CENTRE AFRICAIN D'ETUDES SUPERIEURES EN
GESTION
---------------------
Institut Banque et Finance
Année universitaire 2004 - 2005
Mémoire en vue de l'obtention du Mastère
en Banque et Finance
MBA en BANQUE & FINANCE
Option : Finance d'entreprise et
Marchés financiers
Thème :
Gestion de portefeuille de crédits par la
méthode RAROC : Présentation théorique et perspective
de développement cas d'ECOBANK
Directeur de mémoire :
Professeur Boubacar BAIDARI
CHEF DE PROJET
MASTERE EN BANQUE ET FINANCE
CESAG/Dakar
Rédigé
par :
Monsieur. Ibrahima SAGARA
Ibrahima.sagara@gmail.com
Quatrième Promotion
Mai 2006
SOMMAIRE
RESUME
IV
ABSTRACT
IV
REMERCIEMENTS
V
LISTE DES ABRÉVIATIONS OU SIGLES
VI
AVANT PROPOS
VII
INTRODUCTION GENERALE
9
I. CONTEXTE DE L'ÉTUDE
9
II. PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIFS
12
A. Problématique
12
B. Objectifs
13
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE
LA MODELISATION DU RISQUE DE CREDIT ET DE LA GESTION DE PORTEFEUILLE DE CREDITS
15
CHAPITRE 1 : LA MODÉLISATION DU RISQUE
DE CRÉDIT
15
Section 1 : L'analyse du risque dans la
relation banque - entreprise
15
1.1 Approche qualitative
15
1.2 Approche quantitative
16
1.3 Aperçu des différentes
théories de risque de crédit
18
1.3.1 L'approche structurelle
18
1.3.2 La mesure du risque par les
spreads
21
1.3.3 L'approche macro-économique des
probabilités de défaut
23
1.3.4 La démarche actuarielle ou
approche par les rating
24
Section 2 : La gestion du risque de
crédit et la prévision de défaut de la contrepartie
28
2.1 Les corrélations de
défaut
28
2.2 La mesure de la perte d'un portefeuille
de crédit
30
2.3 La diversification comme outil de
gestion de risque de crédit
31
CHAPITRE 2 : LA GESTION DE PORTEFEUILLE DE
CRÉDITS
33
Section 1 : Un bref aperçu des
modèles de gestion de portefeuille
33
1.1 Généralités sur la
gestion de portefeuille
33
1.2 Principaux modèles de gestion de
portefeuille de crédits
35
Section 2 : La méthodologie du Risk
adjusted Performance Measure (RAPM)
37
2.1 Principe de base et limites
37
2.1.1 Principes de base
37
2.1.2 Limites
37
2.2 Cas particulier des modèles
quantitatifs de type RAROC
38
2.2.1. Historique
38
2.2.2 Principe de base
39
2.2.2.1 Fonds propres
économiques
39
2.2.2.2 Perte prévisionnelle
40
2.2.2.3 Perte imprévisible
41
2.2.3. Une norme RAROC minimale
41
2.2.4. Evolution et usage actuelle de la
méthode RAROC
42
CONCLUSION PARTIELLE PREMIERE PARTIE
44
PARTIE II : GESTION DU RISQUE DE
CREDIT A ECOBANK CI ET PROPOSITION D'UN MODELE DE GESTION DE PORTEFEUILLE
45
CHAPITRE 1 : GESTION ET MODÉLISATION DU
RISQUE DE CRÉDIT À ECOBANK CI
45
Section 1 : Gestion des risques de
crédit
45
1.1 Présentation de ECI et produits
bancaires offerts à la clientèle entreprise
45
1.1.1 Présentation ECI
45
1.1.2 Produits bancaires offerts à la
clientèle
46
1.2 Gestion des risques de crédit
48
1.2.1 La gestion ex-ante
(préventive)
48
1.2.2 Le traitement des risques
50
1.2.3 La gestion ex-post
51
Section 2 : Modélisation du risque
de crédit
53
2.1 Rating ou notation du crédit
à ECOBANK
53
2.2 Volatilité des pertes
55
CHAPITRE 2 : GESTION DE PORTEFEUILLE DE
CRÉDITS : MODÈLE DE SIMULATION
56
Section 1 : Présentation du
modèle
56
1.1 Définition des concepts de base
pour la quantification du risque de crédit
56
1.2 Données du modèle
57
Section 2 : Simulation &
Résultats
59
CONCLUSION PARTIELLE DEUXIEME PARTIE
61
CONCLUSION GENERALE
62
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
64
RESUME
La gestion et le contrôle des risques contribuent
à améliorer la solidité financière des
établissements de crédits. Les risques sont
généralement définis comme des pertes associées
à des évolutions défavorables de l'environnement
économique dans lequel les établissements financiers exercent
leur activité.
De nombreux outils et techniques ont été
développés aujourd'hui afin de mieux mesurer et contrôler
les risques, entre autres méthodes : le RAROC (Risk Adjusted
Return On Capital). La présente étude traite de la gestion de
portefeuille de crédits par cette méthode. Elle en fait une
présentation théorique et les perspectives de
développement dans les banques africaines, notamment dans un
établissement comme ECOBANK.
Mots clés : risque de
crédit, portefeuille, RAROC
ABSTRACT
The management and control of risks contribute to
strengthening the financial solidity of financial institutions. All the risks
are defined as losses associated with unfavourable economic environment
evolutions in which financial institutions do their job.
Many tools and techniques are developed today in order to
better measure and control the risks, between such method the RAROC (Risk
Adjusted Return On Capital). This study deals with credit portfolio management
with this method. It presents the theory and the future development, especially
in a financial institution such as ECOBANK.
Mots clés : credit risk, portfolio,
RAROC
REMERCIEMENTS
Nous voudrions d'abord exprimer notre gratitude à
l'endroit des concepteurs du Projet MBA en Banque et Finance du CESAG qui nous
ont permis de suivre cette formation de qualité qui nous ouvre les
portes aux métiers de la banque et de la finance.
Notre reconnaissance particulière à l'African
Capacity Bulding Fondation (ACBF) pour nous avoir octroyé une bourse
d'études.
Nos remerciements à M. Roger ATINDEHOU, Chef du Projet
Mastère en Banque et Finance (MBF 2004-2005), ainsi qu'à tous les
Intervenants du Programme pour leur dévouement. Ainsi qu'à tout
le personnel du CESAG.
A l'ensemble de la 4ème Promotion du MBA,
nous tenons à dire Merci pour l'extraordinaire ambiance fraternelle qui
a prévalu tout au long du programme.
Clin d'oeil spécial à nos compagnons de tous les
jours, NDRY Koffi Narcisse, MESSOU Edja Magloire, DAKOU Amedjrovi et ANGBONON
Jean-Baptiste, dont les remarques et suggestions nous ont permis de mener
à bien notre formation et la rédaction de notre
mémoire.
Ensuite, nous aimerions traduire toute notre reconnaissance
à nos encadreurs lors de stage, MM.Philipe ATTOBRA, Directeur
Département Institutional Banking Group (IBG) et Mamadou BASS Senior
Analyst au Département de la Gestion des risques à ECOBANK
Côte d'Ivoire, pour leur disponibilité et leurs conseils.
Grand Merci à MM. Félix BRIGHT et Gilbert PLEGON
pour leurs conseils et leur disponibilité, ainsi qu'à l'ensemble
du Personnel de ECOBANK Côte d'Ivoire, notamment le département
IBG pour son accueil.
Infinie gratitude à MM. Dramane ZIAO et Nouho
OUATTARA, nos tuteurs pour leur accueil chaleureux à Dakar.
LISTE DES ABRÉVIATIONS OU
SIGLES
ACBFAfrican Capacity Bulding FoundationBCCBasic credit
committeeBCEAOBanque Centrale des Etats de l'Afrique de l'OuestBRIBanque des
Règlements InternationauxBRVMBourse Régionale des Valeurs
MobilièresCADCredit AdministrationCAPMCapital Asset Pricing
ModelCBGConsumer Banking GroupCESAGCentre Africain d'Etudes Supérieures
en GestionCSFBCredit Suisse First BostonEADExposure At DefaultECIECOBANK COTE
D'IVOIREEDFExpected Default FrequencyELExpected LossPEFonds Propre
EconomiqueFRRFacility Risk RatingIBGInstitutional Banking GroupLGDLoss Given
DefaultMBFMastère en Banque et FinanceMEDAFModèle d'Evaluation
d'Actifs FinanciersORRObligor Risk RatingRAPMRisk Adjusted Performance
MeasureRAROCRisk Adjusted Return On CapitalUMOAUnion Monétaire Ouest
Africain
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AVANT PROPOS1(*)
L'Afrique, à l'instar du reste du monde, est
confrontée à un vaste mouvement de déréglementation
de la sphère financière. La désintermédiation gagne
du terrain, du fait de l'émergence des marchés financiers. Ce
nouvel environnement s'accompagne de la montée en puissance des
risques : risques de contrepartie, de taux (d'intérêt et de
change), de marché, etc. Pour faire face à ces risques, les
banques africaines ont, plus que jamais, besoin de cadres hautement
qualifiés.
C'est pour répondre à ce besoin que le projet
Mastère en Banque & Finance du Centre Africain d'Etudes
Supérieures en Gestion (CESAG) de Dakar a vu le jour en septembre 2001.
Avec le soutien de partenaires académiques et financiers de
renommée internationale (BCEAO, Banque de France, African Capacity
Building Foundation, Union Européenne, New York University, INSEAD,
Université Paris Dauphine, etc.), ce projet a pour objectif de permettre
à des jeunes Africains d'avoir accès à une formation
(bancaire et financière) répondant aux standards internationaux,
et adaptée aux réalités de l'environnement local.
Ayant eu le privilège de faire partie de la
4eme Promotion de ce MBA, le mémoire que nous avons
rédigé s'inscrit dans le processus d'obtention du Diplôme.
En effet, il couronne le stage pratique effectué au Département
Institutional Banking Group (IBG) de ECOBANK Côte d'Ivoire.
Le Programme ayant suscité en nous un
intérêt particulier pour les marchés financiers et la
finance d'entreprise d'une part et compte tenu du contexte qui prévaut
dans la zone UMOA, nous avons choisi de mener une étude sur la gestion
du portefeuille de crédits. Cette activité se trouve au confluent
de l'activité de marché et de la banque.
En effet, dans le nouveau contexte international de
réglementation de la sphère bancaire, plusieurs approches pour
gérer les risques notamment les risques de crédit ont
été développées (à la suite de Bale I et
II). Celles-ci ouvrent la voie à une conception nouvelle du risque de
crédit car l'axiome de non fongibilité des crédits
bancaires se trouve aujourd'hui levée. La nouvelle done est à la
gestion dynamique du risque et des portefeuilles de crédit. Les
crédits bancaires deviennent de nos jours des actifs négociables
(tradable) notamment par le biais de mécanisme comme la titrisation
(Asset Backed Securities).
L'enjeu pour les banques est aujourd'hui d'évaluer non
plus les revenus que génèrent les opérations de
prêts à la clientèle, mais de confronter les revenus aux
risques inhérents aux transactions. Cela facilite la facturation du
client au regard de ces risques. Détenir un engagement jusqu'à
maturité n'est plus à l'ordre du jour. Se fixer des objectifs de
maximisation comme sur les marchés financiers est la nouvelle vision
notamment avec le développement du marché des
dérivés dans les pays développés.
Au niveau risque, la gestion dynamique donne une bonne
lisibilité des risques encourus et évalue les fonds propres
économiques à mobilier. Il s'agit de coût
d'opportunité pour les petites banques si elle mobilise des fonds
propres pour leurs engagements.
Les différentes pratiques évoquées
ci-dessus, même si elles ne sont pas encore développées en
Afrique, sont amenées à l'être notamment avec
l'internationalisation de la sphère bancaire et financière.
Notre souhait est que que ce document contribue à la
réflexion sur le développement harmonieux des
établissements financiers sur le continent, notamment grâce
à une bonne maîtrise des risques de crédit.
Longue et prospère vie au Mastère en Banque et
Finance (MBF).
INTRODUCTION
GENERALE
I. Contexte de l'étude
Le métier traditionnel de la banque est
d'apprécier les risques de manière à financer, notamment
aux moyens des dépôts collectés auprès de la
clientèle, les agents économiques à besoin de financement
dont les entreprises. La distribution de crédit aux entreprises est
essentiellement un exercice d'analyse des risques et de la situation
financière présente et future de l'entreprise. Le risque encouru
par la banque doit être de ce fait inclus dans la tarification.
L'activité d'octroi de crédit met la banque en
risque de contrepartie (ou risque de crédit) car le risque ne peut
être perçu de façon intégrale. Selon Joël
BESIS2(*), le risque de
crédit se définit comme la probabilité de pertes
consécutives au défaut d'un emprunteur face à ses
obligations ou à la détérioration de sa solidité
financière. Pour faire face à cette situation, chaque
établissement de crédit développe sa propre
stratégie de gestion des risques3(*).
De nouvelles techniques de gestion des risques de
crédit ont été initié dans l'industrie bancaire
afin d'éviter les défauts de contrepartie que le secteur a subi
lors de la crise bancaire de la fin des années 1980 et du début
des années 1990.
La crise bancaire ci-dessus mentionnée s'est
étendue aux pays en voie de développement, notamment en Afrique
et particulièrement l'Afrique de l'ouest4(*). La zone UMOA a subi une crise aïgue dans cette
même période. Ce n'est qu'avec la vigoureuse mesure
d'assainissement dénommée « réforme d'octobre
1989 » que le secteur bancaire ouest africain a été
assaini, dans le cadre d'une vaste réforme de la politique
générale de la monnaie et du crédit.
Les lourdes pertes occasionnées à cette
époque, par des mécanismes de contagion, ont même atteint
les institutions financières les mieux nanties en terme de
capitalisation. Cette crise a soulevé la problématique de la
gestion de portefeuille de crédit. Car selon Godlewski (2003), un
excès de risque de crédit et une mauvaise gouvernance
d'entreprise dans la banque sont les principaux facteurs de défaut
interne.
Ainsi, on assiste depuis les années 90 à une
profonde mutation des systèmes de mesure et suivi des risques dans les
banques. La Banque des Règlements Internationaux (BRI) a joué
à cet égard un rôle décisif, avec la publication de
« Capital adequacy guidline », en expliquant que le capital
minimum requis pour les banques n'était pas adéquat pour donner
une mesure exacte du couple rendement/risque d'un portefeuille de
crédit.
La modélisation du risque de crédit a acquis une
légitimité nouvelle et s'inscrit désormais dans un
processus de management des banques.
Le renforcement exceptionnel des ressources allouées au
contrôle du risque de crédit ne s'explique pas uniquement par
l'objectif « d'économie de fonds propres », certes
probablement présent dans l'esprit des dirigeants, mais par l'importance
des enjeux avals.
Le premier de ces enjeux est l'amélioration de la
mesure du risque global de crédit et la mise à disposition d'un
outil de pilotage. Le concept de la «Value at Risk» qui permet de
disposer d'une représentation agrégée et
instantanée des risques du marché, et de confronter en temps
réel le risque ainsi mesuré à une limite globale (perte
acceptable associée à un intervalle de confiance donnée) a
été transposé de l'univers de marché vers celui des
banques.
Des concepts nouveaux comme le Risk Adjusted Performance
Measure5(*) (RAPM) ou Risk
Adjusted Return On Capital (RAROC) ont été
développé dans cette perspective. Le principe
général de ces nouveaux concepts repris sous le
générique de RAPM est simple. Il s'agit de rapporter le rendement
d'un actif (crédit) à sa consommation en capital
économique et essentiellement de comparer le ratio obtenu au coût
correspondant à une perte d'opportunité relative aux fonds
propres mis en oeuvre.
Le second enjeux objectif, résolument
stratégique, est de permettre la mise en place d'une procédure
d'allocation optimale de capital entre les différents crédits
octroyés par la banque (secteurs d'activités, zone
géographique,...), c'est-à-dire reposant sur la maximisation du
rendement espéré corrigé du risque.
Le développement de ces nouvelles techniques et d'un
marché de crédit organisé dans les pays
développés concourent aujourd'hui à l'émergence
d'une gestion active de portefeuille des prêts bancaires. Le désir
de mieux connaître les risques de contrepartie et mieux les gérer
dans un environnement flexible s'est développé et continue
d'évoluer.
Ce qui a mis en évidence au niveau des banques la
nécessité d'intégrer le risque dans l'évaluation de
la performance des crédits octroyés et déterminé
ainsi leur pricing (tarification). Il s'agit alors dès lors de mesurer
la performance d'un crédit en fonction du capital économique
qu'il mobilise.
Selon un article de Thomas Garside et al (1999), l'usage des
techniques d'optimisation de portefeuille de crédit basé sur le
RAROC réduit le capital consommé de ce portefeuille d'environ 25%
à 30%.
C'est dire donc que cette méthode présente un
intérêt certain dans la gestion interne des banques. Elle se
présente comme un système de pilotage crédible des
crédits octroyés et permet d'optimiser l'allocation des fonds
propres. Elle permet également d'avoir une bonne lisibilité sur
les rendements et les risques des crédits octroyés.
Cette nouvelle technique de gestion des risques et de
rentabilité qui prévaut dans les milieux bancaires concurrentiels
(aux USA et maintenant en Europe), semble d'actualité dans
l'environnement bancaire ivoirien, voire celui de l'UMOA6(*).
En effet, en Côte d'Ivoire, 19 banques, 7
établissements financiers et plus d'une trentaine de compagnies
d'assurances y interviennent. Le paysage bancaire est très
concurrentiel. Les banques doivent donc déployer d'importants moyens
humains et financiers pour faire face à la concurrence et conserver tout
au moins leur part de marché en maîtrisant les risques.
Car à défaut de l'utilisation de mesure du type
RAPM, les banques ne savent ni si les risques sont compatibles avec leur niveau
de capital, ni différencier la facturation client en fonction du risque
encouru.
En plus de cela se pose la question du passage du capital
réglementaire au « capital économique ». Le
capital économique correspond à une estimation
« économique » non réglementaire du capital.
Il permet d'absorber les pertes potentielles mesurées de façon
objectives7(*).
Ces deux lacunes impliquent une myopie telle que les
établissements bancaires doivent envisager l'utilisation de mesure de
type RAPM.
Dans un tel contexte, l'utilisation d'un modèle de
gestion active des portefeuilles de crédit pourrait-il permettre
à une institution comme ECOBANK de mieux mesurer les risques sur ses
engagements vis-à-vis de sa clientèle et mieux les
gérer ?
II.
Problématique et objectifs
A. Problématique
La Côte d'Ivoire est une place financière
concurrentielle qui anime toute l'Afrique de l'ouest. Son environnement
bancaire est intégré à celui de la zone franc (UMOA). La
concurrence est rude sur certains segments d'activité telle que le
crédit aux entreprises.
Les entreprises de la zone privilégient le
crédit bancaire dans le financement de leurs activités, compte
tenu du fait que le marché financier régional (Bourse
Régional des Valeurs Mobilières : BRVM) est dans un
état embryonnaire. Le crédit aux entreprises constitue de ce fait
une source de revenus significative pour les banques et établissements
de crédit.
Cette activité pourvoyeuse de ressource est à la
fois source de risque. En effet, faire du crédit génère
des risques de contrepartie que les établissements de crédit
doivent évaluer à leur juste valeur et les gérer sans
qu'elle ne puisse mettre en péril la vie de leur
établissement.
Ainsi, dans quelle mesure l'utilisation d'un modèle de
gestion d'un portefeuille de crédit pourrait permettre à une
institution comme ECOBANK de mieux mesurer les risques sur ses engagements
vis-à-vis de sa clientèle et les gérer au mieux ?
Le choix du groupe ECOBANK est pertinent en ce sens que sa
présence dans douze pays africains, ses interventions dans plusieurs
devises et la synergie existante entre ses différentes filiales lui
donne beaucoup d'outils de gestion dont ne dispose pas beaucoup de banques de
la zone UMOA.
B. Objectifs
L'objectif de cette étude est de présenter de
façon théorique la gestion de portefeuille de crédit par
la méthode RAROC et ensuite d'évaluer la possibilité
d'élaborer un modèle basé sur cette méthodologie
pour le groupe ECOBANK.
Objectifs spécifiques
De façon spécifique, l'enjeu que
représente la modélisation de la gestion d'un portefeuille de
crédit dans notre environnement bancaire est très important : il
s'agit de pouvoir :
- mesurer le risque de crédit contenu dans les
portefeuilles,
- évaluer les revenus que dégagent les
différents engagements au regard des risques pris.
Il est, en effet, important de pouvoir contrôler
l'exposition au risque de crédit contrepartie par contrepartie ainsi que
l'évolution de cette exposition par secteurs géographiques et
industriels. De telles pratiques permettent, par exemple, de réduire le
risque de concentration. La production de résultats quantitatifs
robustes permet alors à l'institution concernée (dans notre cas
ECOBANK) :
- d'allouer à chaque engagement un capital
économique adéquat,
- d'évaluer la performance de chaque engagement et de
celui du portefeuille au regard des risques pris,
- de diversifier et réduire le risque en imposant, par
exemple, des limites à l'exposition au risque de crédit par
contrepartie.
III. Méthodologie
Le but de cette étude est d'établir la
nécessité pour les banques et établissements financiers de
la zone UOMA de disposer une méthode cohérente pour la gestion de
leur portefeuille de crédit. En effet, la gestion et le contrôle
des risques de crédit contribuent à améliorer la
solidité financière des établissements financiers. Il
convient donc de choisir des indicateurs de performance adaptés et
valables pour les établissements financiers africains qui sont le plus
souvent jeunes et très peu outillés sur la question. Sur cette
base, quel indicateur peut-il les permettre d'apprécier à la fois
le rendement de leurs actifs et les risques s'y attachant ?
La démarche méthodologique passe d'abord une
analyse théorique de la modélisation du risque de crédit
et la gestion du portefeuille de crédit (par la méthode RAROC),
puis l'analyse des pratiques d'ECOBANK en matière de gestion des risques
de crédit qui se prêterait bien à la mise en oeuvre de la
méthode RAROC et enfin la présentation d'un modèle
simplifié de gestion.
Les données nécessaires à
l'appréciation de l'impact de la gestion de portefeuille par la
méthode RAROC sur le capital des banques ont été
établies sur la base des données de Standard & Poor
(S&P). Ce choix se justifie par le fait qu'ECOBANK a établi un table
de passage de son rating interne vers celui des grandes agences de notation
Standard & Poor et Moody's. Cette table de passage a été
utilisée en plus des normes internes de perte d'ECOBANK pour
implémenter le modèle.
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA MODELISATION
DU RISQUE DE CREDIT ET DE LA GESTION DE PORTEFEUILLE DE CREDITS
La gestion de portefeuille de crédit est basée
sur la modélisation du risque de crédit. Celui-ci a fait l'objet
de nombreux développements théoriques.
Chapitre 1 : La modélisation du risque de
crédit
La modélisation du
risque de crédit est fondée sur plusieurs approches
théoriques. Cependant, dans la pratique ces différentes approches
laissent la place à un monitoring interne mise en oeuvre par chaque
banque tant dans le phase d'origination que pendant la phase de portage du
crédit.
Section 1 : L'analyse du
risque dans la relation banque - entreprise
L'analyse du risque de crédit a toujours
été au centre du raisonnement financier en général
et bancaire en particulier. Le couple rendement/risque est
l'élément de référence dans la relation banque -
entreprise. Il s'agit en effet du premier élément
d'appréciation pour une banque lorsqu'elle est sollicitée pour un
financement. Deux approches permettent d'apprécier le risque de
crédit : l'approche qualitative et l'approche quantitative.
1.1 Approche
qualitative
Il s'agit d'une démarche personnifiée et
flexible basée sur des informations soft8(*). C'est l'approche traditionnelle d'analyse et de
gestion des risques. Elle est basée sur des critères qualitatifs
d'acceptation du crédit formalisés par la banque.
L'approche qualitative pour la gestion des risques de
crédit est basée sur la méthode des
« 5C » :
- Capacity : capacité financière à
rembourser ;
- Character : réputation, relation avec la
banque ;
- Capital : levier financier ;
- Collateral : garanties offertes ;
- Conditions : conjoncture économique, clauses de
gestion imposées, risque systématique.
L'approche qualitative est utilisée aujourd'hui comme
une stratégie de niche par certaines petites banques car les techniques
automatisées du type scoring permettent aux grandes banques de prendre
l'avantage sur elles9(*). Ce
n'est que lorsque le score obtenu est proche du seuil de décision que la
démarche qualitative est utilisée.
Elle revêt un caractère subjectif, demande des
coûts supplémentaires liés au suivi de la clientèle
et expose la banque à plus de risque. Elle est basée sur des
sources d'informations privées et sur un jugement subjectif basé
sur l'expérience du banquier (credit officer).
L'approche qualitative nécessite une relation de long
terme avec la clientèle pour mieux la connaître et à
apprécier le risque. Cette pratique a toujours été
utilisée par les banques.
Selon certains auteurs notamment Diamond (1984 et 1991),
Ramakrishan et Thakors (1984)10(*), elle constitue l'avantage de la firme bancaire
vis-à-vis des autres intervenants de l'univers financier. En effet, la
position de partenaire privilégié et de longue date des
entreprises fait des banques des « producteurs »
d'information dite « interne ».
1.2 Approche
quantitative
Les méthodes quantitatives automatisées de type
scoring ont pris aujourd'hui le pas sur l'approche qualitative. Elle vise
à quantifier et à mesurer le risque client par des
méthodes mathématiques et statistiques. Elle utilise à la
fois les informations soft et hard11(*). Elle permet d'estimer des paramètres comme la
probabilité de défaut et les pertes (potentielles et
imprévisibles).
Les modèles pour y parvenir sont les modèles
multivariés (modèles probit et logit qui prédisent le
défaut de la contrepartie) et les modèles d'analyse discriminante
(fonction linéaire distinguant les bons des mauvais emprunteurs, c'est
le cas du modèle de Altman (1968), les modèles de scoring).
L'approche quantitative du risque de crédit est
à la base des développements actuels de la gestion des risques de
crédit. Cette approche a des intérêts comme des
inconvénients. Elle met fin au contact personnel (physique) avec une
documentation plus ou moins importante (documents comptables, chiffres
prévisionnels...). Ce qui accélère le processus de
décision dans l'octroi d'un crédit, le renouvellement,
l'ajustement et l'administration des crédits.
Elle permet d'accroître le volume de dossiers
traités ainsi que le volume des crédits accordés. Elle
affecte la tarification du crédit et permet de l'indexer au risque
inhérent à l'engagement.
La pratique du scoring améliore la qualité de
l'information et donc la prévision des pertes potentielles. Elle
accroît la concurrence sur le marché de crédit notamment au
niveau des PME. Il faut
noter que la quantification du risque de crédit est fondée sur
quatre principales théories.
1.3 Aperçu des
différentes théories de risque de crédit
1.3.1 L'approche
structurelle12(*)
Cette théorie a été
développée par Merton en 1974 à la suite de l'article de
Black et Scholes 197313(*), utilise les principes de pricing des options. Elle
représente le défaut comme un processus endogène
lié à la structure de capital d'une firme. Dans sa conception on
l'assimile à un échange d'option sur la valeur de la firme qui
intervient entre le prêteur et l'actionnaire à l'occasion d'un
prêt.
Le profil de l'actionnaire est similaire à celui d'un
détenteur de call et celui du créancier d'un put, lorsqu'il
existe un marché d'option correspondant. Si le prix des actifs tombe en
dessous d'un certain seuil, généralement situé à la
proximité inférieure de la valeur des dettes, on considère
que la firme fait défaut.
Encadré 1 :
Approche structurelle
Gains de l'actionnaire
Valeur de la firme
Gain du banquier
Gain
B
Plus la valeur de l'actif augmente, plus le profit que
l'actionnaire, après paiement des montants fixes (intérêts
et capital) dus aux prêteurs, est important. La valeur de l'action S en T
est donc :
ST = Max (VT - B, 0), VT
représente la valeur des actifs de l'entreprise en T et B le montant des
dettes.
On exprime la valeur de la maturité de la dette
DT comme :
DT = Max (VT - B, 0) = B - Max (VT
- B, 0)
La valeur de la dette, quant à elle, est la somme d'une
obligation zéro - coupon sans risque moins la valeur d'une option de
vente (position courte) sur le sous jacent au prix d'exercice B. On peut donc
utiliser le modèle d'option de Black Scholes pour déterminer la
valeur des dettes de l'entreprise.
Source : Arnaud de SERVIGNY (2004) :
« le risque de crédit : nouveaux enjeux
bancaires », 2e édition, Dunod.
Le modèle de Merton permet d'obtenir un spread de
crédit, ce spread converge vers les spreads de long terme selon des
vérifications empiriques. Il traduit l'aversion au risque des
investisseurs. Le spread de crédit augmente avec le niveau de levier
financier, il augmente aussi avec la volatilité de la valeur de la
firme.
Le modèle de Merton a fait l'objet de nombreuses
critiques. Un certain nombre de ses faiblesses sont en autres :
- La firme ne peut faire défaut qu'à
maturité ;
- La spécification des priorités liées
aux séniorités de différentes dettes doit être
apportée ;
- La valeur de la firme est difficile à établir
(la valeur de marché de la firme = valeur de marché des
actions+valeur de marché de la dette). Egalement la valeur de
marché des différentes dettes, en particulier des dettes
bancaires ;
- Le modèle ne prend pas en compte, l'évaluation
de l'immatériel, du type marque. C'est également le cas de divers
engagements hors bilan (retraités) ;
- Les spread de crédit de court terme présentent
un caractère irréaliste à court terme. Ils sont proches de
zéro contrairement aux données observées ;
- Absence de toute dimension principe-agent.
Les différentes critiques ont concouru à la
publication de nombreux travaux à la suite de Merton. Entre autres, on
peut citer les modèles structurels à frontière
exogène (reduced form). Dans ces modèles, le défaut peut
intervenir14(*) à
n'importe quel moment et non à maturité comme dans le
modèle de Merton.
Le problème de ces modèles est que
l'évaluation de la dette de la firme passe par un pricing implicite
à l'aide d'obligations de maturité comparable. De plus, la notion
de sudden supprise est toujours inexpliquée. Le défaut intervient
petit à petit et non subitement. La conséquence est que le
spread de court terme reste irréaliste comme dans le modèle de
base. Egalement, le modèle ne prend pas en compte l'impact sur les
changements de ratings externes qui s'interprète comme un effet de
signal.
Face à ces critiques, Zhou (1997), a
développé une approche qui prend en compte à la fois les
défauts anticipés et les défauts non anticipés en
intégrant au modèle de diffusion un processus de Poisson.
Egalement des modèles Early Warning System
(modèle d'anticipation) ont été développés.
Ainsi, à la suite de Crosbie (1997), Delianedis et Geske (1999) ont
étudié la fonction d'aide à l'anticipation de
défaut.
Une étude comparative des probabilités de
défaut et des migrations de rating laisse apparaître un
caractère d'early information sur les migrations de rating (effet
détection en amont des évènements de défaut).
Comme nous venons de le voir, l'approche structurelle a des
exigences notamment en matière de marché financier, ce qui la
rend inapplicable à ce jour dans l'environnement bancaire et financier
de l'UMOA.
1.3.2 La mesure du
risque par les spreads
On peut décomposé le taux d'intérêt
retenu pour le financement d'une contrepartie en taux sans risque et une prime
de risque que l'on appelle spread. Il incorpore plusieurs informations sur la
qualité de l'emprunteur et la liquidité15(*) (de la transaction et du
marché).
Cette approche est a été
développée par la nécessité de tarifier les
produits dérivés de crédit et de la difficulté des
modèles de Merton à y parvenir. C'est un processus exogène
qui caractérise la probabilité de défaut et rend possible
les ruptures. Le défaut va avoir lieu lorsque la variable
aléatoire modélisée subit un saut. Le modèle de
Merton en est un cas particulier.
Duffie et Lando (1999)16(*) mettent en évidence la sous-évaluation
des modèles structurels du fait qu'ils ne tiennent pas compte du manque
d'informations des investisseurs sur l'entreprise. Les informations comptables
offrant des informations trop espacées dans le temps et
incomplètes. Pour palier à cette limite, on détache les
informations comptables, dans le cadre général des modèles
à forme réduite (reduced form) pour retenir un processus
stochastique calibré sur les informations de marché.
L'approche par le spread repose sur l'absence
d'opportunité d'arbitrage. Ce qui implique que l'espérance du
rendement des actifs est égale au taux sans risque. On peut donc
déduire des taux Yt, à la période t, la
probabilité de défaut ht en supposant un taux de perte
en cas de défaut, noté L.
Yt = rt + htL
Avec rt le taux sans risque et htL le
spread qui mesure la perte anticipée.
Le modèle de base a été initié par
Jarrow et Turnbull (1995). Il a été enrichi par Duffie et
Singleton (1997). Le modèle a l'avantage d'être flexible. Ainsi,
Jarrow, Lando et Turnbull (1997) se sont intéressés à la
modélisation de la migration de rating qui est évaluée
à partir d'une matrice de transition. Celle-ci est ajustée afin
d'obtenir une matrice risque neutre. Les différentes classes de
séniorité sont incorporées via différents taux de
recouvrement dans l'évènement de défaut.
Das et Tuffano (1995) quant à eux ont rendu variables
les taux de recouvrement en les corrélant au taux sans risque ;
Duffie et Singleton (1999), l'ont corrélé au risque de
marché.
Madam et Unal (1999) ont envisagé une approche plus
structurelle en reliant h(t) à la valeur de la dette V(t). Ils ont
enrichi le modèle en incluant des facteurs de liquidité et le
prix des actions de la société ou des informations comptables.
Enfin, l'on peut conditionner l'intensité du processus
de poisson par le taux sans risque ou des variables
macro-économiques17(*).
La principale critique formulée à l'endroit de
cette approche est la capacité des spreads à refléter la
perte anticipée. En effet, plusieurs facteurs peuvent influencer les
taux. Il s'agit entre autre de la liquidité du marché de la dette
qui est imparfaite et variable dans le temps.
Les modèles à intensité surestiment les
probabilités de défaut en incluant sans discrimination les primes
de liquidité. Un certain nombre de crédits contiennent des
clauses et des options cachées qui influencent leurs prix comme les
remboursements anticipés, les restructurations, renégociation ou
encore conversion en titres.
1.3.3 L'approche
macro-économique des probabilités de défaut
Elle consiste à évaluer comment
différents scénarios macro-économiques peuvent influencer
le risque d'un portefeuille. C'est une approche top down (descendante) qui
évalue les déterminants applicables à un groupe de
débiteurs. Cette théorie cherche à transformer les
matrices inconditionnelles en matrice conditionnelle à la position de
l'économie dans le cycle.
C'est ainsi qu'en période de récession
économique, les probabilités de défaut et de migration
vers le défaut augmentent, alors qu'en situation de conjoncture
favorable (croissance), c'est l'inverse.
L'approche macro-économique est basée sur un
modèle multifactoriel utilisé pour simuler les
probabilités jointes de distribution de défaut et de migration
des débiteurs selon l'industrie et le pays. Elles sont établies
conditionnellement en fonction de facteurs macroéconomiques comme le
taux de croissance, le taux de chômage, le niveau de taux
d'intérêt (longs), les taux de change, les dépenses
publiques.
La probabilité de défaut peut être
représentée par :
Pj,t = F(Yj,t, Vj,t)
Où Pj,t est la probabilité
conditionnelle d'un débiteur classé dans le segment j (pays,
industrie ou catégorie de rating), au temps t. Yj,t est un
indice macro-économique spécifique au segment j construit sur la
base d'un modèle multifactoriel de la forme suivante :
Yj,t = F(Xj,t, Vj,t) et
Vj,t ~N(0,ój)
Xj,t = (X1,t, X2,t,
X3,t, ...,Xn,t) sont en période t les
différentes variables macro-économiques dont dépend le
segment j, et Vj,t est un terme d'erreur. Il représente les
chocs ou innovations, supposés indépendants de
Xj,t.
Chacune des variables étant déterminée
par régression économétrique qui permet d'estimer un
momentum, soit :
Xj,t = H(Xi,t-1,t, Xi,t-2t,
..., Xi,t-n, ei,t), avec ei,t le choc
exogène sur la variable.
Le modèle scinde les variables en deux : les
variables macro-économiques déterministes qui reproduisent le
cycle économique et les innovations. C'est au niveau des innovations que
l'on effectue des simulations de Monte Carlo pour établir la
distribution des pertes.
L'approche macro-économique a l'avantage de puiser ses
inputs dans des sources d'informations différentes des autres
modèle. Dans le modèle, les effets corrélations sont
supposés incorporés dans chacun des segments de risque. Le
modèle met également en relief l'effet positif de la
diversification. La version commerciale de ce modèle est
CreditPortfolioView.
La critique que l'on fait de ce modèle est qu'une
relation de causalité déterminée à l'aide d'outils
statistique sur des informations passées qui ne présagent en rien
du futur.
L'information de taux de défaut par pays et/ou par
industrie est relativement rare et difficile à établir. Ce qui
rend très difficile cette approche dans le contexte ouest africain
(problème de disponibilité de données/séries
longues).
1.3.4 La
démarche actuarielle ou approche par les rating
Cette démarche est fondée sur le rating de la
contrepartie. Il existe deux méthodes de rating. Celles-ci se
distinguent par l'horizon des anticipations.
La première méthode appelée «at the
point in time» se traduit par l'horizon des mois, en général
douze mois. Il s'agit donc d'une vision de court terme. Cette méthode
est utilisée par les banques dans l'attribution de rating interne (elles
tiennent compte des derniers exercices et des perspectives à court
terme). Le «KMV credit monitor» utilise une méthode qui s'y
apparente.
La seconde méthode est le «through cycle».
Elle table sur une anticipation à moyen terme des perspectives de la
contrepartie. Elle intègre l'impact d'un changement de conjoncture
notamment par le biais de «stress testing». C'est le cas des agences
de notation qui révisent leur notation lorsque la conjoncture change.
L'approche par les ratings rompt avec les modèles
conditionnels. Selon elle, le risque de défaut de l'entreprise n'est ni
lié à la structure du capital de l'emprunteur ni à la
situation économique du secteur d'activité dans lequel il
intervient.
Le défaut est perçu comme un
phénomène aléatoire, et de la même façon
qu'un sinistre en assurance-dommage, chaque défaut a une faible
probabilité de se réaliser. La probabilité de
défaut est donnée par une table de défaut.
La construction de tables de défaut dites
« table de mortalité » nécessite
préalablement d'établir des profils de risque et de rassembler
les séries historiques de défauts passées correspondantes.
Les tables les plus connues sont celles des agences de notation (Moodys,
Standard & Poor).
Ces tables fournissent les taux de défaut marginal
(pour un horizon de un an) et cumulée (horizon de plusieurs
années) par classe de rating, mais également les
probabilités historiques de changements de rating sur l'horizon d'un an
notamment. Les deux tableaux ci-après nous donne une idée des
taux de défaut marginal et cumulé fournit par les agences de
notation.
Tableau 1 : Taux de
mortalité en %des obligations par rating (1971-2000)
|
1an
|
2 ans
|
3 ans
|
4 ans
|
5 ans
|
AAA marginal
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,03
|
Cumulé
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,03
|
AA marginal
|
0,00
|
0,00
|
0,35
|
0,19
|
0,00
|
Cumulé
|
0,00
|
0,00
|
0,35
|
0,54
|
0,54
|
A marginal
|
0,00
|
0,00
|
0,02
|
0,07
|
0,03
|
Cumulé
|
0,00
|
0,00
|
0,02
|
0,09
|
0,12
|
BBB marginal
|
0,12
|
0,48
|
0,55
|
0,59
|
0,56
|
Cumulé
|
0,12
|
0,60
|
1,14
|
1,73
|
2,28
|
BB marginal
|
0,96
|
1,65
|
3,15
|
1,54
|
2,15
|
Cumulé
|
0,96
|
2,59
|
6,50
|
7,12
|
9,12
|
B marginal
|
1,60
|
4,94
|
5,95
|
6,72
|
5,94
|
Cumulé
|
1,60
|
6,46
|
12,03
|
17,85
|
22,73
|
CCC marginal
|
4,35
|
13,26
|
14,84
|
8,15
|
3,02
|
Cumulé
|
4,35
|
17,03
|
31,00
|
36,62
|
38,53
|
Source : Adrian ROCHE (2005),
« Modélisation du risque de crédit : une
pluralité d'approches », Crédit Agricole, Flash
Éco n° 2005-07, mars 2005. Données Standard & Poor.
Tableau 2 : Matrice de
transition (rating en fin d'année)
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
Défaut
|
AAA
|
90,81
|
8,33
|
0,68
|
0,66
|
0,12
|
0
|
0
|
0
|
AA
|
0,70
|
90,65
|
7,79
|
0,64
|
0,06
|
0,14
|
0,02
|
0
|
A
|
0,09
|
2,27
|
91,05
|
5,52
|
0,74
|
0,26
|
0,01
|
0,06
|
BBB
|
0,02
|
0,33
|
5,95
|
86,93
|
5,30
|
1,17
|
1,12
|
0,18
|
BB
|
0,03
|
0,14
|
0,67
|
7,73
|
80,53
|
8,84
|
1,00
|
1,06
|
B
|
0
|
0,11
|
0,24
|
0,43
|
6,48
|
83,46
|
4,07
|
5,20
|
CCC
|
0,22
|
0
|
0,22
|
1,30
|
2,38
|
11,24
|
64,86
|
19,79
|
Source : Source : Adrian
ROCHE (2005), « Modélisation du risque de crédit :
une pluralité d'approches », Crédit Agricole, Flash
Éco n° 2005-07, mars 2005. Données Standard & Poor
Cette table se lit comme suit, en lisant par exemple la ligne
A du tableau ci-dessus :
Notation initiale
|
Notation potentielle dans un an
|
Probabilité
|
|
|
AAA
|
|
0,02
|
|
|
AA
|
|
0,33
|
|
|
A
|
|
5,95
|
BBB
|
|
BBB
|
|
86,93
|
|
BB
|
|
5, 30
|
|
|
B
|
|
1,173
|
|
|
CCC
|
|
0,12
|
|
|
D
|
|
0,18
|
|
|
|
|
100
|
La probabilité pour l'actif de notation BBB
après une période d'un an de rester BBB est de 86,93%, celle se
devenir B est de 1,17% et celle de faire défaut est de 0,18%. La lecture
de cette table est basée sur l'hypothèse d'un unique changement
de rating par an (pas de changement multiple).
Par ailleurs, il faut souligner que l'utilisation des matrices
de transition est fondée sur trois hypothèses : la
stabilité des probabilités de défaut dans le temps, dans
l'espace et l'homogénéité des signatures au sein d'une
même classe de rating.
Les matrices sont calculées à partir d'une base
de données étalée sur plusieurs années (20 ans),
d'où on extrait une probabilité moyenne, ce qui est approximatif.
Cela suppose que les probabilités de transition soient les mêmes
au cours du temps18(*) et
excluent les effets cycles. La probabilité est ainsi indépendante
des évènements passés. Pourtant nous savons bien que la
situation financière d'un emprunteur est conditionnée par sa
situation au cours des périodes précédentes.
De plus, l'hypothèse de stabilité suppose que la
matrice de transition décrit le risque de façon identique quels
que soient le secteur et la localisation géographique19(*).
Les notations de transition sont essentiellement
élaborées sur la base des entreprises américaines
disposant d'un historique long et sont appliquées pour les signatures
des autres pays ne disposant pas de données. Ce qui introduit un biais.
Il faut souligner par ailleurs, que la probabilité de défaut
d'une même classe varie d'une agence à l'autre.
La troisième hypothèse, celle de
l'homogénéité des signatures au sein d'une même
classe de rating a été étudiée par Kealhofer, Kwok
et Weng (1998).
Ces derniers montrent que la distribution des crédits
dans une même classe de rating a une queue épaisse (fat tail). La
moyenne peut être ainsi deux fois plus élevées que la
médiane (possibilité de pertes importantes). De plus la matrice
de transition est très sensible selon que l'on la calcule avec des
dettes nouvellement émises ou non.
Comme nous venons de le voir, la modélisation du risque
de crédit est fondée sur quatre principales théories. Ses
théories ont pour trait commun la quantification du risque de
crédit. Chacune d'elles a ses limites comme ses avantages, cependant la
finalité de la quantification du risque de crédit demeure sa
gestion efficace.
Section 2 : La gestion du risque de
crédit et la prévision de défaut de la
contrepartie
La gestion du risque de crédit passe par la
connaissance des pertes et de leurs effets sur l'ensemble des engagements pris
par la banque. La corrélation des défauts est un
élément important pour cerner la perte d'un portefeuille et la
diversification en est un début de solution.
2.1 Les
corrélations de défaut
La notion de corrélation jouit d'un statut
privilégié dans la finance moderne en raison de son rôle
central dans la gestion de portefeuille. Cependant, son usage est fondé
sur l'hypothèse fondamentale des rendements normalement
distribués. Dès que cette hypothèse n'est pas
vérifiée comme c'est le cas avec le risque de crédit, les
corrélations doivent être interprétées avec beaucoup
de précaution.
La notion de corrélation peut être
utilisée suivant deux approches : approche dynamique et approche
statique. Au niveau de l'approche statique, de façon traditionnelle, on
mesure la corrélation linéaire.
La corrélation linéaire entre deux risques est
donnée par la relation :
Cov et Var désignent respectivement la covariance et la
variance des vecteurs de risques.
Lorsque les risques X1, X2,...,
Xn suivent une loi normale multivariée et que X
(X1, X2,..., Xn) est également une
distribution normale multivariée, la notion de corrélation peut
être interprétée en terme d'indépendance et
malheureusement ce n'est pas le cas pour le risque de crédit. La notion
de corrélation linéaire traditionnelle qui est utilisée en
finance de marché a fait l'objet de beaucoup de critique au niveau du
risque de crédit.
En effet, elle ne peut pas tout dire à propos de la
structure de dépendance des risques. Egalement, les valeurs possibles de
corrélations dépendent de la distribution marginale des risques.
Ainsi, des risques parfaitement dépendants de manière positive
peuvent ne pas avoir une corrélation de zéro. Une
corrélation de zéro n'est pas synonyme d'une
indépendance. Les corrélations ne sont pas invariantes des
risques20(*).
Ces nombreuses critiques ont incité le
développement de nouvelles alternatives à la
corrélation.
En effet, d'autres méthodes permettant de
révéler les dépendances complexes ont été
développées. C'est le cas des corrélations de rang que
définissent notamment des corrélations de fonctions de
distribution marginale d'une fonction de distribution jointe de variable
aléatoire21(*).
Au delà de l'approche statique, la notion de
corrélation peut être appréhendée dans le temps. Il
existe en effet, trois types de corrélation dynamique :
- la corrélation de qualité de
crédit : elle est basée sur les données historiques.
C'est le cas de CrediMetrics qui se base sur les corrélations entre
rendements et actifs ;
- la corrélation de défaut, il existe deux
approches : une approche fondée sur les modèles structurels
et une autre sur les modèles stochastiques avec saut. La seconde
méthode est difficile à mettre en oeuvre et est plutôt
utilisée dans le cadre de dérivés de
crédit ;
- la corrélation entre défauts et variable
d'état.
Par ailleurs, le lien entre corrélation et
période d'observation a également été
évoqué. L'on établit ainsi la notion de corrélation
de survie. Elle généralise la période d'observation d'un
an à plus d'une année.
La mise en oeuvre de corrélation entre secteur
d'activité nécessite des données microéconomiques
sur les entreprises en fonction du secteur d'activité. Ce genre de
données n'existe dans aucune base de données fiable et
représentative dans notre environnement. La prise en compte de la
corrélation n'est donc pas envisageable à ce jour et doit
être interprétée avec beaucoup de prudence.
2.2 La mesure de la
perte d'un portefeuille de crédit
La mesure du capital économique passe par la
construction de la distribution des pertes du portefeuille de crédits.
Au niveau du risque de crédit, il est admis que la distribution des
pertes prend une forme différente de la loi normale qui est d'usage pour
le risque de marché.
Il n'existe pas de formulation mathématique permettant
de déduire la forme de distribution de perte d'un portefeuille de
crédit. Deux méthodologies sont employées pour
l'appréhender : une méthode de type analytique et une
méthode calculatoire. Ces deux approches sont affinées par la
théorie des valeurs extrêmes qui étudie la queue de
distribution des pertes.
1. Méthode analytique
Cette méthode correspond à la recherche d'une
famille de distribution non normale, susceptible d'approximer en particulier la
distribution. Il existe deux approches : approche top down et approche
descendante.
- L'approche top down ou descendante
Elle consiste à retenir une famille pour distribution
de perte d'un portefeuille, une loi susceptible de rendre compte, une fois
ajustée de l'asymétrie et de la queue épaisse de la
distribution de perte.
Les lois candidates pour une telle approche sont les lois du
type bêta ou normales inverses. Le problème de cette
démarche est de savoir une fois retenue, à quel niveau de perte
commencer. Elle nous semble plus adaptée aux réalités
africaines car les données sectorielles permettant de construire une
approche par facilités sont rarement disponibles. Même si elles le
sont les questions de fiabilité et de base de données longues se
poseront tôt ou tard.
- L'approche bottom up ou ascendante
Elle s'oppose à la démarche
précédente, la perte du portefeuille résulte des pertes
potentielles de chacune des facilités le constituant. Elle passe par
plusieurs étapes :
- estimation des probabilités de
défaut ;
- fréquence des évènements de
défauts ;
- distribution de la perte du portefeuille.
Cette démarche est utilisée par Crédit
Suisse First Boston (CSFB) dans son logiciel CreditRisk+. Dans ce
modèle, CSFB assimile la probabilité d'occurrence du
défaut à une loi de poisson. Le portefeuille est scindé en
sous portefeuilles indépendants caractérisés par
l'exposition commune à la perte globale anticipée sur la tranche,
le nombre de défauts anticipés sur la tranche et les taux moyens
de défaut par secteur suivent une loi gamma.
Cette méthodologie est assez intéressante.
Toutefois, elle demande au préalable la modélisation des pertes
et des évènements de défauts pour bâtir la
distribution des pertes du portefeuille.
2. Méthode de Monte Carlo
Il s'agit d'une méthode qui permet d'effectuer de
façon aléatoire une série de tirages de paramètres
aléatoires et construire la distribution des pertes. Les modèles
modernes de gestion de portefeuille se basent sur cette approche. Elles sont
ensuite affinées par la théorie des valeurs extrêmes qui
stipule que la distribution des pertes d'un portefeuille a une queue
épaisse (fat tail). Cela signifie que des pertes importantes sont
possibles même avec des probabilités d'occurrence faibles.
2.3 La diversification
comme outil de gestion de risque de crédit
La diversification d'un portefeuille peut se faire suivant
plusieurs approches selon la littérature. Nous avons en
particulier :
- la diversification en fonction des zones
géographiques ;
- la diversification en fonction des devises ;
- la diversification en fonction des nombres d'engagements.
La littérature financière est unanime sur son
bien fondé en général et au niveau des portefeuilles de
crédit en particulier. La question fondamentale est de savoir à
combien de facilités, de zones géographiques ou de devises pour
réduire le risque systémique.
Gordy (1998) à l'aide de CreditRisk+ et CreditMetrics a
montré qu'un portefeuille de 10 000 contreparties présente
un niveau de variance dans la distribution des pertes inférieures de 20%
à un portefeuille correspondant de 1 000 engagements. Selon lui, le
capital économique nécessaire baisse également de 14% et
l'homogénéité des engagements a un effet positif sur le
portefeuille.
L'étude menée par Lucas, Klaassen, Spreij et
Straetmans (1999) a confirmé l'importance de
l'homogénéité des engagements pour que l'effet
diversification puisse être perspectible.
Chapitre 2 : La gestion de portefeuille de
crédits
La gestion de portefeuille
de crédit est un développement récent de la théorie
générale du portefeuille. Elle évalue différemment
le rendement des actifs (crédit) à l'aide de ratios
appelés sous le terme générique de RAPM.
Section 1 : Un
bref aperçu des modèles de gestion de portefeuille
La littérature financière regorge de nombreuses
publications sur la mesure du risque de crédit comme nous l'avons vu
plus haut. Notre objet au niveau de cette section est de présenter un
bref aperçu de la théorie de la gestion de portefeuille et les
principaux modèles de gestion de portefeuille de crédits.
1.1
Généralités sur la gestion de portefeuille
Le problème du choix des actifs constitue la
problématique de la gestion de portefeuille.
Il consiste à rechercher les actifs les plus rentables
en minimisant les risques. Le risque d'un actif correspond à la
dispersion des rentabilités autour de la rentabilité moyenne ou
espérée. La variance ou sa racine carré appelé
écart type en constitue une mesure selon Markowitz.
La gestion de portefeuille est un comportement d'arbitrage
entre le rendement et le risque pour différents portefeuilles
concurrents. Pour une rentabilité donnée, le meilleur
portefeuille est celui pour lequel la variance des rendements est faible (moins
risqué). Il faut souligner que lorsque le marché est efficient,
la rentabilité est proportionnelle au risque.
Selon Sharpe22(*), il existe une relation linéaire (formule de
Sharpe) entre la rentabilité d'un titre et celle du marché
Rm (mesurée par un indice général, par exemple
le CAC 40 ou le BRVM10), au cours d'une période t.
Ce que l'on peut écrire comme suit :
Rm = ái + âi
(Rmt) + åit
ái est la mesure de la variation attendu de
la rentabilité du titre par une variation de l'indice de marché
et åit est une variable aléatoire résiduelle
caractéristique spécifique de l'action i.
Les coefficients ái et åit
sont obtenus par régression sur les données historiques.
Cette équation montre que chaque actif est
évalué en fonction de son risque systémique, mesuré
par son coefficient bêta. Le bêta constitue de ce fait, la seule
mesure pertinente du risque spécifique puisqu'il peut être
éliminé par la diversification du portefeuille. Le bêta se
calcule de la façon suivante.
âi =
|
Covariance (Ri, Rm)
|
Variance (Rm)
|
Covariance (Ri, Rm) :
ómi est la covariance des taux de rentabilité du titre
i avec ceux du marché et variance (Rm) :
óm2 est la variance des taux de rentabilité
de l'indice du marché.
Le bêta peut prendre trois catégories de
valeurs :
- âi = 1, les rentabilités de l'actif
et celle du marché sont égales ;
- âi < 1 la rentabilité du titre
fluctue moins que le marché ;
- âi > 1 le titre est volatile, amplifie
au niveau les fluctuations du marché, on l'appelle aussi coefficient de
volatilité.
La théorie de gestion de portefeuille a vu le
développement de plusieurs théories dont le CAPM et d'autres
variantes de ce modèle suite aux nombreuses critiques. Nous pouvons
citer entre autres : l'Arbitrage Pricing Theory (APT). L'encadré ci
après présente les fondements du CAPM.
Encadré
2 : Modèle d'Evaluation des Actifs Financiers (MEDAF) ou
Capital Asset Pricing Model (CAPM)
Mis au point par Sharpe et Lintner, le MEDAF suppose un
marché parfait et l'existence d'un actif sans risque par exemple un
emprunt public de rentabilité Rf. A l'équilibre, la
relation entre le risque et la rentabilité donne l'équation dite
Equation du MEDAF :
E(Rm)= Rf + ßi
(E(Rm)-Rr)
Cette équation montre que chaque actif est
évalué en fonction de son coefficient bêta. Le ß
constitue de ce fait, la seule mesure pertinente du risque d'un actif. On ne
peut prendre en compte le risque spécifique car il peut être
éliminé par la diversification du portefeuille.
La théorie classique de la gestion de portefeuille que
nous avons vu plus haut est basée sur l'hypothèse de
normalité des rendements. Dès lors que cette hypothèse ne
tient plus, la théorie d'optimisation de Markowitz basée sur la
variance devient fragile. Ce qui est malheureusement le cas au niveau des
portefeuilles de crédit23(*).
Même si l'hypothèse de normalité ne tient
plus, l'objectif demeure inchangé. Il s'agit de maximiser le couple
rendement/risque pour un portefeuille. Dans le cas des portefeuilles de
crédit le risque est capturé par les besoins en capital
économique qui amènent la banque à se comporter comme
gestionnaire de portefeuille.
La gestion moderne de portefeuille a ainsi
dépassé le cadre des actifs de marchés, elle
s'étend aujourd'hui à d'autres actifs comme les crédits et
a fait l'objet de beaucoup de développement. Les versions commerciales
des théories que nous avons vu plus haut ont été
développées en sont une illustration.
1.2 Principaux
modèles de gestion de portefeuille de crédits
La gestion de portefeuille de crédits s'apparente
à la gestion de portefeuille classique de crédits, sauf que
celle-ci se différencie par le fait qu'au-delà des rendements
exigés pour le risque, l'on doit faire l'allocation des fonds propres
économiques destinés à couvrir les risques inattendus de
la banque.
Les modèles de gestion de portefeuille de
crédits ont leur base théorique fondée sur les quatre
théories que nous avons développées plus haut24(*). Ces différentes
théories ont donné naissance à des modèles
commerciaux dont les plus connus sont :
- KMV Portfolio Model ;
- CreditRisk/CreditManager de JP Morgan ;
- CreditRisk+ de CSFB ;
- Modèles à facteurs macro-économiques,
notamment le modèle de Oliver, Wyman & Co.
Le modèle de KMV s'apparente l'approche structurelle.
Le modèle jouit d'une simplicité de calcul seulement pour les
entreprises cotées car il fait appel aux données de
marché.
Quant à la méthodologie de CreditMetrics, elle
est proche de celle de CrediRisk. En effet, le modèle CreditMetrics
(développé en 1997 par JP Morgan) est basé sur la
probabilité de changement de rating d'une qualité de
crédit vers une autre à une période de temps
donnée (migration de crédit).
Dans le modèle, les variations de crédit sont
générées par les migrations de crédit. Ces
migrations dépendent de facteurs de risque qui peuvent être
spécifiques ou systématiques.
La migration de crédit se définit comme un
changement de la cote de crédit (à la hausse ou à la
baisse). Les matrices offertes par les agences de cotation donne la
probabilité de changement de rating (voir plus haut l'exemple de
Standard and Poor). Egalement, les grandes banques ont un système de
rating interne.
Les données nécessaires pour la mise en oeuvre
de ce modèle sont :
- les probabilités de migration de crédit
(incluant la probabilité de défaut);
- les probabilités conjointes de migration pour le
portefeuille;
- la variation de valeur des titres de crédit
étant donné un changement dans la cote de crédit.
Pour la présentation du modèle de CSFB (voir la
mesure de la perte d'un portefeuille de crédit/approche bottom up).
Section 2 : La
méthodologie du Risk adjusted Performance Measure (RAPM)
Le RAPM est un ratio de mesure de rendement des actifs
(crédit). Les fondements et les pratiques actuelles de cette
méthodologie sont présentés ci-après.
2.1 Principe de base et limites
2.1.1 Principes de
base
Le RAPM est basé sur la logique de rapporter un
rendement net à un capital économique alloué. Il permet
ainsi de comparer cette performance au coût du capital de la banque. Le
RAPM a de nombreuses variantes, ces ratios sont : ROC, RAROC, RARORAC,
RORAC. Cependant, Le RAPM communément appelé RAROC se calcule de
la façon suivante :
RAROC =
|
Revenus - coûts - perte moyenne
|
fonds propres en risque
|
Ce ratio rapporte le revenu net de l'actif, dans notre cas le
crédit au fonds propres mis en oeuvre à cause de la
facilité. Il est ensuite comparé au coût du capital
utilisé appelé «hurdle rate» en terme anglais.
2.1.2 Limites
Le RAPM a des limites tant au niveau du numérateur que
du dénominateur. Au niveau des revenus, il est nécessaire d'avoir
un système de comptabilisation des flux et leur actualisation fiable.
Jusqu'à présent selon Servigny (2004), de nombreux modèles
ne présentent pas encore un tel niveau de fiabilité. C'est le cas
des modèles KMV et creditMetrics, notamment.
Au niveau des coûts, il faut une allocation
équitable des coûts pour chaque facilité. La perte moyenne
est un provisionnement forfaitaire ex-ante.
Le hurdle rate (coût du capital) correspond à une
estimation de perte d'opportunité de gain, à partir des fonds
propres économiques. A ce niveau, de nombreuses interrogations restent
posées. S'agit-il d'un coût du capital de l'ensemble de la banque
ou d'une unité de la banque (business unit) ? Lorsque deux
unités de la banque sont engagées dans un projet, lequel des
coûts adoptés si l'on prend les coûts par business unit
comme référence ? Qu'en est il de l'introduction de nouveaux
engagements sur le hurdle rate ?
Au niveau du dénominateur, la question de la
répartition du capital économique reste ouverte. Quelle
clé de répartition adoptée pour attribuer une quote part
à une facilité ou un client ? La solution la plus valable
proposée à ce niveau est la simulation de Monte Carlo. Cette
méthode, grâce à des simulations, repartit le capital
économique sans pour autant définir une mesure de
répartition.
2.2 Cas particulier des modèles quantitatifs
de type RAROC
2.2.1.
Historique
L'élaboration de la méthodologie du RAROC a
commencé vers la fin des années 70, lancés par un groupe
chez Bankers Trust25(*).
Leur idée originale était de mesurer le risque du portefeuille de
crédit bancaire, aussi bien que le montant de capitaux d'actions
nécessaire pour limiter l'exposition des déposants de la banque
et d'autres supports de dette à une probabilité
indiquée.
Depuis lors, un certain nombre d'autres grandes banques ont
développé le RAROC ou d'autres systèmes identiques. Leur
but dans la plupart des cas est de mesurer le montant des capitaux propres,
nécessaire pour soutenir toutes leurs activités de
fonctionnement, notamment leur activité de crédit.
2.2.2 Principe de
base
La méthodologie RAROC repose avant tout sur la
nécessité d'évaluer et de couvrir les pertes
inhérentes à l'activité bancaire. Bien qu'applicable aux
risques de marché, elle semble essentiellement utilisée comme
technique de gestion actif-passif pour l'activité de crédit. Le
principe de base est de distinguer la notion de « perte moyenne » de
celle de « pertes inattendues ».
La méthodologie RAROC peut être utilisée
«opération par opération». Pour un crédit
particulier, le banquier doit évaluer une perte moyenne, qui est
statistiquement attendue. Elle a pour vocation d'être couverte ex ante
par les revenus générés par le crédit ; en d'autres
termes, elle doit être incluse dans la tarification du crédit en
question, afin que les flux provenant du remboursement permettent de couvrir
cette perte.
2.2.2.1 Fonds propres
économiques
Si on considère un ensemble de créances
données, on constatera un risque statistique d'apparition de pertes au
cours des années. La perte peut être analysée en deux
composantes :
- une composante prévisionnelle qui correspond en fait
à la perte moyenne ;
- et une composante exceptionnelle.
Les fonds propres économiques servent à amortir
la deuxième au cas où elle survient. Elle sert de protection pour
la banque. Elle va au-delà du capital réglementaire défini
par les autorités de régulation. Car elle intègre l'aspect
risque par le biais de la volatilité des pertes.
L'autre aspect des pertes qui sont dites pertes
prévisionnelles sont également évaluées et doivent
s'intégrées logiquement dans la tarification du crédit.
2.2.2.2 Perte
prévisionnelle
C'est la perte moyenne annuelle constatée au cours des
années sur un portefeuille. Elle nécessite une couverture par un
provisionnement ex-ante. Elle est évaluée statistiquement,
grâce à l'utilisation de bases de données historiques qui
doivent permettre de connaître, par segment de clientèle. Et elle
est fonction de trois paramètres :
- la probabilité moyenne de défaillance d'un
segment de clientèle ayant le même profil de risque, ou EDF
(Expected Default Frequency) ;
- le taux d'exposition, au moment du défaut, ou EAD
(Exposure at Default), fonction du moment où le défaut se
produira, du type de crédit octroyé26(*) ;
- le taux de perte en cas de défaut (Loss Given
Default, ou LGD), qui évalue la fraction de la créance qui ne
pourra être récupérée en cas de défaut. C'est
donc le complément à un du « taux de
récupération », lui-même fonction de l'importance et
de la nature des garanties, de la valeur de cession de l'actif de l'entreprise,
du rang de subordination de la créance.
Ainsi, pour une unité monétaire de crédit
octroyée, la perte moyenne (EL : Expected Loss) sera la
résultante du produit suivant : EL = (EDF)x(EAD)x(LGD)
De façon plus générale, la perte moyenne
se calcule par la relation ci-dessous :
Pertes prévisibles = probabilité de
défaut (EDF)x (encours - garanties) à la date du défaut x
(taux de perte sur les actifs non garantis (LGD))
La perte moyenne peut être exprimée en valeur, ou
traduite en « points de base », qui devront être
rajoutés au taux d'intérêt moyen auquel la banque se
(re)finance, et éventuellement aux frais d'exploitation et
opérationnels (eux aussi traduits en points de base), afin de constituer
le taux minimal qui peut être appliqué au crédit.
Il convient donc de s'assurer que la marge
bénéficiaire dégagée par le crédit27(*), corrigée du «
risque moyen » inhérent à une telle opération, soit
au moins positive. C'est l'objet du numérateur de la mesure RAROC :
(marge générée par l'opération de crédit -
perte moyenne)
2.2.2.3 Perte
imprévisible
Elle correspond à la partie à couvrir par les
capitaux propres. En fait, c'est le niveau de fonds propres requis pour couvrir
le risque de perte exceptionnelle qu'on appelle fonds propres
économiques.
Les fonds propres économiques qui sont donc
destinés à couvrir les pertes inattendues, déviant de la
moyenne. Le rôle du banquier est alors d'évaluer la perte maximale
susceptible de se produire sur ce type d'opération, à un seuil de
confiance donné et accepté, et d'affecter un montant de fonds
propres en conséquence, permettant de couvrir la différence entre
le montant de cette perte maximale, et le montant de la perte moyenne (incluse
dans le taux du crédit)28(*).
Pour parvenir à évaluer cette perte maximale, la
banque mêlera les approches historiques (bases de données
internes), et paramétriques (identification de la loi de distribution
des pertes), et utilisera au besoin un modèle aléatoire
(simulation de Monte Carlo...).
Il faut toutefois noter qu'une couverture totale du risque
maximal paraît pratiquement impossible, car trop coûteuse en fonds
propres pour la banque.
Elle est évaluée statistiquement, grâce
à l'utilisation de bases de données historiques qui doivent
permettre de connaître, par segment de clientèle:
2.2.3. Une norme RAROC
minimale
La mesure RAROC découle des différents
paramètres exposés ci-dessus. Elle est égale à :
RAROC =
|
(marge nette générée par
l'opération de crédit - perte moyenne)
|
Fonds Propres économiques affectés sur
l'opération
|
Cette mesure donne une indication sur la rentabilité de
l'opération de crédit, corrigée du risque ; le risque
étant pris en compte par le biais de « la perte moyenne » et
par la quantité de fonds propres devant être affectée
à l'opération, que la banque devra rémunérer.
En effet, si l'on suppose que les actionnaires sont les
apporteurs de fonds propres, il est nécessaire que le taux de
rentabilité de ces fonds propres soit conforme à leurs exigences.
C'est ce qui justifie l'existence d'une norme RAROC minimale
(k) laissée à l'appréciation des dirigeants de la banque,
sous les contraintes précédemment énoncées en
dessous de laquelle l'opération de crédit ne pourrait être
considérée comme suffisamment créatrice de valeur, compte
tenu du risque qui la caractérise, et de l'exigence de
rentabilité des actionnaires29(*).
Envisagée pour une opération
particulière, la rentabilité ajustée par le risque est
acceptable si la marge nette (M : margin) de laquelle on a retiré la
perte attendue (EL) permet de satisfaire le taux de rentabilité (k)
exigé sur les fonds propres économiques (FPE) affectés
à l'opération, c'est-à-dire si : M - EL = k . FPE.
2.2.4. Evolution et
usage actuelle de la méthode RAROC
A l'heure actuelle, RAROC est davantage un guide de
sélection, de tarification et de gestion de l'activité bancaire
qu'une norme qui déciderait de l'octroi ou du refus systématique
de crédit.
RAROC est actuellement utilisé en banque à deux
niveaux : opération par opération au niveau de la sphère
commerciale et du chargé d'affaires ; au plan global (le portefeuille de
crédits) par la cellule risk management.
Si l'opération envisagée laisse apparaître
un RAROC inférieur au RAROC minimal retenu, plusieurs
possibilités s'offrent à la cellule commerciale :
- refuser l'opération ;
- essayer d'augmenter le flux de revenus
générés par l'opération, c'est-à-dire sur la
marge nette (en augmentant la tarification du crédit) ;
- essayer de faire diminuer la «perte moyenne»
attendue (en augmentant les garanties prises, les collatéraux..., en
changeant l'échéancier de remboursement pour influencer le taux
d'exposition...) ;
- ne pas raisonner uniquement sur le «RAROC» de
l'opération, mais sur le RAROC du client, toutes opérations
bancaires confondues : la captation de revenus supplémentaires (par la
fourniture d'autres produits ou services bancaires non
générateurs de risques donc non consommateurs de fonds propres)
pouvant relever le RAROC jusqu'à la norme acceptable et faire accepter
l'opération.
Utilisée non plus opération par opération
(pour la sélection ou la tarification), mais à un niveau global,
la méthodologie RAROC devient un outil de risk management :
l'évaluation globale du RAROC de tel segment de clientèle, de tel
secteur d'activité en portefeuille, ou à plus grande
échelle d'une agence, d'une division internationale... permet
d'évaluer les risques et de les confronter à la
rentabilité générée, donc au besoin de
réallouer les risques différemment.
L'utilisation d'un RAROC opération par opération
ne convient plus dès lors que l'on raisonne au niveau du risque de la
banque elle-même : en effet, il convient également de tenir compte
de l'impact, sur le risque global, des corrélations entre les actifs en
portefeuille et des effets de la diversification.
Ainsi, une opération apparemment insuffisamment
rentable peut se justifier pour des motifs de diversification ; une
opération ne comporte pas les mêmes exigences de
rentabilité si elle permet d'en couvrir une autre ; le risk manager peut
également essayer de réduire la consommation de fonds propres
affectés à l'opération, par l'utilisation de diverses
techniques de gestion active du portefeuille-crédit (titrisation,
dérivés de crédit...) qui permettront de réduire
les pertes exceptionnelles en cas de survenance.
L'objectif du credit risk-manager de nos jours est alors de
rapprocher le portefeuille de créances bancaires de la frontière
efficiente, toutes activités confondues (BESSIS, 1995),
c'est-à-dire d'optimiser le couple « rendement/risque » de ce
portefeuille.
Il peut exister alors une certaine déconnexion entre
l'utilisation de RAROC par la « cellule commerciale » de
l'établissement (sensibilisation du chargé de clientèle
à la rentabilité ajustée au risque, opération par
opération, compte tenu d'une norme minimale servant de guide) et
l'utilisation de RAROC par la cellule « risk management », qui
raisonnera au niveau global.
CONCLUSION PARTIELLE
PREMIERE PARTIE
Comme nous venons de le voir, le risque de crédit a
fait l'objet de beaucoup de développement. La gestion de portefeuille de
crédit en est un développement récent.
La mise en oeuvre de telle pratique comme de gestion au niveau
de notre environnement bancaire devient une nécessité au regard
de la concurrence et la règlementation prudentielle internationale (Bale
II) qui s'imposera à nous tôt ou tard. Une institution
financière comme ECOBANK peut envisager un tel système de gestion
en raison de sa présence dans plusieurs pays.
PARTIE II : GESTION DU RISQUE DE CREDIT A ECOBANK
CI ET PROPOSITION D'UN MODELE DE GESTION DE PORTEFEUILLE
La mise en oeuvre d'un modèle de gestion commence par
la modélisation de l'évènement de défaut. Cette
modélisation est incontournable pour une gestion efficace du risque de
crédit.
Chapitre 1 : Gestion et Modélisation du
risque de crédit à ECOBANK CI
Comme nous l'avons vu dans
la première partie la gestion d un portefeuille de crédit est
fondée sur la modélisation du risque de crédit. Qu'en
est-il de cette pratique à ECOBANK et l'on y gère t-elle le
risque de crédit ?
Section 1 :
Gestion des risques de crédit
Chaque banque dispose de son monitoring interne du risque de
crédit. Nous présentons celui d'ECOBANK dans ce paragraphe.
1.1 Présentation de ECI et produits
bancaires offerts à la clientèle entreprise
1.1.1 Présentation ECI
ECOBANK Côte d'Ivoire est une filiale de ECOBANK
Transnational Investment (ETI). ETI est une société holding
créée en 1985 dont le siège est basé à
Lomé au Togo. ETI est actionnaire majoritaire dans chaque filiale ECBANK
et joue un rôle central dans la définition de standards communs,
offrant ainsi à ses clients les services d'une « banque
unique » dans l'espace géographique où le Groupe est
présent.
Au cours des années écoulées, le Groupe
ECOBANK a connu une croissance soutenue. Son réseau s'étend
aujourd'hui dans 13 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre :
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana,
Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Libéria et
Togo.
En 1998, ECOBANK Development Corporation (EDC) fut crée
avec pour mission de fournir des produits et services dans le domaine de la
banque d'investissement, du financement des sociétés et des
marchés de capitaux.
L'activité de ECOBANK est de fournir à travers
son réseau de filiales une gamme variée de produits et services
bancaires aux particuliers, petites et moyennes entreprises,
société privée, institutions financières,
institutions multilatérales, ONG et gouvernements.
- Présentation ECOBANK CI
ECOBANK CI fut créée en 1989 par l'acquisition
du fonds de commerce de la Chase Manhattan Bank. Au fil des années, la
banque s'est développée en diversifiant son portefeuille dans les
segments de marché des grandes entreprises, petites, moyennes et
particuliers, en s'appuyant sur une équipe de professionnels rompus au
métier de la banque et la finance.
Après plusieurs années d'existence, ECOBANK CI
jouit aujourd'hui d'une solide réputation pour son professionnalisme et
de sa qualité de service.
En fin 2004, ECOBANK Côte d'Ivoire employait un effectif
de deux cent soixante (260) professionnels et son réseau
s'étendait à huit (8) agences. La même année, son
total bilan s'élevait à 132,526 milliards de Francs CFA, avec un
capital social de 3,226 milliards de Francs CFA.
Le réseau bancaire d'ECOBANK CI est réparti
comme suit : Plateau siège, Plateau sud, Treichville,
Adjamé, II Plateaux, Yopougon, Bouaké (fermé pour cause de
guerre) et San Pedro.
Par ailleurs, en qualité de représentant Western
Union en Côte d'Ivoire, ECOBANK CI offre le service international de
Transfert d'Argent à travers un réseau de 32 points de vente
comprenant sept agences dédiées à l'activité
Western Union et 18 agences gérées par des partenaires
privés (sous agents).
1.1.2 Produits bancaires offerts à la
clientèle
La vison de « banque unique qui accompagne sa
clientèle dans douze pays d'Afrique » a donnée à
ECOBANK une grande réputation qui fait d'elle un intervenant de
référence dans le financement des entreprises ivoiriennes.
Le financement des entreprises au niveau d'ECOBANK CI est
réalisé dans un cadre cohérent par le biais de produits
spécifiques. Le département Institutional Banking Group (IBG) qui
a été notre cadre d'accueil offre un certain nombre de
facilités aux grandes entreprises et à la clientèle
institutionnelle. Ces facilités peuvent se résumer aux grands
types de financement suivants.
- Financement des stocks et des créances
clients
Il s'agit de financements à court terme qui peuvent
prendre diverses formes :
- facilité de caisse (notamment crédit
spot) ;
- découvert ;
- avances sur marchés publics ou
privés ;
- escompte (notamment effets et remise documentaire
export) ;
- crédits de trésorerie.
- Financement des besoins d'investissement ou de
consolidation
Crédits d'investissement à moyen et long terme
(notamment par le biais du risk sharing). Il s'agit de financement dont la
durée s'établit généralement de 2 à 5
ans :
- crédits de renforcement de fond de
roulement ;
- crédit bail ;
- financement structuré
spécialisé ;
- opération d'ingénierie financière
(émission de titres, rachat de créances, etc..).
Outre les produits classiques, ECOBANK CI a mis en place des
produits innovants qui accompagnent la clientèle dans ses
activités. Cette vision fait d'elle un partenaire de choix dans la
relation avec sa clientèle.
A ce titre ECOBANK CI offre des produits de mobilisation de
ressources (utiliser comme produit d'appel) et intervient dans le transfert de
fonds. C'est le service cash management30(*) qui s'occupent de cette activité.
1.2 Gestion des risques de crédit
1.2.1 La gestion ex-ante (préventive)
Comme toute politique visant à maîtriser le
risque, le management du risque de crédit d'ECOBANK CI s'attache
à le prévenir et au pire des cas à le gérer sans
qu'il ne puisse avoir une incidence trop importante sur son activité. La
politique d'ECOBANK est fondée sur le sens de l'organisation de la
prévention c'est-à-dire la mise en oeuvre des moyens techniques,
humains et organisationnels destinés à éviter la
survenance du risque.
La banque n'accepte un risque que lorsqu'elle estime qu'il ne
se réalisera pas ou que les chances de réalisation sont
limitées. Elle n'a pas, lorsqu'elle finance un projet qu'elle estime
porteur, à endosser les risques de l'entrepreneur. Elle cherche au
contraire à s'en prémunir notamment en exigeant des garanties
dont l'objet consiste précisément à limiter les
conséquences financières de la réalisation du risque.
Cependant, la banque est pleinement consciente du fait que
malgré toutes ses précautions, certains de ces risques qu'elle a
acceptés se réaliseront. Il importe alors d'organiser la
meilleure gestion des risques pour en minimiser les conséquences. Cette
organisation passe par différentes étapes à savoir la
détection, la limitation et la couverture des risques. Au total, la
maîtrise du risque de crédit est indissociable de la mise en
oeuvre d'une gestion préventive des risques d'une part, d'autre part,
d'une organisation réactive centrée sur l'efficacité du
traitement curatif du risque.
Cela montre combien le management du risque dans toute banque
est crucial et par conséquent tout service de gestion de risque
constitue un centre névralgique pour la banque. En effet, tout
engagement de la banque mal évalué lui fait courir un risque de
dégradation de son portefeuille voire de faillite. Il est donc important
pour ECOBANK de mieux maîtriser ses risques pour sécuriser son
financement des entreprises notamment les plus grandes qui déposent de
lignes de crédit très importantes. Comment s'y prend
t-elle ?
La constitution du portefeuille constitue en soi une gestion
préventive en ce sens qu'il balise le financement de la banque et fait
une gestion sélective des clients à financer; les
éléments de sélection sont entre autres:
- l'expérience des dirigeants de l'entreprise;
- les états financiers audités par des cabinets
agréés;
- le chiffre d'affaire de la campagne
précédente;
- la structure financière.
En pratique, lorsqu'une entreprise demande un concours
à la banque dans le cadre de ses activités, cette dernière
adresse un dossier au département Commercial (Commercial Banking Group
ou Institutional Banking Group) qui sont les services de la banque
dédiés à des segments de marché bien précis
(CBG : PME ou PMI et IBG : grandes entreprises). Le chargé de
compte (Account officer) gérant la relation entre la banque et le client
initie le dossier de crédit.
L'analyste crédit est chargé de monter le
dossier de crédit en collaboration avec le chargé de compte. Il y
joint la documentation et le transmet à l'approbation du BCC (Basic
Credit Committee). Il faut dire que la signature du chargé de compte est
motivée par une analyse de la demande de crédit qui prend en
compte la situation financière de l'entreprise, l'analyse sectorielle,
l'analyse des risques inhérents au secteur et la qualité des
garanties. Une fois le dossier constitué, il reçoit le visa du
responsable du département commercial; il est ensuite transmis au
directeur du risque qui donne à son tour son avis et en dernier ressort
l'avis de la direction de la banque est requis.
Quant au département juridique, il vérifie la
régularité des garanties et le Crédit Administration (CAD)
assure la mise en place du crédit, son suivi, les documents et les
garanties.
Le dossier de crédit avant donc d'être
approuvé passe par différents niveaux d'analyses
motivées.
Une fois le dossier approuvé et les lignes de
crédit magnétisées, les décaissements font l'objet
également d'établissement de tickets qui doivent être
à la fois approuvés par l'administration de crédit, le
risque, la direction générale au regard de l'encours du client,
des lignes accordées et d'éventuelles garanties adossées
à ces lignes. Toute cette procédure a pour but de
sécuriser les opérations de la banque, de mieux les suivre et
surtout d'assurer un recouvrement total des différents concours
accordés aux clients.
L'objectif pour la banque en accordant des financements aux
entreprises est de s'assurer de leur capacité à rembourser les
crédits. Or ces dernières ne tirent leurs revenus que leurs
activités commerciales ou industrielles. Ainsi les montants des
crédits sont fonction de la catégorie de l'emprunteur qui
elle-même dépend de son chiffre d'affaires.
1.2.2 Le traitement des risques
Face aux différents risques courus par la banque dans
son intervention sur le marché du crédit aux entreprises, il
convient de mettre en place une stratégie de gestion de ces risques afin
de sécuriser son financement.
En quoi cette stratégie consiste t-elle ?
Nous soulignions plus haut qu'un des risques auquel les
entreprises sont confrontées est le risque d'approvisionnement ou de
performance qui est directement lié à la capacité de
l'entreprise à disposer des matières premières ou de
produits donc à la maîtrise des circuits d'approvisionnement. Pour
juguler ce risque la banque va privilégier le critère
d'expérience professionnelle de ces structures.
Le traitement du risque de tierce détention
(entreprise de négoce de matière première) : En même
temps que se fait la sélection des clients du marché cible
satisfaisant aux critères d'acceptation du risque de la banque, se fait
aussi une sélection des tiers détenteurs là aussi sur la
base de leur professionnalisme et de leur notoriété dans leur
secteur d'activité.
-Le traitement du risque de contrepartie
commerciale : la banque dans son approche va s'intéresser
à la qualité de signature des acheteurs avec lesquels ses propres
clients traitent. Ainsi elle va regarder leur notoriété sur le
marché international et leur expérience dans leur secteur
donné. Enfin la banque engage son financement sur la base d'un contrat
ferme d'achat à prix fixé par les acheteurs préalablement
sélectionnés.
Au total en exigeant de ces clients qu'ils aient des acheteurs
fiables et des contrats à prix fixé, elle minimise ainsi son
risque de contrepartie commerciale.
-Traitement du risque de change : en
finançant des contrats de vente libellés en Dollars US ou Livre
sterling, la banque court un risque de change lié aux fluctuations des
devises citées dans la mesure où le cours des matières
premières (café, cacao) sont libellés dans ces devises.
Face donc à ce risque, la banque exige donc des contrats libellés
plutôt en Euro atténuant ainsi le risque de change compte tenu de
la parité de l'Euro avec le Franc CFA.
-Le risque spéculation (entreprises de négoce
de matières premières) : Pour faire face au risque de
spéculation, la banque décide tout simplement de travailler avec
des clients qui ne spéculent pas. Tout décaissement de la banque
repose sur des contrats déjà en portefeuille avec des prix
déterminés qui lui permettent de suivre l'évolution de la
situation financière du client. Les contrats à terme sont donc
exclus du financement de la banque.
Les risques sont nombreux et dépendent de la
spécificité des entreprises et des secteurs.
1.2.3 La gestion ex-post
La gestion ex-post du risque crédit démarre
à partir du premier jour où l'échéance du
crédit a été impayée, et /ou l'engagement pris
par un client non respecté (régularisation de découvert
par exemple). Dès ce moment , la banque doit avoir organisé
sa capacité de détection de l'incident et sa réaction
à travers la mise en oeuvre d'interventions planifiées et
graduées en fonction de son appréciation du risque.
Pendant longtemps, les banques ont pour des raisons diverses,
délaissé cette activité d'après vente de leurs
crédits. Il est vrai que jusqu'à une période
récente, que l'on peut situer dans le milieu des années 90, les
préoccupations bancaires étaient tournées plus vers le
développement des activités commerciales dans un environnement
économique plutôt favorable. Le développement payait le
risque et les comptes de résultat n'étaient pas encore soumis
à la cure d'amaigrissement liée à l'écrasement des
marges de crédit et à la montée parallèle des
pertes et dotations aux provisions, sur l'activité de crédit.
Il appartient à la banque de déterminer sa
stratégie et le niveau de provisionnement des créances. Il est
souhaitable à partir de l'analyse de l'historique des dotations aux
provisions réalisées et la distribution de crédit
prévue, de dégager un premier bilan prévisionnel. Cette
approche a elle seule ne suffit pas. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
on parle de gestion de portefeuille de crédit pour rendre proactif le
risk management de la banque.
L'organisation de la gestion des risques dans la banque est
tournée vers le suivi des clients, en amont pour détecter le
plutôt possible leurs difficultés, en aval pour parvenir à
la régularisation des impayés, par l'utilisation de tous les
outils et moyens amiables et judiciaires dont dispose la banque.
La démarche ici pour la banque consiste à
anticiper, détecter, identifier et faire le point aussitôt que
possible sur les problèmes potentiels qui peuvent survenir. Pour ce
faire elle va procéder à une classification en rang des risques
de crédit en fonction des directives internes établies et de
l'état de dégradation de la situation financière de
l'entreprise. Elle se traduit par des signaux négatifs à savoir
des découverts ponctuels qui se reproduisent ou des dépassements
sur les lignes qu'on met du temps à régulariser, des retards
habituels dans le remboursement du crédit.
Ainsi les dossiers de crédit sont classés en
quatre catégories :
- (I) il s'agit d'un dossier sans critique ;
- (IA) Il s'agit de crédits accordés alors que
la situation financière du client est faible et ne justifie pas le
crédit ;
- (II) Il s'agit de crédit dont le remboursement
du principal et des intérêts peut être anormalement
compromis ;
- (III) Crédits douteux : Il s'agit de
crédit dont le remboursement total semble problématique compte
tenu des informations obtenues;
- (IV) Il s'agit de crédits qui sont
considérés comme pertes.
Cette classification permet un meilleur suivi des dossiers de
crédit et des décisions quand aux mesures correctives à
prendre.
Section 2 :
Modélisation du risque de crédit
La
modélisation du risque de crédit à ECOBANK est
perçue essentiellement à travers le système de rating.
2.1 Rating ou notation du
crédit à ECOBANK
L'analyse du dossier crédit est une étape
importante du processus de mise en place des financements de la banque. De la
rigueur avec laquelle cette étape est traitée dépendra en
partie la suite de la relation entre la banque et l'entreprise. Alors quels
sont les éléments d'analyse :
En fonction des risques évoqués plus haut, une
appréciation du risque environnemental est faite ce qui conduira
à se faire une opinion à savoir si, le risque est bas ou non?
L'analyse du dossier consistera en autre à faire deux
notations :
- La notation ORR (Obligor Risk Rating), il s'agit de la
notation du client qui est faite par la banque lors de l'entrée en
relation avec ce dernier. Cette notation est réévaluée
à chaque révision du dossier de crédit. Il faut souligner
que la note peut être réévaluée automatiquement en
cas de changement dans la concurrence et de l'environnement. Il s'agit d'un
risque de défaut de long terme. Elle est relative :
§ aux données financières de
l'entreprise ;
§ à la qualité de son management ;
§ l'accès au financement.
§ Ainsi, ces notations vont de 1 à 10 en fonction
de la qualité financière et de la qualité du management,
cette notation permet d'avoir une meilleure appréciation du risque.
- De même, une note est associée à chaque
facilité dont bénéficie le client, cette notation
appelée reflète le risque associé à une
facilité donnée pour un client donné. Elle peut être
ajustée pour refléter la structure du financement ou la garantie
qui sous tend le financement. Cette notation peut être différente
de la notation ORR. Elle se présente comme un indicateur des facteurs
qui affectent les normes de perte de la facilité. Les normes de perte
sont définies comme la probabilité de défaut
multipliée par la perte économique en cas de défaut. Cette
notation va de 1 à 7 et ceci en fonction de la garantie adossée
à la facilité. Comme la notation ORR, la notation FRR est un
indicateur d'appréciation du risque.
2.2
Volatilité des pertes
L'évaluation des pertes imprévisibles est une
carence dans le dispositif de gestion de crédit à ECOBANK CI.
Cependant, l'évaluation des pertes prévisibles est une
avancée notable qu'il convient de noter.
La question est de savoir dans quelle mesure, ECOBANK CI peut
se prémunir des pertes imprévisibles qui peuvent être
très importantes. Le capital de la banque en est certainement un
rempart. Sauf que mobiliser en continue constitue un coût
d'opportunité assez important pour la banque qu'il convient
d'atténuer. C'est ce qui justifie d'ailleurs, les récents accords
de Bale II sur la gestion de risques qui encouragent les banques à
adopter un risk rating interne pour la maîtrise de leurs risques.
En plus de cela, il faut souligner par ailleurs que le
dispositif de ECI en soit a un certain nombre d'insuffisance. La non
automatisation du processus de notation interne montre un degré de
subjectivité dans la notation des facilités, notamment lorsqu'il
s'agit d'intégrer la qualité du management et le changement de
conjoncture dans la notation.
De plus, le dispositif n'intègre pas le taux de
recouvrement en fonction du rating lorsque survient l'évènement
de défaut.
Chapitre 2 : Gestion de portefeuille de
crédits : Modèle de simulation
La gestion dynamique de portefeuille de crédit est
basée sur l'estimation de la volatilité des pertes. Celles-ci
sont perçues par la distribution des pertes du portefeuille.
Section 1 : Présentation du
modèle
Comme nous l'avons évoqué dans notre revue de la
littérature, plusieurs approches existent pour la modélisation de
la perte d'un portefeuille de crédit. L'utilisation de la loi normale
comme pour le risque de marché n'est plus valable. On parle plutôt
de loi Bêta ou lognormale. Pour contourner le problème de
modélisation basé sur les lois de probabilité, l'on fait
appelle à l'approche de simulation de Monte Carlo.
Dans cette approche, plusieurs scénario de transition
de rating (incluant de défaut) dans le futur pour chaque facilité
sont générés à travers des simulations. On calcule
ainsi pour chaque scénario le montant des pertes
réalisées. Le processus est réalisé un grand nombre
de fois et mesure la distribution des pertes du portefeuille. Avant de passer
à la présentation du modèle, définissons quelques
concepts de bases.
1.1 Définition des
concepts de base pour la quantification du risque de crédit
- Le risque de crédit est la perte maximale
définie par un seuil de confiance ou de tolérance sur un
portefeuille. Le risque de crédit doit être couvert par les fonds
propres.
- On appelle « coût du
crédit », la perte moyenne ou « casse
statistique » une période généralement une
année. Le coût du crédit d'un portefeuille est celui des
différentes facilités et doit être intégré
à la tarification des crédits constituant le portefeuille.
- On appelle perte sur un horizon les pertes cumulées
sur des contreparties pour des raisons de défaillance.
1.2 Données du
modèle
Les différents éléments constituant le
modèle sont :
- La matrice de transition de rating
- les corrélations
- le taux de contribution par industrie
- la corrélation individuelle entre entreprises
§ Matrice de migration du rating
La matrice de transition du rating de crédit est
définie comme une matrice qui montre la probabilité de migration
de rating d'un crédit durant une année, incluant
l'éventualité de défaut pour chaque classe de rating.
La probabilité de changement de rating est
calculée sur la base des contreparties et elle est
générée chaque année. La probabilité de
transition de rating est donnée par :
P =
|
Nombre de clients dont le rating migrent de m à n
|
Nombre de clients ayant le rating m
|
§ Corrélation
La corrélation est l'outil qui incorpore la relation
entre industrie ou secteur d'activité dans la simulation. C'est une
matrice qui retrace la corrélation entre score obtenu par industrie. Le
score par industrie est le score moyen des clients par secteur
d'activité. L'incorporation de la corrélation dans la matrice de
corrélation permet de quantifier le risque de crédit par la
considération de la chaîne de défaut.
La segmentation des entreprises peut être faite en
fonction de la classification en vigueur au niveau de la banque centrale. Pour
estimer la corrélation entre industrie, l'on peut prendre comme
paramètre de référence les ventes, en prenant les ventes
moyennes pondérées. C'est ainsi, le modèle
développé par Kenzi NISHIGUCHI et al (1998) s'est basé sur
la classification des entreprises de la bank of Japan et les ventes par
industries.
§ Taux de contribution par industrie
Le taux de contribution par industrie est défini comme
le degré auquel la fluctuation de chaque entreprise peut être
décrite par le mouvement des facteurs (valeurs indépendantes)
représentant l'industrie auquel appartient chaque entreprise.
Dans le modèle développé par Kenzi
NISHIGUCHI et al(1998), le taux de contribution est correspond à la
racine carrée du coefficient de détermination de la
régression linéaire ci après :
Xj, y =
Où Xi, j représente le score de l'entreprise j
pour l'année y ; á et â représente les
coefficients de régression ; m représente le score moyen du
secteur d'activité i pour l'année et représente le terme d'erreur de la régression. Compte
tenu du fait qu'il difficile de disposer de données fiables et longues
par secteur d'activité et par entreprise, on attribue à un
secteur d'activité le même taux de contribution.
§ Corrélation individuelle entre
entreprises
La corrélation entre l'entreprise 1 de l'industrie i et
l'entreprise 2 de l'industrie j est donnée par: Cij.r1.r2, où Cij est
la contribution entre les secteurs d'activité i et j. r1 et
r2 représentent respectivement les taux de contribution des
entreprises 1 et 2.
Section 2 : Simulation & Résultats
Pour mettre en oeuvre le modèle que nous venons de
présenter, nous prenons des engagements fictifs dans un but
illustratif31(*). Nous
prenons comme tableau de migration du rating de crédit celui de S&P
(tableau 2), avec sept classes de ratings possibles.
A chaque classe de rating correspond une norme de perte. Nous
retenons comme normes de perte celles retenues à ECOBANK pour chacune
des classes de rating, les normes pour les classes de rating sont : la
note 1qui correspond à la notation AAA chez S&P a pour norme de
perte 0 ; respectivement 2 (AA) 0 ; 3 (A) a pour norme de perte
2 ; 4 (BBB) a pour norme de perte 6 ; 5 (BB) a pour norme de perte
65 ; 6 (B) a pour norme de perte 296 ; 7 (CCC) à 10 (D) a pour
norme de perte 770.
Nous simulons un portefeuille constitué de deux grands
secteurs d'activité (par exemple, le secteur agroalimentaire et
activités connexes ; et le secteur des services. Le portefeuille
constitué se présente comme suit :
Tableau 3: Exposition en millions de francs CFA
en fonction du rating
|
|
Credit
|
Name
|
Exposure
|
Rating
|
1
|
2 000 MM
|
4
|
2
|
1 235 MM
|
6
|
Source : Nos
calculs
En fonction du nombre de classes de rating (N) et des
facilités (n), le nombre de combinaison possible est établi
à Nn. Dans le cas présenté ci-dessus, nous
avons 72, soit 49 combinaisons. Ainsi, les pertes
générées au niveau du portefeuille pour tout
évolution de la qualité des facilités du portefeuille se
présente comme résumé ci après :
Tableau 4: Pertes du portefeuille en cas de
changement de rating en millions de francs CFA
|
Pertes du portefeuille
|
|
Pertes du portefeuille
|
1
|
0
|
26
|
9
|
2
|
0,1
|
27
|
38
|
3
|
0,2
|
28
|
96
|
4
|
0,7
|
29
|
13
|
5
|
8,0
|
30
|
13
|
6
|
36,6
|
31
|
13
|
7
|
95,1
|
32
|
14
|
8
|
0,2
|
33
|
21
|
9
|
0,3
|
34
|
50
|
10
|
0,4
|
35
|
108
|
11
|
0,9
|
36
|
59
|
12
|
8,2
|
37
|
59
|
13
|
36,8
|
38
|
59
|
14
|
95,3
|
39
|
60
|
15
|
0,4
|
40
|
67
|
16
|
0,5
|
41
|
96
|
17
|
0,6
|
42
|
154
|
18
|
1,1
|
43
|
154
|
19
|
8,4
|
44
|
154
|
20
|
37,0
|
45
|
155
|
21
|
95,5
|
46
|
162
|
22
|
1,2
|
47
|
191
|
23
|
1,3
|
48
|
249
|
24
|
1,4
|
49
|
154
|
25
|
1,9
|
|
|
Source : Nos calculs
Au regard des normes de perte du portefeuille, la perte
moyenne du portefeuille se situe à 36,756 millions de F CFA et elle doit
être contenues dans la tarification du crédit. Qu'en est il des
pertes imprévues ?
Le problème qui se pose est la ventilation des pertes
imprévues entre les différentes facilités. Une fois, la
clé de répartition arrêtée le calcul du RAROC par
facilité est le rapport entre la marge nette est le fonds propre
économique ainsi évalué. Au seuil de 1% le capital
économique du portefeuille se situe à 60 millions de francs
CFA.
Une des modalités de ventilation des fonds propre
économique peut être la répartition au prorata des pertes
prévisibles. Cette répartition est contestée car rien ne
la justifie. Pour un seuil de 2%, le capital économique a
mobilisé est de 167 millions F CFA au lieu de 259 millions de F CFA
comme le prévoît le capital réglementaire.
Une fois, les fonds propres économiques
déterminés, l'on peut calculer le RAROC en rapportant le revenu
net au fonds propre par facilité.
Cependant, il faut noter qu'aucune clé de
répartition n'est à l'abri des critiques en raison de leur
caractère subjectif. L'alternative utilisée pour faire face aux
nombreuses critiques est la répartition par simulation aléatoire
dite de Monte Carlo. La mise en oeuvre d'une telle opération
nécessite beaucoup de temps et une modélisation fine du risque de
crédit notamment par :
· l'établissement d'un système de rating
fiable
· l'établissement d'une matrice de rating stable
et fiable
· la corrélation entre les différents
secteurs d'activité
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE
Comme nous venons de le voir, le risque de crédit a
fait l'objet de beaucoup de développement. La gestion de portefeuille de
crédit par la méthode RAROC en est un développement
récent.
Le groupe ECOBANK dispose de beaucoup d'atouts pour inscrire
une telle méthode de gestion de ses engagements vis-à-vis de sa
clientèle. D'autant, plus que son système de gestion et de
modélisation du risque s'y prête bien. Cela lui permettrait sans
doute d'avoir une bonne lisibilité de la rentabilité de ses
crédits et garantirait la solidité de cet établissement
qui prendrait une longueur d'avance dans la mise en place des accords de Bale
II auxquelles notre environnement bancaire et financier ne pourra
échapper.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre analyse, nous pouvons dire que la gestion de
portefeuille de crédits est une discipline relativement récente
qui se développe et continuera de l'être à la
lumière des différentes théories que nous avons
présenté, notamment en Afrique où cette vision est
à un état embryonnaire.
Il faut signaler que les bases pour une gestion active du
portefeuille de crédits ne sont pas toutes assises en Afrique
subsaharienne pour mettre à une banque ou un établissement
financier de pratiquer la gestion de portefeuille de crédits comme cela
se pratique dans les pays comme les USA, les pays de l'UE, notamment en raison
de l'indisponibilité de données. Néanmoins, la gestion des
portefeuilles de crédit peut se pratiquer en tenant compte de nos
réalités.
L'environnement bancaire de l'UMOA qui devient de plus en plus
concurrentiels ces dernières années avec l'arrivé de
nouveaux intervenants. D'aucuns parlent même de surbancarisation de
certaines places financières de la sous région, notamment la
Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Bénin. Dans un tel
environnement, les banques de l'UMOA doivent adopter des outils qui leur
permettront de définir les stratégies les mieux adaptées
pour faire face à des contraintes aussi contradictoires les unes par
rapport aux autres. Le RAROC, comme outil, semble être une alternative
appropriée dans le pilotage de la rentabilité et des risques.
D'ailleurs, l'environnement financier en pleine mutation
l'imposera dans les années à venir aux banques et
établissements financiers de l'Union. En effet, lorsque le marché
financier (BRVM) permettra une plus grande mobilité des capitaux, les
agents à forte capacité de financement auront la latitude
d'investir dans les entreprises les plus rentables.
Dès lors, la concurrence sur le marché du
crédit deviendra de plus en plus rude. L'affronter ne pourra se faire
sans tenir compte du risque de crédit et des rendements des
différents engagements que les banques prendront dans l'exercice de leur
activité, notamment le crédit aux entreprises.
Les dirigeants des banques se trouveront dans l'obligation
d'orienter leur système de gestion des risques pour les actionnaires
afin qu'il aient une bonne visibilité de leur résultat en
fonction des risques qu'ils ont prendront.
Le groupe ECOBANK en général et en particulier
ECOBANK CI dispose d'atouts considérables en la matière au regard
des pratiques de gestion des risques du groupe. Disposer d'outils de suivi
fondés sur des systèmes automatisés, au niveau groupe et
analyser le portefeuille de crédits, en fonction des risques ouvrirait
la voie à une véritable expertise au groupe.
Les questions comme la diversification du portefeuille (par
industrie, par secteur et par zone géographique) prennent tout leur sens
dans le groupe ECOBANK qui accompagne ses clients dans treize pays
d'Afrique.
Etant donné que la mise en oeuvre des différents
outils permettant d'aboutir à un tel système de management est un
processus qui peut s'avérer long, il paraît opportun pour les
banques qui veulent prendre de l'avance sur leurs concurrents de
démarrer au plus vite la mise en place du processus. Le projet commence
par la mise en place d'un rating interne fiable.
Le groupe ECOBANK gagnerait à se positionner en
première ligne si elle veut s'inscrire dans le cadre de sa
vision de banque de référence en Afrique qui accompagne les
différents pays où il est présent dans leur
développement.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages
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risques et gestion actif - passif des banques », Edition Dalloz
gestion finances.
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crédit : nouveaux enjeux bancaires », 2e
édition, Dunod.
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« Lexique d'économie», 7eme édition,
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(2004) : « Analyse et gestion du risque bancaire un cadre
de référence pour l'évaluation de la gouvernance
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Articles
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options and corporate liabilities », journal of political economy.
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l'intermédiation bancaire », Université Robert Schuman,
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15. GODLEWSKI Christophe J. (2003) :
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bancaire et facteurs réglementaires : une application aux banques
des pays émergents », Université Robert Schuman,
Strasbourg III, LARGE, juillet 2003.
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21. MADAN D. and UNAL H. (1999): « A two factor hazard
rate model for pricing risk debt and term structure of credit spreads »,
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22. MERTON R. (1974): « On the pricing of corporate
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finance.
23. NEGUS Jim (2005): « Protecting capital through
risk adjusted performance measures », Partner KPMG, LLP, sponsored
statement industry forum.
24. NGA THI Phuong (2004): « Tarification du
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solvabilité ? », Laboratoire d'économie
d'Orléans, Université d'Orléans, version d'avril 2004.
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27. ROCHE Adrian (2005) : « Modélisation
du risque de crédit : une pluralité d'approches »,
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28. VIVIANI Jean Laurent, « Mesures de performances
ajustées pour le risque (MPAR) et allocation des capitaux
propres », LARGO, Université d'Angers.
29. XIE, WU and SHI (2003) : « Do
macroeconomics variables matter for the pricing of default risk », working
paper.
30. ZHOU C. (1997): « Default correlation: an analytical
result », working paper, may 1997.
Mémoires
31. BENNANI HASSAN Yasmine (2001) « les
modèles internes dans l'évaluation du risque de
crédit », Mémoire de fin de formation DESS banque et
finance, Université Paris V,
www.droit.univ-paris5.fr/dess-bf/memoires/.
32. KOFFI Julien Konan (2005) : « La
création de valeur à ECOBANK Côte d'Ivoire »,
Mémoire Mastère en banque & finance 2003/2004.
33. KOUASSI Yao I (2005) : « Gestion des
risques dans le financement des COPEX et PMEX », Mémoire
Mastère en banque & finance 2003/2004.
* 1 Les propos contenus dans ce
document n'expriment pas l'opinion de ECOBANK Côte d'Ivoire, ni celle du
Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (CESAG), mais celle de
l'auteur.
* 2 Joël BESIS
« Risque de crédit et gestion de portefeuille de prêts
bancaires »,
www.lesechos.fr/formations/finance/art_fin.htm.
* 3 Notons que la banque
n'est pas exposée seulement au risque de crédit, il y a
également des risques de marché et des risques
opérationnels.
* 4 Djibrilla ISSA
(2005) : « Présentation du système bancaire de
l'UMOA », Séminaire BRI 2005 « Banking system,
capital markets & financial stability », support de cours MBF
2004/2005, BCEAO.
* 5 RAPM : Risk Adjusted
Performance Measure (Mesure de la Performance Ajustée pour le
Risque) ; RAROC : Risk Adjusted Return on Capital (Rendement
ajusté sur le risque), une variante RAPM.
* 6 Union Monétaire
Ouest Africaine regroupant actuellement le Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo, ayant une monnaie commune : le Franc
CFA.
* 7 Le capital
économique lorsqu'il est défini doit être
rémunéré. S'il y a adéquation du capital aux
risques encourus, il couvre les pertes potentielles, dans le cas contraire il
faut réduire les risques.
* 8 On appelle information
soft l'ensemble des informations qualitatives dont dispose le banquier sur une
entreprise avec laquelle il est en relation. Il peut s'agir des informations
sur la qualité du management, sur le climat social, les perspectives du
business, la vision des dirigeants. Quant à l'information hard, elle
concerne les informations chiffrées de l'entreprise, les états
financiers et les budgets prévisionnels, etc.
* 9 Les clients
réticents aux systèmes de scoring préfèrent la
méthode traditionnelle aux relations impersonnelles et
automatisés. Ils sont prêts à payer plus pour une relation
suivie.
* 10 Christophe J GODLEWSKI
(2003) « Modélisation de la prévision de la
défaillance bancaire et facteurs réglementaires : une
application aux banques des pays émergents »,
Université Robert Schuman, Strasbourg III, LARGE, juillet 2003.
* 11 On parle aujourd'hui
d'hardisation de l'information qui permet de concevoir des modèles
quantitatifs à partir des données qualitatives.
* 12 Le modèle de
Merton est appelé modèle structurel car il relie le risque de
crédit à la structure du capital de la firme.
* 13 Black & Scholes
(1973): « The pricing of options and corporate
liabilities », journal of political economy.
* 14 Le défaut
intervient à chaque instant lorsque la valeur des actifs passent en
dessous d'un plancher convenu, éventuellement exogène. Le
modèle de Longstaff et Schwartz (1995) fait l'hypothèse d'un
seuil K fixé en dessous duquel l'entreprise se trouve en situation de
faillite.
* 15 La liquidité du
crédit est perçue lorsque les crédits de l'emprunteur sont
cotés.
* 16 Voir Adrian ROCHE
(2005), « Modélisation du risque de crédit : une
pluralité d'approches », Crédit Agricole, Flash
Éco n° 2005-07, mars 2005.
* 17 Voir Adrian ROCHE (2005),
« Modélisation du risque de crédit : une
pluralité d'approches », Crédit Agricole, Flash
Éco n° 2005-07, mars 2005. (Xie et al (2003)).
* 18 Les résultats de
Nickell, Perrandin et Varotto (1998) ; Cartis et Fons (1993) montrent que
la matrice conditionnelle (indépendante de la conjoncture
économique n'est pas stationnaire dans le temps encore moins avec la
méthode des rating at the point in time.
* 19 Au niveau
géographique les résultats plaident pour des grands secteurs
économiques et par grandes zones géographiques.
* 20 Log X et log Y en
général n'ont pas la même corrélation
* 21 Elles permettent de sortir
de la limite des corrélations linéaires, mais difficile à
manipuler.
* 22 Ahmed SILEM et Jean
Marie ALBERTINI (2002) : « Lexique d'économie»,
7eme édition, Dalloz
.
* 23 Des modèles
alternatifs ont été développés pour palier à
l'hypothèse de normalité des rendements, notamment pour
approximer la que de la distribution des pertes (loi normales inverses, loi de
poisson).
* 24 Voir Yasmine BENNANI
HASSAN (2001) « les modèles internes dans l'évaluation
du risque de crédit », Mémoire de fin de formation DESS
banque et finance, Université Paris V,
www.droit.univ-paris5.fr/dess-bf/memoires/.
* 25 Voir, Jean Noël
ORY (2002) « La démarche RAROC est elle transposable
à l'assurance ? », cahier de recherche 2002-10, GREFIGE,
Université Nancy 2.
* 26 Ce taux d'exposition
dépend notamment du montant du crédit tiré au moment du
défaut, de la fraction de capital et/ou des intérêts
déjà remboursée, des modalités
d'amortissement...
* 27 (Taux
d'intérêt pratiqué - taux moyen de (re)financement - marge
d'intérêt, souvent forfaitaire, couvrant les coûts
d'exploitation)
* 28 Si l'on nomme UL
la perte maximale inattendue, et EL la perte moyenne attendue, et
en supposant que l'on puisse évaluer la volatilité des pertes
(ó) autour de leur moyenne, le montant de fonds propres
économiques devant être constitué sera égal à
: UL -EL = k.ó. Le paramètre (k)
constituant un indicateur du seuil de risque accepté par les
dirigeants de la banque.
* 29La mesure RAROC se
distingue du ROE sur une opération, au sens où la marge prise en
compte est bien la marge « nette » (corrigée des pertes
attendues) et au sens où cette marge nette est rapportée aux
fonds propres économiques (et non réglementaires ou comptables)
affectés à l'opération.
* 30 Ce service est
destiné au transfert d'argent (Western Union) et au ramassage de fonds
des clients encaissant beaucoup d'espèces.
* 31 Nous faisons
l'hypothèse que les effets corrélation sont incorporés
dans la matrice de transition.
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