MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA
FASO
SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE Unité -
Progrès - Justice
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
-------------------------
UNIVERSITE DE
OUAGADOUGOU
------------------------
UNITE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES
UFR / SH
............................
Département de
SOCIOLOGIE
MEMOIRE DE MAITRISE
THEME :
Communication et contrôle de la
trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations
entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires dans la province du Kénédougou
(Burkina Faso).
Directeur de mémoire :
Pr. André NYAMBA,
Maître de conférences à l'Université de
Ouagadougou.
Appui scientifique:
Dr Issa SIDIBE, chercheur au
CIRDES/Bobo-Dioulasso.
Réalisé et soutenu par :
DABIRE Der
Juillet 2005
DÉDICACE
A
Mes parents et à
M. Célestin Y HIEN, qu'ils trouvent
ici toute ma reconnaissance aux nombreux sacrifices consentis pour mes
études scolaires et universitaires !
REMERCIEMENTS
La réalisation du présent mémoire a
été rendue possible grâce au soutien de plusieurs
institutions de recherche et de personnes physiques auxquelles nous
témoignons notre profonde reconnaissance. Mais, avant, nos
sincères remerciements vont à l'endroit du Ministère
allemand de la coopération économique en abrégé BMZ
qui a financé cette étude.
Nos sentiments de gratitude s'adressent également
à ILRI et au CIRDES qui ont assuré l'exécution des
activités sur le terrain en nous donnant les moyens matériels,
financiers, logistiques et bureautiques nécessaires. Par la même
occasion, nous remercions le DG du CIRDES, le Pr. Abdoulaye GOURO ; le
responsable du Projet BMZ à ILRI, le Dr. Thomas RANDOLPH et le
coordonnateur régional à ICRISAT, le Dr. Omar DIALL pour nous
avoir accueilli en qualité de stagiaire au sein de leurs institutions
respectives.
En outre, notre profonde gratitude va à l'endroit du
Pr. André NYAMBA qui a non seulement accepté de diriger ce
mémoire mais aussi est resté à notre écoute tout le
long du travail. De même, nous remercions sincèrement et vivement
le Dr. Issa SIDIBE pour son appui scientifique et administratif reçu
pendant le déroulement des activités sur le terrain ! Qu'il
trouve ici l'expression de ma totale reconnaissance à tous les actes de
générosité, d'écoute et de compréhension
dont il m'a comblés au cours du stage ! Dans la même
lancée, nous disons grandement merci au Dr. DELIA Grace (chargée
du programme de lutte communautaire du Projet BMZ2) et à Mme
SIDIBE/LAROU Suzanne (sociologue-consultante du Projet BMZ2) pour l'encadrement
technique, les critiques, les conseils et les encouragements reçus sur
le terrain et pendant la rédaction! Du même coup, nous disons
infiniment merci aux enquêteurs animateurs du Projet BMZ2 : Baba
Ahmed COULIBALY, Soumhaïla SANOU et Vincent TRAORE qui nous ont
aidé dans la collecte des données ! Et merci aux populations
agro-pastorales de la province du Kénédougou, à leurs
agents publics d'élevage, aux DPRA Moumouni OUATTARA et Ladji TRAORE et
aux vétérinaires privés de la ville de Bobo-Dioulasso pour
avoir accepté répondre à nos questions !
Aux collègues étudiants stagiaires du
Projet : Dramane DAO, Essodina TALAKI, Hamadi DJOUARA, Hyppolite AFFONGNON
et aux amis stagiaires du CIRDES avec qui nous avons eu des échanges
fructueux et partagé d'agréables moments de détente; nous
leur disons merci ! Merci également à tous les chercheurs et
techniciens du CIRDES, en particulier M. Laurent SAWADOGO qui a veillé
sur la mise en forme du présent document !
Enfin, nous ne manquons pas de remercier les tontons :
Jean Marie T KPODA, Kounhiré DABIRE, Marcel B SOMDA, Arsène B
SOMDA et Jean Joseph B HIEN ; les frères Eric D KAMBIRE et Francis
DABIRE pour leurs multiples soutiens à mes études
universitaires !
Merci aussi à mes chers amis : Abdoulaye DAO,
Charlemagne K DABIRE, Roland MEDA, Ruffin TRAORE, Mathieu SOMDA, Raoul W
DABIRE, Yves Z SOME, les jumeaux Zième Léon et Nab
Léonard DABIRE pour les nombreux soutiens et tout ce qu'ils ont
partagé avec moi pendant ma formation universitaire! Et merci à
tous ceux ou celles qui de près ou de loin ont contribué à
la réalisation de ce mémoire !
SIGLES ET ABRÉVIATIONS.
BMZ2 : Bundesministerium für wirtschftliche
Zusammenarb und Entwicklung (Phase 2).
CIRDES : Centre International de Recherche
Développement sur l'Elevage en Zone Subhumide.
DPRA : Direction Provinciale des Ressources Animales.
DRRA/HB : Direction Régionale des Ressources
Animales des Hauts Bassins.
EISMV : Ecole Inter Etats des Sciences et Médecine
Vétérinaires.
ENSA : Ecole Nationale de Santé Animale.
FAO: Foods and Agricultural Organisation.
FASOVET: Faso Vétérinaire.
ILRI: International Livestock Ressearch.
INSD : Institut National de la Statistique et de la
Démographie.
LAPROVET : Laboratoire des Produits
Vétérinaires.
MRA: Ministère des Ressources Animales.
MARP : Méthodes Accélérées de
Recherche Participative.
OIE: Office International des Epizooties.
OMS: Organisation Mondiale de la Santé.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PHARMAVET : Pharmacie Vétérinaire.
PHARVET : Pharmacie Vétérinaire.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PNGT2 : Programme National de Gestion du Terroir (phase
2).
PV : Poste Vétérinaire.
SAGRICHEM : Société Agricole et
Chimique.
SL/SA : Savoirs Locaux en Santé Animale
SODIVET : Société de Distribution
d'Intrants Vétérinaires.
SOFITEX : Société des Fibres et
Textiles.
SOPELA : Société pour la Promotion de
l'Elevage en Afrique.
SPRA : Service Provincial des Ressources Animales
URBIO : Unité de Recherche des Bases biologiques
de la production Intégrée.
UO : Université de Ouagadougou.
UFR/SH : Unité de Formation et de Recherche en
Sciences Humaines.
ZAP : Zone d'Aménagement Pastoral.
ZATE : Zone d'Activité Technique en Elevage.
SOMMAIRE.
DÉDICACE.
I
REMERCIEMENTS.
II
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
III
SOMMAIRE.
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE.
3
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE.
6
I/ CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE.
6
II/ CONSTRUCTION DU MODÈLE D'ANALYSE
THÉORIQUE
14
III/ MÉTHODOLOGIE
34
CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE
L'ESPACE D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES
VILLAGES D'ENQUÊTES.
40
I/ PRÉSENTATION DE LA PROVINCE DU
KÉNÉDOUGOU
40
II/ DESCRIPTION DES VILLAGES D'ENQUÊTE ET
CARACTÉRISTIQUES SOCIOLOGIQUES DES AGRO-ÉLEVEURS.
48
III/ ANALYSE CRITIQUE DES CIRCUITS D'INFORMATION
ET DE COMMUNICATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS.
59
CHAPITRE III : TRANSACTIONS
TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE
SERVICES.
66
I/ RÔLES, CARACTÉRISTIQUES ET
IMPORTANCE DES ACTEURS EN PRÉSENCE.
66
II/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION
UTILISÉES PAR LES PRESTATAIRES DE SERVICES.
76
III/ CONSOMMATION DES TRYPANOCIDES ET BIAIS DE
COMMUNICATION.
82
CHAPITRE IV : BESOIN ET
STRATÉGIES D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS.
99
I/ CONSTAT ET ANALYSE DU BESOIN D'INFORMATION CHEZ
LES AGRO-ÉLEVEURS.
99
II/ LES SOURCES D'INFORMATIONS
VÉTÉRINAIRES UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS.
102
III/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION
UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS.
113
CONCLUSION.
116
BIBLIOGRAPHIE.
118
ANNEXES
124
INTRODUCTION GÉNÉRALE.
En Afrique sub-Saharienne, l'élevage joue un
rôle important dans les systèmes de production. Au Burkina Faso,
cet élevage contribue à raison de douze pourcent (12%) à
la formation du produit intérieur brut (Dénis OUEDRAOGO, 2002).
Toutefois des contraintes limitent les efforts de développement de ce
secteur, parmi lesquelles les maladies animales et en particulier la
trypanosomose animale. Cette maladie est causée par un parasite du nom
de trypanosome et transmis par des vecteurs appelés mouches
tsé-tsé (ou glossines).
Prenant conscience de cette situation, les acteurs sociaux
(éleveurs, Etat, privé, partenaires au développement et
chercheurs) réagissent par des actions de lutte pour son contrôle
dont les stratégies principales de lutte sont : la lutte contre les
vecteurs, l'utilisation du bétail trypanotolérant et l'usage des
médicaments trypanocides. Mais, l'usage des médicaments est le
plus connu et répandu chez les éleveurs. Cependant, les
études techniques menées sur les pratiques d'usage des
trypanocides ont montré qu'ils sont utilisés dans des conditions
inappropriées (Diall ; 1997). En conséquence, il en
résulte des échecs de traitements devenant de plus en plus
nombreux et fréquents. De plus, la mise au point d'un vaccin tarde
à venir et la maladie persiste. Or, de nos jours, l'expansion de
l'élevage bovin de race zébu (plus sensible à la TAA) et
de la culture cotonnière oblige les éleveurs à continuer
à utiliser les trypanocides. D'où, il est question de savoir
comment sont-ils utilisés dans un tel contexte ?
C'est face à cette interrogation qu'un Projet
régional intitulé « Gestion améliorée
de la chimiorésistance dans le cadre de la lutte intégrée
contre la TAA dans la zone cotonnière ouest africaine » a
entrepris un programme de recherches sur les pratiques paysannes en
matière de gestion de la TAA. Dénommé BMZ, il intervient
dans trois pays d'Afrique de l'Ouest à savoir le Burkina Faso, le Mali
et la Guinée. Son objectif principal est d'aider les éleveurs
à continuer la lutte contre la TAA en minimisant les risques de
chimiorésistance.
Au Burkina Faso, le Projet intervient dans la province du
Kénédougou en partenariat avec le CIRDES (Centre International de
Recherche -Développement sur l'Elevage en Zone Subhumide) qui assure
l'exécution des activités sur le terrain. Unique centre
spécialisé de recherche en élevage en Afrique occidentale,
le CIRDES a réalisé plusieurs études sur la
problématique de la gestion de la TAA et de la chimiorésistance
(Dénis OUEDRAOGO ; 2002). Mais, force est de constater qu'elles
restent d'ordre technique. Or, comme le remarque Dénis OUEDRAOGO, la
problématique de la TAA est plus qu'un problème
médical.
En effet, elle a des implications sociales, car à
travers les traitements et la vente des trypanocides s'affrontent plusieurs
acteurs sociaux ayant des motivations et des logiques sociales
différentes. Ainsi, il se dégage l'idée de l'implication
du social dans les stratégies de lutte utilisées par les
agro-éleveurs dont la nécessité de tenir compte pour des
actions efficaces et durables est bien perçue de nos jours. C'est
pourquoi, le Projet BMZ a inscrit dans sa nouvelle approche cette étude
sociologique dont l'objectif global est d'analyser l'influence des facteurs
sociaux sur les stratégies paysannes en matière de gestion de la
TAA et de la communication y relative.
Toutefois, le cas spécifique de la communication nous
préoccupe dans cette recherche
intitulée «communication et contrôle de la
TAA : étude de cas des interrelations entre les
agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires» pour deux raisons. En effet, elle
s'inscrit dans la suite des études antérieures
réalisées dans la province du Kénédougou depuis
1998 à nos jours et qui ont révélé dans leurs
conclusions respectives la méconnaissance des sources
d'approvisionnement des médicaments et surtout les informations
relatives à leur application.
De plus, elle se veut un appui à la vulgarisation de
l'Utilisation Rationnelle des Trypanocides (URT) comme une stratégie de
lutte contre la TAA dans ce contexte de résistance. Or, il existe un
manque de données et d'information sur les pratiques, attitudes,
stratégies et comportements des agro-éleveurs face à
l'information et la communication sur lesquelles il faut s'appuyer pour une
meilleure promotion de cette stratégie de lutte. Dans ce sens, il
apparaît nécessaire de parvenir à une meilleure
connaissance de leur système d'information et de communication pour des
actions efficaces et durables. Ainsi, décrire leur système
d'information et de communication et analyser les logiques sociales qui le
sous-tendent s'avère être une préoccupation fondamentale.
Or le phénomène de l'information est si important et complexe
à la fois à telle enseigne qu'il nous semble difficile de
prétendre à sa compréhension approfondie.
Mais comme l'écrit Guy Rocher1(*) « Toute
connaissance part de données intuitives, sur lesquelles l'esprit
s'efforce de construire un ensemble de relations significatives et
vérifiables. Le succès ne sanctionne pas toujours ces
entreprises, qui sont d'autant plus hasardeuses que les données à
traiter sont plus complexes et plus confuses. Mais leur richesse même
nous provoque à ne pas nous contenter de l'état brut dans lequel
elles nous sont livrées par le sens commun ».
L'objectif de cette étude est d'identifier et
d'analyser les facteurs socioculturels qui influencent les pratiques et les
comportements des agro-éleveurs face à l'information et la
communication associée à la gestion de la TAA.
Elle s'inscrit dans le cadre d'une recherche-action qui se
veut une investigation sociologique dans laquelle nous faisons une
interprétation culturelle de la communication à partir de nos
enquêtes et du contenu de nos entretiens.
Cette étude est structurée en quatre
chapitres :
§ le premier chapitre fixe le cadre théorique et
la méthodologie;
§ le second chapitre présente l'espace
d'étude et analyse les circuits d'information en vigueur chez les
agro-éleveurs ;
§ le troisième chapitre traite de l'implication
des prestataires de services vétérinaires dans l'information des
agro-éleveurs et des difficultés y afférentes à
travers leurs pratiques et attitudes dans l'usage des trypanocides ;
§ et le quatrième chapitre analyse le besoin, les
sources et les stratégies de communication en vigueur chez les
agro-éleveurs.
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE.
Comme s'écriait le philosophe2(*) : « méthode,
méthode, que me veux-tu ; ne sais-tu pas que j'ai mangé du
fruit de l'inconscient ? » Nous tentons d'élucider
les questions théoriques et méthodologiques à travers ce
premier chapitre consacré à l'appropriation, à la
construction de notre objet d'étude et à la méthodologie
utilisée.
I/ Construction de l'objet
d'étude.
1) Question de
départ
Dès la fin du mois d'avril, commencent à tomber
les premières pluies, annonciatrices de l'hivernage chez les populations
agro-pastorales de la province du Kénédougou. Mais pour elles,
cette période ne signifie pas seulement début de saison
pluvieuse, elle veut dire aussi reprise des traitements médicamenteux en
vue de prévenir ou de guérir leurs bovins malades ou
supposés malades de la TAA.
Ainsi, par-ci, par-là, devant les enclos, les parcs
à vaccination, n'importe où, on aperçoit des
éleveurs vacciner ou se font aider à vacciner leurs bovins afin
de les apprêter pour les grands labours. Certains (la majorité),
achetant leurs médicaments trypanocides sur les marchés locaux;
d'autres, allant à Bobo, à Hèrèmakono et à
Sikasso dans les pharmacies privées se procurer de leurs
médicaments sans ordonnance médicale sous l'oeil bienveillant et
complice de leurs agents publics d'élevage. Telles sont les diverses
formes de manifestation et points d'ancrage des pratiques
d'automédication en vigueur dans cette province à vocation
agro-pastorale. Mais, si le discours dominant à l'heure actuelle tend
à incriminer les populations agro-pastorales, qu'en est-il de leur point
de vue ? Sont-ils les seuls acteurs impliqués dans la pratique de
l'automédication ?
Par ailleurs, si les études actuelles montrent que les
agro-éleveurs disposent de bonnes connaissances sur la TAA et ses
méthodes de lutte, l'envie devient irrésistible de savoir comment
ils obtiennent ces connaissances? Toutefois, la persistance de la TAA
accompagnée de fréquents et nombreux échecs de traitement
nous oblige à nous demander quelles sont les connaissances disponibles
sur la TAA chez les agro-éleveurs ? Ce qui nous plonge au coeur des
processus d'acquisition et de transmission des connaissances sur la TAA et les
stratégies de lutte appropriées dans la province du
Kénédougou. D'où notre question de départ est de
savoir quels sont les voies et moyens existants en matière d'acquisition
et de transmission des savoirs sur la TAA chez les agro-éleveurs de la
province du Kénédougou et leurs fournisseurs de
trypanocides ?
2)
Justification
Cette recherche se justifie par la volonté du Projet
BMZ de parvenir à une meilleure gestion de la TAA en situation de
chimiorésistance et à l'absence d'un vaccin approprié. Or,
de nos jours il y a un manque d'informations et de données d'information
sur les pratiques d'usage des médicaments trypanocides et le
système de communication y afférent chez les populations
agro-pastorales de la province du Kénédougou. Par exemple il y a
très peu d'écrits disponibles tant du côté des
chercheurs que de celui des services publics d'élevage sur les pratiques
de gestion des maladies des animaux et la communication y relative.
Cependant l'usage des médicaments par les
agro-éleveurs, la vente des médicaments par des non
professionnels, l'insuffisance du personnel qualifié et compétent
sont des actes et comportements sociaux fréquemment rencontrés
aussi bien au niveau de la santé humaine que de celui des animaux en
matière de consommation des médicaments et des soins
médicaux. Ils sont généralement qualifiés de formes
d'automédication ou d'utilisation irrationnelle des médicaments,
parce que se réalisant à l'encontre de la norme médicale
qui veuille que le choix et la prise de médicament par une personne soit
sous l'assistance d'un spécialiste en la matière.
L'ampleur et l'acuité de ces actes et comportements se
remarquent par la présence de paquets ou sachets de médicaments
usagés devant les enclos, les concessions, les parcs de vaccination et
la présence des vendeurs de médicaments de la rue sur tous les
marchés locaux. Ils se remarquent aussi dans les conversations
populaires, rappelant les changements opérés dans leurs pratiques
pastorales. En la matière, leur perception sociale de l'élevage
est sans équivoque ; « on ne peut pas faire
l'élevage aujourd'hui sans une seringue à la
main » est la parole consacrée qui traduit leur
perception de la nécessité d'associer la pratique pastorale
à celle de la médecine vétérinaire dans le contexte
actuel marqué par l'intensification de l'élevage au Burkina.
Non spécifiques aux agro-éleveurs de la
province du Kénédougou, ces actes et comportements
d'automédication sont communs à toutes les sociétés
actuelles. Du reste la littérature médicale et sociologique situe
leur origine dans la pauvreté des populations face à la
cherté, à l'indisponibilité et à
l'inaccessibilité des médicaments et soins modernes. Dans ce
sens, l'automédication nous apparaît comme un fait social qui a
pour conséquence l'apparition et le développement d'une
chimiorésistance dans la majorité des cas. De façon
générale, cette étude se justifie par le fait que la
santé animale reste un domaine peu exploré dans les recherches en
sciences sociales, en particulier la sociologie.
3)
Objectifs et intérêts
a)
Objectifs de la recherche
Objectif principal : identifier et à analyser les
facteurs socioculturels qui influencent les comportements et les
stratégies des agro-éleveurs de la province du
Kénédougou dans la quête d'informations sur la santé
animale, en particulier la TAA.
Objectifs spécifiques:
- décrire et analyser les sources et canaux de
communication efficaces au sein de la communauté des
agro-éleveurs ;
- décrire et analyser le besoin et les
stratégies des éleveurs en matière d'information et de
communication sur la TAA;
- analyser les logiques et les représentations
sociales qui les sous-tendent ;
- identifier les types d'acteurs prestataires de services
vétérinaires impliqués dans l'utilisation des trypanocides
et leurs stratégies de communication sur la TAA ;
- analyser l'influence de leurs pratiques et attitudes sur la
relation de communication existante entre eux et les
agro-éleveurs et dégager les difficultés y
afférentes.
b)
Intérêts de la recherche
L'intérêt de cette recherche est à la
fois scientifique et pratique : sur le plan scientifique, elle contribuera
à combler le vide laissé par les études médicales
et socio-économiques sur la connaissance du système
d'approvisionnement en médicaments vétérinaires et le
système d'informations y relatif dans la province du
Kénédougou. Dans le domaine sociologique, elle vient combler un
manque de littérature sur la santé animale au Burkina Faso.
Sur le plan pratique, elle aidera à trouver dans le
contexte actuel de la province du Kénédougou une meilleure
approche pour promouvoir des comportements susceptibles d'améliorer la
santé animale en aidant les populations à continuer la lutte
contre la TAA en minimisant le risque de la chimiorésistance. En effet,
maîtriser les systèmes d'approvisionnement en médicaments
vétérinaires et de communication en vigueur dans cette province
servira d'appui à l'élaboration et à la vulgarisation
d'une stratégie de lutte efficace contre la TAA et adaptée au
contexte socio-économique de la province du Kénédougou. Ce
qui participe à la lutte contre la pauvreté rurale, car sa
finalité est de contribuer à l'amélioration de la
productivité animale et à l'accroissement de la production
agricole dans cette province à vocation agro-pastorale reconnue.
4)
Phase exploratoire.
S'inscrivant dans une logique de recherche appliquée
initiée dans le cadre d'un programme de recherche pluridisciplinaire
nous imposant une attitude permanente de va et vient entre le terrain et la
théorie, spécifier une phase exploratoire en tant qu'étape
de notre méthodologie est impertinent. Toutefois, il est
impératif que nos lecteurs sachent comment nous avons entamé
cette recherche ?
Dans cet ordre d'idées, elle a débuté
par une sortie de terrain au cours de laquelle nous avons non seulement pris
contact avec les villages d'enquêtes mais aussi pris connaissance des
termes de référence de l'étude. Munis des informations
préliminaires, nous avons ensuite, réalisé des entretiens
exploratoires avec les différents groupes cibles. En la matière,
nous avons eu un entretien individuel avec les chef des huit (8) villages,
cinq (5) responsables des agro-éleveurs, le chargé de programme
de la lutte communautaire, trois enquêteurs animateurs du Projet, le
directeur provincial des ressources animales, deux agents des services publics
d'élevage, un responsable de la pharmacopée traditionnelle et un
représentant de pharmacie vétérinaire privée. Avec
chacune des personnes rencontrées, nous avons échangé sur
la réalité, les causes, l'ampleur de la maladie de la TAA et les
raisons de sa persistance ; les pratiques de gestion en vigueur, en
particulier les pratiques d'automédication des trypanocides et leurs
systèmes d'information et de communication y relatifs.
A l'issue des entretiens, il faut retenir que l'ensemble des
personnes rencontrées évoque les difficultés auxquelles
elles sont confrontées dans l'utilisation des trypanocides et dans la
recherche de l'information vétérinaire. Ainsi, pour les
responsables des agro-éleveurs, l'inaccessibilité,
l'indisponibilité, l'insuffisance numérique des agents publics
d'élevage et la rareté des vétérinaires
privés sont les raisons qui les obligent à traiter
eux-mêmes leurs animaux ou à recourir aux services des non
professionnels. Tout en manifestant un grand désir d'informations justes
sur la TAA, ils estiment que l'insuffisance et la rareté des
professionnels leur pose un problème de qualité des trypanocides
et des informations obtenus. Conscients des risques de sous information
existants du côté des non professionnels, ils souhaitent
s'informer auprès des professionnels. Enfin, il existe dans chaque
village un circuit officiel de communication par lequel toute information passe
par le chef et un circuit parallèle par lequel l'information provient
des parents, amis, copains et les partenaires extérieurs.
A l'opposé, les agents publics d'élevage
pensent que le manque de moyens financiers, matériels et logistiques
ainsi que leur insuffisance numérique et l'existence de nombreux
amateurs de la médecine vétérinaire sont des raisons qui
limitent leurs efforts de sensibilisation et de contrôle de la
qualité des trypanocides et de leur vente.
Tout en confirmant l'existence des échecs de
traitement et le développement de la résistance dans le
Kénédougou sud, ils pensent que le sous dosage des trypanocides
et l'automédication sont les facteurs favorables. Quant aux
vétérinaires privés, ils estiment qu'ils sont
confrontés à un contexte socio-économique marqué
par la concurrence déloyale, le refus des éleveurs de payer cher
pour la santé de leurs animaux, l'existence de vendeurs de
médicaments de la rue, de vaccinateurs locaux et l'automédication
qui limitent leurs possibilités d'information. Enfin, les chercheurs et
travailleurs du Projet BMZ, évoquent un manque de données et
d'informations disponibles sur les pratiques des agro-éleveurs et leurs
prestataires de services en matière d'utilisation des trypanocides et de
communication.
Parallèlement à ces sorties de terrain, nous
avons consulté un certain nombre de documents et d'écrits sur
l'élevage ; la santé en général et en
particulier celle des animaux ; l'information et la communication et la
méthodologie en sociologie. Cette revue documentaire a été
réalisée dans les bibliothèques et centres de
documentation spécialisée ci-après dont l'essentiel des
lectures faites est résumé dans la revue de
littérature :
- la bibliothèque du CIRDES ;
- la bibliothèque centrale de l'Université de
Ouagadougou ;
- la bibliothèque spécialisée du
département de sociologie ;
- la bibliothèque Pluri ;
- la documentation du groupe SHADEI, centre Muraz de
Bobo-Dioulasso ;
- la documentation de la DPRA du
Kénédougou ;
- la documentation du PNGT 2 du
Kénédougou ;
- la documentation de la Mairie d'Orodara ;
- la documentation du Haut-commissariat d'Orodara ;
- la documentation de la Direction Régionale de
l'Economie et de la Planification des Hauts Bassin (DREP/HB) de
Bobo-Dioulasso ;
- et de nombreux sites Web dont :
-
www.csdptt.org/article299.html;
-
www.esim.ch/catalogue.biblio.html;
-
www.umoncton.ca/johnson/so4710/bibliog.html;
-
www.etourdi.com/rubriques/k6_2.html.
5)
Problématique
Bonne connaissance de la maladie de la Trypanosomose Animale
Africaine (TAA) et usage des trypanocides indiqués par les
éleveurs, vente illicite de ces médicaments, insuffisance des
spécialistes de la santé animale, inapplication des textes
réglementaires et régulateurs de la médecine
vétérinaire en vigueur au Burkina caractérisent les
pratiques quotidiennes de gestion de la TAA dans la province du
Kénédougou. Formes courantes d'Automédication, elles ont
été signalées par Denis OUEDRAOGO (2002),
révélées par les enquêtes menées par le
Projet BMZ 2 sur les connaissances, pratiques et attitudes des éleveurs
(Résultats partiels, enquête CAP, 2003), décrites et
analysées par DELIA Grace (2003) et rapportées par Wolf-Dieter
Krueger (2004).
Cependant indiquent ces auteurs et l'ensemble des acteurs
impliqués dans cette pratique, il y a un manque d'informations sur
certains points critiques de l'utilisation des trypanocides à
savoir : le dosage, la maîtrise de la technique d'injection, le
diagnostic et l'attitude à adopter en cas d'échec du traitement.
Il se manifeste alors un grand besoin d'informations chez les
agro-éleveurs au point qu'il est impératif de savoir quelle est
la place de la communication dans le contrôle de la TAA ? Et quelles
sont les difficultés y afférentes ? Mais, de l'avis des
agro-éleveurs et leurs fournisseurs de trypanocides, l'information et la
communication occupe une place significative dans leurs pratiques trypanocides
dans la mesure où la consommation des trypanocides est perçue
comme un système d'échange. Toutefois, il ne s'agit pas seulement
d'échange marchand de trypanocides et de soins contre la TAA mais aussi
d'échange d'informations, de conseils et de connaissances.
Déjà le mérite revient à Marcel Mauss d'avoir mis
en relief la dimension symbolique de l'échange dans les
sociétés humaines. Mais si pour Mauss, cette dimension
symbolique est composée de relations sociales, pour Jean
Baudrillard3(*), il s'agit
d'information et de communication. En effet, cet auteur conçoit la
consommation comme l'achat de signes destinés à rentrer en
contact avec les autres au-delà de l'achat des biens et services pour
satisfaire un besoin économique. Pour ce faire, il compare la
consommation à un langage répondant à des codes transmis
par la famille, la publicité et les media. Dans ce sens, il pense que
l'achat d'un bien matériel (un vêtement, une voiture, etc.) permet
à un individu de communiquer ses valeurs aux autres et de
s'intégrer à l'intérieur d'un groupe. Ce qui fonde
l'existence d'un système d'information et de communication pour le
contrôle de la TAA chez les agro-éleveurs et leurs prestataires de
services vétérinaires. Il est mis en oeuvre à travers une
pluralité de stratégies et de canaux d'information dominée
par la communication interpersonnelle par le biais du contact physique et de la
parole. Du reste, c'est au contact d'un spécialiste quelconque de
l'élevage lors de ses sorties de terrain, au service, en pharmacie ou en
clinique que les agro-éleveurs acquièrent des informations et des
connaissances sur la santé animale.
Ainsi, la communication renvoie donc à l'ensemble des
activités, procédures et structures par lesquelles les
agro-éleveurs et leurs prestataires de services s'échangent les
informations sur la TAA. Appliquée à l'utilisation des
trypanocides, la vente et les traitements constituent les principales
activités de communication en tant qu'occasions
privilégiées de rencontre, de contact et de dialogue entre
agro-éleveurs et prestataires de services. Mais, si une majorité
des agro-éleveurs n'ont pas accès aux professionnels de la
santé animale, alors quelle est la conséquence sur la gestion de
leurs interrelations ? De plus sur le terrain, un ensemble de
procédures est mis en place tant du côté des
agro-éleveurs que de celui des prestataires pour rendre effectif les
transactions trypanocides. Mais, si les agro-éleveurs manifestent un
grand désir d'informations de qualité sur la TAA, il est
impératif de se demander quelles sont les possibilités de
communication y relatives ? Les services publics d'élevage, les cabinets
de soins privés et la rue représentent les structures de
communication en tant que lieux et espaces de rencontre, de contact et de
dialogue. Mais, lorsqu'elles sont insuffisantes et sous équipées
dans le Kénédougou sud, quels sont les effets induits sur la
communication ?
Enfin, l'utilisation des trypanocides se déroule dans
un contexte qui suscite des interrogations d'épars et d'autres. Ainsi,
comment les agro-éleveurs obtiennent les informations sur la TAA dans un
contexte socio-économique et socioculturel marqué par la pratique
de l'automédication, la pauvreté, l'analphabétisme, la
persistance de la TAA, l'utilisation massive des trypanocides, la
présence de la chimiorésistance et le développement de la
culture attelée ? Et quels sont les effets induits sur la
communication dans la mesure où l'action conjuguée de ces
facteurs entraîne une rareté des contacts avec les professionnels
de la santé animale et le recours massif aux non professionnels ?
De même dans un contexte socio-économique, socioprofessionnel et
institutionnel caractérisé par une concurrence déloyale
entre les prestataires de services, l'inaccessibilité et
l'indisponibilité des professionnels de la santé animale au
profit des non professionnels, l'inapplication des textes et lois sur la
pratique de la profession vétérinaire et la confusion des
rôles, comment se déroule la prise en charge des nombreux besoins
d'informations exprimés par les agro-éleveurs chez les
prestataires ? Et quels sont les effets induits sur la communication dans
la mesure où l'action simultanée de ces facteurs entraîne
moins de contacts entre prestataires professionnels et éleveurs et plus
de contacts entre ces derniers et les non professionnels ayant peu de
«culture vétérinaire»4(*) à transmettre ?
Certes, le contexte ci-dessus dépeint a une influence
sur la communication car il affecte les deux principes d'efficacité de
la communication à savoir la quantité et la
régularité des contacts d'une part et la qualité des
messages émis ou reçus d'autre part.
Ce qui introduit des « biais»5(*) dans la communication
entre agro-éleveurs et leurs prestataires par la réduction des
contacts et l'apparition de sources de blocage, de distorsion, de
rétention, d'intoxication et de déformation des informations
vétérinaires. C'est pourquoi, il convient de s'interroger sur
leurs conditions de communication afin de découvrir les biais y
afférents susceptibles de bloquer l'adoption de l'utilisation
rationnelle des trypanocides comme stratégie de lutte contre la TAA.
D'où la question fondamentale est de savoir comment
fonctionne le système de communication pour le contrôle de la TAA
chez les agro-éleveurs de la province du Kénédougou et
leurs prestataires de service vétérinaire?
Quels sont les canaux et stratégies de communication
par lesquels ils s'échangent les informations sur la TAA? Et, quels sont
les biais de communication y afférents ?
Quelles sont les logiques sociales qui sous- tendent leurs
comportements face à l'information et la communication ? Quelle est
l'ampleur de leur besoin en informations sur la TAA ?
6)
Revue de littérature
Dans les lectures faites, de nombreux auteurs ont
abordé directement ou indirectement dans leurs écrits la
problématique de la communication. Mais, les auteurs ci-dessous ont
retenu notre attention.
HARDON et al6(*) (1992) : ont abordé la
question de l'étude des systèmes d'approvisionnement et
d'information sur les médicaments en usage dans les communautés
humaines comme fondement épistémologique de leur démarche.
Dans un souci de concevoir une méthode particulière
destinée à l'usage des spécialistes de la santé et
des chercheurs disposant de peu de temps pour entreprendre de longues
recherches sur les problèmes auxquels ils sont confrontés chaque
jour, ces auteurs estiment que la maîtrise des sources auxquelles les
populations s'approvisionnent en médicaments et en informations
s'avère capitale. En ce sens qu'aidées par un habitus en gestion
sanitaire, les populations ont recours à une multiplicité de
sources (pharmacies privées, vendeurs ambulants, commerçants et
services étatiques). De plus, ils ont souligné la
nécessité de comprendre l'appropriation de la distribution des
médicaments par les agents de santé communautaire afin de saisir
non seulement les représentations sociales des gens autour des notions
de sécurité et d'efficacité des médicaments mais
aussi la conformité de ces pratiques d'avec les prescriptions
formalisées. Mais, si les thématiques abordées par Hardon
et ses collaborateurs concerne la consommation des médicaments humains,
l'auteur suivant s'intéresse à la consommation des
médicaments des animaux.
Denis OUEDRAOGO7(*) (2002) : étudiant sur les
pratiques paysannes en matière de gestion de la TAA dans sa thèse
de doctorat ès sciences économiques, il a analysé les
déterminants du fonctionnement du marché des trypanocides. A
partir de l'hypothèse qu'il existe une relation entre le mode de
fonctionnement de ce marché et le développement de la
chimiorésistance, il a abouti aux résultats suivants :
d'abord sur la base des critères de secteur d'activité principale
et de la qualification requise, il a dressé une typologie des acteurs
prestataires de services vétérinaires. Pour lui, une
pluralité d'acteurs participe au marché des intrants
vétérinaires ; mais il les regroupe en catégorie de
professionnels et de non professionnels.
Dans cette logique, il estime que la relation existante entre
ces prestataires et les producteurs est caractérisée par une
« asymétrie informationnelle » au point que
ces derniers ont des savoirs et savoir-faire limités sur les traitements
trypanocides. Ensuite, il a révélé la prédominance
du marché malien dans les circuits d'approvisionnement en produits
vétérinaires. Pour lui : « dans la province du
Kénédougou, les commerçants ambulants, les
propriétaires de grands troupeaux et les vendeurs achètent
généralement leurs produits vétérinaires sur les
marchés de brousse au Mali, notamment à Denderesso, Kouri,
Hèrèmakono et Tiokobougou » (OUEDRAOGO ;
2002, P104). Dans cette logique, il a recommandé qu'une étude
soit entreprise dans le sens d'une maîtrise des circuits
d'approvisionnement en produits vétérinaires chez les
éleveurs pour une meilleure gestion de la TAA. Mais, si dans cette
étude l'auteur commence à effleurer la problématique de la
communication dans la gestion des interrelations entre les producteurs et leurs
prestataires de service, dans l'étude suivante la communication est au
coeur de l'appropriation des innovations technologiques.
BONTOULOUGOU Jocelyne et al8(*), (2000) : ont mis
en relief les enjeux et l'influence de la communication dans l'appropriation
des innovations technologiques en milieu rural. En recherchant les causes de
l'échec de la mise en oeuvre du plan de lutte contre la TAA dans la
vallée du Mouhoun, ils ont analysé les rapports sociaux pouvant
exister entre prestataires de services professionnels et populations en tant
que raisons communicationnelles parmi les causes de l'arrêt des
activités. Pour eux, ces raisons sont sous tendues par des variables
socioculturelles (rapports sociaux de coopération et de conflit),
perception sociale des prestataires de service et de la qualité de ces
services) (P 41, 2000). Mais s'il ne s'agit que de difficultés
liées à la gestion des interrelations entre les différents
acteurs dans cette recherche, plus loin ce sont les canaux de communication et
la qualité de l'information qui constituent des sources de blocages
à l'adoption des innovations en milieu rural.
Ayoro Bertille9(*) (1998) : a inscrit dans son
mémoire de maîtrise en sociologie les canaux de diffusion et la
qualité de l'information au centre des blocages communicationnels
à la diffusion des innovations techniques en milieu rural. Pour cet
auteur, il y a blocage lorsqu'il y a inadéquation entre le réseau
de communication des vulgarisateurs d'avec celui des adoptants. De même,
la qualité de l'information dépend de la confiance
accordée à sa source de production. De ce point de vue, elle
rejoint les travaux américains et ceux réalisés par
Mendras et Forsé sur les mécanismes de diffusion des innovations
en milieu rural. L'ensemble de ces travaux a analysé le réseau de
communication en tant que circuit de diffusion de l'innovation. Ils se sont
attardés sur le rapport entre les sources d'informations
utilisées par les vulgarisateurs et celles des adoptants. En analysant
dans un premier temps, les sources d'information des adoptants, ils ont
montré qu'elles produisent des comportements nouveaux au niveau des
paysans. Ensuite, ils ont montré comment l'adéquation des sources
utilisées par les vulgarisateurs d'avec celles et les valeurs
culturelles du milieu local est facteur de succès de l'innovation.
Enfin, sur la base de cette variable ils ont dressé une typologie des
adoptants. Certes, une communication efficace est nécessaire pour une
meilleure diffusion et adoption des innovations. C'est pourquoi, les auteurs
suivants insistent sur la nécessité de saisir au mieux les
fonctions et les objectifs de la communication dans la société.
Monique L. Salomon et al,10(*) (1997) : ont mis
en relief dans leur ouvrage l'influence du système de communication sur
les processus d'adoption des innovations. Dans une perspective fonctionnaliste,
ces auteurs replacèrent la communication dans les structures
d'organisation de la société. Ainsi, rechercher les fonctions et
les objectifs de la communication et de l'information étaient au coeur
de leurs préoccupations. Pour ces auteurs, le système de
communication doit être appréhendé dans ses deux dimensions
d'organisation formelle et informelle
S'inscrivant dans la même logique, le rapport de
l'atelier de formation en vulgarisation qui s'est déroulé du
sept (7) au huit (8) Mai 1998 à Sokodé, au Togo sous
l'égide de la FAO dans le cadre du Projet régional de lutte
contre la TAA s'est penché sur la problématique de la formation
des agents de terrain en vulgarisation. Il souligne la nécessité
de la connaissance du milieu local par ces derniers afin d'éviter les
éventuelles situations de blocages. Ainsi, la maîtrise du
système de communication traditionnel en tant que fondement de toutes
les activités de communication et d'information par les animateurs
apparaît capitale. Dans cette logique, ce rapport présente les
médias traditionnels de communication et les acteurs sociaux.
Dans ce rapport, les MTC sont définis comme
étant toutes les formes organisées de production de savoirs et
de l'information gérées directement par la communauté
elle-même. « Réponses culturelles et
endogènes à la satisfaction des différents besoins en
matière d'informations, d'éducation, de protestation sociale et
de divertissement, ces MTC sont composés des contes, proverbes,
devinettes, chansons de femmes, masque, griots et musiciens ». Ce
rapport fait ressortir finalement que dans la société
traditionnelle l'informateur est le crieur public, le batteur de tam-tam, le
joueur de gong ; que l'éducateur est le notable, le sage ou le chef
et que ce dernier est source de production de l'information. Si ce rapport se
limite à une description des processus de communication, nous nous
sommes inspiré de Dominique Wolton qui en fait une analyse critique.
Dominique Wolton11(*) : dans son article sur «la
communication, un enjeu scientifique et politique majeur du XXIe
siècle », il établit un lien entre modèle
socioculturel et systèmes techniques de communication dans un contexte
de mondialisation de plus en plus marqué par le développement des
techniques de communication. A partir du constat que le développement de
ces techniques a rapproché les hommes et les sociétés, en
rendant plus visibles les différences culturelles, sociales et
religieuses, et en augmentant les inter compréhensions, il formule
l'hypothèse que «la communication est un enjeu scientifique et
politique majeur du XXIe siècle ».
En mettant en relation, le triomphe des techniques, la
réduction des espaces géographiques et celle des
différences culturelles, sociales et religieuses, la volonté de
tolérance entre les hommes et le besoin de communiquer, il parvient
à conclure qu'il faut « socialiser les techniques
pour éviter de techniciser la communication » (P310). Pour
lui, la communication est à la fois un «processus
technique »et une «valeur de
libération». Ainsi avant d'être
interpersonnelle ; media ou nouvelle ; politique et interculturelle,
elle est modèle d'organisation de la société, à
travers les valeurs, les symboles et représentations (P310). Avec ce
dernier, la communication à une dimension symbolique au-delà des
outils techniques qui se manifeste dans les stratégies de communications
des acteurs sociaux et dans la diversité des modes de communication.
Mais avec les auteurs ci-dessous, il apparaît une prédominance de
la communication interpersonnelle dans les stratégies de communication
en matière de santé chez les populations rurales.
Dr Kiyombo (Mbela) et al.12(*) (2002) : ont
analysé le système de communication des populations dans une
étude de base sur les comportements de la population rurale face
à la diarrhée dans deux zones de santé en
République Démocratique du Congo.
Cette étude dont l'objectif global est
d'élaborer une stratégie de communication pour le changement de
comportement en matière d'hygiène domestique s'est
déroulée dans un contexte de persistance de la diarrhée
chez les enfants de moins de cinq (5) ans en dépit des efforts combien
nombreux consentis par le Projet SANRU III pour le financement et la
construction d'infrastructures d'eau et d'assainissement visant à
l'amélioration de la santé rurale par la réduction de la
morbidité et de la mortalité dues à la diarrhée.
C'est donc face aux conséquences de la diarrhée sur les
ménages et les systèmes de Santé en terme de pertes de
ressources, à la précarité des conditions d'hygiène
domestique et aux comportements inadéquats des populations rurales ayant
bénéficiées des infrastructures réalisées
par le Projet SANRU III qu'un collectif d'auteurs dirigé par le Dr.
Kiyombo Mbela s'est interrogé sur la stratégie appropriée
pour promouvoir l'hygiène domestique présentée comme cause
de la persistance de la diarrhée.
En formulant l'hypothèse qu'il existe des facteurs,
aussi bien internes qu'externes liés au changement de comportement d'une
personne capables de bloquer ou de favoriser l'émergence de
comportements hygiéniques chez les populations, ces auteurs ont
exploré les domaines clés de l'hygiène domestique en
rapport avec la diarrhée à savoir le lavage des mains,
l'évacuation des excréta et la gestion de l'eau de boisson chez
les mères, les infirmiers, les médecins, les chefs coutumiers et
religieux.
Les résultats de cette recherche basée sur des
entretiens, des focus group et l'observation directe
révèlent que les mères tout comme les infirmiers sont
sensibilisées sur l'hygiène et ses relations avec la
diarrhée mais ont un niveau de connaissance faible en rapport avec le
lavage des mains, la gestion de l'eau et des excréta. Mieux les
infirmiers connaissent la nécessité de cette hygiène, mais
ne savent pas tous les moments critiques de lavage des mains. Par ailleurs,
ces auteurs remarquent que les différents comportements sont
supportés par des croyances défavorables et l'insuffisance des
équipements. De plus, cette étude révèle la
diversité des sources d'information chez les populations
observées. La communication interpersonnelle est
privilégiée et se réalise par le biais du contact physique
dans le centre de santé, à domicile et dans les lieux de culte
(église, mosquée, temple etc.).
Cette communication interpersonnelle est aussi
utilisée sous sa forme traditionnelle et gérée par les
chefs du village et le crieur. Ce qui s'inscrit dans la vision dite de la
communication sociale décrite par Alex Mucchielli et ses collaborateurs.
Mucchielli, (Alex), Corbala (J.A.) et al13(*). (1998) : avec
ces auteurs se dessine une approche critique des méthodes d'étude
des communications, longtemps dominées par le paradigme de la
communication individuelle.
A travers « deux visions de la
communication », ces auteurs font une analyse critique des deux
méthodes d'étude des processus de communication connues de nos
jours à savoir la communication individuelle et celle dite sociale.
Ainsi, ils pensent que si pendant des siècles le
paradigme de la communication individuelle a permis d'élucider de
nombreuses problématiques des communications dans les sciences sociales,
il apparaît de nos jours comme un « idéal type
» au regard de l'influence de plus en plus marquée du contexte sur
les processus de communication. Face à cette nouvelle
problématique, Alex Mucchielli et ses coauteurs proposent un
dépassement de ce modèle pour prendre en compte la dimension
culturelle de tout processus de communication.
Mais avant, ces auteurs ont présenté deux
approches de la communication à savoir la communication individuelle et
la communication sociale fondées sur leur conception de l'individu et de
sa relation avec la société globale. En effet, suivant le
modèle dit « communication individuelle »,
l'individu est conçu comme une«entité constituée
d'un corps et d'un esprit», close, renfermée et
séparée de son semblable, mais douée de raison et de
volonté. Toutefois, pour les tenants de la « communication
sociale, l'individu apparaît comme «un acteur social»
«participant»d'une totalité qui le subsume à savoir la
société globale ». Il est vrai qu'avec cette
théorie, le concept d'acteur soit revisité et construit sur la
base de la culture locale, mais il faut reconnaître qu'en matière
de communication, l'individu à toujours été acteur du fait
qu'il utilise ses sens (bouche, oreilles, yeux) et la langue
(élément culturel par excellence) pour communiquer. C'est
pourquoi il faut refuser à ces auteurs l'opposition systématique
entre les deux modèles qu'ils présentent. Il faut plutôt y
voir une complémentarité, car ce qui transparaît dans la
communication sociale n'est rien d'autre qu'une prolongation plus
pérenne de la communication individuelle. A notre sens, si on va de la
communication individuelle à la communication sociale, ce qui change
fondamentalement n'est pas le processus de communication avec ses acteurs,
moyens et canaux, c'est plutôt le temps et l'espace.
De tout temps et en tout lieu, l'homme se sert de ses organes
de sens (bouche, oreilles, mains, yeux) et de sa culture pour communiquer.
Sous ce rapport nature et culture se complètent utilement pour que nous
puissions nous consulter, mettre en commun les choses que chacun de nous
détient par devers soi. Toutefois, de cette opposition, signification et
contexte des communications apparaissent comme pistes de recherche.
En sommes, cette revue de lecture révèle une
multiplicité d'études descriptive et analytique de la
communication qui ont inspiré nos analyses et nos réflexions
partant du cas de la gestion des interrelations chez les éleveurs de la
province du Kénédougou et leurs prestataires de services
vétérinaires.
II/ Construction du modèle
d'analyse théorique
1)
Cadre de référence sociologique
Nous optons pour une combinaison de rationalité
individualiste et celle dite collective. Car l'utilisation des trypanocides se
présente comme un cas d'innovation technique dont l'adoption
relève avant tout de l'individu et de son bon vouloir. Par ailleurs, il
faut se convaincre que cet individu est membre d'une société,
d'une collectivité avec quoi il interagit dans ses prises de
décisions. Dans cette logique notre cadre de référence est
interactionniste ; celui que nous empruntons à MENDRAS et FORSE.
Ces auteurs ont utilisé ce modèle dans l'analyse des
mécanismes d'adoption et de diffusion du maïs hybride en France.
Ils sont partis du principe que dans les processus d'adoption et de diffusion
des innovations, la prise de décision se fait en trois étapes
à savoir : l'information, le savoir et la persuasion. Chacune de
ces étapes est sous l'influence de quatre variables : l'individu et
ses motivations, la qualité de l'innovation, les sources d'informations
et de communications et le système de valeurs sociales.
2)
Elaboration des hypothèses de travail.
a)
Hypothèse principale :
Dans la province du Kénédougou, la
communication existante entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de
services vétérinaires pour le contrôle de la Trypanosomose
animale africaine est biaisée par les difficultés
infrastructurelles, socioculturelles, économiques, professionnelles et
contextuelles auxquelles ils sont confrontés dans l'utilisation des
trypanocides.
b)
Hypothèses secondaires :
- il existe des stratégies et des canaux de
communication par lesquels les agro-éleveurs acquièrent et
s'échangent les informations sur la TAA ;
- les logiques sociales qui sous-tendent leurs comportements
sont inscrites dans leurs habitudes socioculturelles de gestion de la
santé et de la communication ;
- les caractéristiques socioprofessionnelles de
l'informateur ; la proximité, l'accessibilité, la
disponibilité et la crédibilité de la source d'information
déterminent plus les comportements des agro-éleveurs dans le
choix des sources d'informations sur la TAA ;
- les pratiques et attitudes des fournisseurs de trypanocides
influencent de manière significative sur la relation de communication
existante entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires.
3)
Identification des variables et leurs indicateurs
Dans la présente étude deux catégories
de variables provenant des outils d'enquête utilisés ont
été identifiées : les variables indépendantes
et les variables dépendantes.
a) les
variables indépendantes
A partir des outils élaborés par le Projet, les
variables suivantes semblent influencer de façon indirecte les actes et
comportements de nos enquêtés face à l'utilisation des
trypanocides et la communication. Ce sont : l'âge, le statut
familial, l'appartenance religieuse, le groupe ethnique, l'effectif du
cheptel, l'origine géographique, le statut socio-professionnel, le
niveau d'instruction, le niveau de formation et le niveau d'expérience.
Les variables et leurs indicateurs sont consignés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 1:Tableau récapitulatif des variables
indépendantes et leurs indicateurs.
Variables
|
indicateurs
|
Age
|
Jeune et vieux ou enfant et adulte
Aîné et cadet
|
Sexe
|
Homme
Femme
|
Religion
|
Animiste
Musulman
Chrétien
|
Niveau d'instruction
|
Scolarisé, non scolarisé
Alphabète, analphabète
|
Statut familial
|
Chef de famille / personne
déléguée
|
Appartenance ethnique
|
Siamou, Sénoufo, Toussian, Dioula, Samogho, Mossi,
etc.
|
Taille du troupeau
|
Petit troupeau (moins de 25 têtes) ;
Moyen troupeau ([25-50 têtes]) ;
Grand troupeau (plus de 50 têtes)
|
Niveau de formation
|
Formé par le Projet / non formé
|
Niveau d'expérience
|
Expérimenté / sans
expérience.
|
b) les
variables dépendantes.
Il s'agit d'un ensemble d'éléments observables
sur le terrain susceptibles de modifier la compréhension du
phénomène que nous étudions. Ils se rattachent à
l'aspect géographique, aux infrastructures, aux équipements, aux
activités des enquêtés et les différentes variantes
de l'automédication et de la communication.
1/ Milieu d'origine;
2/ Nature des infrastructures vétérinaires
disponibles ;
3/ Lieu de localisation de ces infrastructures ;
4/ Leur niveau d'équipement ;
5/ Historique des infrastructures ;
6/ Les lieux de travail
7/ Service vétérinaire et ses
indicateurs :
- périodes d'activité des services,
- types de consultations effectives,
- types de traitements disponibles,
- qualité des traitements,
- mode de prise en charge.
8/ gestion des pharmacies vétérinaires et ses
indicateurs :
- périodes d'activité ;
- médicaments vendus ;
- conditions de livraison et d'achat de ces
médicaments ;
- conditions de conservation de ces
médicaments ;
- l'observance des principes déontologiques ;
- caractéristiques du personnel
employé ;
- la rentabilité.
9/ vente des médicaments de la rue et ses
indicateurs :
- périodes d'activité ;
- circuits d'approvisionnement et de distribution ;
- caractéristiques des vendeurs ;
- conditions d'achat et de vente ;
- types de médicaments vendus ;
- conditions de conservation des médicaments ;
- la rentabilité.
10/ Qualité de l'accueil du public auprès des
prestataires et ses indicateurs :
- temps d'attente ;
- personnel d'accueil ;
- temps de consultation ;
- conseils.
11/ Système de communication et ses
indicateurs :
- acteurs ;
- bases sociales ;
- les outils de communication ;
- les logiques de communication ;
- significations sociales et individuelles de la
communication.
12/ Information et ses indicateurs :
- types d'information disponibles ;
- types d'information désirés ;
- sources d'information ;
- circuit de l'information ;
- qualité de l'information ;
- usages sociaux de l'information ;
13/ Stratégie de communication et ses
indicateurs :
- réunions ;
- conférences ;
- visites à domicile ;
- conseil des anciens ;
- conseils de famille ;
- assemblées villageoises ;
- formations ;
- journaux
- conseils après vente et traitements ;
- discussions dans les groupes restreints ;
- information ;
- sensibilisation.
14/ Besoin d'information et ses indicateurs :
- étiologie de la TAA ;
- itinéraire thérapeutique
approprié ;
- description de la TAA ;
- les médicaments de qualité ;
- l'attitude à adopter en cas d'échec de
traitement ;
- délai d'attente ;
- soins d'un animal malade.
4)
Construction des concepts
« C'est un fait amusant, parfois affligeant,
mais toujours paradoxal que les sociologues et anthropologues n'ont
guère su utiliser d'une manière collective les symboles
linguistiques ; ils ont la triste réputation de ne pas s'entendre
sur les termes. C'est donc peut être surtout au plan macrosociologique
que le vocabulaire devient le plus hésitant : les termes se
mêlent ou glissent sous nos doigts, la confusion est maîtresse
» (Roger, (G), 1968, P14).
Cette phrase exprime toute la nécessité de
définir les concepts que nous employons. Même si Marcel Mauss
pense qu'il s'agit de définition provisoire, E. Durkheim nous recommande
d'en faire une première tâche afin d'éviter les confusions
et de dire clairement aux autres ce qui est en question. Mais, quelle est la
portée sociologique de ce débat qui ressemble fort à une
polémique familiale entre Durkheim et son neveu Mauss ?
Définir les concepts dans une recherche revient à asseoir ses
bases scientifiques à savoir son universalité, sa
spécificité et son originalité. En effet, n'est-ce pas
dans les mots qu'il utilise que le sociologue se singularise par rapport
à l'économiste, au psychologue ou au juriste ? N'est-ce pas
aussi dans la conceptualisation qu'on reconnaît l'ancrage sociologique et
l'originalité d'un débutant en recherche ?
Pour se conformer à cette exigence, nous
définissons les concepts ci-après : automédication,
communication, déterminants sociologiques, information
vétérinaire, innovation technique, médecine
vétérinaire, prestataires de services vétérinaires,
sphères de relation, stratégie d'information et de communication,
système de représentations sociales et utilisation rationnelle
des médicaments/trypanocides.
a)
Automédication
C'est le choix et la prise de médicament sans avis
médical selon le Petit Larousse illustré (1992). Ce concept a
reçu plusieurs définitions dans le domaine de la santé
humaine. Elles mettent en exergue les différentes conceptions de
l'automédication. Mais, nous nous appuyons sur la définition
donnée par Roger Zerbo (2002) pour élaborer une acception qui
soit applicable à la santé animale. Prenant acte des
définitions usuelles en sociologie et anthropologie de la santé,
ce dernier dira que
l'automédication « caractérise une situation
dans laquelle une personne entreprend d'acquérir un médicament
pharmaceutique et de se faire un traitement médical sans aviser un
spécialiste en la matière » (Zerbo, 2002, P22-23).
L'existence d'un mal vécu ou son soupçon et l'assistance
médicale sont au fondement de son acception. D'où en dernier
ressort, il pense que c'est « une forme autonome de soin
où le patient devient lui-même son propre médecin, une
thérapie présomptive sans assistance
médicale » (Zerbo, 2002, p 23).
Appliquer à notre contexte, le concept
« d'assistance médicale » est à
relativiser. Est-ce qu'une personne qui va acheter son médicament en
pharmacie avec ou sans ordonnance n'est pas assistée
médicalement ? Est-ce qu'une personne qui se soigne lui-même
en demandant conseil et aide d'un quelconque spécialiste en la
matière n'est pas médicalement assistée ? Est-ce
qu'un spécialiste de la santé qui vend des médicaments ou
effectue des traitements non conformes aux règles et lois en vigueur
dans le pays ne pose-t-il pas un acte d'automédication ? Nous
pensons qu'il faut prendre en compte et au sérieux sa dimension
juridique et institutionnelle dans la mesure où ce fait
d'automédication est présent aussi bien du côté des
demandeurs de médicaments et de soins que de celui des fournisseurs.
C'est pourquoi, nous dirons tout simplement que l'automédication est un
acte de choix et de prise de médicament avec ou sans assistance
médicale par une personne malade ou soupçonnée
l'être. C'est un acte de choix et de prise de médicament
médicalement et socialement assisté ou pas, accompli par un
éleveur pour prévenir ou guérir son bovin malade de la TAA
ou soupçonné l'être.
b)
Communication
D'origine latine, ce concept revêt des significations
variées qui se sont construites sur la base d'une définition
première et en fonction des différents contextes d'usage. En
effet, dans le Petit Robert (1976), la communication renvoie à l'action
de communiquer. Par ailleurs, il définit communiquer comme le passage ou
l'échange de messages entre un sujet émetteur et un sujet
récepteur au moyen de signes ou signaux (Dictionnaire de langues
françaises, 1976). A partir de cette définition, la communication
est un processus d'interaction entre deux personnes ou deux groupes. Il s'agit
là de la communication interpersonnelle. Partant de cette acception de
base, la communication a fait l'objet d'usages et d'interprétations
variés allant de la linguistique à la psychologie en passant par
la technologie, la psychologie sociale et la sociologie. Ainsi pour SHANNON, la
communication est un système, mettant en présence des
éléments tels que la source, le canal, le destinataire et le
message. Quant à WESLEY Mac LEAN, la communication est une situation
où le message requiert une importance capitale. Aussi, pour des auteurs
comme LASSWELL, BALLE et COOLEY, la communication est un processus à
travers lequel des significations sont transmises entre personnes ou entre
groupes. Très spécifiquement pour Charles COOLEY cité par
R MUCHIELLI, « c'est le mécanisme par lequel les relations
humaines existent et se développent ; elle inclut tous les symboles
de l'esprit avec les moyens de les transmettre à travers l'espace et de
les maintenir dans le temps. Elle inclut l'expression du visage, les attitudes,
les gestes, le ton de la voix, les mots, les écrits, l'imprimé,
le chemin de fer, le téléphone, le télégraphe et
tout ce qui va jusqu'au dernier achèvement de la conquête de
l'espace et du temps » (MUCHIELLI, 1984, P32).
Si jusqu'à présent la communication se
conçoit uniquement en rapport avec les techniques et la
société, les définitions qui vont suivre
établissent une relation d'avec le changement, en particulier le
changement de comportement en matière d'innovation technique. La
communication désigne l'ensemble des activités, des
procédures et des structures par lesquelles les hommes
s'échangent des mots, des signes, des représentations. On
distingue deux grandes dimensions de la communication : la communication
interpersonnelle, entre deux personnes seulement, et la communication
médiatée, qui fait intervenir un nombre indéfini de
personnes dans des formes fixées pour tous ceux qui appartiennent
à la même société ou à la même
communauté. Tandis que la communication interpersonnelle s'inscrit dans
les formes du langage (langue, gestes, expressions du visage, etc.), la
communication médiatée s'inscrit dans les médias,
censés diffuser dans l'espace public des informations mises en forme par
un médiateur (journaliste, publicitaire, animateur culturel,
professionnel du spectacle, etc.) au nom d'un destinateur (journal,
institution, parti politique, etc.) qui donne une légitimité, une
consistance institutionnelle, à la communication ainsi produite et
diffusée. Le destinateur peut être un acteur existant
concrètement (gérant de journal, marque faisant de la
publicité, auteur dramatique), ou existant dans des formes sociales non
identifiables à un acteur (un parti politique, une opinion ou une
idéologie, un système politique, une culture dominante, qui
s'expriment par des médias interposés). Il ne faut pas confondre
le destinateur, qui donne sa légitimité au message, et le
destinataire, à qui il est destiné. (Lamizet B. in Benoît D
(DIR.)14(*) 1995, p 131).
Il y a communication quand un message est émis et reçu. En
matière d'
éducation
pour la santé, un message est une chose que l'on considère
important que les membres de la communauté sachent ou fassent. L'origine
peut en être un agent de santé local, les pouvoirs publics ou les
membres de la communauté eux-mêmes qui reconnaissent la
nécessité d'un changement. Il est transmis directement lors d'une
conversation privée, d'une réunion de groupe ou d'un
exposé ayant trait à la santé, ou indirectement à
la radio ou dans un journal. Ce qui importe est ce qui se produit quand le
message parvient aux gens auxquels il est destiné. S'ils l'entendent, le
comprennent et sont enclins à le croire, il y a eu bonne communication.
Il est rare que la communication à elle seule modifie un comportement
car, un comportement est trop complexe pour cela. Mais il est nécessaire
de faire entendre, comprendre et croire certains faits ou certaines
idées pour ouvrir la voie aux modifications de comportements
souhaités et à une participation de la communauté en
connaissance de cause. (OMS, L'éducation pour la santé, 1990, p
198)15(*). De toutes ces
définitions, la différence entre les auteurs se situe au niveau
du canal utilisé, du code employé et du contexte dans lequel se
déroule la communication.
Les processus de communication se réalisent sous deux
formes : la forme interpersonnelle et celle dite médiatée
impliquant six éléments à savoir un émetteur, un
récepteur, un message, un canal, un code et un contexte.
Dans notre étude, l'émetteur et le
récepteur sont soit un individu soit une institution ou un groupe
social. Le canal est la parole et le message est l'ensemble des connaissances,
pratiques et attitudes, actes et comportements, informations relatif à
la santé animale. Quant au code, c'est l'ensemble des valeurs et
représentations sociales, normes et règles sociales
régissant la vie sociale des agro-éleveurs et leurs prestataires
de services vétérinaires. Enfin le contexte implique les bases
sociales, les lieux et espaces sociaux, l'idéologie, la
mentalité, les croyances et les pratiques magico-religieuses,
caractéristique de leur vie sociale. Dans la province du
Kénédougou, canal, code et contexte donnent un sens particulier
aux processus de communication qui s'y déroulent. C'est pourquoi, nous
définissons la communication comme un processus d'échange de
choses matérielles et immatérielles propres à la
société des agro-éleveurs et leurs prestataires de
services entre deux individus mis face à face. Très
spécifiquement, c'est un échange de questions-réponses, de
conseils et de culture vétérinaire entre deux éleveurs ou
entre un éleveur et son prestataire de service mis face à face
dans les conditions limitatives du temps et de l'espace. Il est socialement et
culturellement déterminé.
c)
Déterminants sociologiques
Le mot déterminant désigne couramment ce qui
est explicatif d'un fait. Il est de ce fait synonyme de facteur, de raison, de
cause. En effet, «outre son sens mathématique trop
spécial pour être exposé ici ce mot est utilisé
quelque fois pour désigner chacun des éléments qui
détermine un fait ou un résultat» est-il écrit
dans (Lalande, 1976, p 220). Dans ce sens il s'agit de facteur dans
l'entendement de GUY ROCHER écrivant ceci : «en effet un
élément d'une situation donnée qui, du seul fait de son
existence ou par l'action qu'il exerce entraîne ou produit un
changement» (ROCHER, 1968, T3, page 25). Cette conception est
dominante dans beaucoup de recherches portant sur l'étude des
déterminants, depuis les études de corrélations
mathématiques initiées en sociologie par DURKHEIM jusqu'à
nos jours. Il convient de savoir que ce concept a aussi une acception
linguistique et une acception psychologique.
Mais dans tous les cas, il se dégage un invariant qui
est la relation s'établissant entre deux faits, deux objets ou tout
autre chose. Ce qui est au fondement de notre analyse des pratiques d'usage des
trypanocides et de la communication y afférente. En ce sens que la
communication entreprise par les agro-éleveurs pour le contrôle de
la TAA est sous tendue par l'ensemble des valeurs, mentalités,
idéologies, attitudes, normes et règles, croyances et
représentations sociales associé aux pratiques de gestions des
maladies animales en particulier la TAA.
d)
Information vétérinaire
Selon le petit Larousse illustré (1992), l'information
est l'action d'informer, de s'informer. Couramment, elle désigne la
chose qu'on communique qui peut être une annonce, un avis, un message,
une note, une nouvelle, un renseignement etc. C'est le contenu, la substance,
l'élément mobile de la communication selon la littérature
sociologique. Pour nous, cette chose, ce contenu, cette substance, cet
élément mobile a une signification. Et, c'est la formation de
l'esprit par l'apport des connaissances nouvelles. Elles sont
constituées des messages vétérinaires. Or, dans notre
étude, les messages vétérinaires constituent l'ensemble
des connaissances, attitudes, pratiques et représentation des
éleveurs et leurs prestataires de services dans le domaine de la
santé animale leur permettant de gérer la TAA, d'échanger
et de se partager les expériences, les compétences et les
habitudes acquises en la matière. C'est pourquoi l'information
vétérinaire se définit comme un acte de formation des
éleveurs et leurs prestataires de service par l'apport de l'ensemble des
connaissances, attitudes, pratiques, représentations et croyances
relatives à la TAA. Cette définition s'adapte mieux à leur
contexte d'autant plus que dans leur système d'information et de
communication, l'important est accordé à la signification de
l'information qu'à son contenu.
e)
Innovation technique
Le concept d'innovation technique est une catégorie
centrale d'analyse en sociologie rurale. Il a reçu des contenus divers
selon les auteurs. Mais nous faisons allégeance à Olivier De
Sardan16(*) qui
définit l'innovation technique comme : «toute
«greffe» de techniques, de savoirs ou de modes d'organisation
«inédits» (en général sous forme d'adaptations
locales à partir d'emprunts ou d'importations) sur des techniques,
savoirs et modes d'organisation en place ». Partant de cette
définition, il établit un lien entre innovation et changement
social. En ce sens qu'elle est perçue comme un processus de changement
social donnant lieu à plusieurs interprétations. Mais ce qui nous
intéresse, c'est le type de rapport existant entre les
éléments empruntés ou importés et ceux existants
sur place dans lequel réside l'intérêt d'étudier
l'innovation. A ce sujet, de nombreux chercheurs, ayant adopté une
perspective moderniste l'ont analysé en terme de rupture, d'opposition
entre l'emprunt et l'existant. En conséquence, l'innovation leur posait
des problèmes qui s'exprimaient en termes de«
blocage», de« résistance », de
«frein»ou de «refus ». Mais à
l'examen de ces termes, le succès ou l'échec d'une innovation
dépend plus de son importance pour les adoptants. Plus cette importance
est certaine plus elle réussit et vis versa. Cette importance est
appréciée par rapport à l'existant dans une logique de
complémentarité ; car l'important réside justement
dans le surplus apporté par l'innovation. C'est dans cette perspective
que nous abordons l'innovation technique.
f)
Médecine vétérinaire
Le Petit Larousse illustré (1992)
définit la médecine comme : « l'ensemble des
connaissances scientifiques et des moyens mis en oeuvre pour la
prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures
ou infirmités ». Cette acception a été
reprise par Roger Zerbo (2002) lorsqu'il définissait la
« médecine moderne » comme étant
« une pratique thérapeutique au cours de laquelle la prise
en charge du patient consiste à administrer de produits médicaux
modernes. Ces produits sont recommandés ou prescrits par un
thérapeute qui a acquis la connaissance du métier suite aux
études de médecine, sanctionnées par un diplôme.
(...) » (ZERBO, 2002, p 32). Mais cela s'applique aux maladies
des hommes et marque la différence entre cette médecine et celle
dite traditionnelle.
Pour celles des animaux, c'est le mot
vétérinaire qui convient. Et, un vétérinaire se
définit comme « une personne qui, diplômée
d'une école nationale vétérinaire, exerce la
médecine des animaux » (Petit Larousse illustré,
1992). Prenant acte de ce qui précède, nous définissons la
médecine vétérinaire comme l'ensemble des connaissances
scientifiques et des moyens techniques mis en oeuvre pour la prévention,
la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou
infirmités des animaux. Très spécifiquement, c'est
l'ensemble des connaissances et moyens techniques mis en oeuvre pour la
prévention et la guérison de la TAA. Ces connaissances et moyens
techniques sont obtenus soit dans une école, soit dans une
université ou un institut et reconnus légalement par le
diplôme de docteur vétérinaire.
g)
Prestataires de services vétérinaires
Tiré du jargon des économistes, ce concept est
né de la volonté de ces derniers de trouver un concept à
mesure d'intégrer les services en tant que biens économiques. Son
emploi touche tous les domaines de l'activité humaine à la faveur
de la libéralisation des échanges et la globalisation de
l'économie qui n'épargne actuellement aucun domaine. S'inscrivant
dans cette dynamique, « prestataires de services
vétérinaires » désigne l'ensemble des
acteurs ayant pour activité principale ou secondaire la vente, la
distribution, la consommation des médicaments vétérinaires
et les traitements des maladies animales, en particulier la trypanosomose.
Dans notre cas spécifique, ce sont les agents publics
d'élevage, les docteurs vétérinaires, les vendeurs de
médicaments de la rue, les vaccinateurs, les éleveurs
propriétaires de grands troupeaux et certains commerçants. Par
leurs rôles et les liens qui s'établissent entre eux, les
prestataires de services vétérinaires s'appréhendent en
deux catégories dans la province du Kénédougou à
savoir : les professionnels de la santé animale (les docteurs
vétérinaires, les techniciens d'élevage et les
ingénieurs zootechniques) et les non professionnels (vendeurs de
médicaments de la rue et les vaccinateurs). Du point de vue
économique on parle de secteur formel et de secteur informel pour
désigner les deux catégories précitées.
Toutefois, sur la base de la privatisation qui sépare
le rôle de l'Etat d'avec celui des individus, on parle de secteur public
(agents des services d'élevage embauchés comme fonctionnaires de
l'Etat) et de secteur privé (vétérinaires privés et
leurs représentants ou employés ; vendeurs des
médicaments de la rue ; vaccinateurs locaux et quelques
commerçants ordinaires). Prenant acte des différentes
appellations, nous les emploierons en fonction des variables suivantes :
niveau de qualification (diplôme), niveau de légalité
(textes et lois) et type d'institution (Etat ou marché) dès qu'il
sera nécessaire.
h)
Sphères de relation
Ce concept tire son origine de la théorie des
sphères en communication. Il renvoie aux différents milieux qui
influencent les capacités de communication au niveau de l'individu.
S'appuyant sur cet acquis théorique, nous définissons une
sphère de relation comme des cercles d'activités multiformes
auxquelles personne n'y échappe dans une société
donnée. Chaque sphère dispose d'une capacité d'influence
qui est fonction des variables âge, sexe, statut social et disposition
biophysique de l'individu. En apparence isolée, une sphère de
relation se caractérise par sa capacité d'interférer avec
telle ou telle sphère. En se fondant sur les sphères pour
analyser l'influence socioculturelle sur le processus de communication chez les
agro-éleveurs, nous nous intéressons aux relations sociales dans
la famille, au travail, avec les groupes de pairs et en aventure comme bases
sociales de la communication.
i)
Stratégie de communication
Selon le Petit Larousse illustré (1992), une
stratégie est un art, l'art de coordonner des actes, des actions, des
manoeuvres en vue d'atteindre un but précis. Roger Zerbo s'est
appuyé sur cette définition lorsqu'il construisait son concept de
stratégie thérapeutique comme étant « tout
ce qui entre dans l'univers médical des ménages »
(Roger Zerbo, 2002, p35). Appliquer à la communication, Dominique Wolton
énumérera un ensemble de faits, gestes, comportement, attitudes
et représentations des individus face à la communication qu'il
qualifie de « diversités de modes de
communication » comme étant les stratégies de
communication.
Prenant acte de ces définitions, nous entendons par
stratégie de communication dans notre étude, tout ce qui entre
dans l'univers d'information et de communication des agro-éleveurs et de
leurs prestataires de services, utilisé ou susceptible d'être
utilisé par ces derniers pour transmettre et recevoir des messages
vétérinaires.
j)
Système de représentations sociales
L'expression système de représentations
sociales est beaucoup utilisée en sociologie. De nos jours, elle est une
catégorie centrale d'analyse sociologique.
De ce fait, nous n'avons aucune intension de la discuter ici,
car nous manquons de ressources matérielles, intellectuelles et
méthodologiques nécessaires. Notre objectif est de fournir les
éléments entrant dans notre étude. D'emblée, il
faut entendre par représentations sociales selon Jodelet, (D),
(1989)17(*),
« l'acte de penser par lequel un sujet se rapporte à un
objet qui peut être une personne, une chose, un évènement
naturel, une idée ». Sous ce premier angle, elles
désignent le rapport des individus à leur environnement physique,
social et mental. Ce qui est variable d'un individu à un autre ou d'une
société à une autre. A ce propos ABRIC (JC),
(1994)18(*) écrit
qu' «elles sont à la fois le produit et le processus d'une
créativité mentale par laquelle un individu ou un groupe
reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une
signification spécifique ».
Nous remarquons qu'à travers cette citation, une
insistance est faite sur la dimension psychologique. Toute chose qui met en
relief plus la perception psychosociale que celle socioculturelle dans la
mesure où chaque individu construit au cours des échanges qu'il
entretient avec autrui ces images mentales correspondant à ses jugements
sur les divers objets de son univers. D'où, en guise de
complément, nous convoquons Gilles Ferréol, dans Dictionnaire de
sociologie qui, intègre dans sa définition, les croyances, les
valeurs, les règles et les normes, les idées etc....bref la
dimension socioculturelle . Si nous définissons un système comme
un ensemble cohérent, organique, fonctionnel et logique, alors le
concept de système de représentations sociales prend la
signification d'un ensemble cohérent d'idées, de valeurs, de
modèles, de croyances, de règles, de normes et connaissances
organisées en interaction constante et perpétuelle dont la
logique de fonctionnement concerne la gestion des interrelations sociales et
qui organisent, structurent, guident et déterminent la vie et les
pratiques des acteurs.
k)
Utilisation Rationnelle des Médicaments /Trypanocides
D'origine Anglaise, c'est la traduction en Français de
l'expression « Rational Drug Use ». Cette
expression provient de l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) qui l'a
créée et vulgarisée depuis 1980 dans le domaine de la
santé humaine. Mais, il faut souligner qu'on en est venu à
l'emploi de cette expression dans le contexte d'apparition de résistance
aux médicaments par les agents pathogènes des maladies
parasitaires (l'exemple du paludisme).
Selon l'OMS cité par Délia Grace19(*), on parle de Rational Drug use
(Utilisation Rationnelle des Médicaments) quand un
« médicament approprié pour une maladie est
administré correctement en un intervalle de temps adéquat et
à moindre coût au bénéfice du patient (malade) et sa
communauté » Partant de cette définition, des
concepts analogues se sont développés dans la littérature
médicale. Ce sont « appropriate drug use »
(utilisation appropriée des médicaments) et
« judicious drug use » (utilisation judicieuse des
médicaments) dont la différence d'avec l'utilisation rationnelle
des médicaments se situe dans la non prise en compte de la
résistance par ces derniers.
Appliqué pour la première fois dans le domaine
de la santé humaine, ce concept gagne progressivement la santé
animale par le biais de l'Organisation Internationale des Epizooties (OIE),
homologue de l'OMS dans ce domaine. Il est connu et enrichi sous l'appellation
« Prudent Drug Use » ou
« Responsable Drug Use » (Délia, 2003,
PP4-5) .Mais les chercheurs et experts travaillant dans le projet BMZ-
ILRI ont gardé la terminologie utilisée par l'OMS au sens de
Prudent Drug Use. Pour eux, l'utilisation rationnelle des médicaments
dans le domaine de la médecine vétérinaire est une
stratégie de lutte contre la TAA en présence de la
chimiorésistance.
Elle consiste :
- techniquement à faire un bon diagnostic de la
maladie, à choisir un médicament trypanocide de bonne
qualité et à prix abordable, à faire un dosage correct par
l'estimation du poids de l'animal, à faire une bonne administration
(bonne préparation du médicament, bon choix du site d'injection,
stérilisation des matériels, et bonne maîtrise de la
technique d'injection) tout en respectant les conseils d'hygiène, de
sécurité et de posologie nécessaire ;
- médicalement, c'est un recours thérapeutique
efficace, pratique, simple, faisable mais difficile à appliquer parce
qu'il va à l'encontre des textes et lois réglementaires et
régulateurs de la médecine vétérinaire au Burkina
;
- économiquement, c'est une stratégie de lutte
qui réduit les dépenses allouées à l'achat des
trypanocides par les éleveurs ;
- socialement, c'est une stratégie d'information et de
formation des éleveurs sur la santé animale en particulier la
TAA, visant à renforcer leurs connaissances et compétences en la
matière dans sa pratique, mais une automédication dans son
principe;
- Institutionnellement c'est une stratégie
d'organisation particulière de la médecine
vétérinaire au Burkina Faso soit en appliquant les textes et loi
en vigueur, soit en les revisitant pour prendre en compte l'importance et le
rôle de chaque acteur social ;
- Culturellement, l'URM/URT est une innovation technique dans
le domaine de la santé animale en particulier dans la lutte contre la
TAA qui vient renforcer la stratégie existante à savoir l'usage
des trypanocides. En tant qu'innovation, elle implique des bouleversements et
changements sociaux.
Toutefois, nous la définissons comme une
stratégie d'information et de communication visant à
améliorer les connaissances et compétences des
agro-éleveurs en matière de gestion de la santé animale,
en particulier la TAA dans la province du Kénédougou.
III/ Méthodologie
Voulant comprendre les logiques et représentations
sociales qui sous-tendent les processus d'information et de communication
relatifs à la gestion de la santé des bovins, notre approche
méthodologique est de type hypothético-déductif à
la fois quantitative et qualitative. Par ailleurs, cette recherche gagnerait
à être mieux approfondie si elle s'inscrivait dans un champ
sociologique spécifique. En la matière, la présente
étude s'inscrit principalement dans le domaine de la sociologie de
l'information et de la communication, parce que l'objet de recherche
évoque un fait de production et de reproduction sociale à savoir
la pratique pastorale dont les grands enjeux sont liés à
l'information et la communication relatives à la gestion des maladies
qui menacent la santé des bovins. Accessoirement, nous faisons appel
à d'autres théories et concepts appartenants à d'autres
champs sociologiques pour étayer notre analyse des pratiques,
comportements et attitudes des agro-éleveurs et leurs prestataires de
services vétérinaires face à l'usage des
médicaments et la communication y relative. Il s'agit :
- de la sociologie rurale, parce que nous investiguons dans un
milieu rural ayant ses logiques propres en matière de gestion des
maladies animales;
- de la socio-anthropologie de la santé, car nous
faisons face à un phénomène de santé et de
consommation de médicament dans les sociétés humaines.
Même, si notre réflexion porte sur la santé animale, il
faut admettre que les pratiques et les comportements sont identiques à
ceux de la santé des hommes ;
- de la sociologie du travail, car nous investiguons des lieux
de production économique, et de travail salarié ;
- de l'anthropologie du changement social, dans la mesure
où nous nous servons du passé des acteurs pour comprendre leurs
pratiques et comportements actuels.
Mais la présente recherche reste une investigation
sociologique qui vise à appréhender les déterminants et
les enjeux de l'information et de la communication associée à
l'utilisation des médicaments trypanocides chez les agro-éleveurs
du Kénédougou et leurs prestataires de services
vétérinaires.
1)
Site de recherche.
Cette étude s'est déroulée dans la
province du Kénédougou. Mais, le champ d'investigation a couvert
huit (8) villages situés dans la partie sud de cette province et
appartenant à la zone d'Orodara et au poste vétérinaire de
Koloko suivant l'organisation vétérinaire de la province en zone
d'activité technique en élevage (ZATE), en poste
vétérinaire (P V) et en zone d'aménagement pastoral (Z A
P).
Il s'agit des villages de Diéri, Kotoura,
M'biè, Samogohiri, Sokoroni, Sokouraba, Toussian-Bandougou et wolonkoto
dont le choix se justifie par leurs taux significatifs de prévalence
(10%) et de résistance (6%).
2) La
population cible.
Elle est composée des agro-éleveurs et leurs
prestataires de services vétérinaires. Très
spécifiquement, il s'agit des agro-éleveurs (chef de
ménage ou non) ; des vaccinateurs locaux (formés ou
non) ; des vendeurs de médicaments de la rue ; des agents
publics d'élevage et des docteurs vétérinaires
installés en clientèle privée ou leurs
représentants. Le rôle joué par chaque acteur dans
l'utilisation des médicaments trypanocides, le niveau de qualification
et de compétence de chacun ont guidé notre choix.
3) Les
personnes ressources.
Dans le souci d'approfondir nos analyses et
réflexions, des personnes ressources ayant des savoirs et
compétences reconnus dans les domaines de la médecine
vétérinaire et de la communication ont été
identifiées. Ce sont les chercheurs du Projet ILRI/BMZ et leurs
animateurs enquêteurs ; les chefs des différents villages et
leurs griot ou informateurs ; les responsables politiques des services
publics d'élevage et les représentants des organisations
professionnelles (l'Ordre National Vétérinaire et Groupements des
éleveurs en l'occurrence).
4)
Echantillonnage.
L'échantillon par définition est la fraction
d'une population donnée qui permet de mesurer un caractère
donné en estimant la proportion d'une variable dans l'ensemble de la
population cible.
Mais, en tenant compte de la volonté du Projet
ILRI/BMZ d'impliquer tous les acteurs dans cette étude et la nature
(quantitative et qualitative) des données à collecter, nous avons
procédé par un choix raisonné des personnes
enquêtées ou interviewées. Ainsi à partir des
renseignements et des informations reçus pendant la phase exploratoire
et en concertation avec les responsables du Projet, l'échantillon
définitif est composé de :
- 12 professionnels de la santé animale sur un effectif
total de 14 prestataires professionnels dont 3 agents publics d'élevage
existants et 9 vétérinaires privés ;
- 43 non professionnels sur un nombre total estimé de
80 prestataires non professionnels dont 32 vaccinateurs locaux et 11 vendeurs
de médicaments de la rue.
Les personnes pour l'observation directe ont
été choisies en fonction de leur disponibilité, de leur
facilité de compréhension et de coopération, de la
confiance qu'elles ont placée au Projet ILRI/BMZ, de leur rôle
dans l'utilisation des trypanocides, de leur niveau de qualification et de
compétence en la matière. Pendant cette phase d'observation, nous
avons fait des séjours de trois à sept jours maximum avec deux
vaccinateurs locaux (formé et non formé), un agent public
d'élevage, un représentant de pharmacie privée et un
responsable de clinique privée.
Du côté des agro-éleveurs, un choix
raisonné a été fait en tenant compte de la
diversité des villages, de leur niveau d'instruction, de leur niveau de
connaissance, de compétence et d'expérience et de leurs profiles
socio-économiques et sociodémographiques. Mais , dans le souci
d'obtenir un échantillon représentatif pour les analyses
statistiques, cent (100) personnes correspondant au tiers des 348
agro-éleveurs engagés dans la lutte communautaire avec le Projet
ILRI/BMZ ont été enquêtées. Elles ont
été choisies dans les huit villages d'investigation avec un quota
de 15 personnes originaires des 4 villages d'intervention du Projet et 10
personnes des 4 villages témoin.
5) Les
outils de collecte des données.
Des outils quantitatifs et qualitatifs
précédemment élaborés par le Projet ILRI/BMZ nous
ont servi pour la collecte des données. Leur multiplicité se
justifie par le caractère transversal du thème d'étude
(couvrant plus de trois domaines de recherche), la pluralité d'acteurs
impliqués et la volonté du Projet d'élaborer une
stratégie de lutte efficace, durable et adaptée au contexte local
pour mieux gérer la TAA. C'est ainsi que les outils ci-après ont
été appliqués :
- un questionnaire pour collecter des informations relatives
aux pratiques et attitudes des prestataires de services ;
- un questionnaire pour collecter des informations sur les
sources et le besoin d'information et de communication chez les
agro-éleveurs.
- une grille d'observation directe pour collecter les
informations relatives aux attitudes et comportements des prestataires dans
l'exercice de leur métier ;
- des discussions de groupe pour collecter des données
construites collectivement par les différentes catégories
d'acteurs et des informations traduisant les points de vue de chaque
groupe ;
- un guide d'entretien individuel nous a permis de collecter
les informations sur les déterminants socioculturels de l'information et
la communication chez les agro-éleveurs.
6) la
réalisation de l'enquête.
Démarrée en Mars 2004, cette enquête
s'est achevée en Novembre 2004. Pendant ce temps, nous avons
sillonné aussi bien des concessions, des champs, des marchés
locaux que des services publics d'élevage, des pharmacies et cliniques
privées vétérinaires à la recherche des
informations. Dans cette collecte de données, nous avons
procédé par étapes successives selon le nombre d'outils
à appliquer.
Nous avons commencé par une enquête formelle
auprès des prestataires de services. La technique utilisée
à cet effet est le remplissage du questionnaire séance tenante en
utilisant les langues Dioula et Français. Cinquante cinq (55) personnes
ont été interviewées dont quarante trois (43) prestataires
non professionnels et douze (12) professionnels.
Ensuite, nous avons effectué des sorties de terrain,
des visites de marchés locaux, de pharmacies et cliniques
vétérinaires privées en guise d'observation directe. Au
cours de cette phase, nous nous sommes comporté en ami, accompagnant ou
aide des prestataires en les suivant pas à pas toute la journée.
A cet effet, nous avons pu observer les pratiques, attitudes et comportements
d'un agent public d'élevage, de deux vaccinateurs locaux (formé
et non formé), d'un vendeur ambulant de médicaments de la rue,
d'un représentant de pharmacie vétérinaire et d'un
responsable de clinique privée dans l'exercice de leur profession, en
particulier l'application des traitements et la vente de trypanocides. Du
même coup, nous avons pu observer les attitudes et les comportements de
quatre vingt (80) éleveurs dans la satisfaction du (des) besoin (s) de
santé de leur (s) animal (aux) et les informations y afférentes.
Nous avons enfin pu suivre les actes et comportements des praticiens du terrain
en épreuve d'examen clinique sur quatre vingt quinze (95) animaux
malades appartenant à quatorze (14) propriétaires. Les langues
Dioula et Français ont été utilisées pour
s'exprimer et la prise de notes séance tenante pour enregistrer nos
observations.
De même, c'est au cours d'un atelier, organisé
à Bobo-Dioulasso les 16 et17 Août 2004 que nous avons
réalisé 31 discussions de groupe et 2 discussions collectives
avec 5 groupes constitués à cet effet. Cet atelier qui avait pour
objectif de débattre des thèmes liés à la
compréhension et perception des échecs de traitement, à
l'utilisation des trypanocides et au système d'information y relatif a
regroupé toutes les parties prenantes de l'usage des médicaments
trypanocides. Etaient présents à cet atelier des décideurs
politiques ( DPRA du Kénédougou et du Houët, DRRA des Hauts
Bassins, Ordre National Vétérinaire section
Bobo-Dioulasso) ; des chercheurs ; des agro-éleveurs ;
des agents publics d'élevage ; des pharmaciens et
vétérinaires privés ; des vaccinateurs locaux et des
vendeurs de médicaments de la rue.
Pour collecter les données utiles, nous avons
adopté une démarche participative qui consistait à
présenter aux participants quelques résultats des études
et enquêtes passées sur chaque thème et à les
repartir suivant le rôle joué par chacun dans l'usage des
trypanocides pour en discuter plus en profondeur. L'animation de ces groupes
était assurée par un étudiant ou travailleur du projet. Et
après chaque séance de discussion, nous réunissions tous
les participants pour un débat en plénière afin
d'arrêter une position commune. Nous avons utilisé les langues
Dioula et Français pour se communiquer et les données ont
été collectées par prise de notes séance
tenante.
Enfin, nous avons réalisé onze (11) entretiens
semi directifs dont sept (7) auprès des agro-éleveurs et quatre
(4) avec leurs prestataires en guise de complément de données sur
leur système d'information et de communication actuel. La technique
utilisée à cet effet a été l'entretien oral en
Dioula ou en Français avec prise de notes séance tenante.
7) Les
techniques de traitement des données.
Au regard de la quantité importante des données
collectées, nous avons varié les techniques de traitement afin de
pouvoir combiner l'analyse statistique et l'analyse qualitative.
Ainsi, les données quantitatives ont fait l'objet de
traitement statistique. Elles ont été saisies sur le tableur
EXCEL. Et, pour l'analyse, les réponses données aux
différentes questions ont été regroupées par
catégorie de variable, puis codifiées par numérotation des
différentes modalités des variables. Enfin, elles ont fait
l'objet d'analyse statistique descriptive. En la matière, les
données ont été soumises à trois tests (proportion,
signification et corrélation) en utilisant le logiciel Munitable
(équivalent de SPSS for windows 10.00) version anglaise :
- le test de proportion pour dégager les
différentes proportions;
- le test paramétrique pour la comparaison des
différentes moyennes appliquées à des données de
distribution normale (histogramme à un seul sommet). Pour ce faire, le
T-Test a été appliqué pour les variables admettant deux
(2) modalités seulement et ANOVA à un facteur pour les variables
admettant plus de deux modalités.
- le test non paramétrique pour la comparaison des
moyennes appliquées à des données de distribution anormale
(histogramme à deux sommets). Pour ce faire, nous avons appliqué
le test Mann-Whitney (équivalent de T-test) et le test Kruskal-Wallis
(équivalent de ANOVA) ;
- le test de corrélation pour dégager les
relations entre les différentes variables.
Quant aux données qualitatives, elles ont
été dépouillées manuellement en regroupant les
réponses des interviewés sous le thème correspondant et en
procédant à l'analyse du contenu.
8) Les
difficultés rencontrées.
Au cours de la conduite de ce présent travail de
recherche, nous avons été confronté aux difficultés
inhérentes à toute recherche de terrain. Elles sont liées
à la langue, à la méfiance, au refus de certains
prestataires de services de répondre aux questions et à la
lassitude des agro-éleveurs. D'abord, sans l'aide des enquêteurs
animateurs, la non maîtrise des termes techniques de la langue locale
Dioula nous aurait fait perdre des informations utiles pendant les entretiens.
Ensuite, en dépit de l'autorisation officielle suivie
d'explications des objectifs et intérêts de l'étude que
nous présentons à chaque enquêté, certains
prestataires de services ont refusé de répondre à nos
questions sous prétexte qu'elles s'apparentent à une inspection
auxquelles ils ne peuvent pas répondre au risque de divulguer des
« secrets professionnels ».
Enfin, nous avons été
confronté à la fatigue des agro-éleveurs soumis à
une série répétée d'enquête depuis deux ans
malgré leur engagement pris de collaborer avec le projet jusqu'à
la fin des études. « Haï, nous sommes fatigués
avec vos enquêtes là qui ne finissent jamais »
disent-ils. Toutefois, à l'aide d'une politique de terrain basée
sur la saturation des informations, la diversité maximale, la
triangulation et l'itération, nous avons pu surmonté ces
difficultées.
CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE L'ESPACE
D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES VILLAGES
D'ENQUÊTES.
I/ Présentation de la
province du Kénédougou
1)
Aperçu géographique.
Située à l'extrême ouest du Burkina Faso
entre 4°30 et 5°30 de longitude Ouest et 10°5 et 12°5 de
latitude Nord, la province du Kénédougou couvre une superficie de
huit mille deux cent soixante cinq (8265) kilomètres carré
(km2). Elle est limitée au nord et à l'ouest par la
république du Mali ; à l'est par la province du Houet et au
sud par les provinces de la Léraba et la Comoé comme l'indique la
carte ci-dessous. Orodara, une commune urbaine située à 75 km
à l'ouest de Bobo-Dioulasso et à 55 Km de la frontière du
Mali voisin est son chef lieu de province.
Le relief de la province est marqué par la
présence de plateaux et de plaines inclinées vers le nord de
sorte que les départements de Kangala, Koloko, Samogohiri, Orodara et
Kourinion sont en altitude tandis que ceux de Djigouera et Banzon sont en
contrebas. La grande partie est constituée de plateaux dont l'altitude
moyenne est de 450 m (400 m au nord et 500 m au sud). En effet, les
départements de samoroguan, sindo, Kourouma, N'Dorola, Morolaba et Kayan
reposent sur de vastes plaines irriguées par de nombreux cours d'eau
permanent. A ces deux grandes unités topographiques, on peut apercevoir
dans cette province quelques collines et escarpements (vers N'Dorola).
Appartenant au climat tropical de type sud soudanien, elle
reçoit en moyenne 900 à 1400 mm de pluie par an. Une saison
humide (Mai à Novembre) et une saison sèche (Décembre
à Avril) avec quelques variations caractérisent le climat de la
province du Kénédougou. On rencontre cinq (5) types de sols dans
cette province à savoir : les sols gravillonnaires, les sols
argilo-sableux en surface et argileux en profondeur, les sols argilo-sableux
à argileux en surface, les sols limono-argileux à argilo-limoneux
en surface et argileux en profondeur et les sols sableux en surface et argileux
en profondeur.
Par ailleurs, son réseau hydrographique est
constitué de deux principaux cours d'eau (le Banfing et le Mouhoun), de
mares et de sources d'eau naturelles. Ainsi donc, à la faveur d'une
pluviosité relativement élevée, doublée d'une assez
bonne qualité des sols, il s'est développé un couvert
végétal dense avec une diversité d'espèces
ligneuses et fauniques. La savane boisée, la savane arborée, la
savane herbeuse, la forêt claire et la forêt galerie constituent
les différentes formations végétales rencontrées
dans la province du Kénédougou.
2)
Aperçu historique et politico-admistratif.
La province du Kénédougou tient son appellation
de l'ancien royaume du même nom fondé au XIXè
siècle. En effet, au cours du XVIIè siècle, des
Sénoufo fondèrent un royaume qui connut son apogée au
XIXè siècle. Sous Daoula TRAORE (1845-1865), le
Kénédougou devint un véritable empire qui s'étend
de Tengrela (Mali) à Niéllé près de Korhogo
(côte d'Ivoire) au sud et jusqu'aux environs d'Orodara (Burkina Faso)
à l'est. Il correspond au Tangouara, pays des Sénoufo Tagoua. Il
atteint au Nord les frontières de Ségou (Mali), au Nord-est les
Sénoufo Nanerguè de Kourouma et N'dorola (Burkina-Faso) et les
Minianka. Daoula allait assièger les Bambara de Bani avec l'aide de El
Hadj Omar Tall, mais une série de courts règnes affaiblit
l'empire après sa mort.
Entre 1850 et 1860, la tentative de Sikasso de
contrôler le cours supérieur de la Volta noire (province du
Kénédougou actuel et sud de la comoé) déclencha un
long conflit avec les Ouattara (de 1865 à 1890) qui se termina par la
désagrégation socio-politique du Gwiriko (empire des Ouattara).
Mais, le Kénédougou est toujours confronté à des
guerres de toute sorte. Il retrouvera son salut vers 1870, lorsque Tiéba
(fils de Fama Daoula) qui avait été pris en captivité fut
libéré et accéda au pouvoir.
Toutefois les provinces périphériques du
Kénédougou avaient repris leur indépendance et le nouveau
roi ne contrôlait plus qu'un territoire réduit sur le Lotyo.
Véritable conquérant, il fortifia le village de Sougokan,
localité de ses parents maternels à laquelle il donna le nom de
Sikasso et en fit sa capitale. A partir de là, il reconquiert
péniblement son royaume encore fortement teinté d'un animisme
Sénoufo en dépit de la présence d'un islam dioula.
Engagé dans cette reconstruction impériale, il affronta Samory
Touré sur la frontière du Bagoé. Ce fut une guerre de
défense nationale pour les Sénoufo qui culmine au siège de
Sikasso entre 1887 et 1888. Pour écarter cette menace samorienne,
Tiéba dû se rapprocher des Français sans cependant se
transformer en un instrument passif.
Sorti victorieux et aguerri de cette bataille contre Samory,
il reprend le vieux duel qui opposait le Kénédougou au Gwiriko.
Il investit l'Est du royaume, s'appuya sur les Sofa placés dans des
grands centres comme Kourouma et marcha sur le Gwiriko. Mais, il se heurta
à un regroupement solidaire des peuples du Gwiriko sous
l'autorité d'Amoro, chef des Tiéfo. Ainsi, avec son armée,
ils rencontrèrent les Sénoufo à Bama où
Tiéba trouva la mort, obligeant ses sofas à replier sur Sikasso.
Son frère Bambemba lui succède et doit faire face à une
pressante amitié française qu'il soupçonne
périlleuse pour l'indépendance de Sikasso. Pour contrer ce coup
d'annexion de son royaume, il se rapprocha de Samory, mais ce fut trop tard et
en 1898, les français conquièrent Sikasso.
Ainsi donc, le royaume du Kénédougou fut
disloqué et intégré dans les possessions françaises
mettant fin à son existence. De nos jours, le Mali, le Burkina et la
Côte d'ivoire se partagent et l'espace géographique et les peuples
qui constituaient ce royaume. Mais, il faut souligner qu'en dehors de la
conquête ou de la restauration du pouvoir, l'histoire sociale et
politique du Kénédougou est très peu connue. L'histoire
des structures administratives, des structures sociales et leurs relations
internes, des stratégies de domination socio-économique et
politique semblent échapper aux historiens.
La province du kénédougou actuel constitue avec
celle du Houët et du Tuy la région des Hauts Bassins dont le
siège se trouve à Bobo-Dioulasso. Mais, depuis la période
coloniale, elle a connu plusieurs mutations administratives allant de la
subdivision à la province en passant par la sous-préfecture. En
effet, en 1953, elle était déjà érigée en
subdivision (celle de Orodara). Puis, en 1975, elle devient
sous-préfecture avec Koloko, N'dorola et Orodara comme arrondissements.
Dès lors, elle subit les différentes mutations administratives
qu'a connues le pays à travers les actes suivants :
- ordonnance n°83-012/CNR/PRES du 15 septembre 1983
portant division du territoire national en 25 provinces ;
- ordonnance n°84-055/CNR/PRES du 15 août 1984
portant découpage du territoire national en 30 provinces et 250
départements;
- décret n°96-150/PRES portant promulgation de la
loi n°10/96/ADP du 25 avril 1996 portant modification des limites de
province ;
- décret n°96-42/PRES/PM/MATS portant promulgation
de la Loi n°10/96/ADP du 25 avril portant création de 28
départements ;
La province du Kénédougou compte actuellement
13 départements et 169 villages. Les groupes ethniques qui y vivent
appartiennent au système socio-politique de type
décentralisé. Ce sont des populations rurales encore
régies par des formes d'organisation villageoise où conception
politique et foi religieuse animiste s'entremêlent. Elles sont soumises
à l'autorité de l'Etat moderne au niveau national, provincial et
départemental, mais à l'échelle du village, le pouvoir
s'exerce à des niveaux divers. Dans les villages, le pouvoir politique
est détenu par un chef de village. Mais, il est assisté dans la
prise des décisions par les chefs coutumiers (chef de terre, chef de
brousse et chef des chasseurs), les chefs administratifs (responsable
administratif villageois et chefs de quartiers) et les chefs religieux (Imams,
grands marabouts et responsables des églises chrétiennes).
3)
Organisation socioculturelle.
Sur les terres de la province du Kénédougou
habite une population d'environ 209920 habitants au recensement administratif
de 2001 avec une densité de 22 habitants/km2. Elle est
composée des groupes ethniques Sénoufo, Siamou, Bobo, Mossi,
Dioula, peulh, Toussian, Samogho et autres minorités
représentés dans les proportions suivantes.
Tableau 2 : proportion des ethnies présentes
dans la province du Kénédougou.
Ethnie
|
Sénoufo
|
Siamou
|
Bobo
|
Mossi
|
Dioula
|
Peulh
|
Autres
|
Proportion (%)
|
54
|
6
|
5
|
5
|
3
|
2
|
25
|
Source : Document de passation de service,
DPRA-Kénédougou, Orodara, 2004.
Ces peuples se sont installés par vagues successives.
Les Sénoufo dont l'histoire situe l'installation depuis des temps
immémoriaux sont les autochtones. Mais, ils furent bousculés
à l'intérieur de la province par des invasions successives des
peuples Dioula, Bolon, Samogho, Tiéfo, Toussian Karaboro venus du
Mandé , de la Côte d'Ivoire et du Ghana actuel entre 1700 et 1714.
Ils seront rejoints au cours des années 1970 par les migrants Mossi,
gourounsi, Lobi-Dagara et peulh venus respectivement du plateau mossi, du
sud-ouest et du nord du pays à la recherche des terres arables pour les
uns et de pâturages pour les autres. De nos jours, on rencontre une
mosaïque de populations vivant en communautés villageoises avec une
assimilation des migrants aux autochtones. C'est une population jeune (3,47% de
vieux et 49,31% d'enfants), à majorité féminine et
inégalement répartie dans l'espace. Les fortes densités de
populations se rencontrent dans la partie sud de cette province avec une
population totale estimée à 84326 habitants (RGPH ; 1996).
Selon le schéma de classification des formations sociales du pays en
sociétés centralisées et en sociétés
acéphales, celles de la province du Kénédougou
appartiennent à la deuxième catégorie.
Ce que les anthropologues et historiens ont coutumes d'appeler
les démocraties villageoises. Dans ces sociétés,
l'organisation est de type lignager où la société est
dirigée par un conseil des anciens composé des différents
chefs de lignages constitutifs du village. Elles sont structurées en
quartiers et en concessions ayant respectivement au sommet un chef. Si sur ce
plan spatial, il existe une hiérarchie, au niveau social, la
société est structurée en classes d'âge, en castes
et en corps de métiers spécialisés.
Dans la province du Kénédougou, les religions
musulmane, catholique et protestante coexistent au côté d'un
animisme vivace qui demeure ancré dans les mentalités des gens.
Contrairement à la plupart des sociétés du pays qui ont
abandonné leurs coutumes, croyances, pratiques et valeurs
traditionnelles au profit de celles dites modernes, les groupes sociaux de la
province du Kénédougou ont su garder et préserver leurs
coutumes et valeurs essentielles au contact de la modernité.
C'est ainsi qu'en dépit d'un islamisme très
ancien, nous remarquons de nos jours que certains rites et
cérémonies coutumières sont de rigueur chez les
populations de la province du kénédougou. Ce sont parmi tant
d'autres :
- le koulanchan, une cérémonie de
bénédiction aux dieux de la brousse afin d'obtenir de bonnes
récoltes qui est célébrée chaque année en
début d'hivernage.
- Le koltongbo, cérémonie de remerciements aux
ancêtres et aux dieux de la brousse célébrée chaque
année après les récoltes.
- Le Kènèkènè, initiation des
femmes à la vie du foyer.
- La circoncision, initiation des adolescents à la vie
adulte.
A cela, s'ajoute un nombre significatif de rites et de
cérémonies d'entrée et de sortie dans un groupe
fermé (société sécrète,
société des chasseurs, dozo, des forgerons, des
guérisseurs traditionnels etc.). Ces rituels et
cérémoniels marquent l'ensemble des activités de
production et de reproduction sociale. A l'image de tous les groupes sociaux,
l'ordre et la cohésion sociale sont régulés par un certain
nombre de totems, d'interdits, de règles, valeurs et normes sociales
dont la violation est vivement réprimée par la
société. Signes et indicateurs d'identité familiale,
clanique ou lignagère, ils véhiculent des valeurs et normes
sociales auxquelles ces populations rurales de la province du
Kénédougou se singularisent.
4)
Organisation économique.
Plusieurs activités économiques sont
pratiquées dans la province du Kénédougou, mais force est
de reconnaître que l'arboriculture, l'agriculture et l'élevage
occupent plus de quatre vingt pourcent des populations (80%). En
première ligne, le Kénédougou est une zone arboricole par
excellence surtout dans sa partie sud. Elle produit d'énormes
quantités de mangues, d'agrumes, et d'anacardes.
Par exemple, le village de Samogohiri produit annuellement
300 tonnes de mangues à lui seul. Le maraîchage est une
activité porteuse dans cette zone avec une production significative de
tomates, de pomme de terre, d'aubergines de carottes, haricot vert, piment
concombres, gombo, oseilles, etc. Mais l'agriculture reste prédominante
dans les activités économiques dont les facteurs de production
sont la terre, le capital et le travail. C'est une agriculture traditionnelle
orientée vers l'autoconsommation en voie de modernisation (44% de
ménages possède au moins une charrue contre une moyenne nationale
de 27%). Elle est basée sur une organisation familiale avec le
ménage comme unité de production. L'exploitation des champs est
de type collectif et s'effectue autour du chef de lignage appelé chez
les Sénoufo, le « Boulodatigui ». Ce
dernier détient toutes les responsabilités aussi bien techniques
que religieuses. Mais ce mode d'organisation socio-agricole admet aussi une
dimension individuelle qui s'exprime à travers les champs particuliers
dont la récolte est dissociée des récoltes
communautaires.
Les exploitations sont structurées en champs de cases,
en champs permanents et en champs de brousse. Deux types d'outillages sont
utilisés : l'outillage traditionnel composé de daba, hache,
pioche, coupe-coupe et un outillage moderne à travers la culture
attelée (charrue, tracteur, sarcleur, etc). La fertilisation des sols
par apport de fumiers et d'intrants agricoles est de faible niveau au regard de
leur qualité agronomique. Les principales productions agricoles de la
province du Kénédougou sont :
- Les céréales composées de mil, de
sorgho, de maïs, de riz et de fonio ;
- Les tubercules composées d'ignames, de patates, de
maniocs, de voandzou et de tarots ;
- Les cultures de rente composées de coton, de
l'arachide, de sésame, de niébé et de soja.
Ainsi au vu de la diversité des productions
réalisées, cette province connaît en général
un excédent céréalier. Ce qui entraîne une
commercialisation importante des produits agricoles. Outre les marchés
locaux (Orodara, Djigouera, Koloko, N'dorola et Sindo), les produits
céréaliers sont exportés vers les pays voisins (Mali,
Niger et la Côte d'Ivoire). Quant au coton, l'écoulement se fait
à travers un circuit organisé de la SOFITEX.
De même, l'élevage connaît depuis trois
décennies un développement remarquable avec un cheptel
estimé à un million cinquante neuf mille quatre cent soixante et
un (1059461) têtes d'animaux vivants en 2004 dominés par la
volaille et les bovins comme l'indique le tableau suivant. Avec un cheptel
bovin estimé à trois cent cinquante et un mille sept cent
soixante dix neuf (351779) têtes, elle occupe la quatrième place
derrière le Séno, la Gnagna et le Houët sur le plan national
à raison de ses nombreux atouts écologiques. Cependant, cet
élevage reste à quatre vingt pourcent (80%) traditionnel. Il est
pratiqué sous trois formes :
- L'élevage commun à tous les agriculteurs,
reposant sur la volaille, les petits ruminants et les boeufs de trait ;
- L'élevage bovin sédentaire observé chez
les agro-éleveurs et les éleveurs peulh ;
- L'élevage transhumant observé chez les
pasteurs peulh.
Les alentours des champs de culture, les abords des cours
d'eau, les jachères sont les pâturages de la plupart des
élevages tandis que la transhumance s'effectue dans la brousse
lointaine. Dans cette province, l'élevage a une importance reconnue sur
le plan social et économique.
Tableau 3: effectifs du cheptel de la province du
Kénédougou selon les espèces
rencontrées.
Espèces présentes
|
Effectifs
|
Bovins
|
351779
|
Ovins
|
84445
|
Caprins
|
39719
|
Porcins
|
6530
|
Lapins
|
299
|
Asins
|
22219
|
Chiens
|
9815
|
Chats
|
7270
|
Dindons
|
1961
|
Canards
|
602
|
Pintades
|
80587
|
Poules
|
427225
|
Pigeons
|
27110
|
Total
|
1059461
|
Source : ENEC II, 12/02/2004, MRA.
Toutefois, il fait l'objet de gestion traditionnelle. En
effet, les animaux sont la plupart abandonnés à eux-mêmes
sans gardiennage rigoureux, ni d'apport de ration alimentaire
complémentaire. Seuls, les animaux de case (bovins d'embouche, boeufs ou
ânes de trait, cochon et volailles améliorées)
bénéficient de certains soins particuliers (entretien, nutrition,
gardiennage etc.).
En conséquence son développement se trouve
quelques fois compromis par des contraintes d'ordre structurel et sanitaire.
Les études antérieures réalisées dans la province
du Kénédougou soutiennent que les maladies de bétail
constituent une contrainte majeure au développement de l'élevage.
Les principales maladies de bétail rencontrées sont la
péripneumonie bovine contagieuse (PPBC), la fièvre aphteuse, la
pasteurellose, le charbon symptomatique, la cowdriose, les infections
gastro-intestinales et surtout la trypanosomose animale.
Pour le contrôle de ces maladies, il existe des recours
variés, comprenant des méthodes traditionnelles et des
méthodes modernes parmi lesquelles les trypanocides sont utilisés
pour le cas de la TAA. Ces maladies affectent l'état de santé des
bovins en dépit d'une situation alimentaire relativement meilleure.
Cependant, la province connaît de nos jours une faible couverture
vétérinaire liée à l'insuffisance du personnel
public qualifié et à la rareté des
vétérinaires privés. Par conséquent, il y a moins
de contacts entre les spécialistes de la santé animale et les
agro-éleveurs.
Pour finir, il existe dans la province du
Kénédougou bien d'autres activités économiques
à savoir le petit commerce, la pêche, la chasse, la foresterie
(bois de chauffe et charbon) et l'artisanat (poterie, sculpture, peinture,
tannerie, bijouterie, vannerie, batiks, etc.).
Sans ressources minières, cette province ne dispose
pas d'unités industrielles à proprement parler, sauf une
unité de la Société des Fibres et Textiles (SOFITEX)
installée à Ndorola pour l'égrainage du coton et quelques
micros entreprises de transformation des produits agro-pastraux
installées à Orodara, Diéri, etc.
En résumé, la province du
Kénédougou dispose d'importantes ressources
socio-économiques capables d'assurer son développement. Mais,
elle demeure enclaver d'autant plus que son réseau de transport et
communication est très limité. Certes, les trois
catégories de routes (nationale, régionale et
départementale) connues au Burkina y sont représentées,
mais l'état défectueux de ces routes rend certains
départements (Samogohiri, Kangala, samoroguan, Sindo, Morolaba par
exemple) inaccessibles temporairement (surtout en saison des pluies).
Pire encore, elle connaît depuis lors des
difficultés de liaisons téléphoniques avec son monde
extérieur, car son réseau de télécommunication est
sous développé. Il se compose :
- du téléphone résidentiel ou
privé dont une centrale automatique installée à Orodara
appuyé par un équipement automatique à N'dorola assure les
liaisons nationales et internationales ;
- du téléphone à usage public
représenté par un nombre limité de
télécentres dans la ville de Orodara ;
- du téléphone mobile avec l'installation
à Orodara en 2004 des réseaux de téléphonie mobile
existants au Burkina ayant un taux de couverture ne dépassant pas les
limite de la commune d'Orodara ;
- de la presse écrite dont il existe un correspondant
AIB à Orodara. La province est également desservie par la plupart
des journaux nationaux (Sidwaya, le Pays, l'Indépendant, Le Jeudi,
l'Observateur, le Matin, l'Expresse du Faso) et des journaux
internationaux ;
- de la radio dont il existe une station FM à Orodara,
« la voix du verger ». Du reste elle demeure le
média le plus populaire avec la possession d'un poste récepteur
par la quasi-totalité de la population. Cependant, les émissions
de la Radio Nationale du Burkina et d'autres stations radio
étrangères sont reçues par temps favorables ;
- de la télévision dont les émissions de
la Télévision Nationale du Burkina et la Télévision
du Mali sont reçues par temps favorables également par quelques
personnes détentrices de ce media. Certes tous les organes de
télécommunication sont représentés dans cette
province, mais la couverture territoriale est faible entraînant des
communications défectueuses ponctuées de coupures (surtout en
hivernage).
II/ Description des villages
d'enquête et caractéristiques sociologiques des
agro-éleveurs.
1) Cas
des villages d'intervention du Projet BMZ.
a)
Village de Kotoura.
Situé au sud, dans le département de kangala
à 50 km d'orodara, le village de kotoura est limité au nord par
Bama, au sud par kagnambougou, à l'ouest par sayaga et sarkandiala,
à l'est par kangala et au nord-est par mahon. Il est arrosé par
1000 mm d'eau/an. Son espace physique est un plateau parsemé de trois
cours d'eau dont le NAMPELOGO seul est permanent. C'est une zone de savane
arborée qui s'éclaircit sous la pression démographique et
foncière. Zone marécageuse favorable à la plantation.
Ce village serait fondé par un chasseur venu de
kangala et signifie « village dans la touffe du
marigot » Sa population est estimée à 2800
habitants en majorité Sénoufo des clans TRAORE, DIALLO, KONATE,
SANGARE et OUATTARA. Le village est structuré en sept (7) quartiers
présidés chacun par un chef de quartier. Il est dirigé par
un chef de village, assisté par les chefs de quartier et le chef de
terre. Sa population est composée d'animistes, de musulmans et de
chrétiens. Mais la vie et les pratiques du groupe sont régies par
les règles et les croyances animistes. A chaque début et fin de
saison hivernale, des sacrifices présidés par le chef de terre
sont organisés autour de l'autel de la terre. Le village est
animé par un groupement villageois et sept (7) associations d'entraide
culturale.
Les habitants de kotoura s'occupent dans l'agriculture, dans
l'élevage, dans l'arboriculture et bien d'autres activités
artisanales. L'élevage bovin est en voie de développement
malgré la TAA qui est une menace réelle. Pour gérer cette
maladie, les producteurs ont recours aux services d'un vaccinateur
présent dans le village et de l'agent public installé au PV de
Koloko (distant de 12 Km du village).
Par ailleurs ils s'approvisionnent en produits trypanocides
dans les marchés locaux des villages environnants et maliens. A kotoura,
il existe une école primaire, un dispensaire et un dépôt
pharmaceutique.
b)
Village de M'bié.
Situé dans le département de Kourignon,
à 18 Km à l'est d'Orodara, M'Bié est limité
à l'est par Guéna, au nord par Sidi, à l'ouest par Mina et
au sud par Kourignon. Le village est localisé au sud de la route
nationale no 8 (Bobo-Orodara) dans une dépression
entourée de collines rocailleuses. M'Bié qui signifie en langue
Toussian « c'est tout le village comme ça »
aurait été découvert par les colons il y a environ 54 ans.
Sur le plan physique on rencontre des sols sableux à
argilo sableux, des sols argileux hydromorphes, des sols limoneux et des sols
gravillonnaires à latérites sur les collines. Avec une
végétation de type savane arborée, il est traversé
par un affluent du fleuve Mouhoun et une rivière au bord de laquelle on
rencontre une végétation de raphias.
Le village compte 346 habitants regroupés dans 25
ménages. Cette population est composée de Toussian, de Siamou, de
Mossi, de Gourounsi, de Bobo, de Dioula, etc. Le village est dirigé par
un chef de village assisté d'un chef coutumier et du RAV. Il est
structuré en quatre quartiers correspondants aux quatre grands lignages
fondateurs (Traoré, Ouattara, Coulibaly et Keita). La religion animiste
domine la vie du groupe. Cette religion organise et guide les pratiques et
l'ensemble des activités de production. A ce titre, il existe une
société des masques présidée par le chef de terre.
Il existe également trois associations de culture et un groupement
villageois qui participent à l'animation de la vie du village.
Sur le plan agricole, les populations produisent du
maïs, du sorgho, du mil, du fonio, des tubercules et du coton. C'est une
agriculture à faible niveau technique orientée vers
l'autoconsommation. La pratique pastorale vient en appoint à
l'agriculture. Les populations de M'Bié font du maraîchage, de
l'arboriculture, de l'apiculture, de l'artisanat, de la chasse, etc. Mais, il
faut noter que le village connaît un manque d'infrastructures
socio-économiques et administratives (un seul forage).
c)
Village de Sokouraba.
Situé dans le département de Kangala, à
35 Km au sud-ouest d'Orodara, Sokouraba est limité au nord par Kangala
et Samogohiri, au sud par Tourni et Kangalaba, à l'ouest par Kangalaba
et à l'est par Todié et Samogohiri. Son nom authentique
«Kafina » signifie «nouvel endroit ou maison
nouvelle»aurait été fondé par TRAORE Bê
(Samogho) venu de Kayes (Mali) et par TRAORE Kamana (Senoufo) venu de
Lafigué.
Suivant cet ordre, les Samogho sont détenteurs de
l'autel de la terre et les Senoufo, détenteurs du pouvoir politique.
Sokouraba appartient à un plateau dominé par
quelques collines au sud (wani). Il reçoit en moyenne 1000 mm de pluie
par an et est parcouru par trois cours d'eau dont un permanent. Il est
dominé par une végétation de savane arborée claire
riche en essences végétales et fauniques.
Sur le plan démographique, une population de 2937
habitants habite ses terres avec une prédominance nette des femmes (51%)
et de jeunes. C'est une population dynamique. Car il existe 10
«tons» ; 2 GV ; 6 GPC ; 4 OSC (Organisation
de Société Civile) ; APEE et un comité de
«l'initiative de Bamako». Deux groupes ethniques
dominent : Samogho et Sénoufo aux cotés des pasteurs peulhs.
Le village est structuré en 4 quartiers, en 3 hameaux de cultures et un
camp peulh.
Les deux religions dominantes sont l'animisme et la religion
musulmane qui organisent et dirigent la vie et les pratiques des gens
Sur le plan agricole, l'espace de production est
organisé en 5 zones de cultures utilisant une technologie manuelle et
attelée. On y produit des céréales, du coton, des
légumes et fruits. Sur le plan pastoral, il existe 5 campements
d'élevage dont un campement peulh. Il dispose de 16 étables
fumiers et 18 parcs fumiers. Le manque de couloir de passage à
bétail crée souvent des conflits violents entre agriculteurs et
éleveurs. La gestion de la santé animale est laissée
à l'initiative de chaque éleveur qui sollicite le plus souvent
les services des vaccinateurs. Le marché de Kangala et les vendeurs
ambulants (peulh) leur fournissent les produits vétérinaires.
Sur le plan de relation avec l'extérieur, Sokouraba
est en conflit avec Samogohiri pour des questions de limites territoriales et
d'autorités. Sur le plan des infrastructures socio-économiques et
administratives, il existe à Sokouraba, une école à 3
classes, un dispensaire, une maternité, un magasin, un jardin collectif,
un moulin à grain, une presse karité.
d)
Village de Sokoroni.
Situé dans le département de Koloko à 58
Km d'Orodara, le village de Sokoroni aurait été fondé par
un chasseur du nom de Zibogwo venu du Mali. Sokoroni signifie «lieu de
la vente de viande d'éléphant» en langue
Sénoufo. Faisant partie de ce vaste ensemble qu'on appelle le
Tagwara, il est limité au nord par Nafanasso, à l'ouest par
Sifarasso, à l'est par Koloko, au sud par Outilla, Kourouma et
Sountourkou, au sud-est par Bama et Sayaga. Il est encerclé par une
rivière non pérenne et reçoit en moyenne 800 à 900
mm d'eau par an.
Le village est structuré en cinq (5) quartiers
(Dobougou, Tagwasso, Diassara Kroubasso ou Julakin). Sa population est
estimée à 2600 habitants, regroupés dans 46 concessions.
Le groupe ethnique principal est le Sénoufo. Mais il y a aussi les
Dioula, Toussian, Siamou, Mossi, Samogho et Peulh.
C'est une population musulmane en majorité dont les
pratiques et les croyances sont soutenues par les règles et les
principes musulmans. Dans la gestion de l'espace, les seuls interdits sont ceux
prescrits par l'Islam et les coutumes. Le village est dirigé par un chef
de village assisté d'un chef de terre, d'un RAV et des cinq (5) chef de
quartiers (lignages).
L'agriculture est l'activité principale de production.
Les cultures céréalières, cotonnières, les
tubercules et fruits constituent l'essentiel des productions agricoles. Sur le
plan pastoral, l'élevage des bovins prédomine. Mais la perte des
animaux par la maladie, l'absence de zone de pâturage, de piste à
bétail et l'incommodité du parc à vaccination constituent
des contraintes à l'épanouissement de ce secteur. A cela,
s'ajoute la difficile gestion des pâturages, car c'est une zone de
transhumance. Sur le plan de la gestion des maladies en particulier la TAA, les
éleveurs ont recours aux prestations du vétérinaire Public
de Koloko et aux vaccinateurs locaux. Ils se procurent des trypanocides
auprès des vendeurs ambulants et sur les marchés de Sifarasso,
Sikasso et Hèrèmakono (Mali). Enfin, notons que l'activité
commerciale exercée par les femmes est florissante à Sokoroni et
l'artisanat est pratiqué par une minorité. De nombreuses
organisations paysannes participent à l'animation du village. Ce sont
entre autres les GVH et GVF, l'association des chasseurs, l'association
sportive, la communauté musulmane, le comité de gestion de la
santé, l'association des parents d'élèves et les
«tons»des différents quartiers.
Sur le plan des réalisations, Sokoroni possède
une école à six (6) classes, un dispensaire, une mosquée,
un moulin, un parc de vaccination, deux (2) fermes privées et trois (3)
forages. Fort de cet acquis, les habitants de Sokoroni ont des rapports
économiques (marché), culturels (baptême,
funérailles, fêtes), matrimoniaux (mariage) suivis avec leurs
voisins.
2) Cas
des villages témoins.
a)
Village de Diéri.
Le village de Diéri est situé à 12 Km
à l'Ouest d'Orodara sur la route nationale n°8 menant à
Sikasso (Mali). Il est limité à l'Est par Orodara, au Sud-ouest
par Samogohiri, au Sud-est par Kotoudemi ; au Nord-ouest par Diolé
et au Nord par Diossogo. Diéri signifie en langue Dioula «
agrandir, prospérer »et aurait été
fondé vers 1880 par un chasseur « DOZO »venu du
Mandé (Mali) du nom de BARRO Sabena. Son climat est de type soudanien,
recevant en moyenne 1037mm d'eau par an. On y rencontre des sols argilo
limoneux. D'une végétation de savane arborée et arbustive,
le terroir de Diéri est traversé par 4 cours d'eau non
pérennes (Siakoro, Kotoudemi, Kotoroni et Kodjalé).
Sa population est estimée à 2298 habitants
(INSD ,2000). Elle est composée de DIOULA, de SIAMOU, de SAMOGHO et de
PEULH.
C'est une population fortement islamisée dont les
coutumes, les habitudes et les pratiques s'en inspirent. Le village est
dirigé par un chef dont la fonction est héréditaire et se
transmet de père en fils ou de frère en frère. Il a un
habitat groupé et est structuré en six concessions :
dougoutigui-so, daouda-so, banakoro-so, siamou-so, djéli-so,
karamogo-so, et un campement peuhl. Les décisions sont prises de
façon démocratique en assemblée générale,
réunissant deux hommes et deux femmes de chaque concession autour du
chef du village. Cependant une seule personne assure les fonctions de chef du
village et de chef coutumier. Il compte 42 exploitations. Six groupements
et associations participent à l'animation de la vie quotidienne du
village.
Les productions agricoles sont composées de cultures
céréalières ; de cultures de rente ; du
maraîchage et des fruits. Cette agriculture est d'un niveau technique
avancé. Son cheptel bovin est de 300 têtes .Cet élevage se
fait selon le système du confiage des boeufs au bouvier peulh au prix
variant entre 3000 et 5000frs CFA. L'abreuvage des troupeaux est gratuit et se
fait aux abords des forages et fontaines du village. Les habitants de
Diéri disposent d'importantes infrastructures de base (eau,
santé, éducation, alphabétisation, etc.). Ils
fréquentent les marchés d'Orodara, de Bobo, de Koloko et ceux
d'environnants.
b)
Village de Samogohiri.
Situé à 25 km au sud-ouest de Orodara,
Samogohiri est limité au nord par Lougoua et Bakoubougou ; à
l`ouest par kangala et Sokouraba ; au sud par Todié et Saraba et
à l'est par Diéri et Kotoudemi. Il aurait été
fondé vers 1663 par Lamine Cissé (marabout), venu de Yaba
(Sikasso). Plus tard, vers 1843 il fut rejoint par un chasseur Siamou
(Traoré Kiné). Les deux hommes lièrent une alliance pour
donner naissance à Samogohiri qui signifie
« prospérité ».
Appartenant au climat sud soudanien, il reçoit en
moyenne 1000 mm de pluie par an. D'une végétation de savane
arbustive dense, ce village est traversé par un cours d'eau permanent
(Denfou) et deux cours d'eau à régime temporaire.
Sa population est estimée à 3506 habitants
(INSD, 2000). Les groupes ethniques Samogho, Siamou, Mossi et peulh y habitent
sur son terroir. Le village est dirigé par un chef assisté d'un
conseil des anciens. La chefferie est la propriété du clan
Cissé qui l'a remise aux Traoré. Elle est
héréditaire. Quant à la terre, elle appartient au lignage
des Cissé, mais le doyen d'âge de chaque quartier assure la
gestion du domaine foncier de ces lignages suivant un mandat de trois ans
renouvelable et par génération. Le village est structuré
en trois quartiers (Biéton, Sangaon et Doution). La vie du groupe et
l'ensemble des pratiques sociales sont régies par les coutumes. A ce
titre, les valeurs telles que le respect des anciens, du groupe, l'attachement
aux ancêtres sont de rigueur. Le chef de terre assure les sacrifices au
début et à la fin des activités de production.
L'agriculture demeure l'activité principale suivie de
l'élevage et l'arboriculture. Le cheptel bovin est estimé
à 884 têtes avec une prédominance de boeufs de traits.
Ainsi, se développa la culture attelée dont l'introduction dans
le village remonte en 1984 et la généralisation dans les
années 1994. La chimiothérapie demeure la stratégie
principale de gestion de la trypanosomose animale africaine. Les vaccinateurs
(majorité peulh) assurent les soins de santé des animaux.
Chef lieu du département de Samogohiri, il est
doté d'une préfecture, d'une école primaire à six
(6) classes (créée en 1953 et normalisée en
2002-2003), d'un dispensaire, d'une maternité, d'un dépôt
pharmaceutique, de trois forages, un grand puit, trois bornes fontaines, six
moulins, un marché (lieu tous les cinq jours) et d'une route
praticable.
c)
Village de Toussian-Bandougou
Le village de Toussian-Bandougou est situé à 7
km de Orodara. Il est limité au nord par Orodara et Bandougou ; au
sud par Dan ; à l'est par Toussiamasso et à l'ouest par Fon.
Il a été créé par un chasseur du nom de TIANSAN
SANOGO, venu de Pénier (badara). De son nom authentique
« siow » qui signifie en langue Toussian « se
cacher pour vivre », il est devenu
Toussian-bandougou « le village s'est
aggrandi ».
Son climat est de type soudanien avec une
pluviométrie variant entre 1000 et 1200 mm/an. Il est situé sur
un bassin versent où existent des sols argilo-limoneux et sableux en
majorité, dominé par une végétation de savane
arborée et forêt galerie le long des cours d'eau. Deux cours
d'eau traversent le village.
Sur ses terres habitent les populations Toussian, Samogho et
Peulh au nombre de 427 habitants en majorité féminine (54%),
jeune et dynamique dont la vie, les usages et les coutumes sont régis
par la religion animiste. Le système éducatif traditionnel se
manifeste à travers les initiations. Le village est dirigé par un
chef de village dont la fonction est héréditaire et se transmet
de père en fils. Il est assisté par le chef de terre et le RAV.
Le village est structuré en quatre quartiers (TANGA, SOUMAKA, TINKA et
SOUME). Les trois grandes religions (animisme, islam et christianisme) sont
représentées à égalité. Son habitat est de
type dispersé et la gestion foncière de type lignager.
Les productions agricoles (céréales,
tubercules), arboricoles forment les piliers de l'économie du village.
Quant à l'élevage, sa pratique est de type traditionnel en
association avec l'agriculture. En dehors des pasteurs peulh,
propriétaires de grands troupeaux (50 à 100 têtes), le
cheptel bovin est dominé par les boeufs de trait. La restriction des
zones de pâturage ne manque pas de créer des conflits entre
agriculteurs et éleveurs. La gestion de la santé des animaux
relève de l'initiative individuelle. En matière d'infrastructures
socio-économiques et administratives, le village dispose d'un moulin,
d'un centre d'alphabétisation, de deux forages et d'une école
primaire à trois classes.
Situé non loin de la route Orodara-Banfora, ce village
reçoit de nombreux intervenants extérieurs (quatre projets). Il
entretient de bons rapports commerciaux, coutumiers et matrimoniaux avec
Orodara (marché) et ses voisins immédiats (Dan, Bandougou,
Kourignon...).
d)
Village de Wolonkoto
Situé au nord d'Orodara, dans le département de
Koloko et à 7 Km de la route Orodara-Sikasso, le village de Wolonkoto
est limité à l'ouest par les villages de Natendougou et
Imatoro ; au sud par Mahon, Mampédougou et Bakaribougou ;
à l'est par Lanfiéra au nord par Banakoro et Songlo et au
nord-ouest par Guigolo, Dobougou et Jalakaso.
Wolonkoto, qui signifie en langue locale «lieu des
ravins » serait fondé par des forgerons à la recherche
du fer pour la fabrication de leurs outils aratoires (dabas, haches, pioches
etc.). Cependant il faut dire que c'est sous le règne de TRAORE Zatogo
que Wolonkoto a pu se structurer en village.
Sur le plan physique, le village de Wolonkoto présente
un relief accidenté. Situé dans une dépression
entourée de collines (altitude moyenne, 600 m), il est dominé par
des sols gravillonnaires de fertilités moyennes mais parcourus par des
ravins. Il est traversé par une rivière au bord de laquelle, on
trouve des sols limono- sableux et des formations végétales
riches en essence. Arrosé par 800 à 900 mm d'eau par an le
couvert végétal est de type savane arbustive avec des
forêts galeries.
Le village est dirigé par un chef avec la
collaboration du chef de terre, des chefs de lignage (ou chef de quartiers) et
du RAV. Sa population est estimée en 1996 à 2485 habitants
composés par les groupes Sénoufo-Siamou, Toussian, Mossi, Peulh
etc. C'est une population jeune (60%) et à majorité
féminine (52%). L'animisme et l'islam sont les deux religions du
village. Aussi les règles et les principes édictés par ces
religions sont au fondement de la vie, des pratiques et des activités de
production dans le village. Des sacrifices sont organisés au
début et à la fin de l'hivernage. De même des rites
initiatiques à la danse des masques et les fêtes sont les
pratiques sociales plus en vue. Le village est structuré en sept (7)
quartiers correspondant aux sept (7) lignages constitutifs du village. A
Wolonkoto, la terre appartient au lignage. L'animation culturelle du village
est assurée par des organisations et associations paysannes au nombre de
huit (8), GVH, GVF «tons », l'association des chasseurs,
l'association des parents d'élèves, la communauté
musulmane, le comité de gestion des forage, le comité de gestion
de la santé.
Le système de production dominant est l'agriculture
avec des cultures céréalières (mil, maïs, sorgho
etc....), des cultures de rentes (coton) et du maraîchage (gombo, choux,
tomate, laitue, aubergine, piment etc....). Mais, il y a aussi la pratique de
l'arboriculture, de la chasse, de l'apiculture et l'élevage. A cet
effet, il faut noter que l'élevage des bovins est de type traditionnel,
connaissant très peu d'innovation, surtout pour la gestion des maladies
du bétail. Ce sont toujours la pratique de l'automédication et
l'usage des médicaments traditionnels. Par conséquent, il
n'existe pas de zone de pâturage ni de piste à bétail
délimitée. Or le village se trouve sur un axe de transit pour les
troupeaux en provenance de la Kossi, de Sérékéni et de
Kouka. Il dispose d'un parc métallique avec un couloir de contention. En
matière de gestion de la TAA, les éleveurs fréquentent le
service vétérinaire de Koloko.
Sur le plan relationnel les rapports commerciaux
(marché) et matrimoniaux (mariage) vont bon train entre Wolonkoto et ses
voisins à l'exception de Mahon avec lequel il y a une sorte de
compétition infrastructurelle. Egalement tous les services
déconcentrés de l'Etat dans les domaines agricole,
éducatif, sanitaire, pastoral, forestier et technique sont
présents dans le village. Wolonkoto dispose de nombreuses
infrastructures de base.
Des huit (8) villages précédents, trois cent
cinquante agro-éleveurs (350) ont participé à la lutte
communautaire avec le Projet ILRI/ BMZ. Mais, cent (100) agro-éleveurs,
présentant les caractéristiques sociologiques suivantes ont
répondu à nos questions : ce sont uniquement des hommes
à raison de la non implication des femmes dans l'élevage bovin.
Ces derniers sont tous adultes et parmi eux, 65% de jeunes et 35% de vieux
selon le tableau suivant.
Tableau 4 : répartition des
agro-éleveurs en fonction de leur âge.
Age
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Jeune
|
65
|
65%
|
Vieux
|
35
|
35%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Selon leur appartenance religieuse, on obtient 63% de
musulmans ; 6% de chrétiens et 31% d'animistes selon le tableau
ci-dessous. Mais, l'utilisation des lieux de culte comme espace de contact et
de transmission des informations marque l'influence de la religion sur la
communication entre les agro-éleveurs.
Tableau 5: répartition des agro-éleveurs
en fonction de leurs religions.
Religion
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Animistes
|
31
|
31%
|
Chrétiens
|
6
|
6%
|
Musulmans
|
63
|
63%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Selon leur niveau d'instruction respectif, nous obtenons
à l'issue de l'enquête 30% d'alphabétisés et
70% d'analphabètes. Ce qui montre qu'une majorité des
agro-éleveurs est non alphabétisée.
Tableau 6: distribution des
agro-éleveurs par niveau d'instruction.
Niveau d'instruction
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Analphabète
|
70
|
70%
|
Alphabétisé
|
30
|
30%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Ces agro-éleveurs sont en majorité, soit 69%
des chefs de famille selon le tableau suivant. Ainsi, ils assument toutes les
responsabilités liées à l'utilisation des trypanocides.
Par conséquent les décisions d'achat des trypanocides et de
traitement sont prises par les agro-éleveurs eux-mêmes.
Tableau 7: distribution des
agro-éleveurs en fonction du statut familial.
Statut familial
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Chef d'exploitation
|
69
|
69%
|
Autre personne
déléguée
|
31
|
31%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Ils se répartissent entre les principaux groupes
ethniques présents dans le Kénédougou avec une
prédominance du groupe Sénoufo, 54% contre 46% pour les autres.
Le tableau suivant donne les différentes proportions en la
matière.
Tableau 8: répartition des agro-éleveurs
en fonction du groupe ethnique.
Groupe ethnique
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Senoufo
|
54
|
54%
|
Toussian
|
17
|
17%
|
Samogho
|
12
|
12%
|
Dioula
|
8
|
8%
|
Siamou
|
4
|
4%
|
Autres
|
5
|
5%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source ; résultat d'enquête.
Par ailleurs, ils se composent en majorité de
propriétaires de petits troupeaux. Selon, les données de
l'enquête, 65% d'agro-éleveurs possèdent au moins une paire
de boeufs de labour ; 22% possèdent un troupeau sédentaire
de plus de 20 têtes de bovins et 13% possèdent un troupeau
sédentaire d'au moins 50 têtes de bovins. Ce qui entraîne
peu de motivation pour les professionnels qui ne se déplacent pas pour
traiter un ou deux animaux.
Ils proviennent de huit villages localisés dans les
départements de Koloko et d'Orodara comme l'indique la carte suivante.
De plus, la majorité est éloignée des services
vétérinaires. En effet, dans la province du
Kénédougou, il existe deux pharmacies-cliniques privées
basées respectivement à Banzon et à N'Dorola distantes de
50 Km de Orodara. Un seul dépôt représentant la clinique
de N'Dorola est à Orodara. Par ailleurs, une pharmacie basée
à Hèrèmakono, soit 60 Km à la frontière du
Mali et cinq (5) autres basées à Bobo, soit 75 Km interviennent
massivement dans cette partie sud du Kénédougou. En
conséquence, les agro-éleveurs ont moins de contacts avec les
professionnels de la santé animale susceptibles de leur fournir des
informations de qualité sur la TAA.
Figure 1: carte de distribution spatiale des
agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires.
Source : Institut Géographique du Burkina, Avril
1985, modifiée
De tout ce qui précède, l'étude s'est
intéressée à des agriculteurs sédentarisés
qui ont adopté la pratique de l'élevage comme une activité
secondaire. Ils sont en majorité analphabète, mais ayant un
niveau de connaissance élevé sur la TAA et l'usage des
trypanocides. Ainsi, sur la base de ces connaissances et de l'expérience
accumulée au fil des ans, ils réalisent eux-mêmes de
nombreux traitements, comme affirme la majorité d'entre eux :
« la dernière fois que mon boeuf est tombé malade,
j'ai fais moi-même le traitement avant d'appeler le
vaccinateur ». De cette déclaration, il ressort que
l'automédication caractérise leurs pratiques
thérapeutiques. Mais, ils la justifient par les difficultés
rencontrées pour accéder aux services de santé animale.
En la matière, il existe cinq (5) agents
d'élevage pour couvrir les huit (8) village et un seul
dépôt pharmaceutique installé à Orodara. Face
à cette situation d'insuffisance et de rareté, les
agro-éleveurs ont recours aux services des vaccinateurs locaux et
vendeurs ambulants présents dans tous les villages. Mais, ils sont sans
qualification et ayant une insuffisance de culture vétérinaire.
Ce qui constitue des contraintes à leur quête d'information
vétérinaire.
III/
Analyse critique des circuits d'information et de communication chez les
agro-éleveurs.
Chez les agro-éleveurs de la province du
Kénédougou, la communication est perçue comme
« une grande valeur sociale » en raison de son
importance dans l'organisation et la vie du groupe. Dans les entretiens, cette
importance se représente par les fonctions sociales de la communication
dans leur système d'organisation sociale à savoir
l'éducation d'une part et d'autre part la gestion des relations
sociales.
D'abord les interviewés affirment que la communication
remplit une fonction éducative dans la mesure où elle participe
à « former les esprits des gens dans la
société » et à
« développer de nouvelles idées ».
Pour montrer cette relation entre l'éducation et la communication,
ils soutiennent avec force que : « c'est par la parole que
nous communiquons ». Or cette parole sous toutes ses formes fait
l'objet d'une éducation à laquelle le jeune enfant
Sénoufo, Siamou, Toussian, Samogho ou Dioula se soumet dès son
bas âge. En effet, conscient des multiples circonstances dans lesquelles
l'homme est appelé à parler dans sa vie, les groupes ethniques
présents dans le Kénédougou soumettent leurs enfants
à une éducation à la parole dont les veillées de
contes sont des occasions privilégiées d'apprentissage et de
formation au savoir parler. D'ailleurs dans leur système de
représentation sociale, savoir parler, savoir maîtriser la parole
en tout lieu et en tout temps est un impératif de communication comme
l'exprime le proverbe suivant : « si tu ne sais dire la
vérité en tout lieu et en tout temps, donne ton sabre de guerre
à une femme et elle te conduira vers la victoire ».
Obéissant à cette logique, ces groupes ethniques accordent un
soin particulier à l'acte de prise de la parole. C'est pourquoi, l'on
constate que dans ces dites sociétés la parole n'est pas
donnée à qui veut parler mais à qui sait parler. Car cet
acte implique le respect des hiérarchies sociales, la soumission de
l'individu au groupe et le respect des traditions et coutumes. Ainsi, en
situation réelle, c'est l'aîné qui prend la parole, demande
l'autorisation du groupe, des ancêtres ou d'Allah, parle et la donne aux
autres suivant la loi du plus âgé au moins âgé et
celle de la génération la plus ancienne à la
dernière. Du reste, cette relation entre communication et
éducation dans les sociétés de tradition orale a
été déjà démontrée par André
Nyamba20(*).
Parlant des Sanan, qui présentent d'ailleurs une
organisation sociale analogue à celle des Senoufo, Siamou, Toussian ou
Dioula , il analyse l'importance de la parole dans leur organisation sociale en
ces termes : « les Sanan parlent dans de multiples
circonstances de leur vie : à la fête, au décès
,lors des funérailles , relations sociales , etc. ; c'est pourquoi
dans leur système d'éducation , il existe une éducation
à la parole dont les veillées de contes sont des occasions
d'apprentissage de la parole ; c'est le temps du « savoir
dire » qui précède celui du
« savoir-faire » et celui du
« savoir-être ». Mais en réalité les
deux derniers savoirs se construisent sur le premier. D'où l'importance
de savoir maîtriser la parole, en tout lieu et en tout
temps ».21(*) Certes, il en était ainsi pendant
longtemps, mais de nos jours, cette éducation à la parole a perdu
de rigueur suite à la multiplicité des lieux d'éducation
chez les agro-éleveurs. En ce sens que l'éducation des enfants
Senoufo ou Dioula n'est plus seulement l'apanage de la famille, du lignage ou
de la société, mais aussi celui de l'école, des medersa et
des média.
Ensuite, les agro-éleveurs affirment que la
communication participe à la gestion des relations sociales dans la
mesure où elle vise à la « recherche de l'entente
au sein de la société ». Ce qui s'explique par les
nombreux et fréquents contacts entre agro-éleveurs
révélés par les enquêtes. Mais, les
fréquentes salutations familiales illustrent bien cette relation entre
communication et gestion des relations sociales. En effet, ils sont soumis
à de longues salutations matinales qui dépassent le cadre
familial pour embrasser les concessions voisines, celles du quartier, celles
des belles familles ou les concessions d'autres villages. Comme l'écrit
André Nyamba22(*)
« le matin, après s'être `lavé les yeux' l'on
va saluer l'aîné de la famille, s'enquérir de sa
santé, savoir s'il a passé une bonne nuit ; il s'agit de
longues litanies répétitives dont l'objectif de toute
évidence n'est pas prioritairement d'ordre informationnel ;
(...) », elles ne visent pas seulement à
s'enquérir des nouvelles et de la santé des autres mais aussi
recherchent la cohésion familiale voire sociale. Car à travers
leur fréquence, ces populations de tradition orale manifestent un grand
besoin d'entretien de bonnes relations sociales à l'intérieur et
à l'extérieur du groupe. Des relations sociales allant des
rapports familiaux, des liens de parenté, de voisinage, d'alliance et
d'affinité aux rapports d'échanges économiques avec
l'extérieur en passant par les rapports hiérarchiques et
d'autorité à l'intérieur des groupes sociaux. Et ces
salutations prennent l'allure d'une obligation sociale au point que tout
manquement est vivement ressenti et condamné par la
société. Pour ce faire, deux expressions sont couramment
utilisées : « c'était ta
salutation... ! », employée lorsqu'on salue
quelqu'un à qui on veut lui témoigner sa volonté de
maintien de bonnes relations et « salut à toi..., il y a
deux jours », employée pour signifier le refus de rompre
les relations sociales à quelqu'un qui était perdu de vue.
Conscients de ce rôle social de la communication dans
leur système d'organisation sociale, les agro-éleveurs accordent
une attention particulière à sa gestion. Ainsi des personnes sont
déléguées dans chaque village pour servir d'informateurs
de la communauté à travers des circuits organisés et
reconnus par tous. La figure suivante en indique une représentation
simplifiée sans tenir compte des spécificités de chaque
village.
Figure 2: circuit simplifié d'information dans
les villages du Kénédougou.
Chef du village
Griot /informateur du village
Population
Le schéma ci-dessus indique que les informations
proviennent du chef du village et transmises à la population par le
biais du griot ou de l'informateur du village. Du reste, il faut admettre avec
les griot ou les informateurs que le chef de village est la source de
production de l'information comme s'exprime un jeune griot originaire du
village de Diéri : «L'information vient du chef de
village. Il me la transmet oralement et je suis chargé d'informer la
population ».
Ce que les différents chefs confirment à travers
les propos ci-après : « les chefs ne disposent pas de
radio ni de téléphone ; ce sont les griots qui se chargent
d'informer la population » dixit le chef de village de
Diéri. Et le responsable administratif du village de M'bié
d'affirmer ceci : « dans le village on a un informateur
chargé de la diffusion des informations ». Mais
l'ensemble des déclarations précédentes indiquent que le
« chef », le « griot ou
l'informateur du village » et la
« population » sont les acteurs clés
socialement identifiés qui participent au fonctionnement de ce
système.
D'abord, le « chef »
représente la source d'information de toute la société
comme s'expriment les agro-éleveurs eux-mêmes en
majorité : « nous obtenons nos informations chez le
chef ». Il a pour rôle de produire l'information et de la
diffuser au sein de la société. Ce rôle est bien
perçu par la majorité des chefs interviewés car pour
eux : « il faut faire
circuler l'information ». Mais, cet acteur source
et producteur d'information est pluriel dans les représentations et les
expressions des agro-éleveurs. Le « chef »
dont il est question dans leurs propos ne correspond pas uniquement au chef du
village. Il est aussi : « le chef de
famille » ; « le chef de
quartier », « le chef de
terre », « le responsable
administratif ». Bref, c'est le
« chef », dépositaire d'une autorité
politique et morale. Certes dans une conception orchestrale de la
communication, le chef est incontournable dans le circuit de communication.
Mais, il comporte des biais de communication relatif à son statut de
chef politique ayant un rapport spécifique à l'information. Les
chefs estiment qu'ils font « circuler » les
informations, mais il faut admettre l'existence possible de sélection
des informations et des destinataires. Et cette sélection introduit des
biais dans la communication qui s'énoncent en termes de blocage, de
rétention, de distorsion, d'intoxication, de désinformation et de
sous information.
Ensuite, le « griot » ou
« l'informateur » du village représente le
vecteur social des informations. Intermédiaire entre le
« chef » et la population, son rôle est
de diffuser les messages du chef auprès de la population comme ils le
définissent eux-mêmes : « notre travail
là consiste à faire passer
l'information ». Ce sont les griots dans certains villages et
les informateurs dans d'autres. Mais, si les griots sont les professionnels de
la communication d'autrefois, les informateurs actuels semblent être une
innovation technique entreprise par les communautés elles-mêmes
dans ce domaine. D'ailleurs, ceci n'est pas un cas isolé en la
matière car de la voix naturelle, des trompettes, du tam-tam et des
pieds, ces communautés en sont venues à l'usage du vélo et
du microphone équipé de haut parleur comme moyens techniques
d'information et de communication. Et, entre les informateurs et le
« chef », il y a le
« messager » du
« chef ». Celui-ci est un proche parent que le
« chef » choisi de son propre gré pour
l'envoyer auprès du « griot » ou
« l'informateur » du village en cas de besoin.
Mais, selon l'adage qui dit que « le griot est la bouche et
l'oreille du chef », ces intermédiaires au service du
chef ont-ils la capacité de véhiculer une information contraire
à celle du chef ? Ceci pour montrer que les griots ou informateurs
sont associés au processus de sélection qui commence avec le
chef sans oublier qu'ils sont de véritables sources de
déformation des informations dans la société.
Enfin, la
« population » représente une
pluralité d'acteurs sociaux parmi lesquels les individus isolés,
et les organisations de la société civile (OSC). Ce sont les
récepteurs des informations provenant du
« chef ». Mais ils sont aussi
« informateurs » dans la mesure où
l'information reçue par un individu est « partagée
avec les autres ».
Deux outils de communication sont utilisés dans ce
système. Dans les entretiens, les différents acteurs affirment
qu'ils s'informent par « la bouche, en face à
face » et se déplacent par « le
vélo ». Mais, il existe une pluralité de lieux de
transmission des informations. Dans les villages fortement islamisés, la
majorité des informations sont transmises à la mosquée
comme l'affirme le chef de village de Sokoroni : « Avant, on
envoyait des enfants vers les différentes concessions, mais,
présentement, on passe l'information dans les
mosquées ». Ce qui s'inscrit dans les stratégies
d'information des chefs de façon générale. Mais, la
mosquée n'est pas le seul lieu du côté de la population de
Sokoroni comme le dit leur président des éleveurs :
« Chez nous ici, quand quelqu'un a besoin de nouvelles, il
s'adresse au chef de quartier ou bien il va à la
mosquée ». Dans les villages où le facteur
religieux n'est pas très déterminant, les informations se
transmettent «chez le chef, dans les concessions, pendant les
réunions, en assemblée villageoise, sous l'arbre à palabre
et pendant les occasions de culte, de rencontre et de rassemblement dans les
villages ». Ce qui s'inscrit dans la logique des outils et
espaces de communication utilisés par les agro-éleveurs. Ils sont
qualifiés de média traditionnels de communication (MTC) en
opposition aux média modernes tel que la radio, le journal, le
téléphone, la télévision, le cinéma,
l'Internet etc. L'interaction entre tous ces éléments forment un
circuit officiel, connu de tous les acteurs par lequel les informations sont
véhiculées dans les villages. Cependant, lorsque certains
enquêtés affirment qu'ils reçoivent aussi les informations
« par les amis » et qu'on peut les
transmettre également « par bouche à
oreille », il convient de noter qu'il existe un circuit
parallèle par lequel, l'information circule de proche en proche. Ce qui
s'inscrit dans la logique des relations sociales dans la mesure où ce
sont des relations de parenté, d'alliance, d'affinité, de
copinage, de partenariat et d'aventure qui caractérisent les contacts
selon la majorité de nos enquêtés.
Figure 3: esquisse d'un circuit d'information dans les
villages du Kénédougou sud.
Source officielle : - chef du village,
- chef de terre,
- responsable administratif
Chefs de quartier / conseil des anciens.
Mosquée et autres lieux.
Griot / informateur du village
Population: - chef de ménage,
- organisations de la société civile,
- individus.
Source parallèle : relations sociales
(Parents, amis, alliés, copains et partenaires)
Source : résultat des entretiens.
Au regard de ce circuit, la circulation des informations
semble obéir à deux logiques sociales à savoir la logique
des relations sociales et celle de l'organisation socio-politique de la
société.
Selon la logique des relations sociales, les
agro-éleveurs reçoivent les informations par
l'intermédiaire des personnes avec qui ils entretiennent des relations
d'amitié, d'alliance, de collaboration et de parenté. Elle est
représentée par la source parallèle sur le schéma.
Suivant cette source, l'échange des informations se déroule
essentiellement à l'intérieur de cercles fermés d'amis, de
parents, de copains, etc. En conséquence, les individus isolés,
sans contacts extérieurs ont moins d'informations dans ce
système. Or, un village est par définition un lieu
d'interconnexion où tous les habitants se connaissent. D'où, la
diffusion des informations de proche en proche par bouche à oreille
semble adapter à ce contexte. Quant à la logique de
l'organisation socio-politique, les agro-éleveurs reçoivent les
informations suivant la structuration de la société en quartier,
en clan et en concession et la stratification de la société en
classe d'âge, en caste, en corps de métier
spécialisé et en groupement. Cette logique est
représentée par la source officielle des informations qui ont
pour origine soit le chef de village, le chef de terre ou le responsable
administratif villageois. Mais à partir de là, les informations
partent dans quatre directions :
- la première, ce sont les griots/ informateurs qui
vont informer la population dans leurs maisons ;
- la seconde direction, le chef réunit ses
différents chefs de quartiers en conseil des anciens et leur transmet
les informations. Ces derniers réunissent dans leurs quartiers
respectifs leurs différents chefs de famille et leur transmettent les
informations afin qu'ils informent leurs membres de famille
respectifs ;
- la troisième direction, ce sont les
griots/informateurs qui vont informer les différents responsables des
associations, groupements et tons, qui se chargent d'informer leurs membres
respectifs ;
- enfin, la quatrième direction,
particulièrement observable dans les villages fortement
islamisés, ce sont les griots/informateurs qui s'adressent à la
foule après les prières à la mosquée. Mais les
quatre directions ne sont pas exclusives, car dans un même village, un
même individu peut recevoir les informations provenant des quatre
directions voire des deux sources. Le problème est de savoir que chaque
source comporte des risques de modification des informations dans la mesure
où il existe toujours un ou deux intermédiaires entre le chef qui
émet et l'agro éleveur qui reçoit. Des risques qui
constituent à nos yeux des contraintes dans la quête d'information
de qualité en ce sens que l'agro éleveur n'est pas directement
en contact avec le professionnel de la santé. Par conséquent, il
ne reçoit pas le message délivré par ce dernier mais un
message venant de son chef de village avec tous les biais de sélection
et de dénaturation possibles. C'est pourquoi, de nos jours, les
agro-éleveurs ont besoin d'informations sur la TAA
délivrées par les professionnels de la santé à
travers les formations et les brochures en langue locale.
CHAPITRE III : TRANSACTIONS TRYPANOCIDES ET
STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE SERVICES.
Le présent chapitre vise à dégager les
difficultés de communication auxquelles les prestataires de services
sont confrontés dans leur tâche d'information et de
sensibilisation des agro-éleveurs à travers l'analyse de leurs
pratiques et attitudes dans l'utilisation des trypanocides. Mais avant, il est
nécessaire de savoir quels sont les acteurs sociaux en présence
et quelles sont leurs stratégies de communication ?
I/ Rôles,
caractéristiques et importance des acteurs en présence.
L'utilisation des trypanocides est une pratique
médicale réservée aux spécialistes de la
santé animale selon les textes et lois réglementaires de la
médecine vétérinaire au Burkina-faso. Mais, à la
faveur de la privatisation de la profession vétérinaire, vendre
ou appliquer les médicaments trypanocides ne sera plus l'apanage des
seuls spécialistes de la santé animale, car on assiste à
l'émergence d'autres acteurs non autorisés. D'où, nous
distinguons deux catégories de prestataires de services à savoir
les professionnels de la santé animale et les non professionnels.
1) Les
professionnels de la santé animale.
Ils regroupent les personnes qui exercent la médecine
vétérinaire avec les qualifications et les compétences
requises par le code de santé animale au Burkina Faso. Ce sont les
agents publics d'élevage, les docteurs vétérinaires et les
nouveaux acteurs.
Dans la province du kénédougou, les agents
publics d'élevage restent les premiers professionnels de la santé
animale connus de nos jours auxquels se réfère en priorité
le terme « vétérinaire »
employé fréquemment par les agro-éleveurs. Traditionnels
fournisseurs de services vétérinaires, ils sont composés
d'agents et de techniciens d'élevage au nombre de trois (3) dans notre
zone d'étude. Basés à la direction provinciale à
Orodara et au poste vétérinaire frontalier de Koloko, ils ont
été tous formés à l'école Nationale de
Santé Animale (ENSA) de Ouagadougou. Mais, au-delà de la
formation initiale, ils ont tous reçu en moyenne trois (3) formations
complémentaires dans les domaines :
- de la lutte contre la TAA ;
- de la surveillance épidémiologique ;
- des travaux de laboratoire ;
- de l'aviculture ;
- de l'élevage des petits ruminants ;
- de l'embouche bovine ;
- de la gestion des projets et micro-projet et
- des méthodes de recherche
accélérée (MARP).
Ce sont des agents expérimentés ayant en moyenne
trois (3) ans d'expérience sur le terrain.
Agissant en qualité de fonctionnaire d'Etat, ils
interviennent plus dans les traitements que la sensibilisation des
éleveurs et le contrôle de la profession. Selon les données
d'enquête, ils ont réalisé en moyenne 124 fois de
traitements trypanocides l'année passée. De plus, ils ont
donné en moyenne 57 fois de conseils aux éleveurs. Mais, ils
déclarent dans les entretiens qu'ils n'ont pas « les
moyens matériels, logistiques et la capacité pour le
contrôle des trypanocides et leur commercialisation ».
Cependant, dans la nouvelle organisation des services de santé animale
issue de la libéralisation de la profession de médecine
vétérinaire, les services publics sont chargés de toutes
les questions liées à la vulgarisation, à la formation,
à la sensibilisation et au contrôle de l'exercice de la profession
vétérinaire sur le terrain en priorité.
Quant aux docteurs vétérinaires, ils regroupent
toutes les personnes ayant obtenues le diplôme de doctorat en sciences et
médecine vétérinaires après des études
supérieures et ayant reçue une autorisation préalable pour
s'installer en privé. Deux docteurs vétérinaires sont
installés dans la province du Kénédougou. Ils sont tous
localisés dans sa partie nord avec une représentation sous forme
de dépôt pharmaceutique au sud. Mais, l'enquête a pris en
compte ceux de Bobo, intervenants fortement dans cette partie sud. Ils ont
été formés à l'EISMV (Ecole Inter-Etats des
Sciences et Médecine Vétérinaires) de Dakar, au
Sénégal pour la majorité et en France, au Maroc, en Russie
pour une minorité. Ils ont reçu en majorité au moins une
formation spécialisante dans les domaines suivants :
médecine tropicale, productions animales et reproduction
génétique (insémination artificielle). Ils ont en moyenne
dix sept ans d'expériences dans les domaines de l'enseignement, de la
recherche et de la santé en exercice privé. Engagés dans
des entreprises privées, ils sont tous responsables de cabinets de soins
vétérinaires de nature clinique et pharmaceutique. Sur le
terrain, ils agissent en qualité de cliniciens, pharmaciens grossistes
et pharmaciens détaillants. Ainsi, ils offrent des services cliniques,
des médicaments et des conseils aux éleveurs. Mais, selon les
données d'enquête, ils interviennent plus dans la vente des
médicaments que dans les soins et les conseils. En effet, ils estiment
avoir vendu au cours de l'année écoulée en moyenne quatre
mille (4000) fois de trypanocides contre cent (100) fois de traitements
réalisés et quatre vingt (80) fois de conseils donnés. Ce
qui est le reflet du rôle actuel joué par les
vétérinaires privés installés en majorité
dans les officines pharmaceutiques pour la vente des médicaments au
détriment des soins et de la sensibilisation sur le terrain. Or dans
l'organisation actuelle des services vétérinaires au Burkina, ils
ont la charge de la commercialisation/distribution des médicaments
vétérinaires de qualité, de la prise en charge des animaux
malades et de l'information des éleveurs.
Outre les agents publics d'élevage et les docteurs
vétérinaires, il faut ajouter de nouveaux acteurs professionnels
ayant reçus une autorisation préalable pour s'installer en
privé. Techniciens d'élevage et ingénieurs zootechniques
en majorité, ce sont d'anciens fonctionnaires de l'Etat en retraite ou
ayant quittés la fonction publique pour s'installer en privé
à la faveur de la libéralisation de la profession
vétérinaire. Ils ont été formés à
l'ENSA de Ouagadougou avec en moyenne vingt et deux (22) ans
d'expériences dans la fonction publique et dans l'exercice de la
médecine vétérinaire en privé. Ils jouent les
mêmes rôles actuels que les docteurs vétérinaires et
bénéficient des mêmes attributions et avantages
conférés par le code de la santé animale.
Toutefois, à côté des acteurs
professionnels dont les rôles et statuts ont été
définis par le code de la santé animale au Burkina et
légitimés par l'ordre national vétérinaire, s'est
développé une catégorie d'acteurs non professionnels,
reconnus sous l'appellation « d'amateurs de la médecine
vétérinaire » dans le jargon des
spécialistes.
2) les
non professionnels.
Ils sont composés de vaccinateurs et de vendeurs de
médicaments de la rue. Ils regroupent les anciens auxiliaires de la
santé animale, les éleveurs propriétaires de grands
troupeaux, les marchands de bétails, les commerçants et de
nouveaux acteurs.
- les anciens auxiliaires : Ce sont d'anciens
vaccinateurs formés par les services publics d'élevage et
licenciés à la faveur de la libéralisation de la
profession vétérinaire intervenue en 1991. Ce sont des acteurs
formés et expérimentés. En effet, outre, la formation
initiale reçue sur la vaccination, ils ont acquis des connaissances
supplémentaires dans le domaine agro-pastoral. Ils ont en moyenne vingt
(20) ans d'expériences dans le métier. Ils interviennent plus
dans les traitements que la vente des médicaments ou l'information des
éleveurs. Non reconnu par les textes et lois régulateurs de
l'exercice de la médecine vétérinaire au Burkina, leur
rôle actuel s'explique par l'insuffisance du personnel qualifié
sur le terrain. Du reste, ces auxiliaires sont nés d'une volonté
politique nationale de pallier à un déficit de professionnels sur
le terrain à un moment donné de son histoire. C'est donc en 1963
que les services provinciaux en charge de l'élevage ont
procédé au recrutement des premiers vaccinateurs pour la mise en
oeuvre de la campagne internationale de lutte contre la peste bovine
patronnée par la Hollande. Ils jouaient le rôle de vaccinateur au
sens authentique du mot, c'est-à-dire inoculer le vaccin contre la peste
dans l'organisme des bovins. Pour ce faire, ils ont reçu une formation
sur le tas concernant la préparation, le dosage et l'injection du
vaccin. Une fois, la campagne terminée, ils seront
intégrés dans la fonction publique en qualité d'auxiliaire
de la santé animale et participer aux différentes
activités vétérinaires sur le terrain.
De nos jours, ces derniers sont au centre d'une
polémique comme l'écrit Omar Diall et al23(*) « ces agents
issus des communautés d'éleveurs constituent une force
supplétive pour les services vétérinaires. Mais
l'existence même de ce corps est au centre de nombreuses controverses.
Les vétérinaires privés voient en ces éleveurs
formés des concurrents potentiels sur le terrain, tandis que les
services de l'Etat les considèrent comme une certaine banalisation de la
profession vétérinaire »
- les commerçants : Ce sont des personnes
associant la vente des médicaments vétérinaires à
celle des biens de première nécessité. En nombre important
dans le Kénédougou sud, certains sont installés sur place
dans les villages ou dans le marché d'Orodara tandis que d'autres se
baladent de village en village et font la ronde de tous les marchés
locaux. Sans qualification ni formation en matière d'exercice de la
médecine vétérinaire, ils interviennent significativement
dans la vente des médicaments et l'information des éleveurs. La
confiance réciproque et l'expérience quotidienne sous tendent
leurs pratiques. Non prévu dans l'organisation actuelle des services
vétérinaires, leur rôle actuel s'explique par le manque de
pharmacies vétérinaires dans le Kénédougou sud.
- les marchands de bétail : Ce sont les
exportateurs d'animaux par la route vers les pays voisins tels que le Mali, La
Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Ils interviennent dans la vente
des médicaments, dans l'information et les traitements dans une moindre
mesure, comme le disent les agro-éleveurs
eux-mêmes « nous obtenons quelque fois aussi nos
médicaments et nos informations avec les commerçants de
boeufs ». Ils gardent toujours par devers eux des
médicament (pour faire face aux cas de maladies urgentes) qu'ils
emportent au cours des voyages. Mais, une fois de transit dans ces pays, ils
profitent des facilitées d'achat de médicaments trypanocides et
en achètent une certaine quantité qu'ils ramènent. De
retour, ces médicaments sont, soit autoconsommés, soit
prêtés ou vendus aux autres éleveurs. De plus en plus, ce
phénomène prend de l'ampleur, car avant de partir ces marchands
procèdent à une évaluation des besoins réels des
éleveurs afin d'acheter les quantités correspondantes.
- les propriétaires de grands troupeaux : Ce sont
les pasteurs peulh et certains agro-éleveurs ayant une longue
expérience dans la pratique pastorale. Perçus comme les
détenteurs des savoirs locaux en santé animale, ils
possèdent toujours des trypanocides pour usage personnel en cas de
besoin urgent, surtout lors des mouvements de transhumance. Impliqués
dans une forte automédication, ces derniers contribuent à la
distribution des médicaments, à leur application et à
l'information des agro-éleveurs. Mais, dans les discussions de groupe
les agro-éleveurs soutiennent ceci : « nous obtenons
aussi nos médicaments, nos soins et nos informations avec les peulhs et
ceux qui ont duré dans ce travail d'élevage » pour
montrer leur rôle non négligeable dans les soins et
l'information.
Symbole de la persistance de la tradition et des coutumes, le
recours aux propriétaires de grands troupeaux ne saurait être
déterminé seulement par l'inaccessibilité et
l'indisponibilité des autres acteurs. Il semble que cela traduit une
certaine fidélité des agro-éleveurs à leurs
coutumes agro-pastorales. En effet, dans leur organisation sociale, les
propriétaires de grands troupeaux représentent les
spécialistes de la santé animale. Ainsi, dans la division sociale
du travail, ils s'occupent de toutes les questions relatives à
l'élevage, en particulier la santé animale.
- les nouveaux acteurs sont des éleveurs qui ont
appris à vacciner les animaux par imitation au contact d'un
spécialiste de la santé animale et ceux qui ont été
choisis dans leurs communautés respectives pour être formés
par des Projets ou ONG . Qualifiés de vaccinateurs locaux ou d'agents
communautaires de santé animale, ils ont été formés
sur le tas dans les domaines de l'élevage de la volaille, des petits
ruminants, de l'embouche bovine, de l'entretien des bovins et de la
santé animale (vaccination). En la matière, le Projet BMZ2, dans
sa phase d'activité sur le terrain a formé vingt deux (22)
vaccinateurs locaux sur :
- la lutte intégrée contre la TAA, prenant en
compte le contrôle contre les vecteurs, l'utilisation des trypanocides et
l'élevage du bétail trypanotolérant ;
- l'utilisation rationnelle des trypanocides ;
- le diagnostic et les soins de la TAA ;
- le diagnostic et les soins des maladies
additionnelles ;
- la médecine traditionnelle ;
- l'alimentation des animaux.
Ils sont peu expérimentés (3 ans de pratique
vétérinaire), car entrés récemment dans le
métier de vétérinaire. Non autorisés à
pratiquer les injections trypanocides, ils interviennent fortement dans la
vente, le traitement et l'information des éleveurs. Mais, selon l'un
d'eux les traitements dépassent la vente et la sensibilisation :
« dans tout ce village de Kotoura et environnant c'est moi qui
fait les traitements. Et chaque fois, je leur dit de me prévenir
tôt quand ça ne va ».
Parmi cette pluralité d'acteurs sociaux qui
interviennent dans l'offre des services vétérinaires, cinquante
cinq (55) personnes appartenant à huit (8) catégories de
prestataires ont répondu à nos questions selon la figure
suivante. Mais sur le terrain, ils sont tous qualifiés de
vétérinaire. Ce qui crée une confusion dans les
esprits des agro-éleveurs qui ont du mal à distinguer le vrai
vétérinaire du faux. Il s'en suit une crise de confiance entre
les agro-éleveurs et leurs prestataires de services entraînant un
contexte défavorable à une communication efficace.
Figure 4: proportion des prestataires de services
enquêtés.
Source : résultat d'enquête.
Ils sont en majorité instruits, soit 63,6% de notre
échantillon dominé par 40% de scolarisés ayant au moins le
niveau primaire. Le tableau suivant donne plus de détails en la
matière.
Tableau 9: Distribution des prestataires par niveau
d'instruction.
Niveau d'instruction des
prestataires de services
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Non scolarisé
|
14
|
25.5
|
Alphabétisé
|
2
|
3.6
|
Enseignement coranique
|
4
|
7.3
|
Primaire
|
22
|
40.0
|
Secondaire
|
2
|
3.6
|
Supérieur
|
11
|
20.0
|
Total
|
55
|
100
|
Source : résultat d'enquête.
Ils sont composés en majorité de non
professionnels n'ayant aucune qualification sur la santé animale, soit
78,19% contre 21,81% de professionnels selon le tableau ci-dessous.
Tableau 10 : répartition des prestataires
par niveau de qualification.
Niveau de qualification
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Professionnels de la santé animale
|
12
|
21,81%
|
Non professionnels
|
43
|
78,19%
|
Total
|
55
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Il faut toutefois remarquer qu'il existe plusieurs types de
qualification, car selon le diplôme obtenu, on distingue des agents
techniques d'élevage, des techniciens et techniciens supérieurs
d'élevage, des ingénieurs d'élevage, des ingénieurs
zootechniques et des docteurs vétérinaires. Ils se
répartissent comme le montre le tableau ci-dessous. Il se dégage
nettement une prédominance des docteurs vétérinaires parmi
les professionnels du privé mais ils sont absents sur le terrain et
relayés par les vaccinateurs qui sont sans diplôme. A
l'opposé les agents publics sont présents mais peu
fréquentés par les agro-éleveurs. En conséquence,
on se demande quelle est la qualité des messages sur la TAA reçus
par les agro-éleveurs qui sont permanemment en contact avec des
informateurs sans véritable culture vétérinaire ?
Tableau 11: distribution des prestataires
professionnels selon le diplôme obtenu.
|
Professionnels du privé
|
Professionnels du public
|
Non professionnels
|
Docteur vétérinaire
|
67%
|
0%
|
0%
|
Techniciens d'élevage
|
11%
|
100%
|
0%
|
Ingénieur d'élevage
|
11%
|
0%
|
0%
|
Vaccinateur formé
|
11%
|
0%
|
5%
|
Sans diplôme
|
0%
|
0%
|
95%
|
Total
|
100%
|
100%
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Certains ont reçu au moins une formation
complémentaire tandis que d'autres n'ont reçu aucune formation
avant de se lancer dans l'exercice de leur activité. Selon la figure
ci-dessous, environ 41,8% de prestataires ont reçu au moins une
formation complémentaire contre 27,3% qui s'appuient sur leur formation
de base et 30,9% n'ont aucune formation. Les sujets de formation sont
variés et relatifs ou non à la santé animale.
Figure 5: répartition des prestataires suivant le
niveau de formation.
Source : résultat d'enquête.
Enfin, la majorité des prestataires de services ont
acquis des expériences dans le domaine de la santé animale. Ces
expériences sont diverses et variables dans le temps. Mais, les agents
publics restent les plus anciens (23 ans d'expérience) dans la
profession vétérinaire devant les vaccinateurs (21 ans) et les
docteurs vétérinaires (17 ans). Quant à la majorité
des non professionnels, ils demeurent les nouveaux acteurs avec 4 à 5
ans d'expérience dans la vente et les traitements
vétérinaires.
A ces acteurs de terrain, s'ajoutent les fabricants de
médicaments, les chercheurs, les décideurs, les services d'appui
sociaux. A l'exception des fabricants, ils sont représentés dans
le Kénédougou sud à travers les structures
suivantes :
- le CIRDES pour la recherche ;
- le PNGT2 pour l'appui aux éleveurs ;
- la DPRA, LA DRRAHB et l'ONV pour les décisions
politiques.
De tout ce qui précède, il existe une
pluralité d'acteurs sociaux qui interagissent dans l'offre des soins
vétérinaires dans la province du Kénédougou. Ce qui
a été confirmé par les acteurs eux-mêmes dans les
discussions de groupe. Du reste, l'importance et la position de chaque groupe
ont été perçues par ces acteurs en l'affectant un score
d'importance. Ces scores vont de 1 à 10. Les scores moyens qui
traduisent les différentes perceptions sont représentés
à travers le tableau ci-dessous. Selon lequel, les différents
acteurs estiment en majorité que les vendeurs de trypanocides, leurs
consommateurs et les autorités de régulation sont les principaux
groupes en présence. Ce sont en l'occurrence les agro-éleveurs,
les vétérinaires privés, les vendeurs de
médicaments de la rue, les vaccinateurs locaux et les agents publics
d'élevage. Cependant, les fabricants sont perçus comme importants
par les vétérinaires privés et les agents publics
d'élevage.
Les décideurs sont seulement importants aux yeux des
agents publics. L'autorité de régulation et de contrôle,
les ONG et les services d'éducation sont perçus comme moins
importants par l'ensemble des acteurs. Enfin, les agro-éleveurs
accordent beaucoup d'importance à tous les acteurs issus des
communautés villageoises. Leurs perceptions s'expliquent par la
présence ou l'absence de l'acteur en question sur le terrain. C'est
pourquoi l'on remarque que les acteurs les plus importants sont les acteurs
existants et actifs sur le terrain. Tandis que les moins importants sont ceux
qui restent méconnus sur le terrain.
Tableau 12: perceptions liées à
l'importance de chaque groupe d'acteur chez les agro-éleveurs,
les agents publics d'élevage et les vétérinaires
privés.
Groupe d'acteurs
|
Agro-éleveurs
|
Agents publics d'élevage
|
Vétérinaires
privés
|
Projet
|
9
|
Non évaluée
|
Non évaluée
|
Agro-éleveurs
|
7
|
10
|
10
|
Agents communautaires
|
6
|
7
|
5
|
Agents publics
|
6
|
9
|
6
|
Fabricants de trypanocides
|
4
|
5
|
8
|
pharmacies détaillant
|
3
|
8
|
8
|
Vendeurs de médicament de la rue
|
2
|
6
|
6
|
Décideurs politiques
|
0
|
3
|
3
|
Autorité de contrôle (ONV)
|
0
|
4
|
2
|
Services d'éducation
|
0
|
0
|
5
|
ONG
|
0
|
0
|
4
|
Groupement des éleveurs
|
7
|
3
|
3
|
chercheurs
|
Non évaluée
|
9
|
6
|
Importateurs/grossistes
|
Non évaluée
|
Non évaluée
|
8
|
Source : résultat d'enquête.
Des rapports d'échanges économiques
caractérisent les relations entre les différents acteurs.
Même si cet échange reste symbolique entre les
agro-éleveurs et les vaccinateurs locaux, il est monétaire pour
la majorité des acteurs. En outre, les différents acteurs sont
soumis à des jeux d'influence réciproque dont les
appréciations données par les agro-éleveurs, les agents
publics d'élevage et les vétérinaires privés se
présentent de la manière suivante :
- Les agro-éleveurs estiment qu'ils sont fortement
influencés par les agents publics d'élevage et tous les non
professionnels issus de leurs communautés. A l'opposé, ils
exercent une influence sur tous les vendeurs de médicaments à
travers leur pouvoir d'achat et n'ont aucune influence sur les agents publics
d'élevage.
- Ayant une forte influence sur les agro-éleveurs, les
agents publics d'élevage ont moins d'influence sur les autres acteurs et
moins influencés également par eux en dehors du service.
- Les docteurs vétérinaires sont
influencés par leurs clients, les grossistes, les fabricants et les
autres concurrents. Inversement, ils influencent sur leurs clients et les
autres pharmacies. Chaque groupe subi ces jeux d'influences réciproques
à l'exception des décideurs politiques et des services
d'éducation et d'appui-conseil. Ce qui crée nécessairement
des interrelations entre les acteurs dans la mesure où chaque acteur se
sent interconnecté à l'autre. Il s'ensuit l'idée
qu'au-delà des échanges économiques, les
agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires entrent respectivement en contact avec les uns et
les autres. Ainsi, ils ne se limitent pas seulement à échanger
des médicaments ou des traitements contre de l'argent mais ils
échangent aussi des choses immatérielles parmi lesquelles des
politesses, des questions-réponses, des informations et des conseils.
Ce qui s'inscrit dans la thèse de Jean Baudrillard qui
soutient que la consommation est un système
d'échange. Et par là, il développe l'idée
selon laquelle la consommation n'est pas seulement l'achat d'un bien ou
d'un service pour satisfaire un besoin, c'est aussi l'achat de signes
(distinctifs) destinés à rentrer en contact avec les autres. Pour
ce faire, il compare la consommation à un langage et il pense que
l'achat d' un vêtement, d'une voiture, d'un meuble permet à
l'individu de communiquer ses valeurs aux autres et de s'intégrer
à l'intérieur d'un groupe. Ainsi, il tisse un lien étroit
entre la communication et la consommation dont les codes sont transmis par la
famille, la publicité et les media. Mais, il faut se situer dans une
société de haute consommation dans laquelle les individus
cherchent à se faire distinguer les uns des autres à travers les
biens et les services achetés pour comprendre tout le sens de ces
propos. Dans le contexte social des agro-éleveurs et leurs prestataires
de services, ils permettent de fonder la relation qui existe entre la
consommation et la communication et par la même occasion, soutenir
l'existence d'un système de communication pour le contrôle de la
TAA.
Du reste, la communication est indissociable de la
consommation dans la mesure où l'information est à la base de
toute transaction commerciale. En effet, tout vendeur a besoin de communiquer
à ses clients et au public toute information relative à ses
produits. Tout comme un acheteur a besoin de toute information relative au
produit qu'il désir. D'où, il s'établit entre vendeur et
acheteur un processus d'échange d'informations dont le nombre et la
fréquence des contacts fondent son efficacité. Entre les
agro-éleveurs et leurs prestataires de services, cette communication est
l'ensemble des activités, des procédures et des structures par
lesquelles ils s'échangent les informations sur la TAA. Dans
l'utilisation des trypanocides, les procédures de vente et de
traitements trypanocides dans les cabinets de soins vétérinaires,
dans les services publics d'élevage et dans la rue constituent les
activités et lieux de contact entre agro-éleveurs et prestataires
de services vétérinaires. Ce qui fonde l'idée d'une
communication dont il est question d'analyser les stratégies, les
objectifs et les difficultés y afférentes chez les prestataires
de services.
II/ Stratégies de
communication utilisées par les prestataires de services.
Dans la province du Kénédougou, le rôle
des prestataires dans l'utilisation des trypanocides ne se limite pas seulement
à la vente et aux traitements. Outre ce rôle issu des pratiques
actuelles, ils contribuent à informer et à sensibiliser les
agro-éleveurs sur la santé animale. Pour ce faire, un ensemble de
stratégies est mis en oeuvre pour l'accomplissement de cette mission de
nature sociale et désintéressée. Mais avant, quelles sont
les sources d'information utilisées par les prestataires de
services ?
Dans la province du Kénédougou, les principales
sources d'information sur la santé animale chez les prestataires de
services vétérinaires sont dominées par les
collègues (87,3%), les fournisseurs de médicaments (80%) et les
services étatiques (69,1%) selon la figure n° 6. En effet, c'est à travers les échanges
entre collègues ; les achats des médicaments ; les
notes et réunions de service ; la lecture des journaux
d'informations générales et spécialisées ;
l'écoute des émissions radio et
télévisuelles ; la participation aux campagnes de
vulgarisation, aux ateliers, séminaires et réunions de formation
qu'ils acquièrent leurs informations vétérinaires. Ainsi,
il existe plusieurs occasions par le biais desquelles, les prestataires de
services s'informent sur la santé animale. Mais, les occasions de vente
des trypanocides, de traitement de cas de trypanosomose animale et les
stratégies commerciales en la matière sont utilisées pour
transmettre les informations aux agro-éleveurs. Dans cette logique, les
moyens utilisés sont les conseils qui accompagnent la vente et les
traitements, les modes de promotion, d'exposition, de vente et d'application
des trypanocides. Mais, par ordre d'importance, les conseils apparaissent au
premier plan. De natures diverses et de volumes variables selon les
catégories de prestataires, ils sont évalués au cours
d'une année comme le montre le tableau n° 13.
Figure
6: sources d'information vétérinaire utilisées par les
prestataires de services.
Source: résultat d'enquête.
Tableau 13: volume des conseils au cours d'une
année par prestataires.
Prestataires de services
|
Nombre de fois de conseils
|
Représentants
|
130
|
Vétérinaires privés Burkina
Faso
|
80
|
Vétérinaires privés
Mali
|
30
|
Importateurs/grossistes
|
0
|
Agents publics d'élevage
|
57
|
Agents communautaires
|
57
|
Vendeurs de médicaments de la rue
|
321
|
Vaccinateurs locaux
|
100
|
Total
|
825
|
Source : résultat d'enquête.
Dans une dynamique comparée entre les
différents prestataires représentés dans le tableau
ci-dessus, les vendeurs de médicaments de la rue enregistrent un volume
de conseils supérieur à celui des vétérinaires
privés, qui est aussi supérieur au volume donné par les
agents publics d'élevage. En effet, confrontés d'épars et
d'autres à une concurrence déloyale, à une pauvreté
des éleveurs et à une conjoncture économique, les
professionnels du public et du privé ne cherchent qu'à
rentabiliser leur « business » en se
spécialisant davantage dans la vente des trypanocides au
détriment de l'information.
Or, dans la division des tâches issue de la
privatisation de la profession vétérinaire, l'information, la
sensibilisation, la formation des éleveurs et la vulgarisation pastorale
sont dévolues aux agents publics de l'Etat et du privé. Mais, si
ces derniers donnent moins de conseils, alors quelle est la conséquence
sur la communication ? A ce propos, cela a un impact sur la qualité
des messages reçus par les agro-éleveurs parce que le contenu et
les objectifs des messages émis par les non professionnels ne sont pas
adaptés à la communication pour le changement de comportement des
agro-éleveurs en faveur d'un meilleur contrôle de la TAA. En
effet, il convient de noter que les nombreux conseils délivrés
par les non professionnels concernent plus des informations d'ordre
général que des informations spécifiques visant à
promouvoir l'utilisation rationnelle des trypanocides. Par ailleurs, elles
s'inscrivent dans leurs stratégies commerciales et de quête de
légitimité sociale.
En effet, pourchassés par les autorités
politiques et tolérés par la société, ils font
constamment recours à la force de la parole pour se créer une
identité sociale. C'est pourquoi, ils cherchent permanemment à
convaincre, voire à persuader leurs clients en multipliant les conseils
à leur endroit.
Ainsi, ils ne visent pas à informer de façon
désintéressée mais à conquérir des
marchés commerciaux et à se constituer une clientèle. En
conséquence, ils constituent une source de biais de communication.
Sans qualification en santé animale, les non
professionnels disposent d'une culture vétérinaire insuffisante
ne pouvant pas leur permettre de délivrer des messages de qualité
sur la TAA et susciter l'adoption de l'utilisation rationnelle des trypanocides
par les agro-éleveurs.
Outre les conseils, certaines stratégies commerciales
sont utilisées par les prestataires de services pour diffuser les
informations sur la santé animale. Ce sont la publicité, la
présentation des médicaments ; les techniques et le mode de
vente. Mais avant de les décrire de façon
détaillée, certains prestataires de services rencontrés
nous parlent de leurs stratégies d'informations et de communication.
Pour un agent communautaire de santé animale
résidant dans le village de M'bié, vieux, scolarisé et
formé par le Projet ILRI/BMZ : «je conseille aux
agro-éleveurs de me contacter ou bien de contacter un collègue
quand ils ont des problèmes de santé animale
». Et, il profite «des réunions» du groupement
des éleveurs et des «occasion de rencontre ou de rassemblement
dans le village» pour adresser ses conseils aux
agro-éleveurs.
Quant à un jeune vaccinateur local formé et
scolarisé, il affirme ceci : «ma stratégie
principale consiste à rassembler les éleveurs que je trouve sur
le terrain et à les sensibiliser sur les causes des maladies animales,
les stratégies de lutte adéquates et l'entretien des bovins en
général». De même, ajoute un jeune vendeur
ambulant résidant au secteur n°4 de Orodara : «si un
client vient pour acheter chez moi, je profite le sensibiliser. Mais il arrive
des moments que je me déplace dans les villages avec quelques produits
me balader de concessions en concessions pour les présenter aux
éleveurs». Si ces différents propos proviennent des
prestataires non professionnels, voici ce que dit le seul pharmacien
basé à Orodara, représentant d'une clinique pharmacie et
vaccinateur de carrière : «Moi, je sors rarement de la
pharmacie. Donc, c'est quand les éleveurs viennent ici que je profite
les sensibiliser. De plus lorsque j'aperçois un responsable de
groupement des éleveurs de passage, je l'appelle, je me renseigne sur
les problèmes de santé de leurs bovins et je lui donne quelques
conseils. Les éleveurs aiment qu'on les informe de plus en plus, car ils
veulent savoir » ! Des propos qui traduisent une grande
motivation pour ce vaccinateur de carrière reconverti en pharmacien de
communiquer avec les agro-éleveurs. Mais, il est confronté
à un manque d'occasions de contact avec les agro-éleveurs car il
est peu fréquenté à raison de l'indisponibilité et
du coût élevé des médicaments vendus dans sa
pharmacie. De plus, il a une insuffisance de culture vétérinaire
à transmettre, car il n'a aucun diplôme vétérinaire.
D'où, il s'agit d'une quête de clientèle doublée
d'un désir de communiquer avec les agro-éleveurs.
De ces propos traduisant le point de vue des
différents prestataires présents sur le terrain dans la province
du kénédougou, il faut retenir qu'une seule stratégie
d'information est en vigueur. Elle consiste à conseiller les
agro-éleveurs à travers la
« parole » et le «contact
physique » pendant la vente et les traitements trypanocides. Ce
qui est en adéquation avec le mode de communication dominant chez les
agro-éleveurs à savoir la communication interpersonnelle par
l'intermédiaire de la parole et du contact physique. En effet, ces
derniers baignent dans une culture d'oralité dans laquelle la
communication n'est possible que par la possession de la parole. Et dans leur
système de représentations sociales, posséder la parole
est très significatif dans la mesure où la conscience populaire
révèle que « l'Homme n'a ni queue, ni
crinière par lesquelles il puisse être attrapé. C'est par
sa parole qu'on l'attrape... ». Proverbe Dioula auquel se
réfère l'ensemble des sociétés de cette province
pour se représenter l'importance de la parole dans leur organisation
sociale. Il a été précédemment employé par
André Nyamba24(*)
lorsqu'il écrivait dans le même sens à propos des Sanan
(peuples apparentés des Dioula) que « la parole est au
coeur de l'organisation des Sanan ; (...) ».
En outre, il y a la publicité et les techniques
commerciales. D'abord, une forme de publicité sournoise est observable
chez tous les prestataires.
Toutefois ils refusent de l'avouer, parce que la
publicité sous quelque forme que ce soit est condamnée par le
code de santé animale au Burkina Faso. Elle est mise en oeuvre par le
décor des structures de santé animale, dans le mode de
présentation des médicaments et dans les techniques de vente. En
effet, les décors extérieur et intérieur d'une structure
de santé animale, en particulier les structures privées sont
faits d'affiches sur lesquelles on voit des images et des écritures
relatives à la santé animale. Comme l'indique la figure n°7,
tous les cabinets de soins vétérinaires privés ont recours
à des affiches tant à l'extérieur qu'à
l'intérieur de la maison. Et par ces affiches, les gérants
renseignent leur clientèle sur les nouveaux produits qu'ils
reçoivent. En la matière, la stratégie consiste à
afficher tout nouveau médicament reçu avec toutes les
informations y afférentes et dès qu'un client arrive on l'invite
à lire ces affiches. Après la lecture, on lui donne des
explications complémentaires. De ce fait, les affiches deviennent un
support scripto-visuel d'information et de communication sur la santé
animale utilisé abondamment par les prestataires de services. Mais, ces
affiches dont l'origine est à rechercher sans doute du côté
des firmes pharmaceutiques, sont l'apanage des professionnels.
Chez les non professionnels, la promotion des nouveaux
produits se fait par le « don de médicament pour
essayer ».Technique de marketing social qui consiste à
remettre un échantillon de nouveaux produits arrivants sur le
marché à leurs clients les plus fidèles pour un test afin
d'obtenir leurs appréciations sur son efficacité.
Stratégie commerciale de prime abord mais aussi, stratégie
d'information et de communication dans la mesure où le vendeur, muni des
emballages et de ses propres connaissances en la matière procède
à une véritable formation des clients-test afin qu'ils puissent
respecter strictement les consignes des fabricants.
Ensuite, l'exposition des médicaments sur les
étagères, sur les tables ou sur les étalages met en relief
les images et les écritures figurants sur les emballages au besoin de
qui veut se renseigner. A l'image de la figure n°8, chez tous les
vendeurs, les trypanocides sont exposés sur des étagères
pour ceux officiant en pharmacie ou en clinique et sur des tables ou
étalages pour les vendeurs de la rue. Mieux, certains professionnels
procèdent à une inscription des différents prix sur les
boîtes exposées. De ces modes de présentations des
produits, un client qui arrive identifie de lui-même le produit qu'il
désire à travers les images pour la majorité
analphabète et les écritures pour ceux qui savent écrire
et lire. Ce qui réduit le temps de transaction en terme d'impact sur la
communication.
Enfin, la vente à la
« criée » ou le » porte
à porte » sont des techniques commerciales qui mettent
le vendeur en contact direct avec son client. Par ces techniques, le vendeur
parle, décrit et vante les qualités de ses produits. Certes, les
prestataires de service déploient une multiplicité de techniques
pour échanger avec les agro-éleveurs dès qu'ils se
retrouvent face à face pendant les transactions trypanocides.
D'où, il est question de savoir comment elles se déroulent ?
Quelles sont les possibilités et les difficultés de communication
y relatives ?
Figure 7: Photo d'une pharmacie
vétérinaire.
Figure 8: pharmacie vétérinaire vue de
l'intérieure.
III/ Consommation des trypanocides
et biais de communication.
De nos jours, les trypanocides demeurent les
médicaments utilisés pour lutter contre la TAA dans la province
du Kénédougou. Utilisés en grande quantité par les
agro-éleveurs et leurs prestataires, ce sont des substances chimiques
qui tuent les trypanosomes ou les empêchent de se multiplier. Il en
circule une gamme variée, appartenant à deux groupes de
médicaments : le Diminazène (DIM) et l'Isométhamidium
(ISMM). Identifiés sur le plan social par leurs noms commerciaux et par
leurs couleurs ils sont présentés en détail dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 14: Trypanocides en circulation dans la
province du Kénédougou.
Trypanocides
|
Noms commerciaux
|
couleur
|
Posologie d'emploi
|
Durée de protection
|
Délai d'attente
|
Prix moyen (F CFA)
|
Diminazène
|
Berenil®, Veriben®, Lobazène®,
Sangavet®, Trypadim®, Diamyl®, Nozomyl®, etc.
|
Jaune
|
Curatif pour 3,5/7 mg/kg
|
7 à 14 jours
|
21jours
|
320/1,05g
2500/10,5g
|
Isométhamidium
|
Trypamidium® Securidium®, Samorin®,
Veridium®, etc.
|
Rouge
|
Curatif à 0,5 mg/kg
Préventif à 1 mg/kg
|
3 mois
|
30 jours
|
420/1g 3500/1,25g
|
Source : Résultat d'enquête.
Ils sont vendus en petit et grand sachet. Soit respectivement
1,05g et 10,5g pour le Diminazène ; 1g et 1,25g pour
l'Isométhamidium. Ils sont également commercialisés sous
forme de poudre ou granulée à dissoudre dans de l'eau bouillie et
refroidie à défaut de l'eau stérilisée et à
des proportions indiquées par le fabricant (souvent inscrites sur les
paquets). La solution obtenue est destinée à être
injectée dans l'organisme de l'animal. A ce stade, il est
recommandé d'injecter une solution mesurée en fonction du poids
de l'animal par voie intramusculaire pour obtenir un résultat efficace.
Dans le tableau ci-dessous on retrouve leurs modes de dilution respectifs.
Tableau 15: modes de dilution, dosages et sites
d'injection.
Typanocides
|
Petit sachet
|
Grand sachet
|
Dosages (mélange)
|
Concentration (en %)
|
Sites d'injection
|
DIM (Berenil®)
|
1,05g/12,5ml d'eau
|
10,5g/125ml
|
15ml
150ml
|
7
|
Cou, épaules et les fesses
|
ISMM (Trypamidium®
|
1g/100ml
1g/50ml
|
1,25g/12,5ml
1,25g/6,5ml
|
|
1
2
|
Cou, épaules et les fesses
|
Source : résultat d'enquête.
Leur distribution est assurée par une pluralité
d'acteurs sociaux ayant des rapports diverses à la médecine
vétérinaire. En effet, il ressort de nos entretiens deux
catégories de perceptions : « activité
principale » pour les vétérinaires privés
et une majorité des vendeurs de médicaments de la rue et
« activité secondaire » pour les agents
publics d'élevage, les vaccinateurs locaux, les éleveurs et une
minorité des vendeurs ambulants.
Du reste, affirme un docteur vétérinaire,
importateur/distributeur en gros de médicaments
vétérinaires, installé en clientèle privée
dans la ville de Bobo-Dioulasso et principale source de médicaments
trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou :
« c'est ma profession. Depuis que je suis rentré de mes
études en 1994, j'ai commencé à
l'exercer ». De son point de vue, il s'agit d'une appropriation
individuelle et une défense de la profession vétérinaire,
mais les vendeurs ambulants revendiquent leur place. Ainsi, lorsqu'un vendeur
ambulant résidant au secteur n°4 de Orodara et importante source de
trypanocides provenant de la rue affirme: « j'ai abandonné
l'agriculture pour faire de cette activité mon occupation
principale », il en fait sa profession aussi. De même
quand l'unique agent public d'élevage en poste à Koloko affirme
ceci : « cette activité est une composante de ma
fonction d'agent public d'élevage installé à la
frontière ici », il situe sa place et son rôle.
Dans le même ordre d'idées, un vaccinateur local, initialement
formé à l'aviculture et réalisant de nombreux traitements
annuels dans le village de M'bié et environnants situe sa place en ces
termes: « c'est ma seconde occupation ici après
l'agriculture ».
Des perceptions qui riment avec leurs motivations
d'entrée dans cette activité. Le
« chômage » est la principale motivation
chez les vétérinaires privés. Certes pour la
majorité, c'est le « non accès à la
fonction publique » qui les a conduit à s'installer
à titre privé. Mais, cela est à nuancer, car certains ont
démissionné de la fonction publique pour s'installer en
clientèle privée. Ce qui a un impact sur leur motivation dans la
mesure où ils n'ont pas choisi la profession par vocation mais par
nécessité d'emploi. Pendant que les vaccinateurs et
éleveurs évoquent «la rareté des
vétérinaires », les vendeurs de la rue avancent
« le manque de pharmacies
vétérinaires » pour justifier leur pratique. C'est
pourquoi, ils sont prêts à tout faire sur le terrain et à
n'importe prix malgré leur manque de formation.
En outre, cette activité est exercée au sein
d'institutions publiques et privées vétérinaires
localisées à Bobo-Dioulasso, Orodara, Koloko et
Hèrèmakono d'une part et d'autre part dans la rue selon le
tableau ci-dessous. Ainsi, pour accéder aux animaux dans les villages,
les prestataires de services privés installés à
Bobo-Dioulasso doivent parcourir une distance maximale de 120 Km et une
distance minimale de 60 Km. De même, le vétérinaire
privé situé à Hèrèmakono (Mali) parcourt une
distance maximale de 60 Km et une distance minimale de 5 Km pour atteindre les
éleveurs. Et le seul pharmacien privé basé à
Orodara doit parcourir une distance maximale de 50 Km et une distance minimale
de 3 Km pour atteindre ses clients. Quant aux agents publics d'élevage
situés à Koloko et Orodara, ils doivent parcourir une distance
maximale de 50 Km et une distance minimale de 3 à 10 Km pour atteindre
les éleveurs. A l'analyse, les professionnels privés et publics
sont éloignés des agro-éleveurs au profit des non
professionnels présents dans les villages. En matière de
communication, cela entraîne la réduction des contacts entre
agro-éleveurs et prestataires de services professionnels dans la mesure
où les agro-éleveurs justifient leur recours aux non
professionnels par l'absence des vétérinaires privés et
l'insuffisance des agents publics sur le terrain. Mais, c'est un biais pour
échapper à la contrainte de distances et les frais y
afférentes qu'ils doivent supporter en allant consulter un professionnel
situé à 60 Km minimum. Ainsi, ressenti comme une contrainte par
les agro-éleveurs et leurs prestataires professionnels, le facteur
distance exerce une influence négative sur leur motivation et
réduit le nombre des contacts entre eux.
Tableau 16 : localisation des prestataires de services
par rapport à leurs clients.
Localisation des structures de santé
animale
|
Villages les plus éloignés (distance
maximale en Km)
|
Villages les plus proches (distance minimale en
Km)
|
Pharmacies privées à Bobo
|
120 Km
|
60 Km
|
Dépôt de Orodara
|
50 Km
|
3 Km
|
Agent public de Orodara
|
50 Km
|
7 Km
|
Agent public frontalier de Koloko
|
50 Km
|
10Km
|
Pharmacie à
Hèrèmakono
|
60 Km
|
5 Km
|
Vaccinateurs locaux
|
Dans les villages
|
Dans les villages
|
Vendeurs de médicaments de la rue
|
Dans les villages
|
Dans les villages
|
Agents communautaires de santé
animale.
|
Dans les villages
|
Dans les villages
|
Source : résultat d'enquête.
D'histoire récente, la majorité des structures
vétérinaires a été créée au cours des
années 1990 correspondant au début du processus de
libéralisation de la médecine vétérinaire au
Burkina Faso. De façon chronologique, les agents publics sont en
tête, suivis des importateurs/grossistes, des cabinets privés, des
vaccinateurs, des vendeurs de la rue et des agents communautaires de
santé animale. Cette mise en place est le reflet de l'histoire
évolutive du domaine de la santé animale au niveau national. En
effet, pendant longtemps l'offre des services vétérinaires
était assurée par l'Etat à travers les agents publics.
Ensuite sous la pression du programme d'ajustement structurel (PAS), on assiste
à la libéralisation de la profession vétérinaire.
Ce processus a conduit à l'émergence d'acteurs privés
chargés désormais d'offrir les services et les médicaments
vétérinaires aux éleveurs. L'Etat devant assurer un cadre
réglementaire adéquat. Mais, le manque de régulation a
entraîné l'apparition des non professionnels pour combler le vide
laissé par les acteurs publics et privés dans les campagnes.
Cette installation récente a eu pour impact le sous équipement
médico-technique et logistique des structures vétérinaires
privés.
Néanmoins la majorité dispose d'un
équipement de base à savoir l'eau courante,
l'électricité, le téléphone, l'ordinateur et le fax
dans les proportions ci-dessous. Ainsi, en matière de communication,
toutes les structures vétérinaires disposent de
téléphone pour assurer leurs besoins de communications avec
l'extérieur.
Tableau 17: équipement de base.
|
Eau courante (%)
|
Electricité (%)
|
Téléphone (%)
|
Ordinateur (%)
|
Fax (%)
|
Représentant
|
50
|
50
|
50
|
0
|
0
|
Importateur
|
0
|
100
|
100
|
100
|
50
|
Cabinets privés
|
44
|
67
|
56
|
44
|
22
|
Agents publics
|
67
|
67
|
33
|
0
|
0
|
Source : résultat d'enquête.
En outre la majorité ne dispose pas de
matériels techniques vétérinaires comme l'indique le
tableau suivant. Mais, il convient de savoir que les structures publiques sont
en général plus équipées que les structures
privées. Et parmi ces dernières, les cabinets de soins sont plus
équipés que les pharmacies grossistes. Ce manque de
matériels techniques vétérinaires affecte la
qualité de leurs prestations et par ricochet leur pouvoir de persuasion
en matière de communication. En effet, comment un professionnel de la
santé animale peut-il convaincre un agro éleveur de le
fréquenter pendant qu'il est lui-même en manque de
matériels de soins ? En communication si la parole permet de faire
entendre et comprendre certains faits et certaines idées, un support
matériel technique conséquent permet de faire voire et croire
à ces faits et idées.
Tableau 18: Proportion des équipements
techniques dans les structures sanitaires vétérinaires.
|
Représentants (%)
|
Détaillants (%)
|
Grossistes (%)
|
Cabinets de soins (%)
|
Services publics (%)
|
Salle de consultation
|
0
|
60
|
0
|
33
|
33
|
Table d'hospitalisation
|
0
|
20
|
0
|
11
|
33
|
Salle d'opération
|
0
|
0
|
0
|
0
|
33
|
Réfrigérateur
|
50
|
60
|
50
|
56
|
100
|
Congélateur
|
0
|
20
|
50
|
22
|
67
|
Microscope
|
0
|
0
|
0
|
0
|
33
|
Centrifugeuse
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : résultat d'enquête.
De même, le tableau ci-dessous indique que les agents
publics et les grossistes sont bien équipés en moyens de
transport. En revanche, certains cabinets de soins sont confrontés
à un manque de moyens de déplacement. Or, ils sont censés
effectuer de nombreux déplacement afin de couvrir leur zone
d'intervention. Par conséquent, leurs possibilités de contacts
avec les agro-éleveurs se trouvent considérablement
réduites. Du reste, « le manque d'équipement
logistique » est ressenti par l'ensemble des prestataires comme
une contrainte majeure dans leurs pratiques trypanocides.
Tableau 19: situation de l'équipement des
structures sanitaires vétérinaires en moyens de transport.
|
Motocycle (%)
|
Car (%)
|
Représentant
|
0
|
0
|
Indépendants
|
80
|
20
|
Grossistes
|
100
|
100
|
Cabinets privés
|
67
|
33
|
Agents publics
|
100
|
33
|
Source : résultat d'enquête.
Enfin, les non professionnels disposent d'un
équipement limité à la possession d'un vélo, d'une
moto, d'un thermomètre et d'une seringue selon le tableau ci-dessous. La
possession d'un vélo ou d'une moto par les non professionnels montre
à quel niveau ils sont susceptibles d'entrer en contact avec les
agro-éleveurs dans les campagnes les plus reculées de la province
du Kénédougou.
De plus, par la faveur des formations données par le
Projet ILRI/ BMZ, ils détiennent un matériel technique
vétérinaire composé de thermomètre, de ruban doseur
et de seringue capable de convaincre les agro-éleveurs de la
qualité de leurs prestations. De ce fait, ils apparaissent plus
crédibles aux yeux des éleveurs. Mais, leur manque de
qualification, leurs insuffisances de formation et d'expérience
constituent des risques d'acquisition de mauvaises informations sur la TAA.
Certes, ils ont le temps, les moyens médico-techniques et logistiques
leur permettant de nouer de nombreux contacts avec les agro-éleveurs,
mais ils ont peu de culture vétérinaire à les transmettre.
Tableau 20: état d'équipement des
prestataires non professionnel.
|
Vélo
|
Moto
|
Thermomètre
|
Seringue
|
Vendeurs de la rue
|
50%
|
50%
|
0%
|
10%
|
Vaccinateurs locaux
|
50%
|
70%
|
40%
|
90%
|
Agents communautaires
|
100%
|
22%
|
100%
|
95%
|
Source : résultat d'enquête.
De ce qui précède, la province du
Kénédougou connaît une faible couverture
vétérinaire de son territoire à raison de la
rareté des vétérinaires privés et de l'insuffisance
des agents publics d'élevage. Ce qui est une difficulté
structurelle qui contribue à réduire le nombre et la
fréquence des contacts entre agro-éleveurs et leurs prestataires
de services. A cela s'ajoutent les difficultés rencontrées dans
l'application des trypanocides à savoir la mentalité et
l'état d'esprit des prestataires, le temps, la qualité du
personnel, la nature, le coût et la rentabilité des prestations
offertes.
En effet, la majorité des structures
vétérinaires sont des « entreprises
individuelles » dont la recherche du profit et la
rentabilité caractérisent la mentalité et
déterminent l'état d'esprit de leurs responsables. Ce qui
entraîne une rareté des déplacements pour traiter deux ou
trois animaux. En contrepartie, ils ont un personnel employé pour
prendre en compte les plus petits besoins des consommateurs dont les
spécificités liées à chaque catégorie de
prestataires se présentent de la manière suivante. En moyenne,
les cabinets de soins emploient 2 à 3 personnes. Leur personnel est
composé de femmes et d'hommes adultes, jeunes, scolarisés, ayant
acquis des connaissances sur le tas dans leurs domaines respectifs. Ils
travaillent sur la base de l'expérience acquise au fil des
années. Le personnel qualifié se retrouve du côté
des importateurs /grossistes, qui, emploient des diplômés du
secondaire ou du supérieur. Employés comme vendeurs ou vendeuses
de médicaments, vaccinateur, agent commercial, magasinier,
secrétaire, comptable, assistant vétérinaire, chauffeur
et gardien, ils sont plus en contacts avec les agro-éleveurs. Mais, ils
sont sans qualification requise. Par conséquent, ils ont des
possibilités de communication limitée. A l'opposé, les non
professionnels n'offrent pas d'emploie salarié. Mais, ils sont
accompagnés dans leurs tâches quotidiennes par des personnes
apparentées.
Les prestataires de services ont des emploies de temps
variables. Mais, les non professionnels disposent d'un temps de travail plus
long que les professionnels. Ils consacrent en moyenne, 13,23 heures par jour
sur le terrain contre 8,3 heures pour les professionnels. De ce fait, ils
s'occupent plus dans la semaine, car 70% des non professionnels travaillent
sept jours sur sept dans la semaine contre 33% de professionnels. Cette
situation s'explique par le fait que les non professionnels ne disposent pas de
calendrier de travail conséquent et n'obéissent pas à
aucune législation en matière de travail contrairement aux
professionnels qui sont soumis à la codification socio juridique du
travail au Burkina Faso. Ainsi, pendant que les agents publics sont soumis au
calendrier de huit (8) heures par jours et cinq (5) jours dans la semaine, les
non professionnels affirment dans leur majorité qu'ils
n'ont « pas d'heure de travail ». Aussi, pendant
que la majorité des privés sont obligés de respecter la
règle de dix (10) heures maximum par jours et des temps de culte, la
majorité des non professionnels affirment qu'ils
« travaillent à n'importe quel moment »
pourvu que la demande se manifeste. Partant de là, les professionnels
sont soumis à une contrainte de calendrier de travail qui les oblige
à une gestion rationnelle du temps. Ainsi, ils procèdent à
une planification de leurs activités d'intervention dans laquelle la
priorité est accordée à la vente et au traitement au
détriment de l'information. Du reste, une analyse comparée de la
quantité de vente des trypanocides, du volume des traitements
réalisés et de celui des conseils donnés au cours d'une
année écoulée montre que les différents
prestataires accordent une faible place à l'information dans leurs
prestations. En effet, contre un total de 297 fois de conseils donnés en
douze mois, l'ensemble des prestataires professionnels ont vendu 6775 fois de
trypanocides et réalisé 1038 fois de traitements comme l'indique
le tableau ci-dessous.
Tableau 21: quantité de traitements
réalisés en douze mois selon les prestataires.
Nombre de fois de prestation / prestataire
|
Vente de DIM
|
Vente d'ISMM
|
Administrer DIM
|
Administrer ISMM
|
Conseils donnés
|
Représentants
|
225
|
60
|
0
|
0
|
130
|
Cabinets privés du BF
|
300
|
100
|
60
|
40
|
80
|
Cabinets privés du Mali
|
3000
|
300
|
12
|
1
|
30
|
Importateurs/grossistes
|
3000
|
800
|
0
|
0
|
0
|
Agents publics d'élevage
|
|
|
83
|
41
|
57
|
Total
|
6525
|
250
|
765
|
273
|
297
|
Source : résultat d'enquête.
Les trypanocides sont vendus sous plusieurs noms commerciaux
à des prix variables. Selon les tableaux suivants, les prix varient d'un
prestataire à un autre, d'un pays à un autre et en fonction du
volume du paquet.
Tableau 22: Prix du DIM en fonction du prestataire et
du volume du paquet.
|
Gamme de DIM
|
Prix moyen du petit sachet (CFA)
|
Fluctuation du prix (CFA)
|
Prix moyen du grand sachet (CFA)
|
Fluctuation (CFA)
|
Représentants
|
2
|
675
|
550-800
|
3525
|
3300-3700
|
Vétérinaires privés
|
3
|
672
|
600-750
|
3525
|
3300-3700
|
Grossistes
|
4
|
533
|
500-550
|
3500
|
3500
|
Agents communautaires
|
8
|
633
|
375-1000
|
5050
|
3500-6500
|
Vaccinateurs locaux
|
6
|
430
|
300-550
|
3536
|
2500-5000
|
Vendeurs de la rue
|
8
|
425
|
350-500
|
3515
|
2500-5000
|
Source : résultat d'enquête.
Au regard de ce tableau, les non professionnels offrent une
large gamme de trypanocides à dose unique et à des prix nettement
moins chers que les professionnels. Par contre les trypanocides à dose
multiple coûtent plus chers chez les non professionnels que chez les
professionnels. Le tableau ci-dessous met en relief cette différence de
prix entre les professionnels et les non professionnels.
Tableau 23: variation du prix du DIM entre les
professionnels et les non professionnels.
|
Gamme de DIM
|
Prix moyen /petit sachet (CFA)
|
Intervalle des prix (CFA)
|
Prix moyen/grand sachet (CFA)
|
Intervalle des prix (CFA)
|
Professionnels privés
|
4
|
647
|
500-800
|
3520
|
3300-3700
|
Non professionnels
|
11
|
554
|
100-300
|
4590
|
2500-6000
|
Source : résultat d'enquête.
De même, il existe une gamme variée de
trypanocides au Mali qu'au Burkina. Et les trypanocides du Mali coûtent
moins chers que ceux du Burkina. Par exemple, la seule pharmacie
d'Hèrèmakono, au Mali dispose plus de variétés de
trypanocides à coût moins élevé que l'ensemble des
onze (11) pharmacies investiguées au Burkina Faso.
Tableau 24: comparaison des prix du DIM au Burkina
Faso et au Mali.
|
Gamme de DIM
|
Prix moyen/petit sachet (CFA)
|
Intervalle des prix
(F CFA)
|
Prix moyen/grand sachet (CFA)
|
Intervalle des prix (CFA)
|
Pharmacies privées-Burkina Faso
|
4
|
647
|
500-800
|
3520
|
3300-3700
|
Pharmacie privée- Mali
|
5
|
325
|
300-400
|
2550
|
2250-3000
|
Source : résultat d'enquête.
Sous ce premier rapport, les prix de vente des trypanocides
sont déterminés par quatre facteurs à savoir : le
niveau de qualification du prestataire, la gamme existante, le lieu de
provenance et le prix d'achat. De ces facteurs, le prix d'achat est le plus
déterminant dans la mesure où les prestataires, offrant plus de
variété de trypanocides à prix moins chers
s'approvisionnent au Mali tandis que ceux qui offrent une gamme limitée
à prix élevé s'approvisionnent au Burkina Faso. Or, au
Mali, il existe une large gamme de trypanocides à des prix abordables.
Les facteurs explicatifs de ce constat sont liés à l'existence
d'une centrale de conditionnement des médicaments
vétérinaires basée à Sikasso et à la
flexibilité de la réglementation et des taxes fiscales et
douanières en matière de vente des trypanocides.
Dans cette logique, la disponibilité et
l'accessibilité des trypanocides semblent déterminer leur prix
chez les prestataires de services vétérinaires au
Kénédougou. Toutefois les prix sont influencés par le
volume du sachet contenant les trypanocides. En effet, il existe de petits
sachets contenant une dose de trypanocides et de grands sachets contenant de
multiple dose. Or, les trypanocides à dose unique (petit sachet)
coûtent plus chers au Burkina Faso que ceux à dose multiple tandis
que le contraire se vérifie au Mali. Il en découle que les
trypanocides à dose unique coûtent plus chers au Burkina qu'au
Mali tandis que ceux à dose multiple présentent des prix
sensiblement égaux. Cette variation des prix des trypanocides en
fonction du volume du sachet est perceptible à travers les tableaux
suivants. Il se dégage l'idée que le coût des trypanocides
est plus élevé dans les pharmacies vétérinaires au
Burkina Faso qu'au Mali. Du reste : « le coût
élevé des trypanocides » est évoqué
dans le discours des agro-éleveurs comme une contrainte dans
l'utilisation des trypanocides. Ce qui explique le recours vers les vendeurs
ambulants et les pharmacies du Mali avec qui, ils réalisent de nombreux
contacts au détriment des professionnels du Burkina. Par
conséquent, le coût élevé des prestations
apparaît comme un facteur défavorable à la
fréquentation des professionnels du Burkina.
Tableau 25: prix des trypanocides selon le volume du
sachet au Burkina.
|
Trypanocides
|
Prix moyen (CFA)
|
Prix moyen/grand sachet (CFA)
|
Prix moyen/petit sachet (CFA)
|
Veriben®
|
DIM
|
325
|
361
|
650
|
Trypamdim®
|
DIM
|
320
|
350
|
650
|
Trypamidium®
|
ISMM
|
425
|
461
|
679
|
Veridium®
|
ISMM
|
412,5
|
431
|
700
|
Source : résultat d'enquête.
Tableau 26: variation de prix entre grands et petits
sachets de trypanocides au Mali.
Gamme
|
Trypanocides
|
Prix/grand sachet (CFA)
|
Prix/petit sachet (CFA)
|
Diamyl®
|
DIM
|
300
|
225
|
Sangavet®
|
DIM
|
400
|
250
|
Diminaveto®
|
DIM
|
300
|
250
|
Trypamidium®
|
ISMM
|
412,5
|
600
|
Source : résultat d'enquête.
Pour terminer, il ressort des données que la marge
bénéficiaire de la vente des trypanocides est plus
élevée au Mali qu'au Burkina Faso. Mais, en fonction des
prestataires, elle est plus élevée chez les non professionnels
que chez les professionnels et plus élevée chez les importateurs/
grossistes que chez les détaillants des cabinets privés. Ce qui
s'explique par la concurrence déloyale des grossistes, des agents
publics et des vendeurs de la rue dont subissent les cabinets privés. Le
tableau ci-dessous présente cette marge bénéficiaire en
fonction des fournisseurs et du pays d'origine des trypanocides. Enfin, en
fonction de la catégorie de trypanocides et du volume du contenant, la
marge bénéficiaire est plus élevée pour la vente
des curatifs (DIM) que la vente des préventifs (ISMM) et plus
élevée pour la vente des petits sachets que la vente des grands
sachets. Toutefois, la vente des trypanocides génériques rapporte
plus de bénéfice que celle des trypanocides authentiques
(originaux). En conséquence, cette marge bénéficiaire
apparaît comme un important facteur qui favorise la
chimiorésistance et son développement dans la province du
Kénédougou dans la mesure où la vente des
variétés rapportent plus de bénéfice que celle des
trypanocides originaux (ou de qualité). Ce qui peut entraîner des
échecs de traitement à raison du sous-dosage de leur principe
actif depuis le lieu de fabrication. Or de l'avis de la majorité des
spécialistes interrogés, « le
sous-dosage » est présenté comme principale cause
de la chimiorésistance.
Mieux, en situation de résistance, les trypanocides
préventifs sont plus recommandés que les curatifs. Or, on
remarque que la vente des curatifs rapporte plus de bénéfice que
les préventifs. Il en découle que la vente élevée
des trypanocides curatifs peut favoriser le développement de la
résistance. Mais en terme d'incidence sur la communication, la recherche
de la rentabilité est une source de motivation des sorties de terrain
qui explique le refus des professionnels de se déplacer pour le
traitement d'un ou de deux animaux malades et le peu de temps accordé
à un éleveur qui vient acheter un ou deux sachets de
trypanocides. C'est pourquoi, on constate qu'une faible place est
accordée à l'information parmi les activités des
professionnels.
Tableau 27 : marge bénéficiaire de la
vente des trypanocides par type de fournisseur et
par pays.
Prestataires
|
Marge bénéficiaire moyenne
|
Prestataires
|
Marge bénéficiaire
moyenne
|
Cabinets de soins
|
9,9
|
Agents publics
|
10,6
|
Pharmacies/détaillants
|
8
|
Importateurs/grossistes
|
10,6
|
Professionnels
|
9,9
|
Non professionnels
|
23,6
|
Mali
|
14
|
Burkina Faso
|
9
|
DIM
|
10,9
|
ISMM
|
8
|
DIM original
|
9
|
DIM Générique
|
11,6
|
ISMM original
|
8,0
|
ISMM générique
|
8,1
|
Grand sachet
|
6,3
|
Petit sachet
|
13,8
|
Source : résultat d'enquête.
Les trypanocides vendus dans la province du
Kénédougou proviennent de deux sources principales : la
source Burkinabé et la source malienne. Au Burkina Faso, la
majorité des prestataires s'approvisionnent chez quatre (4)
importateurs/grossistes, basés à Bobo-Dioulasso. Ce sont FASOVET,
SODIVET, SAGRICHEM et SOPELA. En retour, les grossistes s'approvisionnent
auprès des firmes pharmaceutiques occidentales suivantes :
Laprovet, Merial, Ceva, Intervet et Keprovet. Au Mali, les non professionnels
s'approvisionnent chez Pharmavet Koné, Pharmavet Mali et Medivet. Ce
sont des importateurs/grossistes dont le premier est basé à
Sikasso et les deux autres à Bamako avec représentation à
Sikasso. Très spécifiquement, tous les prestataires de services
professionnels enquêtés au Kénédougou sud (Burkina
Faso) s'approvisionnent dans les trois pharmacies basées à
Bobo-Dioulasso. Par contre, les sources d'approvisionnement des non
professionnels sont diversifiées avec une prédominance de la
source malienne.
Pour cette catégorie de prestataires, les tableaux
suivants indiquent les sources et les origines géographiques des
trypanocides qu'ils vendent. Mais, d'ores et déjà, le secteur
informel reste leur principale source d'approvisionnement. En effet, la
majorité des non professionnels, soit 44% de notre échantillon
achète leurs trypanocides dans la rue et sur les marchés locaux
chez les vendeurs ambulants. Cependant, ils proviennent en majorité,
soit 47% de notre échantillon, du Burkina Faso.
Tableau 28: sources des trypanocides vendus par les non
professionnels.
|
Pharmacies
|
Secteur informel
|
Agents publics
|
Non spécifier
|
Vendeurs de la rue
|
9
|
6
|
0
|
3
|
Vaccinateurs locaux
|
6
|
11
|
1
|
3
|
Agents communautaires
|
23
|
27
|
1
|
3
|
Total
|
38%
|
44%
|
2%
|
9%
|
Source : résultat d'enquête.
Tableau 29: origine des trypanocides vendus par les
non professionnels.
|
Mali
|
Burkina
|
Côte d'Ivoire
|
Non spécifier
|
Vendeurs de la rue
|
10
|
5
|
0
|
3
|
Vaccinateurs locaux
|
6
|
13
|
1
|
0
|
Agents communautaires
|
19
|
29
|
1
|
0
|
Total
|
35%
|
47%
|
2%
|
3%
|
Source : résultat d'enquête.
De ce qui précède, nous retenons que les
trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou
proviennent en grande majorité des firmes pharmaceutiques occidentales
en transitant par les importateurs/grossistes, les cabinets de soins
privés, les agents publics d'élevage, les vaccinateurs et les
agents communautaires pour parvenir aux agro-éleveurs. Leur provenance
géographique est la France et la Hollande en Europe ; Ouagadougou
et Bobo au niveau du Burkina Faso. Cependant, force est de constater que face
à ce circuit dit officiel, une part importante des trypanocides provient
des centrales de conditionnement des médicaments
vétérinaires du Mali. Basées à Bamako et Sikasso,
elles sont en relation avec des firmes pharmaceutiques sud américaines
et asiatiques. Fabriqués ou mis en conditionnement dans ces
différentes localités, les trypanocides parviennent aux
agro-éleveurs de la province du Kénédougou en transitant
par les pharmacies grossistes, les détaillants, les cabinets de soins du
Mali et les vendeurs de la rue.
Très spécifiquement, les vendeurs ambulants
sont les principaux vecteurs des trypanocides en provenance du Mali dans le
Kénédougou. Il se dégage alors un circuit de communication
intimement lié à la circulation des trypanocides dont les images
et les écritures figurant sur les emballages des médicaments
constituent les sources d'information. Dans cette logique, les actes d'achat et
de vente sont synonymes d'échange d'information en ce sens que l'agro
éleveur qui va acheter un paquet de trypanocide pose un acte symbolique
d'achat d'information. De même, en vendant ce paquet de trypanocides, le
prestataire pose un acte symbolique de vente d'information. D'où, il est
indéniable que la circulation des trypanocides s'accompagne d'une
circulation des informations sur la TAA. Il reste à savoir comment elles
sont véhiculées par les prestataires de services dans leurs
comportements quotidiens?
Dans les pharmacies et officines vétérinaires,
les trypanocides sont exposés sur des étagères dans des
emballages en paquets et séparés des clients par un comptoir. Ils
sont vendus sous forme de transaction dont la durée varie d'un vendeur
à un autre et en fonction du besoin du client. En la matière, les
débutants cherchant à attirer la sympathie et la confiance des
clients passent plus de temps en compagnie de leurs clients que les anciens
ayant une clientèle déjà constituée et
fidélisée. A cet titre, nous avons enregistré un temps
moyen de transaction égale à 2 mn pour les débutants
contre 1mn pour les anciens. De même, nous avons observé que les
importateurs/ grossistes passent moins de temps en compagnie des clients que
les cliniques-pharmacies. La transaction à ce niveau dure en moyenne 3
mn pour ces derniers contre 1 mn pour les premiers. Enfin, nous avons
observé que plus les besoins du client sont nombreux plus la transaction
s'avère longue.
Ensuite, cette transaction est initiée dans la
majorité des cas par le vendeur. Nous avons observé que lorsqu'
un client pénètre dans une pharmacie, il est accueilli avec
sympathie et courtoisie par un souhait de bienvenue par un personnel
employé composé en majorité de jeunes femmes,
scolarisées, jouant le rôle de vendeur et une minorité de
jeunes hommes scolarisés jouant le rôle de vendeur/vaccinateur.
Ces personnes reçoivent régulièrement un public
composé en majorité d'adultes à prédominance
masculine et analphabète. Leurs motifs de consultation concernent en
majorité des demandes « d'avis » ;
« de renseignements » ;
« d'achat de médicaments » et en
minorité des « demandes de consultation ou de
soins ». Mais, nous avons observé que dans les pharmacies
grossistes, ils concernent plus les « achats de
médicaments » tandis que les demandes de
« consultations ou de soins » s'observent
dans les cliniques-pharmacies. Ce public cosmopolite entre et ressort des
pharmacies sans aucun papier médical, seul ou en compagnie de leur (s)
animal (aux) malade (s).
Ainsi, nous avons constaté qu'il y a l'affluence dans
la majorité des pharmacies ; que les petits ruminants et les
animaux de compagnie constituent la majorité accueillie en
clinique ; que la majorité des déplacements concernent les
boeufs de labour et les troupeaux sédentaires et que la majorité
des besoins exprimés par les clients sont satisfaits. En effet, les
différentes sollicitations des clients trouvent réponse à
travers les stratégies suivantes:
1. les demandes « d'avis » et de
« renseignements » sont satisfaites en
majorité par des réponses accompagnées d'explications aux
différentes questions du demandeur.
2. les demandes « d'achat » de
médicaments sont satisfaites par la livraison des médicaments
désirés. Cette livraison se fait sans ordonnance et au comptant
dans la majorité des cas. Les crédits sont rares. Les
médicaments sont ensuite emballés dans des sachets et remis au
demandeur suivi de conseils sur sa posologie d'emploi dans la majorité
des cas.
3. les demandes de
« consultations » sont satisfaites par l'examen
clinique de l'animal. Il est réalisé dans la majorité des
cas par les responsables. Il se limite au diagnostic clinique. Quant aux
demandes de « soins médicaux », ils sont
satisfaits par les traitements. Ils sont réalisés en
majorité par les vaccinateurs. Et, dans la majorité des cas
observés, les injections sont bien faites, mais suivies de peu de
conseils.
Sommes toutes, il convient de retenir qu'il y a communication
et circulation des informations sur la TAA par le biais des contacts pendant
les occasions d'achat et de vente des trypanocides. Ainsi, de nombreux besoin
d'avis, de renseignement et d'informations sont satisfaits à travers les
stratégies de question-réponse et de conseil après vente.
Mais, les objectifs visés dans ce processus de communication concerne
plus le marketing social que la sensibilisation, l'éducation et la
communication pour une meilleure gestion de la TAA. De plus, vendre ou acheter
les trypanocides sans ordonnance médicale est entré dans les
habitudes de tous les acteurs. Cette pratique est d'ailleurs en quête de
légalité, au regard de la légitimité sociale dont
elle bénéficie auprès des praticiens. Enfin, au regard de
l'étroitesse des locaux et des difficiles conditions de
température, d'aération et de propreté dans lesquelles les
médicaments sont conservés, il convient de s'interroger sur la
qualité des médicaments vendus dans les pharmacies.
Néanmoins, cette interrogation devient cruciale et plein de sens lorsque
ces médicaments sont vendus dans la rue et sur les places du
marché.
De nos jours, la vente des médicaments dans la rue est
une réalité dans la province du Kénédougou.
Phénomène préoccupant pour la santé animale et la
sécurité de la profession vétérinaire, les
trypanocides de la rue sont exposés à l'air libre et à la
merci de la poussière sur des tables ou étalés à
terre sur des plastiques.
Si, sur les places du marché, les tables ou
étalages sont installés sous un hangar ou à l'ombre d'un
arbre, à domicile, on retrouve les médicaments rangés
dans des cartons au coin de la chambre. Mélangés à bien
d'autres médicaments vétérinaires ou humains, les
trypanocides sont transportés dans des cartons par vélo, par moto
ou par car du domicile vers le marché. Ils proviennent en
majorité des pharmacies maliennes. A ce sujet, les propos des acteurs
sont sans équivoques : « j'achète mes
médicaments en pharmacie, chez Pharmavet Koné ou Medivet,
à Sikasso » affirme un jeune vendeur ambulant
résidant à Orodara et fréquentant tous les principaux
marchés du Kénédougou sud et celui de Banfora.
« Moi, j'achète mes médicaments dans les pharmacies
à Sikasso (Mali), en particulier chez Pharmavet Koné»
ajoute un jeune vendeur ambulant, illettré, résidant au secteur
n°4 d'Orodara de grande renommée régionale. Ainsi donc, ce
sont des médicaments homologués. Toutefois, ils sont
fraudés vis-à-vis de la loi burkinabé dans la mesure
où ils entrent sur le territoire sans passer par la douane, ni
être soumis au contrôle de qualité.
La vente se fait en gros, en demi-gros ou en détail.
La livraison se fait le plus souvent après un long marchandage. Une fois
parvenu à un accord sur le prix, le vendeur les emballe dans un sachet
noir et les remet au client. Le paiement au comptant ou à crédit
est accepté par tous les vendeurs. Toutefois, les prix sont fixés
suivant la quantité de sachets de trypanocides demandés. De
conditions de conservation inappropriées, les médicaments de la
rue, bien qu'illégalement vendus, sont néanmoins consommés
par la majorité des agro-éleveurs. En effet, nous avons
observé qu'un public large et à dominance masculine ;
composé d'enfants et d'adultes ; de jeunes et de vieux ;
d'analphabètes et de scolarisés et même de
spécialistes de la santé animale vient acheter les
médicaments de la rue. Toujours en conversation, excité, envahi
par les clients, le vendeur est le premier à interpeller son client. En
effet, nous avons observé que dans la majorité des cas, le
vendeur est l'initiateur de la transaction. Du reste, cela fait partie
intégrante de leurs stratégies de vente à savoir la
criée, l'interpellation, le porte à porte etc. Mais, force est de
constater que ces vendeurs manquent le plus souvent de temps pour
échanger les salutations d'usage avec leurs clients. Alors, la
transaction commence par le questionnement du client pour s'enquérir de
ses problèmes. Ainsi, la majorité des problèmes
exposés par ces derniers sont « l'achat de
médicaments » et les « demandes de
renseignements ». Lesquels trouvent solution à tous les
coups, même mauvaise. C'est pourquoi, nous avons constaté que les
vendeurs livrent une quantité importante de conseils à leurs
clients. Mais, il reste à savoir quelle est leur qualité afin de
saisir leur possibilité d'information des agro-éleveurs ?
Car, la majorité de ces vendeurs de la rue sont analphabètes,
jeunes et désoeuvrés qui ont choisi ce travail par
nécessité d'occupation. Ne sachant ni lire ni écrire, ils
se réfèrent à l'expérience et aux images figurant
sur les emballages des médicaments pour se constituer en
vétérinaire.
Ce manque de qualification et de connaissances est
exprimé par l'ensemble des acteurs rencontrés en ces
termes : « nous ne savons pas lire ni écrire, nous ne
sommes pas non plus allés à l'école, apprendre ce que nous
faisons comme travail actuellement. Nous regardons ce que nous montre les
images figurant sur les emballages des médicaments pour
travailler ». Dans ce sens quelle culture
vétérinaire ont-ils à transmettre aux agro-éleveurs
avec qui les contacts sont nombreux et fréquents ?
Enfin, à travers les pratiques et attitudes suivantes
issues de l'observation directe de quatorze (14) cas de traitements
effectués par deux (2) vaccinateurs locaux, un vétérinaire
privé, un agent d'élevage et un gérant de
dépôt pharmaceutique, une certaine culture
vétérinaire tend à se formaliser.
- un traitement dure en moyenne 4 mn ;
- il s'effectue sans véritable diagnostic ;
- les acteurs ont une bonne maîtrise des techniques
d'injection, car la profondeur d'injection et le retrait de la seringue se
passent sans écoulement de sang ni de produits ;
- une bonne connaissance des produits
indiqués ;
- une bonne connaissance des sites d'injection et des voies
d'administration, car les sites révélés sont les fesses,
les épaules et le cou. La voie d'administration intramusculaire est
utilisée par tous les prestataires ;
- un surdosage des produits, car 65% des prestataires font
recours à la double dose ;
- une injection des produits sans estimation du poids de
l'animal ;
- un manque de propreté dans les injections, car les
conditions d'hygiène et de propreté telles que le lavage des
mains, la stérilisation du matériel technique (seringue et
aiguille), le nettoyage du site d'injection ne sont pas
respectées ;
- un manque de suivi des traitements ;
- une rareté de conseils, car au-delà des
conseils sur la posologie d'emploi des médicaments et sur la
prévention, rien ne se dit sur les soins d'un animal malade,les causes
de la maladie, le délai d'attente, la protection des produits et
l'attitude à adopter en cas d'échec du traitement ;
- les prestataires ne sont pas sensibilisés sur les
échecs de traitements, ils ont estimé en majorité un taux
d'échec de traitement inférieur à dix pourcent (10%). Or,
les études épidémiologiques et parasitologiques ont
révélé un taux moyen de quarante pourcent (40%) dans les
villages du Kénédougou.
En résumé, une pluralité d'acteurs
sociaux intervient dans l'offre des services vétérinaires dans la
province du Kénédougou. Ayant des caractéristiques et des
logiques d'action différentes, ils développent un ensemble de
stratégies de marketing social qui leur permettent de communiquer avec
les agro-éleveurs.
Mais, la période de vente ou de traitements
trypanocides demeure la principale occasion de contact avec les
agro-éleveurs. Au cours de ces contacts, il y a non seulement
échange de trypanocides contre de l'argent mais aussi échange
d'informations, de conseils et de connaissances sur la TAA provenant
essentiellement des images et écritures figurant sur les emballages.
Toutefois, la qualité de l'échange se trouve affecter par un
certain nombre de difficultés rencontrées par les prestataires
dans l'application des trypanocides. De nature structurelle, professionnelle,
économique, socioculturelle et contextuelle, elles ont produit deux
effets sur la communication à savoir la réduction des contacts et
l'apparition de sources de blocage, de rétention, de distorsion,
d'intoxication, de déformation des informations et de sous information.
Mais, l'action conjuguée d'un ensemble d'éléments
imbriqués les uns dans les autres dont l'insuffisance des professionnels
de la santé animale sur le terrain expliquent l'apparition des deux
effets. D'où, les agro-éleveurs manifestent de nos jours un grand
besoin d'information de qualité sur la TAA en dépit des
connaissances dont ils disposent et de la présence massive des vendeurs
ambulants et vaccinateurs locaux dans leurs villages.
Chapitre IV : besoin et stratégies d'information
chez les agro-éleveurs.
Ce chapitre vise à analyser le besoin d'information
des agro-éleveurs et à décrire leurs stratégies de
communication en vigueur. Pour ce faire, nous partons des analyses statistiques
des données d'enquête et de l'analyse du contenu des entretiens
réalisés sur les sources d'information des agro-éleveurs
dans la province du Kénédougou.
I/ Constat et analyse du besoin
d'information chez les agro-éleveurs.
Dans la province du kénédougou, la demande
d'information sur la TAA est une demande individuelle. Ainsi, chaque agro
éleveur diversifie ses sources d'informations en fonction de ses
besoins. Plus le besoin est grand plus les sources se multiplient. Ce qui
s'inscrit dans leur stratégie d'information et de communication relative
à la santé. D'une façon générale dans leur
système de représentation sociale, il ressort de la conscience
populaire qu'il faut « vendre sa maladie pour obtenir son
médicament approprié ». Ce besoin est
appréhendé à travers une analyse comparée des
informations désirées par les agro-éleveurs par rapport
à celles dont ils disposent.
En effet, les agro-éleveurs manifestent un grand
désir d'information sur la TAA, comme ils le disent à
l'unanimité : « nous avons encore besoin
d'informations sur la TAA ». Il est matérialisé
sur le graphique ci-dessous.
Figure 9: estimation du besoin d'information chez les
agro-éleveurs.
Source : résultat d'enquête.
Au regard de ce graphique, le manque à gagner est
important. Par ailleurs, il concerne la majorité des informations
relatives à la TAA avec une prédominance des informations sur les
soins, la résistance et les mauvais effets liés aux
médicaments trypanocides. Pour combler ce vide, ils manifestent un
énorme désir dont les informations désirées se
présentent de la manière suivante :
- Les informations sur la qualité des trypanocides et
les moments critiques de leur application à savoir le dosage, la
dilution et l'administration sont fortement désirées ;
- les informations sur la prévention de la TAA, les
soins complémentaires d'un animal malade, l'attitude à tenir en
cas d'échec de traitement et d'une façon générale
l'entretien des bovins.
Le graphique suivant laisse apercevoir de manière
détaillée les types d'information désirés par ces
derniers.
Figure 10: représentation des informations
désirées chez les agro-éleveurs.
Source : résultat d'enquête.
Ce qui est le reflet de leur état de connaissance sur
la gestion de la TAA et du niveau d'implication des prestataires de services
dans leur information. En effet, selon les résultats de l'enquête
CAP, les agro-éleveurs ont des lacunes. De même, les
données d'observation montrent que les informations relatives à
la qualité des médicaments, à leurs mauvais effets,
à leurs conditions de conservations, à la résistance, au
dosage, au délais d'attente et à l'hygiène y
afférente sont peu communiquées aux clients.
Mais, ces comportements ne sont pas spécifiques aux
prestataires de services vétérinaires. Ils s'inscrivent dans la
logique de gestion de l'information et de la communication propre à
toute organisation sociale ou entreprise. En effet, selon Roger
Mucchielli25(*) le type
d'information influence significativement sur les stratégies mises en
place pour informer le public dans une organisation ou une entreprise. Pour ce
faire, il distingue quatre types d'information à savoir
l'information générale, l'information motivationnelle,
l'information promotionnelle et l'information opérationnelle ou
spécifique. Parmi lesquels, l'information opérationnelle ou
spécifique est la moins connue du public, car elle se rattache aux
choses dites « secrètes » de l'organisation
ou de l'entreprise. Mais, quelles sont les choses secrètes dans
l'utilisation des trypanocides ? Il semble que le secret de l'utilisation
des trypanocides réside dans sa préparation, sa dilution et son
dosage. Pendant longtemps, les informations y relatives sont peu
communiquées par les professionnels de la santé animale.
Enfin, l'expression de ce désir n'est pas
homogène. Elle est variable d'un type d'information à un autre
dans la mesure où certaines informations sont plus
désirées par rapport à d'autres. Ce qui montre que les
informations moins désirées sont disponibles. Selon, le graphique
ci-dessous les agro-éleveurs disposent d'informations de base
dominées par celles relatives aux soins, au diagnostic, à la
qualité des trypanocides, au dosage, à la résistance,
à la prévention et aux mauvais effets. Mais en comparant les
informations disponibles d'avec celles désirées, il se
dégage une similitude dans l'expression du besoin. Ce qui montre une
volonté affichée des agro-éleveurs de savoir tout sur la
TAA. Et, il semble que cela s'inscrit dans leurs mentalités, comme
s'exprime le gérant du dépôt pharmaceutique de Orodara,
vaccinateur de carrière ayant travaillé pendant longtemps
auprès des éleveurs dans la vulgarisation agro-pastorale :
« les éleveurs veulent savoir ; ils aiment qu'on les
informe toujours ! » Mais, cette volonté
exprimée par les agro-éleveurs de savoir tout sur l'utilisation
des trypanocides n'est pas soutenue par une volonté politique. Car la
politique nationale de santé animale mise en oeuvre par la direction
générale des services vétérinaires du
Ministère des ressources animales condamne l'utilisation des
trypanocides par les agro-éleveurs. Ce qui devient alors une nouvelle
contrainte à l'application des stratégies
préférées par les agro-éleveurs à savoir les
brochures élaborées en langue locale Dioula et les formations.
Or, l'origine du déséquilibre entre le besoin d'informations sur
la TAA exprimé par les agro-éleveurs et les informations
reçues se retrouve du côté de l'insuffisance des
activités de sensibilisation menées par les agents publics et des
séances d'informations entreprises par les vétérinaires
privés.
Certes, autoriser l'application des trypanocides par les
agro-éleveurs à majorité analphabète et sans
culture vétérinaire appropriée ne saurait être une
stratégie efficace et durable pour le meilleur contrôle de la TAA
en situation de résistance, mais l'Etat doit jouer son rôle
d'arbitre et d'organisateur du jeu entre les différentes parties
impliquées dans l'utilisation des trypanocides.
Figure 11: représentation des informations
disponibles chez les agro-éleveurs.
Source : résultat d'enquête.
En résumé, il existe un grand besoin
d'information sur la TAA chez les agro-éleveurs du
Kénédougou sud malgré les bonnes connaissances dont ils
disposent. En réalité cela signifie qu'ils ont des connaissances
limitées. Ce sont des savoirs paysans qui se sont construits sur la base
de l'expérience quotidienne avec la maladie. Ils se limitent à
l'identification des signes cliniques de la maladie, à la reconnaissance
des médicaments trypanocides et leurs prix et à la pratique des
injections.
II/ les sources d'informations
vétérinaires utilisées par les agro-éleveurs.
Dans la province du Kénédougou, les
agro-éleveurs affirment ceci : « nous obtenons nos
informations sur la TAA avec les vétérinaires, les peulh et
certains des éleveurs expérimentés ». Mais
en réalité, il existe une pluralité de sources
d'information sur la santé animale, en particulier la TAA et les
médicaments trypanocides.
Selon les données d'enquête, les vaccinateurs,
certains éleveurs, les agents publics d'élevage, les vendeurs de
médicaments de la rue, les services publics agricoles, les pharmacies
privées et les détenteurs des savoirs locaux en santé
animale (SL/SA) représentent les principales sources. Elles sont
composées de 43% de sources localisées dans les villages et de
57% de sources extérieures aux communautés villageoises. Ce sont
en majorité leurs fournisseurs de médicaments trypanocides
composés de 71% de professionnels de la santé animale contre 29%
d'amateurs. Parmi ces fournisseurs de services, 62% ont reçu au moins
une formation en santé animale contre 38% n'ayant aucune
formation ; 57% sont sans expérience dans l'exercice de la
médecine vétérinaire contre 43%
d'expérimentés et 58% sont issus des services publics
d'élevage, 28% issus des services privés et 28% proviennent des
communautés villageoises. Ainsi, pour le besoin de la description et de
l'analyse, le concept de source d'information a été
appréhendé en fonction du lieu de provenance du prestataire et de
son statut socio-professionnel. Les différentes sources sont
matérialisées sur le graphique suivant.
Figure 12 : représentation graphique des sources
d'information sur la TAA.
Source: résultat d'enquête.
Au regard de ce graphique, les choix de nos
enquêtés portent plus sur les vaccinateurs formés et les
éleveurs suivis des agents publics d'élevage. Ce qui s'explique
par l'effet du contexte actuel marqué par l'intervention du Projet
ILRI/BMZ ayant réalisé des activités d'animation et de
formation dans tous les villages. D'où, les vaccinateurs formés
et les éleveurs sont le produit des formations. De plus, les sources ne
sont pas utilisées au même degré par les
agro-éleveurs. Selon le graphique ci-dessous certaines sources ont un
taux d'usage plus élevé tandis que d'autres ne sont pas du tout
utilisées.
Parmi les sources prioritaires, les vaccinateurs formés
sont les plus importants devant les agents publics d'élevage et les
pharmacies privées. Par contre les pasteurs peuls, les vendeurs de
médicaments de la rue et les détenteurs des SL/SA ne sont pas du
tout utilisées par les agro-éleveurs.
Ce qui s'explique par le fait que les agro-éleveurs ont
conscience des biais de communication que comportent les non professionnels
représentés dans le cas précis par les peulh, les vendeurs
ambulants et les éleveurs expérimentés. En effet, ils
savent que leur manque de culture vétérinaire est un handicap
à la qualité des informations qu'ils désirent sur la
TAA.
Figure 13: fréquence comparée des
sources les plus utilisées et celles non utilisées.
Vacc formé
Les sources les plus utilisées et les sources non
utilisées
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Eleveurs
Vacc
Vacc non formé
Peulhs
Informel
Agents
Vieux/trad
Pharm
Services agricoles
Score total
Non utilisées
Plus utilisées
Source : données d'enquête.
Ainsi, en comparant l'ensemble des sources citées par
rapport aux sources prioritaires, les vaccinateurs formés et les agents
publics d'élevage sont les sources les plus utilisées. Ce qui
s'explique par le fait que les agro-éleveurs ne recherchent pas
seulement des informations vétérinaires, mais aussi des
informations de qualité. Or, ils savent que cette information de
qualité se retrouve du côté des spécialistes de la
santé animale, en l'occurrence les vétérinaires de
profession, les agents publics d'élevage et dans une moindre mesure les
vaccinateurs formés. D'une façon générale, cela
s'inscrit dans la logique d'information et de sensibilisation entreprise par le
Projet BMZ2. Dans sa mise en oeuvre, le Projet a contribué à
relever le niveau de sensibilisation des agro-éleveurs à travers
des séances de formation réalisées dans les
différents villages. D'où, il semble que la qualité de
l'information détermine ici le choix des agro-éleveurs.
Il semble aussi que les agro-éleveurs font une nette
distinction entre leurs fournisseurs de médicaments et leurs
fournisseurs d'informations sur la TAA.
C'est pourquoi, ils estiment que c'est à travers
« la parole des vendeurs de médicaments, les emballages
des médicaments, la formation reçue, l'alphabétisation
reçue, la radio, les journaux et la télévision »
qu'ils s'informent véritablement sur la TAA. Pour ce faire, ils ont
estimé que 95% des informations reçues proviennent des paroles
des vendeurs de médicaments et 64% des emballages contre 42% et 41%
provenant respectivement des formations reçues et de la radio. Par
conséquent, les paroles données par les vendeurs de trypanocides,
les emballages de protection des trypanocides et les formations reçues
sur la santé animale sont les véritables sources d'information
sur la TAA chez les agro-éleveurs comme le montre la figure ci-dessous.
Figure 14: canaux de communication utilisés.
Source : résultat d'enquête.
Par ailleurs quatre (4) média à savoir la
parole, l'écriture, la radio et la télévision constituent
les supports d'information. Ce qui indique l'existence de deux modèles
de communication inscrits respectivement dans des systèmes socialement
définis à savoir la communication interpersonnelle et la
communication médiatée. Mais, on observe une prédominance
de la communication interpersonnelle mise en évidence par les paroles
des vendeurs et les formations. Ce qui nous plonge dans une
société de tradition orale.
Mais, quelle est la qualité des messages reçus
quand on sait que la majorité des vendeurs sont des non professionnels
de surcroît analphabètes et que la majorité des
agro-éleveurs ne savent pas lire ni écrire en français
pour comprendre les écritures figurant sur les emballages des
trypanocides ? Dans une analyse comparée des canaux de
communication préférés par rapport à ceux
utilisés, les agro-éleveurs ont perçu les biais de
communication y afférents. C'est pourquoi, ils ont choisi en
priorité les brochures en langue locale et les formations données
par les spécialistes de la santé animale comme moyens efficaces
et adaptés pour recevoir leurs informations sur la TAA comme l'indique
la figure suivante. Toutefois, si tous les agro-éleveurs sont
formés et dotés de brochures en langue Dioula sur l'utilisation
des trypanocides, quels sont les changements sociaux qui en
résulteraient dans les échanges des informations entre eux et
avec leurs prestataires de services ?
Figure 15 : canaux de communication
préférés.
Source : résultat d'enquête
En définitive, il faut retenir que les acteurs
informateurs des agro-éleveurs sur la santé animale sont divers.
Les informations sont transmises de façon majoritaire par le biais de la
parole et du contact physique selon le processus de communication
interpersonnelle. Cependant, il faut rechercher leur origine dans les
connaissances des acteurs sur la TAA et dans les écritures et images
figurant sur les emballages des sachets de médicaments trypanocides. Il
reste à savoir qu'est ce qui détermine le comportement des
agro-éleveurs dans l'utilisation des sources d'information
vétérinaire ?
Selon les données d'enquête, la
proximité, l'accessibilité et la fiabilité
déterminent le choix de la majorité des agro-éleveurs.
Dans cet ordre d'idées, les sources les plus importantes sont les
sources les plus proches et accessibles aux agro-éleveurs. Elles sont
représentées en majorité par les éleveurs
eux-mêmes et les vaccinateurs résidants dans leurs
communautés respectives. Comme l'indiquent le graphique ci-dessous, les
agro-éleveurs ont estimé qu'ils sont plus proches des
éleveurs, des vaccinateurs, des détenteurs des SL/SA et des
agents publics d'élevage. Ainsi, il apparaît de nouveau que les
agro-éleveurs sont plus proches des non professionnels que des
professionnels de la santé animale.
Ce qui constitue également un facteur
défavorable à une communication de qualité dans la mesure
où ces non professionnels ont peu de culture vétérinaire
à partager avec les éleveurs.
Figure 16 : situation des utilisateurs par rapport aux
sources d'informations sur la TAA.
Source: résultat d'enquête.
Par ailleurs, ils ont des contacts fréquents et
nombreux avec les mêmes sources, mais dans un ordre différent.
Ainsi, à la suite des éleveurs et des vaccinateurs viennent les
vendeurs de la rue avant les détenteurs des SL/SA et les agents publics.
Il se dégage l'idée que les agro-éleveurs ont des
difficultés pour trouver la place qui sied aux agents publics
d'élevage. En effet, ils soutiennent que l'inaccessibilité et
l'indisponibilité des agents publics d'élevage expliquent leur
recours aux non professionnels. Ce qui est infirmé à travers la
figure n°17. D'où, il faut conclure à un biais de politesse
à leur endroit. Mais, encore une fois, la majorité des contacts
des agro-éleveurs se réalisent avec les non professionnels. Or,
ces derniers sont non seulement analphabètes mais aussi sans
qualification requise en santé animale. En conséquence, ils ne
peuvent être considérés comme des sources de qualité
en matière de communication pour le contrôle de la TAA. Du reste,
le danger y relatif est perçu par les agro-éleveurs
eux-mêmes dans la mesure où ils manifestent une priorité de
confiance envers les professionnels. En effet, les agro-éleveurs ont
estimé que la crédibilité de la source est aussi un
facteur déterminant dans leur processus d'information sur la TAA. Pour
ce faire, les vaccinateurs formés, les éleveurs
expérimentés et les agents publics d'élevage sont
perçus comme les sources les plus crédibles selon la figure
n°18.
Figure 17: fréquence d'interaction avec les
sources d'information chez les agro-éleveurs.
Source : résultat
d'enquête.
Figure 18: représentation graphique des niveaux
de confiance aux sources d'informations.
Niveau de confiance aux sources d'informations
50
100
150
200
250
300
350
Vacc formés
Eleveurs
Agents
Vacc non form
Peuls
Pharm
Informel
Vieux/trad
Ag Serv
Score total
Source : résultat d'enquête.
Au regard de ce graphique, les sources les plus
crédibles selon les agro-éleveurs sont par ordre de confiance
décroissant les vaccinateurs formés, les éleveurs et les
agents publics d'élevage. Les vaccinateurs non formés et les
pasteurs peulh enregistrent un niveau de confiance acceptable. Par contre, les
pharmacies privées et les vendeurs de médicaments de la rue sont
peu crédibles. Toutefois une priorité est accordée aux
spécialistes de la santé animale et aux vaccinateurs
formés selon la figure ci-dessous. Ainsi dans l'ordre de
priorité, les agents publics viennent en tête suivis des
vaccinateurs formés, des pharmacies vétérinaires et des
services publics agricoles au détriment des vaccinateurs non
formés, des éleveurs, des vendeurs de la rue, des vieux et des
peulh. En comparant la figure n°18 et la figure n°19, il se
dégage l'idée que les agro-éleveurs
préfèrent s'informer auprès des spécialistes de la
santé animale et les vaccinateurs formés. Mais, compte tenu de
leur insuffisance, ils se contentent des non spécialistes disponibles
dans les villages. Ce qui montre une fois de plus que les agro-éleveurs
sont à la recherche des informations de qualité et non n'importe
quelle information vétérinaire. C'est pourquoi, ils fondent leur
niveau de confiance sur les caractéristiques individuelles et
socioprofessionnelles de l'acteur informateur. Ainsi, cette confiance
dépend du niveau de qualification, de la formation, de
l'expérience acquise et de la motivation qui caractérise l'acteur
informateur. Mais, si cela justifie bien la confiance placée aux
spécialistes de la santé, celle placée aux vaccinateurs
formés semble obéir à une autre logique.
Figure 19 : représentation graphique des
confiances prioritaires.
Source : résultat d'enquête.
En effet, pour les agro-éleveurs la connaissance et
l'appartenance collective justifient la confiance placée aux
vaccinateurs formés. Les mots employés pour exprimer ce
déterminisme sociologique sont les
suivants : « je le connaît »
affirme un jeune agro éleveur, analphabète et non formé
pour justifier sa confiance à un vaccinateur formé.
« C'est nous qui les avons choisis pour participer
à la formation » affirme un vieux responsable des
éleveurs. Et un vieux agro éleveur, analphabète et
propriétaire de grand troupeau d'affirmer que :
« nous avons confiance à nos vaccinateurs
formés, parce qu'ils vivent avec nous. Nous partageons les mêmes
problèmes de la vie. Et la plupart sont des parents, des amis et des
proches ». Certes, les vaccinateurs formés dont il
question ici sont des agro-éleveurs qui ont été choisis
par leurs communautés respectives pour être formés par le
Projet. Ainsi, ils sont non seulement membre de la société mais
entretiennent aussi des relations sociales et partagent des
référents culturels avec les agro-éleveurs. C'est pourquoi
ils bénéficient de la confiance des agro-éleveurs en
dépit de leur manque de qualification. Ainsi, il convient de souligner
que les caractéristiques individuelles, la motivation et le savoir de
l'acteur, son appartenance à la communauté locale, la
proximité, la disponibilité et l'accessibilité de la
source déterminent la confiance placée par les
agro-éleveurs à telle ou telle source d'information sur la TAA.
Or, cette confiance détermine de façon significative, soit 97,7%
le choix de telle ou telle source par les agro-éleveurs.
En effet, les analyses statistiques ont montré que les
facteurs relatifs à la proximité, à la
disponibilité et à la confiance influencent respectivement
à 88,4% ; 84,7% et 97,7% sur l'usage d'une source d'information par
les agro-éleveurs. D'où, il est important de savoir que dans la
province du Kénédougou, chaque agro éleveur diversifie ses
sources d'information sur la TAA. Et le choix de telle ou telle source est
déterminé non seulement par sa proximité, son
accessibilité et sa disponibilité mais aussi le niveau de
qualification, le niveau de formation, le niveau d'expérience, la
motivation de l'acteur informateur ainsi que son savoir et son appartenance
à la communauté locale. Ce qui obéit à une certaine
rationalité qui consiste à minimiser les pertes en multipliant
les chances. Mais, c'est une rationalité limitée par
l'inaccessibilité, l'indisponibilité des professionnels de la
santé animale et l'analphabétisme en tant que conditionnements
sociaux qu'ils doivent prendre en compte comme l'écrit Dominique
Desjeux 26(*) :
«Je postule que les acteurs n'agissent pas contre ce qu'ils
pensent être leurs intérêts, sauf sous contrainte, sans
postuler pour autant que le comportement humain est toujours la
résultante d'un calcul rationnel constant Je postule aussi que la vision
du monde, le système de valeur et les normes sociales conditionnent en
partie l'acquisition de ces intérêts ». Soumis de
ce fait à la double contrainte de la TAA et de l'insuffisance du
personnel qualifié, les agro-éleveurs diversifient leurs sources
d'information afin d'y échapper.
Cependant, les possibilités offertes d'échapper
à cette double contrainte varient d'un individu à un autre. C'est
pourquoi, ils présentent des comportements divergents par rapport aux
sources d'information utilisées. A ce titre, les jeunes
agro-éleveurs consultent plus les professionnels de la santé
animale que les vieux agro-éleveurs, soit en moyenne 94,2% contre
86,3%.
A l'opposé, ils vont tous consulter les non
professionnels plus que les professionnels, soit en moyenne 71,3% contre 52,8%.
De même, tous les importants groupes ethniques présents dans la
province du Kénédougou consultent plus les professionnels que les
non professionnels, soit en valeur de signification de 1,9% contre 2,7%. Mais,
d'un groupe ethnique à un autre, les Sénoufo, les Samogho et les
Siamou consultent plus les professionnels que les Toussian, et autres groupes
minoritaires consultant plus les non professionnels. De la même
manière, les agro-éleveurs ayant été formés
sur la santé animale, en particulier la TAA consultent plus les
professionnels que les non professionnels, soit 1% contre 4,8% en valeur de
signification. Cependant, les agro-éleveurs scolarisés consultent
plus les professionnels que les non scolarisés, soit 4,5% contre 9,89%
en valeur de signification. Aussi, tous les propriétaires de troupeaux
consultent plus les non professionnels que les professionnels, soit 26,5%
contre 49,7%. Par contre les chefs de ménage consultent plus les
professionnels que les non professionnels, soit 16,0% contre 43,2%.
De ce qui précède, il convient de noter que le
choix des professionnels de la santé animale par les
agro-éleveurs est fondé sur leur appartenance ethnique, leur
niveau de formation sur la TAA, leur niveau d'éducation et leur statut
familial. A l'opposé, le choix des non professionnels est fondé
sur leur appartenance ethnique et leur niveau de formation. Ce qui montre
finalement que chez les agro-éleveurs, le choix de telle ou telle source
d'information sur la TAA est fondé sur leur appartenance à tel ou
tel groupe ethnique et sur leur savoir sur la santé animale, en
particulier la TAA. Du reste, comme l'indique le tableau de signification
suivant, les variables, groupe ethnique, niveau de formation, niveau
d'éducation et statut familial exercent une influence sur le choix des
agro-éleveurs face aux sources d'informations sur la santé
animale, en particulier la TAA. Par contre l'âge et la taille semblent
n'exercer aucune influence sur leurs choix.
Tableau 30: influence des variables socioculturelles
sur les sources d'information.
Variables sociologiques
|
professionnels
|
Non professionnels
|
Age
|
0,528
|
0,713
|
Groupe ethnique
|
0,019**
|
0,027*
|
Niveau de formation
|
0,045*
|
0,01**
|
Niveau de scolarisation
|
0,048*
|
0,989
|
Statut familial
|
0,016*
|
0,432
|
Taille du troupeau
|
0,497
|
0,2665
|
Source : résultat d'enquête. *
significatif dans une relation de corrélation.
Cependant cette influence est significative à l'ordre
de 10% pour le niveau de formation et de 5% pour l'appartenance ethnique. Etant
donné qu'une signification de faible valeur indique une forte influence
selon les statisticiens, alors l'appartenance ethnique avec une valeur de
signification de 0,019 apparaît plus déterminante. Ce qui est le
reflet de l'influence des facteurs socioculturels sur les comportements et les
pratiques des agro-éleveurs. Comme dans bien d'autres domaines de la vie
sociale, l'influence de la culture sur les pratiques et les comportements des
hommes a été à plusieurs reprises démontrée
par les culturalistes. Comme l'écrit Sylvie Fainzang27(*)
« l'évidence des analyses fournies par certains travaux de
sciences sociales concernant l'incidence des variables socioculturelles,
socio-économiques, socio-professionnelles ou sociodémographiques
des individus sur leurs conduites apparaît confirmée à
travers les matériaux recueillis ici (...) », le recours
à l'information vétérinaire est socialement et
culturellement déterminé chez les agro-éleveurs du
Kénédougou. Dans un tel contexte, quelles sont les
stratégies mises en oeuvre pour acquérir et se partager cette
information ?
III/ Stratégies de
communication utilisées par les agro-éleveurs.
De l'analyse du discours des
agro-éleveurs, il se dégage deux sortes de stratégies
d'information et de communication sur la TAA. Ce sont des stratégies
individuelles et des stratégies collectives. En effet, il faut admettre
de prime abord que la demande d'informations relatives à la TAA est une
demande individuelle. Par conséquent, chaque agro éleveur tente
de trouver l'information par des initiatives personnelles avant de recourir aux
autres. Ce recours individuel consiste à se référer
à ses propres connaissances sur la TAA. L'expression utilisée par
la majorité pour mettre en relief cette stratégie est
« se consulter ». Comme l'affirme un jeune
enquêté alphabétisé et vaccinateur local
délégué à la gestion d'un grand troupeau
familial : « quand un de nos boeufs tombe malade du sumaya,
je fais les traitements moi-même en me servant de ce que je connais sur
cette maladie ». De même, ajoute un jeune
enquêté, analphabète et propriétaire de petit
troupeau : « quand mes boeufs tombent malades, je traite
moi-même. Mais, si c'est grave, je vais voir le
vaccinateur ». Enfin, déclare un jeune interviewé
scolarisé et formé : « avant, je me
renseignait sur le sumaya chez les vétérinaires à Orodara.
Mais, depuis que j'ai reçu la formation, je me base sur
ça ». Elle est fondée sur l'individu et ses
propres connaissances sur la santé animale. Il reste à savoir que
la quête de l'information n'est pas permanente à travers cette
stratégie, car il faut attendre que l'animal tombe malade pour
« se consulter ». Or, ce n'est pas tous les jours
que les animaux tombent malade. Ce qui implique une rareté d'occasions
d'information sur la TAA susceptible de biais dans la communication pour une
meilleure gestion de la TAA qui se veut permanente.
En outre, il y a la stratégie individuelle qui
consiste à « consulter » un
intermédiaire comme s'expriment les
enquêtés : « La dernière fois que
mon boeuf est tombé malade du sumaya, je me suis renseigné sur
les méthodes de lutte chez mon frère » affirme un
vieil agro éleveur, analphabète et propriétaire de petit
troupeau. Aussi, renchérit un jeune agro éleveur
propriétaire de petit troupeau et analphabète :
« Quand, mon boeuf de labour que tu vois là-bas
s'immobilisait pendant les labours, je me suis renseigné avec mon voisin
de champ. Et il m'a dit ceci «va voir le vaccinateur car ton boeuf souffre
du sumaya» ». « Depuis que je travaille avec
le Projet, je prends régulièrement mes informations sur la TAA
avec ceux que nous avons choisi pour être formés par le
Projet » affirme un jeune agro éleveur scolarisé
et délégué à la gestion du troupeau familial. De
plus, déclare un jeune agro éleveur propriétaire de petit
troupeau et vaccinateur formé : « Avant, je me
renseignais sur le sumaya avec les vétérinaires». Pour
un vieil agro éleveur analphabète : « j'ai un
peulh qui suit mon troupeau. C'est lui qui me renseigne de temps en temps sur
ces maladies là ». Enfin, de l'avis d'un vieux,
propriétaire de grand troupeau et marchand de bétail :
« mon troupeau est suivi par le vétérinaire bien
avant l'arrivé du Projet. Il me conseille d'observer bien mes boeufs et
si quelque chose ne va pas de le prévenir le plutôt
possible ».
Tout comme la stratégie qui consiste à se
« consulter soi-même », le recours aux
autres est adopté par tous les agro-éleveurs sans distinction
sociale. En effet, jeunes comme vieux ; alphabétisés comme
analphabètes ; propriétaires de grand troupeau comme
propriétaires de moyen et petit troupeau ; chefs de famille comme
personnes déléguées consultent un intermédiaire
pour se renseigner sur la TAA. Les intermédiaires vont des parents aux
vétérinaires en passant par les voisins, les peulh et les
vaccinateurs villageois. Dans les discours des enquêtés, les mots
« frère, voisin de champ, vaccinateur, peulh et
vétérinaire » désignent les
intermédiaires. Partant de là, il se dégage un
itinéraire d'information et de communication intimement lié
à leur itinéraire thérapeutique individuel qui consiste
à essayer d'abord avec ses propres connaissances avant de recourir
à une tierce personne. Ce qui semble s'inscrire dans une logique
culturelle des individus face à leurs problèmes personnels. Comme
dans bien d'autres domaines de la vie sociale, il y a une prédisposition
mentale chez chaque individu à rechercher l'autosatisfaction à
partir de ses propres forces et faiblesses. Du reste, dans le cas de
l'automédication en santé humaine Roger Zerbo a montré que
cette prédisposition mentale est un fait culturel qui favorise
l'automédication. A ce titre, il écrivait
ceci : « Sur le plan culturel, il y a une
prédisposition mentale voilée mais favorable à
l'autosatisfaction. L'individu cherche d'abord à se prendre en charge,
à résoudre ses problèmes personnels avant de faire appel
à une tierce personne. L'homme mobilise d'abord ses ressources et ses
compétences personnelles pour satisfaire ses besoins. C'est en cas de
difficultés que l'on fait appel à un soutien extérieur, il
en est de même pour les problèmes de santé »
(Roger Zerbo ; 2002, p 121).
A l'opposé, il se dégage des stratégies
collectives. Elles sont entreprises par la société globale comme
affirment les interviewés : « Quand, j'ai besoin
d'une information quelconque du sumaya, je me réfère au
délégué qui va en chercher chez les
vétérinaires » affirme le président des
éleveurs du village de M'bié. « Nous obtenons nos
informations sur le sumaya au sein de notre groupement »
renchérit un autre président de groupement. Enfin, déclare
le président des éleveurs de Diéri :
« quand il y a une information concernant le traitement des
animaux, je me promène de porte en porte pour informer les gens ou bien
je convoque une réunion du bureau au cours de laquelle j'informe les
autres, qui se chargerons de passer l'information de quartier en
quartier ». Cette stratégie qui est en voie
d'émergence est déterminée par la participation de
l'individu à la vie de la société. En la matière la
province du kénédougou dispose de nombreux regroupements sociaux
à savoir les groupements villageois, les associations, les tons, les
sociétés sécrètes, les confréries et les
groupes d'entraide culturale. Véritables relais de communication et
lieux de dissémination des informations, ces différentes
Organisations de la Société Civile (OSC) jouent un rôle
important dans la diffusion des informations vétérinaires. Car
lorsque le chef ou le président des éleveurs reçoit une
information vétérinaire, il la transmet aux responsables des OSC
pour informer leurs membres respectifs.
Ce qui s'inscrit dans leur stratégie de gestion
communautaire de la communication à savoir la communication
dirigée par le chef du village dont il faut se référer
à leur système général de communication pour mieux
saisir les logiques sociales qui les sous-tendent. Selon les propos des
enquêtés, il semble que cette stratégie est inscrite dans
leur système social d'information et de communication. En
témoignent les propos suivants émis au moment des
entretiens : «Je me promène de porte en porte pour
informer les gens pour la plus part ou bien je convoque une réunion de
bureau pour informer les autres, qui, à leur tour se chargent de passer
l'information de quartier en quartier » ; déclare un
vieux agro éleveur, analphabète et président de
groupement. « Avant on se déplaçait de concession
en concession au son du tam-tam pour informer les gens. Maintenant j'utilise un
vélo, un microphone et un haut parleur pour informer les
gens » disait un jeune griot, analphabète.
« Par les amis aussi on obtient des informations »
ajoute un vieux enquêté scolarisé et responsable
administratif. Enfin pour le chef de village de Dieri :
« dès que j'ai une nouvelle, j'envoie un enfant appeler le
griot, c'est son travail ». Au-delà de cette forme de
gestion collective de la communication qui transparaît à travers
ces discours, il se dégage une diversité de modes d'information
et de communication à savoir : « le
porte-à-porte ; le bouche-à-oreille; les assemblée
villageoises ; les réunions de bureau ; le conseil
des anciens et autres rencontres ». Ce qui correspond
à la pluralité des circuits d'information qui existent dans les
différents villages investigués.
Certes, par la consultation des prestataires de services et
la participation à la vie de la société, les
agro-éleveurs obtiennent des informations sur la TAA. Mais cela comporte
des biais dans la mesure où les personnes consultées sont en
majorité des non professionnels ayant des connaissances limitées
sur la gestion de la TAA et l'utilisation des trypanocides. De plus, la forme
dirigée de la communication par le chef du village a ses avantages dans
une société où la cohésion sociale est forte et
l'autorité politique du chef reconnue et respectée par tous.
Mais, serait-elle efficace dans des sociétés comme celles des
Sénoufo, Siamou, Toussian ou Samogho où le chef jouit d'une
autorité morale en tant que gardien des traditions et des
coutumes ? Certainement pas, car soumis à la loi des ancêtres
et au pouvoir des coutumes au même titre que ses sujets, le chef a
très peu d'influence sur la décision des individus. Ainsi, il ne
dispose d'aucun instrument de coercition sur les individus en dehors des
coutumes. Or, il ne peut pas s'en servir pour des fins personnelles.
D'où, le chef peut servir de relais en matière de communication
pour le changement de comportement en faveur de l'utilisation rationnelle des
trypanocides. Il peut servir d'exemple en tant que leader de la
communauté mais il ne peut obliger un individu à décider
contre ses propres intérêts.
CONCLUSION.
Dans la province du Kénédougou, les
stratégies, les pratiques, les comportements et les attitudes des
agro-éleveurs et leurs prestataires de services dans le contrôle
de la TAA sont déterminés par des facteurs socioculturels
susceptibles de servir de base d'appui à l'élaboration d'une
stratégie de communication efficace et adéquate. En effet,
confrontés à la persistance de cette maladie et aux nombreux et
fréquents échecs de traitements trypanocides, ils ont mis en
place un système de communication pour s'échanger les
informations sur la TAA. Il est caractérisé par une
pluralité de sources d'information chez les agro-éleveurs comme
du côté de leurs prestataires de services. Mais, la
présente étude visait à identifier et à analyser
les facteurs socioculturels qui influencent les comportements et les
stratégies des agro-éleveurs dans la quête d'informations
sur la TAA. Pour ce faire, une investigation sociologique par enquêtes
formelles, par entretiens et par observation sur les pratiques, les
stratégies, les comportements et les attitudes des agro-éleveurs
face à la santé animale et à la communication a
prouvé l'existence de facteurs favorables ou défavorables
à un meilleur contrôle de la TAA.
En effet, les agro-éleveurs ont recours à une
pluralité de sources d'informations sur la TAA dominées par leurs
fournisseurs de médicaments vétérinaires. Et, les
informations obtenues proviennent à 95% des conversations avec les
vendeurs de médicaments au moment des achats et à 64% des images
figurant sur les emballages des médicaments. De plus, ils utilisent deux
stratégies de communication pour obtenir les informations. Une
stratégie à l'échelle individuelle qui consiste à
se consulter d'abord avant de consulter une tierce personne sous-tendue par des
habitudes socioculturelles en matière de gestion de la santé
d'une part et une stratégie collective inscrite dans leur logique
sociale de communication à savoir la gestion dirigée de la
communication par le chef du village d'autre part. Mais, par-delà des
habitudes socioculturelles, d'autres facteurs déterminent les
comportements des agro-éleveurs dans l'utilisation des sources
d'information. Car, la fréquentation d'une source d'information sur la
TAA est d'abord fonction de sa crédibilité aux yeux des
utilisateurs (97,7%), de sa proximité (88,4%) et de sa
disponibilité/accessibilité (84,7%). Puis des
caractéristiques socioprofessionnelles (niveau de qualification, de
formation, d'expérience) et du degré de motivation de
l'informateur. Et, des caractéristiques sociologiques des
agro-éleveurs telles que l'appartenance ethnique, religieuse,
l'éducation, la formation, l'expérience et le statut familial.
Mais la confiance, l'appartenance ethnique et le niveau de formation
s'avèrent être les variables significatives. En
conséquence, notre hypothèse principale se trouve partiellement
vérifier. En ce sens que les échanges de trypanocides entre les
agro-éleveurs et leurs prestataires s'accompagnent d'informations
diverses sur la TAA.
Toutefois, certaines difficultés socioculturelles,
économiques, techniques, professionnelles et institutionnelles
rencontrées dans la pratique quotidienne contribuent à biaiser la
qualité des informations reçues. Ce qui explique le fait que de
nos jours, les agro-éleveurs accordent plus de crédit aux
professionnels de la santé animale avec qui ils désirent recevoir
des brochures en langue locale et des formations sur la TAA. Mais soumis
à la double contrainte de la maladie et de la rareté de ces
derniers, ils vont consulter les non professionnels disponibles et accessibles.
Or, cela affecte la qualité des messages émis ou reçus. En
effet, la capacité des professionnels de leur transmettre des messages
de qualité est limitée par un manque de temps, de moyens
logistiques, médico-techniques ; de motivation et l'usage
d'auxiliaires non qualifiés ayant peu de culture
vétérinaire. A l'opposé, celle des non professionnels est
limitée par leur manque de qualification et d'instruction. A cela,
s'ajoute un contexte d'utilisation des trypanocides défavorable
marqué par :
- une crise de confiance due à l'existence d'une
pluralité de prestataires présentant une gamme variée de
trypanocides qui crée la confusion dans les esprits des
agro-éleveurs ;
- la pratique de l'automédication, la pauvreté
et l'analphabétisme de la majorité des agro-éleveurs
entraînant une faible fréquentation des spécialistes de la
santé animale ;
- la concurrence déloyale due au manque de
régulation de la profession sur le terrain entraînant une
rareté de déplacement des professionnels privés vers les
agro-éleveurs.
Ce qui confirme notre hypothèse principale, car
l'action simultanée de ces contraintes inhérentes à leurs
pratiques trypanocides entraîne une communication biaisée dont les
principaux biais sont la réduction des nombres et fréquences des
contacts et l'apparition de sources de blocages, de distorsion, de
rétention et de déformation des informations. Or, si l'on soutien
l'idée d'un changement de comportement en faveur de l'adoption de
l'utilisation rationnelle des trypanocides pour un meilleur contrôle de
la TAA, alors que faut-il faire dans un tel contexte de communication ? Il
semble qu'un renforcement des capacités de communication des
systèmes de santé animale s'impose dans la mesure où le
déséquilibre existant entre le besoin actuel des
agro-éleveurs et les informations reçues provient d'un
déficit de communication des professionnels de la santé animale.
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Monographies et enquêtes.
57. MAIRIE de Orodara, 2004 : Monographie de la commune
de Orodara, 68 pages.
58. MRA (Ministère des ressources animales),
2004 : Deuxième enquête nationale sur l'effectif du cheptel,
T2, Ouagadougou, 64 pages.
59. OUEDRAOGO (Bernard) et al, 2004 : Monographie
socio-foncière de la province du Kénédougou, PNGT2/ Bexam
Développement, 103 pages.
60. TRAORE (Moussa), 2001 : Monographie de la province du
Kénédougou. DREP/Ouest- Bobo-Dioulasso, 150 pages.
VIII/
Séminaires, ateliers et communications orales.
61. ABIOLA (François Adébayon) (Direction),
2001 : Utilisation des trypanocides en Afrique subsaharienne. Actes du
séminaire sous-régional, Dakar, 53 pages.
62. TAMBOURA (Hamidou), 2002 : « savoirs
locaux en santé animale : caractéristiques et potentiels
pour un développement durable de l'élevage au Burkina
Faso ». Atelier sur la problématique de
l'intégration des savoirs locaux dans les programmes de
développement, MAC/BM, Ouagadougou, 10 pages.
IX/
Sites Web.
63. CIRDES :
www.org/plan.htm.
64. FAO/ OMS/OIE (1999) :
www.fao.org/docrep/u220f01.htm
65. MRA (Ministère des ressources animales)
,2003 :
www.mra.gov.bf.
66. (« introduction à la méthode
des sciences sociales ») :
www.jusdorange.fr.st/id117.htm.
67.
http://educ.univ.paris8.fr/vocrech.html (vocabulaire de recherche).
68. www.cybersociologie.com
(usage de l'Internet dans les recherches en sciences sociales)
69.
www.csdptt.org/article299.html (article sur la téléphonie
rurale)
70.
www.umoncton.ca/johnson/s04710/bibliog.html (sociologie de la
communication).
71.
http://cormas.cirad.fr/fr/applica/galtier.htm (paradigme sur
marché céréalier et communication
72.
www.chu-rouen.fr/ssf/info/communication.html (études sur la
communication)
ANNEXES
Annexe n° I: listes des
tableaux et figures.
Liste des tableaux.
Tableau 1:Tableau récapitulatif des
variables indépendantes et leurs indicateurs.
15
Tableau 2 : proportion des ethnies présentes
dans la province du Kénédougou.
43
Tableau 3: effectifs du cheptel de la province du
Kénédougou selon les espèces rencontrées.
46
Tableau 4 : répartition des
agro-éleveurs en fonction de leur âge.
56
Tableau 5: répartition des
agro-éleveurs en fonction de leurs religions.
56
Tableau 6: distribution des agro-éleveurs
par niveau d'instruction.
56
Tableau 7: distribution des agro-éleveurs en
fonction du statut familial.
57
Tableau 8: répartition des
agro-éleveurs en fonction du groupe ethnique.
57
Tableau 9: Distribution des prestataires par niveau
d'instruction.
71
Tableau 10 : répartition des
prestataires par niveau de qualification.
71
Tableau 11: distribution des prestataires
professionnels selon le diplôme obtenu.
72
Tableau 12: perceptions liées à
l'importance de chaque groupe d'acteur chez les agro-éleveurs,
les agents publics d'élevage et les vétérinaires
privés.
74
Tableau 13: volume des conseils au cours d'une
année par prestataires.
77
Tableau 14: Trypanocides en circulation dans la
province du Kénédougou.
82
Tableau 15: modes de dilution, dosages et sites
d'injection.
83
Tableau 16 : localisation des prestataires de
services par rapport à leurs clients.
84
Tableau 17: équipement de base.
85
Tableau 18: Proportion des équipements
techniques dans les structures sanitaires vétérinaires.
86
Tableau 19: situation de l'équipement des
structures sanitaires vétérinaires en moyens de transport.
86
Tableau 20: état d'équipement des
prestataires non professionnel.
87
Tableau 21: quantité de traitements
réalisés en douze mois selon les prestataires.
88
Tableau 22: Prix du DIM en fonction du prestataire
et du volume du paquet.
89
Tableau 23: variation du prix du DIM entre les
professionnels et les non professionnels.
89
Tableau 24: comparaison des prix du DIM au Burkina
Faso et au Mali.
90
Tableau 25: prix des trypanocides selon le volume
du sachet au Burkina.
91
Tableau 26: variation de prix entre grands et
petits sachets de trypanocides au Mali.
91
Tableau 27 : marge bénéficiaire de la
vente des trypanocides par type de fournisseur et par pays.
92
Tableau 28: sources des trypanocides vendus par les
non professionnels.
93
Tableau 29: origine des trypanocides vendus par les
non professionnels.
93
Tableau 30: influence des variables
socioculturelles sur les sources d'information.
112
Liste des figures
Figure 1: carte de distribution spatiale des
agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires.
58
Figure 2: circuit simplifié d'information
dans les villages du Kénédougou.
61
Figure 3: esquisse d'un circuit d'information dans
les villages du Kénédougou sud.
64
Figure 4: proportion des prestataires de services
enquêtés.
71
Figure 5: répartition des prestataires
suivant le niveau de formation.
73
Figure 6: sources d'information
vétérinaire utilisées par les prestataires de
services.
77
Figure 7: Photo d'une pharmacie
vétérinaire.
81
Figure 8: pharmacie vétérinaire vue
de l'intérieure.
81
Figure 9: estimation du besoin d'information chez
les agro-éleveurs.
99
Figure 10: représentation des informations
désirées chez les agro-éleveurs.
100
Figure 11: représentation des informations
disponibles chez les agro-éleveurs.
102
Figure 12 : représentation graphique des
sources d'information sur la TAA.
103
Figure 13: fréquence comparée des
sources les plus utilisées et celles non utilisées.
104
Figure 14: canaux de communication
utilisés.
105
Figure 15 : canaux de communication
préférés.
106
Figure 16 : situation des utilisateurs par rapport
aux sources d'informations sur la TAA.
107
Figure 17: fréquence d'interaction avec les
sources d'information chez les agro-éleveurs.
108
Figure 18: représentation graphique des
niveaux de confiance aux sources d'informations.
109
Figure 19 : représentation graphique des
confiances prioritaires.
110
Annexe n°II : les
outils de collecte des données.
A) Questionnaire d'enquête adressé aux prestataires
de services vétérinaires.
Enquête N°1 : prestataires de services
professionnels.
Fiche N° 1a. Prestataire de services professionnels/
vétérinaires privés.
1) a Nom ........................... 1 b Prénom
...............................Enquête Nb .........
2 ) a Nom du Cabinet
................................................................................
2 ) b Adresse
.............................................................................................
................................................................................................
3 ) a Qualification en santé
animale................................................................
3 ) b Pays ............................ 3) c En (date
)...........................................
3) d Si le responsable n'est pas un vétérinaire,
demandez s'il est lié à un vétérinaire
privé. Nom.............................
.....................................
Adresse
.................................................................................................
3) e Formations complémentaires post-universitaires
Numéro
|
Sujets
|
Date
|
1
|
|
|
2
|
|
|
3
|
|
|
4
|
|
|
4) Expériences professionnelles avant l'ouverture du
cabinet
Numéro
|
Expériences
|
Date
|
1
|
|
|
2
|
|
|
3
|
|
|
4
|
|
|
5) Quelle est la motivation principale de votre engagement en
exercice privé ? (Cochez une seule réponse)
Le non accès au recrutement à la fonction publique
La rémunération
L'indépendance
Le chômage
Autres
6) a Votre lieu de travail est-il ?
Une clinique
Un cabinet de soins vétérinaires
Une pharmacie
Un poste vétérinaire
Autre.
6) b Votre cabinet est-il une succursale ou une entreprise
individuelle ? ...........................
7) En quelle année avez-vous installé ce
cabinet ? -....................................................
8) Combien d'employés travaillent dans votre
cabinet ?..............................................
Fonction au cabinet
|
Age
|
Nombre d'année en service au cabinet
|
Formation de base
|
Formation complémentaire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9) a Horaires d'ouverture de :.......heures à
.........heures et de :.........à .............heures
9) b Jours d'ouvertures
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
Samedi Dimanche.
10) Indiquez l'équipement disponible.
10 Equipement
|
|
Téléphone
|
|
Eau
|
|
Electricité (réseau)
|
|
Réfrigérateur
|
|
Congélateur
|
|
Microscope
|
|
Centrifugeuse
|
|
Ordinateur
|
|
Fax /télécopie
|
|
Motocyclette
|
|
Véhicule
|
|
Salle de traitement
|
|
table pour animaux
|
|
Salle réservée aux interventions chirurgicales
|
|
Autres
|
|
11) Indiquez vos clients et le nombre approximatif de vos visites
de terrain et accueils en pharmacie au cours des douze (12) mois
passés.
11 Clients
|
Accueils en pharmacie
|
Visites
|
Filières
|
|
|
Animaux de compagnie
|
|
|
Boeufs de trait
|
|
|
Petits ruminants
|
|
|
Porcs traditionnels
|
|
|
Troupeaux sédentaires
|
|
|
Troupeaux transhumants
|
|
|
Volailles améliorées
|
|
|
Volailles traditionnelles
|
|
|
Autres
|
|
|
Services rendus.
12) Quels produits utilisez-vous contre la trypanosomose ?
Quel est leur prix ? Classez les par ordre d'efficacité.
Produits
|
Nom
|
Prix d'achat (CFA)
|
Prix de vente (CFA)
|
Efficacité
|
Petit sachet
|
Grand sachet
|
Petit sachet
|
Grand sachet
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
Comprimé
|
|
|
|
|
|
|
Tétracycline
|
|
|
|
|
|
|
13) Combien de fois avez-vous fait les services suivants au cours
de la semaine passée et des douze (12) mois passés ?
Services
|
Semaine passée
|
Douze (12) mois passés
|
Vente de DIM
|
|
|
Vente de ISMM
|
|
|
Administrer le DIM
|
|
|
Administrer le ISMM
|
|
|
Donner conseils
|
|
|
Sources d'approvisionnement en trypanocides
14) Listez par ordre d'importance vos fournisseurs de
trypanocides (ISMM, DIM)
15) Quel est le dosage du bérénil que vous utilisez
ou recommandez pour ?
Malade
|
Dosage
|
Poids
|
Zébu adulte
|
|
|
Métis adulte
|
|
|
Jeune (80kg)
|
|
|
16) En moyenne quel est le pourcentage de guérison suivant
les traitements avec
Le DIM .......................et l'ISMM.......................
17) Si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous
suggérez à vos clients ?
18) Quelles autres activités commerciales ou
rémunératrices liées à l'élevage
menez-vous ?
19) Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos
activités ? Citez les trois plus importantes.
20) Au cours des trois dernières années vos
affaires ont-elles augmenté, diminué, ou sont-elles
restées stables ?
Sources d'information sur la trypanosomose
21) Quels sont vos sources d'informations sur la santé
animale ? Classez les par ordre de fiabilité et de
préférence.
Sources
|
Nombre de consultation
|
Confiance
|
Préférence
|
Pendant la formation initiale
|
|
|
|
Par les collègues
|
|
|
|
Les services étatiques
|
|
|
|
Les fournisseurs de médicaments
|
|
|
|
Les média (Radio, TV, Journaux)
|
|
|
|
Réunions et conférences prof.
|
|
|
|
Campagne de vulgarisation
|
|
|
|
Projet sur la santé animale
|
|
|
|
Autres à spécifier
|
|
|
|
22) Combien de fois avez-vous consulté ou reçu des
informations de chaque source au cours des six mois passés ?
Fiche : 1b. Prestataires de services professionnels - agents
publics d'élevage.
1a. Nom ........................... 1b. Prénom
............................ Enquête Nb ...........
2 a. Poste
...........................................................................................
3 a. Qualification en santé animale
..................................................................
...............................................................................................................
3 b. Pays ................................. 3 c. En (date )
..............................................
3 d. Formation complémentaire post-universitaires (sujets
et date) :
Numéro
|
Formations et sujets
|
Dates
|
1
|
|
|
2
|
|
|
3
|
|
|
4
|
|
|
4. Expériences professionnelles post-universitaires
avant :
Numéro
|
Expériences professionnelles
|
Dates
|
1
|
|
|
2
|
|
|
3
|
|
|
4
|
|
|
5. Date
d'installation:...................................................
6. Indiquez l'équipement disponible.
8. Equipement
|
|
Téléphone
|
|
Eau
|
|
Electricité (réseau)
|
|
Réfrigérateur
|
|
congélateur
|
|
Microscope
|
|
Centrifugeuse
|
|
Ordinateur
|
|
Fax /télécopie
|
|
Motocyclette
|
|
Véhicule
|
|
Salle de traitement
|
|
table pour animaux
|
|
Salle de chirurgie animale
|
|
Autres
|
|
7. Indiquez vos clients et le nombre approximatif des visites de
terrain et accueils réalisés pour les douze (12) mois
passés.
9. Clients
|
Accueils en pharmacie
|
Visites
|
Filières
|
|
|
Animaux de compagnie
|
|
|
Boeufs de trait
|
|
|
Petits ruminants
|
|
|
Porcs traditionnels
|
|
|
Troupeaux sédentaires
|
|
|
Troupeaux transhumants
|
|
|
Volailles améliorées
|
|
|
Volailles traditionnelles
|
|
|
Autres
|
|
|
Services rendus.
10 a. Quels sont les produits que vous utilisez dans le cas de la
trypanosomose ? Quel est leur prix ? Classez les par ordre
d'efficacité.
Produits
|
Nom
|
Prix d'achat
|
Prix de vente
|
Efficacité
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
Comprimé
|
|
|
|
|
|
|
Comprimé
|
|
|
|
|
|
|
Tétracycline injection
|
|
|
|
|
|
|
11. Combien de fois aviez-vous fait les services suivants dans la
semaine passée et pendant douze (12) mois passés ?
Services
|
Semaine passée
|
12 mois passés
|
Vente de DIM
|
|
|
Vente de l'ISMM
|
|
|
Administrer le DIM
|
|
|
Administrer l'ISMM
|
|
|
Donner conseil sur les trypanocides
|
|
|
Sources d'approvisionnement en trypanocides.
12. Listez vos fournisseurs de trypanocides (ISMM, DIM) par ordre
d'importance
Fournisseurs de trypanocides
|
Importance
|
|
|
|
|
|
|
Connaissances sur la TAA et la
chimiorésistance.
13. Quel est le dosage du bérénil® que vous
utilisez / recommandez pour ?
Sujet
|
Dosage
|
Poids
|
Zébu adulte
|
|
|
Métis adulte
|
|
|
Jeune (80kg)
|
|
|
14. En moyenne, quel est le pourcentage de guérison
suivant les traitements avec :
DIM ....................................et
ISMM..........................................
15. Si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous
suggérez ?
16. Quelles peuvent être les causes de la
chimiorésistance ?
17. Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos
activités ? Notez les trois plus importantes.
18. Quelles sont les contraintes dans le contrôle des
trypanocides et de vendeurs de trypanocides ?
Information sur la trypanosomose.
19. Quelles sont vos sources d'information sur la santé
animale ? Combien de fois avez-vous consulté (ou reçu des
informations) de chaque source dans les six (6) derniers mois ? Classez-
les par ordre de fiabilité et de préférence.
Sources
|
Importance
|
Confiance
|
Préférence
|
Pendant votre formation initiale
|
|
|
|
Vos collègues
|
|
|
|
Les services étatiques
|
|
|
|
Les fournisseurs de médicaments (privé)
|
|
|
|
Les média (Radio, TV, Journaux)
|
|
|
|
Campagne de vulgarisation
|
|
|
|
Projet sur la santé animale
|
|
|
|
Réunions et conférences professionnelles
|
|
|
|
Journaux professionnels et autres
|
|
|
|
Enquête n° 2 : fiche 2- Prestataires de services
non professionnels
1) a Nom ............ 1) b Prénom
.........................
Enquête N°............
2)Adresse...................................................................................................................................................................................
3) Scolarisation et formations :
4) Depuis quelle année avez-vous commencez à
exercer ce métier ?...........................................
5) a Quelles sont vos heures de travail par jour ?
Horaires d'ouverture : de............heures
à ............heures et
de............heures
à ............heures
5) b jours d'ouverture (encercler) :
Lundi Mardi Mercredi Jeudi
Vendredi Samedi Dimanche
6) Lieu de
travail :..............................................................................................
7) Equipement disponible. (Cochez les
réponses) :
Vélo
Mobylette
Véhicule
Thermomètre
Unité de mesure (à préciser)
Autres (à préciser)
8) Quels produits utilisez-vous contre la trypanosomose ?
Quel est leur prix ?classez les par ordre d'efficacité.
Produits
|
Nom (ou couleur)
|
Prix d'achat
|
Prix de vente
|
Efficacité
|
Petit sachet
|
Grand sachet
|
Petit sachet
|
Grand sachet
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
DIM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
ISMM
|
|
|
|
|
|
|
Comprimé
|
|
|
|
|
|
|
Comprimé
|
|
|
|
|
|
|
Tétracycline injection
|
|
|
|
|
|
|
Tétracycline gélule
|
|
|
|
|
|
|
9) Combien de fois aviez vous fait les services suivants au cours
de la semaine passée et des douze (12) mois passés ?
Services
|
Semaine passée
|
Douze mois passés
|
Vente de DIM
|
|
|
Vente de ISMM
|
|
|
Administrer soi- même le DIM
|
|
|
Administrer soi- même le ISMM
|
|
|
Donner conseil sur les trypanocides
|
|
|
10) Listez par ordre d'importance vos fournisseurs de
trypanocides.
Fournisseurs
|
Ordre d'importance
|
|
|
|
|
|
|
11) Indiquez vos clients et le nombre approximatif des visites de
terrain et accueils à votre lieu de travail réalisés au
cours des douze (12) mois passés.
Filières
|
Lieu de travail
|
Visites
|
Total
|
Animaux de compagnie
|
|
|
|
Boeufs de trait
|
|
|
|
Petits ruminants
|
|
|
|
Troupeaux sédentaires
|
|
|
|
Troupeaux transhumants
|
|
|
|
Volailles améliorées
|
|
|
|
Volailles traditionnelles
|
|
|
|
Autres (à spécifier)
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
12) Quelles autres activités commerciales ou
rémunératrices liées à l'élevage
menez-vous ?
13) Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos
activités ?citez les trois plus importantes.
14) Au cours des trois dernières années, vos
affaires ont-elles augmenté, diminué ou sont- elles
restées stables ?
15) Information sur la trypanosomose
Listez par ordre d'importance, de fiabilité et de
préférence vos sources d'informations sur les trypanocides.
Sources
|
Importance
|
Confiance
|
Préférence
|
Pendant votre formation initiale
|
|
|
|
Vos collègues
|
|
|
|
Les services étatiques
|
|
|
|
Les fournisseurs de médicaments (privé)
|
|
|
|
Les média (Radio, TV, Journaux)
|
|
|
|
Campagne de vulgarisation
|
|
|
|
Projet (formation donnée)
|
|
|
|
Autres (à spécifier)
|
|
|
|
|
|
|
|
16) chimiorésistance
Quel dosage de bérénil® utilisez-vous pour les
cas suivants ?
Cas
|
Dosage
|
Poids
|
Zébu adulte
|
|
|
Métis adulte
|
|
|
Jeune (80 kg)
|
|
|
17) a. en moyenne quel est le pourcentage de guérison
suivant les traitements avec :
le DIM ..................................et
l'ISMM..........................................
17) b. si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous
suggérez à vos clients ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
18) Dans quel cas indiquez-vous l'utilisation du
bérénil® ou du trypamidium ?
Cas
|
Bérénil
|
Trypamidium
|
Pour guérir les boeufs malades de la trypanosomose
|
|
|
Pour guérir les autres maladies
|
|
|
Pour prévenir la trypasomose
|
|
|
Pour redonner de la force
|
|
|
Pour donner l'appétit
|
|
|
Autres (à spécifier)
|
|
|
B) Grille d'observation directe.
Fiche 3a. -Prestataires de services pharmaceutiques
Date ................... Prestataires de services
................................ Heures ..............
Heures
|
|
|
|
|
|
Temps passé pour la rencontre
|
|
|
|
|
|
Lieu
|
|
|
|
|
|
Age
|
1
2
|
|
|
|
|
Sexe
|
1
2
|
|
|
|
|
Initiatrice de transaction
|
|
|
|
|
|
Vendeur
|
|
|
|
|
|
Avis sur les produits
|
|
|
|
|
|
Problèmes
|
|
|
|
|
|
Signes
|
1
2
3
|
|
|
|
|
Types de produits
|
1
2
3
|
|
|
|
|
Quantité vendue
|
1
2
3
|
|
|
|
|
Prix
|
1
2
3
|
|
|
|
|
Mode de paiement
|
1 au comptant
2 par crédit
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Avis sur le dosage
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Avis sur l'administration
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Avis sur le délai d'attente
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Avis sur la prévention de la maladie
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Avis sur les échecs de traitement
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Avis sur les soins d'un animal malade
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Fiche 3b -Prestataires de services cliniques.
Informations
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Durée de la maladie
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Espèce
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Traitement déjà effectué
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Race
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Nombre de malades
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Sexe
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Examen clinique
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Ganglion
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auscultation
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Signes de la maladie
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Membranes muqueuses
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Les yeux
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La bouche
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Température
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Diagnostic
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Coprologie
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Autres
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Sang
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Traitement
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Produits utilisés
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Produits
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Prix
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Prix
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Quantité
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Quantité
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Dosage !
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Dosage
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Injection technique
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Nouvelle seringue
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Seringue bouillie
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Nouvelle aiguille
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Aiguille bouillie
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Lavage des mains
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Solution nouvellement préparée
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Manipulation de la seringue
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Contention du boeuf
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Site d'injection
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Profondeur d'injection
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Retrait de la seringue
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Ecoulement de sang
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Ecoulement du produit
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Division du dosage >20 ml
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Seringue propre
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Site d'injection propre
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Conseils
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Délai d'attente
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Soin d'un animal malade
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Manque de guérison
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Prévention de la maladie
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Cause de la maladie
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Condition de stockage des produits
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Protection contre soleil
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Protection contre la chaleur
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Protection contre la poussière
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Utilisation des anciens produits avant les nouveaux
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|
|
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C) Questionnaire d'entretien sur les sources
d'informations relatives à la TAA chez les
agro-éleveurs.
1/ Quelles sont vos sources d'informations sur la santé
animale ? Donner un nombre entre 1 et 5.
|
Oui /non
|
Le plus proche =5
|
Le plus utilisé=5
|
Le plus fiable=5
|
Autres producteurs
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Tradipraticiens
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Vieux
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Peulhs transhumants
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Vaccinateurs formés
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Vaccinateurs non formés
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Vendeurs ambulants
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Vendeurs sur le marché
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Service étatique agricole
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PNGT 2
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BMZ 2
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Vet pharmacie-Orodara
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Vet pharmacie-Bobo
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Vet pharmacie-Hèrèmakonon
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Vet agent Koloko
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|
|
|
Vet agent Orodara
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2/ Quelles sont les informations dont vous avez besoin ?
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|
Oui/non
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Plus nécessaire=5
|
Satisfactions avec les informations disponibles : le
plus =5
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Trypanosomose
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Diagnostique
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La prévention
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Causes
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Trypanocides
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Produits disponibles
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Prix des produits
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Qualité des produits
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Dilution
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Administration
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Dosage
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Stockage
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Délais d'attente
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Mauvais effets
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Résistance
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Traitements complémentaires
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Soins des animaux malades
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|
Nutritions
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Autres
|
|
|
|
|
3/ Sources d'informations.
a) Quelle est la dernière fois que vous avez
consulté les sources suivantes ?
b) Selon vous, ces sources sont-elles adaptées pour
transmettre les renseignements sur l'utilisation des trypanocides ?
|
Dernière consultation
|
Moyens pour transmettre sur l'utilisation des
trypanocides 5= plus préféré
|
|
Semaine
|
1mois
|
=1an
|
1à 5 ans
|
>5ans
|
1
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2
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3
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4
|
5
|
Vendeurs des produits vétérinaires
|
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Emballages des produits vétérinaires
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Formation dans le village
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Formation hors village
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Alphabétisation
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Radio
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Journal
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Brochure
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4/ Contacts avec les autres acteurs.
Autres éleveurs
|
Tradipraticien
|
Vieux
|
peulhs
|
Vaccinateur formé
|
Vaccinateur non formé
|
Vendeurs ambulants
|
Vendeurs du marché
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PNGT
|
BMZ
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Pharmacie à Hèrèmakono
|
pharmacie Orodara
|
Pharmacie à Bobo
|
Agent public à Koloko
|
Agent public à Orodara
|
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|
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|
|
|
|
|
D) Guide d'entretien de groupe réalisé
au cours d'un atelier à Bobo-Dioulasso les 16 et 17/08/2004.
Ce guide a été adressé aux
différents groupes d'acteurs sociaux impliqués dans l'utilisation
des trypanocides dans la province du Kénédougou. Les entretiens
de groupe ont été réalisés au cours d'un atelier de
réflexion-débat ayant regroupé ces groupes d'acteurs
à savoir les agro-éleveurs, les vaccinateurs, les vendeurs de
médicaments de la rue, les vétérinaires privés, les
agents publics d'élevage, les décideurs politiques et les
chercheurs. Au cours de cet atelier, les thèmes ci-après ont
été débattus en groupes restreints, puis en
plénière.
I/ Du constat, des causes et manifestations de la
chimiorésistance.
Depuis quand avez-vous (ou vos clients) constaté les
échecs de traitement ?
Quelle est l'ampleur de ces échecs de
traitements ? Sont-ils rares, fréquents ou nombreux ?
Quelles sont les autres des échecs de traitements que
vous connaissez ?
Avez-vous changé de pratiques à cause de ces
échecs de traitements ?
Connaissez-vous la résistance avant cet atelier ?
Avec qui et quand avez-vous reçu les informations
là-dessus ?
II/ Des effets de la
chimiorésistance.
Quels les effets des échecs de traitements qu'avez-vous
constaté ?
Selon vous quelles peuvent être sur le bétail,
l'agriculture, les ménages, les vendeurs de médicaments
vétérinaires et l'économie du Kénédougou si
la résistance continue de s'augmenter jusqu'à ce que les
trypanocides ne marchent plus ?
Qu'allez-vous faire dans ces circonstances ?
Indiquez nous comment et à quel niveau (allant de 1
à 10) êtes-vous affecté par le problème de la
résistance ?
III/ Des méthodes de lutte contre la TAA et des
informations y afférentes.
Connaissances des méthodes de lutte disponibles.
Des problèmes liés à
l'accessibilité et au coût de ces méthodes.
Des sources d'informations y relatives.
des contraintes et suggestions.
IV/ Des acteurs impliqués dans l'utilisation
des trypanocides.
Importance ;
Statuts et rôles ;
Des liens entre acteurs.
V/ De la responsabilité de chaque groupe
d'acteur dans la problématique de la TAA et des échecs de
traitements.
Contribution de chaque groupe d'acteur ;
Solutions possibles.
VI/ De la lutte contre les vecteurs et de
l'Utilisation Rationnelle des Trypanocides.
des voies et moyens d'appui à la lutte contre les
vecteurs ;
des voies et moyens pour promouvoir l'Utilisation Rationnelle
des Trypanocides.
VII/ synthèse des stratégies et
suggestion pour la lutte contre les vecteurs et la meilleure gestion de la
TAA.
E) Guide d'entretien individuel adressé aux
agro-éleveurs et leurs responsables communautaires.
Ce guide nous a permis de collecter des informations sur les
sources d'information en vigueur dans leurs communautés respectives. Il
a été adressé aux agro-éleveurs et leurs
responsables (groupement des éleveurs, chef de village, RAV, chefs
coutumiers et religieux). Ces entretiens se sont déroulés dans
les villages et en langue locale Dioula. Lors de ces entretiens, les
thèmes suivants ont été discutés.
I/ De l'identification des sources d'information dans
la communauté et en particulier sur la santé animale.
II/ De la compréhension du besoin
d'informations vétérinaires.
III/ Du système d'information et de
communication en vigueur dans les communautés.
IV/ De la circulation de l'information.
F) Guide d'entretien individuel adressé aux
prestataires de services.
Ce guide a été adressé à quatre
(4) prestataires de services actifs sur le terrain dans la province du
Kénédougou à savoir un vaccinateur formé, un
vendeur de médicaments de la rue, un agent communautaire de santé
animale et le gérant du dépôt pharmaceutique en guise de
complément d'informations sur leurs pratiques et attitudes.
I/ Des motivations d'entrée dans le
métier.
II/ Des perception et représentation sociales
liées au travail.
III/ Des stratégies d'information sur la
santé animale
Annexe N° III :
photos de terrain
Trois variétés de Diminazène en circulation
dans la province du Kénédougou
Vendeur ambulant de médicaments de la rue.
Devanture d'une pharmacie vétérinaire.
Photo d'un vaccinateur local entrain de traiter un bovin malade
de la trypanosomose.
Photos des participants à l'atelier du 16 et 17
août 2004 à Bobo-Dioulasso.
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE.
I
REMERCIEMENTS.
II
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
III
SOMMAIRE.
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE.
3
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE.
6
I/ CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE.
6
1) Question de départ
6
2) Justification
7
3) Objectifs et intérêts
8
4) Phase exploratoire.
9
5) Problématique
11
II/ CONSTRUCTION DU MODÈLE D'ANALYSE
THÉORIQUE
14
1) Cadre de référence
sociologique
14
2) Elaboration des hypothèses de
travail.
14
3) Identification des variables et leurs
indicateurs
15
4) Construction des concepts
19
5) Revue de littérature
28
III/ MÉTHODOLOGIE
34
1) Site de recherche.
34
2) La population cible.
35
3) Les personnes ressources.
35
4) Echantillonnage.
35
5) Les outils de collecte des
données.
36
6) la réalisation de
l'enquête.
37
7) Les techniques de traitement des
données.
38
8) Les difficultés
rencontrées.
39
CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE
L'ESPACE D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES
VILLAGES D'ENQUÊTES.
40
I/ PRÉSENTATION DE LA PROVINCE DU
KÉNÉDOUGOU
40
1) Aperçu géographique.
40
2) Aperçu historique et
politico-admistratif.
41
3) Organisation socioculturelle.
43
4) Organisation économique.
44
II/ DESCRIPTION DES VILLAGES D'ENQUÊTE ET
CARACTÉRISTIQUES SOCIOLOGIQUES DES AGRO-ÉLEVEURS.
48
1) Cas des villages d'intervention du Projet
BMZ.
48
2) Cas des villages témoins.
51
III/ ANALYSE CRITIQUE DES CIRCUITS D'INFORMATION
ET DE COMMUNICATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS.
59
CHAPITRE III : TRANSACTIONS
TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE
SERVICES.
66
I/ RÔLES, CARACTÉRISTIQUES ET
IMPORTANCE DES ACTEURS EN PRÉSENCE.
66
1) Les professionnels de la santé
animale.
66
2) les non professionnels.
68
II/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION
UTILISÉES PAR LES PRESTATAIRES DE SERVICES.
76
III/ CONSOMMATION DES TRYPANOCIDES ET BIAIS DE
COMMUNICATION.
82
CHAPITRE IV : BESOIN ET
STRATÉGIES D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS.
99
I/ CONSTAT ET ANALYSE DU BESOIN D'INFORMATION CHEZ
LES AGRO-ÉLEVEURS.
99
II/ LES SOURCES D'INFORMATIONS
VÉTÉRINAIRES UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS.
102
III/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION
UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS.
113
CONCLUSION.
116
BIBLIOGRAPHIE.
118
I/ OUVRAGES MÉTHODOLOGIQUES ET
TECHNIQUES.
118
II/ OUVRAGES GÉNÉRAUX.
118
III/ OUVRAGES SPÉCIFIQUES.
119
IV/ THÈSES ET MÉMOIRES.
120
V/ ARTICLES ET REVUES.
120
VI/ RAPPORTS ET DOCUMENTS DE TRAVAIL.
121
VII/ MONOGRAPHIES ET ENQUÊTES.
122
VIII/ SÉMINAIRES, ATELIERS ET COMMUNICATIONS
ORALES.
122
IX/ SITES WEB.
122
ANNEXES
124
TABLE DES MATIÈRES
XXIII
* 1(In Changement
social, 1968, P 96).
* 2 (In Madeleine GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris Dalloz, 6è édition,
1984)
* 3 (In La
société de consommation, 1970)
* 4 (Ensemble des connaissances
acquises dans le domaine de la médecine vétérinaire)
* 5 (Ecart par rapport à
la réalité)
* 6 ( In Haw to investigate
drug use in communities, Geneva, WHO, 1992)
* 7 (In Analyse
socioéconomique des pratiques de gestion de la TAA et des facteurs
associés au développement de la chimiorésistance dans la
province du Kénédougou, Université de Ouagadougou,
2002)
* 8 (In « la
participation des acteurs, un exercice difficile. Leçon de
l'expérience d'un plan de lutte contre la TAA dans la vallée du
Mouhoun (Burkina -Faso) » paru dans la Revue Forum, Nature,
Science et société, volume VIII, n°1, PP 33-43, 2000)
* 9 (In Innovations
techniques, blocages socioculturels et communicationnels. L'expérience
des unités de production cotonnière dans le département de
fouzan, Province du Tuy, Université de Ouagadougou, 1998)
* 10 (In Networking for
innovation, 1997)
* 11 (In Année
sociologique, 51, n°2, P309-326, 2001)
* 12 (In Identification des
comportements actuels et désirés en rapport avec l'hygiène
domestique dans les zones de santé de Kangu et de Kabondo Diando ;
rapport d'étude préalable au développement de la
stratégie de communication pour le changement de comportement de la
population rurale. Ecole de santé publique/Environmental Heath
project/SANRU III, République Démocratique de Congo (RDC),
2002)
* 13 (In Théorie des
processus de la communication, Paris, Armand colin, PP 81-115, 1998)
* 14 (In Introduction aux
sciences de l'information et de la communication, Paris, les éditions
d'Organisation, 1995)
* 15 (In Manuel d'EPS dans
l'optique des soins de santé primaire, Genève, 1990)
* 16 (In Anthropologie et
développement, Paris, Karthala, 1995, P 78)
* 17 (In Les
représentations sociale, Paris, PUF, 1989, P 137)
* 18 (In Pratiques sociales
et représentations, Paris, PUF, 1994, P 47)
* 19 (In Rational drug use
in the management of the trypanosomosis and trypanocides resistance, document
de travail n°4 , Bobo-Dioulasso, 2003, PP 4-5)
* 20
(« Les significations sociales et individuelles du
téléphone chez les Sanan du Burkina Faso » in
Enjeux des technologies de la communication en Afrique. Du
téléphone à l'Internet, 2004)
* 21 (Ibid, 2004)
* 22 (Ibid, 2004)
* 23 (In Manuel de
l'auxiliaire vétérinaire, SPANA (Mali), 2001)
* 24 (Op. cit, 2004)
* 25 (In Communication et
réseaux de communication, 1971)
* 26 (In Stratégie
paysanne en Afrique noire, P 129)
* 27 (In Médicament
et sociétés, 2001)