UNIVERSITE
D'ANTANANARIVO ************************** FACULTE DE DROIT, D'ECONOMIE,
DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE **************
DEPARTEMENT ECONOMIE Mémoire en vue de
l'obtention de Diplôme d'Études Supérieures
Spécialisées DESS « Développement Local et Gestion
des Projets »
Intitulé
ANALYSE DE L'ÉCHEC ET DE LA
DIFFUSION
DU SYSTÈME DE RIZICULTURE INTENSIVE
À MADAGASCAR
Présenté par: RAZAFIMANANTSOA
Rijaharilala
Encadreur académique : Professeur Mamy
RAVELOMANANA Encadreur professionnel : Docteur Maminavalona
RANDRETSA
Année Universitaire : 2008 - 2009
REMERCIEMENTS
Éternel, notre Seigneur! Que ton nom est
magnifique sur toute la terre! Ta majesté s'élève
au-dessus des cieux.
Je tiens à remercier Monsieur Mamy
RAVELOMANANA, Professeur, Chef de Département Économie dont les
conseils et les critiques du document ont largement contribué au
présent travail.
J'adresse mon remerciement à l'encontre de
Monsieur, Jeannot RAMIARAMANANA, Professeur et Directeur des études en
DESS Développement local et Gestion des projets, ainsi qu'à tous
les professeurs dans la formation.
Il va de soi que mes remerciements s'adressent
à mon encadreur professionnel, Monsieur Maminavalona RANDRETSA, pour les
conseils et les orientations qui ont contribué à la
réalisation de ce travail.
Je remercie ma femme, pour sa patience et son
encouragement pour la rédaction. Je la remercie également pour
son soutien et ses encouragements, et notamment de m'avoir incité
maintes fois à présenter mes travaux.
Je suis très reconnaissant à l'encontre de
Madame Princia, Secrétaire, de la formation DESS.
Enfin, tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail.
RAZAFIMANANTSOA Rijaharilala
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ii
TABLE DES MATIERES iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vi
LISTE DES TABLEAUX vii
LISTE DE GRAPHE vii
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : LE SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE
3
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET MISE AU POINT DE LA DECOUVERTE
5
1.1 Les activités des missionnaires jésuite
à Madagascar 5
1.2 Le hasard et la mise au point de la technique
6
1.3 Les fondements scientifiques de la découverte
6
CHAPITRE II : PRESENTATION DE L'ITINERAIRE TECHNIQUE SRI
8
2.1 Principes fondamentaux du SRI 8
2.2 Mise en place des pépinières et semis
8
2.3 Repiquage précoce de jeunes plants brin
à brin et espacé 8
2.4 Irrigation au minimum d'eau 9
2.5 Sarclages répétés 9
2.6 Calendrier cultural selon l'itinéraire
technique SRI 10
CHAPITRE III : TECHNIQUE PROCHE ET ADAPTATIONS DU SRI
11
3.1 Système de Riziculture Améliorée
(SRA) 11
3.2 MAFF (principe de moindre action et de parcimonie)
11
3.3 SRI Semis Germoir Biodégradable 12
DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DU SYSTEME DE
RIZICULTURE INTENSIVE 14
CHAPITRE I : FORCES 16
1.1 Augmentation de la productivité rizicole
grâce l'adoption du SRI 16
1.2 Augmentation des revenus du producteur 17
1.3 Rentabilité économique du SRI par
rapport à d'autres techniques 18
1.3.1 Économie des semences 19
1.3.2 Économie d'eau 20
1.4 Contribution de la technique à la protection
de l'environnement 20
1.5 Itinéraire technique souple et
résistant aux cataclysmes naturels 20
1.6 Activités menées pour la diffusion du
SRI 21
1.6.1 Activités menées par l'association
TEFY SAINA 21
1.6.2 Mise en place récemment du Groupement SRI
Madagascar 21
1.6.3 Activités menées pour diffuser le SRI
dans le monde 22
CHAPITRE II : FAIBLESSES 23
2.1 Contraintes techniques 23
2.1.1 Maîtrise de l'eau sur les grands
périmètres 23
2.1.2 Surcroît du travail lié à
l'adoption de l'itinéraire technique SRI 23
2.1.3 Disponibilité de la main d'oeuvre
23
2.2 Contraintes économiques 24
2.2.1 Insuffisance saisonnière de
liquidités 24
2.2.2 Coût d'opportunité lié à
l'affectation de la main d'oeuvre 24
2.2.3 Coût d'opportunité des
activités extra- agricoles 25
2.3 Contraintes socio- organisationnelles liées
à la diffusion de la technique 25
2.3.1 Importance du suivi et accompagnement des
pratiquants SRI 25
2.3.2 Absence de coordination entre les acteurs dans la
diffusion du SRI 25
2.3.3 Absence de système d'enregistrement des
données SRI 26
2.4 Cause du retard de la diffusion du SRI à
Madagascar 26
2.4.1 L'origine de la découverte
26 2.4.2 Dépendance du Ministère
vis-à-vis des bailleurs de fonds et assistantes techniques
étrangères 26
2.5 Contraintes socio- culturelles 27
2.5.1 Changement au niveau des habitudes de travail
27
2.5.2 Risques accompagnant l'adoption d'une innovation
culturale 27
2.5.3 Résistance au changement 27
2.5.4 Maintien des statuts sociaux au sein d'une
communauté 28
2.5.5 Logiques des acteurs locaux et stratégies
paysannes 29
2.5.5.1 Stratégies en fonction de la taille de
l'exploitation 29
2.5.5.2 Intensifier et limiter les risques 30
2.5.5.3 Stratégies de contournement des risques
30
2.5.5.4 Arbitrage entre le court et le long terme
30
2.5.5.5 Justification du maintien du système de
production domestique 31
CHAPITRE III : OPPORTUNITES 32
3.1 Satisfaire la demande domestique 32
3.2 Existence d'un marché potentiel pour
l'exportation 32
3.2.1 Exportation des trois variétés de riz
vers le marché italiens 32
3.2.2 Exportation de riz rose dur le marché
américain 33
3.3 Conditions agro écologiques favorables
à la riziculture 33
3.4 Développement de la microfinance
33
CHAPITRE IV : MENACES 35
4.1 Concurrence entre la production locale et le riz
importé 35
4.2 Effets pervers de l'aide alimentaire 35
4.3 État défaillant des réseaux
d'irrigation 35
4.4 Ensablement des rizières 36
4.5 Accès aux intrants et équipements
agricoles 36
4.5.1 Engrais 36
4.5.2 Semences améliorées 37
4.5.3 Équipements agricoles 37
4.6 Accès aux services de vulgarisation
38
4.7 Accès aux marchés et infrastructures
routières 38
4.8 Accès aux crédits 39
4.8.1 Accès au financement informel 39
4.8.2 Accès au financement formel 39
4.9 Aléas climatiques 39
4.10 Insécurité foncière
40
TROISIEME PARTIE : RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE
DIFFUSION DU SRI 42 CHAPITRE I : AMELIORATION DE
L'ENVIRONNEMENT EN AMONT DE LA FILIERE RIZ 44
____
1.1 Amélioration de la sécurisation
foncière 44
1.1.1 Mettre à jour la législation
foncière 44 1.1.2 Augmenter les ressources humaines
et introduire de nouveaux outils de travail
performants. 44 1.1.3 Mettre en place
de guichets fonciers pour décentraliser la gestion domaniale
et
foncière 45
1.1.4 Améliorer l'accès des producteurs au
financement rural 45
1.1.5 Augmenter le taux de pénétration de
la microfinance 46
1.1.6 Développer les Coopératives et les
Organisations paysannes 46
CHAPITRE II : AMELIORER L'ENVIRONNEMENT A L'INTERIEUR DE
LA FILIERE RIZ 48
______
2.1 Améliorer et renforcer les infrastructures
hydro agricoles 48
2.2 Améliorer l'accès aux intrants
48
_____
2.3 Améliorer l'accès aux services de
vulgarisation 49
2.3.1 Développer un système d'encadrement
de proximité 49
2.3.2 Améliorer les approches et les
stratégies 49
2.4 Renforcer les capacités des producteurs
50
2.5 Développer la formation en métier
agricole et rurale 50
2.6 Mettre en place des dispositifs contre les risques
50
2.7 Coordonner les actions sur la promotion du SRI entre
les acteurs 51
CHAPITRE III : AMELORATION DE L'ENVIRONNEMENT EN AVAL DE
LA FILIERE RIZ 52
3.1 Simplifier les réseaux de commercialisation
52
3.2 Améliorer les réseaux de communication
52
3.3 Améliorer l'accès des producteurs aux
informations sur le marché 52
3.4 Améliorer les infrastructures de stockage
(GCV) 53
3.5 Renforcer le rôle de la PCPC-Riz
54
CONCLUSION 55
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADRA: Adventist Development Relief Agency
ATS: Association TEFY SAINA
BIMTT : Bureau de liaison des Institutions de Formation
Rurale BOA: Bank of Africa
CAPR : Centre d'Apprentissage et de Promotion Rurale
CECAM : Caisse d'épargne et de crédit agricole
mutualiste
CIIFAD: Cornell International Institute for Food and
Development COI : Commission de l'Océan Indien
COMESA : Marché Commun de l'Afrique de l'Est et
Australe CRS : Catholics Relief Service
CSA : Centre de Service Agricole
FEKRITAMA : Confédération des Agriculteurs
Malagasy
FERT : Formation pour l'Épanouissement et le
Renouveau de la terre FFOM : Forces, Faiblesses, Opportunités,
Menaces
GCV : Grenier Commun villageois
GRET : Groupe de Recherche et d'Échanges
Technologiques IMF: Institution de microfinance
INPR : Institut de Promotion de la Nouvelle Riziculture
INSTAT: Institut National de la Statistique
IRRI : International Rice Research Institute
MAEP : Ministère de l'Agriculture de
l'Élevage et de la Pêche. MAFF : principe de moindre action et de
parcimonie
OMAPI : Office Malgache de la Propriété
intellectuelle PNVA : Programme National de Vulgarisation Agricole ROR :
Réseau des Observatoires Ruraux
SRA : Système de Riziculture
Améliorée
SRI : Système de Riziculture Intensive
SRT : Système de Riziculture
Traditionnelle
UPDR : Unité de Politique de Développement
Rural
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Le Modèle de tallage
KATAYAMA
Tableau n° 2 : Exemples des meilleurs
rendements obtenus en SRI à Madagascar
Tableau n°3: exemples des meilleurs
rendements SRI obtenus en SRI dans le monde
Tableau n° 4 : Besoins en semences par
rapport à la superficie
Tableau n° 5 : Coût de production en
SRI/SRA/SRT
Tableau n° 6: Part des produits agricoles
dans les revenus annuels moyens des ménages ruraux.
Tableau n° 7: Synthèse du diagnostic
du Système de Riziculture Intensive
LISTE DE GRAPHE
Graphe1 : Calendrier cultural
INTRODUCTION
Depuis le XVII ème siècle,
Madagascar jouissait d'une réputation dans la riziculture. Le riz
représente 70% de la production agricole totale et constitue le
principal aliment de base de la population.
Depuis les années quatre vingt, la croissance
annuelle de la production rizicole a été estimée à
1.5% et les rendements moyens restent inférieure à 3 tonnes
à l'hectare. La stagnation de la production a conduit le pays d'importer
chaque année entre 5 à 10 % de la consommation
nationale.
L'utilisation des techniques moins performantes
explique en partie cette stagnation du rendement rizicole. D'après la
statistique disponible au niveau du Ministère de l'agriculture, 72% de
la riziculture aquatique est cultivée sous la technique traditionnelle,
contre 28 % sous les systèmes améliorés.
La crise alimentaire et l'importance de
l'amélioration durable de la sécurité alimentaire
constituent une opportunité pour repositionner l'échec et de la
diffusion du SRI1 à Madagascar. Une technique
d'intensification rizicole découverte depuis une vingtaine
d'années qui n'a pas connu une forte adoption et qui pourtant a
rencontré une forte adoption dans les pays asiatiques, est reconnue sous
la dénomination «Malagasy Rice Système
».
Ce mémoire cherche à comprendre
pourquoi une adoption si faible du SRI à
Madagascar?
La recherche s'appuie sur une recension documentaire
relative à la filière riz et au système de riziculture
intensive. Les limites de l'étude se trouvent justement dans la
disponibilité des données quantifiables et centralisées au
niveau du Ministère de l'Agriculture.
1
Le travail comprend trois parties distinctes : La
première partie consiste à présenter l'historique et la
mise au point de la découverte, suivie d'une présentation de
l'itinéraire technique SRI ainsi que les diverses adaptations de la
technique.
La deuxième partie sera consacrée au
diagnostic du système de riziculture intensive. Il s'agit de
présenter les forces, faiblesses, les opportunités et menaces
liées à la diffusion de la technique.
Après avoir effectuer le diagnostic interne et
externe de la technique, la troisième partie s'intéresse plus
particulièrement sur les recommandations et les actions à
entreprendre pour une meilleure diffusion du SRI à
Madagascar.
PREMIERE PARTIE : LE SYSTEME DE RIZICULTURE
INTENSIVE
Dans cette première partie consacrée
à la présentation du Système de Riziculture Intensive,
nous allons aborder l'historique et la mise au point de la technique afin de
comprendre l'origine et les fondements scientifiques de la découverte.
Nous aborderons par la suite les différentes étapes de
l'itinéraire technique. Les adaptations de la technique compte tenu des
contraintes rencontrées par les pratiquants seront
évoquées à la fin de la première
partie.
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET MISE AU POINT DE LA DECOUVERTE
1.1 Les activités des missionnaires jésuite à
Madagascar
Les techniques rizicoles sont porteuses de la
représentation sociale et politique à Madagascar. Les
activités des missionnaires ne se limitaient pas sur
l'évangélisation seulement, elles s'étendaient aussi sur
d'autres domaines aussi bien économique que social.
Dans les années 60, la communauté
Jésuite de Madagascar a voulu connaître les données
socio-économiques et les problèmes du développement
à Madagascar. Le début des années 60 fut marqué par
l'arrivée au pays, du Père Henri de Laulanié,
ingénieur agronome Français.
Dans le cadre de la mission catholique, il a
été appelé en aide par des communautés de
Pères et de Soeurs pour intervenir techniquement auprès des
centres de formation agricole, artisanale et ménagère sous le
concept du développement de tout Homme et de tous les
Hommes.
Il s'est installé à Madagascar avec
modestie. Il a développé une approche basée sur
l'observation et la discussion directe avec le paysan. Henri de LAULANIE a
souligné que la base du développement s'acquiert à travers
l'observation et la réflexion. Pour comprendre le mode de fonctionnement
du système de production et les stratégies paysannes, il a
sillonné la grande île.
En 1983, ses travaux de recherches ont abouti à
la découverte du SRI. Pour y arriver à ses fins, il a non
seulement effectué plusieurs essais mais aussi recherché aussi
des explications scientifiques sur le fondement de la
découverte.
C'est en 1988, grâce à la lecture d'une
étude sur l'analyse des composantes des rendements du riz
réalisée par Didier MOREAU pour le compte du
GRET2, qui a cité les travaux d'un chercheur
japonais Katayama sur le développement du tallage3
du riz qu'il a trouvé le fondement scientifique de sa
découverte.
Pour accompagner la découverte, Il a
formulé quelques recommandations comme : l'amélioration du
rendement agricole non par l'extensification mais par l'intensification, la
généralisation de la culture attelée.
Le Père Henri de LAULANIE a déclaré
que le SRI sera "Patrimoine de l'humanité tout entière". C'est
dans cet esprit qu'il n'a pas breveté la découverte sous son
nom.
Le brusque décès du Père H. de
Laulanié survenu le 23 juin 1996, intervient là où sa
découverte a reçu un agrément officiel. Il a
été promu chevalier de l'ordre national.
2 Groupe de Recherche et d'Échanges
Technologiques
3 Développement de la racine
Après sa disparition, ses activités ont
été continuées par ses disciples à travers
l'Association TEFY SAINA et le centre de formation
CAPR4.
1.2 Le hasard et la mise au point de la technique
Au départ, la découverte du
système de riziculture intensive a été le fruit du hasard.
L'année 1983 - 1984, fut marquée par une sécheresse
exceptionnelle qui a frappé plusieurs régions de la grande
île. Ce fut au mois de novembre 1983, qu'une sécheresse
exceptionnelle a frappé plusieurs localités de la grande
île dont la ville d'Antsirabe n'a pas été
épargnée par celle-ci.
La sécheresse et le retard de la tombée
de la pluie, ainsi que l'insuffisance de la superficie des
pépinières ont obligé les disciples du Père Henri
de Laulanié de repiquer de plants de riz de quinze jours brin à
brin et très espacés.
Les résultats obtenus furent spectaculaires,
ils ont pu constater qu'un jeune plant a donné 20 épis. Lors de
la campagne suivante, Ils ont reproduit la même expérience avec de
plants plus jeunes (9, 10, et 12 jours). A partir du résultat obtenu,
ils ont constaté que les nombres d'épis avait augmenté
considérablement par rapport à l'année
précédente jusqu' à atteindre 60 et 80 tiges. Le
Père Henri de Laulanié a constaté que le nombre des tiges
augmente au fur et à mesure qu'ils ont utilisé des plants plus
jeunes.
Cette expérience lui a permis d'observer le
développement de la racine de plant de riz malgré le manque
d'eau. Ce constat lui a permis d'approfondir la recherche qui a abouti
finalement à la mise au point de la technique SRI à Antsirabe
dans le Centre Manatenasoa. La découverte de la riziculture intensive a
été le fruit du hasard, suivi de réflexion et
d'observation.
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