4.2.4 Discussions comparatives entre les
deux saisons
Pour certains paramètres tels que la
température, le pH et le nitrate, les deux saisons ne semblent pas
présenter de différences significatives. Cela s'entend, dans le
cas de la température, par le fait que les prélèvements
s'effectuent généralement à la même période
de la journée ; l'amplitude thermique annuelle de la région
métropolitaine étant de 15 oC (Lhérisson,
1999). De plus, nos deux campagnes de prélèvement se retrouvent
très proches, sur deux saisons successives. Il est tout aussi normal
pour le pH, connaissant le pouvoir tampon de l'eau, à moins d'un rejet
accidentel comme ce fut le cas sur la station BCP6, lors de la
première journée de la saison sèche. Les concentrations
moyennes en nitrates se rapprochent, bien que les conditions paraissent
différentes, en considérant les autres paramètres.
En effet, les valeurs de la DCO traduisent une oxydation
proportionnellement plus importante de l'azote ammoniacal en nitrates pour la
saison sèche, même quand la pluvieuse paraît annoncer une
plus grande minéralisation de l'azote, conformément à
d'autres études (Féray, 2000). La CE de la saison sèche
semble être influencée par la forte teneur en ions phosphates qui
connaissent une certaine dilution pendant la saison pluvieuse. Les
résultats estimatifs moyens pour les deux saisons pluviométriques
sont présentés dans le tableau 4.7.
Tableau 4.7 :
Résumé des résultats approximatifs des saisons
sèche et pluvieuse
Saisons
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
Saison sèche
|
28.76
|
2.98
|
7.81
|
380.43
|
5.02
|
2.16
|
32.44
|
Saison pluvieuse
|
28.96
|
1.67
|
7.86
|
275.43
|
4.68
|
6.62
|
8.57
|
Amplitude
|
0.20
|
1.31
|
0.05
|
105.00
|
0.34
|
4.46
|
23.87
|
4.2.5 Evaluation sommaire de
l'eutrophisation anthropique
Jusqu'ici nous basant sur les normes de la Commission
européenne (1998) et celles de l'Agence de l'eau Rhône
Méditerranée Corse (1995), nous aurions tendance à
conclure par l'absolu et de manière trop hâtive que le danger de
dystrophisation lié aux nitrates est écarté, mais qu'il
reste effectif conséquemment aux phosphates et à l'azote
ammoniacal. Pourtant, les teneurs en nitrates qui permettent d'éviter
l' « eutrophisation » sont beaucoup plus basses ;
le phénomène pouvant en effet se déclencher dès 1
mg/L (Miquel, 2003). De même, une charge de 0.5 mg/L de phosphates
constitue déjà un indice de pollution dans les milieux aquatiques
(Rodier, 1996). Néanmoins, ce seuil peut encore être ravalé
à un niveau inférieur en considérant le rapport de
Redfield ou principe du facteur limitant.
4.2.5.1 Principe du facteur limitant
Le rapport entre les nitrates et les phosphates qui conduit au
développement optimal des algues est appelé rapport de Redfield.
Il est de l'ordre de 7 en poids de N/P, tel que mesuré dans les
végétaux aquatiques. Si le rapport de N/P dans la colonne d'eau
est supérieur à 7, ceci signifie que le phosphore est le facteur
limitant. C'est donc lui qui va arrêter la croissance des algues, quand
il aura été consommé. C'est l'inverse qui est vrai quand
le rapport de Redfield est inférieur à 7. Ce sont les nitrates
qui vont être le facteur limitant de la croissance des algues (Miquel,
2003).
Les résultats de notre travail confirment que dans les
zones estuariennes l'azote est l'élément limitant de
l'eutrophisation (Capblacq et Dauta, 1990; Heathwaite, 1993), jusqu'à la
mer. Alors que le phosphore n'est le facteur limitant que dans les parties
amont des bassins. Cela s'entend par le fait que le phosphore est
estimé à 90% d'origine urbaine, et 10% seulement d'origine
agricole, tandis que certains travaux estiment que 70 % des nitrates sont
d'origine agricole, et 30 % d'origine urbaine (Miquel, 2003). Dès lors,
il convient de souligner quelques spécificités de la
région métropolitaine de Port-au-Prince.
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