1. Evaluation sommaire des
dangers écologiques des effluents liquides urbains de Port-au-Prince
L'exposition des organismes aquatiques aux eaux usées
polluées génère un danger lié à la
présence de substances toxiques, ces derniers peuvent provoquer des
effets néfastes sur l'environnement et les espèces vivantes
(Rivière, 1998). En effet, la notion de danger est liée à
la possibilité pour une substance, du fait de ses
caractéristiques ou de ses propriétés intrinsèques,
de provoquer des dommages aux personnes, aux biens, à l'environnement,
dans des conditions déterminées d'exposition (Razafindradtandra
et Seveque, 1998).
Les eaux usées urbaines (Streck et Richter, 1997) et
les eaux pluviales (Valiron et Tabuchi, 1992; Lassabatère, 2002) sont
chargées en différents polluants (anions, cations, métaux
lourds, polluants organiques, etc.). Dans de telles mixtures, les métaux
lourds sont présents sous la forme dissoute (cations libres ou
complexés) et sous forme particulaire, i.e., liés aux particules
en suspension (Artières, 1987).
Partout dans le monde, le principe de précaution
prédomine dans l'évaluation du caractère dangereux des
rejets et des effluents, ce principe consiste à réduire la teneur
des polluants ou substances indiquée dans les permis de rejet
(Kinnersley, 1990). La directive des commissions européennes 98/15/EEC
(1998) propose une valeur seuil pour des rejets d'eaux usées dans tous
les états membres de l'union européennes. En Haïti, il
n'existe pas de lois régissant la limite d'émission de polluants
dans les eaux usées ; les valeurs limites fixées par la
législation française ont été
considérées dans cette étude pour estimer les dangers
générés par les eaux usées urbaines de
Port-au-Prince sur l'écosystème de la baie.
Les principaux paramètres sélectionnés
pour l'évaluation sommaire des dangers lies aux eaux usées
urbaines sont : OD, DCO et métaux lourds (cadmium, chrome, cuivre,
nickel, plomb et zinc).
Des concentrations en OD inférieures à 5
mgO2/L peuvent indiquer la présence de polluants
anthropiques qui affectent les organismes dans le milieu naturel par le
biais des eaux usées. DCO, un polluant non-conventionnel, est parfois
utilisé pour caractériser de façon globale les
concentrations des polluants organiques. Cette mesure correspond à une
estimation des matières oxydables dans les eaux usées, organiques
et inorganiques (Rodier et al., 1996). DCO peut aussi fournir des
informations sur la présence des substances organiques qui ne peuvent
être oxydés biologiquement en conditions aérobies (U.S.
EPA, 1993). La plupart des métaux, (Cd, Pb, et Hg) sont très
toxiques et bioaccumulatifs (Förstner et Wittman, 1979 ; Nriagu,
1987).
La démarche élaborée pour
l'évaluation des dangers liés aux effluents du canal Bois de
Chêne (figure 3) est basée sur une caractérisation de ces
effluents en fonction de leur composition chimique (Mesure des
paramètres globaux et des polluants minéraux).
Les résultats obtenus pour la caractérisation
chimique (CC) des ELPAP sont comparés aux valeurs seuils (VS)
établies pour la régulation des rejets. La législation
française (MATE, 1998) fixe des valeurs limites pour les
paramètres sélectionnés : DCO (125mg/L) ; Cd
(0.2 mg/L) ; Zn (2 mg /L) ; Cr, Ni et Pb (0,5 mg/L). Pour le
rapport Cp/VS > 1 (Cp : Concentration du
paramètre ; VS : Valeur seuil), Pour des
concentrations supérieures aux valeurs seuils, la démarche
indique la présence de substances dangereuses dans les effluents,
lesquelles peuvent altérer l'organisation et la structure des organismes
aquatiques dans l'écosystème de la baie. Dans ces conditions, la
démarche recommande l'estimation de l'index de
biodégradabilité des eaux usées en utilisant le rapport
DCO/COT, dans le cas où ce rapport est supérieure à 3, la
démarche indique la présence massive de substances difficilement
ou non dégradables et suggère une évaluation
détaillée des dangers générés par les ELPAP.
Figure 3 :
Démarche élaborée pour l'évaluation des dangers
environnementaux des ELPAP
La conservation de l'équilibre biologique de
l'écosystème naturel contre les eaux usées urbaines brutes
peut, dans une première approche, être évaluée par
le biais des études de biodégradabilité des polluants
contenus dans les effluents. La notion de biodégradabilité des
substances organiques est présentée comme une fonction de la
vitesse et de l'état complet de sa dégradabilité par les
microorganisms (Sponza, 2003). Alors, les rapports DBO5/DCO et
DCO/COT sont en général utilisés pour analyser la
capacité de dégradation des substances organiques. Dans cette
étude, la mesure de DBO5 n'est pas prise en compte. En effet,
la détermination analytique de la DBO met en évidence la
quantité d'oxygène nécessaire aux bactéries pour
stabiliser les matières organiques dans des conditions
aérobies (Sawyer et al., 2002). La DBO peut fournir de
très bonnes informations sur la présence des matières
organiques contenues dans une mixture, toutefois elle n'est pas un bon
indicateur pour la présence de toutes les substances toxiques (U.S.
EPA, 1998b). Puisque, les eaux usées urbaines sont riches en
métaux lourds, lesquels sont très toxiques vis-à-vis des
microorganismes (Académie des Sciences, 1998), le rapport DCO/COT a
été retenu pour l'étude de l'index de
biodégradabilité.
Gray et Becker (2002) ont proposé une équation
semi-empirique pour déterminer le rapport entre la DCO exprimée
en mg O2/L et le COT en mg C/L (DCO = 2.67 COT). Autres
informations rapportées dans la littérature donnent un rapport
DCO/COT égal à 3 souvent rencontré dans l'étude de
la biodégradabilité de plusieurs eaux usées (Seiss et
al., 2001), un rapport de 3 a été retenu comme la valeur
seuil dans la démarche proposée.
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