Analyse pragmatique du témoignage des anciens malades alcooliques sur les forums Internet : Influence et représentations( Télécharger le fichier original )par Michel Naudet Université Paris 8 - Maîtrise de psychologie clinique 2004 |
Anxiété et dépendance alcooliqueComme la dépression, l'anxiété est fortement
corrélée à la dépendance alcoolique. 99% des
alcoolodépendants rapportent la survenue de troubles anxieux
transitoires ou plus prolongés14(*) (25% des sujets souffrant d'une névrose
d'angoisse sont alcooliques. La rencontre simultanée de dépendance et d'anxiété survient dans les situations suivantes : - L'intoxication et le sevrage alcoolique provoquent très
fréquemment des tableaux anxieux qui disparaissent en cas de retour
à l'abstinence prolongée - Un syndrome anxieux et une dépendance à l'alcool
surviennent simultanément ou successivement sans que l'on puisse
établir une relation entre les 2 pathologies. - Un état anxieux peut amener l'individu à consommer régulièrement de l'alcool pour échapper à ces sensations pénibles grâce à aux propriétés anxiolytiques, désinhibitrices et psychostimulantes du produit. On parle d'alcoolodépendance secondaire et de comportement d'automédication. Les études épidémiologiques déjà menées ont donné des résultats incertains, en parti dus à la complexité méthodologique (les deux types d'anxiété, primaire et secondaire peuvent cohabiter. On peut néanmoins avancer avec prudence que : - L'anxiété aiguë (jusqu'au trouble panique) semble dans la plupart des cas secondaire à l'intoxication alcoolique elle-même et notamment à la répétition des sevrages. - Le comportement d'automédication consistant pour l'individu à ingérer de l'alcool pour calmer une anxiété primaire (notamment agoraphobie et phobie sociale) a été établi. Mais l'effet anxiogène à terme de l'alcool aboutit rapidement à un cercle vicieux, à savoir l'aggravation et la pérennisation des troubles anxieux qui entraîneront à leur tour une augmentation de la consommation. Comme pour la dépression, les sujets auront tendance à considérer l'état anxieux primaire comme le responsable de leur alcoolisation, mais sans vraiment s'interroger en profondeur sur la chronologie réelle des troubles. Alcoolisme et troubles de la personnalitéLes études épidémiologiques montrent une prévalence de troubles de la personnalité en cas de dépendance à l'alcool qui oscille entre 30 et 80%, chiffre beaucoup plus élevé que dans la population générale. Ces études ont infirmé les concepts de personnalité addictive et celui de personnalité pré-alcoolique des psychanalystes. Il n'existe pas un type particulier propre aux alcoolo-dépendants, par contre on peut retrouver dans cette population tous les types de troubles de la personnalité. La prévalence des troubles de la personnalité est souvent surévaluée du fait de la présence surajoutée de troubles provoqués par l'alcool. La personnalité antisociale La personnalité antisociale est un trouble de la personnalité rare dans la population générale mais fortement représentée chez les alcoolodépendants. La prévalence à vie de la personnalité antisociale chez les alcoolodépendants est d'environ 15% chez les hommes et de 5% chez les femmes; elle est 10 fois supérieure à celle de la population générale. Schuckit recommande une définition restrictive de ce trouble qu'il applique à des individus présentant des problèmes antisociaux, débutant avant l'âge de 15 ans, qui consistent en un mépris et une transgression des droits d'autrui, dans tous les 4 domaines de vie suivants: la famille, l'école,la justice et les camarades. Ces problèmes doivent être apparus avant l'installation d'une dépendance à l'alcool ou aux drogues. Ces personnes ont un risque plus élevé de poly-toxicomanie et présentent en général un grave parcours de délinquance et de violence. * 14 Miller NS, Addiction psychiatry, Current diagnosis and treatment, 1995. John Wiley, NY |
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