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Université Paris VIII
Diplôme d'Etudes Supérieures
d'Université en Addictologie
D.E.S.U. Addictions
Sous la Direction du Professeur Pierre Angel
Novembre 2004
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MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE
Supervision :
M. Eric Chagnard, Psychologue Clinicien,
enseignant au Centre Monceau
Dr Jean-Noël Miche, Médecin
Addictologue, membre de la SFMG
Prévention, dépistage et prise en charge
précoce du problème d'alcool en médecine
générale : essai d'analyse d'un déni
collectif
Remerciements
Je remercie tous les membres de la Société
Française de Médecine Générale (SFMG) qui ont
participé à ce projet.
En particulier le Dr Pascal Clerc et le Dr Gilles Hebbrecht dont
l'aide et les avis tout au long de l'étude ont été
très précieux.
Toute ma reconnaissance également à mon
référent de stage, le Dr Jean-Noël Miche, médecin
généraliste et alcoologue, pour sa supervision et sa coordination
efficaces.
Je remercie enfin tous les investigateurs de l'Observatoire de
la Médecine Générale (OMG) qui ont pris le temps
d'étudier mon questionnaire et d'y répondre en nombre, rapidement
et avec rigueur :
AMELINEAU Guy ; ANDREOTTI Gérard ; ANDRIEUX Dominique ;
AUPY Jean-Marc ; BAKES Jérome ; BARDON Michel ; BARDOUX Alain ; BARGE
Pierre ; BARREAU Laurent ; BENAYOUNE Serge ; BERKHOUT Christophe ; BOE (DE)
Thibaut ; BOECKLER Charles ; BOISNAULT Philippe ; BONENFANT Yves ; BOSSUET
Patrick ; BOUGRAND Claude ; BOUSQUET Pierre Louis ; BRULE Jean Paul ; CANDELIER
Daniel ; CASSET Stéphane ; CASTAN Bernard ; CASTELAIN Eugène ;
CHARBAUT Etienne ; CHOBERT Marc ; CLEMENCE Yvonnick ; CLERC Pascal ; COHENDET
Christian ; COLLIGNON-PORTES Rachel ; COLOT Paul ; COURCOT Michel ; COURTY
Claude ; CRETON Dominique ; DARRIEUX Jean Claude ; DAVOUX Nicole ; DEFOIN
Bernard ; DO-KHAC Myn Duc ; DOUCHET Philippe ; DROULERS Antoine ; DUFOUR Didier
; DUGIT-GROS Dominique ; DUGRAND Jean Marc ; DUHOT Didier ; DUTEL Jean Paul ;
EBIN Georges ; FERRU Pierre ; FICQUET René ; FILIPPI Simon ; FIOT -
IMBAULT Isabelle ; FLORENTIN Patrick ; GABILLARD Gilles ; GAINET Michel ;
GALASSO Eugenio ; GAUVIN Martine ; GAVID Bernard ; GERARD Dominique ; GIBILY
Alain ; GIRAND Bernard ; GOREL Jean Luc ; GRAZZINI Jean Paul ; GRIOT CARRIQUE
Elisabeth ; GRUZ Laurence ; GUERBER Eric ; HELSENS Claudie ; HERONNIERE DE LA
Rémy ; HINTZY Lionel ; HODE Michel ; HOFNUNG Daniel ; HUBER COR. Corinne
; HUBER JC Jean Claude ; IKKA Michel ; JACOT Philippe ; JACQUES Gérard ;
JACQUIER Dominique ; JAMBON Michel ; JOURNET Hervé ; KANDEL Olivier ;
LANQUE Patrick ; LARSIMON Patrick ; LE DU AJAVON Marie-Pierre ; LE GALL
Maryline ; LE VAGUERES Didier ; LECLERE Marie France ; LEEUWS Jean Luc ;
LEININGER Patrice ; LEMAIRE Laurent ; LEMASSON Jean François ; LEMETTRE
Patrick ; MANDEFIELD Marie Françoise ; MARGERIT Christophe ; MARSILI
Chrystel ; MARTIN Jacques ; MASQUELIER Philippe ; MASQUILIER René ;
MATHELIN-RIVOIRE Jean Paul ; MAUGARD Jean François ; MICHE jean
Noël ; MOREL François ; NANSION Gérard ; NEAULT Jean
François ; ODDOU RICHARD Christel ; OECHSNER DE CONINCK Pierre ;
OPOCZYNSKI Bernard ; ORME LYNCH John Francis ; PACE Etienne ; PATEL Anne ;
PERRIN André ; PREL Jean Pierre ; PUICHAUD Jean Michel ; QUIGNARD Jean
Marc ; QUINCY MICHEL Michel ; QUINCY YVES Yves ; RAINERI François ;
REMOND Roland ; RICHARD Philippe ; RIERA Isabelle ; ROBERT Yvan ; ROUALET Bruno
; SABO Milivoj ; SALFATI Guy ; SARDNAL Théodore ; SEBBAH André
Prosper ; SILVESTRE Jacques ; SIMONNET Mathieu ; SZIDON Philippe ; THENAISY
Michel ; THOMAS DESESSARTS Yann ; TISCORNIA Brigitte ; VERNET Bernard ; VERY
Gérard ; VIONNET-FUASSET Joël ; VUILLEMIN Brigitte ; ZILBER
Boris.
Résumé
Objectifs
En France, cinq millions de personnes sont concernées
par un usage à risque et/ou nocif d'alcool. Les médecins
généralistes, qui reçoivent entre 75 et 90% de la
population chaque année dans leurs cabinets, ont un rôle central
et incontournable à jouer dans la prévention, le dépistage
et la prise en charge précoce des buveurs à risque ou à
problème.
Or, de nombreuses études ont montré qu'en France
ces professionnels ne tiennent pas toujours suffisamment compte du
problème d'alcool au cours de leurs consultations.
Il faut admettre que le rôle du praticien n'est pas
facile car une consultation de médecine générale associe
habituellement plusieurs motifs et, contrairement à la plupart des
pathologies somatiques, le problème de l'alcool est rarement
évoqué de manière directe par le patient. Nous sommes ici
dans une clinique de la non demande, où le médecin doit le plus
souvent prendre l'initiative d'aborder ce sujet avec le malade.
L'objet du mémoire est de vérifier si
l'argument principal évoqué par les médecins de ville pour
justifier cette faible prise en charge, à savoir le manque de formation,
s'inscrit dans la réalité des consultations et constitue la seule
raison de ce déni.
Hypothèses
générales
1) Les médecins généralistes ayant une
formation/expérience spécifique en alcoologie et/ou s'estimant
bien informés dans ce domaine prendront plus souvent en charge le
problème d'alcool que les médecins non formés et/ou
s'estimant mal informés.
2) Le manque de formation n'est pas le seul facteur justifiant la
faible prise en charge en consultation des patients ayant un problème
d'alcool.
Méthode
Pour comparer le point de vue exprimé des
médecins avec la réalité quotidienne des consultations,
nous utiliserons deux outils :
· La base de données très complète
de l'OMG (Observatoire de Médecine Générale) dans laquelle
plus de 100 médecins partenaires saisissent, depuis 10 ans, tous leurs
Résultats de Consultation (RC), suivant une codification standard
(langage clinique commun) et via un logiciel spécialisé.
· Un questionnaire directif adressé à ces
médecins pour recueillir des informations sur leurs formations et
expériences éventuelles en alcoologie. Nous leur avons
également demandé d'autoévaluer leurs compétences
actuelles dans ce domaine et d'indiquer les connaissances
supplémentaires qui, selon eux, permettraient de mieux dépister
et prendre en charge les patients à risque ou à
problème.
Enfin, nous les avons invités à citer les
facteurs, autres que la formation, rendant difficile l'abord du problème
d'alcool avec les malades : réticence des patients,
réticence du praticien, inutilité de la démarche, manque
de temps, manque de protocoles standardisés.
Résultats
Résultats généraux
- Les chiffres fournis par la SFMG pour l'année 2003
confirment la faible prise en charge en médecine générale
des patients ayant un problème avec l'alcool, et met surtout en
évidence de grandes différences entre praticiens :
o Le meilleur taux de prise en charge est de 3,36%, le moins
bon de 0,01%. La moyenne est de 1,08%.
o En bas de tableau, 25% des généralistes ont vu
moins de 5 patients (0,35%) avec une problématique d'alcool en 2003.
o Les 25% de médecins ayant assuré la
fréquence de prise en charge la plus élevée en ont vu en
moyenne 6 fois plus (2,11%).
La différence entre les deux quartiles extrêmes
est donc très importante.
- Plus de la moitié des médecins (58%) ayant
répondu au questionnaire ont suivi après leurs études
initiales une formation complémentaire en alcoologie, mais souvent
unique et avant 2000 (38% des cas).
- Moins d'1 médecin sur 3 (30%) exerce ou a
exercé une activité professionnelle en alcoologie
(prévention collective, consultation spécialisée, groupes
de parole, ateliers thérapeutiques, etc.).
- Le mode de la distribution (36%) est
représenté par les médecins n'ayant ni formation ni
activité professionnelle spécifiques en alcoologie. Vient ensuite
le groupe des médecins ayant suivi une formation ponctuelle et n'ayant
exercé aucune activité spécifique dans ce domaine (30%).
Cela signifie que seulement 1 médecin sur 3 a suivi
plusieurs formations et/ou a exercé une activité professionnelle
dans ce domaine.
- Quand on leur demande d'autoévaluer leur niveau de
connaissance en alcoologie, 3 médecins sur 5 s'estiment normalement
informés pour prévenir et dépister les patients à
risque pendant leur consultation. 1 médecin sur 5 s'estime
insuffisamment informé et 1 médecin sur 5 s'estime au contraire
très bien informé.
- Les praticiens s'avèrent très conscients de
leur niveau de connaissance en alcoologie : la note qu'ils
s'autoattribuent est fortement corrélée avec la note
calculée à partir de leurs formations/expériences
réelles.
Validation de la première
hypothèse : influence des facteurs Formation/Expérience sur
la fréquence de prise en charge
· La formation joue un rôle significatif dans la
fréquence de prise en charge de la problématique Alcool en
consultation. Les médecins très bien et
régulièrement formés assurent une prise en charge
significativement plus importante que les praticiens non formés ou
n'ayant suivi qu'une formation unique et parfois ancienne. Avoir exercé
une activité spécifique en alcoologie est également un
facteur favorisant, notamment si cette activité est importante.
· Selon les médecins ayant répondu au
questionnaire, les principales lacunes de formation se situent au niveau des
protocoles de soins (citées par 60% des praticiens), de la relation avec
le patient (54%) et de la psychopathologie des malades en difficulté
avec l'alcool (52%). Très loin derrière viennent la connaissance
des tests de dépistage (24%), la connaissance du produit et de ses
effets (10%), ainsi que celle des signes cliniques d'intoxication (8%).
Validation de la seconde hypothèse : la
formation n'est pas le seul à influencer la fréquence de prise en
charge
Il s'avère que des facteurs autres que la formation, en
partie indépendants de cette dernière, rendent difficile la prise
en charge du problème d'alcool pendant la consultation : la
réticence du patient à parler de ce problème (citée
par 58% des médecins), mais aussi la réticence du praticien
(44%). Le manque de temps est aussi très souvent évoqué
(52%) ainsi que l'inutilité de la démarche (14%).
Si certaines de ces difficultés peuvent être
aplanies par une formation appropriée (réticence du patient,
absence de protocoles standard), d'autres sont plus intimement liées aux
représentations du médecin envers l'alcool et envers ceux qui en
consomment de manière excessive (réticence du médecin,
inutilité des interventions). Quant au manque de temps, il s'agit d'une
difficulté bien réelle, mais les résultats montrent qu'il
s'agit souvent d'un faux prétexte pouvant masquer un manque de confiance
en soi ou de formation (par exemple, méconnaissance des interventions
brèves, voire même de l'impact qu'un simple conseil peut avoir sur
le comportement d'un patient).
Les autres difficultés évoquées, bien
qu'émanant d'un très petit nombre de répondants, sont
peut-être révélatrices d'un état d'esprit plus
général :
- l'absence d'une politique de santé publique
cohérente ;
- l'évolution récente des habitudes
d'alcoolisation et la disparition progressive des « alcooliques
classiques » (dont le stéréotype était le buveur
consommant du vin tout au long de la journée) ;
- l'absence de rémunération.
Conclusion
Le médecin généraliste ne peut pas
toujours prendre en charge seul l'ensemble de la problématique Alcool
qui est complexe et multidimensionnelle.
Mais sa situation est stratégique car la grande
majorité des patients qui sont ou deviendront peut-être
alcoolo-dépendants passent au moins une fois par an par son
cabinet ; en outre, toutes les armes nécessaires au
dépistage et à la prise en charge précoce des patients
à risque ou à problème existent (clinique,
sémiologie, biologie, entretien, tests psychométriques) ;
mais il convient bien sûr de les connaître et d'intégrer
leur usage dans la consultation chaque fois que nécessaire.
Cette intervention précoce est d'autant plus
souhaitable que l'alcoolisme est une maladie au long cours ; depuis le
premier verre jusqu'à l'installation d'une alcoolo-dépendance
sévère, il s'écoule souvent de nombreuses années
pendant lesquelles le malade franchit séquentiellement plusieurs
étapes dont la réversibilité ne dépend que de son
propre comportement, c'est-à-dire le retour à l'abstinence ou
à une consommation modérée.
Les résultats de l'étude montrent qu'une
formation de qualité est une condition nécessaire mais non
suffisante pour améliorer la qualité et la fréquence de la
prise en charge des patients en difficulté avec l'alcool. Si le
médecin généraliste parvenait principalement à
surmonter sa propre réticence envers ces malades un peu particuliers et
à jouer le plus efficacement possible son rôle de
prévention, de dépistage et d'orientation, un grand pas serait
franchi dans la résolution de ce problème de santé qui tue
directement 25000 personnes par an.
Table des matières
Avant-propos
11
Introduction
13
Problématique
14
Types de consommations : définitions
14
Conduites d'alcoolisation : Etapes vers la
dépendance
16
Quelques chiffres
19
Normes de consommation
20
Moyens de dépistage
21
Hypothèses générales
21
Méthode
22
Matériel
22
Base de données des Résultats de
Consultations (RC) de l'OMG
22
Questionnaire
23
Procédure et logistique
24
Recueil et traitement des données
26
Validation de l'échantillon des
répondants
27
Réserves
28
Résultats
28
Généralités
29
L'alcool est rarement le seul objet de la
visite
29
Les chiffres confirment la faible prise en charge du
problème Alcool et de grandes différences entre praticiens.
29
Comparaison du groupe des répondants à
celui des non répondants
30
Formation en alcoologie des médecins
répondants
31
Activité professionnelle en alcoologie des
répondants
32
Synthèse Formation/Activité
professionnelle en alcoologie
32
Niveau ressenti de
formation/expérience : autoévaluation
33
Corrélation entre formation/expérience
réelle et autoévaluation
34
Hypothèse 1 : influence de la
formation/expérience professionnelle sur la prise en charge
36
1) Influence de la formation
37
2) Influence d'une activité professionnelle
spécifique en alcoologie
38
3) Influence combinée des facteurs Formation
et Activité professionnelle
39
3) Influence de la note d'autoévaluation
40
4) Significativité de l'effet induit
par les variables Formation et Activité
40
5) Validation de l'hypothèse
40
6) Discussion sur la formation
41
Hypothèse 2 : Autres facteurs que la
formation/expérience professionnelle influençant la prise en
charge
44
1) Réticence des patients
45
2) Réticence du médecin
46
3) Manque de temps
46
4) Inutilité de la démarche
47
5) Absence de protocole standard
47
6) Autres difficultés
48
7) Validation de l'hypothèse
48
Discussion et suggestions
49
Conclusion
51
Bibliographie et références
53
Annexes
55
Annexe 1: Questionnaire destiné aux
médecins partenaires de l'OMG
57
Annexe 2: Répartition des scores de prise en
charge Alcool en quartiles
61
Annexe 3 : Critères autorisant
l'enregistrement d'un RC « Problème avec
l'alcool »
62
Annexe 4 : Description du RC
« Problème avec l'alcool »
63
Annexe 5 : Questionnaire AUDIT (version
française)
64
Annexe 6 : Questionnaire DETA (version
française) CAGE
66
Avant-propos
Ce sujet de mémoire est né à l'hôpital
Delafontaine de St Denis (93) sur mon lieu de stage où je participais en
binôme avec un médecin alcoologue à une consultation
externe d'alcoologie.
Un jour, une patiente nous a tenu ces propos :
« Je savais bien que je buvais trop, j'avais une drôle de
tête, mauvaise mine et puis des tremblements le matin. J'avais le
même docteur depuis plus de quinze ans, jamais il ne m'a rien dit
à ce sujet et je n'osais pas lui en parler ; quand je lui disais
que je dormais mal et que j'étais anxieuse, il se contentait de me
donner un calmant. Pareil pour ma tension toujours assez élevée.
C'est son remplaçant que j'ai consulté une fois pendant les
vacances qui m'a mise en garde contre l'abus d'alcool et m'a prescrit des
examens ».
J'ai vite constaté qu'il ne s'agissait pas d'un cas
isolé et que nombre de patients, à l'instar de la
précédente, avaient développé une
alcoolo-dépendance parfois sévère sans que leur
médecin habituel n'ait jamais, selon eux, abordé clairement ce
sujet.
Introduction
En France, cinq millions de personnes sont concernées
par un usage à risque et/ou nocif d'alcool (selon les normes de l'OMS).
Le dépistage systématique du mésusage est actuellement
recommandé aux médecins par de nombreuses institutions, notamment
canadiennes (Haggerty1(*))
et américaines (NIAAA2(*))3(*). Une consommation dangereuse d'alcool peut être
dépistée de manière relativement simple.
Entre 75 et 90 % des Français consultent leur
généraliste au moins 1 fois par an (Raynaud et Parquet, 1999). Le
cabinet de ville est donc un lieu privilégié pour le
repérage des patients ayant un problème avec l'alcool.
Le médecin généraliste a un rôle
central et incontournable à jouer dans le dépistage et la prise
en charge précoce des buveurs à risque. Pourtant, de nombreuses
études4(*) ont
montré qu'en France ces professionnels ne tiennent pas suffisamment
compte du problème d'alcool au cours de leurs consultations. S'ils sont
unanimement d'accord pour dénoncer l'alcoolisme comme un problème
majeur de santé publique et pour admettre qu'une large prévention
est nécessaire, ils ne traduisent pas nécessairement ces
principes en actes lors de leurs consultations.
Il faut admettre que le rôle du praticien n'est pas
facile car une consultation de médecine générale associe
habituellement plusieurs motifs. Contrairement à la plupart des
pathologies somatiques, le problème de l'alcool est rarement
abordé de manière directe par le patient, mais le plus souvent
par le biais de ses conséquences sur la santé ou la vie sociale.
Et dans la majorité des cas, le patient ne fait pas le lien entre sa
consommation excessive d'alcool et ses ennuis. Nous sommes ici dans une
clinique de la non demande, où le médecin doit prendre
l'initiative d'aborder le problème avec le patient.
L'étude Strand1 a mis en évidence certains des
facteurs qui, selon les médecins, rendent difficiles le dépistage
et la prise en charge précoce des buveurs à risque au cours des
consultations :
- le manque de formation et de connaissances (très
largement en tête) ;
- leur manque de légitimité pour poser des
questions aux patients sur ce sujet ;
- les réticences des patients et praticiens à
aborder les « sujets qui fâchent » ;
- la faiblesse des résultats obtenus par rapport à
l'énergie nécessaire.
Les trois derniers arguments fréquemment
évoqués pour justifier ce « déni d'alcool
» pendant les consultations sont contredits par une enquête
menée par l'Observatoire Régional de Santé d'Ile de France
(ORS-IDF)5(*) auprès
de la population générale, où il a été
montré que :
- Dans 88% des cas, les patients font
généralement confiance à leur médecin et sont
prêts à aborder le sujet de l'alcool avec eux.
- Des interventions brèves au cours d'une consultation
ont des effets bénéfiques sur la prise de conscience d'une
consommation excessive d'alcool et la prévention d'une éventuelle
dépendance (entre 33 et 50% des buveurs excessifs affirment avoir
réduit leur consommation en deçà du seuil de risque suite
à un avertissement et une indication de leur médecin).
Ces arguments, sans douter de leur sincérité,
reflètent-ils la réalité ? Les médecins ne
(se) cachent-ils pas les vrais motifs ?
Les deux enquêtes citées se sont basées
sur le point de vue des médecins et des patients. Le présent
mémoire s'attachera plus particulièrement à analyser le
premier argument, à savoir le manque de formation/information des
médecins pour dépister les patients ayant un problème avec
l'alcool. Il étudiera la relation entre la formation (et
l'expérience) du médecin dans le domaine de l'alcoologie et son
degré réel de prise en charge de l'alcool dans sa
consultation.
Remarque : L'étude porte sur les
médecins généralistes car les données dont nous
disposons concernent ces derniers et que leur position est stratégique.
Il est vraisemblable que les résultats pourraient également
s'appliquer à de nombreuses spécialités
médicales.
Problématique
Dans cette partie, nous allons définir ce que l'on
entend par « maladie alcoolique » et analyser les moyens
à la disposition des médecins généralistes pour
prendre en charge les patients ayant des problèmes d'alcool.
Types de consommations :
définitions
Si la maladie alcoolique passe obligatoirement par
l'alcoolisation, elle n'en est pas synonyme.
En France métropolitaine, une enquête du
CFES6(*) menée en
1999 auprès des 15-75 ans7(*) révélait que sur 44 millions de
personnes concernées 43 millions avaient déjà
consommé de l'alcool au moins 1 fois dans leur vie, 14 millions (31%) en
consommaient au moins 1 fois par semaine et 8,9 millions (20%) tous les
jours.
Dans ses Recommandations pour la pratique clinique8(*), la Société
Française d'Alcoologie (SFA) propose de catégoriser toutes les
conduites d'alcoolisation autour des termes suivants : non consommation,
usage et mésusage. Ces catégories forment un continuum allant de
l'abstinence totale à l'alcoolo-dépendance.
Non usage (non consommation)
Ce comportement est caractérisé par une
abstinence totale de boissons alcoolisées. On distingue deux
formes :
- le non usage primaire désigne la
conduite des enfants ou adolescents qui n'ont pas encore consommé, ou
bien un choix durable voire définitif de l'adulte qui s'abstient de
toute boisson alcoolisée pour des raisons personnelles,
médicales, culturelles ou religieuses.
- Le non usage secondaire apparaît après
une période de mésusage ; il est généralement
désigné sous le terme d'abstinence.
Usage (consommation
modérée)
Nous désignerons par ce terme toute conduite
d'alcoolisation qui, par son caractère modéré, ne pose pas
de problème au consommateur ni à son entourage. Une consommation
modérée ne sera pas supérieure aux critères
fixés par l'OMS et pourra être très inférieure
suivant la situation personnelle de chacun (santé, tolérance,
conduite de véhicules, etc.). Le consommateur modéré sera
donc celui qui n'augmente jamais son risque personnel ni le risque des autres
à cause de l'alcool.
L'usage de l'alcool peut être une conduite durable voire
définitive, mais peut aussi constituer une étape temporaire vers
le mésusage.
Mésusage
Cette catégorie générique regroupe toutes
les conduites d'alcoolisation induisant un ou plusieurs risques potentiels pour
le consommateur ou les autres personnes. La dépendance fait partie de
ces risques. Nous distinguons trois sous-catégories :
· Usage à risque (consommateur à
risque)
Conduite d'alcoolisation où la consommation excessive,
supérieure aux normes de l'OMS ou induisant un risque circonstanciel
(par exemple pour les conducteurs d'engins) n'a pas encore provoqué de
dommages (médical, psychique, social) mais est susceptible d'en induire
à court, moyen ou long terme (y compris la dépendance).
· Usage nocif (consommateur à
problèmes)
Cet usage correspond à toute conduite d'alcoolisation
caractérisée par :
- l'existence d'au moins 1 dommage d'ordre médical,
psychique ou social dû à l'alcool quelles que soient la
fréquence et les quantités consommées.
- l'absence de dépendance à l'alcool.
· Usage avec dépendance (consommateur
alcoolo-dépendant)
La dépendance alcoolique se caractérise par la
perte de la maîtrise de la consommation. Elle ne définit donc pas
par rapport à un seuil ou une fréquence de consommation, ni par
l'existence de dommages induits (qui néanmoins sont souvent
associés).
Il y a donc en théorie une différence
fondamentale entre l'usage nocif et la dépendance :
l'alcoolo-dépendant n'est plus maître de la situation alors que le
buveur excessif, à condition d'être conscient, peut encore
réagir par sa seule volonté.
Ivresse
L'ivresse est une conduite d'alcoolisation aiguë pouvant se
rattacher à chaque catégorie d'usage ou de mésusage.
Conduites d'alcoolisation :
Etapes vers la dépendance
Est-il possible de modéliser les conduites
d'alcoolisation et leur cheminement vers la dépendance ? La
réponse à cette question est bien sûr négative, tant
les interactions en jeu sont nombreuses et complexes.
Nous allons pourtant essayer ici, en nous
référant aux travaux de Lewis et de Wise (1996)9(*), d'aborder les facteurs
neurobiologiques de l'alcoolo-dépendance. Nous garderons à
l'esprit que cette approche est forcément réductrice dans la
mesure où nous prendrons très peu en compte des dimensions
essentielles du comportement de boisson, à savoir les aspects
environnemental, culturel et social.
Premières alcoolisations et effets
subjectifs
Si c'est sans doute le hasard qui a amené l'homme des
temps anciens à consommer pour la première fois une boisson
fortuitement fermentée, c'est précisément l'aspect
culturel de l'alcool qui provoquera aujourd'hui la première prise de
boisson alcoolisée par un enfant ou adolescent. : vider le fond
d'un verre en cachette après un repas de famille, boire un peu de
champagne le jour de sa Communion, tremper un petit beurre dans le verre de vin
de Papi et bien d'autres circonstances encore. En écoutant les patients
alcooliques, il est surprenant de constater à quel point beaucoup de ces
malades se souviennent exactement de leur première rencontre avec
l'alcool, souvent mieux que de leur première rencontre amoureuse...
La qualité subjective de cette première
expérience sera très variable d'après les sujets et
dépendra notamment du système neurobiologique inné et
acquis. Trois cas peuvent se présenter :
1) A cause d'un problème biologique, par exemple un
déficit en ALDH10(*), l'alcool aura un effet aversif amenant le sujet
à ne pas renouveler l'expérience (le déficit de cet enzyme
est endémique chez certains peuples asiatiques et arabes).
2) Au contraire, l'alcool produit un effet psychotrope
bénéfique que l'individu cherchera par la suite à
reproduire. Cet effet peut être de deux ordres :
- Un renforcement positif suite à l'activation du
« système de la récompense11(*) » dopaminergique. Le
rôle appétitif, motivationnel et décisionnel de ce
système facilite, via le noyau accumbens, la transformation de
la motivation en action et la mémorisation de l'expérience
(Mogenson et coll., 1980)12(*). Sur le plan comportemental, cela se traduira par une
désinhibition.
- Un renforcement négatif (soulagement d'une
anxiété ou d'une tension intérieure). Il a
été montré que :
o L'alcool, à l'instar des benzodiazépines,
facilite la transmission GABAergique et induit des effets anti-stress et
anxiolytiques.
o Il a des effets anti-dépresseurs potentiels ou, au
minimum, des effets positifs sur l'humeur.
3) L'alcool n'a aucun effet subjectif notable sur le sujet qui
ne cherchera pas particulièrement à renouveler
l'expérience. Pourtant, il y sera probablement amené pour des
raisons autres que neurobiologiques, sous l'influence de facteurs
environnementaux ou psychologiques (troubles de la personnalité,
événements de vie, profession, etc.).
Consommation occasionnelle puis
régulière
Sauf s'il est allergique à l'alcool ou
déterminé, pour des raisons éthiques, religieuses ou
personnelles, à ne jamais en consommer, son comportement social
amènera l'individu à boire occasionnellement de l'alcool à
des fins récréatives. Cette consommation pourra également
être induite par des problèmes psychiques ou psychosociaux
(dépression, états anxieux, phobie sociale, troubles de la
personnalité, etc.).
La consommation régulière d'alcool, qu'elle soit
festive ou qu'elle corresponde à une automédication,
déclenche une série de processus physiologiques ayant pour
conséquence le renforcement de la conduite d'alcoolisation :
- Sensibilisation du « système de
récompense » dopaminergique qui va inciter l'individu à
reproduire l'expérience de boisson.
- Constitution de processus associatifs puissants
(conditionnement opérant, mémoire des expériences
agréables, association de l'alcool et du plaisir, savoir-vivre,
fête, convivialité, etc.), automatisation des comportements.
- Développement d'une tolérance biologique due
à l'épuisement des effets pharmacologiques de l'alcool et
à la nécessité d'augmenter les doses pour obtenir les
mêmes sensations.
- Développement d'une dépendance psychique,
à la fois comportementale (effectuer des activités liées
à l'alcool), émotive (retrouver une humeur ou des sensations
agréables ou bien éloigner des sentiments
désagréables) et cognitive (raisonner différemment).
Dépendance
Le phénomène de tolérance aboutit à
une dépendance physique pour l'alcool.
L'intoxication chronique développe un ensemble de
processus adaptatifs qui caractérisent l'état de
dépendance. De nature homéostatique, ces processus tentent de
contrebalancer les effets pharmacologiques de l'alcool sur les systèmes
neuronaux concernés. En cas de sevrage, l'équilibre sera rompu et
les effets physiologiques des processus adaptatifs provoqueront des
symptômes (dits « de sevrage »). Ces derniers se
produiront non seulement lors d'une abstinence, mais également lorsque
l'alcoolémie deviendra insuffisante (fins de nuit par exemple), et de
plus en plus fréquemment à mesure que la dépendance
deviendra sévère.
Pour atténuer et faire disparaître ces
symptômes, le malade dépendant devra recourir à l'alcool,
augmentant ainsi sa tolérance et la sévérité de sa
dépendance.
La principale responsabilité des symptômes de
sevrage est attribuée à un hypofonctionnement de la transmission
GABAergique, comme l'expliquent à la fois les signes neurologiques
(hyperexcitabilité du SNC), les signes végétatifs
(tremblements, sudation) et l'efficacité des benzodiazépines
(notamment Valium) dans le traitement de ces symptômes.
Le risque alcool apparaît donc comme un
phénomène progressif : il y a un continuum entre la
consommation "socialement acceptée" et "normale" (à faible
risque) et la dépendance sévère. Il existe en particulier
deux groupes intermédiaires importants, les consommateurs à
risque et les consommateurs à problèmes. Les premiers consomment
de l'alcool à un niveau dont de nombreuses études ont
montré qu'il diminue l'espérance de vie sans que l'individu n'en
subisse de conséquences concrètes au quotidien. Les seconds
subissent déjà des conséquences de leur consommation
d'alcool.
Ces cinq catégories de comportements vis-à-vis
de l'alcool peuvent s'inscrire dans la pyramide de Skinner13(*) qui représente
parfaitement le caractère progressif et sélectif des
différentes étapes vers la dépendance.
Pyramide de Skinner14(*)
Quelques chiffres
6,8%
Le nombre de personnes faisant un mésusage de l'alcool
en France ne peut être déterminé que très
approximativement. Nous pouvons néanmoins donner les estimations
suivantes15(*) chez
les adultes (15 - 75 ans) :
- 2,3% des français déclarent ne jamais avoir
bu, ne serait-ce qu'une fois, de boisson alcoolisée. 6,8 % n'ont bu
aucune boisson alcoolisée au cours de l'année
écoulée.
- 63,1% des français consommeraient une boisson
alcoolisée au moins une fois par semaine.
- 33% des hommes et 11% des femmes déclarent consommer
quotidiennement au moins une boisson alcoolisée (ce pourcentage augmente
avec l'âge pour atteindre 65% des hommes et 33% des femmes entre 65 et 75
ans).
- 5 millions de personnes sont des consommateurs excessifs
(selon les normes de l'OMS)
- Près de 2 millions de français sont (ou ont
été) concernés par l'alcoolo-dépendance.
Normes de consommation
Ces normes ont été définies par
l'OMS16(*) sur des bases
statistiques. Elles s'expriment en nombre de verres (unités) par
semaine17(*) et
représentent le seuil en deçà duquel on peut consommer de
l'alcool à moindre risque :
(1 unité = un verre standard, environ 10g d'alcool
pur)
Consommation régulière femmes : 14 unités par semaine au maximum (2
verres par jour) hommes : 21 unités par semaine au maximum (3
verres par jour) au moins une fois par semaine sans boisson
alcoolisée.
Consommation occasionnelle pas plus de 4 unités d'alcool en une seule
occasion.
Pas d'alcool dans les circonstances
suivantes : pendant la grossesse pendant l'enfance quand on conduit un véhicule quand on conduit une machine dangereuse quand on exerce des responsabilités qui
nécessitent de la vigilance quand on prend certains médicaments dans certaines maladies aiguës ou chroniques
(épilepsie, pancréatite, hépatite virale etc.) quand on est un ancien malade alcoolo-dépendant.
Une consommation à moindre risque ne veut pas dire sans
risque. La tolérance et la vulnérabilité sont
spécifiques à chaque personne. Certaines personnes vont
développer des pathologies en ingérant des quantités
inférieures.
Bien que des progrès aient été faits dans
ce sens, les Français dans leur ensemble sous-estiment encore ces
seuils. Dans une étude de 199818(*), le nombre de verres quotidiens à partir
duquel la dangerosité augmente a été évalué
à 3 verres pour les femmes (au lieu de 2) et à 3,7 verres pour
les hommes (au lieu de 3).
Comme nous l'avons vu dans l'introduction, entre 33 et 50% des
consommateurs excessifs seraient prêts à réduire leur
consommation en deçà des seuils de risques si leur médecin
les mettait en garde et leur rappelait ces derniers.
Et, comme le montre la pyramide de Skinner, avant de s'exposer
à des dommages importants, les consommateurs à problèmes
ou alcoolo-dépendants ont d'abord été des buveurs
occasionnels puis réguliers. La consommation moyenne des Français
adultes étant de 2,5 verres par jour, très proche donc du
seuil de dangerosité, informer tous les buveurs réguliers sur les
normes officielles de consommation semblerait indispensable. De plus, le
repérage précoce des consommateurs à risque
éviterait sans doute à certains de devenir des consommateurs
à problème, notamment en développant des pathologies
somatiques.
Moyens de dépistage
Comme nous l'avons vu, peu de patients ayant des problèmes
avec l'alcool consultent pour ce seul motif. En France, consommer de
façon chronique 2 ou 3 verres de vin à chaque repas est
socialement admis et n'entraîne en général aucune
culpabilité. Le repérage des patients à risque sera donc
rarement le résultat direct d'une demande du patient et devra se faire
par le biais des outils suivants :
- Examen clinique
- Examens biologiques
- Entretien (questionnement)
- Tests psychométriques (inclus dans l'entretien, soumis
oralement).
- Comorbidités somatiques et psychiques fréquemment
associées à la consommation excessive d'alcool.
Nous ne développerons pas le sujet ici, mais ces outils
existent et leur utilisation est le plus souvent compatible avec le cadre
classique d'une consultation de Médecine Générale.
Hypothèses
générales
Hypothèse 1 : les médecins
généralistes ayant reçu une formation spécifique en
alcoologie et/ou ayant exercé des activités dans ce domaine et/ou
s'estimant très bien informés aborderont plus souvent le
problème d'alcool avec leurs patients que les médecins non
formés ou s'estimant mal informés.
Si cette hypothèse est vérifiée,
l'utilité d'une information/formation des médecins
généralistes à l'alcoologie telle que pratiquée
aujourd'hui en France serait confirmée. Il conviendrait alors d'analyser
les aspects à améliorer pour un meilleur dépistage et une
prise en charge plus précoce des patients à risque en
consultation :
- L'information sur le produit et ses effets
- La clinique (sémiologie de l'intoxication aiguë ou
chronique, symptômes de sevrage, comorbidités)
- Les tests de dépistage et d'évaluation (FACE,
CAGE, MAST, AUDIT, etc.)
- Les stratégies d'arrêt de l'alcool et les
problèmes liés au sevrage (somatiques et psychiques)
- Les protocoles de soin (sevrage, suivi, réseau)
- La psychologie du patient alcoolique
- La relation du médecin et du malade alcoolique
(entretien, empathie, soutien).
Hypothèse 2 : le manque de formation
n'est pas le seul facteur justifiant la faible prise en charge du
problème d'alcool en médecine générale.
Si l'hypothèse est vérifiée, il faudra
chercher d'autres causes ou des causes annexes au manque de prise en charge du
risque perçu d'alcool, notamment dans la représentation que se
font les médecins de cette maladie et dans les réactions
potentielles des patients face à une investigation le plus souvent non
demandée.
Dans tous les cas, il faudra s'interroger sur le rôle
réel qu'on est en droit d'attendre d'un médecin
généraliste dans la prise en charge du problème d'alcool
chez des patients qui, en général, ne consultent pas directement
pour cette raison.
Méthode
Le présent mémoire a été
réalisé avec l'aide de mon médecin référent
de stage, expert en alcoologie dans le cadre de L'OMG (Observatoire de
Médecine Générale). Il utilise les sources suivantes :
- Une base de données de Résultats de
Consultations (RC).
- Un questionnaire émis auprès des
médecins généralistes membres du réseau de l'OMG.
L'envoi du questionnaire et le recueil des réponses ont
été assurés par la SFMG via Internet.
Matériel
Base de données des
Résultats de Consultations (RC) de l'OMG
L'OMG (Observatoire de Médecine Générale)
a été créé au sein de la Société
Française de Médecine Générale pour alimenter
et exploiter une base de données de Résultats de Consultations
(RC).
Une centaine de médecins généralistes
participe à ce projet en enregistrant systématiquement et le plus
souvent en temps réel les résultats de chaque consultation dans
le dossier électronique du malade, via un logiciel
spécialisé. Ce dernier offre un langage commun
standardisé. Chaque médecin transmet mensuellement les
données ainsi recueillies à l'OMG qui les consolide et les
valide.
Cette base de données contient aujourd'hui plus de 10
ans de résultats de consultation. Sa fiabilité est
excellente dans la mesure où le médecin ne saisit que les
entités qu'il a prises en charge au cours de la consultation et dont il
est sûr à 100% ; ces entités peuvent
être des symptômes, des syndromes, des tableaux cliniques ou des
pathologies certifiées, suivant le niveau d'information dont il dispose
au moment de la consultation.
Les résultats de consultation (RC) sont au nombre de
300. Ils ont été définis par un groupe d'experts en
fonction des pathologies et motifs de consultation les plus couramment
rencontrés dans les cabinets de ville (au moins 1 fois dans
l'année). Les RC sont enregistrés dans le Dictionnaire des
Résultats de Consultations (DRC) de la SFMG. Les critères
permettant de choisir ces RC ont été également
prédéfinis dans le DRC. Ces items ont une correspondance dans la
classification CIM-10.
Questionnaire
Il s'agit d'un questionnaire directif dont la plupart des
réponses sont à choisir parmi une liste
pré-établie. Le médecin ne devrait pas y consacrer plus de
5 minutes.
Ce questionnaire a été adressé à
tous les médecins actifs du réseau de l'OMG afin de recueillir
les informations suivantes :
1. Les formations post-universitaires
éventuellement suivies par le praticien dans le domaine de l'alcool. 3
items :
o Suivi d'une formation (item binaire : O/N)
o Nature de la formation : autoformation, formation
médicale continue, diplôme universitaire (1 ou plusieurs cases
à cocher).
o Années de formation.
2. Les expériences professionnelles
éventuelles dans le domaine de l'alcoologie. 2 items :
o Expérience (item binaire : O/N)
o Nature de l'expérience (consultation
spécialisée, prévention collective, investissement dans
une action d'alcoologie (études, groupes de parole, ateliers
thérapeutiques, etc.), autre activité.
3. Une autoévaluation des connaissances
actuelles en alcoologie. 1 item : Note à s'attribuer sur
une échelle visuelle analogique graduée de 1 à 6. Ce
choix de 6 modalités se justifie par le fait que le sujet ne peut pas
choisir (par biais de convention) le milieu de l'échelle (3,5) et doit
donc se déterminer comme plutôt inférieur à la
moyenne (3) ou plutôt supérieur (4).
4. Les connaissances à acquérir ou
à approfondir pour améliorer le dépistage et la
prise en charge des patients à risque, c'est-à-dire les domaines
où, implicitement, ils se sentent le moins bien informés. 7 items
(6 items binaires et 1 item ouvert). Le sujet peut cocher plusieurs cases et
ajouter éventuellement un domaine absent dans la liste :
o Le produit lui-même et ses effets.
o La clinique (signes d'intoxication, symptômes de sevrage,
comorbidités).
o Les outils de dépistage.
o Les protocoles de soins (sevrage, suivi, réseau).
o La psychopathologie du patient en problème avec
l'alcool.
o La relation du médecin avec ces patients.
o Autre domaine (réponse ouverte).
5. Les facteurs (autres que la formation et
l'expérience) susceptibles selon eux d'influencer
défavorablement la prise en charge des patients alcooliques non
demandeurs de soins dans ce domaine. 6 items (5 items binaires et 1 item
ouvert) :
o La réticence des patients à aborder le sujet
o La réticence des médecins à aborder le
sujet
o L'efficacité discutable d'une telle démarche
o Le manque de temps au cours de la consultation.
o Le manque de protocole standardisé.
o Autre facteur (réponse ouverte)
Les mêmes questions ont été posées
pour le tabac. Nous ne les détaillerons pas car les données
recueillies n'ont pas été traitées dans la présente
étude.
Le questionnaire figure en Annexe 1.
Procédure et logistique
Questionnaire
Une fois conçu, le questionnaire a été
soumis à l'expertise de la SFMG afin d'adapter au mieux les questions
aux représentations sémantiques des médecins
généralistes. Une fois les corrections apportées, le
questionnaire a été chargé sur le site Internet de la
SFMG. Les 112 médecins actifs du réseau OMG ont été
contactés par courrier électronique de la manière
suivante :
- Un premier message à J-7 informait le médecin
de l'imminence d'une « enquête flash »,
résumant l'objectif de l'étude et ses caractéristiques
(anonymisée et globalisée, tant pour les patients que pour les
praticiens).
- Un second message le jour J rappelait ces informations en
insistant sur le fait que la réponse ne demanderait que 4 minutes ;
le médecin était invité à cliquer sur un lien
l'amenant directement au questionnaire en ligne sur le site Internet de la
SFMG. Le questionnaire une fois rempli était retourné à
l'OMG par un simple clic sur une case d'envoi.
- Un premier message de relance a été
envoyé aux non répondants à J+3.
- Un second message de relance a été envoyé
à J+7.
Les réponses nous ont ensuite été
transmises individuellement par message électronique, après
remplacement du code médecin SFMG par un numéro anonyme.
112 médecins ont été contactés. 13
d'entre eux n'avaient renvoyé aucun RC en 2004 et pouvaient être
considérés comme ayant suspendu leur activité au sein de
l'OMG. Sur les 99 praticiens restant, 55 ont répondu au questionnaire
dans les délais. 3 ont répondu après clôture de
l'enquête.
Le ratio de répondants dans les délais (55%)
peut être considéré comme excellent, car nous leur
demandions une réponse quasi-immédiate et le réseau
OMG avait déjà été sollicité au cours de la
même semaine pour une autre étude.
Sur les 55 répondants, nous en avons retenu 51, les
autres n'ayant pas renvoyé de RC pour l'année
étudiée, 2003 (probablement nouveaux partenaires affiliés
en 2004).
Base de données
Parallèlement à la diffusion du questionnaire, le
médecin chercheur de la SFMG en charge du projet nous a fourni les
données suivantes sous forme de tables Microsoft ACCESS :
· Les 36 371 résultats de consultation
« addictions » (alcool, tabac et toxicomanie) de tous les
médecins partenaires de l'OMG pour les années 2001, 2002 et 2003.
· Les 100 851 critères détaillés
ayant amené les praticiens à diagnostiquer ces RC.
· Le nombre total d'actes (tous RC confondus)
réalisés par chaque médecin dans chaque année
concernée.
· Le nombre total de patients différents
reçus au cours de chaque année concernée, par tranche
d'âge et par sexe.
Après analyse, nous avons décidé de
traiter uniquement l'année 2003 et de raisonner sur le nombre de
patients différents ayant fait l'objet cette année-là d'au
moins 1 RC Alcool (plutôt que sur le nombre de consultations). Voici les
raisons de ce choix :
- Pour prendre en compte de manière optimale l'effet du
facteur Formation sur la fréquence de prise en charge du problème
Alcool, la formation éventuelle devait être antérieure
à l'année étudiée. Ne considérer que
l'année 2003 permettra de prendre en compte les formations suivies
jusqu'en 2002. Même raisonnement pour les activités
professionnelles en rapport avec l'alcoologie.
- Le nombre total de patients pris en charge pour un
problème d'alcool a été très stable pour les
médecins ayant répondu au questionnaire et
sélectionnés dans la cohorte (N = 50). En effet, la
corrélation entre les prises en charge est de 93% entre 2001 et 2002 et
de 95% entre 2002 et 2003.
- Raisonner sur les RC (et donc sur le nombre d'actes) posait
le problème des patients qui consultent plusieurs fois, voire
très souvent (jusqu'à 46 fois en 2003 pour le même patient
et le même RC « Problème avec l'alcool »).
L'objet principal de l'étude étant le dépistage et la
prise en charge précoce, il nous a semblé plus juste de
considérer uniquement le nombre de patients différents. Pour
corriger l'effet levier des consultations multiples sur les résultats,
nous aurions dû également étudier et interpréter
individuellement le ratio Nombre d'actes/Nombre de patients de chaque
médecin et sortir ainsi du cadre éthique de l'étude
(annoncée comme anonymisée et globalisée).
Recueil et traitement des
données
Questionnaire
Les réponses au questionnaire nous ont
été retransmises individuellement par courrier
électronique. Nous les avons regroupées dans une table ACCESS,
indexées par N° de médecin (anonyme).
Nous avons ensuite procédé aux transformations
suivantes :
Formation réelle (officielle) en
alcoologie
A partir des items binaires exprimant la formation
post-universitaire du praticien et les années de suivi, nous avons
défini 3 niveaux de formation :
Niveau 0 - Aucune formation post-universitaire
Niveau 1 - Formation permanente unique (1 seule année)
Niveau 2 - Diplôme universitaire ou formation permanente
sur plusieurs années
Nous n'avons pas tenu compte des formations suivies en 2004.
Activité professionnelle en rapport avec
l'alcoologie
Niveau 0 - Aucune activité
Niveau 1 - Activité ponctuelle ou annexe (par exemple,
uniquement prévention)
Niveau 2 - Activité importante (notamment consultation
spécialisée)
Note globale Alcool
Nous avons défini cette note en additionnant le niveau
de formation réelle (0, 1 ou 2) et le niveau d'activité
professionnelle (0, 1 ou 2). Les modalités de cette variable sont donc
0, 1, 2, 3 et 4.
Base de données
A partir des différentes tables reçues de la
SFMG, nous avons effectué les traitements suivants :
- Pour chaque médecin, calcul du ratio Nombre de
patient vus en 2003 pour un RC « Problème avec
l'alcool » / Nombre total de patients vus en 2003, stocké sous
forme de fréquence (entre 0 et 1).
- Il apparaît que la distribution, malgré le
N=50, s'éloigne sensiblement de la loi Normale, plus aplatie
(coefficient de Kurtosis = - 0,17) à droite (coefficient
d'asymétrie = 0,99). Nous avons décidé de normaliser la
distribution en raisonnant sur les quartiles (Détail en annexe 2).
Validation de l'échantillon
des répondants
Nous devons vérifier si le nombre de questionnaires
retournés est suffisant pour mener une étude valide.
Nous allons contrôler si l'échantillon
constitué par les médecins ayant répondu au questionnaire
est représentatif de la population des médecins contactés
en ce qui concerne la fréquence de prise en charge du problème
d'alcool
|
Fréquence moyenne de prise en charge
Alcool
|
Echantillon des répondants sélectionnés
(n=50)
|
1,08%
|
Population des médecins contactés et ayant
enregistré des RC en 2003 (N=83)
|
0,99%
|
Au niveau descriptif, nous pouvons observer que la
fréquence moyenne de prise en charge du problème d'alcool dans la
population (0,99%) est inférieure à celle de l'échantillon
(1,08%).
Cette différence est-elle
significative ?
Dans la mesure où nous connaissons d'une part la
distribution d'échantillonnage et, d'autre part la moyenne et
l'écart type de la population, nous pouvons calculer directement la
statistique Z :
P (Z>u) =
|
0,19
|
Test Z =
|
0,86
|
Test Z = 0,86 signifie que la moyenne de l'échantillon
se situe à 0,86 écart-type au-dessus de la moyenne de la
population.
P (Z > u) = 0,19. La probabilité pour qu'un
échantillon de taille n tiré au hasard dans la
population ait une moyenne supérieure à celle de
l'échantillonnage observé est de 0,19 ; très
supérieure donc au seuil unilatéral au minimum de 0,025
nécessaire pour déclarer les deux groupes significativement
différents.
Dans le cadre de l'inférence combinatoire, nous pouvons
dire que le groupe d'observation (l'échantillon des médecins
ayant répondu au questionnaire et sélectionnés dans la
cohorte de l'étude) ne diffère pas significativement de la
population des médecins contactés et ayant enregistré des
RC en 2003.
L'échantillon (N = 50) peut donc être
considéré comme représentatif de la population. Dans la
suite de l'étude, nous pourrons raisonner sur cet échantillon
à l'aide de calculs descriptifs.
Réserves
N'ayant aucune information sur les médecins composant la
cohorte, nous admettrons dans cette étude que :
1) La fréquence des patients susceptibles de rencontrer
un problème d'alcool est constante pour tous les praticiens, quels que
soient leur région et leur milieu d'exercice.
2) L'effet des facteurs âge, sexe et durée
d'exercice des praticiens sur la prise en charge est nul (ou plutôt
uniformément réparti).
De même, nous n'analyserons pas ici la
différence éventuelle de prise en charge des patients alcooliques
en fonction de leur âge et de leur sexe.
3) Tous les médecins enregistrent les RC, notamment le
RC Alcool, avec le même soin.
4) Que les praticiens dont une partie de la clientèle
n'est pas directement concernée par les problèmes d'alcool
(pédiatrie) n'influenceront pas de manière significative les
résultats.
Deux autres réserves, plus générales,
doivent être formulées :
1) Lorsque le médecin informe brièvement un
malade sur les consommations d'alcool à risque ou lui prodigue un simple
conseil de modération, il est vraisemblable qu'il n'enregistre pas
systématiquement un RC Alcool pour ce patient. Nous admettrons
néanmoins que tous les médecins adoptent la même attitude
envers l'enregistrement de ces RC.
Pour cette raison, nous n'attacherons pas une trop grande
importance aux chiffres absolus de fréquence de prise en charge du RC
Alcool ; nous analyserons plutôt les différences de prise en
charge d'un praticien à l'autre.
2) La cohorte des médecins n'a pas été
sélectionnée par randomisation à partir d'un large panel
de médecins généralistes. Tous les praticiens retenus pour
l'étude sont des partenaires actifs et volontaires de l'OMG. Ils forment
donc un groupe qui n'est peut-être pas totalement représentatif de
l'ensemble des médecins généralistes français.
Résultats
Comme annoncé dans la section précédente,
tous les résultats de cette étude seront déterminés
à partir de l'échantillon des médecins ayant
répondu au questionnaire et enregistré des RC en 2003 (N=50).
Pour l'année 2003, les chiffres correspondant aux 50
médecins sélectionnés sont les suivants :
- 77600 patients différents ont été vus au
total.
- 879 patients ont fait l'objet d'un RC
« Problème avec l'alcool »19(*)
Généralités
L'alcool est rarement le seul
objet de la visite
Résultats de consultation Alcool
(2003)
|
|
Nombre de consultations
|
RC Alcool uniquement
|
2013 (16%)
|
RC Alcool + autres RC associés
|
10593 (84%)
|
Seulement 16% des consultations effectuées en 2003 par
les médecins de l'OMG et ayant donné lieu à
l'enregistrement d'un RC Alcool avaient la problématique alcoolique pour
unique motif de la visite. Plus de 4 consultations sur 5 ont fait l'objet
d'autres RC associés au RC Alcool.
Ce résultat tendrait à confirmer que les
patients consultent rarement pour leur problème d'alcool, mais le plus
souvent pour des comorbidités qui lui sont associées.
Les chiffres confirment la
faible prise en charge du problème Alcool et de grandes
différences entre praticiens.
Fréquence globale d'enregistrement d'un RC
Alcool
|
Moyenne
|
Nb de patients
« Alcool »
|
Nb de médecins
|
Nb moyen
de patients/médecin
|
1,08%
|
879
|
50
|
17
|
Tous médecins confondus, la fréquence moyenne
des patients pris en charge avec un RC « Problème avec
l'alcool » est de 1,08 %.
Ce chiffre est bien sûr très en
deçà des valeurs moyennes estimées en population
générale : une étude récente estime à 5
millions de personnes le nombre de personnes ayant une consommation
problématique d'alcool20(*), soit environ 9% de la population de plus de 15 ans.
Remarque : D'un point de vue
méthodologique, comme nous l'avons déjà signalé, ce
résultat pourrait être discuté, car nombre de
médecins font sans doute des remarques ou des recommandations
brèves aux patients concernant leur consommation sans pour autant
enregistrer systématiquement un RC « Problème avec
l'alcool ». Nous formerons ici l'hypothèse que tous les
praticiens ont le même comportement quant à l'enregistrement de ce
RC et nous analyserons principalement les différences de prise en charge
entre médecins plutôt que les fréquences en
elles-mêmes.
Fréquence de prise en charge de patients avec un
RC Alcool
|
Quartile
|
f moyenne
|
Nb patients « Alcool »
|
Nb de médecins
|
Nb moyen de patients
« Alcool » /
médecin
|
1
|
0,35%
|
71
|
13
|
5
|
2
|
0,71%
|
133
|
12
|
11
|
3
|
1,13%
|
185
|
12
|
15
|
4
|
2,11%
|
490
|
13
|
37
|
0,00%
0,50%
1,00%
1,50%
2,00%
2,50%
1
2
3
4
Quartile
Fréquence de prise en charge de patients avec
un RC Alcool
% Patients Alcool
Si nous considérons la répartition de la prise en
charge par quartile, nous voyons que 25% des généralistes ont vu
moins de 5 patients (0,35%) avec une problématique d'alcool en 2003.
Dans le quartile supérieur, les médecins ont
enregistré un RC Alcool pour 2,11% des consultants (37 patients en
moyenne). C'est 7 fois plus que les médecins appartenant au premier
quartile.
La différence entre les deux quartiles extrêmes
est donc importante. Il n'en reste pas moins que la fréquence de prise
en charge la plus élevée est très inférieure aux
statistiques attendues.
Dans la suite de l'étude, nous allons essayer
d'analyser les facteurs à la base de ces faibles résultats.
Comparaison du groupe des
répondants à celui des non répondants
Fréquence moyenne de prise en charge de patients
« alcool » par les répondants
|
1,08%
|
Fréquence moyenne de prise en charge de patients
« alcool » par les non répondants
|
0,87%
|
Nous constatons que la fréquence de prise en charge des
patients alcooliques est globalement meilleure pour les médecins ayant
répondu au questionnaire.
Nous ne tirerons aucune conclusion hâtive concernant ce
phénomène ; nous nous contenterons de le noter. Cela
pourrait peut-être confirmer les dimensions affectives et subjectives
associées à la prise en charge de la problématique
Alcool.
Formation en alcoologie des
médecins répondants
42%
58%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Médecins formés en alcoologie vs
médecins non formés
% médecins
% médecins
42%
58%
Aucune formation
Au moins 1 formation
Sur les 50 répondants, 29 (58%) affirment avoir
reçu une formation spécifique en alcoologie avant 2004. 11 (38%)
d'entre eux ont suivi une formation unique antérieure à 2000. 2
ont suivi une formation unique en 200321(*). Enfin, 8 médecins (27%) ont suivi plusieurs
formations.
Type de formation
|
Nb
médecins
|
Pourcentage
|
Formation permanente
|
27
|
93%
|
Formation universitaire
|
2
|
7%
|
Plusieurs formations (années différentes)
|
8
|
27%
|
La formation médicale continue est très
majoritaire. Seuls 2 médecins déclarent avoir suivi une
formation universitaire en alcoologie22(*).
Activité professionnelle en
alcoologie des répondants
15 médecins (30%) déclarent exercer ou avoir
exercé une activité en rapport avec l'alcoologie (autre que leur
pratique courante en consultation). Sur ces 15 médecins, 12 avaient
suivi une formation spécifique en alcoologie.
Type d'activité
|
Nb
médecins
|
Pourcentage
|
Consultation spécialisée
|
3
|
20%
|
Prévention collective
|
5
|
33%
|
Etude, groupes de paroles, ateliers, etc.
|
8
|
53%
|
Autres
|
9
|
60%
|
Les « autres activités » concernent
principalement l'enseignement et l'appartenance à un réseau de
santé ou à des commissions/programmes d'étude.
Synthèse
Formation/Activité professionnelle en alcoologie
Dans la partie Recueil et traitement des données,
nous avons défini une note à partir des données binaires
extraites du questionnaire relatives à la formation et à
l'expérience des médecins.
Cette note a été établie ainsi :
1) Calcul d'une note pour la formation post-universitaire en
alcoologie (avant 2004) :
0 - Aucune formation post-universitaire
1 - Formation permanente unique (1 seule année)
2 - Diplôme universitaire ou formation permanente sur
plusieurs années
2) Calcul d'une note pour l'activité professionnelle en
rapport avec l'alcoologie:
0 - Aucune activité
1 - Activité ponctuelle ou annexe (par exemple, uniquement
prévention)
2 - Activité importante (notamment consultation
spécialisée)
3) Calcul d'une note globale « Alcool »
qui synthétise la formation et l'expérience :
Comprise entre 0 et 4, cette note est la somme des deux
précédentes.
Note Globale = Note de formation + Note
d'activité
|
Note globale
|
Note formation
|
Note
activité
|
Nb médecins
|
% médecins
|
0
|
0
|
0
|
18
|
36%
|
1
|
0
|
1
|
3
|
6%
|
1
|
1
|
0
|
15
|
30%
|
2
|
1
|
1
|
3
|
6%
|
2
|
2
|
0
|
2
|
4%
|
3
|
1
|
2
|
3
|
6%
|
4
|
2
|
2
|
6
|
12%
|
On remarque à ce stade une forte corrélation
entre l'exercice d'une activité en alcoologie et le fait d'avoir suivi
une formation dans ce domaine : Seuls 3 médecins exerçant
une telle activité n'ont pas reçu de formation spécifique.
Le mode de la distribution (18 sujets) est
représenté par les médecins n'ayant ni formation, ni
activité professionnelle en alcoologie.
Vient ensuite le groupe des médecins ayant suivi une
formation ponctuelle et n'ayant exercé aucune activité
spécifique en alcoologie (15 sujets).
Presque 3 médecins sur 4 n'ont donc suivi
aucune formation en alcoologie ou bien une formation ponctuelle et n'ont jamais
exercé d'activité professionnelle spécifique dans ce
domaine (autre que leur pratique quotidienne en consultation).
Niveau ressenti de
formation/expérience : autoévaluation
Nous avons demandé à chaque médecin
d'évaluer lui-même ses connaissances actuelles en alcoologie
(formation et expérience) sur une échelle visuelle analogique
graduée de 1 (insuffisamment informé) à 6 (très
bien informé).
Les praticiens s'estiment-t-il suffisamment informé
pour assurer de manière optimale une prévention, un
dépistage et une prise en charge précoce des patients à
risque ?
Autoévaluation par les médecins de leurs
compétences actuelles en alcoologie (note de 1 à 6)
|
Note sur 6
|
Nb de sujet(s)
|
Pourcentage de sujets
|
1 (insuffisamment informé)
|
1
|
2%
|
2
|
10
|
20%
|
3
|
8
|
16%
|
4
|
22
|
44%
|
5
|
7
|
14%
|
6 (très bien informé)
|
2
|
4%
|
En général, les médecins s'estiment donc
plutôt bien informés : près de 2 praticiens sur 3
(62%) se sont attribués une note supérieure à la
moyenne.
Le mode de la distribution se situe à la note 4, un peu
au-dessus de la moyenne. Un seul médecin s'estime insuffisamment
informé. Deux médecins se sont attribués la note maximale,
6/6.
Concernant les valeurs centrales, le fait que 44% des
praticiens s'estiment « un peu mieux informés que la
moyenne » (note 4) contre 16% « un peu moins bien
informés que la moyenne » (note 3) pourrait dénoter une
certaine confiance en soi pour prendre en charge la problématique
Alcool.
22%
60%
18%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Répartition de la cohorte suivant
l'autoévaluation de leurs
connaissances en alcoologie
Pourcentage
22%
60%
18%
Mal informés
(1 & 2)
Moyennement
informés (3 & 4)
Très bien informés
(5 & 6)
Corrélation entre
formation/expérience réelle et autoévaluation
Nous allons établir une correspondance entre la note
auto-attribuée par le médecin et la Note Globale Alcool
calculée par nos soins à partir des données
retournées dans le questionnaire.
Le tableau suivant montre la répartition des
médecins par Note d'Autoévaluation ainsi que la Note
Globale Alcool moyenne (formation + expérience) obtenue par ces
médecins.
Comparaison entre Note d'autoévaluation et Note
Globale Alcool moyenne (calculée à partir des
formation/expérience réelles)
|
Note d'autoévaluation
|
Nb sujets
|
Note Globale
Moyenne correspondante
|
1
|
1
|
0
|
2
|
10
|
0,40
|
3
|
8
|
0,63
|
4
|
22
|
1,18
|
5
|
7
|
2,71
|
6
|
2
|
3,50
|
Auto-évaluation/Note globale
calculée
0
0,4
0,63
1,18
2,71
3,5
0
1
2
3
4
5
6
7
1
2
3
4
5
6
Autoévaluation
Note Globale moyenne
Nous pouvons constater visuellement une bonne
proportionnalité entre la note autoévaluée et la note
globale moyenne calculée.
Cette impression est confirmée par le calcul du
coefficient de Bravais-Pearson, égal à 0.95,
indice d'une forte corrélation entre ces deux variables.
Les médecins sont donc particulièrement conscients
de leur niveau réel de compétences en alcoologie.
A l'issue de ces résultats
généraux, nous pouvons constater que :
- Les chiffres fournis par la SFMG pour l'année 2003
confirment la faible prise en charge en Médecine Générale
des patients ayant un problème avec l'alcool.
- Plus de la moitié des médecins (58%) ayant
répondu au questionnaire ont suivi après leurs études
initiales une formation complémentaire en alcoologie, mais souvent
unique et plutôt ancienne (30% des cas).
- Moins d'1 médecin sur 3 (30%) exerce ou a
exercé une activité professionnelle spécifique en
alcoologie.
- Quand on leur demande d'autoévaluer leur niveau de
connaissance en alcoologie, 2 médecins sur 3 s'estiment plutôt
mieux informés que la moyenne pour prévenir et dépister
les patients à risque pendant leur consultation.
- Les médecins s'avèrent très conscients
de leur niveau de connaissance en alcoologie : la note qu'ils
s'autoattribuent est fortement corrélée avec la note
calculée à partir de leurs formations/expériences
réelles.
Nous allons maintenant essayer de vérifier les
hypothèses relatives aux facteurs empêchant une meilleure prise en
charge.
Hypothèse 1 : influence
de la formation/expérience professionnelle sur la prise en charge
Hypothèse 1 : les médecins
généralistes ayant reçu une formation spécifique en
alcoologie et/ou ayant exercé des activités dans ce domaine et/ou
s'estimant très bien informés aborderont plus souvent le
problème d'alcool avec leurs patients que les médecins non
formés ou s'estimant mal informés.
Hypothèse opérationnelle :
Existence d'une corrélation positive entre le niveau de
formation/expérience du praticien et sa fréquence de
dépistage et de prise en charge de patients avec un problème
d'alcool.
Variables indépendantes : Note de
formation, Note d'activité, Note
d'autoévaluation
Variable dépendante : % de patients avec un
problème d'alcool
1) Influence de la formation
Influence de la formation sur la prise en
charge
|
Note de formation
|
Nb de médecins
|
Pourcentage de patients avec RC
« Alcool »
|
0
|
21
|
0,80%
|
1
|
21
|
1,07%
|
2
|
8
|
1,87%
|
Globalement, les médecins ayant reçu une
formation en alcoologie assurent une prise en charge plus fréquente que
les médecins n'ayant aucune formation.
La différence de prise en charge entre les sujets non
formés et les sujets peu formés n'est toutefois pas
significative.
Les médecins très bien formés
assurent une prise en charge significativement plus fréquente que les
médecins pas ou moyennement formés (1,87% vs 0,94%,
p<0,005).
2) Influence d'une activité
professionnelle spécifique en alcoologie
Influence de la Note d'activité sur la
prise en charge
|
Note d'activité
|
Pourcentage de patients avec RC
« Alcool »
|
0
|
0,90%
|
1
|
0,93%
|
2
|
1,90%
|
0,90%
0,93%
1,90%
0,00%
0,20%
0,40%
0,60%
0,80%
1,00%
1,20%
1,40%
1,60%
1,80%
2,00%
Note d'activité
Influence de la note d'activité sur la prise en
charge
Aucune activité
Act. faible
Act. importante
Les médecins ayant eu une activité professionnelle
importante en alcoologie (note = 2) assurent une prise en charge
significativement plus fréquente du problème Alcool que les
médecins n'ayant aucune activité spécifique ou une
activité faible dans ce domaine (1,80% vs 0,92%, p<0,005).
3) Influence combinée des facteurs
Formation et Activité professionnelle
Influence de la Note globale (formation +
activité) sur la prise en
charge
0,73%
1,07%
0,91%
1,61%
2,05%
0,00%
0,50%
1,00%
1,50%
2,00%
2,50%
% patients avec RC Alcool
% patients avec
RC Alcool
0,73%
1,07%
0,91%
1,61%
2,05%
0
1
2
3
4
La courbe de tendance montre que la prise en charge du
praticien augmente en même temps que sa note globale. Les effets des
facteurs « Formation » et
« Activité » s'ajoutent.
Remarque : La note
« 2 » fait exception. Il y a deux façons de
l'obtenir :
1) soit une formation importante et aucune activité
spécifique en alcoologie
2) soit une formation ponctuelle et une activité
faible
Cas particulier de la note globale
« 2 »
|
Note globale
|
Note de formation
|
Note d'activité
|
Nb médecins
|
% de patients avec RC
« Alcool »
|
2
|
1
|
1
|
3
|
0,64%
|
2
|
2
|
0
|
2
|
1,32%
|
Il y a une très grande différence de prise en
charge entre les médecins ayant une formation importante sans
activité et les praticiens possédant une formation et une
expérience faibles.
Cela confirme le fait que seule(s) une formation et/ou une
activité importante(s) ont un effet significatif sur la prise en charge.
Il faut noter également que le nombre de
médecins obtenant cette note est très faible et que cette classe
comporte un médecin atypique n'ayant vu qu'un seul patient alcoolique
dans l'année.
3) Influence de la note
d'autoévaluation
Nous avons vu que les variables Note globale Alcool
(calculée à partir de la formation et de l'expérience
professionnelle du médecin) et Note d'autoévaluation
(auto-attribuée par le médecin) étaient fortement
corrélées (coefficient = 0,96).
Dans la suite des calculs, nous utiliserons la Note
d'autoévaluation, plus chargée de sens pour les
médecins que la Note globale Alcool.
4) Significativité de l'effet
induit par les variables Formation et Activité
Pour savoir si la formation/expérience a une réelle
influence sur le score de prise en charge du médecin, nous allons
comparer trois groupes :
- Groupe 1 : les médecins s'estimant peu ou
insuffisamment informés (note d'autoévaluation = 1 ou 2)
- Groupe 2 : les médecins s'estimant
moyennement informés (note d'autoévaluation = 3 ou 4)
- Groupe 3 : les médecins s'estimant
très bien informés (note d'autoévaluation = 5 ou 6)
En calculant la variable de test Z, nous obtenons les
résultats suivants :
|
Note autoévaluation
|
Nb médecins
|
Fréquence de prise en charge
|
Z
|
p (Z>u)
|
Test Z Grp Mal informé
|
1 ou 2
|
11
|
0,65%
|
-1,47
|
0,075
|
Test Z Grp Moyen
|
3 ou 4
|
30
|
0,97%
|
-0,79
|
0,215
|
Test Z Grp TB informé
|
5 ou 6
|
9
|
1,96%
|
3,57
|
0,001
|
Nous pouvons en déduire que le groupe des
médecins mal informés en alcoologie (Note 1 ou 2) n'est pas
atypique à p = 0,05 de l'ensemble de la cohorte en matière de
prise en charge de la problématique Alcool en consultation. La
fréquence de prise en charge de ce groupe est néanmoins
très inférieure à celle des médecins moyennement
informés.
Par contre, le groupe des médecins très bien
informés (Note 5 ou 6) est fortement atypique de l'ensemble de la
cohorte en matière de prise en charge de la problématique Alcool
en consultation, dans le sens des valeurs élevées (3,57
écarts-type au-dessus de la fréquence moyenne de prise en
charge).
5) Validation de l'hypothèse
L'hypothèse 1 est vérifiée au plan
descriptif : les médecins ayant reçu une formation
spécifique en alcoologie et/ou ayant exercé des activités
dans ce domaine assureront une meilleure fréquence de prise en charge
des patients présentant un problème d'alcool que les
médecins non formés ou s'estimant mal informés.
Néanmoins, le groupe des médecins non
formés/informés ou ayant une formation/expérience faible
n'est pas significativement différent de l'ensemble de la cohorte en
matière de prise en charge du problème d'alcool.
Seul le groupe des médecins s'estimant très bien
informés se révèle atypique : la fréquence de
prise en charge du problème alcool est alors significativement
supérieure à celle du reste de la cohorte (1,96% vs 0,89%,
p<0,005).
La fréquence moyenne de prise en charge du
problème Alcool par les médecins très bien informés
(2,05%) reste toutefois très inférieure aux chiffres de l'alcool
en France (9% de la population des plus de 15 ans a une consommation
excessive). Malgré les réserves émises dans la section
consacrée à la validation de l'échantillon, nous pourrions
donc supposer que la formation/expérience n'est pas le seul facteur
justifiant la faiblesse de la prise en charge.
6) Discussion sur la formation
Par le biais du questionnaire, nous avons demandé aux
médecins d'indiquer les domaines où un complément de
formation/information leur permettrait de mieux dépister et prendre en
charge les patients à risque.
Parmi les lacunes que se reconnaissent les médecins en
matière de formation et d'expérience, nous observons les
résultats suivants23(*):
Lacunes de formation signalées par les
praticiens (en global)
|
Produit
|
Clinique
|
Tests de dépistage
|
Protocoles de soins
|
Psychopathologie
|
Relation avec le patient
|
Autre
|
10%
|
8%
|
24%
|
60%
|
52%
|
54%
|
4%
|
Pour discuter certains critères, nous avons
réparti la cohorte par niveau d'information, sur les mêmes
critères qu'à la section précédente : Les
médecins mal informés (Groupe 1), moyennement informés
(Groupe 2) et très bien informés (Groupe 3).
Lacunes de formation signalées par les
praticiens (par niveau d'information)
|
Groupe
|
Produit
|
Clinique
|
Tests dépistage
|
Protocoles de soins
|
Psychopathologie
|
Relation avec le patient
|
Autre
|
1
|
18%
|
9%
|
63%
|
100%
|
72%
|
81%
|
0%
|
2
|
10%
|
10%
|
16%
|
53%
|
46%
|
53%
|
7%
|
3
|
0%
|
0%
|
0%
|
33%
|
44%
|
22%
|
0%
|
Globalement :
· Ce sont les médecins les moins bien
informés qui signalent le plus grand nombre de formations
complémentaires utiles à une meilleure prise en charge du
problème Alcool. Ici encore, les praticiens montrent qu'ils sont
parfaitement conscients de leurs lacunes et savent les analyser.
· Les protocoles de soins viennent en tête
des lacunes de formation (cités par 60% des médecins). Ces
protocoles (élaborés dans les Conférences de Consensus,
les Lignes Directrices et les Recommandations pour la Pratique
Clinique24(*)) concernent
la connaissance et l'accompagnement du syndrome de sevrage, les risques
somatiques liés à ce syndrome, les réseaux de soins,
etc.
Les médecins très bien informés sont
encore 33% à signaler cette lacune. On pourrait donc penser que ce
domaine est plutôt mal enseigné et reste flou même pour les
mieux informés.
100% des médecins s'estimant mal informés
signalent une lacune dans la connaissance de ces protocoles. C'est plutôt
inquiétant lorsqu'on pense notamment aux risques somatiques potentiels
d'un sevrage sans contrôle.
· Les relations avec le patient occupent la
seconde place dans les compléments de formation souhaités.
Citée par 81% des médecins mal informés, cette
connaissance reste à améliorer par 22% des médecins
très bien informés.
Cette différence de pourcentage entre
médecins s'estimant bien ou mal informés montre que la relation
thérapeutique n'est pas obligatoirement une qualité naturelle et
qu'elle peut être améliorée par la formation, notamment au
niveau de la confiance en soi et de la légitimité pour intervenir
sur un terrain que tout le monde s'accorde à trouver difficile.
Le fait que 22% des médecins très bien
informés citent encore cette lacune tendrait à montrer que
certains programmes de formation en alcoologie ne donnent pas une place
prépondérante à la relation thérapeutique avec les
patients et/ou n'incluent pas de stage pratique suffisant dans une unité
spécialisée.
Mais tout ne s'apprend pas. Au-delà de la formation, un
gros travail reste sans doute à faire au niveau des
représentations personnelles et sociales du médecin envers
l'alcool et le malade.
· La psychopathologie du patient alcoolique est au
3ème rang des demandes de formation. Cité par 70% des
praticiens les moins bien informés, elle reste évoquée par
44% des médecins les mieux informés. Comme pour la relation
thérapeutique, cela confirme bien sûr l'utilité d'une
formation complémentaire dans ce domaine, mais également la
nécessité d'une évolution des représentations.
Il est évident que la relation thérapeutique et
la psychopathologie du patient débordent largement le cadre de
l'alcoologie. De plus, aucune recherche n'a pu établir de
corrélation indiscutable et directe entre la maladie alcoolique et des
traits psychologiques particuliers.
Mais une formation dans ce domaine peut se
révéler particulièrement intéressante pour lever
les préjugés qui pèsent souvent sur ces patients :
par exemple ne plus confondre déni de consommation et mensonge, honte et
hypocrisie, perte de maîtrise et manque de volonté, etc.
· Les formations médicales ou techniques
sont citées beaucoup moins fréquemment. Aucun des médecins
très bien formés n'est demandeur d'un enseignement sur les effets
du produit, la clinique de l'alcoolisme ou les tests de dépistage. Ces
derniers semblent pourtant nettement moins connus des médecins mal ou
moyennement informés.
Cela laisse à penser que les tests de dépistage
font partie des enseignements couramment dispensés dans les formations
d'alcoologie.
C'est d'autant plus important que certains tests
présentent de très bonnes qualités psychométriques
pour dépister les buveurs à risque et sont très faciles
d'utilisation. Par exemple, les 4 questions simples du test DETA25(*) (CAGE en anglais) peuvent
être posées oralement pendant la consultation et
s'intègrent parfaitement dans un entretien de santé. Le test
AUDIT26(*) à 10
items est également très fiable pour dépister les buveurs
excessifs mais, pour plusieurs raisons (manque de temps, manque
d'unanimité sur les effets induits), son utilisation s'avère
difficile en consultation.
Hypothèse 2 : Autres
facteurs que la formation/expérience professionnelle influençant
la prise en charge
Hypothèse 2 : le manque de
formation/expérience n'est pas le seul facteur expliquant la faible
prise en charge du problème d'alcool en médecine
générale.
Hypothèse opérationnelle :
Certains facteurs auront un effet minorant sur le score de prise en charge des
praticiens, et ceci indépendamment du facteur
Formation/expérience.
Dans le questionnaire, nous avons demandé aux
médecins d'indiquer les facteurs qui, selon eux, rendaient difficile
l'abord du problème d'alcool avec les patients à risque.
Voici leurs réponses :
Facteurs de difficulté - Réponses
globales de la cohorte
|
Réticence
du patient
|
Réticence
du médecin
|
Inutilité de la
démarche
|
Manque
de temps
|
Absence de
protocoles standard
|
Autres
|
58%
|
44%
|
14%
|
52%
|
14%
|
8%
|
Ce tableau montre que trois difficultés viennent largement
en tête, citées par environ 1 médecin sur 2 :
- La réticence du patient à parler d'alcool avec son
médecin (58%)
- Le manque de temps (52%) - La réticence du
médecin à aborder le problème de l'alcool avec son patient
(44%)
L'inutilité d'une démarche de prévention ou
de mise en garde arrive très loin derrière, ex æquo avec
l'absence de protocoles standard (14%).
Pour analyser certains chiffres, nous ventilerons les
réponses par quartile, le groupe 1 étant composé des 25%
de médecins qui assurent la prise en charge Alcool la moins
fréquente et le groupe 4 les 25% de médecins qui assurent la
prise en charge la plus fréquente.
1) Réticence des patients
C'est de loin le facteur le plus fréquemment
évoqué par les médecins assurant la plus faible
fréquence de prise en charge (76%). Son évocation
décroît avec cette dernière mais reste néanmoins
élevée chez les praticiens assurant les meilleurs scores de prise
en charge (38%).
Cité par aucun des médecins très bien
informés, la difficulté est évoquée par 82% des
praticiens mal informés et 60% des moyennement informés.
Ce facteur est donc dépendant de la formation, à
condition que cette dernière soit importante ; une formation
ponctuelle n'a que peu d'effet sur la résolution de cette
difficulté.
La
réticence du patient reste néanmoins citée par 38% des
médecins assurant les meilleurs scores de prise en charge
(4ème quartile). En combinant les facteurs Formation et
Fréquence de prise en charge, nous pourrions avancer l'explication
suivante :
- Le fait de croire qu'un malade soit gêné
d'aborder le problème d'alcool avec son médecin est un
présupposé. En effet, ce sont les 77% de praticiens signalant
cette difficulté comme majeure qui assurent la prise en charge la moins
fréquente (1er quartile). Ils n'ont donc pas forcément
vérifié dans leur pratique et sur une longue période le
bien-fondé de cette affirmation.
- Une formation ponctuelle ne fait pas changer le
médecin d'avis. Seule une formation importante, induisant par la suite
une meilleure fréquence de prise en charge, permet aux praticiens de
prendre conscience que la réticence du patient à parler de ses
problèmes d'alcool est un préjugé sans réel
fondement.
2) Réticence du
médecin
Ce facteur occupe globalement la 3ème
position des difficultés freinant la prise en charge des patients ayant
un problème avec l'alcool. Son évocation décroît
avec le niveau d'information et avec la fréquence de prise en charge.
Contrairement à la réticence du patient,
celle du praticien cède devant une formation même faible.
Evoquée par 82% des médecins mal informés, elle n'est
plus citée que par 40% des moyennement informés. Les
médecins les mieux informés l'évoquent encore à
38%, ce qui démontre le peu d'effet d'une formation très
importante sur ce facteur.
Ce résultat pourrait signifier que la réticence
du médecin est due principalement à un manque de confiance dans
ses capacités à prendre en charge la problématique. Comme
nous l'avons déjà évoqué à deux reprises,
l'effet principal de la formation/information en alcoologie semble être,
plus qu'un apport de connaissances, un gain de confiance en soi pour aborder le
problème d'alcool avec le patient.
Mais cette difficulté reste tout de même
citée par 38% des médecins les mieux informés et par 23%
des médecins ayant le meilleur score de prise en charge. Cela signifie
qu'elle est tout de même partiellement indépendante de la
formation et qu'elle touche des sphères subjectives et affectives, par
exemple les représentations personnelles du praticien envers l'alcool et
envers les patients qui en consomment de manière excessive.
3) Manque de temps
Ce facteur est la 2ème source de difficulté
indiquée par la cohorte. Son évocation décroît avec
le score de prise en charge. Ce sont les médecins dont le score est le
plus faible qui l'évoquent le plus souvent (61%). Les médecins
très bien informés l'évoquent également moins
souvent (33%) que les moyennement informés (73%).
Il est normal que les médecins assurant la prise en
charge la plus fréquente évoquent moins souvent ce facteur, dans
la mesure où ils prennent le temps d'investiguer le
problème.
Mais, logiquement, manquer ou non de temps semble tout
à fait indépendant du niveau de formation. ; il conviendrait
donc d'approfondir la raison pour laquelle les médecins les mieux
formés disposent de plus de temps que les autres.
Nous pourrions avancer l'hypothèse que les
médecins les moins bien informés ont des représentations
erronées concernant la prise en charge du problème Alcool en
consultation (100% d'entre eux avouant des lacunes dans la connaissance des
protocoles de soins) et n'imaginent pas qu'une intervention brève
(quelques minutes), un rappel des normes de consommation à moindre
risque, voire même un simple conseil, puissent avoir des effets positifs
sur le comportement de boisson de nombreux patients.
Néanmoins, le fait que 38% des médecins les
mieux informés et 38% de ceux qui assurent le meilleur score de prise en
charge évoquent encore cette difficulté montre que le manque de
temps est un facteur de difficulté bien réel.
4) Inutilité de la
démarche
L'évocation de l'inutilité des interventions
pendant la consultation est inversement proportionnelle au score de prise en
charge. Cité par 30% des médecins du 1er quartile
(moins bon score), ce facteur n'est plus évoqué par aucun des
praticiens du 4ème quartile.
Parallèlement, le niveau de formation/information ne
semble pas avoir d'effet spécifique. Ce sont les médecins
moyennement informés qui l'évoquent le plus souvent (17%).
Ce facteur fait à l'évidence partie des
présupposés concernant le psychisme et le comportement des
patients en problématique avec l'alcool.
Le préjugé concernant la réticence du
patient à aborder le problème de l'alcool cédait en grande
partie après une formation importante. Ce n'est pas le cas ici : le
présupposé voulant que les interventions envers ces patients sont
inutiles ne cède pas après une formation, même si cette
dernière est importante.
Par contre, aucun des médecins ayant les meilleurs
scores de prise en charge n'évoque plus ce problème. C'est donc
en pratiquant ces intervention de prévention et de dépistage que
le praticien prend conscience de l'utilité de sa démarche.
Avec la réticence du patient, l'inutilité de la
démarche apparaît clairement comme un présupposé
ayant un effet négatif sur la prise en charge des patients avec un
problème d'alcool.
5) Absence de protocole standard
A l'inverse des autres difficultés, ce facteur
« objectif » est évoqué plus souvent (20%)
par les médecins assurant la meilleure prise en charge que par l'autre
moitié (8%). Cité par aucun des médecins très bien
formés, ce facteur peut être considéré comme
dépendant directement du niveau de formation/information.
Nous pouvons dire que la difficulté ne provient pas
de l'absence de protocoles standard, mais de la méconnaissance de ces
derniers.
6) Autres difficultés
Les autres facteurs cités dans le questionnaire comme
susceptibles d'agir défavorablement sur la prise en charge des patients
ayant un problème d'alcool sont les suivants :
Autres difficultés
|
- Manque de politique cohérente de santé publique
(2 praticiens)
|
- Non rémunération (1 praticien)
|
- Le peu d'alcooliques "classiques" rend maintenant plus
difficile le dépistage de l'alcoolique caché (1 praticien)
|
Il est étonnant qu'aussi peu de médecins (4/50)
aient évoqué ces difficultés, car elles semblent se situer
logiquement au coeur du débat. On peut en fait penser qu'elles
reflètent ce que beaucoup pensent sans vraiment le dire.
7) Validation de l'hypothèse
Certains facteurs de difficulté (réticence
du praticien, inutilité de la démarche, manque de temps) ont un
effet propre sur le score de prise en charge des patients alcooliques et sont
partiellement indépendants du facteur Formation/expérience.
L'hypothèse 2, stipulant que le manque de
formation/expérience n'est pas le seul facteur justifiant la faible
prise en charge du problème d'alcool en médecine
générale est donc vérifiée.
Discussion et suggestions
L'analyse des difficultés évoquées par
les praticiens montre que certains de ces facteurs (réticence du
praticien, inutilité de la démarche, manque de temps) ont leurs
effets propres et ne dépendent que peu de la formation.
A l'inverse, certaines difficultés sont des
conséquences directes du manque de formation, par exemple l'absence de
protocoles standard et la réticence du patient.
Si les facteurs évoqués sont indépendants
de la formation, cela signifie qu'ils ne pourront pas être facilement
améliorés dans l'état actuel de l'enseignement et du
statut de l'alcoologie en France.
Evoquer aussi fréquemment la réticence du
patient et du praticien à aborder le problème d'alcool montre que
ce sujet reste encore un sujet tabou malgré l'évolution des
représentations sociales de la maladie.
Une autre difficulté, évoquée par aucun
des médecins de la cohorte, réside peut-être dans les
propres représentations et comportements du praticien envers
l'alcool : pour cette raison, certains peuvent être enclins à
banaliser les consommations excessives, d'autres à les moraliser et
d'autres enfin à les dénier.
Qu'est-il possible de faire, sans recourir à de grandes
mesures de Santé Publique, sûrement nécessaires par
ailleurs, pour améliorer le dépistage et la prise en charge
précoce des patients ayant une problématique avec
l'alcool ?
Nous avons vu sans aucune ambiguïté que les
médecins formés en alcoologie assuraient une prise en charge plus
fréquente, notamment s'ils ont suivi une formation solide et
répétée. D'autre part, le fait qu'un grand nombre de
praticiens semblent ne pas connaître parfaitement les protocoles de
sevrage et les réseaux de soins est inquiétant.
L'effort en matière de formation de qualité doit
donc naturellement être poursuivi et même accentué.
Mais jusqu'où cette formation doit-elle
aller ?
Plus de la moitié des praticiens indiquent qu'une
meilleure connaissance de la relation thérapeutique et de la
psychopathologie du patient ayant un problème d'alcool contribuerait
à améliorer la prise en charge. Mais comme nous l'avons
déjà exprimé, ces domaines dépassent largement le
cadre de l'alcoolisme et concernent toutes les pathologies. Il existe
déjà des spécialistes supposés maîtriser ces
domaines : ce sont les psychologues et les psychiatres.
Le médecin généraliste n'a pas vocation
à assurer seul le suivi de tous les patients en problématique
avec l'alcool.
Quand on assiste à une consultation
spécialisée en alcoologie, on s'aperçoit que la partie
strictement médicale de la prise en charge ne constitue pas l'essentiel.
Elle est bien sûr très importante, notamment au niveau du sevrage
pour prévenir toute complication neurologique, mais l'aspect
psychologique de la maladie apparaît comme prédominant. Le buveur
excessif a souvent une vie compliquée et beaucoup de problèmes
connexes. Comme le soulignent à juste titre de nombreux
généralistes, ils manquent de temps au cours des consultations
pour écouter et prendre en charge ces patients.
Mais néanmoins, la quasi-totalité de la
population française se rend chez son médecin
généraliste au moins une fois par an. Le cabinet de ville est
donc un lieu incontournable pour dépister les patients ayant un
problème avec l'alcool, voire même faire de la prévention
primaire. Et ceci d'autant plus que l'alcoolisme est une maladie au long
cours ; depuis le premier verre jusqu'à l'installation d'une
alcoolo-dépendance sévère, il s'écoule de
nombreuses années pendant lesquelles le malade franchit
séquentiellement plusieurs étapes réversibles par la seule
abstinence ou modération.
Que faire donc pour améliorer la prise en
charge ?
Nous avons vu dans la première partie que les patients
avaient confiance dans leur généraliste et trouvaient
légitime d'aborder le problème d'alcool avec eux. De plus, 1
patient sur 3 réduit sa consommation d'alcool suite à une
observation du médecin ou à un rappel des normes de
tempérance.
L'enjeu est donc important ; et c'est bien l'aspect
« tabou » de la maladie (réticences du praticien et
du malade, sentiment d'inutilité de la démarche) qu'il faut
prendre en compte en priorité.
Le Dr Olivier Kandel (2002) rappelle à juste titre
qu'en règle générale « les patients sont
soucieux de leur qualité de vie et espèrent que leur
médecin s'y intéresse (...) un diagnostic précoce
et une prise en charge, aussi minime soit-elle, par le seul médecin,
peuvent avoir un certain retentissement sur le mode de vie du patient27(*) ». Il
précise également que si les alcoolo-dépendants sont
facilement identifiables, il n'en est pas de même pour les buveurs
à risque.
Quelques règles simples pourraient être
suggérées :
1) Intégrer les habitudes de consommation d'alcool
(comme pour le tabac) dans l'interrogatoire de santé des nouveaux
patients et rappeler à cette occasion les normes OMS standard (tenir
compte des jeunes patients dont les habitudes de consommation ont
énormément évolué au cours de la dernière
décennie). La loi sur le médecin référent28(*) pourra peut-être
faciliter cette démarche en consacrant une première consultation
rémunérée à l'exploration des
antécédents et risques de santé, en dehors de toute
pathologie et demande de soins spécifiques. Notons le test DETA (CAGE en
Anglais) qui permet au médecin de dépister avec une bonne
fiabilité les buveurs excessifs en leur posant 4 questions simples au
cours de l'entretien29(*).
2) Rappeler en quelques secondes les normes de consommation
à tout « patient à risque », voire
même à tout buveur régulier. Il ne s'agit que de quelques
mots et idées force (3 verres par jour pour les hommes, 2 pour les
femmes, 1 verre de bière équivalent à 1 apéritif,
etc.).
3) Devant des symptômes évoquant des
comorbidités susceptibles d'être provoquées par une
intoxication alcoolique, attirer systématiquement l'attention du patient
sur cette éventualité.
Il semble anormal en effet qu'un
médecin prescrive un traitement symptomatique pour des
comorbidités peut-être dues à l'alcool (crampes des membres
inférieurs, brûlures d'estomac, hypertension, troubles du sommeil,
anxiété, etc.) sans évoquer avec le patient le lien
possible avec une consommation excessive de boissons alcoolisées. Il ne
s'agit pas là d'un problème de relation thérapeutique ou
de psychopathologie, mais d'un problème purement médical dans la
mesure où le meilleur traitement dans ce cas est le plus souvent la
diminution ou l'arrêt de la consommation. Et nous savons, car le
déni de la problématique est puissant, que peu de patients
associeront spontanément certains troubles de santé à leur
consommation d'alcool. Cet acte médical aurait aussi valeur de
prévention secondaire et pourrait favoriser une prise de conscience chez
le patient.
4) Bien informer les patients alcoolo-dépendants sur la
dangerosité d'un sevrage sans contrôle médical et les
interroger sur leur ingestion régulière de vitamines du groupe B
(notamment sous forme de fruits, pour lesquels le buveur excessif
éprouve souvent une inappétence spécifique).
5) Etre en mesure d'indiquer à tout patient qui en fera
la demande les coordonnées précises d'une consultation
spécialisée et, dans la mesure du possible, lui faciliter la
prise de rendez-vous.
6) Privilégier le travail d'équipe, en orientant
notamment le patient alcoolique vers une structure spécialisée
à chaque fois que le besoin s'en fera sentir : la consultation de
médecine générale n'est pas le lieu idéal pour
prendre en charge la dimension psychopathologique de la maladie, ne serait-ce
que par manque de temps.
7) Compte tenu de l'évolution actuelle des
comportements d'alcoolisation chez les jeunes, ne pas négliger de
dispenser l'information auprès des préadolescents et même
auprès de leurs parents.
8) Et bien sûr, établir avec les patients
à risque une relation de confiance qui permettra dans le temps de faire
mûrir les prises de conscience, à l'écart de toute
moralisation.
Conclusion
L'alcoolisme induit des maladies graves mais qui se soignent
très bien tant qu'il n'est pas trop tard. La plupart de ses
conséquences somatiques sont réversibles, et le meilleur
traitement (parfois le seul) est l'abstinence ou le retour à la
tempérance.
Cette pathologie est multidimensionnelle. Ses aspects
psychologiques et sociaux sont au moins aussi importants que ses
conséquences somatiques. Par définition, le médecin
généraliste n'a pas pour vocation de prendre en charge seul tous
les patients en difficulté avec l'alcool.
Mais il examine chaque année la
quasi-totalité de la population et dispose (éventuellement
après formation appropriée) de toutes les armes (clinique,
sémiologie, biologie, psychométrie) nécessaires au
dépistage efficace des patients à risque ou à
problème avec l'alcool.
Il faut garder à l'esprit que le dépistage de
ces patients n'est pas une fin en soi et qu'il doit être suivi d'actions
correctrices, menées directement par le médecin
généraliste ou par une structure spécialisée.
Si le praticien parvient principalement à surmonter sa
réticence envers ces patients un peu particuliers (car souvent
inconscients de leur problème) et à se persuader de
l'utilité de cette démarche en jouant le plus
systématiquement possible son rôle de prévention, de
dépistage et d'orientation, un grand pas sera franchi dans la
résolution de ce problème de santé qui tue directement
25000 personnes par an30(*) .
*****
Bibliographie et
références
Adès et Lejoyeux, Alcoolisme et psychiatrie, p
68, 1997, Masson, Paris
Benoît Fleury, Dialogue Ville-Hôpital,
Les conduites d'alcoolisation, du repérage précoce au
réseau de prise en charge, John Libbey Eurotext, Paris, 2003
CFES/CNAMTS/IPSOS Opinion, Les habitudes de consommation
d'alcool des Français, Etude quantitative, France
métropolitaine, septembre 1998
Corcos/Flament, Les conduits de dépendance,
Masson, Paris, 2003
Dominique Huas, Fabienne Pessione, Jean-Claude Bouix, Hubert
Allemand, Bernard Rueff, Efficacité à un an d'une
intervention brève auprès des consommateurs d'alcool à
problèmes, Rev Prat Med Gen 2002;16 (586):1343-8
Haggerty (J. L.), Détection précoce de la
consommation excessive d'alcool et counselling des buveurs à risque
» in « Groupe d'étude canadien sur l'examen médical
périodique ». Ed Guide Canadien de médecine clinique
préventive, Ottawa : Canada Communication Group Publishing 1994, chap
42.
INPES, Coll., Professionnels de santé, Professionnels
de l'éducation (INPES, Assurance maladie, Ministère de
l'emploi et de la solidarité)
J.C. Bouix, P. Gache, B. Rueff, D. Huas, Parler d'alcool
reste un sujet tabou, Rev Prat Med Gen 2002 ;
16(588) :1488-92
J.N. Miche, F. Morel, J.L. Gallais, Perceptions du
« risque alcool » et des comorbidités liées
à l'alcoolisation. Une enquête de l'Observatoire de la
médecine générale de la SFMG (1994-1995), Rev Prat
Med Gen 199 ; 13(470) :1402-1408
J.Y. Gaignard et P. Kiritze-Topor, L'alcoologie en pratique
quotidienne, p. 38, 1995 ; publication Merck Lipha Santé,
Lyon
Lewis MJ, Alcohol reinforcement and neuropharmacologic
therapeutics, Alc Alcohol, 1996. . Wise RA, Neurobiology of
Addiction, Curr Opin Neurobiol, 1996
Michel Lejoyeux, François Paille et Michel Reynaud,
Usage nocif de substances psychoactives, La documentation
française 2002, Paris. ISBN : 2-11-005024-1.
Mogenson GJ, Jones DL, Yim CY, From motivation to
action : fonctional interface between the limbic system and the motor
system, Prog Neurobiol, 1980.
National Institute for Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) :
The Physician's Guide to helping Patients with Alcohol Problems,
Rockville, NIH publication, 1995 : 95-3769.
O.Kandel 3 chiffres, 1 schéma et quelques idées
pour optimiser le dépistage et la prise en charge des mésusages
de l'alcool Revue du Praticien Médecine Générale.
tome 16, n°587, 14/10/2002, 1408-1410p .
Olds, J., and P. Milner. Positive reinforcement produced by
electrical stimulation of septal area and other regions of rat brain. J.
Comp. Physiol. Psychol. 47:419-27, 1954.
P. Michaud J. Abesdris, Médecine et Hygiène
n° 2451, sept 2003, art 23223, Diffusion de la pratique de
l'intervention brève : méthodes de formation et de mobilisation
des acteurs de soins de premier recours.
Philippe Michaud, Patrick Fouilland, Isabelle Grémy et
Patrick Klein, Alcool, tabac, drogue : le public fait confiance aux
médecins, Rev Prat Med Gen 2003 ; 17(611) :605-8
Raynaud M, Parquet P., Les personnes en difficulté
avec l'alcool, CFES, Paris, 1999
Saunders JB, Aasland OG, Babor TF, de la Fuente JR, Grant
M.Development of the Alcohol Use Disorders Identification Test (AUDIT): WHO
Collaborative Project on Early Detection of Persons with Harmful Alcohol
Consumption--II.Addiction 1993 Jun;88(6):791-804.
Skinner H., Spectrum of drinkers and intervention
opportunities, CMAJ 1990
Société Française d'Alcoologie,Conduites
d'alcoolisation - Lecture critique des classifications et définitions.
Quel objectif thérapeutique ? Pour quel patient ? Sur quels
critères ? , septembre 2001.
Annexes
Annexe
1: Questionnaire destiné aux médecins partenaires de l'OMG
Questionnaire destiné
aux médecins partenaires de l'OMG
Le but de cette étude est de comparer le niveau de
formation/information des praticiens dans un domaine donné (ici
Alcool/Tabac) et la fréquence de prise en charge des pathologies
associées en consultation (RC).
Il s'agit d'une étude anonymisée et
globalisée, tant au niveau des médecins que des patients ;
aucun résultat ne sera recherché au niveau individuel. Nous
souhaitons recueillir auprès de vous 3 types d'informations :
1) Vos formations éventuelles et/ou
vos expériences professionnelles spécifiques
dans les domaines cités.
2) Une autoévaluation de vos
connaissances/expériences actuelles dans ces domaines.
3) Votre opinion sur les facteurs susceptibles
de rendre la prise en charge difficile.
Remplir ce questionnaire vous prendra moins de 4 minutes
Code médecin SFMG :
FORMTEXT
Alcool
1) Avez-vous suivi une formation spécifique en
alcoologie ?
Oui Non.
Si oui, précisez la nature de cette
formation (vous pouvez cliquer sur plusieurs
cases) :
Autoformation (lecture, ...)
Formation universitaire (Capacité, DESC, DU, ...)
Formation permanente (séminaires FMC, EPU)
Si formation universitaire ou permanente, année :
Avant 2000
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
|
|
|
|
|
|
2) Avez-vous déjà exercé des
activités professionnelles en rapport avec l'alcoologie ?
Oui Non.
Si oui, précisez la nature de ces
expériences (vous pouvez cliquer sur plusieurs
cases) :
Consultation spécialisée en alcoologie (CHA,
CCAA, ...)
Intervention de prévention collective (scolaire,
réunion publique...)
Investissement dans une action d'alcoologie (étude,
groupe de parole, ateliers thérapeutiques, ...).
Autre (précisez : FORMTEXT )
3) Comment jugez-vous vos connaissances actuelles en
alcoologie ? Pour assurer de manière optimale une
prévention, un dépistage et une prise en charge précoces
des patients à risque ou dépendants, vous vous
estimez :
(Cliquez dans la case correspondant au niveau
estimé)
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
FORMCHECKBOX
|
FORMCHECKBOX
|
|
FORMCHECKBOX
|
FORMCHECKBOX
|
FORMCHECKBOX
|
Insuffisamment
informé
|
|
Très bien informé
|
Le cas échéant, précisez le(s) domaine(s)
où un complément de formation/ information vous
permettrait de mieux prendre en charge les patients à
risque (vous pouvez cliquer sur plusieurs cases)
:
Le produit alcool et ses effets
La clinique (signes d'intoxication, symptômes de sevrage,
comorbidités)
Les outils de dépistage
Les protocoles de soins (sevrage, suivi, réseau)
La psychopathologie du patient alcoolique
La relation médecin - alcoolique (entretien, soutien)
Autre (précisez : )
4) Quels sont selon vous les facteurs (autres que la
formation et l'expérience) rendant difficile l'abord du problème
d'alcool avec les patients à risque non demandeurs de soins dans ce
domaine (vous pouvez cliquer sur plusieurs cases) :
La réticence des patients à aborder ce sujet
La réticence du praticien à aborder ce sujet
L'efficacité discutable d'une telle démarche
Le manque de temps au cours de la consultation
Le manque de protocole standardisé
Autre (précisez : )
Tabac
5) Avez-vous suivi une formation spécifique en
tabacologie ?
Oui Non.
Si oui, précisez sa nature (vous pouvez
cliquer sur plusieurs cases) :
Autoformation (lecture, ...)
Formation universitaire (Capacité, DESC, DU, ...)
Formation permanente (séminaires FMC, EPU)
Année de votre dernière formation :
Avant 2000
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
|
|
|
|
|
|
6) Avez-vous déjà exercé des
activités professionnelles en rapport avec la tabacologie ?
Oui Non.
Si oui, précisez la nature de ces
expériences (vous pouvez cliquer sur plusieurs
cases) :
Consultation spécialisée en tabacologie
Prescription de substituts nicotiniques
Prévention collective (scolaire, réunion
publique...)
Investissement dans groupe de parole, ateliers
thérapeutiques, ...
Autre (précisez : )
7) Comment jugez-vous vos connaissances actuelles en
tabacologie ? Pour assurer de manière optimale une
prévention, un dépistage et une prise en charge précoces
des patients à risque ou dépendants, vous vous
estimez :
(Cliquez dans la case correspondant au niveau
estimé)
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
|
|
|
|
|
Insuffisamment
informé
|
|
Très bien informé
|
Le cas échéant, précisez le(s) domaine(s)
où un complément de formation/ information vous
permettrait de mieux prendre en charge les patients à
risque (vous pouvez cliquer sur plusieurs cases)
:
Le produit (tabac) et ses effets
La clinique (signes d'intoxication, pathologies
associées)
Les tests de dépistage et d'évaluation
(Fagerström, etc.)
Les protocoles de soins (sevrage, suivi, réseau)
La psychopathologie du patient fumeur
La relation médecin - fumeur (entretien, soutien)
Autre (précisez : )
***
Merci pour votre participation.
Annexe
2: Répartition des scores de prise en charge Alcool en quartiles
Score
|
n
|
f
|
fCum
|
|
2
|
1
|
0,02
|
0,02
|
|
3
|
4
|
0,08
|
0,10
|
|
4
|
8
|
0,16
|
0,26
|
1er Quartile
|
5
|
8
|
0,16
|
0,42
|
|
6
|
4
|
0,08
|
0,50
|
2ème Quartile
|
7
|
5
|
0,1
|
0,60
|
|
8
|
7
|
0,14
|
0,74
|
3ème Quartile
|
9
|
3
|
0,06
|
0,80
|
|
10
|
0
|
0
|
0,80
|
|
11
|
3
|
0,06
|
0,86
|
|
12
|
2
|
0,04
|
0,90
|
|
13
|
0
|
0
|
0,90
|
|
14
|
1
|
0,02
|
0,92
|
|
15
|
1
|
0,02
|
0,94
|
|
16
|
1
|
0,02
|
0,96
|
|
17
|
1
|
0,02
|
0,98
|
|
18
|
0
|
0
|
0,98
|
|
19
|
0
|
0
|
0,98
|
|
20
|
1
|
0,02
|
1,00
|
|
|
50
|
1
|
|
|
Annexe 3 : Critères
autorisant l'enregistrement d'un RC « Problème avec
l'alcool »
Rc Id
|
ITEM_ID
|
NOM DU CRITERE
|
|
|
|
709
|
6000
|
.++++ PLAINTE ou TROUBLE LIES à une CONSOMMATION ANORMALE
de BOISSON ALCOOLISEE, de TYPE :
|
709
|
6001
|
++1| buveur excessif à l'interrogatoire (H >28 verres
d'alcool par semaine et F > 14 verres)
|
709
|
6002
|
++1| dépendance psychologique (Désir
irrépressible de boire par moments dans certaines situations)
|
709
|
6003
|
++1| dépendance physique (Incapacité
d'arrêter de boire plus de 3 jours)
|
709
|
6004
|
++1| ivresse aiguë (violence, blessure, coma, etc.)
|
709
|
6005
|
++1| syndrome de sevrage, pré-DT (anxiété,
énervement, insomnie, tremblements, sueurs...)
|
709
|
6007
|
+ - problème évoqué par :
|
709
|
6008
|
++1| le patient
|
709
|
6009
|
++1| l'entourage (famille, amis, entreprise, autres
professionnels, etc.)
|
709
|
6010
|
++1| le médecin
|
709
|
6012
|
+ - prise en charge avec d'autres intervenants (médical,
social, structure spécialisée, etc.)
|
709
|
6013
|
+ - entourage reçu pendant la séance (à
préciser en commentaire)
|
709
|
6014
|
+ - déni malgré des troubles évidents (peur,
honte...)
|
709
|
6015
|
+ - poursuite de l'alcoolisation ou refus de changement
immédiat
|
709
|
6016
|
+ - crainte de réalcoolisation
|
709
|
6017
|
+ - réalcoolisation (rechute)
|
709
|
9998
|
asymptomatique
|
709
|
10045
|
+ - réalcoolisation (rechute)
|
709
|
10047
|
asymptomatique
|
Annexe 4 : Description du RC
« Problème avec l'alcool »31(*)
Annexe 5 : Questionnaire AUDIT
(version française)32(*)
Questionnaire AUDIT : Alcohol Use Disorders
Identification Test.
Veuillez entourer d'un cercle la réponse qui vous
concerne.
|
1.Avec quelle fréquence consommez-vous un
" verre " de boisson alcoolique1 ?
JamaisUne fois par mois au moins2-4 fois par mois2-3 fois par
semaine4 fois par semaine ou plus
|
|
2.Lorsque vous buvez, combien de verres de boisson
alcoolique buvez-vous normalement en un jour ?
1 ou 23 ou 45 ou 67-910 ou plus
|
3.Avec quelle fréquence buvez-vous six verres ou
plus en une seule occasion ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
4.Avec quelle fréquence au cours de l'année
passée avez-vous éprouvé une difficulté à
chasser de votre esprit le désir de boire ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
5.Avec quelle fréquence au cours de l'année
passée avez-vous constaté qu'après avoir commencé
à boire vous ne pouviez pas vous arrêter ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
6.Avec quelle fréquence au cours de l'année
passée avez-vous été incapable de vous rappeler ce qui
s'était passé la nuit précédente alors que vous
aviez bu ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
7.Avec quelle fréquence au cours de l'année
passée avez-vous eu besoin d'un premier verre le matin pour vous
remettre en forme après avoir beaucoup bu la veille ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
8.Avec quelle fréquence au cours de l'année
passée avez-vous eu un remords ou un sentiment de culpabilité
après avoir bu ?
JamaisMoins d'une fois par moisUne fois par moisUne fois par
semaineUne fois par jour ou presque
|
9.Avez-vous été victime d'un traumatisme ou
en avez-vous provoqué sous l'effet de la boisson ?
NonOui, mais pas au cours de l'année passéeOui, au
cours de l'année passée
|
10.Un parent, ami, médecin ou autre agent de
santé vous a-t-il mis en garde contre l'habitude de boire et
conseillé de boire moins ?
NonOui, mais pas au cours de l'année passéeOui, au
cours de l'année passée
|
1 Par "verre" de boisson alcoolique,
il faut entendre (donnez l'exemple d'une boisson nationale).
|
Rubrique 1 :
|
Jamais Une fois par mois ou moins 2-4 fois par mois 2-3
fois par semaine 4 fois par semaine ou plus
|
= 0 = 1 = 2 = 3 = 4
|
Rubrique 2 :
|
1-2 verres 3-4 verres 5-6 verres 7-9 verres 10 verres
ou plus
|
= 0 = 1 = 2 = 3 = 4
|
Rubriques 3-8 :
|
Jamais Moins d'une fois par mois Une fois par mois Une
fois par semaine Une fois par jour ou presque
|
= 0 = 1 = 2 = 3 = 4
|
Rubriques 9 et 10 :
|
Non Oui, mais pas au cours de l'année
passée Oui, au cours de l'année passée
|
= 0 = 2 = 4
|
La note maximale possible est 40.
|
Source : OMS (1,2)
Le score maximum est de 40.
Scores et interprétation du questionnaire AUDIT
(5)
En général, des scores élevés aux
trois premiers items en l'absence d'élévation des scores aux
items suivants, suggèrent une probable consommation d'alcool.
Des scores élevés aux items 4 à 6 implique
la présence ou l'apparition d'une dépendance à
l'alcool.
Des scores élevés aux items restants
suggèrent une consommation pathologique d'alcool.
Annexe 6 : Questionnaire
DETA (version française) CAGE33(*)
1 - Avez vous déjà ressenti le besoin de diminuer
votre consommation de boissons alcoolisées ?
2 - Votre entourage vous a-t-il déjà fait des
remarques au sujet de votre consommation ?
3 - Avez déjà eu l'impression que vous buviez trop
?
4 - Avez-vous eu besoin d'alcool dès le matin pour vous
sentir en forme ?
Probabilité très élevée d'une
consommation excessive ou d'une alcoolo-dépendance partir de 2 items
positifs.
* 1 Haggerty (J. L.),
Détection précoce de la consommation excessive d'alcool et
counselling des buveurs à risque » in « Groupe d'étude
canadien sur l'examen médical périodique ». Ed Guide
Canadien de médecine clinique préventive, Ottawa : Canada
Communication Group Publishing 1994, chap 42.
* 2 National Institute for
Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) : The Physician's Guide to helping
Patients with Alcohol Problems, Rockville, NIH publication, 1995 :
95-3769.
* 3 Pour plus d'informations,
consulter Michel Lejoyeux, François Paille et Michel Reynaud, Usage
nocif de substances psychoactives. Chapitre III - Repérage et
évaluation des usages à risque et de l'usage nocif d'alcool, p
105-122, La documentation française 2002, Paris. ISBN :
2-11-005024-1.
* 4 Notamment l'enquête
« Strand 1 » (1998) s'inscrivant dans un projet
international de l'OMS, menée par l'Association pour le Recherche sur
les Maladies Alcooliques (ARMA) et le Collège National des
Généralistes Enseignants (CNGE).
* 5 Programme « Boire
moins c'est mieux », coordonné en France par le Dr Philippe
Micheaud ; article paru dans la Revue du Praticien, septembre 2003,
réf 17(611) : 605-8.
* 6 Comité
Français d'Education pour la Santé (CFES),
devenu INPES (Institut National de Prévention et d'Education pour la
santé) en mai 2002.
* 7 Source :
Baromètre Santé 2000, CFES, exploitation OFDT, in Benoît
Fleury, Dialogue Ville-Hôpital, Les conduites
d'alcoolisation, du repérage précoce au réseau de prise en
charge, John Libbey Eurotext, 2003, Paris
* 8 In Alcoologie et
Addictologie ; 2001 : 23 (4 Suppl.), 1S-76S & 2003 25
(2 Suppl), 45 S - 104 S
* 9 Lewis MJ, Alcohol
reinforcement and neuropharmacologic therapeutics, Alc Alcohol, 1996. Wise
RA. Neurobiology of Addiction, 1996, Curr Opin Neurobiol
* 10 ADLH = Aldéhyde
Déshydrogénase, enzyme essentielle pour la dégradation de
l'alcool par le métabolisme hépatique.
* 11 Le concept de
« système de récompense » a été
proposé par Olds et Milner (1950) suite à des expériences
sur des rats qui pratiquaient compulsivement une autostimulation
électrique intracrânienne sans aucune utilité
physiologique, bien au contraire, car cette activité les accaparaient
tellement qu'ils en oubliaient de boire et de manger et en mouraient.
D'où l'hypothèse qu'il existe dans le SNC un système dont
la stimulation produit du plaisir, en dehors de toute utilité
physiologique. Le recensement des structures cérébrales
concernées montre qu'elles appartiennent toutes au système DA-MLC
(dopaminergique méso-limbo-cortical) et qu'elles jouent un grand
rôle dans les processus appétitifs, motivationnels et
décisionnels.
* 12 Mogenson GJ, Jones DL, Yim
CY. From motivation to action : fonctional interface between the limbic
system and the motor system; Prog Neurobiol, 1980; p 69-97.
* 13 Skinner H. Spectrum of
drinkers and intervention opportunities. CMAJ 1990;
* 14 Schéma extrait de
Médecine et Hygiène n° 2451, Diffusion de la pratique de
l'intervention brève : méthodes de formation et de mobilisation
des acteurs de soins de premier recours, P. Michaud, J.
Abesdris.
* 15 Source :
Comité Français d'Education pour la Santé (CFES) in
Brochure "Professionnels de santé, Professionnels de l'éducation"
(INPES, Assurance maladie, Ministère de l'emploi et de la
solidarité), 1999.
* 16 Sources : "L'alcool
pas besoin d'être ivre pour en mourir" Dossier de presse Assurance
Maladie , CFES 27 septembre 2001 ; "Alcool Effets sur la santé"
Synthèse de l'expertise collective INSERM. Informations extraites du
site de la F3A
(http://www.alcoologie.org/documentation/article.php3?id_article=10).
* 17 Rappelons que le
« verre » standard contient 10g d'alcool pur. Il peut
s'agir d'une dose d'apéritif anisé, de 25 cl de bière ou
de cidre brut, d'un verre de vin, d'un alcool fort (2 cl), etc.
* 18 CFES/CNAMTS/IPSOS Opinion,
Les habitudes de consommation d'alcool des Français, Etude quantitative,
France métropolitaine, septembre 1998
* 19 Ce RC peut être
obtenu à partir de plusieurs critères définis par la SFMG
(certains de ces critères ont une correspondance dans la classification
CIM 10) ; nous ne les détaillerons pas ici. La liste de ces
critères figure à l'annexe 3. La description du RC Alcool tel que
défini par la SFMG dans le Dictionnaire des Résultats de
Consultations (DRC) figure à l'annexe 4.
* 20 Source :
Comité Français d'Education pour la Santé (CFES) in
Brochure "Professionnels de santé, Professionnels de l'éducation"
(INPES, Assurance maladie, Ministère de l'emploi et de la
solidarité), 1999.
* 21 Bien que 2003 soit
l'année de référence, nous les avons inclus dans la
cohorte.
* 22 Pour information, il
existe les D.U. (ou D.I.U), les Capacités (réservées aux
médecins thésés) et le DESC d'addictologie
(réservé à certaines spécialités à
partir de l'Internat). Les DU d'alcoologie sont représentés dans
la majorité des grandes académies (12 dans la France), avec
certaines inégalités géographiques (Centre de la France et
quart Sud-est défavorisés par rapport à quart Nord-Ouest).
A noter qu'il n'existe qu'un seul DU d'alcoologie en Région Parisienne
(Paris 6).
* 23 Les sujets pouvant citer
plusieurs compléments de formation, le total est supérieur
à 100%.
* 24Citons notamment :
- Conduites d'alcoolisation - Lecture critique des
classifications et définitions. Quel objectif thérapeutique ?
Pour quel patient ? Sur quels critères ? , septembre 2001,
Société Française d'Alcoologie (Recommandations pour la
pratique clinique ayant obtenu le label méthodologique de l'ANAES)
- Modalités de l'accompagnement du sujet
alcoolodépendant après un
sevrage (Conférence de consensus - 7 et 8 mars
2001, Cité des sciences et de l'industrie)
- Objectifs, indications et modalités du sevrage du
patient alcoolodépendant (Conférence de
consensus - 17 mars 1999)
* 25 Voir annexe 6
* 26 Ce questionnaire
élaboré par l'OMS figure à l'annexe 5
* 27 O.Kandel, 3 chiffres,
1 schéma et quelques idées pour optimiser le dépistage et
la prise en charge des mésusages de l'alcool Revue du Praticien
Médecine Générale. tome 16, n°587, 14/10/2002,
1408-1410p .
* 28 L'option médecin
référent a été mise en place par les parties
signataires de la convention des médecins généralistes en
novembre 1998 (arrêté du 04/12/98 publié au J.O. du
05/12/98) afin de promouvoir la qualité des soins, leur
continuité, la prévention et les actions de santé
publique, l'amélioration des conditions d'accès aux soins,
l'optimisation des coûts.
* 29 A titre d'information, les
tests les plus couramment utilisés en Médecine, DETA et AUDIT,
figurent en annexes 5 et 6
* 30 Source INSERM, 1998 :
nombre de bulletins de décès désignant l'alcool comme
cause de la mort.
* 31 Dictionnaire des
Résultats de Consultation - Société Française de
Médecine Générale DRMG N° 58 - Page
13
* 32 Référence :
Le questionnaire Audit est développé sous l'égide de l'OMS
(Organisation Mondiale de la Santé). Il explore les comportements des
douze derniers mois. Pour en savoir plus sur la publication originale, vous
pouvez vous rendre sur le site de la National Library (USA). Ref: Saunders JB,
Aasland OG, Babor TF, de la Fuente JR, Grant M.Development of the Alcohol Use
Disorders Identification Test (AUDIT): WHO Collaborative Project on Early
Detection of Persons with Harmful Alcohol Consumption--II.Addiction 1993
Jun;88(6):791-804.
* 33 DETA
Traduction française du questionnaire CAGE (Cut off,
Annoyed, Guilty, Eye opener) proposé par Ewing (1984), le DETA
(acronyme de « diminuer, entourage, trop et alcool ») comprend quatre
questions résolument orientées vers la recherche d'un
mésusage d'alcool
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