UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE INSTITUT
CATHOLIQUE DE YAOUNDE
Focalté des sciences sociales et de
gestion
THEME :
GESTION DECENTRALISEE DES FORETS AU CAMEROUN :
CaSDELeiFORET CO. MUAWLEDE MOLOGATDOU
MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU PUBLIQUEMENT EN VUE
DE L'OBTENTION DU MASTER EN MANAGEMENT ET DEVELOPPEMENT DES PROJETS EN
AFRIQUE
Par : Stéphane Hervé
ABESSOLO
Titulaire d'une maîtrise en sciences
économiques Sous la direction du : Pr. Marie-Thérèse
MENGUE Sociologue
2
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES TABLEAUX V
LISTE DES GRAPHIQUES VI
LISTE DES ABREVIATIONS VII
RESUME IX
ABSTRACT X
INTRODUCTION GENERALE 11
I. CONTEXTE D'ETUDE 13
II. DELIMITATION DU SUJET 16
III. INTERETS DE L'ETUDE 17
IV. DEFINITION DES CONCEPTS 18
V. REVUE DE LITTERATURE 20
VI. PROBLEMATIQUE 27
VII. HYPOTHESES 28
VIII. PROCESSUS METHODOLOGIQUE 28
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE MOLOUNDOU
32
I. Présentation géographique et
état des lieux du développement dans la commune 32
II. Présentation de l'institution communale
44
CHAPITRE II : LA MISE EN OEUVRE DE L'EXPLOITATION DE LA
FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU 49
3
II. Modalités d'exploitation des ressources
ligneuses 54
CHAPITRE III : LA PORTEE SOCIALE DE LA GESTION DE LA
FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU 68
I. Organisation et fonctionnement de l'exploitation de
la forêt communale 68
II. Gestion des revenus de l'exploitation de la
forêt communale et impact sur les populations 81
CHAPITRE IV : L'IMPLICATION DES POPULATIONS LOCALES DANS
LA GESTION DE LA FORET COMMUNALE 88
I. Implication des populations villageoises riveraines
dans la procédure de mise en oeuvre de la forêt
communale 88
II. Gestion de l'exploitation de la forêt
communale et participation des populations villageoises riveraines
92
CONCLUSION 100
BIBLIOGRAPHIE 102
ANNEXES 109
TABLE DES MATIERES 117
4
A ma grand-mère :
Ruth ZEH,
REMERCIEMENTS
Ce mémoire constitue pour nous l'occasion de remercier
toutes les personnes ayant contribué d'une manière ou d'une autre
à sa réalisation. Nous remercions ainsi :
v' Le Professeur Marie-Thérèse MENGUE, pour la
direction de ce mémoire ; v' Ma mère, Chantal MFOU'OU ZEH ;
1' Mon père, Jacques Allience SEMENGUE et son
épouse Louise SEMENGUE ; v' Les enseignants et le personnel de la
bibliothèque de l'université catholique d'Afrique centrale ;
v' Mme Isabelle NLEND ;
v' Mme Jeanne-Thérèse NGO MATIMBHE ;
1' Ma famille, en particulier Angeline NDZANA, ALICE SOUA,
Jean-Michel MVOMO, Yves TENGA, Carine BINDJEME et Gisèle NDZENGUE ;
1' Mr Baudelaire KEMAJOU, Directeur du CTFC ;
v' Mes camarades de la promotion 2007-2009 et mes amis en
particulier : Loïc BIANGO, Pierre Yves NDZOMO, Charles EDOA, Orane NDALLE,
Patrick MENDOUA, Patrick BENG, Arnaud ZOGO, Georges FOUDA, Roberte ABOYA,
Annick ENDALLE et Martine MBANG.
v' toutes les personnes que je ne peux pas remercier
nommément ici.
Puissiez-vous trouver ici l'expression de ma gratitude.
LISTE DES TABLEAUX
6
Tableau n°1 : Répartition de
l'échantillon selon la qualité 30
Tableau N°2 : Répartition des effectifs
d'élèves dans la commune de Moloundou à la rentrée
2008/2009 41 Tableau N°3 : Situation des formations
sanitaires de l'arrondissement de Moloundou.
42 Tableau N°4: Données chiffrées
relatives au dépistage du VIH/SIDA en 2007 et 2008 à
l'hôpital de District de Moloundou 43
Tableau N°5 : Organisation des services de la mairie
46
Tableau N° 6 : Conduite des activités des
populations à l'intérieur de la forêt
communale 59
Tableau N° 7 : Essences
exploitées dans la forêt communale et les volumes
prélevés 78
Tableau N°8 : Espèces utilisées
pour l'alimentation et la pharmacopée 80
Tableau N°9 : volume total de
grumes prélevées par année et somme rapportée
à la 82
Vente 82
Tableau N° 10 : Estimation des traites payées
et de la dette de la commune 83
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique N°1 : Analyse comparative des autres
sources de recettes avec les revenus
forestiers 47
Graphique N°2 : Plan parcellaire de la forêt
communale de Moloundou 56
Graphique N°3 : Distribution du nombre de tiges
totales par essence principale 57
Graphique N°4 : Représentativité des
essences principales exploitables inventoriées toutes strates
forestières confondues 58
8
LISTE DES ABREVIATIONS
AAC : Assiette annuelle de coupe
ALPICAM : Alpi Pietro et Fils Cameroun
CED : Centre pour l'environnement et le
développement
CEFAM : Centre de formation pour
l'administration municipale
CEP : Certificat d'études primaires
COVAREF : Comité de valorisation des
ressources fauniques
CPF : Comité paysan forêt
CTFC : Centre technique de la forêt
communale DME/ADM : Diamètre Minimum des Essences
Aménagées
EIE : Etude d'impact Environnemental FC
: Forêt communale
GIC : Groupe d'initiative commune
GPS : Global Position system
MINDAF : Ministère des domaines et des
Affaires foncières
MINATD : Ministère de l'administration
territoriale et de la décentralisation
MINEF : Ministère des eaux et
forêts MINEFI : Ministère des Finances
MINEPN : Ministère de l'Environnement et
de la Protection de la Nature
MINFOF: Ministère des forêts et la
Faune MINMINES : Ministère des Mines
MINTOUR : Ministère du tourisme
ONG : Organisation non gouvernementale
PDC : Plan de développement communal
PFNL : Produits forestiers non ligneux
PGE : Plan de gestion environnemental
RDPC : Rassemblement démocratique du
peuple camerounais RFA : Redevance forestière
annuelle
SAR/SM: Section artisanale rurale/Section
ménagère
SDIAF : Sous-direction des inventaires
forestiers
SIDA: Syndrome de l'immuno-déficience
acquise
UFA : Unité Forestière
d'aménagement
VIH : Virus de l'immuno-déficience
humaine
ZIC : Zones d'intérêts
cynégétiques
ZIGGC : Zones d'intérêts
cynégétiques à gestion communautaire
RESUME
10
La dynamique de la décentralisation dans le domaine du
développement durable en général, et de la gestion des
forêts en particulier, revêt une importance qui a été
longtemps occultée. Face aux désastres résultant de la
déforestation à grande échelle et du processus de
destruction des ressources naturelles, il se dégage clairement la
nécessité de changer le cours des événements et de
rendre la gestion des forêts aux communautés locales. En effet,
pendant la longue période d'étatisation de la gestion
forestière, la définition des objectifs lors des processus de
décisions s'est généralement faite sans la participation
des populations riveraines. Dans l'optique de faire respecter leurs droits
fondamentaux respectifs, les revendications des populations riveraines portant
sur une gestion participative des massifs forestiers, représentent
à cet égard le premier acte du processus qui induit la
promulgation de la nouvelle loi portant régime des forêts, de la
faune et de la pêche.
La volonté d'intégrer les populations se
matérialise, d'une part à travers la possibilité offerte
aux communautés de gérer une partie du domaine forestier non
permanent, et d'autre part, l'opportunité offerte aux communes
d'acquérir et de gérer une partie du domaine forestier permanent
(forêts communales). Plus d'une décennie après la
création des forêts communales au Cameroun, le bilan est
malheureusement mitigé. En dépit des progrès remarquables
observés, elle peine encore à être pleinement mise en
oeuvre au regard de l'influence de certaines variables sociales et
économiques qui interagissent et conduisent quelques fois à des
situations d'iniquité. La gestion décentralisée, telle que
pratiquée actuellement, est loin de la démocratie participative
où les citoyens sont de véritables acteurs et participent
effectivement à la prise de décision.
ABSTRACT
The dynamic of decentralization in the aspect of a durable
development in general, and the control of forests in particular is originated
from a long time occurrence. In front of the disaster resulted from the
deforestation in a great failure and the procedure of destruction of natural
resources, provokes clearly the necessity of changing the race for activities
and render the control of forests to the local communities. In effect, during
the long period of state control of forestry, the definition of the objectives
during the procedure of decision was generally made without the participation
of the populations of the rive rain areas. In the same views of respecting
their rights, the revendications of the populations of the rive rain areas is
on the control participative of the massive forestry, representing at this
level the first and primary act of the procedure that introduce the revision of
the code of forestry in Cameroon. The will of integration of the population can
be materialize, at first through the possibility given to the communities the
controlling of some parts of the forestry sector and not in permanent, at the
other hand, the opportunity given for the community to collect and control some
parts of forestry sector in permanent (communal forests). More than a tenth
after the creation of the communal forest in Cameroon, the result is so
unfortunately presented. In spite of the progresses remarkably observed. It's
suffers again to be fully put the view of the influence of certain various
social and economic that interacts and conducts sometimes the situation of
inequitable. The control decentralizes just like it is practice actually is
long to be democratize participative where the citizens are the real actors and
participle effectively the taking of decision.
12
INTRODUCTION GENERALE
Durant des siècles, les communautés
riveraines1 ont profité de la forêt de manière
rationnelle. Elles utilisaient les ressources forestières de sorte que
celles-ci puissent se renouveler naturellement. Ce mode d'utilisation
s'apparente à une gestion durable2 de l'environnement.
Malheureusement, la politique centralisée d'exploitation des ressources
naturelles a favorisé un processus de déforestation à
grande échelle ne tenant pas compte du droit d'usage des populations. Le
monde est entrain de perdre ses forêts3. Du désastre
actuel se dégage clairement la nécessité de changer le
cours des évènements et de rendre la gestion des forêts aux
communautés locales car, partout dans le monde, de nombreuses personnes
souffrent en raison des processus de destruction qui les privent des ressources
naturelles, dont elles ont toujours tiré leur subsistance. En effet,
pendant la longue période d'étatisation de la gestion
forestière, la définition des objectifs s'est
généralement faite sans la participation des populations
riveraines. Les décideurs ne tiennent pas compte de la culture et des
aspirations des populations locales et certains objectifs sont souvent
contraires aux attentes et intérêts de celles-ci.
Ainsi, les revendications des populations riveraines, portant
sur une gestion participative des massifs forestiers, représentent le
premier acte du processus qui induit la révision du code forestier
camerounais. Le deuxième catalyseur de cette réforme est le
sommet de la terre de Rio de 1992. Celui-ci préconise la conciliation
entre les enjeux économiques et l'impact écologique et social, en
vue de la lutte contre la pauvreté. La conjugaison de ces deux
événements constitue le principal vecteur de la promulgation de
la loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts,
de la faune et de la pêche, complétée par le décret
N° 95/531 du 23 Août 1995 fixant les modalités d'application
du régime des forêts.
L'objectif de cette loi est de promouvoir une gestion durable
des forêts camerounaises, en encourageant la participation de l'ensemble
des usagers au processus d'aménagement et de
1 Article 2 de l'arrêté conjoint n°
122/MINEFI-MINAT du 29 avril 1998 fixant les modalités d'emploi des
revenus provenant de l'exploitation forestière et destinés aux
communautés villageoises riveraines.
2 La gestion durable des forêts vise à
garantir que les biens et services procurés par les forêts
répondent aux besoins d'aujourd'hui tout en s'assurant la
continuité de leur disponibilité et de la contribution au
développement à long terme.
3 Antoine Lassagne, « Exploitation
forestière, développement durable et stratégies de pouvoir
dans une forêt tropicale camerounaise », In
Anthropologie et sociétés vol,. 29, n°
1, 2005, pp 49-79.
14
gestion forestière décentralisée. Cette
volonté politique d'intégration des populations se
matérialise, d'une part, à travers la possibilité offerte
aux communautés de gérer une partie du secteur forestier non
permanent (forêts communautaires). Et d'autre part l'opportunité
offerte aux communes d'acquérir et de gérer une partie du secteur
forestier permanent (forêts communales). La décentralisation de la
fiscalité forestière constitue également une autre
innovation majeure de la loi de 1994. Celle-ci définit le processus de
redistribution de la redevance forestière, ainsi qu'il suit : 50% pour
l'Etat, 40% aux collectivités locales et 10% aux communautés
villageoises riveraines de la zone exploitée4. Mais, plus
d'une décennie après la décentralisation de la gestion des
ressources naturelles au Cameroun, le bilan reste mitigé, les
populations possédant un fort potentiel forestier croupissent toujours
dans la pauvreté.
Pour une démarche pertinente, nous allons d'abord
présenter le contexte d'étude.
I. CONTEXTE D'ETUDE
Une relecture de l'histoire des aménagements forestiers
au Cameroun depuis la période coloniale permet de distinguer quatre
séquences essentielles5. En prime, la séquence
précoloniale durant laquelle la gestion forestière est
basée sur des « maîtrises » foncières. Celles-ci
sont fondées sur la propriété collective, lignagère
ou clanique et sur les modalités d'exploitation du capital-nature
(essartage traditionnel, cueillette, chasse et pêche). Ensuite, la
période coloniale, qui introduit une logique « technicienne »
d'aménagement forestier. L'économie forestière formule des
préoccupations d'accumulation. Les forêts deviennent des
unités de production gérées par des acteurs privés
étrangers dont l'objectif est l'extraction de la ressource ligneuse du
territoire camerounais. La troisième séquence est la gestion
postcoloniale centralisée. Celle-ci est marquée par la
promulgation de deux lois forestières en 1973 et 1981. Cette
législation ne marque pas de véritable rupture d'avec le code
forestier français de 1935, l'autorité de l'Etat sur les
forêts y est réaffirmée. En ce sens, cette séquence
officialise la légitimité étatique et renvoie les
légitimités du local à la périphérie. Enfin,
la dernière séquence marque la période de la
décentralisation de la gestion des forêts. Elle est
gouvernée par des actes législatifs et politico- administratifs,
qui amorcent la déconstruction de l'hégémonie de l'Etat.
Le processus conduisant à la décentralisation de la gestion
forestière
4 Arrêté conjoint n°
122/MINEFI-MINAT du 29 avril 1998 fixant les modalités d'emploi des
revenus provenant de l'exploitation forestière et destinés aux
communautés villageoises riveraines.
5 Mariteuw Chimère Diaw, Henri Assoumou,
Eric Dikongué, « la gestion communautaire des ressources
forestière. Evolution conceptuelle et aménagements
institutionnels en zone de forêt humide camerounaise », In
Gockowsky, Les actes de lancement du programme EPHTA,
Yaoundé, 1997, p 20.
a abouti grâce à un certain nombre d'actions
menées par les populations et les pressions exercées sur le
gouvernement camerounais par les bailleurs de fonds6.
La politique forestière est codifiée par la loi
n° 94/01 du 20 janvier 1994 qui divise le territoire forestier en deux
principaux ensembles : le domaine forestier non permanent et le domaine
forestier permanent. Le domaine forestier non permanent, équivalent au
« domaine protégé », est constitué de terres
forestières susceptibles d'être affectées à des
utilisations autres que forestières. Totalement assis, au plan foncier,
dans le domaine national, c'est un domaine à vocations multiples,
où sont attribuées les ventes de coupes, les forêts
communautaires, les permis et les autorisations de coupe. Il comprend : les
forêts du domaine national, les forêts communautaires et les
forêts des particuliers7.
Le domaine forestier permanent est constitué des terres
affectées définitivement à la forêt et à
l'habitat de la faune. L'aménagement des forêts permanentes est
obligatoire et procède du souci de disposer d'une couverture
végétale reflétant la biodiversité nationale. Il
comprend les forêts domaniales appartenant à l'Etat, et les
forêts communales, qui relèvent du domaine privé des
communes8. Les forêts communales sont des forêts faisant
l'objet d'un acte de classement pour le compte des communes ou qui ont
été plantées par elle. L'acte de classement fixe les
limites et les objectifs de gestion qui peuvent être identiques à
ceux des forêts domaniales, ainsi que de l'exercice des droits d'usage
des populations locales. Elles ouvrent droit à l'établissement
d'un titre foncier au nom des communes concernées. Les forêts
communales sont dotées d'un plan d'aménagement approuvé
par l'administration forestière.
La réforme de 1994 vise une triple
finalité9 : une finalité politique, une
finalité socioéconomique et une finalité
écologique. Au plan politique, il s'agit de traduire, dans les faits les
principes de la participation et de la responsabilisation des populations
villageoises dans la gestion des ressources forestières ; de promouvoir
la démocratie locale et la gouvernance dans la gestion des ressources
forestières. Au plan économique et social, la réforme doit
permettre d'accroître la contribution du secteur forestier au
développement local et à la lutte contre la pauvreté, avec
la réalisation des oeuvres économiques et sociales (adduction
d'eau, électrification, construction et entretien des routes, des ponts,
entretien ou
6 François Ekoko, Jake Brunner, « La
réforme de la politique forestière au Cameroun : Enjeux, bilan,
perspectives », WRI, 2000, p 4.
7 Articles 20 et 34 de la loi n°94/01 du 20
janvier 1994 portant des forêts, de la faune et de la pêche.
8 Article 30 de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994
portant des forêts, de la faune et de la pêche.
9 Patrice Bigombé Logo, « les
régimes de la tenure forestière et leurs incidences sur la
gestion des forêts et la lutte contre la pauvreté »,
GRAPS-CERAD, Yaoundé, 2007, p 10.
équipement des établissements scolaires et des
formations sanitaires). Et, enfin, au plan écologique, elle vise
à garantir une gestion durable des écosystèmes
forestiers.
Mais en octroyant un droit exclusif aux exploitants
forestiers, soit 70% de la surface exploitable10, la loi de 1994
limite considérablement les droits d'usage des populations riveraines.
Dans le cas des forêts communales, qui sont classées dans le
domaine permanent de l'Etat, l'acte de classement fixe les limites de
l'exercice des droits d'usage des populations locales. Ainsi, des
activités agro forestières sont strictement interdites dans les
limites de la forêt communale. On note un déficit de terres
cultivables consécutif au déploiement de la foresterie communale.
Cette raréfaction des terres a comme corollaire la naissance des
conflits entre les populations riveraines. En outre, La multiplication des
inégalités, des injustices dans l'allocation des ressources et le
partage des bénéfices qui en sont tirés a
généré des conflits entre les différents acteurs
intervenant dans le secteur forestier11. Le manque de terres
cultivables conduit à une baisse des revenus des communautés
riveraines. Ainsi, la pratique de l'agriculture, représentant la
principale activité génératrice de devises, devient
hypothétique. Dés lors, l'exploitation forestière tend
à paupériser les populations malgré les royalties
générées par ce secteur.
La grave crise qui a secoué le monde dans les
années 1980, notamment les pays en développement, est à
l'origine de la baisse drastique des prix des principales matières
premières, telles que le cacao, le café et le pétrole.
Cette chute contribue à fragiliser une économie camerounaise
dépendante du pétrole et des autres matières
premières. En outre, la dévaluation du FCFA en janvier 1994
plonge également les économies des pays africains dans la
récession. C'est dans ce contexte économique morose que
l'exploitation forestière connaît une expansion. L'exploitation
forestière industrielle est la principale composante économique
du secteur forestier camerounais. Le chiffre d'affaires de celui-ci est
estimé à 350 milliards de FCFA12. Avec une valeur
d'environ 300 milliards de FCFA, les exportations de bois constituent la
deuxième source de recettes d'exportation après le
pétrole. Pour illustration de l'importance de l'exploitation
forestière dans l'économie nationale, les exportations de bois
comptent pour 15% des recettes d'exportation au Cameroun pendant l'exercice
1997/199813.
10 Antoine Lassagne, « Exploitation
forestière, développement durable et stratégies de pouvoir
dans une forêt tropicale camerounaise », In
Anthropologie et sociétés vol,. 29, n°
1, 2005, pp 49-79.
11 Patrice Bigombé Logo, Bernard Dabire,
Gérer autrement les conflits forestiers au
Cameroun, PUCAC, Yaoundé, 2002, p 32.
12 Patrice Bigombé Logo, « le
désarroi des populations villageoises », In
FPAE, 2006, p 3.
13 Op cit. , p 3.
16
Cette contribution est estimée à 25% pendant
l'année 2000/200114. De même, la contribution du
secteur forestier au produit intérieur brut est estimée entre 8%
et 10%, et la participation du secteur au budget de l'Etat, à travers
différentes taxes et redevances, fluctue entre 35 et 40 milliards de
FCFA par an15. En termes de création d'emplois, le secteur
forestier compte 90 000 emplois directs et indirects.16
Il faut relever ici que la filière forestière
est en proie à un ralentissement de ses activités, ainsi les
recettes d'exportation de la filière bois en 2006 sont estimées
à 16 % des exportations du Cameroun17. Le secteur forestier
camerounais est dans la récession, selon le syndicat des exploitants
forestiers du Cameroun, 30 % des commandes passées ont été
annulées18. Cet état de chose est lié au
contexte économique mondial ponctué par la grave crise
financière et économique qui secoue le monde depuis 2008. Parler
de la problématique de la gestion décentralisée des
forêts au Cameroun nécessite que nous délimitions le
sujet.
II. DELIMITATION DU SUJET
Pour mener cette étude, notre choix s'est porté sur
la commune de Moloundou comme espace de travail durant la période allant
de 2006 à 2009.
A. Délimitation spatiale
Nous avons choisi la commune de Moloundou pour une double
raison. D'abord, celleci est avec trois autres institutions communales (Dimako,
Gari-gombo et Yokadouma) les précurseurs de la foresterie communale au
Cameroun. La seconde raison est l'opportunité que nous a offerte le
CTFC, à travers notre stage académique. Ayant le couvert de cette
structure, il était ainsi plus évident d'obtenir les informations
sur la gestion forestière communale
B. Délimitation temporelle
Pour mener cette étude, nous avons choisi la
période qui va de 2006 (date du début de l'exploitation du massif
forestier) à 2009, date correspondant à l'arrêt de
l'exploitation dû au
14 Timothée Fometé, « la
fiscalité forestière et l'implication des communautés
locales à la gestion forestière au Cameroun », In
Document RDFN n° 25b (ii), DFID/FRR/ODI, London,
2001, p 22.
15
http://www.fpae.net/article.php?id
article=119.
16 Timothée Fometé, « la
fiscalité forestière et l'implication des communautés
locales à la gestion forestière au Cameroun », In
Document RDFN n° 25b (ii), DFID/FRR/ODI, London,
2001, p 22.
17 La mafia du bois au Cameroun,
http://www.bonaberi.com/article.php?aid=2485
18 Op cit. , p 7.
ralentissement des activités dans le secteur forestier.
C'est une période qui correspond à l'exploitation de la
forêt communale ainsi qu'au renflouement des caisses de la commune.
C. Délimitation matérielle
Nous avons eu recours, entre autres, aux documents
spécifiques à l'instar du plan d'aménagement de la
forêt communale de Moloundou, de son étude d'impact
environnemental, du texte de loi n° 94/01 du 20 janvier 1994
, du décret n° 95/531 du 23 Août 1995 fixant les
modalités d'application du régime des forêts et bien
d'autres textes et normes environnementales en vigueur. Outre ces documents, la
théorie des interdépendances, développée par
Norbert Elias nous a aidé dans l'analyse de nos données de
terrain. La sociologie du développement, le cours intitulé «
corruption, Etat et développement », ainsi que les autres cours
dispensés tout au long de notre formation ont facilité une
appréhension plus cohérente du mécanisme de gestion
communale. Cette délimitation de notre thème de recherche nous
conduit à relever les différents intérêts que
revêt notre étude.
III. INTERET D'ETUDE
Le contexte socio-économique du Cameroun est
caractérisé par une pauvreté ambiante des populations,
ceci malgré les richesses naturelles que possèdent certaines
régions du pays. Le processus de décentralisation dans la gestion
des ressources naturelles présente un grand intérêt dans la
recherche socio-anthropologique dans la mesure où cette innovation peut
contribuer à l'amélioration des conditions de vie des
communautés riveraines. Le présent travail revêt un double
intérêt scientifique et social.
A. Intérêt scientifique
Notre étude revêt un intérêt
scientifique, dans la mesure où elle vient continuer les nombreux
travaux déjà effectués sur la question de la gestion
forestière au Cameroun. Ces études, souvent basées sur la
fiscalité forestière décentralisée19 et
la gestion des forêts
19 Les redevances forestières annuelles ou
redevances de superficie constituent l'instrument majeur de la fiscalité
décentralisée. Il existe également les taxes parafiscales
représentant la contribution des exploitants forestiers à la
réalisation des infrastructures socio-économiques définies
dans les cahiers de charges des exploitants et de 1000/m3 de bois
exploité pour les ventes de coupe instituées par la lettre
circulaire n° 370/LC/MINEF/CAB du ministre de l'environnement et des
forêts du 22 février 1996 au bénéfice des
communautés villageoises riveraines.
18
communautaires, ne renseignent pas souvent sur la foresterie
communale. L'étude pourra servir de canevas aux gestionnaires des
collectivités territoriales et autres acteurs du développement
local en ce sens qu'elle traite d'une thématique actuelle qui est celle
de la gestion des ressources naturelles et financières. De plus, nous
estimons nécessaire d'analyser la question de la participation des
communautés riveraines dans la mise en oeuvre des forêts
communales au Cameroun. En l'explorant, nous mettons en exergue le cardre
formel qui entoure cette participation.
B. Intérêt social
L'intérêt est également d'ordre social.
L'objectif est de contribuer à l'amélioration de la gouvernance
forestière, à travers d'une part, la planification
adéquate des revenus générés par l'exploitation
forestière ayant pour finalité le changement social
(amélioration de l'accès des communautés aux services
sociaux de base) et d'autre part, la prise en compte de la participation des
populations riveraines. Ce travail pourrait éclairer les actions des
organismes de la société civile et des populations dans la
sauvegarde de l'environnement.
Une définition des concepts nous permettrait de mieux
envisager la suite de notre
travail.
IV. DEFINITION DES CONCEPTS
Pour une meilleure compréhension de notre thème de
recherche, un certain nombre de concepts méritent d'être
clarifiés.
· Forêt communale
Selon l'article 30 de la loi de 1994 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche, est considérée
comme forêt communale, toute forêt faisant l'objet d'un
acte de classement pour le compte de la commune
concernée ou plantée par cette commune. A la
faveur de la loi d'orientation sur la décentralisation, les communes
possèdent la capacité de se constituer un patrimoine domanial
propre, notamment au travers des forêts communales qui, selon la loi
forestière, relèvent du domaine privé de la
municipalité dès la signature de l'acte de classement.
· Décentralisation
forestière
La décentralisation est le passage de la gouvernance de
haut en bas à la gouvernance ascendante. En d'autres termes, c'est un
processus de transfert des pouvoirs (autorités, compétences,
responsabilités et ressources), d'une instance centralisée aux
unités des autorités locales, de collectivités et des
acteurs locaux, dans l'intention de leur permettre d'envisager, de planifier et
de mettre en oeuvre des mesures de gestion forestière destinées
à produire et à partager les avantages que procurent les
forêts20.
· Gestion
La gestion est présentée comme l'ensemble des
techniques de contrôle de l'activité des organisations
(administration, entreprise ou association). Elle comprend un ensemble
d'activités, qui permet d'atteindre les objectifs d'une entreprise ou
d'une organisation. Ces activités consistent à : planifier,
organiser, diriger, contrôler, inspirer, former, communiquer,
récompenser, écouter, mobiliser et orienter21.
En nous inspirant de la définition de gestion et de
décentralisation forestière, nous dirons que la gestion
décentralisée est un ensemble de techniques de contrôle du
processus de transfert de pouvoirs d'une instance centrale aux autorités
locales, dans l'intention de leurs permettre d'envisager, de planifier et de
mettre en oeuvre des mesures destinées à produire et à
partager les avantages que fournissent la forêt. La gestion
décentralisée des forêts fait appel aux notions de gestion
durable et de gestion participative.
· Gestion durable des forêts
La gestion durable des forêts est un mode de gestion
forestière qui fixe des critères, indicateurs et objectifs
sociaux et environnementaux en plus des objectifs économiques à
la gestion forestière. C'est un processus de gestion des forêts
qui permet d'atteindre un ou plusieurs objectifs clairement
spécifiés dans l'optique de la production continue des biens et
des services issus des produits forestiers désirés, sans causer
la réduction de la valeur inhérente et de leur
productivité future et sans causer des effets indésirables sur
l'environnement physique et social22. C'est également
l'utilisation des ressources naturelles de façon à maintenir leur
diversité biologique, leur productivité, leur capacité de
régénérer
20 OIBT, « A qui le pouvoir », In
Volume 12 n° 3, 2004, p 12.
21
http://www.idrc.ca/fr/ev-43631-201-1-DOTOPIC.html
22 Richard Nasi, « Aménagement des
forêts à vocation de production », In Acte de
l'atelier de recherche/formation sur la gestion des ressources renouvelables et
l'aménagement forestier, Dschang, 3 au 9 novembre 1997, p
6.
20
leur vitalité et leur capacité à
satisfaire actuellement et pour le futur des fonctions écologiques,
économiques et sociales pertinentes23. En ce qui concerne les
indicateurs et critères, ceux-ci sont développés pour
évaluer, parfois mesurer et certifier, de manière crédible
et indépendante les progrès vers une gestion durable, au niveau
des Etats et les collectivités24. En somme la gestion durable
prend en compte les besoins des générations actuelles sans
compromettre ceux des générations futures.
· Gestion participative
La gestion participative est définie comme
étant toute approche de la gestion des ressources qui, dans les phases
de son élaboration et de sa mise en oeuvre, intègre de
façon optimale les populations locales et tous les autres
intervenants25. Par ailleurs, la gestion participative est
caractérisée comme étant une approche pluraliste de la
gestion des ressources naturelles faisant appel à divers partenaires
assumant des rôles variés et qui tendent
généralement vers des objectifs de protection de l'environnement,
d'exploitation durable des ressources naturelles, partage équitable des
bénéfices et responsabilités liés à
l'exploitation des ressources26. Cette définition renvoie
à un processus construit autour de certains fondements, notamment
l'accès total aux informations concernant les questions et solutions
pertinentes, liberté et capacité de s'organiser, liberté
d'exprimer les besoins et les sujets préoccupants, milieu social non
discriminatoire). En somme, l'approche gestion participative définit et
garantit les fonctions, droits et responsabilités des populations
riveraines aux ressources naturelles.
V. REVUE DE LITTERATURE
L'organisation des pouvoirs publics dans les
sociétés contemporaines conditionne l'efficacité et
l'efficience de l'action publique. La rationalisation des différents
niveaux d'intervention et de compétences est un facteur-clé d'une
bonne gouvernance27. Dans ce
23 Op cit. , p 6.
24
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gestiondurabledesfor%C3%AAts
25 Décret n° 95/466/PM du 20 juillet 1995 fixant les
modalités d'application de la faune.
26 Grazia Borrini-Feyerabend, Taghi Farvar,
Jean-Claude Nguinguiri, Vincent Awa Ndangang, La gestion
participative des ressources naturelles : Organisation, négociation et
apprentissage par l'action, Kasparek Verlag, Heidelberg, 2000, p
1.
27 Corinne Labbouz, «Le cas de la
décentralisation et de la déconcentration au Cameroun », in
La Gouvernance dans la lutte contre la
pauvreté, Axes Management/LARGOTEC- Université
Paris XII, 2007, p 1.
contexte, la recherche du niveau pertinent d'intervention
dans la définition et la mise en oeuvre des politiques publiques est
essentielle. La nécessité de promouvoir la proximité de
l'action publique dans un cadre national cohérent et performant pour le
citoyen conduit à s'interroger sur l'équilibre entre l'action de
l'Etat et l'action décentralisée.
Trop fortement centralisée, l'organisation des
pouvoirs publics affaiblit l'initiative locale et en compromet le libre
développement. Décentralisée sans accompagnement de
l'échelon déconcentré, l'organisation administrative est
soumise au risque d'inefficacité et de manque de cohérence. Au
coeur de cette réflexion, les Etats doivent trouver un juste
équilibre entre les compétences dévolues à
l'échelon local et celles réservées à
l'échelon central. Cette question offre, dans le monde d'aujourd'hui,
une pluralité de réponses au regard de l'histoire, des cultures,
des pratiques, des données socio-économiques de chaque pays. Face
à ces nombreux facteurs de complexité, les gouvernants
définissent une ligne de conduite stratégique, à
même d'assurer un juste équilibre entre les services
déconcentrés de l'Etat et les collectivités locales.
À cet effet, les pouvoirs publics camerounais ont
consacré depuis, la révision constitutionnelle28 du 18
janvier 1996, la décentralisation29 dans la Constitution, qui
précise que le Cameroun est un Etat unitaire décentralisé.
Ce principe désormais intangible ne peut être remis en cause que
par la voie constitutionnelle. Dès lors, les bases d'une nouvelle
répartition des compétences entre l'Etat et les
collectivités territoriales, et entre les collectivités
territoriales elles-mêmes ont été jetées. De fait,
ce processus repose sur une base législative ambitieuse, à
travers l'adoption, par l'assemblée nationale, des lois de
décentralisation du 22 juillet 200430.
Le défi qui se pose désormais aux services de
l'Etat est de réussir le processus de décentralisation à
la fois en le soutenant et en le contrôlant. Cette politique s'inscrit
nécessairement, pour les services de l'Etat, dans une remise en question
de leurs modes d'organisation et de leurs systèmes d'action. Toutefois,
il reste à appréhender la place effective des
représentants de l'Etat et leur fournir un cadre de compétences
clarifié, afin de soutenir le mouvement de décentralisation en
cours. Il s'agit avant tout de donner aux collectivités les conditions
et les moyens effectifs d'assumer leurs nouvelles responsabilités.
28 Loi N°96/06 du 18 janvier 1996 portant
révision de la Constitution du Cameroun du 2 juin 1972.
29 La décentralisation est tout acte par lequel un
gouvernement central cède formellement des pouvoirs à des acteurs
et à des institutions d'un niveau inférieur dans la
hiérarchie politico-administrative et territoriale.
30 Loi n°2004-017 du 22 juillet 2004 portant orientation de
la décentralisation, loi n°2004-018 fixant les règles
applicables aux communes, loi n° 2004-019 fixant les règles
applicables aux régions.
22
24
Du point de vue de ces enjeux, décentralisation et
déconcentration31 sont indissolublement
liées32, la seconde étant la condition de
réussite de la première. Les services déconcentrés
de l'État se retrouvent ainsi à être tout à la fois
les garants, les animateurs, et les régulateurs de la
décentralisation, au plus près de l'action et des politiques
locales.
D'autres dimensions significatives peuvent être
incluses à l'actif de la décentralisation : la
libéralisation et la dévolution. La libéralisation
consiste pour l'Etat à libérer des espaces sociaux sur lesquels
il a un pouvoir contraignant. Il ne délègue ni ne
transfère ses pouvoirs, mais se détache plutôt en mettant
en place les dispositifs législatifs et administratifs, qui permettent
ou formalisent l'entrée des forces périphériques
concurrentes dans des champs qui leur étaient légalement
fermés. Trois formes dominent cette ouverture du champ social :
libéralisation de la société civile, libéralisation
de l'espace politique et libéralisation de l'économie. Il est
important de souligner que ces formes, qui constituent une
décentralisation du point de vue de l'Etat, ne conduisent pas
nécessairement sur une déconcentration du champ social et sur une
plus grande efficacité. Celles-ci dépendent, en effet, de la
qualité des mécanismes visant à réguler les
stratégies d'acteurs et les dynamiques concurrentielles.
La dévolution, quant à elle,
est le transfert à des entités autres que l'Etat, de pouvoirs de
décision préalablement détenus par ce dernier. La
reconnaissance de nouveaux droits communautaires sur la gestion des
forêts, des pêcheries et des ressources naturelles, en
général, est une forme de dévolution. Son étendue
et son efficacité dépendent de l`importance de la nature du
paquet de droits et de pouvoirs effectivement transférés et du
degré d'autonomie locale qui en résulte. Le transfert de pouvoirs
en question se heurte, cependant, pour son adéquation sociale, au
problème du choix de l'unité sociale d'action. La
décentralisation est une réalité qui s'applique
aujourd'hui à de nombreux domaines d'activités. C'est notamment
le cas de la gestion des forêts au Cameroun.
La décentralisation de la gestion des massifs
forestiers au Cameroun connaît de nombreuses avancées
significatives, à travers l'adoption de la loi forestière de 1994
et son décret d'application de 1995. En effet, cette loi prévoit
la dévolution de certaines fonctions
31 Le processus de déconcentration suppose
qu'une autorité centrale délègue certains pouvoirs de
décision à des représentants locaux. En
réalité, l'État ne cède pas ses pouvoirs, il
délocalise les modalités de son exercice. Ce
déplacement est aussi un mouvement d'un centre vers une
périphérie, donc, une forme de décentralisation.
32 Mariteuw Chimère Diaw, Phil René Oyono,
« Instrumentalité et déficit des itinéraires de
décentralisation de la gestion des ressources naturelles au Cameroun
», Bulletin arbres, forêts et communautés
rurales n°15-16, Décembre 1998, pp 15-16.
traditionnelles de l'Etat à des entités
locales. A ce sujet, Samuel Assembe Mvondo33 pense que l'attrait de
la décentralisation réside beaucoup plus sur l'hypothèse
scientifique. Pour cet auteur, elle est le moyen par excellence de gérer
de manière efficiente les affaires publiques. En répondant
à la diversité des attentes et demandes locales, la
décentralisation permet de palier la soif de participation
démocratique au développement local et à la politique
locale exprimée par les populations de base. La gestion
décentralisée des ressources naturelles de l'Etat vers le local
est donc susceptible d'instaurer une gouvernance efficiente et équitable
desdites ressources et des bénéfices subséquents pour la
majorité des acteurs locaux, induisant ainsi une équité
socio-écologique. Cet argument, bien que pertinent, n'est cependant pas
le seul capable de refléter la portée positive de la
décentralisation dans la gestion des ressources naturelles.
Le modèle camerounais de décentralisation met
en exergue de multiples acquis socioéconomiques34 pouvant
être regroupés en trois principales catégories. Il s'agit,
en premier lieu, de la nouvelle configuration du paysage organisationnel local,
qui entraîne un remodelage des rapports sociaux entre les
différents lignages. Ces rapports structurent les communautés
locales et les liens qu'elles entretiennent avec les ressources naturelles en
général, et les forêts en particulier. Ensuite, nous
pouvons relever l'introduction de nouvelles formes de financements
endogènes pour la revitalisation du développement local et la
lutte contre la pauvreté à l'échelle rurale. L'impact de
cette manne financière commence à être perceptible,
à travers la réalisation des infrastructures sociales de base,
même si le taux de réalisation des investissements par rapport aux
revenus générés reste faible. Désormais, la
décentralisation des forêts favorise également la
participation dans un cadre normalisé et officialisé d'autres
acteurs non étatiques, notamment les communautés et
collectivités locales, de participer à la gestion desdites
ressources. Enfin, la décentralisation de la gestion forestière
au Cameroun jette les bases de la naissance d'une véritable
société civile rurale, qui tourne autour des associations et
autres groupements d'intérêts communs, susceptibles de mieux
participer au développement et à l'avènement d'une
véritable démocratie locale. Ce dernier acquis est très
souvent l'objet de réflexions et est explicité par plus d'un
auteur.
Le processus de décentralisation de la gestion des
ressources forestières place les collectivités locales et les
communautés villageoises au coeur d'un faisceau de
33Samuel Assembe Mvondo, «
décentralisation des ressources forestières et justice
environnementale : analyse des évidences empiriques du sud Cameroun
» in LEAD journal, vol. 1, Switzerland, 2005, pp
35-37.
34 Op cit. p 42.
responsabilités35. Concrètement,
parler de décentralisation et éclatement des pouvoirs
étatiques équivaut également à reconsidérer
les degrés de responsabilisation des acteurs
périphériques. Cette recomposition de rapports de force,
déjà séculaires, doit conduire les collectivités
locales et les communautés villageoises à se positionner et
à articuler leur propre définition du politique et de
l'économique. C'est sur l'apport des appareils législatifs de la
décentralisation et des projets portant sur leurs ressources, qu'elles
sont appelées à montrer leur aptitude à s'organiser et
à négocier les conditions de leur «participation».
En outre, la nécessité de transférer de
manière concrète les pleins pouvoirs au niveau local est
soulignée. Cette idée est défendue par Ribot36,
qui soutient que la délégation effective des pouvoirs aux
autorités locales leur permet de répondre avec délicatesse
aux préoccupations et attentes de la population. De plus, l'auteur
interroge la construction du processus de décentralisation autour
d'institutions locales représentatives et responsables. Sa
préoccupation est de savoir si les organes de gestion
décentralisée des forêts représentent les
populations et s'ils sont tenus responsables pour les décisions prises
à leurs égards. Ainsi, la responsabilité électorale
est un facteur prépondérant dans le choix des dirigeants des
collectivités locales ou des comités de gestion.
A l'origine, le processus de décentralisation
engagé par le gouvernement camerounais a pour ambition de rompre avec
les pratiques de gestion de l'Etat forestier37. Cette réforme
doit, entre autres : contribuer à la construction de la
démocratie locale dans la gestion des forêts, amplifier la
participation des populations à la prise de décision sur leur
gestion ; asseoir une dynamique de débat, de discussion et de dialogue
autour de la gestion des forêts ; contribuer à
l'amélioration des conditions de vie des populations riveraines,
à travers la réalisation des oeuvres sociales et enfin garantir
une gestion rationnelle et durable des ressources forestières. Si des
avancées dans le processus de mise en oeuvre de la loi de 1994 relative
à la gestion des forêts sont observées jusqu'à
présent, il convient toutefois de relever l'apparition d'effets pervers
relatifs aux actions des élites38 locales dans la gestion des
ressources forestières.
35 Mariteuw Chimère Diaw, Phil René
Oyono, « Instrumentalité et déficit des itinéraires
de décentralisation de la gestion des ressources naturelles au Cameroun
», In Bulletin arbres, forêts et communautés
rurales n°15-16, Décembre 1998, pp 15-16.
36 Jesse Ribot, La
décentralisation démocratique des ressources
naturelles, World Resources Institute, 2002, p 12.
37 L'Etat forestier est un Etat autoritaire. Il
annihile la participation des populations à la gestion des ressources
forestières, plus particulièrement aux bénéfices de
l'exploitation forestière.
38 Giovanni Busino définit les
élites comme étant une minorité disposant, dans une
société déterminée, à un moment
donné, d'un prestige, des privilèges découlant de
qualités naturelles valorisées socialement (par exemple la race,
le sang) ou de qualités acquises (cultures, mérites,
aptitudes).
Les modes et logiques d'actions des élites locales
impliquées dans la gestion forestière au Cameroun sont à
l'origine de nombreux dysfonctionnements. A cet effet, Patrice
Bigombé39 présente le phénomène de
l'émergence des élites locales, comme la constitution d'une caste
privilégiée dans la gestion des ressources provenant de la
forêt. Partant de la définition que donne Giovanni
Busino40, il met en exergue l'acquisition des pouvoirs par une
minorité de par leurs positions sociales, politiques et les fonctions
exercées. Il ressort de cette analyse que la légitimité
des élites dans le champ de la gestion décentralisée des
forêts ne repose pas forcement sur des qualités naturelles, mais
plutôt sur leur capital politique et social. Cela a quelques fois des
répercussions sur les revenus issus de l'exploitation des produits de la
forêt.
Les manières de faire, d'agir, et de gérer des
élites sont les facteurs majeurs qui limitent l'investissement des
revenus41 de la gestion décentralisée des forêts
dans le développement local. Les multiples stratégies auxquelles
ont recours les élites dans la gestion des forêts sont fonction
des services et des bénéfices escomptés42. Les
élites se positionnent en principales entités productives dans le
processus de demande et d'acquisition des espaces forestiers, et en
élites loyales43 dans la rétrocession des redevances
forestières. En ce qui l'aspect productivité, Djeumo44
remarque qu'il n'existe pratiquement pas de dossiers d'attribution de
forêts communales, communautaires ou des zones d'intérêt
cynégétique à gestion communautaire qui n'aient
bénéficié, de manière directe ou indirecte, de
l'appui ou d'un quelconque soutien des élites. Leurs actions portent
généralement sur plusieurs
39Patrice Bigombé Logo, « Les
élites et la gestion décentralisée des forêts au
Cameroun. Essai d'analyse politiste de la gestion néo patrimoniale de la
rente forestière en contexte de décentralisation »,
CERAD-GEPAC-GRAPS, pp 11-17.
40 Giovanni Busino, Elite(s) et
élitisme, Paris, PUF, Collection « Que sais-je ?
», 1992, p 4.
41 Patrice Bigombé Logo, Les élites
et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai
d'analyse politiste de la gestion néo patrimoniale de la rente
forestière en contexte de décentralisation, CERAD-GEPAC-GRAPS, pp
11-17.
42 Op cit. , p 17.
43 Dans ce contexte, la loyauté
démontrée par les élites est une ruse habile. Il s'agit de
présenter l'image d'un politicien local, qui assume les engagements
politiques pris pour le bien-être de la communauté et qui,
travaille pour la réalisation des objectifs de son mandat. Cette image
d'élites loyales s'exprime dans les actions engagées pour
garantir la rétrocession effective des revenus financiers issus de
l'exploitation forestière aux communes et aux communautés
villageoises riveraines, et à la mobilisation collective des
gestionnaires des redevances forestières en vue du retardement de la
péréquation. Les maires utilisent la diplomatie des couloirs et
la persuasion des autorités publiques pour empêcher la
matérialisation du système de péréquation visant
à faire bénéficier les redevances forestières aux
communes non forestières. La réglementation en matière de
procédures et de normes de collecte, de distribution et de gestion des
redevances, est instrumentalisée pour atteindre ces objectifs. Les
élites sont perçues comme des « messies » commis
à la tâche de veiller sur le bien être des
communautés.
44 Alain Djeumo, « Développement des
forêts communautaires au Cameroun : genèse, situation actuelle et
contraintes », In Réseau de
foresterie pour le développement local, n°25 (b), pp
1-17.
26
répertoires, notamment, la prise d'initiative, la
mobilisation communautaire, la participation financière, le montage
intellectuel du dossier, le démêlement des procédures
administratives et le suivi des dossiers45. Ce sont donc, toutes ces
actions qui leurs confèrent un statut d'élites utiles,
travaillant pour le développement de leurs communautés.
La rétribution46 des investissements
consentis dans l'acquisition des espaces forestiers, la rétrocession des
taxes et redevances forestière, s'opère lorsque les revenus
forestiers sont mis à la disposition des gestionnaires légaux de
ces fonds. Elle prend généralement deux formes : une
rétribution collective au sein de « la classe élitiste
» et une rétribution individuelle. La rétribution collective
se caractérise par une multiplication des dépenses
financières relatives à la gestion administrative et bureautique
des institutions locales de gestion des forêts, à la
réalisation des projets non définis par les plans de gestion de
ces espaces et au paiement des indemnités, parfois colossales, pour le
niveau et le milieu de vie, aux membres de bureaux des associations des
forêts communautaires, des comités de valorisations des ressources
fauniques et de gestion des redevances forestières47. La
dimension collective réside dans le fait que les fonds qui sont
alloués à ces dépenses de fonctionnement sont
partagés avec l'ensemble des membres des bureaux des organes locaux de
gestion.
La rétribution individuelle, quant à elle, se
traduit par les pratiques de distraction de fonds. C'est ce que relève
Hubert Ngoumou.48 Pour lui, le manque de transparence dans la
circulation de l'information et la redistribution des fonds, la non
déclaration des montants des chèques dus aux populations, le
manque de critères objectifs de partage des fonds sont des
phénomènes courants observés dans les communes. En plus,
la non production des documents comptables garants d'une
traçabilité et d'une lisibilité de la gestion des fonds
reste aussi un élément qui ne favorise pas le bon fonctionnement
de la gestion de la rente forestière communautaire. Par ailleurs,
l'argent perçu par certains maires au profit des communautés
n'est pas redistribué aux communautés et emprunte des
destinations inconnues.
45 Patrice Bigombe Logo, « La fiscalité
forestière décentralisée dans la réforme
camerounaise », In Revue Africaine de sciences sociales et
d'études culturelles, 2004, pp 203-233.
46 Patrice Bigombé Logo, Les élites
et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai
d'analyse politiste de la gestion néo patrimoniale de la rente
forestière en contexte de décentralisation, CERAD-GEPAC-GRAPS, p
16.
47 Patrice Bigombé Logo, les régimes de
la tenure forestière et leurs incidences sur la gestion des forêts
et la lutte contre la pauvreté, GRAPS-CERAD, Yaoundé, 2007, p
15.
48 Hubert Ngoumou, Etude empirique de
la fiscalité forestière décentralisée au Cameroun :
levier du développement local ?, Mémoire de master
en foresterie rurale et tropicale, Ecole nationale de génie rural des
eaux et forêts, Montpellier, Décembre 2005, p 45-55.
Les élites développent des logiques et des
stratégies de captation, de gestion néo patrimoniale de la rente
forestière, qui annihilent les efforts de développement des
populations rurales. En effet, les pratiques et politiques de
décentralisation mises en oeuvre dans ce cadre sont coercitives et
reproduisent, au niveau local, les pratiques de l'Etat forestier. La garantie
d'une performance réelle de cette réforme, au triple plan
politique, économique et écologique, exige en définitive
une dévolution effective des pouvoirs à des institutions
endogènes locales et aux responsables démocratiquement
élus au niveau des villages, qui rendent compte de l'exercice de leurs
pouvoirs à la fois aux populations villageoises riveraines et aux
institutions étatiques. Ces différentes démarches
scientifiques constituent le point de départ des analyses que nous
entendons faire dans le cadre de cette étude.
VI. PROBLEMATIQUE
La décentralisation est un processus interactif,
contradictoire et dynamique, qui reflète l'historicité des
circonstances et des forces sociales qui le modèlent. L'Etat,
évidemment, a une place prépondérante dans ces mouvements
puisqu'il les reconnaît, les initie, les accompagne ou les
délégitime. Il ne les construit cependant pas de manière
formelle. La décentralisation peut-être considérée
comme un transfert à des entités autres que l'Etat, de pouvoirs
de décision antérieurement détenus par ce dernier.
L'aspect dévolutif de la loi de 1994 est mis en exergue à travers
la possibilité d'associer les collectivités locales et les
communautés villageoises à la gestion des ressources
forestières de manière rationnelle pour un développement
durable. Il s'agit de donner à celles-ci le droit de
propriété sur les forêts et sur les bénéfices
y afférents, à travers le transfert effectif du pouvoir au niveau
local. Cependant, le pouvoir acquis par les élites dans le champ de la
gestion décentralisée des forêts au Cameroun, notamment les
forêts communautaires et la RFA, a constitué un levier de
prédation de la rente forestière. Le niveau de vie des
populations mais aussi celui des infrastructures sociales n'a pas
foncièrement changé par rapport à la période
d'étatisation du domaine forestier. A cet effet, la
question fondamentale que nous nous posons est la suivante : en quoi la
mise en place de la forêt communale comme processus de gestion
décentralisée des forêts au Cameroun constitue-t-elle une
opportunité réelle de développement endogène
à l'échelle locale ? Au delà de ces préoccupations,
quelle est l'implication des populations locales dans la gestion durable des
forêts communales ?
28
VII. HYPOTHESES
Comme réponse à notre préoccupation, nous
émettons une hypothèse principale et deux hypothèses
secondaires.
· Hypothèse principale
La mise en oeuvre de la forêt communale traduit dans
les faits les principes de la gouvernance, de la participation et de la
responsabilisation des populations villageoises dans la gestion des ressources
forestières.
· Hypothèse secondaire 1
La non-maîtrise des connaissances relatives à
l'exploitation forestière et des outils de management constituent une
entrave à la bonne gouvernance de la forêt communale.
· Hypothèse secondaire 2
Les populations locales ne sont pas intégrées dans
le processus de gestion du massif forestier communal.
VIII. PROCESSUS METHODOLOGIQUE
Pour tout travail scientifique, une démarche
explicative de la méthode s'impose. La méthode est une conception
intellectuelle coordonnant un ensemble d'opérations ou de techniques
mises en oeuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs49.
A. Grille d'analyse des données
Pour le traitement et l'analyse des données, nous avons
eu recours à l'interactionnisme de Norbert Elias.
· Norbert Elias et les interdépendances
« Comme au jeu d'échecs, toute action accomplie dans une
relative indépendance
représente un coup sur l'échiquier social qui
déclenche infailliblement un contrecoup d'un autre individu (sur
l'échiquier social, il s'agit en réalité de beaucoup de
contrecoups exécutés par beaucoup d'individus) limitant la
liberté d'action du premier joueur »50. C'est ici la
figure éliassienne de la société et l'image qu'il donne
à sa théorie des interdépendances. Norbert
49 Madelaine Grawitz, méthodes en
sciences sociales, 8ième Edition, Paris,
Dalloz, 2004.
50 Norbert Elias, La Société
de cour, Flammarion, Paris, 1985, pp 152-153.
Elias pense que les individus sont liés les uns aux
autres par des liens de dépendance réciproque, ces liens
étant comme la matrice de la société. Le monde
social51 est un réseau de relations au sein duquel
les interdépendances entre les individus résultent d'une
différenciation de plus en plus profonde des fonctions sociales ; en
d'autres termes, la division sociale a pour effet que personne ne se suffit
à lui-même. Cette interdépendance porte un caractère
très spécifique d'une société à l'autre et
n'est donc universelle que par définition. Dans le champ des
interdépendances se retrouvent des déséquilibres qui
donnent naissance au rapport de pouvoir. Si un acteur est plus dépendant
qu'un autre dans une relation réciproque, l'acteur le moins
dépendant aura un ascendant sur l'autre de manière
systématique.
La théorie des interdépendances permet de saisir
sous un meilleur angle les rapports de force et de pouvoir qui existe d'une
part entre les populations et les élus locaux et d'autre part entre ces
derniers et l'administration décentralisée. Le vécu
quotidien des communautés dépend fortement de la conscience et de
l'esprit d'initiative de l'élu alors que son accession au pouvoir repose
sur la décision du peuple. L'interdépendance est, dès
lors, de facto entre ces deux entités, l'amélioration du
niveau de vie est en adéquation avec la volonté politique des
élus locaux qui sont au pouvoir grâce au vote du peuple. Dans le
cadre du fonctionnement de l'institution communale, il existe des relations de
paternalisme dans lesquelles la tutelle, qu'est le MINATD, a une ascendance sur
la commune.
B. Présentation du terrain
d'étude
Comme évoqué dans la délimitation du
sujet, nous avons mené cette étude dans la commune de Moloundou.
Mais, l'accent a été mis, sur les villages riverains à la
forêt communale à savoir : Mambelé, Yenga, Dioula,
Mbatéka, Mbangoye 2 et sur les locaux de la commune de Moloundou. Pour
ce qui est du premier champ d'enquête, nous avons interrogé les
populations locales, mais nous n'avons pas pu faire une descente dans la
forêt communale du fait de l'arrêt des activités
d'exploitation. Le second site d'enquête est les locaux de la commune
dans lesquels sont logés le bureau de l'exécutif communal, du
secrétaire général et la cellule de foresterie et de la
coopération décentralisée.
51 Norbert Elias, La société
des Individus, Fayard, Paris, 1991 pp 17-45.
C.
30
Techniques de collecte de données
Afin de recueillir les données nécessaires pour
répondre aux questions de départ, deux techniques de recherche
ont été utilisées de façon simultanée. La
première technique utilisée est celle de la recherche
documentaire. Au début de la recherche, il était d'abord
essentiel de nous familiariser avec l'objet de notre étude pour bien
comprendre la problématique en question et l'état de la situation
au Cameroun. Cette recherche s'est opérée sur plusieurs sites :
la bibliothèque de l'université catholique d'Afrique centrale, la
bibliothèque du CED, et Internet.
La seconde technique utilisée fut l'entretien
semi-directif. L'entretien est dit semi-directif quand il n'est ni
entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions
précises. Cette technique a pour principaux avantages le degré de
profondeur des éléments d'analyse obtenus, la souplesse et la
faible directivité du dispositif qui permet de récolter le
témoignage des enquêtés en respectant leur cadre de
référence.52 Grâce aux entretiens
organisés avec les employés de la cellule de suivi, de quelques
conseillers municipaux, de l'exécutif communal et des dirigeants de la
société ALPICAM, il nous a été possible de
recueillir des informations sur la gestion technique de l'exploitation
forestière, l'utilisation des retombées financières de
cette exploitation et la participation des populations dans la prise de
décision.
D. Présentation de
l'échantillon
Notre échantillon est composé de 77 individus
représentatifs du champ d'étude. Ces individus sont
répartis selon le tableau suivant :
Tableau n°1 : Répartition de
l'échantillon selon la qualité
Qualité des personnes
interrogées
|
Nombre de personnes interrogées
|
Exécutif communal
|
3
|
Conseillers municipaux
|
10
|
Secrétaire général
|
1
|
MINFOF
|
1
|
Cellule de contrôle de l'exploitation
|
10
|
Le partenaire d'exploitation
|
2
|
Populations riveraines à la FC
|
50
|
52 Madelaine Grawitz, méthodes en
sciences sociales, 8ième Edition, Paris,
Dalloz, 2004.
Source : Notre enquête réalisée entre le 7
mai et le 25 juillet 2009
Ce tableau retrace la composition de la population
enquêtée. Le conseil municipal est l'organe décisionnaire
de l'institution communale, il est composé de l'exécutif communal
et de l'ensemble des conseillers. Nous avons interrogé le maire
titulaire et ses deux (02) adjoints, dont la mission est d'exécuter
toutes les décisions entérinées par le conseil, ainsi que
dix (10) conseillers municipaux. En outre, nous avons eu un entretien avec le
secrétaire général de la commune, compte tenu de son
rôle de coordonnateur de l'ensemble des services. Malheureusement, nous
n'avons pas pu rencontrer le receveur municipal, qui assure la gestion des
fonds de la commune. Etant au coeur du système de suivi, la cellule de
contrôle de l'exploitation de la forêt communale a
été l'un des points focal de notre enquête. Au sein de
cette équipe nous retrouvons : un superviseur ; un responsable des
opérations forestières ; un boussolier ; prospecteur ; des commis
d'abattage, de débardage, cubeur parc DF10, parc de transformation et
d'évacuation. Un échange a eu lieu avec le chef de poste
forestier, afin de faire un état des lieux des relations de la commune
d'avec l'administration forestière. ALPICAM est le partenaire
d'exploitation de la forêt communale, nous avons eu une discussion avec
le directeur d'exploitation de la structure. En ce qui concerne les populations
riveraines, nous avons interrogés dix (10) personnes parmi lesquelles
(03) jeunes, (04) hommes, (02) femmes et (01) baka dans chacun des villages
riverains à la forêt communale.
Ce travail se subdivise en quatre (04) chapitres. Le premier
chapitre nous permet de faire une présentation géographique et
institutionnelle de la commune et un état des lieux du
développement au niveau local. Le deuxième chapitre
présente la procédure de mise en oeuvre de la forêt
communale. En ce qui concerne le troisième chapitre, il analyse la
portée sociale de la gestion de la forêt communale de Moloundou.
Enfin, le dernier chapitre aborde l'implication des populations locales dans la
gestion de la forêt communale.
32
CHAPITRE Ier : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE
MOLOUNDOU
Dans ce chapitre, il est question d'une part de
présenter géographiquement la commune de Moloundou et
l'état des lieux du développement dans la localité,
d'autre part de montrer le fonctionnement de l'institution communale.
I. Présentation géographique et état
des lieux du développement dans la commune
Avant toute chose, il nous parait approprié de
présenter les caractéristiques géographiques et
démographiques de la localité, par la suite faire un bilan sur le
niveau de développement dans la commune.
A. Présentation géographique
Il s'agit en premier lieu de décrire le milieu physique,
deuxièmement d'évoquer le milieu humain et sa dynamique.
1. Description du milieu physique
L'arrondissement de Moloundou est situé à
l'extrême Sud-est du Cameroun, il est né de l'érection de
la région de Boumba et Ngoko en département en 1959. En 1996, il
a été crée au sein de l'arrondissement de Moloundou, le
district de Salapoumbé. L'arrondissement compte actuellement deux
collectivités locales décentralisées : la commune de
Moloundou et celle de Salapoumbé. La collectivité territoriale de
Moloundou couvre une superficie de 15 000 km2. La
particularité de cette circonscription communale est qu'elle
possède des limites nationales et internationales. Les limites
nationales sont celles du nord et de l'ouest qu'elle partage respectivement
avec le district de Salapoumbé et l'arrondissement de Ngoïla dans
le département du Haut-Nyong. Les limites internationales, quant
à elles, sont constituées par le fleuve Ngoko au sud qui la
sépare du Congo. La ville de Moloundou se trouve à 850 km de
Yaoundé, capitale politique du Cameroun ; 530 km de Bertoua, chef lieu
de la région de l'est et à 230 km de Yokadouma, chef-lieu du
département de la Boumba et Ngoko.
L'éloignement de cette localité d'avec les
grandes métropoles rend difficile l'approvisionnement des populations en
biens économiques, relevant de ce fait le coût du niveau de
vie53. La distance représente un handicap pour le
développement économique de la commune. L'arrêt des
activités de la société ALPICAM dans le site de
Kika54 en est parfaitement illustratif. A cause du ralentissement
des activités de la filière bois, le partenaire d'exploitation a
opté pour la minimisation de ses coûts de production en conservant
uniquement en activité le site d'exploitation de Mindourou, qui est plus
proche de Yaoundé et de Douala. Cette situation induit deux
conséquences. Premièrement, l'institution communale est
contrainte à revoir ses prévisions budgétaires à la
baisse, deuxièmement la hausse du taux de chômage et la baisse des
revenus des populations. De plus, l'éloignement associé au
mauvais état de la route, constituent un frein à
l'écoulement de la production agricole locale. Toutefois, la
proximité du Congo est un marché potentiel pour les produits
forestiers non ligneux et ceux issus de l'agriculture.
· Le climat
La région de Moloundou subit dans son ensemble
l'influence du climat équatorial de type guinéen classique. La
mousson et l'harmattan, qui forment le front intertropical, donnent au climat
son rythme saisonnier, qui se caractérise par quatre périodes
bien distinctes :
- La petite saison des pluies, qui va de mi-mars à fin
juin ;
- La petite saison sèche, qui va de fin juin à la
mi-août ;
- La grande saison des pluies, qui s'étale de la
mi-août jusqu'à la mi-novembre ; - La grande saison sèche,
qui s'étale entre la mi-novembre et mi-mars.
Il est important de noter que les changements climatiques, qui
affectent la plupart des régions du monde, n'épargnent pas cette
localité. Le climat de la zone subit de nombreuses mutations dues
à une exploitation forestière soutenue55. Les
températures sont de plus en plus élevées, de même
que le niveau des précipitations, les activités des populations
locales subissent des modifications. Les femmes interrogées
déclarent être dans l'impossibilité de pratiquer la
pêche à la nasse, à cause du niveau des eaux qui est
constamment élevé dans les
53 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
54 Kika est un village situé dans la commune de
Moloundou et abrite le site d'exploitation de la société
ALPICAM.
55 Entretien avec le responsable de la station
météorologique de Yokadouma dans le cadre de l'élaboration
du PDC de la commune de Moloundou. Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
34
rivières. Ces fortes précipitations
entraînent les pourritures dans les plantations de cacao, diminuant ainsi
la production cacaoyère et par ricochet les revenus des populations.
· Géologie et
pédologie
La région est composée de formations
précambriennes de la série du Dja inférieur ; les
formations géologiques56 rencontrées sont :
- Les schistes et les grès quartzites du Bek. Ces
formations sont observées sur l'axe Moloundou- Yokadouma ;
- Les intrusions doléritiques, orientés
sud-ouest, nord-ouest traversent la forêt communale dans sa partie
nord-ouest : Ces intrusions doléritiques se présentent sur les
aspects très variés allant du gabbro doléritique à
la dolérite franche avec des faciès schisteux dans les bas
fonds.
- Un complexe lithique dans la partie sud de la
région, où on retrouve les schistes bruns foncés à
clivage ardoisier et des schistes argileux détritiques à
intrusion de quartz et feldspath.
Ces formations géologiques sont rencontrées en bas
relief par des alluvions d'âge quaternaire.
Trois types de sols peuvent être distingués dans la
localité de Moloundou, à savoir :
- Les sols ferralitiques rouges dérivés des roches
métamorphiques qui représentent l'essentiel des sols de la zone
;
- Les sols ferralitiques rouges dérivés des roches
basaltiques ;
- Les sols à Gley ou alluviaux et les sols hydromorphes
rencontrés en bordure inondable.
La zone de Moloundou enregistre une importante production
agricole, à cause de la fertilité de ses sols, la période
de jachère se situant entre une et trois années57. Cet
atout géographique permet aux populations de jouir d'une autosuffisance
alimentaire et de supporter l'approvisionnement du nord du Congo-Brazzaville en
produits vivriers58.
· Hydrographie
56 La forestière veko, Plan
d'aménagement de la forêt communale de Moloundou, Janvier 2006, p
4.
57 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
58 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
La région de Moloundou est arrosée par un
important réseau de cours d'eau. Les fleuves Boumba et Dja sont des
affluents de la Ngoko. On dénombre également un important nombre
de rivières, à savoir : Beck, Mbandjani, Malapa, Lobeké et
Lopondji59.
· Végétation
Les formations forestières sur sol ferme appartiennent
au secteur forestier semi caducifolié du domaine de la forêt dense
humide semi caducifolié guinéo congolaise,
représenté par deux types de formations
forestières60 :
- Les forêts semi caducifoliées à
Sterculiacée et Ulmacée ;
- Les forêts mixtes, semi caducifoliées et des
forêts toujours vertes du Dja avec prédominance
d'éléments des forêts caducifoliées.
Parmi les principales essences61 rencontrées,
on a : l'Ayous (triplochyton scleroxylon), le Fraké
(terminalia superba), le sapelli (entandrophragma
cylindricum), le Padouk rouge
(pterocarpus soyauxii), le Tali (Erytrophleum
ivorense), le Kotibé (nesohordinia
papaverifera), le Diana Z (celtis zenkeri), le Kossipo
(entandrophragma candolei) et le Dibetou (lovoa
trichilioides).
Les formations végétales sur sols hydromorphes,
constituées de forêts marécageuses inondées
temporairement, se retrouvent dans les zones affaissées, ainsi
qu'à la périphérie des zones marécageuses. Les
forêts marécageuses inondées en permanence sont
caractérisées par la présence de différents types
de raphia, dont les plus rencontrés sont le raphia Hookeri et le raphia
Mombuttorum. Ces formations sont caractérisées par la
présence des essences, telles que le Bahia (migragyna ciliata),
le Rikio (uapaca guineensis), l'Odjobi (xylopia staudtii) et
le Nsangomo (allamblackia floribunda).
La localité de Moloundou est
caractérisée par une biodiversité riche et
diversifiée. Pour ce qui est de ses forêts, elles regorgent de
nombreuses essences de bois commercialisables ainsi qu'une forte
diversité de produits forestiers non ligneux (PFNL) comestibles. La
richesse de la végétation constitue la principale source de
revenu des populations forestières.
59 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
60 Robert Letouzey, Notice de la carte
phytogéographique du Cameroun au 1/500 000, Institut de la cartographie
internationale de la végétation, Toulouse, France, 1985.
61 La forestière veko, Plan
d'aménagement de la forêt communale de Moloundou, Janvier 2006, p
40.
36
· La faune
Les études et observations, faites dans la zone
où se situe la forêt communale de Moloundou, font ressortir que la
densité de la population faunique est très élevée
dans cette zone. Elles ont permis d'identifier62 :
- 96 espèces de papillons appartenant à 17
sous-familles ;
- 194 espèces d'oiseaux ;
- Plusieurs espèces de mammifères
(éléphant, buffle, chimpanzé, gorille, panthère,
statuga)
Malheureusement, la densité de cette faune a
diminué, à cause de la chasse intensive, surtout pour celle des
mammifères. L'exploitation forestière est un catalyseur du
braconnage. Le déviergement des forêts, à travers les
activités liées au prélèvement du bois, facilite
l'accès au milieu de vie des animaux. En effet, les pistes
forestières créées pour l'exploitation aident les
braconniers à atteindre facilement les animaux.
2. Le milieu humain et sa dynamique
La population de la commune de Moloundou est composée
en majorité de Baka et de Bantou. Les sources orales disent que les Baka
sont les premiers habitants de la zone forestière en provenance des
plateaux de l'Oubangui (République centrafricaine). Leur période
précise d'installation reste encore difficile à préciser.
On compte plusieurs ethnies parmi les Bantou, à savoir : les Bangando,
les Bakwéle .et les Sangha-sangha. L'installation des Bangando dans la
région a été forcée par l'administration coloniale
allemande lors de la création de la route Moloundou-Yokadouma entre 1900
et 1915. Le peuple bakwelé s'est installé dans la zone en deux
vagues. La première est venue du Congo vers les années 1910,
fuyant les travaux forcés de la construction du chemin de fer. La
deuxième vague, quant à elle, serait venue en amont du fleuve
Ngoko pour s'installer, à la demande de l'administration, sur l'axe
Moloundou-Ndongo, au début des années 1960. La population
allogène est constituée des Maka, Kounabembe, Bamoun,
Bamilékés et peuls. Elle est concentrée dans la ville de
Moloundou et dans certains villages carrefours, comme Nguilili et
Mambélé. Leur arrivée dans la zone s'expliquerait par la
recherche de l'emploi dans les
62Désiré Nzooh, Daniel Koulbout,
Bene Bene, Paul Konje, Evaluation des potentiels fauniques des zones
d'intérêts cynégétiques à gestion
communautaires N° 1, 2, 3, 8, et 9 au Sud-est Cameroun, In WWF-SE, Jengi
Forest Project, Yokadouma, 2003, p 12.
sociétés forestières et le commerce. On
compte aussi des personnes d'autres nationalités parmi ces populations.
Elles sont pour la plupart des congolais et des centrafricains.
Les statistiques sur les effectifs de la population de la
commune sont indisponibles, à cause de la non publication des
résultats du dernier recensement de la population. Toutefois, des
informations obtenues auprès de l'autorité administrative,
l'estimation de la population de la commune de Moloundou serait de 40 000
habitants. Une estimation en 200363 indique que la commune comptait
à cette période 20 264 âmes. En terme de
répartition, on constate que :
La population masculine représente 51% alors que la
population féminine est de 49%. La tranche de 15-64 ans est la franche
la plus représentative, soit 56% de la population totale. La population
disponible active est estimée à 43% de la population
totale64. La population de la commune est en majorité jeune,
ce qui constitue un atout pour les chantiers forestiers et la pratique de
l'agriculture. La disponibilité d'une main d'oeuvre locale jeune
représente une opportunité pour le développement des
activités autres que le prélèvement du bois, que sont la
récolte des PFNL et l'éco-tourisme.
B. Etat des lieux du développement dans la
commune
Le diagnostic sur le développement dans la commune de
Moloundou se penche d'une part sur les activités économiques et
d'autre part sur les infrastructures sociales de base.
1. Les activités économiques
Le secteur primaire est le plus dominant parmi les
activités de production menées dans la Commune. Les principales
sont : l'agriculture, l'élevage, la pêche, la chasse, l'artisanat
et l'exploitation forestière. L'agriculture, pour sa part, y prend deux
formes : une agriculture vivrière et une agriculture de rente.
Les opérations culturales se font en grande partie par
la main d'oeuvre familiale. Les hommes s'occupent généralement du
défrichage et de l'abattage, dans une moindre mesure du nettoyage. Le
reste des opérations (nettoyage, semis, entretien, récolte) est
conduit par les femmes et les enfants. Par ailleurs, la main d'oeuvre baka est
de plus en plus sollicitée par les bantous pour les activités
champêtres. Le système cultural est l'association de plusieurs
cultures. On retrouve sur la même parcelle, à des proportions
variables : manioc, banane plantain, arachides, maïs, macabo, igname,
patate, ananas. Les produits agricoles sont auto-
63 Etude de faisabilité du projet d'adduction
d'eau de la commune rurale de Moloundou, Août 2003.
64 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
38
consommés et une partie est destinée à la
commercialisation. L'activité agricole dans la commune connaît
beaucoup de difficultés. La première est celle de
l'écoulement difficile de la production. La destruction des plantes par
des ravageurs (chimpanzés, gorilles) en est la seconde. Et la
troisième est liée à la production, qui connaît des
problèmes d'étroitesse des parcelles mises en valeur et de manque
d'assistance technique et matérielle.
La principale culture de rente dans la localité est le
cacao. Celle-ci est essentiellement la propriété des Bantous. La
culture du cacao est souvent pratiquée seule. On lui associe parfois
quelques arbres fruitiers, tels que l'avocatier, le safoutier, les orangers,
les manguiers sauvages. La culture du cacao reprend de l'importance ; à
cause de la revalorisation des prix, on constate un renouvellement des
anciennes plantations. Cependant, cette culture connaît des
problèmes de baisse de production, à cause du vieillissement des
plantations, du manque d'assistance technique, et du manque de produits
phytosanitaires.
Toutefois, il faut relever la diminution des surfaces
cultivables, au profit des différents titres d'exploitation et des aires
protégées65. Les restrictions juridiques interdisant
la pratique de l'agriculture dans les forêts communales et les UFA
induisent une raréfaction des terres cultivables, ainsi des conflits
éclatent au sein de la population. La production agricole a une tendance
baissière, à cause de la destruction les plantations de cacao et
de champs vivriers qui n'a pas fait suite à un remplacement de ceux-ci.
A titre d'exemple, dans tous les villages riverains à la forêt
communale, il y a eu aucune création de nouvelles plantations de
cacao66, afin de remplacer celles détruites par
l'aménagement du massif forestier.
La chasse est une activité principale, elle vient
après l'agriculture et son intensité s'explique par la richesse
de la faune dans la région. Cependant, la faune suscite un regard
particulier des pouvoirs publics et des ONGs dont l'objectif est de la
protéger. On retrouve donc deux types de chasse dans la zone : la chasse
contrôlée ou sportive et la chasse traditionnelle de subsistance.
La chasse sportive est pratiquée dans les zones d'intérêts
cynégétiques (ZIC) et les zones d'intérêts
cynégétiques à gestion communautaire (ZIGGC). La commune
de Moloundou compte deux (02) ZICs et trois (03) ZICGCs.
La chasse traditionnelle de subsistance est exercée
par les populations riveraines pour la satisfaction de leurs besoins. Les
Bakas, les Bakwelés et les Bangandos sont des chasseurs de tradition,
mais les Bakas le sont davantage. Les principales espèces
chassées sont : le rat de Gambie (cricetomys sp), l'atherure
(atherurus africainus), le pangolin à longue queue (manis
tetradactyla) et le céphalophe bleu.
65 UFA, les forêts communales et communautaires.
66 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
L'industrie est un secteur très limité dans la
commune de Moloundou. La seule activité industrielle tourne autour de la
transformation industrielle du bois. Les activités du secteur tertiaire
qu'on retrouve dans la Commune de Moloundou sont : la micro-finance,
l'éco-tourisme et le commerce. Ces activités sont
caractérisées au Cameroun par une forte prédominance du
secteur informel. L'analyse de la répartition des emplois par secteur
institutionnel met en évidence la place prépondérante du
secteur informel : plus de 90 % des actifs occupés y sont
employés67. Cette structuration du marché du travail
s'explique notamment à travers la place occupée par l'emploi
informel agricole, qui occupe à lui seul 55,2 % de l'emploi global,
tandis que l'emploi informel non agricole en représente 35, 2
%68. Ces statistiques reflètent la situation de l'emploi dans
la commune de Moloundou, où le secteur agricole et les petits
métiers69 sont les principaux pourvoyeurs d'emplois.
2. Les infrastructures sociales de base
· Le logement
On observe une forte prédominance des logements en
matériaux locaux dans la commune de Moloundou. En milieu rural comme en
milieu urbain, près de 80% des maisons sont en matériaux
locaux70. La plupart des maisons est construite en terre battue et
quelques fois avec des planches, issues des déchets des scieries de
transformation du bois. Toutefois, ce type de construction se
caractérise par une durée de vie très limitée en
raison des attaques par les termites. On note tout de même quelques
logements construits en briques, surtout dans la zone urbaine de Moloundou. Les
baka vivent dans des huttes construites à l'aide des branches de jeunes
arbres et des feuilles trouvées en forêt. Le mode d'habitat de ces
derniers n'a pas beaucoup évolué, à cause du manque de
moyens financiers. Quelques baka rencontrés nous ont confiés ces
propos : « l'exploitation de la forêt communale est une bonne
chose, car nous pourrons désormais aussi avoir des maisons en planches
comme les bantous ». La tendance observée sur le terrain
montre que de nombreux baka aspirent à la modernisation de leur milieu
de vie. Ainsi, l'exploitation du massif forestier peut servir d'alternance, eu
égard au coût élevé des matériaux et
matériel de construction pour les populations.
67 Richard Walther, La formation professionnelle en
secteur informel : rapport sur l'enquête de terrain au Cameroun,
Document de travail AFD n° 17, mai 2006, p
10.
68 Op cit. , p 10.
69 Motos taxis, salon de coiffure, call box,
revendeurs
70 Source : Notre enquête de mai-juillet
2009.
40
· L'eau
La couverture en eau est insuffisante dans commune. Les
données sur la situation générale sont inexistantes.
Toutefois, les observations faites sur 23 villages71 montrent que 03
seulement sont pourvus en points d'eau fonctionnels : trois (03) puits
aménagés et deux (02) forages. L'approvisionnement en eau dans la
ville de Moloundou est assuré par des forages et des puits. L'absence
d'eau potable est à l'origine d'une recrudescence des maladies
hydriques, qui occupent le troisième rang en ce qui les maladies les
plus récurrentes72. Toutefois, la commune a initié un
projet d'adduction d'eau dans la ville de Moloundou depuis le mois de juillet
2009. Malheureusement, le projet ne concerne que le centre urbain de Moloundou,
à cause de l'insuffisance des moyens financiers communaux. Ainsi, la
mise en oeuvre de la forêt communale constitue une potentielle source de
financement pour la réalisation des forages dans les villages.
· L'électricité
Le ravitaillement en énergie électrique est le
privilège des populations de la ville de Moloundou. Il est assuré
par AES-Sonel. Dans la majorité des villages, les populations utilisent
des bougies ou des lampes à pétrole. Elles sont, par
conséquent, dans l'impossibilité de disposer des
médicaments et des vaccins qui ne se conservent qu'au froid. L'absence
d'énergie électrique exclut ces populations de la
communauté internationale par défaut de communication. En somme,
cette situation retarde fortement le développement dans la
localité.
· L'éducation
Malgré les efforts consentis par l'Etat, la
municipalité, les missionnaires et les communautés, beaucoup
reste encore à faire pour assurer l'accès à
l'éducation pour tous dans La commune de Moloundou. Plusieurs maux
minent l'enseignement dans la commune de Moloundou. L'enseignement primaire
fait face à un manque d'écoles et d'infrastructures dans de
nombreux villages. En outre, on relève une insuffisance criarde du
personnel enseignant. Les statistiques présentées dans la carte
scolaire du Cameroun de 2004 montrent que les provinces de l'Est, de
l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-nord ne reçoivent qu'une
toute
71 Dioula, Mbatéka, Mindourou, Ekelemba,
Leke, Bangoye I, Bangoye II, Mingombé , Yenga, Mambélé,
Banana, MakokaI, MakokaII, Adjala, Guilili I, Guilili II, Bahad, Tembe
rivière, Ndongo, Legoue, Malapa, Kika et Socambo.
72 Source : entretien avec le docteur de
l'hôpital de district de Moloundou du 25 mai 2009.
petite minorité du personnel enseignant formé et
qualifié73. Le recours aux maîtres communaux et
maîtres de parents d'élèves est l'astuce utilisée
afin de palier au déficit.
L'accès à l'éducation de base pour
toutes les sensibilités sociales notamment le peuple baka, reste
marginal. Ce constat est beaucoup plus alarmant pour les jeunes filles baka,
comme l'atteste les informations récoltées auprès des
services de l'éducation de base de Moloundou.
Tableau N°2 : Répartition des
effectifs d'élèves dans la commune de Moloundou à la
rentrée 2008/2009
Groupe
|
Effectif
|
Totaux
|
|
Garçons
|
|
1573
|
1 749
|
3322
|
BAKA
|
280
|
451
|
731
|
TOTAL
|
1 853
|
2 200
|
4053
|
|
Source : Inspection de l'éducation de base de Moloundou,
mai 2009
Trois raisons principales expliquent ces disparités
entre les Bantous et les Baka74. La première raison a trait
à l'héritage culturel des Baka, ceux-ci n'ont pas encore subi les
mutations socioculturelles qui démontrent la nécessité de
l'instruction. La seconde est en relation avec le niveau des revenus qui ne
leur permet pas de supporter les coûts d'une formation scolaire. Enfin,
les enfants baka subissent une marginalisation de la part de leurs camarades
Bantous, ce qui rend difficile leur intégration dans le milieu
scolaire.
L'enseignement secondaire est représenté dans
la commune par le lycée classique, le lycée technique et la
SAR/SM. Le taux de scolarisation est bas, comme l'atteste les effectifs dans
ces établissements lors de l'année académique 2008/2009.
Ainsi, le lycée classique de Moloundou compte pour la dite année
scolaire un effectif de 400 élèves, dont 254 garçons et
146, le lycée n'a accueilli que 16 baka pour une fille75. Le
lycée technique, quant à lui, compte un effectif de 250
élèves, dont 102 filles et 148 garçons à la
rentrée 2008/2009, seuls deux (02) baka y sont inscrits76. Le
bas niveau de scolarisation s'explique d'une part à travers la
présence des sociétés forestières dans la
localité. Les jeunes veulent vite gagner de l'argent et
délaissent leur formation académique au profit des emplois
temporaires dans le secteur
73 PNUD, Rapport sur la pauvreté rurale au
Cameroun, mai 2006, p 67.
74 Source : Notre enquête de mai-juin 2009.
75 Propos recueillis auprès du proviseur du
lycée de Moloundou. Source : notre enquête de mai -juillet
2009.
76 Propos receuillis auprès du proviseur du
lycée technique de Moloundou. Source : notre enquête de maijuillet
2009.
42
forestier. D'autre part, une bonne frange de la population se
trouve dans l'incapacité de supporter les dépenses liées
à l'éducation.
La zone de Moloundou n'est pas en reste par rapport à
l'inadéquation entre la formation et l'insertion socioéconomique
relevées dans le système éducatif camerounais. Nonobstant
le potentiel agricole et forestier de la région, il n'existe pas
d'école de formation visant à valoriser ces domaines. La
majorité des élèves, qui abandonnent les études, ne
peuvent travailler que dans l'informel77.
· La santé
La santé constitue l'un des éléments
vitaux du capital humain de qualité. L'offre de santé dans la
commune de Moloundou est caractérisée par un fonctionnement plus
ou moins performant des structures sanitaires. Le secteur de la santé
est confronté à l'insuffisance des infrastructures sanitaires et
des personnels soignants tant en qualité qu'en quantité. Le
tableau ci-dessus retrace la carte sanitaire des formations sanitaires dans la
zone de Moloundou.
Tableau N°3 : Situation des formations
sanitaires de l'arrondissement de Moloundou.
Formation sanitaire
|
Types
|
Niveau de
fonctionnement
|
Causes du disfonctionnement
|
Hôpital de district de Moloundou
|
public
|
médiocre
|
-absence d'eau et d'électricité depuis deux ans
-absence de médicaments et de
réactifs
-absence de personnel d'appui et
d'entretien
|
Centre de santé
urbain de Moloundou
|
public
|
passable
|
-insuffisance de fonds pour
l'approvisionnement en médicaments -insuffisance de
personnel soignant
|
Centre de santé
catholique de Moloundou
|
privé
|
passable
|
-insuffisance de matériel
-insuffisance de réactifs pour le
laboratoire
-manque de moyens financiers pour pratiquer des prix sociaux
|
Centre de santé de Nguilili
|
public
|
passable
|
-insuffisance de personnel qualifié -manque de
médicaments
|
Centre de santé
catholique de Yenga
|
privé
|
médiocre
|
-manque de personnel qualifié -manque de
médicaments
|
Centre de santé de
|
public
|
nul
|
-travaux inachevés
|
|
77 Motos taxis, salons de coiffure, call box,
revendeurs.
Leke
Source : Notre Enquête de terrain de mai-juillet 2009
Les formations sanitaires de la commune sont actuellement
sous-équipées en meubles, chaîne de froid, matériel
chirurgical, appareillage et matériel roulant. Le problème
d'équipements se pose avec acuité pour la morgue de
l'hôpital de district qui n'est pas fonctionnelle. Le personnel de
santé est en nombre insuffisant. L'aire sanitaire de Moloundou compte au
total deux (02) médecins et 10 infirmiers. Ainsi, les médecins et
quatre (04) infirmiers exercent à l'hôpital de district de
Moloundou, tandis que les autres formations sanitaires disposent du reste des
infirmiers.
Le taux de séroprévalence dans la Commune de
Moloundou fait partie des plus élevés du Cameroun. Les
données relatives à la séroprévalence recueillies
à l'hôpital de district en sont une parfaite illustration. Le
tableau ci-dessous donne un aperçu de la situation.
Tableau N°4: Données chiffrées
relatives au dépistage du VIH/SIDA en 2007 et 2008 à
l'hôpital de District de Moloundou
Années
|
Nombre de personnes
dépistées
|
Nombre de personnes
séropositives
|
2007
|
152
|
26
|
2008
|
71
|
14
|
TOTAL
|
223
|
40
|
|
Source : Hôpital de district de Moloundou, mai 2009
La pandémie du VIH/SIDA est alarmante dans la commune
de Moloundou, d'autant plus qu'aucune formation sanitaire n'est capable de
procéder à un simple test, à cause du manque de
réactifs. En outre, les agents de relais communautaire, dont la mission
est la sensibilisation des populations sur toutes les questions relatives au
VIH/SIDA, ont cessé leurs activités faute de financements. De
plus, il n'existe aucune structure de prise en charge pour les malades
séropositifs dans la circonscription. Les personnes vivant avec le
VIH/SIDA, malgré le manque de moyens financiers, doivent aller parfois
jusqu'à Bertoua pour l'achat des antirétroviraux.
· Organisation sociale
44
Les éléments de l'organisation sociale
traditionnelle de la Commune, qui peuvent être mis en exergue, sont : les
chefferies, les associations initiatiques et quelques normes et règles
de sociabilité.
La commune de Moloundou est composée de deux cantons,
à la tête desquels on retrouve des chefs de canton. Il s'agit des
cantons Ndjako et Bangando. Chacun d'eux est constitué d'un ensemble de
villages, à la tête desquels se trouvent des chefs de village .
Ceuxci sont les principaux interlocuteurs entre les populations et
l'administration ou la mairie. Le règlement de certains
différents, qui peuvent opposer certains membres de leur village,
relève également de leurs responsabilités. Chaque chef de
village est assisté dans ses fonctions par un ensemble de notables. Par
ailleurs, les sociétés traditionnelles, qu'on retrouve dans la
commune, font parties des sociétés dites « acéphales
». Aussi, le pouvoir traditionnel n'y estil pas transmis selon le principe
d'hérédité. Parmi les associations initiatiques qu'on
retrouve dans la commune de Moloundou, le Beka (circoncision
traditionnelle) est le plus célèbre et le plus pratiqué,
le Njegui est la deuxième, et les autres sont : le
Namekot, le Bouma et le Dio.
II. Présentation de l'institution
communale
La commune est présentée par le biais de ses
ressources humaines et des ressources financières.
A. Les ressources humaines
L'analyse des ressources humaines concerne essentiellement le
conseil municipal, l'exécutif communal et le personnel municipal.
· Le conseil municipal
Le conseil municipal de la commune de Moloundou compte 25
conseillers. Tous sont issus du RDPC et la majorité d'entre eux
réside sur le territoire communal, en dehors d'une élite
extérieure. Le conseil est représentatif de la diversité
ethnique de la Commune, en dehors des Baka. La présence féminine
n'est pas suffisamment représentative au sein du conseil, car il n'y a
que deux femmes conseillères. Dans cette société,
l'accès au pouvoir pour les femmes est encore fortement limité,
à cause du poids de la tradition. Le conseil se réunit deux fois
par exercice et a pour principale mission le vote et l'approbation des comptes
municipaux en ce qui concerne la gestion communale. Son fonctionnement est
organisé autour de trois commissions techniques :
- la commission des affaires sociales, qui recueille les
besoins des populations dans le domaine social, définit et suit la mise
en oeuvre des actions dans le domaine de l'éducation, de la
santé, de l'environnement;
- la commission des finances examine le projet de budget et
émet des avis techniques sur celui-ci ;
- la commission des grands travaux définit et suit les
grands chantiers du plan de campagne.
Les conseillers municipaux n'accomplissent pas correctement
leur mission de relais entre les populations à la base et l'institution
communale. Ceux-ci n'organisent pas des rencontres ni pour les comptes-rendus
des résolutions du conseil municipal, ni pour définir les
priorités des besoins de leur communauté. Ainsi,
l'exécutif communal n'est pas informé sur les véritables
préoccupations des populations à la base, ce qui rend difficile
leurs résolutions.
· L'exécutif municipal
L'exécutif communal est composé du maire et de
ses deux adjoints. Leurs fonctions sont définies par un texte officiel,
mais dans la pratique, le maire assume la responsabilité de la gestion
des questions liées à la foresterie, aux finances et à la
politique de la commune. Ces domaines étant « sensibles ». La
délégation des tâches entre le maire et ses adjoints n'est
pas effective, malgré le fait que celui-ci passe beaucoup de temps
à l'extérieur de la ville. Les absences
répétées du magistrat municipal sont un facteur de
ralentissement des activités de la mairie.
· Le personnel communal
La commune de Moloundou se compose de trois catégories
d'employé :
- La première catégorie est constituée
des fonctionnaires nommés par l'Etat. Il s'agit du secrétaire
général nommé par le MINATD, et du receveur municipal
nommé par arrêté conjoint MINATD/MINEFI.
- Les employés permanents rentrent dans la
deuxième catégorie, ceux-ci sont au nombre de 12 dont trois (03)
femmes. On compte parmi eux 10 décisionnaires et deux (02) contractuels.
La moyenne d'âge du personnel permanent est de 48 ans, ce qui
témoigne d'un effectif vieillissant. Aucun d'eux n'est doté d'une
formation en informatique. Le personnel communal a un niveau de qualification
relativement bas du fait que, la majorité a le niveau
46
scolaire du primaire ou du secondaire. Les employés
permanents ont une ancienneté d'au moins trois ans.
- La dernière catégorie est composée du
personnel temporaire. La commune de Moloundou emploie 65 temporaires. Leurs
principaux postes d'affectation : le transport ; la réception à
l'auberge municipale ; le gardiennage ; le passage au bac (transport fluvial) ;
les formations sanitaires ; le service d'hygiène et salubrité ;
l'enseignement (maître communaux et vacataires pour l'enseignement
secondaire) ; la radio communautaire ; la police municipale et la cellule de
foresterie, sur laquelle nous reviendrons plus largement dans la suite de notre
travail.
· Organisation des services de la
commune
La commune de Moloundou ne possède pas d'organigramme
officiel, toute fois les services sont organisés, comme l'indique le
tableau suivant :
Tableau N°5 : Organisation des services de
la mairie
Service/Bureau
|
Employés
|
Tâches
|
Secrétariat général
|
07 employés
|
coordination des différents services
|
Bureau de l'Etat- civil
|
01 agent
|
établissement des actes et préservation des
souches, assistance au maire pendant les célébrations de
mariage.
|
Recette municipale
|
05 employés
|
encaissement des recettes et du règlement des
dépenses ; comptabilité
|
Radio FM
|
09 employés
|
information et éducation des communautés
|
Cellule de
foresterie
|
13 employés
|
suivi des activités liées à l'exploitation
forestière
|
Marché municipal et cellule de lutte contre le SIDA
|
02 employés
|
suivi du marché et des activités de
sensibilisation des populations sur le SIDA
|
Auberge municipale
|
02 employés
|
réception et tâche d'hygiène à
l'auberge
|
Police municipale
|
10 employés
|
imprécises
|
|
Source : Notre enquête de terrain de mai-juillet 2009
De façon générale, la commune souffre
d'un manque d'organisation de ses activités ainsi que d'un faible niveau
de communication interne. En l'absence d'un cahier de charges
détaillé pour le personnel, des réunions de planification
et de suivi tant entre les membres de l'exécutif qu'entre les membres du
personnel ou même de façon transversale ne sont pas
utilisées pour la définition des programmes de
travail et la répartition des tâches. Par ailleurs, le rôle
de supervision, d'organisation et de coordination du secrétariat
général est quelque fois compromis par la nature de ses relations
avec le reste du personnel. Elles sont quelques fois conflictuelles, surtout
lorsqu'elles portent sur les exigences d'assiduité et de
ponctualité au poste de travail. Le laxisme et l'absentéisme,
dont fait preuve le personnel communal, entrave le rendement au travail. Cette
efficacité est fortement hypothéquée par la qualité
du personnel. Outre les chefs de services sortis du CEFAM, le reste du
personnel ne possède pas de véritable formation professionnelle
et le niveau de base est le CEP.
B. Les ressources financières
Les revenus forestiers représentent la principale
source de recette du budget communal. Néanmoins d'autres postes,
à l'instar des recettes fiscales, contribuent au budget. Le graphique
ci-dessus illustre les disparités qui existent entre les revenus
forestiers et les autres postes de recettes budgétaires.
Graphique N° 1
48
contribué à une révision du budget
prévisionnel communal et par ricochet l'annulation d'un certain nombre
de projets. Cette expérience montre que les communes forestières
sont appelées à diversifier leurs sources de revenus.
Le problème des infrastructures sociales de base se
pose avec acuité dans la commune, de la faible couverture sanitaire, en
passant par un taux de scolarisation bas, l'accès difficile à
l'eau potable et l'enclavement de la région. Le niveau des ressources
financières communales ne permet pas la résolution de ces
problèmes. Fort heureusement, la richesse des ressources naturelles dans
la région, notamment celle de la forêt constitue une
opportunité en termes de création de revenus pour la commune
à travers la mise en oeuvre d'une forêt communale.
CHAPITRE II : LA MISE EN OEUVRE DE L'EXPLOITATION DE
LA FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU
Face à l'insuffisance des infrastructures
socioéconomiques et à la précarité du niveau de vie
de ses populations, la commune a initié un projet d'exploitation et de
mise en valeur de la forêt communale, en vue de se doter des moyens
nécessaires pour résoudre leurs problèmes. Ainsi, le plan
de zonage du secteur forestier du Sud Cameroun a prévu, pour certaines
communes, des massifs pour la forêt communale. La loi autorise tout de
même aux communes, dont le plan de zonage ne permet pas de massif pour la
création d'une forêt communale, la possibilité d'identifier
dans le domaine national un espace pouvant être érigé en
forêt communale. Toutefois, la mise en oeuvre de l'exploitation de la
forêt communale est sous-tendue par l'obtention de l'acte de classement.
De plus, l'élaboration d'un plan d'aménagement et la
réalisation d'une étude d'impact environnemental sont des
préalables au prélèvement des grumes.
I. La procédure de classement d'une forêt
communale
La direction des forêts, à travers la
sous-direction des inventaires forestiers (SDIAF), est responsable de la
planification des opérations de classement et de préparation des
projets de décret de classement à adresser au Premier Ministre.
La procédure de classement est initiée par la commune, qui fait
une demande officielle au ministre de la forêt et de la faune. Le
processus de classement dans le domaine forestier permanent s'articule
chronologiquement de la manière suivante : la préparation de la
note technique préliminaire d'information ; l'avis au public ; la
sensibilisation des autorités administratives et locales ; la
sensibilisation des populations ; les travaux de la commission de classement ;
la préparation des textes à soumettre au premier ministre pour
signature de l'arrêté.
Etape 1 : préparation de la note technique
préliminaire d'information
La SDIAF prépare pour chacun des projets de classement
une note technique, qui doit préciser les éléments
suivants :
· les objectifs du projet de classement ;
· les limites de la forêt à classer (carte
1/200 000)
50
· une description :
- de la zone du projet (topographie, hydrographie,
végétation, populations, activités humaines et
industrielles sur la zone, accessibilité) ;
- du programme des travaux à venir ;
- des droits normaux d'usage.
Cette note aide à la conception de l'avis public.
Etape 2 : l'avis public
L'objectif de cette étape est d'informer le public,
officiellement, du projet de la forêt communale. Le projet d'avis est
initié à la SDIAF, il comporte les éléments
suivants :
· la description des limites à classer,
accompagnée d'une carte au 1/200 000 du massif forestier ;
· la superficie en hectares ;
· la vocation du massif ;
· la date limite des éventuelles réserves et
réclamations de la population auprès des autorités
compétentes (préfecture et délégation
régionale du MINFOF).
Signé par le ministre des forêts et de la faune,
l'avis est rendu public par voie de presse et affichage dans les
préfectures, sous-préfectures, mairies et services de
l'administration chargés des forêts de la région
concernée. Une fois l'avis affiché, la période de
réclamation est fixée :
· à trente (30) jours dans les régions
possédant d'un plan d'affectation des terres ; plan de zonage ;
· à quatre vingt dix (90) jours dans la
région ne disposant pas d'un plan d'affectation des terres ; plan de
zonage.
|
Etape 3 : sensibilisation des
autorités administratives et des élites locales
|
|
Cette étape a pour but d'informer et de sensibiliser
les autorités administratives qui ont un rôle à jouer dans
le classement. Une réunion de sensibilisation doit être tenue dans
chaque arrondissement touché par le classement. La mission
chargée d'informer et de tenir les réunions est composée
:
· du délégué régional du
MINFOF, qui est le chef de mission ;
· du délégué départemental du
MINFOF, rapporteur ;
· d'une personne ad hoc de l'administration
forestière locale bien connue localement ;
· d'un représentant de la direction des
forêts.
Le délégué régional
prépare les projets de convocation pour la réunion de
sensibilisation soumis à la signature du gouverneur. Les personnes
convoquées sont : le préfet, le délégué
départemental du MINFOF, le chef de poste, le sous-préfet, les
députés, le maire, les représentants des ministères
en charge de l'environnement et de la protection de la nature, du tourisme, du
domaine, de l'élevage, de l'agriculture et des mines ; les religieux,
les représentants d'ONGs et les élites locales. Le contenu de ces
rencontres doit aborder les thèmes suivants : les objectifs du projet de
classement ; le principe de participation des populations dans le processus
d'aménagement du massif forestier ; les étapes suivantes de la
procédure de classement ; la constitution et le programme de la
commission de classement.
Le délégué régional du MINFOF est
chargé de la transmission du rapport de la réunion au MINFOF, au
gouverneur et au préfet concerné pour information.
|
Etape 4 : sensibilisation des populations
|
|
Cette étape vise à informer et sensibiliser les
populations au classement à venir. Tous les villages concernés
par le classement d'un massif doivent être sensibilisés lors de la
tournée. L'équipe chargée de la tournée de
sensibilisation est composée, ainsi qu'il suit : le
délégué départemental du MINFOF, qui le chef de
mission ; le sous-préfet ou son représentant ; une personne
impliquée dans la société civile, ONGs et le chef de
poste, comme rapporteur. Dans la pratique, le représentant de la SDIAF
accompagne souvent l'équipe dans la sensibilisation des
communautés. L'ordre du jour de la réunion est le suivant :
· information et sensibilisation des populations sur les
démarches de classement du domaine forestier permanent ;
· explication sur le concept de représentation des
populations dans le processus de gestion des forêts : leur droit de
réserve ou d'opposition ;
· là où il n'y a pas de structure
représentative de la population, l'administration forestière peut
initier la création d'un comité paysans-forêts (CPF). On
veillera à ce que tous les groupes (élites, femme, jeune,
retraité, planteur) soient représentés.
· expliquer le rôle du CPF ou de la structure et
le ou la mandater ;
· informations sur le plan directeur d'aménagement
et sa restitution auprès des populations.
52
La sensibilisation des communautés riveraines au massif
forestier n'est que pure formalité. En effet, Celles-ci ne sont pas
suffisamment informées sur les questions liées à la
forêt communale. La majorité des personnes interrogées
n'ont qu'une idée vague sur le sujet, toutes assimilent la forêt
communale aux UFA, ce qui n'est pas le cas. Aucune des structures
préconisées n'est mise en place pour la sensibilisation des
populations. Ainsi, cette situation profite aux gestionnaires du massif
forestier du moment où les populations ne peuvent pas jouer leur
rôle de contre pouvoir.
|
Etape 5 : Travaux de la commission de
classement
|
|
L'objectif de cette étape est la validation du projet
de classement au niveau local. Il est crée dans chaque
département une commission chargée d'examiner et d'émettre
un avis sur les éventuelles réserves ou réclamations
exprimée par la population ; d'évaluer tout bien devant faire
l'objet d'expropriation et de dresser un état à cet effet. La
commission est composée de la manière suivante :
Président, le préfet ou son représentant ; Rapporteur, le
représentant local du MINFOF ; Membres, le représentant local du
MINDAF, MINTOUR, MINEF, MINAGRI, de l'organisme public chargé des
aménagements, le ou les député(s), les maires des communes
intéressées ou leurs représentants et les autorités
traditionnelles locales. Les réserves émises par les populations
locales peuvent concerner les infrastructures (champs, carrières,
habitations) localisées à l'intérieur du massif ou toutes
autres objections recevables. Dans ce cadre, le président de la
commission peut dépêcher des missions chargées d'examiner
le bien-fondé des réserves ou oppositions au projet de
classement. Ces infrastructures seront localisées et reportées
sur la carte du massif au 1/200 000. Si ces infrastructures se situent à
l'intérieur du massif forestier, deux options sont possibles : les
limites proposées de la forêt communale sont modifiées,
afin d'exclure les infrastructures du massif ou l'expropriation des
infrastructures et indemnisation.
La commission se réunit sur l'initiative de son
président et au lieu choisi par ce dernier, trente (30) jours au
plutôt après le délai d'affichage de l'avis. Elle examine
les rapports et suggestions faites par les missions et statuera sur tous les
éléments versés au dossier de classement. Le
président de la commission transmet l'ensemble du dossier au ministre
chargé de la forêt et de la faune, assorti de l'avis motivé
de la dite commission79.
79 Les travaux de cette commission ne sont pas
réalisés dans des délais raisonnables. La commune de
Sangmélima a par exemple, initié le dossier pour le classement de
sa forêt communale depuis 2001. Jusqu'à cette date, l'acte de
classement n'est pas encore disponible.
La rallonge de la procédure est préjudiciable
pour l'institution communale du fait de l'augmentation des coûts du
classement. Les lenteurs administratives constituent la principale entrave au
traitement des dossiers de classement. En plus, les conflits liés
à la détermination des limites du massif forestier candidat
à l'acte de classement sont aussi de nature à ralentir le
processus.
|
Etape 6 : Préparation des textes à
soumettre au Premier Ministre
|
|
Après avoir pris possession de tous les dossiers, le
texte définitif du projet de décret est préparé par
la SDIAF. Le texte définit notamment les objectifs de classement ainsi
que les limites du massif forestier à classer. Il est composé
:
· d'une note technique précisant le ou les objectifs
fixés par ce classement et définissant les droits d'usages
applicables dans la forêt concernée ;
· des procès-verbaux des réunions de la
commission de classement ;
· des éventuels rapports de missions
complémentaires pour le règlement de problèmes
soulevés ou la prise en compte des doléances formulées par
les populations ;
· d'un plan de situation décrivant les limites de la
dite forêt, accompagné d'une carte géographique à
l'échelle 1/200 000
La SDIAF prépare le projet de décret de
classement de la forêt communale pour le ministre de la forêt et de
la faune, à transmettre au Premier ministre pour approbation et
signature. Après la promulgation du décret de classement, le
massif forestier devient la propriété de la commune et devra
être borné et titré selon la réglementation en
vigueur, en vue de son enregistrement et de son immatriculation dans le livre
foncier pour le compte de la commune.
En général, les communes ont un faible niveau
d'appropriation des dossiers de leur forêt communale. Ces dossiers sont
mieux maîtrisés par les partenaires forestiers lorsque ce type de
partenariat existe80. En outre, les communes ne possèdent pas
l'expertise technique nécessaire pour assurer leur rôle de
maître d'oeuvre notamment dans l'exécution, le suivi et le
contrôle des activités relatives à la foresterie
communale81. Cette démarche n'est pas aisée pour les
communes qui ont des difficultés à rassembler les financements
nécessaires à l'acquisition de la forêt communale. La
procédure de classement du massif forestier
80 Guy Merlin Nguenang, Quentin Delvienne, Vincent
Beligne, Marie Mbolo, « La gestion décentralisée des
ressources forestières au Cameroun : les forêts communales
après les forêts communautaires. », In
CEFDHAC, Libreville 20-27 novembre 2007, p 4.
81 Op cit. , p 4.
54
communal de Moloundou s'élève à 120 000
000 FCFA82. De nombreuses communes butent ainsi à poursuivre
le processus d'acquisition pour des raisons financières83.
Toutefois, la récolte du bois dans le massif forestier communal
proprement dite est conditionnée par l'élaboration d'un plan
d'aménagement validé par le MINFOF et la réalisation d'une
étude d'impact environnemental.
II. Modalités d'exploitation des ressources
ligneuses
L'élaboration d'un plan d'aménagement est un
préalable à l'exploitation d'une forêt
communale84. Depuis 200585, la réalisation d'une
étude d'impact sommaire est également une condition sine qua
non à l'exploitation.
A. Le plan d'aménagement : un outil de gestion
durable
L'exploitation d'une forêt communale se fait sur la
base de son plan d'aménagement et sous la supervision de
l'administration chargée de la forêt. L'aménagement d'une
forêt permanente se définit comme étant « la mise en
oeuvre, sur la base d'objectifs et d'un plan arrêté au
préalable, d'un certain nombre d'activités et d'investissements,
en vue de la production soutenue de produits forestiers et de services, sans
porter atteinte à la valeur intrinsèque, ni compromettre la
productivité future de ladite forêt, et sans susciter d'effets
indésirables sur l'environnement physique et social.86 »
Le plan d'aménagement87 s'inscrit dans le temps et dans
l'espace. D'abord dans le temps, à travers la détermination au
début de chaque exercice budgétaire de la possibilité
annuelle de coupe de l'ensemble des forêts domaniales, et ensuite dans
l'espace, de par les UFA qui sont des divisions de base du domaine forestier
permanent. Le plan d'aménagement est composé de plusieurs
rubriques : la description du milieu naturel de la concession forestière
; les données cartographiques ;
82Entretien avec le maire de la commune de Moloundou,
du 26 juin 2009.
83 Guy Merlin Nguenang, Quentin Delvienne, Vincent
Beligne, Marie Mbolo, « La gestion décentralisée des
ressources forestières au Cameroun : les forêts communales
après les forêts communautaires. », In
CEFDHAC, Libreville 20-27 novembre 2007, p 3.
84 Article 52 de la loi n°94/01 du 20 janvier
1994 portant des forêts, de la faune et de la pêche.
85 Décret n° 2005/0577/PM du 23
février 2005 fixant les modalités de réalisation des
études d'impact environnemental.
86 Article 23 de la loi n°94/01 du 20 janvier
1994 portant des forêts, de la faune et de la pêche.
87 Le plan d'aménagement est un document
dont l'objectif principal est la fixation de l'activité d'exploitation
forestière sur les massifs permanents (forêt communale,
forêt domaniale), par une programmation dans l'espace, dans le temps des
coupes et des travaux sylvicoles, visant à une récolte
équilibrée et soutenue.
l'inventaire forestier d'aménagement ; l'affectation des
terres et droits d'usage et le calcul de la possibilité
forestière.
La description du milieu naturel de la concession
forestière
La description du milieu naturel de la concession
forestière décrit les caractères biophysiques,
l'environnement socioéconomique et l'histoire de la forêt sur la
base d'études appropriées.
Le plan d'affectation des terres du Cameroun méridional a
défini deux domaines forestiers :
Un domaine forestier non permanent ou à vocation
multiple : c'est le domaine d'activités des populations rurales. C'est
aussi la zone d'attribution des forêts communautaires et de certaines
ventes de coupes ;
Un domaine forestier permanent constitué des aires
protégées et des réserves forestières
concédées ou non, ainsi que des forêts communales. Le
massif forestier communal de Moloudou fait partie du domaine forestier
permanent, et plus particulièrement du vaste ensemble de la forêt
domaniale de production. Elle a une superficie de 42 612 ha. C'est une
forêt naturelle se trouvant dans la zone de forêt semi
décidue. Les familles botaniques dominantes sont les suivantes :
· Les Papillonnacées : Assamela, Padouk rouge ;
· Les Césalpiniacées : Doussié rouge
(Afzelia bipindensis) et Doussié blanc (Afzelia pachyloba)
;
· Les Combrétacées : Fraké
(Terminalia superba) ;
· Les Méliacées : Sapelli
(Entendrophragma cylindricum), Kossipo (Entendrophragma
candolei), Sipo (Entendrophragma utile), Tiama
(Entendrophragma angolensis)
· Les Sterculiacées : Bété (Mansonia
altissima), Ayous (Trplochyton scleroxylon)
Le massif forestier constituant la forêt communale de
Moloundou a déjà fait l'objet d'une exploitation sous forme de
licence et de vente de coupe. La première licence N°1547 d'une
superficie de 48 000 ha, a été attribuée à la
société SOTREF le 25 septembre 1969 et a expirée le 25
septembre 1989. Elle couvrait la moitié sud de cette forêt
à partir d'une piste allant vers l'ouest et entrant par le village
dénommé Port Gentil. La seconde licence N°1780,
56
d'une superficie de 99 420 ha, a été
attribuée à la société SIBAF le 30 septembre 1988
et a expiré le 30 septembre 1998. Elle occupait la moitié nord de
l'actuelle forêt communale.
A côté de ces licences, il ya aussi eu la vente de
coupe N°10.01.119, attribuée à la société
FOKOU, proche de la limite Est du massif forestier communal.
les données cartographiques
Les données cartographiques indiquent les limites de
la concession définies par le décret de classement. La carte
forestière au 1/50 000 à présenter dans le plan
d'aménagement doit contenir les informations ci-après : la
stratification forestière finale réalisée après
l'inventaire d'aménagement ; l'affection des terres ou le
découpage en séries ; et le découpage des blocs
quinquennaux en assiette de coupes annuelles.
Graphique N°2
Source : ALPICAM
l'inventaire forestier d'aménagement
L'inventaire forestier est un processus qui vise à
déterminer le niveau de richesse d'un massif forestier. Les travaux
d'inventaire doivent être exécutés, selon les normes
d'inventaire d'aménagement et de pré-investissement. Le dossier
des fiches techniques publié par le MINFOF présente la liste des
essences à inventorier obligatoirement. Pour ces essences, l'inventaire
compte, mesure et identifie toutes les tiges à partir de 20 cm de
diamètre. L'intensité de sondage pour l'inventaire
d'aménagement doit être supérieure ou égale à
1% pour une concession de superficie inférieure à 50 000 ha et
supérieure ou égale à 0,5% pour une concession de
superficie supérieure ou égale à 50 000 ha. La saisie et
la compilation des données d'inventaires s'effectuent à l'aide
d'un logiciel agrée par le MINFOF.
Pour ce qui est du massif forestier de Moloundou, la
synthèse des données générales d'inventaire ressort
un total de 899 748 tiges d'essences principales toutes strates
forestières confondues88. De ces tiges, 322 209 sont
exploitables, soit 36%. On constate, en outre, que plus de 50% des tiges
principales sont représentées par six essences, que sont : le
Fraké, Kotibé, Bossé Foncé, Padouk
Rouge, Eyong et Ayous. Le diagramme ci-dessous retrace la
distribution du nombre de tiges totales par essence principale.
Graphique N° 3
Source : Plan d'aménagement de la forêt communale
de Moloundou , mai 2006
88 La forestière Veko, Plan
d'aménagement forêt communale de Moloundou, janvier
2006, p 23.
58
Les tiges exploitables sont représentées
à plus de 64% par les mêmes essences en dehors du Bossé
foncé qui a été remplacé par l'Emien.
Les essences pionnières pour l'exploitation dans ce massif forestier
sont respectivement le Fraké, l'Ayous, l'Emien et le
kotibé.
Graphique N° 4
Source : Plan d'aménagement de la forêt communale
de Moloundou, mai 2006
Les essences principales inventoriées dans tout le massif
forestier présentent un volume brut total de 3 449 453 m3 dont 74% sont
exploitables89.
l'affectation des terres et droits d'usage
L'affectation des terres consiste à l'identification
et à la cartographie de la vocation des terres à
l'intérieur de la concession classée. Les différentes
affectations qui peuvent être considérées dans le plan
d'aménagement sont présentées dans le dossier des fiches
techniques publié par le MINFOF. Le massif forestier communal est
subdivisé en deux séries : une série de production et une
série de protection. La première série est
constituée des forêts primaires et des forêts secondaires,
tandis que la seconde est composée de terrains sur sols
marécageux.
Sur la base du décret de classement, d'études
socio-économiques et de consultations auprès des populations
riveraines, le plan d'aménagement rappelle et précise les
droits
89 Op cit. , p 45.
d'usage à l'intérieur de la concession et
décrit la réglementation relative à la conduite des
différentes activités dans chacune des affectations. Il
précise les activités, les modes d'intervention et la liste des
produits interdits ou autorisés à l'exploitation.
La conduite des activités par affectation à
l'intérieur de la forêt communale de Moloundou est décrite
dans le tableau suivant :
Tableau N° 6 : Conduite des activités
des populations à l'intérieur de la forêt
communale
Activités
|
Production ligneuse
|
Protection
|
Exploitation forestière
industrielle
|
elle se fera conformément aux prescriptions du plan
d'aménagement
|
interdite
|
Extraction de sable, gravier et latérite
|
activité autorisée mais soumise à une
restriction spatiale car elle ne pourra se dérouler que dans les zones
marécageuses inondés temporairement
|
interdite
|
Récolte de bois de service
|
elle sera réglementée car les perches et les
gaulis à exploiter vont compromettre la
régénération de certaines essences sollicitées.
|
interdite
|
Récolte de bambou et de rotin
|
elle est autorisée
|
autorisée mais
réglementée
|
Chasse de
subsistance
|
autorisée mais soumise à une réglementation
qui sera bien vulgarisée auprès des populations
|
Autorisée mais
réglementée
|
Pêche de subsistance
|
autorisée mais l'utilisation des produits toxiques est
interdite dans les méthodes de pêche à promouvoir
|
autorisée dans les
mêmes conditions que dans la série de
production
|
Ramassage des fruits sauvages
|
autorisé mais avec des restrictions au moment de la mise
en place des pépinières
|
autorisé avec les
mêmes prescriptions
|
Cueillette de
subsistance
|
Autorisée
|
Autorisée
|
Agriculture
|
strictement interdite en raison de la vocation primaire de
cette forêt. Certaines dispositions particulières seront prises
pour le contrôle de cette activité.
|
interdite
|
Sciage en long
|
il est strictement interdit et ne pourra se faire que sur
autorisation spéciale de la mairie et suivant la réglementation
en vigueur
|
strictement interdite
|
|
Source : Plan d'aménagement forêt communale de
Moloundou, janvier 2010
Ce tableau montre qu'un certain nombre d'activités sont
interdites aux populations riveraines à la forêt communale.
60
Calcul de la possibiité
forestière
Le calcul de la possibilité annuelle de coupe est un
processus itératif d'optimisation, dont le résultat
détermine la rotation et le diamètre des minimaux d'exploitation
des essences aménagées. Les paramètres pris en compte dans
le calcul de la possibilité et la détermination des
diamètres minima des essences aménagées sont : le choix
des essences aménagées, la durée de la rotation, les
accroissements en diamètre des essences et le tarif de cubage de la zone
concernée. Au cours de l'inventaire, les essences inventoriées
sont réparties en cinq groupes : les essences aménagées,
les essences principales complémentaires, les essences de promotion, les
essences dites « spéciale » et toutes les autres essences ou
bourrage de peuplement. De ces différents groupes, seules les essences
aménagées sont soumises au calcul de possibilité. Le
diamètre minimum des essences aménagées (DME/ADM) est le
diamètre en deçà duquel une essence ne peut être
abattue. En aucun cas, ce diamètre ne peut être inférieur
au diamètre minimum d'exploitation fixé par le MINFOF. Pour les
essences aménagées, les arbres de diamètre
supérieur ou égal au DME/ADM augmenté de 40 cm sont
retranchés de la table de peuplement initial qui sert aux simulations du
calcul de la possibilité. La liste des essences retenues pour le calcul
de la possibilité doit être composée d'au moins 20 essences
principales faisant au moins 75% du volume brut exploitable bonus compris, de
toutes les essences principales inventoriées90.
Dans le cadre de l'exploitation du massif forestier de la
commune de Moloundou, 23 essences ont été retenues pour le calcul
de la possibilité. Celles-ci font un volume brut total exploitable de 1
960 810 m3 représentant 79,85% du volume total exploitable de toutes les
essences principales autorisées à l'exploitation91.
L'intégration des DMA fixés dans le calcul de la
possibilité forestière indique que le volume total exploitable
est de 837 223 m3 avec un bonus de 921 790 m3.
Dans la perspective de la fixation des assiettes de coupes
annuelles, la durée d'exploitation d'un bloc sera de cinq ans. De ce
fait, cette forêt a été subdivisée en six blocs.
90 Arrêté n°0222/A/MINEF/25 mai
2001 fixant les procédures d'élaboration, d'approbation, de suivi
et de contrôle de la mise en oeuvre, des plans d'aménagement des
forêts de production du domaine forestier permanent.
91 La forestière Veko, Plan
d'aménagement forêt communale de Moloundou, janvier
2006, p 26.
La durée de l'exploitation étant de trente ans.
Chaque bloc d'exploitation est ensuite divisé en cinq assiettes de coupe
annuelles de même superficie productive.
L'aménagement, tel que pratiqué au Cameroun,
repose essentiellement sur la régénération naturelle de la
forêt. Ce choix technique s'explique à travers l'absence à
l'heure actuelle de connaissances sur la dynamique de la forêt, la
maîtrise imparfaite des techniques sylvicoles et l'insuffisance des
moyens humains, matériels et financiers92.
C'est-à-dire tout ce qu'il faut pour entreprendre avec succès la
régénération artificielle de la forêt.
B. L'étude d'impact environnementale
L'aménagement de la forêt communale est
assujetti à une étude d'impact environnemental (EIE) sommaire. A
ce titre, il n'est plus possible pour un exploitant forestier de venir
prélever en forêt des essences, dont il a besoin pour
approvisionner son marché et de laisser la forêt se reconstituer
sans se préoccuper des impacts que cette exploitation aura eus sur
l'environnement. L'EIE trouve son fondement dans deux textes législatifs
que sont la loi 94/10 du 20 janvier 1994 portant régime des
forêts, de la faune, et de la pêche, et la loi N°96/12 du 05
août 1996, portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement au Cameroun.
Ces deux lois disposent respectivement en leurs articles 16
(2) et 17 que la mise en oeuvre de tout projet de développement
susceptible d'entraîner des perturbations en milieu forestier ou
aquatique, est subordonnée à une étude préalable
d'impact sur l'environnement. Le promoteur ou le maître d'ouvrage
d'aménagement, d'équipement ou d'installation qui risque, en
raison de sa dimension, de sa nature, ou des incidences des activités
qui y sont exercées sur le milieu naturel, de porter atteinte à
l'environnement, est tenu de réaliser, selon les prescriptions du cahier
de charges, une étude d'impact permettant d'évaluer les
incidences directes ou indirectes dudit projet sur l'équilibre
écologique de la zone d'implantation ou de toute autre région, le
cadre et la qualité de vie des populations et des incidences sur
l'environnement en général. C'est donc dans cette logique du
respect de la réglementation en vigueur en matière d'exploitation
forestière que la commune de Moloundou, par le biais du cabinet ACADER
CONSULTING, a réalisé une EIE de sa forêt communale en mars
2006. Des quatre forêts communales (Dimako, Moloundou, Gari-combo,
Yokadouma) qui sont en exploitation au Cameroun, seule celle de Moloundou
possède une EIE.
92 Patrice Bigombé Logo, les régimes de
la tenure forestière et leurs incidences sur la gestion des forêts
et la lutte contre la pauvreté, GRAPS-CERAD, Yaoundé, 2007, p
15.
62
L'objectif de l'étude est appréhendé sous
trois angles, le premier consiste à identifier les impacts positifs et
négatifs de l'exploitation de la forêt communale;
deuxièmement, proposer les mesures appropriées permettant soit
d'éviter, d'atténuer, de minimiser ou de compenser les impacts
négatifs, soit d'optimiser les impacts positifs ; et enfin proposer un
plan de gestion de l'environnement. Dès lors que le ministre de
l'environnement a jugé l'EIE satisfaisante et délivré le
certificat de conformité environnemental, il appartient à la
commune de Moloundou et à son partenaire d'exploitation qui est ALPICAM,
de mettre en oeuvre toutes les mesures préconisées par le plan de
gestion environnemental (PGE).
1. Description des enjeux de l'EIE
L'étude d'impact ressort cinq enjeux majeurs, à
savoir : la perturbation de l'écosystème forestier ; la perte du
couvert forestier ; la diminution de l'accès aux ressources assurant la
survie des populations locales ; les risques de mauvaise gestion de fonds ;
l'amélioration de la qualité de vie des populations locales.
La perturbation de l'écosystème
forestier
Les opérations d'abattage, de débardage, de
débusquage et de transport du bois telles que pratiquées par les
entreprises forestières, ont pour effet de perturber
l'écosystème forestier. Elles détruisent l'ensemble des
espèces végétales, incluant celles qui ne sont pas
exploitées commercialement et entraînent des ouvertures dans le
couvert forestier ; ce qui participe à l'accentuation du braconnage.
|
La perte du couvert forestier
|
|
La création d'une multitude de routes de plus en plus
larges conduit la destruction de la couverture forestière. Ceci peut
entraîner une diminution significative de la superficie
forestière. Par ailleurs, les travaux de réhabilitation,
notamment de dégagement, de nivellement et d'exploitation de sites
d'emprunt pour le prélèvement de la latérite pour profiler
les pistes forestières, entraînent le déboisement d'une
bonne partie du couvert végétal. Enfin, l'ouverture de ces pistes
a comme conséquence, la facilitation de l'accès à la
forêt. Ce qui peut aggraver les facteurs de pression sur
l'écosystème et sur les ressources forestières.
La diminution de l'accès aux ressources assurant
la survie des populations locales
La faune et la flore forestière jouent un rôle
important dans tous les aspects de la vie des populations riveraines à
la forêt. L'alimentation, la pharmacopée et la construction des
maisons d'habitation trouvent leur fondement dans la forêt.
L'interdiction d'accès à la forêt communale et la
disparition de certaines espèces d'arbres et d'animaux résultant
des activités d'exploitation de bois privent les populations
concernées de ces ressources pour une durée prolongée.
|
Les risques de mauvaise gestion de fonds
|
|
Le risque de mauvaise gestion des fonds
générés par l'exploitation de la forêt communale est
un enjeu redouté par les populations riveraines. En effet, ce facteur de
risque est d'autant plus probable de se manifester que la gestion actuelle des
RFA par la commune reste chaotique. Pour palier aux éventuels
dérapages dans la gestion des revenus, l'étude préconise
la création d'un fond de développement communal, dans lequel sera
reversé 80% des fonds et le reste serait alloué au fonctionnement
de la commune.
L'amélioration de la qualité de vie des
populations locales
Cet enjeu résulte des apports positifs que l'entretien
de la route pourrait entraîner sur l'amélioration des conditions
de vie des populations locales. En effet, l'entretien des routes permettra la
fluidité de la circulation et favorisa l'évacuation des produits
agricoles. De plus, les revenus issus des retombées de la forêt
communale permettront d'améliorer le niveau de vie des populations,
à travers le développement des infrastructures sociales de base.
La création d'emplois pour les jeunes constitue aussi un apport
essentiel conséquent à la présence de la forêt
communale dans la commune de Moloundou.
2. Mise en oeuvre du plan de gestion
environnemental
Dans le cadre de notre stage académique au centre
technique de la forêt communale (CTFC), il nous a été
offert l'opportunité de faire le suivi des mesures prévues par le
PGE dans le cadre de l'exploitation de la forêt communale de Moloundou.
L'objectif général de notre mission de suivi rentrait en droite
ligne avec : l'évaluation de la mise en oeuvre des mesures
prévues dans le cadre du PGE sur la base d'un procédé de
vérification établi ; le contrôle de l'implication des
agents communaux et/ou responsables communaux chargés du
64
suivi de l'exploitation forestière ; la mesure des
impacts réels positifs et négatifs de l'exploitation
forestière sur les aspects socio- environnementaux
considérés dans l'EIE ; enfin, la rencontre des acteurs de mise
en oeuvre et de suivi des actions préconisées dans le PGE et
l'identification des difficultés rencontrées par ces acteurs. Les
principaux acteurs de la mise en oeuvre du PGE sont la commune, les populations
et les structures déconcentrées du MINFOF et du MINEPN
La commune : acteur principal de la mise en oeuvre du
PGE
Pour une gestion durable de son massif forestier, il incombe
à l'institution communale de mettre en oeuvre toutes les mesures
préconisées par le PGE. De prime à bord, il est important
de relever que l'EIE est un outil de travail à vulgariser auprès
de toutes les entités intervenant dans le cadre de l'exploitation de la
forêt communale. Le premier constat révèle qu'en dehors
d'ALPICAM, aucun autre acteur su-cité n'est informé de
l'existence d'une quelconque étude. La nécessité de mettre
l'étude à la disposition des autres composantes n'est plus
à démontrer étant donné que les impacts de
l'exploitation touchent plusieurs secteurs.
Il existe au sein de la commune une cellule de la foresterie
sur laquelle nous reviendrons plus largement dans le prochain chapitre.
Celle-ci est en charge de toutes les questions relatives à
l'exploitation forestière, notamment le respect par l'exploitant des
normes environnementales et des limites de l'AAC lors de l'exploitation. La
définition des missions de la cellule ne prend pas en compte l'aspect
environnemental ; car, il n'existe pas de responsable chargé de
l'environnement. De plus, les archives disponibles dans les locaux de la
cellule de foresterie font état de l'inexistence du PGE. Les membres de
l'équipe de la cellule interrogés disent n'avoir jamais entendu
parler d'une quelconque EIE. En outre, ces derniers n'ont reçu aucune
formation relative à la préservation de l'environnement. Des
données recueillies sur le terrain, il ressort que des fonctions
assignées à la structure en charge de la gestion de
l'exploitation forestière, le volet environnemental ait
été occulté. L'inexistence d'un expert en protection de
l'environnement dans la structure communale en charge de la foresterie est un
facteur limitant dans le processus de mise en oeuvre du PGE.
La connaissance et l'application des mesures prévues
dans le PGE passent par une promotion du document. Il est difficile de
comprendre que la commune, propriétaire de la forêt communale, ne
possède pas de document faisant référence à l'EIE.
La non valorisation de l'étude porte à croire que celle-ci n'ait
été commanditée que dans le but de permettre à la
commune d'entamer l'exploitation de la forêt communale. L'on est en droit
de se demander
si les responsables communaux maîtrisent les
véritables enjeux liés à la protection de l'environnement
?
Les agents communaux chargés du suivi de
l'exploitation du massif forestier communal touchent du doigt les
dégradations environnementales. Le travail quotidien de ces derniers les
amène à sillonner les parcelles dans lesquelles l'exploitant
prélève le bois. Ce fait place les membres de la cellule de suivi
en première ligne du dispositif de surveillance des dommages
causés sur l'environnement. Mais étant donné que ceux-ci
ne possèdent aucune expertise en la matière, toutes les actions
menées par ALPICAM leur semblent normales. A titre d'illustration, lors
de notre mission de suivi, certains membres de la cellule que nous avons
interrogés ont signalé que l'exploitant prélevait des
grumes en bordure des cours d'eau. Cette pratique est formellement interdite
par la réglementation, n'ayant pas d'informations ni de connaissances
sur les normes à respecter, aucun rapport n'a été
élaboré afin de signaler cet état de chose. C'est donc
lors de nos entretiens qu'ils auront quelques bribes d'informations sur les
règles d'exploitation. Afin de répondre au challenge sur le
contrôle de l'exploitation faite par le partenaire ALPICAM, il se
dégage un réel besoin en formation. La cellule de suivi dans
toutes ses membranes doit être formée sur les normes qui
régissent le respect de l'environnement lors des activités de
prélèvement du bois.
|
Implication des services déconcentrés du
MINFOF et du MINEP
|
|
Lors de notre descente sur le terrain, il nous a
été donné de constater qu'aucune action de vulgarisation
ou de sensibilisation sur l'existence de l'EIE n'avait été
initiée par les responsables communaux en charge de la forêt
communale. L'entretien avec le chef de poste forestier de Moloundou, a permis
de vérifier cette information. Selon ce dernier, les archives de son
bureau ne contiennent pas de document ayant trait à une quelconque
étude de ce type. De plus, il n'a jamais reçu la sollicitation de
son expertise de la part des responsables communaux. Il faut resituer les
choses dans leur contexte et dire que, malgré la dévolution dans
la gestion des forêts au Cameroun, l'Etat conserve un droit de regard
dans l'exploitation de celles-ci. C'est donc ce rôle de surveillance qui
échoit au MINFOF et MINEP, à travers leurs services
déconcentrés. Pour parvenir à une gestion durable du
massif forestier communal, la cellule de foresterie doit travailler en
collaboration avec les services en charge des questions forestières et
environnementales opérationnels dans l'arrondissement. Ainsi, la cellule
de suivi de l'exploitation, en jouant son rôle de veille sur toutes les
anomalies
66
constatées sur le terrain, les signalera au poste
forestier. Celui-ci ayant une responsabilité de gendarme de
l'environnement prendra les mesures qui s'imposent à l'encontre de
l'exploitant.
L'absence du partenariat entre la commune et les postes
forestiers de l'arrondissement (Kika, Mambelé, Moloundou) a pour
conséquence le délaissement de la surveillance des
activités de prélèvement du bois. La société
ALPICAM exploite le massif forestier communal sans trop se préoccuper
d'éventuelles missions de contrôle. En trois années
d'exploitation, les activités entreprises dans les différentes
assiettes de coupes annuelles n'ont jamais été
évaluées93. L'inexistence des relations de travail
entre ces deux entités (commune et poste forestier) est
préjudiciable pour une exploitation durable de la forêt
communale.
|
Implication des populations
|
|
En ce qui concerne les populations locales, le fait est le
même, à savoir aucune sensibilisation sur l'EIE. Notre rencontre
avec les populations des villages riverains (Mbangoye II, Mbateka, Dioula,
Yenga, Mambelé) à la forêt communale a permis le
renforcement du constat établi. Un autre objectif s'est arrimé de
facto à notre mission, la sensibilisation des communautés sur le
bien-fondé de l'EIE. Cet exercice d'explication et d'information a
contribué à l'obtention de précieuses informations sur les
dégradations de l'environnement causées par l'exploitation. Les
populations riveraines peuvent servir de relais efficace dans le système
de suivi des activités de prélèvement, car celles-ci
vivent en symbiose avec la forêt communale. Du fait qu'elles exercent une
grande partie de leurs activités dans la forêt, les populations
sont à même de constater rapidement les différents
changements de leur milieu de vie. La sensibilisation des communautés
sur les enjeux de la préservation de l'environnement contribue
également à les conscientiser sur son importance. Car, il faut le
souligner, les exploitants forestiers ne sont pas les seuls destructeurs de
l'environnement. Les populations aussi à travers les feux de brousse et
les déchets déversés dans les cours d'eau,
dégradent l'écosystème.
Du fait de son statut de commune forestière, la mairie
de Moloundou bénéficie de la gestion décentralisée
des forêts sous le mode des redevances forestières annuelles. Ces
revenus constituent le principal pourvoyeur du budget communal. La mise en
oeuvre de la forêt communale représente un nouveau challenge pour
l'institution communale. Plus que par le passé, la commune donne
l'orientation à tous les niveaux de la gestion de ce massif forestier.
Les dirigeants communaux ne se contentent plus de gérer seulement les
revenus
93 Entretien avec le chef de poste forestier de
Moloundou, du 27 mai 2009.
issus de l'exploitation des concessions forestières
présentes dans leur circonscription, ceux-ci mettent désormais en
place toutes les stratégies d'exploitation du massif forestier
communal.
68
CHAPITRE III : LA PORTEE SOCIALE DE LA GESTION DE LA
FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU
La forêt communale constitue une des figures majeures
de l'effort de dévolution promu par le nouveau code forestier. Dans ce
cadre, l'aménagement forestier à l'échelle communale est
sensé, d'une part, contribuer à l'amélioration de la
gouvernance locale par le transfert des pouvoirs de gestion, et d'autre part
favoriser la création d'un pôle de développement local. La
dévolution du pouvoir doit contribuer à une meilleure gestion
forestière et une redistribution plus équitable des
bénéfices de l'exploitation pour améliorer les conditions
de vie socio-économiques en milieu rural.
I. Organisation et fonctionnement de l'exploitation de
la forêt communale
Pour l'exploitation de son massif forestier la commune a
initié un contrat de mise en valeur avec la société
forestière ALPICAM. Une structure technique communale est mise sur pied,
afin d'assurer le suivi des activités d'exploitation de la forêt
communale.
A. Organe technique de gestion de l'exploitation de la
forêt communale
Le choix porté sur la sous-traitance comme mode
d'exploitation de la forêt induit immédiatement la création
d'une structure communale en charge de la gestion des activités
liées à l'exploitation de la forêt communale. C'est dans
cette optique que le conseil municipal a crée, au sein de la cellule de
foresterie et de la coopération décentralisée, une cellule
de contrôle de l'exploitation de la forêt communale de
Moloundou94. Cet arrêté définit clairement
l'organisation de la structure ainsi que les missions assignées à
chaque poste.
1. Missions de la cellule de contrôle de
l'exploitation de la forêt communale
L'arrêté municipal N°13/AM/B
12.01/C/MOL/SG/CFDC/06 porte sur la création et les attributions des
membres de la cellule de contrôle de l'exploitation de la forêt
communale. Elle est composée de la manière suivante :
94 Arrêté municipal n°
13/AM/B12.01/C/MOL/SG/CFCD/06 portant création et définition des
missions de la cellule de contrôle de l'exploitation de la forêt
communale de Moloundou.
· Le superviseur de la cellule de
contrôle a un rôle de coordination de toutes les
opérations de suivi effectuées par l'équipe de
contrôle. Il représente également la commune auprès
du partenaire d'exploitation, des communautés locales et de
l'administration chargée des forêts.
· Le responsable des opérations
forestières contrôle les opérations de
l'exploitation sur le terrain et assiste, en cas de besoin, le superviseur de
la cellule de contrôle pendant les réunions liées à
l'exploitation de la forêt communale ;
· Le boussolier est chargé du
contrôle des limites de l'assiette de coupe ;
· Le prospecteur, est d'inventorier les
essences qui figurent dans l'assiette de coupe, vérifier si celles-ci
sont abattues et si les normes d'exploitation sont respectées ;
· Le commis d'abattage quant lui,
vérifie, si tout le bois abattu figure dans l'assiette de coupe et
rend compte que les essences retenues sont abattues et ne sont pas
abandonnées ;
· Le commis de débardage
vérifie que tout le bois abattu est débardé et
contrôle le marquage des souches ;
· Le commis de parc DF 10 contrôle
le cubage du parc DF 10, vérifie les codes et les essences qui figurent
dans la feuille DF 10 ;
· Le commis de parc de transformation
contrôle le cubage au parc ainsi que le marquage des grumes ;
· Le commis d'évacuation
contrôle le nombre de camions chargés et les lettres de
voitures.
Il faut relever ici qu'en dehors des postes de superviseur et
de responsable des opérations forestières, les autres postes
reflètent la constitution des équipes d'exploitation de la
société ALPICAM. La volonté manifeste des dirigeants
communaux est d'avoir au moins un représentant à chaque
étape du processus d'exploitation. Cette organisation facilite le suivi
des activités de récolte des grumes par la commune et permet
d'éviter des dissonances sur les volumes produits. L'atteinte des
objectifs de la cellule de contrôle nécessite un certain nombre
d'acquis sur le triple plan organisationnel, financier et capital humain.
2. Analyse du fonctionnement de la cellule de
contrôle
La cellule de contrôle du suivi de l'exploitation de la
forêt communale de Moloundou est au coeur de la gestion de toutes les
activités liées à la production des grumes. Pour ce faire,
elle est appelée à présenter certaines garanties sur le
plan organisationnel, financier, matériel et au niveau de son capital
humain.
70
· Le niveau organisationnel de la cellule de
contrôle
L'organisation est définie comme étant un
système social organisé pour atteindre un certain type
d'objectif. Elle suppose un but formel, une division des tâches et une
attribution des rôles, un système de communication, un
mécanisme de prise de décisions, un ensemble de règles
d'évaluation de l'activité95. En prenant cette
définition comme point de départ du niveau organisationnel de la
cellule, l'on se rend compte que les aspects communicationnels,
mécanisme de prise de décisions et évaluation de
l'activité ne sont pas pris en compte.
En ce qui concerne l'aspect communicationnel, il se pose un
problème d'information. Cette difficulté est due à une
indisponibilité et à une rareté des données
relatives à l'exploitation du massif forestier communal. De tous les
conseillers que nous avons interrogés, aucun n'est capable de donner un
seul chiffre sur les volumes de production, pire encore sur les recettes
engendrées par l'exploitation de la forêt communale. Si les
élus du peuple, qui sont au coeur du pouvoir, n'ont pas d'informations,
il est clair que les populations sont dans le même obscurantisme des
profits générés par l'exploitation de leurs richesses
naturelles. La non publication de ces recettes permet au maire de les
gérer sans évaluation par rapport aux investissements
réalisés. Sur un tout autre plan, les informations relatives aux
offres d'emploi dans le chantier d'exploitation ne sont pas rendues publiques.
Nous n'avons trouvé aucun avis public d'offre d'emploi dans les archives
de la cellule. Cette tendance est confirmée par les jeunes des villages
riverains96 à la forêt communale que nous avons
interrogés. En guise de réponse à cette
préoccupation, le chef de la cellule en charge du recrutement nous a
confié que la faute revient au partenaire d'exploitation. Du fait que le
directeur d'exploitation de la société ALPICAM ne transmet pas le
besoin en main d'oeuvre dans les délais. Cette déclaration a
été infirmée par ce dernier, qui nous a
présenté des documents démontrant la
véracité de ses propos. Tout porte à croire que le
recrutement dans l'organisation dépend fortement des réseaux de
sociabilités. A ce propos, un jeune du village Mbateka déclare
:
« Le chef de la cellule n'a jamais affiché un
avis de recrutement dans notre village. Iipasse son temps à
recruter ses beaux-frères et ses cousins du village
»97.Cette obsession à dissimuler les informations
laisse penser que la structure à de nombreux démons à
cacher.
95 Céline Mansencal, Didier Michel, Cours
théories des organisations, Académie de
Versailles, 2003, p 22.
96 Mambelé, Yenga, Mbateka, Dioula et Mbangoye
2.
97 Source : notre enquête de mai-juillet
2009.
La loi définit un certain nombre de prérogatives
assignées à l'exécutif communal. Parmi celles-ci, on peut
relever que le maire est chargé de gérer les revenus, surveiller
les services communaux et la comptabilité communale, préparer et
proposer le budget, ordonnancer les dépenses et prescrire
l'exécution des recettes et de veiller à l'exécution des
programmes de développement financés par la commune ou
réalisés avec sa participation98. Cette disposition de
la loi montre que le processus de prise de décision est
centralisé au niveau du maire. Bien que prévu par la loi, la
délégation de pouvoir99 est une vue de l'esprit dans
la commune de Moloundou et particulièrement dans la gestion de la
forêt communale. Dans la gestion quotidienne de la cellule de
contrôle, toutes les décisions sont initiées par le maire.
Cette situation est un facteur limitant au fonctionnement de la structure, le
chef de la cellule de contrôle nous a confié qu'il est tenu de
demander l'avis de ce dernier pour la moindre initiative ou décision.
Les retards accusés dans l'établissement du certificat d'assiette
de coupe100 sont la preuve palpable de la nocivité de la
centralisation du pouvoir. L'absence de la dévolution au niveau de la
prise de décision constitue un handicap dans l'atteinte des objectifs de
la cellule de contrôle.
L'évaluation des activités d'exploitation de la
forêt communale de Moloundou donne à l'exécutif communal,
au partenaire d'exploitation, à la cellule de contrôle et aux
communautés riveraines de meilleurs moyens de tirer les leçons de
l'expérience, d'améliorer la prestation des services , de
planifier et d'affecter les ressources, et de rendre compte aux principales
parties prenantes en faisant état des résultats
obtenus101. L'évaluation peut se baser sur les comptes-rendus
réguliers ou rapports d'activités produits pendant la mise en
oeuvre du projet. Dans le cas spécifique de la cellule, après
trois années de fonctionnement, aucune évaluation n'a
été réalisée ou commanditée jusqu'à
présent. L'absence et l'insuffisance d'archives constituent la raison
fondamentale. En effet, les documents qui tiennent lieu d'archives ne sont de
nature à retracer fidèlement les activités d'exploitation.
Quand ceux-ci ne sont bien tenus, dans certains cas, ils n'existent pas du
tout. Pour illustration, la cellule ne possède pas de données sur
l'exploitation de la forêt communale au cours de l'année 2007.
C'est dire que réaliser une évaluation sur les activités
de la cellule de contrôle constitue une véritable gageure.
98 Article 71 alinéa 1, de la loi
n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux
communes.
99 Article 72, de la loi n°2004/018 du 22
juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.
100 C'est l'acte légal délivré par le MINFOF
indiquant les arbres à récolter dans une AAC.
101 Banque mondiale, suivi et évaluation :
quelques outils, méthodes et approches, Rapport, 2004, p
10.
72
· L'aspect financier et matériel dans la
cellule de contrôle
Le principal objectif de la cellule de contrôle est le
suivi permanent des activités de prélèvement du partenaire
d'exploitation. Pour mener à bien cette mission une mise en
disponibilité des moyens financiers et matériels est primordiale.
Ce budget de fonctionnement permet à la structure de réaliser les
activités planifiées. Des propos recueillis auprès du chef
de la cellule de contrôle, il ressort que la cellule fonctionne depuis
2006 sans budget. Cette information est confirmée par l'analyse des
documents financiers102 de la commune. Le salaire fait partie des
principales récompenses extrinsèques accordées au
personnel. Il permet à l'organisation d'attirer et de garder les
travailleurs hautement compétents et de les inciter à donner le
meilleur d'eux-mêmes, afin d'atteindre des rendements
élevés103. Le personnel de la cellule ne
perçoit pas régulièrement sa rémunération,
à ce jour il compte quatre (04) mois d'arriérés. La
motivation à remplir sa tâche devient difficile dans ces
conditions. Cette situation peut inciter les membres de cette équipe
à percevoir des pots de vin de la part du partenaire d'exploitation. Le
fonctionnement de la cellule est totalement hypothéqué sans
dotations financières. Le chef de cellule révèle ces
propos :
« A l'allure où vont les choses, je
n'établis même plus un plan d'activités, puisque de toutes
les façons aucun budget n'est voté pour la cellule. Pour
réaliser une activité, je dois à chaque instant demander
le financement au maire qui parfois est en
déplacement104 ».
Pour comprendre cette situation, nous nous sommes
rapprochés du maire et du secrétaire général.
Ceux-ci nous expliquent qu'il n'existe pas de ligne budgétaire
destinée à la foresterie communale ; ce qui rend impossible
l'introduction du budget de fonctionnement de la cellule. Cet argumentaire
semble peu convaincant. Pour les recettes générées par la
forêt communale une ligne budgétaire est créée, il
est donc logique qu'une autre prenant en compte le fonctionnement de la
structure en charge du contrôle de son exploitation intègre le
budget communal. L'on est en lieu de penser que la résolution de ce
problème dépend largement de la volonté politique de
l'exécutif communal plutôt que des raisons évoquées
ci-dessus. Le rendement d'une équipe est sous-tendu par les moyens
financiers et matériels mis à sa disposition.
102 Dans le cadre de l'élaboration du PDC de la commune
de Moloundou, nous avons analysé les budgets et les comptes
administratifs des exercices 2006, 2007.
103 Jean Schermerhorn, Comportement humain et
organisation, Québec, 1994, ERPI, p 56.
104 Source : notre enquête de mai-juin 2009.
Sur un tout autre plan, l'approvisionnement de la cellule en
matériel souffre de dysfonctionnements qui entraînent une
dégradation des conditions de travail. En effet, en raison de l'absence
de volonté politique de l'exécutif communal, les membres de la
cellule évoluent dans un environnement peu propice à la
réalisation de leurs missions. Paradoxalement aux équipes du
partenaire d'exploitation qui possèdent un matériel de pointe,
nous constatons que la cellule chargée du contrôle de leurs
activités est encore réduite à l'utilisation d'un
matériel rudimentaire. En guise d'illustration, le boussolier, comme son
nom l'indique utilise encore malheureusement la boussole, alors que le GPS est
plus efficace et facilement utilisable. En ce qui concerne le matériel
de sécurité, les ouvriers interrogés déclarent
qu'ils sont en perpétuel danger ; car ne possédant ni chaussures
de sécurité, ni casque de protection pour les oreilles ou la
tête. L'importance de la cellule de contrôle n'étant plus
à démontrer, l'exécutif communal doit mettre à la
disposition de celle-ci tous les moyens financiers et matériels afin de
permettre à ses membres de mener efficacement leurs missions.
· Le niveau du capital humain de la cellule de
contrôle
Pour ce qui est du capital humain, la cellule de
contrôle est composée d'une équipe de quatorze membres,
qui, pour la plupart, ne possède pas le capital de connaissances
nécessaires sur les questions forestières. Pour mener
efficacement les missions assignées à la cellule, le superviseur
doit être un ingénieur ou technicien forestier avec des
compétences socioéconomiques. Le superviseur en fonction ne
possède pas un tel profil, ce dernier a une formation de juriste
à la base. Le choix d'un profane à la tête d'une structure
aussi névralgique est de nature à sous-optimiser ses
résultats. Des propos recueillis auprès du maire, l'absence d'un
personnel communal qualifié dans le domaine est à l'origine de ce
choix. C'est dans l'optique de remédier à ce manque de
qualification que deux agents de la commune de Moloundou sont actuellement en
formation à l'école des eaux et forêts de Mbalmayo. En
outre, la zone de Moloundou est à forte connotation forestière,
les activités d'exploitation de bois y sont pratiquées depuis
1968105. On retrouve donc, de ce fait, de nombreux autochtones qui
se sont formés sur le tas, à l'instar du reste de
l'équipe. Bien qu'ayant cette formation, la nécessité d'un
renforcement des capacités s'impose. Notamment sur le volet
environnemental de l'exploitation forestière et sur l'accompagnement des
populations en matière de sensibilisation. La viabilité de la
structure communale en charge du suivi de l'exploitation est un
préalable à la gestion durable du massif forestier.
105 Entretien avec le maire de la commune de Moloundou, du 26
juin 2009.
74
B. Le mode de gestion de l'exploitation de la forêt
communale : la soustraitance
Le mode de gestion de la forêt communale en vigueur est
la sous-traitance, qui est un contrat de convention définissant les
activités d'exploitation et d'aménagement forestier qu'un
promoteur est appelé à exécuter dans le cadre de
l'aménagement ou de l'exploitation d'une forêt106. La
commune Moloundou, ne disposant pas de moyens matériels et financiers
nécessaire pour l'exploitation, a opté pour un aménagement
par l'exploitation par vente de coupe. L'idéal aurait été
que la commune réalise elle-même les inventaires d'exploitation de
l'assiette de coupe ouverte à l'exploitation et mettre le volume de bois
ainsi obtenu en appel d'offre. Mais, l'éloignement de cette forêt
des grandes zones de concentration des industriels du bois (Yaoundé et
Douala) et sa superficie réduite ne permettent pas d'avoir des assiettes
de coupe annuelles de taille raisonnable pour susciter véritablement la
concurrence et augmenter de ce fait les gains de la commune. C'est cette raison
qui la conduit à trouver un partenaire industriel, qui est la
société ALPICAM, possédant une unité de
transformation surplace.
1. Le partenariat entre la commune de Moloundou et la
société ALPICAM
Pour l'exploitation de son massif forestier, la commune de
Moloundou s'est attachée les services d'une entreprise professionnelle,
dont la compétence et l'expérience sont avérées en
matière d'exploitation forestière. La société
ALPICAM a été créée en 1975 et est une filiale du
Groupe ALPI. Elle a comme objet principal, la transformation industrielle du
bois et dispose de trois unités de transformation, dont le complexe
industriel de Bonabéri à Douala, la scierie de Kika (Moloundou)
et celle de Mindourou.
Le contrat entre la commune et ALPICAM a pour objet de
définir les modalités de collaboration entre les parties
contractantes, en vue de l'exploitation et la mise en valeur de la forêt
communale. Pour ce qui est des engagements, la commune de Moloundou doit :
- mettre à la disposition exclusive au profit de la
société ALPICAM toutes les assiettes
de coupe de la forêt communale, en vue de l'exploitation
conformément au plan
d'aménagement ;
- gérer l'interface avec les populations dans le cadre du
droit d'usage de celles-ci, tel que défini par l'autorité
compétente ;
- informer et orienter les administrations compétentes
dans le cadre des opérations de suivi et de contrôle conformes
à la réglementation ;
106 Article 51 alinéa 1, la loi de n°94/01 du 20
janvier 1994 portant des forêts, de la faune et de la pêche
- produire tous les documents liés à l'exploitation
forestière et les mettre à la disposition de la
société ALPICAM.
Pour ce qui est de ses engagements, la société
ALPICAM doit :
- produire, enlever les bois et payer le montant échu
à la commune, conformément aux clauses convenues dans l'avenant
;
- Transporter et commercialiser, sous le marteau de la commune,
les essences exploitées dans la forêt communale ;
- respecter le cahier de charges, les normes d'exploitation et
les normes environnementales établis conformément au plan
d'aménagement ;
- payer, pour le compte de la commune de Moloundou, des
impôts, taxes et autres droits d'exploitation prévus par la loi et
les règlements en vigueur.
Concernant les clauses financières :
- les sommes dues par la commune sont calculées sur la
base du volume de bois produit, à partir des prix unitaires au
mètre cube par essence et versées mensuellement par la
société ALPICAM dans les comptes bancaires ouverts à cet
effet par la commune ;
- Les prix unitaires par essence sont arrêtés de
commun accord dans une grille de prix qui est établie et signée
par les deux parties et renouvelée chaque année en fonction des
fluctuations des essences sur le marché national et international.
La lecture de ce contrat suscite trois principales
observations. La première est liée à la durée de
l'accord, qui est équivalente à celle du plan
d'aménagement, soit trente (30) années. Le fait de signer un
contrat à long terme limite les actions futures de la commune. Des
entretiens eus avec les populations, certains conseillers et un des adjoints au
maire, la société ALPICAM ne jouit pas d'une bonne image
auprès de ces derniers. Cet adjoint ajoute même qu'il faut changer
de partenaire d'exploitation. Ceux-ci estiment que la société ne
remplit pas suffisamment le cahier de charges. La commune, a initié avec
l'appui technique du CTFC, la révision du dit contrat ; mais les
négociations sont très difficiles avec la direction de la
société ALPICAM. Si la commune avait signé un contrat
à court terme, elle n'aurait attendu que la fin de celui-ci pour faire
sa révision. Dans le cas présent, la mairie est en position de
faiblesse. La seconde a trait à la récolte des essences dans les
AAC. Aucune clause ne spécifie le fait que le partenaire d'exploitation
choisisse une catégorie d'essence à prélever. C'est cette
omission qui semble être à l'origine de la sous exploitation de la
forêt communale.
76
La dernière observation est en relation avec les frais
d'exploitation. Le contrat n'intègre pas les dispositions liées
à la détermination de ces frais. En général, de
nombreux aspects de ce document sont développés
superficiellement, l'appui technique reçu par la commune arrive au
moment opportun. Dans l'optique de l'aboutissement des négociations sur
la révision du contrat, les engagements des deux parties seront plus
explicites ; ce qui maximisera le rendement de l'exploitation de la forêt
communale.
2. L'exploitation proprement dite de la forêt
communale
Le prélèvement du bois dans la forêt
communale se déroule, tel que planifié par le plan
d'aménagement. En effet, le massif forestier communal est
subdivisé en six (06) blocs d'exploitation. Chaque bloc est ensuite
divisé en cinq (05) assiettes annuelles de coupe (AAC) de même
superficie. Une AAC est donc exploitée chaque année et ceci
durant trente (30) années.
Le début d'exploitation d'une AAC est régi par
la réalisation d'un inventaire par la commune, qui s'accompagne d'une
attestation de mesure de superficie107. Des informations recueillies
auprès du chef de la cellule de contrôle d'exploitation, cette
étude n'est jamais réalisée dés le départ,
tout au contraire c'est le partenaire qui la commet. Il faut dire ici que cet
inventaire représente un baseline des essences et du volume de bois
à prélever durant l'année. Ainsi, la commune doit adresser
annuellement, au représentant local de l'administration chargée
des forêts, un plan d'opérations décrivant l'ensemble des
travaux d'aménagement envisagés, ainsi que le rapport
d'activités réalisées
précédemment108. Cette disposition étaye la
volonté étatique de transfert de pouvoir et de responsabilisation
au niveau local. Dans les archives que nous avons consultées au niveau
de la commune et du poste forestier de Moloundou, il n'existe pas de document
ayant trait à un plan annuel d'opérations ou de rapport
d'activités qui sont pourtant d'importants outils de suivi et
d'évaluation. Deux raisons expliquent ces manquements. La
première émane de la connaissance même des dispositions en
matière d'exploitation. De toute l'équipe de la cellule de
contrôle interrogée, aucun membre ne possède ou encore n'a
jamais pris connaissance des normes109 régissant
107Quentin Delvienne, Brochure
d'information sur les forêts communales au Cameroun, PPP
FSC/GTZ, Yaoundé, 2008, pp 15-17.
108 Article 80 alinéa 1, du décret n°
95/531/PM du 23 août 1995 fixant les modalités d'application du
régime des forêts.
109 Il s'agit de la loi de n°94/01 du 20 janvier 1994
portant des forêts, de la faune et de la pêche ; du
décret n°95/531/PM du 23 août 1995 fixant les
modalités d'application du régime des forêts et de
l'arrêté n°
l'exploitation forestière au Cameroun. Il est
très difficile pour ces derniers d'accomplir une tâche, dont ils
n'ont pas suffisamment d'informations. La seconde raison se situe au niveau de
l'organisation et de la définition des missions de la cellule.
L'exécutif communal, dans l'orientation donnée à cette
entité, ne s'est pas inspiré des textes en vigueur en
matière d'exploitation forestière. Ceci entraîne, par
conséquent, une définition incomplète des missions
assignées à la cellule de contrôle occultant de ce fait des
aspects importants de la gestion de l'exploitation. Le plan d'action annuel,
par exemple, permet la description des activités d'exploitation,
indiquant pour chacune d'elles, quelles sont les ressources à mobiliser,
qui en est responsable et quels sont les résultats à atteindre.
Cet outil permet aussi bien à la cellule de contrôle communale
qu'au poste forestier local d'effectuer un meilleur suivi des activités
de prélèvement des grumes du partenaire d'exploitation.
Le début des activités de
prélèvement des grumes ne peut intervenir qu'après
signature et notification du titre d'exploitation par le maire de la
commune110. Le titre d'exploitation, dénommé «
certificat d'assiette de coupe », est délivré par le
ministère chargé des forêts au cours du mois de
décembre, celui-ci s'accompagne des cartes d'inventaire d'exploitation
indiquant les arbres à récolter111. Cet acte donne le
quitus au partenaire d'exploitation pour lancer les activités
d'exploitation dans l'AAC identifiée par le plan d'aménagement.
Pour le responsable des opérations d'exploitation d'ALPICAM, le dit
certificat n'est jamais disponible à temps afin de permettre le
début effectif des activités. Ce manque de professionnalisme de
la part de la mairie est préjudiciable au rendement de la production du
massif forestier communal ; car, selon ce responsable une planification de
l'exploitation est faite au niveau de la société. Celle-ci
affecte une période bien déterminée à
l'exploitation de la forêt communale, par conséquent les retards
accusés dans l'établissement du certificat réduisent de
facto la période de récolte des grumes. Pour une maximisation de
ces gains, il est intéressant que les responsables communaux en charge
des questions forestières réalisent les études
préalables à la délivrance du « certificat d'assiette
de coupe » à temps, ce qui augmentera la production en grumes.
Depuis le début de sa mise en valeur en 2006, trois
AAC ont été exploitées dans la forêt communale de
Moloundou. Le ralentissement des activités dans la filière bois
n'a pas
0222/A/MINEF du 25 mai 2001 portant sur les procédures
d'élaboration, d'approbation, de suivi et de contrôle de mise en
oeuvre, des plans d'aménagement des forêts de production du
domaine forestier permanent.
110 Article 80 alinéa 2, du décret n°
95/531/PM du 23 août 1995 fixant les modalités d'application du
régime des forêts.
111 Quentin Delvienne, Brochure d'information sur les
forêts communales au Cameroun, PPP FSC/GTZ, 2008, p 19.
78
permis l'exploitation de la quatrième AAC. Le tableau
ci-dessous retrace les essences prélevées ainsi que les volumes
de bois.
Tableau N° 7 : Essences
exploitées dans la forêt communale et les volumes
prélevés112
2006
|
2008
|
ESSENCES PRELEVEES
|
VOLUMES PRELEVES
|
ESSENCES PRELEVEES
|
VOLUMES PRELEVES
|
AYOUS
|
4140 m3
|
AYOUS
|
13138,311 m3
|
SIPO
|
760 m3
|
SIPO
|
152,938 m3
|
SAPELLI
|
5 855 m3
|
SAPELLI
|
1818,533m3
|
ASAMELA
|
293 m3
|
ASAMELA
|
147,898m3
|
ANIGRE
|
120 m3
|
ANIGRE
|
0,8m3
|
BOSSE
|
204 m3
|
BOSSE
|
44,597m3
|
COSIPO
|
266 m3
|
PADOUCK
|
49,061m3
|
BETE
|
96 m3
|
OKAN
|
19,635m3
|
ACAJOU
|
432 m3
|
ACAJOU
|
68,493m3
|
IROKO
|
471 m3
|
TALE
|
18,811m3
|
volume total prélevé
|
12 638 m3
|
|
15 466,286 m3
|
|
Source : cellule de contrôle de l'exploitation de la
forêt communale
Des 23 essences retenues lors du calcul de possibilité
dans le plan d'aménagement, 12 essences seulement font l'objet d'une
exploitation de la part de la société ALPICAM. L'essence la plus
prélevée est l'Ayous, elle passe de 33 % du volume de production
en 2006 à 85% en 2008113. Parmi les autres essences
exploitées, seul le Sapelli est jugé représentatif. Ces
proportions de production passe de 46% en 2006 à 12 % en
2008114 .Ces statistiques montrent clairement que le partenaire
d'exploitation n'a qu'un seul objectif de production, à savoir : la
fourniture du Groupe ALPI en Ayous. Cette stratégie constitue une
importante entrave aux prévisions de production de la commune, et par
ricochet de ses recettes communales. Il faut souligner ici que lorsqu'on
clôture l'exploitation d'une AAC, il est impossible de revenir sur cette
dernière les années suivantes, le cycle de rotation étant
de 30 années. Par conséquent, toutes les grumes non
récoltées constituent une perte sèche pour le
propriétaire de la forêt. Un constat simple se dégage :
depuis le début de son exploitation, la
112 Les données chiffrées de l'exploitation en
2007 sont indisponibles.
113 Source : Notre enquête de terrain de mai-juillet
2009.
114 Source : Notre enquête de terrain de mai-juillet
2009.
forêt communale est sous-exploitée par le
partenaire d'exploitation. Malgré ce manque à gagner, aucune
réflexion encore moins stratégie n'ont été mises
sur pied par l'instance dirigeante de la commune afin de palier à ce
problème. Chaque année, la commune continue de perdre des
rentrées d'argent. La résorbsion de ce problème passe par
le réexamen du contrat de partenariat. Ainsi, l'exécutif communal
peut négocier avec le partenaire d'exploitation, afin que celui-ci
récolte toutes les essences inventoriées dans l'AAC, même
s'il ne les commercialise pas toutes. En conséquence, la commune se
charge d'écouler sur le marché les essences
écartées par ALPICAM et les charges relatives à
l'exploitation sont supportées par l'institution communale. Cette
éventualité induit un réaménagement dans
l'organisation de la structure en charge des questions forestières
à la commune, à travers la création d'un service
marketing. Bien que les produits ligneux soient le bien le plus prisé
dans la forêt, les produits forestiers non ligneux (PFNL) constituent
aussi une importante source de revenus.
3. La place des produits forestiers non ligneux dans
l'exploitation de la forêt communale
Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont des produits
d'origine biologique, autres que le bois, dérivés des
forêts, d'autres terres boisées et d'arbres hors forêts et
destinés à l'alimentation humaine et animale, à la
transformation agroalimentaire, à la commercialisation115 et
la pharmacopée traditionnelle. Les PFNL jouent un rôle important
dans l'augmentation de l'approvisionnement alimentaire et l'apport de produits
de subsistance : l'amélioration des revenus, les médicaments et
les emplois116. Les PFNL sont répartis en deux grands groupes
: les PFNL d'origine végétale et les PFNL d'origine animale.
Les plantes font partie des principaux PFNL, ils sont
consommés comme aliment de base ou plat principal, condiment, aromate,
excitant ou aphrodisiaque117. Le tableau cidessous catégorise
les différents PFNL présent dans la forêt communale et
l'usage qui en est fait.
115 FAO, Produits forestiers non ligneux. Division des produits
forestiers, 2003b.
116 FAO, Gestion des ressources naturelles
fournissant les produits forestiers non ligneux alimentaires en Afrique
centrale, document de travail n°5, 2007, p 30.
117 Op cit. , p 32.
80
Tableau N°8 : Espèces
utilisées pour l'alimentation et la pharmacopée
Nom pilote
|
Nom scientifique
|
Partie récoltée
|
Utilisation
|
Amvout
|
Trichiscoscypha arborea
|
Fruit
|
Alimentation
|
Bilinga
|
Nauclea diderrichii
|
Fruit
|
Alimentation
|
Andok
|
Irvingia gabonensis
|
Fruit
|
Alimentation
|
Ebom
|
Anonadium mannii
|
Fruit
|
Alimentation
|
Essessang
|
Ricinodendron heudelotii
|
Fruit
|
Alimentation
|
Kanda
|
Beilschmeidia obscura
|
Fruit
|
Alimentation
|
Calatier
|
Cola acuminata
|
Fruit
|
Alimentation
|
Moabi
|
Baillonnella toxisperma
|
Fruit
|
Alimentation
|
Onie
|
Garcinia cola
|
Fruit
|
Alimentation
|
Onzabili
|
Antrocaryon micraster
|
Fruit
|
Alimentation
|
Sissongo
|
Pennisetum sp
|
Feuille
|
Alimentation
|
Gnetum
|
Gnetum africanum
|
Feuille
|
Alimentation
|
Akak
|
Duboscia veridiflora
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Fromager
|
Ceiba pentandra
|
Feuille
|
Alimentation
|
Andok ngoé
|
Irvingia grandifolia
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Bahia
|
Mytragina ciliata
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Eveuss
|
Klainedoxa gabonensis
|
Ecorce et fruit
|
Médecine traditionnelle
|
Fraké
|
Terminalia suberba
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Ilomba
|
Pycnanthus angolensis
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
|
Source : Plan d'aménagement de la forêt communale
de Moloundou, Janvier 2006
Ce tableau montre que la forêt communale regorge d'un
fort potentiel en PFNL commercialisables, ce qui est synonyme de
création de revenus et d'emplois. Depuis 2006, date du début de
son exploitation, la priorité est au prélèvement des
grumes. Aucune action, ni investissement n'est allé dans le sens de la
valorisation des PFNL, alors que la certitude d'une rentabilité ne fait
l'ombre d'aucun doute. Ce secteur d'activités est marginalisé par
la commune, nonobstant son apport dans l'amélioration des conditions de
vie des populations riveraines et des recettes budgétaires communales.
La municipalité peut valoriser ce domaine en partenariat avec les
populations. Au cours de notre descente sur le terrain, nous avons
rencontré des populations du village Dioula118
organisées autour d'un GIC dénommé « SEA
SIKINO119 ». Celui-ci regroupe les cueilleurs de PFNL et a
pour objectif la promotion et la vente de ceux-ci. Le président de ce
groupe liste un certain nombre de difficultés dans ce secteur
d'activité liées aux techniques de collecte et d'identification
des PFNL, tracasseries policières lors de l'écoulement de la
production et au manque de financement. L'idée émise par ce
dernier est l'opportunité que détient la commune d'initier un
réseau de GICs à cette activité. L'apport communal
à cette faîtière peut s'inscrire sous trois angles :
l'appui
118 Village riverain à la forêt communale.
119 Ce terme signifie en français « Un seul coeur
pour bouter la pauvreté ».
technique, le financement et le plus important qui est
l'obtention du permis spécial d'exploitation. La mise sur pied de ce
réseau permettra la création de nombreux emplois, et par
conséquent l'augmentation des revenus des populations villageoises. Les
PFNL ne sont pas seulement d'origine végétale, il existe ceux
d'origine animale.
Il existe plusieurs types de PFNL d'origine animale, qui sont
consommé au Cameroun et présents dans la forêt communale.
Les principaux sont les suivants : le gibier (mammifères terrestres et
aquatiques), les insectes (chenilles, et termites), les produits apicoles
(miel), les escargots, les oiseaux, les poissons et les reptiles. La
forêt communale est couverte par le ZICGC n°9 et n°2, qui est
géré par le COVAREF. C'est donc cette structure qui exploite le
gibier dans le massif forestier communal. La forêt communale
possède de nombreuses ressources naturelles créatrices de
revenus. Le principal handicap demeure le mode gestion de ces fonds, qui
n'atteint pas toujours l'objectif du changement du niveau de vie des
populations.
II. Gestion des revenus de l'exploitation de la
forêt communale et impact sur les populations
La dévolution du pouvoir de gérer les
ressources naturelles constitue aujourd'hui un volet indispensable de la
gestion forestière durable en permettant d'atteindre deux objectifs :
une amélioration de la gouvernance locale par le transfert et la mise en
oeuvre démocratique des pouvoirs de gestion et l'accroissement des
niveaux de bien-être des populations rurales120. Cette
problématique peut se résoudre par la formulation d'une question
simple : Comment sont gérés les revenus de l'exploitation
forestière et quel est l'impact sur les populations ?
A. Mode de gestion des revenus issus de l'exploitation
de la forêt communale
De nombreuses études sur la fiscalité
décentralisée au Cameroun relèvent des manquements
sérieux, du fait de la mauvaise gouvernance121. Les 50 % de
la RFA versée
120 Guillaume Lescuyer, « Formes d'action collective
pour la gestion locale de la forêt camerounaise : organisations modernes
ou institutions traditionnelles », in Vertigo (revue
électronique en science de l'environnement), vol.6
n°3, décembre 2005, p 1.
121 Patrice bigombé Logo, «
Décentralisation dans la gestion forestière et
développement local au Cameroun: Economie politique et
l'accountabilité et de la performance dans la gestion locale des
revenues forestières au Sud Est Cameroun », Draft
report WRI, 2001, p 20; « The decentralized forestry
taxation system in Cameroon : local management and state logic », In
Environmental governance in Africa, Working paper
n° 10, Washington, 2003.
82
aux communes et communautés villageoises riveraines et
la taxe 1000FCFA/m3 ne sont pas suffisamment investies dans
l'amélioration du niveau de vie des populations. Ces fonds sont
plutôt à l'origine de l'enrichissement des élites locales,
gestionnaires des produits et des avantages de la gestion
décentralisée des forêts122. L'une des
principales réserves émises est liée au risque de l'effet
de mimétisme de la gestion des RFA par les municipalités sur
celle des forêts communales. De par son statut de forêt permanente,
la gestion de la forêt communale est régie par un plan
d'aménagement. La commune est responsable de son massif, de sa gestion
et des revenus qui en découlent.
1. Les recettes de l'exploitation de la forêt
communale
La forêt communale de Moloundou est en exploitation
depuis trois années ; à cette date, trois AAC ont
été exploitées, celle de 2009 n'a pu l'être à
cause du ralentissement des activités de la filière bois. La
société ALPICAM a accompagné financièrement la
commune dans la procédure de classement, l'élaboration du plan
d'aménagement et la réalisation d'une étude d'impact
environnemental. Ainsi, pour l'épuration de la dette, la commune et le
partenaire d'exploitation ont trouvé l'accord, selon lequel ce dernier
doit prélever 2500/m3 chaque mois jusqu'à
l'épuisement complet de la dette123. Une clause du contrat de
partenariat prévoit le paiement par ALPICAM, pour le compte de la
commune des impôts, taxes et autres droits d'exploitation prévus
par la loi et les règlements en vigueur124. Cette facture est
également retranchée des gains de l'exploitation du massif
forestier. L'exclusivité du prélèvement des grumes est
confiée à ALPICAM, qui paye des royalties par mètre cube
de bois à la commune après déduction de tous les frais
d'exploitation. Après avoir retranché des recettes brutes toutes
les dépenses énumérées, les revenus issus de
l'exploitation de la forêt communale se présentent de la
manière suivante :
Tableau N°9 : volume total
de grumes prélevées par année et somme rapportée
à la Vente
|
Volume total de bois prélevé
|
Somme rapportée par la vente du bois
|
2006
|
12 638 m3
|
13 500 000 FCFA
|
2007
|
|
102 813 000 FCFA
|
|
122 Patrice Bigombé, « Les élites et la
gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai
d'analyse politiste de la gestion néo patrimoniale de la rente
forestière en contexte de décentralisation »,
CERAD-GEPAC-GRAPS, p 7.
123 Source : Notre enquête de mai-juillet 2009.
124 Article 3 alinéa 3, contrat de partenariat entre la
commune de Moloundou et la société ALPICAM.
2008125
|
15 466,286 m3
|
154 662 860 FCFA
|
|
Source : cellule de suivi de l'exploitation de la forêt
communale
Les données sur les sommes dues et celles retenues
comme frais d'exploitation n'ont pas été fournies par
l'institution communale126. Néanmoins, à travers un
recoupement d'informations, nous avons essayé de reconstituer la dette
et la somme retenue par le partenaire d'exploitation. Des informations
recueillies lors de l'entretien avec le maire, il ressort que le coût de
la procédure de classement s'élève à 120 000 000
FCFA, tandis que l'étude d'impact environnemental a couté 25 000
000 FCFA. L'accord de remboursement prévoit que ALPICAM retienne 2500
FCFA/m3, en appliquant ce montant au volume de production, on a les
sommes suivantes : 31 595 000 FCFA, 35 130 357 FCFA et 38 655 715 FCFA
respectivement pour les années 2006, 2007127 et 2008. Dans
l'optique d'avoir une estimation sur la dette de la commune, nous avons
élaboré le tableau suivant :
Tableau N° 10 : Estimation des traites
payées et de la dette de la commune
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Somme retenue pour la dette
|
31 595 000 FCFA
|
35 130 357 FCFA
|
38 655 715 FCFA
|
|
Montant total
de la dette
|
145 000 000 FCFA
|
113 050 000 FCFA
|
77 919 642 FCFA
|
39 263 927 FCFA
|
|
Source : notre enquête de mai-juin 2009
La principale information que fournit ce tableau est
l'estimation du reste de la dette de la commune vis-à-vis de la
société ALPICAM. Au vu des traites annuelles
réglées, cet emprunt peut être épongé d'ici
deux années, à condition qu'il y ait une reprise des
activités d'exploitation. Ceci contribuera à l'augmentation des
recettes communales et par conséquent à celle des
réalisations communales. Il serait dès lors intéressant
d'explorer le mode de gestion de ces revenus.
125 Ce chiffre est une estimation qui ne tient pas compte de la
dette et des frais d'exploitation. Nous avons considéré 10000
FCFA comme prix de référence du m3.
126 Durant notre séjour de trois mois à
Moloundou, le receveur municipal a passé seulement deux semaines dans la
ville. Nous n'avons donc pas eu le temps matériel pour pouvoir
l'interviewer d'où l'absence de certaines données
chiffrées.
127 Pour étayer notre raisonnement, nous avons
estimé le volume de production de l'année 2007.
84
2. Analyse du mode de gestion des revenus de la
forêt communale
Les règles qui régissent la trésorerie
des collectivités territoriales décentralisées sont
soumises à deux grands principes128 : le premier est le
principe de l'unité de caisse, en vertu duquel l'ensemble des fonds
disponibles d'une commune, quelle qu'en soit l'origine (fiscalité,
subvention, dotation, emprunt), sert à assurer le paiement de l'ensemble
des dépenses. Sauf cas expressément prévu par la
réglementation en vigueur, on ne saurait réserver certaines
catégories de deniers encaissés pour les utiliser au paiement de
certaines catégories de dépenses. Le second principe est celui de
l'unité de trésorerie, qui oblige les communes à
déposer leurs fonds disponibles en attente d'emploi sur un compte du
trésor public non rémunéré.
Si l'on se réfère au principe d'unicité
de caisse, les recettes issues de l'exploitation de la forêt communale ne
peuvent pas jouir d'une gestion particulière. Elles sont par
conséquent intégrées dans le budget communal comme toutes
les autres recettes. L'analyse des gains du massif forestier induit par
conséquent celle du budget. Le premier fait à mentionner est que
les techniques de gestion dans la commune de Moloundou sont restées
archaïques. Le schéma est classique, le maire et son
secrétaire général élabore le budget sans tenir
compte des avis des autres membres de l'exécutif communal et des
conseillers129. Les objectifs ne sont pas définis dès
le départ, aucune planification n'est réalisée, on est en
pleine navigation à vue, les ressources communales souvent
limitées, ne sont pas gérées de manière à
optimiser les investissements locaux. La réalisation des projets n'est
pas l'objectif visé par l'exécutif communal, à titre
d'exemple la ville de Moloundou n'est pas alimentée par une fourniture
en eau potable malgré les recettes communales130. Cette
situation laisse penser, que les ressources financières de l'institution
communale font l'objet d'une prédation. On assiste à une
accumulation primitive par tous les moyens, c'est « la politique du ventre
»131 décrite par Jean-François Bayart. En
revenant particulièrement sur les recettes générées
par l'exploitation de la forêt communale, notre enquête a permis de
constater que la gestion des revenus était la propriété
personnelle du maire. Ce dernier et son receveur municipal sont les seuls
à gérer l'aspect financier de l'exploitation du massif forestier.
Les deux adjoints et les conseillers municipaux interrogés n'ont pas
d'informations sur le montant réel de la dette de la commune
vis-à-vis du partenaire, ni sur les frais d'exploitation annuels. Les
questions financières sont
128 MINATD, Guide du maire et du conseiller
municipal, Yaoundé, 2008, p 79.
129 Source : notre enquête de terrain de mai-juin 2009.
130 236 731 317 FCFA en 2005, 256 813 888 FCFA en 2006 et 422 012
914 FCFA en 2007.
131 Jean François Bayart, l'Etat en
Afrique, Fayard, Paris, 1989, pp 282-290.
réglées directement entre le maire et la
direction de la société ALPICAM, aucun feed-back n'est fait au
conseil municipal. C'est ce que Médard considère comme une
gestion néopatrimonialiste dont la principale caractéristique est
la non distinction entre le public et le privé132. L'absence
d'une différenciation entre le bien public et le bien privé
induit l'accumulation des ressources. Malgré le fort potentiel
économique de la commune de Moloundou, l'accès aux
infrastructures sociales de base reste insuffisant pour ses populations. Il
faut néanmoins saluer l'initiative du maire, qui est en passe de doter
sa commune de l'outil de planification qu'est le PDC.
L'une des missions qui nous a été
assignée lors de notre stage académique au CTFC était
l'élaboration et la rédaction du PDC de la commune de Moloundou.
Le PDC est un document de projets, sur la base des besoins exprimés,
élaboré de manière participative par les
communautés. Il vise à planifier, dans l'espace et dans le temps,
les stratégies et actions de développement pour améliorer
les conditions de vie des populations de la municipalité. Cet outil
contribue à aider la commune dans la valorisation de ses
intérêts, les compétences et les ressources locales, ceci
en fonction des opportunités de développement locales et des
priorités consensuelles. Ainsi, les recettes issues de l'exploitation de
la forêt communale devront servir au financement des activités
planifiées dans le document. En somme, le PDC permet d'alléger la
tâche des gestionnaires, faciliter le suivi et l'évaluation par
les acteurs locaux de la gestion des affaires communales, d'une part; et le
contrôle des réalisations programmées, d'autre part.
L'acquisition du PDC par la commune de Moloundou est une importante
avancée en vue de l'exercice future des compétences
dévolues aux communes133 en matière de
développement économique, sanitaire, social, éducatif,
sportif et culturel.
La gestion locale des revenus forestiers est encore loin de
satisfaire aux exigences de développement local, c'est-à-dire de
contribuer de manière significative à l'amélioration des
conditions générales de vie des populations locales. Il serait
tout de même intéressant de faire un état des lieux sur les
apports de l'exploitation de la forêt communale en faveur des
communautés riveraines.
132 Jean François Medard, La crise de l'Etat
néo-patrimonial et l'évolution de la corruption en Afrique
subsaharienne, Mondes en développement, 1998, pp
323-353.
133 Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant sur
l'orientation de la décentralisation.
86
B. Impact de la gestion de la forêt communale sur
les populations riveraines
La réforme forestière de 1994 a pour objectif
le développement d'une foresterie sociale, c'est-à-dire une
foresterie axée sur les gens et orientée vers la construction du
bien- être des populations locales riveraines134. Les
activités générées par l'exploitation des
ressources naturelles de la forêt communale constituent un pôle de
développement pour la commune. En augmentant ses recettes
budgétaires, la mairie dispose de moyens financiers conséquents
pour accroître la construction d'infrastructures
socio-économiques. Le bilan des réalisations issues de
l'exploitation du massif forestier communal reste négatif pour les
communautés villageoises riveraines135. Dans les cinq
villages riverains, les populations interrogées disent n'avoir pas
bénéficié d'aucun projet lié aux recettes venant de
la forêt communale. En d'autres termes, après trois années
d'exploitation il n'y a pas eu de changement, comme l'atteste les propos de cet
homme du village Mambélè :
« Depuis que cette forêt communale existe,
rien n'a encore changé ici au village. Nous continuons à
parcourir de longues distances pour soigner nos enfants et avoir de l'eau
potable. On continue à attendre les écoles, les forages et tous
ce que la commune nous a promis quand elle commençait cet histoire de
forêt communale »136.
Sur un tout autre plan, un aspect positif dans cette
exploitation est la création de quelques emplois temporaires pour les
jeunes. Les statistiques137 montrent qu'au cours de la
première année d'exploitation, vingt trois (23) ouvriers ont
été recrutés dans le chantier. Pour l'année
suivante, l'effectif a été revu à la baisse soit
dix-sept(17) et la dernière année ALPICAM n'a retenu que neuf
(09) personnes. En somme, il ya une génération de quarante neuf
(49) emplois. Ce chiffre est loin d'être satisfaisant, pour une
population en proie au chômage. Nous nous sommes interrogés sur
les raisons pour lesquelles, le nombre de personnes recrutées est
allé sans cesse décroissant. Le chef de site et le directeur
d'exploitation de la société ALPICAM ont apporté des
réponses à cette interrogation. La première cause est la
qualification, les jeunes n'ont pas de formation professionnelle. Le profil
prisé est celui de technicien (mécanicien, chauffeur,
machiniste), chose très rare dans la commune de Moloundou. Il se pose un
réel problème de formation, il n'existe aucune école de
formation dans la localité. La seconde cause est liée au
comportement des employés
134 Patrice Bigombé Logo, Les régimes
de la tenure forestière et leurs incidences sur la gestion des
forêts et la
lutte contre la pauvreté au
Cameroun, Yaoundé, février 2007, p 1.
135 Source : notre enquête de mai-juillet 2009.
136 Source : notre enquête de mai-juillet 2009.
137 Source : cellule de contrôle de l'exploitation de la
forêt communale.
autochtones. Ceux-ci ne sont pas habitués à la
culture de l'entreprise, ils viennent au travail en temps voulu. La suite
logique est la perte de l'emploi. Enfin, il faut dire que, dès le
départ ALPICAM émet un besoin en main en oeuvre, si un ouvrier
apporte satisfaction, ce dernier est retenu dans l'effectif de la
société. Cette démarche réduit, de fait, la demande
en personnel de l'année suivante. L'arrivée de la forêt
communale a contribué à la revalorisation des revenus d'une
infime partie de la population à travers ces emplois temporaires.
L'amélioration escomptée des conditions de vie
des communautés riveraines à travers l'exploitation de la
forêt communale, n'est pas encore visible. Cet état de chose est
dû à la mauvaise gouvernance, qui se traduit par des lacunes en
matière d'organisation des services communaux en charge de la gestion
technique et financière des ressources forestières de
l'exploitation du massif forestier. Il faut donc un renforcement de
l'organisation et du fonctionnement de la structure en charge de la gestion des
ressources forestières. Celle-ci doit être structurée en
deux bureaux, à savoir : l'un en charge de toutes les questions
administratives et l'autre de tout ce qui concerne l'exploitation
forestière, l'appui aux communautés et le respect du plan
d'aménagement. De plus, des moyens financiers et un personnel
qualifié et compétent doivent être mis à sa
disposition. En ce qui concerne la gestion financière des ressources, il
faudrait que les autorités communales fassent recours à
l'utilisation des outils de planification, notamment du PDC, qui permet une
affectation rationnelle des moyens financiers et humains. Toutefois, son
élaboration doit intégrer la vision partagée de toutes les
populations de la municipalité. En somme, il ressort une
nécessité pour les organisations de la société
civile de jouer leur rôle d'éveil de conscience des citoyens, afin
de sanctionner les mauvais gestionnaires à travers les urnes.
88
CHAPITRE IV : L'IMPLICATION DES
POPULATIONS LOCALES DANS LA GESTION DE LA FORET
COMMUNALE
Dix ans après le Sommet de la Terre qui a fait du
développement durable un objectif planétaire, la
conférence de Johannesburg a mis en avant sa dimension sociale et a
contribué à entériner le rôle central des
communautés locales en matière de gestion des ressources
naturelles138. L'idée que la forêt ne peut être
gérée aux dépens des populations villageoises riveraines,
ni en l'absence de leur participation active, constitue en ce moment l'un des
concepts consensuels du discours international sur la protection de
l'environnement. Cependant, la thématique sur la gestion participative,
du transfert de l'échelon national à des niveaux plus locaux, ont
mis du temps à s'imposer. Il a fallu un peu plus de deux
décennies pour voir s'infléchir de façon nette le discours
international, scientifique puis politique et enfin social sur la
forêt139. Ce renversement des anciennes perceptions des
habitants de la forêt tropicale précède et accompagne
l'émergence du discours global sur la nécessité d'une
meilleure prise en compte des droits des populations
forestières.140
Cette volonté se trouve aujourd'hui inscrite dans la
plupart des législations nationales qui, préconisent le transfert
de pouvoir et de responsabilités associées, d'une structure
centrale étatique vers une structure locale comme une communauté
rurale141. L'implication des populations est donc un passage
obligé de tout aménagement des forêts au Cameroun. Celle-ci
est observable à un double niveau, lors de la mise en oeuvre et pendant
l'exploitation de la forêt communale.
I. Implication des populations villageoises riveraines
dans la procédure de mise en oeuvre de la forêt
communale
Les forêts communales représentent un
aménagement intermédiaire entre deux types de concessions. D'un
côté, elles partagent avec le modèle des grandes
concessions un
138 Guillaume Lescuyer, « Formes d'action collective
pour la gestion locale de la forêt Camerounaise : organisation modernes
ou institution traditionnelles ? », In Vertigo (la revue
électronique en sciences de l'environnement), vol. 6 n°3,
décembre 2005, p 2.
139 Christian Adonis Milol, « Gouvernance et
participation dans la gestion des ressources forestière au Cameroun :
impacts inattendus sur les pratiques foncières » paru dans Enjeux
fonciers et environnementaux, pp 233-255.
140 Simon Bahuchet, Pierre de Maret, rapport final APFT, volume
1, 2000, Bruxelles, p 30-32.
141 Jesse Ribot, « African decentralization : local actors,
powers and accountability », united nations research institute on social
development, paper n°8, Genève, 2002, p 156.
aménagement technique sophistiqué centré
sur les ressources ligneuses commerciales. Mais contrairement aux UFA, elles
sont dans l'obligation de composer avec les aspirations, les
intérêts et les usages des populations locales et se rapprochent
ainsi du modèle des forêts communautaires142. La
forêt communale constitue ainsi un cadre récent de réelle
gestion participative de la forêt, où le prélèvement
soutenu des arbres doit être combiné à un niveau local avec
l'augmentation du bien-être des communautés. L'implication des
populations dans la gestion post-exploitation de la forêt communale est
perceptible à un double niveau : en prime lors de la procédure de
classement et durant l'élaboration du plan d'aménagement.
A. La prise en compte des populations locales dans la
procédure de classement de la forêt communale
La mairie sollicite le MINFOF pour déclencher la
procédure de classement d'un massif forestier dans le domaine
privé de la commune. Celle-ci prend en compte une éventuelle
participation des populations, à travers l'établissement des
limites de la forêt communale. Un avis au public est ensuite transmis par
le ministère en charge des questions forestières à
l'institution communale concernée pour informer la population de la
proposition de classement de la forêt communale. L'avis au public donne
lieu à une tenue de palabre regroupant l'administration communale, les
chefs et les populations des villages riverains au massif. Les
communautés villageoises sont sollicitées durant cette phase de
classement. Toutefois, il apparaît que leurs avis ne soient partiellement
pris en compte dans l'établissement des limites. Par exemple, au cours
de la tenue de palabre organisée à Moloundou, les populations
locales ont exprimé leur mécontentement à l'égard
du zonage proposé, puisque plusieurs champs vivriers ainsi que des
plantations de cacao étaient inclus à l'intérieur des
limites du massif forestier. Les limites n'ont pas été
déplacées et l'exécutif communal a
préféré trouver des solutions alternatives pour les
espaces cultivés situés dans la forêt communale. La
deuxième préoccupation de la palabre était liée
à la riveraineté des villages Mbangoye 1, Nguilili 1 et 2
à la forêt communale. Malgré le fait que les populations de
ces villages aient des activités agro forestières à
l'intérieur des limites du massif, leur riveraineté n'a pas
été prise en compte par les autorités municipales. Par
conséquent, aucune indemnité n'a été versée
à ceux qui possédaient des parcelles cultivées dans
l'espace délimité. Cette carence de considération de la
part de l'exécutif communal pour les revendications
142 Mikaël Poissonnet, Guillaume Lescuyer, «
Aménagement forestier et participation : quelles leçons tirer des
forêts communales au Cameroun », In Vertigo
(la revue en sciences de l'environnement), volume 6 n° 2,
septembre 2005, p 1.
90
territoriales villageoises est justifiée, selon les
autorités municipales, par les prescriptions du plan de zonage.
Celles-ci précisent que toute modification des limites du massif
forestier entraîne une procédure longue et complexe, qui
constitue, à terme, une entrave au classement du massif forestier. La
gestion communale de cette étape de la procédure de classement
laisse transparaître une implication virtuelle des populations locales
dans la gestion de la forêt communale. La mairie fait ainsi acte
d'information, quant au classement de la forêt sans tirer parti des
réclamations villageoises pour élaborer un zonage plus
adapté. Nous constatons que les palabres sont organisées par les
autorités municipales, afin de respecter les prescriptions juridiques en
matière de classement des forêts communales. En somme, la prise en
compte des intérêts des populations est biaisée dans ce
processus, ce qui nous pousse à formuler une interrogation sur la place
des populations dans l'élaboration du plan d'aménagement.
B. L'élaboration du plan d'aménagement et
la prise en compte des pratiques locales
Les textes fondamentaux143 abordent directement
l'implication des populations locales dans les décisions
d'aménagement des forêts. A titre d'illustration, l'article 9 de
la loi-cadre reconnaît un principe de participation selon lequel «
les décisions concernant l'environnement doivent être prises
en concertation avec les secteurs d'activités ou les groupes
concernés, ou après débat public lorsqu'elles ont une
portée générale ». Il existe donc une contrainte
juridique d'impliquer les communautés locales dans le processus de prise
de décision du moment qu'une forêt fait l'objet d'un
aménagement. Plus amplement, cette implication des acteurs induit un
changement de paradigme pour la gestion forestière tropicale. D'un
aménagement centré sur l'exploitation des ressources ligneuses et
conçu selon les normes techniques de l'administration et de
l'exploitant, on assiste depuis quelques années à une ouverture
de la gestion forestière aux autres ressources de la forêt et aux
autres groupes d'usagers144. Au Cameroun, l'implication des
populations locales dans le processus d'aménagement forestier est
réalisée dans le cadre des forêts communales, des
concessions forestières et celui des forêts
communautaires145.
143 Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime
des forêts, de la faune et de la pêche et la loi-cadre n°
96/12 du 05 août 1996 relative à la gestion de l'environnement.
144 Franck Wiersum, «Incorporating
indigenous knowledge in formal forest management : adaptation or paradigm
change in tropical forestry ?, in forestry, forest users and
research: new ways of learning, 2000, pp 19-32.
145 Guillaume Lescuyer, Quelles formes
d'organisation villageoise pour la gestion forestière au sud-Cameroun ?
, actes du séminaire, décembre 2003, p 4.
Dés lors que la forêt communale est
classée, les communautés riveraines sont consultées par le
truchement d'enquêtes socio-économiques pour identifier et
localiser les usages qui y sont pratiqués. Ce volet de l'enquête
permet la détermination de l'occupation du sol et la définition
des usages locaux à prendre en compte dans le plan d'aménagement.
Les informations sur les usages traditionnels (chasse, pêche, cueillette)
sont prises en compte dans les stratégies d'utilisations de l'espace de
la forêt communale. Ces usages sont maintenus et mentionnés dans
le plan d'aménagement146. Les activités, dont la
pratique est autorisée à la population locale, sont les suivantes
: récolte de bois de service, de bambou et de rotin ; chasse et
pêche de subsistance ; ramassage des fruits sauvages et cueillette de
subsistance. De toutes ces activités, la chasse est celle dont la
pratique pose le plus de difficultés aux populations. L`explication
vient de la campagne de lutte contre le braconnage engagée par les
autorités en charge de la faune. L'initiative est louable, sauf que
chaque fonctionnaire a son interprétation de la réglementation
sur les quotas et les espèces autorisés. Les populations
interrogées font face à un dilemme, d'un côté une
réglementation qui autorise la chasse de subsistance et de l'autre
côté celle qui l'interdit. La balance penche plutôt vers une
interdiction de cette activité, augmentant de ce fait la
précarité du niveau de vie de la population locale, dont la
chasse est l'une des principales sources de revenus. Il faut noter ici que les
pouvoirs publics ne mettent pas en place des solutions alternatives visant
à la modification des habitudes de consommation des communautés
villageoises riveraines. Notamment l'octroi des financements à ceux-ci
pour le développement de l'élevage (poulets de chair, aulacodes).
Toutefois, la récolte des PFNL par les populations se fait sans
anicroches dans la forêt communale. Celles-ci ont un accès libre
à la forêt pour mener leurs activités, notamment la
cueillette du koko147, qui est le principal PFNL
récolté. De nombreuses familles se ravitaillent en biens de
première nécessité grâce aux revenus
générés par cette activité.
En allant dans le même sens de la prise en compte des
pratiques locales dans la gestion de la forêt communale, nous remarquons
une marginalisation du peuple Baka. La forêt se présente pour ce
peuple à la fois comme un support des activités
matérielles et spirituelles. Assise territoriale des activités
matérielles, la forêt est utilisée par les Baka de
façon alternative pour l'agriculture, la chasse et la cueillette. Ils
l'utilisent aussi comme support des activités spirituelles, la
forêt est le trait d'union entre les vivants et les morts. Le plan
146 François Sangkwa, Mendouga Mebenga, Matériel
didactique pour la sensibilisation villageoise à la gestion
forestière, document interne projet
forêts et terroirs, 1999, p 15.
147 Dénomination vernaculaire du gnetum.
92
d'aménagement de la forêt communale ne tient pas
compte des droits d'usage des baka. Ces derniers, n'ayant pas les mêmes
habitudes de consommation que les Bantous, ont recours aux produits naturels
pour leur alimentation. C'est par exemple le cas de l'igname sauvage. Du fait
que les Bantous n'en consomment pas, sa préservation n'est pas prescrite
dans le plan d'aménagement. Les Bakas rencontrés font état
de la destruction de nombreux sites regorgeant cette ressource dans la
forêt communale, ils sont désormais obligés de parcourir de
distances longues pour leurs approvisionnements. Sur le plan spirituel, les
mêmes causes ont produit les mêmes effets. Un Baka du village
Mbateka nous a confiés que des sites spirituels et des arbres ayant des
vertus médicinales sont détruits par les activités de
récolte du bois. L'ignorance des us et coutumes de ce peuple est la
principale cause de ces manquements. Pour palier à cette situation,
l'élaboration du plan d'aménagement doit tenir compte du fait que
la forêt est le milieu de vie par essence des Baka. Bien que les droits
d'usage soient limités, ils permettent néanmoins à la
communauté locale d'accomplir à l'intérieur de la
forêt communale leurs activités traditionnelles de collecte de
PFNL et de chasse. Toute fois, une réflexion sur l'implication
réelle des populations villageoises riveraines dans la gestion de
l'exploitation de la forêt communale nous semble opportune.
II. Gestion de l'exploitation de la forêt
communale et participation des populations villageoises riveraines
La foresterie participative fait référence aux
processus et mécanismes qui permettent aux personnes qui sont
directement concernées par l'utilisation des ressources
forestières de participer aux prises de décision concernant tous
les aspects de la gestion des forêts, allant de l'aménagement des
ressources à la formulation et la mise en oeuvre des cadres
institutionnels148. D'une manière spécifique, la
foresterie communale fait référence à une composante de la
foresterie participative qui se focalise sur les communautés locales
comme principal partenaire de la commune contribuant à la
pérennité de la gestion forestière. Il est question ici
d'explorer l'implication des populations villageoises riveraines dans la
gestion de l'exploitation de la forêt communale. Par la suite, il se
dégage une nécessité de faire une analyse comparative
entre la participation dans la gestion des forêts communales et celle
dans les autres modèles de gestion décentralisée des
forêts au Cameroun.
148
http://www.fao.org/forestry/foris/webview/forestry2/index.jsp?siteld=4321&sitetreeld=1411O&langld=2&g
eold=o
A. L'implication de la population locale dans la gestion
de la forêt communale
La pleine participation des communautés riveraines est
considérée dans la loi forestière de 1994 comme une
condition essentielle pour la réussite de celle-ci. Cette implication
vise à faire des populations, de véritables partenaires de la
commune pour la bonne gestion de la forêt communale. La participation de
la population locale à l'aménagement implique qu'elle soit
disposée à s'engager de manière formelle dans un certain
nombre d'actions convenus avec les autres acteurs (administration et commune).
Pour rendre la contribution paysanne concrète, la
réglementation149 autorise la création des
comités paysan-forêt là où n'existe pas de structure
représentant la communauté.
1. Le comité paysan-forêt : un dispositif
de veille sur l'exploitation forestière
Un bilan sur l'application de la loi forestière laisse
voir que le processus de gestion durable est assez avancé sur le plan du
développement et de la mise en oeuvre des outils de gestion. Par contre,
sur le plan de la participation effective des acteurs, plus
précisément des populations villageoises locales, on
relève que : le respect des limites du massif forestier n'est pas
toujours effectif aux niveaux des villages ; les droits d'usage des populations
riveraines ne sont pas bien connus dans la forêt communale ; la mise en
oeuvre des aménagements ne prend pas en compte les aspects multi-usages
de la forêt ; toutes les couches sociales ne sont pas consultées
lors de l'élaboration des plans de gestion. La résolution des
problèmes sus-évoqués passe par la mise en place des
comités représentatifs des populations, qui servent d'interface
entre la commune, l'administration, partenaire d'exploitation et les
communautés riveraines.
Le CPF est un intermédiaire privilégié
entre l'administration forestière et les populations. C'est un organe de
consultation, de négociation et de participation des communautés
villageoises à la gestion des ressources. Le CPF doit également
être privilégié par les autres acteurs de la gestion
forestière (commune, partenaire d'exploitation). En effet, les CPF ont
quatre principales missions, à savoir : l'animation et la
sensibilisation ; l'information ; la participation à
l'élaboration des plans de gestion forestière ; la surveillance
et le contrôle150.
149 Décision n° 135/D/MINEF/CAB du 26 novembre 1999
fixant les procédures de classement des forêts du domaine
forestier permanent.
150 Luc Defo, Alain Ngniado, Guide de mise en place et
d'accompagnement des comités paysans-forêt au sudest Cameroun,
septembre 2007, p 7.
94
En ce qui concerne l'animation et la sensibilisation, le CPF
participe à la vulgarisation de la loi forestière. La descente
sur le terrain a permis de réaliser qu'une grande partie des populations
riveraines n'avaient pas d'informations sur la forêt communale. En effet,
l'absence de cette structure qui a la charge de la diffusion de toute
information sur la loi forestière dans les villages riverains est
à l'origine de cette situation. Lorsque le CPF existe, sa
responsabilité est d'informer les populations sur tout ce qui concerne
l'aménagement de la forêt. En outre, la structure organise des
séances de discussion avec les villageois, afin de recueillir leurs
doléances et les transmettre à qui de droit.
Les membres des CPF sont directement impliqués
à toutes les étapes d'élaboration du plan
d'aménagement. Ils sont aussi associés lors des enquêtes
pour la réalisation des enquêtes socio-économiques. A cet
effet, les membres des CPF participent à la définition et
à la réglementation des droits d'usage compatibles avec les
objectifs d'aménagement. De plus, ces derniers sont associés
à la définition des mesures de protection de l'environnement et
de la préservation de la diversité biologique de la forêt.
Enfin, les membres des CPF sont appelés à travailler en
étroite collaboration avec le chef de poste forestier, en ce qui
concerne la surveillance et le contrôle de l'exploitation illégale
des ressources. Etant donné qu'ils vivent dans la zone, ceux-ci peuvent
identifier rapidement tout mauvais traitement infligé à la
forêt et informer immédiatement le chef de poste forestier.
Les données de terrain montrent que les populations
villageoises riveraines ne sont pas impliquées dans les activités
de suivi de l'exploitation de la forêt communale. En effet, les
villageois interrogés sont loin de maîtriser les finalités
et les enjeux de la forêt communale, encore moins les procédures
liées à son exploitation. Ce constat montre que les
communautés ne sont pas sensibilisées à ce sujet. Ce
manquement découle de l'absence de la mise en place des CPF dans les
villages riverains au massif forestier communal. Cette initiative est
déclenchée par la commune avec l'appui technique du poste
forestier local. Comme nous l'avons relevé dans le chapitre
précédent, les autorités communales en charge des
questions forestières possèdent d'énormes lacunes dans la
connaissance de la loi forestière de 1994. Ceci constitue la raison
fondamentale de l'absence des CPF dans les villages riverains à la
forêt communale. L'importance de l'organisation des communautés en
CPF par l'institution communale est une nécessité pour une
meilleure gestion de l'exploitation de la forêt communale. En dehors des
CPF, qui sont la vitrine principale de l'implication des populations
villageoises dans les activités de prélèvement de grumes,
les associations paysannes peuvent également servir d'interlocuteurs
entre les populations, la commune et le partenaire d'exploitation.
2. Le mouvement associatif : partenaire idéal dans
l'accompagnement des populations riveraines
Malgré son importance économique et
écologique, le secteur forestier camerounais souffre depuis longtemps
d'une mauvaise gestion, ce problème s'est longtemps
caractérisé par l'exclusion des populations locales de la gestion
des ressources forestières151. Depuis 1994, le Cameroun a
entrepris un ambitieux programme de réforme de sa politique
forestière et de gestion durable de ses ressources forestières
renouvelables. Cette reforme s'est traduite dans les faits par l'institution de
véritables outils de promotion de la gestion participative. Tel
qu'exprimée par la loi forestière, les communautés locales
doivent être considérées comme partenaires essentiels dans
le processus de définition d'actions et de moyens visant à
assurer une gestion durable des forêts. L'action des CPF est beaucoup
plus focalisée dans la participation et le suivi des activités
liées à l'exploitation de la forêt communale. L'implication
des communautés villageoises dans l'élaboration des projets de
développement visant l'accroissement du bien-être n'est pas pris
en compte. La participation permet d'identifier et de poursuivre les
véritables priorités des populations locales152. Elles
sont les seules à pouvoir dire ce dont elles ont besoin et ce que
l'institution communale doit faire. La démarche participative permet
l'identification des problèmes, l'analyse de leurs causes par les
villageois, leur planification et exécution en fonction de la
disponibilité des ressources humaines et financières de la
commune. La présence d'organisations paysannes, réellement
représentatives de toutes les catégories socioprofessionnelles
dans les villages permet à la commune d'avoir des interlocuteurs
viables. Il existe un mouvement associatif dans la majorité des
villages153 de la commune de Moloundou dans lesquelles nous avons
enquêté. La dynamique associative y est suffisamment
représentative dans ces villages. Les plus actives dans le secteur
lié à la forêt sont : le GIC « SEA SIKINO
», WHCS154 et le GIC PAEM155.
Le GIC « SEA SIKINO» regroupe en son sein
les cueilleurs des PFNL dont l'objectif est la promotion et la vente de ces
produits. Ce groupe a comme activité secondaire l'agriculture et
l'élevage, il compte en moyenne soixante douze (72)
membres156. Le GIC PAEM quant à lui est un regroupement de
quatre vingt quatre (84) jeunes157 pour lesquels les
151 Syapze Kemajou, « La durabilité sociale dans la
gestion des ressources forestières : le cas du Cameroun »,
Yaoundé, 2003, p 2.
152 Valérien Agoussou et AL, Participation
villageoise au développement rural, 1999, Amsterdam, p
16.
153 Dans le cadre de l'élaboration du PDC, nous avons
été dans 23 villages dans la commune.
154 Association de la femme pour la santé et la
conservation.
155 Promoteur agricole d'éco-tourisme de
mambelé.
156 Source : notre enquête de mai-juillet 2009.
157 Source: Notre enquête de mai-juillet 2009.
96
activités sont axées sur la promotion de
l'éco-tourisme. Ceux-ci servent de guides touristiques aux rares
touristes et aux scientifiques. Enfin, le WHCS est un groupe de femmes, dont
les principales activités sont les champs communautaires et
l'élevage des aulacodes.
Des propos recueillis de certains membres de ces
associations, les autorités communales ne les intègrent dans le
montage des projets de développement. En effet, les approches dites
participatives ne sont pas appliquées dans les stratégies de
développement de la commune. L'exécutif communal décide
des besoins et des priorités des populations villageoises, qui n'ont pas
d'opinion à faire valoir. Sur un tout autre plan, l'institution
communale ne perçoit pas le mouvement associatif comme un potentiel
partenaire économique. Malgré les opportunités
présentes à travers le développement des activités
de récolte de PFNL, la promotion de l'élevage des aulacodes et de
l'écotourisme, la mairie n'a jamais financé les actions de ces
mouvements. Dans l'optique d'un développement endogène à
l'échelle locale, la commune est le moteur du financement des projets
locaux. Pour le moment, l'intégration des communautés riveraines
dans le processus de prise de décision de la gestion de la forêt
communale n'est pas effective. Une analyse de la participation dans les autres
modèles de gestion décentralisée (forêt
communautaire et RFA) apportera peut être une explication à la
marginalisation des populations villageoises dans la gestion du massif
forestier.
B. Analyse comparative entre la participation dans la
gestion des forêts communales et celle des autres modèles de
gestion décentralisée
La participation est une étape importante à
l'identification des valeurs et des besoins des différentes parties
prenantes, particulièrement de celles qui ont d'habitude d'être
exclues des prises de décisions, comme les communautés
villageoises. C'est aussi un facteur prédominant pour une bonne gestion
des ressources naturelles au niveau des communautés. Depuis l'apparition
du concept de gestion durable des forêts, la forêt n'est plus
considérée comme un simple réservoir de bois, mais
davantage comme un milieu offrant une multitude de services au public et
à l'environnement158. Ce changement de paradigme invite
à tenir compte de la multiplicité des fonctions de la forêt
et des usages et intérêts des acteurs impliqués pour
réaliser la gestion durable des forêts159. Dans cette
optique, l'implication des
158 Hummel R, and A Sizykh, Sustainable development of forests
as a ways to preserve the natural basis of forestry, In journal of
sustainable forestry, vol. 4, n°3 et 4, pp 53-60.
159
http://vertigo.revues.org/index8614.html
97
populations est devenue une dimension essentielle de la
gestion durable des forêts. Cette participation des acteurs est
facilitée par la décentralisation de la gestion
forestière. Celle-ci se matérialise par la reconnaissance des
droits d'usage aux populations locales, l'affectation des territoires et
espaces forestiers à des acteurs locaux, soit les populations
villageoises (forêt communautaire) ; soit les collectivités
territoriales décentralisées (forêt communale) ; et la
rétrocession d'une partie des revenus financiers issus de la gestion des
forêts aux collectivités territoriales décentralisée
et aux communautés villageoises riveraines (RFA)
La forêt communautaire est une forme d'appropriation
d'une partie de la forêt par les populations riveraines qui en
manifestent l'intérêt. Toute communauté désirant
gérer une forêt communautaire doit tenir une réunion de
concertation réunissant l'ensemble des composantes de la
communauté concernée, afin de désigner le responsable de
la gestion et de définir les objectifs et les limites de la dite
forêt160. Une forêt n'est attribuée à une
organisation paysanne que si son plan simple de gestion est approuvé par
l'administration en charge des forêts. Avec la signature de la convention
de gestion, elle cède définitivement la gestion de cette
forêt à l'entité de gestion légale
représentant les populations locales impliquées. La loi de 1994
met l'accent sur la nécessité pour une communauté
villageoise de se constituer en personne morale et de se faire
reconnaître officiellement, afin d'acquérir une forêt
communautaire. Le dispositif légal en vigueur au Cameroun impose aux
organisations rurales quatre types de statut légal161,
à savoir : le groupe d'initiative commune (GIC) ; la coopérative
; l'association et le groupe d'intérêt économique (GIE).
Ces entités légales sont les gestionnaires des forêts
communautaires. Elles ont mandat d'exercer les pouvoirs
transférés aux communautés villageoises à la fois
sur la ressource biophysique et sur les bénéfices financiers qui
en sont tirés162. Les populations de la foresterie
communautaire163 mobilisent leurs propres capacités,
deviennent des acteurs sociaux plutôt que des sujets et gèrent des
ressources164. Dans ce modèle de gestion
décentralisée, la participation des populations riveraines est
clairement définie. A travers les comités de gestion des
forêts communautaires, les communautés locales
160J.M, Sobze, Analysis of implication of forest
policy reform on community forestry in Cameroon : case study of lomié,
2003, p 10.
161 Loi n° 90/53 de décembre 1990 relative
à la liberté d'association, loi n° 92/006 du 14 septembre
1992, sur la création des groupes d'initiative commune et les
coopératives, loi du 22 décembre qui fixe les modalités de
création et de constitution des groupements d'initiative
économique.
162 Daniel Tonye, Evaluation de l'impact de la gestion des
forêts communautaires au Cameroun, Mémoire de Maitrise en sciences
forestières, Laval, 2008, p 23.
163 La foresterie communautaire est définie comme
l'ensemble des situations dans lesquelles les populations locales sont
étroitement associées à une activité
forestière.
164 Michel Cernea, Putting peoples first :
sociological variables in rural development, , Oxford University
Press, 1985,p 32-35.
identifient, choisissent leurs priorités, les
planifient et exécutent. La gestion des forêts communautaires est
parfaitement encadrée autour de la création des entités
légales et des comités de gestion, la participation des
communautés riveraines ne souffre d'aucune ambiguïté. Les
forêts communautaires constituent la forme la plus visible et active de
participation et de responsabilisation des populations villageoises dans la
gestion des ressources forestières.
Introduite dans la réforme forestière de 1994,
la fiscalité forestière décentralisée répond
à une préoccupation de rationalisation de la gestion des
retombées financières issue de l'exploitation
forestière165. Elle est construite autour des taxes
parafiscales et des redevances forestières régulières. Les
taxes parafiscales représentent la contribution des exploitants
forestiers à la réalisation des infrastructures
socio-économiques définies dans les cahiers de charges des
exploitants et les 1000 FCFA /m3 de bois exploité pour les
ventes de coupe. Les redevances forestières annuelles sont
assimilées au loyer payé annuellement par chaque détenteur
d'une parcelle de forêt octroyée par l'Etat. Le produit de la
fiscalité est réparti entre l'Etat (50%), les communes
concernées (40%) et les communautés villageoises riveraines des
forêts mises sous exploitation (10%). La gestion des revenus
destinés aux populations est assurée par un comité de
gestion des redevances forestières. Celui-ci est constitué de la
manière suivante : la présidence est assurée par le maire
de la commune intéressée ou son représentant ayant la
qualité de conseiller municipal ; six (06) représentants de la
communauté villageoise et le représentant local du
ministère des forêts166.
« Les comités de gestion des redevances
forestières sur la base des besoins identifiés adoptent les
programmes et plans de travaux et les budgets correspondants ; répartit
les ressources allouées à chaque projet en fonction des
priorités et des revenus disponibles ; suit et contrôle
l'exécution des projets financés sur les revenus appartenant
à la communauté. Les programmes et plans des travaux portent
exclusivement sur : l'adduction d'eau ; l'électrification ; la
construction et l'entretien des routes, des ponts, des ouvrages d'art ou des
équipements à caractère sportif; la construction,
l'entretien ou l'équipement des établissements scolaires et des
formations
165 Patrice Bigombé Logo, « La fiscalité
forestière décentralisée dans la réforme dans la
réforme camerounaise », In revue Africaine de sciences
sociales et d'études culturelles, 2004, p 12.
166 Article 4 et 5 de l'arrêté conjoint n°
00122/MINEF/MINAT du 29 avril 1999 fixant les modalités d'emploi des
revenus provenant de l'exploitation forestière et destinés aux
communautés villageoises.
99
sanitaires; l'acquisition de médicaments; toute autre
réalisation d'intérêt communautaire. » 167
Tout comme dans les comités de gestion des
forêts communautaires, le législateur a parfaitement défini
la nature de la participation des communautés dans la gestion des
revenus générés par l'exploitation des concessions
forestières riveraines. Bien que les missions du comité soient
définies au préalable, la liberté est donnée aux
populations riveraines de choisir les projets communautaires à
réaliser. Ce cadrage de l'implication des populations dans la gestion
des revenus issus de l'exploitation des forêts communautaires et des UFA
n'est pas perceptible au niveau de la gestion des forêts communales.
La loi forestière ne définit pas explicitement
le rôle des populations riveraines dans la gestion du massif forestier
communal. La prise en compte des droits d'usage des communautés est
parfaitement claire, mais pour ce qui est de la question pécuniaire, la
loi reste muette. Les populations des villages riverains à la
forêt communale de Moloundou posent une préoccupation importante.
En effet, celles-ci ne comprennent pas pour quelles raisons, elles ne
bénéficient pas d'un pourcentage issu des revenus de
l'exploitation tel que pratiqué avec les RFA. Il n'existe aucune
disposition juridique conférant le droit de participation aux
communautés riveraines168. Les principes de participation et
de responsabilisation des communautés villageoises riveraines restent
encore flous dans les pratiques et modalités de gestion des forêts
communales au Cameroun. Les autorités compétentes en la
matière doivent à cet effet, baliser de manière formelle
le niveau d'implication des communautés riveraines dans la gestion des
ressources forestières.
167Extrait de l'arrêté conjoint
n° 00122/MINEF/MINAT du 29 avril 1999 fixant les modalités d'emploi
des revenus provenant de l'exploitation forestière et destinés
aux communautés villageoises.
168 Toute fois, la commune de Dimako pionnière dans la
foresterie communale a expérimenté l'approche participative dans
la gestion de son massif forestier. Le conseil municipal a mis sur pied le
comité consultatif de gestion168, placé aux
côtés du conseil municipal. Il s'occupe spécifiquement des
questions de foresterie communale et ne se substitue en aucun cas à
l'organe délibérant de la commune dans son principe et son
fonctionnement. Le comité est composé des représentants
des différents villages de la commune. Outre sa mission principale qui
est la formulation des propositions optimales de gestion de la forêt
communale, les membres de ce comité décident aussi de
l'affectation des ressources issues de son exploitation afin de permettre
à la mairie de tirer le meilleur profit de cette
activité168. Le comité, comme son nom l'indique, n'est
qu'un organe consultatif, sans pouvoir décisionnel. De sérieuses
réserves peuvent être émises quant à sa
capacité à impulser une dynamique de changement dans la gestion
durable des forêts, du fait qu'il ne possède pas de pouvoirs.
100
CONCLUSION GENERALE
Notre étude avait pour objectif d'analyser le
modèle de gestion décentralisée des forêts au
Cameroun qu'est la forêt communale. Concrètement, il s'agissait de
montrer en quoi la mise en place du massif forestier communal constitue une
opportunité réelle de développement endogène
à l'échelle locale. En d'autres termes, comment la gestion de la
forêt communale contribue-t-elle à l'amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires ? Au delà
de ces préoccupations, quelle est la participation des populations
villageoises locales dans la gestion durable des forêts communales ? Nous
avons suggéré l'hypothèse selon laquelle la mise en oeuvre
de la forêt communale traduit dans les faits les principes de la
gouvernance, de la participation et de la responsabilisation des populations
villageoises dans la gestion des ressources forestières.
Il ressort de notre travail que, la dynamique de la gestion
décentralisée des forêts au Cameroun ne se traduit pas par
une dévolution des compétences et du pouvoir au niveau local. En
effet, pour la gestion des forêts communales, la problématique du
développement des connaissances et des compétences des acteurs
locaux se pose avec acuité. En outre, la centralisation du pouvoir par
le maire est de nature à fragiliser la structure en charge des questions
forestières. Ces manquements se font ressentir d'une part dans
l'exécution, le suivi et le contrôle des activités
liées à l'exploitation forestière. D'autre part,
malgré la disponibilité d'importants bénéfices
financiers, les problèmes de gouvernance locale et de planification du
développement sont à l'origine de la disproportion entre les
revenus issus de la forêt communale, la quantité et la
qualité des effets socioéconomiques dans la commune.
Plus d'une décennie après la création
des forêts communales au Cameroun, il apparaît clairement que ce
modèle particulier de gestion forestière
décentralisée n'a pas encore atteint ses objectifs. L'implication
des populations dans cet aménagement reste largement superficielle. Le
renforcement du pouvoir et de la légitimité des
communautés riveraines, prôné par la loi forestière,
reste encore peu perceptible dans la gestion des forêts communales.
L'exclusion de la population locale de la gestion forestière apporte une
explication logique sur l'absence de l'amélioration de leur niveau de
vie. Du fait, que le choix des axes prioritaires de développement par
l'institution communale ne reflète pas la volonté communautaire.
La gestion décentralisée, telle que pratiquée
actuellement, est loin de la démocratie participative où les
citoyens sont de véritables acteurs et participent effectivement
à la prise de décision.
En matière de gestion des forêts communales au
Cameroun, quelques dispositions peuvent être envisagées notamment
:
v' la restructuration, à travers l'intégration du
volet environnemental et la redéfinition des
missions de la cellule de contrôle de l'exploitation de la
forêt communale ;
v' le recrutement d'un personnel qualifié et
compétent à la tête de la structure en charge
des questions forestières communales ;
v' le renforcement des capacités techniques et
managériales du personnel communal en charge de la gestion de
l'exploitation de la forêt communale ;
v' le renforcement des capacités de l'exécutif
communal en management ;
v' la mise en place d'une faitière des organisations
paysannes, en vue de leur participation dans la gestion du massif forestier
communal ;
v' l'implication et le renforcement de la collaboration de la
commune avec les autres parties prenantes (MINFOF, organismes de la
société civile, populations et partenaire d'exploitation) ;
v' le réexamen, sur le plan juridique, de la
participation des communautés villageoises riveraines dans la gestion de
la forêt communale.
Nous sommes conscient de n'avoir pas abordé dans leur
totalité toutes les thématiques que notre sujet aurait pu
permettre notamment : les questions foncières et la gestion
décentralisée des forêts ; l'approche genre et la gestion
décentralisée des forêts au Cameroun. Cependant, les pistes
ouvertes par notre analyse constituent, nous osons le croire, des points de
départ pour les études ultérieures
102
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· NGOUMOU H., Etude empirique de la
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évaluation : quelques outils, méthodes et approches,
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Matériel didactique pour la sensibilisation villageoise à la
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V Lois, decrets et
arrêtés
· LOI n° 90/53 de décembre
1990 relative à la liberté d'association.
· LOI n° 92/006 du 14 septembre 1992,
sur la création des groupes d'initiative commune et les
coopératives.
· LOI n°94/01 du 20 janvier 1994
portant régime des forêts, de la faune et de la pêche.
· LOI n°2004/018 du 22 juillet 2004
fixant les règles applicables aux communes.
· LOI n° 2004/017 du 22 juillet 2004
portant sur l'orientation de la décentralisation.
· DECRET n° 95/531/PM du 25
août 1995, fixant les modalités d'application du régime des
forêts.
· DECRET n° 2005/0577/PM du 23
février 2005 fixant les modalités de réalisation des
études d'impact environnemental.
· ARRETE CONJOINT n°
122/MINEFI-MINAT du 29 avril 1998 fixant les modalités d'emploi
des revenus provenant de l'exploitation forestière et destinés
aux communautés villageoises riveraines.
108
· ARRETE n°0222/A/MINEF du 25
mai 2001 fixant les procédures d'élaboration, d'approbation, de
suivi et de contrôle de la mise en oeuvre, des plans d'aménagement
des forêts de production du domaine forestier permanent.
· Arrêté municipal n°
13/AM/B12.01/C/MOL/SG/CFCD/06 portant création et définition des
missions de la cellule de contrôle de l'exploitation de la forêt
communale de Moloundou.
· DECISION n° 135/D/MINEF/CAB du 26
novembre 1999 fixant les procédures de classement des forêts du
domaine forestier permanent.
VI Sites web
·
http://www.fao.org/forestry/foris/webview/forestry2/index.jsp?siteld=4321&sitetreeld
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http://vertigo.revues.org/index8614.html
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· La mafia du bois au Cameroun,
http://www.bonaberi.com/article.php?aid=2485
consulté le 03 novembre 2009 à 18h 30
ANNEXES
110
Annexe N° 1
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LA CELLULE DE CONTROLE DE
L'EXPLOITATION
I- Eléments d'identification
Age
Sexe
Niveau d'études
Poste occupé dans la cellule
II- Fonctionnement de la cellule
1- Quelle est la composition exacte de la cellule de
contrôle de l'exploitation ?
2- Sur quels critères sont recrutés les membres de
la cellule ?
3- Comment est organisé le travail au sein de la cellule
?
4- Avez-vous des réunions d'évaluation de vos
activités ? A quelle période ? Quelle en est la fréquence
?
5- Disposez-vous d'un budget pour le fonctionnement de votre
structure ?
6- Est-ce que votre équipe est suffisamment
équipée pour le contrôle des activités du partenaire
d'exploitation ?
7- Quelles sont vos relations avec votre tutelle ? Le partenaire
d'exploitation ? Le poste forestier ?
1 Suivi de l'exploitation de la forêt
communale
8- Comment est organisée l'exploitation d'une AAC ?
9- Quel votre rôle pendant de l'exploitation ?
10- Est-ce que le partenaire respecte les prescriptions du plan
d'aménagement et celles du PGE ?
11- Quels sont les volumes de production des trois années
d'exploitation de la forêt communale ?
12- Quels sont les revenus générés par
l'exploitation de la forêt communale depuis le début de son
exploitation ?
13- Comment sont gérés ces fonds ?
14-
Est-ce que les membres de la cellule reçoivent des
formations relatives à l'exploitation forestière ?
15- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans
l'exercice de votre mission ?
112
Annexe N° 2
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC L'EXECUTIF COMMUNAL ET DU CONSEIL
MUNICIPAL
I- Eléments d'identification
Age
Sexe
Niveau d'études
Poste occupé dans la commune
II- Gestion de la forêt communale
1- A combien s'élève le coût de la
procédure de classement de la forêt communale ? Du plan
2- d'aménagement et de l'étude d'impact
environnementale ?
3- Quelle est l'origine du financement du processus de mise en
oeuvre de la forêt communale ?
4- Comment est organisée l'exploitation technique de la
forêt communale ?
5- Recevez-vous des rapports d'activités de la cellule de
contrôle de l'exploitation de la forêt communale ?
6- Quels sont les volumes de production de la forêt
communale depuis le début de son exploitation ?
7- Comment sont gérés les fonds issus de
l'exploitation de la forêt communale ?
8- Quel bilan faites-vous des trois années d'exploitation
de la forêt communale ?
9- Pouvez-vous nous décrire la nature de vos relations
avec la tutelle, le partenaire d'exploitation et les populations.
Annexe N° 3
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES POPULATIONS RIVERAINES A LA
FORET COMMUNALE
I- Eléments d'identification
Age
Sexe
Niveau d'études
Profession
1- Qu'est ce que la forêt communale ?
2- Est-ce que votre avis a été pris en compte dans
le cadre de l'établissement des limites de la forêt communale ?
3- Existe-t-il des conflits nés de cette
délimitation ?
4- Le plan d'aménagement tient-il compte des droits
d'usage locaux ?
5- Est-ce que vous êtes impliqués dans la gestion
des revenus issus de la forêt communale ?
6- Quelles sont les réalisations exécutées
grâce aux fonds générés par l'exploitation de la
forêt communale dans votre village ?
7- Existe-t-il un comité paysan forêt dans le
village ?
8- Y a-t-il un comité consultatif, qui permet que vous
vous exprimiez ?
9- Que vous a déjà apporté
concrètement la création de la forêt communale ?
114
Annexe N° 4
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE PARTENAIRE
D'EXPLOITATION
I- Eléments d'identification
Noms et Prénoms
Age
Poste occupé dans la société
1- Comment est planifiée l'exploitation de la forêt
communale ?
2- Est-ce que votre travail est basé sur le plan
d'aménagement ?
3- Quels sont les volumes de production de la forêt
communale depuis sa création ?
4- Comment se fait la rétrocession des fonds à la
commune après écoulement des volumes produits ?
5- Quelle est votre procédure de recrutement dans le
chantier forestier communal?
6- Quelle évaluation faites-vous sur le niveau des
compétences des populations riveraines ?
7- Quelles sont vos relations de travail avec la cellule de
contrôle ? L'institution communale ?
Annexe N° 5
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE POSTE FORESTIER
I- Eléments d'identification
Noms et Prénoms
Age
Fonction
1- Faites vous régulièrement des missions de
contrôle sur les activités d'exploitation de la forêt
communale ?
2- Quelles anomalies avez-vous déjà
décelé ?
3- Avez-vous pris connaissance de l'étude d'impact
environnemental ou du plan d'aménagement de la forêt communale
?
4- Entretenez vous des relations de travail avec la cellule de
contrôle de l'exploitation de la forêt communale ?
116
Annexe N° 6
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE I
REMERCIEMENTS IV
LISTE DE TABLEAUX V
LISTE DES GRAPHIQUES VI
LISTE DES ABREVIATIONS VII
RESUME IX
ABSTRACT X
INTRODUCTION GENERALE 11
I. CONTEXTE D'ETUDE 13
II. DELIMITATION DU SUJET 16
A. Délimitation spatiale 16
B. Délimitation temporelle 16
C. Délimitation matérielle 17
III. INTERET D'ETUDE 17
A. Intérêt scientifique 17
B. Intérêt social 18
IV. DEFINITION DES CONCEPTS 18
V. REVUE DE LITTERATURE 20
VI. PROBLEMATIQUE 27
VII. HYPOTHESES 28
VIII. PROCESSUS METHODOLOGIQUE 28
A. Grille d'analyse des données 28
B.
118
Présentation du terrain d'étude
29
C. Techniques de collecte de données
30
D. Présentation de l'échantillon
30
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE MOLOUNDOU
32
I. Présentation géographique et état
des lieux du développement dans la commune 32
A. Présentation géographique 32
1. Description du milieu physique 32
2. Le milieu humain et sa dynamique 36
B. Etat des lieux du développement dans la commune 37
1. Les activités économiques
37
2. Les infrastructures sociales de base 39
II. Présentation de l'institution communale
44
A. Les ressources humaines 44
B. Les ressources financières 47
CHAPITRE II : LA MISE EN OEUVRE DE L'EXPLOITATION DE LA
FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU 49
I. La procédure de classement d'une forêt
communale 49
II. Modalités d'exploitation des ressources
ligneuses 54
A. Le plan d'aménagement : un outil de gestion durable
54
B. L'étude d'impact environnementale 61
1. Description des enjeux de l'EIE 62
2. Mise en oeuvre du plan de gestion environnemental
63
CHAPITRE III : LA PORTEE SOCIALE DE LA GESTION DE LA
FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU 68
I. Organisation et fonctionnement de l'exploitation de la
forêt communale 68
A. Organe technique de gestion de l'exploitation de la
forêt communale 68
1. Missions de la cellule de contrôle de
l'exploitation de la forêt communale 68
2. Analyse du fonctionnement de la cellule de
contrôle 69
B. Le mode de gestion de l'exploitation de la forêt
communale : la sous-traitance 74
2. L'exploitation proprement dite dans la forêt
communale 76
3. La place des produits forestiers non ligneux dans
l'exploitation de la forêt communale 79
II. Gestion des revenus de l'exploitation de la
forêt communale et impact sur les populations 81
A. Mode de gestion des revenus issus de l'exploitation de la
forêt communale 81
1. Les recettes de l'exploitation de la forêt
communale 82
2. Analyse du mode de gestion des revenus de la
forêt communale 84
B. Impact de la gestion de la forêt communale sur les
populations riveraines 86
CHAPITRE IV : L'IMPLICATION DES POPULATIONS LOCALES DANS
LA GESTION DE LA FORET COMMUNALE 88
I. Implication des populations villageoises riveraines
dans la procédure de mise en oeuvre de la forêt
communale 88
A. La prise en compte des populations locales dans la
procédure de classement de la forêt communale 89
B. L'élaboration du plan d'aménagement et la prise
en compte des pratiques locales 90
II. Gestion de l'exploitation de la forêt communale
et participation des populations villageoises
riveraines 92
A. L'implication de la population locale dans la gestion de la
forêt communale 93
1. Le comité paysan-forêt : un dispositif
de veille sur l'exploitation forestière 93
2. Le mouvement associatif : partenaire idéal
dans l'accompagnement des populations riveraines 95
B. Analyse comparative entre la participation dans la gestion des
forêts communales et celle des autres modèles de gestion
décentralisée 96
CONCLUSION GENERALE 100
BIBLIOGRAPHIE 102
ANNEXES 109
TABLE DES MATIERES 117
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