Université d'Etat d'Haïti
(UEH)
Faculté d'Agronomie et de Médecine
Vétérinaire
(FAMV)
Département de Ressources Naturelles et
Environnement
(DRNE)
Caractérisation des substances
Azotées et Phosphatées contenues dans les
effluents liquides de la ravine Bois de chêne
(Port-au-Prince)
Mémoire
Préparé par : LACOUR Joaneson
Sous la direction de : EMMANUEL Evens,
Ing. Ph'D
PIERRE Annie, MSc, Chimie
Pour l'obtention du Diplôme
d'Ingénieur-Agronome
Option : Ressources Naturelles et Environnement
Juin 2005
Caractérisation des substances
Azotées et Phosphatées contenues dans les
effluents liquides de la Ravine Bois de Chêne
(Port-au-Prince)
À :
mes parents, M. et Mme Jean Mary et Marie Jeannine
LACOUR ;
M. Gérald et Irma
GUSTAVE ;
mes soeurs, frères et amis.
Distingués remerciements au Laboratoire de
Qualité de l'Eau et de l'Environnement (LAQUE) de l'Université
Quisqueya (UniQ) et au Programme de Nations Unies pour le Développement
(PNUD) pour leurs appuis institutionnel et financier respectifs.
Avant-propos
La présente étude s'inscrit dans le cadre
d'une coopération scientifique interuniversitaire incluant Haïti,
la France, la Belgique et le Canada. Elle a été conjointement
réalisée au LAQUE de l'UniQ et au Laboratoire de Chimie de la
FAMV. Elle s'insère comme un jet nouveau émanant du programme de
recherche et de réflexion sur la caractérisation
physico-chimique, biologique et écotoxicologique des effluents liquides
déversés au niveau de la Baie de Port-au-Prince.
Nonobstant sa rigueur méthodologique et
scientifique soutenue, ce travail recèle une dimension politique
d'exemplarité. Il annonce l'imminence de l'avènement d'une
nouvelle ère de partenariat franc d'une part entre le secteur
privé et l'Etat au niveau national, et d'autre part entre les pays du
Nord et du Sud, pour le progrès de la science et la
postérité.
Ainsi, mes pensées les plus reconnaissantes
vont-elles au professeur Evens EMMANUEL, dans son rôle de la plaque
tournante de ce travail, m'accueillant volontiers dans son programme de
réflexion, avec mon projet et m'aidant à mieux le concevoir et le
structurer, du début jusqu'à la fin. Disait-il à moi,
inconnu venant de l'UEH, « je ne suis pas un homme de chapelle, si tu
le peux on travaille ». Très vite je m'en suis retrouvé
fort aise à l'UniQ comme à la FAMV. Ses efforts, sa patience, et
la confiance qu'il a placée en moi, ont sans cesse renouvelé ma
force de continuer.
Mme Annie PIERRE retient également toute ma
gratitude, pour ses nombreuses marques de sollicitude, jusqu'à me
faciliter mes analyses au laboratoire Unité de Recherche en
Environnement (URE) de la Faculté des Sciences de l'UEH. Au delà
de ses limites, elle me trouvait toujours une alternative. C'est ainsi qu'elle
m'a référé à Mme Elda DERONETTE, envers qui aussi
je garde un vif bouquet, pour ses conseils pertinents, son attention et son
engagement à ma cause.
A l'URE, je tiens à remercier M. le professeur Jean
Fritz CHAMBLIN pour ses actes de compréhension, également Mme
Guerda MAURENCIE pour son dévouement.
Mes remerciements à M. Jude Zéphyr de
l'UTSIG pour ses appuis techniques et logistiques en
Télédétection.
Une pensée reconnaissante à Mme Dominique
JANNINI EYMA pour ses conseils.
De mes plus profonds remerciements je veux saluer la
spontanéité et le désintéressement de la belle
équipe du LAQUE, mobilisée chaque fois qu'on devait affronter
l'insalubrité et l'insécurité autour du site de
prélèvement. Ce sont Mlle Anie BRAS, M. Osnick JOSEPH, M.
Anaël Hyppolite, M. Michel Junior PLANCHER, M. Fifi URBAIN, M. Marseille
ANTOINE, et moi-même.
Enfin, je dédie mes meilleures pensées
à toutes mes amies et à tous mes amis qui m'ont toujours
encouragé et m'ont insufflé l'effort et la raison de finaliser ce
travail. Mes amis de la FAMV : Elisabeth, Rachèle, Pascal, Telfort,
Aimé, Coutin, Odré, Elie-Méleck, Blin, Gaspard, Sampeur,
Ghiovany, Herby, Maxène, Elsie, Jude, Manis... Ceux de la FSGA et du
MEEGE (UNIQ) : Mme Armelle J. B., Nathalia, Medgine, Kettly, Myrline,
Ketty, Rony, Edwine, Wilner, Roxane, Jordany... Mes amis(es) de toujours :
Dorcas, Lucylle, Mackenrood, John Peter, Jean Michel, Farah, Painson, Bonitor,
Marcel, Williamson, Frantz, Christina, Sabine, Tamara, Carmen, Patrice,
Kesner.
Je veux enfin remercier le Souverain Seigneur
Jéhovah de qui tout procède ; ce travail ne faisant
guère exception.
A vous aussi que j'ai failli oublier j'adresse mes
remerciements...
Résumé
L'apport excessif dans le milieu naturel, de charges
azotées et phosphatées par les eaux usées issues des
activités agricoles, domestiques et industrielles, représente un
danger de pollution pour l'environnement aquatique. A Port-au-Prince, ces
polluants sont majoritairement déversés au niveau de la Baie par
les effluents de la ravine Bois de Chêne. L'objectif de ce travail a
été de caractériser la pollution par les substances
azotées (nitrates et azote ammoniacal) et phosphatées de la
ravine Bois de Chêne, en prenant appui sur les normes et directives cadre
nationales et européennes. Deux (2) campagnes de
prélèvement ont été réparties sur 2 saisons
pluviométriques différentes de l'année 2005, du 10
février au 11 mai. Les échantillons ont été
collectés sur les 7 stations retenues, suivant la méthode de
prélèvement manuel instantané. Les résultats
obtenus sont analysés à l'aide du tableur MS Excel. Dans le cadre
d'une première approche, ils indiquent des niveaux de concentrations en
azote ammoniacal générant un danger allant de la pollution nette
(0.5 à 2 mg/L), jusqu'à dépasser le seuil de pollution
importante (2 à 8 mg/L). Dans la seconde approche traitant
spécifiquement de l'évaluation de la dystrophisation, le nitrate,
élément limitant, fait entre 1 à 12 fois le seuil à
partir duquel le processus perturbateur est déclenché (1 mg/L).
Le phosphate varie entre 2.4 mg/L et 19.2 mg/L pour la saison pluvieuse contre
62.0 mg/L pour la saison sèche. Cette dernière concentration vaut
124 fois la limite indiquant un début de dystrophisation des
écosystèmes aquatiques (0.5 mg/L). Toutefois, tenant compte du
principe du facteur limitant, le phénomène d'eutrophisation
anthropique de la baie et ses corollaires socio-économiques
néfastes ont plutôt tendance à s'aggraver au cours de la
saison pluvieuse.
Mots-clés : Eaux usées
urbaines, danger, effluents, azote, phosphore, dystrophisation.
Abstract
Wastewater from agricultural, domestic and industrial
activities is source of excessive nitrogen and phosphate loads in aquatic
environments, generating a danger of pollution. Most of these pollutants are
poured off into Port-au-Prince Bay by Bois de Chêne ravine. The aim of
this study was to characterize the pollution by the nitrogen (nitrates and
ammonia) and phosphate substances found in Bois de Chêne ravine liquid
effluents, using the national and European norms and directives scope. Two
campaigns were shared out between two different pluviometric seasons from
February 10th to May 11th. Grab samples were taken from 7
stations. The obtained results were analyzed by means of MS Excel. In the
framework of a first pattern, ammonia concentration levels reveal dangers from
net pollution (0.5 to 2 mg/L), till the exceeding of important pollution
threshold (2 to 8 mg/L). A second pattern especially makes dystrophisation
assessment. Nitrate, limiting factor, holds between 1 to 12 times the threshold
beyond which disrupting process starts (1 mg/L). Phosphate varies from 2.4 mg/L
to 19.2 mg/L during dry season, whereas it made 62.0 mg/L for the rainy season;
say 124 times the limit value indicating the beginning of aquatic ecosystems
pollution. Nevertheless, according to the limiting factor principle,
phenomenon of dystrophisation and its severe socio-economic repercussions seem
to worsen within the rainy season.
Keywords: Urban wastewater, danger,
effluents, nitrogen, phosphorus, dystrophisation.
Table des
matières
Avant-propos......
v
Résumé...........
vi
Abstract..........
vii
Table des matières
viii
Liste des tableaux
xii
Liste des figures
xiii
Liste des annexes
xiv
Liste des acronymes
xv
I. INTRODUCTION
1
1.1 MISE EN CONTEXTE
1
1.2 PROBLEMATIQUE
1
1.3 OBJECTIFS
2
1.3.1 Objectif général
2
1.3.2 Objectifs spécifiques
2
II. REVUE DE
LITTERATURE
3
2.1 DEFINITIONS ET CARACTERISTIQUES DES EAUX
USEES
3
2.2 ELIMINATION DES EAUX USEES
4
2.2.1 Les réseaux d'assainissement et
de drainage
4
2.2.1.1 Les différents
types de réseau de drainage
5
2.2.1.2 Caractéristiques
des effluents d'un réseau de drainage unitaire
5
2.2.2 Les stations d'épuration
6
2.2.2.1 Traitement des eaux
usées
6
2.2.2.1.1 Elimination du Phosphore
7
2.2.2.1.2 Elimination de l'azote
7
2.3 CADRE LEGAL ET REGLEMENTAIRE
8
2.3.1 Cadre européen :
considérations quantitatives
9
2.3.2 Cadre haïtien :
considérations qualitatives
9
2.4 LE RESEAU DE DRAINAGE DE
PORT-AU-PRINCE
10
2.4.1 Caractéristiques
Générales
10
2.4.2 Problématique
environnementale
11
2.5 EUTROPHISATION & DYSTROPHISATION
11
2.5.1 Définition et cycles
biogéochimiques
13
2.5.2 L'azote
13
2.5.2.1 Cycle de l'azote en
milieu aquatique
14
2.5.2.2 Origine des pollutions
azotées
16
2.5.2.2.1 Sources diffuses
16
2.5.2.2.2 Sources localisées
16
2.5.2.3 Conséquences des
pollutions par l'azote
17
2.5.2.3.1 Impact de la pollution par l'azote
ammoniacal sur l'environnement
17
2.5.2.3.2 Impact de la pollution par les
nitrates et les nitrites sur l'environnement
18
2.5.3 Le phosphore
18
2.5.3.1 Les formes du
phosphore
18
2.5.3.2 Cycle du phosphore dans
les milieux aquatiques
19
2.5.3.3 Sources principales de
pollution par les phosphates
21
2.5.3.4 Pollution par les
phosphates
21
2.5.3.4.1 Impact sur l'environnement
21
2.5.3.5 Conclusion et objectif
du projet
21
III.
METHODOLOGIE
23
3.1 CADRE GEOPHYSIQUE DE L'ETUDE
23
3.1.1 Délimitation spatiale
23
3.1.2 Aspects socio-économiques
23
3.1.3 Climat
23
3.1.4 Géologie
24
3.1.5 Hydrologie
24
3.1.6 Présentation de la Ravine Bois
de Chêne
24
3.1.7 Site expérimental
25
3.2 MATERIEL ET METHODES
27
3.2.7 Matériels
27
3.2.1.1 Matériels
utilisés in situ
27
3.2.1.2 Matériels
utilisés au laboratoire
27
3.2.8 Méthodes
27
3.2.8.1 Choix du site et des
stations
27
3.2.2.3 Enquête
exploratoire
28
3.2.2.3
Echantillonnage
28
3.2.2.4 Campagne de
prélèvement des échantillons
28
3.2.2.5 Conservation des
échantillons d'eaux
29
3.2.2.6 Analyses
physico-chimiques
29
3.2.2.6.1 Mesures in situ
29
3.2.2.6.2 Dosages au laboratoire
29
3.2.2.7 Calculs
statistiques
30
IV. RESULTATS ET
DISCUSSIONS
31
4.1 RESULTATS
31
4.1.1 Les paramètres de
l'étude
31
4.1.2 Présentation des
résultats de la saison sèche
31
4.1.2.1 Journée
1
31
4.1.2.2 Journée
2
32
4.1.2.3 Journée fictive
1
33
4.1.3 Présentation des
résultats de la saison pluvieuse
34
4.1.3.1 Journée
4
34
4.1.3.2 Journée
5
35
4.1.3.3 Journée fictive
2
36
4.2 DISCUSSIONS
37
4.2.1 Correction du pH
37
4.2.2 Formes de l'azote ammoniacal
38
4.2.3 Discussions sur les résultats
de la saison sèche
38
4.2.3.1 Paramètres
globaux
38
4.2.3.2 Nitrates
40
4.2.3.3 Azote
ammoniacal
41
4.2.3.4 Phosphates
42
4.2.4 Discussions sur les résultats
de la saison pluvieuse
43
4.2.4.1 Paramètres
globaux
43
4.2.3.2 Nitrates
44
4.2.3.3 Azote
ammoniacal
45
4.2.3.4 Phosphates
46
4.2.4 Discussions comparatives entre les
deux saisons
47
4.2.5 Evaluation sommaire de
l'eutrophisation anthropique
48
4.2.5.1 Principe du facteur
limitant
49
4.2.5.2 Principales sources de
la pollution par l'azote et le phosphore, d'après
enquête
49
4.2.5.3 Evaluation du danger
par rapport aux nitrates et aux phosphates
50
4.2.5.4 Conclusion
51
V. CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
53
5.1 CONCLUSION GENERALE
53
5.2 PERSPECTIVES
54
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
56
ANNEXES
Liste des tableaux
Tableau 2.1 : Grille pour les niveaux
de pollution par les formes d'azote
17
Tableau 4.1 : Résultats de
la première journée
32
Tableau 4.2 : Résultats de
la deuxième journée
33
Tableau 4.3 : Résultats de
la journée fictive 1
34
Tableau 4.4 : Résultats de
la quatrième journée
35
Tableau 4.5 : Résultats de
la cinquième journée
36
Tableau 4.6 : Résultats de
la deuxième journée fictive
37
Tableau 4.7 : Résumé
des résultats approximatifs des saisons sèche et
pluvieuse
48
Liste des figures
Figure 2.1.- Cycle de l'azote en milieu
aquatique (Féray, 2000)
15
Figure 2.2 : Cycle du Phosphore
dans les milieux aquatiques (Hanna, 2005)
20
Figure 2.3 : Site
expérimental et stations de prélèvement
26
Figure 4.1 : Niveaux de pollution
par les nitrates en saison sèche
41
Figure 4.2 : Niveaux de pollution
par l'azote ammoniacal en saison sèche
42
Figure 4.3 : Niveaux de pollution
par les phosphates en saison sèche
43
Figure 4.4 : Niveaux de pollution
par les nitrates en saison de pluies
45
Figure 4.5 : Niveaux de pollution
par l'azote ammoniacal en saison de pluies
46
Figure 4.6 : Niveaux de pollution
par les phosphates en saison de pluies
47
Figure 4.7 : Evolution de la
pollution par les nitrates
50
Figure 4.8 : Evolution de la
pollution par les phosphates
51
Liste des annexes
Annexe A.: Station BCP1 (Angle Bvd Harry
Truman et Rue Oswald Durand)
Annexe B: Station BCP2 (Rue Oswald
Durand)
Annexe C : Station BCP3 (Angle Rues
A. F. Bathier et Dr Déhoux)
Annexe D : Station BCP4 (Cimetière
de Port-au-Prince)
Annexe E : Station BCP5 (Rue Mgr Guilloux,
à côté du Stade Sylvio Cator)
Annexe F : Station BCP6 (Rue
Brutus)
Annexe G : Station BCP7 (Rue
Capois)
Annexe H : Fiche
d'enquête
Annexe I : Fiche de rapport de
prélèvement
Liste des acronymes
BCPi : Bois de
Chêne Point i (i : No de station allant de 1 à
7)
CE : Conductivité
électrique
CEE : Communauté Economique
Européenne
Cl50 96h :
Concentration létale pour 50% des individus, mesurée après
un essai d'une durée de 96 heures
COHPEDA : Collectif Haïtien
pour la Protection de l'Environnement et un développement
alternatif
CV : Coefficient de variation
DCO : Demande chimique en
oxygène
ENTPE : École Nationale des
Travaux Publics de l'État (France)
EPA : Environmental Protection
Agency
FAMV : Faculté d'Agronomie et
de Médecine Vétérinaire
FDS : Faculté des
Sciences
GPS : Global Positioning System
IC : Intervalle de confiance
IHSI : Institut Haïtien de
Statistique et d'Informatique
INSA : Institut National des Sciences
Appliquées
LAEPSI : Laboratoire d'Analyse
Environnementale des Procédés et Systèmes Industriels.
LAQUE : Laboratoire de la Qualité
de l'Eau et de l'Environnement
L.S.E : Laboratoire des sciences de
l'environnement
MATE : Ministère de
l'aménagement du territoire et l'environnement
MEEGE : Master Ecotoxicologie Environnement
et Gestion des Eaux
MTPTC : Ministère des travaux
publics, Transport et Communication
OD : Oxygène dissous
OSAMH : Organisme de Surveillance
et d'Aménagement du Morne l'Hôpital
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
RNE : Ressources Naturelles et
Environnement
STD : Solides totaux dissous
STEP : Station
d'épuration
UEH : Université d'Etat
d'Haïti
UniQ : Université
Quisqueya
URE : Unité de Recherche en
Environnement
UTSIG : Unité de
Télédétection et de Systèmes d'Information
Géographique
WTW : Wissenschaftlich Technische
Werkstätten
I. INTRODUCTION
1.1 MISE EN
CONTEXTE
Au cours des récentes décennies, la plupart des
écosystèmes terrestres et aquatiques ont été
modifiés sous l'effet de la pression grandissante due aux
activités humaines (Vitousek et al, 1997 ; Valiela et Bowen,
2001). Les perturbations dans le cycle des nutriments, les changements dans la
structure et le fonctionnement de la communauté biotique et le
déséquilibre biologique relatifs au rejet continu de substances
chimiques dans les écosystèmes aquatiques (Karr, 1991), font
encourir des risques d'ordres sanitaire, écotoxicologique et
économique (MTPTC, 1998). La pollution de l'eau affecte aussi bien les
pays industrialisés que ceux dits en développement (Kebiche et
al, 1999).
1.2 PROBLEMATIQUE
Dans beaucoup de pays, les eaux de surface telles les
rivières servent souvent de milieu récepteur pour les
déchets provenant des zones résidentielles, des industries, et
des établissements manufacturiers (Scott et al, 2003). Au
niveau de la baie de Port-au-Prince (Haïti), les eaux pluviales de
même que les eaux usées collectées dans cet espace urbain
sont transportées dans des canaux de drainage à ciel ouvert et
directement déversées dans la mer sans aucun traitement
préalable (Emmanuel et Azaël, 1998). Les zones
côtières sont donc aujourd'hui en train d'être
polluées. En témoignent la modification de l'environnement
mettant en danger les benthiques et les pélagiques, la destruction des
zones de reproduction des poissons, la mort progressive des coraux (Holly et
David, 1999).
Une étude réalisée par Vermande et
Raccurt (2001) sur les trois principaux écosystèmes de la baie de
Port-au-Prince : « les récifs coralliens, les herbiers de
phanérogames et la mangrove », montre qu'ils sont très
perturbés en raison des facteurs humains, bioclimatiques et
géophysiques. Sur 47 espèces recensées, un pourcentage
significatif de coraux sont morts à cause de la sédimentation et
la prolifération d'algues brunes. C'est le phénomène de
l'eutrophisation du milieu marin, dû à la charge polluante des
effluents de la ville de Port-au-Prince, lesquels aboutissent inexorablement
à la baie.
En effet, l'azote et le phosphore jouent un rôle majeur
dans l'eutrophisation (Elser et al., 1990 ; Horne et Goldman, 1994 ;
Zimmo et al, 2004). De plus, certaines formes de ces substances
nutritives sont toxiques même à des concentrations relativement
faibles. A titre d'exemple, l'azote ammoniacal est toxique autour de 0,5 mg/L
pour les organismes aquatiques supérieurs tels les poissons (Zimmo et
al, 2004), tandis qu'une teneur en phosphore supérieure
à 0,5 mg/L constitue un indice de pollution (Rodier, 1996). Cependant,
les concentrations respectives de ce dernier, de faible à forte, varient
de 12 à 50 mg/L et de 4 à 15 mg/L dans les eaux usées
domestiques (Metcalf et Eddy, 1991).
Dans ce contexte, la présente étude se propose
de faire la caractérisation des substances azotées et
phosphatées des eaux usées de la ravine Bois de Chêne.
Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'une réflexion
initiée depuis bientôt cinq (5) ans, sur les
caractéristiques physico-chimiques et écotoxicologiques des
effluents liquides des canaux de drainage de la ville de Port-au-Prince.
1.3 OBJECTIFS
1.3.1 Objectif général
L'objectif de ce travail est de caractériser les
charges azotées (nitrates, ammoniac) et phosphatées selon leurs
formes chimiques et leurs concentrations respectives au niveau de la ravine
Bois de Chêne, dans la perspective d'une évaluation sommaire de la
pollution qu'elles génèrent notamment sur la baie de
Port-au-Prince.
1.3.2 Objectifs spécifiques
· Investiguer sur la pollution aquatique
générée par les nutriments (azote, phosphore), en vue
d'une contribution à l'hydrologie urbaine de la région
métropolitaine de Port-au-Prince ;
· Evaluer le danger pour les écosystèmes
aquatiques de la baie de Port-au-Prince, lié à la pollution par
les substances azotées et phosphatées, en comparant les
résultats expérimentalement obtenus aux normes et valeurs limite
de la littérature.
II. REVUE DE LITTERATURE
2.1 DEFINITIONS ET CARACTERISTIQUES DES EAUX USEES
Selon la définition de la directive 91/271/CEE, font
partie des eaux dites sales les eaux urbaines résiduaires et les eaux
industrielles usées. Les eaux urbaines
résiduaires sont les eaux ménagères usées,
les eaux usées (noires ou grises) qui proviennent des
établissements et des lieux de résidence et sont produites
essentiellement par les activités ménagères et le
métabolisme humain) ou le mélange des eaux
ménagères usées avec les eaux industrielles usées
et/ou des eaux de ruissellement (Commission européenne, 1991). Les
eaux industrielles usées sont toutes les eaux provenant
de locaux utilisés à des fins commerciales ou industrielles,
autres que les eaux ménagères usées et les eaux de
ruissellement (Bliefert et Perraud, 2001).
Rappelons en passant que les eaux usées grises,
telles que définies par Eriksson et
al. (2002), sont les eaux usées dépourvues de toute
composante en provenance des toilettes. Elles correspondent donc aux eaux
usées produites dans les salles de bain, les baignoires, les lavabos,
les machines à laver et les cuisines, au niveau des maisons
d'habitation, des bureaux, des écoles, etc. En général,
les eaux grises, dont la fraction totale estimée à 75% du
drainage résidentiel (Hansen et Kjellerup,1994 ; Eriksson et
al., 2002), contiennent des niveaux faibles de matières
organiques comparés aux eaux noires (eaux usées
ordinaires), dans lesquelles sont inclus urine, matières fécales,
papier hygiénique...
Les eaux pluviales, elles, sont par
définition des précipitations liquides d'eau atmosphérique
sous forme de gouttes. Ces eaux contiennent de nombreux contaminants (Valiron
et Tabuchi, 1992). Elles renferment également des polluants, des gaz de
l'atmosphère à l'état dissous (N2,
O2 et surtout CO2), les différentes combinaisons
chimiques rencontrées dans l'atmosphère
(H2SO4, NaCl au voisinage des côtes, les sels de Ca
et Mg, les PO43-, etc.) des poussières organiques
et des microorganismes (Blanchard et Navarro, 1982).
Par ailleurs, les effluents d'eaux usées des
hôpitaux sont d'un registre particulier. Leur rejet dans le
réseau d'assainissement communal au même titre que les effluents
classiques urbains, sans traitement préalable, pose un important
problème environnemental (Leprat, 1998 ; Clin Paris-Nord, 1999 ;
Emmanuel, 2004). Leurs différentes sources (rejets domestiques,
effluents des salles d'opération, rejets des laboratoires, des services
de radiologie, effluents des cafétérias et ceux provenant du
nettoyage de la vaisselle) donnent finalement naissance à des rejets
liquides hybrides, à la fois domestiques, industriels et très
spécifiques des activités de soins et de recherches
médicales (Deloffre-Bonnamour, 1995 ; Emmanuel, 2004), marqués
toutefois par une importante dilution (Leprat, 1998 ; EPA, 1989 ; Emmanuel,
2004).
2.2 ELIMINATION DES EAUX USEES
2.2.1 Les réseaux d'assainissement
et de drainage
Le choix entre
les systèmes d'assainissement, d'après Coste et Loudet (1980)
cités par Mompoint et Théleys (2004), implique le respect des
objectifs de qualité des eaux à rejeter dans le milieu naturel,
des considérations techniques et des conditions locales, des
considérations d'ordre économique, urbanistique d'avenir et
politique.
L'établissement d'un réseau d'assainissement au
niveau d'une zone urbanisée est une activité importante et doit
pouvoir répondre à certaines exigences comme : assurer une
évacuation correcte des eaux pluviales de manière à
empêcher la submersion ou l'inondation des zones avoisinantes,
éviter toute stagnation dans les points bas après les averses et
assurer également l'élimination des eaux usées
ménagères, des eaux de vannes, et des eaux résiduaires
industrielles dans certains cas.
D'après Brière (1994), les réseaux
d'assainissement et de drainage sont constitués d'une succession de
tronçons et de conduites dont l'agencement a pour but d'assurer
l'acheminement des eaux du lieu de leur production à celui de leur
évacuation. Les éléments d'un réseau
diffèrent quelque peu selon les types de réseau, étant
donné que ceux-ci sont adaptés aux diverses catégories
d'eaux à transporter.
2.2.1.1 Les différents types de réseau de
drainage
Les principaux systèmes de réseaux de drainage
sont les suivants (Brière, 1994) :
§ le réseau d'égouts sanitaires,
appelé réseau d'égouts domestique ou séparatif, qui
transporte les eaux usées d'origine domestique, c'est-à-dire les
eaux de consommation des résidences, les eaux provenant des commerces et
des établissements industriels ;
§ le réseau d'égouts pluvial qui est
destiné à canaliser les eaux de ruissellement, lesquelles
résultent essentiellement des pluies et de la fonte des neiges.
Habituellement, ces eaux sont déversées dans le cours d'eau
récepteur sans faire l'objet d'un traitement ;
§ Le réseau d'égout semi-séparatif
qui est un réseau qui reçoit les eaux usées d'origine
domestique et certaines eaux pluviales : celles provenant des drains de
fondation, des drains de toit plat et des entrées de garage
situées sous le niveau du sol ;
§ le réseau d'égouts unitaire qui canalise
toutes les eaux usées du territoire qu'il dessert, que ces eaux soient
d'origines domestique, pluviale, industrielle ou commerciale. Ce type rejoint
celui du réseau de drainage de la zone métropolitaine de
Port-au-Prince.
2.2.1.2 Caractéristiques des effluents d'un
réseau de drainage unitaire
Le réseau unitaire, dans son fonctionnement et
dépendamment de la saison pluviométrique, draine les eaux
pluviales et/ou les eaux usées de temps sec. Mompoint et Théleys
(2004) rapportent en effet que dans un réseau de drainage unitaire, les
eaux usées de temps sec sont généralement divisées
en quatre catégories suivant leur origine :
1) eaux usées domestiques, produites par les
ménages résidant sur le bassin versant ;
2) eaux usées liées aux activités
professionnelles sur le bassin versant : eaux usées
«industrielles» issues des activités artisanales et
commerciales du quartier, eaux usées produites par les personnes ne
résidant pas dans le quartier (employés, clients, touristes...)
;
3) eaux de lavage de la voirie, pratique rare sinon
inexistante en Haïti ;
4) eaux claires : fuites des réseaux d'eau potable et
d'eau non potable circulant dans le réseau d'assainissement,
infiltrations, fonctionnement des réservoirs de chasse.
2.2.2 Les stations d'épuration
Les stations d'épuration (STEP) constituent une autre
voie d'élimination des eaux usées dans la mesure où
celles-ci y subissent toute une batterie de traitements avant leur
déversement dans le milieu naturel. Une STEP, généralement
placée à l'extrémité aval d'un réseau
(Brière, 1994), est conçue pour épurer les eaux
usées et limiter l'apport en excès de matière organique et
dans certains cas, de substances minérales telles les nitrates et les
phosphates dans les milieux récepteurs (Kosmala 1998). Sachant que
certaines substances contenues dans un effluent, à partir d'une certaine
concentration, peuvent constituer un danger pour la communauté aquatique
(Agence de l'eau, 2002), l'épuration des eaux usées diminue
l'impact sur les écosystèmes aquatiques (Amahmid et al.,
2001 ; Lassabatère, 2002).
2.2.2.1 Traitement des eaux usées
Divers procédés d'ordres physique, chimique et
biologique permettent de traiter les eaux résiduaires des
agglomérations et d'aboutir à différents niveaux
d'épuration. Le recours à un quelconque procédé
implique la connaissance de ces eaux, de leur finalité et des substances
à dégrader (Destain et al., 2002). Toutefois, Emmanuel
(2001) parle de quatre (4) types de traitements regroupant
généralement tous les procédés appliqués
aux rejets liquides :
§ pré-traitement (dégrillage, dessablage,
...) ;
§ traitement primaire (décantation,
sédimentation) ;
§ traitement secondaire (épuration
biologique) ;
§ traitement tertiaire ou traitement physico-chimique
(coagulation, floculation, filtration, désinfection, ...).
2.2.2.1.1 Elimination du Phosphore
En vue de réduire la production algale et la
dystrophisation, on a souvent recours à l'élimination des
nutriments, en particulier le phosphore. Normalement l'élimination de ce
dernier requiert un niveau avancé de traitement des eaux usées
(traitements secondaire et tertiaire). Les algues se développent
à des concentrations de PO43- aussi faibles que
0.05 mg/L. L'inhibition de croissance implique donc des niveaux bien en dessous
de 0.5 mg/L. Puisque les eaux résiduaires urbaines, en
général contiennent approximativement 25 mg/L de phosphate sous
formes d'orthophosphates, polyphosphates, phosphates insolubles (Manahan,
2000) , l'efficience de l'élimination des phosphates devrait
être élevée pour prévenir la croissance des algues
et la marée verte (Miquel, 2003).
L'élimination du phosphore, ou «
déphosphatation », peut être
réalisée par des voies physico-chimiques ou biologiques. En ce
qui concerne les traitements physico-chimiques, l'adjonction de
réactifs, comme des sels de fer ou d'aluminium, permet d'obtenir une
précipitation de phosphates insolubles et leur élimination par
décantation (Miquel, 2003). En effet, le phosphate est plus
communément éliminé par précipitation, dont les
processus enlèvent jusqu'à 90-95% du phosphore, à des
coûts raisonnables. Par ailleurs, la chaux éteinte,
Ca(OH)2, est le réactif le plus utilisé dans
l'élimination du phosphore, suivant la réaction (Manahan,
2000):
5Ca(OH)2 + 3HPO42-
Ca5OH(PO4)3 (s) + 3H2O +
6OH-
La déphosphatation biologique consiste
à provoquer l'accumulation du phosphore dans les cultures
bactériennes des boues. Le rendement moyen est d'environ 60 % (Miquel,
2003).
2.2.2.1.2 Elimination de l'azote
L'azote est, à coté du phosphore, le nutriment
le plus habituellement éliminé dans le cadre d'un traitement
avancé des eaux usées. L'azote contenu dans les eaux usées
des municipalités est généralement présent sous
formes organique et/ou ammoniacale. L'ammonium est en effet le premier produit
généré par la plupart des processus de traitement
biologique (Manahan, 2000).
La nitrification suivie par la dénitrification est
vraisemblablement la technique la plus efficace d'élimination de l'azote
dans les eaux usées. La première étape consiste
essentiellement en une conversion complète de l'ammonium et de l'azote
organique en nitrate sous conditions fortement aérobies (Manahan, 2000).
NH4+ + 2O2 (Bactérie
nitrifiante) NO3- + 2H+ + H2O
La seconde étape est la réduction des nitrates
en azote gazeux. Cette réaction est aussi activée par des
bactéries et requiert une source de carbone et un agent réducteur
comme le méthanol, CH3OH (Manahan, 2000).
6NO3- + 5CH3OH +
6H+ (Bactérie dénitrifiante) 3N2
(g) + 5CO2 + 13H2O
Lors d'opérations pilote, on a atteint des niveaux de
conversion de l'ordre de 95% d'ammonium en nitrate et 86% de nitrate en azote
gazeux (Manahan, 2000).
A part les nutriments (azote, phosphore), divers
procédés de traitement ont pour finalité d'éliminer
sinon de réduire, autant que faire se peut, les charges de
sédiments, d'hydrocarbures, de bactéries pathogènes, de
virus, de sels, de pesticides, de composés organiques
réfractaires, de métaux lourds, etc. Ainsi, aux Etats-Unis, par
exemple, les systèmes publics de traitement des eaux usées
sont-ils autorisés à ne déverser dans le milieu naturel
que leurs effluents ayant atteint un certain niveau de traitement, tel que
prescrit par la loi fédérale (Manahan, 2000).
2.3 CADRE LEGAL ET REGLEMENTAIRE
Aux fins de la présente étude,
référence est faite à l'arrêté du 2
février 1998 du Ministère de l'aménagement du territoire
et de l'environnement de la France, relatif aux émissions de toute
nature des installations classées pour la protection de l'environnement
soumises à autorisation ; également à la directive de la
Commission européenne du 27 février 1998 relative au traitement
des eaux urbaines résiduaires (91/271/CEE) ; et
à certaines normes de l'Agence de l'eau Méditerranée
Rhône Corse (1995), pour les considérations quantitatives. Sous un
angle qualitatif nous considérons en revanche quelques lois cadre du
code rural de François Duvalier (1962) qui touchent cette étude.
2.3.1 Cadre européen :
considérations quantitatives
L'arrêté du 2 février 1998 du
Ministère français de l'aménagement du territoire et de
l'environnement (MATE, 1998), section 3 : de la pollution des eaux
superficielles, sous-section 1 : du cas général, l'article 31
fixe la température maximale autorisée des effluents
rejetés à 30° C et leur pH entre 5.5 et 8.5, 9.5 s'il y a
neutralisation alcaline.
L'article 32 fixe la demande chimique en oxygène (DCO)
(sur effluent non décanté) à 300 mg/l si le flux
journalier maximal autorisé n'excède pas 100 kg/j.
Tandis que dans ses dispositions particulières pour les
rejets dans le milieu naturel appartenant à une zone sensible, l'azote
global (comprenant l'azote organique, l'azote ammoniacal, l'azote oxydé)
est admissible jusqu'à 15 mg/l ou 10 mg/l en concentration moyenne
mensuelle lorsque le flux journalier maximal autorisé est égal ou
supérieur à 150 kg/jour ou 300 kg/jour respectivement. La limite
maximale de phosphore (phosphore total) autorisée est respectivement de
2 mg/l ou plutôt 1 mg/l en concentration moyenne mensuelle lorsque le
flux journalier maximal autorisé est égal ou supérieur
à 40 kg/jour ou 80 kg/jour.
La zone sensible, d'après la directive
de la Commission européenne de 1991 (91/271/CEE), modifiée par la
Directive 98/15/CE de la Commission du 27 février 1998, relative au
traitement des eaux urbaines résiduaires, s'entend d'une masse d'eau
dont il est établi qu'elle est eutrophe ou pourrait devenir eutrophe
à brève échéance si des mesures de protection ne
sont pas prises. Tel est le cas, par exemple des estuaires, baies et autres
eaux côtières où il est établi que l'échange
d'eau est faible, ou qui reçoivent de grandes quantités
d'éléments nutritifs (Commission européenne, 1998).
2.3.2 Cadre haïtien :
considérations qualitatives
Quant aux lois haïtiennes réglementant la question
des eaux usées, à défaut de normes quantitatives sur les
eaux et l'environnement, elles comportent quelques considérations
d'ordre général et purement qualitatif.
En effet, le Décret du 8 avril 1977 fixe la limite de
la mer territoriale souveraine de la République d'Haïti. Dans son
article 7, il responsabilise l'Etat haïtien quant à tout
contrôle jugé nécessaire pour, nous citons,
`prévenir la pollution, la contamination et les autres risques pouvant
mettre en danger l'équilibre biologique du milieu marin' (COHPEDA,
1995).
L'article 140 du Code Rural de François Duvalier
(1962), relatif aux eaux de surface, stipule que l'évacuation des eaux
de déchets des installations industrielles et des maisons de
résidence, dans les cours d'eau naturels et dans les canaux d'irrigation
et de drainage est formellement interdite. Néanmoins une demande
d'autorisation à cette fin peut être adressée... (COHPEDA,
1995).
2.4 LE RESEAU DE DRAINAGE DE
PORT-AU-PRINCE
2.4.1
Caractéristiques Générales
Le système de drainage de la région
métropolitaine fonctionne comme un réseau unitaire charriant
à la fois les eaux pluviales et usées en temps de pluie, mais
également des volumes importants de déchets provenant des
industries et des centres urbains, de cadavres d'animaux, de déjections
animales et humaines, d'ordures ménagères etc.
Le réseau de drainage de Port-au-Prince est
constitué de grands collecteurs à ciel ouvert et d'une batterie
de collecteurs moyens, de conduites circulaires majoritairement en béton
et de canaux rectangulaires. Ces infrastructures sont construites dans la
partie basse de la ville, dans les zones anciennement urbanisées. Par
contre, le réseau se poursuit en montagne jusqu'à la ligne de
crête et dans les zones d'urbanisation récente par des canaux
naturels, à ciel ouvert, façonnés par le processus
d'érosion. Dans ce contexte, les bassins versants de certaines ravines
furent l'objet de luttes anti-érosives menées par le MTPTC
(Ministère des Travaux Publics, des Transports et des Communications),
à travers son projet de drainage des eaux pluviales de Port-au-Prince et
par l'OSAMH (Organisme de Surveillance et d'Aménagement du Morne
l'Hôpital) dans le cadre de la protection du Morne l'Hôpital
(Léger, 2002).
2.4.2
Problématique environnementale
Le réseau de drainage de Port-au-Prince avait
été conçu suivant le principe d'un réseau
semi-séparatif, mais en réalité, il fonctionne comme un
réseau unitaire. Généralement, les eaux grises et une
partie des eaux vannes s'acheminent au réseau d'égout pluvial par
de petits canaux ou des conduites en PVC. Les branchements sur les canaux de
drainage ne donnent lieu à aucune restriction, ni contrôle ou
tarification. Les eaux provenant des ménages, des industries et des
centres de services urbains (hôpitaux, écoles, marché...)
se déversent à la mer sans aucun traitement préalable.
Les problèmes d'assainissement relevés par
Mompoint et Théleys (2004), relatifs au réseau de drainage de
Port-au-Prince se présentent sous trois aspects :
1) l'ensablement des dalots provoquant de grandes inondations
à chaque pluie;
2) le déversement et l'amoncellement d'immondices dans
les canaux gênant le passage des eaux et constituant un facteur de
grandes inondations ;
3) la pollution potentielle de la baie de Port-au-Prince
générée par les effluents urbains drainés par les
canaux vers la mer.
2.5 EUTROPHISATION &
DYSTROPHISATION
La littérature a souvent tendance à confondre
les deux concepts d'eutrophisation et de dystrophisation. De sorte que le
premier s'emploie généralement dans les deux cas, tandis que le
dernier est rare d'utilisation. Pourtant, il y a bien lieu de faire ressortir
une nuance.
L'eutrophisation est l'enrichissement d'un milieu aquatique
(lac, réservoir, cours d'eau ou rivage marin) en sels minéraux,
entraînant une prolifération des plantes aquatiques (Encarta,
2004). Les écologistes l'utilisent pour décrire les habitats et
communautés relativement productifs, par opposition à ceux dits
« oligotrophes », caractérisés par une
déficience en sels minéraux nutritifs indispensables à la
croissance des végétaux.
Des études ont montré que l'eutrophisation se
caractérise principalement par la disponibilité biologique en
azote et, plus encore, par la disponibilité en phosphore. Les nitrates
(composés azotés) étant surtout produits par
l'activité des bactéries nitriques du sol, sont très
solubles. S'ils ne sont pas absorbés par les plantes, ces derniers sont
aisément lessivés par les eaux d'infiltration (Féray,
2000). Par contre, les phosphates (composés phosphorés) sont peu
solubles. La petite quantité qui s'échappe avec les eaux
d'infiltration se trouve généralement sous forme de
particules.
La dystrophisation, quant à elle, implique la
perturbation d'un milieu aquatique par une richesse excessive en
éléments minéraux nutritifs (notamment l'azote et le
phosphore) ; ce phénomène correspond à une eutrophisation
trop importante (Encarta, 2004).
La dystrophisation est également appelée
eutrophisation anthropique car la perturbation engendrée vient souvent
du fait des activités humaines : déversements d'effluents
urbains pollués par des matières organiques (eaux usées
non traitées) ou pollutions diffuses liées à l'usage
excessif d'engrais chimiques dans les terres cultivées (lessivées
par les eaux de pluie). Les détergents à base de polyphosphates
contribuent à l'aggravation du phénomène dans une
proportion significative. Par ailleurs, l'apport important en substances
nutritives entraîne une prolifération massive de la
végétation aquatique et une diminution de la teneur en
oxygène dissous dans les eaux. Le taux de décomposition
bactérienne s'accroît parallèlement. En outre, les algues
et les plantes aquatiques qui se développent en surface forment une
couche opaque qui empêche la lumière de pénétrer
dans les compartiments inférieurs du plan d'eau. Les poissons de type
salmonidé (truites et saumons), qui affectionnent les eaux claires et
oxygénées, disparaissent au profit des poissons de la famille des
cyprinidés (comme les carpes et les brèmes). Au fur et à
mesure de la raréfaction de l'oxygène, les bactéries
réalisent des fermentations anaérobies, qui produisent de
l'hydrogène sulfuré, à l'odeur putride, et de l'ammoniac.
À terme, toute vie animale disparaît (Encarta, 2004).
Outre des répercussions écologiques
catastrophiques incluant les perturbations dans les cycles des nutriments (en
particulier ceux de l'azote et du phosphore), les changements dans la structure
et le fonctionnement de la communauté biotique et le
déséquilibre biologique (Karr, 1991), la dystrophisation a des
conséquences économiques non négligeables :
dégradation des pêcheries, augmentation du coût du
traitement de l'eau potable, etc.
2.5.1
Définition et cycles biogéochimiques
Les cycles biogéochimiques et pratiquement tous les
processus terrestres sont entretenus par l'énergie du soleil. Les cycles
de la matière, souvent basés sur les cycles des
éléments, sont d'une extrême importance dans
l'environnement (Berner, 1994). Les cycles biogéochimiques globaux
peuvent être perçus comme divers réservoirs, tels les
océans, les sédiments et l'atmosphère, connectés
par des conduits à travers lesquels la matière se déplace
continuellement. Le mouvement d'un élément spécifique
entre deux réservoirs particuliers peut être réversible ou
irréversible. Les cycles de la matière auraient lieu même
en absence de vie, mais ils sont fortement influencés par les formes
vivantes, en particulier les végétaux et les microorganismes
(Manahan, 2000).
Les cycles biogéochimiques sont largement
divisés en cycles endogènes qui impliquent
surtout les roches souterraines de différentes sortes, et en
cycles exogènes qui ont lieu en grande partie sur la
surface terrestre mais ayant généralement une composante
atmosphérique (Gunter, 1991). Le cycle de l'azote en effet est
exogène parce qu'une partie de son cycle (N2) passe dans
l'atmosphère. Tandis que le cycle du phosphore, n'ayant pas de
composante gazeuse, est endogène.
2.5.2 L'azote
Élément chimique non métallique de
symbole N, de numéro atomique égal à 7, l'azote a pour
masse atomique 14,0067. Avec 5 électrons dans sa couche de valence, il
fait partie du groupe Va (colonne 15) du tableau périodique des
éléments. Il est principalement trivalent (comme dans la
molécule de NH3) (Encarta, 2004).
L'azote est un élément biogène
participant, sous différentes formes, à la structure, au
fonctionnement et à la reproduction des êtres vivants. Toutes les
formes azotées font partie d'un cycle de transformations et de recyclage
dont le bon déroulement est essentiel à l'équilibre des
milieux naturels.
En milieu aquatique, cet équilibre peut être
menacé par des facteurs «exogènes» qui causent des
perturbations de différents ordres (Féray, 2000) :
§ purement physiques et mécaniques : apport de
particules, augmentation plus ou moins importante du débit en fonction
de la taille des rejets et celle du milieu aquatique...
§ physico-chimique : variation de température, pH,
conductivité électrique, teneur en oxygène dissous, apport
de composés carbonés, azotés et phosphorés, apport
de composés susceptibles de se révéler toxiques pour les
organismes aquatiques.
§ biologiques : perturbation des biocénoses
découlant des modifications précédentes, apport de
microorganismes.
2.5.2.1 Cycle de
l'azote en milieu aquatique
L'azote étant présent à différents
degrés d'oxydation dans l'eau, son cycle se résume à ce
va-et-vient entre ses formes les plus oxydées et les plus
réduites. Il s'agit de cycles d'assimilation, de minéralisation,
de réduction et d'oxydation qui sont le fait d'organismes
végétaux et animaux, auxquels est soumis l'azote (fig. 2.1).
Parmi les réactions biochimiques intervenant dans les
nombreux processus du cycle :
Nitritation:
2NH4+ + 3O2
Nitrosomonas 4H+ +
2NO2- + 2H2O
Nitrification
Nitratation: 2NO2-
+ O Nitrobacter
2NO3-
Dénitrification:
4NO3- + 5{CH2O} + 4H+
Bactérie dénitrifiante 2N2(g) +
5CO2(g) + 7H2O
N2
N2O, N2
N2O, N2
+
Norg
Fixation
Chaîne trophique
Urée
Norg
Norg
----------------?
Eau
Diffusion
Sédiment
Zone aérobie
Minéralisation
Nitratation
Nitritation
NH4+
NO3-
NO2-
Assimilation
Diffusion
NH4+
échangeable
Diffusion
Adsorption
Réduction assimilative
NO3-
Sédiment
Zone anaérobie
Désorption
NH4+
Dénitrification
Réduction dissimilative
Figure 2.1.- Cycle de l'azote en milieu aquatique
(Féray, 2000)
2.5.2.2 Origine des
pollutions azotées
Les composés azotés en général,
les nitrates en particulier proviennent essentiellement d'activités
agricole, domestique et industrielle, réparties en des sources diffuses
ou localisées (Féray, 2000 ; Miquel, 2003).
2.5.2.2.1 Sources diffuses
Parmi les apports diffus, citons :
§ la déposition et l'entraînement par l'eau
de pluie de gaz aérosols contenant de l'azote minéral (ammoniac
et oxyde d'azote), produits par l'industrie (par combustion de carburants
fossiles, incinération d'ordures...) et la décharge de
composés agricoles (Longhurst et al., 1993 ; Seitzinger et Kroeze, 1998)
;
§ le ruissellement et le lessivage de sols agricoles
fertilisés ou de zones de stockage d'excréments animaux, qui
apportent essentiellement les formes d'ammoniaque et de nitrate (Krug, 1993).
L'ion NH4+ est considéré comme peu mobile
dans la plupart des sols car il est facilement adsorbé dans les sols
argileux et contenant beaucoup de matières organiques ; il devient
cependant plus mobile dans les sols sableux ou ayant peu de matières
organiques, suite à un lessivage de ces sols. L'ion
NO3- est la forme la plus hydrosoluble de l'azote et il
n'est pas facilement adsorbé sur les particules de sol. Sa
présence est étroitement liée aux cycles hydrologiques et
il peut être rapidement déplacé par l'action lessivante de
l'eau infiltrante.
2.5.2.2.2 Sources localisées
Les apports ponctuels concernent essentiellement (Féray,
2000) :
§ les industries qui produisent des émissions
d'ammoniaque ou qui en contiennent dans leurs effluents (exploitation du
charbon, raffinerie du pétrole, métallurgie, synthèses
chimiques, traitement des gaz...) et les industries qui utilisent les nitrates
dans leurs procédés de fabrication et qui en rejettent dans les
eaux (salaison des viandes, productions de fertilisants, d'explosifs, de
verre...) ;
§ les systèmes de traitements des eaux
usées et by-pass des stations d'épuration (en période de
fortes précipitations), rejetant de l'azote organique et minéral
(notamment sous les formes NH4+ et
NO3-) (Krug, 1993).
2.5.2.3
Conséquences des pollutions par l'azote
Comme les cycles naturels des autres éléments,
celui de l'azote est normalement équilibré. Cependant, il
peut-être délibérément ou par inadvertance
perturbé par des activités agricoles ou industrielles, ou par des
causes naturelles. Le résultat est une accumulation indésirable
d'intermédiaires du cycle, qui peuvent entraîner un
déséquilibre écologique, dont certains sont toxiques
même à faible concentration (Kuenen et Robinson 1988 ; Heathwaite,
1993). En effet, l'impact et la toxicité des composés
azotés dépendent de leur forme chimique et leur concentration
(Féray, 2000). Les différents niveaux de pollutions en fonction
des concentrations respectives des formes azotées sont
répertoriés dans le tableau 2-1.
Tableau 2.1 : Grille pour
les niveaux de pollution par les formes d'azote (Agence de l'eau
Méditerranée Rhône Corse, 1995)
Formes de l'azote
|
N0 Situation normale
|
N1 Pollution modérée
|
N2 Pollution nette
|
N3 Pollution importante
|
N4 Pollution très importante
|
NH4+ (mg/l)
|
< 0.1
|
0.1 à 0.5
|
0.5 à 2
|
2 à 8
|
> 8
|
NO2- (mg/l)
|
< 0.1
|
0.1 à 0.3
|
0.3 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
NO3- (mg/l)
|
< 5
|
5 à 25
|
25 à 50
|
50 à 80
|
> 80
|
N Kjeldahl (mgN/l)
|
< 1
|
1 à 2
|
2 à 3
|
3 à 10
|
> 10
|
2.5.2.3.1 Impact de la pollution par
l'azote ammoniacal sur l'environnement
Des niveaux excessifs d'ammoniaque peuvent être
néfastes à la vie aquatique. Les poissons peuvent souffrir d'une
perte d'équilibre, d'hyperexcitabilité, d'une augmentation de
l'activité respiratoire et de la consommation d'oxygène, d'une
augmentation du rythme cardiaque. Des effets sublétaux divers peuvent
apparaître : réduction du succès d'éclosion,
réduction du taux de croissance et du développement
morphologique, lésion des branchies, du foie, des reins... A des niveaux
extrêmes en ammoniac, ils peuvent souffrir de convulsions, suivies de
coma et de mort. La concentration létale (Cl50 96h) pour un
certain nombre d'espèces de poissons varie entre 0.2 et 1.1 mg
NH3/L pour les salmonidés et entre 0.7 et 3.4 mg
NH3/L pour les cyprinidés (Garric, 1987).
2.5.2.3.2 Impact de la pollution par les
nitrates et les nitrites sur l'environnement
Selon Eddy et Williams (1994), outre une toxicité des
nitrites pour la faune aquatique le risque environnemental associé aux
nitrates et nitrites est aussi lié à l'enrichissement en
éléments nutritifs qu'ils représentent. En effet, la
croissance des macrophytes et du phytoplancton est stimulée
essentiellement par l'azote, généralement associé au
phosphore.
2.5.3 Le
phosphore
Découvert vers 1669 par l'alchimiste allemand Hennig
Brand, le phosphore est un élément chimique non métallique
réactif de symbole P et de numéro atomique 15. Il appartient au
groupe 15 (ou Va) de la classification périodique (Encarta, 2004).
Le phosphore entre dans la composition de toutes les cellules
des organismes vivants. Etres humains, animaux, plantes et microorganismes,
tous dépendent entièrement du phosphore pour vivre et se
reproduire. Les acides nucléiques constituant le matériel
génétique aussi bien que les protéines des organismes
vivants en contiennent. Le phosphore, élément essentiel à
la vie, n'a pas de toxicité propre et ne présente pas de risque
sanitaire direct. Il peut néanmoins provoquer des dommages très
importants à l'environnement et particulièrement au milieu
aquatique au travers de son principal effet :
l'« eutrophisation », c'est-à-dire l'enrichissement
du milieu qui se manifeste par le développement exacerbé d'algues
et de végétaux aquatiques (Lemercier, 2003).
2.5.3.1 Les formes
du phosphore
Dans l'environnement, le phosphore est présent sous
différentes formes. On distingue les formes dissoutes des formes
particulaires. Le phosphore dissous (ou soluble) est présent dans l'eau
et la solution du sol sous forme minérale (ions orthophosphates, les
différents anions de l'acide phosphorique
H2PO4- et HPO42- et les
polyphosphates) ou organique (trioses phosphates, acides nucléiques,
phospholipides, acides phosphoriques de sucre et leurs formes
dégradées). Le phosphore particulaire regroupe toutes les formes
de phosphore liées aux minéraux, à des débris
divers ou incorporées dans les organismes (Lemercier, 2003).
2.5.3.2 Cycle du
phosphore dans les milieux aquatiques
Le cycle du phosphore est capital dans la mesure où le
phosphore est ordinairement le nutriment limitant dans les
écosystèmes (figure 2.2). Dans la géosphère, le
phosphore provient largement de minéraux peu solubles, tel
l'hydroxyhapathite, un sel de calcium, dont les gisements constituent la plus
grande réserve de phosphate dans l'environnement. Le phosphore soluble,
issu des minéraux phosphates et d'autres sources comme les
fertilisants, est prélevé par les végétaux
(assimilation) et incorporé dans les acides nucléiques formant le
matériel génétique des organismes. La
minéralisation de la biomasse par la décomposition microbienne
fait retourner le phosphore dans la solution, à partir de laquelle il
peut se précipiter sous forme minérale (Manahan, 2000).
P entrant (ponctuel ou diffus)
C
O
L
O
N
N
E
D
'
E
A
U
S
E
D
I
M
E
N
T
Minéralisation
ZOOLANCTON FILTREURS
CONSOMMATEURS SECONDAIRES
P ORGANIQUE
Diffusion
Assimilation
Assimilation
Assimilation
Mortalité
Excrétion
Dissolution
Désorption
Précipitation
Adsorption
Sédimentation
PHYTOPLANCTON ET ALGUES BENTHIQUES
Assimilation
P ORGANIQUE
PARTICULAIRE
Remise en suspension
Remise en suspension
IONS PO43-
DISSOUS
Sédimentation
Précipitation
Adsorption
Minéralisation
Eau
Interstitielle
P ORGANIQUE
SEDIMENTAIRE
P ORGANIQUE
SEDIMENTAIRE
IONS PO43-
DISSOUS
Dissolution
Désorption
Enfouissement
Assimilation
Figure 2.2 : Cycle du Phosphore dans les milieux
aquatiques (Hanna, 2005)
2.5.3.3 Sources
principales de pollution par les phosphates
Les phosphates rejetés dans l'environnement proviennent
des activités agricoles (engrais) et industrielles, des
déjections humaines, des détergents ou lessives
phosphatées (CNRS, 2005). Ils sont aussi générés et
dans une moindre mesure, par les insecticides à base d'organophosphates
(Manahan, 2000).
2.5.3.4 Pollution
par les phosphates
Le phosphore n'est pas toxique intrinsèquement pour la
faune et la flore terrestres et aquatiques. Par contre,
l'« eutrophisation », conséquence directe majeure
d'un excès de phosphore dans le milieu, a des effets très
préoccupants à de nombreux niveaux (Lemercier, 2003).
En effet, les phosphates contenus dans les détergents
ménagers ont des effets dangereux sur l'environnement. Ces
détergents polluent l'eau ; les phosphates étant un nutriment
primaire pour l'algue (Encarta, 2004). Par contre, les organophosphates
(insecticides) subissent rapidement une biodégradation et ne connaissent
pas de bioaccumulation. Ainsi, en raison de leur haute
biodégradabilité et la restriction de leur utilisation, sont-ils
relativement de peu d'importance parmi les polluants aquatiques
phosphatés (Manahan, 2000).
2.5.3.4.1 Impact sur l'environnement
La dystrophisation (ou la prolifération excessive
d'algues) est souvent liée à la pollution par les phosphates. En
effet, les algues peuvent se développer à des teneurs en
phosphate aussi faible que 0.05mg/L. Tandis que, de façon
générale, les eaux usées municipales contiennent environ
25mg/L de phosphate (orthophosphates, polyphosphates et phosphates insoluble)
(Manahan, 2000).
2.5.3.5 Conclusion
et objectif du projet
L'azote et le phosphore sont deux éléments
importants des cycles biogéochimiques. Leur rôle
privilégié dans le métabolisme des cellules vivantes
explique le fait qu'ils constituent les éléments principaux des
engrais utilisés depuis longtemps pour accroître les productions
végétales. Cependant, dans l'environnement les apports d'azote et
de phosphore ne sont pas limités aux seules activités agricoles.
Chaque habitant rejette par jour 9 à 12 g d'azote (essentiellement
associé aux urines) et 3 à 4 g de phosphore, provenant
principalement des détergents et des poudres à lessiver où
son usage vise à limiter les inconvénients (entartrage) induits
par la dureté de l'eau. On les retrouve ainsi sous des formes solides et
dissoutes dans les eaux usées et, finalement, en partie tout au moins
dans les milieux aquatiques, en particulier les eaux de surface (Miquel,
2003).
Arrivés dans ces milieux aquatiques, ces nutriments
vont provoquer un développement accru des différentes formes de
végétation présentes (algues, végétaux
flottants, ...), de la même manière que cela se produit dans les
écosystèmes agricoles. Ce phénomène peut atteindre
un niveau excessif appelé dystrophisation, qui se manifeste parfois de
manière très tangible : mortalités piscicoles, pH
extrêmes, prolifération d'espèces envahissantes, gêne
à la navigation et à la baignade, etc ... (Miquel, 2003).
D'où l'objectif renouvelé de ce projet
d'évaluer les concentrations respectives des formes chimiques des ces
nutriments en vue de prévoir le danger qu'ils représentent
principalement sur cette zone reconnue sensible, d'après la directive de
la Commission européenne (1998), que constitue la baie de Port-au-Prince
(91/271/CEE).
III.
METHODOLOGIE
3.1 CADRE
GEOPHYSIQUE DE L'ETUDE
3.1.1
Délimitation spatiale
Port-au-prince, capitale d'Haïti est située au
fond du golf de la Gonâve. Ses coordonnées géographiques
sont : 18°32' de latitude Nord et 72°20' de longitude Ouest.
Elle s'étale dans la partie Sud-Ouest de la plaine du Cul-de-sac et sur
les piémonts du Massif de la Selle, entre la mer à l'Ouest,
l'Étang Saumâtre à l'Est, les Montagnes du Trou d'Eau au
Nord, et les contreforts du Massif de la selle, au Sud. La région
métropolitaine de Port-au-prince couvre une superficie de 20 000
hectares (Lhérisson, 1999).
3.1.2 Aspects
socio-économiques
Dans le cadre de la présente étude, entrent en
particulier deux communes de l'arrondissement de Port-au-Prince (2 109 517
habitants): la commune de Port-au-Prince avec ses 704 777 habitants constituant
149 299 ménages ; la commune de Pétion-Ville totalisant 61
616 ménages pour une population de 283 052 habitants (IHSI, 2003). Les
eaux usées générées au niveau de ces 2 communes par
les ménages, les industries et les centres de services urbains
(hôpitaux, écoles, marché...), sont susceptibles
d'être drainées par la ravine Bois de Chêne avant
d'être déversées à la mer (Lhérisson, 1999).
3.1.3 Climat
La région métropolitaine est
caractérisée par une alternance de saisons pluvieuses (avril -
mai et août - octobre) et de saisons sèches (juin - juillet et
novembre - mars). La température moyenne annuelle oscille entre 20 et 35
°C. La pluviométrie varie à travers les différentes
communes de l'aire métropolitaine. Ainsi, on peut mesurer moyennement
1042 mm/an à Damien pendant qu'on en obtient 1431 à
Pétion-Ville (Lhérisson, 1999).
3.1.4 Géologie
La région métropolitaine correspond
à un synclinal faillé des deux côtés, constituant un
graben rempli de dépôts marins tertiaires, pour passer ensuite
à des dépôts continentaux. Le flanc Nord du massif de la
Selle constitue le « château d'eau » de la
région de Port-au-Prince. Le Morne l'Hôpital est constitué
d'un massif calcaire datant de l'Éocène allant de la
Tête-de-l'Eau à l'Est jusqu'à la Rivière Froide
à l'Ouest et couvrant une superficie d'environ 30 km2. Il
peut être divisé en deux grandes unités
géomorphologiques :
§ La partie Est, allant des ravines de
Tête-de-l'Eau / La Boule et Bois de Chêne jusqu'à St-Jude
(Ferrier), est constituée de calcaire, d'un carbonate de calcium presque
pur, broyé, cimenté et siliceux par endroit ;
§ La partie Ouest, allant de Descayettes St-Jude,
à Bertin Rivière Froide, est plutôt faite de calcaire
marneux faiblement stratifié, se reposant dans la région de la
Rivière Froide sur un conglomérat qui forme à certains
endroits le lit de la rivière et à d'autres, les berges.
3.1.5 Hydrologie
Le réseau hydrographique de la Région
Métropolitaine de Port-au-Prince est formé de cours d'eau et
ravines qui drainent les trois bassins versants de Saint-Marc au Nord, du
Cul-de-Sac au centre et de Léogâne/Carrefour à l'Ouest. La
conurbation métropolitaine n'est traversée par aucun cours d'eau.
Elle l'est cependant par un nombre considérable de ravines sèches
(vingt au moins) d'importance inégale. La majorité de ces ravines
prennent naissance sur le flanc nord du Morne l'Hôpital ou dans les
hauteurs de Pétion-Ville.
3.1.6 Présentation de la Ravine
Bois de Chêne
Une vingtaine de ravines forment le réseau de drainage
du Morne l'Hôpital. Les neuf plus importantes traversent celui-ci dans sa
partie Est et constituent les affluents de la Ravine Bois de Chêne. Ce
sont :
§ la Ravine du Juvénat
§ la Ravine au Chat
§ la Ravine Bois Patate ou de Canapé Vert
§ la Ravine de Mont Joli
§ la Ravine de Turgeau
§ la Ravine de Debussy
§ la Ravine Saint Rome (constituée des Ravines
Bois Caïman et Fond Diable)
§ la Ravine Malthèque
§ la Ravine Bourgot (constituée des Ravines Bois
Cochon et Fond Diable).
La ravine Bois de Chêne, le plus grand collecteur du
système de drainage de Port-au-Prince, s'oriente d'Est en Ouest vers la
baie de Port-au-Prince, serpente l'espace administratif de la région
métropolitaine de Port-au-Prince, principalement les communes de
Pétion-Ville et de Port-au-Prince (Léger, 2002). Longue d'environ
10 Km, elle prend naissance au morne l'hôpital à plus de 400 m
d'altitude dans les hauteurs de Pétion-Ville. Au cours des années
80, a été aménagé en béton un tronçon
de 2 Km, allant du corridor Bois de Chêne (18o30'10'' de
Latitude Nord et 72o20'35'' de Longitude Est), jusqu'à
l'intersection des rues Harry Truman et Oswald Durand (18o30'10'' de
Latitude Nord et 72o21'35'' de Longitude Est). Dans le cadre de
notre travail, ce tronçon bétonné (le canal Bois de
Chêne) a été retenu comme site expérimental pour le
prélèvement de nos échantillons.
3.1.7 Site
expérimental
Sept stations ont été prédéfinies
pour le prélèvement des échantillons, et leurs
coordonnées géographiques précisément
déterminées à l'aide d'un GPS Garmin. Dans la perspective
d'une meilleure couverture du site, lesdites stations sont choisies à
proximité des intersections. Elles son notées BCP1, BPCP2,
BCP3, BCP4, BCP5, BCP6 et BCP7, tel qu'illustré sur la
figure 3.1. Le sens du prélèvement se fait d'aval vers l'amont
(de BCP1 à BCP7), pour éviter toute
répétition malencontreuse d'un même effluent dans les
échantillons.
BCP52
N
BCP1
BCP2
BCP32
BCP42
BCP62
BCP72
Figure 3.1 : Site
expérimental et stations de prélèvement
3.2 MATERIEL ET
METHODES
3.2.7
Matériels
Certains matériels nous accompagnaient sur le terrain,
tandis que d'autres servaient aux dosages effectués au laboratoire.
3.2.1.1 Matériels utilisés in situ
§ Un thermos de 20 litres de capacité ;
§ Une perche télescopique pouvant atteindre
jusqu'à 6 mètres de long ;
§ Un bécher pour le dosage des paramètres
in situ ;
§ Un Iono-mètre WTW pH 340ION, instrument
fonctionnant au moyen de deux électrodes : l'une métallique,
est l'électrode de référence ; l'autre, en verre est
l'électrode spécifique à la mesure du pH ;
§ Un conductimètre (multifonction) WTW- LF330,
ayant une électrode unique ;
§ Des pissettes d'eau distillée pour le
rinçage ;
§ Un GPS Garmin, (une courtoisie de l'UTSIG), pour la
localisation des stations ;
§ Une camera photo numérique BTC de 2.1
Méga pixels ;
§ Des gants jetables ;
§ Un cahier de rapport.
3.2.1.2 Matériels utilisés au laboratoire
§ Un Spectroquant NOVA 60, pour le dosage
spectrophotométrique de la demande chimique en oxygène (DCO),
de l'azote ammoniacal, des nitrates et des phosphates ;
§ Des kits de dosage de la DCO, de l'azote ammoniacal, des
nitrates et des phosphates ;
§ Etc...
3.2.8
Méthodes
3.2.8.1 Choix du site et des stations
Le choix du tronçon bétonné de la ravine
Bois de Chêne comme site expérimental de cette étude
satisfait l'hypothèse selon laquelle les polluants sont plus mobiles sur
la partie structurée en béton que celle en terre où il
peut y avoir adsorption de polluants dans le sol (Février, 2001 ;
Mompoint et Théleys, 2004). Les stations sont choisies à
proximité des intersections en vue d'une meilleure couverture du
site.
3.2.2.3
Enquête exploratoire
Plusieurs visites d'observation du site expérimental et
de son environnement ont été effectuées dans le but
d'identifier en particulier, les sources ponctuelles de pollution par les
nitrates et les phosphates.
3.2.2.3
Echantillonnage
Les échantillons ont été collectés
au niveau des 7 stations suivant la méthode de prélèvement
manuel instantané. Chaque échantillon est donc spécifique
à l'instant et au lieu de prélèvement. En principe
cependant, les résultats moyens obtenus à partir d'un grand
nombre d'échantillons de ce type donnent la même information qu'un
échantillon composite(*)
(Manahan, 2000).
Les échantillons sont récoltés dans des
flacons, préalablement lavés et rincés à l'eau
distillée. Ils sont conservés autour de 4 °C et
acheminés au laboratoire Unité de Recherche en Environnement de
la Faculté des Sciences (URE/FDS), au Laboratoire de la Qualité
de l'Eau et de l'Environnement de l'Université Quisqueya (LAQUE/UNIQ),
et/ou au Laboratoire de Chimie de la FAMV, dans un délai
n'excédant pas 3 heures.
3.2.2.4 Campagne de
prélèvement des échantillons
Les quatre (4) journées de prélèvements
ont été réalisées du 10 février au 10 mai,
période s'échelonnant sur deux (2) saisons pluviométriques
différentes. Ce choix nous permet une comparaison entre les niveaux de
pollution générés par les nutriments, dépendamment
des saisons sèche et pluvieuse.
3.2.2.5
Conservation des échantillons d'eaux
Il n'est pas possible de protéger complètement
un échantillon d'eau des changements de sa composition. Cependant,
divers additifs et techniques de traitement peuvent être employés
en vue de minimiser la détérioration des échantillons. La
méthode de préservation d'échantillons la plus
générale est la réfrigération à 4 °C.
La congélation devrait normalement être évitée
à cause des changements physiques_ formation de
précipités et perte des gaz_ qui affectent négativement la
composition de l'échantillon (Manahan, 2000).
Le temps de conservation varie de zéro pour des
paramètres comme la température (mesure in situ),
à 6 mois pour les métaux. D'autres types d'échantillons,
destinés à la détermination de l'acidité, de
l'alcalinité, et diverses formes de l'azote ou du phosphore, ne
devraient pas tenir pour plus de 24 heures (Clesceri et al., 1998), en
raison du risque d'adsorption de ces substances à la paroi du contenant.
3.2.2.6 Analyses
physico-chimiques
3.2.2.6.1 Mesures in situ
Certains paramètres physico-chimiques ont
été déterminés immédiatement et in
situ. Tel a été le cas pour le pH, la conductivité
électrique (CE) et la température de l'eau.
Le pH est mesuré à l'aide de l'Iono-mètre
WTW pH 340ION.
Le conductimètre WTW-LF330 (multifonction) a
été utilisé pour mesurer la CE, la salinité et les
solides totaux dissous (STD). Le même instrument nous a permis de
déterminer la température.
3.2.2.6.2 Dosages au laboratoire
La demande chimique en oxygène (DCO), les nitrates,
l'azote ammoniacal et les phosphates ont été dosés
à l'aide du Spectroquant NOVA 60.
Pour mesurer la DCO, l'échantillon est oxydé par
une solution sulfurique chaude de dichromate de potassium avec du sulfate
d'argent comme catalyseur. Les chlorures sont masqués par le sulfate de
mercure. La concentration des ions Cr3+ verts est ensuite
dosée par spectrophotométrie, à 593 nm.
Le nitrate réagit avec le Nitrospectral (un
réactif contenu dans le kit des nitrates) dans de l'acide sulfurique
concentré pour donner un composé azoté rouge vif. Un
facteur de conversion de 4.4, donné par la méthode
photométrique, permet de déduire la concentration en nitrate
à partir de l'azote dosé, à la longueur d'onde de 515 nm.
Par alcalinisation à pH 13, l'ammoniac réagit
avec l'hypochlorite pour donner le monochloramine qui, dans une réaction
catalysée en deux étapes, forme avec le thymol un
indophénol bleu. Le dosage s'effectue à 690 nm et le facteur de
conversion est de 1.3.
En solution sulfurique, les orthophosphates réagissent
avec le vanadate d'ammonium et l'heptamolybdate d'ammonium pour donner un
complexe jaune orange de l'acide phosphomolybdovanadique, dosé à
400 nm. La conversion de la concentration de phosphore en phosphate accuse un
facteur de 3.
3.2.2.7 Calculs statistiques
Les déterminations des moyennes arithmétiques,
coefficients de variation, intervalles de confiance, minima, maxima ont
été effectuées à l'aide du tableur MS Excel. La
moyenne arithmétique () a été déterminée
suivant l'équation :
n
= ( ?yi )/ n
i= 1
Le coefficient de variation (CV) a été
calculé à partir de l'écart type (s) de
l'échantillon.
CV= (s/ ) * 100
Le CV est préféré à la variance ou
à l'écart-type en raison du fait qu'il donne une meilleure
idée de la dispersion des données, en pourcentage et dans la
même unité que celles-ci (Copin, 2005, comm. Pers.).
L'intervalle de confiance (IC) est calculé pour un risque
d'erreur de première espèce de 5%, afin d'identifier les valeurs
extrêmes susceptibles d'engendrer des biais dans les calculs de tendances
centrales
IV. RESULTATS ET
DISCUSSIONS
4.1 RESULTATS
Les résultats sont distinctement
présentés et discutés pour deux saisons
pluviométriques différentes : saison pluvieuse (novembre
à mars) et saison sèche (avril à mai) (Lhérisson,
1999). Les tableaux 4.1, 4.2 et 4.3 présentent les résultats
obtenus pour les différentes journées de
prélèvement de la saison sèche, tandis que les tableaux
4.4, 4.5 et 4.6 donnent ceux obtenus lors de la saison pluvieuse.
La valeur mesurée de chaque paramètre, au cours
d'une journée donnée et au niveau d'une station bien
déterminée est unique (Manahan, 2000). Cependant, s'agissant de
la même matrice, nous nous permettons d'approximer les concentrations
moyennes journalières qui arrivent au niveau de la baie de
Port-au-Prince et leurs coefficients de variation. Plus loin, au niveau des
tableaux 4.3 et 4.6, nous simulons deux journées fictives : l'une
à partir des tableaux 4.1 et 4.2 ; l'autre, des tableaux 4.4 et
4.5, nous donnant une idée globale de la saison sèche et de la
saison pluvieuse respectivement.
4.1.1 Les paramètres de
l'étude
A côté de ceux qui entrent directement dans le
cadre de la présente étude (nitrate, azote ammoniacal,
phosphate), d'autres paramètres physico-chimiques dits globaux ont
été mesurées. Ce fut le cas pour la température, le
pH, la CE, la DCO, dont la discussion des résultats obtenus permet de
mieux cerner la problématique de l'étude.
4.1.2 Présentation des
résultats de la saison sèche
4.1.2.1 Journée 1
Les premiers échantillons ont été
prélevés au cours de la matinée du jeudi 10 février
2005. Les résultats enregistrés sur les différentes
stations, in situ et au laboratoire, sont présentés dans
le tableau 4.1. L'échantillon prélevé sur la station
BCP6 étant soupçonné comme un « cas
accidentel », ses valeurs extrêmes tombant en dehors de
l'intervalle de confiance ne sont pas prises en compte dans les calculs de
tendance centrale.
Tableau 4.1 :
Résultats de la première journée
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH(*)
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
26.80
|
1.83
|
7.14
|
404.00
|
11.32
|
2.76
|
19.20
|
BCP2
|
28.00
|
1.60
|
7.26
|
306.00
|
1.76
|
3.07
|
23.70
|
BCP3
|
29.10
|
1.56
|
7.22
|
618.00
|
1.76
|
2.39
|
21.30
|
BCP4
|
27.80
|
1.50
|
7.22
|
508.00
|
1.76
|
2.55
|
19.20
|
BCP5
|
26.40
|
1.16
|
7.44
|
620.00
|
2.20
|
3.01
|
15.30
|
BCP6
|
29.20
|
14.25
|
1.56
|
512.00
|
22.88
|
0.91
|
51.30
|
BCP7
|
27.60
|
1.51
|
7.39
|
204.00
|
0.88
|
2.33
|
14.40
|
|
27.84
|
1.53
|
7.28
|
453.14
|
3.28
|
2.69
|
18.85
|
Minimum
|
26.40
|
1.16
|
1.56
|
204.00
|
0.88
|
0.91
|
14.40
|
Maximum
|
29.20
|
14.25
|
7.44
|
620.00
|
22.88
|
3.07
|
51.30
|
CV
|
3.79%
|
14.17%
|
1.56%
|
34.62%
|
120.80%
|
11.67%
|
18.71%
|
IC
|
#177; 0.78
|
#177; 3.57
|
#177; 1.60
|
#177; 116.2
|
#177; 6.11
|
#177; 0.54
|
#177; 9.39
|
4.1.2.2 Journée 2
La deuxième journée de prélèvement
des échantillons a lieu le 09 mars 2005, soit à environ 1 mois
d'intervalle. Le tableau 4.2 présente les valeurs
déterminées pour les différents paramètres et au
niveau des 7 stations.
Tableau 4.2 :
Résultats de la deuxième journée
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
30.00
|
ND1(*)
|
7.70
|
154.00
|
12.76
|
3.61
|
19.00
|
BCP2
|
30.50
|
ND
|
8.00
|
248.00
|
2.20
|
2.11
|
32.00
|
BCP3
|
29.00
|
2.03
|
8.30
|
332.00
|
4.40
|
1.60
|
55.00
|
BCP4
|
29.30
|
2.37
|
8.00
|
316.00
|
4.40
|
1.44
|
47.00
|
BCP5
|
28.90
|
2.11
|
8.30
|
296.00
|
20.24
|
2.02
|
49.00
|
BCP6
|
29.10
|
2.98
|
8.50
|
630.00
|
1.32
|
0.23
|
62.00
|
BCP7
|
31.00
|
1.64
|
8.00
|
178.00
|
3.96
|
2.92
|
15.00
|
|
29.69
|
2.45
|
8.11
|
307.71
|
7.04
|
1.99
|
39.86
|
Minimum
|
28.90
|
1.64
|
7.70
|
154.00
|
1.32
|
0.23
|
15.00
|
Maximum
|
31.00
|
3.00
|
8.50
|
630.00
|
20.24
|
3.61
|
62.00
|
CV
|
2.77%
|
22.63%
|
3.29%
|
51.16%
|
98.16%
|
54.50%
|
45.45%
|
IC
|
#177; 0.61
|
#177; 0.41
|
#177; 0.20
|
#177; 116.62
|
#177; 5.12
|
#177; 0.80
|
#177; 13.42
|
4.1.2.3 Journée fictive 1
Les résultats de la première journée dite
fictive prennent en compte les valeurs minima et maxima des journées 1
et 2. Les valeurs relatives à chaque paramètre, pour chacune des
stations du tableau 4.3 sont obtenues par calculs des moyennes respectivement
sur les valeurs correspondantes des deux journées
précédentes2(*). Le CV est calculé à partir des
résultats générés.
Tableau 4.3 :
Résultats de la journée fictive 1
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
28.40
|
2.42
|
7.42
|
279.00
|
12.04
|
3.19
|
19.10
|
BCP2
|
29.25
|
2.30
|
7.63
|
277.00
|
1.98
|
2.59
|
27.85
|
BCP3
|
29.05
|
1.80
|
7.76
|
475.00
|
3.08
|
2.00
|
38.15
|
BCP4
|
28.55
|
1.94
|
7.61
|
412.00
|
3.08
|
2.00
|
33.10
|
BCP5
|
27.65
|
1.64
|
7.87
|
458.00
|
11.22
|
2.52
|
32.15
|
BCP6
|
29.15
|
8.62
|
8.50
|
571.00
|
12.10
|
0.57
|
56.65
|
BCP7
|
29.30
|
1.58
|
7.69
|
191.00
|
2.42
|
2.63
|
14.70
|
|
28.76
|
2.98
|
7.81
|
380.43
|
5.02
|
2.16
|
32.44
|
Minimum
|
26.40
|
1.16
|
1.56
|
154.00
|
0.88
|
0.23
|
14.40
|
Maximum
|
31.00
|
14.25
|
8.50
|
630.00
|
22.88
|
3.61
|
62.00
|
CV
|
2.09%
|
24.11%
|
4.30%
|
35.45%
|
90.90%
|
43.70%
|
47.44%
|
IC
|
#177; 0.45
|
#177; 1.88
|
#177; 0.74
|
#177; 99.91
|
#177; 3.38
|
#177; 0.70
|
#177; 11.40
|
4.1.3 Présentation des
résultats de la saison pluvieuse
Pour la saison pluvieuse la campagne de
prélèvement des échantillons a débuté plus
de 2 semaines après les premières pluies. Elle s'étend du
20 avril au 11 mai 2005. Les tableaux 4.4, 4.5, 4.6 résument les
résultats respectifs de chaque journée.
4.1.3.1 Journée 4
Les premiers échantillons pour cette saison ont
été collectés comme à l'habitude sur les 7 stations
le 20 avril 2005. Le tableau 4.4 présente les résultats
obtenus.
Tableau 4.4 :
Résultats de la quatrième journée
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
27.10
|
1.98
|
8.10
|
324.00
|
6.16
|
2.97
|
12.60
|
BCP2
|
29.20
|
1.91
|
8.00
|
360.00
|
5.28
|
3.31
|
9.60
|
BCP3
|
29.40
|
1.79
|
8.20
|
540.00
|
6.16
|
3.35
|
17.10
|
BCP4
|
27.70
|
1.31
|
8.30
|
352.00
|
6.60
|
3.83
|
8.10
|
BCP5
|
27.70
|
1.44
|
8.30
|
284.00
|
9.68
|
3.40
|
7.20
|
BCP6
|
32.00
|
2.36
|
8.50
|
482.00
|
10.12
|
2.45
|
19.20
|
BCP7
|
32.10
|
1.55
|
8.10
|
316.00
|
6.16
|
3.93
|
3.60
|
|
29.31
|
1.76
|
8.21
|
379.71
|
7.17
|
3.32
|
11.06
|
Minima
|
27.10
|
1.31
|
8.00
|
284.00
|
5.28
|
2.45
|
3.60
|
Maxima
|
32.10
|
2.36
|
8.50
|
540.00
|
10.12
|
3.93
|
19.20
|
CV
|
6.98%
|
20.46%
|
2.04%
|
24.90%
|
26.70%
|
15.16%
|
50.43%
|
IC
|
#177; 1.52
|
#177; 0.27
|
#177; 0.12
|
#177; 70.04
|
#177; 1.42
|
#177; 0.37
|
#177; 4.13
|
4.1.3.2 Journée 5
Cette journée de prélèvement a eu lieu le
11 mai 2005. Elle a eu la particularité que le site, pour une fois,
donnait un aspect d'une relative salubrité. La saison des pluies venant
de commencer et laissant déjà présager des inondations et
d'autres catastrophes écologiques, imposait la nécessité
de curer le lit de la ravine Bois de Chêne. La différence est
clairement ressortie à travers les résultats
présentés dans le tableau 4.5.
Tableau 4.5 :
Résultats de la cinquième journée
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH(*)
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
27.10
|
1.58
|
7.20
|
194.00
|
0.88
|
12.25
|
2.40
|
BCP2
|
28.50
|
1.67
|
7.54
|
160.00
|
5.72
|
11.93
|
5.70
|
BCP3
|
28.00
|
1.63
|
7.64
|
182.00
|
2.20
|
12.90
|
8.10
|
BCP4
|
28.50
|
1.70
|
7.54
|
184.00
|
1.32
|
11.54
|
6.00
|
BCP5
|
28.30
|
1.63
|
7.60
|
194.00
|
1.32
|
2.72
|
6.90
|
BCP6
|
29.80
|
1.76
|
7.71
|
154.00
|
1.76
|
16.06
|
9.30
|
BCP7
|
30.10
|
1.00
|
7.34
|
130.00
|
2.20
|
2.00
|
4.20
|
|
28.61
|
1.57
|
7.51
|
171.14
|
2.20
|
9.91
|
6.09
|
Minima
|
27.10
|
1.00
|
7.20
|
130.00
|
0.88
|
2.00
|
2.40
|
Maxima
|
30.10
|
1.76
|
7.71
|
194.00
|
5.72
|
16.06
|
9.30
|
CV
|
3.61%
|
16.38%
|
2.20%
|
13.99%
|
73.94%
|
54.20%
|
38.15%
|
IC
|
#177; 0.77
|
#177; 0.19
|
#177; 0.14
|
#177; 17.73
|
#177; 1.20
|
#177; 3.98
|
#177; 1.72
|
4.1.3.3 Journée fictive 2
Comme pour la première journée fictive, celle-ci
est obtenue à partir des journées 4 et 5. Les valeurs des
paramètres pour chaque station sont calculées à partir de
la moyenne des résultats respectifs des deux journées
précédentes. Les valeurs extrêmes sont
déterminées en considérant les maximum et minimum des
deux. Le CV est calculé directement. Le tableau 4.6 en fait le
résumé.
Tableau 4.6 :
Résultats de la deuxième journée fictive
Stations
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
BCP1
|
27.10
|
1.78
|
7.65
|
259.00
|
3.52
|
7.61
|
7.50
|
BCP2
|
28.85
|
1.79
|
7.77
|
260.00
|
5.50
|
7.62
|
7.65
|
BCP3
|
28.70
|
1.71
|
7.92
|
361.00
|
4.18
|
8.13
|
12.60
|
BCP4
|
28.10
|
1.51
|
7.92
|
268.00
|
3.96
|
7.69
|
7.05
|
BCP5
|
28.00
|
1.54
|
7.95
|
239.00
|
5.50
|
3.06
|
7.05
|
BCP6
|
30.90
|
2.06
|
8.11
|
318.00
|
5.94
|
9.26
|
14.25
|
BCP7
|
31.10
|
1.28
|
7.72
|
223.00
|
4.18
|
2.97
|
3.90
|
|
28.96
|
1.67
|
7.86
|
275.43
|
4.68
|
6.62
|
8.57
|
Minima
|
27.10
|
1.00
|
7.60
|
130.00
|
0.88
|
2.00
|
2.40
|
Maxima
|
32.10
|
2.36
|
8.11
|
540.00
|
10.12
|
16.06
|
19.20
|
CV
|
5.19%
|
15.14%
|
2.12%
|
17.40%
|
20.06%
|
38.21%
|
41.77%
|
IC
|
#177; 1.11
|
#177; 0.19
|
#177; 0.12
|
#177; 35.49
|
#177; 0.70
|
#177; 1.87
|
#177; 2.65
|
4.2 DISCUSSIONS
4.2.1 Correction du pH
Contrairement à l'habitude, les valeurs de pH de la
première journée de prélèvement de la saison
sèche, ainsi que celles de la deuxième journée au cours de
la saison pluvieuse n'ont pas pu être déterminées in
situ. Alors, les valeurs obtenues au laboratoire ont été
corrigées conformément à l'équation proposée
par Rodier (1996) :
pHs = pHm - 0.01*
(Ts - Tm)
pHs : pH au moment du prélèvement
pHm : pH mesuré au laboratoire
Ts : température au moment du
prélèvement
Tm : température mesurée avec le
pH-mètre au laboratoire
4.2.2 Formes de l'azote ammoniacal
De façon théorique, l'azote ammoniacal existe en
solution aqueuse sous forme d'ions ammonium (NH4+) ou
d'ammoniac (NH3), dépendamment du pH de la solution,
conformément à l'équation d'équilibre qui suit
(Metcalf et Eddy, 1991) :
NH3 + H2O
NH4+ + OH-
A des niveaux de pH supérieurs à 7,
l'équilibre est déplacé à gauche, mais à des
niveaux de pH inférieurs à 7 l'ion ammonium est
prédominant (Metcalf et Eddy, 1991 ; Emmanuel et al.,
2005).
Or, à l'exception de la station BCP6 et
seulement pour la première journée (réelle) de
prélèvement qui accuse un effluent très acide (pH= 1.56),
le pH des échantillons est généralement supérieur
à 7. Ce qui traduit une prédominance de l'ammoniac, gaz dissous,
très toxique pour les poissons (Miquel, 2003).
4.2.3 Discussions sur les
résultats de la saison sèche
4.2.3.1 Paramètres globaux
a) La température des
échantillons pour la saison sèche varie de 26.4 oC
à 31 oC. La plus grande valeur a été
enregistrée sur la dernière station, lors de la deuxième
journée. On en déduit que le dernier échantillon
prélevé a bénéficié d'une plus grande
quantité d'énergie du soleil. Soulignons toutefois que les
valeurs enregistrées sur les stations BCP1, BCP2 et
BCP7, au cours de la deuxième journée excèdent la
limite maximale fixée à 30 oC pour les effluents
à déverser dans le milieu naturel (MATE, 1998). La moyenne de la
saison, autour des 28,76 oC montre qu'il n'y a pas un
problème de pollution thermique. Le danger semble s'écarter
encore plus lorsqu'on considère que cette température moyenne
tombe dans les limites d'acceptabilité voire de confort de la flore et
de faune aquatiques tropicales d'Haïti. Nous craignons toutefois que des
températures relativement élevées ne favorisent le
développement d'autres phénomènes plus néfastes.
b) Hormis les stations BCP1 et BCP2
(journée 2) dont les valeurs trop élevées
échappaient à la lecture de notre conductimètre, la
conductivité électrique des effluents d'eau de
la ravine Bois de Chêne pour la saison sèche varie de 1.16
à 14,25 mS/cm. Ces valeurs, d'après Mompoint et Théleys
(2004) indiquent une minéralisation importante et confirment la
présence de cations et d'anions comme les nitrates et les phosphates.
Par exemple les CE des stations BCP2 et BCP3 du tableau 4.1,
respectivement 1.60 mS/cm et 1.56 mS/cm, relativement proches, accusent les
mêmes teneurs en nitrates (1.76 mg/L) et à peu près des
valeurs égales en azote ammoniacal (3.07 mg/L et 2.39 mg/L) et en
phosphates (23.70 mg/L et 21.30 mg/L). La concentration en nitrates de la
BCP3 pourrait s'expliquer par une oxydation plus importante,
exprimée par sa DCO (618 mg/L).
c) La DCO correspond à une estimation
de la matière oxydable présente dans l'eau, que la matière
soit d'origines minérale ou organique. Elle varie à travers les
stations et les journées de prélèvement de 154 à
630 mg/L. Ces valeurs sont faibles en comparaison à d'autres (de l'ordre
de 1000 mg/L) enregistrées sur à peu près le même
site dans le cadre d'une précédente étude (Mompoint et
Théleys, 2004). Ce qui traduirait une baisse d'environ 40% de la
quantité de matière oxydable, et en même temps, un regain
théorique proportionnel d'oxygène dissous (OD) dans les effluents
d'eau de la ravine Bois de Chêne.
d) Le pH est généralement
alcalin. La moyenne pour toute la saison (7.81), proche de la
neutralité, ne génère a priori aucun danger pour les
écosystèmes de la baie de Port-au-Prince. Cependant, nous notons
curieusement que les deux valeurs extrêmes (minimum et maximum) sont
obtenues sur la même station BCP6 : 1.56 lors de la
première journée, 8.50, la deuxième. Si cette
dernière valeur se retrouve encore dans les limites admissibles (MATE,
1998), la première, incroyablement faible, accuse un cas de pollution
chimique, sans doute accidentel. Un effluent ayant un tel niveau
d'acidité est dangereux et se révélerait très
toxique pour de nombreux organismes vivants, s'il arrivait au niveau de la
baie. Dès lors, nous pouvons questionner entre autres l'application du
Décret du 8 avril 1977, quant à tout contrôle jugé
nécessaire pour ``prévenir la pollution, la contamination et les
autres risques pouvant mettre en danger l'équilibre biologique du milieu
marin'' (COHPEDA, 1995).
4.2.3.2 Nitrates
Quant aux nitrates, ils varient de 0.88 à 22.08 mg/L
qui correspondent respectivement à une situation normale ( 5 mg/L) et
une pollution modérée (5 à 25 mg/L) (fig. 4.1). Les
coefficients de variation (CV), respectivement de 120.80% et 98.16% pour les
journées 1 et 2, confirment l'unicité de chacun des
échantillons prélevés. S'il n'en tenait qu'aux nitrates,
le danger de dystrophisation serait écarté pour la saison
sèche, à l'exception des stations BCP1, BCP5 et
BCP6 qui accusent des cas de pollution modérée (Agence de
l'eau Méditerranée Rhône Corse, 1995). Par ailleurs, les
concentrations dosées sur la station BCP6 pour les
journées 1 et 2 sous-entendent une certaine corrélation
négative spécifique entre les nitrates et le pH : la plus
faible valeur de pH (1.56) correspond à la plus forte concentration en
nitrates (22.88 mg/L) pour la première journée ; de
même, pour la seconde journée, le pH le plus élevé
(8.5) rencontre la teneur la plus faible en nitrate (0.23 mg/L). Cette tendance
ne peut cependant pas s'étendre à toutes les stations.
0.00
10.00
20.00
30.00
40.00
50.00
60.00
70.00
80.00
90.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Jour 1
Jour 2
Jour fictif
Situation normale
Pollution modérée
Pollution nette
Pollution importante
Figure 4.1 : Niveaux de pollution par les nitrates en
saison sèche
4.2.3.3 Azote ammoniacal
L'azote ammoniacal semble générer un danger
allant de la pollution nette (0.5 à 2 mg/L) à la pollution
importante (2 à 8 mg/L). Sauf au niveau de la fameuse station
BCP6 qu'on enregistre un cas de pollution modérée,
accusée par la valeur minimale de 0.23 mg/L (fig. 4.2). En outre, la
charge moyenne d'ammoniac déversée dans la baie est autour des
2.21 mg/L, valeur correspondant, dans les essais écotoxicologiques,
à une concentration létale (Cl50 96h) pour
des familles résistantes de poisson, telles les Cyprinidés
(Garric, 1987).
0.00
1.00
2.00
3.00
4.00
5.00
6.00
7.00
8.00
9.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Jour 1
Jour 2
Jour fictif
Situation normale
Pollution modérée
Pollution nette
Pollution importante
Figure 4.2 : Niveaux de pollution par l'azote
ammoniacal en saison sèche
4.2.3.4 Phosphates
Le cas de pollution le plus préoccupant reste toutefois
celui généré par les phosphates. Même en
considérant la concentration minimale mesurée jusqu'à date
(14.4 mg/L) sur la station BCP7, lors de la première
journée, elle est plus de 7 fois supérieure à la limite (2
mg/L) prévue par la directive de l'Union européenne, relative aux
zones dites sensibles (Commission européenne, 1998), telle que la baie
de Port-au-Prince. La concentration maximale de phosphate fait plus de 30 fois
la norme (fig. 4.3). Mais on se fait une meilleure idée en traduisant
que la charge moyenne de phosphates en saison sèche (31.67 mg/L) qui est
déversée au niveau de la Baie de Port-au-Prince fait plus de 15
fois la limite soutenable par ses écosystèmes aquatiques, et pour
un CV de moins de 50%. Encore, faut-il questionner l'interdiction, sauf
autorisation, faite par l'article 140 du Code Rural de François Duvalier
(1962), relatif aux eaux de surface, quant à l'évacuation des
eaux de déchets des installations industrielles et des maisons de
résidence, dans les canaux de drainage (COHPEDA, 1995).
0
10
20
30
40
50
60
70
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Seuil de pollution
Jour 1
Jour 2
Jour fictif
Figure 4.3 : Niveaux de
pollution par les phosphates en saison sèche
4.2.4 Discussions sur les
résultats de la saison pluvieuse
4.2.4.1 Paramètres globaux
a) La température reste relativement constante au cours
de cette saison, variant de 27.10 oC à 32.10 oC,
avec un CV de 5.19%. A priori la moyenne saisonnière enregistrée
(28.96 oC) ne revêt aucun danger significatif. Les valeurs
mesurées sur les stations BCP6 et BCP7, lors de la
première journée (32.00 oC et 32.10 oC), et
sur la BCP7 au cours de la deuxième journée (30.10
oC) dépassent la limite maximale autorisée par le MATE
(1998) (30.00 oC). Ces échantillons ont été
prélevés respectivement à 12h30 am, 12h41 am, et à
10h16 am. Ceci laisse supposer des températures plus
élevées pour les effluents prélevés un peu plus
tard dans la journée ou dans l'après-midi. Et peut-être
qu'à un certain moment de la durée les effluents au niveau de
toutes les stations dépasseront le seuil, sans qu'il n'y ait
nécessairement un danger direct sur les écosystèmes
tropicaux d'Haïti.
b) La CE varie de 1.00 à 2.36 mS/cm. Le CV (15.14%)
laisse entrevoir une minéralisation relativement constante sur tout le
site, durant la saison pluvieuse ; la moyenne saisonnière est de
1.67 mS/cm (Mompoint et Théleys, 2004).
c) Le pH moyen de la saison est de 7.86. Variant de 7.60
à 8.11, le pH est alcalin sur toutes les stations et pour toutes les
journées de prélèvement. Il ne constitue pas un danger
direct pour les communautés aquatiques dans la mesure où il reste
dans les limites admissibles par la législation européenne (MATE,
1998). Par contre, le niveau de pH supérieur à 7 favorise la
prédominance de la forme gazeuse de l'azote ammoniacal, laquelle est
très toxique en particulier pour les poissons (Miquel, 2003).
d) La DCO varie de 130 à 540 mg/L, tandis que la limite
maximale prévue est de 300 mg/L (MATE, 1998). Les échantillons de
la quatrième journée, à l'exception de celui de la station
BCP5 (284 mg/L), ont tendance à dépasser le seuil. En
revanche, ceux de la cinquième journée s'en retrouvent tous en
dessous. Cela pourrait être dû aux travaux de curage du lit de la
ravine dont nous avons parlé plus haut. Déjà les
retombées positives peuvent se traduire par une diminution significative
de la quantité de matière organique et inorganique oxydable. Ce
qui implique donc une plus grande concentration d'OD dans les effluents et une
diminution des risques d'anoxie, particulièrement au
bénéfice des organismes aquatiques supérieurs.
4.2.3.2 Nitrates
Les nitrates pour cette
saison génèrent une situation allant de la normale à une
pollution modérée, de limites respectives : 5 mg/L et 25
mg/L (Agence de l'eau Méditerranée Rhône Corse, 1995). Il
est toutefois intéressant de souligner la particularité de la
station BCP2, dans la mesure où elle est la seule à se
rapprocher du seuil de normalité pour la 4e journée,
et aussi à dépasser ce seuil durant la 5e. Une fois
de plus, les effets du curage se manifestent par cette diminution non
négligeable de la concentration en nitrate enregistrée pour la
même saison, entre 2 journées consécutives (fig. 4.4). La
charge en nitrate varie de 0.88 mg/L (1ère station,
5e journée) à 10.12 mg/L (6e station,
4e journée). La teneur moyenne est de 4.68 mg/L.
0.00
10.00
20.00
30.00
40.00
50.00
60.00
70.00
80.00
90.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Jour 4
Jour 5
Jour fictif 2
Situation normale
Pollution modérée
Pollution nette
Pollution importante
Figure 4.4 : Niveaux de
pollution par les nitrates en saison de pluies
4.2.3.3 Azote ammoniacal
Les concentrations de l'azote ammoniacal varient de 2 à
16.06 mg/L. Elles oscilleraient pour la 4e journée entre
les niveaux de pollution nette (0.5 à 2 mg/L) et de pollution importante
(2 à 8 mg/L), d'après les études de l'Agence de l'eau
Méditerranée Rhône Corse (1995). Mais le danger est surtout
accentué au cours de la 5e journée de
prélèvement. En effet, à part les stations BCP5
et BCP7, les concentrations dépassent même la limite
de pollution classée importante (fig. 4.5). La concentration moyenne de
la journée 4 est de 3.32 mg/L, tandis que pour la journée 5 elle
est de 9.91 mg/L. Cet accroissement non négligeable serait dû
à un début de minéralisation poussée de l'azote
organique. En outre, cette teneur relativement élevée en azote
ammoniacal par comparaison aux nitrates, traduirait une oxydation lente par les
bactéries nitrifiantes. La lenteur de l'oxydation de l'ammonium
consommant l'oxygène des effluents d'eau, peut conduire à des
conditions d'anoxie au niveau de la zone estuarienne (Miquel, 2003).
0.00
2.00
4.00
6.00
8.00
10.00
12.00
14.00
16.00
18.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Jour 4
Jour 5
Jour fictif 2
Situation normale
Pollution modérée
Pollution nette
Pollution importante
Figure 4.5 : Niveaux
de pollution par l'azote ammoniacal en saison de pluies
4.2.3.4 Phosphates
La teneur en phosphates varie de 2.40 à 19.20 mg/L. Les
concentrations les plus faibles de la saison, sont enregistrées au cours
de la journée 5. Ce qui, encore une fois, fait penser aux effets, ne
serait-ce que dissuasifs sur les riverains, des travaux de curage. Toutefois,
le danger reste effectif pour une charge moyenne saisonnière de 8.57
mg/L faisant plus 4 fois la limite maximale admissible (2 mg/L) (Commission
européenne, 1998). Déjà en considérant sa teneur
par rapport à celle des nitrates, nous pouvons convenir que le phosphore
ne peut constituer l'élément limitant à l'eutrophisation
anthropique de la baie de Port-au-Prince (Capblancq et Dauta, 1990 ;
Heathwaite, 1993). Et il en est ainsi pour la saison sèche et même
plus manifestement encore que pour celle des pluies.
0.00
5.00
10.00
15.00
20.00
25.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Jour 4
Jour 5
Jour fictif 2
Valeur seuil
Figure 4.6 : Niveaux de
pollution par les phosphates en saison de pluies
4.2.4 Discussions comparatives entre les
deux saisons
Pour certains paramètres tels que la
température, le pH et le nitrate, les deux saisons ne semblent pas
présenter de différences significatives. Cela s'entend, dans le
cas de la température, par le fait que les prélèvements
s'effectuent généralement à la même période
de la journée ; l'amplitude thermique annuelle de la région
métropolitaine étant de 15 oC (Lhérisson,
1999). De plus, nos deux campagnes de prélèvement se retrouvent
très proches, sur deux saisons successives. Il est tout aussi normal
pour le pH, connaissant le pouvoir tampon de l'eau, à moins d'un rejet
accidentel comme ce fut le cas sur la station BCP6, lors de la
première journée de la saison sèche. Les concentrations
moyennes en nitrates se rapprochent, bien que les conditions paraissent
différentes, en considérant les autres paramètres.
En effet, les valeurs de la DCO traduisent une oxydation
proportionnellement plus importante de l'azote ammoniacal en nitrates pour la
saison sèche, même quand la pluvieuse paraît annoncer une
plus grande minéralisation de l'azote, conformément à
d'autres études (Féray, 2000). La CE de la saison sèche
semble être influencée par la forte teneur en ions phosphates qui
connaissent une certaine dilution pendant la saison pluvieuse. Les
résultats estimatifs moyens pour les deux saisons pluviométriques
sont présentés dans le tableau 4.7.
Tableau 4.7 :
Résumé des résultats approximatifs des saisons
sèche et pluvieuse
Saisons
|
T o C
|
CE (mS/cm)
|
pH
|
DCO (mg/L)
|
N03- (mg/L)
|
NH3 (mg/L)
|
PO43- (mg/L)
|
Saison sèche
|
28.76
|
2.98
|
7.81
|
380.43
|
5.02
|
2.16
|
32.44
|
Saison pluvieuse
|
28.96
|
1.67
|
7.86
|
275.43
|
4.68
|
6.62
|
8.57
|
Amplitude
|
0.20
|
1.31
|
0.05
|
105.00
|
0.34
|
4.46
|
23.87
|
4.2.5 Evaluation sommaire de
l'eutrophisation anthropique
Jusqu'ici nous basant sur les normes de la Commission
européenne (1998) et celles de l'Agence de l'eau Rhône
Méditerranée Corse (1995), nous aurions tendance à
conclure par l'absolu et de manière trop hâtive que le danger de
dystrophisation lié aux nitrates est écarté, mais qu'il
reste effectif conséquemment aux phosphates et à l'azote
ammoniacal. Pourtant, les teneurs en nitrates qui permettent d'éviter
l' « eutrophisation » sont beaucoup plus basses ;
le phénomène pouvant en effet se déclencher dès 1
mg/L (Miquel, 2003). De même, une charge de 0.5 mg/L de phosphates
constitue déjà un indice de pollution dans les milieux aquatiques
(Rodier, 1996). Néanmoins, ce seuil peut encore être ravalé
à un niveau inférieur en considérant le rapport de
Redfield ou principe du facteur limitant.
4.2.5.1 Principe du facteur limitant
Le rapport entre les nitrates et les phosphates qui conduit au
développement optimal des algues est appelé rapport de Redfield.
Il est de l'ordre de 7 en poids de N/P, tel que mesuré dans les
végétaux aquatiques. Si le rapport de N/P dans la colonne d'eau
est supérieur à 7, ceci signifie que le phosphore est le facteur
limitant. C'est donc lui qui va arrêter la croissance des algues, quand
il aura été consommé. C'est l'inverse qui est vrai quand
le rapport de Redfield est inférieur à 7. Ce sont les nitrates
qui vont être le facteur limitant de la croissance des algues (Miquel,
2003).
Les résultats de notre travail confirment que dans les
zones estuariennes l'azote est l'élément limitant de
l'eutrophisation (Capblacq et Dauta, 1990; Heathwaite, 1993), jusqu'à la
mer. Alors que le phosphore n'est le facteur limitant que dans les parties
amont des bassins. Cela s'entend par le fait que le phosphore est
estimé à 90% d'origine urbaine, et 10% seulement d'origine
agricole, tandis que certains travaux estiment que 70 % des nitrates sont
d'origine agricole, et 30 % d'origine urbaine (Miquel, 2003). Dès lors,
il convient de souligner quelques spécificités de la
région métropolitaine de Port-au-Prince.
4.2.5.2 Principales sources de la pollution par l'azote et
le phosphore, d'après enquête
Généralement, les pollutions par l'azote et le
phosphore ont un caractère à la fois ponctuel et diffus
(Féray, 2000 ; Lemercier, 2003). Cependant, les eaux usées
noires constituent les principales sources de composés azotés et
phosphorés dans les eaux usées urbaines (Eriksson et
al., 2002 ; Gray et Becker, 2002 ; Scott et al. 2003). Le
phosphore des détergents des lessives en particulier, utilisé
essentiellement afin de contrer les effets du calcaire de l'eau, est
évalué à 30% au moins de l'apport domestique (Lemercier,
2003).
Mais à côté des rejets domestiques,
certains processus et pratiques visibles sur le site de d'étude
(lessives, nettoyages, décharge, décomposition de matières
organiques), d'autres activités ont été recensées.
Notre enquête exploratoire confirme la présence de pratiques
agricoles, notamment l'élevage libre au niveau de la plupart des ravines
affluentes de la ravine Bois de Chêne. Une autre étude devra
approfondir et comparer l'importance de l'apport agricole,
particulièrement celui des nitrates lessivés par la pluie (saison
pluvieuse) et des déjections animales par rapport à ceux des
centres de services urbains (usines, marchés, hôpitaux,
écoles, centres sportifs...). La pollution par ces derniers doit
être considérable en raison de leurs étendues, leur
proximité relative au site et leur caractère hybride
(Deloffre-Bonnamour, 1995 ; Emmanuel, 2004).
4.2.5.3 Evaluation du danger par rapport aux nitrates et aux
phosphates
Les figures 4.7 et 4.8 illustrent pour les saisons
sèche et pluvieuse, les niveaux de pollution par les nitrates et
phosphates, les principaux paramètres dont procède
l'eutrophisation anthropique.
L'évaluation est faite à partir des normes
rapportées par Miquel (2003) et Rodier (1996).
0.00
2.00
4.00
6.00
8.00
10.00
12.00
14.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Saison sèche
Saison pluvieuse
Valeur seuil
Figure 4.7 :
Evolution de la pollution par les nitrates
0.00
10.00
20.00
30.00
40.00
50.00
60.00
70.00
BCP1
BCP2
BCP3
BCP4
BCP5
BCP6
BCP7
Station
Concentration (mg/L)
Saison sèche
Saison pluvieuse
Valeur seuil
Figure 4.8 :
Evolution de la pollution par les phosphates
Les résultats estimatifs des nitrates pour la saison
pluvieuse varient relativement peu, faisant 3 à 6 fois la valeur limite
selon Miquel (2003). Tandis que les valeurs extrêmes (supérieure
et inférieure) sont enregistrées au cours de la saison
sèche, respectivement sur la première et la dernière
station, allant de 1 à plus de 12 fois la concentration seuil.
La différence entre les niveaux de concentration en
phosphates pour les saisons pluvieuse et sèche est frappante. Elle
traduit une dilution avancée des charges phosphatées, passant de
29 à 124 fois, puis descendant au niveau de 7 à 28 fois la norme
selon Rodier (1996).
4.2.5.4 Conclusion
Si la charge phosphatée tend à s'amenuiser par
dilution pendant la période pluvieuse, tel n'est pas le cas pour celle
de l'azote. Au contraire, on enregistre pour cette saison une
dégradation plus importante de l'azote organique, probablement
provoquée par la légère hausse de température. La
nitrification de l'azote ammoniacal peut générer des conditions
d'anoxie dans le milieu. De plus, le nitrate considéré comme
élément limitant de ce processus perturbateur, fait
jusqu'à 12 fois sa valeur limite. Ces résultats démontrent
que le danger relatif à la dystrophisation de la baie de Port-au-Prince
n'est pas négligeable.
Il est surtout intéressant de faire souligner que
paradoxalement le danger augmente pour la saison pluvieuse, en dépit de
la dilution manifeste dans le cas des phosphates. Cette aggravation doit
être reliée au facteur limitant que constituent les nitrates. Ces
derniers sont potentiellement plus importants dans la mesure où l'azote
ammoniacal (plus important pour la saison pluvieuse) est appelé à
la nitrification.
V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
5.1 CONCLUSION
GENERALE
Le présent travail s'inscrit dans le cadre d'une
réflexion sur « la caractérisation
physico-chimique, biologique et écotoxicologique des effluents liquides
rejetés dans la baie de Port-au-Prince » que
réalisent conjointement le LAEPSI (INSA de Lyon), le LAQUE (UniQ), le
L.S.E. (ENTPE), le Laboratoire d'Ecotoxicologie de l'Ecole Nationale
Vétérinaire de Lyon et maintenant, le Laboratoire de chimie de la
FAMV. Il répond à la nécessité mise en
évidence par l'étude précédente sur les
« métaux lourds »,
d'évaluer la pollution générée par l'excès
de nutriments (notamment les nitrates et les phosphates) déversés
dans le milieu récepteur.
La revue de littérature clarifie la
problématique des eaux usées urbaines et du réseau de
drainage de Port-au-Prince, liée aux déséquilibres des
cycles biogéochimiques et aux perturbations des
écosystèmes aquatiques de la baie. Elle présente
également certaines lois, directives et normes relatives à
l'environnement qui devraient être d'application restrictive, sinon
servir de cadre de références dans la perspective d'une meilleure
gestion des ressources naturelles.
Deux campagnes ont été réalisées
sur 2 saisons pluviométriques différentes. Les paramètres
de l'étude ont été caractérisés suivant 2
scénarii distincts. Le premier scénario dresse une analyse
générale de la situation, prenant en compte des seuils
relativement plus ouverts, en particulier ceux proposés par la
Commission européenne (1998) et l'Agence de l'eau Rhône
Corse (1995). Alors, le danger semble être écarté par
rapport aux nitrates dont les concentrations moyennes estimées pour les
saisons sèche et pluvieuse (respectivement 5.02 et 4.68 mg/L) se
rapprochent du seuil de situation normale (5 mg/L). Ensuite, il a
été démontré, en fonction du pH, que l'ammoniac
constituant la forme la plus toxique de l'azote ammoniacal, prédomine
dans les échantillons. Or, les concentrations en azote ammoniacal ont
souvent tendance à franchir les limites de la pollution importante (8
mg/L). Quant aux phosphates, ses concentrations moyennes en saisons
sèche (32.44 mg/L) et pluvieuse (8.57 mg/L) font respectivement plus de
16 et 4 fois le seuil retenu (2 mg/L). Les coefficients de variation (CV)
relativement élevés des paramètres (de 2.09 à
120.80%) témoignent des perturbations plus ou moins grandes des
différents compartiments de la baie de Port-au-Prince.
Le second scénario est spécifique à
l'évaluation de l'eutrophisation anthropique de la baie. Les normes
retenues pour les deux principaux paramètres (le nitrate et le
phosphate) responsables de ce processus sont tout aussi spécifiques. Les
nitrates devraient constituer, à ce niveau (aval) du bassin versant, le
facteur limitant la prolifération des algues et macrophytes aquatiques,
alors qu'ils font moyennement pour les deux saisons entre 4 et 5 fois la
concentration seuil (1 mg/L). La dilution des phosphates au cours de la saison
pluvieuse se traduit par une amplitude (saison sèche - saison pluvieuse)
relativement élevée (23.87 mg/L).
A côté d'autres processus perturbateurs
(raréfaction de l'OD par la DCO, conditions d'anoxie par la
nitrification lente...) qui peuvent se manifester au niveau de la baie de
Port-au-Prince, l'eutrophisation anthropique a clairement été
mise en évidence, avec une accentuation pour la saison pluvieuse. Les
conséquences se traduisent par des catastrophes écologiques
(perturbations dans les cycles des nutriments, déséquilibre
biologique, disparition à terme de la faune aquatique) et leurs
corollaires socio-économiques (dégradation de la pêcherie,
pauvreté, malnutrition, problèmes de santé...).
Ainsi, nous reformulons l'urgente nécessité
de traiter les eaux usées avant leur déversement dans le milieu
naturel, conformément aux lois cadre et normes établies aux
niveaux national et international. Un observatoire en hydrologie urbaine serait
également utile à freiner, sinon à ralentir le processus
de dégradation des zones estuariennes et côtières de
Port-au-Prince. Mais certaines étapes restent à franchir.
5.2
PERSPECTIVES
Au delà de sa portée scientifique, sa pertinence
et sa rigueur méthodologique, ce travail ne prétend pas à
l'épuisement de toute la connaissance sur les multiples formes chimiques
azotées et phosphatées. Il ne constitue en effet que la
deuxième contribution, après celle des
« métaux lourds », à la
caractérisation physico-chimique des eaux usées de la
« rivière » Bois de Chêne. La
complexité de la problématique de la dégradation de la
baie de Port-au-Prince, impose pour sa compréhension, la
nécessité de poursuivre la recherche par :
§ La caractérisation des composés du
souffre qui sont très toxiques pour les organismes aquatiques ;
§ L'étude des micropolluants ;
§ L'évaluation des risques
générés par les sédiments ;
§ L'écotoxicologie de la baie de Port-au-Prince,
approche pluridisciplinaire qui devra considérer tous ces
paramètres préalablement étudiés, des essais sur
des outils biologiques (bactéries, crustacés, poissons...), des
paramètres économiques et sociologiques : les
activités agricoles (calendrier et pratiques culturaux), commerciales et
industrielles (composition des inputs et outputs), enquêtes sur les
ménages (comportement, produits consommés...).
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* L'échantillonnage composite
repose sur le principe de l'hétérogénéité
spatiale au niveau des échantillons amenant, en fonction de la
durée et l'intensité d'échantillonnage, à
l'homogénéité spatiale au niveau de la population (Copin,
2005).
* pH corrigé, d'après
l'équation de Rodier (1996).
* 1 ND : non
déterminé
* 2 Les valeurs de la station
BCP6 pour la première journée, tombant hors de
l'intervalle de confiance ne sont pas considérées.
* pH corrigé, d'après
l'équation de Rodier (1996).
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