« L'IMPACT DU WEB 2.0 SUR LE
MARCHÉ DE LA MUSIQUE »
Communication de Marque
Année 2007
- Les réseaux sociaux p1
a- Les sites participatifs p2
b-
Les blogs p2
c- Les podcastp3
B- La cible principale les 15-25 p3
a- Définition sociale p3
b- Génération hyper communication p3
c- Cible des annonceurs p4
II- L'impact du Web 2.0 sur le marché de la
musique p6
A- Contexte du marché de la musique
p6
a- Explication de la crise de l'industrie du disque
p6
b- Une augmentation d'offres de fichiers musicaux
numériques p6
c- «The Long Tail » p8
B- L'internaute, nouveau promoteur des artistes ?
p9
a- Les nouveaux outils de promotion p9
1- Les blogs p9
2- Les podcastp9
b- Les réseaux sociaux : Myspace, Wat,É
p9
1- Myspace, numéro un des réseaux sociaux en ligne
p10
i. Un réel outil marketing p10
ii. Une cible inattendue p11
iii. Économie de l'attention p12
iv. Un média corrompu ?p13
2- Wattp13
c- Les nouveaux moyens de commercialisation p14
1- Les labels équitables p14
i. Reshapep14
ii. Airtistp15
2- Les Internautes, au coeur du marché
p16
i. Les internautes au centre
des nouvelles stratégies : cas Beckp16
ii. Principe du participatifp1 7
iii. Limites p1 7
INTRODUCTION
Nous sommes témoins aujourd'hui d'un bouleversement du
marché de la musique, ceci par la crise du marché du disque. En
effet, les ventes en lignes ne cessent d'augmenter contrairement aux ventes de
CD. Entre 2004 et 2005, les ventes de titres en lignes ont augmenté de
169%! Ce bouleversement s'explique par les nouveaux outils d'Internet
impliquant l'internaute. Cette modification au sein d'Internet se nomme le Web
2.0. Le Web 2.0 place au centre l'internaute
par la participation et le communautaire. Cependant nous pouvons
nous demander quel impact le Web 2.0 a-t-il sur le marché de la
musique?
Pour cela, nous traiterons dans une première partie du Web
2.0, ses différentes formes et sa cible principale par rapport aux sites
de musique, pour dans une seconde partie analyser son impact sur le
marché de la musique.
I- Le Web 2.0, un phénomène social et
économique
A- Principes du Web 2.4
Définition
Le Web 2.0 est un concept encore floue pour de nombreux
internautes. En effet, si l'on rentre dans google «Web 2.0 », nous
n'auront pas de réponse exacte. Il est donc intéressant de
définir ce nouveau terme qui représente un nouveau moyen
de communication.
En 2004, Tim O'Reilly, créateur d' O'Reilly Média,
une société d'édition spécialisée dans
l'informatique, donne un aperçu du Web 2.0. Selon lui le Web 2.0
redéfinit Internet comme une plateforme, un espace qui permet
des échanges entre les utilisateurs, les services et les
applications.
En décembre 2006, le Times qui désigne comme tous
les ans «la ou les personnes qui ont le plus affecté
l'actualité et nos vies, pour le bien et pour le mal, et ont
représenté ce qui était important pendant
l'année», affiche en une : «La femme ou l'homme de
l'année, c'est vous! Oui, vous !». «Vous
contrôlez l'ère de l'information. Bienvenue dans votre
monde», poursuit le magazine hebdomadaire, qui, après Bono et
les époux Gates, choisit comme personnalité de l'année
2006, les millions d'utilisateurs du Web qui sont en train de réinventer
les médias en ligne.
Le web 2.0 permet à l'internaute d'une part
d'interagir et de s'identifier à une
communauté et de participer à
une page web.
Ainsi, selon une étude de
Médiamétrie1, plus de 3 millions d'internautes en
France sont devenus des créateurs de contenus, via les blogs, les vlogs
ou les forums personnalisés. Ils représentent 17 % des «
internautes assidus », soit 72 % des internautes.
Nous pouvons donner quelques noms de sites web 2.0
communautaires tel que Myspace, You tube, Dalymotion, Linkedin, Viadéo
ou encore Xing. Mais aussi wikipedia,
votrepointdevue.fr ou les blogs
pour les sites participatifs.
Le succès du Web 2.0 repose sur le fait de mettre
l'internaute au coeur du dispositif et cela
généralement gratuitement.
d- Les réseaux sociaux
Un réseau social représente une structure dynamique
qui prend forme par l'existence des liens et rapports sociaux. Sur Internet, il
faut donc les vivre, y ouvrir un compte, y passer du temps, les pratiquer au
quotidien pour construire sa propre expérience.
Dunbar 2
Selon , la taille de notre néocortex détermine le
nombre de nos amis. Une partie des ses
travaux s'appuie sur l'obsvervation de primates qui pour survivre
ont besoin d'entretenir des relations sociales entre eux. Le chiffre de ses
derniers travaux est de 147,8 amis. Il ne s'agit pas du nombre
total de ses amis mais du nombre d'amis avec lequel il est possible de
rester en relation à un moment donné.
Il existe un second concept concernant les réseaux
sociaux venant de l'écrivain et poète Frigyes Karinthy qui pense
qu'avec 6 degrés de séparation maximum on peut
être en relation avec tous les habitants de notre planète.
1 Etude médiamétrie publié le 5
octobre 2006
2 « Social Network Size in Humans » Hill, R., Dunbar,
R. (2002)
Le premier réseau social Internet
Sixdegree.com a ouvert en 1997, mais
s'est arrêté en 2001, année où s'est ouvert le
2ème réseau social sur Internet, Friendseter. Ce site
à pour objectif de créer son réseau à partir d'un
cercle d'amis.
3
Selon Grégory Pouy , Internet devient, un réel
outil de lien social mais aussi de rapprochement IRL ("in real
life"). En effet, les sites de réseaux sociaux tels que Linkedin,
Viadéo ou encore Xing,, aboutissent souvent à des rencontres IRL
(ex: soirée Xing).
De plus, les bloggeurs affirme souvent la même chose: "Je
n'ai jamais autant rencontré de monde, que depuis que j'ai ouvert mon
blog !".
Tout cela n'est pas particulièrement paradoxal. En effet,
plus les technologies évoluent, plus les choses bougent, plus les gens
ont besoin de repères et pour cela, se retourne vers ce qu'ils
connaissent c'est-à-dire, les valeurs.
C les sites participatifs
Certains pensent au terme utopie lorsque l'on
parle de site de partage gratuit. Les utopiens vivent dans une logique
collective et pensent que la nature « invite tous les hommes à
s'entraider mutuellement, et à partager en commun le joyeux festin de la
vie »4
Cependant, les sites participatifs ont beaucoup de succès
et nous allons en expliquer les raisons. La création de contenu par
l'utilisateur n'est pas une nouveauté. Dès les années 20,
le Pathé Baby offrait au public la possibilité de tourner ses
propres films. Depuis 2000, présent sur le Web, il permet aux
internautes la visualisation gratuite de nombreux films.
Nous pouvons ainsi dire que le Web 2.0 est une seconde tentative
mais en simplifiant la publication et la diffusion de vidéo.
D'autres sites proposent le partage de photos,
connaissances,...
Nous pouvons prendre l'exemple de Wikipédia. Ce site fait
parti des 20 sites les plus visités au monde. Tout a commencé le
15 janvier 2001. L'idée était que toute personne peut
créer ou
5
modifier un article, ils sont appelés « contributeurs
» et l'on peut en recenser 1 3000. Cependant le fait que chacun puisse y
modifier le contenu d'une page peut entraîner certains problèmes.
Dans un article de
Yevrobatsi.org 6 , Taner
Akçam a été mis en détention à
l'aéroport de Montréal sur la base d'inserts anonymes dans sa
biographie sur Wikipedia.
D les blogs
Le mot blog est la contraction de « Web log »,
«carnet de bord web ». A l'origine, un blog prenait souvent la forme
d'un journal intime sur le web. Le format est assez populaire
car il est accessible à tous les utilisateurs même les
non-spécialistes. Il permet de laisser des commentaires et des liens
directs avec d'autres sites ou blogs.
7
Il y aurait quatre millions de bloggeur actifs
en Europe dont un million en France . Fin 2005, 2 27100 internautes avaient
déclaré avoir sur 10 8
déjà créé un blog soit près
d'un internaute . De plus, le blog est un véritable
phénomène en France, un blog sur trois est
français9. La principale utilisation du blog est le journal
intime, il participe activement à la formation du cyber
ego.
3 article du 10 avril 2007,
latribune.fr
4 Thomas More, 1516, L'Utopie, Libre second, Librio
septembre 1999, p54 et 80
5www.wikipedia.com
6
http://www.yevrobatsi.org/st/item.php?r=0&id=3018
7 le 22 novembre 2006,
pointblog.com
8 Médiamétrie
9 étude du Cabinet Forrester Research
e- les podcast
Le mot Podcast vient de la contraction d'Ipod et de broadcast
(diffusion en anglais). Le Podcasting (balladocasting en français) est
un très bon outil pour fidéliser les
internautes. C'est un moyen de diffusion de musiques ou
vidéo, le plus souvent gratuit. L'internaute doit s'abonner à un
flux RSS (really simple syndication) qui lui permet d'automatiser le
téléchargement d'émissions pour une écoute
immédiate ou ultérieure. Le flux permet aussi d'être
informé des nouveaux contenus.
Nous venons de voir les différentes formes du Web 2.0,
à savoir le principe communautaire et participatif. Il est
intéressant d'analyser maintenant la cible du Web 2.0
B- La cible principale les 15-25
La cible du Web 2.0 est large, elle concerne aussi bien les
adolescents que les quinquagénaires. Cependant, la cible des sites de
musiques du Web 2.0 se rapproche plus des 15-25 ans. Nous allons donc traiter
de cette tranche d'age dans cette partie.
a- Définition sociale
Nous allons donner une définition de la cible principale
des sites de musique Web 2.0, par une analyse de la cible de Myspace. La cible
initiale de Myspace était les adolescents. En effet, Myspace leur donne
la liberté d'échanger et de faire des
contacts. Notons que les adolescents en dehors de leur
lycée et des activités sportives ont peu d'occasion de
socialiser.
Danah Boyd, spécialiste américaine de Myspace a
récemment fait une étude sur les mécanismes mis en oeuvre
par les jeunes dans les réseaux sociaux et blogs. Comment ils se
représentent, quelles sont leurs motivations. Son étude n'est pas
terminée, mais elle a établit une liste des motivations
conduisant à se faire des amis sur Myspace, c'est-à-dire,
à ajouter des amis10:
-Se faire des amis réels
-Ce sont des connaissances, membres de la famille,
collègues
-Il est socialement inadéquat de dire non
-Avoir un grand nombre d'amis rend populaire
-C'est une manière d'indiquer son admiration (pour des
personnes, marques,...) -Notre liste d'amis indique qui on est
-Collectionner les amis permet d'en rencontrer beaucoup
b- Génération hyper
communication
Nous sommes témoins aujourd'hui d'une explosion
des communications entre les individus. Selon le rapport de
l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des
Postes (ARCEP11), la croissance du marché d'environ 3% en
2004, a été tiré par les mobiles et le haut débit
alors que la téléphonie fixe a baissé de 5,4%. Notons
aussi que la croissance en volume est encore plus importante étant
donné la baisse des prix d'accès Internet.
La messagerie instantanée a par exemple augmenté de
15 % en 18 mois entre 2004 et 200512.
10
http://www.firstmonday.org/issues/issue11_12/boyd/index.html
11
www.art-telecom.fr/publication/rapport/rap-2004/syntra2004.htm
12 Médiamétrie, Observatoire des Usages
d'Internet
13
En France, la croissance de VolPa été
impressionnante. Selon lÕARCEP entre 2004 et 2005, il y a eu une
augmentation de 27% 14
On parle aujourd'hui de la Tic génération pour
définir tous les jeunes qui sont nés après
lÕinstallation des NTIC dans leur pays. Cependant, la Tic
génération concerne aujourd'hui aussi les jeunes à partir
de 13-14 ans. Elle utilise les moyens de communication à forte dose
expliquée par exemple par le fait que le budget télécom
des adolescents a explosé. Elle représente la première
dÕInternet 15
consommatrice . Il existe aujourd'hui sur Internet un nouveau
langage et
des nouvelles attitudes. Si lÕon prend des phrases types
comme «je lui ai parlé sur MSN », «Je lÕai vu sur
Skype », on comprend tout à fait le décalage entre la Tic
génération et les autres. Contrairement au « fantasme »
des générations précédentes de
téléportation physique comme Star Trek avec le télé
porteur ou Stargate avec «la porte des étoiles ». Nous pouvons
maintenant rendre visite à nos amis à l'autre bout du monde dans
notre chambre grâce à une web -cam.
Selon une étude dÕUniversal MacCann publié
dans le journal du Net 1 6, la possibilité de
communiquer est ce qu'apprécient le plus les jeunes sur
Internet. Les mails, chat, messageries instantanées et forum sont la
principale utilisation des 13-24 sur Internet. La Tic génération
est donc une génération sociale.
Certains les appellent « interacteurs
» dans la manière d'appréhender les médias
et de communiquer.
c- Cible des annonceurs
Les 15 à 25 ans constituent une cible très
appréciée par les annonceurs. D'abord parce que leur pouvoir 9
millions 17
d'achat est de . Mais aussi parce qu'ils sont les futurs
clients.
La diversité de leur comportement, s'avère beaucoup
plus difficiles à analys er. Aux questions "qui sont les jeunes ?", ou
encore, "comment aiment-ils qu'on leur parle ? Il existe deux catégories
de réponses qui sont apportées, dont une qui correspond au Web
2.0 : ils généralisent et catégorisent
parce que c'est leur métier (spécialistes de la communication,
bases de données sur cette cible).
L'étude publiée sur Microsoft advertising
18réalisée auprès de jeunes français de
15 à 25 ans confirme quÕInternet est devenu le média
incontournable et que cette génération apprécie la
publicité en ligne plus que toutes les autres formes de média
publicitaire.
Basée sur des entretiens individuels et des tables rondes,
cette étude cherchait à mieux saisir ce qui lie la
génération numérique aux différents médias.
Pour la question « SÕil ne fallait garder que deux médias,
le quel prendrez-vous en premier?» 61 % des jeunes sondés se sont
exprimés en faveur de lÕInternet et 49 % pour la
télévision.
L'influence dÕInternet comme principal média
publicitaire s'explique à la sensibilité des jeunes aux messages
marketing. Ils trouvent la publicité en ligne, plus créative et
divertissante que celle de la presse, et moins ennuyeuse et
répétitive que les campagnes radio ou TV. Une analyse plus
détaillée de leurs réponses aux différentes
campagnes en ligne montre cependant que toutes les publicités Internet
ne jouissent pas dÕun tel score. Les clés de la réussite
sont le contrôle de l'utilisateur sur le message
publicitaire.
13 Voice over Interent protocol : communication
téléphonique via Internet
14
www.arcep.fr
15 Génération Internet du Benchmark
group et de Médiamétrie
16
www.journaldunet.com/0306/030624jeunes.html
17
emarketing.fr, 15-25 ans : jeunes
mais pas trop..., 1er avril 2001
18
http://advertising.microsoft.com/france/etudes?Adv_ResearchReportID=92,
20 novembre 2006
La cible du Web 2.0, est caractérisée par une
génération de la communication, des contacts mais aussi par la
sensibilité à la publicité.
Le Web 2.0 est ainsi un outil de communication, de relationnel et
est aussi la cible des annonceurs.
IV- L'impact du Web 2.0 sur le marché de la
musique A- Contexte du marché de la musique
Le marché actuel de la musique repose sur le disque audio
et vidéo, les concerts et la vente de musique numérique. Nous
savons que le marché du disque est en pleine crise et a donc un impact
sur le marché de la musique étant donné son poids.
La très forte croissance des revenus de la vente
de musique en ligne et l'importante baisse des ventes de CD
sont les deux principaux faits marquants du marché. Par
exemple, le premier semestre 2005 le marché des ventes physiques a perdu
11 millions d'euros, perte compensée par les revenus de la musique en
ligne. Pour 200619, le chiffre d'affaire de la musique
enregistrée de 1.31 milliards d'Euros a connu une baisse de 11,2% par
rapport à 2005. En effet, les ventes physiques de 1287 millions d'euros
ont diminué de 11,8% et n'ont pas été
équilibré par l'importante augmentation de 45% des ventes en
téléchargement (hors téléphonie),
représenté en valeur par 23 millions d'euros.
Il est donc nécessaire de donner un aperçu du
marché de la musique.
a- Explication de la crise de l'industrie du
disque
Les maisons de disques se sont montrées réticentes
face aux nouvelles technologies notamment à cause de la bulle Internet.
Nous pouvons bien sûr nous demander pourquoi n'ont-elles pas
anticipé le téléchargement?
Tout d'abord l'éclatement de la bulle Internet les a
rendu méfiantes et elles ont connu beaucoup de difficultés
à trouver un accord avec les multiples interlocuteurs pour mettre en
place les plates-formes pour les fichiers musicaux numériques.
Comme évoqué précédemment,
elles n'ont pas anticipé l'évolution des nouvelles
technologies. Or, ce sont maintenant les créateurs de logiciels
qui ont le pouvoir car ils ont su tirer profit d'Internet en premier.
Par exemple, Bram Cohen, créateur du réseau
peer-to-peer BitTorrent vend son logiciel aux entreprises pour qu'elles
puissent échanger des données. Son software a connu un
succès colossal. Cela montre à quel point les majors et
l'industrie du disque en général sont passés à
coté des évolutions technologiques et à la multiplication
des nouveaux outils (marketing viral, CRM, podcasting, straming,É)
Il faut aussi bien comprendre aujourd'hui que la
dématérialisation a bouleversé ce
marché. En effet, le contenant influence beaucoup le contenu.
Mais les maisons de disques ne se sont aussi pas
prépa ré à l'arrivée de nouveaux acteurs
comme Apple, Myspace, YouTube,ÉCe sont des
sociétés qui aujourd'hui attirent un important nombre de
personnes et génèrent des revenues par la vente des fichiers
numériques et en se rémunérant de la publicité.
b- Une augmentation d'offres de fichiers musicaux
numériques
Les revenus des maisons de disque provenant de la musique
numérique ont atteint 1,1 milliards $US (estimation) en 2005,
c'est-à-dire un chiffre trois fois plus élevé que celui
enregistré en 2004 (380 millions$US), avec un rapport d'environ 60/40
entre la musique en ligne et la
19
www.disqueenfrance.com,
dossier Snep, chiffres clés de l'année 2006
musique distribuée via la téléphonie mobile.
En l'espace de deux ans, les ventes de musique en ligne sont passées de
quasiment zéro à 6% des revenus mondiaux de l'industrie du
disque. L'année 2005 a donc été une année marquante
pour la musique numérique:
20
La progression du marché mondial de la musique
numérique
|
2004
|
2005
|
Progression
|
Ligne Internet haut débit
|
151
|
190
|
+26%
|
Titres Individuels téléchargés
|
156
|
419
|
+169%
|
Service de musique en ligne
|
230
|
335
|
+46%
|
Catalogue des titres disponibles
|
1
|
2
|
+100%
|
Utilisateurs des services
d'abonnement
|
1,5
|
2,8
|
+87%
|
Abonnements àla téléphonie mobile
|
1350
|
1520
|
+13%
|
Tout d'abord, le numérique représente le canal de
distribution affichant la plus forte croissance dans le domaine de la
musique.
Nous constatons que le téléchargement de titres
individuels a plus que doublé en 2005 pour atteindre plus de 420
millions de titres, et représente ainsi le plus populaire des produits
musicaux distribués en ligne. Le nombre d'utilisateurs des services
d'abonnement ne cessent également de s'accroître, et est
passé de 1,5 millions à 2,8 millions au cours de l'année
écoulée. Les catalogues de titres distribués en ligne ont
aussi doublé. On recense aujourd'hui au moins deux millions de titres
individuels et 165,000 albums disponibles sur les principales plateformes de
distribution.
Un autre fait important, le téléphone
mobile est devenu un appareil de musique portable. Des
téléphones spécifiquement conçus pour la musique
ont été introduits sur le marché par les plus grands
fabricants.
De plus, a vu le jour le premier service légal de
téléchargement peer-to-peer (P2P) iMesh, accessible au grand
public, avec un lancement intégral prévu pour le début de
l'année 2006. De nombreux autres fournisseurs de services P2P envisagent
désormais de s'engager sur la voie de la légalité, suite
aux jugements prononcés par les tribunaux à l'encontre de
Grokster aux Etats - Unis et de Kazaa en australie.
Les Majors réalisent enfin l'importance du marché
musicale numérique. En effet, Emi et Apple viennent de
lancer le 2 avril 2007, leur accord permettant le téléchargement
de morceaux sans
21
système anticopie ( les Digital Rights Management (DRM))
sur Itunes Store . Le consommateur pourra écouter les morceaux de
meilleure qualité sur n'import quel baladeur MP3, ceci à 1,29
euros au lieu de 0,99 centimes.
Selon Eric Nicoli, PDG d'EMI, cette opportunité offerte
à la clientèle d'acheter des morceaux de meilleure qualité
et de les écouter sur l'appareil de leur choix va relancer la musique
numérique légale.
20 Sources : PointTopic-IFPI, Nielsen SoundScan, OCC,
IFPI Germany,SNEP, RIAJ, IFPI, fournisseurs de services d'abonnement
21
lemonde.fr, le 3 avril 2007
c- « The Long Tail »
Ce qui est nouveau, c'est que ce ne sont pas les tubes ou les
best-sellers les plus rentables sur iTunes ou Amazon, mais tous les autres
titres, toutes ces références inconnues ou presque et qui
représentent 90 % du catalogue. Cette constatation fait
référence au célèbre concept de la
« longue traîne » (anglais : the long tail) de
Chris Anderson.
22
Selon Chris Anderson , le futur des marchés culturels
réside dans la somme des millions de niches musicales numériques.
Pour illustrer ses propos, il prend l'exemple du livre de Joe Simpson, «
Touching the Void ». Ce livre est un récit d'un voyage
périlleux dans les Andes péruviennes sortit en 1988. Lors de sa
sortie, il reçut de bonnes critiques mais les ventes n'étaient
pas énormes.
Dix ans environs après, un autre Alpiniste, John
Krakauer sort «Into thin Air ». Ce livre raconte la
même histoire d'escalade qui devient rapidement un best-seller. Au
même moment, les ventes de Touching the Void augmentent
considérablement et le livre a occupé pendant 14 semaines la
liste des meilleures ventes du New York Time.
Cette renaissance s'explique par une recommandation sur
Amazon.com
à ceux qui avaient apprécié Into thin
Air!
Les produits sur
Amazon.com sont accompagnés des
avis des consommateurs. Aujourd'hui, le choix parmi de
nombreux produits et la participation des internautes permet au consommateur de
véritablement acheter en fonction de sa
personnalité. C'est pour cela que la nouvelle économie
se distingue du marché physique destiné
généralement à la masse et non à la
personne.
Ainsi, la possibilité d'effectuer des ventes sur des
marchés de niches pourrait bien se révéler
intéressante.
Le principal problème de la crise du disque a
été le manque d'anticipation des majors. Nous
constatons aussi que la participation des consommateurs selon le principe de la
longue traîne a une influence considérable.
22 Chris Anderson « The long Tail », Wired,
octobre 2004
B- L'internaute, nouveau promoteur des artistes?
Les nouvelles technologies ont donné naissance à de
nouveaux outils qui permettent aux internautes d'acquérir de
nouveaux pouvoirs . Ces nouveaux outils facilitent la
diffusion des contenues musicaux. Les Internautes sont ainsi
aujourd'hui placés au coeur des nouveaux moyens de promotion des
artistes.
Nous allons donc analyser les différentes structures sur
Internet reposant principalement sur l'internaute.
a- les nouveaux outils de promotion
1- Les blogs
Nous avons précédemment défini un blog,
nous allons maintenant l'étudier comme un outil de l'internaute pour
influencer le marché de la musique. De prime abord, le blog est
indépendant et se distingue ainsi de la promotion
traditionnelle. Le fait qu'il n'y ait pas d'intérêt
financier donne aux propos plus de crédibilité.
Cependant, on peut se demander si un consommateur peut vraiment étude
l'IPSOS 23
être influencé par un blog. Selon une de , à
la question « Serais-je plus
enclin à acheter un produit ou un service si je lisais un
commentaire positif sur ce produit ou service par d'autres consommateurs ou
particuliers sur Internet ? », plus de la moitié des internautes
ont répondu oui.
Afin de promouvoir la musique que l'on apprécie, on
peut mettre des morceaux en streaming ou en téléchargement
temporaire. Le blog peut aussi accueillir un radioblog ainsi que des flux RSS
ou Atom.
Un radio blog est un lecteur de musique que l'on greffe au blog
sous forme de playlist en streaming. Les radios blog permettre à tout
bloggeur, de montrer ses goûts aux autres internautes,
et devient ainsi un prescripteur . Les radioblog sont
très pratiques pour les labels indépendants qui souhaitent faire
la promotion avec peu de moyen.
2- Les podcast Le podcasting commence à
devenir intéressant pour les artistes dû à la leur cible et
le nombre
24
d'utilisation. En effet selon une étude du cabinet Nielsen
NetRatings , 9,2% millions d'américains, soit 6,6% de la population
internaute, auraient téléchargé un podcast audio en juin
2006. La cible correspond de plus, majoritairement à la tranche
d'âge 18-24, suivie des 25-34 puis des 35-44 ans.
b- Les réseaux sociaux: Myspace, Wat et
Youtube
Comme nous l'avons déjà expliqué
précédemment, ces sites visent à créer des
réseaux sociaux en offrant une grande
interactivité entre les utilisateurs. En 2006, Myspace
a eu une croissance d'utilisateurs considérable de 240000 nouveaux
utilisateurs par jours:
23 Helcmanocki Alexis, «Quel est le pouvoir des
blogs en Europe ? », IPSO S MORI, 16 novembre 2006.
24 Le journal du Net «6,6 % des internautes
américains adeptes du podcast audio », 17juillet 2006
25
Myspace statistiques fréquentations
|
Novembre 2005
|
Avril 2006
|
évolution
|
Utilisateurs
|
40 millions
|
75 millions
|
+88%
|
Nouveaux utilisateurs/jours
|
150000
|
250000
|
+60%
|
Nombre de visiteurs/mois
|
26,6 millions
|
48 millions
|
+80%
|
Nombre de pages vues/moi
|
12,5 milliards
|
27,4 milliards
|
+119%
|
Il convient ainsi de faire un point sur ce nouvel outil qui fait
beaucoup parler de lui.
1- Myspace, numéro un des réseaux sociaux
en ligne
Myspace a été créé par Tom Anderson
en 2002. Toutes les pages de Myspace sont construites de la même
manière. Dans la partie gauche on a le profil de l'utilisateur, ses
centres d'intérêts, ses références musicales,
cinématographiques,... Un player mp3 permet de diffuser notre propre
musique si l'on est professionnel de la musique ou un morceau trouvé sur
une autre page Myspace pour les utilisateurs «normaux ». La partie
droite est réservée aux messages envoyés aux photos de nos
amis et de leurs «comments ».
i. Un réel outil marketing
Myspace offre un contact privilégié
entre les fans et les artistes. En utilisant leur page Myspace comme
un mini site personnel, les artistes réussissent à attirer un
grand nombre de personnes. Ils peuvent aujourd'hui ouvrir leur page «
music » avec quatre titres en écoute et non un. Les maisons de
disques en ont fait « un média privilégié, utile
pour les artistes en développement qui ont un budget de promotion
limité »26 explique Erick Viollet, responsable du
développement new media et digital group chez Sony-BMG. «Le
fonctionnement et le contenu de Myspace, correspond à ce que recherche
les professionnels de la pub et du marketing ». Myspace est en effet,
une banque de données géante avec les informations sur chaque
page permettant un ciblage marketing très définit.
Avec Myspace, les groupes peuvent se faire
connaître rapidement. Les morceaux et les dates des concerts
sont immédiatement disponibles sur leur page.
De nombreux musiciens anonymes ont connu une « success
story» sur Myspace. Arctic Monkeys est un des exemples phares, ils ont
créé une page sur Myspace et ensuite on fait les Hit parades
anglais. Aujourd'hui, les Arctic Monkeys se vendent 100 000 euros sur les
festivals français!
Cassie Ventura a aussi connu le succès sur Myspace avec
son hit «Me and U ». Elle a bénéficié d'un
bouche à oreille énorme. Son tube à
été joué quinze millions de fois, elle a 20 685 503 amis
et 561 892 comments. Aucun plan marketing via la radio la
télévision et de l'événementiel n'aurait pu assurer
une telle couverture promotionnelle.
Nous avons aussi en France notre sucess story, Kamini.
Après avoir envoyé son clip promo «artisanale »
à une maison de disque, un stagiaire enthousiaste a transmis le lien
à ces amis qui, selon le principe de diffusion virale, le transmettent
à d'autres. Le buzz avait déjà commencé, mais le
fait d'avoir fait sa page Myspace lui a permis la reconnaissance.
25
TechCrunch.fr, 13 juin 2006
26 Le Monde, 18 novembre 2006
On se doute bien que Myspace est un puissant outil
marketing gratuit pour les artistes. Mais quand pensent les
majors ? En novembre 2006, Universal music a assigné Myspace en
justice pour violation des copyrights. La maison de disque chiffre le
préjudice à 150 000 dollars par morceaux ! Myspace avait pourtant
pris des précautions avec Gracenote, un service de reconnaissance en
ligne, pour empêcher la mise en ligne sur leur page de morceaux non
présent sur Myspace, c'est-à-dire des morceaux dont ils n'ont pas
les droits. Des analystes avancent l'hypothèse que ce qui gêne
réellement Universal n'est pas le piratage très faible, surtout
comparé au P2P mais le fait qu'un artiste puissent maintenant
vivre de sa musique sans passer par une maison de
disques27. Cependant, elles vont de plus en plus s'en
servir en critère de choix pour les artistes en développement. En
effet, il est préférable de développer un artiste
déjà connu sur Internet, plutôt qu'un jeune talent
complètement inconnu qui nécessitera un investissement
médiatique important pour le lancer.
ii. Une cible inattendue
A l'origine Myspace ciblait les adolescents,
mais les 25-34 et les 35-54 sont les deux tranches d'âges dont la
croissance est la plus importante. Cependant, le nombre de visiteurs
adolescents continue d'augmenter:
28
Les Visiteurs de Myspace par tranche
d'âge
|
Août 2005
|
Août 2006
|
Progression en point
|
Valeurs uniques en milliers
|
21819
|
55778
|
|
Audience Totale
|
100,00%
|
100,00%
|
0
|
Les 12-17 ans
|
24,70%
|
11,90%
|
-12,8
|
Les 18-24 ans
|
19,60%
|
18,10%
|
+1,4
|
Les 25-34 ans
|
10,40%
|
16,70%
|
+6,2
|
Les 35-54 ans
|
32,40%
|
40,60%
|
+8,2
|
Lesplus de 55 ans
|
7,10%
|
11,00%
|
+3,9
|
Pour les artistes et labels cette tendance n'est pas en leur
faveur car les plus de 35 ans sont moins sensibles aux opérations
marketing. Cela n'empêche pas aux artistes d'ouvrir leur page. Cependant,
tout le monde sait qu'être visible est insuffisant pour se faire
connaître, il faut aussi se faire entendre.
Il faut tout d'abord toucher l'internaute . On
touche l'internaute en le conquérant puis en le fidélisant.
Exploiter la « viralité » du Web et le bouche
à oreille est le meilleur moyen de se faire connaître mais il
n'est pas pour autant évident de provoquer une «contamination
».
Le premier facteur pour construire une notoriété
est bien sûr le talent. L'internaute voudra faire
partager son expérience d'écoute ou de concert plein
d'émotion avec d'autres. L'internaute prend alors le rôle de
« découvreur de talent» et souhaite faire découvrir aux
autres sa trouvaille.
Mais lorsque l'on voit des artistes du type Lorie, É on se
doute que le talent ne fait pas tout. Dans ces cas là il faut un
excellent buzz. Myspace est utile pour cela car il permet d'ajouter des amis
dans ses contacts. Ces amis constituent un réseau qui serve de
tremplin.
27
http://news.yahoo.com/s/nf/20061121/tc_nf/48108
28 comScore Media Metrix
Nous allons mieux définir le buzz,
où la conquête des futurs fans. Un buzz est une technique
marketing qui peut être utilisée par tous les artistes. C'est un
message, peu importe le format, qui vise à surprendre et à
susciter la curiosité pour faire sensation et donc faire parler.
L'avantage est qu'il ne nécessite pas de budget important
puisque sa réussite de mesure est sa capacité à
générer du bouche-à-oreille. Il faut donc bien
connaître sa cible pour choisir la bonne tonalité pour bien les
interpeller. On peut utiliser différents tons comme l'humour, la
provocation, le sérieux, du moment que l'univers de l'artiste soit
respecté.
Si l'appropr iation du message par les internautes
est l'un des avantages du buzz, celle -ci peut se retourner contre
l'artiste si le public le modifie ou le critique négativement. Ce type
de communication est une expérience touchant l'internaute qu'il pourra
partager avec ses amis. La vidéo est très importante, elle permet
de faire passer un message plus clairement.
La fidélisation est aussi un facteur
très important pour le succès d'un artiste. Pour que les
internautes restent en contact avec l'artiste, il faut leur donner envie de
renouveler l'expérience musicale. Il faut rapprocher
l'internaute de l'univers de l'artiste. Il convient donc que dans le
graphisme, les photos, les textes, l'internaute ressente une proximité.
L'aspect visuel des pages est très important, il est renforcé par
la personnalisation du contenu des profils, de l'insertion de vidéo. On
ressent bien la présence de l'artiste via ses
goûts, ses amis et ses réponses aux messages. On plonge alors dans
cet univers et on a l'impression d'avoir découvert cet artiste.
Le Web 2.0 est particulièrement efficace pour ce point,
imaginons que l'on découvre une bonne vidéo d'un artiste sur
YouTube. Sa page est standardisée, mais on apporte un peu plus
d'intérêt à cette artiste et l'on va sur sa page Myspace,
là son univers commence à se faire ressentir. On commence alors
à de plus en plus l'apprécier ce qui nous conduit sur son site
Internet qui nous plonge entièrement dans l'univers. Le fait que la
découverte se fasse par étapes et dans un ordre croissant, a un
impact très important sur l'internaute et se caractérise comme
une réelle expérience musicale.
29
iii. économie de l'attention
L'expression «économie de l'attention» est
une recherche du fonctionnement de marchés dans lesquels l'offre
est abondante (et donc économiquement
dévalorisée) et la ressource rare. La ressource
correspond ici aux temps et l'attention des consommateurs. L'économie de
l'attention est caractéristique du web 2.0 et notamment de Myspace. On
retient trois caractéristiques à cette thèse.
- La valeur, soit le pouvoir économique,
se déplace vers l'aval, vers les entreprises au contact direct des
clients. Ce sont elles qui sont les plus capables de les connaître, de
les comprendre, de leur prêter attention en échange de
répondre à leurs besoins de manière
personnalisée.
Selon John Hagel, ces «marques centrées sur le
consommateur» provoquent de solides barrières à
l'entrée pour leurs concurrents, mais aussi à la sortie pour
leurs clients, qui ont investi beaucoup de temps et d'énergie dans la
construction de leur univers personnel auprès de ces marques.
- Comme les biens consommés ont une valeur
économique faible, l'économie de l'attention vit, de la
publicité .
- Cette économie a tendance à se
concentrer, par la conjonction d'au moins trois
phénomènes : le coût de migration des utilisateurs,
l'effet-réseau qui fait que la valeur d'une plate-forme de mise
en relation croît de manière exponentielle avec son nombre
d'utilisateurs. Ainsi que la tendance des publicitaires à se
simplifier la vie. Selon Jean-Michel Sala·n, aux
29 Annoncée par le prix Nobel d'économie
Herbert Simon dans les années 1970, popularisée par Michael
Goldhaber dans un article de 1997
Etats-Unis, en 2006, 92% des revenus de la publicité en
ligne se concentraient sur quatre sites (Google, Yahoo, MSN et AOL).
iv. Un média corrompu?
Oui Myspace est génial, il permet à des artistes de
« monter vite » avec peu de moyens, il permet de se faire plein
d'amis, É Mais il vient de se faire racheter par Rupert Murdoch patron
de NewsCops qui possède de nombreux média. Voici un petit panel :
Aux Etats-Unis : Harper Collins (édition), New York Post, The Weekly
Standard (presse), Fox Broadcasting (télévision), Los Angeles
Dodgers (baseball), 20 th Century Fox (cinéma), DirecTV
(télévision par satellite).et au Royaume-Uni: The Sun, The News
ofthe World, The Times, The Sunday Times (presse), 40 % de BSkyB
(télévision par satellite).
Depuis son rachat d'Intermix Media en 2005, la
société détentrice de Myspace, Rupert Murdoch a
dépensé un total de deux milliards de dollars pour acheter des
endroits virtuels où se retrouvent des fans de cinéma, de jeux
vidéo, de sportÉ Sa seule exigence étant que les sites
soient
« sticky », c'est-à-dire que
l'on y passe un maximum de temps.
« Murdoch ne mettrait pas autant de thunes (580 millions
de dollars) sur la table pour les beaux yeux des artistes indépendants
», analyse Martin Jaglin, auteur des « 10 commandements du
marketing interactif». Myspace est un « phénomène
qui en fait l'un des sites les plus visités aux Etats-Unis, et les plus
rentables aussi. Ce sont les utilisateurs qui créent le contenu, il n 'y
pas de rédacteurs en chef, que des commerciaux et des techniciens. En
plus, le bouche à oreille que le site génère n'est pas
véhiculé par une pub mais par d'autres jeunes, ce qui est rend
d'autant plus crédible. »30 Du coup, les annonceurs
accourent. Les revenues publicitaires de Myspace sont estimées à
1 3M$ 31par mois. Le site offre aux marques une cible
très précise. Rupert Murdoch a souvent l'habitude de
transformer ses médias en propagande politique, aux
Etats -Unis, ils sont explicitement pro-Bush. De plus, News Corp compte ajouter
du contenu d'informations dans ses sites.
2- Watt
WAT est un portail multimédia communautaire. C'est un
endroit pour voir et partager des vidéos, des photos et des musiques
avec des amis. Wat a trois objectifs qui sont :
- De s'exprimer et de rencontrer de nouveaux
amis passionnés. Chacun peut créer sa Page Wat gratuitement, la
personnaliser et partager ses créations et ses passions avec ses amis.
On peut publier différentes formes de fichiers : vidéos, sons,
photos, articles. On peut ainsi parcourir les pages Wat des membres de la
communauté, retrouver ses amis et rencontrer ceux qui nous ressemblent
pour agrandir notre réseau.
- Découvrir et partager les meilleures
vidéos, sons et photos. Découvrir, commenter et diffuser les
vidéos, musiques et photos publiées et partagées par les
membres de la communauté Wat. Ajouter les fichiers favoris à sa
Page et inviter des amis à les consulter pour qu'ils en profitent
aussi.
- La création: on peut se faire
connaître sur tout le web et passer à la TV .
Les créations les plus populaires sont podcastées
et diffusées à l'émission WATCAST sur TF 1.
Wat.tv offre une interface pratique car il prend en compte les
technologies mobiles, c'est-à-dire la possibilité de modifier sa
page personnelle via son mobile et la diffusion de ses contenus par la
chaîne Wat TV.
Ce qui différencie Wat de Myspace ou de YouTube, c'est que
la mise en avant d'un contenu ne se fait pas uniquement par sa
popularité. Une équipe éditoriale s'occupe de placer en
« home page » les artistes coup de coeur ou originaux, ce qui
augmente les chances d'être vus et entendus
30 Tecnikart, Mai 2006
31 Tecnikart, mai 2006
pour les jeunes talents. De plus, le meilleur de Wat est
diffusé sur TF 1 dans l'émission Watcast. Cette émission
est faite par les utilisateurs, elle propose une sélection de
vidéos publiées: parodies, court métrages, reportages,
musique, É
c- Les nouveaux moyens de commercialisation
1- Les labels équitables
Grâce aux nouveaux moyens de distribuer de la musique, de
nouveaux moyens de commercialisation sont apparus. Différents label s'y
sont adaptés. Ces nouveaux modèles ont pour vocation d'utiliser
les nouvelles technologies et le e-marketing pour faire promouvoir et
distribuer leurs artistes. Il y a d'un coté les labels
équitables comme Reshape Music, qui s'inspire du commerce
équitable pour développer et valoriser les artistes. Des sites
comme Airtist qui laisse le contrôle aux artistes et labels
indépendants pour gérer la commercialisation et la
promotion de leur oeuvres.
i. Reshape
Définition
Reshape-music est la première structure de production et
de distribution de musique en Europe à intégrer des principes
équitables vis-à-vis des artistes et du public.
L'équipe de Reshape-music a choisi d'anticiper la
mutation du secteur musical en proposant une alternative aux artistes afin
qu'ils diffusent et distribuent leurs créations au format
numérique et en CD partout dans le monde, en toute liberté.
Ils ont aujourd'hui un catalogue de 33 artistes allant de
l'electro au classique en passant par le funk. Il y a une mise à
disposition des outils technologiques innovants et autres médias
numériques : diffusion vidéo et audio en podcasting, un blog
dédié par artiste et la possibilité pour les internautes
de suivre leurs actualités via des flux RSS.
Ainsi, ce développement orienté web 2.0 permet
aux artistes d'être de plus en plus visibles et de
distribuer leurs musiques dans le monde entier, en toute indépendance,
d'une manière totalement équitable.
Reshape-music se différencie essentiellement des autres
labels en reversant aux artistes indépendants 50% des ventes
réalisées directement auprès du public et en distribuant
ceci suivant un modèle de fixation des prix révolutionnaires.
Nous pouvons constater que les DRM ont disparu et que la part plateforme et
maison de disque de 68% en tout est redistribuée dans le modèle
Reshape aux artistes majoritairement pour 51% et à Reshape pour 21%.
La vente en ligne classique
TVA+f rais bancaires 21%
maison de disque 62%
plateforme
6% Artistes
Sacem 7%
3%
DRM 1%
maison de disque
TVA+f rais bancaires
Sacem
plateforme Artistes DRM
La vente Reshape
TVA+frais bancaires 21%
Reshape- music 21%
Sacem 7%
Artistes
Reshape-music
TVA+frais bancaires
Sacem
Artistes 51%
Pour la première fois en Europe les internautes
décident, au travers d'une échelle, du prix d'achat de la
musique, après une écoute intégrale, à la demande.
Les objectifs de la plate-forme son t donc, de sensibiliser le public à
la musique indépendante, et de transformer les internautes en «
consom' acteurs ».
La philosophie
La philosophie de Reshape Music repose sur quatre points:
- Remettre les artistes au centre du processus
en mettant en place une relation transparente directe entre le public
et les artistes. Dans le modèle traditionnel, l'artiste est en bout de
chaîne et le marketing et la communication sont au centre du
processus.
- Sensibiliser les internautes à l'achat de
musique. Les internautes doivent connaître la destination de
leur argent contrairement au modèle traditionnel.
- Inciter les internautes à participer au
développement des artistes, en choisissant le prix d'achat de la
musique. Contrairement au modèle traditionnel ou l'investissement
publicitaire détermine le succès d'un artiste.
- Reverser 50 % directement sur le prix de vente public aux
artistes, contrairement aux plateformes de téléchargement ou
l'artiste touche 3 % du prix de vente de la musique.
ii. Airtist
L'objectif d' Airtist est le développement des
artistes et l'accès à la culture. « La plate
-forme Airtist repose sur la communauté afin de réunirfans,
amateurs de musique autour de l'artiste, la star au coeur du système.
» annonce Laurent, cofondateur de Airtist32.
Pour cela, les principaux outils sont les services innovants sur
le net et les internautes. Les principes sont aussi la transparence de
la rémunération . Ce qu'apporte Airtist aux
internautes est la découverte des
nouveaux talents et l'achat de leur musique par une alternative aux P2P et au
sites de téléchargement trop cher. L'artiste doit payer son
inscription 40 euros, et il n'y a aucune
exclusivité. Il possède une liberté de fixer
ses prix et sa communication.
Il existe deux moyens d'acquisitions de la musique, soit à
partir de 0,20 centimes par titre que l'artiste fixe, soit la gratuité
en échange d'une annonce publicitaire de 30 secondes que l'on doit
visionner avant le téléchargement de la musique. A chaque
téléchargement gratuit ou non, l'artiste est
rémunéré. Dans le mode payant, il reçoit 70% du
prix de vente. La rémunération, de Airtist vient essentiellement
de l'annonce. Ce qui montre l'efficacité de Airtist est l'accord de noms
connus de la musique comme Yann Tiersen, Jacques Higelin, É
2- Les Internautes, au coeur du marché
Pourquoi est-il important de s'intéresser aux fans ?
-ils sont capables de dépenser plus
d'argent (CDs, produits dérivés) qu'un simple amateur de
musique
-ils font de la promotion et du buzz pour leurs
artistes préférés
-ils vont aux concerts
-ils font vivre l'artiste sur le long terme
Les fans constituent une cible très
réactive et sensible aux stratégies marketing.
Les maisons de disques ont cherché à créer des liens
exclusifs entre l'artiste et le public.
i. Les internautes au centre des nouvelles
stratégies : cas Beck
En développant des stratégies marketing sur les
mass médias, les maisons de disques ont un peu délaissé
les fans ou du moins peu innové afin de répondre à leurs
attentes. Or l'arrivée des nouvelles technologies permet
désormais de personnaliser les messages en termes de
communication mais aussi de diversifier l'offre afin de satisfaire des demandes
différentes. Avec la crise du disque, une partie de l'offre doit
être concentrée sur le coeur de cible, c'est-àdire, les
fans. On a vu précédemment leur importance aussi bien d'un point
de vue économique
que pour la carrière de l'artiste. Ce sont eux qui
assurent la durée de vie d'un artiste à long terme. Pour les
satisfaire, il faudrait améliorer qualitativement les relations avec les
artistes. Le Web 2.0 répond à cette demande, il crée plus
d'interactivité entre les fans et l'artiste. Le
chanteur Beck à par exemple mis en place une stratégie
intéressante pour promouvoir son dernier album « Guer »
auprès des fans :
-Exploiter le P2P. Il a diffusé des
morceaux qui ont créé un bouche-à-oreille qui a
fidélisé les amateurs et a porté l'attention à de
nouveaux.
32
www.come4news.com
-Se rapprocher du public. Beck a mis en ligne
sur son site officiel trois vidéos, filmées avec ses amis. Ce
sont des vidéos plus spontanées et moins formatées qui
permettent de connaître un peu plus intimement l'artiste.
-Exploiter les préférences des
fans. Deux mois avant la sortie de l'album, il a mis en ligne sur I
Tunes Store des remix de son album. Ses fans pouvaient l'utiliser comme
sonnerie de téléphone.
-Inclure des plus produits sur les supports.
L'album est sorti avec un DVD sans DRM. Ceci permet de pouvoir visionner les
vidéos sur n'importe quel baladeur.
En 2005, son album se positionne en première semaine
numéro 1 sur Amazone et I Tunes Store. Ces exemples montrent que plus
l'artiste offre des émotions à son public en
exploitant tous les canaux de diffusion et de distribution, plus il
améliore qualitativement sa relation avec eux.
Il augmente ainsi ses chances de transformer une personne qui
apprécie simplement sa musique en fan. De plus, en créant une
proximité, l'artiste va permettre aux fans de
dépasser les barrières financières, car la valeur de cette
relation ne pourra plus uniquement être fondée sur une somme
d'argent limitée. Le fan sera prêt à dépenser plus
pour rester en contact avec son artiste favori.
Il faut cependant apporter une précision importante avant
de mettre de telles stratégies en place. En effet, elles ne sont
réalisables qu'en présence d'une masse de fans. Un groupe qui se
lance ne peut pas adopter de telles mesures, ou du moins ne doit pas attendre
un retour semblable à celui de Beck.
ii. Principe du participatif
Les amateurs ont joué et jouent un rôle important
dans la carrière d'un artiste. Même si les relations maisons de
disques-internautes ne sont pas en bons termes, il n'en reste pas moins que les
internautes sont des amateurs voire plus.
Pourquoi le consommateur n'achèterait-il pas un album
s'il avait lui -même contribué à sa réalisation?
Pour le dernier album de Janet Jackson, Virgin
son label a organisé un concours auprès de ses fans qui devaient
réaliser eux -mêmes la pochette. Une trentaine de photos
étaient mises à disposition afin de servir de support. Un site a
été spécialement conçu avec Yahoo !Music, proposant
tous les outils nécessaires pour télécharger les contenus.
Janet Jackson a même présenté le projet dans une
vidéo disponible sur Yahoo ! Music. Elle a choisi quatre pochettes qui
ont été imprimé en série limitée.
Même si ce type d'opération est délicat car
elle ne touche qu'une certaine partie de la cible, cela permet de faire un
buzz.
L'exemple de lily Allen est intéressent.
Sa maison de disque EMI, a proposé aux internautes de faire la promotion
de l'album. Sur le site de la chanteuse, les internautes ont été
invités à créer des smileys à son image. Ils aussi
eu des e-cards, des bannières, un puzzle. Contrairement à la
télévision ou à la radio ou le consommateur subi la
promotion, ici il a le choix de participer et de promouvoir l'artiste qu'il
apprécie.
C'est lorsque l'internaute a le choix qu'il y a
légitimité. Ainsi quand un internaute participe
volontairement à la construction de la notoriété de
l'artiste, il se sent plus proche et donc est susceptible d'acheter l'album.
iii. Limites
Le marketing participatif montre à quel point le public
peut influer sur le développement d'un artiste. Avec Internet, les
frontières entre artistes et public se sont considérablement
réduites. A tel point qu'il est maintenant possible de soutenir
financièrement un artiste encore inconnu en devenant son
co-producteur. Si l'on découvre un morceau d'un artiste non signé
que l'on aime bien, on peut lui envoyer une somme d'argent afin de participer
à son développement. Sellaband est un site qui s'est
inspiré de ce principe pour se positionner intermédiaire entre
artistes non signés en maison de disque et internautes. Il permet aux
artistes de créer leur page personnelle pour diffuser leurs morceaux.
Les internautes peuvent retirer l'argent investi à tout moment. Si un
artiste parvient à réunir 50 000 dollars, les producteurs
recevront une part des bénéfices. Le fait que les internautes
puissent gagner de l'argent, peut engendrer un cercle vertueux pour
l'artiste.
En effet, plus il y a de parts achetées par les
internautes, plus il a du succès auprès du public, plus il a des
chances de vendre beaucoup, plus les internautes ont des chances de gagner de
l'argent, plus ils vont investir sur lui.
Cela pourrait compromettre une relation public artiste
exclusivement basée sur l'artistique car les
intérêts financiers pourraient attirer des investisseurs qui
cherchent uniquement à spéculer.
La crise du disque est une conséquence de la nouvelle
manière de commercialiser et de promouvoir les artistes. La thèse
de l'économie de l'attention est très juste et permet d'expliquer
ces nouveaux modèles de commercialisation.
Le rapprochement de l'artiste et des «fans » est
crucial aujourd'hui pour la bonne vie musicale d'un artiste. Cependant, il ne
faudrait pas qu'un lien financier entre les deux prenne trop d'importance.
CONCLUSION
Le Web 2.0 a placé l'internaute au coeur des nouvelles
stratégies de promotions et commercialisations des artistes. Ceci
apporte à l'internaute en plus de se créer un réseau
d'amis, la reconnaissance d'avoir « découvert » cet artiste.
Ainsi, l'internaute est fier et veut faire partager son « poulain »
à un grand nombre de personnes, rien de plus efficace pour
générer un buzz, que le bouche à oreille !
Pour tous les artistes talentueux inconnus et les labels
indépendants, c'est une révolution qui leur permet de vivre.
Même les majors préfèrent aujourd'hui, avant de signer un
artiste en développement qu'il se soit promu sur Internet.
Le fait que ce soit des internautes sans intérêt
financier qui contribuent à la promotion rend l'artiste plus
crédible. Cependant, un des nouveaux système fait participer
l'internaute financièrement. Ceci peut être controversé par
le fait qu'ils peuvent êtres influençables quant à la
création mus icale. Comme le dit El-p, «Il ne faut surtout pas
prendre en compte les attentes du public sinon on ne fait pas la musique que
l'on avait à l'origine dans notre tête
»33.
33www.opuscule.fr,
interview d'EL-P
|