Master 2 Professionnel 2007/2008
Théorie et pratiques des Droits de l'Homme:
"Les Droits de l'Homme dans l'ombre de la diplomatie
internationale"
Rapport sur le stage effectué au sein du
Centre Tibétain pour la Démocratie et les
Droits de l'Homme
Pour la période du:
7 avril 2008-29 Aout 2008
Maitre de stage:
|
Stagiaire:
|
Directeur du Master 2:
|
Urgen TENZIN, Directeur du CTDDH
|
Anna-Maria LUKACS
|
André DIZDAREVIC
|
Les Droits de l'Homme dans l'ombre de la diplomatie
internationale
"Aujourd'hui, les Etats ne peuvent plus sérieusement
prétendre que les droits de l'homme relèvent uniquement de leurs
affaires intérieures en les excluant du champ de contrôle de la
communauté internationale. Cette position n'est plus tenable."
Mary ROBINSON,
Ex-Commissaire des
Nations Unies pour les
Droits de l'Homme
Table des matières
Table des matières
2
Liste des abréviations
4
Introduction
8
1. Présentation du Centre Tibétain
pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (CTDDH).
15
1.1 Circonstances de la création du
CTDDH.
15
1.2 Missions du CTDDH.
15
1.1.1 Promouvoir et protéger les droits de
l'homme du peuple tibétain au Tibet.
15
1.1.1.1 Les droits de l'homme du peuple
tibétain au Tibet.
15
1.1.1.2 Les moyens du CTDDH pour promouvoir et
protéger les droits humains du peuple tibétain.
17
1.1.2 Sensibiliser la communauté
tibétaine en exil sur les concepts des droits de l'homme et de la
démocratie.
18
1.1.3 Le projet Caisse d'Aide au Prisonniers
Tibétains.
19
1.3 Fonctionnement du CTDDH.
19
1.3.1 Les instances dirigeantes.
19
1.3.2 Le personnel.
20
1.3.3 Budget: le partenariat avec la Fondation
Heinrich Böll.
20
1.4 Méthodes de travail
21
1.4.1 Les sources d'information.
21
1.4.2 Traitement de l'information.
22
2. Mon travail au sein du CTDDH.
24
2.1 Mission principale: Edition d'une brochure
d'information sur les événements au Tibet depuis le 10 Mars
2008.
24
2.1.1 Méthodologie de la mission.
24
2.1.2 Difficultés rencontrées.
26
2.1.3 La sécurité informatique.
28
2.2 Missions additionnelles.
30
2.1.1 Rédaction des exposés.
30
2.1.2 Vérification des donnés.
30
2.1.3 Aide à la rédaction de
proposition de projet.
31
2.1.4 Aide à la recherche sur le
"génocide culturel" au Tibet.
32
3. Les événements au Tibet depuis le
10 Mars 2008.
33
3.1 Les circonstances du soulèvement
tibétain.
33
3.2 L'ampleur du soulèvement
tibétain.
34
3.3 La réaction chinoise au
soulèvement tibétain.
35
4. Bilan critique.
37
4.1 Ce que le stage m'a apporté au niveau
personnel.
37
4.2 Ce que le stage m'a apporté au niveau
professionnel.
41
5. Conclusion.
44
6. Bibliographie.
46
7. Sitographie.
47
8. Annexes
49
8.1 Liste des publications du CTDDH.
50
8.2 Carte du Tibet Historique.
55
8.3 Carte du Tibet Occupé.
56
8.4 Carte des protestations depuis le 10 Mars
2008.
57
Liste des
abréviations
ACT Administration Centrale
Tibétaine
AFT Association des Femmes
Tibétaines
CAPT Caisse d'Aide au Prisonniers
Tibétains
CDHNU Conseil des Droits de l'Homme des Nations
Unies
CIT Campagne Internationale pour le Tibet
CSPT Comité de soutient au Peuple
Tibétain
CTDDH Centre Tibétain pour la
Démocratie et les Droits de l'Homme
CTS Comité Tibétaine de
Solidarité
ETL Etudiants pour un Tibet Libre
FHB Fondation Heinrich Böll
FTC Free Tibet Champaign
HRW Human Rights Watch
JO Jeux Olympiques
ONG Organisation non gouvernementale
RFA Radio Free Asia
RPC République Populaire de Chine
RTFC Raise Tibetan Flags Campaign
TCHRD Tibetan Centre for Human Rights and
Democracy
TIN TibetInfoNetRemerciements
Ce voyage et la fin de mes études de droit sont
l'aboutissement d'un vieux rêve d'enfance qui n'aurait jamais pu se
réaliser sans l'aide précieuse de nombreux amis comme: Bernard et
Jacqueline qui m'ont accueillis comme leur fille pendant mes années les
plus difficiles en France, Thierry qui a toujours réussi à me
redonner courage et sourire lorsque je les avais perdus, la famille
Lecarpentier qui m'a pris sous son aile protectrice dans l'amitié et la
bonne humeur, Pauline qui est devenue ma meilleur amie, François qui me
donnait confiance en moi lorsque j'en avais le plus besoin, et la liste est
tellement longue que je devrait peut être écrire un autre rapport
pour essayer d'exprimer toute la gratitude que je ressens envers ces personnes
et bien d'autres, qui par leur amour et par leur soutient m'ont amené
petit à petit à considérer la France comme mon chez moi.
De plus, l'aventure de mon intégration en France a
culminé par une dernière année universitaire que je
considère sans le moindre doute comme la meilleure de mes longues
études et cela grâce à l'équipe
dévouée et l'enseignement de qualité de l'IDHL,
grâce aux rencontres inoubliables que j'ai pu faire en son sein et
grâce aux possibilités qu'ils m'ont offert en m'accordant leur
confiance. Je tiens ainsi particulièrement à remercier Laurent
GEDEON pour son ouverture d'esprit, André DIZDAREVIC pour sa rigueur de
"militaire", Mme LORCHEL pour sa patience et tout le corps professoral pour le
professionnalisme dont ils ont fait preuve durant l'année.
Je tiens enfin à remercier Michael KÖBERLEIN de la
Fondation Heinrich Boll pour sa diligence et l'équipe du CTDDH pour leur
accueil et le partage de leur savoir. Je tiens particulièrement à
remercier Tenzin URGEN pour sa disponibilité, Tashi CHOEPHEL pour ses
conseils éclairants, Tashi PHUNTSOK pour ses leçons sur
l'histoire de son peuple, Lobsang TSULTRIM pour son humour mais
également toute l'équipe pour m'avoir appris comment garder
espoir et bonne humeur dans les moments les plus difficiles que la vie peut
nous réserver.
Avant propos
Deux principales raisons m'ont conduit à chercher et
à trouver un stage à Dharamsala. La première était
ma curiosité relative à la culture tibétaine
éveillée il y a très longtemps par Alexandre Csoma Koros,
un hongrois de Roumanie comme moi. Cet illustre scientifique, homme remarquable
et auteur du premier dictionnaire tibétain-anglais ainsi que de nombreux
autres travaux sur le Tibet est le fondateur de la tibétologie. La chose
qui m'a beaucoup touché c'est qu'on trouve encore ses travaux sur les
étages des librairies et des bibliothèques de Dharamsala.
La deuxième raison est bien sur le stage qu'on est tenu
à effectuer dans le cadre du Master 2 de Théorie et pratique des
Droits de l'Home et dont l'objectif est d'acquérir une expérience
professionnelle dans la pratique des organisations internationales et la
protection des droits humains. J'aurais bien sur préféré
trouver une organisation au Tibet mais puisqu'il est devenu une destination
difficilement accessible aux étrangers je n'avais d'autre choix que de
trouver des tibétains ailleurs qui en plus travaillent dans le domaine
de la protection des droits humains. Le stage au sein du Centre Tibétain
pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (CTDDH) réunit
parfaitement tant mes objectifs personnels que mes objectifs professionnels.
Le défi a été rendu encore plus
intéressant par deux facteurs. Le premier est le fait que le Centre se
trouve à Dharamsala en Inde ce qui m'a permis de découvrir en
même temps deux cultures totalement différentes, celle des
tibétains et celle des indiens ainsi que leur cohabitation. Le
deuxième est le fait que je me suis retrouvée en
quasi-première loge du jeu politique international qui a suivi la
réaction chinoise aux soulèvements tibétains du mois de
Mars 2008. Ce contexte m'a offert une lumière particulièrement
éclairante sur la place du concept des droits de l'homme dans les
nouvelles relations internationales et m'a donné le cadre d'analyse de
mon rapport de stage.
Contrairement aux autres régions du monde, l'Asie ne
dispose d'aucun système régional de protection des droits humains
même si la plupart des pays asiatiques ont ratifié une grande
partie des instruments internationaux de protection des droits humains. La
raison en est probablement parce que les systèmes de protection
nationaux eux même ne sont qu'à un état embryonnaire, voir
inexistants selon les critères internationales.
L'absence d'un système régional de protection
des droits humains et les aléas de la diplomatie internationale rendent
le travail des protecteurs des droits humains encore plus ardu. On peut donc se
poser la question comment et dans quelle mesure arrivent ces derniers à
faire avancer la lutte pour l'accomplissement des Droits de l'Homme. Promouvoir
et protéger les droits humains en France ou un autre pays occidental ne
demande pas les mêmes investissements et n'a pas les mêmes effets
que dans un pays asiatique.
Ma curiosité était donc impatiente, les
intérêts en jeu importants et ce que j'ai trouvé a
dépassé tout ce que j'ai imaginé même si j'ai
essayé de mettre à coté tous mes préjugées
pour pouvoir mieux accueillir les nouvelles expériences. Le stage au
CTDDH était non seulement une première expérience
professionnelle importante mais aussi un voyage déroutant dans
l'inconnu, l'incompréhensible, l'inédit qu'est l'Inde. Juste
avant de partir quelqu'un m'avait conseillé de profiter de cette
occasion pour déconstruire et reconstruire les représentations
que j'ai pu accumuler au fil des années. A présent je ne suis que
dans la phase de déconstruction et il me reste encore beaucoup à
faire.
Introduction
Les relations sino-tibétaines sont extrêmement
complexes et même si le résultat de cette situation est la
violation flagrante des droits du peuple tibétain je ne
l'évoquerait, au cours de mes développements, que du point de vue
de l'efficacité du concept des droits humains aujourd'hui.
Néanmoins une brève historique s'impose pour mieux situer le
rôle des réfugiés tibétains dans la lutte pour les
droits de leurs frères au Tibet.
C'est au deuxième siècle que le Tibet est
mentionné pour la première fois dans les documents historiques
mais ce n'est qu'au septième siècle que le premier ambassadeur
est envoyé en Chine. C'est au septième siècle aussi
qu'apparait l'écriture tibétaine, que débute le bref
Empire tibétain et qu'il est introduit pour la première fois le
bouddhisme. Apres la disparition du premier roi fédérateur, le
Tibet continue à agrandir son territoire. En 763 les tibétains
envahissent la capitale de la Chine et mettent en place un nouvel empereur mais
cent ans plus tard le pays se trouve de nouveau divisé. Le Tibet a un
fonctionnement de royauté et de féodalité où le
pouvoir central est menacé par les conflits entre clans religieux et les
membres de la famille royale. Le pays se constitue progressivement dans une
théocratie féodale ou la lutte entre les différentes
lignées religieuses sévissent.
Au cours des siècles suivants, les différentes
factions tibétaines prennent l'habitude de solliciter l'aide des
protecteurs étrangers pour asseoir leur position ou lutter contre une
menace militaire. Ainsi les mongols et les chinois, successivement, influencent
plus ou moins intensément la vie politique tibétaine.
En 1720 le Tibet devient un Etat vassal de la Chine. Mais ce
protectorat est plus ou moins souple en fonction des périodes de trouble
ou de calme et avec l'affaiblissement de l'Empire Chinois cette influence
devient de plus en plus virtuelle. Le Tibet retrouve une souveraineté de
facto au dix-neuvième siècle tout en acceptant une protection
militaire. Mais c'est à ce moment aussi que les anglais tentent de les
coloniser par différentes stratégies notamment par le biais de la
Chine qui a perdu tout pouvoir sur le Tibet. La résistance
tibétaine est sauvagement écrasée en 1904 provoquant la
fuite du treizième Dalai Lama. Les Anglais vont occuper pendant 75 ans
une partie du territoire tibétain et les chinois gardent toujours leur
suzeraineté. Les décennies suivantes le Tibet essaye vainement de
retrouver son indépendance. Il n'obtiendra jamais aucun soutien de la
part des autres pays qui ne pensent qu'à leurs intérêts.
En 1950 la Chine annonce la libération du Tibet et en
1951 entre dans le territoire tibétain. Le 23 mai 1951, l'Accord en 17
points sur la libération du Tibet est signé avec la Chine par la
délégation tibétaine sans l'accord de son gouvernement. Le
Tibet devient une province de la Chine. En mars 1959 le peuple tibétain
se soulève, il est sauvagement écrasé avec un
résultat de 80 000 morts. Le Dalai Lama s'enfuit à Dharamsala, en
Inde et forme le gouvernement tibétain en exil le 29 avril 1959.
La communauté tibétaine en exil ne compte pas
moins de 150 000 réfugiés dont la plus grande majorité se
trouve en Inde. Le cas des réfugiés tibétains en Inde est
unique au monde en ce qu'ils ont particulièrement bien réussi la
reconstruction de leur vie en exil. Une réussite due à de
nombreux facteurs comme le courage et la volonté de fer des premiers
arrivés, l'accueil généreux du gouvernement indien et le
soutien matériel important qu'aient fournis des bienfaiteurs du monde
entier. Tout n'est pas, bien évidemment, rose comme on peut l'imaginer
et selon une étude réalisée par Lydiane Dumas en 2007, des
disparités importantes existent entre les différents camps de
réfugiés tibétains en Inde et la cohabitation avec les
indiens peut être marquée par des tensions latentes qui
éclatent parfois en violentes confrontations. Malgré ces
tensions, la cohabitation entre les deux communautés reste
généralement pacifique et c'est l'avenir précaire des
tibétains exilés qui est plutôt inquiétant.
Précarité due à la situation de leur pays d'origine mais
aussi au statut de réfugié. En effet il est très difficile
de savoir actuellement quel sera le sort du Tibet dans les années
à venir et le souhait de la plupart des réfugiés est de
retourner dans leur pays mais à condition qu'il devienne libre. De plus
leur statut de réfugié ne leur offre pas vraiment le confort de
la possibilité de pouvoir planifier une vie comme peut le faire un
national. Rien ne s'oppose dans la législation indienne à ce que
les réfugiés tibétains obtiennent la nationalité
indienne, à part la réticence des tibétains eux même
qui ont peur de perdre leur identité par cet acte qui leur assurerait
pourtant plus de sécurité.
Malgré la connotation négative qu'on peut
rattacher à la notion de précarité, la situation des
réfugiés tibétains en Inde est positive surtout si on la
compare à d'autres communautés de réfugiés. Ils ont
pu reconstruire non seulement un gouvernement mais également la plupart
de leurs institutions traditionnelles: de nombreux monastères, des
instituts d'études et de médecine traditionnelle, des
bibliothèques, des écoles et des cadres de préservation
de l'art tibétain. C'est une reconstruction qui est une garantie
importante de la préservation de leur identité certes mais qui ne
les préserve pourtant pas des changements inéluctables. Ce sont
des changements que subit forcément toute société qui a
décidé pour une évolution interne et ce sont aussi les
changements dus au contact avec d'autres sociétés.
Des changements internes, tout d'abord introduits par le
Dalaï Lama lui même, qui dès son arrivé en exil a
entrepris la démocratisation du système théocratique et
quasi-féodal du gouvernement. Mais ce système reste encore
théocratique puisqu'il reste fondé sur l'union de valeurs
spirituelles et laïques. Le 2 septembre 1960 a été
crée le Parlement tibétain en exil comprenant 46 membres
élus représentant chaque province du Tibet historique ainsi que
les principales écoles bouddhistes tibétaines. Le 10 mars 1963 a
été promulguée une Constitution fondée sur la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Le Parlement est l'organe
législatif et le Gouvernement ou le Kashag est responsable devant lui
pouvant être renversé à la majorité simple des
députés. Le Dalai Lama est le chef de gouvernement mais le
Parlement peut lui retirer ses responsabilités politiques à la
majorité des deux tiers et nommer un Conseil de régence.
Le Kashag est le corps exécutif majeur de
l'Administration Centrale Tibétaine (ACT) : il réunit les
ministres avec le Dalai Lama. Il est chargé de prendre les
décisions concernant les réfugiés tibétains et la
diffusion au niveau mondial d'informations sur la problématique
tibétaine. Pour la première fois en 2001 fut élu au
suffrage universel le Président du Kashag et c'est lui qui nomme les 7
autres membres du cabinet, les ministres. Il existe également trois
commissions autonomes chargées respectivement de : superviser
l'élection de tous les corps électifs; du recrutement et de la
nomination des fonctionnaires du service public, d'audit, de
comptabilité, des départements de l'administration et des
structures qui en dépendent.1(*)
C'est un fonctionnement politique qui est en totale rupture
avec les traditions et qui représente un pas de géant vers une
nouvelle société tibétaine. Mais les intentions
réformatrices du Dalai Lama ne s'arrêtent pas là. Dans le
cadre d'une négociation réelle avec le gouvernement chinois il
est décidé à ne plus être le chef du gouvernement
tibétain et il a émis le souhait d'une véritable
séparation de l'Eglise et de l'Etat.2(*)
Les changements que subit la société
tibétaine viennent également de l'extérieur. Au Tibet
c'est un changement qui est imposé à "coup de bâton", en
Inde c'est un changement qui est imposé par
« l'invasion » des occidentaux en quête de
réponses à des questions plus ou moins pertinentes. Les
influences de la société indienne se ressentent beaucoup moins
fortement pour la simple raison que la communauté tibétaine se
garde de l'intégration totale dans le souci de conserver son
identité. Ce qui est intéressant est qu'elle se montre beaucoup
moins précautionneuse s'agissant de la culture occidentale. Ainsi
l'image, que je me suis faite des moines et des nonnes bouddhistes
entièrement consacrés à l'étude des textes
bouddhiques, s'est ternie à la vue de beaucoup de ces mêmes
personnes qui se retrouvent régulièrement dans des cafés
pour échanger leur numéros de portables ou leur dernières
acquisitions technologiques du monde moderne qu'est le nôtre.
Malheureusement ce n'est pas l'adoption de nos gadgets électroniques qui
est la pire influence sur les traditions tibétaines. L'alcool et la
drogue en font aussi partie. L'effet de ces derniers est bien sur
aggravé lorsqu'ils sont consommés par ceux qui n'ont pas de
travail ou de projet d'avenir.
Malgré ces mutations imparables, la communauté
tibétaine en exil s'efforce de garder sa spécificité tout
en s'adaptant progressivement aux nouvelles valeurs de la démocratie et
en continuant de lutter pour ceux qui sont restés au Tibet. En effet
nombreuses sont les structures qui participent, selon les besoins de la cause
et de la communauté, au développement de la nouvelle
société tibétaine et à l'amélioration, dans
la mesure du possible, de celles restées au Tibet.
Ainsi par exemple l'Ecole Tibétaine de Transit
accueille les nouveaux arrivants du Tibet de plus de 18 ans, en leur
fournissant logement, nourriture et pour beaucoup d'entre eux une
première éducation. Elle accueille plus de 800 étudiants
qui peuvent rester pour une période maximale de 5 ans. Les Villages
d'Enfants Tibétains assurent l'éducation de plus de 16000
enfants, partout en Inde.3(*) Ce ne sont pas que des simples écoles puisque
comme son nom l'indique ce sont des véritables villages ou la
majorité des habitants sont des enfants qui peuvent venir de très
loin ou juste du village d'à coté. Ces villages fonctionnent
comme les internats et les enfants qui viennent de loin ne voient leurs
parents, s'ils en ont, que pendant les très brèves
périodes de vacances. Ceux qui poursuivent des études
supérieures, c'est à dire plus de 80% des élèves
sortants, vont devoir rejoindre les grandes villes universitaires indiennes.
D'ailleurs la toute première Université Tibétaine en exil
vient d'ouvrir ses portes cette année à Bangalore et les
premières admissions ont en principe commencé en Juillet. A la
différence de l'Université Tibétaine de Sarnath4(*), qui est exclusivement
dédié aux études traditionnelles tibétaines, la
nouvelle Université a pour objectif de fournir une éducation
combinant les études traditionnelles avec les études
contemporaines.5(*)
Une autre organisation importante est aussi Gu Chu Sum6(*), association
spécialisée dans la prise en charge des ex-prisonniers
politiques. L'Association des Femmes Tibétaines (AFT) est
composée entièrement de femmes et, comme son nom l'indique,
approche la question tibétaine du point de vu spécifique des
femmes. Le Congrès de la Jeunesse Tibétaine7(*) est une organisation non
gouvernementale (ONG) qui regroupe la partie la plus activiste de la population
tibétaine en exil.8(*) Le Comité Tibétaine de Solidarité
(CTS)9(*) est composé
des membres du parlement et du gouvernement tibétain en exil. Il a
été crée récemment, suite aux
événements du 10 Mars 2008 et il a pour objet de planifier,
d'informer, de coordonner et de conduire le mouvement en exil pour
résoudre la crise actuelle au Tibet.10(*) Le Raise Tibetan Flags Campaign (RTFC)11(*) est un mouvement qui a
été crée aussi suite aux événements
récents au Tibet et son objectif est de promouvoir la prise de
conscience en hissant le plus de drapeaux tibétains possible. Les ONG
internationales comme Etudiants pour un Tibet Libre12(*) (ETL), TibetInfoNet13(*) (TIN), Campagne Internationale
pour le Tibet14(*) (CIT)
sont également présentes sur place.
Suite aux événements récents, tous ces
groupes se sont fortement mobilisés en organisant des manifestations
pacifiques quotidiennement dans les rues de Mcleod Ganj. Les associations AFT,
ETL, Gu Chu Sum et le Parti National Démocratique
Tibétain15(*) ont
formé le collectif Mouvement de Soulèvement du Peuple
Tibétain et ont initiés la longue marche de retour au Tibet,
largement médiatisée.16(*) D'innombrables manifestations de soutient ont
été organisées partout dans le monde pendant cette
période surtout lors du passage de la flemme olympique dans les grandes
villes.
D'ailleurs c'est le seul acte concret qui a été
fait par la communauté internationale en faveur des tibétains
cette année et j'entends ici par la communauté
internationale la société civile parce que les
gouvernements ont fait preuve d'une démarche plutôt satirique,
méprisant ainsi le sang versé par les centaines de
tibétains qui sont morts depuis le 10 Mars 2008. Même la
très volontaire Angela Merkel a refusé de recevoir le Dalai Lama
suite à l'incident diplomatique avec la Chine après la rencontre
de l'année dernière, laissant son Ministre de
Développement se débrouiller avec les critiques suscités
par la rencontre entre ce dernier et le Dalai Lama au mois de Mai.17(*) Et comment pourrons-nous
oublier les menaces du Président français de ne participer
à la cérémonie d'ouverture à condition que les
choses changent significativement au Tibet? Certes il y a eu une tentative de
dialogue entre les tibétains et la Chine, mais elle a été
aussi stérile que toutes les 6 autres tentatives depuis 200218(*), la Loi Martiale est toujours
en vigueur au Tibet (27 Aout 2008) et le Président français
à Beijing, laissant sa femme s'occuper du Dalai Lama présent en
France au même moment. Le seul dirigeant à boycotter
officiellement la cérémonie d'ouverture était le
président du Parlement européen, l'Allemand Hans-Gert
Pöttering, la chancelière allemande n'ayant d'autre excuse pour son
absence que le conflit entre les Jeux et ses congés annuels!19(*)
D'autres acteurs politiques n'ont pas hésité
à comparer les Jeux de Pékin au Jeux Olympiques de Berlin de
1936. Mais l'opposition s'arrête là et dès qu'il s'agit des
questions plus concrètes, les intérêts économiques
prévalent sur tout autre chose. Ainsi par exemple en juin 2007 lorsque
les autorités chinoises voulurent adopter une loi réduisant le
nombre des salariés sans contrat, à faire payer les heures
supplémentaires et à obtenir des négociations salariales,
les chambres de commerce américaine et européenne se sont
farouchement opposés et le président de l'époque de cette
dernière n'a pas hésité à déclarer que cette
loi pourrait amener les sociétés étrangères
à «reconsidérer leurs nouveaux investissements ou la
continuation de leurs activités en Chine», en raison de possibles
« augmentation des coûts et réduction de la
flexibilité».20(*) Et en même temps qu'ils s'opposent
à une "avancé sociale trop brusque" en Chine, les acteurs
occidentaux continuent à accuser ce même pays de fausser la
concurrence mondiale par le manque de législation sociale tout en le
condamnant pour les abus commis contre les droits de l'homme dont la Chine est
certainement coupable.21(*) En sachant que la Chine détient la plupart des
dettes des grandes économies occidentales on peut se demander comment
pourraient faire autrement ces derniers. En attendant la réponse
à cette question, qui dépasse largement mes capacités, je
ne peux que constater que le concept des droits de l'homme n'est qu'une arme
parmi d'autres dans la guerre économique entre les anciennes et les
nouvelles puissances mondiales et que les défenseurs des droits humains
ont des taches qui dépassent largement leurs moyens.
Sans en être totalement consciente à
l'époque, c'est dans ce contexte que j'ai commencé mon stage au
CTDDH au mois d'avril. Je m'attelais à ma tache avec enthousiasme et
avec l'espoir, insufflé par mes collègues, que peut être
les choses vont cette fois vraiment changer. Certes pour moi les choses ont
changé: j'ai eu une expérience inoubliable, j'ai appris
énormément de choses et probablement je ne verrais plus jamais le
monde avec le même oeil mais pour le tibétains au Tibet, rien n'a
changé et il y a même le risque qu'après la fin des Jeux
leur condition s'empire. Néanmoins ils m'ont également
montré comment voir plus loin qu'une nouvelle défaite et comment
résister même si les chances sont quasi-inexistantes.
1. Présentation du Centre
Tibétain pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (CTDDH).
1.1 Circonstances de la
création du CTDDH.
Le CTDDH à l'origine faisait partie du gouvernement
tibétain en exil en tant que bureau spécialisé en droits
humains du Département des Relations Internationales. En 1996 il est
devenu la première ONG tibétaine de défense des droits
humains à s'être établie en Inde. L'objectif de cette
conversion était de créer un organisme apolitique qui pourrait
porter une critique plus objective sur la politique du gouvernement chinois au
Tibet du point de vue des droits de l'homme et pour disposer d'une
liberté de parole plus importante qu'un gouvernement.
Le logo du CTDDH est l'image d'une colombe blanche à la
hausse de flammes. La colombe et le rameau d'olivier sont les emblèmes
universels de la paix. Les flammes, dessinées dans le style
tibétain traditionnel, représentent les souffrances du peuple
tibétain, ainsi que les effets dévastateurs et la force
purificatoire de la vérité.
1.2 Missions du CTDDH.
Le CTDDH a deux missions principales: promouvoir et
protéger les droits de l'homme du peuple tibétain au Tibet et
sensibiliser la communauté tibétaine en exil sur les concepts des
droits de l'homme et de la démocratie. Accessoirement il s'occupe
également du projet français Caisse d'Aide au Prisonniers
Tibétains (CAPT).
1.1.1
Promouvoir et protéger les droits de l'homme du peuple tibétain
au Tibet.
1.1.1.1 Les droits de l'homme du
peuple tibétain au Tibet.
Depuis l'invasion du Tibet par la Chine les tibétains
subissent une répression continue et systématique de leurs droits
les plus élémentaires de la part des autorités chinoises
dans la continuation de la révolution culturelle. Sous prétexte
d'apporter progrès et changement au système féodal qu'ont
connu les tibétains, les autorités chinoises détruisent
progressivement leur culture, leur histoire et leur avenir.
A partir de 1959, date de l'insurrection et de la fuite du
Dalai Lama vers l'Inde, une série de réformes ont
été mis en place au Tibet, notamment l'abolition du servage. Mais
à part cet unique résultat positif, les réformes ont eu
pour conséquence la destruction de plus de 6000 monastères, la
répression totale de toute liberté religieuse, le déni des
droits civils et politiques ainsi qu'économiques, sociaux et
culturels.
Selon Amnesty International, depuis 1987, plus de 214
tentatives de manifestations pour l'indépendance ont été
réprimées et les manifestants arrêtés
expédiés dans des camps de travail. Tous ont été
condamnés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison. De
nombreux chefs spirituels ont été contraints de fuir22(*) sous la menace de disparitions
forcées, de détentions arbitraires, tortures23(*) et traitements
inhumains24(*). Ceux qui
restent sont obligés de suivre des séances de
"rééducation patriotique" dont l'objet principal consiste
à essayer de faire renier par les tibétains le Dalai Lama et
toute leur tradition
En plus des restrictions de leur liberté religieuse et
culturelle, les tibétains subissent une marginalisation de plus en plus
manifeste dans l'accès aux soins, au travail, à
l'éducation. Le nombre des chômeurs tibétains a
considérablement augmenté depuis l'arrivage massif des
travailleurs chinois par le train reliant la Chine et le Tibet mis en place en
2007.25(*) Les populations
nomades sont contraintes à la vie sédentarisée et
confrontées aux difficultés économiques que cela induit
tandis que l'exploitation des nombreuses ressources naturelles est
réservée exclusivement aux populations chinoises.26(*) La situation semble sans issue
d'autant plus que toute tentative de dialogue constructive avec les
autorités chinoises sont vouées à l'échec
d'avance.
1.1.1.2 Les moyens du CTDDH pour
promouvoir et protéger les droits humains du peuple tibétain.
Le Centre accomplit sa mission par divers moyens comme les
enquêtes, la recherche, les publications ainsi que les ateliers de
discussion et les campagnes de sensibilisation.
Le CTDDH effectue des enquêtes systématiques sur
la situation des droits humains au Tibet et surveille les politiques de la
République Populaire de Chine (RPC). Le Centre publie chaque
année un rapport annuel, des rapports thématiques, des profils
d'anciens prisonniers politiques, des bulletins mensuels, des
communiqués de presse et des brèves.27(*)
Les publications se font en anglais et en tibétain. Il
n'y a qu'une brochure d'information sur le CTDDH qui est traduite dans d'autres
langues: français, espagnol et allemand. Pendant ma présence au
Centre une voyageuse française est passée et leur a
proposé de traduire quelques-uns de leurs travaux. Proposition
précieuse puisque aucune des sources principales ne dispose de version
française, même pas le site du gouvernement tibétain alors
qu'il est traduit en huit autres langues.
Les rapports annuels reprennent et synthétisent toutes
les informations qu'ils ont accumulé pendant l'année
écoulée et ils sont publiés au mois de janvier de
l'année suivante.28(*) Ils publient également de nombreux rapports
thématiques qui approfondissent des sujets plus spécifiques comme
les prisonniers, la torture au Tibet, la peine de mort en Chine et ainsi de
suite.29(*)
Le CTDDH participe régulièrement à la
Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies (nouvellement Conseil des
Droits de l'Homme) ainsi que dans d'autres conférences
régionales, nationales et internationales. Cette participation vise
à mettre en lumière la situation des droits humains au Tibet, de
faire pression et de créer un réseau pour la promotion et la
protection des droits de l'homme au Tibet. Le CTDDH mène
également des campagnes d'envergure internationale telles que la
rédaction de lettre, la signature des recours, et des appels pour des
visites des délégations et des médias internationales.
1.1.2
Sensibiliser la communauté tibétaine en exil sur les concepts des
droits de l'homme et de la démocratie.
Le CTDDH organise des ateliers, des débats publics et
des campagnes visant à susciter une culture des droits de l'homme et de
la démocratie au sein de la communauté tibétaine en exil.
Deux ateliers ont lieu par an pour les étudiants et les
différents publics cibles en même temps que le personnel du CTDDH
visite les écoles, les institutions et les différents
établissements pour donner des conférences. Le CTDDH organise
également diverses activités de campagne et de programmes de
sensibilisation afin d'élargir et d'approfondir les connaissances du
public cible et afin d'obtenir leur soutien.
De mon expérience personnelle ce volet
d'activité du Centre semble s'amoindrir dans le sens ou certes les
travaux du Centre sont reconnus comme référence par les
différentes ONG et les instances internationales mais très
souvent lorsque je discutai avec les tibétains, ils ne savaient pas de
quoi il s'agissait. Lorsque j'en ai parlé au directeur il a admis que
ces dernières années, ils se sont plus concentrés sur la
recherche et la publication sur les violations des droits humains des
tibétains au Tibet que sur l'éducation de la communauté en
exil. Ils ne se définissent pas comme une organisation activiste mais
plutôt comme un groupe de recherche, un travail qui demande
déjà beaucoup de ressources. Certes ils vont dans les
écoles, des écoliers visitent le Centre, ils donnent des
conférences à des occasions particulières mais ces
activités sont devenues secondaires parmi les priorités du
Centre.
J'ai discuté avec le directeur sur les
possibilités de rendre plus visible leurs travaux au sein de la
communauté à Dharamsala et j'ai proposé d'instaurer un
espace d'affichage à l'entrée du temple principal. Tout en
admettant que c'était une bonne idée il a émis l'objection
que s'ils demandent un espace spécial à l'administration du
temple toutes les autres associations vont faire de même. Je trouve que
l'idée n'est pas à jeter et qu'un tel espace serait vraiment
utile puisque, même si toutes leurs publications se trouvent sur
Internet, je doute que la plupart des tibétains aient l'argent suffisant
de passer des heures dans les cafés Internet pour les lire.
Ce qui me réjouit par contre c'est que j'ai
rencontré une jeune tibétaine qui a l'intention de créer
des espaces réels de discussion et de débat pour la
communauté. Ce n'est pour l'instant qu'une idée mais cela prouve
qu'une nouvelle génération émerge qui est consciente des
lacunes de ce système semi-démocratique qu'à adopté
le gouvernement tibétain et qui ont des idées pour amener
progressivement des changements réels.
1.1.3 Le projet Caisse d'Aide
au Prisonniers Tibétains.
La CAPT a été crée par le Comité
des Soutient au Peuple Tibétain (CSPT), une ONG française
fondée en 1987 avec l'objectif d'informer l'opinion publique
française et d'agir auprès des responsables politiques. En 1992,
le CSPT a organisé une campagne de parrainage des prisonniers politiques
tibétains et en 1996 créée le projet CAPT, programme
d'accueil et de soutient aux prisonniers politiques tibétains. Le CAPT a
été géré jusqu'en 2006 par des français puis
le CTDDH a pris le relais.
Actuellement le rôle du CTDDH consiste à
établir le profil des ex-prisonniers politiques et de proposer au CSPT
ceux qu'ils considèrent éligibles au programme. En
général le CSPT accepte toutes les propositions du Centre qui est
ensuite chargé de redistribuer l'argent aux bénéficiaires.
Actuellement 50 ex-prisonniers politiques bénéficient du
programme et le montant de l'aide est entre 3000 et 5000 roupies tous les trois
mois en fonction des sponsors.
1.3 Fonctionnement du CTDDH.
1.3.1 Les instances
dirigeantes.
Sa Sainteté le Dalaï Lama est le "patron" du
CTDDH. Contrairement à ce qu'on pourrait penser le mot "patron" ne
couvre qu'un lien de spiritualité. Le Centre est totalement
indépendant du gouvernement tibétain en exil. Le Comité
consultatif international est composé de personnalités du monde
entier.
Le CTDDH fonctionne sous l'égide d'un conseil
d'administration composé de sept à douze membres issus des
différents secteurs de la société qui agissent à
titre de fiduciaires du Centre. Le Directeur exécutif, en tant que
principal membre de la haute direction, assume l'entière
responsabilité du Centre.
1.3.2 Le personnel.
Le CTDDH a un personnel entièrement tibétain
qui connaît la réalité d'une vie sous l'occupation et qui
sait ce qu'est d'être né en exil ou d'avoir été
prisonnier politique. Deux d'entre eux ont été prisonniers
politiques. Le directeur-adjoint a d'ailleurs témoigné au mois de
mai devant la Cour de Justice Espagnole qui s'est saisie d'une plainte
déposée par des ONG tibétaines à l'encontre de la
Chine accusée de crime contre l'humanité. Les mises en examen
sont des politiques de haut rang, dont deux ministres en exercice ainsi que
deux généraux des armées.30(*)
L'équipe se compose du directeur, d'un sous-directeur,
de deux chercheurs, d'un agent responsable des relations avec les organisations
internationales, de deux agents de terrain, un responsable de communication et
du support audio-visuel, une secrétaire, une comptable, un agent de
service, un chauffeur et un volontaire tibétain qui travaille avec eux
depuis deux ans. Apparemment les candidatures des volontaires du monde entier
sont nombreuses mais j'étais la première avec un statut de
stagiaire. D'ailleurs j'ai l'impression qu'il y a eu une confusion
générale sur l'origine de ma candidature. En fait ma candidature
est passée par l'intermédiaire de la Fondation Heinrich
Böll, dont le siège de Delhi était ma première cible,
mais qui n'avait pas de place et qui m'a recommandé le Centre. Lorsque
j'ai demandé au directeur s'il a acceptait ma candidature introduite par
la FHB, il a répondu par l'affirmative. Situation assez
intéressante puisque c'est en vérifiant la
crédibilité du Centre que j'ai découvert la FHB et que
j'ai candidaté à leur siège de Delhi en attendant la
réponse de l'AFT.
1.3.3 Budget: le partenariat avec
la Fondation Heinrich Böll.
CTDDH reçoit l'intégralité de son
financement, c'est à dire 3.500.000 roupies (56.451 euros) par an, de la
FHB. Pour des raisons de fiscalité, l'argent est d'abord versé
à l'ACT qui va ensuite le transférer aux comptes du CTDDH. En
effet les ONG en Inde ne peuvent recevoir des donations sans avoir à
payer des taxes importantes sauf si elles ont obtenu des exonérations
fiscales. La FHB fait partie du mouvement politique des Verts. Basée en
Allemagne, la Fondation maintient 24 bureaux à l'étranger et
soutient actuellement environ 130 projets dans 60 pays sur les quatre
continents. Elle promeut les valeurs de l'écologie, du
développement durable, de la démocratie et des droits humains.
Elle met un accent particulier sur l'égalité entre les sexes
ainsi que sur le respect des minorités ethniques.31(*)
Le CTDDH dépend aussi, dans une moindre mesure,
d'autres organismes de financement ainsi que de dons individuels pour les
petits projets et des activités telles que les ateliers et les
campagnes.
Le Centre compte actuellement 150 membres permanents mais les
cotisations sont maintenues à un minimum pour encourager les gens
à se joindre au CTDDH et de leur permettre de connaître et de
recevoir des informations sur la situation des droits de l'homme au Tibet. La
cotisation annuelle est de 100 roupies (1 euro et 61 centimes) pour les membres
en Inde, 20 USD pour les étudiants étrangers et 40 USD pour les
autres. Sur demande, les membres ont le droit de recevoir gratuitement chaque
mois les mises à jour sur les droits de l'homme et d'autres
publications.
1.4 Méthodes de travail
1.4.1 Les sources
d'information.
CTDDH est unique en son genre puisqu'il
bénéficie d'un accès direct et immédiat à
l'information de la part des réfugiés tibétains fuyant par
le Népal à Dharamsala. La principale source d'information du
Centre sont les réfugiés tibétains fraichement
arrivés du Tibet. Mais cette source d'information n'est pas la seule. Le
Centre reçoit également des renseignements directement du Tibet
sans pour autant avoir un réseau stable d'informateurs. Les publications
du Centre étant bien connus, très souvent les individus, qu'ils
soient des laïques ou des monastiques, les contactent spontanément
par téléphone ou Internet. Les rares journalistes
étrangers qui ont accès au Tibet fournissent également des
renseignements précieux au Centre.
Ils ont une politique de protection de leurs sources
très stricte puisque les autorités chinoises ont une
définition très large de la notion de trahison d'Etat. Ainsi la
moindre indiscrétion du Centre sur l'identité de leurs
informateurs peut avoir des effets dévastateurs sur ces derniers qui
mettent en péril non seulement leur sécurité personnelle
mais également celle de leurs familles.32(*)
Selon un de mes collègues cette année
était la première fois qu'il y a eu autant d'information en
provenance direct du Tibet par l'intermédiaire de
téléphones portables qui ont permis non seulement la transmission
des informations verbales mais également la transmission de nombreuses
photos.
1.4.2 Traitement de
l'information.
Le CTDDH est la référence en matière
d'information sur la situation des droits humains au Tibet. Il est
internationalement reconnu autant par les différentes organisations
gouvernementales ou non gouvernementales que par les sociétés
médiatiques en tant que première source d'information fiable et
authentique. Ceci est le résultat du travail minutieux qu'effectue
l'équipe du Centre. En effet toute information faisant objet de
publication est scrupuleusement vérifiée avant d'être
porté à la connaissance du grand public en croisant les
différentes sources dont ils disposent.
La plupart des employés du Centre parlent couramment
l'anglais et deux d'entre eux le chinois aussi. Le fait de connaître la
langue chinoise leur permets de surveiller la presse chinoise qui est l'un des
moyens de propagande le plus puissant du gouvernement chinois au sein de la
population chinoise mais qui est très peu accessible à la
compréhension du public international. Le gouvernement chinois a bien
sur des chaînes de télévision, des journaux et des sites
internet en anglais et même en français mais les informations
qu'on y trouve sont triées et présentées en fonction du
message destiné à la communauté internationale, fortement
biaisées donc et très sommaires, ce qui limite
considérablement le travail de recherche. Moi même j'ai
été empêchée à trouver certaines informations
nécessaires à mon travail pour la simple raison qu'ils
n'étaient disponibles qu'en chinois.33(*)
Le fait donc que le Centre ait la capacité de
surveiller la presse chinoise est extrêmement important parce que cela
leur permet de réagir en connaissance de cause à la
désinformation propagée par le gouvernement chinois et de la
contrer dans la mesure du possible.
2. Mon travail au sein du
CTDDH.
2.1 Mission principale: Edition
d'une brochure d'information sur les événements au Tibet depuis
le 10 Mars 2008.
2.1.1 Méthodologie de la
mission.
Dans le cadre de ma première mission j'ai
été chargé de compiler une brochure d'information relatant
les événements au Tibet depuis le 10 Mars 2008. En effet lors de
49ème anniversaire du soulèvement tibétain de 1959 ont
éclaté les premières manifestations tibétaines et
qui n'ont pas cessé jusqu'aux Jeux Olympiques (JO). Ma tache
était de présenter toutes les démonstrations qui ont eu
lieu et qui étaient en cours dans un ordre chronologique. Ce qui
était prévu initialement comme un travail bref, est devenu un
quasi-livre dépassant les 80 pages étant donné que les
manifestations ont touchés toutes les régions du Tibet
Historique.
Comme je l'ai précisé plus tôt une des
missions du CTDDH est d'informer sur les violations des droits humains des
tibétains par les autorités chinoises. La répression
sanglante des émeutes récentes par ces mêmes
autorités a eu pour conséquence directe l'afflux incessant et
quotidien d'informations nouvelles. Mais ces informations ne couvraient pas la
totalité des régions concernées par les protestations. Le
but de cette brochure d'information était de donner l'image la plus
complète possible sur l'ensemble des événements. Ainsi ma
tache consistait à comparer et à compléter les
informations recueillis par le CTDDH à d'autres sources du même
genre. Toutes les informations sur lesquelles j'ai travaillé se
trouvaient sur Internet. Les autres sources étaient celles de 4
organisations différentes et indépendantes du CTDDH. Ces
organisations étaient: le Gouvernement Tibétain en Exil34(*) ou l'ACT, le TSC, les
associations Free Tibet Champaign35(*)(FTC), TibetInfoNet36(*) et Radio Free Asia (RFA).
L'ACT s'est constitué le 29 avril 1959 après la
fuite du Dalai Lama du Tibet et est basée à Dharamsala dans
l'Etat du Himachal Pradesh en Inde. Elle a pour mission à la fois de
prendre en charge les réfugiés tibétains et de restaurer
la liberté au Tibet. L'association FTC est une ONG, crée en 1987,
basée à Londres, elle milite pour le droit à
l'autodétermination des tibétains. Le TIN est une ONG qui fournit
des informations, des analyses et des publications sur la situation au Tibet.
Le RFA, basée aux Etats Unis, est une société
privée, à but non lucratif, qui diffuse des nouvelles et des
informations dans les neuf langues asiatiques aux auditeurs qui n'ont pas
accès pleine et libre aux médias.37(*)
Les sources les plus complètes et les plus utiles du
point de vue de ma tache, après celle du CTDDH, ont étaient
celles du CTA et du TIN. Selon les premières instructions la brochure
aurait du être d'une taille à peu près de 30 pages mais
étant donné la quantité d'information que j'ai
trouvé le directeur a décidé de ne plus poser de limite
concernant le nombre des pages.
Ce document a servi de base pour un documentaire audio-visuel
dans le cadre d'une conférence de presse le 6 Aout 2008.
Réalisé avec la collaboration de Rebecca Novick38(*) et destiné à une
distribution gratuite, le DVD sur les événements au Tibet a
également été présenté au Temple Principale
à Mcleod Ganj ; pour beaucoup de spectateurs c'était une
première prise de conscience de l'ampleur du soulèvement au
Tibet. Comme la plupart des autres travaux du Centre, le film est aussi
disponible en ligne. De plus, le Centre a envoyé plus de 250 de ces DVD
par voie postale à différentes organisations et de nombreux
autres exemplaires ont été distribués lors des divers
présentations organisées à Macleod Ganj. Les
réactions ont été chaque fois très positives et
émouvantes. D'ailleurs après l'avoir vu en ligne, plusieurs
personnes se sont proposées spontanément pour la traduction dans
d'autres langues, puisque actuellement le film n'est disponible qu'en anglais
et en tibétain, la traduction en chinois est déjà en
cours.
Le rapport sur les événements au Tibet est
toujours en cours d'édition. Un de mes collègues est
chargé de la mise en page du livre qui va demander beaucoup de temps
parce qu'ils souhaitent ajouter les photos dont ils disposent selon la date des
événements. Apparemment il va être publié au mois
d'octobre.
2.1.2 Difficultés rencontrées.
Une des premières difficultés que j'ai
rencontrées étaient d'ordre linguistique. Tous les documents et
sites internet sur lesquels j'ai travaillé étaient en anglais.
Même si j'avais des bonnes bases en anglais, je savais que les premiers
temps seraient difficiles puisque la pratique quotidienne me manquait Mais je
me suis beaucoup plus vite habituée à l'usage quotidien de
l'anglais qu'à la langue tibétaine. En effet les ressources sur
lesquelles je travaillais étaient bien en anglais, mais tous les noms de
personnes, de lieux étaient en tibétain auxquels je
n'étais absolument pas habituée auparavant. Concrètement
cela s'est traduit par une lenteur dans ma lecture comparative des
différentes sources. L'objectif était de donner l'image la plus
complète sur la situation tout en évitant les doublons. N'ayant
pas l'habitude des noms en tibétain, il m'était très
difficile de m'en souvenir s'il s'agissait bien des événements,
des lieux et des personnes différents ou pas pour une même date.
Faute de pouvoir apprendre le tibétain en quelques
semaines, j'ai remédié à ce problème par
l'utilisation de la fonction "Trouver" du logiciel Word mais non fiable
à 100% car il s'est avéré que les différentes
organisations utilisent des orthographes différentes pour les
mêmes noms de lieu ou de personne. Il fallait donc relire de nombreuses
fois pour éviter les doublons ou les faux doublons.
N'ayant jamais rédigé auparavant un document
aussi volumineux et à destination du grand public j'ai pris conscience
pour la première fois des nombreuses difficultés que l'on peut
rencontrer. J'ai du le relire au moins 20 fois et à chaque relecture je
trouvais quelque chose à corriger.
La deuxième difficulté était d'ordre
méthodologique. Comme je l'ai précisé plus tôt ce
qui fait la force du CTDDH est sa fiabilité. J'ai également
précisé que l'une des sources complémentaires qui
m'apportait le plus d'information était le TIN. Le problème avec
le TIN était qu'il ne précisait pas suffisamment leurs sources.
Les informations publiées n'étaient accompagnées que du
nom de l'organisation et de la date à laquelle les
événements ont été rapportés par la source
en question mais sans l'auteur, sans la date de publication, sans le lien exact
auquel on pouvait le retrouver. Ainsi pour pouvoir respecter le protocole de
toute publication et qui est aussi celui du CTDDH, j'ai du rechercher la source
première et exacte de plus de 80 paragraphes sur Internet.
Au delà des problèmes de droit d'auteur, un
enjeu plus important était la fiabilité des informations
provenant des autres sources. En effet, beaucoup d'événements
publiés par les autres organisations dont le CTDDH en avait
également connaissance n'ont pas été publiés par le
Centre en raison de l'absence d'une confirmation suffisante. C'est pour cette
raison, qu'une fois rassemblées toutes les informations que j'ai
trouvé pertinentes, la moitié de l'équipe a du relire
plusieurs fois le document avant d'accepter une version finale.
La troisième difficulté n'était pas
directement liée à la rédaction du rapport mais
plutôt à sa publication et a relevé un problème
d'organisation qui à mon avis aurait pu être évité.
En effet, au mois de mai, on m'a annoncé que le CTDDH devait être
présent à la session de juin 2008 du Conseil des Droits de
l'Homme des Nations Unies (CDHNU) et que le document de base de sa
présentation serait la brochure d'information sur laquelle
j'étais en train de travailler. Je continuais donc dans cette optique,
l'inquiétude commençait à me gagner, le délai
approchant et le travail loin d'être terminé. Une des raisons du
retard était que la vérification de mon travail par mes
collègues a pris plus de temps que cela n'aurait du. Depuis le 10 Mars
2008 le Centre avait un travail urgent ce qui explique un relatif manque de
temps mais n'explique pas qu'e l'un de mes collègues se soit
littéralement endormi sur mon rapport pour finalement ne me donner que
très peu de conseils pertinents. Heureusement un autre collègue
s'y est attelé avec beaucoup plus de sérieux et j'ai enfin pu
commencer à refaçonner le rapport, conformément aux
exigences réelles du Centre.
Malheureusement le passage devant le CDHNU a été
annulé à cause d'une mauvaise organisation En effet deux voyages
devaient être organisés ensemble : le premier à
Genève pour passer devant le CDHNU et le deuxième en Allemagne
pour des discussions avec la Fondation Heinrich Böll. Le visa pour la
Suisse a pu être obtenu dans les temps mais pas celui pour l'Allemagne
J'ai trouvé cela frustrant non seulement parce qu'on m'a laissé
dans l'ignorance mais également et surtout parce une belle occasion de
s'exprimer devant une instance internationale a été ratée
à un moment ou toute l'attention internationale se trouvait
concentré sur la cause tibétaine.
Au bout d'un certain temps je me suis rendu compte que ce
travail est le plus important de mon stage. Pour la première fois en
charge d'un travail aussi volumineux, j'ai eu du mal à évaluer si
la lenteur du processus était justifiée ou pas. J'en ai
parlé au directeur qui m'a "réconforté" en me disant qu'un
chapitre du rapport annuel demandait plusieurs mois de travail d'une personne
et comme toutes les publications sont les résultats d'un travail
d'équipe, le temps nécessaire aux corrections et
vérifications s'ajoutait ; le collègue qui m'a le plus
aidée a confirmé en me précisant que la nature du rapport
sur lequel je travaillais demandait encore plus de temps que d'habitude, en
raison de la quantité des informations et des vérifications
à effectuer. J'ai pris conscience de la nature complexe du travail de
recherche et d'investigation. C'est un processus qui demande beaucoup de
rigueur, de patience et de temps.
Néanmoins, les deux autres stagiaires, se plaignait
également de l'absence de surveillance et de suivie de leur travail.
J'ai l'impression que le directeur n'a pas très bien compris son
rôle dans mon stage. Lors de mes recherches sur Internet je suis
tombée sur une de leur page où ils ont publiés la
démission de deux anciens employés l'année
dernière. Les deux femmes ont démissionnés en raison d'une
bourse qu'elles ont obtenu pour aller au Etats Unis et avant
l'échéance des trois ans auquel elles étaient tenues par
leur contrat de travail. Lorsque j'ai demandé à un de mes
collègues ce que signifié l'obligation de trois ans, il m'a
répondu que c'était un moyen de garder suffisamment longtemps les
employés pour que le Centre puisse en profiter de la formation qu'il
leur a fournit. En partant de ces faits je me dis que peut être ils
pensent que ca vaut pas la peine d'investir du temps et de l'énergie sur
la formation d'une stagiaire qui vas rester que pour quelques mois. En tout cas
même sans la connaissance de tout le règlement du Centre
concernant les employés, je considère que la publication des
informations sur les circonstances de démission des employés
n'est pas très éthique même si ils ont commis des
fautes.
2.1.3 La sécurité
informatique.
Pendant six ans j'ai surfé sur Internet en France et
j'ai eu deux virus : la première fois mon ordinateur était
utilisé par une autre personne et la deuxième fois il a
été sur le CD d'installation du service Free. A Dharamsala je
crois que j'attrapais deux virus par minute! Tous les ordinateurs du bureau
crashaient au moins une fois par semaine entrainant perte et lenteur de travail
sauf pour les deux ordinateurs équipés du système
d'exploitation Linux. Mon ordinateur n'as pas fait exception à la
règle et après avoir crashé une première fois j'ai
donc décidé d'installer Linux et pour des problèmes de
comptabilité, j'ai également gardé Windows sur une partie
du disque dur mais au moins j'étais sur que je ne perdrais pas toutes
les donnés en cas d'un nouvel incident.
Je ne sais pas si c'est un phénomène habituel
mais je n'ai jamais vu autant de virus informatiques. Selon une
société de construction d'antivirus, cette année il y a eu
une explosion de virus sur Internet, le nombre des malwares et autres logiciels
espions augmentant 2,4 fois plus durant les 6 premiers mois de 2008 qu'au cours
de 2007.39(*) Sans tomber
dans la paranoïa, d'autant plus que plusieurs sociétés de
médias chinoises40(*) et occidentales41(*) en ont témoigné, j'ai pu constater moi
même que tous les sites pro tibétains ont été mis
hors fonctionnement pour plusieurs jours consécutifs après les
événements du mois de Mars et le sont encore aujourd'hui en plein
déroulement des JO.42(*) Le phénomène était
particulièrement flagrant au mois d'Avril et les jours
précédents l'ouverture des JO.
C'est dans ces périodes également que j'ai eu
des problèmes récurrents de connexion à mes boites aux
lettres. Au début du mois d'Aout, quelqu'un utilisait mon compte MSN
Messenger pendant que j'étais connectée. Après avoir
changé une première fois le mot de passe, j'ai compris que je
devais répéter la même opération tous les trois
jours. C'était l'adresse mail d'où j'envoyais toutes mes lettres
collectives.
Lorsque j'ai commencé mon stage, un de me
collègues m'avais averti qu'apparemment les étrangers demeurant
quelque temps étaient surveillés. Je ne sais pas si cette
affirmation était fondée mais je crois qu'il faut faire
attention avec qui et de quoi on parle.
D'ailleurs le CTDDH va organiser au mois de Septembre un
séminaire pour les ONG et le personnel du gouvernement, sur la
sécurité informatique avec un intervenant irlandais pour
apprendre comment mieux se protéger contre les attaques
informatiques.
2.2 Missions additionnelles.
2.1.1 Rédaction des
exposés.
Dans un premier temps il m'a été demandé
de rédiger un document plus court d'un maximum 10 pages avec le
même objectif : présenter la situation depuis le 10 mars 2008
dans le même ordre chronologique. Cette fois la limite était plus
stricte et je ne l'ai dépassé que de peu. Destiné à
des dirigeants des pays et des organisations internationales, je trouve que le
style demandé n'était pas suffisamment synthétique.
J'ai également rédigé une autre
synthèse beaucoup plus brève (4 pages) sur le même sujet
pour être présenté au Parlement britannique qui l'a
publié avec la communication d'autres ONG internationales.
2.1.2 Vérification des
donnés.
Du fait de la restriction d'accès des étrangers
au Tibet et de la censure du gouvernement chinois sur les moyens de
communication, il est très difficile d'obtenir des informations
vérifiables de l'intérieur du pays. Cela est d'autant plus
important que toute publication d'information erronée par des organismes
pro-tibétaines seront utilisées par la propagande chinoise pour
décrédibiliser ces communications. Ainsi par exemple une photo
illustrant des policiers chinois déguisés en moines
tibétains a circulé pendant des mois en début de
l'année sur Internet comme preuve de la perfidie des autorités
chinoises. En fait il s'agissait d'une photo prise en 2003 lors du tournage
d'un film et par ailleurs cette photo a été publiée pour
la première fois par le CTDDH sur le dos de leur rapport annuel de
2003.
Une autre erreur a été commise par les
médias occidentaux lorsqu'ils ont publié une photo
représentant la répression des manifestants tibétains par
la police népalaise en la présentant comme si les
événements se passaient au Tibet. Erreur qui est devenue une
parfaite occasion pour les autorités chinoises de démontrer la
mauvaise fois des médias étrangers à l'égard de la
Chine.43(*)
Lors du séjour du Dalai Lama en France en Aout 2008,
c'est le prestigieux journal Le Monde qui a commis une erreur grossière
en publiant le 21 Aout 2008 une déclaration du Dalai Lama selon laquelle
il y aurait eu 140 nouveaux morts suite à des répressions
récentes des autorités chinoises. Apparemment il s'agissait d'une
erreur de traduction et une rectification a été publiée le
lendemain44(*) mais la
nouvelle avait déjà fait le tour du monde donnant une nouvelle
fois l'opportunité au gouvernement chinois à
décrédibiliser la presse occidentale.
Il est donc extrêmement important que les informations
publiées soient fiables au maximum. C'est pour cette raison que j'ai
participé à la vérification de la liste de ceux qui sont
morts depuis le 10 Mars en parcourant Internet à la recherche des noms
pour comparer avec les listes des différentes organisations. Le CTA a
confirmé la mort de plus de 200 personnes mais le CTDDH confirme120
morts Finalement le Centre a abandonné l'idée de publier tout de
suite une liste définitive et va le faire dans son rapport annuel qui
devrais sortir en Janvier 2009 pour avoir le temps de rassembler des
informations sures.
2.1.3 Aide à la
rédaction de proposition de projet.
La principale source de financement du CTDDH est fournie par
la Fondation Heinrich Böll et ce depuis le début de l'existence du
Centre. Mais chaque année le Centre doit rendre compte des
dépenses et présenter ces projets d'avenir pour obtenir des
nouveaux financements de la FHB. C'est à la rédaction de ce
projet que j'ai participé en écrivant la justification des
propositions pour la rédaction des rapports sur la condition des femmes
au Tibet et sur la question de l'environnement au Tibet du point de vue des
droits de l'homme. En faisant les recherches je me suis rendu compte qu'il y a
très peu de rapports concernant les femmes au Tibet et ceux qui existent
datent des années 90.
J'ai s demandé la raison pour laquelle le Centre n'a
jamais rien publié sur les femmes et la réponse était
qu'il n'y a rien à rapporter sur les femmes tibétaines en exil et
qu'ils ont le projet de le faire sur les femmes au Tibet.
Effectivement selon mes impressions les femmes
tibétaines en exil semblent bénéficier d'un bien meilleur
traitement que les femmes de la société indienne. Selon mes
collègues de travail plus de la moitié des employés
gouvernementaux sont des femmes. Il reste quand même beaucoup de chemin
à parcourir pour les femmes puisqu'elles ont rarement un poste à
haute responsabilité. Ainsi par exemple il n'a y a jamais eu de Dalai
Lama femme. Certes la remarque peut sembler inappropriée mais il s'agit
de la société tibétaine ou le Dalai Lama est
vénéré comme un Dieu et dès l'apparition de cette
institution il occupait la fonction de dirigeant du pays et de la
société. D'ailleurs pour la première fois dans l'histoire,
le Dalai Lama parle de la possibilité que son successeur, c'est à
dire le prochain Dalai Lama, pourrait être une femme.45(*)
2.1.4 Aide à la
recherche sur le "génocide culturel" au Tibet.
L'expression de "génocide culturel" est une notion
floue qui pour l'instant ne fait l'objet d'aucune définition stable et
qui, surtout, n'a aucune valeur juridique. Néanmoins c'est une
expression largement utilisée en rapport avec la situation au Tibet et
notamment par le Dalai Lama lui même. Au mois de juillet le CTDDH, en
collaboration avec l'ONG indienne Human Rights Law Network46(*), s'est lancé dans la
rédaction d'un rapport sur le génocide culturel au Tibet, sous la
direction d'un de mes collègues et avec l'assistance de deux autres
étudiants en droit, l'un indien et l'autre américain. J'ai
participé à ce travail au mois d'Août en faisant des
recherches sur les artistes et les intellectuels qui vivent et travaillent au
Tibet. Dans le cadre de ce projet j'ai eu l'occasion de participer à une
série d'interview effectuée à l'Ecole Tibétaine de
Transit déjà décrites dans l'introduction.
Le projet étant protégé par la
confidentialité, je ne pourrai pas fournir de détails mais je
peux déjà souligner la répression flagrante et accrue par
les autorités chinoises des intellectuels tibétains pendant les
mois qui ont suivis les événements de 10 Mars et qui n'a pas
encore cessé. C'est ainsi que la fameuse écrivaine
tibétaine Woeser a été arrêté le 25 Aout 2008
par la police chinoise.47(*) Woeser, une féministe et fervente critique du
système en place, a été parmi les rares personnes qui a
réussi à transmettre des informations sur ce qui se passait au
Tibet à travers son blogue, mais dès les premières
semaines elle a été empêché de continuer son
travail. Son blog a été mis hors fonctionnement très vite
et elle avec son mari ont été assigné à
résidence. Le 1 Avril 2008, c'est Jamyang Kyi, une autre
écrivaine tibétaine, féministe, musicienne et productrice,
qui a été arrêtée et mise en détention. Sa
famille a perdu tout contact avec elle depuis le 7 avril 2008.48(*)
3. Les événements au
Tibet depuis le 10 Mars 2008.
3.1 Les circonstances du
soulèvement tibétain.
Comme je viens de le décrire dans les sections
précédentes la situation des droits humains au Tibet est
déplorable et la frustration des tibétains augmente
d'année en année. A cette situation s'ajoute
l'impossibilité de dialogue avec les autorités chinoises ce qui
n'a pu que conduire aux événements de 10 Mars, les Jeux
Olympiques ayant été perçus comme l'occasion qui aurait pu
amener des réels changements dans les relations
sino-tibétaines.
Mais le dialogue entre les deux camps ressemble plus à
une discussion entre un sourd et un muet qu'à un échange entre
deux parties responsables. Tandis que le Dalai Lama demande l'autonomie, le
gouvernement chinois ne cesse de répéter qu'il n'y aura pas de
dialogue tant que le Dalai Lama ne renonce pas à l'idée de
l'indépendance. Lors que le Dalai Lama demandait l'apaisement des
manifestants tibétains les autorités chinoises l'accusaient de
conspiration et d'activités séparatistes. Pendant que la Dalai
Lama faisait appel à "ses frères et soeurs chinois" ces
mêmes "frères et soeurs" le traitaient de "serpent
déguisé en moine".
Et ce jeu cruel de surd-muet dur depuis plus de 50 ans ne
laissant aucun choix aux tibétains quant aux moyens de mettre en oeuvre
leur droit à l'autodétermination reconnu à tous les
peuples dans les instruments de droit internationaux. Cette situation ne
pouvait qu'aboutir aux événements du 10 Mars, la torche olympique
offrant un éclairage inespéré.
3.2 L'ampleur du
soulèvement tibétain.
Personne n'a pu prévoir ce qui a suivi la
commémoration du cinquante-neuvième anniversaire du
soulèvement tibétain à Lhassa de 1959. Surement pas la le
Comité International Olympique lorsqu'il a décidé
d'honorer la Chine avec l'accueil des Jeux Olympiques. L'étonnement est
d'autant plus grand que les manifestations ont très vite
débordées la traditionnelle région de Lhassa prenant une
ampleur que n'ont jamais connue les protestations tibétaines.
Selon des sources au sein du Tibet, environ trois cents moines
du monastère de Drepung, situé à la
périphérie de la capitale, a tentés de lancer une
protestation pacifique le 10 mars vers Barkhor Street, Lhassa. Ils ont
été entravés de procéder à leur marche
pacifique par un grand nombre de policiers chinois armés avant
d'atteindre Lhassa. Le même jour, un groupe d'environ dix personnes, dont
deux moines et des laïcs, a commencé une autre marche pacifique
à partir de Tsuklakhang Temple en criant des slogans
d'indépendance, en distribuant des brochures et en haussant les drapeaux
tibétain interdits. Ils ont été immédiatement
arrêtés par les fonctionnaires du Bureau de la
Sécurité Publique (BSP).
Le même jour une protestation a également
été signalée dans la zone traditionnelle tibétaine
d'Amdo dans le comté de Mangra dans la province du Qinghai. Les 137
moines de Lhutsang monastère dans le comté de Mangra, et 215
laïcs de la région ont été empêchés par
la Police Armée du Peuple (PAP) quand ils sont arrivés devant la
salle de l'Assemblée du comté où un spectacle
parrainé par le gouvernement était en cours mais qui à
l'approche des tibétains a été forcé d'abandonner.
Plus tard, des moines et des laïcs ont commencé à crier des
slogans "Vive le Dalaï Lama" et "Le Dalaï Lama devrait revenir au
Tibet".
Le 10 mars est devenu le point de départ de ce qu'on
peut appeler un soulèvement général qui a touché
toutes les régions du Tibet historique (voir la Carte du Tibet
Historique en Annexes). Ce qu'on appelle le Tibet Historique est un territoire
d'une surface de 2 500 000 km carré et actuellement il
est divisé en trois régions : le Ü-Tsang (dont le territoire
revient aujourd'hui majoritairement à la province chinoise du Xizang, ou
Région Autonome du Tibet), l'Amdo (correspondant aujourd'hui globalement
aux provinces chinoises du Qinghai et du Gansu) et le Kham (dont le territoire
est partagé entre les provinces chinoises du Xizang, du Sichuan et du
Yunnan).
3.3 La réaction
chinoise au soulèvement tibétain.
Depuis que la Chine a été chargée de
l'organisation des Jeux Olympiques son seul souci est de montrer l'image la
plus avantageuse possible sous les feux des projecteurs internationaux. A
coté des travaux pharaoniques et des efforts
désespérés pour réduire la pollution, elle a
également essayé de tout mettre en oeuvre pour garder l'ordre
jusqu'aux Jeux Olympiques.
La manière dont elle a géré les
événements de 10 Mars a été d'abord marquée
par un certain laxisme pour devenir très vite sanglante et radicale. La
réaction des autorités chinoises dans les premiers jours a
été étonnamment mesurée surtout lorsqu'on se
souvient du massacre de 1989 qui a suivi le soulèvement tibétain
ou de Tien An Men. 10000 policiers étaient présents lorsque les
manifestants tibétains se sont mis à bruler des voitures et
à saccager des magasins dans le centre de Lhassa, mais ils ne se sont
pas interposés.
Ce laxisme curieux pousse à se demander si les
autorités chinoises n'ont pas attendu une certaine
dégénération de la situation pour mieux pouvoir justifier
ensuite une intervention sanglante, qui n'a pas tardé d'ailleurs.
Très vite le Tibet a été
complètement coupé du reste du monde. Les étrangers ont
été expulsés dès les premiers jours et leur
accès est encore interdit aujourd'hui (27 Aout 2008). Malgré tous
les appels internationaux qui ont été lancés, la Chine a
systématiquement refusé l'accès des médias ou des
observateurs internationaux comme par exemple celui du Louise Arbour, Haut
commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme jusqu'au 1 Juillet
2008. La Chine n'a autorisé que trois "visites guidées"49(*) dans la région du Tibet
au cours des ces derniers mois pour quelques journalistes dans des conditions
strictement surveillées et contrôlés.
Les lignes téléphoniques ont été
étroitement surveillées et les conversations interceptées,
tous les sites internet chinois susceptibles de véhiculer des
informations gênantes ont été censurés et comme je
l'ai déjà mentionné les sites occidentaux et
tibétains ont fait l'objet d'attaques répétés. Par
exemple l'accès à You Tube a été bloqué le
16 Mars après la diffusion des vidéos et des photos relatives aux
manifestations et le gouvernement a refusé toute explication sur ce
blocage.
Se sont dans ces conditions que nous sont parvenus les peu
d'information sur ce qui se passait réellement au Tibet. Ce sont des
courageux tibétains qui ont tenté par tous les moyens possibles
de continuer à informer leurs proches et la communauté en exil,
la plupart du temps à travers les téléphones portables qui
ont échappés aux confiscations massives qu'à
effectué la police chinoise. Mais les confiscations ne concernaient pas
que les portables et les connections Internet. Des pillages, recherches et
arrestations ont été menés monastère par
monastère, rue par rue, maison par maison pour trouver les instigateurs
de manifestations, pour obliger de dénoncer et pour répandre la
peur et la terreur au sein de la population tibétaine.
Dès le 15 Mars plusieurs appels à se rendre ont
été émis par les autorités chinoises à
l'attention des "criminels" impliqués dans les démonstrations, en
promettant un traitement de faveur pour ceux qui se rendraient, mais chaque
fois les raids d'arrestation ont commencé plusieurs jours avant le
délai. Même si la Loi Martiale n'as pas été
officiellement déclarée la situation de fait en a tout l'air. Il
y a une présence généralisée des militaires, les
magasins sont fermés et le déplacement des citoyens
sévèrement contrôlés. Le stress auquel la population est soumise est
immense et de nombreux cas de suicides ont été reportés,
faits d'autant plus significatifs que le suicide est un des
péchés les plus graves dans la religion bouddhiste.
Les premières condamnations dont ont fait l'objet les
manifestants tibétains ne sont pas plus rassurants. C'est le 29 Avril
2008 que les premiers jugements de 30 tibétains sont tombés:
trois d'entres eux ont été condamnés à
l'emprisonnement à vie, sept à prison ferme de plus de 15 ans et
le reste à prison ferme entre 3 et 14 ans. Leurs seul crime a
été d'exercer le droit à la liberté d'opinion et
d'expression. De plus nombreux cas de torture ont aussi été
signalés et plusieurs de prisonnier libérés sont morts
suite aux blessures qui leur ont été infligées pendant
leur détention.
Malgré le fait que plus de 6500 personnes ont
été arrêtées depuis le mois de mars et plus de 200
personnes sont mortes selon l'ACT, les manifestations ont continué
encore pendant le mois d'Aout (voir Carte des protestations depuis le 10 Mars
2008 en Annexes).
4. Bilan critique.
4.1 Ce que le stage m'a
apporté au niveau personnel.
Au moment de l'écriture de ce rapport je me trouve
toujours en Inde il est donc fortement probable que je ne réalise pas
encore entièrement ce que ce voyage m'as vraiment apporté, mais
il est certain que je ne verrais plus les choses du même oeil
qu'auparavant. J'ai déjà eu l'occasion de voir ce que c'est de
vivre dans un pays différent de mon pays d'origine mais les deux
expériences sont quasi incomparables pour plusieurs raisons. Quand je
suis allée en France j'étais très jeune, incertaine de moi
même et de ce que l'avenir pourrait me réserver mais la même
curiosité m'habitait qu'aujourd'hui, malgré le fait qu'à
l'époque j'étais un enfant et aujourd'hui je suis une jeune
adulte en fin d'étude et en début de carrière. La nuit
précédent mon voyage en Inde, je l'ai passé à
l'aéroport ou j'ai rencontré un steward danois et qui m'a dit que
si je survis à l'Inde je survivrais à tout! Effectivement j'avoue
que je me demande comment j'aurais réagi si j'avais du faire ce voyage
à mes 20 ans. Il ne s'agit pas d'une survie physique proprement dite
bien sûr mais il s'agit définitivement de la survie, ou plus
tôt de la disparition, de tout un ensemble de préjugés qui
était la mienne et qui a été profondément
bouleversé.
Tous les voyageurs qui ont atteint l'Inde sont d'accord pour
dire qu'il est le pays des paradoxes par excellence et je ne peux ne pas
être d'accord. Aucune des logiques auxquelles j'étais
habituée ne fonctionnent ici. On va de surprises en surprises
constamment qu'elles soient mauvaises ou bonnes. La seule règle en Inde
c'est qu'il n'y a pas de règle, ou la seule chose prévisible est
que tout est imprévisible avec les bons et les mauvais cotés que
cela implique. On dit qu'après un voyage en Inde ceux qui sont patients
deviennent impatients et ceux qui sont impatients deviennent patients! Moi je
crois que je suis passée par toutes les phases: le premier mois
c'était l'euphorie, le deuxième j'ai commencé à
ouvrir mes yeux, le troisième j'étais en colère, le
quatrième j'étais déprimé et j'avais envie de
repartir, le cinquième mois je me suis dit que finalement j'aimerais
bien rester encore un peu...J'ai dépassé la quatrième
phase après avoir fait la liste des choses que je détestais et
que je ne pouvais pas changer en me rendant ainsi compte que je n'ai que deux
possibilités, celle de la fuite ou celle de l'adaptation. Une fois de
plus j'ai choisi l'adaptation parce qu'une fois de plus je me suis rendu compte
qu'il n'y a pas d'expérience plus enrichissante que les voyages. On peut
lire des millions de livres, regarder des centaines de films, faire des longues
années d'études, jamais on aura la perception de choses auquel le
voyage nous donne accès.
Une de mes grandes questions avant de partir était de
savoir comment les gens appliquent ces magnifiques ensembles de pensées
que sont l'hindouisme et le bouddhisme. J'ai lu de nombreux livres sur les deux
et je les concevais plus comme des philosophies que comme des religions,
démarche intellectuelle facile, bien sur, sans aucune expérience
de terrain. D'après ce que j'ai vu, aujourd'hui je sais que ce sont des
religions comme les autres, composées de la philosophie originale et des
différentes interprétations dont ils ont fait l'objet au cours
des siècles. Ce qui me séduisait le plus dans leurs
théories c'était l'impression d'une liberté totale de
pensée et donc de discussion, de remise en cause. Mais après de
nombreuses discussions avec mes collègues, des amis et des voyageurs je
me rends compte que toutes les religions et philosophies deviennent ce que les
gens en font. Elles peuvent devenir le moteur des terroristes ou les
règles de base d'une attitude pacifique envers la vie en toutes
circonstances. Elles peuvent justifier une remise en question
perpétuelle ou une acceptation fatidique des événements.
Elles peuvent être à l'origine de progrès ou de stagnation.
Comme ce ne sont pas les pensées d'une personne qui la
définissent mais ces actes, ce n'est pas la religion d'un peuple qui la
définit mais leur système de fonctionnement
général. On peut avoir une religion aussi belle que l'hindouisme
et vivre selon l'intolérable système des castes. On peut avoir
une philosophie de vie aussi évolué que le bouddhisme et
ressentir du mépris envers le peuple qui nous a accueillis. Une des
choses qui m'as le plus choqué était lorsque ma logeuse
tibétaine m'a fait savoir que je ne pourrais pas accueillir mes amis
indiens parce qu'elle n'aime pas les indiens. Après enquête je me
suis rendu compte que c'est un sentiment qui est partagé par beaucoup de
tibétains. Cela m'a profondément déçue et j'ai
essayé de comprendre pourquoi un peuple qui a fuit la répression
d'un régime autoritaire traite avec ingratitude ceux qui l'ont
accueilli.
En fait la situation est très complexe. Même si
le gouvernement tibétain n'est reconnu par aucun pays, la cause
tibétaine bénéficie d'une attention internationale hors du
commun qui se traduit notamment par un important soutient financier. Ainsi la
plupart des communautés tibétaines en exil sont bien plus riches
que les populations locales indiennes. Ceci est particulièrement vrai
pour Dharamsala ou la plupart des touristes viennent parce que c'est la
résidence du Dalai Lama ce qui assure une activité touristique
conséquente pour les commerçants et qui en l'occurrence sont
majoritairement les tibétains. Ainsi dans la plupart des restaurants et
commerces les propriétaires sont des tibétains et les
employés des indiens. Cette situation a conduit inéluctablement
à une certaine jalousie de la part des locaux et qui a plusieurs fois
explosé sous forme de violentes confrontations. En 1994, après le
meurtre d'un indien par un tibétain, il y a eu une insurrection
générale contre les biens des tibétains, qui suite
à cela, ont refusé d'employer et de faire du commerce avec la
communauté indienne. Une fois que les choses se sont calmées les
deux communautés se sont de nouveau rapprochées puisqu'ils ont
réciproquement besoin de travailler ensemble.
Aujourd'hui, d'après mes impressions, les deux
communautés vivent ensemble d'une manière
généralement pacifique mais avec des sentiments
réciproques très complexes. Ainsi j'ai pu voir de belles
amitiés indo-tibétaines en même temps que ma logeuse m'a
strictement interdit d'amener des indiens dans sa maison et en même temps
qu'un patron de restaurant indien me mettait en garde contre certain des
garçons tibétains qui considèrent le mariage avec une
occidentale comme le passeport vers un avenir plus prometteur. Aujourd'hui,
après la déception et la colère, je crois que c'est avec
plus de compréhension que j'arrive à considérer cette
situation. Les deux sociétés sont dans un processus de changement
très intense pour à la fois des raisons très
différentes et très semblables. Les indiens sont chez eux tandis
que les tibétains en exil sont des réfugiés sans pays mais
les deux sont dans la difficile période d'apprentissage de la
démocratie avec des moyens et des buts différents.
L'Inde a toujours été décrite comme un
pays impressionnant mais je crois que ce qui la rend encore plus fascinante
aujourd'hui c'est qu'elle est pleine mutation de tous les points de vue et
à des vitesses complètement différentes. Je n'ai
malheureusement pas rencontré autant d'indiens que j'aurais voulu du
fait de la particularité de l'endroit, mais à chaque rencontre
j'ai entendu des histoires contradictoires. Ainsi pour le militaire
retraité que j'ai rencontré dans le train en allant à
Agra, il n'y a aucun obstacle à un mariage interreligieux. Pour le jeune
guide touristique c'était la différence de religion qui l'a
empêché de faire partie définitivement de la famille de sa
dulcinée dans la même période qu'avec son groupe d'amis ont
comploté la fuite et le mariage d'autres compagnons. Pour l'amie qui m'a
accueillie à Delhi, une intellectuelle et femme d'affaires, il n'y a
aucun obstacle à ce que n'importe quelle femme indienne devienne la
prochaine Indira Ghandi en même temps que la majorité des
illettrés en Inde sont des femmes.
Moi en tant que femme, je ne me suis à aucun moment
sentie en danger, mais je me suis de manière quasi-permanente sentie
comme une espèce de gibier sous le regard des hommes, surtout indiens.
Il y a bien sur des exceptions, mais j'ai l'impression que la grande
majorité des hommes indiens et tibétains appliquent le mythe de
la femme occidentale facile à toutes les femmes de couleur blanche.
D'ailleurs les vidéos clips musicaux indiens sont très
révélateurs de cet état d'esprit: beaucoup d'entre eux
sont peuplés majoritairement des femmes s'habillant et dansant d'une
manière extrêmement provocatrice, mais les seules qui peuvent
être touchées se sont les occidentales. Quelque soit la
manière de danser, jamais un des danseurs ou des chanteurs vas toucher
la femme indienne. Une philosophie qui se traduit parfaitement dans la vie
quotidienne dans leur regard sur les femmes blanches. C'est un regard qui est
très lourd à porter d'autant plus qu'il est impossible de leur
expliquer que dans la société d'ou on vient le mariage n'est plus
la forme suprême du couple contrairement à la leur ou c'est une
obligation sacrée et imposée par la famille. Apparemment 80% des
mariages sont encore des mariages arrangés. Ce qui est
intéressant à noter par contre c'est qu'ils n'ont que 4 ou 5% de
divorce. Mais ca serait une interprétation hâtive de croire que
les mariages arrangés rendent plus heureux ou marchent mieux. En effet
la pression sociale et familiale est extrêmement forte et j'ai
constaté avec stupéfaction qu'un père de famille refuse
d'aller contre la volonté de son père même si cela est son
plus fort désir. Par contre il y a toujours des exceptions, et les
moeurs et les attitudes diffèrent énormément selon les
régions, les classes de société ou selon les familles.
En tout cas du peu que j'ai vu et entendu je comprends mieux
pourquoi la conception occidentale des droits de l'homme ne peut pas
s'appliquer telle qu'elle à ce genre de société puisque
même si les droits de l'homme contiennent une partie importante de droits
collectifs, ils restent tout de même fondés sur les droits de
l'être humain en tant qu'individu. Alors comment pourrait-on l'appliquer
à une société ou l'individu n'existe que par et pour la
communauté? Il serait également une utopie de croire que le
concept de la démocratie peut fonctionner de la même
manière dans un pays d'un milliard d'habitants que dans un autre de 60
millions ou que dans une communauté restreinte qui tente de passer
directement d'un système théocratique à la
démocratie.
4.2 Ce que le stage m'a
apporté au niveau professionnel.
Je crois que les stagiaires ont toujours un léger
sentiment de frustration du fait que leur statut ne leur confère que
très peu, voir le plus souvent, aucun pouvoir. Cela est encore plus vrai
lorsqu'il s'agit d'un stage de fin d'étude, stade auquel on est
censé être déjà de jeunes professionnels.
Malgré cela, je suis extrêmement contente d'avoir
pu effectuer ce stage au sein du CTDDH surtout lors de ce moment historique
qu'était le plus important soulèvement tibétain depuis
1959. C'était une occasion rare et précieuse même si j'ai
du constater avec tristesse que le concept des droits de l'homme n'est pas
aussi efficace qu'on pourrait le souhaiter. Contrairement à ce que l'on
pourrait penser, cela a renforcé encore plus mon envie de continuer
à lutter pour la réalisation des Droits de l'Homme. En fait je
pourrais me sentir vraiment heureuse si les défenseurs des droits
humains pouvaient se retrouver sans travail mais j'ai bien peur que cela ne
soit qu'une utopie digne d'un monde imaginaire.
Au delà du constat des difficultés du
métier et de l'amélioration spectaculaire de ma maitrise de
l'anglais, j'ai eu une excellente occasion de participer au travail de
l'équipe et j'ai remarqué avec émotion qu'ils me
considéraient comme une des leurs à qui ils n'hésitaient
pas à demander son opinion, de l'aide ou des conseils. C'était la
première fois que je devais rédiger des documents à
destination d'un public large au nom d'un organisme qui me dépassait et
l'un de mes moments préférés était lorsque mes
collègues en répondant à ma question « mais
qu'est ce le Centre veut dire exactement », me rappelait
systématiquement que je faisais partie de l'équipe et que je dois
utiliser le pronom de "nous" en parlant du Centre. C'est à ces moments
aussi que je me suis rendu compte des inconvénients du fait d'être
soumise à la censure de mes pensées tout en apprenant la langue
de bois si particulière de la diplomatie. En effet beaucoup de mes
analyses que je trouvais tout à fait appropriées ont
été considérés comme trop critiques et j'ai du donc
les modifier et les adapter aux exigences et au style habituel du Centre.
D'ailleurs une des choses que je trouve dommageable dans les
publications du Centre et d'autres organismes tibétaines est justement
cette absence de critique à l'égard de la communauté
internationale. Je peux comprendre la démarche du gouvernement
tibétain en tant qu'instance officielle mais je ne peux acquiescer au
langage quasi-doucereux des associations tibétaines lorsqu'elles parlent
de la réaction internationale à la situation tibétaine.
Selon mon analyse cette démarche est motivée soit par une peur de
perdre ces financements soit par un optimisme et une naïveté dont
je ne me sens absolument pas capable personnellement.
On peut se demander quels seraient les résultats d'une
attitude plus franche mais quelques soient les raisons de cette situation je
considère que cela traduit une certaine complicité, ou du moins
justifie en partie, le laxisme de la communauté internationale et remets
en cause le principe d'indépendance des ONG. D'ailleurs le
Président français à repoussé sa rencontre avec le
Dalai Lama pendant les JO en arguant que ce dernier ne l'as pas demandé.
Mais le Dalai Lama n'as pas refusé non plus une invitation puisqu'il n'y
en a jamais eu de la part des autorités françaises alors que
l'Allemagne a au moins arrangé une entrevue brève avec un de ses
Ministres.
C'est ici aussi que j'ai réalisé que la logique
de fonctionnement du gouvernement est totalement différente de celle de
la société civile qui la subit la plupart du temps, surtout quand
elle n'a pas les moyens de se rendre compte les buts réels du premier.
Une des choses qui m'ont le plus frappé est qu'on peut trouver des
cafés Internet à tous les cinq pas et que tout le monde dispose
d'un téléphone portable alors qu'il y a un manque évident
d'infrastructures les plus basiques. Tout le monde peut accéder à
Internet mais il faut faire le tour de la ville pour trouver des sanitaires
qui en général sont dans un état lamentable et
extrêmement sales. Ce n'est généralement pas le cas dans
les hôtels mais cela n'empêche pas que les coupures
d'électricité, et d'eau en période de mousson, sont
quotidiennes, les routes sont dangereuses à cause du mauvais entretien,
il y a des poubelles partout, les gens font leurs besoins pressants dans les
rues et les maladies comme le TBC ou le SIDA sévissent dans la
communauté.
Certes on peut se demander pourquoi le gouvernement
préfère investir des milliards dans les tours
téléphoniques dans une communauté ou finalement
très peu de gens ont réellement besoin de
téléphones portables alors que tout cet argent qui pourrait
servir à des choses bien plus utiles va sortir carrément de la
communauté et va aller directement dans les poches des grandes
compagnies de communication. Le GTL, entreprise de construction des tours de
communication présente en Himachal Pradesh a enregistré une
croissance de 155% a la fin du mois de Juin 2008 par rapport à la
même période de 2007!50(*) Mais on peut aussi se demander pourquoi les gens, qui
ont aujourd'hui accès à toute la production audio-visuel de
l'occident, ne sont stimulés que par les prouesses technologiques et la
mode qu'ils y trouvent et qu'ils ne pensent pas à réclamer des
choses plus consistantes et plus importantes comme des écoles, des
emplois, des logements ou une sécurité sociale. Le gouvernement
indien a dépensé des millions dans son nouveau programme spatial
alors que la moitié de sa population est illettrée, ce qui
explique peut être le soutien de ce dernier au premier. Comment se
vanter d'être la plus grande démocratie du monde lorsque la
majorité de la population n'a pas les moyens de comprendre les
mécanismes et les enjeux de cette même démocratie?
Néanmoins je n'oublie pas que ce sont des
sociétés en plein transition et il se peut qu'en quelques
années les faits que je viens d'évoquer fassent parti d'un
lointain passé.
5. Conclusion.
Une fille que j'ai rencontrée à Mcleod Ganj et
qui s'appele Wen King en a eu assez de ne pas avoir des nouvelles en provenance
du Tibet et a décidé de passer deux mois là bas. Elle est
partie fin Aout et son voyage n'as pas duré plus de deux semaines. De
double nationalité taïwanaise-américaine, elle a
décidé de voyager avec son passeport taïwanais et elle a
donc était traité en tant que citoyenne chinoise par les
autorités publiques chinoises. Grace à son chauffeur elle a
réussi à passer les barrières militaires postées
à l'entrée du Tibet et elle est entrée dans une zone
où ca fait des mois qu'aucun journaliste n'a mis les pieds. Elle a
été constamment suivie dès le début de son aventure
et elle a été arrêtée lorsqu'elle était en
train de prendre une photo à partir du toit d'un monastère. Elle
a été accusée de détention illégale des
secrets d'Etat. La police l'a retenue pendant 30 heures dont plusieurs ont
été consacrées à son interrogatoire. Après
avoir fouillé toutes ses affaires et avoir effacé le contenu de
son disque dur on l'a "gentiment" reconduit à son hôtel. Wen est
retournée à Dharamsala après avoir eu la peur de sa vie et
après avoir compris qu'elle n'a aucune chance de continuer sa mission.
Selon elle, Kardze à plus de 100.000 km de Lhassa, l'endroit qu'elle a
réussi à atteindre, ressemble toujours à une zone de
guerre.51(*) Le 18 Aout
2008 d'autres incidents ont été reportés de la
région de Kham même si le nombre exact des victimes n'as pas
encore été confirmé.
La Chine a gagné non seulement le pari des JO mais
aussi le pari de la sécurité et de la diplomatie. En effet lors
des tremblements de terre au mois de mai dans la province de Sichuan elle a
réagit d'une manière on ne peut plus appropriée, une
réaction particulièrement mise en lumière par la gestion
irresponsable de la crise humanitaire en Birmanie, par le régime
militaire et détournant l'attention de ce qui se passait a Tibet.
Malgré toutes les déclarations, rappels et menaces
adressés à son encontre, la Chine a vu défiler à
"ses" JO tous les chefs politiques sans exception, le tout étant
couronné par 51 médailles d'or, que les athlètes chinois
ont certainement mérité.
Tous les ONG tibétaines sont d'accord pour dire que la
situation au Tibet va probablement s'empirer après que l'attention
internationale va se calmer. Néanmoins la résistance
tibétaine a trouvé un nouveau souffle et nombreux sont les
facteurs qui changent l'évolution de leur lutte: la nouvelle jeunesse
plus consciente qui émerge petit à petit, les changements qui se
dessinent dans le gouvernement tibétain, l'explosion des nouveaux moyens
de communication et surtout les changements de la société
chinoise. Les tremblements de terre de Sichuan ont étés une
première occasion pour les populations civiles de se rendre compte de
leur force d'action. En effet malgré la réaction
médiatique extrêmement rapide, l'aide du gouvernement chinois aux
régions affectées a suffisamment tardé pour qu'une
organisation civile efficace se mette en place et des volontaires de toute la
Chine ont afflué pour apporter aide et secours aux sinistrés.
C'était non seulement un magnifique exemple de solidarité mais
aussi une preuve que la société chinoise devient capable d'agir
en commun sans l'omniprésence de son gouvernement.
Mais le gouvernement chinois ne changera pas tant que la
société chinoise ne le fait pas et les tibétains ne
deviendront pas une super puissance mondiale. Selon mon analyse personnelle la
cause tibétaine ne pourrait pas avancer sans l'évolution de la
société chinoise. C'est la prise de conscience du peuple chinois
de son potentiel démocratique qui pourra permettre un réel
dialogue pour les tibétains même si leur courage fait preuve
depuis plus de 50 ans. Ils ont développé une manière de
résister à l'oppression qui mérite attention et soutient
au nom des Droits de l'Homme et de la Justice.
Malgré toutes les frustrations et les
désagréments que j'ai pu ressentir en tant que stagiaire, le
séjour et le stage à Dharamsala est devenu avant tout une
leçon d'espoir, de patience, de tolérance, de
persévérance et de compassion. J'ai été
confrontée non seulement aux contradictions et incohérences des
sociétés indiennes et tibétaines mais aussi, et surtout,
aux miennes en découvrant que mon art de remise en question personnelle
était loin d'être parfait et en se renforçant dans mon
désir de continuer à lutter pour la réalisation des
droits humains.
6. Bibliographie.
T. LAIRD : Une histoire du Tibet, Conversations avec
le Dalai Lama, Editions Plon, Paris, 2007
TCHRD: Annual Report 2007, disponible au
www.tchrd.org
TCHRD: TCHRD 1996-2006 A Decade of Human Rights Research,
2006, disponible au www.tchrd.org
TCHRD: Railway and China's Development Strategy in Tibet: A
Tale of Two Economies, 2006, disponible au
www.tchrd.org
TCHRD: KUXING:Torture in Tibet, 2005, disponible au
www.tchrd.org
TCHRD: Strike Hard Campaign-China's crackdown on political
dissidence, 2004, disponible au
www.tchrd.org
HRW: Trials of a Tibetan Monk: The Case of Tenzin
Delek, 2OO4, Vol. 16, disponible au
http://hrw.org/reports/2004/china0204/
7. Sitographie.
http://blog.mondediplo.net/
http://fr.wikipedia.org/
http://hrw.org/
http://news.xinhuanet.com/
http://news.xinhuanet.com/
http://tempsreel.nouvelobs.com/
http://tempsreel.nouvelobs.com/
http://tibetanuprising.org/
http://www.boell.de/service/home.html
http://www.chinadaily.com.cn/china/
http://www.dnaindia.com/
http://www.dw-world.de/
http://www.freetibet.org
http://www.guardian.co.uk/
http://www.guchusum.org/
http://www.huffingtonpost.com/
http://www.indiaprwire.com/
http://www.indiaprwire.com/
http://www.irenees.net/
http://www.isavelives.be
http://www.lemonde.fr/
http://www.phayul.com
http://www.rfa.org/english/about
http://www.rsf.org/
http://www.savetibet.org/
http://www.stoptibetcrisis.net
http://www.studentsforafreetibet.org/
http://www.tchrd.org/
http://www.tcv.org
http://www.thetibetconnection.org/
http://www.tibet.net/
http://www.tibetan.fr/
http://www.tibetan.fr/
http://www.tibetanflags.org/
http://www.tibetanyouthcongress.org/
http://www.tibetgov.net
http://www.tibet-info.net/
http://www.tibetinfonet.net/
http://www.varanasicity.com/education/tibetan-university.html
http://www.zdnet.fr/
thttp://www.ndpt.net/
8. Annexes
8.1 Liste des publications
du CTDDH.
8.2 Carte du Tibet
Historique.52(*)
8.3 Carte du Tibet
Occupé.53(*)
8.4 Carte des protestations
depuis le 10 Mars 2008.54(*)
Avertissement: cette carte a été mise à jour
le 30 Mars 2008.
On peut voir une carte plus récente, plus
détaillée et interactive sur le lien suivant:
http://tchrd.org/maps/march_2008/
* 1Source :
http://www.tibet.net/en/cta/bodies.html.
* 2 T. LAIRD : Une
histoire du Tibet, Conversations avec le Dalai Lama, Editions Plon, Paris,
2007, page 372.
* 3 Tibetan Childrens Village.
Site en anglais: http://www.tcv.org.in/home.shtml
* 4 Central Institute for Higher
Tibetan Studies,
http://www.varanasicity.com/education/tibetan-university.html
* 5 "Go join new Tibetan college
in Bangalore soon!", Gendun Gyatso, Phayul.com, 14 Février
2008, disponible sur
http://www.phayul.com/news/article.aspx?article=Go+join+new+Tibetan+college+in+Bangalore+soon!&id=19249
* 6 Voir site en anglais:
http://www.guchusum.org/
* 7 Tibetan Youth Congress. Site
en anglais: http://www.tibetanyouthcongress.org/aboutus.html
* 8 Voir aussi: FOSSIER Astride,
"Congrès de la Jeunesse Tibétaine, un acteur fort et
controversé pour l'indépendance du Tibet.", disponible au
http://www.irenees.net/fr/fiches/acteurs/fiche-acteurs-121.html
* 9 Tibetan Solidarity
Committee. Site en anglais: http://www.stoptibetcrisis.net/
* 10 Tibetan Solidarity
Committee, site en anglais http://www.stoptibetcrisis.net
* 11 Site en anglais:
http://www.tibetanflags.org/
* 12 Students for a Free Tibet.
Site en anglais: http://www.studentsforafreetibet.org/
* 13 Site en anglais:
http://www.tibetinfonet.net/
* 14 International Campaign for
Tibet. Site en anglais: http://www.savetibet.org/
* 15National Democratic Party
of Tibet. Site en anglais: thttp://www.ndpt.net/
* 16 "The long march to Tibet",
Tenzin Tsundue, Hindustan Times, 17 Juin 2008, disponible au
http://tibetanuprising.org/2008/06/17/the-long-march-to-tibet/
* 17 " German Minister Meets
Dalai Lama Amid Protests", DW-WORLD.DE, 19 Mai 2008, disponible au
http://www.dw-world.de/dw/article/0,2144,3345693,00.html
* 18 " Dialogue Chine -
Dalaï Lama : pas de progrès", Tibet-info.net, 5 Juillet
2008, disponible au
http://www.tibet-info.net/www/Dialogue-Chine-Dalai-Lama-pas-de.html
* 19 " Les chefs d'Etat
présents à la cérémonie d'ouverture",
Nouvelobs.com, 9 Aout 2008, disponible au
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/sports/les_jo_de_pekin_2008/20080808.OBS6667/les_chefs_detat_presents_a_la_ceremonie_douverture.html
* 20
http://www.chinadaily.com.cn/china/2007-05/07/content_867069.htm
* 21 " Chine-Tibet, des
identités communes", Martine Bulard, Les blogs du Monde
Diplomatique, 30 Avril 2008, disponible au
http://blog.mondediplo.net/2008-04-30-Chine-Tibet-des-identites-communes
* 22 Voir par exemple: "Trials
of a Tibetan Monk: The Case of Tenzin Delek", Human Rights Watch,
2OO4, Vol. 16, No. 1 (C) disponible au
http://hrw.org/reports/2004/china0204/
* 23 Voir: "KUXING:Torture in
Tibet", TCHRD, Special Reports, 2005, disponible au
http://www.tchrd.org/publications/topical_reports/torture/torture.pdf
* 24 Pour plus de details voir:
"Strike Hard Campaign-China's crackdown on political dissidence",
TCHRD, Special Reports, 2004, disponible au
http://tchrd.org/publications/topical_reports/strike_hard-2004/strike_hard-2004.pdf
* 25 "Annual Report 2007",
TCHRD, Chapter "Development in Tibet", p. 93, diponible au
http://www.tchrd.org/publications/annual_reports/2007/ar_2007.pdf
* 26 «No One Has the
Liberty to Refuse», Human Rights Watch, 2007, Volume 19, No. 8 (C),
available at http://hrw.org/reports/2007/tibet0607/
* 27 Voir la liste des
publications du CTDDH en Annexes.
* 28 On peut trouver tous les
rapports annuels en anglais sur leur site internet par le lien suivant:
http://www.tchrd.org/publications/annual_reports/
* 29 On peut retrouver
l'intégralité de leurs rapports thématiques en anglais sur
leur site internet par le lien suivant:
http://www.tchrd.org/publications/topical_reports/
* 30 "Les victimes du
génocide au Tibet témoigneront devant la haute cour d'Espagne",
La communauté tibétaine de France, 23 Mai 2008, disponible au
http://www.tibetan.fr/?LES-VICTIMES-DU-GENOCIDE-AU-TIBET
* 31
http://www.boell.de/service/home.html
* 32 Un article très
éclairant à ce sujet : Rebecca Novick, "Leaking State Secrets",
Phayul, 31 Juillet 2008,disponible au
http://www.phayul.com/news/article.aspx?article=Leaking+State+Secrets%3A+Beijing+Finds+Nothing+Noble+in+Speaking+Out+on+Human+Rights&id=22169
* 33 Notamment le nombre exact
des arrêtés pendant les manifestations du mois de Mars 2008 ainsi
que le nom de ce qui ont été condamnés suite à ces
arrestations.
* 34 http://www.tibetgov.net
* 35
http://www.freetibet.org
* 36
http://www.tibetinfonet.net
* 37
http://www.rfa.org/english/about
* 38 Elle est entre autres
productrice d'une émission radio sur le Tibet qu'on peut écouter
en ligne sur le lien suivant: http://www.thetibetconnection.org/aboutus.html
* 39 " Explosion des logiciels
malveillants en 2008", Christophe Guillemin, 17 Juillet 2008, ZDnet.fr,
disponible au
http://www.zdnet.fr/actualites/informatique/0,39040745,39382342,00.htm
* 40 Mark Sweney, "China blocks
media due to Tibet unrest", The Guardian, 17 Mars 2008, disponible au
http://www.guardian.co.uk/media/2008/mar/17/chinathemedia.digitalmedia?gusrc=rss&feed=worldnews
* 41 "With foreign media still
barred from Tibet, what is the government hiding?", Reporters Without
Borders, Asia Press Release, 23 Avril 2008, disponible au
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=26685
* 42 "iTunes blocked in China
after protest stunt", Stephen Hutcheon, Phayul, 20 Aout 2008,
disponible au
http://phayul.com/news/article.aspx?id=22560&article=iTunes+blocked+in+China+after+protest+stunt
* 43 "Chinese experts condemn
biased reports on Lhasa riot by western media", Xinhuanet, 24 Mars 2008,
disponible au
http://news.xinhuanet.com/english/2008-03/24/content_7848051.htm
* 44 "Le dalaï-lama
dénonce "le projet de répression brutale" au Tibet", Henri Tincq,
Le Monde.fr, 22 Aout 2008, disponible au
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/08/21/le-dalai-lama-denonce-le-projet-de-repression-brutale-au-tibet_1086218_3216.html
* 45Harmony Siganporia, " `My
successor can be a woman'", Dnaindia, 21 Janvier 2008, disponible au
http://www.dnaindia.com/report.asp?newsid=1146451
* 46 Site en anglais:
http://www.hrln.org/
* 47 "Tibet's most famous woman
blogger, Woeser, detained by police", Jane Macartney, Phayul.com, 26
August 2008, disponible au
http://phayul.com/news/article.aspx?id=22638&t=1&c=1
* 48 "Jamyang Kyi (f), 42 ans,
musicienne ...",
www.isavelives.be, Amnesty
International, 1 Mai 2008, disponible au
http://www.isavelives.be/fr/node/1411
* 49 Le 27 Mars, le 9 April et
le 3 Juin.
* 50 "GTL Infrastructure
registering a growth of 155%", IndiaPRwire, Press Release, 18 Juillet
2008, disponible au
http://www.indiaprwire.com/pressrelease/telecommunications/2008071811268.htm
* 51 Pour voir en detail son
histoire: "Arrested in Tibet: A Young American's Journey of Fear", Rebecca
Novick, The Huffington Post, 12 Aout 2008, disponible au
http://www.huffingtonpost.com/rebecca-novick/arrested-in-tibet-a-young_b_118342.html
* 52 Source:
http://www.tibet-info.net/www/IMG/pdf/historique.pdf
* 53 Source:
http://www.tibet-info.net/www/IMG/pdf/occupe.pdf
* 54 Source:
http://www.phayul.com/tibet/protest-map/
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