4.2 DISCUSSIONS
4.2.1 Correction du pH
Contrairement à l'habitude, les valeurs de pH de la
première journée de prélèvement de la saison
sèche, ainsi que celles de la deuxième journée au cours de
la saison pluvieuse n'ont pas pu être déterminées in
situ. Alors, les valeurs obtenues au laboratoire ont été
corrigées conformément à l'équation proposée
par Rodier (1996) :
pHs = pHm - 0.01*
(Ts - Tm)
pHs : pH au moment du prélèvement
pHm : pH mesuré au laboratoire
Ts : température au moment du
prélèvement
Tm : température mesurée avec le
pH-mètre au laboratoire
4.2.2 Formes de l'azote ammoniacal
De façon théorique, l'azote ammoniacal existe en
solution aqueuse sous forme d'ions ammonium (NH4+) ou
d'ammoniac (NH3), dépendamment du pH de la solution,
conformément à l'équation d'équilibre qui suit
(Metcalf et Eddy, 1991) :
NH3 + H2O
NH4+ + OH-
A des niveaux de pH supérieurs à 7,
l'équilibre est déplacé à gauche, mais à des
niveaux de pH inférieurs à 7 l'ion ammonium est
prédominant (Metcalf et Eddy, 1991 ; Emmanuel et al.,
2005).
Or, à l'exception de la station BCP6 et
seulement pour la première journée (réelle) de
prélèvement qui accuse un effluent très acide (pH= 1.56),
le pH des échantillons est généralement supérieur
à 7. Ce qui traduit une prédominance de l'ammoniac, gaz dissous,
très toxique pour les poissons (Miquel, 2003).
4.2.3 Discussions sur les
résultats de la saison sèche
4.2.3.1 Paramètres globaux
a) La température des
échantillons pour la saison sèche varie de 26.4 oC
à 31 oC. La plus grande valeur a été
enregistrée sur la dernière station, lors de la deuxième
journée. On en déduit que le dernier échantillon
prélevé a bénéficié d'une plus grande
quantité d'énergie du soleil. Soulignons toutefois que les
valeurs enregistrées sur les stations BCP1, BCP2 et
BCP7, au cours de la deuxième journée excèdent la
limite maximale fixée à 30 oC pour les effluents
à déverser dans le milieu naturel (MATE, 1998). La moyenne de la
saison, autour des 28,76 oC montre qu'il n'y a pas un
problème de pollution thermique. Le danger semble s'écarter
encore plus lorsqu'on considère que cette température moyenne
tombe dans les limites d'acceptabilité voire de confort de la flore et
de faune aquatiques tropicales d'Haïti. Nous craignons toutefois que des
températures relativement élevées ne favorisent le
développement d'autres phénomènes plus néfastes.
b) Hormis les stations BCP1 et BCP2
(journée 2) dont les valeurs trop élevées
échappaient à la lecture de notre conductimètre, la
conductivité électrique des effluents d'eau de
la ravine Bois de Chêne pour la saison sèche varie de 1.16
à 14,25 mS/cm. Ces valeurs, d'après Mompoint et Théleys
(2004) indiquent une minéralisation importante et confirment la
présence de cations et d'anions comme les nitrates et les phosphates.
Par exemple les CE des stations BCP2 et BCP3 du tableau 4.1,
respectivement 1.60 mS/cm et 1.56 mS/cm, relativement proches, accusent les
mêmes teneurs en nitrates (1.76 mg/L) et à peu près des
valeurs égales en azote ammoniacal (3.07 mg/L et 2.39 mg/L) et en
phosphates (23.70 mg/L et 21.30 mg/L). La concentration en nitrates de la
BCP3 pourrait s'expliquer par une oxydation plus importante,
exprimée par sa DCO (618 mg/L).
c) La DCO correspond à une estimation
de la matière oxydable présente dans l'eau, que la matière
soit d'origines minérale ou organique. Elle varie à travers les
stations et les journées de prélèvement de 154 à
630 mg/L. Ces valeurs sont faibles en comparaison à d'autres (de l'ordre
de 1000 mg/L) enregistrées sur à peu près le même
site dans le cadre d'une précédente étude (Mompoint et
Théleys, 2004). Ce qui traduirait une baisse d'environ 40% de la
quantité de matière oxydable, et en même temps, un regain
théorique proportionnel d'oxygène dissous (OD) dans les effluents
d'eau de la ravine Bois de Chêne.
d) Le pH est généralement
alcalin. La moyenne pour toute la saison (7.81), proche de la
neutralité, ne génère a priori aucun danger pour les
écosystèmes de la baie de Port-au-Prince. Cependant, nous notons
curieusement que les deux valeurs extrêmes (minimum et maximum) sont
obtenues sur la même station BCP6 : 1.56 lors de la
première journée, 8.50, la deuxième. Si cette
dernière valeur se retrouve encore dans les limites admissibles (MATE,
1998), la première, incroyablement faible, accuse un cas de pollution
chimique, sans doute accidentel. Un effluent ayant un tel niveau
d'acidité est dangereux et se révélerait très
toxique pour de nombreux organismes vivants, s'il arrivait au niveau de la
baie. Dès lors, nous pouvons questionner entre autres l'application du
Décret du 8 avril 1977, quant à tout contrôle jugé
nécessaire pour ``prévenir la pollution, la contamination et les
autres risques pouvant mettre en danger l'équilibre biologique du milieu
marin'' (COHPEDA, 1995).
|