Notre étude avait pour objectif d'analyser le
modèle de gestion décentralisée des forêts au
Cameroun qu'est la forêt communale. Concrètement, il s'agissait de
montrer en quoi la mise en place du massif forestier communal constitue une
opportunité réelle de développement endogène
à l'échelle locale. En d'autres termes, comment la gestion de la
forêt communale contribue-t-elle à l'amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires ? Au delà
de ces préoccupations, quelle est la participation des populations
villageoises locales dans la gestion durable des forêts communales ? Nous
avons suggéré l'hypothèse selon laquelle la mise en oeuvre
de la forêt communale traduit dans les faits les principes de la
gouvernance, de la participation et de la responsabilisation des populations
villageoises dans la gestion des ressources forestières.
Il ressort de notre travail que, la dynamique de la gestion
décentralisée des forêts au Cameroun ne se traduit pas par
une dévolution des compétences et du pouvoir au niveau local. En
effet, pour la gestion des forêts communales, la problématique du
développement des connaissances et des compétences des acteurs
locaux se pose avec acuité. En outre, la centralisation du pouvoir par
le maire est de nature à fragiliser la structure en charge des questions
forestières. Ces manquements se font ressentir d'une part dans
l'exécution, le suivi et le contrôle des activités
liées à l'exploitation forestière. D'autre part,
malgré la disponibilité d'importants bénéfices
financiers, les problèmes de gouvernance locale et de planification du
développement sont à l'origine de la disproportion entre les
revenus issus de la forêt communale, la quantité et la
qualité des effets socioéconomiques dans la commune.
Plus d'une décennie après la création
des forêts communales au Cameroun, il apparaît clairement que ce
modèle particulier de gestion forestière
décentralisée n'a pas encore atteint ses objectifs. L'implication
des populations dans cet aménagement reste largement superficielle. Le
renforcement du pouvoir et de la légitimité des
communautés riveraines, prôné par la loi forestière,
reste encore peu perceptible dans la gestion des forêts communales.
L'exclusion de la population locale de la gestion forestière apporte une
explication logique sur l'absence de l'amélioration de leur niveau de
vie. Du fait, que le choix des axes prioritaires de développement par
l'institution communale ne reflète pas la volonté communautaire.
La gestion décentralisée, telle que pratiquée
actuellement, est loin de la démocratie participative où les
citoyens sont de véritables acteurs et participent effectivement
à la prise de décision.
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En matière de gestion des forêts communales au
Cameroun, quelques dispositions peuvent être envisagées notamment
:
v' la restructuration, à travers l'intégration du
volet environnemental et la redéfinition des
missions de la cellule de contrôle de l'exploitation de la
forêt communale ;
v' le recrutement d'un personnel qualifié et
compétent à la tête de la structure en charge
des questions forestières communales ;
v' le renforcement des capacités techniques et
managériales du personnel communal en charge de la gestion de
l'exploitation de la forêt communale ;
v' le renforcement des capacités de l'exécutif
communal en management ;
v' la mise en place d'une faitière des organisations
paysannes, en vue de leur participation dans la gestion du massif forestier
communal ;
v' l'implication et le renforcement de la collaboration de la
commune avec les autres parties prenantes (MINFOF, organismes de la
société civile, populations et partenaire d'exploitation) ;
v' le réexamen, sur le plan juridique, de la
participation des communautés villageoises riveraines dans la gestion de
la forêt communale.
Nous sommes conscient de n'avoir pas abordé dans leur
totalité toutes les thématiques que notre sujet aurait pu
permettre notamment : les questions foncières et la gestion
décentralisée des forêts ; l'approche genre et la gestion
décentralisée des forêts au Cameroun. Cependant, les pistes
ouvertes par notre analyse constituent, nous osons le croire, des points de
départ pour les études ultérieures