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De l'art de gouverner par les lois et par la force d'après Nicolas Machiavel

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par Julien BUKONOD
Université Saint Augustin de Kinshasa - Graduat en philosophie 2009
  

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II. 3. Le prince face au peuple et aux grands

Machiavel ne recherche pas la vérité de l'être, mais la détermination des conditions de l'action du prince. Cela passe par un discours sur les choses telles qu'elles sont, comme le souligne le chapitre 15 centré sur l'expression de verità effetuale (vérité effective) qui se trouve déjà être synthétisée dans la Dédicace : « Cette oeuvre, je ne l'ai ni ornée ni farcie des clauses amples, des mots ampoulés et magnifiques ou de quelque autre artifice et ornement extrinsèque avec lesquels beaucoup ont coutume de décrire et orner leurs propres choses, parce que j'ai voulu ou que rien ne l'honore, ou que seule la variété de la matière et la gravité du sujet la rendent agréable »53(*). S'il cherche à conseiller le prince, il n'est pas prisonnier de son point de vue. Afin de mieux servir le besoin de celui-ci de conquérir et de se maintenir à la tête d'une cité ou d'une nation, il se montre apte à envisager et à décrire les points de vue de tous ceux que le prince rencontre sur son chemin : il ne pourra en effet parvenir à ses fins que s'il comprend ces derniers et les amène à le favoriser ou du moins, à ne pas lui nuire. Aussi comprend-on que dès la Dédicace, Machiavel évoque à travers une comparaison entre son travail et celui du peintre, les lieux d'où observer et connaître au mieux la nature des princes et celle du peuple : « De même pour bien connaître la nature des peuples, il faut être prince et pour connaître bien celle des princes, il faut être du peuple »54(*).

Machiavel insiste sur la nécessité de s'attirer l'amitié du peuple : la conserver si c'est le peuple qui a porté le prince au pouvoir, l'acquérir si ce sont les grands. Mais le prince ne peut négliger les grands, pour des raisons différentes : à leur égard, ce qui prévaut n'est évidemment pas leur nombre, mais le fait qu'ils voient plus loin et sont plus rusés que le peuple. En toute cité, Machiavel dit, au chapitre 9, qu'il y a deux désirs : pour les grands, il s'agit de commander, de dominer, d'opprimer et pour le peuple, de n'être pas commandé, dominé ou opprimé, voire de détenir une part du pouvoir. Cet antagonisme, dit Maurice Duverger, se manifeste dans toutes les sociétés humaines55(*). Ces désirs sont cependant variables selon l'histoire de la cité. Dans le cas d'une cité dont les membres sont accoutumés, « le peuple désire la liberté et revendique une part du pouvoir de délibération et de décision »56(*). Tandis que dans le cas d'une cité régie depuis toujours par un monarque, « le désir de liberté est inexistant et le peuple désire pour lui-même, alors que le désir d'opprimer des grands est extrêmement puissant »57(*).

Entre le recours aux armes, l'exil, l'assassinat et la création d'une loi qui permette aux grands et au peuple d'assouvir leurs appétits ou d'une institution qui règle les conflits spécifiques entre les grands et le peuple - comme le parlement dans le royaume de France (chapitre 19) - le prince doit donner aux grands les sentiments qu'ils détiennent un pouvoir de commander correspondant à leurs prétentions et à la conception qu'ils se font de leur rang, tout en faisant en sorte que le peuple ne se sente pas opprimé par eux.

* 53 M. BRION, op. cit., p. 56.

* 54 N. MACHIAVEL, op. cit., p. 56.

* 55 Cf. M. DUVERGER, Introduction à la politique, Paris, Gallimard, 1964, p. 29.

* 56 N. MACHIAVEL, op. cit., p. 19.

* 57 Ibid.

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