Les enjeux éthiques de la chanson "IKEA" de Koffi Olomidé( Télécharger le fichier original )par Yannick KOKO USAKIN - Bac 2009 |
III. L'ANALYSE DE LA CHANSON : CRITIQUES ET COMMENTAIRESDans ces paragraphes, nous nous sommes proposer de faire une approche analytique de la chanson `'Ikea'', en nous basant sur les aspects anthropologique, sociologie, esthétique et religieux. III.1. Approche anthropologique : `'L'Amour''Le mot amour renvoie au sentiment d'affection passionnée, attirance affective et sexuel d'un être humain pour un autre... L'amour est aussi le vif sentiment d'affection que ressentent les uns pour les autres les membres d'une même famille. L'amour peut aussi être compris comme le sentiment d'un profond attachement à une valeur ressentie comme supérieur et à la quelle on est prêt à se sacrifier. C'est aussi le goût très vif, l'enthousiasme pour une chose ou une activité2(*). De toutes ces définitions, nous pouvons dire que l'amour est un sentiment, se produisant indépendamment de la volonté humaine, poussant l'homme à s'éprendre d'une personne, d'une chose, d'une activité, etc., et aussi à y consacrer ses forces, émotions et énergies... L'amour est l'un des thèmes majeurs les plus abordés et les plus travaillés par les musiciens congolais actuels. Ils traitent de l'amour, non à la manière évangélique, mais à leur propre interprétation. Ils font référence aux paroles bibliques telles que la fidélité, l'amour du prochain, le mariage... mais la différence provient par le fait que leur façon de chanter ce thème emporte avec elle tout un amalgame de `'bouzobatude''. Ce qui fait défaut, c'est quelquefois l'inflation terminologique. Chacun utilise des termes qui lui paraissent opportuns pour exprimer ses émotions et ses sentiments. Dans notre chanson, ce terme `'amour'', `'bolingo'', en lingala, nous le rencontrons dans plusieurs strophes ou vers : « Nazangi mayele ya kopimbwa, `bolingo' ekomi en l'air ; moto `alingaki' yo... ; quelque part okozala `aimé', `bolingo' na yo intemporel ; `bolingo' ekomi lokola... ; paracétamol, mutu pasi po na `bolingo' ; `bolingo' ekomisi ngai zoba... ». Il sied donc de préciser que l'amour ou la `'bolingocratie'' qui est citée ou chantée dans cette chanson ne renvoie pas du tout à un vrai amour, à un amour propre, mais à un amour `'eros''. Cet amour est abordé dans tous les sens et teinté d'erreurs et d'immoralité, accompagné des paroles indécentes telles que « `'chéri tiya ngai lolemo na se ngai nayoka diki-diki'' (qui signifie, chéri caresse-moi mon intimité avec ta langue, ça produit de belles sensations) ; `'bord na plan, plan na bord, science fiction ya bolingo'' (comme pour dire : l'homme pénètre la femme, celle-ci le reçoit au-dedans d'elle, c'est la meilleur façon de vivre ou de faire de l'amour) ; `'kutchu kutchu mbe'' (ça renvoie au mouvement de la hanche et aux va-et-vient de l'homme qui réjoint la femme, et on se retient)... A en croire Didier Nzuzi, « ces paroles à peines voilées ou dites crûment sont un attentat aux moeurs. Si elles trouvent leur place dans un cadre privé, étalées ainsi au grand jour et avec autant de désinvolture, elles deviennent l'expression d'un sans-gêne qui ouvre les portes à l'immoralité »3(*). Bref, il est à noter que chanter l'amour, exalter l'amour n'est pas si mauvais qu'on le pense. Ce qui est déplorable, ce qui est aussi méprisable, c'est l'obscénité des paroles qui véhiculent cet amour, et aussi le fait de réduire le concept de l'amour à un simple sentiment lié au sexe, à un plaisir dérisoire, à un sentiment ou un amour eros. Cette restriction du concept de l'amour au seul sentiment sexuel a connu des conséquences considérables dans les milieux des jeunes congolais. Il n'est plus facile ni fréquent de trouver un garçon, mieux un jeune adolescent se lier d'amitié saine avec une jeune fille (de son âge ou pas) sans penser au sexe, aux rapports sexuels. Des quelques cas isolés et rares que l'on puisse trouver, c'est plus à des jeunes ayant un certain niveau de compréhension de l'amitié, une certaine ouverture culturelle (universitaires, lycéens, collégiens...) et aussi des issus, pour la plupart des cas, des familles des grosses légumes, et celles dont les parents sont ouverts (et les ouvrent aussi) à la culture occidentale, tels que les enfants des professeurs, des ministres, des parents bien instruits et soucieux de l'éducation de leur progéniture... Et le comble c'est que cette mentalité est entrée même dans la tête de certains parents qui n'hésitent plus de chasser ou de rouer des coups, même de faire arrêter un garçon lorsque celui-ci se présente ou est connu comme `'ami'' ou copain de leur fille. Etonnant ! * 2 Cf. M. GUILLON et M. MOINGEON (dir.), Le Dictionnaire Universel, 2ème éd., Paris, Hachette, 1988, p.50. * 3 D.D. NZUZI, Ces maux qui minent la musique congolaise actuelle, In Avenir, N°65, Mars 2006, p.33. |
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