V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
5.1 CONCLUSION
GENERALE
Le présent travail s'inscrit dans le cadre d'une
réflexion sur « la caractérisation
physico-chimique, biologique et écotoxicologique des effluents liquides
rejetés dans la baie de Port-au-Prince » que
réalisent conjointement le LAEPSI (INSA de Lyon), le LAQUE (UniQ), le
L.S.E. (ENTPE), le Laboratoire d'Ecotoxicologie de l'Ecole Nationale
Vétérinaire de Lyon et maintenant, le Laboratoire de chimie de la
FAMV. Il répond à la nécessité mise en
évidence par l'étude précédente sur les
« métaux lourds »,
d'évaluer la pollution générée par l'excès
de nutriments (notamment les nitrates et les phosphates) déversés
dans le milieu récepteur.
La revue de littérature clarifie la
problématique des eaux usées urbaines et du réseau de
drainage de Port-au-Prince, liée aux déséquilibres des
cycles biogéochimiques et aux perturbations des
écosystèmes aquatiques de la baie. Elle présente
également certaines lois, directives et normes relatives à
l'environnement qui devraient être d'application restrictive, sinon
servir de cadre de références dans la perspective d'une meilleure
gestion des ressources naturelles.
Deux campagnes ont été réalisées
sur 2 saisons pluviométriques différentes. Les paramètres
de l'étude ont été caractérisés suivant 2
scénarii distincts. Le premier scénario dresse une analyse
générale de la situation, prenant en compte des seuils
relativement plus ouverts, en particulier ceux proposés par la
Commission européenne (1998) et l'Agence de l'eau Rhône
Corse (1995). Alors, le danger semble être écarté par
rapport aux nitrates dont les concentrations moyennes estimées pour les
saisons sèche et pluvieuse (respectivement 5.02 et 4.68 mg/L) se
rapprochent du seuil de situation normale (5 mg/L). Ensuite, il a
été démontré, en fonction du pH, que l'ammoniac
constituant la forme la plus toxique de l'azote ammoniacal, prédomine
dans les échantillons. Or, les concentrations en azote ammoniacal ont
souvent tendance à franchir les limites de la pollution importante (8
mg/L). Quant aux phosphates, ses concentrations moyennes en saisons
sèche (32.44 mg/L) et pluvieuse (8.57 mg/L) font respectivement plus de
16 et 4 fois le seuil retenu (2 mg/L). Les coefficients de variation (CV)
relativement élevés des paramètres (de 2.09 à
120.80%) témoignent des perturbations plus ou moins grandes des
différents compartiments de la baie de Port-au-Prince.
Le second scénario est spécifique à
l'évaluation de l'eutrophisation anthropique de la baie. Les normes
retenues pour les deux principaux paramètres (le nitrate et le
phosphate) responsables de ce processus sont tout aussi spécifiques. Les
nitrates devraient constituer, à ce niveau (aval) du bassin versant, le
facteur limitant la prolifération des algues et macrophytes aquatiques,
alors qu'ils font moyennement pour les deux saisons entre 4 et 5 fois la
concentration seuil (1 mg/L). La dilution des phosphates au cours de la saison
pluvieuse se traduit par une amplitude (saison sèche - saison pluvieuse)
relativement élevée (23.87 mg/L).
A côté d'autres processus perturbateurs
(raréfaction de l'OD par la DCO, conditions d'anoxie par la
nitrification lente...) qui peuvent se manifester au niveau de la baie de
Port-au-Prince, l'eutrophisation anthropique a clairement été
mise en évidence, avec une accentuation pour la saison pluvieuse. Les
conséquences se traduisent par des catastrophes écologiques
(perturbations dans les cycles des nutriments, déséquilibre
biologique, disparition à terme de la faune aquatique) et leurs
corollaires socio-économiques (dégradation de la pêcherie,
pauvreté, malnutrition, problèmes de santé...).
Ainsi, nous reformulons l'urgente nécessité
de traiter les eaux usées avant leur déversement dans le milieu
naturel, conformément aux lois cadre et normes établies aux
niveaux national et international. Un observatoire en hydrologie urbaine serait
également utile à freiner, sinon à ralentir le processus
de dégradation des zones estuariennes et côtières de
Port-au-Prince. Mais certaines étapes restent à franchir.
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