ILLINGER Benoît
Maîtrise Sciences Économique
Mention Économie et Gestion des Entreprises
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Compatibilité du régionalisme et du
multilatéralisme :
Le cas de l'ALENA
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Mémoire de maîtrise
Sous la direction de C.FIGUIÈRE
Université Pierre Mendès
France
Faculté de Sciences
Économiques
2000 - 2001
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
2
CHAPITRE 1
Régionalisme et multilatéralisme : Des dynamiques
opposées ?
15
SECTION 1 Accords
d'intégration régionale dans la théorie standard
16
1.1 Effets statiques -Création et
détournement de commerce (VINER 1950)-
18
1.2 Effets Dynamiques
21
1.3 Effets à nuancer.
23
SECTION 2 Les Accords
d'intégration régionale : un complément au
multilatéralisme ?
24
2.1 Régionalisme obstacle au
multilatéralisme ?
25
2.2 Vision gradualiste du libre-échange
32
SECTION 3 Le
régionalisme complémentaire au multilatéralisme :
Thèse des biens publics internationaux
37
3.1 L'offre de biens publics
internationaux.
38
3.2 Régionalisation : avantages
de ce type de coopération.
41
CHAPITRE 2 Le cas
de l'ALÉNA
47
SECTION 1 Pourquoi l'ALENA
existe-il ?
47
1.1 Raisons de l'adhésion mexicaine
et canadienne
51
1.2 Raisons de l'adhésion
américaine
54
SECTION 2 L'ALÉNA
vis-à-vis du GATT
61
2.1 Un GATT qui ne répond plus aux
attentes
61
2.2 ALÉNA : Accord
concurrent ?
64
2.3 ALÉNA : Conséquence
du déclin du GATT, complémentaire au GATT.
69
CONCLUSION
74
ANNEXES
74
RÉFÉRENCES
84
INTRODUCTION
Avec la fin du siècle, un grand nombre de
bouleversements bouleverse le paysage économique mondial. La
quantité des biens importés par chaque pays est de plus en plus
considérable, les firmes « nationales »
délocalisent leurs productions, établissent d'emblée une
stratégie à l'échelle régionale ou mondiale.
L'intensification des mouvements de capitaux distribue inégalement
l'épargne mondiale et fait trembler les monnaies nationales...
Il apparaît que les économies nationales ne
semblent plus être des ensembles spatiaux pertinent face à ces
mutations que la mondialisation a engendrées. Quatre politiques
commerciales sont alors proposées aux gouvernements pour gérer au
mieux leurs intérêts.
- La première est l'unilatéralisme
qui reste une option uniquement envisageable pour un pays disposant d'un
réel pouvoir de domination, un pays dit « leader ».
Ce pays impose des règles de comportement aux producteurs ou
gouvernements étrangers qu'il sanctionnera s'il juge déceler des
déviances.
- La seconde est le bilatéralisme par
laquelle le pays négocie avec un partenaire une facilité
réciproque d'accès au marché intérieur.
- La troisième est le régionalisme
commercial où les préférences sont
réciproques à l'intérieur, cette fois, d'une zone et non
plus seulement entre deux pays.
- La dernière option est celle du
multilatéralisme. Les préférences sont
alors automatiquement appliquées à tous les pays signataires
(clause NPF1(*))
Parmi ces quatre options, on en voit nettement que deux
d'entre elles sont plus utilisées dans la pratique. On va donc tenter de
les définir dans un premier temps de cette introduction. Ce
développement nous emmènera à nous questionner sur la
compatibilité des deux tendances. Enfin cette question sera
projetée dans un cadre précis dont nous expliquerons le choix.
DEUX TENDANCES PRÉDOMINANTES :
MULTILATÉRALISME ET RÉGIONALISME.
- Le multilatéralisme.
La première tendance cherche à réagir au
niveau mondial en créant des institutions, en instaurant des
négociations multilatérales sur le commerce de biens mais aussi
de plus en plus sur d'autres domaines comme les investissements, les services
...
Il existe deux conceptions du multilatéralisme que
Jean-Marc Siroën nous expose2(*).
La première conception du
multilatéralisme est « universaliste ». Une
organisation multilatérale, selon cette conception, a pour fonction de
promouvoir le système de valeur dominant (celui de la puissance
dominante). Cette approche n'a de sens au niveau mondial que dans le cas de la
fin de la lutte entre les deux systèmes politiques et économiques
opposés (depuis la fin de la guerre froide).
Le GATT puis l'OMC n'ont imposé que partiellement les
règles et les pratiques conformes à la vue américaine. Les
États-Unis ont alors sanctionné, par le biais de la section 301
de leur législation commerciale, les pratiques qu'ils jugeaient
déloyales même si elles étaient acceptées par le
GATT. Dans la vision universaliste, le reste du monde doit se rallier aux
principes, considérés comme universels, de la puissance dominante
et non l'inverse. Le fait que le congrès américain ait toujours
considéré que le droit américain primait sur le droit
international et donc sur les règles multilatérales illustre bien
ces propos.
La seconde conception du
multilatéralisme est coopérative. La vocation du
multilatéralisme serait d'assurer la compatibilité des
intérêts égoïstes et opposés des nations et non
d'imposer une conception « universelle ». Le
multilatéralisme doit donc s'assurer du bon fonctionnement d'une forme
d'organisation coopérative qui permette de passer outre les conflits
commerciaux entre États rivaux. Le GATT a plutôt, dès sa
fondation, fonctionné sur ce principe. Cette orientation originelle
s'explique d'ailleurs selon Siroën3(*) par des raisons historiques : influences
britanniques très marquées par le Keynésianisme
coopératif, crainte de crises semblables à celle des
années 1930.
Cette tendance pour le commerce est incarnée par la
signature des accords multilatéraux qui libéralisent les
échanges commerciaux internationaux des États signataires ;
selon les principes de la théorie du libre-échange qui
préconise la spécialisation internationale et la suppression de
toute entrave aux échanges. Pour notre développement nous nous
intéresserons surtout à l'Accord général sur les
tarifs et le commerce de 1947 (GATT dans l'abréviation anglaise,
officiellement AGETAC dans l'abréviation française) qui est de
type multilatéral. A la suite de la conclusion de la négociation
Uruguay - accords de Marrakech d'avril 1994 -, un GATT revu et corrigé
remplace l'ancien et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) devient
l'institution multilatérale compétente en matière de
commerce international.
Le multilatéralisme est donc fondé sur les
principes du libre échange préconisé par le GATT, à
savoir la clause de la nation la plus favorisée (article I du GATT) et
la non-discrimination entre partenaires commerciaux. Le régionalisme
lui, consiste comme nous l'exposerons, à ne proposer l'ouverture
mutuelle qu'à certains pays voisins en excluant l'extension aux autres
partenaires.
L'article 24 du GATT tolère les zones de
libre-échange dès lors qu'elles n'impliquent pas un durcissement
de la protection envers les pays tiers. « Les règles de l'OMC
autorisent les accords commerciaux régionaux à condition qu'ils
couvrent pratiquement tous les produits, qu`ils ne visent pas à
détourner le commerce et qu'ils n'élèvent pas d'obstacles
aux échanges commerciaux par la même occasion.4(*) » C'est à dire
que l'OMC tolère le régionalisme à condition que celui-ci
constitue une étape vers le multilatéralisme5(*). Mais cette dérogation
à la clause de la nation la plus favorisée reste vague et peu
objective. Elle laisse donc aux pays toute la latitude nécessaire
conformément au Mémorandum6(*) d'Accord concernant l'interprétation de
l'article XXIV du GATT de 1994, pour passer des accords
préférentiels sous l'égide du régionalisme sans
pour autant avoir l'intention un jour d'élargir ses accords
multilatéralement.
- Le régionalisme.
L'autre tendance est la montée en puissance du choix de
l'intégration régionale face à l'impuissance croissante
des gouvernements nationaux. En effet on constate que presque tous les membres
de l'OMC font maintenant partie d'un groupe régional7(*). Parallèlement au
phénomène de mondialisation, on assiste donc à la
régionalisation de l'économie mondiale. Par
régionalisation on entend un processus de concentration des flux
internationaux entre pays voisins ; ces flux de marchandises,
d'investissements ou de capitaux se densifient et s'accélèrent
relativement plus rapidement avec les pays voisins qu'avec les autres.
La problématique régionale est donc devenue un
centre de réflexion pour de nombreux auteurs.
Selon Gérard Kebabdjian8(*), après la mondialisation, le
phénomène économique le plus marquant de la fin du
XXème siècle est la régionalisation de l'économie
mondiale. En effet, trois formes de régionalisation ont
été engendrées par la triadisation de l'économie
mondiale. Ces formes de régionalisation sont caractérisées
par des processus d'intégration différents dans leurs objectifs
et dans leurs avancements9(*) mais elles sont identiquement définies par la
polarisation géographique de leurs échanges et par leurs
créations de formes institutionnelles à l'échelle
continentale.
A la définition générale de la
régionalisation il faut ajouter un certain nombre de distinctions :
La régionalisation naturelle ou
spontanée est un terme introduit par Paul Krugman qui renvoit
à la partie des tendances observées attribuables au
fonctionnement spontané des marchés. Cette partie est donc
expliquée par le jeu concurrentiel traditionnel résultant d'une
logique d'acteur décentralisé. Parler de régionalisation
naturelle revient à penser que l'intensification des flux commerciaux
entre pays voisins n'est issue d'aucun plan préconçu par une
autorité centralisée.
Par opposition à la régionalisation naturelle
il existe le régionalisme. Le régionalisme fait
référence à la part de la régionalisation issue de
la volonté des gouvernements ou d'une autre institution
centralisée. Il peut être issu de la volonté d'un seul
État et dans ce cas on parlera de volonté impérialiste (au
sens de R. ARRON) 10(*).
« La notion de régionalisme économique peut
s'interpréter comme la volonté politique des gouvernements de
favoriser le développement de liens économiques internationaux
avec des pays proches géographiquement. L'abolition des barrières
qui font obstacle au commerce réciproque des biens et services suite aux
négociations relatives à la création de zones de
libre-échange, Unions douanières ou tout autre accord de commerce
préférentiel permet notamment d'atteindre cet objectif.11(*) »
Le concept de régionalisme stratégique apporte
une nuance au régionalisme. Il peut-être défini comme un
ensemble de politiques qui dominent les relations entre les membres d'une
région et le reste du monde, lesquelles serviront de base d'organisation
pour les politiques à l'intérieur de la région. De
surcroît, ce régionalisme est qualifié de
stratégique car il a pour but de maîtriser la globalisation, c'est
à dire de « consolider la sécurité
économique entre partenaires de ce type d'accord afin qu'ils soient en
mesure de faire face à la concurrence globale12(*) ».
Pour en finir avec les définitions, il semble
approprié de rappeler qu'il existe divers degrés
d'intégration. Ceux-ci sont explicités par B. BALASSA (1961)
selon une distinction établie par le biais de deux
critères : le degré d'intégration économique
et l'avancement du transfert de souveraineté. Ainsi BALASSA dresse une
typologie progressive des accords régionaux en quatre
catégories :
L'accord de libre échange ou zone de libre
échange (ZLE). C'est un traité qui vise à abaisser ou
éliminer les barrières aux échanges entre pays
signataires. Cet accord ne suppose aucun abandon de souveraineté
nationale.
L'union douanière. Selon la typologie de
Balassa, il s'agit ici d'un traité qui suppose de l'intégration
entre les États et un transfert de souveraineté puisqu'il s'agit
d'une ZLE assortie d'une politique commerciale commune face au pays tiers.
Le marché commun ou communauté
économique (CE). Ce traité est une union douanière
mais ne concerne plus seulement le marché des produits (biens et
services), il englobe aussi le marché des facteurs. Ainsi un tel accord
suppose une mise en commun des instruments de régulation sur l'ensemble
des marchés.
L'union économique. L'ambition de ce
traité est beaucoup plus large que la précédente. La
souveraineté de chaque État signataire en matière
économique est presque totalement abandonnée. En effet en plus
d'un marché commun, l'accord suppose la communautarisation de la
politique macro-économique13(*).
Ces quatre catégories d'intégration
régionale sont néanmoins identiquement définies par le
fait qu'elles libéralisent les échanges entre les pays
membres ; mais du fait de leur portée géographique
limitée, ils introduisent inéluctablement des discriminations par
rapport aux États non-participants. Ils ne peuvent par définition
donc, qu'au mieux, atteindre un optimum de second rang par rapport au
libre-échange mondial (qui lui est l'optimum parétien14(*)).
Il nous vient alors à l'esprit la question :
« La multiplication des zones de libre-échange - c'est
à dire de zones de préférences régionales - ne
contredit-elle pas le principe multilatéral et de non-discrimination
entre les pays ? Inversement le renforcement du libre-échange
mondial ne réduit-il pas la portée des préférences
régionales ? 15(*)»
Les accords de libre-échange régionaux sont-ils
alors souhaitables ? Pour nous permettre de répondre à cette
question d'ordre politico-économique plus que d'analyse
économique pure, l'analyse économique standard qui est une
analyse statique, nous enseigne que la création de ces accords de
libre-échange régionaux entraîne inéluctablement des
distorsions de trafics. Mais comme nous le préciserons dans cet
exposé, les inconvénients induits par cette distorsion semblent
bien faibles et négligeables aux yeux de la majorité des
économistes par rapport aux gains découlant de la plus grande
liberté des échanges dans la zone.
Sachant donc que le libre-échange mondial est
préférable mais qu'il progresse difficilement, les avancés
régionales semblent-être une réponse adéquate et
profitable mais ceci uniquement si la démarche régionale ne vient
pas entraver le développement des démarches
multilatérales. Et cette crainte se retrouve chez certains
économistes. Crainte que nous essayerons de relativiser.
Nous montrerons alors que le régionalisme ne s'oppose
pas aux démarches de libre-échange multilatérales, ils ont
même une finalité sensiblement identique. Nous verrons alors
également une approche en terme de biens publics internationaux qui
explique la raison d'être du niveau régional compatible avec la
voie multilatérale.
Afin de ne pas rester uniquement dans un cadre
théorique il convient d'examiner plus précisément la
compatibilité entre l'accord de libre-échange
nord-américain et le GATT.
EXPÉRIENCE DE LA COEXISTANCE D'UN ACCORD
RÉGIONAL ET D'UN ACCORD MULTILATÉRAL.
L'exposé sera articulé autour de l'Accord de
Libre-Échange Nord-Américain (ALÉNA en francais et NAFTA
en anglais) qui est une zone de libre-échange liant États-Unis,
Canada et Mexique signé en Aout 1992. Il prévoit
l'établissement progressif sur quinze ans d'une zone de
libre-échange en matière de marchandise, de sevice et
d'investissements. Il n'est nullement question de politiques communes ou de
tarif extérieur commun, ni surtout de liberté de circulation des
personnes.
Ce cadre d'analyse qu'est l'ALENA est motivé par des
raisons de deux ordres. Tout d'abord mon choix s'est porté sur cette
intégration régionale car je viens de passer mon année
universitaire au Canada. Et le sommet des Amériques qui s'y est
déroulé a soulevé un certain nombre de questions comme par
exemple l'intérêt et la place de la Zone de libre-échange
des Amériques (ZLÉA) dans un contexte de libéralisation
des échanges planétaires. Ensuite et surtout, car l'ALENA
comporte deux originalités : d'une part, il y a une grande
hétérogénéité de la zone couverte par
l'Accord et d'autre part les États-Unis, instigateurs du GATT, y
participent.
ALENA : 3 pays très
hétérogènes avec une double
hétérogénéité :
Il y a une disproportion du poids économique des
États-Unis par rapport à ses partenaires16(*). De plus les échanges
sont surtout marqués par un bilatéralisme autour des
États-Unis plutôt que par le multilatéralisme entre les
trois pays17(*).
On pourrait dire qu'il y a deux régionalisations
naturelles. En effet, les États-Unis et le Canada, lors de la signature
de L'ALE en 1987 qui prévoyait une totale circulation des marchandises
en 1998, sont déjà fortement imbriqués. 90% des IDE
implantés au Canada proviennent des États-Unis et les trois
quarts de ceux du Canada sont destinés à son voisin direct du
Sud. On peut donc bien dire que la régionalisation entre les
États-Unis et le Canada est une régionalisation
naturelle18(*).
En ce qui concerne les États-Unis et le Mexique c'est
le même schéma : bien avant les accords, le Mexique
était fortement tourné vers les États-Unis19(*).
- La zone englobe deux pays développés
appartenant au G7 et un pays en voie de développement. On constate en
effet des écarts de développement énormes. L'IDH des
États-Unis (0,929) et du Canada (0,935) sont très proches mais
celui du Mexique (0,784) est nettement inférieur20(*).
États-Unis : Première puissance
mondiale et première représentante du libre
échange.
Les États-Unis bénéficient, par leur
statut de première puissance économique et militaire, d'un fort
pouvoir de négociation. Et souvent, les unions régionales servent
à atteindre une taille critique pour avoir un droit de parole au niveau
international ou pour être un ensemble spatial pertinent face aux
mutations que la mondialisation a engendrées. Pourquoi alors les
États-Unis ont-ils été intéressés et ont
même été les instigateurs de l'Accord de libre
échange régional qu'est l'ALENA ?
Ce point soulevé entraîne une autre interrogation
qui rend l'ALENA si original : Est-il vraiment compatible, pour les
États-Unis d'être l'instigateur d'un accord régional
d'échange préférentiel et en même temps l'architecte
des accords de libre échange multilatéral que sont le GATT et
l'OMC ? Ces deux « casquettes » sont-elles
superposables ?
Les États-Unis agissent de la sorte pour
différentes raisons. En premier lieu, il convient de rappeler que les
effets de l'Accord en ce qui concerne les niveaux d'emploi et de salaire sont,
toutes choses égales par ailleurs, relativement limités pour les
États-Unis ou du moins pas aussi importants que ce qu'on peut en dire.
Les raisons de ce choix sont donc motivées par autre chose. La
première puissance économique mondiale décide de
privilégier le développement d'un accord régional pour des
raisons stratégiques et non uniquement économiques. Nous verrons
que ces raisons sont compatibles avec la politique de libre-échange
multilatérale pronée et suivie par les États-Unis.
Cependant pour certains, le relatif déclin que
subissait le GATT durant le début des années 1990 était
engendré par la naissance de l'ALÉNA. Nous montrerons que cette
relation cause-conséquence n'a que peu de fondements ; au contraire
l'ALÉNA semble être apparu pour combler les attentes
déficitaires de ses membres vis-à-vis du GATT. D'autant plus que
l'ALÉNA poursuit les mêmes objectifs
« libre-échangistes » que l'Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce.
Nous allons donc lors de cette étude, tenter de
démontrer que le régionalisme et le multilatéralisme ne
sont pas des tendances contradictoires, bien au contraire.
Pour ce faire, le premier chapitre sera consacré
à l'analyse théorique de la relation
régionalisme-multilatéralisme. Nous aborderons donc le point de
vue de la théorie standard sur les accords régionaux que nous
confronterons par le biais d'analyses contemporaines au
multilatéralisme.
Avec le second chapitre, nous démontrerons que le
régionalisme n'est pas un obstacle au multilatéralisme dans le
cas de la coexistance ALÉNA - GATT. On tentera pour cela de
déterminer les raisons de l'apparition de l'ALÉNA pour ensuite
démonter que sa mise en place n'est pas la cause du ralentissement
progressif de la croissance du GATT. L'ALÉNA est dans un certain sens un
« mini-GATT ».
CHAPITRE 1 CHAPITRE 1 Régionalisme
et multilatéralisme : Des dynamiques opposées ?
L'intégration régionale lie des pays proches
ayant des flux de commerce importants. Les accords passés favorisent
encore plus le commerce régional mais aussi engendrent une
intensification des flux d'investissement direct, de capitaux financiers... Une
pression s'exerce alors pour stabiliser les taux de change. On recherche des
changes fixes ou à aller comme en Europe jusqu'à l'Union
monétaire.
Les intégrations régionales se multiplient
depuis la fin des années 198021(*) : en Amérique du Sud apparaît le
MERCOSUR, en Asie l'ASEAN et autour des États-Unis, l'ALENA.
Certains voient dans ce mouvement une opposition ou une
alternative à la dynamique de la mondialisation, une échappatoire
à une évolution dominée par les États-Unis.
D'autres, à l'opposé, pensent déceler dans ces accords
régionaux une démarche libérale22(*) qui est partie
intégrante de la mondialisation et qui n'est donc pas contraire aux
démarches multilatérales,.
L'analyse économique n'admet pas que la voie de
l'intégration régionale procure un bien-être
général égal ou supérieur à celui atteint
par un libre échange mondial non discriminatoire. Au mieux certaines
théories admettront que le régionalisme puissent élever le
bien-être de ses participants ou même du monde mais se sera
toujours un optimum de second rang.
Pourtant on constate que les États nations se dirigent
presque tous dans cette voie du régionalisme. Les responsables
politiques sont optimistes alors que la majorité des économistes
académiques n'estiment pas cette orientation viable si elle ne conduit
pas, peu à peu, au libre-échange mondial. A ce propos
Gérald KEBABDJIAN23(*) s'est interrogé sur la question:
« La question est de savoir si cette
régionalisation qui progresse dans le monde depuis une dizaine
d'années exprime un repli qui s'oppose à la globalisation ou au
contraire constitue une composante de la mondialisation. »
L'idée est donc de savoir si la dynamique de
régionalisation est opposée ou non à la tendance de la
globalisation qui est multilatérale.
Nous verrons dans un premier temps, pour appréhender
correctement le problème, la théorie classique des arrangements
régionaux puis nous verrons l'orientation du débat contemporain
entre ceux qui voient une opposition entre ces deux dynamiques et les partisans
d'une vision gradualiste des accords régionaux.
SECTION 1 Accords d'intégration régionale dans
la théorie standard
Historiquement les accords d'intégration
régionale ont été considérés longtemps comme
des accords de libre échange. Par exemple la volonté
« libre échangiste » du XIXème siècle
est souvent illustrée dans les ouvrages généralistes, par
l'accord Cobden-Chevalier24(*) qui n'est autre qu'un accord commercial
préférentiel entre pays voisins.
Par la suite, conséquemment à la crise des
années 1930, les grandes puissances se sont repliées sur leurs
empires coloniaux en passant, dans un certain nombre de cas, des accords
préférentiels. Cette
« hérésie » fut dénoncée dans
l'après-guerre par le multilatéralisme affirmé par les
accords de Bretton Woods de 1944 puis par la clause de la nation la plus
favorisée (NPF) du GATT. A cette époque, il fallait
empêcher les pays de renouer avec les accords
préférentiels. Mais la guerre froide, en projetant une menace
communiste sur l'Europe, permettra aux accords de libre-échange et
d'union douanière de subsister en les insérant dans une clause
d'exception : L'article XXIV du GATT25(*).
Pourtant, c'est à cette époque que se
développa la théorie de l'intégration commerciale dite
« moderne » qui affirmait que du fait de leur
caractère préférentiel et donc discriminatoire les accords
régionaux de libre-échange étaient néfastes pour le
reste du monde. Elle allait même jusqu'à assurer que
l'amélioration de la zone qui se formait n'était pas certaine.
L'analyse économique tirait ces conclusions car elle
s'est en premier lieu attachée à définir les effets
statiques des accords de commerce régionaux sur le bien-être
général, c'est à dire leur impact sur le niveau de
richesse (1.1) Mais, plus tard, on a formalisé le fait que les accords
de commerce régionaux pouvaient provoquer également des effets
dynamiques (1.2), c'est à dire des effets qui n'influent pas une fois
pour toutes sur le niveau de bien-être mais qui provoquent durablement un
changement de rythme de croissance, ce qui pouvait changer les conclusions
quant aux conséquences des accords de commerce régionaux. Mais
les espoirs de la nouvelle économie internationale étaient
à nuancer ( 1.3)
1.1 Effets statiques
-Création et détournement de commerce (VINER 1950)-
En 1950, une analyse devenue classique, le modèle de
Jacob Viner, démontra que les accords entre nations voisines26(*) en plus d'être
« créateurs » de commerce à
l'intérieur des zones, engendraient des
« destructions » de commerce. Cette remarque de Viner
est toujours à la base de l'analyse critique des accords de commerce
préférentiels. Elle vaut donc la peine d'être
exposée pour comprendre les débats.
Le modèle de Viner repose sur la théorie
conventionnelle des avantages comparatifs qui justifient le libre
échange par le gain des consommateurs : les importations poussent
les économies à se spécialiser et donc, la
spécialisation engendrant la compétitivité, à
commencer à exporter. La balance entre importations et exportations
s'étant équilibrée, il ne reste du libre-échange
qu'une baisse générale des prix bénéficiant
à tous les consommateurs quelque soit leurs pays d'origine. Et plus il y
a de sources d'approvisionnement, plus le pays se spécialisera et donc
plus ces gains seront importants.
Appliqué à une comparaison entre une situation
initiale de protection générale du marché et une situation
d'union douanière, le modèle démontre deux points
importants :
Premièrement, les zones de libre échange seront
toujours moins efficaces au niveau économique que le
libre-échange mondial. En effet, intuitivement si l'on compare les gains
pour les consommateurs d'un échange sans entrave à deux et donc
d'une spécialisation limitée, ils seront moindres que dans le cas
d'échange sans entrave entre tous les pays et avec une
spécialisation accrue.
Deuxièmement, Viner affirme que l'issue d'une Union
douanière est incertaine car les effets de
« détournement de commerce » peuvent être
équivalents ou supérieurs aux
« créations ». Il entend par création de
commerce, le fait que l'on passe à une source d'approvisionnement dont
le coût est moindre, suite à la suppression des droits de douanes
entre deux États dans le cadre d'accords préférentiel.
Alors que le détournement des échanges signifie que l'accord a
incité les pays à se fournir, non plus auprès de pays
non-membre compétitif mais auprès de pays membres moins
efficaces. Ces pays sont « choisi » car leur prix est
moindre consécutivement aux différences de taxation
douanière. Le détournement des courants d'échange est donc
globalement une dégradation des termes de l'échange due au
changement des sources d'approvisionnements.
Donc selon ces définitions, l'accord de commerce
régional va pouvoir engendrer deux situations
différentes :
- Si au niveau des blocs régionaux, les échanges
supplémentaires qui ont lieu constituent, en majorité, une
création de commerce (il y a prédominance de la création
sur le détournement) alors, ou l'un des membres du groupe doit en tirer
profit, ou les deux peuvent en tirer profit. Globalement le groupe d'une part
et le monde entier d'autre part dégage un bénéfice net.
Mais le reste du monde y perd.
- Par contre, dans l'autre situation où au niveau des
blocs régionaux, les échanges supplémentaires qui ont lieu
ne sont pas créateurs de commerce mais remplacent plutôt un
commerce existant au détriment de pays extérieurs au bloc
(détournement de commerce), on constate que l'efficacité
économique dans le monde diminue. De plus Viner nous montre que dans ce
cas l'établissement du libre-échange entre les deux nations
conservant une protection douanière à l'égard des autres
pays, c'est à dire provocant en général des
détournements conséquents, peut appauvrir ces mêmes nations
prises globalement au lieu de les enrichir. En effet, la conclusion de Viner
est sans appel : « Si le détournement des courants
d'échanges est prédominant, l'un des membres au moins, y perds
forcément, les deux pris ensemble auront une perte nette, et le reste du
monde ainsi que le monde tout entier y perdront »27(*)
Des modèles de structure plus complexe et portant sur
un plus grand nombre de produits ont été construits, et on a pu
constater que la réalisation d'un accord commercial régional a un
certain nombre d'autres conséquences qui peuvent l'emporter sur le
détournement des courants d'échanges. Meade28(*), par exemple, quelques
années plus tard a complexifié cette analyse en y incluant des
effets de consommation. A partir de là, il conclut que même un
détournement des échanges est avantageux pour le consommateur qui
bénéficie de produits à moindre prix.
Il existe donc une certaine ambiguïté quant
à la conclusion de l'analyse en termes d'effets statiques. C'est
pourquoi l'analyse en terme dynamique devient incontournable. Elle montre qu'il
existe des effets qui n'influent pas une fois pour toutes sur le niveau de
bien-être mais provoquent un changement durable du rythme de
croissance.
1.2 Effets
Dynamiques
Il existe un grand nombre de facteurs qui sont à
l'origine des effets dynamiques. En général les auteurs
retiennent 3 effets29(*) :
1. Le marché plus large qui engendre des
économies d'échelle et une meilleure diffusion technologique, ce
qui permettra dans un second temps d'être plus à même
d'affronter la compétition internationale ;
2. Une concurrence renforcée qui pousse à plus
de productivité, à une meilleure efficacité productive,
3. Une attraction plus marquée pour les IDE car ceux ci
deviennent plus « sûrs »30(*).
Ces effets dynamiques sont évidemment liés au
niveau d'intégration de la région. Plus le degré
d'intégration régionale est élevé, plus ces effets
en terme dynamique seront marqués. Par exemple si l'abolition des
barrières est totale (on ne se contente pas que de supprimer les droits
de douanes) alors les firmes multinationales ont un contrôle moins
coûteux de la production réalisée dans les autres pays
membres ; si l'intégration régionale a atteint le stade de
la monnaie unique, les coûts de transaction sont supprimés... Il y
a donc une multitude d'effets dynamiques positifs, croissant avec le
degré d'intégration.
De plus, il est admis31(*) que ces effets ont à long terme une plus
grande importance que les effets statiques, et qu'ils ne
bénéficient pas qu'au membres de l'accord régional ;
ils bénéficient également par effets d'entraînement
à tous les partenaires commerciaux du bloc.
L'importance des effets dynamiques par rapport aux effets
statiques rejoint un autre constat : l'augmentation de la
compétitivité des firmes locales ne se passe plus en
procédant à une augmentation des barrières afin de les
préserver de la concurrence étrangère mais en leur
apportant les moyens d'accroître leur efficacité.
Il semble donc prouvé aux vues des effets dynamiques
que ces derniers donnent raison aux accords de libre-échange
régionaux puisqu'ils ont alors un bilan nettement positif.
Christian Aubin dans son ouvrage rédigé en
collaboration avec Philippe Norel se pose la question :
« Vaut-il mieux encourager des avancées rapides mais
géographiquement limitées ou privilégier des
stratégies multilatéralistes plus lourdes à mettre en
oeuvre mais qui évitent le recours à des mesures discriminatoires
entre pays ? »32(*) Pour répondre à cette question, il
emprunte l'approche purement normative de Kemp et Wan (1976, 1993) qui affirme
que la formation d'union douanière est compatible avec un progrès
vers l'optimum parétien si celle-ci réunit les trois
caractéristiques suivantes :
o La situation d'aucun membre de l'union ne se dégrade
suite à l'accord.
o Aucun pays (adhérent ou non à l'union) ne voit
ses échanges net s'avilir par rapport à la situation initiale.
o Le revenu douanier net de l'union est au moins aussi
élevé que les compensations versées aux membres de
l'union.
Ces conclusions montrent qu'en théorie un accord
régional de libre-échange peut contribuer à se rapprocher
de l'optimum parétien. Mais il semble que dans les faits, ces conditions
sont rarement réunies.
1.3 Effets à
nuancer.
A partir des conséquences dynamiques que nous venons
de présenter et du fait que le modèle de Viner repose sur des
hypothèses restrictives voire « méthodologiquement
contestable33(*) », la nouvelle économie propose donc
dans les années 1980 un nouvel examen des effets de l'intégration
régionale. Ces nouveaux modèles réévaluent à
la hausse les gains engendrés.
Ce changement s'explique notamment par le fait que les
nouvelles analyses prennent en compte comme nous l'avons vu, les nouveaux
éléments dynamiques : les économies d'échelle,
la remise en cause des monopoles et oligopoles...
De plus, elles minimisent les évaluations de
détournement de commerce par rapport aux modèles
précédents, dans les cas où les accords
préférentiels se passent entre pays proches et
développés. Ceci s'explique par le fait que les pays voisins ont
une tendance naturelle à commercer entre eux. Il en va de même
pour des pays identiquement développés. Ce sont les
modèles économiques dit « gravitationnels »
qui ont mis en avant le fait que les volumes d'échange bilatéraux
sont déterminés essentiellement par des variables comme le
produit des PNB des pays (effet gravitationnel qui comme en physique pose
l'attraction des masses c'est à dire deux grands pays s'attirent plus
que deux petits) et par la distance économique (écarts des PNB
par habitant).
Pourtant ces modèles qui réhabilitent les zones
d'intégration régionale en réévaluant leurs
bénéfices et en minimisant leurs effets négatifs sont
toujours en concurrence avec un courant opposé34(*). C'est ce que nous allons voir
en étudiant les visions reliant les accords d'intégration
régionale et le multilatéralisme.
SECTION 2 Les Accords
d'intégration régionale : un complément au
multilatéralisme ?
Nous avons vu que l'analyse économique standard
considère que les effets statiques de l'intégration
régionale sont au mieux bénins et aux pire néfastes alors
que le bilan des effets dynamiques est nettement positif. En prenant en compte
l'importance relative de ces derniers dans les analyses par rapport aux effets
statiques, la majorité des auteurs35(*) se rend compte que le débat ne porte plus sur
le bilan économique net des accords commerciaux régionaux (qui
devient positif en comptabilisant les effets dynamiques). Le débat porte
donc désormais sur l'incidence des accords de commerce régionaux
sur le développement des négociations commerciales
multilatérales.
Nous présenterons et relativiserons tout d'abord les
critiques portées au développement du régionalisme
« hérésie économique » et les risques
d'opposition entre ce dernier et les accords multilatéraux (2.1), et
nous verrons ensuite les courant de pensée qui appuient la
démarche régionaliste (2.2).
2.1 Régionalisme
obstacle au multilatéralisme ?
Il existe un certain nombre de critiques adressées au
régionalisme.
Selon Benaroya36(*), il existe actuellement deux types de critiques
adressées au régionalisme quant à sa nuisance au
libre-échange mondial. L'une se base sur la théorie des jeux et
l'autre porte sur la tendance protectionniste qu'engendrent les accords de
commerce régionaux. Il existe une troisième critique que nous
exposerons également.
La première catégorie de
critiques se basant sur la théorie des jeux présente les
entités régionales comme des coalitions qui s'affrontent dans une
guerre tarifaire pour accroître leur bien être. Dans ce cadre,
l'union douanière permet d'amplifier le pouvoir économique des
pays membres et donc de leur permettre de faire partie du camp
vainqueur37(*). Il en va
de même pour n'importe quel type d'intégration
régionale.
Paul Krugman38(*) en 1992 appuyait cette idée. Des pays voisins
s'efforçant d'améliorer leurs termes de l'échange vont
créer une zone d'échange régionale même en sachant
qu'elle est principalement génératrice de détournement de
trafics. La zone de libre-échange ainsi créée sera
incitée à se comporter comme un bloc et à relever ses
tarifs douaniers39(*) pour
les produits en provenance des pays tiers. Elle va donc nuire aux pays
non-membres mais aura accru la prospérité des pays signataires.
Les pays tiers, à leur tour, vont agir de la sorte en créant un
bloc qui élèvera ses tarifs douaniers extérieurs dans le
but de tirer lui aussi avantage de sa position sur le marché. Le
problème engendré par cette situation c'est que les
« blocs » ne peuvent gagner tous les deux (si les termes de
l'échange de l'un s'améliorent, ceux du deuxième doivent
se détériorer) et que durant cette « guerre des
tarifs » les détournements de trafics auront réduit
l'efficience économique globale. En conclusion de ces démarches,
chaque pays sera plus mal loti qu'il ne l'aurait été dans un
monde sans blocs commerciaux mais mieux loti que si des blocs commerciaux
s'étaient créés face à lui sans qu'il n'en fasse de
même. « Il apparaît donc que la formation de zone de
libre-échange peut (mais pas nécessairement) être une sorte
de « dilemme du prisonnier » dans lequel des actes
individuels, rationnels eux-mêmes, ont des conséquences
collectives fâcheuses 40(*)».
Krugman rappelle également que les entités
régionales choisissent des tarifs d'autant plus élevés que
leur pouvoir de marché est grand. Dans ce cas, « le plus
mauvais monde » n'est pas celui qui serait totalement
fragmenté mais celui qui serait composé d'un nombre restreint de
blocs41(*).
Enfin cette guerre des tarifs douaniers nuirait encore plus
aux pays, le plus souvent économiquement en retard, qui n'appartiennent
à aucun bloc régional. En effet ceux-ci seraient
confrontés à des tarifs beaucoup plus élevés que
dans un monde sans blocs. Ce serait donc eux qui supporteraient les
dégâts les plus importants provoqués par la constitution
des blocs.
Le point de base soulevé ici par Krugman est qu'en fin
de compte les accords régionaux affaiblissent le système
multilatéral et que les gains dans les échanges
intra-régionaux sont plus qu'annulés par les pertes dans les
échanges inter-régions ou avec les pays non-membres. Le
régionalisme provoque des distorsions des échanges mondiaux.
Ce propos est néanmoins modéré par son
propre auteur par sa thèse de zones d'échange naturel42(*).
Ainsi, bien que basés sur des hypothèses
restrictives43(*), la
thèse de Krugman expose clairement le risque de voir, par la faute du
régionalisme, le monde se structurer en quelques blocs rivaux, mettant
ainsi en péril toutes négociations sur le plan
multilatéral. C'est là une critique claire à l'encontre de
la tendance régionaliste.
Il existe néanmoins un argument pour rendre cette
critique caduque. Cet argument est le même que celui qui fonde la
critique mais il est employé contre elle. Selon cette idée, une
zone de taille susceptible d'influer sur les prix mondiaux peut adopter une
politique protectionniste visant à diminuer ses importations et ainsi en
tirer profit en dégradant la situation du reste du monde mais ceci
uniquement en théorie. En effet il ne semble pas que cela soit
appliqué dans la pratique. Car sinon on assisterait à une
fragmentation du monde en un nombre limité de zones, comme Krugman
l'affirmait, mais cette fois cette fragmentation conduirait à une
« guerre » commerciale aboutissant à un
équilibre du type du dilemme du prisonnier où la situation des
pays se dégraderait par rapport à la situation initiale de
libre-échange.
Ainsi on peut conclure que la rivalité entre puissances
intégrées empêche l'application de politiques commerciales
prédatrices.
Pourtant ce risque est rappelé par certains
économistes, a priori contre ces zones, qui ne semblent pas voir dans
les faits que les zones comme l'ALENA ou l'Union Européenne sont loin
d'être des « forteresses commerciales».
La deuxième catégorie de
critiques porte sur la tendance protectionniste qu'engendrent les
accords de commerce régionaux.
Pour exemple Bhagwati44(*) présente le fait qu'au sein de l'ALÉNA,
le Mexique pourrait utiliser des pratiques déloyales pour compenser
l'augmentation des importations en provenance des États-Unis en limitant
celle des autres pays non-membres comme Taiwan. Et les États-Unis
pourraient eux, limiter leurs exportations pour soulager leur industrie de la
concurrence taiwanaise. Il y aurait donc dans cet exemple une recrudescence des
détournements de commerce.
Whalley45(*), pour sa part, remarque qu'en Europe, la CE se sert
de mesures anti-dumping et de restrictions volontaires des exportations
à l'encontre des fournisseurs concurrents non-membres de la CE. Il
remarque également qu'en Amérique du Nord, les accords
américains comportent des clauses d'exclusion à l'encontre des
pays tiers avec notamment l'exigence du contenu local et l'exigence que les
règles de provenance des produits soient appliquées strictement.
Le régionalisme s'accompagne donc pour ces auteurs d'un certain
protectionnisme à l'encontre des pays tiers qui ne favorise pas les
démarches multilatérales.
Cette résurgence du protectionnisme est à
craindre car ne correspondant pas au
« libre-échangisme », elle limiterait l'avancement
des accords multilatéraux.
Mais « Si l'intégration régionale ne
correspond pas au « libre-échangisme », on aurait
tort de considérer que le multilatéralisme, mis en place
après la seconde guerre, s'inscrive dans l'orthodoxie économique
libérale. Le débat n'est donc pas entre un
néo-libéralisme incarné par l'OMC et un
régionalisme protecteur, dernier rempart contre la dictature des
marchés 46(*)». En effet Jean-Marc Siroën note que l'OMC
et l'ancien GATT ont toujours agi selon une optique
« mercantiliste » 47(*). La doctrine qui apparaît dans leurs textes ne
semble pas ou peu inspirée des théories classiques du commerce
international. Si un pays adhère à l'OMC et s'ouvre au commerce
des autres membres, sa démarche est issue d'un calcul qui consiste
à n'accepter que si cette « concession » lui assure
des marchés d'exportation dont il va tirer un avantage substantiel. Il
en va de même dans un processus régionaliste. Il est donc
inopportun de reprocher aux accords régionaux de n'être pas assez
ouverts (« libre-échangiste ») par rapport aux
accords de l'OMC car la même logique est sous jacente aux deux processus.
Pour des économistes « orthodoxes »
comme Bhagwati le multilatéralisme n'en reste pas moins la meilleure
option pour libérer complètement les échanges. Et ceci
parce que la clause de la nation la plus favorisée (NPF) est un outil
puissant. Les accords préférentiels sont une exception à
cette règle et ralentissent donc la libéralisation des
échanges.
Néanmoins il convient de rappeler à ce sujet
l'OMC reste pragmatique : elle estime que l'exception aux traitements de
la NPF reste compatible avec la règle du commerce international48(*).
Ainsi la conclusion de Jean-Marc SIROËN est que le
régionalisme ne s'oppose pas au libre-échange, ou, du moins pas
plus que ne le font les démarches multilatéralistes49(*).
Le troisième type de critique est
plus « terre-à-terre ». Comme nous l'avons
déjà dit, une des conséquences des zones de
libre-échange régional est de créer un marché qui
à un plus grand poids, une plus grande part sur les marchés
mondiaux. Si les zones étaient petites, le volume de leurs importations
et exportations n'influençant pas le prix mondial, les
détournements sur les pays non-adhérents seraient
négligeables. Ce n'est pas le cas car des zones comme l'ALENA ou l'Union
Européenne sont énormes50(*) et ont donc une influence certaine sur les prix
mondiaux.
Les échanges de la zone croissent de part les liens
préférentiels entre membres, dégradant ainsi le
bien-être du reste du monde. Cette conséquence est intuitivement
compréhensible. Nous avons montré plus tôt que plus les
sources d'approvisionnement sont diversifiées, plus les économies
ont de chances de se spécialiser et donc, par une productivité
accrue, d'améliorer leur situation. Ainsi si des échanges se
passent préférentiellement dans une zone, le reste du monde
diminue ses opportunités d'échange, donc réduit sa
spécialisation, perdant ainsi de la productivité potentielle. Les
termes de l'échange (rapport des exportations sur importations) se
dégradent ainsi.
Mais la portée de cet argument est limitée car
ses effets négatifs pourraient être indemnisés par une
ouverture accrue de la zone envers le reste du monde. D'après Murray
Kemp et Henry Wan51(*) , il existe une grille tarifaire qui permet de
maintenir le volume des importations en provenance du reste du monde et ainsi
supprimer les effets de détournement. De plus cette
« indemnisation » permettrait quand même à la
zone de conserver un gain net.
Malgré le fait que ces trois critiques trouvent
toujours en face d'elles un contre argument il faut tout de même rappeler
que l'existence des aspects protectionnistes est indéniable dans les
accords régionaux. On remarquera notamment les règles d'origine
dans l'ALENA (comme l'a relevé Krueger52(*) en 1995) ou la politique agricole commune (PAC) de
l'Union Européenne. Ces aspects protectionnistes sont, soit disant, si
développés et néfastes que certains auteurs ont pu
affirmer que l'intégration régionale était une voie
opposée au multilatéralisme.
« Mais, dans l'ensemble, la thèse selon
laquelle l'intégration régionale aurait conduit les pays
intégrés à se désintéresser du
multilatéralisme et, a fortiori, à se constituer en forteresse
commerciale, est resté un fantasme.53(*) » On constate même que certains
accords régionaux reproduisent les structures et les règles
multilatérales. L'ALENA a été jusqu'à devancer le
multilatéralisme : il imposait à ses trois membres, avant
les accords de Marrakech (qui l'imiteront), des règles en matière
de propriété industrielle.
Aussi, nous allons voir maintenant la vision selon laquelle
le régionalisme est une étape vers le multilatéralisme.
2.2
Vision gradualiste du libre-échange
Les accords régionaux ont pu à une
époque être protectionnistes et contre les démarches
multilatéralistes. Cela à été le cas en Afrique ou
en Amérique latine où les accords, qui échouèrent
en fin de compte, étaient conçus comme une alternative au
multilatéralisme pour permettre un développement fondé sur
la substitution d'importation.
Les accords préférentiels régionaux des
années 1950, 1960, étaient conçus comme nous l'avons dit,
comme une alternative à la libéralisation multilatérale.
Dans les cas où ils servaient de « troisième
voie », d'alternative au libre échange pour préserver
leur stratégie de développement fondée sur la substitution
d'une production nationale aux importations, les unions ont
échoué. Cette orientation, menée dans un cadre
régional ou non, s'est trouvée dans l'impasse car elle
rencontrait des problèmes de marché intérieur insuffisant.
Mais cette époque est révolue et aujourd'hui les
accords de préférences régionales ne sont plus un
substitut à l'ouverture multilatérale54(*). Pour preuve, dans les
années 1980, il était fréquent de voir un pays abaisser
tout d'abord ses tarifs douaniers unilatéralement, puis adhérer
au GATT et finalement intégrer un groupement régional.
L'adhésion au GATT du Mexique, pays traditionnellement très
protectionniste, a précédé son adhésion à
l'ALENA. D'autres pays candidats à l'ALENA, comme le Chili, commencent
par libéraliser leur commerce extérieur afin de montrer leur
bonne foi espèrant ainsi gagner une place dans l'ensemble
régional. Le même processus se retrouve en Europe avec les pays de
l'Est qui espèrent intégrer le marché de l'union.
On peut donc penser en toute objectivité que les
critiques disputées aux accords régionaux, ne sont plus valables.
Car aujourd'hui c'est le fait d'avoir peur d'être exclus des
échanges internationaux, comme le montre la Théorie des dominos
de BALDWIN55(*), qui
poussent les PED à adhérer pour la grande majorité au
principe de libre échange. En partant d'un noyau dur, un ensemble
régional déjà constitué forme un nouvel ensemble
régional, et peut ainsi trouver sa place au sein d'un système de
régions formant désormais l'ordre international. Ceci explique
donc la différence entre la régionalisation des années
1950, 1960 qui était une alternative au système bipolaire de
l'époque, une « troisième voie » qui se
voulait indépendante et autarcique et le régionalisme
contemporain qui est bien une passerelle vers une intégration
mondiale.
Pour Charles Oman56(*), le nouveau mouvement de régionalisme
(néo-régionalisme opposé au régionalisme des
années 1950-60) est une réponse à la mondialisation qui
reste compatible avec le développement des accords
multilatéraux.
Ceci s'explique pour lui, par le fait que les mouvements de
régionalisation éliminent les forces d'inertie pour stimuler le
libre jeu de la concurrence au sein d'une région. A son tour cette
concurrence accrue entre les acteurs régionaux peut renforcer la
croissance et la compétitivité de la région sur les
marchés mondiaux. Dans ce sens le régionalisme conduit à
l'amélioration de l'équilibre économique mondial, ce qui
est également le but des démarches multilatérales.
Pour encore conforter cette position gradualiste du libre
échange, Charles Oman affirme qu'en plus d'élargir les
marchés, les accords économiques régionaux permettent
d'étendre la coopération internationale à des domaines
nouveaux et de servir de « laboratoire » aux accords
multilatéraux.
En conclusion, Charles OMAN estime que la
régionalisation est une étape vers la
multilatéralisation ; les accords régionaux conduisent
toujours vers des formes plus évoluées d'intégration car
ils engendrent des marchés de plus en plus large, ils étendent la
coopération internationale à des nouveaux domaines repris ensuite
dans les accords multilatéraux.
Cette vision gradualiste est partagée par un grand
nombre d'auteurs comme notamment Gérald Kebabdjian qui estime que
comme la mondialisation rend les États dépendant les uns des
autres. Ils se dirigent dans un premier temps vers la régionalisation de
leur économie pour conserver un contrôle sans pour autant
délaisser le multilatéralisme pour bénéficier des
avantages de libre-échange à plus grande échelle.
« (...), on peut soutenir que la
régionalisation est un mouvement interne à la mondialisation car
c'est un mouvement qui remet en cause les quatre déterminants de
l'économie nationale57(*). » En effet, lorsque l'on observe les blocs
régionaux, on constate qu'ils sont accompagnés de zones
monétaires qui ne laissent plus les États agir
indépendamment les uns des autres, le marché n'est plus
défini par les frontières physiques puisque les entreprises
nationales s'intéressent d'emblée au marché
régional ou mondial, les facteurs de production ne sont plus immobiles
entre pays d'une région, ou du monde (le capital est presque
systématiquement mobile mais la main d'oeuvre ne l'est que rarement), et
enfin les règles, les normes politiques, si elles restent en grande
partie définies nationalement doivent être dictées par une
logique globale et non plus uniquement nationale (attirer les investisseurs
étrangers, normes de qualité protectionnistes...).
Il y a donc tout d'abord une redéfinition au niveau
régional mais celle-ci serait une étape pour le niveau mondial.
Il semble bien que les accords régionaux soient alors des étapes
vers des accords multilatéraux beaucoup plus poussés.
Il faut noter tout de même que cette vision gradualiste
est critiquée dans sa forme par Christian Deblock et Dorval
Brunelle58(*). Ces
derniers affirment que cette pensée est réductrice dans le sens
où elle réduit la portée du régionalisme à
sa seule contribution au multilatéralisme commercial sans voir aucun
autre domaine qu'il couvre. De plus l'approche gradualiste, en
général, a le défaut d'établir les
bénéfices des accords régionaux à partir d'une
conception Ricardienne du commerce international. C'est à dire qu'on
mesure des effets uniquement économiques et globalement pour affirmer
qu'il y a un mieux être de la population (et ceci sans se demander si
l'augmentation du PIB, par exemple, n'a pas bénéficié
énormément à une seule personne en dégradant
même, dans le cas extrême, la position d'autrui).
Cette critique ne remet cependant pas en cause la
non-opposition du régionalisme et du multilatéralisme.
Pour terminer les arguments en faveur de la vision gradualiste
nous citerons un rapport du CEPPI59(*) affirmant que, globalement, les estimations
économétriques mettent en évidence le caractère
« super-naturel » des unions régionales. Les pays
membres entretiennent entre eux des relations bilatérales
d'échange plus intenses que ceux que la proximité leur
suggérerait. L'effet de détournement de commerce s'avère
néanmoins faible par rapport aux bénéfices supposés
de l'intégration régionale. De plus, en règle
générale, chaque étape de la régionalisation est
suivie par une étape de multilatéralisation réajustant les
relations avec les pays tiers. C'est pourquoi, par cet aspect, on peut dire que
régionalisme et multilatéralisme ne s'opposent pas mais
s'entretiennent mutuellement.
Nous citerons nonobstant la thèse
développée par Schott60(*), qui n'est pas a proprement parlé gradualiste,
mais qui en tire les mêmes conclusions. Il appuie le fait que le
problème des blocs économiques, abordé dans les termes de
la théorie conventionnelle de l'intégration économique que
nous avons vue, soit celle d'une libéralisation graduelle et
fonctionnelle des échanges internationaux, ont pour objet de
générer des gains en terme de bien être à travers
les effets de revenu, d'efficacité et de création de commerce qui
en résultent, d'augmenter le pouvoir de négociation avec les pays
tiers et parfois de promouvoir la coopération politique
régionale. Pour cet auteur le régionalisme n'est pas en train de
remplacer le multilatéralisme ; bien au contraire le GATT et le
multilatéralisme restent les options principales des pays
d'Amérique du nord ou d'Asie61(*) qui considèrent toujours l'option
régionaliste comme un « second best » voir un
« third best ».
SECTION 3 Le régionalisme complémentaire au
multilatéralisme : Thèse des biens publics
internationaux
Il semble donc que les accords régionaux de
libre-échange restent une étape vers le multilatéralisme.
Alors quel est l'intérêt de cette
« étape » qui n'atteint dans un premier temps qu'un
optimum de second rang ?
Si l'on prend uniquement en compte les effets limités
qu'attribue l'analyse économique à l'intégration
régionale alors il ne semble même pas que cette dernière
soit réellement une démarche pertinente de la part de la grande
partie des gouvernements qui l'entreprennent. Il y a pourtant plusieurs types
de raisons qui peuvent expliquer cette orientation politique.
Premièrement, les choix peuvent être
orientés par des groupes de pression qui ont intérêt
à la libéralisation de la région car à
l'intérieur de celle-ci ils bénéficieront d'un
marché plus vaste, plus homogène au niveau des normes.
Ensuite, l'accord d'intégration régionale peut
être issu de la volonté de favoriser la stabilité
économique et politique de la zone. Ce fût le cas pour l'Europe
après guerre et cela semble être le cas pour l'ALENA avec le
Mexique.
Nous ne traiterons pas de ces raisons dans cette partie
même si elles expliquent une part certaine du
phénomène. Nous tenterons plutôt de réhabiliter
une analyse plus déductive que l'analyse économique
« classique » évoquée
précédemment et qui dans ces développements peut
d'ailleurs englober certaines de ces explications d'économie
politique.
Cette approche est exposée par Jean-Marc Siroën.
Il estime que les accords d'intégration régionale fondent une
organisation des relations économique qui s'intercale entre le niveau
mondial et le niveau national. Ces différents échelons entrent
donc en concurrence pour la fourniture des biens publics internationaux.
3.1 L'offre de biens
publics internationaux.
Avant de commencer, il faut pour bien comprendre le
phénomène, rappeler la définition économique
courante d'un bien public : Un bien public est accessible à tous
sans discrimination (propriété de non-exclusion), il est donc
difficilement tarifable. Son utilisation peut être faite
simultanément par plusieurs agents économiques, sans que ses
caractéristiques en soient affectées, c'est à dire qu'il y
a un principe de non-rivalité dans la consommation62(*). Le financement de ces biens
publics se heurte par conséquent à la question du resquillage
(free-riding), comportement rationnel d'acteurs qui bénéficie
alors de ces biens sans participer à leur financement. On est alors
souvent confronté à une sous production de ce type de biens.
· Spécificités de
l'offre.
D'après leurs propriétés, ces biens ne
sont pas adaptés à une production par des entreprises
privées. Ils font donc l'objet d'une fourniture publique (État,
région...) qui bénéficie, contrairement à une
entreprise privée, d'un pouvoir de coercition qui permet de limiter le
resquillage.
Kindleberger63(*) a étendu cette analyse aux biens publics
internationaux qui sont définis comme l'ensemble des biens accessibles
dans tous les États où les
opérateurs-consommateurs-entreprises en tirent avantage mais qui n'ont
pas d'intérêts individuels à les produire. On peut ranger
dans cette catégorie des « biens » qui concernent
directement notre exposé : un système commercial ouvert, un
environnement international stable, un droit de propriété bien
défini, des normes internationales....
L'analyse de Kindlebergen a pour cadre un environnement
où il y a sous emploi et effets d'entraînement des exportations
sur la conjoncture. Il se distingue donc clairement des analyses classiques qui
postulent d'emblée un environnement en plein emploi et situent les gains
de l'échange au niveau des importations.
A priori une offre mondiale de biens publics sera plus
abondante qu'une offre régionale ou nationale car elle
bénéficie d'un plus vaste marché et surtout
d'économies d'échelle plus importantes. Pourtant nous allons
montrer que la fourniture au niveau régional est plus efficace et
judicieuse qu'au niveau mondial ou multilatéral. Les accords
régionaux ont alors bien une raison d'être et de se multiplier qui
sort du cadre économique pur.
· L'offre de biens publics
différenciés.
Dans l'approche de Jean-Marc Siroën, les biens publics
sont différenciables et chaque territoire géographique ou
communauté a un bien idéalement défini. Par exemple, en
Europe, les consommateurs craignent plus l'usage des hormones dans la viande
que les consommateurs américains plus sensibles aux
caractéristiques environnementales. Garantir l'absence d'hormone est un
bien public. Celui-ci ne semble pouvoir être fourni internationalement
car l'utilité sociale d'une certification sans hormone pourrait
même être négative sur des consommateurs américains
qui considèreraient que l'utilisation des hormones est secondaire par
rapport au prix.
Il faut donc pour permettre l'adéquation entre un
besoin précis et sa fourniture, avoir une approche moins globale et plus
proche des goûts et moeurs locales. Mais ceci augmenterait le coût
de cette production plus diverse car elle bénéficierait alors
d'une économie d'échelle plus restreinte.
Si l'on accepte par contre la fourniture d'un bien public
unique ou en nombre insuffisant pour des raisons d'économie, alors ce
choix sera source d'une diminution de bien-être. L'État serait
contraint dans ce cas de déléguer cette fourniture, engendrant
ainsi une crainte pour la population de voir apparaître la
suprématie culturelle du pays leader, une crainte d'inadaptation des
normes « universelles » à la
spécificité nationale et une crainte de voir l'abandon des
demandes spécifiques à une région.
D'un point de vue économique, on peut donc
considérer que la création des États à pour but de
baisser le coût des biens publics tout en gardant une adéquation
entre l'offre et la demande. L'état bénéficie alors des
effets de dimensions dans la fourniture.
Ce phénomène peut être transposé au
niveau régional. L'abandon d'une fourniture nationale de certains biens
publics est acceptable si on trouve une cohérence de la demande dans la
région en question.
3.2
Régionalisation : avantages de ce type de coopération.
La fourniture de biens publics internationaux
nécessite de mettre au point des règles contre le resquillage.
Pour cela, il faut que les États coopèrent de manière
à atteindre la plus grande satisfaction de tous.
L'OMC, dans un certain sens, assume ce rôle au niveau
mondial mais son efficacité semble être plus faible que celle
atteinte dans une coopération régionale64(*). C'est pourquoi les accords
préférentiels apparaissent en somme comme une alternative
à l'offre déficiente de biens publics internationaux.
· Le resquillage dans la clause de la
nation la plus favorisée.
L'exception à la clause de la nation la plus
favorisée ( acceptation des accords de préférence
régionale) est critiquée par un certain nombre d'auteurs.
Pourtant cette clause a certains aspects pervers.
Par exemple son application peut bloquer l'ouverture d'un
grand pays A à un plus petit pays voisin B car A ne souhaite pas
s'ouvrir à tous. Dans ce cas B n'obtiendra pas la baisse de tarifs
douaniers de la part de son voisin. De plus A est encore moins incité
à s'ouvrir à tous d'un coup car dans ce cas il n'aura
négocié de contre-partie qu'avec le pays B et ne pourra le faire
avec les pays tiers car sa baisse de tarif aura déjà eut lieu
unilatéralement. Il perd donc un fort pouvoir de négociation par
rapport aux autres pays car il a déjà fait don de concession sans
contre-partie.
La
préférence « mercantiliste » des pays
pour la réciprocité a donc pour conséquence paradoxale de
transformer le libéralisme d'un pays en terreau du protectionnisme dans
les autres65(*).
De plus l'organisation même du multilatéralisme
peut engendrer des comportements de Free Riders. En effet, si notre grand pays
A bénéficie d'un statut de leader dans sa région, et
exerce un pouvoir d'influence dominant les négociations commerciales,
les plus petits pays voisins bénéficient néanmoins d'une
position asymétrique favorable car ils bénéficient, selon
la règle du consensus qui s'applique à l'OMC, d'un quasi pouvoir
de veto. Et ces pays ont tout intérêt à laisser les grands
marchés voisins s'ouvrir unilatéralement et donc, sans concession
à fournir en contre-partie plutôt que de passer des accords
multilatéraux où chacun doit prouver sa bonne volonté.
Si le resquillage est limité à quelques petits
pays alors les conséquences restent négligeables. Mais si le
phénomène prend trop d'ampleur66(*) il peut amener un blocage sérieux des
négociations multilatérales menées par l'OMC.
· Empêcher le Dumping.
La littérature économique considère le
droit et les réglementations nationales comme une variété
particulière de biens publics. Néanmoins dans certain cas
l'ouverture aux échanges peut conduire à la dégradation de
l'offre de ces biens publics car la nation pratique une forme de dumping social
pour attirer les IDE en augmentant l'avantage comparatif de la nation.
C'est donc ce processus de moins disant (race to the bottom)
ou de dumping social et fiscal qui peut conduire à la dégradation
générale des offres nationales de biens publics nationaux car
sous financés, mais aussi engendrer une sur-taxation des secteurs
protégés ou des facteurs peu mobiles et enclins à
l'implantation étrangère.
Comme l'OMC se limite globalement aux échanges
commerciaux67(*), que les
normes des autres organisations multilatérales comme l'OIT et l'OMS
semblent être décalé de la réalité des pays
industriels favorisant ainsi un alignement vers le bas, la
régionalisation semble la meilleure alternative pour permettre la
sauvegarde de certains biens publics internationaux.
Et en effet comme le remarque Jean-Marc Siroën, pour un
certain nombre de biens publics, seule la dimension régionale
paraît efficace. C'est le cas car il existe une structure comparable des
avantages comparatifs, une sensibilité proche des opinions publiques,
des traditions juridiques communes...
En Europe par exemple, l'union monétaire peut aussi
être considérée comme un moyen de limiter la sous
évaluation volontaire des monnaies nationales.
·
« Détournement » de biens publics ?
La principale critique aux accords
préférentiels régionaux par rapport au
multilatéralisme est, comme nous l'avons vu, le risque d'effets de
détournement commerciaux. On peut alors se demander si le même
type d'effet de détournement ne va pas s'appliquer à la
fourniture de biens publics régionaux.
Pour répondre à ce type de question, Jean-Marc
Siroën prend l'exemple de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'Europe.
Celle-ci semble en effet plus proche culturellement, linguistiquement et
monétairement des États-Unis que de l'Europe. Aussi il se peut
que la fourniture communautaire de biens publics alors moins adaptée
dégrade sa situation par rapport à sa situation
antérieure. Dans cette perspective, la Grande-Bretagne limite le
transfert de souveraineté en matière de fourniture de biens
publics.
De plus, si elle intégrait par exemple l'Euroland, elle
abandonnerait le bien public américain qu'est leur monnaie stable et de
référence, dégradant ainsi sa qualité car moins
utilisée. D'ailleurs, les scénarios fondés sur deux
monnaies concurrentes montrent que cette situation serait bien plus instable
que la situation actuelle fondée sur le dollar
hégémonique. En effet, le système comportant deux
monnaies concurrentes dégraderait le bien public type proposé par
Kindlebergen : la stabilité du système monétaire
international.
Dans ce sens il y aurait donc une forme de détournement
puisque la situation du reste du monde se dégraderait avec la baisse de
« qualité » du bien public qu'est la
stabilité monétaire.
Mais cet effet est à nuancer car les zones de
préférences régionales réduisent les coûts du
pays hégémont en fourniture de biens publics internationaux. Dans
notre exemple États-Unis - Europe, les États-Unis n'ont plus
à financer pour l'Europe le bien public qu'est la
sécurité. Mais, il existe aussi des réductions de
coûts autres que ceux-ci, le principe des normes en Europe a aussi
réduit le coût des exportations américaines qui n'ont plus
à s'adapter selon les normes des pays.
· La question du Leadership.
Le problème de la fourniture d'un bien public
international est donc l'existence de resquilleurs qui profitent de ces biens
sans participer à leur financement. Mais selon Kindlebergen68(*) un pays hégémont
peut accepter d'en payer le coût sans se soucier outre mesure des
resquilleurs car il tire un avantage substantiel de cette situation. Il donne
au système régional ou international l'orientation qui lui
convient et qui lui procure des gains nets.
De plus l'absence d'hégémonie pour fournir ces
biens publics internationaux peut conduire, comme en 1929, à la
propagation d'une crise dommageable pour tous.
Dans l'ALÉNA, l'essentiel des aspects normatifs a
été imposé par les États-Unis ; en Europe, le
système monétaire est inspiré par l'Allemagne, en
Amérique du sud, le Brésil est le maître d'oeuvre du
MERCOSUR...
La régionalisation s'explique donc par la
présence d'un pays leader et ceci car un grand pays est avant tout un
grand marché pour ses voisins, alors que ses voisins, pris
isolément, représentent pour lui une part restreinte de ses
exportations et de ses importations. Cette position confère au pays un
statut de « leader naturel » garant de la stabilité
des accords ce qui inclus notamment la maîtrise du resquillage des autres
membres.
En conclusion, si l'on tient compte des effets statiques et
dynamiques, il n'y a pas lieu d'opposer les tendances du régionalisme et
du multilatéralisme. De plus, « Le débat
régionalisme contre multilatéralisme est, pour l'essentiel, un
faux débat qui à pour conséquence néfaste de voiler
la réelle complémentarité entre ces deux formes
d'organisation dans la fourniture de bien publics internationaux 69(*)»
La régionalisation autant que la
multilatéralisation sont avant tous des réponses pragmatiques
à des situations précises datées historiquement et
localisées géographiquement.
Les accords régionaux atténuent et
répondent, selon l'approche en terme de biens publics de Kindlebergen
repris par Siroën, aux faiblesses du multilatéralisme. Ainsi le
rattachement dogmatique à la clause NPF70(*) peut amener à rejeter le
multilatéralisme quand celui-ci ne parvient pas à maîtriser
les comportements de resquillage de certains pays membres.
Nous allons donc maintenant essayer d'aborder ce débat
au niveau d'une expérience réelle.
CHAPITRE 1 CHAPITRE
2 Le cas de l'ALÉNA
Nous avons vu dans le premier chapitre qu'en théorie le
régionalisme n'est pas contradictoire à la dynamique
multilatérale. Il s'agit maintenant de verifier cette affirmation dans
un cas précis, celui de la coexistance de l'ALÉNA et du GATT.
Pour ce faire nous verrons tout d'abord les raisons qui ont
motivé les partenaires nord-américains dans la voie
régionale (section 1), en observant si elles contreviennent aux
principes multilatéraux. Nous aborderons alors, dans la seconde section,
l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce en
explicant sa doctrine qui a peu à peu conduit à un ralentissement
de son efficacité. La volonté régionaliste
nord-américaine en est-elle la cause ? Ou est-ce que
l'ALÉNA est un accord similaire au GATT à une échelle
différente ?
SECTION 1 Pourquoi
l'ALENA existe-il ?
Dans un de ses articles écrit durant le débat
provoqué par la signature du traité de l'ALENA, Paul
Krugman71(*) aborde les
conséquences prévisionnelles de l'ALÉNA.
Il ne parle ici que des conséquences de l'ALENA sur les
États-Unis suite à l'adhésion du Mexique. Il semble que
son impact vis-à-vis du Canada soit totalement nul car le traité
de l'ALE est déjà en vigueur.72(*).
Il exprime en cinq points dans cet article la
« vérité » à propos de l'ALENA.
1. « L'ALENA n'aura pas d'effet sur l'emploi aux
États-Unis »
Les démonstrations imputant créations ou
destructions d'emplois aux États-Unis à l'ALENA sont
erronées car elles ignorent l'effet de neutralisation de la politiques
monétaires entres autres. La Réserve fédérale (FED)
décide d'une échelle de taux d'intérêt pour
maintenir le niveau d'emploi sans créer de l'inflation pour autant. Ce
choix à beaucoup plus d'effet sur le niveau de chômage que
n'importe quelle politique commerciale en général et en
particulier vis-à-vis d'un pays avec lequel les taux moyens douaniers
sont déjà de l'ordre de 4%. Aussi même si les études
les plus alarmistes qui prévoyait une perte de 500 000 emplois sur une
décennie (0.5% de la population active) voyaient juste, la FED aurait
neutralisé cet effet avec une simple variation du taux
d'intérêt de moins de 1%.
2. « L'ALENA ne sera pas préjudiciable
à l'environnement et peut même lui être
favorable »
Les craintes d'une dégradation de l'environnement ne
sont pas non plus fondées car en plus d'inclure une clause de respect de
l'environnement, l'ALENA va créer des usines sûrement plus propres
que celles qui se seraient créé sans. De plus les unités
nouvellement créent seront localisées dans le Nord du pays car
pour l'exportation et non autour de Mexico comme les usines dont la production
est destinée au marché intérieur.
3. « L'ALENA ne contribuera guère à
l'accroissement du revenu réel aux
États-Unis »
L'ALENA n'allait ni créer, ni détruire d'emploi
mais augmenterait la productivité de la main d'oeuvre américaine.
Ces gains proviendraient alors de diverses sources :
- Des avantages habituels du commerce
international c'est-à-dire que chaque pays augmente sa production
dans les secteurs où il possède un avantage relatif.
- Les marchés plus vastes permettraient d'augmenter les
économies d'échelle,
- Enfin, une diminution de l'efficience des oligopoles ou
monopoles.
Néanmoins cet effet sera selon les estimations
très faible (moins de 1%) pour le revenu réel aux
États-Unis. Ceci s'explique simplement par le fait que les
échanges sont déjà bien libéralisés entre
les 2 pays protagonistes et car l'économie mexicaine reste infimement
petite par rapport à l'économie américaine73(*).
Par contre l'effet pour le Mexique est plus conséquent.
En effet l'ALENA, selon des estimations d'avant sa signature, allait provoquer
une augmentation de 4% du PIB mexicain pour la première
décennie.
4. « L'ALENA entraînera probablement une
légère baisse des salaires réels des travailleurs
américains non qualifiés »
En théorie, L'Accord pourrait être dommageable
pour le niveau de salaires de la population active non-qualifiée. Dans
la pratique par contre, rien ne confirme cette thèse et si cela se
produisait cela serait dans une mesure infime. Car selon lui cet effet à
souvent été attendu dans divers accords sans jamais se
révéler dans les faits.
5. « L'ALENA est essentiellement une question de
politiques étrangère, plutôt qu'un enjeu économique
pour les États-Unis »
Pourquoi si l'ALENA ne provoque aucun effet économique
notable pour les États-Unis, l'administration Clinton va-t-elle contre
l'opinion publique ? La réponse pour Krugman est une question de
politique étrangère : Les États-Unis ont tout
intérêt à voir leur voisin du sud profiter d'un accord
comme l'ALENA.
Ainsi les voisins directs des États-Unis deviendraient
un marché plus stable économiquement et un régime
politique plus démocratique. C'est là le seul
intérêt de l'ALENA pour les Américains selon Krugman.
Il semble donc que Krugman n'ai pas vu d'effet négatif
mais n'ait par ailleurs vu que peu d'intérêt à la mise en
place de l'ALÉNA au moment de sa signature en ce qui concerne les
salaires et le niveau d'emploi aux États-Unis. La réalité
nous a montré que l'ALÉNA avait plus d'impact que prévu
mais avait un impact relativement limité sur ces points74(*).
Cependant les raisons qui ont poussé le Mexique et le
Canada à adhérer à un tel accord étaient plus
tangibles (1.1)
Dans ce cas, pourquoi les États-Unis se sont-ils
liés avec leurs voisins par le biais de l'ALÉNA alors qu'ils
n'avaient pas autant à y gagner que leurs partenaires (1.2) ? Et s'ils
s'y sont rattachés est-ce au détriment du
multilatéralisme ?
On rappellera, avant d'aborder cette question, que le Canada
et le Mexique sont dépendants des États-Unis tant sur le plan
commercial que sur le plan des investissements, alors que ces derniers
entretiennent avec le reste du monde, notamment le Japon et l'Europe
communautaire, des relations presque aussi étroites qu'avec leurs
voisins immédiats75(*). Dans ces conditions, L'ALÉNA est une zone
hétérogène dont le centre de gravité aura la
particularité d'être aussi le centre de gravité de
l'économie mondiale. Il va alors de soit que les raisons de
l'adhésion à l'ensemble régional sont différentes
selon les pays.
1.1 Raisons de
l'adhésion mexicaine et canadienne
Nous traiterons dans ce point les raisons de
l'adhésion de ces deux pays car, bien que leurs motivations soient
différentes elles ont la même finalité : faciliter
leur insertion dans le monde globalisé.
Pour le Mexique, à l'origine de sa volonté
d'adhérer à l'ALÉNA, il s'agissait surtout de retrouver
les voies de la croissance et de moderniser une économie
étouffée par le protectionnisme. En effet, l'ALENA est en quelque
sorte pour le Mexique une garantie donnée aux investisseurs
étrangers, une garantie de la poursuite des réformes, d'ouverture
du marché américain aux produits mexicains et donc l'assurance de
jours meilleurs pour le peuple mexicain76(*).
Pour le Canada, à l'origine de sa volonté
d'adhérer à l'ALÉNA, il s'agissait de pouvoir mieux
affronter la concurrence internationale grâce aux économies
d'échelle qui seraient ainsi réalisées, et de garantir le
maintien du niveau de vie de la population dans le futur sur la base d'une
efficacité retrouvée par ce biais.
Globalement comme l'ont considéré Deblock et
Brunelle, au moment de la signature de l'accord l'objectif pour les deux
partenaires des États-Unis se posait de la même
manière : il s'agissait en effet de trouver ou retrouver la
croissance en se tournant vers les marchés extérieurs. Dans ce
but, le Canada et le Mexique devaient s'associer aux États-Unis de
manière à obtenir un statut de partenaire commercial
privilégié leur donnant ainsi accès au plus grand
marché du monde et par ce tremplin réussir une insertion dans
l'économie mondiale.
En effet, à la période où l'accord se
négociait, sous les présidences des administrations Mulroney et
Sanislas, l'orientation politique des deux pays avait nettement changé.
Après avoir opté pour une politique industrielle concurrentielle,
les deux gouvernements ont du rapidement se tourner vers leur partenaire
commercial principal pour négocier une entente privilégiée
car il ne semblait n'y avoir aucune autre option. Ainsi ils obtenaient la
garantie indispensable pour avancer sereinement dans leur ouverture commerciale
sans craindre de voir les États-Unis se refermer sur eux par le biais
d'une politique protectionniste à leur encontre. Là encore, il
semble donc clair que la création de l'ALÉNA n'est vraiment pas
mue par une volonté protectionniste mais bien au contraire par une
volonté d'ouverture accrue77(*). Aussi, cette vision régionaliste ne peut
être opposée à la vision d'ouverture multilatérale
engagée par les deux pays au sein du GATT-OMC.
D'ailleurs pour Deblock et Brunelle : « La
seule véritable option pour des pays comme le Canada et le Mexique reste
le multilatéralisme et la consolidation d'un régime international
qui reconnaisse en droit et dans les faits à tous les pays, quels que
soient leur taille et leur niveau de développement, un traitement
égal sur les marchés internationaux ». Et en effet que
se soit le Canada avec son appui officiel pour la
« transformation » du GATT en un OMC plus efficace ou le
Mexique dont l'orientation politique est, depuis son accession au GATT,
clairement pour l'ouverture des grands marchés internationaux, il n'y a
aucun abandon de la voie multilatérale, bien au contraire. Mais si cet
objectif reste l'idéal à atteindre, sans contradiction aucune, la
voie régionaliste offre une première étape
« sécurisante » au vu des positions d'intransigeance
que peuvent afficher les grandes puissances économiques que sont l'UE,
le Japon ou les États-Unis qui les premiers détournent les
règles établies au profit d'intérêts partisans. De
plus il semble plus approprié d'aborder les relations économiques
internationales de plus en plus triangulaires en faisant partie d'un des
membres de la triade que seul comme un pays du tiers monde en dehors des grands
courants internationaux ou comme un pays, et c'est le cas du Mexique et du
Canada, dans le sillage d'un grand pays industrialisé.
1.2 Raisons de
l'adhésion américaine
On peut qualifier les raisons de l'adhésion
américaines de geo-stratégiques.
La vision du régionalisme stratégique des
États-Unis repose sur le fait que la fin des années 1980 s'est
accompagnée du bouleversement des principes qui orientaient l'ensemble
de l'organisation du monde. On assistait à la création d'un
nouvel ordre mondial provoqué par la fin de la guerre froide,
jumelée à l'accélération et à l'accentuation
des processus de la mondialisation. En réponse à celui-ci, il
semble que les États-Unis constituèrent un ensemble
régional intégré reposant sur l'ALÉNA.
Après l'effondrement du modèle de
développement communiste, le discrédit se jeta sur l'ensemble des
mesures que privilégiait ce modèle. L'État providence
était pourtant maintenu à titre de correspondant capitaliste du
mode de développement communiste78(*). Et ceci autour de trois pôles (la triade)
ou groupements régionaux qui allaient désormais exacerber leur
concurrence.
De plus, les États-Unis, selon un certain nombre
d'analystes, étaient dès la seconde moitié des
années 1970, en face d'une perception négative d'eux même
consistant en un déclin de leur puissance
hégémonique79(*). Cette thèse n'est pas partagée par
tous mais il en reste que les États-Unis ont alors manifesté une
volonté de développer une stratégie alternative à
leur prétendu déclin et en réponse à la
non-coïncidence croissante des espaces économiques et politiques.
Ils ont donc développé une politique de régionalisme
stratégique.
En effet, les États-Unis n'ont pas vraiment cherché
à faire progresser un projet commun au niveau régional mais
plutôt recherché à consolider et à renforcer des
relations déjà fortes pour réaliser un double
objectif :
- d'un côté accroître leur marge de
manoeuvre dans un monde ouvert et devenu plus compétitif. Comme le
remarque Brunelle et Deblock, au moment de la signature de l'accord il
s'agissait pour les États-Unis, en prenant le parti du
régionalisme dans un contexte où leur vulnérabilité
extérieure paraissait plus évidente que jamais, de se donner un
degré de liberté supplémentaire dans leurs relations avec
l'extérieur80(*).
- D'un autre côté, favoriser
l'intégration des marchés en créant des espaces
économiques permettant aux firmes transnationales d'évoluer et
d'être capables d'affronter la concurrence désormais
« globale »81(*).
C'est ici un point important car ces objectifs peuvent
être qualifiés de
« néo-mercantilisme ». Et cette tendance est une
caractéristique fondamentale du régionalisme
stratégique82(*).
Il consiste en fait en une intervention de l'État dans
l'économie pour protéger les droits des firmes et même les
aider pour qu'elles soient compétitives face à leurs homologues
européennes ou japonaises. Les États-Unis offrent donc une
politique permettant aux entreprises transnationales de
bénéficier des avantages comparatifs qu'offre la région
économiquement intégrée. A ce sujet Subrenat et
Pontat83(*) affirment que
les avantages américains tirés du Canada sont l'accès
facilité à leurs ressources naturelles, leurs capacités de
recherche et leurs réseaux commerciaux. Et que les avantages
américain tiré du Mexique sont l'accès à leur main
d'oeuvre bon marché et à leur marché intérieur. De
plus, pour faciliter ce procédé, on a mis en place dans
l'ALÉNA le principe de la règle d'origine : on favorise
ainsi les entreprises nord-américaines en leur offrant exclusivement des
avantages commerciaux.84(*).
Cette orientation politique semble évidemment
influencée par les groupes sociaux possédant le grand capital. Il
est de leur intérêt d'être soutenu par l'État pour
relever le défi de la concurrence internationale exacerbée.
L'État réalise donc les objectifs de la classe affaire qui
à travers l'idéologie néo-libérale trouve un moyen
de stimuler l'expansion de son activité à l'étranger.
Ce soutient de l'état peut être qualifié
d'hérésie économique car il va contre les principes
même du libre-échange.
Dans ce sens l'ALÉNA peut être
interprété comme un mécanisme permettant aux
États-Unis de reconstruire un pouvoir financier et commercial
équivalent à celui possédé durant la guerre
froide.
Subrenat et Pontat85(*) estiment d'ailleurs que les autorités
américaines ne peuvent plus compter sur les seules vertus du
libre-échange, ni sur les progrès enregistrés dans les
instances multilatérales pour retrouver, sur les marchés
internationaux la position qu'elles considèrent sans doute devoir
être la leur. Ainsi le régionalisme devient un bon recours car est
un autre instrument de négociation pour renforcer l'ouverture des
marchés. Donc selon ces auteurs le choix du régionalisme ne
s'oppose pas au multilatéralisme, bien au contraire, il le
« seconde » dans sa quête de l'ouverture
internationale des marchés.
De plus l'ALÉNA constitue un cadre institutionnel et
conditionnel dicté par ce pays car si un État veut y
adhérer, il doit obligatoirement ajuster sa politique nationale en
fonction des conditions posées par le pays hégémont de la
zone : les États-Unis. Et il semble, comme l'ont rappelé
Grinspun et Kreklevich86(*), que les pays n'aient pas vraiment le choix car dans
le nouvel ordre international en « processus
d'intégration », il ne faut pas être davantage
marginalisé. Les pays prétendants doivent donc harmoniser leurs
politiques nationales. Mais pourquoi leur impose-t-on cette contrainte ?
L'explication réside dans l'objectif même du
régionalisme stratégique : renforcer la
sécurité économique. Et pour renforcer la
sécurité économique de la zone, il faut d'abord renforcer
la puissance économique du pays leader et de ses entrepreneurs. Ces
derniers recherchant la plus grande uniformisation possible des politiques
commerciales de la région, c'est cette uniformisation qui va s'engager
et même se « verrouiller » par le biais des accords.
D'ailleurs, l'intégration du Mexique dans l'ALÉNA est
interprétée par certains auteurs87(*) comme un début de sécurité
économique de l'ensemble Sud-Américain. En effet
l'adhésion du Mexique semble être une étape pouvant
facilier la constitution d'une zone de libre-échange au sein de tout le
continent (la Zone de libre-échange des Amériques : la
ZLÉA) et donc de sécurité économique à cette
échelle88(*).
Ainsi l'économie de la région sera plus en
phase avec les réalités de la concurrence internationale et cet
accord mettra fin au nationalisme économique interventionniste. Ce
dernier point est particulièrement vrai pour l'ALÉNA. Christian
Deblock et Dorval Brunelle89(*) notent en effet qu'en ce qui concerne le continent
Nord-Américain les échanges commerciaux étaient
substantiels avant l'Accord, et que les mésententes et tensions
commerciales rencontrées entre eux étaient surtout issues des
nationalismes économiques des différents pays. Donc
l'ALÉNA avait également comme avantage pour les
États-Unis de permettre l'élimination de ce nationalisme
économique qu'ils ont toujours considéré comme source
principale de friction avec le Mexique et le Canada. Et ainsi de
réaliser, à l'échelle du continent
nord-américain90(*), ce qui a été leur objectif principal
depuis la fin de la guerre, à savoir le
« one-undivised-world » caractéristique de la vision
libérale hégémonique de l'internationalisme91(*).
Plus profondément, l'accord laissait percevoir aux
États-Unis au moment de sa signature, la possibilité de
redéfinir les règles en matière de relations
économiques internationales dans la perspective triangulaire avec la CE
et le Japon.
Car en effet ils ne pouvaient plus uniquement compter, comme
ils l'avaient fait durant l'après-guerre, sur le libre-échange et
les progrès des négociations commerciales multilatérales
pour retrouver leur position hégémonique incontestable sur les
marchés internationaux. Ils se sont alors tournés vers
« l'option régionale ».
Cette approche adoptée par les États-Unis en
matière de politique « régionaliste » n'est
pas contradictoire avec leur politique
« multilatéralistes ». Christian Deblock et Dorval
Brunelle, dans un texte datant du moment des accords92(*), remarquent que
« l'approche qu'ils ont adoptée en la matière consiste
plutôt à se servir du protectionnisme, du bilatéralisme, du
régionalisme, etc., comme autant d'instruments de négociation
voire de rétorsion, qui doivent leur permettre de forcer l'ouverture des
marchés, d'une part, de faire avancer lors de ces négociations
multilatérales, pour ne pas dire trilatérales, leur vision d'un
monde libre de toute entrave, d'autre part. » Il n'y a donc pas
opposition mais plutôt complémentarité entre le
régionalisme et les négociations multilatérales. Les
États-Unis se servent de l'une ou l'autre indifféremment pour
arriver à leurs fins : ouvrir les marchés à leurs
productions.
Il semble donc que pour le continent nord-américain, la
régionalisation naturelle explicable par les raisons exposées en
introduction s'est transformée en
« régionalisme 93(*)» sous la pression d'un régionalisme
stratégique. Ainsi les sources potentielles de conflits s'estompent
laissant place à un renforcement de ce qui existe déjà.
Pour en terminer avec les raisons de l'adhésion
américaine au traité de libre-échange, nous reviendrons un
instant sur l'approche en terme de biens publics internationaux exposée
dans la première partie. Jean-Marc Siroën94(*) affirme que les agissements
des États-Unis constituent un paradoxe qui contribue à expliquer
leur pragmatisme en matière de politique commerciale. Ils forment la
seule super-puissance mondiale ce qui devrait les conduire à
privilégier la voie multilatérale plutôt que la voie
régionale.
Krugman95(*) explique néanmoins cette orientation par le
déclin relatif de son pays qui aurait érodé la
possibilité mais aussi la volonté de défendre le
système multilatéral. Mais cette vision reste partielle pour
Jean-Marc Siroën qui estime que les États-Unis ont souvent
préféré un statut de puissance régionale, davantage
motivé par la stabilité politique et monétaire du voisin
mexicain que par celle de la Thaïlande96(*). La vision mondialiste ou multilatérale
Américaine s'est toujours trouvée face à une doctrine
Monroe qui préférait que le pays garde un rôle
d'hégémonie régionale et que le reste du monde se
gère lui-même.
Si l'accord de libre-échange entre les
États-Unis, le Mexique et le Canada est tardif historiquement, ce n'est
pas car les États-Unis exprimaient de la réticence mais
plutôt car les deux autres membres craignaient de se faire absorber par
la plus grande puissance économique mondiale.
Les États-Unis cherchent donc par le biais de cet
accord à trouver la combinaison politique qui leur permettrait de
continuer à jouer un rôle déterminant sur la scène
économique internationale tout en partageant avec d'autres puissances un
certain nombre de responsabilités97(*) et le coût de la stabilité
économique qu'ils ne peuvent plus assumer seul.
Pourtant, en accomplissant leur responsabilité dans
l'Accord international préexistant, le GATT, ils auraient pu assumer
cette fonction de leader. Comme nous l'avons montré, ils en payeraient
le coût mais ils retireraient également les avantages de ce
statut.
SECTION 2
L'ALÉNA vis-à-vis du GATT
Nous abordererons dans cette section, la problématique
de coexistance de ces deux accords à une période où d'une
part la confiance des États en l'avancement des discussions
multilatérales du GATT s'estompait et d'autre part à une
période où l'ALÉNA prenait place.
Pour cela nous exposerons dans le point 2 .1 la doctrine
du GATT et son déclin relatif. Ensuite nous nous pencherons sur la
question de savoir si l'ALÉNA en est la cause (2.2). Enfin nous
terminerons cette section en déterminant que ce dernier est une
conséquence au GATT et qu'il lui est complémentaire (2.3)
2.1 Un GATT qui ne
répond plus aux attentes
Pour comprendre les négociations commerciales
internationales du GATT/OMC nous rappellerons les trois règles simples
de nature « mercantiliste » énoncées par
Krugman98(*) concernant
les objectifs visés par les pays qui négocient :
1. Les exportations sont un bien ;
2. Les importations sont un mal ;
3. Une augmentation équivalente des exportations et des
importations, toutes choses égales par ailleurs, est un bien.
En d'autre terme la doctrine du GATT est un mercantilisme
éclairé. Mercantiliste car chaque pays souhaite subventionner ses
exportations et freiner ses importations. Éclairé car on
reconnaît que si chaque pays agit ainsi, la situation
générale se dégrade, aussi chaque pays se doit d'accepter
les exportations des autres.
Pour la majorité des économistes cette doctrine
est un non-sens. En effet la théorie de l'équilibre
général nous enseigne que le solde commercial a peu à voir
avec la politique commerciale (un pays qui freine ses importations, freine
indirectement ses exportations). Il n'y a donc pas de sens de croire en
même temps aux principes 1 et 2 énoncés plus haut car si
l'on croit au 1, il faut renoncer au 2. De plus, ces principes n'ont pas de
sens car un pays va importer ce dont il a besoin, ce qui lui est utile d'avoir
à moindre coût et c'est plutôt un bien.
Ensuite, on notera que dans la théorie classique la
meilleur politique de commerce international est la liberté
unilatérale des échanges, quelle que soit l'attitude des autres
pays. Ce qui soutend qu'une institution comme le GATT est inutile si les pays
agissent de manière économiquement rationnelle.
En fin de compte la doctrine du GATT est relativement
simple : Elle voit le problème de la politique commerciale comme un
dilemme du prisonnier où les pays ont intérêt à
être tout ouvert mais individuellement à rester protectionniste.
Et sur ce point, bien que restant un non-sens économique, le GATT
reflète ce qui se passe en réalité. De plus le
système instauré par le GATT sur ces bases, fonctionne
très bien99(*) : « La doctrine du GATT n'est pas
satisfaisante, mais elle donne dans l'ensemble de bons
résultats »
Cette conclusion pousse à se demander comment une
doctrine non-satisfaisante peut conduire à des résultats
positifs.
Tout d'abord la doctrine du GATT donne des résultats
satisfaisants parce qu'elle prend en compte certaines réalités
fondamentales de la politique des États membres.
Par exemple, les gouvernements servent l'intérêt
de petits groupe bien organisé squi sont le plus souvent des producteurs
de marchandises destinés à l'exportation, ou des producteurs de
biens concurrencés par des importations et la doctrine du GATT l'a
compris ; ceci explique ses deux premiers principes.
En ce qui concerne le troisième principe, il trouve lui
aussi une explication logique mais plus complexe à appréhender.
En moyenne, un dollar d'exportation engendre davantage de valeur ajoutée
interne que n'en retire un dollar d'importation, simplement car tous les biens
importés ne sont pas en concurrence directe avec la production
nationale.
Ensuite la doctrine du GATT donne également des
résultats satisfaisants puisque la nature même de ses
négociations multilatérales est conforme à la
réalité. En effet, dans celle-ci, chaque pays s'efforcent de
contre-balancer les intérêts de ses secteurs concurrencés
par des produits étrangers par l'intérêt de ses propres
exportateurs. Et on négocie l'accès mutuel aux marchés
nationaux. Chaque pays se dirige donc vers la liberté de plus en plus
généralisé des échanges malgré le peu de
considération que les pays lui portent.
En conclusion le GATT fonctionne plutôt bien compte
tenu de l'état des choses mais son efficacité semble tout de
même s'affaiblir. Mohamed Dioury100(*) note en effet qu'une fraction sans cesse croissante
du commerce mondial échappe aux règles de l'Accord
général. Plus de 75% des échanges internationaux
s'éloigneraient des règles de l'Accord.
La création de l `ALÉNA en est-elle la
raison ?
2.2
ALÉNA : Accord concurrent ?
Les trois points qu'on pourrait reprocher à l'accord
nord-américain de libre-échange d'être la source du
déclin du GATT sont les suivants :
Premièrement, en mettant l'accent sur
le libre-échange régional, les États-Unis (et ses
partenaires dans une moindre mesure) ont détourné leurs
énergies politiques de la recherche de solution aux problèmes du
GATT.
De plus l'ALÉNA peut dans un certain sens aller
jusqu'à bloquer la volonté politique multilatérale. Le
sondage Harris démontre au moment de sa publication que l'opinion
publique américaine désigne la main d'oeuvre
étrangère bon marché comme la première menace de la
stabilité des emplois domestiques. Ainsi l'ALENA, en ouvrant le
marché américain à la concurrence de la main d'oeuvre
mexicaine, a sérieusement compromis la capacité des
États-Unis à jouer le rôle de locomotive dans la
libéralisation des échanges mondiaux. Les syndicats semblent
décidés à exploiter au maximum cette situation pour
discréditer l'effet bénéfique du libre
échange101(*).
Ainsi les autorités se retrouvent bloquées dans leurs
démarches libérales à l'échelle mondiale.
Deuxièmement, si les
États-Unis s'étaient engagés à travailler dans le
cadre multilatéral, ils auraient pu trouver une solution aux
difficultés du GATT, qui aurait donné de meilleurs
résultats que les réalisations locales auxquelles ils se sont
consacrés.
Troisièmement, l'ALÉNA
provoque des détournements de commerce. et va donc à l'encontre
des principes du GATT.
Dans le cas précis de l'ALENA les effets de
détournement des échanges sont différents selon les pays.
Ils ne sont probablement pas très conséquents pour le leader
régional. En effet, les tarifs douaniers moyens appliqués aux
importations mexicaines aux États-Unis n'ont jamais été
très élevés. Par contre comme les droits appliqués
par le Mexique sur les produits américains étaient, avant 1994,
relativement élevés, il semble plus probable que le Mexique soit
exposé à des pertes dues au détournement des
échanges102(*).
A ce sujet, dans une étude publiée par le CEPII en 1995103(*), Lionel Fontagné
démontre économetriquement que la clause du contenu local de
l'ALENA n'est pas efficace au sens de Pareto car elle impose une substitution
d'importations intermédiaires qui est sans équivoque un
détournement de commerce. On retrouve des conclusions similaires chez
Lopez de Silanes, Markusen et Rutherford (1994) simulant les effets sectoriels
potentiels de ces clauses discriminantes de l'ALENA. Ainsi en montrant les
avantages d'aller à contre sens des principes du GATT, l'ALÉNA a
pu contribuer à son déclin relatif.
Pourtant, il semble que ces critiques ne représentent
pas des raisons valables au ralentissement des accords
multilatéraux du GATT. C'est pourquoi nous allons revoir ces trois
points.
La première proposition ne semble pas contestable.
L'accord a réellement détourné des négociations
multilatérales une part du capital politique, administratif et
intellectuel des pays en cause. Il a aussi et surtout réduit
l'impression d'urgence avec laquelle les négociations
multilatérales doivent être menées puisqu'on trouve une
solution de second rang plus rapide et facile à atteindre. Pourtant La
position officielle des États-Unis est évidemment gradualiste. M.
Stuart Einzenstat, ministre adjoint du commerce des États-Unis, au cours
d'un entretient accordé à un journaliste de l'USIA104(*) affirmait clairement que les
accords commerciaux régionaux ne menacent pas le système
multilatéral mais le renforce : « Le gouvernement Clinton
est très partisan du système multilatéral ; il donne
sa préférence à l'Organisation mondiale du commerce pour
des négociations qui aboutissent à des accords ayant force
exécutoire. Toutefois, étant donné le nombre de pays en
jeu, le système multilatéral doit être
complété par des accords régionaux à condition que
ces derniers soient compatibles avec les règles de l'OMC, avec la
pratique de ce que j'appelle le régionalisme ouvert, c'est à dire
des accords qui ne dressent pas de nouveaux obstacles au commerce. (...)
Les accords régionaux devraient renforcer le système
multilatéral et non pas le menacer. S'ils sont conformes aux
règles de l'OMC, ils peuvent établir des règles plus
strictes pour le système multilatéral et par conséquent le
stimuler. Ainsi l'ALENA sert-il de stimulant parce que, non seulement il
élimine les droits de douane, mais il réduit aussi les obstacles
au commerce dans le secteur des services et aux investissements
étrangers, et il présente un effort sincère
d'intégration régionale.»
Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter sur le fait que les
États-Unis puissent abandonner le multilatéralisme pour
l'ALÉNA. On peut juste lui reprocher de limiter les forces
déployées pour les démarches multilatérales.
La seconde proposition semble fortement erronée. Les
difficultés rencontrées au niveau multilatéral, comme nous
l'avons vu sont profondes ; il est difficile de penser une solution au
niveau mondial qui puisse atteindre les réalisations atteintes en
quelques années avec l'ALÉNA.
La troisième proposition est un argument
théorique qui a été exposé dans la première
partie. Nous avons alors montré qu'il ne semblait pas pertinent.
Il existe encore un argument qui démontre
qu'effectivement l'apparition de l'ALÉNA n'est pas une cause du
déclin relatif du GATT.
En effet, Christian Deblock et Dorval Brunelle pensent
que : « Le projet de libre-échange nord-américain
est résolument tourné vers l'extérieur et amplement
motivé par des considérations régionales de
sécurité économique que vient exacerber une
vulnérabilité extérieure croissante 105(*)» Mais ils admettent
tout de même, juste avant que l'ALÉNA ne soit officiellement
lancé que « (...) le scénario selon lequel le projet de
libre-échange (régional) pourrait conduire, par dérapage,
à la formation d'un bloc économique nord-américain, reste
un scénario tout à fait plausible dans le contexte de
polycentrisme et de triangularisation des échanges
internationaux ». La notion de bloc fait ici référence
au processus de partition de l'espace économique mondial qui pourrait
résulter d'ententes économiques régionales ou de formes
particulières d'intégration dans une région donnée
du monde106(*). Il
existe donc bien un doute au moment de la signature de l'Accord à propos
de l'évolution que peuvent prendre les négociations
multilatérales lorsque le monde est régit par des blocs rivaux.
Mais il semble que la thèse du polycentrisme se soit
effritée ou n'ait jamais eut de réelles raisons d'exister pour au
moins trois raisons : tout d'abord aux vues du regain de dynamisme de
l'économie américaine et surtout aux vues du déclin
relatif du Japon et de la non-ampleur que prend la monnaie européenne
(signe que l'hégémonie du dollar et des États-Unis est
loin de se faire concurrencer), il n'y a pas lieu de remettre en cause le fait
que seul les États-Unis jouent en premier plan ; Ensuite car leur
leadership au sein des institutions internationales est par carence des autres
grandes puissances économiques, peu contesté ; Et enfin car
leur économie a, depuis toujours, une vocation beaucoup plus
mondialiste107(*) que
ses concurrents.
2.3
ALÉNA : Conséquence du déclin du GATT,
complémentaire au GATT.
Les causes du déclin du GATT sont donc d'un autre
ordre. Krugman voyait en 1992, quatre principaux facteurs qui, en canalisant
des intérêts particuliers, auraient érodé
l'efficacité du GATT.
Premièrement, le déclin de la
prééminence des États-Unis a contribué à
l'érosion de l'efficacité du GATT. Auparavant les
États-Unis avaient les moyens (et les utilisaient) d'exercer des
pressions et d'offrir des concessions qui coïncidaient avec les objectifs
du GATT. Mais comme peu à peu la part du PIB des États-Unis dans
le monde a diminué, et comme sa prééminence en
matière technologique s'est estompée, le pays à perdu le
pouvoir et la volonté de régenter le monde.
Deuxièmement, la complexité
croissante des problèmes auxquels le GATT est confronté, a
contribué à éroder son efficacité. Il est de plus
en plus fréquent que les discussions du GATT portent sur des points qui
dépassent les politiques de chaque nation à leurs
frontières. Le GATT doit aborder des problèmes relatifs à
la valeur ajoutée intellectuelle qui prend une part croissante par
rapport à la valeur ajoutée traditionnelle, des problèmes
relatifs aux politiques d'aide à la R-D...
Le troisième problème est
posé par le protectionnisme qui prend de nouvelles formes. Le grand
courant libéral d'après guerre dans le camp occidental a
démantelé peu à peu toutes les barrières
traditionnelles. Aussi, aujourd'hui ces obstacles qui sont presque inexistants
(sauf en agriculture) ont laissé place dès les années
soixante-dix aux restrictions volontaires d'exportations, à des normes
et des obstacles bureaucratiques, et à tout un arsenal protectionniste
beaucoup plus incommode à surveiller et à réglementer pour
le GATT.
Le quatrième et dernier facteur qui a
contribué, selon Krugman, à l'érosion de
l'efficacité du GATT est l'importance croissante des nouveaux
intervenants - notamment le Japon - qui sont institutionnellement assez
différents des partenaires passés. Le GATT est un système
qui, comme nous l'avons vu, a été imposé par la puissance
hégémonique de l'après-guerre, les États-Unis, et
donc crée à leur image. C'est un « système
légaliste » qui s'intéresse plus au moyen d'obtenir un
résultat qu'au résultat lui-même. Et cette démarche
ne fonctionne pas avec des États comme le japon qui, de part leur
structure institutionnelle collusoire, où des liens étroits
régentent les entreprises entre elles, conservent un protectionnisme
latent.
Et ce sont tous ces obstacles au fonctionnement du GATT qui
expliqueraient pourquoi on a vu se développer les accords
régionaux de libre-échange et non le contraire. D'ailleurs la
relation est peut-être inverse. En effet, en observant les raisons de ce
déclin relatif, on se rend compte que l'option régionaliste
semble être une réponse adéquate à ces
problèmes pour garder la même orientation libérale que dans
le GATT108(*).
En effet, on notera tout d'abord que le déclin des
États-Unis n'entre pas en compte dans les accords
régionaux109(*)
puisqu'il existe en son sein soit la prééminence d'un partenaire
local, soit une conjonction de forces qui rend sans objet une telle
prééminence. Ce problème n'en est donc plus un au niveau
régional.
Les raisons deux et trois du déclin du GATT sont
également plus aisément évitables au niveau
régional qu'au niveau mondial. En effet, les accords régionaux
comprennent en leur sein des clauses qui impliquent une certaine convergence
qui évitera les obstacles nouveaux au commerce et qui permettra de
régler plus simplement les problèmes rencontrés.
Enfin, par rapport au dernier problème qui a
contribué au déclin du GATT, Krugman affirme simplement que
« des voisins se comprennent et se font confiance ». Ainsi
ils ne peuvent que mieux, dans des négociations multilatérales
complexes, aborder des points de détails et mieux remédier aux
différences culturelles qui sont moins profondes.
Nous venons donc de voir que l'ALÉNA n'est pas une
cause mais bien une conséquence de ce déclin puisque au niveau
régional les problèmes qui ont affaibli le GATT n'existent plus.
Et, comme nous l'avons déjà vu l'objectif du cas d'espèce
est identique à celui d'un accord multilatéral, c'est à
dire le libre-échange. C'est pourquoi nous pouvons affirmer que nos deux
accords sont complémentaires.
Cette affirmation est appuyé par les propos de
Jean-Marc Siroën. L'ALÉNA apparaît comme une
intégration minimaliste110(*) car il n'est pas une fin en soi. Par contre, c'est
bien « l'économie » qui est une fin et non un moyen.
On constate que la libéralisation avec le Mexique et le
Canada prolonge la stratégie de croissance par les exportations des
États-Unis.
Dans cette conception minimaliste, le régionalisme est
considéré comme une étape vers une libéralisation
des échanges plus globale. Le succès qui découle de cette
libéralisation régionale devrait favoriser le ralliement des pays
tiers à cette dernière et également
accélérer le multilatéralisme car les pays
hésitants en verraient ainsi les avantages. Cette conception du
régionalisme correspond à celle du GATT. L'article XXIV, §4
relate d'ailleurs à ce sujet que « Les parties contractantes
reconnaissent qu'il est souhaitable d'augmenter la liberté du commerce
en développant, par le moyen d'accords librement conclu, une
intégration plus étroite des économies des pays
participants à de tels accords. Elles reconnaissent également que
l `établissement d'une union douanière ou d'une zone de
libre-échange doit avoir pour objet de faciliter le commerce entre les
territoires constitutifs et non d'opposer des obstacles au commerce d'autres
parties contractantes avec ces territoires.111(*) » Cette conception du minimalisme qui est
visible dans les textes du GATT, concerne deux domaines :
- Un nombre limité de formes d'association est
toléré112(*). Mais cet obstacle est plus formel que réel
car souvent, si les pays en question ont un pouvoir conséquent, les
parties contractantes du GATT accordent des dérogations.
- Les préférences régionales, dans ce
cadre s'affaiblissent inéluctablement. L'impossibilité de
renforcer la protection vis-à-vis des pays tiers implique
l'affaiblissement mécanique de la préférence
régionale à chaque avancée des négociations
multilatérales.
Il y a pleine donc compatibilité du régionalisme
minimaliste avec le multilatéralisme113(*). En effet celui-ci est une étape vers le
multilatéralisme. L'ALÉNA étant un Accord régional
de type minimaliste, il n'est donc en aucun cas contraire au
multilatéralisme. On remarque d'ailleurs que, sur de nombreux points, le
mode de fonctionnement du GATT est reproduit dans cet accord114(*). Cet accord semble
être selon les termes de Siroën « un
mini-GATT régional » d'ailleurs connecté au GATT
réel dans le sens où ce dernier intervient dans les conflits
intra-zones comme une sorte de tribunal de dernière instance. Les pays
de l'ALÉNA ne constituent donc pas une zone
d' « extra-territorialité » du
multilatéralisme puisque le GATT est susceptible de trancher les
différends internes115(*).
En conclusion, L'ALÉNA, qui est compatible avec la
logique multilatérale de type universaliste, s'insère aussi
à ses débuts dans une éventuelle stratégie de
reconquête du leadership américain sur le
multilatéralisme.
CONCLUSION
Nous avons cherché tout au long de ce travail à
démontrer que la tendance régionaliste minimaliste de la fin du
siècle ne rentrait pas en concurrence avec la tendance qui cherche
à réagir au niveau mondial en créant des institutions et
en instaurant des négociations multilatérales. En effet,
théoriquement, si l'on tient compte de tous les effets du
régionalisme, son bilan est positif et ne s'oppose pas au
multilatéralisme. Le cas précis du continent
nord-américain confirme nos dires en montrant que l'ALÉNA est une
sorte de « mini-GATT ».
L'élargissement de l'ALÉNA au Chili ou la
création de la ZLÉA pose encore la question que nous avons
soulevée tout au long de ce travail. Il aurait été
d'ailleurs fort intéressant de traité du danger que peut
représenter la ZLÉA pour les négociations
multilatérales, mais nous avons concentré notre travail sur
l'ALÉNA. En effet, cet Accord remonte à sept ans, ce qui nous
permet un temps de recule suffisant à son analyse alors que dans le cas
de la ZLÉA le travail aurait été beaucoup plus
prévisionel.
La problématique que provoquerait la création
formelle de la ZLÉA serait néanmoins différente de celle
que nous avons vue dans le sens où, les tensions entre pôle
(ZLÉA, U.E, ASEAN...) ameneraient des blocages plus marqués lors
des discussions multilatérales. Les États-Unis, par le biais de
cette zone de libre-échange, atteindraient une position
hégémonique incontestable qui les pousseraient sans doute
à négliger davantage l'avancement du GATT.
Il serait alors possible de concidérer que le
régionalisme devienne un obstacle au multilatéralisme puisqu'il
saurait alors peu-à-peu plus envisageable de vivre autarciquement dans
son pôle de la triade.
ANNEXES
· Annexe
1 : Comparaison des caractéristiques des accords régionaux
d'Amérique du Nord et en Europe
75
· Annexe
2 : États-Unis, Allemagne et Japon, Commerce et investissement
croisés en 1990.
76
· Annexe
3 : accords d'intégrations régionales notifiés au
GATT.
77
· Annexe
4 : Exportations américaines et canadiennes.
78
· Annexe
5 : Clause de la Nation la plus favorisée et le traitement
national
79
· Annexe
6 : Mémorandum d'accord concernant l'interprétation de
l'article XXIV de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce de 1994.
81
· Annexe 1 : Comparaison des
caractéristiques des accords régionaux d'Amérique du Nord
et en Europe
|
caractéristiques des accords régionaux en
Amérique du Nord et en Europe
|
|
Union Européenne
|
ALÉNA
|
|
Élimination des
barrières douanières
|
Réalisé
|
Réalisé (avec exceptions)
|
|
- dont agriculture
|
Réalisé
|
Réalisé (avec exceptions)
|
|
Règles d'origine
|
X
|
Réalisé
(pour exceptions au
tarif extérieur)
|
Tarif extérieur commun
(union douanière)
|
Réalisé
|
Réalisé (avec exceptions
jusqu'en 2001)
|
Libéralisation des échanges
de service
|
Réalisé
|
Programmé mais
pas encore réalisé
|
Élimination des
barrières non tarifaires
|
Réalisé
|
Réalisé
|
|
- Normes
|
X
|
Programmé mais
pas encore réalisé
|
- Politiques de
la concurrence
|
Réalisé (en cours)
|
Programmé mais
pas encore réalisé
|
Libéralisation des mouvements
de capitaux
|
Réalisé
|
X
|
|
Coordination monétaire
|
Réalisé
|
De fait
(crise du peso)
|
|
Politiques communes
|
Réalisé
|
Coordination
|
|
Mécanisme de
règlement des différends
|
Réalisé
|
X
|
|
X : non réalisé et non programmé
|
|
|
source: F. BENROYA (1995) Que penser des accords de
commerce régionaux? Économie internationale n°65, 3eme
trimestre. D'après DREE (1995)
|
· Annexe 2 : États-Unis, Allemagne et Japon,
Commerce et investissement croisés en 1990.
|
États-Unis, Allemagne et Japon, Commerce et
investissement croisés
1990, en pourcentage du total
|
|
|
|
|
|
|
|
Destination des exportations:
|
|
|
|
|
États-Unis
|
Allemagne
|
Japon
|
sous-total
|
Autres
|
États-Unis
|
0
|
4.8
|
12.4
|
17.2
|
82.8
|
Allemagne
|
10.1
|
0
|
3.8
|
13.8
|
86.2
|
Japon
|
22.3
|
4.4
|
0
|
26.6
|
73.4
|
|
Importations en provenance de :
|
|
|
|
|
États-Unis
|
Allemagne
|
Japon
|
sous-total
|
Autres
|
États-Unis
|
0
|
5.6
|
18.0
|
23.6
|
76.4
|
Allemagne
|
9.7
|
0
|
8.7
|
18.4
|
81.6
|
Japon
|
15.3
|
3.4
|
0
|
18.6
|
81.4
|
|
IDE, au 31 décembre:
|
|
|
|
|
États-Unis
|
Allemagne
|
Japon
|
sous-total
|
Autres
|
États-Unis
|
0
|
5.6
|
5.2
|
10.8
|
89.2
|
Allemagne
|
24.1
|
0
|
1.2
|
25.3
|
74.7
|
Japon
|
42
|
1.5
|
0
|
43.5
|
56.5
|
Sources: IMF Direction of trade statistics yearbook in
Christian DEBLOCK
et Dorval BRUNELLE (1993) Une intégration
régionale stratégique :
Le cas nord-américain, Études Internationales,
vol. XXIV, n°3, septembre.
|
· Annexe 3 : accords d'intégrations
régionales notifiés au GATT.
Source : OMC, 1995 dans BENAROYA F. (1995) Que penser des
accords de commerce régionaux ? , Économie
internationale, n°65, 3ème trimestre.
· Annexe 4 : Exportations américaines et
canadiennes.
 source : statistique Canada, 1998.
· Annexe 5 : Clause de la Nation la plus
favorisée et le traitement national
- extrait de « OMC mode
d'emploi. Les règles des accords commerciaux et
multilatéraux »-
Les notes bleues de Bercy, n° 178 -du 1er au 15
mars 2000.
La clause de la nation la plus
favorisée (Article I du GATT):
La clause de la nation la plus favorisée (dite
clause NPF) stipule que tout avantage commercial accordé par un pays
à un autre (même si celui-ci n'est pas membre de l'OMC) doit
être immédiatement accordé à la totalité des
membres de l'OMC. Autrement dit « ce qui est accordé à
l'un est accordé à tous » sans discrimination. La
clause NPF constitue un mécanisme particulièrement efficace,
puisqu'elle débouche sur la généralisation
immédiate de tout effort d'ouverture de la part d'un pays. Elle est
assortie de deux caractères :
- elle est générale : elle ne s'applique
pas uniquement aux droits de douane, mais à toute mesure adoptée
par un état pour réglementer les flux d'importation et
d'exportation,
- elle est inconditionnelle : son application ne
constitue pas un objet de négociation entre États.
La clause NPF admet pourtant trois types d'exceptions
importantes :
- les accords d'intégration économique
régionale : un ensemble de pays s'accordent réciproquement
des avantages commerciaux préférentiels, comme des
réductions de droits de douanes. Ces avantages sont alors
réservés aux pays membres et refusés aux autres. Qu'il
s'agisse d'une zone de libre-échange ou d'une union douanière,
ces accords doivent respecter certaines conditions pour être reconnus
comme valables au regard des disciplines de l'OMC et pouvoir ainsi
déroger à la clause NPF ;
- Les préférences commerciales accordées
aux pays en développement : il s'agit de régimes commerciaux
plus favorables visant à favoriser le développement de ces pays
exportateurs. (...) ;
- Les exceptions nationales en matière de
services : les offres d'ouvertures du marché présenté
par les États membres de l'OMC dans le cadre de l'Accord
général sur le commerce des services (AGCS) peuvent être
assorties de réserves visant à protéger certains
régimes nationaux dérogatoires à la NPF. C'est par exemple
le cas pour les initiatives bilatérales de coproduction audiovisuelle
qu'entretient la France avec d'autres États, dans le cadre de sa
coopération culturelle.
Le Traitement national (Article III du
GATT):
Au titre de ce principe, les produits ou services
importés sur le territoire d'un membre ne doivent pas subir un
traitement moins favorable que celui réservé aux produits ou
services nationaux. En d'autres termes « le produit importé
est traité comme le produit domestique », au regard des taxes,
des réglementations sanitaires et techniques... Comme la clause NPF, le
principe du traitement national est généralement inconditionnel.
A noter toutefois que dans le domaine des services, il ne s'applique que dans
les secteurs où des engagements d'ouverture de marché ont
été pris par les États membres.
· Annexe 6 : Mémorandum d'accord concernant
l'interprétation de l'article XXIV de l'Accord général sur
les tarifs douaniers et le commerce de 1994.
Restitution complète du document
Les Membres,
Vu les dispositions de l'article XXIV du GATT de 1994,
Reconnaissant que les unions douanières et les
zones de libre-échange se sont grandement accrues en nombre et en
importance depuis la mise en place du GATT de 1947 et représentent
aujourd'hui une proportion significative du commerce mondial,
Reconnaissant la contribution qu'une intégration
plus étroite des économies des parties à de tels accords
peut apporter à l'expansion du commerce mondial,
Reconnaissant aussi que cette contribution est plus
grande si l'élimination des droits de douane et des autres
réglementations commerciales restrictives entre les territoires
constitutifs s'étend à tout le commerce, et plus petite si un
secteur majeur du commerce est exclu,
Réaffirmant que de tels accords doivent avoir
pour objet de faciliter le commerce entre les territoires constitutifs de
l'union douanière ou de la zone de libre-échange et non d'opposer
des obstacles au commerce d'autres Membres avec ces territoires; et que les
parties qui concluent de tels accords ou en élargissent la portée
doivent dans toute la mesure du possible éviter que des effets
défavorables n'en résultent pour le commerce d'autres Membres,
Convaincus aussi de la nécessité de
renforcer l'efficacité de l'examen par le Conseil du commerce des
marchandises des accords notifiés au titre de l'article XXIV, en
clarifiant les critères et procédures d'évaluation des
accords nouveaux ou élargis et en améliorant la transparence de
tous les accords conclus sous le couvert de l'article XXIV,
Reconnaissant la nécessité d'une
communauté de vues concernant les obligations des Membres au titre de
l'article XXIV:12,
Conviennent de ce qui suit:
1. Pour être conformes à l'article XXIV, les
unions douanières, zones de libre-échange et accords provisoires
conclus en vue de l'établissement d'une union douanière ou d'une
zone de libre-échange, doivent satisfaire aux dispositions de ses
paragraphes 5, 6, 7 et 8, entre autres.
Article XXIV:5
2. L'évaluation au titre de l'article XXIV:5 a)
de l'incidence générale des droits de douane et autres
réglementations commerciales applicables avant et après
établissement d'une union douanière se fera en ce qui concerne
les droits de douane et impositions sur la base d'une évaluation globale
des taux de droits moyens pondérés et des droits de douane
perçus. Seront utilisées pour cette évaluation les
statistiques des importations faites pendant une période
représentative antérieure qui seront communiquées par
l'union douanière, par ligne tarifaire, en valeur et en volume,
ventilées par pays d'origine membre de l'OMC. Le Secrétariat de
l'OMC calculera les taux de droits moyens pondérés et les droits
de douane perçus selon la méthodologie utilisée dans
l'évaluation des offres tarifaires faites au cours de
l'Uruguay Round. A cette fin, les droits de douane et impositions à
prendre en considération seront les taux de droits appliqués. Il
est reconnu qu'aux fins de l'évaluation globale de l'incidence des
autres réglementations commerciales qu'il est difficile de quantifier et
d'agréger, l'examen de chaque mesure, réglementation, produit
visé et flux commercial affecté pourra être
nécessaire.
3. Le "délai raisonnable" mentionné à
l'article XXIV:5 c) ne devrait dépasser dix ans que dans des
cas exceptionnels. Dans les cas où des Membres estimeront que dix ans
seraient insuffisants, ils expliqueront en détail au Conseil du commerce
des marchandises pourquoi un délai plus long est nécessaire.
Article XXIV:6
4. Le paragraphe 6 de l'article XXIV fixe la
procédure à suivre lorsqu'un Membre établissant une union
douanière se propose de relever un droit consolidé. A cet
égard, il est réaffirmé que la procédure de
l'article XXVIII, affinée dans les lignes directrices
adoptées par les PARTIES CONTRACTANTES au GATT de 1947 le
10 novembre 1980 (S27/27) et dans le Mémorandum d'accord
concernant l'interprétation de l'article XXVIII de l'Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994, doit
être engagée avant que des concessions tarifaires ne soient
modifiées ou retirées lors de l'établissement d'une union
douanière ou de la conclusion d'un accord provisoire conclu en vue de
l'établissement d'une union douanière.
5. Il est convenu que ces négociations seront
engagées de bonne foi en vue d'arriver à des compensations
mutuellement satisfaisantes. Au cours de ces négociations, comme l'exige
l'article XXIV:6, il sera tenu dûment compte des réductions
de droits de douane sur la même ligne tarifaire faites par d'autres
entités constitutives de l'union douanière lors de
l'établissement de cette union. Au cas où ces réductions
ne seraient pas suffisantes pour constituer les compensations
nécessaires, l'union douanière offrirait une compensation, qui
pourra prendre la forme de réductions de droits de douane sur d'autres
lignes tarifaires. Une telle offre sera prise en considération par les
Membres ayant des droits de négociateur dans la consolidation
modifiée ou retirée. Au cas où les compensations
demeureraient inacceptables, les négociations devraient se poursuivre.
Lorsque, malgré ces efforts, un accord dans les négociations sur
les compensations à prévoir au titre de l'article XXVIII,
tel qu'il est précisé par le Mémorandum d'accord
concernant l'interprétation de l'article XXVIII de l'Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994, ne peut
pas intervenir dans un délai raisonnable à compter de l'ouverture
des négociations, l'union douanière sera néanmoins libre
de modifier ou de retirer les concessions; les Membres affectés seront
alors libres de retirer des concessions substantiellement équivalentes
conformément à l'article XXVIII.
6. Le GATT de 1994 n'impose pas aux Membres
bénéficiant d'une réduction des droits de douane à
la suite de l'établissement d'une union douanière ou d'un accord
provisoire conclu en vue de l'établissement d'une union
douanière, l'obligation de fournir à ses entités
constitutives une compensation.
Examen des unions douanières et zones de
libre-échange
7. Toutes les notifications faites au titre de
l'article XXIV:7 a) seront examinées par un groupe de travail
à la lumière des dispositions pertinentes du GATT de 1994 et du
paragraphe 1 du présent mémorandum d'accord. Le groupe de
travail présentera un rapport au Conseil du commerce des marchandises
sur ses constatations en la matière. Le Conseil du commerce des
marchandises pourra adresser aux Membres les recommandations qu'il jugera
appropriées.
8. En ce qui concerne les accords provisoires, le groupe de
travail pourra dans son rapport formuler des recommandations appropriées
quant au calendrier proposé et aux mesures nécessaires à
la mise sur pied définitive de l'union douanière ou de la zone de
libre-échange. Il pourra, en cas de besoin, prévoir un nouvel
examen de l'accord.
9. Toute modification substantielle du plan et du programme
compris dans un accord provisoire sera notifiée; elle sera
examinée par le Conseil du commerce des marchandises si demande en est
faite.
10. Si, contrairement à ce qui est prévu à
l'article XXIV:5 c), un accord provisoire notifié
conformément à l'article XXIV:7 a) ne comprend pas un
plan et un programme, le groupe de travail recommandera dans son rapport un tel
plan et un tel programme. Les parties ne maintiendront pas, ou s'abstiendront
de mettre en vigueur, selon le cas, un tel accord si elles ne sont pas
prêtes à le modifier dans le sens de ces recommandations. Il sera
prévu un examen ultérieur de la mise en oeuvre desdites
recommandations.
11. Les unions douanières et les entités
constitutives des zones de libre-échange feront rapport
périodiquement au Conseil du commerce des marchandises, ainsi que les
PARTIES CONTRACTANTES au GATT de 1947 l'ont envisagé dans l'instruction
donnée au Conseil du GATT de 1947 au sujet des rapports sur les accords
régionaux (IBDD, S18/42), sur le fonctionnement de l'accord
considéré. Toute modification et/ou tout fait nouveau notables
concernant un accord devront être notifiés aussitôt.
Règlement des différends
12. Les dispositions des articles XXII et XXIII du GATT de
1994, telles qu'elles sont précisées et mises en application par
le Mémorandum d'accord concernant les règles et procédures
régissant le règlement des différends, pourront être
invoquées pour ce qui est de toute question découlant de
l'application des dispositions de l'article XXIV relatives aux unions
douanières, aux zones de libre-échange ou aux accords provisoires
conclus en vue de l'établissement d'une union douanière ou d'une
zone de libre-échange.
Article XXIV:12
13. Chaque Membre est pleinement responsable au titre du GATT de
1994 de l'observation de toutes les dispositions du GATT de 1994 et prendra
toutes mesures raisonnables en son pouvoir pour que, sur son territoire, les
gouvernements ou administrations régionaux ou locaux observent lesdites
dispositions.
14. Les dispositions des articles XXII et XXIII du GATT de
1994, telles qu'elles sont précisées et mises en application par
le Mémorandum d'accord concernant les règles et procédures
régissant le règlement des différends, pourront être
invoquées pour ce qui est des mesures affectant l'observation dudit GATT
prises par des gouvernements ou administrations régionaux ou locaux sur
le territoire d'un Membre. Lorsque l'Organe de règlement des
différends a déterminé qu'une disposition du GATT de 1994
n'a pas été observée, le Membre responsable prendra toutes
mesures raisonnables en son pouvoir pour que ladite disposition soit
observée. Les dispositions relatives à la compensation et
à la suspension de concessions ou autres obligations s'appliquent dans
les cas où il n'a pas été possible de faire observer une
disposition.
15. Chaque Membre s'engage à examiner avec
compréhension les représentations que pourra lui adresser tout
autre Membre et devra se prêter à des consultations au sujet de
ces représentations, lorsque celles-ci porteront sur des mesures
affectant l'application du GATT de 1994 prises sur son territoire.
RÉFÉRENCES
Ouvrages:
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* 1 Clause de la nation la plus
favorisée. Voir annexe 5.
* 2 SIROËN J.-M. (1995)
Régionalisme contre multilatéralisme, Les cahiers
français, 269, janvier.
* 3 SIROËN J.-M. (1995)
Ibid.
* 4 Perspectives
économiques, revues électroniques de l'USIA (1996) Les
accords commerciaux régionaux renforcent le système
multilatéral, entretient avec M. Stuart Eizenstat, volume 1,
n°16, novembre. (
http://usinfo.state.gov/journals/ites/1196/ijef/frej4eiz.htm
- (09/07/01)
* 5 Pour que le l'accord
régional soit considéré comme une étape vers le
multilatéralisme, il faut qu'il soit créateur net de commerce
international : il engendre plus de créations que de
détournements de trafics.
* 6 Ce mémorandum est
restitué intégralement en annexe 6.
* 7 Sauf notamment la
Turquie.
* 8 KEBABDJIAN G. (1998)
Analyse économique et mondialisation : six débats,
Cahier du GEMDEV, n°26, juin.
* 9 Voir les différences
d'avancement entre UE et ALÉNA dans l'Annexe 1.
* 10 Définitions de J.M
SIROËN et de P. KRUGMAN développées dans le cours
d'environnement international de l'entreprise de licence EGE dispensé
par Pierre Berthaud (année 1999-2000).
* 11 HINES R.C. (1995) Le
régionalisme et l'intégration de l'économie mondiale,
problèmes économique n°2.415-2.416, 15-22 mars.
* 12 David MERCIER (2000)
Le régionalisme stratégique dans les Amériques :
Tenants et aboutissants de l'ALÉNA vu d'une perspective mexicaine,
Revue Études internationales, volume XXXI, n°1, mars.
* 13 A ces quatre niveaux
d'intégration Christian Aubin et Philipe Norel ajoutent un premier
palier d'intégration régionale encore moins avancé :
le groupement de commerce préférentiel ( concerne uniquement une
réduction partielle des mesures protectionnistes sur les échanges
commerciaux entre pays membres) - C. AUBIN et P. NOREL (2000)
Économie internationale, faits, théories et politiques,
édition du Seuil.
* 14 « Affectation
des ressources d'une société parmi ces membres telle qu'il
n'existe pas d'autre affectation qui lui soit préférée
selon le critère de Pareto. Par conséquent, à un optimum
de Pareto, il n'est pas possible d'améliorer la situation d'un individu
-quel qu'il soit- sans déteriorer la situation d'au moins un autre
individu ». GUERRIEN B. (1997) Dictionnnaire d'analyse
économique, Dictionnaire repères, La Découverte,
Paris.
* 15 SIROËN J.-M. (1995)
Régionalisme contre multilatéralisme, Les cahiers
français, 269, janvier.
* 16 En 1994, le PIB des
États-Unis représentait environ 1/5ème du PIB
mondial. Il était presque 10 fois supérieur au PIB canadien et 20
fois supérieur à celui du Mexique.
* 17 Cela se voit nettement au
niveau des exportations de biens (Annexe 4)
* 18 J-L FERNANDY (1998) Le
point sur la mondialisation, Major, PUF.
* 19 HUFBAUER G. et SCHOTT J.
(1993) Nafta, an assessment, Washinton, Institute for International Economics.
In BENESSAIEH A. (1995) Les effets attendus de l'Accord de libre-échange
nord-américain, GRIC (
www.unites.uqam.ca/gric
-20/02/01-)
* 20 Source : PNUD,
Rapport sur le développement humain, 2000 in T. de Montbrial et P.
Jacquet (sous la dir.) RAMSES 2001, IFRI, Dunod.
* 21 Voir annexe 3
* 22 L'adjectif
« libéral » associé aux accords
d'intégration régionale ne semble néanmoins pas
approprié car la théorie de l'économie internationale ne
considère pas que la régionalisation puisse atteindre l'optimum
Parétien. Par sa définition même l'accord régional
est préférentiel, donc discriminant à l'encontre des pays
non-membre. Ainsi on ne pourra qu'atteindre, au mieux, un optimum de second
rang.
* 23 KEBABDJIAN G. (1998)
Analyse économique et mondialisation : six débats,
Cahier du GEMDEV, n°26, juin.
* 24 L'accord Cobden-Chevalier
de 1860 est un accord de libre-échange entre la France et l'Angleterre.
Dans un ouvrage généraliste comme l'encyclopédie hachette
sur Cdrom, on note que cet accord fut « le couronnement de la
croisade pour le libre-échange » de Richard Cobden
(1804-1865).
* 25 Nous verrons cet article
plus en détails dans la suite de ce travail. Voir également
l'annexe 6 à ce sujet.
* 26 Parmi les
différentes formes d'intégration régionale, Viner a
étudié les unions douanières comme le firent plus tard la
majorité des économistes.
* 27 VINER (1950) The
custom unions Issu, New York : Carnegie Endowment for international
Peace, p. 44 in P.J. LLOYD (1992), Régionalisation et commerce
mondiale, Revue économique de l'OCDE, N°18, printemps.
* 28 MEADE J. (1955) The
theorie of custom unions, Amsterdam, North Holland in P.J. LLOYD (1992),
Régionalisation et commerce mondiale, Revue économique
de l'OCDE, N°18, printemps.
* 29 De la TORRE et KELLY in
BENAROYA F. (1995) Que penser des accords de commerce
régionaux ?, Économie internationale, n°65,
3ème trimestre.
* 30 Par exemple les
investisseurs s'intéresseront d'autant plus au Mexique qu'ils ne
craindront plus de voir revenir les politiques anciennes les spoliant. Il en
va de même pour le Canada, car l'ALÉNA étant signé,
les productions d'hydrocarbures ne risquent plus d'être
nationalisé.
* 31 BOURGUINAT H. (1992)
l'émergence contemporaine des zones et blocs régionaux in
MUCHELLI J.-L. et F.CELIMENE (1992) Mondialisation et
régionalisation : un défi pour l'europe, Economica.
* 32 C. AUBIN et P. NOREL
(2000) Économie internationale, faits, théories et
politiques, édition du Seuil, p.120
* 33 Jean-Marc SIRÖEN
entend par-là : Petit pays, équilibre partiel, statique
comparative...
* 34 Pour Frankel et Alii
par exemple, grâce aux progrès des techniques les coûts de
transport ont tellement baissé que la distance n'est plus à
prendre en compte. Ainsi, les zones de libre-échange dites
« super-naturelles » (Terme utilisé par
référence et en opposition aux zones
« naturelles » de Paul Krugman définies en
introduction ) n'ont pas de raisons d'être car elles n'augmentent pas le
bien-être conformément au modèle Vinérien.
* 35 Notamment LLOYD P.J
(1995) L'impact des accords commerciaux régionaux sur les
échanges mondiaux, problème économique
n°2.415-2.416, mars. SIROËN J.M. (2000) La régionalisation
est-elle une hérésie économique ?, CERESA,
Université Paris-Dauphine (
www.dauphine.fr/ceresa/websiroën/afsp.pdf
- 06/07/01). BENAROYA F. (1995) Que penser des accords de commerce
régionaux ?, Économie internationale, n°65,
3ème trimestre., HINES R.C. (1995) Le régionalisme
et l'intégration de l'économie mondiale, problèmes
économique n°2.415-2.416, 15-22 mars.
* 36 BENAROYA F. (1995) Que
penser des accords de commerce régionaux ?, Économie
internationale, n°65, 3ème trimestre.
* 37 KENNAN J. et RIEZMAN R.
(1990) Optimal tariff equilibra with customs Unions, canadians journal
of economics, février. in BENAROYA F. (1995) Que penser des accords
de commerce régionaux ?, Économie internationale,
n°65, 3ème trimestre.
* 38 KRUGMAN P. (1992)
L'émergence des zones régionales de libre
échange : justifications économiques et politiques,
Problème économique n°2.289, septembre. Article paru
initialement en 1991 sous le titre: « the move toward free trade
zones », Kansas City Federal Reserval Bank, Economique Review,
Decembre.
* 39 La théorie
classique du droit de douane optimal nous enseigne qu'un pays qui souhaite
unilatéralement améliorer ces termes de l'échange va avoir
un tarif douanier optimal d'autant plus élevé que
l'élasticité de la demande mondiale de ses produits
exportés est faible. Donc dans le cadre d'une union douanière,
les tarifs optimaux seront plus élevés que ceux de ces membres
avant l'union.
* 40 KRUGMAN P. (1992)
ibid.
* 41 Le meilleur
étant celui qui ne comporterait qu'un bloc.
* 42 Krugman
réévalu à la baisse les effets de détournement
puisque les échanges entre voisins seraient plus nombreux qu'avec les
pays plus éloigné même sans accords
préférentiels.
* 43 Elles postulent par
exemple que les grands pays sont les plus protectionnistes ce qui ne fut pas le
cas de Grande-Bretagne puis des États-Unis, nations qui dominent chacune
leur tour le monde. Voir à ce sujet LLOYD P.J (1995) L'impact des
accords commerciaux régionaux sur les échanges mondiaux,
problème économique n°2.415-2.416, mars.
* 44 Bhagwati J. (1992)
Regionalism versus Multilatéralisme, the word economy,
septembre in BENAROYA F. Ibid.
* 45 WHALLEY J. (1992)
CUSTA and NAFTA : Can WHFTA be far behind ?, Journal of
Cummon Market Studies, Juin. In HINES R.C. (1995) Le régionalisme et
l'intégration de l'économie mondiale, problèmes
économique n°2.415-2.416, 15-22 mars.
* 46 SIROËN J.M. (2000)
La régionalisation est-elle une hérésie
économique ?, CERESA, Université Paris-Dauphine (
www.dauphine.fr/ceresa/websiroën/afsp.pdf
- 06/07/01)
* 47 La différence pour
Jean-Marc Siroën, entre mercantilisme et libéralisme est
l'attention portée aux consommateurs. L'OMC est donc, par cette
définition, « mercantiliste » car elle donne par
exemple raison aux producteurs américains de soja transgénique et
délaisse les craintes des consommateurs européens. SIROËN
J.M. (1998) L'OMC et la mondialisation des économies, IRES et
CFE-CGC.
Nous montrerons également dans le chapitre II en quoi le
GATT obéit à une logique mercantiliste.
* 48 Voir Article XXIV du GATT
en annexe 5 et 6.
* 49 Cette conclusion est
partagée par beaucoup d'auteurs mais dans le cas précis du
régionalisme minimaliste (terme opposé à la conception
fédératrice du régionalisme de l'Union Européenne).
Nous ne nous attarderons pas ici sur cette distinction car par la suite notre
exposé s'intéressera au régionalisme en amérique du
Nord qui est un régionalisme minimaliste.
* 50 En 1990, 16,6% des
exportations mondiale provenaient de l'Amérique du Nord et 42,1% de la
Communauté Européenne. Pour la part des importations mondiale les
chiffres étaient respectivement de 19,5 et 41%. (source IMF, Direction
of trade Yearbook in Deblock et Brunelle (1993) opt. Cit.)
* 51 Cette théorie est
cité par J.M SIROËN et fut explicité dans KEMP M.C. et WAN
H.Y. (1976) An Elementary Proposition Concerning the Formation of Customs
Unions, Journal of international Economics, 6(1), February.
* 52 KRUEGER A. (1995) Free
trade agreements versus Customs unions, NBER Working paper, #5084,
Cambridge, Mass. in SIROËN J.M. (2000) La régionalisation
est-elle une hérésie économique ?, CERESA,
Université Paris-Dauphine
* 53 SIROËN J.M. (2000)
La régionalisation est-elle une hérésie
économique ?, CERESA, Université Paris-Dauphine (
www.dauphine.fr/ceresa/websiroën/afsp.pdf
- 06/07/01)
* 54 SIROËN J.M. (2000)
Ibid.
* 55 BALDWIN R. (1993) A
Domino Theory of Regionalism, NBER Working Paper, #4465, septembre. In
SIROËN J.-M. (2000) La régionalisation de l'économie
mondiale, Paris, La Découverte.
* 56 C. OMAN (1994)
Globalisation et régionalisation : Quels enjeux pour les
PED, études du centre de développement, OCDE.
* 57 KEBABDJIAN G. (1998)
Analyse économique et mondialisation : six débats,
Cahier du GEMDEV, n°26, juin. - Gérard Kebabdjian en parlant des
quatre déterminants de l'économie nationale fait
référence à la monnaie, le marché, les facteurs de
production et les règles et politiques. -
* 58 DEBLOCK C. et BRUNELLE D.
(2001) De l'ALE à la ZLEA : Régionalisme et
sécurité économique dans les Amériques,
Groupement de Recherche sur l'Intégration Continentale (GRIC), UQAM. (
http://www.unites.uqam.ca/gric/
-20/05/01- )
* 59 L. FONTAGNE (1995) Why
NAFTA might Be Discriminatory, CEPII, Document de travail n°95-12.
* 60 SCHOTT (1991) Trading
Bloc and the World Trading System , the world economy, vol. 14,
n°1 in Christian DEBLOCK et Dorval BRUNELLE (1993) Une
intégration régionale stratégique : le cas
nord-américain, Études Internationales, vol. XXIV, n°3,
septembre.
* 61 Schott met de
côté l'Union Européenne qui pour lui va à l'encontre
du multilatéralisme, mais là n'est pas notre question.
* 62 GUERRIEN B. (1997)
Dictionnnaire d'analyse économique, Dictionnaire
repères, La Découverte, Paris.
* 63 KINDLEBERGER A. (1995)
Free Trade Agreements versus Customs Unions, NBER Working Paper,
#5084, Cambridge, Mass. In SIROEN J.-M (2000) Ibid.
* 64 SIROËN J.M. (2000)
Ibid.
* 65 Cet exemple peut
s'illustrer avec la lente libéralisation des échanges entre des
pays de l'ancien empire austro-hongrois comme l'expose Mathilde (Maurel MAUREL
M. (1998) Régionalisme et désintégration en Europe
centrale et orientale, CNRS Édition. In SIROËN. ) La clause
NPF dans ce cas a bien eu des conséquences négatives dans une
zone qui formait pourtant une zone d'échange naturelle.
* 66 La dynamique du
comportement du resquillage peut entraîner un grand nombre de pays
à l'adopter. En effet plus il y a de pays resquilleurs plus faire parti
de ce groupe est un comportement rationnel.
* 67 Même si on voit se
profiler une certaine évolution depuis les accords de Marrakech.
* 68 KINDLEBERGER C.P
(1998) The International Economic Order. Essays on financials Crisis and
international Public Goods, Harvester, Wheatsheaf. In SIROËN J.-M.
(2000) Ibid.
* 69 SIROËN J.-M. (2000)
Ibid
* 70 Le principe de la clause
NPF est expliqué en annexe 5.
* 71 Paul KRUGMAN (1994)
Le véritable impact de l'ALENA, problèmes
économiques n°2.383, juillet.
* 72 La part des exportations
canadiennes écoulée aux États-Unis s'est accrue au cours
des dix ans précédant l'ALENA, passant de 67% en 1983 à
plus de 73% en 1993 de toutes les livraisons de biens et services canadiens
à l'étranger. Pendant cette même période les
États-Unis ont détenu une part relativement stable de presque 70%
du marché canadien des importations de bien et service. Il
apparaît donc que l'ALE a déjà provoqué la
majorité des effets souhété par un accord de
libre-échange régional (Tous ces calculs ont été
effectués par Statistique Canada d'après la balance des paiements
et sont issus du site Internet du gouvernement canadien :
www.dfait-maeci.gc.ca
-10/05/01-)
* 73 Le PIB du Mexique
représente en 1993 à peine 4% de celui des États-Unis
* 74On relève bien, avec
du recul, que le PIB/hab à augmenté de façon
régulière de 1981 à 1999 sans être influencé
par les traités d'intégration régionale (PROULX P.-P.
Les effets de l'ALE et de l'ALÉNA sur les économie
canadienne, québécoise et américaine.
www.stat.gouv.ca - 08/02/01),
l'analyse de Catalina Dorentes (DORENTES C (1997) Unemployment, immigration
and NAFTA, Journal of Labour Research, Automne in HUNTER T. (1998)
Document de référence n°6, les répercussions de
l'ALE et de l'ALÉNA : que disent les publications
récentes ? Ministère des affaires
étrangères et du commerce international -
www.dfait-maeci.gv.ca
-19/01/01) montre que l'ALÉNA n'a pas eu, statistiquement parlant,
d'effets importants sur le taux de chômage sectoriel. Enfin les revenus
réels américains ont stagné avec tout de même une
baisse du revenu familial médian (BERGSTEN C.F. (2000) The Global
Trading System and the developing Countries in 2000, Institute for
international Economics, Working Paper #99-6)
* 75 Voir annexe 2.
* 76 Krugman note quand
même, qu'il aurait été plus efficient de voir le Mexique
effectuer cette démarche unilatéralement que dans le cadre d'une
zone de libre échange régional.
* 77 REA C.J. (1992) Du
protectionnisme au libre-échange. La politique commerciale du
Mexique, GRIC, mai. (
http://www.unites.uqam.ca/gric-
05/01/01)
* 78 Christian DE. BLOCK et
Dorval BRUNELLE (1996) Le régionalisme économique
international : de la première à la deuxième
génération in M. FORTMAN, S. Neil MACFARLAN et S.
ROUSSEL, Tous pour un ou chacun pour soi, Institut
québécois des hautes études internationales, p.287.
* 79 On peut notamment
remarquer comme évènements amoindrissant la confiance
américaine la guerre du Vietnam, les crises pétrolières et
l'accroissement du déficit commercial.
* 80 DEBLOCK C. et BRUNELLE D.
(1993) Une intégration régionale stratégique : le
cas nord-américain, Revue études internationales, volume
XXIV, n°3, septembre.
* 81 Christian DEBLOCK et
Dorval BRUNELLE (1998) Les États-Unis et le régionalisme
économique dans les Amériques, Études
Internationales, vol. XXIX, n°2, juin.
* 82 David MERCIER (2000)
Le régionalisme stratégique dans les Amériques :
Tenants et aboutissants de l'ALÉNA vu d'une perspective mexicaine,
Revue Études internationales, volume XXXI, n°1, mars.
* 83 SUBRENAT J.-J. et N.PONTA
(1994) Les États-Unis, l'ALÉNA et l'APEC, Politique
étrangère, vol.59, n°4, mars.
* 84 Cet objectif a d'ailleurs
largement porté ses fruits. La banque de Montréal, sa filiale
américaine la Harris Bank et sa filiale mexicaine la Grup Financiero
Bancomer ont publié un rapport s'appuyant sur une enquête
auprès de 361 entreprises canadiennes, américaines et mexicaines
au cours du troisième semestre de 1997 dans le but d'évaluer
l'incidence de l'ALENA sur le commerce et les investissements. La conclusion
générale est que l'ALENA a profité à ces
entreprises en améliorant la compétitivité et le climat
commercial en Amérique du Nord. De plus grâce aux
possibilités transfrontalières créées par l'accord,
ces mêmes entreprises ont engagé plus d'employés ou en ont
le même nombre depuis 1994 (Bank of Montréal, Harris Bank et
Bancomer (1998) Trade and Investment in the Americas : Survey of North
American Businesses in HUNTER T. (1998) Les répercussions de
l'ALE et de l'ALENA : Que disent les publications récentes ?,
Ministère canadien des affaires étrangères et du
commerce international, document de référence n°6,
décembre.)
* 85 SUBRENAT J.-J. et N.PONTA
(1994) Ibid.
* 86 Richard GRINSPUN et R.
KREKLEVICH (1994) Consolidating Liberal Reforms : Free Trade as a
Conditioning Framework, Studies in Political Economy, n°43,
printemps. In David MERCIER (2000) Le régionalisme
stratégique dans les Amériques : Tenants et aboutissants de
l'ALÉNA vu d'une perspective mexicaine, Revue Études
internationales, volume XXXI, n°1, mars.
* 87 SUBRENAT J.-J. et N.PONTA
(1994) Les États-Unis, l'ALÉNA et l'APEC, Politique
étrangère, vol.59, n°4, mars.
* 88 Voir à ce sujet DE
BERNIS G. (1998) Les régionalisations asiatiques et
européennes et les États-Unis d'Amérique du Nord,
Économies et société n°34, hors série,
novembre.
* 89 Christian DEBLOCK et
Dorval BRUNELLE (1993) Une intégration régionale
stratégique : le cas nord-américain, Études
Internationales, vol. XXIV, n°3, septembre.
* 90 Pour l'instant mais
peut-être à l'échelle de tout le continent si la
ZLÉA arrive à voir le jour
* 91 DEBLOCK C. et BRUNELLE D.
(1993) Ibid.
* 92 DEBLOCK C. et BRUNELLE D.
(1993) Ibid.
* 93 Certains auteurs auraient
utilisé ici une terminologie différente. Ils auraient affirmaient
que la régionalisation de facto avait était
remplacée par une régionalisation de jure.
* 94 SIROËN J. -M (2000)
Ibid.
* 95 KRUGMAN P. (1991) The
Move toward Free Trade Zones, Federal Reserve Bank of Kansas City Economic
Review In HIGGOTT R. (1997) Mondialisation et gouvernance :
émergence du niveau régional, Politique
étrangère n°2, été
* 96 La crise financière
de la Thaïlande en 1997 se solda par le « secours » du
FMI, alors que lors de la crise quasi similaire du Mexique, trois an plus
tôt, les États-Unis intervirent eux-même. Dans les deux cas
les monnaies nationales étaient ancrées au dollar (les deux pays
profitaient du bien public qu'est l'étalon monétaire
américain), mais les États-Unis ont montré la graduation
géographique de leur leadership en n'intervenant que leur partenaire
mexicain.
* 97 LAÏDI Z. dir. (1992)
L'ordre mondial relâché. Sens et puissance après la
guerre froide, Presse de la fondation nationale des Sciences politiques
& Berg
* 98 KRUGMAN P.(1992)
L'émergence des zones régionales de
libre-échange : justifications économiques et
politiques, Problèmes économiques n°2.289, 2
septembre.
* 99 KRUGMAN P.(1992) Ibid.
* 100 Enseignant à
l'université du Québec (Montréal)
* 101Les Échos on-line,
ALENA : un pas dans la mauvaise direction ?, Article 11 9.
www.lesechos.fr (07/07/01)
* 102 Les Échos
on-line, ALENA : Un pas dans la mauvaise direction ?,
Article 11 9.
www.lesechos.fr (07/07/01)
* 103 L. FONTAGNE (1995)
Why NAFTA might Be Discriminatory, CEPII, Document de travail
n°95-12.
* 104 Perspectives
économiques, revues électroniques de l'USIA (1996) Les
accords commerciaux régionaux renforcent le système
multilatéral, entretient avec M. Stuart Eizenstat, volume 1,
n°16, novembre. (
http://
usinfo.state.gov/journals/ites/1196/ijef/frej4eiz.htm -
(09/07/01)
* 105 Cette situation est
issue d'un texte datant d'avant la signature de l'Accord (Christian DEBLOCK et
Dorval BRUNELLE (1993) Une intégration régionale
stratégique : le cas nord-américain, Études
Internationales, vol. XXIV, n°3, septembre. ) Mais les auteurs gardent
dans des textes plus récents des convictions semblables (notamment dans
Christian DEBLOCK et Dorval BRUNELLE (1998) Les États-Unis et le
régionalisme économique dans les Amériques, revue
études internationales, volume XXIX, n°2, juin.)
* 106 Ernest PREEG est le
premier auteur à avoir utilisé ce terme (d'après DEBLOCK
et BRUNELLE).
* 107 Les donnés
statistiques relatives à la répartition des intérêts
américains dans le monde montrent que ceux-ci sont mieux
équilibrés que ceux du Japon et de l'Allemagne et ceci même
avant la signature de l'ALENA (Cf. annexe 2)
* 108 Comme nous l'avons vu
à la section 1 de ce chapitre.
* 109 Mis à part pour
l'ALÉNA, mais à cette échelle régionale, la
prééminence des États-Unis n'est pas remise en cause.
* 110 Terme utilisé par
opposition à la conception
fédératrice de l'union européenne
où le régionalisme est une fin en lui-même.
* 111 Article XXVI, §4 du
GATT in SIROËN J.-M. (1995) Régionalisme contre
multilatéralisme, Les cahiers français, 269, janvier.
* 112 Par exemple, les accords
de préférence de type Accords de Lomé ne sont pas
conformes à la lettre de l'article XXVI dans le sens la zone de
préférence Europe-pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) ne
constitue ni une zone de libre-échange, ni une Union douanière.
Ils n'obéissent pas non plus à l'exception du système
généralisé de préférence puisque bien que
non réciproques, ils ne concernent pas l'ensemble des PVD (principe de
non-discrimination) mais un ensemble déterminé de pays (les pays
ACP).
* 113 SIROËN J.-M. (1995)
Régionalisme contre multilatéralisme, Les cahiers
français, 269, janvier.
* 114 Notamment la
procédure de règlement des différends, la clause de
sauvegarde, les règles anti-dumping...
* 115 Dès juillet 1994
il y avait eu 4 conflits portés devant un groupe spécial du GATT
( sur 26 au total ) qui opposaient les États-Unis avec le Canada ou le
Mexique.
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