V. CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
Cette étude sur l'évaluation des risques
sanitaires dus aux ookystes de Cryptosporidium dans l'eau
destinée à la consommation humaine dans la Région
Métropolitaine de Port-au-Prince, s'inscrit dans le cadre d'un suivi
des travaux réalisés par BRASSEUR et al entre 2000 et
2002. Travaux au cours desquels des analyses ont été
effectuées sur des échantillons d'eau de distribution,
révélant la présence des ookystes de
Cryptosporidium. L'objectif de cette présente étude
était d'évaluer les risques sanitaires liés à la
présence de ce parasite dans l'eau destinée à la
consommation humaine et distribuée dans la zone métropolitaine de
Port-au-Prince.
A partir d'une étude bibliographique
réalisée sur Cryptosporidium parvum et les
différents facteurs influençant la diffusion du danger dans la
zone métropolitaine de Port-au-Prince un cadre expérimental a
été élaboré qui consiste en un
développement respectif des modules suivants :
- « Emission » (ou contamination) :
donnant les résultats des analyses (Nombre d'ookystes
prélevés); caractérisant la contamination de l'eau de
distribution.
- « Exposition » : prise en
compte de la proportion d'ookystes viables, seuls susceptibles
d'entraîner une infection ;
- « Consommation » :
aboutissant à l'ingestion d'eau de consommation pour quatre types de
population donnés.
- « Effet » : aboutissant,
à l'aide d'une relation dose-réponse, à la
caractérisation du risque d'infection et, à l'aide d'une relation
infection-maladie, à celle du risque de maladie pour la population
immunodéprimée.
A l'issue de ces quatre premières parties, la phase
d'interprétation des résultats est abordée où l'on
a constaté que :
Le risque d'infection pour la population
immunocompétente âgée de 5 ans et plus, consommant l'eau de
distribution par adduction publique, varie entre 1 à 5% ;
Le risque d'infection pour la population
immunodéprimée qui est égal au risque de maladie varie de
1 à 97%, situation particulièrement alarmante pour ce groupe
d'individus déjà vulnérables d'autant plus que seulement
une fraction limitée de la population infectée par le VIH a
accès au traitement anti-rétroviral ;
Le nombre estimé de personnes
immunocompétentes (âgées de 5 ans et plus) infectées
par Cryptosporidium parvum dans la zone métropolitaine de
Port-au-Prince est égal à 23.844 personnes
et le nombre estimé de personnes immunodéprimées
âgées de 5 ans et plus) infectées par Cryptosporidium
parvum et susceptibles de développer une cryptosporidiose grave est
égal à 7.494 personnes.
Le prélèvement effectué à
Delmas 6 donne un niveau de risque égal à 2% pour les enfants
âgés de moins de 5 ans et immunocompétents.
Le risque d'infection et de maladie pour les
enfants immunodéprimés âgés de moins de 5 ans varie
entre 1 et 74%.
Le nombre estimé d'enfants
infectées pour la population immunocompétente âgée
de moins de 5 ans pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince est
égale à 1.916 enfants.
Pour la population
immunodéprimée âgée de moins de 5 ans, le nombre
estimé d'enfants infectés par Cryptosporidium parvum et
donc malades est égal à 549 enfants.
Les résultats obtenus dans ce travail sont le reflet de
la réalité donnant une idée de l'ampleur du danger que
revêt la circulation de Cryptosporidium parvum dans
l'environnement urbain et sa présence dans l'eau de distribution par
adduction publique dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Par
conséquent il serait souhaitable de mettre en place une stratégie
de surveillance de la qualité microbiologique de l'eau dans la
perspective de réduire les infections liées à la
consommation d'eau contaminée.
Cependant, compte tenu de la complexité que
revêt la conduite de l'évaluation des risques sanitaires dans un
tel contexte, il serait intéressant à l'avenir d'orienter cette
recherche vers une évaluation de risque plus poussée en utilisant
la technique du type Monte Carlo qui prendrait en
compte :
1) l'incertitude du niveau de risque liée à
l'ignorance partielle ou au manque de connaissances sur le
phénomène étudié, en établissant des
intervalles de confiance.
2) la variabilité qui correspond à la
diversité et l'hétérogénéité du
risque d'un individu à l'autre, ou d'un jour à l'autre, en raison
de la variabilité de la consommation d'eau et de la variabilité
de la contamination de l'eau.
Par ailleurs, il serait souhaitable d'effectuer des analyses
sur des échantillons d'eau de consommation dite
« traitée » et vendue au détail dans des
récipients appartenant aux usagers, et de plus en plus achetée
par la population.
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