1- L'homme : un être
sacré au sens de la tradition
Il y a des sociétés où la
sacralité de l'homme constitue le ressort de l'organisation de la vie
sociale, économique, politique et culturelle. La société
traditionnelle béninoise n'échappe pas à cette vision.
Elle s'inscrit dans cette même veine en sacralisant l'être humain.
L'approche traditionnelle anthropologique béninoise,
révèle une authentique culture de la sacralité de la
personne humaine. Cette sacralité s'exprime et se démontre au
quotidien à travers des rites, des paroles et des actes, qui confirment
les légendes et affirment par conséquent le triomphe de l'homme.
Essayons avant tout développement d'appréhender la place que lui
accorde la tradition à travers une onto-anthropologie. La tradition
place l'homme au centre de l'univers. C'est lui qui assure le lien entre le
Créateur et les humains, entre le monde invisible et celui des vivants.
Il assure également la liaison entre les divinités, les
ancêtres et Dieu. Il s'impose par sa haute valeur et est
considéré comme le bien le plus précieux dans l'univers.
Il est la valeur absolue dans le temps et l'espace. L'homme dans l'univers
traditionnel est un élément essentiel. C'est lui qui donne sens
à la création, à la société et
représente l'humanité achevée sur terre. Cette
représentation qui fait de lui, l'être le plus précieux par
la tradition, a pour conséquence, la prise en compte de sa dimension
sacrée.
En effet, la tradition considère que, l'homme comme est
un être sacré à qui l'on doit un respect absolu à
cause de son caractère divin. Il est selon la tradition le
représentant de Dieu sur terre. Il est donc un
« demi-dieu » sur terre, « dieu rendu
homme » comme le pense aussi le christianisme. La dimension de la
sacralité de l'homme s'exprime par son corps et son âme. Son corps
est le temple de Dieu le Créateur et son âme l'esprit qui sert de
lien entre lui et le créateur. Le caractère sacré de
l'homme renvoie dans la tradition à la sacralité de la vie
humaine. Toujours selon la tradition, la sacralité de la vie est
très importance et mérite respect. Elle doit être
vécue, donnée, exemplaire, longue et éternelle. Pour
magnifier Dieu, la tradition entretient la sacralité de l'homme à
travers des rites, des interdits, des pratiques Vodoun, ceci dans
l'intérêt de la protection de la vie donnée par Dieu. Les
sacrifices aux fétiches, aux divinités intermédiaires sont
l'expression de la reconnaissance du caractère sacré de
l'être humain. C'est aussi un renouvellement de l'alliance avec Dieu par
le rachat des fautes commises par l'homme. Lorsque par exemple, la tradition
combat la sorcellerie, récrimine certains actes notamment l'avortement,
les infanticides et autres homicides volontaires, considérés
comme de la monstruosité et de la méchanceté des hommes,
elle le fait au nom du principe de la sacralité de l'homme. Au-
delà du corps et de l'esprit de l'homme, sa parole est aussi
sacralisée dans la tradition. Tout ce que prononce un être humain
est béni de Dieu et pris au sérieux. C'est le cas par exemple de
la bénédiction donnée par les parents géniteurs
pour un enfant qui sera considérée comme sacrée. Ses
gestes, ses actes et comportements par voie de conséquence, sont aussi
sacrés et bénis de Dieu.
Au regard de ce caractère d'être sacré,
l'homme jouit de droits fondamentaux qui reposent sur la nature humaine. Nous
reviendrons plus tard sur ces droits et leur mode de jouissance. La conception
traditionnelle de l'homme, ne le perçoit pas seulement comme un
être sacré avec des droits reconnus à son
caractérise divin, mais le définit comme un acteur social de
premier ordre. D'où son importance dans l'organisation sociale la
vie.
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