I. Introduction
L'eau de boisson a, depuis toujours, été
un vecteur potentiel dans la transmission de maladies (ANDERSON et STRENSTROM,
1986; GALBRAITH et al., 1987; BENTON et al., 1989).
L'Organisation Mondiale de la Santé estime en effet que 80% des
maladies qui affectent la population mondiale lui sont directement
associées (DESJARDINS, 1990). Dans les pays en développement les
maladies hydriques sont responsables de 5 millions de morts chaque année
(OMS, 1995). Ainsi, au cours de ces dernières décennies, la
surveillance de la qualité de l'eau est devenue un facteur primordial
auquel une attention toute particulière est accordée.
Pour évaluer le danger microbiologique relatif
à l'eau de boisson, les indicateurs bactériens de contamination
fécale ont été largement utilisés. Pourtant, il
semble qu'un certain nombre d'épisodes épidémiques
liés à la consommation d'eau aujourd'hui, proviennent de germes
d'une autre nature pour lesquels le suivi des indicateurs traditionnels n'est
pas totalement satisfaisant (BONNARD, 2001). C'est le cas de
Cryptosporidium parvum, protozoaire parasite responsable d'une
infection appelée la cryptosporidiose. Les ookystes de ce dernier font
partie des pathogènes les plus résistants aux types de traitement
classique telle que la désinfection chimique; ils présentent un
haut niveau d'infectiosité et ils peuvent survivre pendant plusieurs
mois à une température de 30°C (FAYER et al.,
1998).
En effet depuis 1980, une vingtaine
d'épidémies liées aux Cryptosporidium ont
été rapportées dans le monde (RACCURT, 2002). La plus
importante est celle survenue à Milwaukee, aux Etats-Unis en 1993, qui a
contaminé 403.000 personnes dont 4.400 ont été
hospitalisées et 69 sont décédées (MAC KENZI et
al., 1994). La cause de cette tragédie était une
modification du procédé de traitement de l'eau de boisson
distribuée dans la ville.
Dans cette vaste population, les groupes
spécifiques les plus vulnérables, ayant un niveau de risque
beaucoup plus élevé sont les enfants, les personnes sous
alimentées, les personnes immunodéficientes en particulier les
malades contaminés par le virus de l'immunodéficience humaine
(VIH). Au cours de différentes enquêtes menées à
travers le monde, il a été constaté que la
prévalence de la cryptosporidiose dans les pays en développement
est de 4 à 20 % et que chez les malades atteints du SIDA elle est de
plus de 50 % dans des pays d'Afrique et en Haïti (OMS, 2000).
En Haïti, la cryptosporidiose est responsable de
17% des diarrhées aiguës, observées chez les enfants de
moins de 2 ans et de 30% des diarrhées chroniques chez les patients
contaminés par le VIH (PAPE et al., 1987). A
Port-au-Prince, la capitale haïtienne, une étude menée par
RACCURT en collaboration avec les Centres GHESKIO entre 2000 et 2001, portant
sur 1529 examens coprologiques parasitaires, indiquait que la prévalence
de Cryptosporidium sp. était de 10,3%. Chez les 57 adultes
infectés par Cryptosporidium sp., 56 (soit 98%) étaient
VIH positifs et 1 (soit 2%) était VIH négatif.
Les récentes études sur la circulation
des ookystes de Cryptosporidium sp. dans l'eau de boisson,
distribuée par adduction publique à Port-au-Prince (BRASSEUR et
al., 2002), indiquent le caractère imminent du danger. Dans ce
contexte, il est important de procéder à l'évaluation des
risques sanitaires.
I.1. Objectif de
l'étude
Evaluer les risques sanitaires liés à
la présence des ookystes de cryptosporidium dans l'eau destinée
à la consommation humaine distribuée dans la zone
métropolitaine de Port-au-Prince.
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