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Communication et contrôle de la trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires dans la province du Kénédougou (Burkina Faso).

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par Der DABIRE
Université de Ouagadougou, Département de Sociologie - Maîtrise en Sociologie 2005
  

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6) Revue de littérature

Dans les lectures faites, de nombreux auteurs ont abordé directement ou indirectement dans leurs écrits la problématique de la communication. Mais, les auteurs ci-dessous ont retenu notre attention.

HARDON et al6(*) (1992) : ont abordé la question de l'étude des systèmes d'approvisionnement et d'information sur les médicaments en usage dans les communautés humaines comme fondement épistémologique de leur démarche. Dans un souci de concevoir une méthode particulière destinée à l'usage des spécialistes de la santé et des chercheurs disposant de peu de temps pour entreprendre de longues recherches sur les problèmes auxquels ils sont confrontés chaque jour, ces auteurs estiment que la maîtrise des sources auxquelles les populations s'approvisionnent en médicaments et en informations s'avère capitale. En ce sens qu'aidées par un habitus en gestion sanitaire, les populations ont recours à une multiplicité de sources (pharmacies privées, vendeurs ambulants, commerçants et services étatiques). De plus, ils ont souligné la nécessité de comprendre l'appropriation de la distribution des médicaments par les agents de santé communautaire afin de saisir non seulement les représentations sociales des gens autour des notions de sécurité et d'efficacité des médicaments mais aussi la conformité de ces pratiques d'avec les prescriptions formalisées. Mais, si les thématiques abordées par Hardon et ses collaborateurs concerne la consommation des médicaments humains, l'auteur suivant s'intéresse à la consommation des médicaments des animaux.

Denis OUEDRAOGO7(*) (2002) : étudiant sur les pratiques paysannes en matière de gestion de la TAA dans sa thèse de doctorat ès sciences économiques, il a analysé les déterminants du fonctionnement du marché des trypanocides. A partir de l'hypothèse qu'il existe une relation entre le mode de fonctionnement de ce marché et le développement de la chimiorésistance, il a abouti aux résultats suivants : d'abord sur la base des critères de secteur d'activité principale et de la qualification requise, il a dressé une typologie des acteurs prestataires de services vétérinaires. Pour lui, une pluralité d'acteurs participe au marché des intrants vétérinaires ; mais il les regroupe en catégorie de professionnels et de non professionnels.

Dans cette logique, il estime que la relation existante entre ces prestataires et les producteurs est caractérisée par une « asymétrie informationnelle » au point que ces derniers ont des savoirs et savoir-faire limités sur les traitements trypanocides. Ensuite, il a révélé la prédominance du marché malien dans les circuits d'approvisionnement en produits vétérinaires. Pour lui : « dans la province du Kénédougou, les commerçants ambulants, les propriétaires de grands troupeaux et les vendeurs achètent généralement leurs produits vétérinaires sur les marchés de brousse au Mali, notamment à Denderesso, Kouri, Hèrèmakono et Tiokobougou » (OUEDRAOGO ; 2002, P104). Dans cette logique, il a recommandé qu'une étude soit entreprise dans le sens d'une maîtrise des circuits d'approvisionnement en produits vétérinaires chez les éleveurs pour une meilleure gestion de la TAA. Mais, si dans cette étude l'auteur commence à effleurer la problématique de la communication dans la gestion des interrelations entre les producteurs et leurs prestataires de service, dans l'étude suivante la communication est au coeur de l'appropriation des innovations technologiques.

BONTOULOUGOU Jocelyne et al8(*), (2000) : ont mis en relief les enjeux et l'influence de la communication dans l'appropriation des innovations technologiques en milieu rural. En recherchant les causes de l'échec de la mise en oeuvre du plan de lutte contre la TAA dans la vallée du Mouhoun, ils ont analysé les rapports sociaux pouvant exister entre prestataires de services professionnels et populations en tant que raisons communicationnelles parmi les causes de l'arrêt des activités. Pour eux, ces raisons sont sous tendues par des variables socioculturelles (rapports sociaux de coopération et de conflit), perception sociale des prestataires de service et de la qualité de ces services) (P 41, 2000). Mais s'il ne s'agit que de difficultés liées à la gestion des interrelations entre les différents acteurs dans cette recherche, plus loin ce sont les canaux de communication et la qualité de l'information qui constituent des sources de blocages à l'adoption des innovations en milieu rural.

Ayoro Bertille9(*) (1998) : a inscrit dans son mémoire de maîtrise en sociologie les canaux de diffusion et la qualité de l'information au centre des blocages communicationnels à la diffusion des innovations techniques en milieu rural. Pour cet auteur, il y a blocage lorsqu'il y a inadéquation entre le réseau de communication des vulgarisateurs d'avec celui des adoptants. De même, la qualité de l'information dépend de la confiance accordée à sa source de production. De ce point de vue, elle rejoint les travaux américains et ceux réalisés par Mendras et Forsé sur les mécanismes de diffusion des innovations en milieu rural. L'ensemble de ces travaux a analysé le réseau de communication en tant que circuit de diffusion de l'innovation. Ils se sont attardés sur le rapport entre les sources d'informations utilisées par les vulgarisateurs et celles des adoptants. En analysant dans un premier temps, les sources d'information des adoptants, ils ont montré qu'elles produisent des comportements nouveaux au niveau des paysans. Ensuite, ils ont montré comment l'adéquation des sources utilisées par les vulgarisateurs d'avec celles et les valeurs culturelles du milieu local est facteur de succès de l'innovation. Enfin, sur la base de cette variable ils ont dressé une typologie des adoptants. Certes, une communication efficace est nécessaire pour une meilleure diffusion et adoption des innovations. C'est pourquoi, les auteurs suivants insistent sur la nécessité de saisir au mieux les fonctions et les objectifs de la communication dans la société.

Monique L. Salomon et al,10(*) (1997) : ont mis en relief dans leur ouvrage l'influence du système de communication sur les processus d'adoption des innovations. Dans une perspective fonctionnaliste, ces auteurs replacèrent la communication dans les structures d'organisation de la société. Ainsi, rechercher les fonctions et les objectifs de la communication et de l'information étaient au coeur de leurs préoccupations. Pour ces auteurs, le système de communication doit être appréhendé dans ses deux dimensions d'organisation formelle et informelle

S'inscrivant dans la même logique, le rapport de l'atelier de formation en vulgarisation qui s'est déroulé du sept (7) au huit (8) Mai 1998 à Sokodé, au Togo sous l'égide de la FAO dans le cadre du Projet régional de lutte contre la TAA s'est penché sur la problématique de la formation des agents de terrain en vulgarisation. Il souligne la nécessité de la connaissance du milieu local par ces derniers afin d'éviter les éventuelles situations de blocages. Ainsi, la maîtrise du système de communication traditionnel en tant que fondement de toutes les activités de communication et d'information par les animateurs apparaît capitale. Dans cette logique, ce rapport présente les médias traditionnels de communication et les acteurs sociaux.

Dans ce rapport, les MTC sont définis comme étant toutes les formes organisées de production de savoirs et de l'information gérées directement par la communauté elle-même. « Réponses culturelles et endogènes à la satisfaction des différents besoins en matière d'informations, d'éducation, de protestation sociale et de divertissement, ces MTC sont composés des contes, proverbes, devinettes, chansons de femmes, masque, griots et musiciens ». Ce rapport fait ressortir finalement que dans la société traditionnelle l'informateur est le crieur public, le batteur de tam-tam, le joueur de gong ; que l'éducateur est le notable, le sage ou le chef et que ce dernier est source de production de l'information. Si ce rapport se limite à une description des processus de communication, nous nous sommes inspiré de Dominique Wolton qui en fait une analyse critique.

Dominique Wolton11(*: dans son article sur «la communication, un enjeu scientifique et politique majeur du XXIe siècle », il établit un lien entre modèle socioculturel et systèmes techniques de communication dans un contexte de mondialisation de plus en plus marqué par le développement des techniques de communication. A partir du constat que le développement de ces techniques a rapproché les hommes et les sociétés, en rendant plus visibles les différences culturelles, sociales et religieuses, et en augmentant les inter compréhensions, il formule l'hypothèse que «la communication est un enjeu scientifique et politique majeur du XXIe siècle ».

En mettant en relation, le triomphe des techniques, la réduction des espaces géographiques et celle des différences culturelles, sociales et religieuses, la volonté de tolérance entre les hommes et le besoin de communiquer, il parvient à conclure qu'il faut « socialiser les techniques pour éviter de techniciser la communication » (P310). Pour lui, la communication est à la fois un «processus technique »et une «valeur de libération». Ainsi avant d'être interpersonnelle ; media ou nouvelle ; politique et interculturelle, elle est modèle d'organisation de la société, à travers les valeurs, les symboles et représentations (P310). Avec ce dernier, la communication à une dimension symbolique au-delà des outils techniques qui se manifeste dans les stratégies de communications des acteurs sociaux et dans la diversité des modes de communication. Mais avec les auteurs ci-dessous, il apparaît une prédominance de la communication interpersonnelle dans les stratégies de communication en matière de santé chez les populations rurales.

Dr Kiyombo (Mbela) et al.12(*) (2002) : ont analysé le système de communication des populations dans une étude de base sur les comportements de la population rurale face à la diarrhée dans deux zones de santé en République Démocratique du Congo.

Cette étude dont l'objectif global est d'élaborer une stratégie de communication pour le changement de comportement en matière d'hygiène domestique s'est déroulée dans un contexte de persistance de la diarrhée chez les enfants de moins de cinq (5) ans en dépit des efforts combien nombreux consentis par le Projet SANRU III pour le financement et la construction d'infrastructures d'eau et d'assainissement visant à l'amélioration de la santé rurale par la réduction de la morbidité et de la mortalité dues à la diarrhée. C'est donc face aux conséquences de la diarrhée sur les ménages et les systèmes de Santé en terme de pertes de ressources, à la précarité des conditions d'hygiène domestique et aux comportements inadéquats des populations rurales ayant bénéficiées des infrastructures réalisées par le Projet SANRU III qu'un collectif d'auteurs dirigé par le Dr. Kiyombo Mbela s'est interrogé sur la stratégie appropriée pour promouvoir l'hygiène domestique présentée comme cause de la persistance de la diarrhée.

En formulant l'hypothèse qu'il existe des facteurs, aussi bien internes qu'externes liés au changement de comportement d'une personne capables de bloquer ou de favoriser l'émergence de comportements hygiéniques chez les populations, ces auteurs ont exploré les domaines clés de l'hygiène domestique en rapport avec la diarrhée à savoir le lavage des mains, l'évacuation des excréta et la gestion de l'eau de boisson chez les mères, les infirmiers, les médecins, les chefs coutumiers et religieux.

Les résultats de cette recherche basée sur des entretiens, des focus group et l'observation directe révèlent que les mères tout comme les infirmiers sont sensibilisées sur l'hygiène et ses relations avec la diarrhée mais ont un niveau de connaissance faible en rapport avec le lavage des mains, la gestion de l'eau et des excréta. Mieux les infirmiers connaissent la nécessité de cette hygiène, mais ne savent pas tous les moments critiques de lavage des mains. Par ailleurs, ces auteurs remarquent que les différents comportements sont supportés par des croyances défavorables et l'insuffisance des équipements. De plus, cette étude révèle la diversité des sources d'information chez les populations observées. La communication interpersonnelle est privilégiée et se réalise par le biais du contact physique dans le centre de santé, à domicile et dans les lieux de culte (église, mosquée, temple etc.).

Cette communication interpersonnelle est aussi utilisée sous sa forme traditionnelle et gérée par les chefs du village et le crieur. Ce qui s'inscrit dans la vision dite de la communication sociale décrite par Alex Mucchielli et ses collaborateurs.

Mucchielli, (Alex), Corbala (J.A.) et al13(*). (1998) : avec ces auteurs se dessine une approche critique des méthodes d'étude des communications, longtemps dominées par le paradigme de la communication individuelle.

A travers « deux visions de la communication », ces auteurs font une analyse critique des deux méthodes d'étude des processus de communication connues de nos jours à savoir la communication individuelle et celle dite sociale.

Ainsi, ils pensent que si pendant des siècles le paradigme de la communication individuelle a permis d'élucider de nombreuses problématiques des communications dans les sciences sociales, il apparaît de nos jours comme un « idéal type » au regard de l'influence de plus en plus marquée du contexte sur les processus de communication. Face à cette nouvelle problématique, Alex Mucchielli et ses coauteurs proposent un dépassement de ce modèle pour prendre en compte la dimension culturelle de tout processus de communication.

Mais avant, ces auteurs ont présenté deux approches de la communication à savoir la communication individuelle et la communication sociale fondées sur leur conception de l'individu et de sa relation avec la société globale. En effet, suivant le modèle dit « communication individuelle », l'individu est conçu comme une«entité constituée d'un corps et d'un esprit», close, renfermée et séparée de son semblable, mais douée de raison et de volonté. Toutefois, pour les tenants de la « communication sociale, l'individu apparaît comme «un acteur social» «participant»d'une totalité qui le subsume à savoir la société globale ». Il est vrai qu'avec cette théorie, le concept d'acteur soit revisité et construit sur la base de la culture locale, mais il faut reconnaître qu'en matière de communication, l'individu à toujours été acteur du fait qu'il utilise ses sens (bouche, oreilles, yeux) et la langue (élément culturel par excellence) pour communiquer. C'est pourquoi il faut refuser à ces auteurs l'opposition systématique entre les deux modèles qu'ils présentent. Il faut plutôt y voir une complémentarité, car ce qui transparaît dans la communication sociale n'est rien d'autre qu'une prolongation plus pérenne de la communication individuelle. A notre sens, si on va de la communication individuelle à la communication sociale, ce qui change fondamentalement n'est pas le processus de communication avec ses acteurs, moyens et canaux, c'est plutôt le temps et l'espace.

De tout temps et en tout lieu, l'homme se sert de ses organes de sens (bouche, oreilles, mains, yeux) et de sa culture pour communiquer. Sous ce rapport nature et culture se complètent utilement pour que nous puissions nous consulter, mettre en commun les choses que chacun de nous détient par devers soi. Toutefois, de cette opposition, signification et contexte des communications apparaissent comme pistes de recherche.

En sommes, cette revue de lecture révèle une multiplicité d'études descriptive et analytique de la communication qui ont inspiré nos analyses et nos réflexions partant du cas de la gestion des interrelations chez les éleveurs de la province du Kénédougou et leurs prestataires de services vétérinaires.

* 6 ( In Haw to investigate drug use in communities, Geneva, WHO, 1992)

* 7 (In Analyse socioéconomique des pratiques de gestion de la TAA et des facteurs associés au développement de la chimiorésistance dans la province du Kénédougou, Université de Ouagadougou, 2002)

* 8 (In « la participation des acteurs, un exercice difficile. Leçon de l'expérience d'un plan de lutte contre la TAA dans la vallée du Mouhoun (Burkina -Faso) » paru dans la Revue Forum, Nature, Science et société, volume VIII, n°1, PP 33-43, 2000)

* 9 (In Innovations techniques, blocages socioculturels et communicationnels. L'expérience des unités de production cotonnière dans le département de fouzan, Province du Tuy, Université de Ouagadougou, 1998)

* 10 (In Networking for innovation, 1997)

* 11 (In Année sociologique, 51, n°2, P309-326, 2001)

* 12 (In Identification des comportements actuels et désirés en rapport avec l'hygiène domestique dans les zones de santé de Kangu et de Kabondo Diando ; rapport d'étude préalable au développement de la stratégie de communication pour le changement de comportement de la population rurale. Ecole de santé publique/Environmental Heath project/SANRU III, République Démocratique de Congo (RDC), 2002)

* 13 (In Théorie des processus de la communication, Paris, Armand colin, PP 81-115, 1998)

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein