validation et n'ont aucun moyen de vérifier la fiabilité des informations trouvées sur Internet. Comme les filles, ils se trouvent eux aussi majoritairement très exposés. Le profil ''grands utilisateurs'' tente tant bien que mal à s'élaborer quelques critères propres à eux parmi lesquels on peut citer: > L'identification de l'auteur; > La méfiance envers les sites inconnus; > Les sites payants; > Le nom de domaine. pour Y C ( étudiant DEUG science de la vie) "Le seul bon critère, c'est lorsque le site est payant" I D (étudiant M1 Droit) trouve que le seul bon critère est le droit d'auteur "si je doute d'une information, je regarde en bas et vérifie que le droit d'auteur est bien mentionné" "Tout bon site doit avoir un nom de domaine", pense ainsi M S (étudiant L3 Maths) Nous pensons que les différents propos recueillis sur la question de la validation de l'information sur Internet soulignent davantage la nécessité de développer la formation non seulement à la recherche d'information, mais également à l'évaluation des ressources Internet et ceci pour deux raisons fondamentales: > L'abondance des ressources sur Internet (plusieurs milliards de pages Web) et le plus souvent l'absence d'outils de repérage efficace; > La non maîtrise des fonctionnalités de ces outils par les universitaires ; > L'usage croissant d'Internet par les universitaires chez qui, on observe l'absence de vérification des sources. 1.6. Accès à l'information scientifique et technique (IST) et fourniture de documents primaires Parmi les services qu'offre le CNFB, l'interrogation des bases de données et la fourniture de documents primaires occupent une place de choix auprès des universitaires maliens, notamment ceux de la FMPOS. Le CNF de Bamako offre aux étudiants, enseignants et enseignants chercheurs la possibilité d'effectuer des recherches bibliographiques, de commander des documents primaires (articles scientifiques, thèses...) grâce à un accès aux grandes bases de données internationales. L'AUF, sur un principe d'économie solidaire, prend à sa charge 80% des coûts inhérents à ce service. Ce service permet, suite à une commande en ligne, de recevoir par voie postale ou électronique les documents souhaités à des tarifs subventionnés (voir les tarifs des différents services proposés par le CNFB à l'annexe 8) Pour ce faire, les universitaires doivent compléter le formulaire de recherche disponible sur le site du CNFB47 en précisant leurs critères de recherche. La tarification des documents primaires comprend les frais d'abonnement à la base de données multidisciplinaires INIST et les frais d'envoi 47 site du CNFB, http://www.ml.refer.org/mali ct new/command.php3 (dernière consultation juillet 2008) du document (si format papier). Le service "Interrogation des bases de données" est massivement utilisé par les étudiants doctorants de la FMPOS (80%). Ils sont suivis par les étudiants en M1 de la FLASH (15%) et les enseignants (5%) qui, semble-t-il, n'ont pas encore perçu la différence entre avoir accès à des bases de données professionnelles auxquelles l'agence est abonnée en payant un tarif subventionné et faire des recherches sur Internet où les informations ne sont pas forcement validées des pairs. La liste des commandes48 est disponible à l'annexe 9. La raison principale d'utilisation de ce service reste la rédaction des mémoires et thèses. Les articles de revues, les thèses et mémoires sont utilisés dans la rédaction des mémoires et thèses par les étudiants de la FMPOS et de la FLASH. Certains enseignants et chercheurs commandent des articles pour des préparations de conférence ou pour se tenir au courant des avancées dans leur domaine de travail. Le manque criard de documentation dans les bibliothèques pousse davantage les universitaires à utiliser ce service qui, au départ n'avait pas obtenu leur adhésion à cause de la somme à débourser pour se procurer un article ou une thèse. L'article reste le type de document le plus demandé. La commande de thèse ou de mémoire est rare et ne dépasse pas deux dans le mois (les statistiques de commande sont disponibles à l'annexe 10). Le tarif des thèses et surtout la durée de livraison n'incitent pas à la commande, il faut au minimum un mois et elles sont envoyées uniquement par voie postale. Par contre les articles avec un tarif plus abordable, font l'objet d'une demande croissante. Le budget alloué ces dernières années au service de "fourniture de documents primaires" s'est avéré insuffisant et est vite dépassé avant la fin de l'exercice. Les étudiants sont assistés dans leur recherche par le documentaliste du centre qui les oriente en premier lieu sur les articles de revues et sites accessibles gratuitement: médecine tropicale, médecine d'Afrique noire, CISMEF, les classiques des sciences sociales, Persée... Cette catégorie d'utilisateurs se sert d'Internet exclusivement pour la recherche d'articles de revues, de rapports ou de thèses et mémoires. 1.7. Les points d'accès à l'information P. A. I. (IST) Pour faire face à la demande croissante dans le cadre de la fourniture de documents primaires, il avait été prévu l'ouverture des PAI au niveau de trois centres: - Le Centre Culturel Français: Un PAI fut crée au niveau du CCF mais son fonctionnement n'a duré qu'une année faute 48 site du CNFB, ( http://www.ml.refer.org/mali ct new/command.php (dernière consultation juillet 2008) d'implications des personnes devant faire sa promotion auprès du public universitaire. Il était sous-utilisé - La Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie: Le grand nombre de consommateurs de documents primaires étudient dans cette faculté. Un besoin réel de création d'un PAI se fait sentir à ce niveau. Cela permettra non seulement de désengorger le CNF mais également d'éviter aux étudiants le parcours d'environ une dizaine de kilomètres. - L'Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR- IFRA): Cet institut utilise peu les documents primaires mais compte tenu de sa situation géographique (Environ 70 km de Bamako) il serait utile de créer un PAI en son sein pour appuyer les enseignants et les étudiants dans l'accès à l'IST 1.8. Le droit d'auteur : Quel que soit le support d'un document, il n'échappe pas au droit d'auteur. La publication d'un document sur Internet ne change rien en cela. Tout texte possédant un copyright ne peut être reproduit sans autorisation de l'auteur. Ceci reste valable pour les reproductions électroniques. Le texte pourrait sans doute être imprimé ou sauvegardé sur un support électronique pour un usage personnel mais en aucun cas il ne pourra être reproduit à d'autres fins sans autorisation. Qu'en est-il du droit d'auteur chez les universitaires maliens? Citent-ils explicitement des sources ou revues électroniques? Très peu de gens ont répondu à cette question: ils sont au total 4 enseignants. Tous ont déclaré intégrer des références de ressources électroniques dans leurs bibliographies et citer des ressources ou revues électroniques. '' je me méfie d'une information qui n'a pas de source car sans source on ne peut pas citer dans un travail scientifique" affirme un enseignant chercheur. '' Naturellement on doit faire attention au droit d'auteur et respecter le travail intellectuel d'un collègue. Tout travail qui ne t'appartient pas doit être cité honnêtement" renchérit un autre enseignant. Les étudiants ne se sont pas prononcés sur ces questions. Sans doute, un domaine qu'ils maîtrisent peu mais sur lequel ils doivent être sensibilisés et auquel ils doivent prêter beaucoup d'attention. 2. La publication électronique La publication en général est l'activité la moins pratiquée en Afrique. Les chercheurs manquent notoirement de moyens ce qui a contribué à la fuite massive des cervaux. On estime à 30 000 le nombre d'Africains ayant obtenu un doctorat et vivant en dehors du continent.49 Le Mali n'en fait pas exception. La recherche scientifique n'y est pas très développée. Depuis 1998 et grâce au programme TOKTEN50 (Transfer of Knowledge Through Expatriate Nationals), les scientifiques maliens de la diaspora font bénéficier les collègues de l'Université de Bamako de leur expertise en effectuant des missions d'enseignement. TOKTEN est une initiative innovante du programme VNU (Volontaires des Nations Unies) permettant aux expatriés des pays où le programme est présent de retourner chez eux pour une période allant de deux semaines à trois mois afin d'utiliser leurs compétences et services pour le développement de leur pays natal. 2.1. Favorise-t-on la production de contenus endogènes? L'université de Bamako manque notoirement d'enseignants, surtout de rang A. Ces professeurs outre les cours délivrés, doivent faire de la recherche. Les textes leur fixent 6 heures de cours par semaine, le reste de leur temps devant être consacré à la recherche. Mais les effectifs pléthoriques les contraignent à tripler, voire quadrupler le volume horaire des cours, et de faire ainsi l'impasse sur la recherche. "Nous atteindrons bientôt 63 000 étudiants alors qu'ailleurs, une université accueille 20 000 étudiants. C'est actuellement l'effectif de la seule FLASH. Comment avancer avec 63 000 étudiants encadrés par seulement 700 enseignants parmi lesquels 250 ne sont pas de rang A ?", s'interroge le recteur.51 Oui, comment ? L'accès de tous à Internet, la mobilité des professeurs dans le cadre du Tokten52 par exemple, tout comme la formation à distance n'y suffisent pas, assure Mme Le Recteur de l'Université de Bamako. La solution existe pourtant qui nécessite du temps, des efforts et des ressources : pousser les programmes de formation des formateurs, donner beaucoup de chances à la 49 Selon des chiffres de l'UNESCO, en 1999, plus de 30 000 scientifiques africains titulaires d'un doctorat vivaient en dehors du continent 50 Transfert des connaissances par l'intermédiaire des expatriés 51 source: Diawara C. L'Essor n°16227 du 26 juin 2008 52 Le programme TOKTEN (Transfer of Knowledge Through Expatriate Nationals) est mis en oeuvre au Mali depuis 1998. Il consiste à faire bénéficier l'Université de Bamako, Grandes Écoles et Instituts de l'expertise de Maliens expatriés enseignant dans des structures d'enseignement supérieur recherche en mettant le chercheur dans un minimum de conditions. Le chercheur malien manque de temps, d'équipements et d'infrastructures. Bref les conditions ne sont pas réunies pour lui permettre de s'occuper de la recherche; l'environnement n'y est pas favorable. Il est dès lors difficile de demander à une personne qui se préoccupe de son pain quotidien de s'adonner à la recherche et à la publication. La production scientifique en Afrique est faible. Ce point a été amèrement souligné par le professeur MVE-Ondo53 en ces termes: "En 1960, au moment de l'accession aux indépendances politiques, la production scientifique de l'Afrique subsaharienne était d'environ 1%. En 1980, après pourtant une période majeure de développement d'institutions universitaires et de recherche, elle ne représentait plus que 0,5%. Entre 1990 et 2000, elle est tombée à 0,3%". Toujours selon lui la "clochardisation" des chercheurs et des enseignants et un exode sans précédent seraient les principales causes qui freinent la production scientifique sur le continent. Seules 3 personnes (1 enseignant chercheur et 2 étudiants de niveau DEUG et M1) ont déclaré avoir publié en ligne. Pour les étudiants, il s'agit plutôt de la création de sites Internet et de l'animation d'un blog avec des informations sur le Mali. Tous les enseignants et chercheurs interrogés ont déclaré être favorables à la mise en ligne de leurs cours. Les enseignants ont récemment suivi un cours dans ce domaine. Une revue est en cours d'élaboration à la FAST. Malgré les multiples efforts de l'AUF pour encourager la production de contenus "le fonctionnement des réseaux est toujours trop souvent de type descendant (top down) rarement ascendant (bottom up) ou horizontal (net working)"54. Néanmoins nous pouvons noter la mise en ligne de deux revues électroniques (de la FLASH et de l'Université Mande Bukari de Bamako) ainsi que quelques thèses de la FMPOS, une initiative personnelle de M. Anne, bibliothécaire au sein de ladite faculté. 2.2. Recherches africaines: Annales de la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines de Bamako: Hébergée sur le serveur du CNF, Recherches
africaines est une Revue électronique 53 Mvé-Ondo, Bonenvature, Afrique: la fracture scientifique, Futuribles, juin 2005 54 Formation à distance en Afrique Sub-saharienne francophone:Études comparées. Études ADEA-RESAFADUNESCO, 2004/2007 p. 16 FALSH de l'Université de N'Gaoundéré (Cameroun) avec le soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) "C'est une revue pluridisciplinaire traitant des questions de lettres, de langues et de sciences sociales et humaines. C'est aussi :
Recherches africaines est l'organe à travers lequel la FLASH publie les résultats de ses recherches mais elle est ouverte aux chercheurs et enseignants de toute l'Université de Bamako, l'essentiel étant de remplir les critères exigés par les différents sous-comités. En effet, le comité scientifique est divisé en six (6) sous-comités : sociologie - anthropologie, histoire - archéologie, littérature, linguistique, psychologie - sciences de l'éducation et géographie - démographie. Le septième sous-comité, celui de philosophie, n'est pas encore fonctionnel. Un comité de rédaction, composé de professeurs de français est chargé de la forme (la qualité du français). Il intervient en dernier lieu pour examiner l'expression des auteurs. Les problématiques sont en relation avec les paradigmes en cours dans la recherche et les thèmes sont fonction des disciplines mais des appels à contribution peuvent concerner plusieurs disciplines; décentralisation, État, foncier, traditions orales, etc."55 2.3. Les cahiers de Mandé Bukari: "Les cahiers de Mandé Bukari" est une revue trimestrielle de l'Université Mandé Bukari de Bamako. Cette Revue électronique internationale publiée par l'Université Mandé Bukari, en partenariat avec l'Université Libre de Bruxelles et l'Université Notre Dame de la Paix de Namur avec le soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) est hébergée sur le site du CNF de Bamako56 La Revue a un objectif précis : éclairer un large public sur des thèmes cruciaux touchant le développement économique, social et culturel. Il s'agit aussi d'une opportunité offerte aux chercheurs pour faire connaître leurs travaux. Les 55 voir en ligne «Ligne éditoriale». Recherches Africaines, 31 octobre 2002, http://www.recherchesafricaines.net/document.php?id=383. (dernière consultation juillet 2008) 56 la revue est accessible à l'adresse: http://www.ml.refer.org/cahiersmandebukari/ étudiants et les jeunes chercheurs sont fortement encouragés à soumettre leurs textes au Comité de Lecture. L'idée fondamentale à promouvoir est que les textes, sans qu'ils perdent leur caractère scientifique, soient à la portée d'un public de non spécialistes. Mais cela n'exclut pas la publication de textes destinés aux spécialistes et donc d'un abord pas toujours facile, si ces textes peuvent faire avancer la réflexion sur un sujet précis. 2.4. Les thèses en ligne de la FMPOS: La base de données répertorie les thèses qui ont été soutenues à la Faculté de Médecine de Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie de l'Université de Bamako de 2002 à 2004. Cette base donne la possibilité aux étudiants d'effectuer une recherche sur :
L'accès au texte intégral (au format pdf) est possible à partir de la fiche détaillée de la thèse Selon le bibliothécaire, les publications numériques de la Faculté de Médecine est au point mort. "Nous continuons a collecter les CD-ROM, mais ceux ci ne sont pas publiés. Les thèses des trois dernières années académiques ne sont toujours pas en ligne. Il y a 411 thèses en ligne sur le serveur de keneya blown, mais ce n'est pas une initiative officielle de la faculté, c'est un effort personnel"57 |
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