UNIVERSITÉ
CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
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*********************
FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
******************
DÉPARTEMENT DE
SOCIOLOGIE
MEMOIRE DE MAITRISE
LA SEXUALITE EN MILIEU SCOLAIRE
DAKAROIS :
Comportements, connaissances et perceptions
liés au VIH /sida
Liés au VIH/SIDA
Présenté par :
sous la direction
de :
Mlle Niang Ndèye Amy
M. Dièye Mouhamed Moustapha
Maitre - assistant
Année universitaire 2007-2008
LA SEXUALITE EN MILIEU SCOLAIRE
DAKAROIS :
Comportements, Connaissances et
Perceptions liés au
VIH/SIDA
REMERCIEMENTS
Je remercie très sincèrement :
o Allah le Tout Puissant sans qui, ce travail n'aurait jamais
connu le jour ;
o Mon directeur de mémoire M. Diéye Mouhamed, je
vous remercie pour l'attention et la patience dont vous avez fait preuve tout
le long de votre encadrement. Merci aussi pour vos conseils, vos critiques,
etc. qui m'ont fait avancer.
o M. Camara Habibou Diagne, sociologue consultant, un livre ne
sera jamais à la hauteur des remerciements que je te dois, en tous cas
merci pour l'attention toute particulière que tu portes à mon
égard.
o L'ensemble des enseignants du département de
Sociologie, particulièrement M. Faye Silvain.
o M. Tamba, M. Ndiaye Lamine et M. Ndiaye Malick, M. Aly
Dieng qui ont assuré la formation de tant d'étudiants, moi, y
compris.
o Tous les enseignants de mon cursus depuis le
préscolaire jusqu'à l'université en passant par le
primaire et le secondaire.
o Mes camarades de tout mon cursus pour les travaux de groupe
qu'on a eu à faire ensemble.
o Toutes les personnes, qui de prés ou de loin, d'une
manière ou d'une autre, ont contribué à l'aboutissement
de ce travail. Je ne l'aurai jamais fait sans vous.
DEDICACES :
Je dédie ce mémoire à :
o Mon père, ma mère, pour tous les efforts
et sacrifices consentis à mon égard pour mon éducation.
Qu'ils reçoivent ce travail en guise de mon extrême reconnaissance
et de mon amour pour eux. Qu'Allah le Tout Puissant vous garde. Si je me
réveille tous les matins et que je suis motivée à me
battre, c'est bien pour que vous soyez fières de moi.
o Mes grands-mamans Ami Ndao, Khoudia Dème, Feu
Maimouna Fall, je vous adore trop, une vie ne
sera jamais assez pour épanouir l'affection que je vous
porte.
o Feu Bassirou Niang, Feu Touffic Khalil Yazback,
pour leurs prières qui n'ont jamais cessé de
m'accompagner tout le long de ma vie, que la terre vous soit
légère.
o Mes frères Maniang, Alioune, Lamine,
Touffic qui n'ont jamais cessé de combler de joie et
d'affection mes 26 années de vie sur terre. Courage dans vos
études et vos entreprises futures.
o Ma tante Astou Socé Niang et son mari Mahawo Diouf,
recevez par ce mémoire, l'expression de ma gratitude et de ma
reconnaissance profondes. Qu'Allah vous protège.
o Toute la famille Niang, Yazback, Ba, Sarr, Cissé,
Diop, Kane, Ndao, Diaw, Diouf, Dramé,Thiam,
o Mes camarades de promotion, spécialement à
Siley Sow, Oumar Camara, Augustin, Vieux, Fanta, Isseu, Maimouna, vous
êtes mes compagnons de guerre.
o Moussa Mboup, merci d'étre toi-meme, merci pour tout,
en fait je ne pourrai te remercier suffisamment.
o Mr Pape Camara du PAD (Port Autonome de Dakar), Mr Mbaye
Diop à la FLSH pour toutes les fois où il m'a facilitée
mes inscriptions en début d'année et en bien d'autres
occasions.
o Notre camarade et ami Théodore Kor, qui est parti
brutalement il y'a quelques mois. Toi qui me demandais toujours où j'en
étais avec le mémoire, ce travail t'est dédié.
o Tous ceux qui m'ont soutenue et aimée depuis ma
tendre enfance.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AIDS
|
ACQUIRED Immuno Deficience Syndrome
|
ARV
|
Antirétroviraux
|
ASPROCIDE
|
Association pour la Promotion de la Citoyenneté et du
Développement
|
CA(C) P
|
Connaissances, Attitudes, (Croyances) et Pratiques
|
CAP
|
Connaissances, Attitudes, et Pratiques
|
CILS/ME
|
Comité International de Lutte contre le SIDA avec le
Ministère de l'Education Nationale
|
CNLS
|
Conseil National de Lutte contre le Sida
|
ConFeGes
|
Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des
pays d'expression française
|
CSC
|
Collège Sacré- coeur
|
EDS
|
Enquêtes Démographiques et de Santé
|
ESA
|
Elèves Sexuellement Actifs
|
ESAM
|
Enquête Sénégalaise Auprès des
Ménages
|
EVF
|
Evaluation du programme d'Education à la Vie Familiale
|
EVF/EMP
|
Education à la Vie Familiale en Matière de
Population
|
IDEN
|
Inspection Départementale de l'Education Nationale
|
IST
|
Infection Sexuellement Transmissible
|
LBD
|
Lycée Blaise Diagne
|
LEA
|
Leader - Elève - Animateur
|
LMR
|
Lycée Moderne de Rufisque
|
LPA
|
Lycée des Parcelles Assainies
|
MICS
|
Enquêtes à indicateurs multiples
|
MSM
|
Man having Sexe with Man
|
OMS
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
ONUSIDA
|
Organisme des Nations Unies de lutte contre le sida
|
OSIWA
|
Open Society Initiative for West Africa
|
PNLS
|
Programme National de Lutte contre le Sida
|
PVVIH
|
Personne Vivant avec le VIH/SIDA
|
RAES
|
Réseau Africain de l'Education pour la Santé
|
RP
|
Relations entre Partenaires
|
SME
|
Sommet Mondial des Enfants
|
SVT
|
Sciences de la Vie et de la Terre
|
TIC
|
Technologies de l'information et de la communication
|
TS
|
Travailleuses du Sexe
|
UNICEF
|
Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
|
VIH/SIDA
|
Virus de l'Immunodéficience Humaine, Syndrome
Immunodéficitaire
|
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1: REPARTITION DES ESA (ELEVES
SEXUELLEMENT ACTIFS)
72
Graphique 2: REPARTITION DES ESA SELON L'AGE
73
Graphique 3: REPARTITION DES ESA SELON LA SITUATION
MATRIMONIALE
73
Graphique 4: REPARTITION DES ESA SELON LA
RELIGION
75
Graphique 5: REPARTITION DES ESA SELON LA
NATIONALITE
76
Graphique 6: REPARTITION DES ESA SELON L'ETHNIE
76
Graphique 7: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON L'AGE DU PREMIER RAPPORT SEXUEL
81
Graphique 8: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON LA RAISON DU PREMIER RAPPORT SEXUEL
83
Graphique 9 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON l'ENTRETIEN DU OU DES RAPPORTS (S) SEXUELS (S) ENTRE 2006 ET
2008
85
Graphique 10:REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON LA RAISON DES RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008
86
Graphique 11: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON LE NOMBRE DE RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008
87
Graphique 12: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
LE MULTIPARTENARIAT ( 2006 ET 2008)
88
Graphique 13: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON L'USAGE DU PRESERVATIF LORS DES RAPPORTS SEXUELS
90
Graphique 14 : REPARTITION SELON LE SEXE ET
SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF
92
Graphique 15: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON LE RISQUE ENCOURU PAR UNE PERSONNE SANS USAGE DU PRESERVATIF
94
Graphique 16 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LE LIEU DE SOIN
95
Graphique 17: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET
SELON LA CONNAISSANCE DU TEST DE DEPISTAGE
98
Graphique 18 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LE TEST DE DEPISTAGE
99
Graphique 19 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE D'UN LIEU DE DEPISTAGE
100
Graphique 20 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET LE SOUHAIT DE FAIRE OU NON LE TEST DE DEPISTAGE
101
Graphique 21 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LA CONCEPTION D'UNE PVVIH COMME UN VAGABON SEXUEL
102
Graphique 22 : REPARTITION DES ESA SELON LE
RISQUE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF
104
Graphique 23 : REPARTITION DES ESA SELON LE
RISQUE ET SELON LE MULTIPARTENARIAT
105
Graphique 24 REPARTITION DES ESA SELON LE NOMBRE DE
RAPPORT SEXUEL ET SELON LA CONNAISSANCE DU RISQUE
106
Graphique 25 : REPARTITION DES ESA LE DU
RISQUE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF AU PARTENAIRE PENDANT LES RAPPORTS
SEXUELS
107
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: REPARTITION DES ESA SELON LA PRISE DES
TROIS REPAS QUOTIDIENS
78
Tableau 2: REPARTITION DES ESA SELON LA
RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE MALADIE
79
Tableau 3 : REPARTITION DES ESA SELON LA
RECEPTION D'ARGENT POUR L'ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES
79
Tableau 4: REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION
D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A L'ECOLE
80
Tableau 5 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE
ET SELON LA CONNAISSANCE DE LA SEROPOSITIVITE
96
SOMMAIRE
Introduction générale
1
Première partie : Cadre
théorique et méthodologique
6
Chapitre I : le cadre théorique
6
Chapitre II - Cadre méthodologique
48
Deuxième partie :
présentation du Sénégal et contexte du VIH/SIDA
62
Chapitre I : Présentation du
Sénégal
62
Chapitre II : Situation
épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal
64
Chapitre I : caractéristiques socio
démographiques des ESA
72
Chapitre II : conditions de vie socio
économiques des ESA
78
Chapitre V : connaissances et comportements
sexuels
104
Conclusion générale
109
BIBLIOGRAPHIE
113
TABLE DES MATIERES
116
ANNEXE
118
BIBLIOGRAPHIE
Introduction générale
Parmi toutes les maladies qui sévissent dans le monde,
l'infection à VIH/SIDA constitue l'une des plus redoutables et des plus
redoutées durant ce siècle. Aujourd'hui, le nombre de cas de
Personnes Vivants avec le Virus du VIH (PVVIH) s'est accru à un point
tel que l'on parle de pandémie. Sa présence fait que la
littérature à son sujet est florissante et à ce propos, on
recense énormément d'écrits et de recherches.
Sur la population mondiale générale, elle a fait
des millions de victimes dans le monde ces deux dernières
décennies et elle continue à en faire. Aujourd'hui, l'Afrique
détient le record du rythme de propagation du VIH/SIDA dans le monde. En
effet, selon certaines sources, depuis le début des années 80, le
SIDA est devenu « la principale menace pour la santé des
Africains »1(*). L'Organisme des Nations Unies de lutte contre le SIDA
(ONUSIDA) estime à ce propos que : « 28 millions
d'Africains ont été infectés du virus à la fin de
l'année 2001, ce chiffre représente presque 70% du total de
personnes vivant avec le virus du VIH dans le monde »2(*).
Le rythme de progression du VIH/SIDA donne l'impression de
faire une course toujours plus rapide surtout dans la tranche des jeunes. C'est
d'ailleurs ce qui est à l'origine de l'attention toute
particulière accordée aux comportements sexuels des jeunes par
les chercheurs, car avant la propagation de l'épidémie, il y
avait très peu d'écrits sur le sujet. Le thème
était peu exploré, sûrement parce qu'il y avait des
questions plus urgentes pour ces chercheurs comme la pauvreté ou la
mortalité maternelle et infantile. Aujourd'hui, les statistiques tablent
sur des milliers de jeunes africains concernés par la maladie. Du
coup, la sexualité est devenue un sujet de préoccupation majeure
de santé publique avec l'extension reconnue du Sida ces
dernières années.
Comme dans la plupart des pays d'Afrique, la transmission au
Sénégal se fait principalement par voie sexuelle. D. Ward estime
à ce propos que «.... la transmission sexuelle est responsable
de 90 % des cas de Sida [...] »3(*). Il est surtout remarquable, que l'infection ne
touche plus seulement les groupes à haut risques (les travailleuses de
sexe et les homosexuels) comme au tout début, mais elle affecte aussi
les autres catégories de la population générale comme les
jeunes adolescents qui représentent la majorité de la population,
« ils sont en 2002, presque 11,8 millions entre 15 et 24 ans
à vivre avec le virus [...] »4(*). Il semble dés lors, que les jeunes
adolescents ont des comportements sexuels, et si l'on associe cela à
l'idée selon laquelle la transmission du VIH se fait essentiellement par
voie sexuelle, on peut en déduire que ces jeunes adolescents ont des
comportements sexuels à risques et cela peut donc contribuer fortement
à la hausse du nombre de PVVIH jeunes. Selon les rares données
statistiques disponibles, on note que la proportion des grossesses hors mariage
contractées en milieu scolaire varie entre 9 à 14%. Et toujours
dans ce sens, les données fournies par EDS IV- Sénégal
affirment que les filles de 15 -19 ans ont des comportements sexuels à
risques plus élevés que celles des jeunes femmes de la tranche
d'âge 20-24 ans, et il est surtout remarquable - quand on fait la
comparaison entre les résultats de l'EDS III et ceux de EDS IV - que
l'âge des premiers rapports sexuels préconjugaux aient tendance
à baisser. Selon le Bulletin Santé Magazine n° 6 (Juillet-
Août 2006), « si en 1960, l'âge moyen pour les
premiers rapports sexuels tournait autour de 20 ans, aujourd'hui il avoisine
les 15 à 16 ans dans la plupart des pays africains»5(*).
A l'heure actuelle, l'évolution des recherches qui
porte à croire que l'épidémie frappe surtout les jeunes,
fait, qu'ils représentent dès lors un groupe dit «
vulnérable » ou « groupe à haut
risques ». En effet, cette épidémie dont les chiffres
sont particulièrement croissants au niveau de cette tranche d'âge
justifie les efforts déployés par les autorités
sénégalaises dans la lutte contre le VIH/SIDA qui en fait sa
cible principale. Ils sont les plus exposés au VIH/SIDA et la prise de
conscience de leur exposition constitue dés lors un grand espoir dans la
lutte déjà entamée par les autorités.
D'ailleurs, la lutte du Sénégal contre le Sida,
est saluée par de grands organismes internationaux et aujourd'hui, ce
pays est présenté comme l'un des pays où la
prévalence au sein de la population générale est des plus
faibles parmi les pays d'Afrique au sud du Sahara. Les estimations varient
entre 0,7% et 0,9% (EDS IV, 2005 ; ONUSIDA, 2006), avec cependant des
variations importantes d'une région à une autre.
Ainsi, dans le souci d'apporter une contribution aux
nombreuses questions soulevées ci-avant et qui préoccupent aussi
bien les autorités que les responsables sociaux et sanitaires, nous nous
proposons d'inscrire notre recherche dans la problématique la
santé des jeunes en l'occurrence leur santé sexuelle. Nous
avons choisi les jeunes principalement ceux du milieu scolaire en raison du
fait que dans le cadre scolaire, les jeunes sont plus disponibles et sont
plus à l'aise et plus libres pour répondre à des questions
aussi intimes en rapport avec leur sexualité.
Ø Quels sont les déterminants des pratiques
sexuelles des adolescents ?
Ø Pourquoi certaines pratiques peuvent être
considérées ou qualifiées de comportements à
risques ?
Ø Pour qui ces comportements sexuels sont à
risques ?
Ø Quelles sont les influences du milieu scolaire, des
connaissances relatives à l'infection et celles des perceptions de ces
jeunes sur leurs comportements sexuels ?
Voilà une des nombreuses questions que nous nous posons
et auxquelles nous essayerons de répondre tout le long de notre travail
de recherche. Par conséquent, nous envisageons d'articuler notre travail
autour de trois grandes parties.
La première partie sera consacrée à la
partie théorique et à la partie méthodologique ; dans
la deuxième partie, il sera question du contexte dans lequel se place
notre grand thème, l'infection du VIH/SIDA depuis ses débuts
jusqu'à ses réalités actuelles, ceci passera en revue bien
évidemment, la présentation du Sénégal dans le
contexte de la situation épidémiologique, aussi, sera-t-il
question de définir l'historique de la lutte contre le Sida ; et
enfin, la troisième et dernière partie sera consacrée
à l'analyse et à l'interprétation des résultats de
la recherche. Il s'agira concrètement d'abord, de répondre aux
questions que nous nous étions posée et aux objectifs que nous
nous étions assignée au préalable et ensuite il s'agira de
voir si les résultats obtenus au sortir de cette recherche infirment ou
non les hypothèses qu'on avait retenues.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Première partie : Cadre
théorique et méthodologique
Chapitre I : le cadre
théorique
I-1 Problématique
Si dans la société traditionnelle, le
début des premiers rapports sexuels coïncidait avec le mariage,
aujourd'hui, il existe un décalage temporel entre les deux
phénomènes. De plus en plus, les jeunes s'adonnent à une
activité sexuelle, qu'ils soient mariés ou non, et même si
cette activité sexuelle est sensée démarrer en même
temps que la nuptialité. En fait, pour comprendre cette tournure
nouvelle qu'a prise la sexualité, il est important de ne pas perdre de
vue que, de plus en plus, les habitudes dites «traditionnelles »
sont en train d'être supplantées par d'autres dites de
« modernité ». Du coup, beaucoup de choses
ont tendance à changer, même la manière dont
l'éducation est inculquée aux jeunes
générations.
Dans la société traditionnelle, le
développement des jeunes se faisait à l'intérieur de la
structure familiale. Toute leur éducation et leur apprentissage à
la vie étaient assurés par tous les membres de la
communauté (les parents et l'entourage) et l'éducation sexuelle
n'échappait pas à ce sillage. A ce propos, A D. Camara avance
que : « L'adolescent était inséré dans
un réseau de relations avec les membres de la communauté et ces
derniers exerçaient une certaine pression sur lui »6(*). Dans ce contexte, le
contrôle était strict et serré de sorte que la
différenciation des sexes des enfants était assurée. Il y
avait une éducation pour les filles et une éducation pour les
garçons, si bien qu'une proximité physique entre deux
adolescents de sexe opposé était pratiquement impossible. Cela
était aussi valable pour les jeux, on trouvait des jeux
réservés aux filles et d'autres réservés aux
garçons.
Aujourd'hui, avec l'influence du monde moderne, on assiste
à un autre type d'éducation. Pour preuve, le développement
des jeunes générations se partage entre la structure familiale et
la structure scolaire, second lieu de socialisation de l'individu
« moderne » et nouveau pôle
d'éducation.
Censée prolonger le rôle de la famille et
élargir l'éducation des jeunes, l'école ne dispense pas
seulement des valeurs traditionnelles mais également des valeurs
étrangères comme les valeurs de liberté, de justice, de
démocratie, et de parité entre l'homme et la femme, bref, des
notions qui sont contraires à notre culture traditionnelle. C'est
d'ailleurs ce qui permet de dire que l'école a une part de
responsabilité dans la distance, de plus en plus grandissante entre les
jeunes et les parents. De plus, c'est un lieu propice à tout ce qui a
trait à une éducation et à une expérimentation
sexuelle pour les jeunes.
Cet univers éloigne l'enfant des valeurs
traditionnelles et le transporte dans un monde où les TIC (Technologies
de l'Information et de la communication) comme la radio, l'Internet, les TV,
les journaux etc. et les groupes des pairs ont une place première. Avec
une telle tournure, les parents ont du mal à contrôler leurs
enfants en plus du fait de la réduction de temps qu'ils passent avec
eux, de même, que de négocier un terrain de confiance avec
ceux-ci, afin de les persuader des comportements relatifs aux valeurs
culturelles traditionnelles en rapport avec la sexualité.
Selon Rwenge, « l'école et les nouvelles
valeurs récréatives éloignent souvent les jeunes des
adultes. En plus la séparation des sexes n'y est pas assurée.
Toutes les nouvelles inventions telles que le cinéma, les soirées
dansantes, le football [...] raccourcissent le temps que les jeunes passent
sous le contrôle des parents ou dans le cercle
familial »7(*).
L'influence de l'école et celle du groupe des
pairs semblent être plus grandes que celle de la structure familiale dans
les comportements des jeunes d'aujourd'hui, et une des résultantes de
cette nouvelle tournure n'est autre que la précocité de
l'activité sexuelle des jeunes, qui elle, occasionne les
grossesses précoces et /ou hors mariage, mais aussi le
multipartenariat sexuel. « [...] le premier rapport sexuel se produit
de plus en plus souvent avant le mariage »8(*). Selon Valérie
Delaunay, « cette plus grande liberté sexuelle
à laquelle les jeunes générations accèdent
désormais est aussi à l'origine d'une augmentation sensible des
grossesses prénuptiales »9(*). L'auteure trouve l'explication de la dissolution
entre sexualité et mariage dans le retard de l'entrée en union
généralisée auprès des jeunes :
« l'explication de la prévalence des grossesses
précoces et préconjugales semble se trouver dans le recul de
l'âge au premier mariage et dans la détérioration du
contrôle social, sous l'urbanisation»10(*). Les jeunes non seulement ont
des rapports sexuels, mais cela avec des partenaires différents. Cela
est courant ces derniers temps si bien qu' « aujourd'hui, le fait
d'avoir eu des rapports sexuels avec plus d'une personne au cours de sa vie est
devenu une banalité »11(*).
Le recul de l'âge en union peut en effet expliquer les
comportements sexuels de ces jeunes car dans la tradition où les
mariages se scellaient de manière précoce aussi bien pour les
hommes que pour les femmes, ces derniers n'avaient pas le temps d'assouvir
leur désir sexuel que l'entrée en union se présentait.
Maintenant, avec la scolarisation, filles comme garçons ont tendance
à vouloir finir leurs études pour gagner une certaine
indépendance financière avant d'entrer en union et de fonder un
foyer. Cependant, cela les expose au risque d'une activité sexuelle
prénuptiale qui peut durer plus ou moins longtemps. De plus, par
l'instruction que leur inculque l'école, les jeunes reçoivent et
parviennent à déchiffrer les messages lancés par les
médias notamment les chaînes de télévision ou les
sites Internet qui ne contrôlent pas la cible qui reçoit ces
messages. De ce fait, les jeunes qui ne sont pas toujours au fait de la
sexualité vu l'inexistence d'une éducation sexuelle, peuvent se
laisser influencer par la sexualité diffusée par les
médias et cela peut les amener ainsi à commencer une
activité sexuelle qu'ils ne maîtrisent pas toujours.
Parmi les facteurs qui occasionnent cette activité
sexuelle, on trouve aussi le caractère tabou de la question de la
sexualité dans nos sociétés africaines, et qui est lourd
de conséquence, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. En
fait, les parents, même intellectuels répugnent encore à
aborder un tel sujet avec les enfants, ce qui fait que l'éducation
sexuelle en famille est presque inexistante. Ce qui en résulte, c'est
que beaucoup de jeunes, même scolarisés, parviennent à la
maturité sexuelle sans connaissances réelles sur la
sexualité. Selon Lindsay Stewart « la grande
majorité des gens qui prennent la décision de devenir
sexuellement actifs le font en disposant d'une information
inadéquate »12(*). En fait, la culture africaine en
général, celle sénégalaise en particulier, veut que
certains débats ne soient pas instaurés en famille. Les jeunes,
traditionnellement, ne parlent pas de sexe devant les adultes. Même si
ces derniers (parents et professeurs) savent que les jeunes sont très
souvent au devant des faits sexuels et qu'un besoin d'en connaître tous
les aspects s'impose à eux de plus en plus, on fait toujours abstraction
de tels sujets. Donc du fait de son caractère tabou, cette
sexualité qui s'impose aux jeunes est entourée de mystère
et la résultante de cette situation est que les jeunes ne sont pas
correctement informés sur la sexualité ; ni l'école,
ni la structure familiale ne donne aux jeunes Sénégalais
l'opportunité de connaître la sexualité et les moyens de
prévenir les grossesses et les autres corollaires de las
sexualité. Ces jeunes se tournent alors vers les médias ou les
groupes de pairs qui vont se charger d'envoyer des messages d'information, qui
peuvent être selon le cas, erronés et déformés (les
pairs) ou sensationnelles (médias), et donc pas exhaustifs. Le
directeur du centre de santé de la reproduction de Grand-Yoff qui
accueille des filles et des garçons, pense que c'est le
caractère tabou qui est accolé à la sexualité qui
est la cause de la persistance des problèmes que rencontrent certains
jeunes par rapport à leur sexualité. D'après lui,
« plus on sait, mieux on se
méfie »13(*) .
Malgré cela, nombreux sont les professeurs et
même les parents d'élèves qui se dressent contre
l'idée de dispenser une éducation sexuelle aux jeunes. Ils
trouvent en cela que les adultes pervertissent les filles avec ces
informations. Les pesanteurs sociales et culturelles sont telles dans notre
pays que malgré l'occidentalisation avec le recours à la
télévision et aux autres supports comme la radio, l'Internet, les
parents - même intellectuels - s'offusquent encore dés que leurs
enfants disposent d'une éducation sexuelle, même dispensée
à l'école.
Par ailleurs, les grossesses ne sont pas la seule
retombée de ces comportements sexuels car si avant, un rapport sexuel
pouvait conduire à une maternité ou à une
paternité, aujourd'hui, depuis deux décennies, cela peut conduire
aussi à une infection d'IST/VIH/SIDA.
En effet, le SIDA est l'une des principales contraintes
liées à la sexualité des jeunes d'Afrique et du
Sénégal, et représente un des plus grands soucis des
autorités publiques. Sa prévalence continue à
croître dans la plupart des pays de la sous région et ses
répercussions démographiques, socio économiques et
psychosociales sont un désastre. Aujourd'hui, avec l'impact du VIH/SIDA,
la sexualité des jeunes n'est plus seulement une préoccupation
des parents avec les grossesses précoces hors mariage, mais aussi celle
des autorités du pays qui comptent sur cette frange de sa population.
Le caractère tabou de la sexualité n'encourage
pas les jeunes à s'informer librement et malheureusement, les
études montrent qu'effectivement les jeunes ne sont pas assez
informés au sujet du VIH/SIDA aussi. En effet, « De
nouvelles études [...] ont montré qu'un nombre
considérable de jeunes ne savent pas comment le VIH se transmet et
comment se protéger de la maladie »14(*).
Beaucoup d'autres études ont montré aussi que
l'inexpérience liée à l'âge constitue un obstacle
à la lutte contre le SIDA car « même s'ils
disposent de l'information nécessaire, certains adolescents pratiquent
des rapports sexuels non protégés, car ils n'ont pas les
compétences nécessaires pour négocier soit l'abstinence,
soit l'utilisation du préservatif [...]. »15(*).L'insuffisance
avérée en besoin de connaissances de la maladie par les individus
même infectés ou affectés et la négligence que l'on
note auprès des populations, contraste avec le rang du
Sénégal parmi les autres pays en ce qui concerne la maladie mais
aussi avec l'ampleur que prennent ses proportions de nos jours.
Bien que les jeunes soient ceux qui pâtissent le plus de
l'infection, cette dernière qui sévit parmi eux reste en grande
partie invisible non seulement aux jeunes eux-mêmes mais aussi à
l'ensemble de nos sociétés où chaque famille ou chaque
personne se croit à l'abri. En effet, les jeunes sont souvent vecteurs
de VIH /SIDA pendant des années sans savoir qu'ils sont infectés.
Ce qui fait que l'épidémie se diffuse au de là des groupes
à hauts risques et atteint l'ensemble de la population
générale.
Ainsi, la vulnérabilité dont les jeunes ont
fait l'objet, justifie les mesures et les initiatives de grande envergure que
les gouvernements ont prises. Dans cette perspective, les jeunes
scolarisés sont conséquemment privilégiés. Au
Sénégal, on a vu s'implanter des centres conseils ados dans les
quartiers et jusque même dans les écoles avec les centres
médicaux scolaires et les clubs antisida (qui privilégie
l'éducation par les pairs), et les programmes EVF (Evaluation du
programme pédagogique d'Education à la Vie Familiale en
matière de population EVF/EMP). Dans la même perspective,
« une nouvelle génération d'écoles a connu
« le 5éme programme d'assistance de l'UNFPA au
Sénégal qui a permis de mettre en place un projet pilote (Projet
SEN/02/PO3) intitulé « Intégration des services de
Santé de la Reproduction dans le lycée des Parcelles
Assainies et le centre Médico-scolaire de Dakar »16(*), la création des
centres de Santé de la Reproduction des jeunes de ASBEF, encore que
ceci ne soit orienté que vers les jeunes. D'ailleurs, les efforts du
Sénégal dans la lutte contre l'épidémie, ont
été salués par la Banque Mondiale, l'ONUSIDA et l'OMS.
Malgré les attentions de sensibilisation
déployées à ce sujet, l'ignorance reste le premier
obstacle à la lutte contre le VIH/SIDA au plan mondial. Par
conséquent, la tâche des autorités est lourde car beaucoup
de choses restent à faire; celles-ci devraient dans cette perspective,
faire face à des mentalités, des coutumes et des pratiques que
les sociétés ont connues et respectées depuis très
longtemps comme le sororat, le lévirat, ou encore la polygamie. Parmi
les obstacles à cette lutte, l'ignorance et l'insouciance de
l'âge sont aussi des concepts clé qui devraient être une
priorité pour les autorités. Selon les données de l'EDS
IV-Sénégal, parmi la proportion des jeunes de la tranche
d'âge 15-24 ans interrogés ,11% des jeunes femmes et 91% des
jeunes hommes déclarent avoir eu des rapports sexuels à haut
risques pendant les 12 derniers mois ayant précédé
l'enquête.
En outre, il est connu que les rapports sexuels non
protégés de même que le multi partenariat sont des
facteurs de propagation du VIH et les jeunes sont considérés
comme une population à risques dans la mesure où, à ces
âges les rapports sexuels sont généralement instables et le
multipartenariat fréquent.
Nombreux sont ceux qui continuent à avoir un
comportement sexuel à risques, malgré les initiatives prises par
nos gouvernements pour amoindrir et combattre l'épidémie, et ce
qui est en train de se faire sur le terrain. Avec cette politique
orientée vers les jeunes, le Sénégal se retrouve parmi
l'un des pays que l'on cite en exemple dans la lutte qu'il mène contre
le Sida et, il est considéré comme un pays - phare en
matière de prévention du VIH/SIDA avec à coté des
pays comme l'Ouganda, la Thaïlande, les Philippines. Depuis le premier cas
dépisté en 1986, le taux de prévalence s'est maintenu chez
les adultes entre 1 ,77 et 1,74. Ces chiffres qui semblent très
réconfortants n'ont pourtant pas l'air de traduire la
réalité auprès des plus jeunes car, ceux-ci même
s'ils sont très au fait de la maladie et de ses modes de transmission et
de prévention, ne prennent pas les précautions
nécessaires.
Parmi tous les modes de transmission de la
maladie, les rapports sexuels non protégés contribuent en grande
partie à sa propagation. Dans des sociétés où la
virginité des jeunes filles avait une importance particulière,
aujourd'hui, cette coutume a tendance à perdre son poids avec les
idées dites de « modernité ». Selon
Delaunay, « ...les normes réprouvent la sexualité
hors mariage. Les faits montrent que ces normes évoluent et que
l'exigence de la virginité au mariage s'affaiblit »17(*).
Mais, qu'en est -il de la perception des élèves
sur leurs comportements sexuels quand la médecine les perçoit
comme un risque ?
Pour une analyse exhaustive des comportements humains, nous
jugeons qu'il est important de prendre en considération des facteurs
moins concrets, comme les perceptions de la population étudiée
sur la question. La dimension du risque, du comment est perçu le risque
par les jeunes sexuellement actifs, sont des concepts-clés dans la
compréhension des comportements sexuels des jeunes face à la
sexualité.
En effet, connaitre un risque suppose un minimum de
connaissance. L'individu qui sait qu'il coure un risque doit, au
préalable connaître le risque et les effets de ce risque. Si les
élèves sexuellement actifs ne connaissent pas l'infection
à VIH/SIDA et ses retombées, on peut supposer dans ce cas qu'ils
ne seront pas capables de déceler les risques encourus ni d'avoir des
appréhensions vis-à-vis de la sexualité. C'est pour dire
de fait, que la perception du risque qu'ont les jeunes de l'infection a une
influence assez lourde sur les comportements et les attitudes des jeunes par
rapport au VIH/SIDA. La méconnaissance de la maladie peut être
à l'origine d'une prise de risque dans cette sexualité.
« La prise de risque est [...], une recherche incertaine dans la
meilleure satisfaction, à un moment donné, d'objectifs
prioritaires et quelques fois en opposition entre eux et aux consignes de
prévention »18(*).
En effet, connaître la maladie du Sida est en soi
très relatif. Dans ce cas de figure, on peut conceptualiser la
connaissance de l'infection par la connaissance relative aux principaux modes
de prévention, de transmission, des symptômes et des signes de
manifestation de l'infection, des notions de
séropositivité. Si on a des connaissances relatives à
ces points, on peut supposer qu'on a de « bonnes »
connaissances sur l'infection et c'est cela même qui ferait qu'on
décèle un risque ou non dans telle attitude ou dans une autre,
seulement parce qu'on serait en bonne posture pour en connaître les
tenants et les aboutissants. Une attitude qui est en phase avec
« les consignes de prévention » peut, dans
ce cas être considérée comme une attitude à moindre
risques. « Les représentations de la maladie au sein
de la communauté et les constructions sociales des groupes à
risque sont des éléments- clés qui dimensionnent le
risque. La prise de risque relève donc du choix des individus en prise
avec le monde, les structures sociales, économiques et culturelles de
leur environnement »19(*).
La prise de risque ou l'adoption de comportements
à risques relative à la sexualité sont
déterminées par des réalités socioculturelles. Pour
preuve, le fait d'avoir été scolarisé, favorise de
façon significative la perception du VIH comme un danger ou un risque.
D'après une étude réalisée au Sénégal
sur les perceptions des populations sur le risque du VIH/SIDA, «
la probabilité de considérer le VIH comme un danger est
prés de quatre fois plus élevé pour les hommes que pour
les femmes » de même, l'étude appliquée au
Cameroun a montré que « les hommes qui
considèrent le VIH comme un danger sont plus nombreux parmi ceux qui
ont été scolarisés (86%) que parmi ceux qui ne l'ont pas
été (67%) »20(*). On voit là combien l'impact de la
perception du risque peut être lourd de conséquence dans la
logique de prise de risque ou d'adoption de comportement sexuel des jeunes.
Le fait de considérer le VIH/SIDA ou un comportement
sexuel comme un danger ou un risque peut varier d'un jeune à un autre.
« La première réaction de la population du Cameroun
lorsqu'elle entend parler du VIH/SIDA est une attitude de peur. La proportion
de personnes qui pense ne pas courir de risque varie selon la
région »21(*). Ces différences pour une même
maladie tiennent d'avantage à l'ampleur de chaque
phénomène et des perceptions individuelles qu'à leur
nature. Mais au-delà de toutes ces considérations, l'impact du
SIDA sur la population générale n'est pas seulement une
réalité médicale, elle est aussi une réalité
sociale pour les PVVIH et pour leurs proches aussi.
Aujourd'hui, avec le développement considérable
de la maladie en Afrique subsaharienne, on n'est pas seulement témoin
d'un fort taux de personnes infectées mais on assiste aussi à un
type de comportements à l'égard de ces personnes à savoir
la discrimination et la stigmatisation. Ces deux attitudes sont fortement
remarquées au niveau de ces personnes et la plupart en sont victimes
aussi bien sur le plan individuel qu'institutionnel. Ceci est tellement vrai
que les jeunes mais aussi les adultes, ont tendance à éviter de
recourir à des méthodes de prévention, ou au
dépistage du VIH ou à la divulgation à leurs partenaires
sexuels de leur statut sérologique quand celui-ci est positif. Et pour
ce qui est des PVVIH, la crainte de la stigmatisation ou de la discrimination
les empêche généralement de recourir à des
traitements ou à des médicaments antirétroviraux
même si ces derniers ont un prix réduit depuis quelques
années au Sénégal. Cette situation vient s'ajouter
à la longue liste des raisons qui influencent positivement la
propagation dans un pays comme le Sénégal, si bien que les
individus abandonnent leurs droits les plus fondamentaux comme se soigner,
travailler ou étudier, fréquenter des endroits publics au
même titre que les autres en bonne santé ou encore leurs droits
d'être protégés de la violence. En effet, les ravages du
VIH/SIDA ont des effets catastrophiques sur les droits humains et cela fait
que les autorités ne traitent plus la question en termes de maladie
seulement mais aussi en termes d'obstacle au développement social et
économique. Le VIH/SIDA coûte cher à nos gouvernements et
le drame est que beaucoup de moyens lui sont accordés alors que des
maladies curables comme le paludisme, la drépanocytose ou le cancer sont
négligées. Mais il coûte cher aussi aux jeunes qui
risquent de ne pas réaliser leur potentiel à participer au
développement des sociétés à travers la violation
des droits humains mais aussi à travers la perte de leurs pères,
mères, frères, soeurs, ou enseignants ou tout autre personne qui
est susceptible de contribuer à leur éducation et à leur
avenir. Sur ce, les autorités devraient accorder une attention toute
particulière à cette tranche d'âge car non seulement ils
sont au coeur de la pandémie du SIDA, mais ils sont aussi un moyen
sûr et efficace de lutter contre la pandémie grâce au
vecteur de progrès qu'est l'éducation. En effet celle-ci permet
de défier des concepts avec une présence importante comme le
caractère tabou de la sexualité, l'ignorance, les idées
fausses et erronées, le silence autour de la maladie, la stigmatisation,
la discrimination, la honte de porter le virus et en même temps, elle
facilite la tâche aux autorités à qui cela incombe à
travers l'éducation pour les pairs. Bien formés, les
éducateurs pour les pairs sont une source indéniable
d'informations sur la sexualité et ils pourraient corriger ces
idées fausses, briser les mythes et présenter l'information de
manière pertinente de sorte que les autres jeunes même non
scolarisés la comprennent et se sentent impliqués. Des
études ont montré que l'éducation est un concept
clé auquel les gouvernements pourraient accorder une priorité
particulière et la résolution de l'épidémie du Sida
n'est pas en reste dans cette initiative. Et d'ailleurs, une étude
faite par l'UNICEF a montré qu'il y'avait une corrélation entre
le niveau d'instruction et l'acceptation du test de dépistage du
VIH/SIDA. Les jeunes, ne sont surtout pas à négliger dans
cette lutte et le DG de ONUSIDA l'a bien compris dans son appel ;
« c'est en accordant une priorité spéciale aux
jeunes que l'on parviendra à influer sur le cours de
l'épidémie. Le changement des comportements et des attentes
à un jeune âge permettra d'obtenir des avantages pendant toute la
vie, à la fois pour prévenir le VIH et atténuer la
stigmatisation qui lui est associée. [...]. Dans tous les pays
où la transmission du VIH a reculé, c'est parmi les jeunes que
les progrès les plus spectaculaires ont été
enregistrés».22(*)
Ainsi pour un travail sur une question aussi large que celle
que nous venons d'entamer à savoir la vulnérabilité des
adolescents à l'infection du VIH/SIDA, il est important d'analyser les
informations sur les connaissances des adolescents. Par conséquent, il
sera axé sur un certain nombre de questionnements, cela nous permettra
de nous situer dans le sens de nos objectifs afin de ne pas trop nous
éloigner de la perspective que nous voulons mettre en exergue.
v Les jeunes sexuellement actifs en milieu scolaire ont-ils
des comportements sexuels à risques d'IST, et d'infection par le
VIH/SIDA ?
v Quelle forme prend leur vie sexuelle?
v Les jeunes sexuellement actifs en milieu scolaire
connaissent- t - ils les risques liés à leurs comportements
sexuels ?
v Quelle perception ces jeunes ont-ils de ces
risques ?
v La perception du risque, si elle existe chez ces
élèves, a-t-elle une influence sur les comportements sexuels de
ces élèves ?
I-2 Revue de la littérature existante
Le thème de la sexualité se retrouve au centre
de notre recherche. On a souvent tendance à l'allier avec celui du
comportement sexuel avec qui il reste très lié aussi bien dans le
langage parlé que dans la réalité des choses.
A ce sujet, il est important de souligner que la
littérature n'est pas très florissante, en tous cas, dans le
continent, jusqu'à l'apparition et le développement fulgurant de
l'infection du VIH/SIDA. Il faut dire que l'Afrique a toujours souffert du
manque de données scientifiques dans ce domaine-ci. Cela est dû
à plusieurs raisons d'ailleurs, en premier lieu, pour les nombreuses
cultures reconnues à ce continent, la sexualité est un domaine
plutôt sensible, en second lieu, le manque de moyens pour reproduire des
données scientifiques bien adaptées aux réalités
socio culturelles de la région est un fait. En général,
les méthodes utilisées pour avoir les résultats des
réalités sociales nous viennent d'Europe ou d'Amérique et
celles-ci souvent se heurtent à des obstacles dus à la
différence de conception d'une culture à une autre.
Du coup, faire une revue de la littérature existante
dans ce domaine revient à accomplir une tâche laborieuse.
C'est avec la diffusion et l'impact important de l'infection
à VIH/SIDA que les écrits et les recherches à ce sujet
vont commencer à affluer.23(*)De plus, ce sujet devait sembler secondaire aux yeux
des chercheurs à coté de questions plus urgentes à
l'époque comme la pauvreté, le sous-développement, la
mortalité maternelle etc. A cette situation qui a fait que
très peu d'écrits ont été fournis pour la
production dans le domaine de la sexualité, s'ajoute le caractère
tabou de la question qui reste tout de même sensible pour nos
sociétés. Selon Vellay « pendant des
générations, le mystère le plus complet a
régné sur la sexualité : elle était
fortement imprégnée de peur, d'angoisse, ce qui lui
donnait un contexte dramatique 24(*) ». Après ce stade, il a fallu
attendre la découverte du Sida associée à une
montée fulgurante de nombre de personnes infectées pour que les
spécialistes comme les anthropologues, les démographes
principalement, accordent de l'intérêt à la
sexualité et aux comportements sexuels des populations, encore qu'ils ne
se sont penchés que sur les comportements sexuels à risques
d'IST/ VIH/ SIDA que sur la sexualité. Malgré les
réticences à parler ouvertement de la sexualité dans
plusieurs sociétés, les quelques études sur les
comportements sexuels à risques révèlent un changement
dans la pratique et les perceptions des populations. Ce changement qui est
jugé très lent n'était constaté que dans les
sociétés occidentales avant l'avènement du VIH/SIDA. A ce
sujet, Le Jeune nous dit, « notre comportement en regard de la
chose sexuelle est en constante évolution. [...]. La science avance
à pas de géant et nous oblige à réviser nos
attitudes en fonction des découvertes les plus imprévues et que
la sexualité, n'échappe pas à ce dynamisme dans la mesure
où telle conception admise hier, est périmée
aujourd'hui ; telle certitude d'aujourd'hui sera peut être
dépassée demain » 25(*). C'est cette évolution de la conception
de la sexualité qui va offrir aux chercheurs l'opportunité de se
préoccuper davantage de ce phénomène encore mal connu du
fait des fausses idées qui lui sont associées.
En Afrique subsaharienne, par exemple, la plupart des
études orientées vers la sexualité se sont
concentrées principalement sur les comportements à risques d'une
part et de la fécondité d'autre part. Ces études se sont
davantage tournées vers les populations adultes (15 -49 ans). Quand
celles-ci se font au niveau des plus jeunes, ce qui est rare, chez les
adolescents par exemple, les données sont collectées dans le
milieu scolaire, en dehors du cadre familial. Parce que dans ces cas là,
ils sont plus facilement ouverts au thème, sont moins stressés
de parler de sexualité avec à coté la présence des
parents, et il est plus évident de les avoir en grand nombre dans ces
circonstances. Cette perspective laisse pourtant apparaître quelques
failles notamment l'exclusion des jeunes non scolarisés qui a tendance
à s'élever en nombre dans les pays africains.
A travers les différents travaux consultés, les
concepts privilégies étaient souvent rattachés aux
comportements sexuels comme la prévalence, les représentations,
les constructions sociales de la sexualité, et du Sida et des IST. Ces
concepts étaient valorisés à cause du rôle qu'ils
jouaient dans les campagnes de sensibilisations des populations pour l'adoption
de comportement sexuel à moindres risques d'IST et de VIH.
En Afrique, la plupart des études traitant de la
sexualité repose sur les données des Enquêtes
Démographiques et de Santé (EDS). Elles constituent une source
importante de données pour l'étude de l'activité sexuelle
et du Sida en Afrique. Elles ont touché principalement des femmes
d'abord et des hommes ensuite âgés de 15 ans et plus
jusqu'à 54 ans. Les centres d'intérêt des ces
enquêtes reposaient sur des questions liées à l'utilisation
des moyens de contraceptions disponibles, à la bonne santé de
l'enfant etc.
Malheureusement, ces enquêtes n'ont pas beaucoup
d'informations sur les comportements de la sexualité et les attitudes,
et les facteurs de risques. Le volet SIDA a été ajouté
à partir de la phase EDS - II qui s'est déroulée de 1990
à 1993 avec 22 enquêtes dont la moitié en Afrique, mais
cela n'a pas permis beaucoup d'analyses démographiques des comportements
sexuels. Les travaux basés sur ces enquêtes n'ont pas assez
exploité les aspects en rapport avec les comportements à risques
et du SIDA. Ce qui de plus, fait la faiblesse de ces enquêtes, c'est
qu'elles reposent en fait sur la standardisation des questionnaires
élaborés à l'intention des populations d'enquête.
Elles ne répondent pas spécifiquement aux besoins ou
préoccupations des pays dans lesquels elles ont été
élaborées car elles sont dans un cadre plutôt international
ou régional. A notre avis, il faudrait une considération locale
pour chaque pays ou localité. Cette approche ne permet pas une lecture
et une bonne compréhension du phénomène, car la
sexualité n'est pas la même partout, elle se manifeste
différemment d'un groupe social à un autre. Elle n'est pas
l'expression de la seule nature mais elle relève aussi du culturel. Elle
est à la fois dynamique et est fonction d'un produit culturel, propre
à chaque groupe.
Néanmoins, ces enquêtes ont l'avantage de
permettre certaines analyses démographiques des comportements sexuels,
et concrètement, elles ont permis de révéler les
changements intervenus dans la vie sexuelle des Africains.
Par ailleurs, « il existe aussi des travaux sur
les connaissances et le Sida réalisés à travers des
enquêtes de types CA(C)P ( Connaissances, Attitudes , Croyances et
Pratiques ), CAP( Connaissances , Attitudes et Pratiques ) ou RP ( Relations
entre Partenaires ) » 26(*) . Ces enquêtes ont été
supervisées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entre
1988 et 1990 dans plus de 60 pays dont 21 en Afrique27(*). Elles sont plus
centrées sur les comportements sexuels à risques et le SIDA que
les EDS, et ciblaient les individus adultes (hommes et femmes)
âgés de 15 ans et plus. Les variables principalement
visées étaient la transmission contre le VIH/SIDA et la
protection.
Cependant, les enquêtes de ce type peuvent sembler
insuffisantes pour notre étude car elles ne mettent pas en avant les
motivations de enquêtés. Pour nous, il est essentiel
d'étudier la sexualité sous cet angle car il est impossible
d'étudier les comportements sexuels sans pour autant voir les raisons
qui font que les cibles (ici les jeunes) ont des rapports sexuels.
Par ailleurs, on concède à ces études
d'avoir donner une certaine idée de l'activité sexuelle
principalement sur les comportements sexuels à risques même si
cela est sur une courte période.
Il existe aussi d'autres études réalisées
dans beaucoup des pays africains mais c'est sur l'Afrique subsaharienne
qu'elles ont le plus centrées. Il s'agit des Enquêtes à
indicateurs multiples (MICS). Elles étaient destinées à la
production statistique nécessaire à l'évaluation des
progrès réalisés par le Sommet Mondial des Enfants (SME)
tenu à New York en 1990. Ces enquêtes s'intéressent aux
enfants et aux femmes, et privilégient en matière de
sexualité, les variables directement liées aux comportements
sexuels à risques du VIH/SIDA. Les questions posées sur le
VIH/SIDA ne concernent que les femmes, à l'exclusion des adolescents,
des adolescentes et des hommes. Ces enquêtes portent sur la connaissance
du Sida, les moyens de protection, les fausses conceptions qui planent autour
de la maladie, les moyens de transmission, les attitudes discriminatoires
à l'égard des PVVIH, le niveau de connaissance de la transmission
du VIH/SIDA ainsi que la connaissance et la pratique du test du Sida. Sur la
sexualité, les comportements sexuels à risques saisis concernent
l'âge au premier rapport sexuel, le rapport sexuel occasionnel non
protégé ainsi que le multipartenariat. Ces enquêtes ont eu
le mérite d'avoir analysé des questions très
présentes dans la réalité et qui sont pour la plupart soit
liées à la sexualité, soit des corollaires du VIH/SIDA
comme la discrimination ou le test de dépistage.
Cependant, comme les enquêtes précédentes,
celles-ci sont aussi jugées insuffisantes dans la mesure où elles
ne prennent pas véritablement les motivations des enquêtés
en compte, de plus elles sont jugées restreintes en raison du fait
qu'elles s'adressent exclusivement aux femmes. En plus, elles sont plutôt
générales, car n'ont pas assez abordé la
sexualité. A cet effet il est important de souligner que pour
résoudre une question qui semble aussi délicate que celle de la
sexualité, il est important de connaître les sources de la
question, et bien entendu, ceci passera des motivations individuelles qui sont
un point qui s'avère utile à la compréhension du
phénomène en question.
Ces grandes enquêtes internationales à savoir
les EDS, les CACP et les MICS ont comme point commun d'être de vastes
programmes destinés à faciliter tout type d'enquêtes dans
le sens de la santé reproductive. Par ailleurs, cette revue de la
littérature nous a permis de voir que ces enquêtes qui ont
analysé la sexualité des jeunes ne l'ont abordée que dans
une perspective comportementale. Aucune n'a essayé d'analyser ce
phénomène dans une perspective dynamique à travers les
motivations des individus par exemple, se limitant juste à l'analyser
sous l'angle de la constatation. En effet, ces études se contentent de
constater le comportement sexuel et ne s'intéressent pas aux causes
probables. D'ailleurs, elles n'ont pas tenté de connaître les
motifs pour lesquels les jeunes s'adonnent à la sexualité. Des
variables comme l'ethnie ou la religion sont saisies de façon implicite
ou parfois même inexploitée quand il s'agit de la biographie
scolaire ou résidentielle des jeunes. Bref, plusieurs facteurs dont
l'analyse permettrait une meilleure compréhension des causes de la
sexualité des jeunes et de leur exposition aux risques d'IST et du
VIH/SIDA n'ont pas intéressé ces recherches. Et c'est dans cette
optique que l'intervention de notre étude s'avère pertinente car
les raisons probables des comportements sexuels des jeunes n'y sont pas
négligées et nous verrons cela dans les hypothèses, les
objectifs et les indicateurs de l'enquête.
Ainsi, sans remettre en cause cette orientation, nous nous
proposons une autre lecture de cette sexualité à travers une
large littérature fournie par le biais des rapports
réalisés à titre individuel ou non, respectivement, des
chercheurs ou des organismes mais aussi par les mémoires de recherches
d'étudiants en fin de second et /ou de troisième cycle ou
d'ouvrages d'ordre académique. Ces recherches sont cependant moins
vastes que celles que nous avons vues plus haut mais traitent aussi de
questions très intéressantes et qui sont aussi en rapport avec la
question que nous traitons dans notre analyse. Cette seconde partie va prendre
un autre élan par rapport à la littérature
précédente car, elle va plutôt s'intéresser aux
données même des enquêtes des ces sources déjà
citées mais aussi, des données des EDS, CACP et des MICS. Enfin
la dernière étape de cette partie fera étalage des
différentes raisons que l'on trouve en Afrique qui justifient les
relations sexuelles préconjugales que l'on recense dans le continent et
les connaissances des populations liées à l'infection à
VIH.
Rappelons juste avant d'aborder le thème en profondeur
que, le Sida est l'élément déclencheur de la nouvelle
dynamique dans la recherche sur la sexualité en Afrique. En effet, cette
infection menace toutes les parties du monde, mais c'est en Afrique et dans le
Sud-est Asiatique que l'épidémie prend des proportions plus
grandes. D'après le rapport de l'ONUSIDA, presque 70% des PVVIH du monde
entier sont recensées dans le continent africain, le VIH se classe
d'ailleurs la première cause de la mortalité des Africains.
Georges Courade d'ajouter que « Cette tragédie
indéniable produit néanmoins quelques raccourcis
médiatiques qui laissent supposer que l'Afrique va être
rayée de la carte du monde dans les années à
venir »28(*).
Parmi les facteurs aggravant le rythme de progression, la
migration a été très tôt indexée.
Ainsi, dés le début de l'épidémie,
« les relations entre la migration ou la mobilité des
personnes et l'extension du VIH ont été abordées dans
plusieurs écrits »29(*). Dans le même ordre d'idées, on
nous révèle qu' « en Afrique, la mobilité
spatiale a été reconnue dans divers travaux comme un facteur de
propagation de l'épidémie du VIH »30(*). Il est reconnu à
l'Afrique d'être un continent de migrations. Chaque année, on
recense des milliers de migrants qui vont vers les autres continents ou
d'autres villes pour de longues ou courtes durées,
« Ceux qui migraient avaient plus de rapports extra maritaux que
ceux qui ne migraient pas et la majorité de ces rapports avaient lieu
pendant la migration, en dehors du village »31(*).
Ces migrations donnaient lieu à des rencontres qui
occasionnent des rapports sexuels entre partenaires. Ces rencontres se font le
plus souvent entre hommes et femmes, mais aussi entre partenaires de même
sexe, d'où parfois les phénomènes de prostitution et
d'homosexualité. Ces deux phénomènes sont aussi
considérés comme des facteurs de propagation.
Et parmi les modes de transmission de l'infection, le plus
répandu, reste la transmission sexuelle « la transmission
sexuelle est responsable de plus de 90% des cas de Sida dans le
monde »32(*). Au début de la découverte de
l'infection, seuls les travailleurs de sexe et les migrants étaient
ciblés, aujourd'hui, l'infection cible toutes les couches de la
population générale, ce qui fait qu'à l'heure actuelle,
personne n'est à l'abri. Depuis ses débuts jusqu'à
maintenant, les statistiques tablent sur 18 millions de personnes qui seraient
infectées. Mise à part les traitements qui sont proposés,
la lutte contre l'expansion du VIH/SIDA se limite seulement au test de
dépistage, à l'usage du préservatif, aux campagnes
d'informations sur les risques de contamination, un traitement curatif faisant
défaut. Les programmes de lutte contre l'infection ont surtout
axé leurs politiques de lutte sur la prévention en
général et les comportements sexuels à risques en mettant
un accent sur l'information et la sensibilisation. Dans cette perspective, la
promotion des comportements sexuels à moindre risques telle que
l'utilisation du préservatif, l'abstinence ou la fidélité
a beaucoup été développée Dans les pays en Afrique
subsaharienne, au Sénégal particulièrement, cette
politique a connu le jour et des fins heureuses. En effet, en 1998, le
Sénégal avait entrepris la première initiative
Gouvernementale d'accès aux antirétroviraux en Afrique. Celle-ci
a donné des résultats positifs en démontrant la
faisabilité et l'efficacité des traitements
antirétroviraux dans un contexte de pays en développement. Dans
cette initiative qui a été réalisée en phase
pilote, la décentralisation de l'accès aux ARV
(antirétroviraux) et la mise en place d'équipes
compétentes ont été un acquis. Aujourd'hui d'ailleurs, le
Sénégal est parmi les premiers pays d'Afrique à avoir
bénéficié de la possibilité d'accéder
à ces médicaments (ARV) pour soigner les personnes porteuses du
virus. Le coût moyen des médicaments nécessaires aux
traitements des malades a été réduit de 90 % en 2001.
Les premières enquêtes sur
l'épidémie révélaient qu'un nombre assez important
de personnes dans le monde n'était pas au courant des moyens de
prévention du VIH, ni même des modes de transmission.
D'après les EDS, le Sénégal est aujourd'hui
considéré comme l'un des pays d'Afrique où la
prévalence est moins élevée, soit 0,7 % dans la population
générale avec des variations dans les sous populations.
Malgré cela, la connaissance du VIH et de ses moyens de
prévention y est relativement faible. Les résultats de l'EDS IV
révèlent que la connaissance des moyens d'éviter le VIH
est positivement associée au niveau d'instruction et d'urbanisation
aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les hommes avec un niveau de
77, 5% sont légèrement plus informés que les femmes
75 ,5% sur les moyens à utiliser pour prévenir
l'infection. « Concernant l'influence du niveau scolaire
sur la connaissance de la maladie, il apparaît que les femmes
analphabètes sont les moins informées »33(*). Dans leur ouvrage qui aborde
l'épidémie du Sida du point de vue anthropologique, Isabelle
Bardem et Isabelle Gobatto font la différence entre les femmes veuves,
divorcées, séparées et celles célibataires ou
jeunes filles. Les résultats de leurs enquêtes auprès de
leurs cibles à Ouagadougou (Burkina Faso) révèlent une
autre différence dans les niveaux de connaissances liées à
l'infection à VIH/SIDA. A ce titre, on retient que « La
majorité des femmes célibataires ont une bonne connaissance de
base de la maladie, particulièrement de son mode de transmission par
voie sexuelle. [...]. Les femmes divorcées ou séparées ont
elles aussi une bonne connaissance de base de la maladie et de sa transmission
hétérosexuelle [......]. Les femmes veuves sont celles qui sont
les plus mal informées sur la maladie. En effet, prés de la
moitié n'ont pas d'informations précises sur le sida. Même
si elles en ont déjà entendu parler de manière formelle,
elles n'ont pas retenu ses modes de transmission. [....]. Celles [les jeunes
filles] qui ont été scolarisées au secondaire citent
souvent l'école comme le lieu où leur a été
transmise l'information, ce qui n'apparaît pas chez celles qui ont
arrêté au niveau primaire. A coté du milieu scolaire, la
télévision et la radio sont les deux moyens
privilégiés d'information »34(*). Partant de ces constats,
on peut dire que la scolarisation crée alors une disparité sur
les connaissances et on remarque que plus les études sont longues, plus
les niveaux de connaissances sur l'infection sont élevés. A
coté de ces femmes, les auteurs ont aussi fait le point sur les
connaissances « des femmes libres » communément
appelées les TS. Les deux auteurs poursuivent que « Si
l'on se réfère aux deux premiers groupes constituant le vaste
ensemble des jeunes filles et des femmes seules, les femmes libres apparaissent
comme les mieux informées. En effet, toutes connaissent le sida, son
mode de transmission par voie hétérosexuelle et les principaux
symptômes de la maladie déclarée » 35(*). En fait, ce qui est
important de savoir sur les femmes TS c'est que, contrairement aux femmes dites
« libres » et qui ne sont pas officielles, elles ont pris
rapidement conscience de leur exposition aux risques de l'infection à
cause de leurs pratiques sexuelles. Ces femmes TS bénéficient
d'un encadrement médical pendant leurs suivis dans les structures de
santé mises à leur disposition. Cet encadrement est
secondé par un dialogue, un échange relatif à la question
entre elles et les spécialistes dans ces dites structures. Cela s'est
montré très efficace car elles se sont senties concernées
et ont réagis en adoptant les comportements préventifs qui leurs
étaient proposés.
Par ailleurs, l'utilisation du préservatif qui fait
partie de la promotion des comportements sexuels à moindre risques dans
la politique de lutte contre la pandémie a été
renforcée mais reste encore insuffisante chez les jeunes. Prés de
52% des jeunes hommes de 15 à 24 ans ont déclaré utiliser
le préservatif lors des relations sexuelles avec des partenaires non
cohabitants. Ce taux est plus faible chez les jeunes femmes du même
âge, 35 % d'entre elles ont eu recours aux préservatifs.
Néanmoins le recours au préservatif est plus important chez les
femmes scolarisées, 53% chez celles du niveau secondaire et plus contre
19 % chez les non scolarisées, cela s'explique par le fait que la non
scolarisation occasionne la vulnérabilité aux risques
d'infection. Les EDS IV ont montré qu'il y avait une
corrélation positive entre l'usage du préservatif et le niveau
d'instruction. En fait, les femmes non scolarisées n'ont pas les moyens
nécessaires pour négocier avec leurs partenaires l'usage du
préservatif au moment des rapports sexuels avec ces derniers, et donc
cela les exposent aux risques, ce qui les plus vulnérables. En plus de
leurs situations de non scolarisation, on remarque aussi une certaine
discrimination dont elles font l'objet notamment une discrimination sexuelle
par rapport aux hommes. Généralement quand elles sont non
scolarisées, ces femmes vivent aux dépends de leurs maris ou de
leurs conjoints et dans ce cas, elles auront encore plus de mal à
négocier ou même à exiger à leurs maris ou conjoints
l'usage du préservatif. Mac Cormack l'affirme en ses termes,
« la situation sociale des femmes fournit un exemple
particulièrement pertinent. A juste titre, la position de
dépendance sociale et économique que celles-ci connaissent la
plupart du temps en Afrique a été soulignée. On a
montré que leur vulnérabilité à l'égard de
la contamination par le VIH y trouvait son origine »36(*).
Toujours dans la proportion des femmes par rapport à
l'usage du préservatif, les travailleuses de sexe (TS) officielles
(89 ,8%) qui utilisent systématiquement le condom avec leurs
clients dépassent 90%.
La faible connaissance du VIH et la non utilisation du
préservatif dans la population générale ne constituent pas
à elles seules les facteurs aggravants la progression du VIH au
Sénégal, on compte aussi les comportements sexuels notamment la
précocité des rapports sexuels.
La sexualité précoce est un constat fait dans
beaucoup de pays. On remarque même qu'elle s'opère de plus en plus
tôt dans les sociétés dites
« modernes ». « Lorsque les premiers rapports
sexuels ont lieu à un jeune âge, la période de la vie
sexuelle active devient très longue augmentant ainsi la
probabilité d'avoir un grand nombre de partenaires
sexuels »37(*). Selon Nathalie Lydie et Michel Garene, cette
précocité concerne de plus en plus de femmes qui sont les plus
concernées, «les femmes entrent en vie sexuelle plus
tôt que les hommes. L'âge au premier rapport sexuel est de 16 ans
pour les femmes et de 20 ans pour les hommes »38(*).
Parmi les raisons qui poussent les jeunes à exercer une
activité sexuelle, on trouve une liste de raisons diverses et
variées.
La valorisation du mariage dans plusieurs
sociétés africaines et les récentes difficultés
d'accès au stade matrimonial accroissent l'activité sexuelle et
devient une stratégie d'acquisition d'un mariage pour les jeunes
filles. « Les récits de vie réalisés
auprès des jeunes filles vivant toujours dans leur famille montrent que
le mariage est leur première préoccupation ».
39(*)
Au Cameroun par exemple, la jeune fille accepte des relations
sexuelles préconjugales comme preuve d'amour afin de mériter la
confiance du jeune homme. Là, l'activité sexuelle est vue comme
une sorte de test d'amour posée à la fille par l'homme et comme
un moyen d'avoir un époux. Cela est plus développé encore
au Mali lorsque les filles de 25-30 ans encore célibataires sont
taxées « d'invendues ».
De plus, on voit que l'entrée en union se fait de plus
en plus tard de nos jours qu'avant, cela explique aussi l'entrée
précoce des jeunes dans une vie sexuelle active car ils restent dans la
situation de célibat plus longtemps.
Cependant, les garçons n'envisagent pas les relations
sexuelles de la même manière que les filles dans d'autres
contrées.
Au de-là des raisons matrimoniales, on attribue aussi
la sexualité préconjugale des jeunes au dépassement des
valeurs traditionnelles et à l'adaptation à la mode, la notion de
la virginité étant actuellement
« dépassée ». A ce propos, Savage rapporte
que « les jeunes filles déclarent être l'objet de
moqueries de la part des copines qui les considèrent comme naïves,
ignorantes, non modernes, laides ou peu évoluées à cause
de leur virginité ».40(*) D'après le même auteur, cette vision de
la sexualité n'est pas partagée par certaines filles. C'est le
cas de certaines étudiantes de l'université de Douala au Cameroun
qui éprouvent de la nostalgie à propos des valeurs
traditionnelles en rapport avec la virginité. Elles pensent pour leur
part que la virginité est le plus beau cadeau qu'une femme puisse offrir
à son mari.
Par ailleurs, on constate aussi que certains rapports sexuels
sont conclus uniquement par prestige. Dans ce cas de figure, les jeunes hommes
s'adonnent à la sexualité pour confirmer leur
« performance » et leur position au sein du groupe de pairs
(amis).
On note aussi d'autres justifications à
l'activité sexuelle des jeunes, à savoir les raisons
financières et matérielles.41(*) D'après ces auteurs, ce sont surtout les
filles des ménages à moyens limités qui s'adonnent
à la sexualité pour ces seules raisons. En échangent de
rapports sexuels, elles acceptent des cadeaux ou de l'argent. Au Cameroun par
exemple, le partenaire sexuel souhaité par les jeunes filles, surtout
celles aux études plus poussées comme les universitaires, est
celui qui a une bonne situation professionnelle et qui donc , peut les aider
à trouver facilement un emploi.
Par ailleurs, la sexualité des jeunes bien que
justifiée par les raisons susmentionnées, peut aussi être
déterminée par l'entourage familial, éventuel facteur
inhibiteur.
En résumé, les grandes enquêtes
internationales que nous avons exploitées à savoir les EDS, les
CACP et les MICS ont comme point commun d'être de vastes programmes
destinés à faciliter tout type d'enquêtes dans le sens de
la santé reproductive. Par ailleurs, cette revue de la
littérature nous a permis de voir que ces enquêtes qui ont
analysé la sexualité des jeunes ne l'ont abordée que dans
une perspective comportementaliste. Aucune n'a essayé d'analyser ce
phénomène dans une perspective dynamique à travers les
motivations des individus par exemple, se limitant juste à l'analyser
sous l'angle de la constatation. En effet, ces études se contentent
juste de constater le comportement sexuel mais, ne s'intéressent pas aux
causes probables. D'ailleurs, elles n'ont, jusqu'ici, pas tenté de
connaître les motifs réels pour lesquels les jeunes s'adonnent
à la sexualité. Des variables comme l'ethnie ou la religion sont
saisies de façon implicite ou parfois même inexploitée
quand il s'agit de la biographie scolaire ou résidentielle des jeunes.
Bref, plusieurs facteurs dont l'analyse permettrait une meilleure
compréhension des causes de la sexualité des jeunes et de leur
exposition aux risques d'IST et du VIH/SIDA n'ont pas intéressé
ces recherches. C'est dans cette optique que notre étude s'avère
pertinente, car les raisons probables des comportements sexuels des jeunes n'y
sont pas négligées et nous verrons cela dans les parties qui vont
suivre dans ce travail à savoir les hypothèses, les objectifs et
les indicateurs de l'enquête. De même, notre travail apparaît
plus global par le fait qu'elle brosse la question de la sexualité aussi
bien du point de vue des comportements et attitudes des enquêtés
que du point de vue des perceptions de ces derniers de la question, de
même, les connaissances des enquêtés ne sont pas
négligées.
I-3 Les objectifs de la
recherche
L'objectif général de l'étude est de
démontrer l'influence des connaissances des risques d'IST/VIH/SIDA sur
les comportements sexuels des élèves.
S'agissant par là de mesurer un concept par un autre
à savoir les comportements sexuels des élèves par les
connaissances des risques d'IST/VIH/SIDA, nous allons par conséquent,
voir dans un premier temps, si les connaissances en rapport avec les risques
d'IST/VIH/SIDA sont disponibles chez la population enquêtée, et
ensuite, nous verrons si les comportements sexuels sont à risques ou
non.
Par conséquent, une partie de nos recherches sera
consacrée à vérifier si ces comportements sont à
risques ou non par les indicateurs que nous allons formuler et qui nous
serviront dans l'enquête de terrain.
Ensuite, il s'agira de voir si les connaissances des risques
encourus par les élèves sexuellement actifs sont
vérifiées dans la réalité. Et si tel est le cas,
l'étude sera ensuite orientée vers la mesure de l'influence des
connaissances des risques sur les comportements sexuels des
élèves.
Pour atteindre cet objectif, un certain nombre d'étapes
intermédiaires doit être franchi. Ces étapes consistent
à :
· Mesurer l'influence du milieu scolaire où
évolue cette cible de jeunes scolarisés sur leurs comportements
sexuels.
· Voir si les comportements sexuels sont des
comportements à risques d'IST/VIH/SIDA.
· Voir le niveau de connaissances des
élèves sexuellement actifs sur la sexualité et les risques
d'infection à VIH/SIDA, d'IST et de grossesses précoces.
· Mesurer l'influence des perceptions du risque des
élèves sexuellement actifs sur leurs comportements sexuels.
I-4 Les hypothèses de
recherche
· Les connaissances et les perceptions des risques
liées à la sexualité et à l'infection à
VIH/SIDA des élèves ont une influence sur leurs comportements
sexuels.
· Le milieu scolaire favorise un cadre où
s'épanouit la sexualité des jeunes.
· Le cadre scolaire a une influence sur l'accès
précoce à la vie sexuelle des jeunes.
· Le besoin de découverte de la sexualité
et la recherche du plaisir sont les raisons décisives qui justifient
l'entrée dans la vie sexuelle de ces jeunes scolarisés.
Comportements sexuels
Concepts
HYPOTHESE I
Grossesses non désirées
ou non
Comportements sexuels à moindres risques
Risques immédiats
Risques ultérieurs
Infection
à VIH/SIDA
Infection d'IST
Perte de virginité
Multipartenariat
Rapports sexuels non protégés
Rapports sexuels à risques
Abstinence
Fidélité
mutuelle
Préservatif
SOURCE : Ndèye Amy NIANG,
Modèle adopté d'aprés R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans
Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.
Indicateurs
Dimensions
Connaissance des risques liés à la
sexualité
![]()
Comportements sexuels à moindres risques
CONCEPTS
HYPOTHESE II
Comportements sexuels
Connaissance des risques liés au VIH
Connaissance des modes d'infection
Connaissance des moyens de prévention
Transmission sexuelle
Abstinence
Fidélité mutuelle
Préservatif
Transmission mère-enfant
Transmission sanguine
Multipartenariat
Rapports sexuels non protégés
Rapports sexuels à risques
Abstinence
Fidélité
mutuelle
Préservatif
SOURCE : Ndèye Amy NIANG,
Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans
Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.
Indicateurs
Dimensions
![]()
Indicateur I :
Clubs Education à la Vie Familiale (EVF)
Indicateur III :
Cours en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT)
Indicateur II :
Cours d'Economie
Familiale
Indicateur I :
Les pairs éducateurs
Indicateur III :
Accès facile aux médias (TV, radios,
journaux)
Indicateur II :
Accès facile aux TICs à l'école (Salle
informatique) dans les quartiers (Cyber-cafés)
SOURCE : Ndèye Amy NIANG,
Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans
Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.
Dimension I :
Education Sexuelle Formelle
Dimension II : Education
Sexuelle non formelle
CONCEPT III : Milieu Scolaire
Dimensions
Indicateurs
HYPOTHESE III
![]()
Indicateur I :
Curiosité
Indicateur I : récompense
matérielle
Indicateur II :
Recherche de l'inconnu
Indicateur II :
Rétribution financière
Indicateur II :
Plaisir du partenaire
Indicateur I :
Plaisir égoïste
SOURCE : Ndèye Amy NIANG,
Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans
Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.
Dimension I :
Découverte
Dimension III :
plaisir
CONCEPT IV : ENTREE DANS LA VIE
SEXUELLE
HYPOTHESE IV
Dimension II :
Intérêt financier et économique
![]()
I-5 Modèle
théorique
Les relations sexuelles préconjugales des jeunes sont
toujours motivées. Ces motivations sont multiples et diverses d'un jeune
à un autre et d'un lieu culturel à un autre. Elles peuvent
être d'ordre social, psychosocial, financier, ou matériel. Nous
allons tenter de voir les différentes théories et leur fondement
pour voir de prés les véritables motivations des comportements
sexuels des jeunes.
La première théorie intitulée
théorie biologique soutient l'idée que
l'activité sexuelle des jeunes résulte d'un mécanisme
purement biologique, donc naturel. Freud l'un des auteurs de cette approche
postule que « les types de comportements sexuels sont le
résultat d'un vif désir sexuel »42(*). Selon lui, la motivation
de l'activité sexuelle trouverait son explication dans les pulsions
biologiques que l'individu chercherait à assouvir à n'importe
quel prix. Des auteurs comme Bancroft et Skakkebaek, inspirés des
travaux de Freud, ont montré que l'activité sexuelle est
déterminée par un mécanisme hormonal, naturel, donc
biologique.
Ces résultats davantage développés dans
les travaux de Beach, ont montré en 1974 que l'activité sexuelle
augmente avec le niveau des hormones à l'adolescence. Cette approche n'a
pas fait long feu, car les sociologues lui ont reproché de
« désocialiser » en grande partie l'activité
sexuelle. En effet, celle-ci n'est pas seulement une réalité
naturelle mais aussi une réalité culturelle, sociale. Pour
preuve, elle se manifeste différemment d'un groupe à un autre.
Elle n'est donc pas l'expression de la seule nature mais relève aussi du
culturel.
Cette approche ne nous éclaire pas dans nos objectifs
mais dans la seule explication qui justifie les motivations de
l'activité sexuelle humaine, encore que cette explication ne soit pas
très pertinente.
N'existant pas jusqu'ici de théorie institutionnelle,
nous nous proposons d'utiliser l'appellation approche
institutionnelle qui nous semble plus adéquate.
Cette approche repose sur la prise en compte des interventions
de divers organismes étatiques ou non dans les études sur la
sexualité et les comportements sexuels à risques.
Elle est basée sur l'idée que l'environnement
institutionnel en matière d'activité sexuelle aurait une
influence certaine sur les comportements sexuels des jeunes. Il s'agit de
déterminer la manière dont les institutions politiques
gèrent les questions relatives à la sexualité ainsi que
les stratégies qu'elles mettent en oeuvre pour faire face aux IST/SIDA.
Cette approche accorde une grande importance aux politiques, aux programmes et
aux lois en matière de sexualité relatifs aux comportements
sexuels. « Elle suppose que les facteurs institutionnels,
c'est-à-dire les lois, les programmes et services en faveur des jeunes
puissent influer sur l'activité sexuelle des jeunes ainsi que sur leurs
comportements sexuels à risque ».43(*)
Cependant, cette approche ne nous permet pas
véritablement d'interpréter et de conduire une analyse pertinente
de la sexualité des jeunes scolarisées. Les lois en vigueur dans
notre république n'interdisent pas des rapports sexuels, ni pour les
personnes de leur âge, ni pour celles des autres tranches d'âge. Et
il n'existe pour ainsi dire, pas de loi qui interdise des rapports sexuels
à haut ou à moindres risques. Les seules contraintes pour ces
jeunes vis-à-vis de leur sexualité restent leurs familles ou
leurs tuteurs, peut être aussi leurs professeurs et on imagine que
lorsque ces jeunes s'adonnent à leurs activités sexuelles, ils le
font à l'écart de toute personne susceptible de s'y opposer.
De plus, lorsque les institutions politiques mettent en oeuvre
des stratégies pour toucher ces jeunes par rapport aux questions
relatives à la sexualité et aux IST/SIDA, la distance qu'il y a
entre la sensibilisation et l'adoption de comportements conséquents par
les cibles peut être grande. Nous verrons cela avec les résultats
de nos enquêtes dans les parties suivantes.
La théorie du capital social
développée par Coleman, J.S, postule que les comportements des
individus se situent dans un contexte social donné. Ce contexte renvoie
au capital financier, humain, et au cadre social.
Le capital financier ou économique se
réfère aux possibilités (richesse) financières,
mais aussi matérielles, c'est - à- dire à la
capacité d'un ménage à assurer un bel encadrement aux
enfants à travers la satisfaction de leurs besoins.
Le cadre humain concerne les caractères socio culturels
(niveau d'instruction, profession, religion, ethnie, système de
filiation etc.) des parents ou du chef de ménage.
Le cadre social se réfère aux caractères
démographiques du ménage : structure et taille du
ménage.
Cette théorie permet d'identifier les facteurs
familiaux de la sexualité des jeunes. Le milieu social joue un certain
rôle dans la pratique de l'activité sexuelle. Les jeunes des
ménages socio démographiques à moyens limités
semblent plus s'adonner à la sexualité préconjugale.
Il est reproché à cette théorie du
capital social le fait d'expliquer la sexualité à travers le seul
contexte familial sans tenir compte de la personnalité de l'individu.
La théorie socio-culturelle se fonde
sur l'idée que l'activité sexuelle fait partie intégrante
du social, cela veut dire qu'elle ne peut être
« désocialisée » comme on l'a vu
précédemment. Selon M. Foucault,
« l'activité sexuelle accorde un rôle central
à la construction sociale et culturelle sans laquelle aucun désir
ne peut apparaître et s'exprimer »44(*). Ainsi selon l'auteur, les
comportements sexuels sont également déterminés par les
normes et les valeurs socioculturelles en matière de sexualité,
l'ensemble de ces normes et valeurs déterminant les circonstances dans
lesquelles a lieu l'activité sexuelle.
Dans la société traditionnelle, le
développement des jeunes se fait à l'intérieur de la
structure familiale. Toute leur éducation et leur apprentissage à
la vie sont assurés par les aînés ou leurs parents. Dans
ce contexte, le contrôle social est serré et strict.
« Dés l'âge de la puberté, l'adolescent
était inséré dans un réseau de relations avec les
membres de la communauté et ces derniers exerçaient une certaine
pression sur lui. De ce fait, il y'avait une sorte de régulation qui
permettait de contrôler de prés la sexualité des
adolescents des deux sexes et les conseils donnés aux uns et aux autres
dans la prise en charge de leur sexualité n'étaient pas les
mêmes ». 45(*)
Dans les sociétés modernes par contre,
l'éducation des jeunes se fait dans plusieurs espaces, notamment entre
la famille et l'école, qui se trouve être le second lieu de
socialisation de l'individu de notre époque. Néanmoins les
valeurs enseignées à l'école ne sont pas toujours le
prolongement de ce que l'enfant contracte dans le cercle familial.
L'école où l'enfant passe plus de temps, enseigne des valeurs de
liberté, des droits des enfants, de scolarisation et de
démocratie qui donnent à cet enfant l'occasion de faire face
à l'autorité parentale, d'autant plus que cette autorité a
tendance à se relâcher par le fait que les parents passent de
moins en moins de temps avec leur progéniture. Du coup, on assiste
à ce que les philosophes appellent « l'effondrement des
valeurs traditionnelles » qui laisse la place à
l'accroissement de l'adoption des valeurs occidentales et
étrangères.
Ces jeunes adolescents profitent de cela et adoptent ainsi
leurs nouveaux comportements sexuels en direction de la satisfaction des
besoins personnels ou une gratification individuelle. La disparition de
l'exigence de virginité de la jeune fille dans les
sociétés où elle était jusqu'ici une condition pour
le mariage est une des preuves du relâchement de la morale sexuelle
traditionnelle.
Les auteurs rejettent les conceptions de la sexualité
qui se fondent sur l'intervention des hormones qui selon eux, n'interviennent
que dans la croissance et la maturité des organes sexuelles.
Cette approche est intéressante et très
pertinente du fait qu'elle convoque le cadre scolaire, espace où
évoluent le plus souvent ensemble les jeunes scolarisés. En
effet, elle nous décrit le vécu des ces jeunes et la situation
à la fois complémentaire et contradictoire dans laquelle ils
évoluent en ce sens que la maison familiale et l'école
présentent des similitudes et des différences dans les valeurs
qu'elles diffusent, ce qui est un élément fort important pour
l'explication des conduites sexuelles des élèves. Dans cette
perspective, nous allons asseoir notre problématisation sur cette
théorie car elle décrit le cadre dans lequel évoluent les
élèves, cadre qui favorise à nos yeux,
l'épanouissement de leur sexualité. Mais cela se fera de
manière partielle, car la théorie présente des limites
à notre analyse.
En effet, elle ne nous renseigne pas sur les activités
sexuelles et sur les nombreuses interrogations soulevées par l'infection
par le VIH/SIDA.
En fait, notre analyse apparaît sous plusieurs
dimensions c'est-à-dire que la question de la sexualité des
jeunes soulève aussi la question de la précocité des
rapports sexuels, la question des IST, des comportements sexuels, de
l'infection à VIH/SIDA, et des connaissances et perceptions relatives
à cette infection sans oublier l'impact du milieu scolaire sur toutes
ces questions. Par conséquent, il nous faudrait une théorie plus
cohérente dans le meilleur des cas, ou alors qui fasse l'ensemble des
dimensions de la question de la sexualité qui sont rattachées
à ce cadre (milieu scolaire), afin de servir de complément
à cette première théorie.
Par conséquent, dans une optique additionnelle, nous
allons convoquer la théorie des stratégies rationnelles
et voir dans quelle mesure, elle nous aide à éclairer
sur les réelles motivations de la sexualité des jeunes en milieu
scolaire.
Cette théorie qui postule en rapport avec la
sexualité, qu'un rapport sexuel est un acte bien réfléchi
et motivé par un intérêt économique (matériel
ou financier) ou social (besoin du mariage notamment), distingue deux
catégories de jeunes par rapport aux motivations pouvant justifier les
relations sexuelles préconjugales.
La première catégorie concerne les jeunes qui
s'adonnent à l'activité sexuelle avec comme principale motivation
des échanges de cadeaux, d'habits ou d'argent. Certains adolescents ont
des rapports sexuels contre une gratification financière ou des cadeaux
qui leur permettent de satisfaire leurs besoins matériels et financiers.
L'activité sexuelle devient alors une stratégie de survie,
autrement dit, un moyen de se mettre à l'abri des besoins
matériels et financiers. Calves qui est l'un des auteurs de cette
théorie affirme après ses enquêtes qu'
« il s'agit de filles qui, dans l'incapacité de satisfaire
leurs besoins financiers, sont obligées de commercialiser leur sexe aux
hommes de situation financière aisée »46(*).
Mais les filles ne sont pas les seules à s'adonner
à ce type de relations sexuelles pour satisfaire leurs besoins
financiers. Les garçons sont, eux aussi, plus ou moins impliqués
dans cette activité sexuelle mercantile mais cette fois avec des femmes
plus âgées.
La deuxième catégorie comprend les jeunes qui
s'adonnent à la sexualité pour des raisons matrimoniales. Ces
jeunes sont surtout des filles et leurs activités sexuelles s'expliquent
par des préoccupations comme le mariage, la fécondité,
celles-ci étant en fait des stratégies pouvant aboutir au mariage
en guise de preuve d'amour ou de signe de fécondité.
On note cependant une troisième catégorie
même si on ne la retrouve pas dans la présente théorie,
à savoir celle des jeunes qui s'adonnent à une activité
sexuelle préconjugale pour satisfaire une certaine
curiosité : acquisition d'expérience afin de plaire plus
tard à leur conjoint. Ainsi certaines filles s'engagent dans une
activité sexuelle pour perdre leur virginité, signe d'innocence
et de naïveté, sous la pression des copines. Dans ces milieux, les
filles vierges sont vues comme des naïves, arriérées.
Cette dernière justification de la motivation des
relations sexuelles des jeunes montre en effet, que la décision d'avoir
un rapport sexuel ne peut pas se fonder uniquement sur la rationalité.
La recherche d'intérêt financier ou économique et le
mariage ne sont pas toujours les seules motivations suffisantes de la
sexualité des jeunes. « L'imitation des autres, le
besoin d'être à la mode, la curiosité, l'amour de son
partenaire mais aussi la coercition »47(*) sont autant de motifs de la
précocité de la sexualité préconjugale des
jeunes.
Cette théorie semble plus adéquate à
l'analyse que nous allons porter à l'étude que nous traitons pour
deux raisons. D'abord, parce que cette théorie s'adresse à des
jeunes en situation de célibat et qui sont donc exposés à
toutes sortes de relations préconjugales pouvant mener à des
rapports sexuels ou non. Ensuite parce qu'il s'agit de jeunes comme dans notre
thème entre 14 et 21 ans. A cette tranche d'âges
généralement, les motivations des rapports sexuels sont plus
orientées vers la recherche du plaisir, la conformité par rapport
à leurs pairs et /ou même à l'assouvissement de la
découverte de l'inconnu ou du « jamais
vécu ». A ce stade de la vie, les jeunes n'ont pas vraiment la
notion de la réalité de la vie comme leurs aînés au
point de faire de leurs besoins financiers et matériels les principales
motivations qui les poussent à des rapports sexuels préconjugaux.
C'est pourquoi, nous concevons que les seules motivations qui poussent les
jeunes de ces âges à des rapports sexuels préconjugaux sont
la curiosité, la recherche du plaisir, ou encore le besoin de faire
comme « tout le monde » dans leur entourage, c'est à
dire comme leur pairs.
En résumé, nous allons fonder notre analyse sur
les deux théories, la première, la théorie
socioculturelle qui nous offre le même cadre d'évolution que
notre population d'étude, et la seconde, la théorie des
stratégies rationnelles pour les éventuelles motivations aux
comportements sexuels que l'on retrouve chez notre population
d'étude.
I-6 Analyse
conceptuelle
I-6-1-Santé
sexuelle
La santé sexuelle à moindres risques est un
concept et non un terme technique. C'est un aspect vital d'un sujet plus vaste
qu'est la santé sexuelle et qui est présentée par l'OMS
comme « l'intégration des aspects physiques, émotionnels,
intellectuels et sociaux de l'existence sexuelle d'une façon
enrichissante, susceptible de renforcer la personnalité, la
communication et l'amour ».
Elle permet à l'individu de jouir et de contrôler
le comportement sexuel et reproductif, sans pour autant limiter le degré
de jouissance et de contrôle de l'autre.
La santé sexuelle, notamment la sexualité sans
risques est une question qui ne peut être dissociée de la
problématique du développement de l'ensemble de la
communauté.
I-6-2- Jeunesse
Définir le concept de
« jeunesse »
ou « jeune » est une tâche
difficile du fait des nombreuses significations qui leur sont accordées.
L'approche la plus commune et la plus ancienne du terme se fonde sur le
critère de l' « âge ».
Au plan international, l'âge des jeunes est fixé
par les Nations Unies entre 14 et 25 ans pendant que la ConFeGes
(Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays
d'expression française) retient la tranche d'âge15 à35 ans.
Cet âge est plus bas dans les pays occidentaux plus
développés où le jeune a entre 15 et 24 ans.
Selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) on
entend par « jeunes », la tranche d'âge qui part de
10 à 24 ans.
Dans les médias français, le mot
« jeune » est fréquemment employé comme terme
« politiquement correct » pour désigner un individu
ayant commis des actes répréhensibles, souvent dans un contexte
sensible.
Au Sénégal, on a adopté une
définition mettant en exergue le critère d'âge, dans cette
perspective, le jeune est celui qui a entre 18 et 35 ans.
Une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique
basée sur la théorie des cycles d'existence. La jeunesse vue sous
cet angle est un temps de transition, de passage marqué par des
étapes repérables conduisant à « l'âge
adulte ».
Pour les besoins de cette étude, la jeunesse va
être considérée comme la tranche d'âge comprise
entre 14 et 21 ans car les élèves des classes de seconde
constituant notre cible ont dans l'ensemble des tranches d'âges
situés dans cette tranche.
I-6-3- Adolescence
L'adolescence est une phase de transition
entre l'enfance et l'âge adulte. Dans la plupart des dictionnaires,
l'adolescence est définie comme le : « processus
à travers lequel un individu fait la transition du stade de l'enfance
à celui d'adulte ». Alors que le début de
l'adolescence est associé dans la plupart des cultures au début
de la puberté, la fin de l'adolescence est rarement définie
clairement. En règle générale, l'UNICEF, l'ONUSIDA et
l'OMS définissent les personnes entre 10 et 19 ans comme des
« adolescents » et la tranche d'âge plus nombreuse
des 10 à 24 ans comme des « jeunes ».
De manière générale, le concept recouvre
plusieurs dimensions : biologique, démographique, social,
psychologique, judiciaire, économique. Il n'est par conséquent,
pas étonnant que les définitions utilisées
différent selon les approches et les chercheurs. L'absence d'une
définition univoque de ce concept rend donc assez difficile la
détermination d'une période stable de la vie à laquelle
s'appliquerait l'adolescence.
Dans tous les cas, les âges de l'adolescence varient
d'une culture à une autre.
I-6-4 Comportement
sexuel
Il peut être entendu comme l'ensemble des façons
et des modes de faire et de vivre la sexualité d'un groupe particulier.
Ainsi, il vise un double objectif : d'abord la satisfaction d'un instinct,
d'une pulsion biologique indispensable à la perpétuité de
l'espèce humaine et ensuite la recherche du plaisir à travers les
organes sensoriels.
Mais aujourd'hui, ce concept ne se limite plus seulement
à la reproduction ou aux rapports sexuels comme sous entendu plus haut,
mais il peut être élargi de nos jours lorsqu'on entend des
comportements comme faire le dépistage, quand il est question du
VIH/SIDA , utiliser ou prendre ses précautions lors des rapports
sexuels, s'informer sur les mesures à prendre lors de rapports sexuels
aussi, le « Monopartenariat» et son contraire le
« Pluripartenariat » qui consistent respectivement à
entretenir des relations sexuelles avec un seul partenaire ou au contraire
d'entretenir des relations sexuelles avec plusieurs partenaires, la liste est
longue et peut s'étendre jusqu'à opter pour l'abstinence aux
rapports sexuels qui elle, a tendance à disparaître dans nos
sociétés où pourtant cela avait un poids assez lourd .
Parmi ces deux types de comportements sexuels, on
décèle, ceux jugés à hauts risques et ceux à
moindres risques.
Est considéré comme comportement sexuel à
risques dans cette recherche, tout rapport sexuel qui se déroule sans
usage d'un préservatif, avec, un ou plusieurs partenaires
infectés ou non. Dans tous les cas, c'est un concept très facile
à cerner qui est aujourd'hui très usité par ceux qui
travaillent dans le domaine de la santé, spécialement la
santé reproductive et le VIH/SIDA.
Chapitre II - Cadre méthodologique
II-1 Délimitation du
champ
Pour aborder le thème de la sexualité des jeunes
en milieu scolaire au Sénégal, nous avons choisi comme champ
d'étude la région de Dakar, plus précisément les
départements de Dakar, Guédiawaye, et Rufisque. En effet, nous
avons exactement ciblé quatre (4) établissements
déjà cités, pour mener cette étude.
Nous avons délimité le champ de recherche
à ces quatre établissements dans le milieu scolaire avec le
consentement des autorités administratives des dits
établissements car avec une population scolarisée, il nous est
plus facile d'atteindre les cibles ; l'école se chargeant
déjà de faire le travail d'assemblage des enquêtés.
Ceci va donc faciliter la tâche qui nous incombe avec une population
aussi vaste.
II-2 Population
ciblée
Pour une étude portant sur la sexualité des
jeunes, nous avons choisi les jeunes scolarisés, donc ceux qui sont
issus principalement du milieu scolaire. Les raisons de ce choix sont multiples
et diverses. Parmi ces élèves, on retrouve aussi bien dans les
parties précédentes des élèves issus de familles
aux moyens financiers et économiques limités que le
contraire ; on retrouve aussi des élèves habitant la
banlieue de Dakar, et d'autres dans les quartiers non loin du centre ville. Par
ailleurs, ils sont de sexe confondus et sont tous dans le secondaire,
précisément en classe de Seconde et ont entre 14 et 21ans.
Pour plus de précision, la région de Dakar
où habitent ces jeunes est couverte par des dizaines de chaînes
radios FM, 5 chaînes de télévisions publiques, des
centaines de cybercafés où la connexion Internet d'une heure de
temps coûte environ 200 Francs CFA, des dizaines de quotidiens avec
d'autres possibilités d'accès à des chaînes
cryptées payantes. Cet accès massif aux médias de
communication a une forte influence sur les connaissances et les comportements
des élèves de la région de Dakar par rapport au VIH/SIDA
et à la sexualité.
II-3 Présentation
des lycées retenus pour l'enquête
II-3-1 le lycée
Blaise Diagne (LBD) et le lycée des Parcelles Assainies (LPA)
Les établissements ont été choisis en
fonction des critères spécifiques à chaque lycée ou
collège qui sont à la fois démographiques, sociologiques
ou géographiques.
LBD et LPA
Le LBD est l'un des lycées les plus
grands de la région de Dakar du fait du nombre élevé
d'élèves qu'il compte. Les 4.000 (environ) élèves
qui fréquentent ce lycée proviennent de tous les quartiers de la
capitale. L'établissement se trouve éclaté entre plusieurs
quartiers et le centre ville.
Le LPA a des effectifs qui dépassent
2500 élèves et est situé dans des quartiers de la
banlieue. Les parents ou les tuteurs des élèves de ces 2
établissements sont pour la plupart issus de couches sociales moyennes
(employés du secteur informel ou agent de l'Etat ou
commerçants).
II-3-2 Le lycée
Moderne de Rufisque (LMR)
Le LMR est un établissement qui fait partie des
établissements choisis avec un effectif qui dépasse 1000
élèves. De par sa situation géographique, il est assez
éloigné des autres sites, car il se situe à plus de 20 km
des autres établissements choisis. Cette distance permet de minimiser
l'effet d'influence du fait d'un possible contact entre les
élèves de l'établissement et ceux des autres durant la
réalisation de l'enquête. A ce titre, il faut signaler que le LMR
est un lycée témoin dans le projet qui est en train de se
dérouler, et il est censé permettre de mesurer l'impact du
projet en cours. Dans ce cas de figure, il a été
décidé qu'il ne bénéficiera d'aucune intervention
du projet. Il va permettre pat ailleurs de comparer les résultats entre
les trois établissements d'intervention du projet.bbb
Un autre critère est la composition sociologique des
élèves dont les parents appartiennent à
différentes catégories sociales et professionnelles :
paysans, fonctionnaires, commerçants employés du secteur informel
et du secteur privé.
II-3-3 Le Collège
Sacré-Coeur (CSC)
Le CSC qui a des effectifs qui dépassent 1500
élèves se singularise par son statut d'établissement
privé catholique. Au regard du coût global des frais de
scolarisation par année, on peut dire que les élèves sont
issus de couches sociales moyennes ou aisées. L'établissement est
entouré par des quartiers où résident des fonctionnaires
ou des employés du secteur privé (Banque, Commerce ou
services).
Les critères de choix de ces établissements
montrent que les élèves ont des parents qui appartiennent
à différentes catégories sociales et professionnelles et
par conséquent, sont représentatifs des autres
élèves du Sénégal dont les parents appartiennent
aussi à ces mêmes catégories sociales.
II- 4 Cadre de
l'étude
L'étude en question a été menée
auprès des jeunes issus du milieu scolaire, principalement de quatre
établissements secondaires, de la région de Dakar. Elle pose la
problématique de la sexualité des jeunes lycéens avec ses
corollaires comme les IST, les grossesses précoces, le VIH/SIDA
principalement, et par conséquent, l'usage des services du
dépistage volontaire.
Elle met aussi en évidence l'influence du milieu
scolaire sur le niveau de connaissance des élèves à propos
des risques qu'ils encourent par rapport à leur sexualité, leurs
appréhensions, leurs comportements sexuels et leurs perceptions face
à la sexualité. Autrement dit, elle s'intéresse non
seulement aux comportements sexuels des jeunes en milieu scolaire mais aussi,
au niveau de connaissances de ces jeunes par rapport à l'infection du
VIH /SIDA et à l'impact de ces connaissances sur ces comportements
sexuels.
Les élèves ciblés sont ceux issus des
classes de seconde des quatre (4) établissements suivants à
savoir : le Lycée blaise Diagne, le Lycée Moderne de
Rufisque, le Lycée des Parcelles Assainies, et le collège
Sacré -coeur. Ces lycées ont la particularité d'être
les lycées mixtes où l'on retrouve des élèves de
différents sexes. Ces lycées offrent donc un cadre
approprié où l'on peut étudier la sexualité car ils
proposent déjà une proximité des sexes propice à
une évolution et à une évaluation de la sexualité.
Aussi, avons nous choisi le cadre scolaire parce que les
jeunes issus de ce milieu sont plus exposés aux risques de la
sexualité, et cela pour les raisons suivantes :
Ø Ces jeunes passent plus de temps à
l'école avec des groupes de pairs dont l'influence est plus forte que
celle de la famille où le contrôle social e idéologique est
assuré avec des valeurs traditionnelles.
Ø Dans le cadre familial, les jeunes ne
bénéficient pas d'une éducation sexuelle exhaustive ;
les parents n'abordant pas ouvertement le sujet de la sexualité.
Ø Ces jeunes qui n'ont encore aucune expérience
de la sexualité et qui ne disposent d'aucune éducation sexuelle
ni à l'école de manière formelle, ni à la maison,
disposent généralement d' informations inadéquates pour
vivre une sexualité sans risques et pourtant, paradoxalement, ils sont
animés par un désir pressant de connaître la
sexualité par eux-mêmes.
Ø La mixité notée dans ces
établissements favorise l'activité sexuelle de ces jeunes par le
voisinage et la disponibilité du sexe opposé.
Ø Dans le cadre de leur scolarité, ces jeunes
ont plus de possibilité que les jeunes des autres milieux d'utiliser les
TIC et les médias par le biais des cybers et des salles d'informatique
à l'école (Internet, les journaux, le cinéma) pour
côtoyer la sexualité. En cela, ils sont plus exposés aux
risques car animés par la curiosité.
De plus, les élèves des classes de seconde ont
été choisis parce qu' à ce stade de la scolarité,
les jeunes lycéens se croient plus expérimentés car ils
viennent de rejoindre le lycée, un espace, qui pour eux est
réservé aux « grandes personnes ». Ils se
croient dans ce cas, assez « grands » pour faire tout ce
qui est réservé à cet univers qu'ils viennent
d'intégrer. De plus, pour beaucoup d'élèves qui viennent
de rejoindre le lycée, c'est la première fois qu'ils partagent
les mêmes salles de classe avec des camarades du sexe opposé vu la
mixité des établissements choisis, mixité dont ils ne
jouissaient pas dans leur collège d'origine.
Ce changement peut en effet avoir des conséquences
auprès des comportements de ces jeunes qui viennent d'empocher leur
diplôme.
La ville de Dakar a été choisie pour accueillir
cette recherche car d'après les EDS Sénégal IV, les
rapports sexuels à hauts risques sont plus fréquents en milieu
urbain (9 % parmi les femmes et 50 % parmi les hommes) qu'en milieu rural
(respectivement, 4 % et 32 %).
II- 5 Echantillonnage
Dans une première enquête réalisée
grâce au projet pilote auquel nous avons participé comme
assistante de recherche, nous avons enquêté tous les
élèves en classes de seconde des quatre établissements
cibles. Officiellement, le nombre total des élèves à
interroger était au nombre de 2603 dont 1535 garçons et 1064
filles, avec les absences notées les jours de l'enquête, nous nous
sommes retrouvé avec 2174 enquêtés, dont 1230
garçons et 944 filles. .
Pour notre travail de mémoire, nous avons choisi de
travailler avec les élèves présents les jours de
l'enquête, et qui avaient déjà eu des rapports sexuels,
donc des élèves sexuellement actifs. Les premières
enquêtes ont révélé que ces élèves
sexuellement actifs étaient au nombre de 454 dont 400 garçons et
54 filles. Nous avons donc tiré les questionnaires de ces
élèves et en avons fait notre objet d'étude. Pour plus de
précision, notons qu'à l'issue de ce tirage, nous avons eu un
nombre de garçons sexuellement actifs plus élevé que
celui des filles.
Pour ce qui est des focus groups, nous n'avons pas
eu cette possibilité car il est pratiquement impossible de recenser
physiquement les élèves qui ont eu des rapports sexuels .Vu cette
difficulté, nous avons donc pris les élèves volontaires
parmi ceux qui étaient présents le jour de l'administration du
questionnaire pour constituer les groupes de discussions.120
élèves ont été retenus à cet effet, à
raison de 3 groupes de 10 élèves par établissement.
II-6 Techniques
d'investigation
II-6 -1 Enquête
quantitative : le questionnaire
Nous avons procédé à l'élaboration
d'un questionnaire et au pré-test de celui-ci au Lycée Seydina
Limamoulaye. Suite au pré-test, nous avons introduit de nouvelles
questions et reformulé les questions qui semblaient confuses aux yeux
des élèves. Nous avons ensuite codifié les
réponses, distribué dans les classes les questionnaires aux
élèves qui étaient chargés de le remplir (auto
administration), et avons ensuite procédé au ramassage.
Enfin, par la suite, nous avons élaboré le
masque de saisie sur le programme Sphinx, supervisé la saisie
effectuée par les agents de saisie recrutés à cet effet,
corrigé les erreurs de saisie et enfin supervisé la
correction.
A l'aide du statisticien, nous avons transféré
les données saisies sur Sphinx vers SPSS 12.0. Ensuite nous avons
procédé à la sortie des fréquences concernant les
élèves qui ont déclaré avoir eu un (1) ou des
rapports sexuels. Nous avons croisé les variables concernant les
élèves avec les autres variables pertinentes en rapport avec
leurs comportements sexuels et la prévention du VIH/SIDA.
Le questionnaire a été articulé autour
des thèmes suivants :
· Les caractéristiques socio démographiques
des élèves.
· Les conditions socio économiques des
élèves ;
· Les connaissances des risques liés à la
sexualité et au VIH/SIDA.
· Les connaissances des services de dépistage et
de son utilisation.
· L'utilisation du préservatif pendant les
rapports sexuels.
· Le multipartenariat et le renouvellement des rapports
sexuels.
Nous avons jugé utile de cumuler deux types
d'enquêtes, une quantitative et une autre qualitative, afin d'enrichir
les données des résultats et de combler le vide des questions
qu'on aurait omis ou qu'on n'aurait pas pu poser par le biais du
questionnaire.
II-6 -2 Enquête
qualitative : le focus group
Pour cette étape d'enquête qualitative, la
procédure qui a été utilisée est celle du guide
d'entretien pour animer les discussions de groupe ou, en termes plus
adéquats, les focus groups.
Dans un premier temps, nous avons procédé au
pré-test du guide d'entretien après son élaboration.
Contrairement au questionnaire qui a nécessité une correction et
une reformulation des questions, le guide d'entretien était
plutôt bien compris par les élèves et donc il n'y a pas eu
de correction d'autant plus que les réponses recueillies nous menaient
à nos objectifs.
Après l'administration du guide d'entretien, nous avons
procédé à la traduction des cassettes car nous avons
autorisé les enquêtés à s'exprimer dans la langue
de leur choix à savoir, le français et le wolof, cela, pour
éviter d'avoir des biais dans les informations fournies par les
élèves. Pour ce faire, nous avons dû corriger le style.
Ensuite, nous avons analysé le contenu des réponses par rapport
aux thèmes du questionnaire.
Le guide d'entretien a été articulé
autour des items suivants :
· Les connaissances en rapport avec les signes de
séropositivité ;
· Les connaissances des symptômes que
présente un séropositif ;
· Les modes d'infection du VIH /SIDA ;
· Les modes de prévention du
VIH /SIDA ;
· La nécessité du dépistage (les
avantages).
II-7 Enquête de
terrain
II-7-1 Pré test des
questionnaires et des guides d'entretien
Avant d'entamer l'enquête de terrain, nous avons d'abord
procédé à un pré-test des techniques choisies sur
le terrain
Ce pré-test a été opéré
auprès de personnes répondant aux mêmes
caractéristiques de notre population à l'étude.
Pour ce qui est des questionnaires, nous sommes allé
dans un lycée non loin de notre cadre physique d'étude du nom de
Seydina Limamoulaye sis à Guédiawaye. Nous avons
interrogé tous les élèves en classe de seconde avec le
questionnaire.
Pour ce qui est des du focus groups, nous avons
choisi un autre établissement privé du nom de Oméga non
loin du lycée des Parcelles Assainies où nous avons choisi quatre
(4) groupes de dix (10) élèves chacun, tous choisis au
hasard.
Cette étape a été pertinente, car elle
nous a permit de procéder à des réajustements tant au
niveau de la reformulation des questions ou des thèmes qu'au niveau de
leur ordre.
Les prés-tests avaient pour but de vérifier si
les réponses aux questions posées dans le questionnaire et dans
le guide d'entretien étaient objectives, claires, bien comprises des
enquêtés et enfin si ces questions répondent bien aux
objectifs de l'enquête. Ils vérifient donc si les questions sont
à la hauteur des attentes espérées par le chercheur.
II-7-2 Enquête
proprement dite
Cette étape très importante pour le travail de
terrain consiste théoriquement à l'administration des techniques
utilisées pour le recueil des informations nécessaires à
savoir l'administration des questionnaires et la réalisation des guides
d'entretien. Pour ce faire, nous avons fréquenté nos quatre
établissements cibles et à chaque fois, il nous fallait
auparavant passer par les autorités administratives respectives avant de
rentrer dans les salles de classe et d'interroger nos enquêtés. Il
faut dire que nous avons bénéficié d'une certaine aide
notamment l'appui des points focaux du projet dans les différents
établissements. Ceci nous a beaucoup aidé surtout quand il
était question de nous entretenir avec les autorités
administratives des lycées.
Après ces autorités administratives, on nous
mettait en rapport avec un (e) surveillant (e) des classes de seconde qui se
chargeaient de nous indiquer parfois même de nous présenter la
classe disponible. Ceci a vivement facilité notre travail auprès
des élèves mais aussi auprès des professeurs qui
étaient tenus de nous céder la classe pendant une heure ou
plus.
L'enquête de terrain s'est déroulée en
quatre phases successives puisqu'il est question de quatre
établissements, chacune avec deux étapes majeures à savoir
l'enquête quantitative et l'enquête qualitative. Elle a
commencé au mois de Mars pour finir au mois Mai 2008, elle a donc
duré trois mois. La première étape consiste en
l'administration des questionnaires, et la seconde à la
réalisation des focus groups.
Pour commencer, nous avons été au lycée
des Parcelles assainies, ensuite au Collège Sacré-Coeur, au
Lycée Blaise Diagne et enfin pour finir, nous avons été au
Lycée Moderne de Rufisque. Pour ces premières visites dans chaque
établissement, nous avons procédé à
l'administration des questionnaires.
Pour ce qui est des questionnaires, nous avons opté
pour une auto administration, donc les élèves ont remplis
eux-mêmes les questionnaires. A cet effet, nous avons tenu à ce
que cette auto administration se fasse de la manière la plus
individuelle possible pour éviter que les enquêtés ne
s'influencent entre eux dans les réponses, vu que la plupart des
questions sont « sensibles » et
« intimes ». La présence des professeurs dans
certaines classes était nécessaire pour veiller à la
tranquillité même de la classe vu que certains
élèves profitaient de l'enquête pour perturber leurs
camarades. Ces premières visites concernent l'administration des
questionnaires.
En ce qui concerne la réalisation des focus
groups ou guides d'entretien, au moment des secondes visites, la
procédure était moins lourde car nous nous étions
déjà familiarisée avec les enquêtés et donc
n'avions plus besoin de repasser par la direction pour nos entretiens.
Néanmoins, nous étions secondée dans cette étape
par un des enquêteurs du projet, chargé de prendre des notes tout
le long des discussions, pendant que nous l'animions.
Comme pour les questionnaires, nous avons
procédé, établissement par établissement :
d'abord le lycée des Parcelles Assainies, ensuite le Collège
Sacré - Coeur, le Lycée Blaise Diagne et le Lycée Moderne
de Rufisque.
En ce qui concerne le choix des élèves pour la
constitution des groupes d'entretien, nous avons pris les élèves
disponibles et volontaires, présents les jours de l'administration du
questionnaire jusqu'à avoir le nombre convenable pour un focus groupe
(12 élèves). Tout ce qu'il nous fallait de plus, c'était
nous trouver une salle disponible loin des bruits pour éviter de trop
charger l'enregistrement.
II-7-4 Traitement des
données
Sphinx 2000 et Spss
12.0
Après la correction du questionnaire par le pré
- test, nous avons introduit ce dernier dans un logiciel de traitement et
d'exploitation de données dénommé Sphinx. Grâce
à celui-ci, nous avons pu coder chaque question et cela nous a
facilitée grandement l'exploitation des données recueillies sur
le terrain.
Pour ce qui est de l'analyse, nous avions besoin de dresser
des tableaux, certains visant à croiser deux (2) ou trois (3) variables.
Etant donné que cette opération est impossible avec le logiciel
Sphinx, nous avons finalement opté pour un autre logiciel avec les
mêmes dispositions que le premier, du nom de SPSS 12.0. Nous avons pu
faire cela grâce à l'aide d'un statisticien qui nous a
conseillée de transférer toutes les données vers cet autre
logiciel et c'est suite à cette opération que nous avons pu
procéder à l'analyse des résultats de l'enquête.
Nous avons interprété des tableaux simples, des tris à
plats mais surtout des tris croisés qui sont plus pertinents quand il
est question d'appréhender un phénomène social, les tris
à plats nous offrant juste une lecture de la réalité.
Analyse de contenu
Après la réalisation des entretiens par le
Focus Group, nous avons fait recours à l'analyse de contenu
pour exploiter les informations recueillies.
Pour ce faire, nous avons d'abord procédé
à la dactylographie des données fournies par les
interviewés et à la traduction en français des
enregistrements des discussions de groupe. Ensuite, nous avons
procédé à la correction du style des traductions puis,
à l'analyse des données selon la méthode de l'analyse de
contenu.
Nous avons analysé les réponses des
interviewés et l'ensemble des données collectées avec les
techniques utilisées, cela, combiné avec les données
tirées de la revue de la littérature existante, a servi dans la
présentation des résultats.
II-8 Limites de la
recherche et difficultés rencontrées
Dans toute production, scientifique ou non, l'auteur est
confronté à des limites ou au moins une difficulté qui
rendent ainsi sa tâche difficile.
Pour ce travail-ci que nous avons effectué, nous avons
rencontré des contraintes de plusieurs ordres.
D'abord pour ce qui est des limites, l'anonymat exigé
par les commanditaires du projet en rapport avec l'association des chiffres
relatifs aux noms des établissements ciblés et les questions sur
la sexualité des élèves constitue la première
limite de notre travail de recherche. Cette aporie est telle que nous sommes
dans l'impossibilité d'associer les résultats de l'enquête
aux noms des établissements respectifs. Par conséquent, les
chiffres qui seront donnés à l'issu de cette enquête
seront généraux et seront aussi analysés dans cette
optique. De même, il est aussi impossible de comparer les
établissements du point de vue socio économique car cela ferait
sortir les disparités qui existent entre les écoles sur les
comportements sexuels.
Ensuite, nous avons eu un nombre élevé de
« Non réponse » dans les réponses
données par les élèves. De fait, il faut rappeler que nous
avons opté pour ce qui est du remplissage des questionnaires à
une auto administration ou en d'autres termes d'une administration directe par
les élèves eux-mêmes. Vu l'intimité de la plupart
des questions, il nous aurait été impossible d'avoir les
réponses si nous nous étions occupé d'une administration
indirecte (faite par nous même). En fait, les « Non
réponse » constitue une des nombreuses limites auxquelles sont
confrontés les chercheurs qui optent pour une administration directe.
Pour ce qui est des difficultés de cette recherche, la
première a résidé dans le cadre pratique : la
disponibilité des salles de classes et dans certains cas, celle de la
classe elle-même. Certains professeurs ont jugé notre
présence superflue et n'ont pas voulu nous céder la classe pour
la réalisation des enquêtes, prétextant qu'ils avaient un
programme à achever avec les élèves, vu que le temps leur
était compté. Dans d'autres cas, si nous avions une classe
disponible, c'est la salle où nous devions administrer le questionnaire
ou procéder au focus group qui nous faisait défaut. Parfois nous
étions obligée de recourir à la surveillante pour que ces
professeurs fassent preuve de compréhension et de patience.
L'autre contrainte à laquelle nous avons
été confrontée a résidé dans le comportement
de certains élèves durant l'auto administration .Vu leur
âge, il est compréhensible que certains parmi eux profitent de
l'enquête pour faire du chahut scolaire dans la salle afin d'attirer
l'attention de leurs camarades, ou même la nôtre. Toutefois, nous
avons su positiver en gardant notre calme et avons pu surmonter tout cela
sans trop de dommages.
Une autre contrainte, mais cette fois ci plus surmontable a
été que les élèves nous ont pris pour des
spécialistes en maladies infectieuses, et du coup certains n'ont pas
hésité à nous interpeller par rapport à des
questions liées au VIH/SIDA. Parmi ces questions, on trouvait certaines
que nous ne maîtrisions pas et dans ces cas là, nous les
exhortions à prendre le numéro du consultant du projet pour avoir
des réponses plus fiables.
Dans le déroulement de l'enquête aussi, nous
avons déceler une certaine limite liée à la
présence des enseignants dans les salles de classe. Cette
présence n'a objectivement aucune incidence sur l'enquête d'autant
plus que le professeur était généralement assis
prés de son bureau et n'était pas impliqué dans le
déroulement. Mais, subjectivement, la présence de l'enseignant,
qui est une source de garantie de l'ordre et de la discipline a crée un
climat auquel les élèves interviewés étaient
soumis. Cette situation a crispé certains élèves, qui
malgré les garanties de l'anonymat, se demanderont sûrement si
l'enseignant ne verra pas les réponses, surtout celles qui portent sur
les rapports sexuels. Néanmoins cela nous a quelques fois aidée
à calmer certains élèves qui s'entêtaient à
faire du bruit dans la salle.
Par ailleurs, certains élèves ont pensé
que le remplissage était collectif et n'hésitaient pas à
se consulter entre eux pour répondre aux questions posées. Pour
faire face à cela, nous avons dû faire les gendarmes à
savoir leur soumettre une surveillance constante afin d'éviter
d'éventuelles influences.
Certains élèves ont omis de préciser leur
sexe ou dans d'autres cas, leur situation matrimoniale ou l'âge et vu le
nombre et l'anonymat des questionnaires, nous avons dû procéder de
manière spécifique. Pour palier à cette difficulté
(variable sexe), il nous a fallu vérifier les questions qui sont
liées au genre dans le questionnaire et nous nous sommes appuyé
sur cela. En effet, des questions comme « avez-vous
demandé le port du préservatif à votre partenaire pendant
les rapports sexuels ? », avec des modalités comme
« le garçon a refusé » ou « le
garçon a accepté » nous ont permis de corriger ces
imperfections liées à l'auto administration.
Pour ce qui est de la variable
« âge », nous n'avions pas d'autre choix que de
cocher nous même la moyenne pour avoir le chiffre exhaustif,
heureusement ces cas n'étaient pas nombreux.
Une autre difficulté a aussi résidé dans
l'inattention de certains élèves. Certaines questions
nécessitaient des précisions mentionnées en bas de la
question comme « réponse unique » ou
« réponses multiples », et dans tous les cas, la
machine respectait ces indications. Parfois, nous avions plusieurs
réponses pour une question à réponse unique et la
programme de saisie Sphinx qui est utilisé à cet effet,
n'enregistre pas de réponses multiples quand il s'agit d'une question
à réponse unique. C'est pourquoi, nous avons choisi la
première réponse donnée par l'élève en cas
de réponses multiples quand il est question d'une seule
réponse.
En dépit de ces contraintes, nous sommes parvenue
à avoir toutes les informations nécessaires afin de mener
à bien notre étude.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION DU SENEGAL ET CONTEXTE DU VIH/SIDA
Deuxième partie : présentation du
Sénégal et contexte du VIH/SIDA
Chapitre I :
Présentation du Sénégal
Le Sénégal est situé dans la partie
occidentale du continent africain dans la zone soudano- sahélienne.
D'une superficie de 196.722Km², il est borné au nord par la
République Islamique de Mauritanie, à l'Est par le Mali, au Sud
par la République de Guinée et la Guinée -Bissau, et
à l'ouest, il est ouvert sur l'océan Atlantique avec 700 km de
côtes.
Sur le plan administratif, le Sénégal est
subdivisé en onze (11) régions comportant chacune trois (3)
départements, à l'exception de Dakar qui en compte quatre (4),
soit trente quatre (34) départements sur l'ensemble du territoire
national. Ces départements sont subdivisés en communes (64) et
arrondissements (au moins 100). Les principaux groupes ethniques sont :
les Wolofs, les Puulars, les Serers, les Diolas, et les Mandingues. La
population du Sénégal est essentiellement musulmane (90%), on y
trouve aussi des chrétiens (8%) et d'autres religions.
En 2005, la population sénégalaise était
estimée à 11 126 832 habitants avec une espérance de vie
à la naissance de 55,7 ans (HDR UNDP 2005) et un PIB de 3.874 Milliards
de FCFA en 2004. La population est très jeune avec 55,6% de moins de 20
ans, et prés de 64% âgée de moins de 25 ans. Les femmes
représentent 52% de la population globale. La population s'accroît
au rythme de 2,7% par an doublant son effectif tous les 25 ans environ. Elle
est très inégalement répartie à travers le
territoire national, l'essentiel étant concentré dans la partie
occidentale du pays, dans la région de Dakar qui abrite 22,42% de la
population totale alors qu'elle ne couvre que 0,3% de la superficie nationale.
La région de Dakar enregistre ainsi une densité de population de
4 251 habitants au Km² en 2004 contre une moyenne nationale de 53
habitants au Km².
La population urbaine (résidant dans les communes)
représente 41,5% de la population globale, plaçant le
Sénégal parmi les pays les plus urbanisés d'Afrique
Sub-saharienne (DPS 2004).
La croissance économique du Sénégal s'est
maintenue sur une pente positive avec une moyenne annuelle d'environ 5% dans un
contexte d'amélioration de la gestion des finances publiques, de
maîtrise de l'inflation (moins de 2% par an) et de consolidation des
agrégats macroéconomiques fondamentaux. Cependant, les
résultats de la deuxième Enquête Sénégalaise
Auprès des Ménages (ESAM II), montrent que l'incidence de la
pauvreté reste élevée. Même si elle a baissé
de façon significative dans la période 1994-2002, la
majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Selon des chiffres officiels, l'indice de la pauvreté est tombé
de 67,9% en 1994 /1995 à 57,1% en 2001/2002, soit une
réduction de 10,8 points de pourcentage en termes absolus et de 16% en
termes relatifs.
Chapitre II : Situation
épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal
Au Sénégal, on retrouve les deux types de virus
de l'Immunodéficience Humaine; le VIH-I et le VIH-2.
Les résultats de l'EDS IV montrent qu'au niveau
national, la prévalence globale (tous sexes confondus) est de O, 7%.
Par contre on note une tendance féminine de l'infection, les femmes
avec une prévalence de 0,9% sont plus infectées que les hommes
(0,4%).
La prévalence varie en fonction de l'âge et du
sexe dans la tranche d'âge 15-19 ans, le taux d'infection est plus
élevé chez les femmes (0,2%) que chez les hommes (0,1%) et
croît plus rapidement. Les écarts de prévalence sont plus
grands à 20 - 29 ans. C'est dans cette tranche d'âge que les
femmes ont des taux plus élevés que les hommes. De plus, la
prévalence maximale est observée à 25-29 ans chez les
femmes (1,5%) et plus tard à 35-39 ans pour les hommes (O, 7%), (EDS IV,
2005).
Les résultats de la surveillance sentinelle montrent
que l'épidémie du VIH est de type concentré au
Sénégal. Elle est caractérisée par une
prévalence relativement faible dans la population générale
mais particulièrement faible dans les populations clés les plus
exposées à l'infection à VIH.
Selon le bulletin sero-épidémiologique de
surveillance du VIH paru en 2006, la prévalence moyenne du VIH chez les
femmes enceintes est de 1,7%. La prévalence du VIH chez les TS est de
20% en moyenne avec des chiffres qui peuvent aller jusqu'à 29% à
Ziguinchor.
Les premières données
épidémiologiques sur la prévalence du VIH chez les MSM
(Man having Sexe with Man) datent de 2005. Elles sont issues d'une étude
réalisée en 2004 auprès de 463 MSM à Dakar et dans
4 grandes villes du pays : Kaolack, Mbour, Saint-Louis, Thiès (Wade
et al.2005). La prévalence globale du VIH est de 21,5% chez ce groupe
avec une forte prédominance du type VIH I.
En ce qui concerne la séroprévalence par milieu
de résidence, il n'y a pas de différence significative entre le
milieu urbain et le milieu rural. Cependant la prévalence varie assez
fortement par région. Aussi bien chez les hommes que chez les femmes,
des prévalences plus fortes sont observées à Ziguinchor
(3,4% pour les femmes et O, 8% pour les hommes) et à Kolda (2 ,7%
pour les femmes et 1,1% pour les hommes). A l'inverse, on observe des taux plus
faibles à Diourbel (0,1% pour les femmes et 0,0% pour les hommes) et
à Thiès (0,4% pour les femmes et 0,3% pour les hommes), (EDS IV
,2005).
Néanmoins, « le Sénégal
compte l'uns des taux d'infection à VIH les plus bas de l'Afrique
Subsaharienne 48(*)», alors que l'Afrique continue à
détenir le record du rythme de progression de l'infection. Mais les
autorités locales ont compris que cela ne doit pas être une
raison pour baisser les bras dans le combat déjà entamé.
Tirant la leçon de la situation dans les autres pays voisins où
la prévalence a accru et a atteint des proportions inquiétantes,
elles sont conscientes du fait que c'est comme cela que cela avait
commencé et que c'est maintenant qu'il faut agir afin d'éviter
une situation pareille.
Chapitre III :
Aperçu du VIH/SIDA
Décrit pour la première fois en 1981, le SIDA
est aujourd'hui entré en l'espace de quelques années dans le
cercle des maladies infectieuses les plus redoutables et redoutées de
cette fin de millénaire.
C'est aux Etats Unis que cette maladie a été
identifiée pour la première fois et à l'époque, il
ne s'agissait que d'une infection inconnue, encore que son origine reste
jusqu'à ce jour très discutée. A ce titre, certains
scientifiques parlent d'une transmission du virus des primates à l'homme
qui se serait faite en Afrique Centrale dans les années 30 tandis que
pour d'autres, l'infection proviendrait de l'homme spécialement des
homosexuels.
Toutefois, l'ampleur que prend la maladie est de plus en plus
grande vers le mois d'Août de la même année puisque le
nombre de cas recensés augmente abruptement et l'année suivante
de son apparition, cela s'intensifie vers d'autres couches de la
société (toxicomanes, Haïtiens, travailleuses du sexe).
Cette tendance amène les médecins à abandonner des
qualificatifs comme « gay Syndrom » ou
« gay related » pour s'accorder sur l'appellation
de « AIDS » plus large et moins restrictif qui
signifie « Acquired Immuno Deficiency » Syndrome
qui veut dire en français Sida ou Syndrome d'Immunodéficience
Acquise ou encore VIH. L'impact du VIH sur le
développement, l'économie et la société a
amené les autorités internationales et nationales à le
traiter non pas comme une simple maladie mais comme un grave obstacle au
développement. La question du rythme de propagation interroge non
seulement les spécialistes mais aussi les chercheurs, les chefs de
gouvernements et les actionnaires des sociétés civiles.
Aujourd'hui le concept de SIDA est associé à des termes comme
pandémie mondiale, crise mondiale, ou épidémie.
III -1 Historique de la
lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal
La réponse à l'épidémie du VIH au
Sénégal a été précoce.
Cette réponse à l'épidémie du VIH
est marquée par le succès enregistré dans la
prévention après plus d'une dizaine d'années. Dés
le dépistage des premiers cas de Sida en 1986, les autorités ont
mis en place le Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS).
A l'époque, la lutte contre le SIDA était
coordonnée au sein du Ministère chargé de la Santé
qui avait élaboré un Programme National de Lutte contre le Sida
(PNLS). Le programme avait mis l'accent sur la prévention en
général et sur la promotion des comportements à moindres
risques telle que l'utilisation de préservatif, l'abstinence, ou la
fidélité.
Ainsi, l'utilisation du condom a connu une augmentation
importante avec la participation de la société civile dans la
promotion et la distribution grâce à l'appui des partenaires au
développement.
En 1998, le Sénégal a mis sur pied la
première initiative Gouvernementale d'accès aux
antirétroviraux (ARV) en Afrique. Celle - ci a démontré la
faisabilité et l'efficacité des traitements
antirétroviraux dans le contexte de pays comme le
Sénégal.
Après une phase pilote, la décentralisation aux
ARV a été opérée en mettant en place des
équipes compétentes au niveau des régions.
« La surveillance sentinelle
démarrée dés 1989 a permis de suivre annuellement
l'évolution de la prévalence du VIH chez les groupes cibles dont
les femmes enceintes, et a montré un niveau stable de la
prévalence du VIH chez les femmes enceintes autour de 1% et chez les
prostituées autour de 20%. »49(*)
L'appel des Chefs d'Etats à la session Spéciale
des Nations Unies sur le SIDA de 2001, les acquis tirés des deux
premières décennies du programme ont permis le renforcement du
leadership dans la lutte contre le VIH. En 2001, la coordination de la lutte
contre le VIH/SIDA jusque là sous la tutelle du Ministère de la
Santé, a été élevée au niveau de la
Primature avec la mise en place du CNLS sous la présidence du Premier
ministre. Cette réforme institutionnelle a permis de renforcer le
leadership politique, étatique et communautaire et a rendu plus
effective l'appropriation de la riposte à l'épidémie par
les autres secteurs du Gouvernement impliquant dans la mise en oeuvre les
Ministères en charge de la Jeunesse, de la Santé , des
élèves, des militaires, des femmes et des travailleurs.
IV- présentation
du projet
Ce projet pilote intitulé « Promouvoir la
réponse du milieu scolaire contre le VIH/SIDA et promotion des Droits
Humains et de la Communication », est financé par Open
Society Initiative for West Africa (OSIWA), et
commandité par le Réseau Africain de l'Education pour la
Santé (RAES) et l'Association pour la Promotion de la
Citoyenneté et du Développement (
Asprocide) qui en sont également les principaux
bénéficiaires de fonds.
L'objectif général de cette enquête est de
procéder à une évaluation pré-intervention d'un
projet d'amélioration de la réponse au VIH/SIDA en milieu
scolaire par la réduction des comportements sexuels à risques, la
promotion du dépistage volontaire, des droits humains et de
l'utilisation des techniques de l'information et de la communication. Il s'agit
dans un premier temps d'évaluer les comportements sexuels des cibles
mais aussi les connaissances relatives au VIH/SIDA et IST, disponibles afin de
pouvoir mesurer l'impact du projet qui s'étale sur une durée de
deux années successives. Concrètement, le projet en tant que tel
s'articule autour d'une formation de certaines des cibles de l'enquête,
appelées ici « des éducateurs pairs »
à travers des séminaires. A travers cette formation, ces
« éducateurs pairs » vont bénéficier
de l'encadrement de professeurs spécialisés en IST/VIH/SIDA et au
sortir de la formation, ces élèves cibles vont faire profiter de
leurs camarades dans les lycées et dans les autres écoles du
Sénégal, les informations acquises, par la sensibilisation
à travers des messages lancés dans les médias
(télévision, radio, Internet, journaux).
La méthodologie de l'évaluation repose sur la
combinaison des étapes suivantes : L'enquête quantitative avec un
questionnaire auto-administré aux élèves des classes de
seconde des établissements cibles et l'enquête qualitative avec
des discussions de groupe menées, auprès de plus de 120
élèves, à l'aide de guides d'interviews. Les
établissements cibles sont le Lycée des Parcelles Assainies, le
Lycée Blaise Diagne, le Collège Sacré-Coeur et le
Lycée Moderne de Rufisque. Le nombre d'élèves qui ont
rempli le questionnaire s'élève à 2174.
Les résultats montrent qu'un pourcentage remarquable
d'élèves a déclaré avoir eu un ou des rapports
sexuels (21,5%) et parmi ces élèves la grande majorité
sont des célibataires. Les garçons sont les plus nombreux parmi
ceux qui ont déjà eu un ou des rapports sexuels. L'utilisation du
préservatif est acceptée pendant les rapports sexuels. Toutefois,
il est inquiétant qu'un nombre de 102/251 élèves qui ont
eu un ou des rapports sexuels entre 2006-2008 (89 garçons et 13 filles)
n'aient pas demandé l'utilisation du préservatif.
Par ailleurs, ce sont les filles qui éprouvent
d'énormes difficultés, d'ordre culturel et moral, pour proposer
ou demander à leur partenaire l'utilisation du préservatif. La
notion de séropositivité est, parfois, confondue avec la
manifestation des signes du SIDA maladie. Des attitudes de tolérance, de
sympathie et de soutien sont notées vis-à-vis des personnes
infectées par le VIH/SIDA. En revanche, certains élèves
craignent de partager une structure de santé destinée aux
élèves avec un élève atteint de SIDA et la
présence d'un professeur atteint de SIDA qui dispense ses cours. Les
lieux qui offrent des services de dépistage anonyme et gratuit du
VIH/SIDA sont peu connus, 48,1% des élèves interviewés
ignorent l'existence d'un lieu de dépistage, même si la
majorité des élèves ont émis le souhait de faire le
test de dépistage et de recevoir les résultats.
Globalement, les attitudes et les comportements
préconisés en cas de résultat positif d'un test sont
à moindres risques de propagation du SIDA. Beaucoup
d'élèves (48,5%) associent souvent le SIDA à une
« punition de Dieu ». Une telle conception porte les germes
d'une attitude de stigmatisation, de rejet ou de discrimination
vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH.
La violence sexuelle est une pratique connue par la plupart
des élèves et, en majorité, ils rejettent l'usage de la
force physique ou d'une forme de contrainte quelconque pour avoir un ou des
rapports sexuels avec une fille. En revanche, beaucoup d'élèves
(41,7%) admettent qu'un homme a le droit d'obliger sa femme à avoir des
rapports sexuels avec lui et un autre pourcentage plus élevé
(81,9%) soutiennent que la femme mariée n'a pas le droit de refuser
d'avoir des rapports sexuels avec son mari. La radio, la
télévision, les journaux et l'internet sont des moyens admis par
les élèves pour recevoir ou diffuser des informations sur le
SIDA. Ce qui dénote un certain engouement pour la sensibilisation par
les canaux des moyens de communication classiques.
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS DE L'ENQUETE
Troisième partie : Analyse et interprétation
des résultats de l'enquête
Chapitre I :
caractéristiques socio démographiques des ESA
Graphique 1:
REPARTITION DES ESA (ELEVES SEXUELLEMENT ACTIFS)
SELON LE SEXE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008.
La majorité des ESA sont des garçons. En effet,
ces derniers sont au nombre de 400 soit une valeur relative de 88,10% contre 54
filles, soit 11,89 %. Cette grande disparité entre le nombre de
garçons et celui de filles s'explique par le fait que dans la
société Sénégalaise, les filles doivent rester
vierges jusqu'au mariage, et donc même si on retrouve des filles
sexuellement actives dans cette population, elles ne sont pas aussi nombreuses
que les garçons. Le fait que les filles aient des rapports sexuels hors
mariage reste encore un phénomène timide. Chez les
garçons, la virginité au mariage dans les cultures africaines
n'est pas une nécessité comme c'est le cas auprès des
filles, au contraire, cela renvoie à un signe de faiblesse physique,
d'infériorité auprès de leurs pairs de sexe masculin. Les
résultats du tableau ne reflètent alors que les exigences de la
culture.
Graphique 2:
REPARTITION DES ESA SELON L'AGE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Comme indiqué par le graphique, les ESA ont entre 14
ans et plus de 21 ans. Néanmoins, ces deux âges sont très
peu représentés et la majorité des ESA ont entre 17 et 20
ans. Cette spécificité de jeunes s'explique par le fait que la
population enquêtée se trouve au niveau du secondaire et à
ce stade des études, les âges ne sont pas encore assez
élevés. Par ailleurs, nous avons extrapolé avec les
âges de 14ans, 15 ans et 20, 21 ans pour prévoir les
élèves qui sont en avance ou qui sont en retard par rapport aux
autres élèves sur leur cursus scolaire comme cela se voit
fréquemment dans les écoles au Sénégal.
Graphique 3: REPARTITION DES ESA SELON LA SITUATION
MATRIMONIALE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
La majorité des ESA sont célibataires comme nous
le révèle le graphique. En effet, on trouve 3% d'entre eux qui
sont mariés contre 97% qui sont des célibataires.
Par contre les variables comme
« veuf » ou
« divorcé » ne sont pas
représentées dans cette population.
Cette population est essentiellement constituée de
célibataires, et cela s'explique par le fait que les cibles sont
très jeunes et vu leur statut d'élève, ils ne disposent
pas pour le moment, d'assez de moyens financiers pour subvenir seuls à
leurs besoins. Ce qui est la raison fondamentale pour laquelle il n'y pas
beaucoup de mariés. La faible représentativité des
mariés ainsi que l'absence des veufs et des
divorcés peut s'expliquer par le fait, qu'actuellement, les
jeunes, surtout les filles ont tendance à poursuivre leurs études
jusqu'à un certain âge. Ce qui est une entrave, pour le mariage,
car il est parfois difficile d'allier études et vie conjugale.
Cette faible représentativité des autres
modalités à savoir « mariés »,
« veufs », « divorcés », ou
« séparés » nous donne raison dans
le choix porté sur la théorie des stratégies
rationnelles qui décrit la situation de célibat dans
laquelle sont les enquêtés de notre étude et les jeunes en
général qui s'adonnent à la sexualité en
général.
Les résultats du graphique sont
révélateurs par rapport au concept du retard de
l'entrée en union des jeunes qui a tendance à se
généraliser dans les sociétés africaines. Si dans
la société traditionnelle, les jeunes garçons et les
jeunes filles convolaient très tôt aux noces, aujourd'hui, avec
les études qui durent plus ou moins longtemps et l'ouverture de ces
sociétés vers « la modernité », les
jeunes peuvent rester plus de temps avant de se trouver un partenaire conjugal.
La démographe Valerie Delauney l'a développé « la
sexualité préconjugale [...] trouve son explication
dans le recul de l'entrée en union »50(*) . De fait, ce
retard de l'entrée en union occasionne d'abord des rapports sexuels
préconjugaux qui connaîtront une durée plus longue et,
ensuite elle occasionne une exposition aux risques de grossesses
préconjugales et d'IST/VIH/SIDA. L'auteure va plus loin dans son
analyse, « cette plus grande liberté à laquelle les
jeunes générations accèdent désormais est aussi
à l'origine d'une augmentation sensible des grossesses
prénuptiales»51(*).
D'autres parts, le graphique lui donne encore raison car
elle postule par ailleurs que la sexualité des jeunes d'aujourd'hui
interpelle surtout les célibataires, « les jeunes
s'adonnent de plus en plus à des rapports sexuels, qu'ils soient
mariés ou non »52(*).
Graphique 4: REPARTITION DES ESA SELON
LA RELIGION

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
La majorité des élèves de notre
échantillon est musulmane (89 %). Ils sont suivis des Chrétiens
qui représentent 11%. Ceci est à l'image de la population
sénégalaise générale qui est essentiellement
composée de Musulmans ; là aussi ils sont suivis des
Chrétiens. Ce qui est compréhensible dans la mesure où la
population sénégalaise est, majoritairement, constituée de
musulmans.
Graphique 5: REPARTITION DES ESA SELON LA
NATIONALITE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique révèle que sur
l'ensemble de la population étudiée, la majorité est de
nationalité sénégalaise soit une valeur relative de 96 %.
Le reste appartient à diverses autres nationalités, mais, comme
le montre le graphique, ils ne sont pas nombreux (4 %).
Graphique 6: REPARTITION DES ESA SELON
L'ETHNIE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
La majorité des ESA sont des Wolof, ils sont au nombre
de 129 soit 28,41% en valeur relative. Ils sont suivis des Peul qui sont au
nombre de 41. Par contre les Ballante/Bainouck sont les moins
représentés soit un effectif de 3 soit O ,6% en valeur
relative.
Cette situation s'explique par le fait que les wolofs sont
majoritaires dans la population sénégalaise et surtout dakaroise.
Ainsi, leur forte représentativité peut-elle se comprendre
aisément.
Chapitre II : conditions de
vie socio économiques des ESA
Afin de mesurer les conditions socio économiques de vie
des élèves, nous avons posé des questions en rapport avec
l'accès facile ou pas aux besoins vitaux (la nourriture, les soins de
santé, les conditions d'hébergement) à domicile et
à l'école (argent pour acheter des fournitures scolaires, et pour
le transport pour aller à l'école).
Tableau 1: REPARTITION DES ESA SELON LA PRISE
DES TROIS REPAS QUOTIDIENS
Prise des 3 repas quotidiens
|
Effectif
|
Pourcentage
|
OUI
|
371
|
81,71
|
NON
|
10
|
2,2
|
QUELQUES FOIS
|
61
|
13,43
|
NON REPONSE
|
12
|
2 ,64
|
TOTAL
|
454
|
100
|
Source : Enquête mémoire maîtrise,
2008
Le tableau nous indique que 81,71% des élèves
affirment qu'ils prennent régulièrement leur trois repas
quotidiens contre 2,2% qui disent ne pas en prendre. Par ailleurs, nous avons
aussi des Non Réponses soit 2,64% en valeur relative.
Tableau 2: REPARTITION DES ESA SELON LA
RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE MALADIE
RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE
MALADIE
|
Effectif
|
Pourcentage
|
OUI
|
349
|
76,87
|
NON
|
42
|
9,25
|
QUELQUE FOIS
|
56
|
12,33
|
NRP
|
7
|
1,54
|
TOTAL
|
454
|
100
|
Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Un nombre assez élevé d'ESA disent qu'ils
reçoivent de l'argent pour satisfaire l'achat de médicaments en
cas de maladie soit 76,87%, contre 9,25% qui disent ne pas en recevoir. Comme
dans le tableau précédant, nous recensons également des
Non Réponses par rapport à notre échantillon,
soit 1,54%.
Tableau 3 : REPARTITION DES ESA SELON LA
RECEPTION D'ARGENT POUR L'ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES
RECEPTION D'ARGENT POUR FOURNITURE SCOLAIRE
|
Effectif
|
Pourcentage
|
OUI
|
387
|
85,24
|
NON
|
29
|
6,38
|
QUELQUE FOIS
|
38
|
8,37
|
TOTAL
|
454
|
100
|
Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le tableau nous révèle que la majorité
des ESA reçoivent de l'argent pour l'achat de fournitures scolaires en
cas de besoin soit (85,24 %).
Tableau 4: REPARTITION DES ESA SELON LA
RECEPTION D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A L'ECOLE
RECEPTION D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A
L'ECOLE
|
Effectif
|
Pourcentage
|
OUI
|
309
|
68,06
|
NON
|
97
|
21,36
|
QUELQUE FOIS
|
48
|
10,57
|
TOTAL
|
454
|
100
|
Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Pour ce qui est de l'argent pour le transport
quotidien pour aller à l'école, la majorité des ESA
affirme en recevoir régulièrement (68,06%).
Les tableaux ci-présents montrent de fait
que les ESA sont majoritairement issus de milieux au niveau de vie assez
élevé. Nous avons jugé utile de mesurer la dimension
économique des ESA car il est important pour notre étude
d'identifier le niveau de vie et les conditions dans lesquelles ils
évoluent.
En effet, mesurer le niveau de vie de notre
population d'étude nous permet d'instrumentaliser notre modèle
théorique sur lequel repose notre analyse. En fait la théorie
des stratégies rationnelles postule qu'il existe un groupe de
jeunes sexuellement actifs qui sont motivés dans leur sexualité
non pas par des gratifications financières mais par des motifs comme
l'imitation des pairs, la curiosité ou même l'amour porté
à leurs partenaires. Nous verrons que cela va nous aider à
confirmer (avec le graphique 10 relatif aux raisons qui poussent les ESA aux
rapports sexuels) que les réelles motivations des ESA à
l'entretien des rapports sexuels ne sont pas toujours la recherche de
l'assouvissement des besoins économiques ou financiers.
Chapitre III : Comportements sexuels des
ESA
Graphique 7: REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON L'AGE DU PREMIER RAPPORT SEXUEL

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique révèle que sur 400 garçons
interrogés, les 109 ont eu leurs premiers rapports sexuels à
moins de 12 ans contre 1 garçon qui a eu son premier rapport sexuel
à 20 ans. Avoir un premier rapport sexuel à moins de 12 ans
révèle que ce rapport sexuel est très précoce.
C'est pourquoi, il est fort possible que les élèves aient
confondu un rapport sexuel et un jeu sexuel qui est courant chez les
garçons. Ils ont certainement assimilé ce jeu à un acte
sexuel.
Pour ce qui est des filles, c'est à l'âge de 18
ans qu'on retrouve le plus grand effectif à raison de 10 filles, soit
2,2% du total, contre 0 fille à partir de 21 ans. Par contre, dans
l'ensemble, c'est entre 15 ans et 18 ans que la majorité des filles ont
débuté leur activité sexuelle.
Ce nombre relativement considérable
d'élèves, qui ont déclaré avoir eu un ou des
rapports sexuels à des âges très précoces,
s'explique par le fait que les ESA échappent très tôt
à la surveillance des parents à la maison. Les toilettes à
l'école, les chemins qui mènent de l'école à la
maison sont des endroits très propices à des rapports sexuels
où les élèves ne sont surveillés ni par les
professeurs, ni par les parents.
L'un des deux modèles théoriques sur lesquels
nous avons fondé notre analyse (la théorie socioculturelle) a
soulevé cette contradiction entraînée par l'école
dans la manière dont elle socialise les enfants et dans sa
manière de procéder par rapport à cette socialisation.
D'abord, le contenu de l'éducation que l'école diffuse est
quelque part en contradiction avec celle diffusée par la famille,
ensuite, elle s'accapare de ces jeunes pendant de longues heures, et
finalement elle ne les contrôle pas dans leurs comportements notamment
sexuels. De plus, du fait des valeurs étrangères diffusées
par l'école et de la longue durée que prennent les études
de nos jours, le recul de l'entrée en union est de plus en plus
présente et la résultante de cette situation est que la
virginité au premier mariage a tendance à disparaître de
nos cultures.
En outre, ce graphique est pertinent car non seulement il
nous permet de confirmer notre première hypothèse à savoir
« le milieu scolaire favorise la sexualité des
jeunes » par cette liberté qu'il leur accorde dans les
différents lieux (toilettes et chemin de l'école), mais aussi, il
confirme également l'autre hypothèse à savoir que
« Le cadre scolaire a une influence sur l'entrée
précoce à la vie sexuelle ». La même
étude, appliquée à une population qui ne fréquente
pas l'école n'aurait certainement pas donné les mêmes
résultats surtout auprès des filles du fait de la surveillance
stricte dont celles-ci font l'objet dans le cadre familial.
Graphique 8: REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LA RAISON DU PREMIER RAPPORT SEXUEL

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique 8 nous montre les effectifs relatifs aux
motivations des premiers rapports sexuels des enquêtés.
« Le mauvais comportement sexuel des jeunes
s'explique aussi par l'influence de la télé, des films. Les
élèves ont tendance à imiter ce qu'ils voient à la
télé, à se « moderniser » (sic !)
croyant que les temps ont changé.»
En effet, chez les garçons, c'est la modalité
« par curiosité » qui prime parmi toutes
celles proposées dans les questionnaires avec un effectif de 192. Elle
est suivie de la modalité « par amour »
qui totalise un effectif de 114/400 garçons. En fait, comme nous
l'avons suggéré plutôt dans nos hypothèses, la
véritable motivation des comportements sexuels chez les jeunes des ces
âges ne peuvent pas être autre chose que la curiosité ou
l'envie de découvrir ce dont ils entendent parler ou ce qu'ils ne voient
qu'à travers les médias par le biais du cinéma. Un
élève, à travers l'une des discussions qu'on a eues dans
les focus groups a tenu les propos suivants :
Par ailleurs, un effectif de 55/400 ne donne aucune raison au
premier rapport sexuel. Nous imaginons que c'est par imitation des autres que
ces rapports sexuels ont eu lieu car pour beaucoup de garçons, c'est le
culte du mâle qui les incite à rivaliser les performances en
matières de sexualité. Un des élèves, pendant les
Focus Groups l'a mentionné :
« Dans certains groupes de garçons,
n'avoir pas eu de rapports sexuels est un signe de
faiblesse ».
![]()
De plus, c'est fréquent de trouver des garçons
qui nourrissent des sentiments de machisme par rapport au sexe opposé
et ils pensent que c'est en ayant des rapports sexuels avec les filles qu'ils
se sentent ainsi supérieurs à elles.
De même, chez les filles, la raison la plus
indiquée pour justifier le premier rapport sexuel est
« l'amour » avec un effectif de 29 /54
filles. Elle est suivie de la modalité « par
obligation » qui représente un effectif de 8/54 filles.
Elles ont peut être fait l'objet de chantage ou dans tous les cas d'une
certaine pression de la part de leur partenaire. Cela traduit une
vulnérabilité dont ces jeunes filles font l'objet à ces
âges.
En adéquation avec notre hypothèse sur les
raisons qui justifient l'entrée en union dans la vie sexuelle des jeunes
scolarisés, ce n'est donc pas l'argent qui motive les premiers
rapports sexuels chez ces garçons (2/400) à ces âges, mais
plutôt, le besoin de découverte et
la « curiosité ». De même
qu'avec le choix que nous avons porté sur la théorie des
stratégies rationnelles, pour qui les raisons des rapports
sexuels ne sont pas celles en rapport avec l'assouvissement d'un besoin
financier ou économique, mais plutôt avec des concepts comme
l'envie de découverte de la sexualité, la
curiosité, l'imitation des pairs, l'
« amour » porté à son partenaire
etc. Pour preuve, Calves l'a bien développé dans ses
travaux car il affirme que parmi les motifs qui justifient la
sexualité des jeunes, on trouve « l'imitation des autres,
le besoin d'être à la mode, la curiosité, l'amour de son
partenaire mais aussi la coercition »53(*).
Graphique 9 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET SELON l'ENTRETIEN DU OU DES RAPPORTS (S) SEXUELS (S) ENTRE 2006 ET
2008

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Pour mesurer la continuité de
l'activité sexuelle des ESA, nous avons circonscrit les rapports sexuels
au cours des deux dernières années (2006 à 2008). En
effet, les résultats nous ont montré que c'était
pertinent de procéder de la sorte car effectivement il y'a eu des ESA
dont l'activité sexuelle a évolué dans le sens
d'interruption. En effet, il se trouve que les chiffres indiquent qu'il y a des
ESA qui ont arrêté d'avoir des rapports sexuels pendant cette
période de deux ans qui précède l'enquête. Le
graphique 9 nous indique que ceux là sont au nombre de 132
garçons contre 9 filles.
Cette interruption des rapports sexuels de la population
reflète les efforts et les progrès dont ont fait preuve les
campagnes de sensibilisation à travers la région de Dakar. En
effet, celles-ci exhortent les populations à adopter des comportements
à moindre risques de VIH/SIDA à savoir : l'abstinence, la
fidélité, ou l'usage des préservatifs. La population
enquêtée est une population instruite et elle est capable de
déchiffrer tous les messages lancés à travers les
médias (presse écrite, orale) et à travers les supports
didactiques distribués à l'école par les clubs EVF
(brochures, dépliants posters, prospectus, diapositives, manuels
scolaires, pins, tee-shirt, casquette etc.) et à travers les supports de
publicité sur les affiches. Sans perdre de vue qu'à
l'école, la présence des initiatives est très
marquée avec les programmes des clubs EVF qui organisent souvent des
journées de sensibilisation à des occasions comme la
journée mondiale de la lutte contre le SIDA.
Graphique
10:REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA RAISON DES RAPPORTS
SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous indique les raisons des rapports
sexuels des ESA qui ont continué à nourrir une activité
sexuelle durant la période qui va de 2006 à 2008.
La plupart des garçons disent que c'est leur
propre plaisir qui justifie ces rapports sexuels, cette
modalité est aussi celle qui prime chez les filles. En fait, cela
traduit une évolution dans les raisons des comportements sexuels des
ESA. Car, si les premiers rapports sexuels étaient guidés par la
curiosité et par l'envie de découverte (besoin qui est
maintenant assouvi), aujourd'hui, les motivations de ces derniers sont la
recherche de son propre plaisir (242 pour les garçons et 18
pour les filles) ou par celui de son partenaire (54 pour les garçons et
7 pour les filles). Par ailleurs, nous avons un nombre important de Non
Réponse ou Autre. Nous concevons par conséquent que ceux
là sont ceux qui n'ont pas eu des rapports durant cette période
de 2006 à 2008 (cf. Graphique 9).
Pour ce qui est des résultats en rapport avec les
tableaux précédents (chapitre 2 : les conditions de vie
socioéconomiques), le graphique nous confirme que les motivations des
rapports sexuels des ESA ne sont pas liées à l'argent.
D'ailleurs, ils ont confirmé qu'ils prennent leurs trois repas
quotidiens en majorité (81,71%), (cf. Tableau 1) qu'ils reçoivent
aussi de l'argent pour l'achat de médicaments en cas de maladie
(76,81%) (cf. Tableau 2), qu'ils reçoivent de l'argent pour l'achat des
fournitures scolaires (85,24%) (cf. Tableau 3), et qu'ils reçoivent de
l'argent pour le transport quotidien pour l'école (68,06%) (cf.
Tableau 4). Ils sont d'après ces résultats dans d'assez bonnes
conditions et cela montre encore une fois que les raisons des rapports sexuels
ne sont pas liées à
l' « argent ».
Graphique 11: REPARTITION DES ESA
SELON LE SEXE ET SELON LE NOMBRE DE RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET
2008

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous montre le nombre de fois que les
ESA ont entretenu des rapports sexuels durant les deux dernières
années qui varient entre aucune fois et plus de 5 fois.
Il est en effet paradoxal de retrouver ici des ESA qui n'ont
pas de rapports sexuels, avec la modalité « aucune
fois », sachant que toute la population d'étude est
sexuellement active, en fait nous rappelons une fois encore que les chiffres
sont relatifs à la période des deux dernières
années (2006-2008). Et donc cela signifie comme nous l'avons
déjà souligné, qu'il y' a des ESA qui ont
arrêté d'entretenir des rapports sexuels durant les deux
dernières années qui précèdent l'enquête.
En outre, il est établi que l'accroissement du nombre
de rapports sexuels favorise largement l'augmentation de l'exposition aux
risques d'infection sexuelle ou de contamination par le VIH/SIDA, d'autant plus
que si les partenaires n'utilisent pas le préservatif comme c'est le cas
avec la plupart de nos enquêtés (cf. Graphique 13).
Forts de ces constats, nous nous permettons d'affirmer que les
comportements de ces ESA sont des comportements à risques
d'IST/VIH/SIDA. Cela nous permet aussi d'atteindre un de nos objectifs qui
consiste à vérifier si les comportements sexuels des ESA sont des
comportements à risques.
Graphique 12: REPARTITION DES ESA
SELON LE SEXE ET LE MULTIPARTENARIAT ( 2006 ET 2008)

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique démontre que les ESA, pour la
majorité, ont eu plusieurs partenaires entre 2006 et 2008 même si
ceux qui ont eu un partenaire durant cette période de deux ans sont
plus nombreux soit 139 garçons et 34 filles. Ils sont suivis de ceux qui
ont eu deux partenaires avec un effectif de 67 garçons ESA et 6 filles
ESA.
Ces résultats viennent confirmer Calves, Maillochon et
Warszawski 54(*) qui
avancent que de nos jours le multi partenariat est devenu un
phénomène banal du fait de sa fréquence.
Ce multi partenariat sexuel qui est fréquent dans
cette population d'ESA, cumulé au fait que les ESA n'utilisent pas les
préservatifs pendant les rapports sexuels sont des indicateurs des
comportements sexuels à risques d'infection à VIH/SIDA de ces ESA
malgré le fait qu'ils connaissent bien les risques qu'ils encourent.
Néanmoins, si un effectif élevé d'ESA
garçons a bien voulu donné le nombre de partenaires sexuels qu'il
a eu durant cette période, un effectif d'ESA filles n'a pas voulu
répondre à la question posée. Nous concevons que cela est
dû au fait que, soit il s'agit là d'une fidélité
à un seul partenaire, soit à une réticence à
répondre à une question relative au nombre de partenaires et qui
supposerait appartenir à une catégorie de filles jugées de
« faciles » dans nos sociétés.
Par ailleurs, le graphique nous indique qu'un effectif de 61
ESA n'a eu aucun partenaire sexuel pendant cette période. Nous
retrouvons là encore les ESA qui ont arrêté d'avoir des
rapports sexuels pendant cette période de deux ans successifs (cf.
graphique 9).
Graphique 13: REPARTITION DES ESA
SELON LE SEXE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF LORS DES RAPPORTS SEXUELS

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique fait ressortir l'usage du préservatif
pendant les rapports sexuels. En effet, pour ce qui est des garçons,
149/400 disent utiliser le préservatif pendant les rapports sexuels
contre 74 qui disent ne pas en utiliser, et 46 autres disent l'utiliser
quelques fois. Pour les filles aussi, l'utilisation du
préservatif n'est pas très importante, 21/54 seulement l'ont
utilisé.
Vu que le pourcentage d'ESA qui utilise le préservatif
pendant les rapports sexuels n'atteint pas 50%, nous concevons alors que la
plupart des comportements sexuels des ESA qui entretiennent encore des rapports
sexuels jusqu'à ce jour, sont des comportements à risques
d'infection par le VIH/SIDA et aussi par les IST étant donné que
le préservatif est à ce jour le seul moyen d'éviter les
IST pour une personne sexuellement active.
En effet, pour des jeunes qui sont scolarisés, nous
trouvons que c'est très insuffisant car, la plupart des politiques de
sensibilisation s'adressent d'abord à une population scolarisée.
Mais il ne faut pas perdre de vue aussi que notre population d'étude est
essentiellement composée de jeunes, et souvent à ces âges,
c'est l'insouciance qui prime dans les comportements plus que les principes ou
les lignes de conduite. Donc même si les messages lancés par les
campagnes sont bien reçus, il peut, selon le type de récepteur,
exister un décalage entre la réception du message et l'adoption
du comportement adéquat au message.
Encore une fois, le
graphique nous permet d'atteindre un des objectifs que nous nous étions
assignée à savoir : « voir si les
comportements sexuels des élèves sexuellement actifs sont des
comportements à risques d'IST, de grossesses et de
VIH/SIDA»
Il faut aussi ajouter que ces résultats vont à
l'encontre des résultats de l'EDS-IV du Sénégal qui
affirment que « les TS officielles qui utilisent
systématiquement le condom avec leur clients dépassent
90% », quand nos résultats indiquent que
l'utilisation du préservatif de notre cible n'atteint pas 50%.
Cependant, force est de constater qu'il y'a une différence dans la prise
en charge des TS et des élèves
même si les jeunes sont les principales cibles de la lutte contre le
SIDA. En fait, les TS bénéficient d'un encadrement
rapproché de spécialistes en matière de santé de la
reproduction car elles font l'objet d'un suivi médical du fait
qu'elles sont en exposition permanente cumulé à un contact
très fréquent avec la population masculine. Et pendant ces suivis
médicaux qui sont obligatoires, il existe des séances tenues par
des spécialistes qui s'entretiennent avec elles des questions de
santé sexuelle, appelées
« counceling »55(*). Fort de ces constats, nous pouvons dire que ces TS
sont plus au fait que n'importe qui dans la société
sénégalaise des risques qui planent autour de la
sexualité. Cela n'étant pas le cas de notre population
d'étude, qui, si elle ne se rapproche pas volontairement des ces
structures pour un éventuel « counceling » n'a
d'autres moyens que de se limiter aux campagnes de sensibilisation au
même titre que les autres citoyens à défaut de celles qui
existent à travers les clubs EVF de lutte contre le SIDA à
l'école, encore faudrait-il que cela
l'intéresse.
Graphique 14 :
REPARTITION SELON LE SEXE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous donne les informations relatives
à la demande du port du préservatif pendant les rapports sexuels
par les partenaires.
On remarque dans un premier tempt que les filles
sont moins sensibles à la demande du port du préservatif que les
garçons, sur l'effectif total qui est rattaché à la
variable je n'ai pas demandé, les garçons sont
plus nombreux avec un effectif de 138 soit un pourcentage de 30,39 % contre 16
filles soit 3,52 %. Pour ce qui est des filles, nous comprenons aisément
la raison pour laquelle certaines ne veulent pas demander le
préservatif, car, cela peut renvoyer à l'étiquette de
« fille facile qui aurait l'habitude d'avoir des rapports sexuels et
qui prend ses mesures de prévention ». Pour le cas des
garçons, s'ils n'ont pas demandé le préservatif, c'est
sûrement par négligence vu qu'ils connaissent bien les risques et
qu'ils ne font l'objet d'aucun préjugé éventuel comme les
filles.
La discrimination sexuelle qui existe dans
l'usage du préservatif et qui est dénoncée par la demande
du préservatif a été soulevée dans les travaux de
Cormick et de Schoepf. En effet, ces deux auteurs ont montré que les
femmes, quand elles ne sont pas scolarisées ont
généralement du mal à exiger ni même à
négocier la demande d'usage du préservatif avec leurs conjoints
ou maris, cela à cause de la situation de dépendance dans
laquelle elles vivent. De la même manière que ces femmes, les
filles qu'on a interrogées dans notre travail sont dans une position
délicate pour demander l'usage du préservatif pendant le rapport
sexuel. Du fait qu'elles sont des célibataires sexuellement actives et
que la société a assigné aux filles célibataires
l'abstinence, ces filles se reconnaissent comme des marginales et donc elles
pensent perdre leurs droits les plus fondamentaux dans un couple en taisant des
exigences comme « réclamer le condom à leur
partenaire » même si elles savent que c'est un moyen
de prévention fort reconnu aujourd'hui.
En outre, le graphique nous révèle aussi
que les élèves ne sont pas réticents au port du
préservatif quand celui-ci est demandé. Seules 5/54 chez les
filles et 4/400 chez les garçons ont refusé le port du
préservatif à la demande du ou de la partenaire, ce qui fait un
total de 9 refus sur une demande de 454.
Ceci témoigne de la réussite des
campagnes de sensibilisation dans la lutte contre le VIH/SIDA qui exhorte les
populations à trois recours, soit l'abstinence ou la
fidélité ou en dernier recours le préservatif. Si les
élèves qu'on a interrogés sont pour la plupart des
célibataires sexuellement actifs, ce qui est le cas, c'est concevable
qu'ils optent pour le préservatif. Et d'ailleurs, pendants les focus
groups, un élève qui y a participé a
déclaré que :
« Pour éviter l'infection, il faut
utiliser les préservatifs pendants les rapports
sexuels »
Par ailleurs, on a un nombre élevé de
Non Réponse à la question posée à
raison de 124/454. Cette question a dû sembler
« intime » pour ce groupe qui ne veut pas répondre.
Même si l'anonymat des réponses est assuré, ils ont encore
des réticences par rapport au thème en question.
CHAPITRE IV : CONNAISSANCE DU VIH/SIDA ET DES
RISQUES ENCOURUS
Graphique 15: REPARTITION
DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE RISQUE ENCOURU PAR UNE PERSONNE SANS USAGE DU
PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous montre que la contamination par
le VIH/SIDA est le plus grand risque encouru par une personne en ayant des
rapports sexuels sans usage du préservatif selon les ESA, soit un
effectif de 224 pour les garçons et 26 pour les filles. Avoir une
infection sexuelle est le second risque évoqué, soit 85
garçons et 14 filles.
Cela révèle en fait que les ESA sont plus
sensibles aux risques de VIH/SIDA qu'à ceux d'IST ou de grossesse
même s'ils devraient être attentifs au trois en même temps
quand il s'agit des comportements sexuels.
Par ailleurs, le graphique nous révèle aussi
que les grossesses extraconjugales, dont l'une des conséquences est
l'exclusion de l'école, est un risque faiblement
évoqué.
De plus, le graphique révèle qu'un nombre assez
important d'ESA ont de bonnes connaissances par rapport aux IST/VIH/SIDA et il
est pertinent car nous permet d'atteindre deux de nos objectifs en même
temps. D'abord il donne la possibilité de mesurer le niveau de
connaissances des ESA sur la question, et éventuellement il permet de
mesurer leurs perceptions du risque sur leurs comportements sexuels et pour
finir, il permet de rendre compte de l'existence de la perception du risque
chez cette population.
Graphique 16 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET SELON LE LIEU DE SOIN

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique désigne les lieux fréquentés
par les ESA à l'apparition des signes d'une quelconque maladie. En fait,
ces chiffres sont importants car ils permettent de mesurer les chances qu'ont
les jeunes d'être informés par des spécialistes en
IST/VIH/SIDA à travers des
« counselings ». 56(*)
Les ESA ne fréquentent pas en grande majorité
les lieux adéquats en cas de maladies comme le montre le graphique,
c'est également le cas pour les centres médico - scolaires, les
infirmeries des lycées, et les centres de santé. On voit
que les hôpitaux sont parfois fréquentés avec un effectif
de 53 pour les ESA garçons et 11 pour les ESA filles. Cette insuffisance
relative à la fréquentation des lieux s'explique par les
appréhensions sociales qui se reflètent sur toutes les couches de
la population et qui font que les patients ont des difficultés à
fréquenter selon leurs besoins les lieux adéquats à la
Santé de la Reproduction.
Ceci réduit donc les chances d'être au fait de
tout ce qui a trait à la santé de la reproduction mise sur pied
dans les centres pour jeunes notamment les connaissances et les comportements
sexuels.
Tableau 5 : REPARTITION DES ESA SELON LE
SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DE LA SEROPOSITIVITE
Séropositivité
Sexe
|
Personne qui a le virus dans le sang
|
Personne qui est malade du SIDA
|
Pers. qui maigrit, qui à la diarrhée et des maux de
tête
|
NSP
|
Total
|
Masculin
|
269
|
100
|
0
|
31
|
400
|
Féminin
|
36
|
16
|
0
|
2
|
54
|
TOTAL
|
305
|
116
|
0
|
33
|
454
|
Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le tableau nous révèle que la
séropositivité est bien connue des ESA soit un effectif de
305/454.
Pendant les focus groups, les élèves ont
mentionné beaucoup de signes se rapportant à la
séropositivité :
« Il n'y a pas de signe qui montre qu'une personne
est séropositive».
Parfois certains parmi eux bénéficient des
activités de formation des clubs EVF qui s'organisent dans les
Lycées ou alors ils sont enrôlés dans les activités
de sensibilisation pour la prévention du VIH/SIDA. Ces
élèves sont en mesure alors de bien déceler la
différence entre les signes d'une personne séropositive et les
signes d'une personne malade du Sida. Ils soutiennent alors que :
« Seul le test permet d'affirmer avec certitude
qu'une personne est malade du Sida, donc il ne faut pas se fier aux signes
comme les boutons, les pertes de poids et les diarrhées
».
![]()
Toutefois, 33 ESA déclarent ne pas connaitre ce qu'est
une personne séropositive, à coté d'autres qui ont
donné de fausses réponses.
En effet, on note tout de même, une légère
confusion chez certains ESA à propos de la séropositivité
et de la maladie du Sida. A l'origine de cette confusion, on n'a retenu des
déclarations comme :
« Il y' a beaucoup de signes car, quand on est
atteint du Sida, on est vulnérable à toutes les maladies :
la tuberculose, la diarrhée, le paludisme » ou alors
« moi, je ne veux pas faire le test parce que je n'ai pas de
signes qui montrent que j'ai la maladie, alors je ne l'ai
pas. »
Les énormes confusions qui planent autour de
l'infection à VIH ont été indexées dans beaucoup
d'études comme le principal frein de la lutte contre le SIDA. Ces
idées fausses ou idées erronées comme
l'appellent les spécialités, font que les PVVIH ont honte de
porter le virus et sont par la même occasion victimes de stigmatisation
ou de discrimination. Ces deux attitudes constatées dans beaucoup de
pays du monde ont été fortement dénoncées par la
Déclaration Universelle de Droits de l'Homme.
Graphique 17: REPARTITION DES ESA
SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DU TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Les connaissances des ESA relatives au dépistage sont
comme indiquées par le graphique, très bonnes. En effet, sur un
effectif total de 454 ESA interrogés, 378 garçons et 51 filles
ont montré qu'ils connaissaient bien le test de dépistage. Aussi
bien chez les garçons comme chez les filles, les résultats
montrent que les connaissances sont relativement très bonnes. Ce taux
fort élevé s'explique par l'impact des campagnes de
sensibilisations sur les effets bénéfiques du dépistage
aussi bien par le bais de la télévision et de la radio que des
affiches dans la ville de Dakar, mais aussi avec l'apport des
stratégies des clubs EVF dans les écoles qui luttent contre le
Sida.
De plus, les jeunes scolarisés en milieu urbain ont
l'avantage de savoir lire et donc de pouvoir déchiffrer les messages
d'information lancés dans les campagnes de sensibilisation pour la
prévention de l'infection, mais aussi, ils ont l'avantage de
côtoyer et de fréquenter un milieu propice à l'information
par les médias (la radio, et la télévision) et l'Internet
mais aussi les affiches qui sillonnent la ville de Dakar.
Ces résultats vont à l'encontre de
l'affirmation de LINDSAY STEWART qui soutient que « la grande
majorité des gens qui prennent la décision de devenir
sexuellement actifs le font en disposant d'une information
inadéquate »57(*). Cette affirmation peut dans certains cas
s'avérer pertinente, surtout quand il s'agit de cibles non
scolarisées, en plus du fait que beaucoup de jeunes dans le monde entier
n'ont pas accès à la scolarisation. Mais notre cible est une
population très exposée aux médias et qui vit dans une
société qui très ouverte à l'information.
Graphique 18 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET SELON LE TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous montre que les bienfaits du dépistage
du VIH/SIDA sont connus par une large majorité des ESA
interviewés. En effet, sur 454 élèves interrogés,
les 352 connaissent son utilité soit un effectif de 307 garçons
contre 45 filles. De plus, 73 parmi les ESA savent aussi que le fait de faire
le dépistage permet d'éviter de contaminer les personnes bien
portantes.
« Le test permet de connaitre son statut
sérologique car ce n'est pas seulement par les rapports sexuels qu'on
contracte la maladie. Il y'a aussi les objets tranchants comme les seringues et
les lames qui peuvent être dangereuses ».
D'ailleurs dans les focus groups, un élève a
déclaré que :
Les bonnes connaissances liées au dépistage sont
aussi soulignées par le fait que sur 454 ESA interviewés, 3
seulement parmi eux ne connaissent pas son utilité.
Graphique 19 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE D'UN LIEU DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Malgré le fait que le dépistage du
VIH/SIDA et son utilité soient bien connus, le graphique nous informe
que les connaissances en rapport avec les lieux de dépistage sont moins
bonnes. Sur 454 intérrogés à propos de la connaissance
d'un lieu de dépistage, 227 garçons dont 199 28 filles, ont
répondu par « Oui » soit une valeur relative de 50%,
donc la moitié des cibles. Ceux qui ont répondu par
« Non » sont au nombre de 192 dont 169 garçons et 23
filles soit une valeur relative de 42,29%.
Le nombre élevé d'ESA qui savent
l'utilité du dépistage du VIH/SIDA (cf . graphique 18) alors
qu'ils ne connaissent pas les lieux de dépistage témoigne de
l'écart qui existe entre la connaissance et l'action. En fait, on a
remarqué que dans de nombreuses campagnes de sensibilisation, même
si l'information est reçue comme recherché au niveau des cibles,
ces dernières prennent du temps avant de se laisser convaincre à
agir en conséquences. Or, on oublie très souvent que si on ne
réagit pas par rapport à une bonne information, c'est comme si on
investissait pour ne rien récolter. Cela constitue un obstacle à
l'utilisation des services de dépistage mais aussi à la lutte des
campagnes de sensilisation.
Le nombre élevé d'ESA qui ne
connaissent pas les lieux de dépistage signifie aussi qu'ils n'ont
jamais fait le test de dépistage par eux-mêmes, sauf s'ils ont
rencontré les services de dépistage mobiles qui interviennent un
peu partout, dans les écoles, les quartiers et autres.
Par ailleurs, nous avons aussi un nombre
élevé d'élèves qui ne veulent pas se prononcer sur
la question, soit 32 garçons et 3 filles, ce qui fait un pourcentage
de 7,7% au total.
Graphique 20 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET LE SOUHAIT DE FAIRE OU NON LE TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le nombre d'ESA qui souhaite faire le test de
dépistage et recevoir les résultats est assez élevé
comparé au nombre d'ESA qui ne le souhaite pas du tout. Les chiffres
indiquent que sur 454 garçons, 301 le souhaitent contre 86. Chez les
filles, sur 54 interrogées, un effectif de 51 le souhaite contre un
effectif de 3 qui ne le souhaite pas. Toutefois, cela est paradoxal, quand ceux
sont les mêmes ESA qui, pour la grande majorité, ont des
comportements sexuels à risques d'IST/VIH/SIDA et qui veulent faire le
test de dépistage et recevoir les résultats, sachant qu'ils sont
conscients des risques qu'ils encourent (cf. graphique 15).
Généralement, dans la culture sénégalaise, quand on
a des comportements sexuels à risques, les auteurs
préfèrent ne pas connaitre leur statut sérologique en
évitant de faire le test de dépistage. Cela révèle
une insouciance dû à l'âge d'adolescence ou au manque de
maturité chez cette population qui est âgée pour la plupart
de 17 ans à 19 ans.
Au demeurant, nous remarquons qu'avec cette question, nous
n'avons pas recensé de non réponse, comme c'est
fréquent dans l'étude. En effet, cette question n'est
pas « taboue » ou « sensible» pour notre
population, ce qui fait que les jeunes enquêtés n'ont aucune
réticence à répondre à la question posée.
Graphique 21 : REPARTITION DES ESA SELON
LE SEXE ET SELON LA CONCEPTION D'UNE PVVIH COMME UN VAGABON SEXUEL

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique révèle en fait que les ESA
interrogés font la différence entre la contamination par le SIDA
et le vagabondage sexuel. Sur 400 garçons interrogés, un effectif
de 345 affirme que la PVVIH n'est pas forcément un vagabond sexuel
à coté de 33 autres garçons qui disent le contraire. Chez
les filles, l'écart est aussi grand entre l'effectif de celles qui
attribuent le malade du Sida au vagabondage sexuel et celui de celle qui les
dissocient. Sur 54 filles, les 47 sont pour à coté de 6 qui sont
contre, comme le montre le graphique. Ce qui fait un total de 292 ESA qui
dissocient infection à VIH et vagabondage sexuel. C'est la bonne
connaissance des différents modes de transmission du VIH/SIDA qui
explique les conceptions de ces jeunes face aux PVVIH. Ils savent en effet
qu'il existe différents modes de transmission de l'infection notamment
la transmission sexuelle, la transmission mère-enfant, et la
transmission sanguine et donc une PVVIH peut, bien entendu, être
infectée de différentes manières. D'après les
propos des élèves recueillis à travers les focus groups,
le fait de penser que la PVVIH est un vagabond sexuel relève d'une
ignorance des différents modes de transmission.
« Il faut que les gens sachent que ce n'est pas
seulement en ayant des rapports sexuels qu'on attrape le Sida. Il y a pleins
d'autres modes de transmission, alors même si on n'a pas de rapports
sexuels, on peut attraper le Sida »,
Un autre d'ajouter :
« Il y'a aussi le fait d'utiliser les
mêmes rasoirs avec une personne infectée ».
Cette bonne connaissance des modes de transmission
permet aussi d'atténuer les comportements tels que ceux de
stigmatisation ou encore de discrimination auxquels les PVVIH font l'objet dans
beaucoup de sociétés.
Chapitre V : connaissances et
comportements sexuels
Graphique 22 : REPARTITION DES ESA SELON
LE RISQUE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous indique que les connaissances
liées à la pratique sexuelle et au VIH/SIDA sont
adéquates. En effet, un grand nombre d'élèves sait que le
plus grand risque encouru par une personne qui a des rapports sexuels sans
usage du préservatif est l'infection à VIH (cf. graphique 15). Il
nous montre aussi que parmi ces ESA qui redoutent plus l'infection, ceux qui
utilisent le préservatif sont plus nombreux (soit un effectif de 92 ESA)
que ceux qui ne l'ont pas utilisé (49/454 ESA) ou ceux qui n'en
utilisent que « quelques fois » (25/454).
Néanmoins ceux qui ne l'utilisent pas ou ceux qui l'utilisent que
« quelques fois » sont nombreux pour une
population instruite et qui se trouve dans un milieu urbain avec toutes les
campagnes de sensibilisation sur la prévention des comportements
à risques d'IST/VIH/SIDA et dans le milieu scolaire où
évolue cette population.
On voit dés lors que, l'influence du milieu scolaire
mais aussi celle des connaissances liées à l'infection et les
perceptions du risque encourus sur les comportements sexuels de la population
étudiée n'est pas aussi grande qu'on l'avait avancé dans
nos hypothèses. Même si les connaissances adéquates sont
disponibles, les ESA ne se laissent pas influencer dans leurs comportements par
ces connaissances. Cela s'explique par le fait que ces ESA sont trop jeunes et
trop inconscients pour se rendre compte à chaque instant, même
dans leurs comportements les plus familiers, qu'ils sont à tout moment
exposés aux risques. Il y' a le fait aussi qu'ils ne relativisent pas
assez les risques car, pour eux le danger plane surtout sur les autres et ils
se croient toujours à l'abri d'un éventuel risque. L'idée
selon laquelle « le Sida, n'arrive qu'aux autres » est
aussi une des raisons qui explique le manque de conscience de ces ESA.
Graphique 23 : REPARTITION DES ESA SELON
LE RISQUE ET SELON LE MULTIPARTENARIAT

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique nous montre qu'un nombre d'ESA n'ont
eu aucun partenaire pendant cette période, cela s'explique par le fait
qu'on a eu des enquêtés qui ont interrompu d'avoir des rapports
sexuels (cf. Graphique 9). Là encore nous avons un grand nombre d'ESA
qui ne veut pas répondre à la question relative au nombre de
partenaires. Comme déjà expliqué, nous imaginons que ceux
sont là les filles qui ne voulaient pas se prononcer pour éviter
d'être traitées de « filles faciles » car
elles ont eu plusieurs partenaires durant la période de deux ans qui
précèdent l'enquête.
Les ESA avec un seul partenaire durant la période
allant de 2006 à 2008 et qui redoutent plus l'infection à
VIH/SIDA sont largement plus majoritaires à ceux avec plusieurs
partenaires. Cela peut en effet donner raison à l'hypothèse que
nous avions proposée selon laquelle, les jeunes sont motivés dans
leurs comportements sexuels par l'affection qu'ils entretiennent
vis-à-vis de leurs partenaires. Ils ont eu un comportement sexuel
à moindre risques en ce sens qu'une grande majorité a eu un seul
partenaire pendant ces deux années successives, mais cela ne
relève pas d'un besoin qu'ils auraient à adopter un comportement
à moindre risques, mais plutôt, d'un besoin affectif qu'ils
auraient avec ce partenaire. De plus, le graphique montre aussi que le multi
partenariat est présent car on retrouve des ESA avec plusieurs
partenaires.
Graphique 24 REPARTITION DES ESA SELON LE
NOMBRE DE RAPPORT SEXUEL ET SELON LA CONNAISSANCE DU RISQUE

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Comme indiqué, les connaissances relatives
à l'infection sont bien présentes. Les ESA craignent plus le
risque du VIH que celui des autres modalités proposées
« infection sexuelle »,
ou « grossesse ». C'en est de même pour
les ESA qui n'ont pas eu de rapports sexuels pendant cette période. Ceci
témoigne encore de la réussite des campagnes de sensibilisation
quand il s'agit d'envoyer les messages aux populations. Cependant, le fait
que les ESA connaissent bien les risques ne les empêche pas d'avoir des
comportements à risques dans la mesure où ils multiplient leurs
rapports sexuels.
En effet, le graphique nous indique que ceux qui ont des
rapports sexuels au nombre de 4 et 5 fois et qui connaissent bien les risques
relatifs à l'infection sont mieux représentés. Sachant que
la multiplicité des rapports sexuels est un facteur qui expose les
partenaires, nous en déduisons, comme dans le graphique
précédant, que les ESA ont des comportements sexuels à
risques malgré les réelles connaissances liées à
l'infection du VIH et à celles des IST.
Graphique 25 : REPARTITION DES ESA LE DU
RISQUE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF AU PARTENAIRE PENDANT LES RAPPORTS
SEXUELS

Source : Enquête mémoire
maîtrise, 2008
Le graphique-ci présent indique que les
connaissances vis-à-vis des IST/VIH/SIDA sont adéquates avec une
dominance de la modalité « infection sexuelle »
suivie de celle de « VIH/SIDA ». Néanmoins, ces
mêmes ESA qui connaissent si bien les risques encourus par une personne
qui a des rapports sexuels sans usage du préservatif, ne demandent pas
suffisamment l'usage du préservatif au partenaire pendant un rapport
sexuel. D'ailleurs c'est cette réponse qui domine de loin les autres
modalités favorables à la demande. Parmi ce groupe
d'élèves qui ne veut pas demander l'usage du préservatif,
il se trouve que le nombre de filles est assez élevé (graphique
14), et cela s'explique par les craintes de stigmatisation dont elles font
l'objet. En effet, dans une société comme celle
sénégalaise, quand une fille demande le préservatif au
partenaire, cela traduit une certaine habitude à entretenir des rapports
sexuels et donc amener la stigmatisation de « filles
faciles ». Et pour éviter cette stigmatisation, elles
préfèrent se taire même si elles savent que cela n'est pas
un comportement sexuel adéquat.
Là encore, l'hypothèse sur l'influence des
connaissances de la sexualité et les risques n'est pas confirmée,
au contraire, elle est infirmée par l'enquête.
Conclusion
générale
Dans la première partie de notre travail de recherche,
nous sommes partie de plusieurs constats : d'abord, l'entrée en
union est de plus en plus tardive à coté d'une sexualité
préconjugale de plus en plus précoce, et ensuite, la dimension de
l'impact du VIH/SIDA est de plus en plus grandissante au niveau des jeunes.
Ensuite, nous avons parlé des facteurs qui pouvaient encourager ces
différents constats et des différentes raisons qui pouvaient
être à l'origine de cela. Ceci nous a conduit à parler des
connaissances des jeunes relatives à la question de l'infection à
VIH/SIDA. C'est à la suite de cela que nous avons décliné
nos objectifs et nos questionnements et élaboré nos
hypothèses de recherche qui ont été le fil conducteur de
notre recherche.
Passant à la seconde partie, nous avons
présenté notre population d'étude et avons montré
la méthode utilisée pour étudier cette question sur la
population d'étude.
L'impression d'ensemble qui se dégage au sortir de
notre étude est que les connaissances des ESA en rapport avec la
sexualité (IST, grossesse), et à l'infection à VIH/SIDA
(modes d'infection et de prévention, le dépistage volontaire et
gratuit et ses corollaires) sont « bonnes ».
En effet, les ESA connaissent bien les risques qu'ils
encourent lorsqu'ils sont sexuellement actifs et lorsqu'ils ne se
protègent pas avec un préservatif pendant un rapport sexuel. Cela
est attesté avec un effectif de 250/454 ESA qui dit que le premier
risque qu'encoure une personne sans usage du préservatif pendant un
rapport sexuel est le risque d'être infecté du VIH/SIDA, il est
suivi de l'infection sexuelle avec un effectif de 99/454. Les connaissances
relatives à la notion de séropositivité sont aussi
très représentées avec un effectif total de 305/454 qui
dit qu'une PVVIH est une personne qui a le virus dans le sang, de même
que celles en rapport avec le dépistage volontaire et gratuit. Sur ce,
429/454 ESA disent qu'il s'agit d'une prise de sang et non d'un entretien avec
un conseiller dans un centre (4/454), ni d'une prise de médicament
(51/454). Les résultats relatifs à l'utilité du
dépistage renforcent aussi l'idée selon laquelle les ESA sont
bien au fait du dépistage avec un effectif de 352/454 qui disent qu'il
sert à savoir si l'on est infecté et non pour être
soigné (7/454).
Ces résultats relatifs aux connaissances des ESA nous
ont permis d'atteindre un des objectifs que nous nous étions
assignée au départ, à savoir « mesurer le niveau
des connaissances en rapport avec la sexualité, les risques d'IST, de
grossesses précoces mais surtout de VIH/SIDA ».
Cependant, même si les connaissances sont comme nous
l'avons déjà dit, adéquates, l'enquête nous a, par
ailleurs révélés que certains élèves avaient
des confusions relatives aux connaissances des lieux de dépistage. En
effet, ces confusions déguisent la distance qui existe entre les bonnes
connaissances des ESA et le manque d'influence que ces connaissances ont sur
les comportements. L'enquête a révélé que même
si les connaissances des ESA en rapport avec leur sexualité et à
l'infection à VIH/SIDA sont « bonnes », ces derniers
n'adoptent pas les comportements adéquats à la prévention
des risques qu'ils encourent. Il s'agit là de la deuxième
conclusion à laquelle nous sommes parvenue au terme de notre
recherche.
Le faible nombre d'ESA qui utilisent le préservatif
(moins de 50%) ou qui demande l'usage du préservatif pendant les
rapports sexuels au partenaire témoigne de la non appropriation de leurs
connaissances sur leurs comportements sexuels, mais aussi, la multiplication
des rapports sexuels et le multi partenariat qui sont significatifs dans la
considération de ces comportements à risques d'IST/VIH/SIDA.
Il ressort des résultats qu'un effectif de 102/454
ESA n'a pas demandé l'usage du préservatif. Et parmi cet
effectif, les filles constituent un nombre important qui n'ose pas le demander
pour éviter l' étiquette de « filles
faciles ».
Du reste, le taux élevé de non
réponse que nous avons eu dans l'étude constitue une des
principales faiblesses que nous avons remarquées. Cela rappelle encore
les réticences de la société sénégalaise
à des questions aussi sensibles comme la sexualité.
En outre, avec les résultats obtenus au sortir de
cette recherche, nous avons aussi eu, l'occasion de mesurer l'influence des
connaissances sur les comportements qui est presque inexistante dans la mesure
où les ESA ont des comportements sexuels à risques : non
usage du préservatif, multi partenariat fréquent, multiplication
des rapports sexuels, non fréquentation des lieux adéquats en cas
de maladie, non prise de décision favorable au dépistage
volontaire et gratuit, malgré les « bonnes »
connaissances qu'ils ont.
En définitive, certaines de nos hypothèses,
sont infirmées comme indiqué au niveau de l'interprétation
des tableaux qui leurs sont relatifs, et d'autres sont confirmées. C'est
le cas de la première l'hypothèse sur l'influence du milieu
scolaire qui favorise un cadre où s'épanouit la sexualité
des jeunes, et de la troisième qui avance que le cadre scolaire a une
influence sur l'entrée précoce à la vie sexuelle et aussi
de la quatrième qui postule que les besoins de découverte de la
sexualité et la recherche du plaisir sont les réelles motivations
des rapports sexuels préconjugaux des ESA.
Fort de tous ces constats, nous pouvons affirmer, sans risque
de nous tromper que la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal, celle
auprès des jeunes dans le milieu scolaire en particulier n'est pas sans
échecs. En effet, dans nos études nous avons eu l'occasion de
mesurer l'impact de la lutte auprès de notre cible. D'abord avant
d'aller plus loin dans nos affirmations, nous nous permettons d'annoncer au
préalable les étapes d'une lutte qui fait de la sensibilisation
sa principale arme. La lutte contre le SIDA nécessite deux étapes
à franchir nécessairement. Il s'agit dans un premier temps de
faire connaitre les réalités de l'infection aux populations
(symptômes, manifestation, mode de prévention, mode de
transmission, effets sanitaires, sociaux, démographiques,
économiques, etc.) et ensuite il s'agit de faire en sorte que les
populations prennent conscience des risques pour qu'elles adoptent des
comportements à moindres risques. Il existe aussi une troisième
étape à franchir dans cette lutte mais qui ne rentre pas dans le
cadre de notre étude. Il s'agit d'effacer les attitudes discriminantes
et stigmatisantes auxquelles sont confrontées les PVVIH.
Les constats qui ressortent de notre travail sont :
La sensibilisation a bien atteint sa cible des jeunes dans
le milieu scolaire car ces derniers sont bien au fait des
réalités principales de l'infection à VIH. D'ailleurs dans
notre population, un bon nombre d'enquêtés a arrêté
l'activité sexuelle, parmi eux aussi, la grande majorité n'est
pas réticente à l'usage du préservatif quand celui-ci est
proposé par le ou la partenaire, le VIH/SIDA est considéré
à leurs yeux, comme le premier risque encouru par une personne qui a des
rapports sexuels sans préservatif.
Au demeurant, là où la lutte a connu des
limites, auprès de cette cible, c'est au niveau de l'exhortation de ces
jeunes à l'adoption des comportements à moindres risques. Comme
nous l'avons déjà dit, les ESA ne se laissent pas influencer par
les « bonnes » connaissances qu'ils ont de l'infection dans
leurs comportements sexuels.
BIBLIOGRAPHIE
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Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres et
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· Conseil National de Lutte contre le
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2007-2011.
· L'Education et le VIH, Modélisation de
l'impact du VIH /sida sur les systèmes d'Education : Manuel de
Formation, 2éme ouvrage dans une série de publication sur
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· Dossier réalisé par Adélaïde
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· Rapport d'évaluation pour le RAES/ASPROCIDE et
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Comportements sexuels et Sida en Afrique subsaharienne : le cas du
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« les aspects socio-économiques sanitaires et
démographiques du VIH/SIDA en Afrique ») organisé par
l'UEPA Abidjan, 26-28 Oct.
· Suriname-EGIM/UNICEF, 2000
SITES INTERNET
VISITES
· http:/www.bioline.org.br/request?ep05012
TABLE DES MATIERES
Introduction générale
1
Première partie : Cadre
théorique et méthodologique
6
Chapitre I : le cadre théorique
6
I-1 Problématique
6
I-2 Revue de la littérature existante
18
I-3 Les objectifs de la recherche
32
I-4 Les hypothèses de recherche
32
I-5 Modèle théorique
38
I-6 Analyse conceptuelle
44
I-6-1-Santé sexuelle
44
I-6-2- Jeunesse
45
I-6-3- Adolescence
45
I-6-4 Comportement sexuel
46
Chapitre II - Cadre méthodologique
48
II-1 Délimitation du champ
48
II-2 Population ciblée
48
II-3 Présentation des lycées retenus
pour l'enquête
48
II-3-1 le lycée Blaise Diagne (LBD) et le
lycée des Parcelles Assainies (LPA)
48
II-3-2 Le lycée Moderne de Rufisque
(LMR)
49
II-3-3 Le Collège Sacré-Coeur
(CSC)
49
II- 4 Cadre de l'étude
50
II- 5 Echantillonnage
52
II-6 Techniques d'investigation
52
II-6 -1 Enquête quantitative : le
questionnaire
52
II-6 -2 Enquête qualitative : le focus
group
53
II-7 Enquête de terrain
54
II-7-1 Pré test des questionnaires et des
guides d'entretien
54
II-7-2 Enquête proprement dite
55
II-7-4 Traitement des données
56
Sphinx 2000 et Spss 12.0
56
Analyse de contenu
57
II-8 Limites de la recherche et difficultés
rencontrées
57
Deuxième partie :
présentation du Sénégal et contexte du VIH/SIDA
62
Chapitre I : Présentation du
Sénégal
62
Chapitre II : Situation
épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal
64
III -1 Historique de la lutte contre le VIH/SIDA au
Sénégal
66
IV- présentation du projet
68
Chapitre I : caractéristiques socio
démographiques des ESA
72
Chapitre II : conditions de vie socio
économiques des ESA
78
Chapitre V : connaissances et comportements
sexuels
104
Conclusion générale
109
BIBLIOGRAPHIE
113
TABLE DES MATIERES
116
ANNEXE
118
ANNEXE
GUIDE D'ENTRETIEN : FOCUS GROUPE
1. Existe-t-il des signes qui montrent qu'une personne est
séropositive ? Si oui, lesquels ?
2. Existe-t-il des signes qu'on trouve chez une personne
malade de Sida ? Si oui, lesquels ?
3. Quels sont les modes d'infection du VIH/SIDA ?
4. Quels sont les modes de prévention du
VIH/SIDA ?
5. Qu'est- ce qu'une personne peut faire pour se
protéger contre le Sida ? Sonder : Chez le
garçon ? Chez la fille?
6. Qu'est-ce qu'un comportement sexuel à
risque ?
7. Quelless sont les raisons qui amènent les
élèves à avoir des comportements sexuels à
risque?
8. Trouvez-vous nécessaire de faire le dépistage
du VIH/SIDA ? Si oui, quels sont les avantages pour une personne qui fait
le test du VIH/SIDA ? Si non, pourquoi ?
9. Connaissez-vous les lieux de dépistage?
10. Accepteriez-vous qu'un élève qui a le Sida
se soigne dans une structure de santé ou au centre
médico-scolaire des élèves ? Si non,
pourquoi ?
RESUME DE MEMOIRE
Le mémoire de maitrise intitulé :
« la sexualité en milieu scolaire
dakarois » a été orienté vers les trois
concepts à savoir les comportements, les connaissances, les
perceptions des élèves en raison du fait qu'ils sont très
significatifs dans la compréhension du lien existant entre les jeunes
et l'infection à VIH/SIDA et les IST.
Si dans la société traditionnelle, le
début des premiers rapports sexuels coïncidait avec le mariage,
aujourd'hui, il existe un décalage entre les deux
phénomènes. Les jeunes s'adonnent à une sexualité
prénuptiale qui a tendance à prendre une ampleur
considérable dans une société sénégalaise
partagée entre tradition et modernité. L'ampleur de cette
situation matérialisée par un nombre élevé de
grossesses préconjugaux a longtemps préoccupé les familles
des jeunes concernés. Aujourd'hui, avec l'extension reconnue au VIH/SIDA
dans la tranche des jeunes, la sexualité est aussi celle des
autorités sanitaires et des chercheurs. Comme dans les autres pays
d'Afrique, les jeunes sont particulièrement exposés à
l'infection à VIH/SIDA et c'est cela qui va être à
l'origine de l'attention toute particulière accordée à la
sexualité des jeunes. En effet, parmi les causes de cette
vulnérabilité, les études révèlent que
beaucoup de jeunes rentrent très souvent dans une activité
sexuelle sans connaissances adéquates relatives à la
sexualité. Le recul de l'entrée en union est ce faisant, un
concept explicatif dans cette vulnérabilité mais aussi
l'effondrement des valeurs traditionnelles en Afrique
matérialisée par l'effritement de l'exigence de la
virginité au mariage.
Nous avons ciblé les élèves sexuellement
actifs dans le milieu scolaire, particulièrement ceux qui sont en
classe de seconde. A cet effet, nous avons retenu un certain nombre de
questions pour arriver à nos objectifs :
· Quelles sont les influences du milieu scolaire sur la
sexualité de ces jeunes ?
· Les ESA ont-ils de bonnes connaissances de l'infection
à VIH/SIDA ?
· Les connaissances et les perceptions des risques
relatives à l'infection ont-elles une influence sur leurs comportements
sexuels ?
Nous avons formulé un certains nombres
d'hypothèses :
· Le milieu scolaire favorise un cadre où
s'épanouit la sexualité des jeunes mais aussi l'accès
précoce à cette vie sexuelle;
· le besoin de découverte de la sexualité
et la recherche du plaisir sont les raisons qui justifient l'entrée dans
la vie sexuelle des jeunes scolarisés ;
Tout cela nous a permis d'arriver aux conclusions
suivantes :
D'abord, les ESA ont de bonnes connaissances relatives
à leur sexualité, aux IST et à l'infection à VIH.
En effet, ces élèves connaissent les risques encourus par une
personne qui entretient des rapports sexuels sans usage du préservatif
(les chiffres indiquent à ce propos que 55,06% des
enquêtés affirment que le premier risque encouru est le VIH/SIDA
contre 5,7 % qui affirment ne pas connaitre le risque). Ensuite, les ESA ont
des comportements sexuels à risque d'IST et de VIH/SIDA et même de
grossesse, malgré les bonnes connaissances qu'ils ont de la
sexualité.
Aussi, avons nous remarqué que le début de la
sexualité est très précoce chez cette cible, nous
concevons par conséquent que c'est le milieu scolaire qui favorise
cette précocité du fait du manque de surveillance dont ces jeunes
font l'objet entre le chemin de l'école et la maison et des heures de
pause qu'ils passent dans les environs de l'école.
En outre, le nombre élevé de non
réponse que nous avons obtenus au cours de l'enquête
constitue une des ses principales faiblesses, ce qui rappelle encore les
résistances de la société sénégalaise
relatives aux questions de sexualité.
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* 1 Atlas de l'Afrique,
SENEGAL, 2007, Les Editions J.A, p.50
* 2
« L'Education et le VIH, Modélisation de l'impact
du VIH /sida sur les systèmes d'Education : Manuel de
Formation », 2éme ouvrage dans une série de
publication sur l'évaluation, la Prévention et
l'Atténuation de l'Impact du VIH/SIDA sur le secteur de l'Education,
UNAIDS, p.10
* 3 Ward (D.), 2002,
Comprendre le VIH/SIDA, L e guide de l'AMFAR, Nouveaux Horizons,
- Ars, Paris, p.37
* 4 Rapport de l'Unicef, de
l'OMS et de l'ONUSIDA, 2002, Les jeunes et le SIDA, une solution à
la crise, p.34
* 5 Bulletin Santé
Magazine n°6 (Juillet- Août 2006), p.9
* 6 Camara, (A.D), 2001,
Etude sur la sexualité des adolescents : le cas des
pères précoces, mémoire de DEA, Université
Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres et Sciences Humaines,
Option Sociologie, p.43
* 7 Rwenge (A), 2005,
Facteurs conceptuels des comportements sexuels, cité par
Frédéric Kobelembi in African Population Studies/Etude de la
population Africaine, Vol.20 ; N° 2, p.65.
* 8 Carael (M.), Blanc, et Way,
cité par Frédéric Kolembi dans African Population
Studies/Etude de la population africaine, Ibid, p. 14
* 9 Delaunay, (V.), 1994,
l'Entrée en vie féconde .Expression démographique des
mutations socio-économiques d'un milieu rural
sénégalais, Paris, CEPED, 326 p
* 10 L'Entrée en vie
féconde .Expression démographique des mutations
socio-économiques d'un milieu rural sénégalais, 1994,
op.cit, p.15
* 11 Calvez (M.), Maillochon
(F.), Mogoutou (A.), Warszawski (J.), 1997, L'entrée dans la
sexualité, le comportement des jeunes dans le contexte du Sida,
Paris, Editions La découverte, 431 p.
* 12 Network en
français, janv. 1994, vol 9, p.17
* 13 Le Matin, vend 15 juin
2001, dossier réalisé par Adelaïde Ndione, p.3
* 14 Les jeunes et le
VIH/SIDA, une solution à la crise, op.cit, p.6
* 15 Les jeunes et le
VIH/SIDA, une solution à la crise, Ibid. p.13
* 16 Rapport
d'évaluation pour le RAES/ASPROCIDE et
SIDASERVICE et OSIWA, 2008, Evaluation pré-intervention d'un projet
d'amélioration de la réponse au VIH/SIDA en milieu scolaire par
la promotion des comportements sexuels à moindre risque , du
dépistage volontaire , des droits humains et de l'utilisation des
techniques de l'information et de la communication, Dakar, p.11
* 17 Delaunay (V.), 1996,
Santé de la reproduction et des changements socio-économiques
dans le milieu rural sénégalais. Cadre conceptuel d'un
programme de recherche. Notes et Projets n°2, ORSTOM, Paris ; p.14
* 18 Lalou (R.) et Msellati
(P.), Comportements sexuels des migrants de retour et des
séropositifs , in Santé de la reproduction et
Fécondité dans les pays du Sud. Editions Academia Bruyland, 613
p.
* 19 Ibid., p. 362
* 20 De Lerenzien (M.),
2002, Connaissances et attitudes face au VIH/SIDA, Collection
Populations, l'Harmattan, 271 P.
* 21 Ibid., p.56
* 22 Peter Piot, DG ONUSIDA, in
Les jeunes et le VIH/SIDA : une solution à la crise, 2002,
Op.cit. , p. 7
* 23 Sauf peut
être les premières études sur les comportements
sexuels en Afrique subsaharienne qui remontent à la période
coloniale. Celles-ci avaient pour objectif de déceler les causes de
l'infécondité et de la stérilité observées
surtout en Afrique Centrale. Au cours des années 80,
précisément dans la seconde moitié, c'est l'OMS qui prend
la décision de relancer ces recherches .Celles-ci eurent à peine
le temps d'aboutir que la question du Sida est apparue et a été
vite classée en priorité pour l'OMS. A ce titre beaucoup de
spécialistes, des démographes, des cliniciens, des biologistes
notamment ont ainsi été soutenus par cette institution pour
étudier le virus responsable de la pandémie. Les recherches en
Afrique subsaharienne portaient sur les aspects socioculturels et
démographiques du Sida et ont fourni d'abondantes informations sur la
sensibilisation et les connaissances du VIH, des modes de transmission et de
propagation, des attitudes à l'égard des PVVIH, des comportements
sexuels etc.
* 24 Vellay, 1979, La vie
sexuelle de la femme, Marabout Université, Verviers (Belgique), 283
p.
* 25 Le Jeune (C.), 1973,
Tout savoir sur l'information sexuelle, Paris, 3ditions Filipacchi,
155 p. P.8
* 26 Caraël, (M.), 1995
a, Bilan des enquêtes CAP menées en Afrique : Forces et
Faiblesses in .Caraël, M, 1995 b, La mesure de
l'activité sexuelle dans les pays en développement, in
Bajos, N. et al. (Coord.) , Sexualité et Sida. Recherches en
Sciences Sociales .p. 57- 59
* 27 Les pays engagés
dans les enquêtes CACP(Connaissances, Attitudes , Croyances et
Pratiques) et RP( Relation entre Partenaires) en Afrique Subsaharienne
sont :Botswana (CACP),Burundi (CACP),Cameroun(CACP) , République
Centrafricaine(CACP) , Tchad (CACP),Congo(CACP), Côte-d'Ivoire(CACP/RP),
Ethiopie(CACP), Guinée -Bissau(CACP), Kenya(CACP), Lesotho(CACP/RP),
Mali(CACP), Maurice(CACP), Niger(CACP), Nigeria(CACP/RP), Rwanda(CACP),
Sénégal(RP), Tanzanie(CACP/RP), Togo(CACP),
Ouganda(CACP/RP), Zambie(CACP),
* 28 Courade (G.),
2006 l'Afrique des idées reçues, Editions Belin,
p.16
* 29 Dawson, (M.H.),
cité par Fréderic Kobelembi dans African Population Studies/Etude
de la population africaine, Op.cit, p.13
* 30Séne (M.N.D),
2001, Analyse des conditions socio économiques de vie des enfants
infectés par le VIH/SIDA au Sénégal, mémoire
de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres
et Sciences Humaines, Option Sociologie, p.36
* 31 Le
sida en Afrique, recherche en sciences de l'homme et de la
société », Avril 1997, ANRS, ORSTOM, p. 18
* 32 Ward (D.), Le guide de
l'AMFAR, Op.cit, p.37
* 33Bardem (I.), Gobatto
(I.), 1995, Maux d'amour, vies de femmes, sexualité et
prévention du sida en milieu urbain africain (Ouagadougou),
Editions l'Harmattan, Paris, p.90
* 34 Maux d'amour, vies de
femmes, sexualité et prévention du sida en milieu urbain africain
(Ouagadougou), 1995, Ibid. p.90
* 35 Ibid., p.118
* 36 Mac Cormack, Schoepf,
Cité dans ANRS, ORSTOM, Op.cit, p. 13.
* 37 Bilan des
enquêtes CAP menées en Afrique : Forces et Faiblesses,
1995, Op.cit .p. 47
* 38 Lydié (N.) et
Garenne (M.),2001, Genre et Sida,les dossiers du CEPED n°67,
Paris
* 39 Maux d'amour, vies de
femmes, sexualité et prévention du sida en milieu urbain africain
(Ouagadougou), 1995, Op.cit., p.39.
* 40 Savage, cité par
Rwenge (A), 2000, Comportements sexuels à risque parmi
les jeunes de Bamenda au Cameroun, article financé par le Programme
des petites subventions de l'Union pour les études démographiques
africaines, numéro spécial.
* 41 Calvès, Djamba,
Meekers et Raynaut, cité par Rwenge (A),2000, dans Comportements
sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun,
I.bid, p.44
* 42 Freud, cité par
Rwenge (M), 1995, in Statut de la femme, Comportements sexuels
et Sida en Afrique subsaharienne : le cas du Cameroun »,
(communication présentée au séminaire sur «
les aspects socio-économiques sanitaires et
démographiques du VIH/SIDA en Afrique ») organisé
par l'UEPA Abidjan ,26-28 Oct.
* 43 Rwenge (A.),
Facteurs conceptuels des comportements sexuels : le cas des jeunes de
la ville de Bamenda (Cameroun ; Yaoundé) ; IFORD ;
UEPA ; 163 p
* 44 Foucault, cité par
Bozon (M.), 1994a, Les constructions sociales de la sexualité,
in Bozon et Leridon (H.), ( éds), Sexualité et Sciences
Sociales ,n° spécial Population , 48(5) : 1153-1196.
(Paris, PUF/INED)
* 45 Camara (A.D.),
Op.cit, p.25
* 46 Calvès cité
par Kobelembi (F.), dans African Population Studies/Etude de la population
Africaine Op .cit, p.5
* 47 Rwenge (A.) 2000,
Comportements sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au
Cameroun, Op.cit
* 48 Onusida, Agir vite
pour prévenir le Sida : le cas du
Sénégal / 99.34F (version française, Mars
2000), p.30
* 49 Conseil National de Lutte
contre le Sida (CNLS)/Programme National Multisectoriel de Lutte contre le
Sida : Plan Stratégique de Lutte contre le Sida 2007-20011.p.19
* 50 Delauney, (V.),
l'Entrée en vie féconde, Expression démographique des
mutations socio-économiques d'un milieu rural
sénégalais, Paris, 326p.
* 51 Ibid
* 52 Ibid
* 53 Rwenge,
« comportements sexuels des risques parmi les jeunes de Bamenda
au Cameroun », article financé par le Programme des
petites subventions de l'Union pour les études démographiques
africaines, numéro spécial, UEPA
* 54 Calvès (M.),
Maillochon (F.) et Warszawski (J.), 1997, L'entrée dans la
sexualité, le comportement des jeunes dans le contexte du SIDA,
Paris, 431p
* 55 Séance
d'informations et d'échanges avec un spécialiste
* 56 Séance
d'informations et d'échanges avec un spécialiste
* 57 Network en francais, janv.
1994, vol 9, p.17
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