De l'art de gouverner par les lois et par la force d'après Nicolas Machiavel( Télécharger le fichier original )par Julien BUKONOD Université Saint Augustin de Kinshasa - Graduat en philosophie 2009 |
III.2.1. Spinoza (1632-1677)Dans son Traité politique, Spinoza reprend sur des points essentiels les idées de Machiavel. Il partage l'avis machiavélien selon lequel une société, où existe le régime monarchique, où les meilleurs ont le pouvoir, doit être instituée pour ne pas être précipitée dans la tyrannie et pour que la paix et la liberté des citoyens demeurent inviolées. Pour lui, la philosophie de Machiavel est efficace du point de vue même de l'objectif visé par l'auteur lui-même : la conquête et la conservation du pouvoir pour l'unification de l'Italie. A travers sa pensée politique, Spinoza fait apporter le meilleur témoignage de l'influence considérable que Machiavel a exercée au XVIIè siècle tant sur les philosophes qui l'ont médité, que sur les hommes d'État qui ont appliqué plus ou moins sagement sa philosophie : « De quels moyens un Prince omnipotent, dirigé par son appétit de domination, doit user pour établir et maintenir son pouvoir, le très pénétrant Machiavel l'a abondamment montré »122(*). Selon Spinoza, Machiavel mérite d'être honoré parce qu'il a légué à l'humanité des propos salutaires, ainsi qu'il le dit lui-même : « Et je suis d'autant plus disposé à juger ainsi de ce très habile auteur qu'on s'accorde à le tenir pour un partisan constant de la liberté et que, sur la façon dont il faut la conserver, il a donné des avis très salutaires »123(*). III.2.2. Jean Jacques Rousseau (1712-1778) J. J. Rousseau, lui aussi, cite Machiavel à plusieurs reprises dans Du Contrat Social. Comme tous ceux qui ont lu Machiavel honnêtement, Rousseau sait que l'auteur du Prince n'est pas un machiavélique. Pour lui, la philosophie de Machiavel donne enfin au peuple l'occasion de dire ouf face au sadisme des princes : « Leur intérêt personnel est premièrement que le Peuple soit faible, misérable, et qu'il ne puisse jamais leur résister. J'avoue que, supposant les sujets toujours parfaitement soumis, l'intérêt du Prince serait alors que le peuple fût puissant, afin que cette puissance étant la sienne le rendît redoutable à ses voisins ; mais comme cet intérêt est secondaire et subordonné, et que les deux suppositions sont incompatibles, il est naturel que les Princes donnent toujours la préférence à la maxime qui leur est la plus Immédiatement utile. C'est ce que Samuel représentait fortement aux Hébreux ; c'est ce que Machiavel a fait voir avec évidence »124(*). Ce qui, aux yeux de Rousseau, fait passer Machiavel pour un républicain car, « En feignant de donner des leçons aux Rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel est le livre des républicains »125(*). Conscient de l'incompréhension dont souffre le florentin, Rousseau lui rend justice : « Machiavel était un honnête homme et un bon citoyen ; mais, attaché à la maison de Médicis, il était forcé, dans l'oppression de sa patrie, de déguiser son amour pour la liberté. Le choix seul de son exécrable héros manifeste assez son intention secrète ; et I'opposition des maximes de son livre du Prince à celles de ses Discours sur Tite-Live, et de son Histoire de Florence, démontre que ce profond politique n'a eu jusqu'ici que des lecteurs superficiels ou corrompus »126(*). * 122 B. SPINOZA, Traité Politique,, traduit par Charles APPUHN, Paris, Garnier Frères, 1966, p. 39. * 123 Ibid.. * 124 J. J. ROUSSEAU, Du contrat social, in OEuvres complètes, s.l., Gallimard, 1964, p. 409. * 125 Ibid. * 126 Ibid. |
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