Université Michel de Montaigne
IUT Michel de Montaigne
Département Carrières Sociales
Filière Gestion du Développement et l'Action
Humanitaire
LES ETUDIANTS AFRICAINS
EN FRANCE
Un cerveau pour les études, deux bras pour le
boulot et
des jambes pour courir...
Mémoire soutenu par Aline Mandrilly, en vue de
l'obtention du DUT Gestion du Développement et l'Action Humanitaire
Sous la direction de Mme L. Kotobi
Septembre 2007
Université Michel de Montaigne
IUT Michel de Montaigne
Département Carrières Sociales
Filière Gestion du Développement et l'Action
Humanitaire
LES ETUDIANTS AFRICAINS
EN FRANCE
Un cerveau pour les études, deux bras pour le
boulot et
des jambes pour courir...
Mémoire soutenu par Aline Mandrilly, en vue de
l'obtention du DUT Gestion du Développement et l'Action Humanitaire
Sous la direction de Mme L. Kotobi
Septembre 2007
REMERCIEMENTS
Tout simplement,
Merci à Yan' Kasket pour son soutien,
sa patience et son amour ;
Merci à ceux qui ont cru en moi et qui m'ont soutenu
dans mon projet de candidature en GDAH ;
Merci à toutes les personnes qui ont accepté de
me rencontrer et de répondre à mes questions ;
Et enfin,
Merci à Laurence Kotobi pour son soutien si
précieux ;
Je dédie ce travail de recherche à Momo et Haby
qui ont croisé ma route et m'ont tant appris ;
« A propos de désir, nul n'ignore que la
France souhaite accueillir de nouveaux immigrés - c'est le Ministre de
l'Intérieur qui l'a dit - mais pas n'importe quelle catégorie
d'immigrés. Si j'ai bien suivi son discours, la France veut des
cerveaux. Si vous posez la question à chaud à n'importe lequel
d'entre nous, là, dans la file d'attente devant l'Ambassade, il n'y en
aura pas un pour vous dire qu'il est une tête vide. Tout le monde vous
dira qu'il est un cerveau, même ceux qui n'ont pas été
à l'école. Je veux bien me sacrifier et expliquer à tous
que désormais, la France ne veut plus de bras, donc pour celles et ceux
qui ne sont que des bras, c'est à l'Ambassade de Chine qu'il faut aller.
Ici, c'est uniquement pour les cerveaux... Le drame, c'est que le Ministre a
beau donner des directives depuis Paris, si les fonctionnaires de l'Ambassade
de France n'ont pas de neurones, comment feront-ils pour reconnaître un
cerveau ? »
Bassong Luc
SOMMAIRE
INTRODUCTION
|
10 à 12
|
I. Relations France-Afrique en matière
d'immigration estudiantine
|
13 à 19
|
1. Histoire des migrations africaines des
étudiants en France
|
|
a. L'étudiant étranger :
migrant, émigré, immigré ou résidant
temporaire ?
|
13
|
b. L'immigration étudiante africaine en
France
|
14
|
2. Politiques africaines d'envoi des
étudiants : un dispositif aléatoire
|
|
a. Afrique sub-saharienne et Maghreb :
des étudiants qui choisissent la France
|
15
|
b. Les conventions universitaires
bilatérales, des accords politico-économiques
|
15
|
3. Politiques françaises d'accueil des
étudiants : la sélection officielle des
« meilleurs éléments »
|
|
a. De moins en moins de portes ouvertes pour
les étudiants africains
|
17
|
b. La Carte « Compétences et
Talents » : l'officialisation de la sélection
|
18
|
|
|
II. Les conditions de vie des étudiants
africains en France : quelle réalité derrière le
parcours du combattant ?
|
20 à 30
|
1. Le mythe français des papiers et du
parcours administratif
|
|
a. Les modalités dans le pays
d'origine
|
20
|
b. Les modalités à
l'arrivée en France : la multiplication des interlocuteurs
|
21
|
c. La Carte de Séjour, passeport pour le droit au
séjour sur le territoire français
|
22
|
2. Survivre à la discrimination : le
logement et l'emploi
|
|
a. Les mal lotis du logement
|
24
|
b. Les étudiants africains : ces
petits travailleurs infatigables
|
25
|
c. L'assistance sociale, dernier recours en
« Terre d'Asile »
|
27
|
3. Trajectoires universitaires et changement de
statut
|
|
a. Adaptation universitaire et orientation
|
27
|
b. Changer de statut, intéressant
politiquement et économiquement
|
28
|
c. Vos papiers, s'il vous
plaît !
|
29
|
III. Initiatives nationales et locales pour un
meilleur accueil des étudiants africains en France
|
31 à 39
|
1. Réponses institutionnelles à la
problématique de l'accueil des étudiants étrangers en
France
|
|
a. Des rapports à la pelle
|
31
|
b. La France se doit d'être plus
attractive pour les étudiants étrangers
|
33
|
2. Initiatives locales : l'exemple de la Ville
de Bordeaux
|
|
a. Les actions du Pôle Universitaire
pour les étudiants étrangers
|
35
|
b. Les associations d'étudiants
africains à Bordeaux
|
37
|
|
|
CONCLUSION
|
40 à 42
|
|
|
BIBLIOGRAPHIE
|
43 à 45
|
|
|
ANNEXES
|
|
LISTE RECAPITULATIVE DES ANNEXES
Annexe 1 - Stratégies gouvernementales
|
I - III
|
- Loi CESEDA : les dispositions relatives aux
étudiants étrangers
|
I
|
- Nombre de visas d'études attribués par
région du monde - Evolution depuis 1998
|
II
|
- Schéma du parcours d'inscription des étudiants
étrangers - Campus France
|
II
|
- La chaîne d'accueil du Rapport Cohen
|
III
|
|
|
Annexe 2 - Statistiques nationales
|
IV
|
- Croissance du nombre d'étudiants étrangers dans
les universités françaises par région d'origine des
étudiants
|
IV
|
- Difficultés rencontrées par les étudiants
en fonction de leur origine géographique
|
IV
|
|
|
Annexe 3 - Statistiques locales des Universités de
Bordeaux
|
V - VI
|
- Université Bordeaux III, les dix pays les plus
représentés
|
V
|
- Conventions bilatérales entre l'Université
Montesquieu et les pays africains
|
V
|
- Nationalité des étudiants des Universités
de Bordeaux
|
VI
|
|
|
Annexe 4 - L'intégration des étudiants
étrangers au système universitaire français
|
VII
|
|
|
Annexe 5 - Bilan de la rencontre nationale -
Animafac
|
XI
|
|
|
Annexe 6 - Communiqué du Réseau
Université Sans Frontières
|
XIV
|
|
|
Annexe 7 - Les syndicats étudiants : l'UNEF et Sud Etudiant
|
XV
|
|
|
Annexe 8 - Parcours d'un étudiant étranger
« individuel » en France
|
XVI
|
|
|
Annexe 9 - Guide d'entretien « étudiants
mauriciens »
|
XVII
|
|
|
Annexe 10 - Retranscription d'entretien avec un
étudiant mauricien
|
XVIII
|
|
|
Annexe 11 - Liste des associations d'étudiants africains à
Bordeaux
|
XXIV
|
LISTE DES SIGLES
ABESS : Association Bordelaise des Etudiants
Sénégalais et Sympathisants
AEMAB : Association des Etudiants Mauriciens A Bordeaux
AFRICAPAC : Association Afrique Caraïbes Pacifique
APT : Autorisation Provisoire de Travail
ASEAF : l'Association des Stagiaires et Etudiants Africains
en France
CAF : Caisse d'Allocations Familiales
CCB : Convention de Coopération Bilatérale
CDI : Contrat à Durée
Indéterminée
CEF : Centre pour les Etudes en France
CESEDA : Code de l'Entrée et du Séjour des
Etrangers et du Droit d'Asile
CEVU : Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire
CIFOD : Centre d'information pour les études en
France (Ile Maurice)
CMU : Couverture Maladie Universelle
CNOUS : Centre National des OEuvres Universitaires et
Scolaires
CROUS : Centre Régional des OEuvres Universitaires et
Scolaires
CS : Conseil Scientifique
ERE : Espace Rentrée Etudiants
FSU : Fonds de Solidarité Universitaire
ISU : Institut de Statistique de l'UNESCO
OVE : Observatoire de la Vie Etudiante
RESF : Réseau Education Sans Frontière
RMI : Revenu Minimum d'Insertion
RUSF : Réseau Université Sans
Frontière
TGI : Tribunal de Grande Instance
UNEF : Union Nationale des Etudiants de France
INTRODUCTIONa
Depuis quelques années, j'ai
été amenée à côtoyer de nombreux
étudiants étrangers, lors de mes années d'études
à l'université. La plupart d'entre eux étaient des
étudiants africains, et j'ai été, plus d'une fois,
touchée par la situation difficile dans laquelle ils se trouvaient.
Arrivée aujourd'hui en 2ème année à
l'IUT Gestion du Développement et de l'Action Humanitaire, et ayant eu
la possibilité d'effectuer un travail de recherche sur le sujet de mon
choix, j'ai décidé de le faire sur les étudiants
africains, effectuant leurs études en France, afin de saisir les
réalités de leur situation. Ce travail m'a permis une
première approche du monde juridique, qui m'a amenée à
mieux cerner les enjeux et débats actuels autour des étudiants
étrangers, de comprendre la logique qui sous-tend les
« réformes » des lois relatives à
l'entrée et au séjour des étrangers, et surtout de me
forger un réseau local de personnes travaillant sur les
problématiques liées aux étudiants étrangers.
Dès les premiers temps de la phase exploratoire de mon
travail, j'ai compris qu'il y avait une distinction entre différentes
catégories d'étudiants étrangers en France. D'après
Clayes, on peut identifier cinq types d'étudiants
étrangers1(*) :
a) Les étudiants en situation de mobilité
:
1. Les étudiants boursiers (bourse française,
bourse du pays d'origine)
2. Les étudiants dans un système
d'échanges
3. Les étudiants prenant des initiatives
individuelles : leur démarche de venir étudier en
France résulte d'une initiative personnelle et ils ne
bénéficient d'aucune aide spécifique. On les appelle les
étudiants « individuels » ou
« privés ».
b) Les étudiants étrangers
résidents :
4. Les étudiants réfugiés politiques
5. Les étudiants étrangers résidents,
temporairement ou non
Dans ce travail de recherche, j'ai choisi de
m'intéresser aux étudiants qui viennent en France par leurs
propres moyens (catégorie a.3), puisque je me suis rendu compte qu'ils
représentaient la seule catégorie à ne pas être
encadrée ou suivie par un quelconque système, et que
c'était cette catégorie d'étudiants qui rencontrait le
plus de difficultés. J'ai également pris la décision de ne
m'intéresser qu'aux étudiants africains, étant
donné leur spécificité dans plusieurs domaines. En effet,
les problématiques liées aux étudiants d'Afrique
Subsaharienne francophone comme à ceux du Maghreb, se détachent
quelque peu de la problématique des étudiants étrangers en
général. Aujourd'hui, venir de l'étranger se former dans
les universités françaises relève d'un parcours toujours
plus difficile. Difficultés financières, labyrinthe
administratif, les conditions d'accès des étudiants
étrangers aux universités françaises se sont sensiblement
dégradées ces dernières années, et celles des
étudiants africains encore plus. J'ai donc centré mon travail
autour de la problématique suivante : Quelles sont les causes
des difficultés rencontrées par les étudiants africains
venus par leurs propres moyens en France ? Peu de travaux ont
été réalisés jusqu'à présent sur les
étudiants étrangers, et encore moins africains. La plupart des
études réalisées sur la population des étrangers en
France portent sur les travailleurs étrangers ou les sans-papiers. Pour
moi, la particularité des étudiants étrangers, originaires
de l'Afrique constitue un sujet très pertinent, à l'heure
actuelle, qui pourrait permettre d'éclairer de nombreuses personnes,
comme les administrations françaises, le personnel enseignant... sur
l'inégalité des droits entre les étudiants
étrangers et les étudiants français. Ce travail pourrait
servir de base à une réflexion plus générale sur
les étudiants africains en France.
Les hypothèses que j'ai retenues pour ce travail m'ont
paru être les plus pertinentes pour tenter d'apporter une réponse
construite à la problématique posée. Ces hypothèses
sont les suivantes :
- La politique d'immigration choisie du gouvernement
français, qui sélectionne les meilleurs étudiants
étrangers, ne paraît pas se préoccuper de la situation des
étudiants « individuels » ;
- Le difficile parcours des étudiants africains
« individuels » en France résulterait de l'absence
d'un réel accueil et suivi de la part des universités envers
cette population spécifique : l'exemple de Bordeaux ;
- Les associations qui oeuvrent à améliorer les
conditions de vie des étudiants africains
« individuels » en France ne semblent pas avoir assez de
moyens matériels et financiers pour un réel changement.
Pour cette recherche, j'ai envisagé de mener des
entretiens avec plusieurs personnes ayant une activité en lien avec les
étudiants africains. Je me suis principalement basée sur deux
axes :
- La réalisation d'entretiens avec des professionnels,
en les complétant avec une étude des textes de législation
relatifs aux étrangers en France. J'ai commencé mon travail
exploratoire en rencontrant un responsable du Tribunal de Grande Instance de
Bordeaux, afin d'avoir un avis professionnel sur le choix du sujet de mon
mémoire, et afin de définir davantage l'orientation de mes
recherches. Après des lectures sur la problématique des
étudiants africains, j'ai décidé d'effectuer un entretien
avec une assistante sociale qui reçoit de nombreux étudiants
africains lors de ses permanences, dans le but d'avoir un regard
extérieur sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer.
L'avancée de mon travail m'a ensuite amenée à rencontrer
des personnes travaillant dans l'accueil des étudiants étrangers
en France. Après un entretien informel avec le service s'occupant de la
sélection des étudiants étrangers, j'ai rencontré
une des responsables du Pôle Universitaire de Bordeaux. Cet entretien
devait me permettre d'avoir une meilleure connaissance de la situation des
étudiants africains au niveau local, et de comprendre les actions
menées par les acteurs locaux pour l'amélioration de leur
situation.
- L'observation et la réalisation d'entretiens avec des
étudiants africains : Grâce à mes expériences
professionnelles et mes engagements associatifs, j'ai accédé
à certaines informations que je n'aurai pas pu avoir autrement. Les
différentes fonctions que j'ai occupées au sein du Pôle
Universitaire (agent d'accueil pour la Cellule Carte de Séjour, tutrice
lors de la Journée « Bordeaux accueille ses
étudiants ») et les différentes actions auxquelles j'ai
participé dans plusieurs associations bordelaises (rencontres avec des
membres de différentes associations d'étudiants africains,
participation aux réunions du Réseau Université Sans
Frontière) m'ont permis d'observer les initiatives de ces acteurs
non-institutionnels. Cette proximité avec les étudiants africains
m'a permis d'avoir un contact privilégié avec eux, pour la
conduite de mes différents entretiens. J'ai essayé, dans le temps
imparti, de mener des entretiens auprès d'étudiants de
nationalités différentes (Ile Maurice et Sénégal),
mais aussi auprès d' « anciens » et de
primo-arrivants, afin d'avoir une meilleure vision générale de
toutes les situations.
Les résultats rassemblés après ces mois
de recherche m'on permis de mieux comprendre les causes des difficultés
rencontrées par les étudiants africains effectuant des
études en France. Ainsi, j'exposerai ces résultats dans trois
parties distinctes. La première partie de ce mémoire s'articule
autour des relations entre la France et l'Afrique en matière de
migrations estudiantines africaines, et montre les enjeux
politico-économiques qui sous-tendent ces liens. Puis, j'expliquerai
plus en détails les différents aspects des difficultés
rencontrées par les étudiants africains en France, que ce soit
dans leur pays d'origine, à leur arrivée en France, pendant leur
cursus universitaire, ou à l'issue de leurs études. Pour
terminer, j'analyserai les propositions faites par les différents
acteurs concernés par les problématiques liées aux
étudiants africains, qu'ils soient institutionnels ou associatifs, en
prenant appui sur les initiatives locales menées à Bordeaux.
I. Relations France-Afrique en matière
d'immigration estudiantine :
1. Histoire des migrations africaines des
étudiants en France
a. L'étudiant étranger :
migrant, émigré, immigré ou résidant
temporaire ?
Tout d'abord, il convient de définir le statut de
l'étudiant étranger en France. En effet, leur classification
apparaît quelque peu problématique, selon que l'on se place du
point de vue du pays d'origine ou du pays d'accueil : l'étudiant
étranger est-il un migrant, un émigré ou un
immigré ? Ainsi, l'histoire des étudiants étrangers
peut-elle faire partie intégrante de l'histoire de l'immigration en
France ? Les étudiants étrangers sont-ils, au même
titre que les travailleurs immigrés, des migrants stabilisés,
participant à l'évolution de la France ? Du fait du
caractère passager du séjour des étudiants, ceux-ci ne
sont souvent pas perçus comme des immigrés. Certains ne restent
parfois que quelques mois, même si la plupart cherche à terminer
leurs études, avant de repartir, et restent ainsi plusieurs
années sur le territoire français. Pourtant, il arrive qu'une
partie de ces étudiants s'installe définitivement en France, une
fois leurs études terminées, ou même sans avoir fini leur
cursus. Pour cette dernière raison, les autorités
françaises ont décidé de classer les étudiants
étrangers parmi les immigrés.
En ce qui concerne les modalités d'entrée et de
séjour des étudiants étrangers en France, elles n'ont pas
toujours été les mêmes qu'actuellement. « En
fait, dès la fin du XIXème siècle, il y eut, en France,
une profonde rupture : on parlait de plus en plus de séparation
entre nationaux et non-nationaux2(*) ». D'où l'émergence
à cette époque de l'obligation pour les étrangers de
légaliser leur séjour, puis, à partir de
l'entre-deux-guerres, leur entrée auprès de l'administration
française, aussi bien pour les travailleurs que pour les
étudiants. Auparavant, aucune formalité n'était requise,
et la liberté de circulation était de mise, avec quelques
restrictions mineures. Aujourd'hui, considérés comme des
résidents temporaires, les étudiants étrangers sont
soumis, depuis 1945, à l'obligation de disposer d'une carte de
séjour étudiant3(*).
Leur statut actuel est donc celui d'un immigré, mais
résidant temporairement sur le sol français, alors que la
définition-même de l'immigré est celle de quelqu'un
stabilisé en France.
b. L'immigration étudiante africaine en
France
Trois phases marquent l'immigration des étudiants
africains en France4(*) :
- De 1971 à 1984 : Les étudiants
originaires des anciennes colonies arrivent en masse, après une
ouverture des frontières aux élites africaines issues des
premières années des indépendances. Dans un premier temps,
cette immigration a été favorisée et entretenue par la
France, qui voyait dans la formation de la jeunesse de la période
post-indépendance l'occasion d'affirmer à l'échelle
mondiale les valeurs de générosité et de fraternité
entre les peuples qu'elle prétendait défendre, d'une part, et,
d'autre part, de maintenir ou d'accroître son influence culturelle par
son implication dans les cursus scolaires et universitaires des
étudiants des pays « émergents ».
- De 1985 à 1987 : L'immigration
étudiante africaine régresse au profit des migrations
intra-européennes. C'est le début de la restriction du nombre
d'immigrés en provenance des pays extra-européens ;
- Depuis 1987 : L'immigration africaine semble
s'être stabilisée, malgré une progression constante pendant
de nombreuses années. Les étudiants sont maintenant d'origines
sociales très diverses alors que jusque dans les années 1980,
seule l'élite intellectuelle des pays migrait pour effectuer des
études supérieures en France.
Aujourd'hui5(*), les étudiants africains (y compris ceux en
provenance des pays du Maghreb) sont très majoritaires. Jusqu'en
2003-2004, plus de la moitié des étudiants étrangers
inscrits dans les universités françaises sont originaires des
pays francophones d'Afrique (47% pour les seuls étudiants
étrangers non bacheliers), et en particulier du Maroc et de
l'Algérie (un étudiant étranger sur quatre est marocain ou
algérien). Le nombre des étudiants des pays d'Afrique a
augmenté de 73 % entre 1998 et 2003. Pour la première fois depuis
1998, toutes les croissances d'étudiants étrangers dans les
universités françaises sont en baisse. La croissance
« africaine » qui était de 12000 étudiants
par an en 2001 et 2002 s'est réduite des deux tiers en 2004, atteignant
4100 étudiants par an. Le plus fort taux de croissance est
désormais l'Asie. Les étudiants africains étaient, quant
à eux, largement majoritaires parmi les étudiants
étrangers en France jusqu'en 2004. La langue, les liens historiques,
l'existence en France d'une communauté en provenance de ces pays, et les
bourses offertes par la France ou le pays d'origine, semblent expliquer cette
présence plus significative.
2. Politiques africaines d'envoi des
étudiants : un dispositif aléatoire
a. Afrique sub-saharienne et Maghreb : des
étudiants qui choisissent la France
Selon l'Institut de Statistique de l'UNESCO6(*), un Africain sur seize (soit 5,6
%) part étudier à l'étranger. Dans plusieurs pays du
continent, « le nombre d'étudiants inscrits à
l'étranger est égal, voire supérieur à celui de
ceux qui étudient sur le territoire national »,
précise le rapport. Pour les étudiants d'Afrique, la
première destination reste l'Europe de l'Ouest. L'Afrique (Afrique
sub-saharienne et Maghreb) envoie ses étudiants essentiellement en
France : 41% des étudiants africains à l'étranger
choisissent la France, 14% vont aux États-Unis, 9% en Allemagne et 8% au
Royaume-Uni. Tandis que 51% des étudiants étrangers dans les
universités françaises sont africains, ils ne sont que 6% aux
Etats-Unis, 8% au Royaume-Uni et 10% en Allemagne7(*).
Dans les universités bordelaises, cette tendance
nationale se retrouve totalement, puisque d'une part, les étudiants
africains sont les étudiants étrangers majoritaires8(*) et d'autre part, les
étudiants marocains, sénégalais et algériens sont
les étudiants africains les plus nombreux dans les quatre
universités9(*).
b. Les conventions universitaires
bilatérales, des accords politico-économiques
Les politiques africaines d'envoi des étudiants en
France varient d'un pays africain à un autre, malgré une logique
commune sous-jacente, la formation des futures élites. En effet, l'envoi
des étudiants en France n'est possible qu'avec des pays partageant des
conventions spécifiques avec la France. Les Etats africains
entretiennent avec la France des relations complexes qui ne sont pas seulement
définies par les dominations politico-économiques contemporaines,
mais aussi par leurs relations culturelles qui se sont établies tout au
long de l'histoire de la colonisation et qui s'est poursuivi bien après,
avec la néocolonisation. Comme pour les migrations économiques,
les circulations d'étudiants sont régies par des
« accords internationaux qui ressemblent souvent à des
marchandages, autour desquels s'imposent la loi et les concessions du plus
fort. Elles sont, bien sûr, régulées par les politiques
françaises de contrôle des étrangers10(*) ». Lors de la
Conférence de Presse du 7 mars 2007 sur le dispositif Campus
France11(*),
M. Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires Etrangères, a
déclaré que « dans un monde où la production
des savoirs est désormais le moteur du développement
économique mais aussi le creuset de nouvelles inégalités,
[il] entend mettre en oeuvre une politique de coopération universitaire
tournée vers la formation des élites étrangères
(dans notre pays ou hors de France) et l'internationalisation de la formation
des étudiants français... Attirer les futurs décideurs des
autres pays vers des sources françaises de diffusion du savoir est un
objectif majeur. ».
Les étudiants africains majoritaires en France (Maroc,
Sénégal et Algérie) viennent donc de pays ayant
signé des conventions bilatérales spécifiques pour l'envoi
de leurs étudiants en France. Le Maroc demeure
le premier partenaire de coopération universitaire de la France.
Ainsi, en 1990, est signé l'accord entre la République
française et le Royaume du Maroc concernant la coopération dans
le domaine de l'enseignement pour les élèves marocains
résidant en France. Puis, en décembre 2006, le Ministre de
l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement de la République
française et le Ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle
du royaume du Maroc ont établi une déclaration conjointe sur
l'emploi et la formation entre ces deux pays. Dès 1970 ont
été ratifié des accords de coopération en
matière d'enseignement supérieur entre la République du
Sénégal et la République française, qui ont
été remis au goût du jour en mai 2000, lors de la signature
de la Convention de Codéveloppement entre les deux pays12(*). Cependant, en ce qui concerne
l'Ile Maurice, un seul accord aborde la question des
« échanges universitaires ». Il a été
rédigé et signé en 1979. C'est l'accord sur la
validité des diplômes français d'enseignement
supérieur à l'Ile Maurice.
« Aujourd'hui, il existe des conventions entre
l'université mauricienne et les universités françaises,
mais seulement pour certaines filières, comme médecine ou
architecture. Pour le reste des filières, les étudiants
mauriciens viennent par leurs propres moyens, hors de toute convention13(*) ».
Selon l'intitulé des accords, on observe une
différence d'approche des migrations d'étudiants africains en
France, essentiellement en fonction du pays d'origine de ces étudiants.
En 2005-200614(*), l'Université Montesquieu de Bordeaux IV a
subi une forte diminution du nombre total d'accords internationaux. Il y en
avait, à cette période, 139, contre 163 en 2004-2005. A
l'Université Michel de Montaigne, de Bordeaux III15(*), des accords de
coopération existent avec les pays suivants : Maroc, Tunisie,
Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Niger, Togo,
Cameroun, Tanzanie, Burundi, Rwanda et Ile Maurice
Dans une interview consacrée au journal d'information
Les Echos, Oumar Duicko, ministre malien, a déclaré :
« Nous ne pouvons accepter cette immigration qui va prendre ce
qu'il y a de meilleur chez nous en fermant la porte à tous ceux qui ont
des problèmes d'emploi16(*) ». Le Sénégal, le
Bénin, mais aussi le Maroc, ont également dénoncé
cette politique d'immigration « choisie »
prônée par Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur
français qui ne fera « qu'appauvrir les ressources
humaines dans les pays d'Afrique déjà en déficit1(*)0 ».
3. Politiques françaises d'accueil des
étudiants : la sélection officielle des
« meilleurs éléments »
a. De moins en moins de portes ouvertes pour les
étudiants africains
Après une longue période d'ouverture, le
gouvernement français s'est interrogé, à la fin des
années 1970, sur la pertinence de ses orientations vis-à-vis des
étrangers. La crise économique de ces années-là et
la dégradation des conditions d'études à la suite de la
croissance importante des effectifs d'étudiants français,
semblent avoir conditionné l'attitude du gouvernement en matière
d'accueil des étudiants étrangers. Ce dernier propose alors de
donner la priorité aux étudiants des pays européens. Le
décret du 31 décembre 1979, dit « Décret
Imbert », traduit la volonté de contrôle et impose une
procédure de préinscription en France pour les étrangers
qui s'inscrivent pour la première fois dans l'enseignement
supérieur.
Depuis les années 1990, les lois en matière
d'immigration des étudiants sont de plus en plus restrictives. La
politique de la France en la matière est aujourd'hui soumise à
deux impératifs contradictoires : limiter l'immigration en provenance
des pays pauvres d'Afrique et, simultanément, attirer des
étudiants de valeur originaires de ces mêmes pays pour former
leurs futurs cadres « à la française ». La France doit
concilier à la fois le renforcement de la compétitivité de
son système d'enseignement supérieur au niveau international et
le maintien d'une tradition de formation des futurs cadres et décideurs
des pays émergents. La politique française retourne donc au
début des années quatre-vingt en matière d'immigration des
étudiants, puisqu'elle tend à réduire le nombre
d'étudiants africains qui viennent faire leurs études en France.
Le nombre de visas attribués aux étudiants
étrangers n'est pas le même en fonction de la région
d'origine17(*). Seuls les
étudiants du Maghreb et de l'Afrique francophone subsaharienne ont vu
leur nombre de visas attribués diminuer dès 2001, alors que pour
toutes les autres régions du monde, le nombre de visas attribués
augmente de manière significative à partir de 2001.
Dans l'ensemble, il y a une baisse du nombre
d'étudiants étrangers pour les quatre universités de
Bordeaux. A l'Université Montesquieu de Bordeaux IV, on constate un
ralentissement dans la progression des effectifs étrangers depuis
l'année universitaire 2003-200418(*) :
- entre 2003 et 2004, on constatait une progression de
21.42% des effectifs étrangers
- entre 2004 et 2005, on constatait une progression de
6.29% des effectifs étrangers
- entre 2005 et 2006, on constate une progression de
4.10% des effectifs étrangers
b. La Carte « Compétences et
Talents » : l'officialisation de la
sélection
En juin 2006, une nouvelle loi de réforme du Code
d'Entrée et de Séjour des Etrangers et Demandeurs d'Asile (Loi
CESEDA19(*)) a introduit
des changements pour les étudiants étrangers. En effet, cette loi
propose l'instauration de la carte de séjour
« Compétences et Talents20(*) ». Les conditions de fond subordonnant la
délivrance du titre et la qualité attendue des postulants est
décrite ainsi : « La carte de séjour «
Compétences et Talents » est délivrée à
l'étranger susceptible de participer, du fait de ses compétences
et de ses talents, de façon significative et durable au
développement économique ou au rayonnement, notamment
intellectuel, scientifique, culturel, humanitaire ou sportif de la France dans
le monde ou au développement économique du pays dont il a la
nationalité ». Quels en seront effectivement les destinataires
? On comprend rapidement qu'elle tente d'attirer ceux dont la présence
en France est particulièrement souhaitée... Dans la pratique, ce
sont les sportifs de haut niveau, les industriels, les chercheurs et les
artistes de renommée internationale qui obtiennent un titre de
séjour plus facilement. « Il s'agit ici de les attirer
encore plus avec une carte à l'intitulé gratifiant et signifiant
qu'ils sont vraiment désirés21(*) ».
Cette carte englobe également les étudiants
étrangers, puisque la réforme s'inscrit dans l'idée de
sélection des meilleurs éléments, et donc dans une
approche utilitariste22(*). Les conditions de fond auxquelles sont
subordonnés les étudiants étrangers demeurent les
mêmes, à savoir une inscription dans un établissement
d'enseignement et des moyens d'existence suffisants. Ce qui change
profondément, c'est le contrôle effectué par les
autorités consulaires des pays d'origine des dossiers de
préinscription, alors que jusqu'à présent, les
préfectures étaient seules habilitées à le
réaliser. Il s'agit de généraliser les Centres pour les
Etudes en France (CEF) existant déjà dans certains pays. La
France pense pouvoir ainsi mieux maîtriser la venue des étudiants
étrangers. L'Etat passe ainsi des contrats avec les
établissements supérieurs afin de fixer des quotas, de
définir les filières et les niveaux concernés. La
philosophie d'ensemble du dispositif est bien d'opérer une
sélection des étudiants, d'abord en fonction des besoins de la
France (accueil des meilleurs, dans des filières performantes).
Pendant des décennies, les étudiants
étrangers étaient considérés comme des
résidents temporaires, et ils devaient, une fois la qualification
acquise, repartir pour servir leur pays d'origine. La Loi CESEDA parle de
« perspectives de retour », évoque « le
développement économique de la France et du pays dont il
(l'étudiant étranger) a la nationalité
», mais il s'agit surtout en réalité de garder les
personnes les plus qualifiées, sortant des grandes écoles ou
titulaires de master recherchés et renommés, et de renvoyer les
autres dans leur pays d'origine.
Les étudiants africains constituent donc toujours un
instrument au service de la politique extérieure française, mais
il n'est plus, en revanche, une facette de la politique d'aide au
développement, du fait de la sélection des « meilleurs
éléments ». Les étudiants africains sont donc
dépendants des politiques de leur pays d'origine, mais surtout de leur
pays d' « accueil », la France. Au quotidien, ces
politiques se font de plus en plus dures, et la précarité des
étudiants africains en France les touche dans tous les aspects de leur
vie.
II. Les conditions de vie des étudiants
africains en France : quelle réalité derrière le
parcours du combattant ?
1. Le mythe français des papiers et du
parcours administratif23(*)
a. Les modalités dans le pays
d'origine :
Avant même de déposer un dossier de candidature
pour l'inscription dans une université française il est
imposé aux étudiants étrangers venant d'un pays non
francophone, ou n'ayant pas étudié dans un lycée
français, de passer (et de réussir) un test linguistique de
connaissance de la langue française, et parfois même un test
académique d'évaluation des connaissances, malgré la
présentation d'un diplôme. Si ces deux tests sont passés
avec succès, l'étudiant peut monter son dossier de candidature et
l'envoyer, le plus souvent par le biais d'un organisme habilité, aux
différentes universités demandées, qui sélectionne
ensuite les dossiers. Depuis la Loi CESEDA, les critères sont plus
difficiles à réunir (moyenne plus élevée au
baccalauréat, conditions de ressources, projet professionnel...) et les
quotas d'étudiants étrangers ne sont plus les mêmes en
fonction des filières. Ils auront plus de chance de s'inscrire dans une
filière peu demandée par les étudiants français
(Lettres, Arts...), alors qu'en Sciences ou en Economie, les places sont de
plus en plus verrouillées.
Lorsqu'une université choisie a validé la
préinscription, il est nécessaire d'obtenir un visa
« long séjour, mention étudiant ». De
nombreux critères sont évalués avant de fournir cette
catégorie de visa : il faut un passeport valide, la
préinscription à l'université, une garantie de domicile et
une attestation bancaire, prouvant que l'étudiant disposera d'au moins
430€ par mois pendant son séjour en France. Le passeport est, bien
entendu, payant. La préinscription à l'université
dépendra du quota de la filière demandée. La garantie de
domicile n'est possible que si l'étudiant connaît
déjà sur place quelqu'un qui peut le loger. L'attestation
bancaire n'est, certes, pas le papier administratif le plus difficile à
fournir, puisque que les banquiers ne sont pas très regardants sur la
réalité de ces versements. Et de toute façon, si les
parents de l'étudiant avaient tous réellement 430€ par mois
à lui envoyer pour qu'il fasse des études en France, ne ferait-il
pas mieux de les garder et monter, par exemple, un petit commerce qui
rapporterait bien plus ? Si l'étudiant réussit à
réunir tous ces papiers administratifs, encore faut-il qu'il puisse
assurer le paiement de son visa.
b. Les modalités à l'arrivée
en France : la multiplication des interlocuteurs :
Selon A., Clayes24(*), « l'accueil des étudiants
étrangers repose sur le principe d'égalité avec les
étudiants français, que ce soit pour les conditions d'inscription
universitaire (même exigence de niveau) ou les conditions
matérielles d'hébergement et de restauration ».
L'égalité des étudiants étrangers avec les
étudiants français est mise en avant lorsque cela arrange, alors
même que certaines conditions ne sont pas égalitaires. Avant
même de monter un dossier de demande de Carte de Séjour,
l'étudiant étranger est confronté au parcours
administratif kafkaïen qu'est celui de la France.
Ainsi, la première étape à franchir est
celle de l'ouverture d'un compte en banque. Plusieurs difficultés
se posent alors :
- Une discrimination indirecte, qui consiste tout simplement
à refuser d'ouvrir un compte en banque, sous prétexte de ne pas
avoir assez d'argent pour le remplir, ou de ne pas encore avoir de titre de
séjour ;
- Une mauvaise volonté des banques qui exigent la
présentation d'une Carte de Séjour pour permettre à
l'étudiant étranger d'ouvrir un compte, alors que la
délivrance d'une Carte de Séjour est conditionnée par, la
présentation du Relevé d'Identité Bancaire. Selon l'avocat
du TGI de Bordeaux que j'ai interviewé lors de la phase exploratoire de
mon travail, « Les banques font de la discrimination indirecte,
en expliquant que, sans titre de séjour, elles ne peuvent ouvrir un
compte à un étudiant étranger... C'est le
serpent qui se mord la queue25(*) ».;
- Une méconnaissance du système
législatif français, du système bancaire, voire de la
langue française, qui ne permet pas aux étudiants
étrangers de comprendre correctement l'entretien avec le banquier
à l'ouverture ;
- Des refus de délivrance d'une carte bleue, sous
prétexte que l'étudiant étranger n'a pas de Carte de
Séjour, et la délivrance d'une seule carte de retrait ;
- Des temps d'obtention des moyens de paiement souvent trop
longs qui empêchent les étudiants
étrangers de payer l'inscription à l'université ou la
caution pour le logement par chèque.
L'inscription universitaire, passage obligé pour
tous les étudiants, français et étrangers, ne se passe
cependant pas de la même façon pour ces deux catégories
d'étudiants. En effet, la lisibilité et la clarté des
dossiers d'inscription ne sont pas toujours valables pour les étudiants
étrangers, de surcroît non francophone. Les termes utilisés
dans ces dossiers sont parfois déjà bien difficiles à
comprendre pour un Français, alors pour un étudiant
étranger, non habitué à toute cette machine
administrative, ils relèvent de la science. Les dossiers ne sont, en
aucun cas, adaptés à l'origine étrangère des
étudiants. De plus, il n'y a pas de politique d'accueil
spécifique de ces étudiants étrangers, qui sont
reçus de la même façon que les étudiants
français, toujours par souci d'égalité entre les deux
catégories. Très peu de guichet spécial pour
étudiants étrangers n'est mis en place, qui tiendrait compte de
leurs spécificités (langue, culture...). En matière de
santé, l'étudiant de nationalité
étrangère bénéficie de la
sécurité sociale étudiante, au même titre que les
étudiants français, depuis l'arrêté du 29 juin 1999.
Pourtant, rien ne leur permet d'être au courant de certaines
modalités qui leur permettraient de ne pas payer la
sécurité sociale (cotisations salariales) ou de connaître
les conditions et démarches pour l'accès à une mutuelle
gratuite (CMU).
c. La Carte de Séjour, passeport pour le
droit au séjour sur le territoire français :
Lorsque enfin, l'étudiant étranger a
réussi à ouvrir un compte en banque et à s'inscrire
administrativement à son université, il peut alors déposer
un dossier de demande de Carte de Séjour, dernière
étape qui autorise (ou non) le séjour sur le territoire
français. Les papiers à fournir pour l'obtention de la Carte de
Séjour26(*) sont
toujours aussi nombreux, malgré une volonté de simplification des
démarches administratives27(*) :
- Les justificatifs d'ordre
général : L'étudiant doit
présenter les indications relatives à son état civil
(passeport), les documents prouvant qu'il est entré
régulièrement en France (visa et tampon de la date
d'entrée en France), quatre photographies d'identité et un
justificatif de domicile. Le visa du passeport doit porter la mention
« Visa D, long séjour, mention étudiant ».
Malheureusement, certains pays d'origine, par inadvertance, ou
intentionnellement, délivre un visa « court
séjour », qui ne permet pas à l'étudiant
d'obtenir une carte de séjour et qui le contraint à retourner
dans son pays changer la nature de son visa. Pour ce qui est des quatre
photographies, certaines sont refusées au motif que l'étudiant ne
« ressort pas assez sur le fond ». Le justificatif de
domicile doit être daté de moins de trois mois. Cette
modalité est inscrite sur la liste des papiers à fournir, mais
peu d'étudiants ne comprenne ce qu'elle veut réellement
dire ;
- Les justificatifs relatifs aux
études : une attestation d'inscription
provisoire ou définitive établie par
l'établissement d'enseignement (certificat de
scolarité) ;
- Les justificatifs de ressources :
L'étudiant étranger doit justifier qu'il dispose de ressources
suffisantes pour vivre et étudier en France. Ses moyens d'existence
doivent correspondre à 70 % de l'allocation d'entretien mensuelle de
base versée aux boursiers français, soit actuellement 430€
pour les premiers et deuxièmes cycles et 536€ pour les
troisièmes cycles. La Préfecture accepte également un
contrat de travail (plutôt en CDI) accompagné des trois derniers
bulletins de salaire, ou alors, les trois derniers relevés de compte
bancaire attestant qu'il y a des rentrées d'argent
régulières ou un solde positif d'au moins 2500€. Le secret
bancaire et le respect de la vie privée sont, en quelque sorte,
outrepassés par la Préfecture. Lors de leur séjour en
France, aucun suivi n'est réalisé en ce qui concerne les
ressources mensuelles des étudiants étrangers. Pour le visa,
comme pour la Carte de Séjour, l'étudiant étranger
réussit à se procurer au moins un des papiers prouvant qu'il
dispose de 430€ par mois pendant son séjour en France. Mais
personne ne vérifie cette formalité. Certains étudiants se
passent même parfois leur justificatif, en changeant juste le
nom.
La Carte de Séjour est temporaire. Elle n'est valable
qu'un an et doit obligatoirement être renouvelée avant sa date
d'expiration. Son renouvellement dépend de l'assiduité dans les
études et les examens (nécessité de produire le
relevé de notes des derniers examens passés), la
cohérence du cursus universitaire ou des changements d'orientation
(mieux vaut appuyer par une lettre d'un professeur tout changement de
filière), et de la progression dans les études suivies
(Obligation de « monter dans les études »). Le
caractère réel et sérieux des études est
vérifié au moyen de l'assiduité aux travaux
dirigés, des résultats des examens présentés, des
notes et des diplômes obtenus. Des justificatifs sont demandés
à l'occasion de chaque renouvellement. Lors de mon entretien au TGI
de Bordeaux, l'avocat m'a déclaré que, d'après lui, la
politique de la France est faite de telle manière que
« [Seuls] les étudiants français ont le droit
d'échouer, pas les étudiants étrangers28(*) ».
Lors des derniers Etats Généraux de
l'UNEF29(*) (18 novembre
2006), des mesures ont été décidées entre le
syndicat étudiant et le Ministre de l'Intérieur, M. Sarkozy, pour
améliorer les conditions de séjour des étudiants
étrangers. Le Ministère de l'Intérieur a ainsi ouvert la
possibilité de délivrer des cartes de séjour
pluriannuelles (jusqu'à trois ans) pour les étudiants
étrangers inscrits dans une formation menant au Master. Cette
modalité devrait être introduite dès la rentrée
universitaire de septembre 2007.
Soi-disant par souci d'égalité avec les
boursiers, on demande aux étudiants étrangers de percevoir
430€ par mois, pendant toute la durée de leurs études. On
leur demande également de progresser dans leurs études, ou du
moins, en cas de changement d'orientation, d'avoir de sérieux soutiens,
puisque le renouvellement de la bourse pour les étudiants boursiers
dépend de ses mêmes critères. Cependant, derrière
cette prétendue égalité, on oublie que les
étudiants boursiers ont une bourse, en échange de ces
conditions, et que les étudiants étrangers, eux, ont un droit
au séjour ; et qu'ensuite, si, pour les premiers, leur bourse
est supprimée, ils ont la possibilité de se tourner, soit vers un
emploi pour financer leurs études, soit vers un prêt à taux
zéro avec le CROUS, alors que pour les seconds, la reconduite à
la frontière est généralement la seule issue.
2. Survivre à la discrimination : le
logement et l'emploi
a. Les mal lotis du logement :
Les étudiants africains ont, à leur
arrivée en France, trois possibilités de logement.
Premièrement, ils peuvent être logés par des personnes
qu'ils connaissaient avant de venir en France, ou par des compatriotes
rencontrés à leur arrivée ; dans ce cas-là,
ils sont, la plupart du temps,
« hébergés », grâce au
réseau de solidarité. S'ils ne connaissent personne, ils ont la
possibilité de faire une demande de logement en résidence
universitaire. Malheureusement, les quotas sont plutôt faibles pour
les étudiants étrangers qui viennent par leurs propres moyens
faire des études en France, surtout pour les primo-arrivants. Le site du
Crous de Bordeaux précise que « Les autres étudiants
étrangers, c'est-à-dire les étudiants étrangers
individuels, ne sont pas prioritairement logés. Ils seront accueillis en
fonction des disponibilités dans le cadre des 25% des logements
réservés à l'ensemble des étudiants
étrangers. Ils ont donc peu de chance d'obtenir un logement du
Crous30(*) ». La
dernière solution, qui est souvent celle « choisie »
par les étudiants africains, est la recherche d'un logement par ses
propres moyens (logement privé), soit en passant par une agence,
soit directement par un service de particulier à particulier.
Cependant, lors de la recherche d'un logement privé,
les étudiants étrangers rencontrent beaucoup plus de
difficultés que leurs homologues français. La
spécificité des étudiants africains tient du fait que leur
origine géographique, ou culture, n'est pas toujours bien
acceptée par les propriétaires, qui pensent parfois que louer un
appartement à un étudiant africain est un risque qu'ils ne
souhaitent pas prendre. Et si l'étudiant faisait venir son père
(et ses trois femmes), ses dix frères et soeurs, et ses trois cousins,
pour emménager dans son logement ? Dans l'optique optimiste de
non-discrimination de la part du bailleur, lors de la visite d'un logement, il
reste encore à l'étudiant étranger l'obligation de trouver
un garant sur le sol français. Un étudiant mauricien
interrogé m'a expliqué que lors de sa recherche d'appartement, le
propriétaire lui disait souvent « que y'avait d'autres
personnes avant, en plus ils étaient français, donc ils avaient
les garants31(*) ». A tout cela s'ajoutent des
difficultés d'ordre financières, lors du versement d'un
dépôt de garantie équivalent à deux ou trois mois de
loyer avant d'accéder au logement, à payer en plus du premier
mois de loyer. Une mauvaise connaissance de la législation
française en matière de logement les condamne bien souvent
à accepter des logements insalubres à des loyers exorbitants. Les
dispositifs d'aide au logement (LOCAPASS, Clé d'Aquitaine, à
Bordeaux) sont souvent méconnus des primo-arrivants, qui sont ceux qui
ont le moins de chance de connaître une personne susceptible de se porter
garante pour eux. Face aux difficultés rencontrées pour
accéder au logement individuel, les étudiants étrangers se
replient donc fréquemment sur des solutions plutôt temporaires,
voire précaires. En 2003, ils sont ainsi 29,3% à vivre chez un
membre de la famille (autre que les parents), en location à plusieurs,
en sous-location, dans un foyer ou dans un autre logement précaire. Les
étudiants étrangers sont seulement 31% à estimer que leur
logement est satisfaisant alors que c'est le cas de 67,5% des étudiants
français32(*).
b. Les étudiants africains : ces petits
travailleurs infatigables :
Après avoir trouvé un logement, quelque
précaire qu'il soit, il faut maintenant honorer son loyer, manger, payer
son inscription à l'université, acheter ses fournitures
scolaires, payer ses factures d'électricité, de gaz, d'eau, de
téléphone, son abonnement de transport, la taxe d'habitation...
Il est donc nécessaire de trouver des ressources. En effet, rares sont
les étudiants qui reçoivent réellement les 430€,
obligatoires pour le séjour en France. Aucune étude n'est
réalisée sur cet aspect de leur vie, il n'est donc pas possible
de connaître exactement le nombre d'étudiants africains
obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. La
législation française autorise les étudiants
étrangers à travailler au maximum de 830 heures dans
l'année. Cela correspond à un travail à mi-temps durant la
semaine (soit 17,5 heures par semaine) et à temps plein pendant les
périodes de vacances scolaires. La Préfecture a établi que
« bien que la situation de l'emploi soit opposable aux
ressortissants étrangers titulaires d'une carte de séjour portant
la mention "étudiant", une autorisation provisoire de travail (APT) peut
leur être accordée pendant l'année et les vacances
universitaires, dès la première année d'étude en
France33(*) ». Même l'Association des Stagiaires
et Etudiants Africains en France (ASEAF) précise, sur son site
Internet : « Si votre venue en France est liée aux
études, il faut alors consacrer l'essentiel de votre temps à cet
effet. La priorité est d'obtenir un diplôme, de finir une
formation, qui vous seront utiles à vous et à votre pays. En ce
sens, toute activité salariale doit être un moyen et non une fin
en soi »34(*). Jusqu'à présent, certaines
nationalités n'étaient pas soumises à cette APT.
C'était le cas notamment des étudiants européens, mais
aussi de ceux du Gabon, du Togo et de l'Algérie « en
application des accords bilatéraux35(*) ». Les derniers Etats
Généraux de l'UNEF36(*) ont permis de valider des mesures proposées
pour faciliter l'accès au travail des étudiants étrangers.
Ainsi, depuis janvier 2007, l'APT, a, en principe, été
supprimée pour tous les étudiants étrangers. Seule la
Carte de Séjour devrait suffire pour travailler. De plus, la limite
légale s'élève maintenant à vingt et une heures par
semaine.
La discrimination à l'embauche dont sont victimes les
étudiants africains n'est pas vraiment cachée, puisqu'il existe
des boulots « spécial étudiants étrangers,
de préférence africains37(*) ». Depuis quelques années, il
s'est développé une « véritable
spécialisation des étudiants noirs d'Afrique dans certains
métiers : gardiennage, hôtellerie, mais aussi ménage,
services à la personne38(*) ». Les étudiants africains sont
devenus de vrais petits vigils et plongeurs, et les étudiantes
africaines, de vraies petites techniciennes de surface et spécialistes
du service à domicile. Les étudiants africains sont
réputés être des « petits travailleurs
infatigables », car ils effectuent la plupart du temps des
tâches pénibles, ont parfois un travail de nuit ou même en
cumulent deux, et souvent travaillent dans l'illégalité, puisque
la durée maximale de temps de travail par semaine ne suffit pas toujours
à joindre les deux bouts.
c. L'assistance sociale, dernier recours en
« Terre d'Asile » :
Le Fonds de Solidarité Universitaire (FSU) est une aide
de l'Etat qui permet aux CROUS d'accorder, sous forme de prêts,
d'allocations exceptionnelles ou de dons, une aide financière rapide aux
étudiants momentanément en difficulté. Chaque demande fait
l'objet d'un dossier instruit par une assistante sociale. La commission du
Crous décide de l'attribution ou non d'une aide. D'après les
statistiques, les étudiants africains font plus souvent appel à
une assistante sociale que les étudiants français39(*). Les assistantes sociales
répondent seulement aux demandes émanant des étudiants,
après une démarche personnelle de leur part. Les étudiants
africains qui viennent faire une demande d'aide financière ne
comprennent pas toujours les refus dont ils font l'objet. Beaucoup arrivent
avec des mots comme « France Terre d'Asile, patrie des
Droits de l'Homme, de Voltaire et de Rousseau... », et pensent
qu'ils auront automatiquement droit à une aide, grâce à
cela. « Mais aujourd'hui, la France est plutôt la Terre
de Sarkozy40(*) ».
3. Trajectoires universitaires et changement de
statut
a. Adaptation universitaire et orientation41(*) :
Les étudiants étrangers expriment souvent des
difficultés de repérage et d'adaptation à l'égard
de certaines pratiques pédagogiques caractéristiques de
l'enseignement supérieur français. Un étudiant
mauricien42(*) m'a ainsi
expliqué la différence entre la littérature
française en France (auteurs français classiques) et celle
à l'Ile Maurice (auteurs africains francophones). Les étudiants
étrangers qui viennent en France, sans bénéficier d'une
bourse ou d'un cadre minimum d'accueil (programmes d'échanges),
éprouvent de réelles difficultés pour trouver leur chemin
dans la structure de l'enseignement supérieur français. Lors de
la phase exploratoire de mes recherches, une assistante sociale m'a
révélé certaines pratiques qui semblent être monnaie
courante dans certaines universités43(*). Ainsi, à l'Université Montesquieu de
Bordeaux IV, certains professeurs, bénéficiant d'une largesse de
manoeuvre, ont créé des Masters avec très peu de
débouchés, et donc très peu d'étudiants
français inscrits. Ces professeurs vont chercher des étudiants
africains pour remplir ces cours, car ils savent qu'ils accepteront plus
facilement, sous couverts d'obtenir un visa pour la France. Une fois
arrivés en France, ils se retrouvent seuls, sans soutien, et avec
parfois d'importantes difficultés financières.
b. Changer de statut, intéressant
politiquement et économiquement :
A l'issue de la fin des études (et sous couvert de
l'obtention d'un diplôme), il est, en principe, possible à
l'étudiant étranger d'effectuer une demande de changement de
statut, qui lui permette d'obtenir une Carte de Séjour
« mention travailleur ». Cependant, jusqu'à
présent, la Préfecture s'opposait presque systématiquement
aux premières demandes d'APT formulées par des étudiants
étrangers ayant achevé leur cursus universitaire en France. Cette
position politique apparaît aujourd'hui trop restrictive pour deux
acteurs de poids. Tout d'abord, la volonté du gouvernement de
(co)développement des pays africains, à travers la formation de
leurs futures élites par le système français
d'éducation devrait permettre l'acceptation, sous certaines conditions,
du changement de statut d'étudiants africains. De plus, les
intérêts économiques et commerciaux des entreprises
françaises, qui souhaitent recruter de jeunes diplômés
issus des aires géographiques avec lesquelles elles entretiennent des
relations économiques, pourraient être satisfaits grâce aux
étudiants africains. Selon le Ministre de l'Intérieur,
« il apparaît en effet, aujourd'hui, que la validation d'un
cursus universitaire concrétisé par des diplômes et
confortée par une première expérience professionnelle en
entreprise sert à la fois les intérêts de notre pays et
assure au pays d'origine un codéveloppement effectif en permettant le
retour de jeunes professionnels44(*) ».
Actuellement, il y a donc un certain allègement des
procédures, dans le sens où les Préfectures ont
été chargées (par le Ministre de l'Intérieur)
d'examiner plus en profondeur les demandes de changement de statut, selon de
nouveaux critères45(*) :
- Les critères tenant aux motivations de
l'entreprise : L'employeur devra, par une lettre de motivation ou par tout
autre élément, justifier des raisons pour lesquelles il fait
appel à un étudiant étranger (apport du jeune
diplômé étranger à l'entreprise) ;
- Les critères tenant au profil de l'étudiant
étranger : L'étudiant devra expliquer la durée de ses
études et le niveau de diplôme obtenu en France, ainsi que
l'adéquation entre l'emploi proposé et sa formation.
Le Ministère de l'Intérieur a récemment
signalé qu'une autorisation de travail de six mois pourra être
délivrée aux étudiants étrangers qui viennent
d'obtenir, en France, un diplôme au moins égal au Master,
lorsqu'ils souhaitent compléter leur formation par une première
expérience professionnelle. Elle ne sera accordée que
« si le jeune justifie l'intérêt de ce projet pour
son pays d'origine, dans lequel il retournera obligatoirement46(*) ». En 2005,
seulement quatre mille changements de statut ont été
acceptés pour deux cent mille étudiants étrangers47(*). D'après les dires des
personnes interrogées lors de mes entretiens (étudiants
étrangers et membres des associations), la plupart des étudiants
africains qui font leurs études en France « n'ont qu'une
seule envie, une fois leurs études terminées : rentrer dans
leur pays, après une première expérience en
France48(*) ».
c. Vos papiers, s'il vous
plaît !
Depuis la rentrée de 2004, un mouvement de
défense des enfants scolarisés et de leur famille sans-papiers a
vu le jour. Le Réseau Education Sans Frontières (RESF)49(*) a permis à de nombreux
élèves de sortir de l'isolement et de mener une lutte pour leur
régularisation et celle de leur famille. Cependant, le risque pour un
jeune d'être éloigné de force du territoire français
ne s'arrête pas aux portes des établissements scolaires. Ce sont
maintenant les étudiants étrangers qui se retrouvent
sans-papiers. A la rentrée universitaire s'est constitué, au
niveau nationale, le Réseau Université Sans Frontière
(RUSF). Le RUSF « aura vocation à briser l'isolement des
étudiants sans-papiers et fera échec à ces
réglementations absurdes50(*) ». En effet, l'étudiant
étranger est sans cesse menacé par l'intrusion de la
Préfecture dans son cursus universitaire et dans sa vie privée
(logement, emploi...). Les préfectures refusent ainsi de renouveler les
titres de séjour des étudiants prétextant l'insuffisance
de ressources, l'expiration de la Carte de Séjour, l'absence de logement
ou s'arrogeant un droit de regard sur leur parcours universitaire. Elles jugent
seules, de façon arbitraire et sans aucune compétence ni
légitimité pédagogique, du
« sérieux » (changement d'orientation
justifié) et de la « réalité » des
études suivies (justificatifs d'absence aux examens obligatoire).
Lorsque l'étudiant a terminé ses études, il peut faire une
demande de changement de statut pour rester en France et travailler. Si la
Préfecture ne lui accorde pas ce nouveau statut, l'étudiant perd
son titre de séjour étudiant et n'a donc plus de titre de
séjour en cours de validité. Une invitation à quitter le
territoire dans un délai d'un mois est alors envoyée à
l'étudiant qui se retrouvera en situation irrégulière s'il
ne le fait pas dans le délai imparti.
Être étudiant sans-papiers51(*) en France, c'est d'abord
encourir le risque, lors d'un contrôle, de se voir placer en centre de
rétention, avant d'être renvoyé dans son pays d'origine.
C'est également se voir refuser une inscription dans un
établissement d'enseignement supérieur malgré une
inscription pédagogique, qui conduit à l'impossibilité de
travailler autrement que clandestinement, en raison de l'absence de titre de
séjour. Ne plus avoir de titre de séjour, c'est ne plus pouvoir
vivre libre.
Nous assistons depuis plusieurs années à la
dégradation de la situation des étudiants africains en
France : conditions d'accueil déplorables, difficultés
sociales, universitaires et précarité administrative sont les
maîtres mots de leur parcours. Le gouvernement semble, cependant, se
préoccuper de plus en plus de cette situation nuisible pour tous, et met
ainsi en oeuvre des dispositifs pour l'amélioration des conditions de
vie des étudiants étrangers. Les structures universitaires
interviennent également dans cette directions, mais il semble que ce
soit les associations d'étudiants africains qui soient les plus
dynamiques envers leurs « compatriotes ».
III. Initiatives nationales et locales pour un meilleur
accueil des étudiants africains en France
Cependant, depuis plusieurs années, on observe
plusieurs initiatives nationales et locales pour améliorer la
qualité d'accueil des étudiants étrangers.
1. Réponses institutionnelles à la
problématique de l'accueil des étudiants étrangers en
France
a. Des rapports à la
pelle :
Différents rapports ont été
commandés par le gouvernement aux ministères concernés par
la problématique de l'attraction, de l'accueil et du suivi des
étudiants étrangers en France. Le premier rapport sur la
situation des étudiants étrangers en France date de 1997. Les
différents rapports remis depuis 199752(*) (le rapport de Patrick Weil en 1997, le rapport
d'Albert Prévos53(*), en 1999, le rapport de Bernard Dufourg en 1999, le
rapport d'Alain Claeys en 1999, le rapport d'E. Flitti en 2000, et celui d'E.
Cohen en 2001) préconisent surtout des mesures pour mieux organiser
l'accueil des étudiants étrangers désireux de venir
effectuer des études en France. Ces mesures visent, en
général, à faciliter l'obtention du visa, l'accès
aux informations scolaires et pratiques et la participation aux concours.
Le rapport Claeys54(*), réalisé en 1999, pour la Commission
des Finances de l'Assemblée Nationale, affirme que les étudiants
étrangers « individuels » ou «
privés » ne bénéficient pas d'un
système de prise en charge spécifique en France. Cette situation
se traduit par un fort isolement, que ces étudiants connaissent
fréquemment quelque temps après leur arrivée en France. Ce
rapport, intitulé « L'accueil des étudiants
étrangers : enjeu commercial ou priorité
éducative ? » aborde la problématique de
l'accueil des étudiants étrangers principalement sous un angle
économique, en essayant de montrer que la France a tout à y
gagner en faisant des efforts dans l'accueil de ses étudiants
étrangers En effet, ces derniers devraient contribuer à donner
une meilleure image de l'ouverture de la France à l'international.
Le Rapport Cohen55(*), commandé par le Ministère de
l'Education Nationale et le Ministère des Affaires Etrangères en
2001, propose cinquante mesures pour améliorer l'accueil des
étudiants étrangers en France. Ces mesures sont réparties
selon différentes lignes d'action :
- Soutenir et réguler les projets internationaux des
établissements en confortant leur autonomie et leur capacité
d'initiative ;
- Mettre en place ou renforcer les instruments d'information,
de coordination, d'orientation et d'évaluation concernant les politiques
d'accueil des étudiants étrangers ;
- Renforcer la cohérence de la chaîne de
l'accueil et la coordination entre les différents acteurs qui y
contribuent56(*) ;
- Apporter des améliorations décisives aux
conditions d'hébergement et de vie des étudiants et des
chercheurs étrangers en France.
Ces mesures semblent prendre en compte tous les aspects du
parcours actuel que tentent de franchir les étudiants africains arrivant
en France. Le rapport propose notamment une meilleure
« cohérence de la chaîne de
l'accueil », qui pourrait être un moyen de simplifier
toutes les démarches administratives rencontrées par les
étudiants dans leur pays d'origine et à leur arrivée en
France. Il présente également des conclusions sur
l'amélioration des conditions de vie des étudiants
étrangers, principalement en ce qui concerne le logement. Cependant,
certaines grandes lignes, comme celle souhaitant que les universités
gardent « leur autonomie et leur capacité
d'initiative », en leur laissant la possibilité de
choisir elles-mêmes leurs étudiants étrangers, selon des
critères pédagogiques bien précis, ne semble pas avoir
été longtemps suivies.
En effet, le Rapport du Sénat sur l'accueil des
étudiants étrangers57(*) remet en cause cette autonomie
des universités et propose que ce soit l'Etat qui, désormais,
s'occupe des étudiants étrangers. La première mesure
proposée va dans ce sens : L'Etat doit établir un plan
général d'action en créant un cadre législatif
pour donner des lignes directrices à la politique de la France dans le
secteur de la mobilité internationale universitaire. Il doit permettre
de déterminer quels étudiants il est souhaitable d'accueillir et
de donner aux Universités les moyens de les attirer. D'autres mesures
viennent ensuite compléter l'idée première du
rapport :
- Privilégier la formation des étudiants de
premier cycle dans leur pays d'origine, mais aussi orienter et
sélectionner les étudiants des pays du Sud avant leur
départ ;
- Améliorer la qualité de l'accueil en
l'adaptant aux besoins spécifiques des étudiants
étrangers, en contrepartie d'une « contribution
financière modulable » ;
- Instaurer systématiquement des guichets uniques
d'accueil des étudiants étrangers ;
- Créer un « Conseil pour l'accueil des
étudiants étrangers » (suivi quantitatif et qualitatif,
suivi pédagogique).
On se rend compte rapidement, à la lecture de ce
dernier rapport sur les améliorations à apporter à la
situation des étudiants étrangers en France, que la raison
sous-jacente à ces améliorations n'est plus la même qu'en
1999. Les étudiants étrangers, tout d'abord
appréhendés sous l'aspect économique (leur apport à
la France et pour la France : Rapport Clayes), puis sous un aspect un peu
plus social et solidaire de leur situation (Rapport Cohen) deviennent un enjeu
politique de plus en plus marqué. Cette politisation de
l'éducation universitaire est flagrante depuis le Rapport du
Sénat qui préconise la création d'un cadre
législatif dans le domaine de la mobilité internationale
universitaire. Jusque là, seules les universités étaient
habilitées à décider de la politique à mener en
cette matière. Maintenant, le gouvernement a un droit de regard sur
cette question.
b. La France se doit d'être plus attractive
pour les étudiants étrangers :
Un opérateur unique a été
créé récemment, afin de reprendre et de
fédérer les missions jusqu'ici exercées par l'agence
EduFrance, l'association Egide et le CNOUS58(*). Le Ministère des Affaires Etrangères
a, en effet, lors de la conférence du 7 mars 2007, officialisé la
création de l'agence Campus France, qui aurait pour mission essentielle
de « conforter la compétitivité de la France sur la
scène internationale et d'affirmer sa vocation traditionnelle de
partenaire du développement du Sud... Attirer les meilleurs
étudiants étrangers, mieux les accueillir, valoriser notre
savoir-faire et nos formations auprès de ceux qui seront les
élites de demain et qui peuvent devenir des relais essentiels pour
l'influence de notre pays : telle est l'ambition que nous nous
étions donnée. Elle trouve aujourd'hui sa concrétisation
avec la création de l'agence Campus France59(*) ».
Auparavant, l'agence EduFrance, placée sous la tutelle
du Ministère de l'Education Nationale et du Ministère des
Affaires Etrangères, s'occupait de la promotion des formations
universitaires françaises, ainsi que de l'accès à
l'information depuis l'étranger. L'association Egide (Centre
français pour l'accueil et les échanges internationaux) se
consacrait à la gestion et à l'accueil de certains
étudiants étrangers boursiers. Le CNOUS, lui, avait une vocation
plus généraliste, puisque le réseau des CROUS intervenait
également dans la gestion des étudiants boursiers, mais aussi
pour l'accueil de l'ensemble des étudiants étrangers, boursiers
ou non.
A partir de la rentrée prochaine, les actions de Campus
France auront quatre objectifs principaux : la promotion à
l'étranger des formations supérieures françaises pour
l'attraction de nouveaux étudiants étrangers, la mise en oeuvre
de partenariats avec des universités étrangères,
l'instauration progressive d'un guichet unique pour l'accueil des
étudiants étrangers en France60(*) (depuis leur orientation jusqu'à la gestion de
leur bourse), ainsi que le soutien à la mobilité internationale
des chercheurs. L'objectif sous-jacent est de simplifier le dispositif
d'accueil des étudiants et des chercheurs étrangers dans un
environnement universitaire international de plus en plus compétitif.
L'avantage le plus sensible pour les étudiants étrangers sera de
n'avoir d'un bout à l'autre de ce processus maintenant linéaire
qu'un seul guichet auquel s'adresser pour l'ensemble de ses
démarches.
L'agence Campus France a cependant déjà
élaboré certaines mesures pour les étudiants
étrangers, comme la création des Centres pour les Etudes en
France (CEF). Dès 2005, les ambassades de France à
l'étranger ont ouvert de « véritables guichets
uniques d'écoute et de dialogue avec les étudiants
étrangers61(*) ». Ce nouveau système d'accueil
permet à ces derniers de préciser leur projet d'études, de
faciliter leurs démarches de préinscription (en liaison avec les
établissements d'enseignement supérieur) et
d'accélérer la procédure de délivrance des visas.
Les CEF sont institués par la Loi CESEDA. Aujourd'hui, ils existent au
Cameroun, en Corée du sud, en Chine, dans les trois pays du Maghreb, au
Mexique, au Sénégal, en Turquie et au Vietnam. De nouveaux CEF
ont, en principe, ouverts en décembre 2006 au Canada, aux
États-Unis, en Colombie, au Brésil, à Madagascar, au
Gabon, en Guinée, au Liban, en Syrie, en Russie et en Inde. Ils sont
présentés comme étant des plates-formes de services mises
en place auprès des ambassades pour être les interlocuteurs des
étudiants étrangers. Le Ministre des Affaires Etrangères a
récemment déclaré : « Il s'agit
désormais de se placer dans une perspective qualitative, pour maximiser
l'apport de ces étudiants au rayonnement universitaire, culturel,
politique et économique de la France...Les CEF nous ont permis
d'améliorer la qualité des profils des étudiants
souhaitant venir en France62(*) ».
2. Initiatives locales : l'exemple de la Ville
de Bordeaux
Plusieurs initiatives locales pour favoriser l'accueil et/ou
l'intégration des étudiants étrangers ont vu le jour
depuis quelques années. Des villes ont ressenti le malaise de certaines
catégories d'étudiants rencontrant de nombreuses
difficultés, comme les étudiants étrangers, et ont voulu
mettre en place un dispositif qui permettraient un meilleur accueil de ces
étudiants. La Ville de Bordeaux a ainsi fait des efforts dans ce sens,
et c'est principalement le Pôle Universitaire de Bordeaux qui en est
à l'origine.
a. Les actions du Pôle Universitaire pour les
étudiants étrangers63(*) :
L'Espace Rentrée Etudiant (ERE) est
organisé par le Pôle Universitaire et le CROUS de Bordeaux. Il
s'agit d'un lieu proposant aux étudiants de nombreux services pour leur
installation sur Bordeaux : logement (annonces, dossier CAF, conseils
juridiques), emploi (offres), banque (ouverture d'un compte), transports
(abonnement Connex et trains), sécurité sociale étudiante,
connexion Internet gratuite. Cet espace, accessible à tout
étudiant, ou futur étudiant, réunit en un seul lieu de
nombreuses démarches à effectuer lors d'une première
année d'études, mais aussi lors du renouvellement de certaines
formalités (carte de bus, changement d'adresse...). Il est donc
particulièrement intéressant pour les étudiants
étrangers primo-arrivants sur Bordeaux, puisqu'il centralise un maximum
de démarches à effectuer. Cependant, le personnel d'accueil n'est
pas formé pour répondre à certaines
spécificités de cette catégorie d'étudiants, comme
les modalités précises de demande de titre de séjour, les
formalités pour obtenir une APT, les bourses ou logements possibles...
Malgré tout, suite à l'arrivée de
nombreux étudiants étrangers à chaque rentrée
universitaire, le Pôle Universitaire de Bordeaux64(*), en partenariat avec la
Préfecture et le CROUS de la Gironde a décidé, depuis
août 2004, de créer une « Cellule Carte de
Séjour » à l'ERE de Bordeaux, afin de faciliter le
traitement des dossiers de demandes de titres de séjour. Les
étudiants étrangers, de fin août à
mi-décembre, s'adressent donc à la Cellule, et ne se
déplacent donc plus à la Préfecture pour leur titre de
séjour, qu'en dehors de cette période de rentrée
universitaire. La cellule, composée de cinq tuteurs, s'occupe de la
constitution des dossiers de première demande et de renouvellement des
cartes de séjour des étudiants étrangers à
Bordeaux. Les tuteurs sont tous des étudiants, français ou
étrangers, et ils connaissent, pour la plupart, les difficultés
rencontrées par les étudiants étrangers en France. La
majorité d'entre eux sont donc indulgents sur les papiers à
fournir, et n'hésitent pas à s'arranger avec l'étudiant
étranger, afin que celui-ci obtienne son titre de séjour65(*). D'après les
témoignages d'étudiants étrangers, l'accueil à la
Cellule est bien différent de celui de la Préfecture. A la
Préfecture, les agents sont souvent débordés par les
demandes et doivent gérer plusieurs étapes à la
fois : le montage des dossiers, la vérification de ces dossiers,
leur validation et la délivrance des titres de séjour.
« La Cellule constitue donc un soulagement, à la fois pour
les étudiants étrangers et pour la Préfecture66(*) ». En 2006, la
Cellule a traité un petit peu moins de cinq mille dossiers.
La dernière action mise en place par le Pôle
Universitaire de Bordeaux, avec l'aide du CROUS et de la Mairie, est
l'instauration de la Journée « Bordeaux accueille ses
étudiants ». Il s'agit d'une journée gratuite de
découverte et de visite de la ville de Bordeaux, principalement pour les
étudiants étrangers nouvellement arrivés, mais la
journée est ouverte à tous les étudiants, français
ou étrangers. A la fin du parcours, une visite de la Mairie est
proposée et un « apéro » est offert dans les
jardins de la Mairie. En octobre 2006, la visite de la Mairie a
été un échec total, puisque les étudiants ont
été « gentiment conviés » par les
policiers responsables de la sécurité à quitter rapidement
la Mairie. Les élus n'avaient pas jugé bon d'informer les
organisateurs et les étudiants que, faute d'argent (dépenses pour
les élections municipales anticipées), la visite et le repas,
habituellement offerts par la Mairie, avaient été
annulés67(*). En ce
qui concerne les étudiants africains, ils ne sont
généralement pas nombreux à participer à cette
Journée. L'hypothèse avancée par certains est qu'ils ne
souhaitent pas participer à ce genre de manifestation, mais
préfèrent les actions plus ciblées sur leur
communauté. Depuis trois ans, on observe malgré tout une
augmentation du nombre d'étudiants africains participant à cette
Journée.
b. Les associations d'étudiants africains
à Bordeaux68(*) :
Malgré ces quelques initiatives institutionnelles, les
associations d'étudiants africains restent les principaux acteurs de
l'aide apportée aux étudiants étrangers, surtout
primo-arrivants. Les cours de langue, l'accueil des étudiants
étrangers dès leur arrivée à l'aéroport ou
à la gare, l'aide à distance par courrier électronique
pour conseiller et informer, la semaine d'accueil pour présenter les
différents dispositifs de l'université et son environnement, la
visite de la ville, un week-end d'intégration pour les nouveaux
arrivés, l'aide aux démarches, le soutien pédagogique et
parfois psychologique tout au long de l'année sont les nombreux exemples
qui témoignent de l'investissement des associations étudiantes
africaines69(*). Les
associations peuvent également témoigner de la logique du
parcours universitaire, afin d'appuyer le renouvellement d'une Carte de
Séjour, par exemple.
A Bordeaux, il existe plus d'une dizaine d'associations
regroupant des étudiants africains. Ces associations sont soit
communautaires (regroupement d'étudiants d'un même pays :
ABESS et AEMAB), soit supranationales (mouvement panafricain : AFRICAPAC).
· Association Bordelaise des Etudiants
Sénégalais et Sympathisants (ABESS) :
L'ABESS a été créée en 1990. Le
bureau est composé de vingt personnes, et il y a une cinquantaine de
membres. L'objectif de départ était de permettre aux
étudiants sénégalais arrivant sur Bordeaux de rencontrer
les étudiants sénégalais déjà
installés en France, afin de se regrouper entre personnes de même
culture pour faire face au parcours difficile que vivent les étudiants
à leur arrivée en France. Le manque de dispositif d'accueil des
étudiants étrangers a conduit les étudiants à
se regrouper en association, pour « se sentir un peu plus chez
soi70(*) ».
Puis, les objectifs se sont élargis, et, à ceux de départ,
s'est notamment rajoutée la promotion de la culture
sénégalaise. Selon un des membres d'ABESS,
« l'association joue le rôle qu'auraient dû jouer les
autorités françaises71(*) ». L'aide informelle, surtout
proposée aux primo-arrivants est déclinée sous
différentes formes :
- Une journée culturelle en début d'année
pour rencontre entre primo-arrivants et anciens ;
- Un système de tutorat, véritable relais avec
les pouvoirs publics et les universités ;
- Un rapport privilégié avec le CROUS, pour
l'attribution de logement universitaire aux étudiants
sénégalais dès la première année en
France.
· Association des Etudiants Mauriciens A Bordeaux
(AEMAB) :
L'AEMAB a vu le jour en septembre 2006. Contrairement aux
autres associations d'étudiants africains, elle est donc plutôt
récente sur Bordeaux, ce qui témoigne de l'évolution du
nombre et de l'origine des étudiants africains en France. Actuellement,
il y a 278 étudiants mauriciens à Bordeaux72(*). Cette association a pour but
d'accueillir les nouveaux étudiants mauriciens. Les actions en faveur
des mauriciens primo-arrivant sont les suivantes :
- Un partenariat avec le CIFOD73(*), pour une meilleure information des futurs
étudiants mauriciens en France, avec notamment une rencontre entre les
associations de France et les futurs étudiants, avant leur départ
en France. Cette rencontre semble être fondamentale pour les futurs
étudiants qui y trouvent toutes les informations utiles74(*) ;
- Un partenariat avec une agence immobilière de
Bordeaux, qui accepte de proposer des logements à des étudiants
mauriciens, même s'ils n'ont pas de garant ;
- Un partenariat avec le Crédit Lyonnais, qui attribue
vingt euros à tout étudiant mauricien qui ouvre un compte dans
cette banque ;
- Le parrainage de chaque étudiant mauricien
primo-arrivant par un « ancien ».
D'après une des membres de l'AEMAB, l'augmentation des
problèmes financiers rencontrés en France par les
étudiants mauriciens serait due à une dépréciation
de la monnaie (roupie) à l'Ile Maurice75(*), qui aurait entraînée une baisse de la
somme envoyée chaque mois aux étudiants en France. Selon elle,
« il faudrait poser les fondements d'une
égalité entre tout le monde... puisqu'aujourd'hui, il n'y a pas
d'égalité entre les étudiants français et les
étudiants étrangers76(*) ».
· Association des Etudiants d'Afrique, des
Caraïbes, du Pacifique et de l'Océan Indien
(AFRICAPAC) :
Des étudiants originaires d'Afrique, des Caraïbes,
du Pacifique et de l'Océan Indien ont décidé, en novembre
1996, de créer une association, AFRICAPAC, qui
fédèreraient toutes ces nationalités, au niveau national.
Aujourd'hui, elle a trois grandes orientations : contribuer à
l'amélioration des conditions de vie et d'études des
étudiants, défendre les intérêts des
étudiants et promouvoir les liens de solidarité entre les
étudiants.
AFRICAPAC regroupe aujourd'hui seize associations au niveau de
l'académie de Bordeaux. Grâce à leur mobilisation, ils ont
obtenu plusieurs résultats significatifs sur Bordeaux :
- Le développement de l'offre des particuliers par le
CROUS en direction des étudiants étrangers ;
- La possibilité de présenter le
« visa D mention étudiant », au lieu de la Carte de
Séjour (trop longue à obtenir), pour l'attribution d'une chambre
universitaire ;
- La création d'un « Guide Pratique de
l'Etudiant Etranger » (informations sur le logement, les
démarches administratives, les universités, le coût de la
vie...), avec notamment « Le Guide du logement à Bordeaux,
spécial étudiant étranger ».
AFRICAPAC a également des élus dans tous les
villages universitaires, au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire
(CEVU), et au Conseil Scientifique (CS) de Bordeaux III, ce qui lui permet de
faire pression à tous les niveaux pour une meilleure
représentativité des étudiants étrangers en France.
Elle soutient également l'UNEF de Bordeaux lors d'élections des
représentants étudiants77(*). Aux dernières élections
(élections étudiants des 13, 14 et 15 mars 2007), sur cinq
syndicats étudiants, seuls deux (UNEF et Sud Etudiant) ont abordé
les problématiques liées aux étudiants
étrangers78(*).
L'UNEF est sortie majoritaire des élections et a déclaré,
en ce qui concerne les étudiants étrangers :
« Défendre les étudiants étrangers, c'est
défendre en permanence le droit aux études pour tous79(*) ».
Il faut reconnaître, qu'au vu de la situation actuelle
des étudiants africains en France, l'accueil et le suivi de ces
étudiants connaît des lacunes certaines, malgré les
dispositifs mis en place par les acteurs institutionnels ou les actions
proposées par les associations étudiantes. Des initiatives
nouvelles voient donc le jour, pour essayer d'améliorer ces lacunes.
Animafac80(*),
fédération nationale d'associations, a ainsi organisé un
week-end de rencontres autour des problématiques liées aux
étudiants étrangers. Cette rencontre a été
notamment l'occasion pour les associations étudiantes de
réfléchir aux moyens de donner davantage de visibilité et
d'efficacité à leurs initiatives81(*).
CONCLUSIONA
La période de la colonisation a véhiculé
un certain « rêve français » qui pousse,
depuis plusieurs décennies, les étudiants africains (mais aussi
les travailleurs), à choisir la France comme destination
privilégiée. Malgré les politiques peu accueillantes
à leur égard et les conditions de vie souvent difficiles, la
France reste un pôle attractif pour les étudiants africains,
désireux de poursuivre des études supérieures.
« Le contrôle des études des colonisés en
voie d'émancipation passait pour une garantie future de loyauté
envers l'ancienne puissance coloniale. En faisant venir des étudiants en
France, des réseaux technologiques se constituaient et un savoir se
perpétuait : la continuité politique serait ainsi
assurée et les élites gouvernementales
conciliées82(*) ». Aujourd'hui, le même processus est
à l'oeuvre, alors que se met petit à petit en place la nouvelle
Loi CESEDA, prônant une « immigration choisie », et
non une « immigration subie ». Les meilleurs - les
cerveaux, comme ils sont appelés - sont les bienvenus en France, et
toutes les facilités leurs sont offertes. Cependant, ils ne
représentent qu'une infime partie des étudiants africains en
France. Le reste, « les autres », continuent, et
continueront, de venir par leurs propres moyens, sans qu'aucune réelle
politique d'accueil et de suivi, de la part des institutions et des
universités, ne soit mise en place.
Après analyse des résultats recueillis
d'après mes lectures et les entretiens réalisés, je suis
en mesure de répondre aux hypothèses posées
précédemment.
La première hypothèse (La politique
d'immigration choisie du gouvernement français, qui sélectionne
les meilleurs étudiants étrangers, ne paraît pas se
préoccuper de la situation des étudiants
« individuels ») ne peut être validée
totalement, puisqu'à travers mes recherches et lectures, je me suis
rendu compte que le gouvernement français commandait des rapports
à différents ministères pour connaître les
conditions de vie des étudiants étrangers en France, en vue d'une
amélioration de leur situation. Malgré une certaine prise en
compte de la réalité des difficultés qu'ils rencontrent,
les solutions proposées sont loin d'être le fruit d'une
réelle réflexion profonde sur les tenants et les aboutissants de
cette problématique. Les aspects politiques sous-jacents ne sont, bien
entendu, jamais abordés. De plus, ces rapports existent depuis au moins
dix ans, mais il ne semble pas qu'il y ait eu d'amélioration majeure de
la situation des étudiants étrangers depuis. L'application
concrète mise en oeuvre, après explication de la situation et
propositions, n'apparaît pas très efficace jusqu'à
maintenant. Peut-être est-ce maintenant aux universités
elles-mêmes d'agir localement pour un meilleur accueil et suivi de leurs
étudiants étrangers, pour tenter de dépasser cette
politisation de l'éducation universitaire.
En ce qui concerne la deuxième hypothèse (Le
difficile parcours des étudiants africains
« individuels » en France résulterait de l'absence
d'un réel accueil et suivi de la part des universités envers
cette population spécifique : l'exemple de Bordeaux), ma
réponse est tout aussi nuancée, puisqu'à Bordeaux, le
Pôle Universitaire a fait de sérieux efforts pour l'accueil des
étudiants étrangers, en mettant notamment en place un dispositif
pour faciliter les démarches administratives des étudiants
étrangers (Cellule Carte de Séjour, Espace Rentrée
Etudiants), mais aussi pour les « accueillir » à
Bordeaux, en organisant une journée de visite de la ville
(Journée « Bordeaux accueille ses Etudiants »).
Malheureusement, derrière les beaux titres réservés
à ces dispositifs, il faut bien comprendre que leur contenu et leur
forme ne sont pas toujours pensés au mieux, et qu'il reste de nombreuses
lacunes à combler, avant de pouvoir se vanter d'être une
« ville universitaire internationale ». En effet, rien
n'est prévu pour faciliter l'accès au logement ou l'inscription
des étudiants étrangers, ni pour un suivi pendant leur
séjour, qu'il soit pédagogique, psychologique ou social.
Là encore, il ne s'agit pas seulement de tirer des conclusions
alarmantes sur les conditions de vie des étudiants étrangers
à Bordeaux, et de proposer quelques dispositifs d'aide, mais il est
nécessaire d'en finir définitivement avec les différences
de traitement qui peuvent exister entre étudiants français et
étudiants étrangers. L'égalité des droits entre
tous les étudiants doit prévaloir : chaque étudiant,
quelle que soit sa nationalité, doit pouvoir étudier en France
dans des conditions satisfaisantes avec le même accès aux
informations, au travail, aux aides sociales, aux logements... Les
universités ont besoin d'une réflexion interculturelle pour mieux
comprendre et aider leurs étudiants étrangers et ainsi faciliter
leur adaptation scolaire.
Ma dernière hypothèse (Les associations qui
oeuvrent à améliorer les conditions de vie des étudiants
africains « individuels » en France ne semblent pas avoir
assez de moyens matériels et financiers pour un réel
changement) est celle qui m'a demandée le plus de recherches, mais
qui m'a amenée le plus de surprises. En effet, j'étais assez
sceptique sur le réel pouvoir de décision et de changement que
pouvaient avoir les associations d'étudiants africains. A travers mes
entretiens, j'ai modifié mon regard sur ces associations, puisque je me
suis rendu compte qu'elles avaient, non seulement un réel poids lors de
prises de décision (élections étudiantes, liens
privilégiés avec le CROUS), mais qu'elles étaient aussi,
et surtout, une source de changement important pour les étudiants
africains en France. « L'union fait la force » pourrait
résumer ce qui fait de ces associations un contre-pouvoir -le seul -
face aux politiques de plus en plus cassantes pour les étudiants
étrangers. Les moyens humains, techniques et financiers existent bel et
bien pour ces associations, qui semblent de plus en plus être le seul
refuge possible pour ces étudiants africains. L'engagement des membres
des différentes associations que j'ai pu rencontrer n'a d'égal
que le désarroi dans lequel sont laissés des étudiants,
qui ne demandent, somme toute, que de pouvoir étudier dans
l'égalité la plus complète avec les étudiants
français. Aujourd'hui, certains étrangers ne veulent plus venir
faire leurs études en France, mais privilégient plutôt le
Royaume-Uni ou les Etats-Unis, puisque cette image qu'avait la France de Patrie
des Droits de l'Homme s'est ternie. Et la majorité des étudiants
africains formés en France comptent bien rentrer dans leur pays une fois
leurs études terminées. L'idée selon laquelle
« Mieux vaut vivre avec un RMI en France qu'avoir la honte de rentrer
au pays sans rien », qui prévalait jusqu'alors, est
désormais passée, puisque rentrer au pays, c'est maintenant
rentrer chez soi, pouvoir jouir des mêmes droits que tous les autres
citoyens, pouvoir vivre librement.
Le terme « étranger » n'appartient
pas au vocabulaire des textes constitutionnels (Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme, Convention Européenne des Droits de l'Homme...)
qui ont été ratifiés, entre autres, par la France. Seuls
s'y trouvent place les vocables d' « homme » et de
« citoyen »83(*). Pourtant, en donnant un statut particulier à
l'étranger, qu'il soit étudiant ou non, la France se
démarque de cette conception universaliste des Droits de
l'Homme, qui ferait de tout être humain un égal de ses
semblables. Ne pas être citoyen français exclut non seulement que
l'étranger puisse exercer ses droits civiques (droits de vote), mais
aussi qu'il puisse prétendre à bénéficier des
mêmes droits.
Alors que la législation renforce sans cesse, depuis
une décennie, cette distinction entre étudiants étrangers
et étudiants français, en donnant une vision utilitariste de
l'immigration et en accentuant la sélection des étudiants
étrangers selon les « besoins » de l'économie
française, il apparaît aujourd'hui nécessaire de
réaffirmer la vocation universelle de l'éducation,
défendue par ces pays « développés »,
en laissant ses établissements d'enseignement supérieur ouverts
à tous. Leur mission d'enseignement, d'échanges et de
réflexion ne peut s'accommoder d'inégalités entre
étudiants ou de l'exclusion de certains.
Espérons qu'avril 2007...
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
Amougou E., Etudiants d'Afrique noire en France, une
jeunesse sacrifiée ?, L'Harmattan, 1997
Bassong Luc, Comment immigrer en France en 20
leçons, Max Milo, 2006
Bitauld C., Y a t-il une solution à l'exode des
compétences africaines vers la France ?, Document-recherche,
GDAH, 1999
Coulon R., Des Droits de l'Homme en peau de chagrin. Le
droit des étrangers dans la jurisprudence du Conseil
Constitutionnel, L'Harmattan, 2000
Diome Fatou, Le Ventre de l'Atlantique, Anne
Carrière, Paris, 2003
Guimont F. Les étudiants africains en France dans
les années 1950-1965,L'Harmattan, Paris, 1997
Mbaye M., Interculturel et performance universitaire, Une
approche psychopédagogique des conduites universitaires des Etudiants
sénégalais en France, thèse de doctorat en sciences
de l'éducation, Bordeaux, 1995
Meriot C., Vie associative et identité
culturelle : le cas des étudiants malgaches à Bordeaux,
mémoire d'ethnologie, Bordeaux, 1987
Nouhou A.B., Le Rôle des
« anciens » dans l'adaptation des nouveaux étudiants
camerounais à Bordeaux, mémoire d'ethnologie, Bordeaux,
1994-95
Slama S., La fin de l'étudiant
étranger, L'Harmattan, Paris, 1999
Revues :
GISTI
Slama S., La France et ses étudiants
étrangers : l'aventure d'une politique de la suspicion, Plein Droit
: la Revue du GISTI, 1997
Les droits des étudiants étrangers en France
(2ème éd.), Les Cahiers juridiques, Sept. 2005
Entrée et séjour des étrangers en
France, Les Textes (2ème éd.), Les Notes
Juridiques, Janv. 2006
Hommes et Migrations
Latreche A., Les migrations étudiantes de par le
monde, n° 1233, 2001
Accueillir autrement, Mai-juin 2006
Jeune Afrique
Andriamirado S., La fin des idoles, les étudiants
africains en France, n° 879, 1977
Fall E., Moi, Moussa, étudiant fauché,
n° 1152, 1983
Rapports :
Cerisier-Ben Guiga M. et Blanc J., Rapport d'information
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la
défense et des forces armées sur l'accueil des étudiants
étrangers en France, Sénat, n°446, juin 2005
Clayes A., L'accueil des étudiants
étrangers : enjeu commercial ou priorité
éducative ?, Rapport d'information n°1806, Commission des
Finances, Assemblée Nationale, 1999
Cohen E., Un plan d'action pour améliorer l'accueil
des étudiants étrangers en France, Diagnostic et
perspectives, Rapport au Ministre de l'éducation nationale et au
Ministre des affaires étrangères, 2001
Coulon A. et Paivandi S., Les étudiants
étrangers en France : l'état des savoirs, Rapport
pour
l'Observatoire de la Vie Étudiante, mars 2003
INSEE, Les immigrés en France, Edition 2005
Lebon André, Migrations et Nationalités en
France, Rapport du Ministère de l'Emploi et de la
Solidarité, 1998
Prévos A., Propositions pour améliorer
l'accueil des étudiants étrangers en France, Rapport au
Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la technologie,
1999
Sites Internet :
Sites officiels
www.interieur.gouv.fr/ :
Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement du
Territoire
www.assemblee-nationale.fr/
: Assemblée Nationale
www.education.gouv.fr/ :
Ministère de l'Education Nationale
www.diplomatie.gouv.fr/ :
Ministère des Affaires Etrangères
www.edufrance.net : Promouvoir
l'enseignement supérieur français
www.egide.asso.fr : Centre
français pour l'accueil et les échanges internationaux
www.gironde.pref.gouv.fr :
Préfecture de la Gironde
www.cifod.mu : Centre
d'information pour les études en France, à l'Ile Maurice
Sites universitaires
www.ove-national.education.fr/
: L'Observatoire de la Vie Etudiante
www.cnous.fr : Centre National des
OEuvres Universitaires et Scolaires
www.crous.fr : Centre Régional
des OEuvres Universitaires et Scolaires
http://aseaf.free.fr : Association
des Stagiaires et Etudiants Africains en France
www.animafac.net : Réseau
d'échanges d'expériences et centre de ressources pour les
initiatives étudiantes
www.educationsansfrontieres.org
: Réseau Education Sans Frontières
www.rusf.org : Réseau
Université Sans Frontières
Sites universitaires de Bordeaux
www.poluniv.u-bordeaux.fr
: Pôle Universitaire de Bordeaux
www.crous-bordeaux.fr/ :
Crous de Bordeaux
www.u-bordeaux1.fr/ :
Université Bordeaux I
www.u-bordeaux2.fr : Université Bordeaux II
www.u-bordeaux3.fr: Université Bordeaux III
www.u-bordeaux3.fr/Interna/index.html
et
http://ri.u-bordeaux3.fr/cooperationRI/
: Relations Internationales de l'Université Bordeaux III
www.u-bordeaux4.fr/ :
Université Bordeaux IV
Autres sites
www.cimade.org : Service
OEcuménique d'Entraide
www.contreimmigrationjetable.org/
: Présentation du Collectif UCIJ et de l'analyse du projet de loi CESEDA
www.gisti.org : Groupe
d'information et de soutien des immigrés
Divers :
Compte-rendus de l'Université d'été du
Crid, 5 au 8 juillet 2006, « Développement et droit des
migrants »
Forum « Migrations et droits de vivre », 6
et 7 octobre 2006
Dossier Diagnostic social « Les
étudiants algériens à Bordeaux », GDAH
2001-2003
Compte-rendu de la Conférence ministérielle
euro-africaine sur la migration et le développement, 11 juillet
2006 : la Déclaration de Rabat
LISTE RECAPITULATIVE DES ANNEXES
Annexe 1 - Stratégies gouvernementales
|
I - III
|
- Loi CESEDA : les dispositions relatives aux
étudiants étrangers
|
I
|
- Nombre de visas d'études attribués par
région du monde - Evolution depuis 1998
|
II
|
- Schéma du parcours d'inscription des étudiants
étrangers - Campus France
|
II
|
- La chaîne d'accueil du Rapport Cohen
|
III
|
|
|
Annexe 2 - Statistiques nationales
|
IV
|
- Croissance du nombre d'étudiants étrangers dans
les universités françaises par région d'origine des
étudiants
|
IV
|
- Difficultés rencontrées par les étudiants
en fonction de leur origine géographique
|
IV
|
|
|
Annexe 3 - Statistiques locales des Universités de
Bordeaux
|
V - VI
|
- Université Bordeaux III, les dix pays les plus
représentés
|
V
|
- Conventions bilatérales entre l'Université
Montesquieu et les pays africains
|
V
|
- Nationalité des étudiants des Universités
de Bordeaux
|
VI
|
|
|
Annexe 4 - L'intégration des étudiants
étrangers au système universitaire français
|
VII
|
|
|
Annexe 5 - Bilan de la rencontre nationale -
Animafac
|
XI
|
|
|
Annexe 6 - Communiqué du Réseau
Université Sans Frontières
|
XIV
|
|
|
Annexe 7 - Les syndicats étudiants : l'UNEF
et Sud Etudiant
|
XV
|
|
|
Annexe 8 - Parcours d'un étudiant étranger
« individuel » en France
|
XVI
|
|
|
Annexe 9 - Guide d'entretien « étudiants
mauriciens »
|
XVII
|
|
|
Annexe 10 - Retranscription d'entretien avec un
étudiant mauricien
|
XVIII
|
|
|
Annexe 11 - Liste des associations d'étudiants
africains à Bordeaux
|
XXIV
|
LES ETUDIANTS AFRICAINS
EN FRANCE
Un cerveau pour les études, deux bras pour le
boulot et
des jambes pour courir...
Résumé :
|
|
Les conditions de vie des étudiants
africains en France semblent être de plus en plus difficiles.
Quelle politique les pays d'origine et la France
ont-elles vis-à-vis de ces étudiants ?
Quelle est la réalité de leur
quotidien ?
Qui se préoccupe véritablement de leur
sort ?
|
|
Mots-clés :
France - Afrique
Immigration
Etudiants africains
Universités françaises
Bordeaux
|
En espérant que les élections d'avril
2007 viennent leur apporter un peu d'espoir...
|
* 1 Clayes A., L'accueil des
étudiants étrangers : enjeu commercial ou priorité
éducative ?, Rapport d'information n°1806, Commission des
Finances, Assemblée Nationale, 1999
* 2 D'après un entretien
avec un responsable du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bordeaux
* 3 Coulon R., Des Droits de
l'Homme en peau de chagrin. Le droit des étrangers dans la jurisprudence
du Conseil Constitutionnel, L'Harmattan, 2000, p.101
* 4 Bitauld C., Y a t-il une
solution à l'exode des compétences africaines vers la
France ?, Document-recherche, GDAH, 1999, p.12-13
* 5 Cf. Annexe 2
« Croissance du nombre d'étudiants étrangers dans les
universités françaises par région d'origine des
étudiants »
* 6 Rapport 2006 de l'Institut
de Statistique de l'UNESCO (ISU)
* 7
http://www.ove-national.education.fr
* 8 Cf. Annexe 3
« Nationalité des Etudiants des Universités de
Bordeaux »
* 9 Cf. Annexe 3
« Université Bordeaux III, les 10 pays les plus
représentés »
* 10 Amougou E., Etudiants
d'Afrique noire en France, une jeunesse sacrifiée ?,
L'Harmattan, 1997, p.19
* 11
formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon
* 12 Entretien avec une
étudiante sénégalaise
* 13 Extrait d'entretien avec
un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription
d'entretien avec un étudiant mauricien »
* 14 Cf. Annexe 3
« Conventions bilatérales entre l'Université
Montesquieu et les pays africains »
* 15
http://ri.u-bordeaux3.fr/cooperationRI/
* 16 Les Echos, n° 19707,
International, mercredi 12 juillet 2006, p. 5
* 17 Cf. Annexe 1
« Nombre de visas d'études attribués par région
du monde - Evolution depuis 1998 »
* 18
http://symog.u-bordeaux4.fr/etrangers_composante_annee.html
* 19 Cf. Annexe 1
« Loi CESEDA : les dispositions relatives aux étudiants
étrangers »
* 20 Fondement textuel :
articles L. 317-1, L. 317-2, L. 317-3 et L. 317-4 nouveaux du CESEDA
* 21 Entrée et
séjour des étrangers en France, Les Textes
(2ème éd.), Les Notes Juridiques, Janv. 2006
* 22 Fondement textuel :
article L. 313-7 du CESEDA
* 23 Cf. Annexe 8
« Parcours d'un étudiant étranger
« individuel » en France »
* 24 Clayes A., L'accueil
des étudiants étrangers : enjeu commercial ou
priorité éducative ?, Rapport d'information
n°1806, Commission des Finances, Assemblée Nationale, 1999, p.47
* 25 Extraits d'entretien avec
un responsable du TGI
* 26
www.gironde.pref.gouv.fr
* 27 N'est exposé ici
que la liste des papiers à fournir lors d'une première demande de
titre de séjour.
* 28 Extrait d'entretien avec
un responsable du TGI de Bordeaux
* 29
www.unef.fr
* 30
www.crous-bordeaux.fr/
* 31 Extrait d'entretien avec
un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription
d'entretien avec un étudiant mauricien »
* 32
http://www.ove-national.education.fr/index.php?lang=fr&page=oveinfos.php&id=13#top
* 33
www.gironde.pref.gouv.fr
* 34
http://aseaf.free.fr
* 35
www.education.gouv.fr/
* 36
www.unef.fr
* 37 Extrait d'entretien avec
un étudiant sénégalais
* 38 Amougou E., Etudiants
d'Afrique noire en France, une jeunesse sacrifiée ?, L'Harmattan,
1997, p.97
* 39 Cf. Annexe 2
« Difficultés rencontrées par les étudiants en
fonction de leur origine géographique »
* 40 Extrait d'entretien avec
une assistante sociale des universités de Bordeaux
* 41 Cf. Annexe 4
« L'intégration des étudiants étrangers au
système universitaire français »
* 42 Entretien avec un
étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription
d'entretien avec un étudiant mauricien »
* 43 Entretien avec une
assistante sociale des universités de Bordeaux
* 44
www.interieur.gouv.fr/
* 45
www.gironde.pref.gouv.fr
* 46
Op. cité
* 47 www.rusf.org
* 48 Extrait d'entretien avec
un étudiant sénégalais
* 49
www.educationsansfrontieres.org
* 50
www.rusf.org
* 51 Cf Annexe 6
« Communiqué du Réseau Université Sans
Frontières »
* 52
www.education.gouv.fr/
* 53 Prévos A.,
Propositions pour améliorer l'accueil des étudiants
étrangers en France, Rapport au Ministre de l'Education nationale,
de la Recherche et de la technologie, 1999
* 54 Clayes A., L'accueil
des étudiants étrangers : enjeu commercial ou
priorité éducative ?, Rapport d'information
n°1806, Commission des Finances, Assemblée Nationale, 1999
* 55 Cohen E., Un plan d'action
pour améliorer l'accueil des étudiants étrangers en
France, Diagnostic et perspectives, Rapport au Ministre de l'éducation
nationale et au Ministre des affaires étrangères, 2001
* 56 Cf. Annexe 1
« La chaîne d'accueil du Rapport Cohen »
* 57 Cerisier-Ben Guiga M. et
Blanc J., Rapport d'information au nom de la commission des Affaires
étrangères, de la défense et des forces armées sur
l'accueil des étudiants étrangers en France, Sénat,
n°446, juin 2005
* 58
www.edufrance.net ;
www.egide.asso.fr ;
www.cnous.fr
* 59
formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon
* 60 Cf. Annexe 1
« Schéma du parcours d'inscription des étudiants
étrangers - Campus France »
* 61
formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon
* 62
formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon
* 63
www.poluniv.u-bordeaux.fr
* 64 Entretien avec une
responsable du Pôle Universitaire
* 65 Par souci de prudence, je
n'exposerai pas en détails les «alternatives» possibles
à certains papiers
* 66 Extrait d'entretien avec
une responsable du Pôle Universitaire
* 67 Op. cité
* 68 Cf. Annexe 11
« Liste des associations d'étudiants africains à
Bordeaux »
* 69 Nouhou A.B., Le
Rôle des « anciens » dans l'adaptation des nouveaux
étudiants camerounais à Bordeaux, mémoire
d'ethnologie, Bordeaux, 1994-95, p.22 à 25
* 70 Extrait d'entretien avec
un membre de l'ABESS
* 71 Op. cité
* 72 Statistiques officieux
dressés par l'AEMAB
* 73 Centre d'information pour
les études en France, à l'Ile Maurice
* 74 Entretien avec un
étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription
d'entretien avec un étudiant mauricien »
* 75 En 2003, 1€ = 30
Rs ; En 2007, 1€ = 46 Rs.
* 76 Extrait d'entretien avec
une des membres de l'AEMAB
* 77 Entretien avec un des
membres d'AFRICAPAC
* 78 Cf. Annexe 7
« Les syndicats étudiants : l'UNEF et Sud
Etudiant »
* 79 www.unef.fr
* 80
www.animafac.net
* 81 Cf. Annexe 5
« Bilan de la rencontre nationale - Animafac »
* 82 Guimont F. Les
étudiants africains en France dans les années
1950-1965,L'Harmattan, Paris, 1997
* 83 Coulon R., Des Droits
de l'Homme en peau de chagrin. Le droit des étrangers dans la
jurisprudence du Conseil Constitutionnel, L'Harmattan, 2000
|