2.2
RESEAU SOCIAL ET SANTE
L'existence du lien entre l'état matrimonial et la
santé semble incontournable, mais des interrogations surgissent à
propos de la manière dont ces deux composantes se lient entre elles. En
1995, suite à des études sur cette liaison, Shye et Mulloody
proposent le réseau social comme facteur intermédiaire. Leur
constat est que : les personnes ayant un réseau social plus
évasé ont tendance à être en meilleure santé
et à se rétablir plus rapidement des suites d'une maladie ;
adoptent des comportements plus positifs vis-à-vis des soins de
santé et vivent généralement plus longtemps. A partir de
cette information, ils estiment que ce n'est pas le mariage qui améliore
la santé des concernées mais plutôt l'élargissement
du réseau social. En effet, lorsqu'une femme se marie, elle
élargit la notion de famille (les connaissances de son partenaire
deviennent les siennes).
En 2008, Héritage et Grimaud cherchent à
établir une association entre réseau social et santé
perçue en France. Ils s'appuient sur les données de l'EPCV
(Enquêtes Permanentes sur les Conditions de Vie) sur les
caractéristiques de 5046 adultes et utilisent le revenu, l'âge et
le sexe comme co-variables explicatives de la santé perçue des
français. La variable « relations sociales »
était composée des modalités suivantes : avoir eu une
conversation téléphonique personnelle (au cours des 8 jours
précédents) ; être membre actif d'une
association ; avoir au moins un ami, être marié/ vivre avec
un conjoint. Les résultats ont montré que les personnes qui n'ont
pas d'amis ont 1,7 fois plus de risque d'être en mauvaise santé
que celles qui ont au moins un ami, alors que celles qui n'ont pas de conjoint
ont 1,22 fois plus de risque d'être en mauvaise santé
comparativement aux personnes vivant en union.
2.3
RELATION ENTRE LA SANTE ET LE STATUT SOCIOECONOMIQUE
Comme mentionné plus haut, la mesure la plus
utilisée du statut socioéconomique est traduite par les variables
suivantes : le revenu disponible individuel, le niveau d'instruction, la
situation face à l'emploi et la profession. Aussi, chercher à
traduire le lien entre la santé et le statut socioéconomique
revient à traduire le lien entre la santé et chacune de ces
variables.
2.3.1
Relation entre le revenu et la santé
Des études menées surtout au Canada et aux
Etats-Unis révèlent l'existence d'une ferme relation entre le
revenu de l'adulte et son état de santé. Peu importe la mesure
adoptée pour se saisir de l'état de santé, il est peu
contestable que de faibles revenus mènent à un mauvais
état de santé.
Les preuves du lien entre le revenu et la santé sont
très documentées. Ross et Wu affirment que les personnes ayant un
revenu plus élevé ont plus de chances d'être en bonne
santé. Ils établissent que ces personnes ont plus de
facilité d'accès aux soins de santé, aussi bien à
caractère curatif ou préventif, que les autres. Le fait d'avoir
un revenu élevé contribue à avoir une hygiène de
vie favorable à la santé.
D'autres chercheurs pensent que la relation entre le revenu et
la santé peut s'expliquer par l'environnement (milieu de
résidence). En effet les personnes pourvues de revenu
élevé vivent dans des espaces moins pollués et moins
dangereux. Leurs quartiers sont très souvent moins denses et plus
agréables à vivre. De même, les enfants nés de
familles à faible revenu ont plus de risque de tomber malade ou de se
blesser. Ils sont en outre plus susceptibles d'adopter des comportements
à risques tels que la consommation du tabac et d'alcool (Tuijmann,
1989). Toutefois, il apparaît que le revenu seul ne peut expliquer la
santé ; il faut ajouter d'autres facteurs tels que la
cohésion familiale car cette dernière peut réduire la
probabilité des effets négatifs associés à de
faibles revenus (Paul R et Gail F, 1998).
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