DEDICACE
A la famille NAMWISI, plus particulièrement mes
parents : NAMWISI LULA Justin et MIKUMBI MUKALA Mathilde, que Dieu soit
avec eux afin qu'ils puissent continuer à bénéficier des
fruits de leur semence.
REMERCIEMENTS
A tout seigneur tout honneur. Nous remercions de tout notre
coeur Dieu le créateur, le Tout-Puissant, pour avoir pourvu à
tous nos besoins pendant notre parcours universitaire. Ainsi c'est par sa
grâce et ses bénédictions que nous sommes arrivés
à confectionner cette oeuvre qui sanctionne l'atterrissage à bon
port de notre formation en droit.
Qu'il nous soit permis d'exprimer notre gratitude aux
autorités académiques de l'Université de Kinshasa en
général et à celles de la faculté de Droit en
particulier qui nous ont permis d'accéder à la source de
connaissances dont nous aurons la fierté d'en faire usage dans la vie
pratique.
Nous remercions sincèrement dans un cadre tout
à fait particulier le Professeur NTIRUMENYERWA KIMONIO qui,
malgré ses multiples occupations, a bien voulu nous guider dans la
rédaction de ce travail.
Nos remerciements de reconnaissance vont également au
Chef des travaux BOKONA WIPA BONZALY qui a beaucoup passé son temps pour
notre cause par son encadrement. Egalement, notre reconnaissance s'adresse aux
Chefs des travaux IBULA TSHATSHI et LUKUNDA Richard pour leurs conseils
scientifiques en la matière.
Nous serions sans gratitude si nous oublions à
remercier notre grand frère Amida KINZEKE et notre grande soeur Suzanne
MAPENDO, car grâce à leur soutien matériel et leurs
conseils que nous sommes arrivé au terme de nos études
universitaires.
Nous pensons particulièrement à : Papy
Portos, Maître Kas, Didier MUSIBONI, Patrick KALALA, Chantal MBONA,
Jacques NTANGA, Espedi MBOMA, Tonton NGIAY, Thierry MAYOKO, Dieudonné
EBONDO, Christophe MWAMBU, Eric MUHEWU, THITHI NZALAKANDA, Maître Faustin
KIDIADI et KIKUMBI KAMANYOLA.
Que nos condisciples d'études trouvent leur part :
Me Doudou MAYOKO, Me Romain MATOKA, Me Jacob MATADIWAMBA, Me Matthy TSHILOMBO,
Me RIVA NGALULA, Me Patrick OSAKA, Me KIKI, Me Robert MWANZELI et Me Daniel
EYALA. Et Horceline MUJINGA IBANGU.
Enfin, que tous ceux qui nous ont assisté de loin ou de
près trouvent dans ces lignes notre profonde gratitude.
Patsho LULA MUNGENGA.
ABREVIATIONS ET SIGLES UTILISES
ACP : Afrique Caraïbe et Pacifique
AMFI : American Mineral Field Incorported
Art. : Article
BIRD : Banque Internationale de Reconstruction et de
Développement
CEE : Communauté Economique Européenne
CIJ : Cour Internationale de Justice
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le
Commerce et le
Développement
DTS : Droits de Tirage Spéciaux
Ed. : Edition
ESPRIT : European strategic program for reseach,
information
technologie
FMI : Fonds Monétaire International
GATT : General Agreement on Tarif and Trade
HPCCI : High Performance Computing and Communication
Initiative
IDE : investissements Directs à l'étranger
L.G.D.J : Librairie Générale de droit et de
Jurisprudence
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement
Economique
OIT : Organisation Internationale de travail
OMC : Organisation Mondiale de Commerce
OMC : Organisation Mondiale de Commerce
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
P : Page
PIB : Produit International Brut
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PUF : Presse Universitaire de France
PUK : Presse Universitaire de Kinshasa
RASD : République Arabe Sahraouie Démocratique
RDC : République Démocratique du Congo
Rec : Recueil des arrêts de la Cour Internationale de
Justice
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UIP : Union interparlementaire
UNIKIN : Université de Kinshasa
URSS : Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques
USA : United States of America (Etats-Unis d'Amérique)
INTRODUCTION
Parmi les buts que se sont fixés les Etats signataires
de la Charte de San Francisco figure en premier lieu le maintien de la paix et
la sécurité internationales. A cette fin, il est prévu de
prendre des mesures collectives et efficaces en vue de prévenir et
d'écarter les menaces à la paix, et réaliser, par des
moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit
international, l'ajustement ou le règlement de différends ou des
situations de caractère international susceptibles de mener à une
rupture de la paix.(1(*))
Le respect des principes du droit international est donc
d'emblée comme conditionnant les objectifs de la charte que sont la paix
et la sécurité. Parmi les principes du droit international, et
sans prétendre à l'exhaustivité, on peut citer celui de la
souveraineté des Etats et celui de l'égalité qui
constituent le fondement. Par ailleurs, l'article 2, al.7 de la Charte des
Nations Unies pose le principe de non-ingérence dans les affaires
intérieures d'un Etat.
La résolution 2625(XXV) stipule ce qui suit :
« Aucun Etat ni groupe d'Etats n'a le droit d'intervenir, directement
ou indirectement pour quelque raison que ce soit, dans les affaires
intérieures ou extérieures d'un autre Etat ».(2(*))
Il sied de noter qu'environ un siècle après Marx
et sa critique d'un capitalisme devenant mondial, Mc LUHAN rendit populaire
l'expression « Village global »(3(*)). Ce concept fait appel à
des images d'un monde dans lequel les frontières culturelles,
religieuses, linguistiques et même l'espace physique, ont
rétréci au point que les frontières psychologiques ont
cessé d'être des causes de méfiance. Des cultures,
s'ignorant les unes les autres il n'y a pas longtemps, sont maintenant en
contact à la vitesse de l'électricité. Le village global
fait rêver d'une superculture internationale dans laquelle les peuples se
comprendraient, ce qui diminuerait le risque de guerre(4(*)).
En revanche, notons d'emblée que
l'interdépendance des nations dans un monde globalisé conduit de
facto à une certaine restriction du concept de souveraineté. La
mondialisation consiste en un ensemble de stratégies par lesquelles une
relation de codépendance à grande échelle est en train de
se construire.(5(*))
Et, les acteurs, grâce à leur position dans les
relations de pouvoir, ont la capacité à structurer la relation en
imposant des règles par la peur, la violence et la menace. Ces
règles deviennent ensuite la manière normale de se comporter et
d'être.
Actuellement, le concept de la mondialisation apparaît
comme un phénomène qui est à la mode et qui semble
être un nouveau repère d'une nouvelle philosophie de
développement sans frontières et d'une réalisation d'un
nouveau projet de société qui implique une nouvelle
manière de penser, de produire, de diriger les affaires du
monde(6(*)). C'est le sacre
d'un vaste Etat mondial où toutes les frontières sont
tombées, les marchés locaux ouverts à tous et où
les souverainetés nationales se dilueront face aux décisions de
ce vaste gouvernement planétaire. Cela ouvre la voie à
l'immixtion dans les affaires internes des Etats qui resteraient à la
marge de ce nouveau courant mondial.(7(*))
La coopération bilatérale entre Etats, riches ou
pauvres, grands ou petits, forts ou faibles, produit des activités
interactionnelles d'ordre économique et politique transcendant les
frontières et mettant ainsi de gros capitaux sur le marché
international par le biais de la mondialisation(8(*)). Ce phénomène influe soit d'une
manière directe ou indirecte sur les structures économiques,
juridiques voire même politiques de certains Etats. Ce qui met en
épreuve le principe de l'égalité souveraine des
Etats ; cela dans ce sens que la mondialisation met en compétition
et sur le même terrain les Etats développés et
sous-développés, puissants et faibles. Ainsi, ces derniers
souffrent sérieusement de grands problèmes qu'engendre la
mondialisation, notamment dans l'exercice total des prérogatives que
leur offre leur souveraineté.
Partant de cette analyse, trois questions se posent :
1. Est-ce que la mondialisation signifie l'aliénation
de la souveraineté au profit du gouvernement planétaire
incarné par les Etats riches et puissants au détriment des Etats
pauvres et sous-développés ?
2. Quels sont les problèmes soulevés par
l'empiétement du principe de l'égalité souveraine des
Etats que présente l'action de la mondialisation sur leur vie politique,
sociale, économique et juridique ?
3. Consciente de ces problèmes, quelle politique
pourrait adopter la communauté internationale pour sauvegarder
l'égalité souveraine entre les Etats dans une sphère de
mondialisation polluée par les inégalités d'ordre
économique, politique, militaire etc. afin de préserver la paix
et la sécurité internationales ?
Autant de questions auxquelles nous allons chercher de
répondre tout au long de notre travail.
La problématique étant posée, il nous
faut maintenant donner l'intérêt de notre étude.
En effet, cette étude comporte deux
intérêts majeurs au regard des effets positifs ou négatifs,
avantageux ou désavantageux qu'engendre la mondialisation par rapport au
principe de l'égalité souveraine des Etats.
Le premier intérêt est scientifique dans la
mesure où cette étude permet de contribuer aux recherches et
enseignements menés au sein du Département de Droit International
Public et Relations Internationales de notre Faculté.
Le deuxième intérêt est pratique, dans la
mesure où cette étude constitue une réponse aux
préoccupations profondes soulevées par les élites et les
dirigeants politiques et surtout par les animateurs des institutions tant
nationales qu'internationales quant au phénomène de la
mondialisation et surtout sur son rapport avec l'égalité
souveraine des Etats.
Par ailleurs, il est impérieux de circonscrire tout
travail scientifique dans le temps, dans l'espace et quant à la
matière. En d'autres termes, tout travail qui se veut scientifique doit
répondre à un cadre de délimitation spacio-temporelle.
De tous les principes qui gouvernent les relations
internationales, celui de l'égalité souveraine des Etats est le
plus important, du fait de sa place dans les relations internationales pour
l'harmonie au sein de la communauté internationale. C'est la raison pour
laquelle nous l'avons pour modèle d'analyse.
Mais, en ce qui nous concerne, il sera nécessaire
d'analyser ce principe cardinal à l'ère de la mondialisation
où les sujets du droit international agissent dans un cadre
transfrontalier. Tous les Etats sont confrontés dans un même
terrain où l'on n'y tient compte de leur taille respective ou leur
puissance. Enfin, il est question, dans le cadre de ce travail,
d'étudier ce principe dans les relations entre les Etats
développés du Nord (occident) et les Etats en voie de
développement du Sud.
Notons par ailleurs que pour mener à bon port notre
étude, il nous faut une démarche scientifique, une
méthodologie qui puisse soutenir notre prise de position et nous aider
à aboutir à une conclusion acceptable.
PINTO et GRAWITZ définissent la méthode comme
étant « l'ensemble d'opérations intellectuelles
par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre et les
vérifie »(9(*)).
L'étude des phénomènes internationaux a
toujours fait l'objet d'une multiplicité d'approches
méthodologiques étant donné son caractère
globaliste, car les relations internationales à ce jour désignent
les rapports de toute nature entre les sociétés nationales
distinctes(10(*)).
Pour notre étude, nous exploiterons deux
méthodes, en l'occurrence, la méthode juridique et la
méthode dialectique.
La méthode juridique renferme les techniques et
approches visant à s'exprimer en droit et à analyser les
différents textes juridiques. (11(*)).
La méthode dialectique, quant à elle, est
associée au concept de totalité en niant l'isolement entre les
ensembles et leurs parties ; et en soulignant que la réalité
sociale est le fait de l'ensemble des interactions entre différents
éléments. Elle tend ensuite à privilégier la
recherche des contradictions au sein de cette réalité, en mettant
en relief, derrière l'apparente unité du réel, les
tensions, les oppositions, les conflits, les luttes, les contraires et les
contradictions(12(*)).
Le choix de la méthode dialectique est motivé
par les rapports parfois conflictuels qui existent entre les Etats, notamment
sur la place de l'égalité souveraine à l'ère de la
mondialisation. L'influence de cette dernière est porteuse de plusieurs
conflits et susceptibles d'entamer même la souveraineté des Etats.
Cette situation met aux prises des objectifs qui font naître des
situations nouvelles.
Cette méthode nous permettra de faire une analyse
juridique autour du principe de l'égalité souveraine des Etats
pour dégager sa place dans un monde devenu globalisé par le fait
de la mondialisation.
Notons en sus que, outre les méthodes, nous utiliserons
des techniques d'approche. Celles-ci sont entendues comme étant un
ensemble de procédés qui permettent au chercheur de bien
collecter les informations nécessaires concernant sa recherche.
Dans le cadre de ce travail, nous avons opté pour la
technique documentaire qui permet de consulter des documents privés et
inédits, publics et officiels et enfin des sites Internet.
Pour clôturer notre introduction, il convient
d'énoncer, d'une manière brève et succincte, la
quintessence de notre étude à travers son plan sommaire.
Ainsi, hormis l'introduction et la conclusion, ce travail
comprend deux chapitres dont chacun contient deux sections divisées en
deux paragraphes chacune.
Le premier chapitre porte sur l'égalité
souveraine des Etats et mondialisation : notions et principes. Dans sa
première section, il s'agira d'analyser l'égalité
souveraine des Etats. Il sera question d'élucider et d'analyser les
principes découlant de l'égalité souveraine des Etats,
enfin de donner ses limitations. La deuxième section sera
consacrée à une analyse générale sur la
mondialisation. Il sera nécessaire d'élucider de prime abord la
notion et le bilan de la mondialisation, et enfin nous analyserons le contexte
géopolitique et économique de la mondialisation.
Le deuxième chapitre analysera le principe de
l'égalité souveraine des Etats dans la mondialisation. Ce
chapitre sera enrichi de quelques cas d'espèce des effets de la
mondialisation sur le principe de la souveraineté des Etats. Dans sa
première section nous donnerons les effets de la mondialisation sur la
vie des Etats et dans la deuxième enfin, pour conclure, nous essayerons
d'analyser l'effectivité du principe de l'égalité
souveraineté des Etats dans un monde mondialisé où
s'affrontent les Etats développés comme
sous-développés.
CHAPITRE I. EGALITE SOUVERAINE DES
ETATS ET MONDIALISATION : Notions et Principes
Soulignons de prime abord que la souveraineté est
l'élément essentiel pour l'existence d'un Etat(13(*)). Il n'y a pas d'Etat sans
souveraineté. L'article 2 §1 de la Charte des Nations Unies pose ce
principe de souveraineté et l'on parle à cet égard
d'égalité souveraine entre Etats. Par ailleurs, ce principe
cardinal se trouve confronté à un nouveau phénomène
de la mondialisation qui, par sa mauvaise interprétation, risque
d'entamer l'égalité souveraine des Etats.
De ce fait, dans ce chapitre, nous allons d'élucider
ces deux notions. Dans la première section, nous parlerons de
l'égalité souveraine des Etats et dans la deuxième de
mondialisation.
Section 1. L'égalité
souveraine des Etats
L'égalité souveraine des Etats est un corollaire
de la souveraineté. Les Etats, étant souverains, ont tous en tant
que tels et en vertu du droit international, une vocation identique à
jouir des droits à propos desquels il est établi qu'ils sont
égaux.
Ainsi, l'Etat s'identifie à la souveraineté
interne et internationale du fait de la légitimité que lui
reconnaît la population qu'il régit et aujourd'hui, quoique dans
une moindre mesure de la légitimité qui lui est consentie par la
communauté internationale(14(*)).
En particulier, l'égalité souveraine comprend
les éléments suivants :
a. Les Etats sont juridiquement égaux ;
b. Chaque Etat jouit des droits inhérents à la
pleine souveraineté ;
c. Chaque Etat a le devoir de respecter la personnalité
des autres Etats ;
d. L'intégrité territoriale et
l'indépendance politique de l'Etat sont inviolables ;
e. Chaque Etat a le droit de choisir et de développer
librement son système politique, social, économique et
culturel ;
f. Chaque Etat a le droit de s'acquitter pleinement et de
bonne foi de ses obligations internationales et de vivre en paix avec les
autres Etats.(15(*))
L'examen de ces éléments nous renvoie à
l'étude simultanée des principes qui ressortent de
l'égalité souveraine des Etats (§1) et des ses limitations
(§2).
§1. Les principes
L'Etat est souverain dans son territoire et tout comme dans
les relations internationales. Cela revient à dire que la
souveraineté de l'Etat repose sur deux piliers : la
souveraineté dans l'Etat et la souveraineté de l'Etat.
A priori, la souveraineté dans l'Etat est le fait pour
l'Etat d'être la seule autorité reconnue et acceptée dans
toute son étendue territoriale. Cela pour dire qu'en dehors de l'Etat il
n'existe aucun autre organe ou autorité établie sur son
territoire. A ce stade, nous épinglons l'aspect interne de la
souveraineté qui peut se traduire, en un mot par
« l'exclusivité des compétences »
reconnue à l'Etat sur son territoire et se fondant sur le principe de
non-ingérence dans les affaires internes.
A posteriori, la souveraineté de l'Etat traduit
l'affirmation selon laquelle l'Etat, bien que reconnu comme seule
autorité dans toute son étendue territoriale, doit être
reconnu également par la communauté internationale comme
étant indépendant de toute injonction venant de
l'extérieur. C'est l'aspect externe de la souveraineté qui se
traduit par la non-dépendance d'un autre pouvoir dans les
relations extérieures(16(*)). A travers l'égalité souveraine, c'est
l'indépendance de l'Etat qui est affirmée. La jurisprudence
internationale assimile systématiquement souveraineté et
indépendance. Ainsi l'arbitre Max Huber déclare, dans l'affaire
de l'Île de Palmas : « la souveraineté dans les
relations entre Etats signifie l'indépendance »(C.P.A, 4
avril 1928, RSA, II, p.838)(17(*)). C'est ainsi qu'on parle en droit international de
l'intégrité territoriale (principe de non-intervention).
Notons par ailleurs que la souveraineté trouve son
fondement, comme nous l'avons dit précédemment, sur le principe
de l'égalité de droit des peuples et leur droit à disposer
d'eux-mêmes par la décolonisation, particulièrement pour
les nouveaux Etats.
L'Etat, ainsi créé, devient capable de
définir le cadre organisateur de son pouvoir, c'est-à-dire se
doter d'une constitution. En sa qualité d'autorité souveraine
s'exerçant sur un peuple et un territoire déterminés, il
peut donc légiférer souverainement sur toute question qui
s'inscrit dans son espace politique, économique, territorial etc. Ainsi,
le droit à l'autodétermination implique même la
souveraineté sur les richesses naturelles (résolution 1803 (XVII)
AG du 14 déc. 1962 ou résolution sur la souveraineté
permanente sur les ressources naturelles), qui apparaît comme l'une de
ses composantes. Entre donc dans les compétences de l'Etat-nation, le
droit d'établir des législations portant, entre autres, sur la
fiscalité, le droit de douane et même sur les investissements.
Ainsi, l'Etat doit disposer d'une armée nationale
capable de défendre l'intégrité territoriale de son
étendue spatiale et d'une bonne police pour le maintien de la
sécurité des personnes et de leurs biens et services.
Enfin, l'Etat doit avoir une économie nationale bonne
pour assurer le bien-être de ses membres. Il doit être maître
de l'organisation de cette économie sur toute l'étendue
territoriale.
Par ailleurs, dans le cadre du respect de la
souveraineté reconnue à l'Etat, l'article 2, §1 de la Charte
stipule : « l'ONU est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de tous ses membres » .
Notons en outre, que l'égalité souveraine se
forge dans ce sens que tous les Etats souverains sont dotés de la
personnalité juridique internationale.
DUPUY renchérit « ...qu'une telle personne
morale est dotée de certaines capacités légales et se voit
conférer par les normes de l'ordre juridique international l'aptitude
à exercer des droits et à assumer des obligations. Cette personne
morale est ainsi également un sujet de droit international auquel
pourront être imputés les actes des organes et agents
individualisés agissant en son nom et investis du pouvoir de le
représenter dans les relations internationales »(18(*)).
Ainsi, tous les Etats, en vertu du principe de
l'égalité souveraine, ont les capacités internationales
qui sont les possibilités d'agir juridiquement dans le cadre des
relations internationales. On peut les regrouper en cinq (5) catégories
fondamentales :
1. Capacité de produire des actes juridiques
internationaux ;
2. Capacité de produire des actes juridiques
internationaux ;
3. Capacité de se voir imputer des faits illicites
internationaux et, par là, d'engager sa responsabilité
internationale ;
4. Capacité d'accès aux procédures
contentieuses internationales et aux organes de règlement pacifique des
différends, qu'ils soient diplomatiques ou juridictionnels (arbitrage,
Cour Internationale de Justice) ;
5. Capacité de devenir membre et de participer
pleinement à la vie des organisations internationales ;
6. Capacité d'établir des relations
diplomatiques (droit de légation active et passive).(19(*))
En sus, outre les capacités, la personnalité
juridique internationale confère aux Etats les compétences
définies comme l'aptitude juridique à exercer certains pouvoirs,
à la fois à l'égard de l'espace à
l'intérieur duquel il exerce sa souveraineté, c'est-à-dire
le territoire, et à l'égard des personnes et des biens
rattachés à lui par le lien de nationalité.
A ce sujet, il sied de souligner que « les Etats
sont juridiquement égaux, ils jouissent des droits égaux et d'une
capacité égale pour les exercer, et ils ont les mêmes
devoirs. C'est ainsi que la Charte de l'Organisation des Etats
Américains dispose que « les droits de chaque Etat ne
dépendent pas de la puissance dont il dispose d'en assurer l'exercice
mais du simple fait de son existence en tant que personne de droit
international(20(*)).
Enfin, il convient de noter à nouveau que tous les Etats jouissent de
l'égalité souveraine ; qu'ils ont les droits et des devoirs
égaux et sont membres égaux de la communauté
internationale, nonobstant les différences d'ordre économique,
politique, social ou d'une autre nature(21(*)).
Notons que dans le cadre de ce travail, l'on se limitera
à analyser le principe de l'intégrité territoriale (A) et
le principe de l'exclusivité des compétences territoriales
(B).
A. L'intégrité
territoriale
Ce principe part d'une constatation à double facette,
d'une part, le fait pour l'Etat de respecter l'intégrité de ses
semblables et en contrepartie de voir son intégrité
respectée. De cette réalité ressort deux principes, en
l'occurrence, le principe de l'utilisation non-dommageable du territoire
national et de la protection de l'environnement hors des frontières
nationales (I) et en deuxième lieu le principe de non-intervention
(II).
I. Principe de l'utilisation
non-dommageable du territoire national et protection de l'environnement hors
des frontières nationales
La Cour Internationale de Justice a été
amenée, dans l'affaire du Détroit de Corfou(22(*)), à affirmer
« l'obligation pour tout Etat de ne pas laisser utiliser son
territoire aux fins d'actes contraires aux droits d'autres Etats ».
Il s'agit là d'une conséquence directe de
l'égalité et de la réciprocité des droits
souverains. Ceci est particulièrement vrai s'agissant des
conséquences des activités qu'un Etat déterminé
peut entreprendre à l'intérieur de sa propre zone de
compétences. Il devra veiller à s'assurer que des dommages ou
préjudices divers ne seront pas entraînés sur le territoire
des Etats par ses propres activités ou celles qu'il autorise. L'exercice
par chacun de sa compétence territoriale, notamment en matière
d'aménagement du territoire ou dans le cadre de l'exercice de sa
souveraineté sur les ressources naturelles, ne peut s'effectuer que sans
préjudice du droit des tiers.
Notons ensuite que cette règle, de caractère
coutumier, ne voit plus aujourd'hui sa portée restreinte aux seules
relations de voisinage entre Etats limitrophes. Elle a notamment pris, sur la
base du principe 21 de la Déclaration de Stockholm sur l'environnement
humain (1972), une portée considérable dans le cadre du droit
international de l'environnement confirmant sa portée coutumière.
Cette valeur coutumière a, en effet, été affirmée
récemment par la Cour internationale de justice, en particulier dans son
avis consultatif de juillet 1996 relatif à la licéité de
la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires (23(*)) ; elle en reprendra les
termes un an plus tard dans le premier arrêt de son histoire
spécifiquement consacré en bonne part au droit international de
l'environnement. Il s'agit de sa décision intervenue en l'affaire du
projet Gabcikovo-Nagymaros entre la Hongrie et la Slovaquie (25 septembre
1997). Dans chacune de ces espèces, elle déclare :
« l'obligation générale qu'ont les Etats de veiller
à ce que les activités exercées dans les limites de leur
juridiction ou dans des zones ne relevant d'aucune juridiction nationale fait
maintenant partie du corps de règles du droit international de
l'environnement »(24(*)). D'une façon générale, le
développement des technologies modernes rend possible à partir du
territoire national la création des dommages affectant des territoires
très éloignés du lieu d'origine des ses activités.
Nous pouvons donner l'exemple des dommages occasionnés par la chute
d'engins spatiaux ou d'aéronefs. Notons cependant que l'obligation
résultant du principe d'utilisation non-dommageable présente un
caractère relatif et ne saurait entraver l'initiative de toute
activité susceptible d'avoir des effets transfrontaliers(25(*)).
II. Principe de
non-intervention
La non-intervention se présente, à
première vue, comme l'interdiction faite à tout Etat, comme
corollaire du principe d'égalité souveraine, de s'immiscer dans
les affaires internes ou externes relavant de la compétence exclusive
d'un autre Etat. Dans ce sens, elle est synonyme de
« non-ingérence ».
Ce principe met en jeu le droit de tout Etat souverain de
conduire ses affaires sans ingérences extérieures, bien que les
exemples d'atteintes au principe ne soient pas rares. Comme la CIJ a eu
l'occasion de le dire : « Entre Etats indépendants, le
respect de la souveraineté territoriale est une des bases essentielles
de rapports internationaux (26(*)) ».
Le droit international exige aussi le respect de
l'intégrité politique. Il n'est pas difficile de trouver de
nombreuses expressions d'une opinio juris sur l'existence du principe
de non-intervention en droit international coutumier(27(*)).
Il convient, en outre, de noter dans ce même ordre
d'idées que la notion de l'exclusivité des compétences de
l'Etat () a pour conséquence l'interdiction faite aux autres Etats
d'intervenir dans les matières qui relèvent du domaine
réservé de l'Etat. Toutefois, si le principe de non-intervention
ou de non-ingérence, les deux expressions sont synonymes,
renchérit NGUYEN, est indiscutablement consacré par le droit
positif, ses contours précis n'en sont pas moins incertains(28(*)).
En revanche, dans un sens plus étroit, la
non-intervention signifie, pour un sujet de droit, le respect du principe
interdisant de méconnaître l'intégrité territoriale
d'un autre Etat en utilisant la « force » ou des
« moyens assimilables ».(29(*)) Dans ce sens, la
non-intervention renvoie à une obligation fondée non seulement
sur le principe de non-ingérence, comme l'a dit NGUYEN
précédemment, mais aussi sur le principe de non-recours à
la force, tel que posé par l'article 2, §4 de la charte des
Nations Unies(30(*)).
« Cet élément de contrainte,
constitutif de l'intervention prohibée et formant son essence
même, est particulièrement évident dans le cas d'une
intervention utilisant la force, soit sous celle indirecte du soutien à
des actions armées subversives ou terroristes à
l'intérieur d'un autre Etats ». (CIJ, activités
militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, arrêt du 17
juin 1986, Rec. 1986, p.108, 205).(31(*))
Par ailleurs, l'Assemblée générale, ainsi
que plusieurs organisations régionales ont accordé une grande
importance à la réaffirmation solennelle et
générale du principe de non-intervention dans les affaires
relevant de la compétence nationale des Etats.
Il convient alors, pour une meilleure appréhension de
ce principe, d'en préciser le contenu.
En effet, si le principe est solidement ancré dans le
droit positif, sa portée demeure incertaine aussi bien en ce qui
concerne l'objet que les modalités de l'intervention prohibée.
S'agissant de l'objet, notons que la tentative est permanente
pour les Etats de faire appel au principe de non-intervention de manière
systématique, au besoin, en lui donnant une portée très
vaste : la « manipulation » diplomatique de
la théorie du domaine réservé favorise un retour aux
conceptions initiales du domaine réservé par nature et de sa
définition unilatérale et exclusive par chaque Etat(32(*)). Dans son arrêt relatif
aux activités militaires (Nicaragua c. Etats-Unis), la CIJ, sans
prétendre donner une définition générale du
principe de non-intervention, a cependant fourni d'importantes
précisions sur ses éléments constitutifs. D'après
les formulations générales acceptées, ce principe interdit
à tout Etat ou groupe d'Etat d'intervenir directement ou indirectement
dans les affaires intérieures ou extérieures d'un autre
Etat.(33(*))
S'agissant des modalités de l'intervention
prohibée peut se justifier dans le passage précité de
l'arrêt de 1986 de la CIJ (Affaire Nicaragua C/ USA) qui met en
évidence le caractère fondamental de l'intervention
prohibée : elle comporte un élément de contrainte. Il
en résulte en particulier que de simples critiques verbales ou des
offres de négociations n'entrent pas dans cette catégorie. En
revanche, s'il ne fait aucun doute que l'intervention armée est
interdite par le droit international contemporain le seuil de la contrainte
tolérable, inhérente aux relations entre entités
inégales en fait, demeure indécis.(34(*))
Dans la même affaire, la cour a estimé que :
l'appui fourni par les USA, jusqu'à la fin septembre 1984, aux
activités militaires et paramilitaires au Nicaragua, sous forme de
soutien financier, d'entraînement, de fourniture d'armes, de
renseignement et de soutien logistique constitue une violation indubitable du
principe de non-intervention.(35(*))
La question se pose également de savoir si, même
lorsque l'on se trouve en présence d'une intervention en principe
prohibée, celle-ci peut se trouver légitimée dans
certaines situations les deux principales circonstances sont celles de
l'intervention sollicitée d'une part, et de l'intervention
d'humanité, d'autre part. Nous en reparlerons dans le point A du
deuxième paragraphe de cette section.
B. L'exclusivité des
compétences territoriales
De l'exclusivité des compétences territoriales
découle le principe de non-ingérence.
C'est à la lettre le principe de non-ingérence
dans les affaires intérieures d'un Etat et non celui de non-intervention
qui désigne l'obligation pour tout Etat de respecter le caractère
exclusif des compétences territoriales d'un autre Etat. Le territoire
étant envisagé ici non pas comme une chose placée dans sa
possession, mais comme l'espace d'exercice de ses pouvoirs souverains, ou
encore son imperium. Non-ingérence et non-intervention s'alimentent
cependant l'un et l'autre à la même source : la règle
de l'égalité souveraine des Etats.(36(*))
SALMON J. renchérit que la non-ingérence est
synonyme de non-intervention, dans son sens le plus large, parfois
employée dans le sens d'un principe politique, selon lequel un
gouvernement s'astreint à une politique extérieure
non-susceptible de constituer une ingérence.(37(*))
Il sied de noter que l'utilité de distinguer
non-intervention et non-ingérence vient notamment du fait que les voies
de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un autre Etat
peuvent emprunter d'autres modalités que celles du recours à la
force armée. En particulier, les pays en développement ont
été maintes fois amenés à condamner
l'ingérence directe dans l'exercice de leur souveraineté
économique et politique.(38(*))
Quant à nous, nous remarquons avec pertinence que la
non-ingérence constitue l'interdiction faite aux Etats tiers de
s'immiscer dans la gestion économique, politique, juridique d'un autre
Etat. Certes, l'Etat étant souverain, et surtout par la
souveraineté dans l'Etat qu'il dispose, il doit être la seule
autorité reconnue sur toute son étendue territoriale, il ne doit
recevoir aucune injonction dans la gestion des ses affaires intérieures.
Ceci pour dire que l'ingérence dans les affaires intérieures est
le fait de violer la « souveraineté interne d'un Etat
et l'intervention sera le fait de violer la souveraineté de
l'Etat » comme nous l'avons élucidé
précédemment.
Cependant, il sied de noter qu'aucun principe n'est absolu,
qu'à côté de chaque principe existent toujours des
exceptions. Ainsi, avant de clore cette section, il est opportun de parler des
limitations aux principes susexposés.
§2. Limitations aux
principes
Une question se pose : celle de savoir si des exceptions
aux principes de non-intervention et de non-ingérence peuvent être
envisagées. La réponse affirmative ne peut être
apportée que de façon extrêmement restrictive. Il convient
d'y insister, étant donné la tendance naturelle des Etats
à justifier leurs interventions par différents arguments.
Interrogeant le droit international coutumier, la Cour
Internationale de Justice, dans l'affaire Nicaragua C/ Etats-Unis
précitée, a notamment conclu que : « le droit
international contemporain ne prévoit aucun droit général
d'intervention de ce genre en faveur de l'opposition existant dans un autre
Etat »(39(*)). Quant aux interventions motivées par le
caractère prétendument illégitime parce que
non-démocratique des autorités de l'Etat sur lequel
l'intervention a lieu, elles ne sont pas davantage justifiables en droit.
En pratique, deux motifs ont été
traditionnellement avancés pour justifier l'intervention et
l'ingérence d'un Etat sur le territoire et dans les affaires
intérieures d'un autre Etat. L'une concerne ce que l'on appelle
« l'intervention sollicitée » par les
autorités légitimes, l'autre est « l'intervention
d'humanité »(40(*))(A). Par ailleurs, il convient de noter que le
principe de l'égalité souveraine trouve, en outre, une limitation
dans la pratique des Etats, notamment, dans leur participation aux
organisations internationales (B).
A. Ingérence humanitaire et
égalité souveraine des Etats
Comme nous l'avons dit ci-haut, l'intervention ou
l'ingérence peut se justifier sous deux angles ; celui de
l'intervention sollicitée (I) et celui de l'intervention
d'humanité (II).
I. Intervention
sollicitée
En ce qui concerne l'intervention sollicitée par le
gouvernement légitime, c'est-à-dire celui établi
conformément aux prescriptions du droit constitutionnel interne de
l'Etat considéré, on pourrait a priori avancer deux arguments
pour justifier sa licéité au regard du droit international. Le
premier est le suivant : dans la mesure où elle résulte de
l'exercice par le gouvernement sollicitant d'une compétence souveraine,
l'Etat sollicité ne porte pas atteinte aux prérogatives de
celui-ci, il peut donc intervenir. Le second argument concerne la conjonction
de l'intervention sollicitée avec l'exercice du droit de légitime
défense collective. Dans la mesure notamment où le gouvernement
sollicitant et l'Etat sollicité sont liés par un accord de
défense mutuelle, on pourrait, en effet, considérer, si les
conditions d'invocation de la légitime défense
énoncée à l'article 51 de la Charte sont par ailleurs
réunies, que l'Etat sollicité puisse intervenir
légalement.(41(*))
La légalité de l'intervention devra donc
être examinée au cas par cas, en fonction de l'ordonnancement
juridique caractérisant la situation existant entre ces deux Etats. Il
faut cependant être conscient du fait qu'en pratique, ce genre de
sollicitation est très souvent adressé par un gouvernement
à un autre dans le contexte particulièrement difficile d'une
guerre civile ou conflit armé interne. Une considération
supplémentaire intervient donc : celle de savoir si
l'autorité sollicitante détient encore, sur une fraction
suffisante du territoire national, l'effectivité des compétences
territoriales. Dans le cas contraire, provoqué par la perte du
contrôle d'une partie importante de ce territoire au
bénéfice des insurgés, la légalité du
gouvernement en place pourrait être mise en cause.(42(*))
Quant aux critères de la légitimité du
gouvernement sollicitant, ils peuvent être particulièrement
difficiles à invoquer étant donné la diversité des
interprétations que l'on en peut donner. Il faut ici tenir compte de la
tendance actuelle à l'émergence, en droit international, de
principes de légitimité interne des gouvernements, sous l'effet
des implications logiques de l'affirmation internationale des principales
libertés publiques, envisagées comme droits de l'homme. Cette
tendance, même si elle se heurte toujours aux réticences de
nombreux pays en développement, s'est vue renforcée du fait de la
disparition du conflit idéologique longtemps persistant entre pays
socialistes et pays occidentaux. Elle est par exemple notable dans la Charte de
Paris, texte non-juridiquement liant mais politiquement très
significatif, adopté par la Conférence sur la
Sécurité et la Coopération eu Europe(CSCE), en novembre
1990.(43(*))
En pratique, l'invocation du caractère
sollicité de l'intervention a souvent été avancée
pour consacrer dans les faits la pérennité du système des
zones d'influence de grandes puissances. Ce fut notamment encore le cas de
l'intervention soviétique en Afghanistan en décembre 1979 comme
de celle des Etats-Unis à La Grenade en 1983(44(*)). Dans ce dernier cas comme
dans bien d'autres, le caractère sollicité de l'intervention se
trouve généralement combiné avec des motivations de
caractère humanitaire.
II. Ingérence humanitaire
L'idée d'ingérence humanitaire est apparue
durant la guerre du BIAFRA (1967-1970). Le conflit a entraîné une
épouvantable famine, largement couverte par les médias
occidentaux mais totalement ignorée par les Chefs d'Etat et de
gouvernement au nom de la neutralité et de la non-ingérence.
Cette situation a entraîné la création d'ONG comme
Médecins sans frontières qui défendent l'idée que
certaines situations sanitaires exceptionnelles peuvent justifier à
titre extraordinaire la remise en cause de la souveraineté des Etats. Le
concept a été théorisé à la fin des
années 1980, notamment par le professeur de droit Mario BETTATI ou
l'homme politique Bernard KOUCHNER.(45(*))
Cette notion d'ingérence peut être confondue
dans plusieurs cas pour ainsi violer les principes cardinaux de
l'égalité souveraine des Etats. Ainsi, pour bien cerner cette
notion internationale de l'ingérence ou intervention d'humanité,
il sied d'élucider en premier lieu sa définition (a) et en
deuxième lieu, d'en préciser le contenu (b).
a. Définition
Les défenseurs de l'ingérence humanitaire la
justifient principalement au nom d'une morale d'urgence : « on
ne laisse pas les gens mourir ». Elle puise son fondement dans la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Pour eux, une
ingérence n'est donc légitime que lorsqu'elle est motivée
par une violation massive des droits de l'homme et qu'elle est encadrée
par une instance supranationale, typiquement le Conseil de
Sécurité des Nations Unies.(46(*))
Mario BETTATI précise le terme ainsi :
« l'ingérence désigne en droit international
l'immixtion sans titre d'un Etat ou d'une organisation internationale dans les
affaires qui relèvent de la compétence exclusive d'un Etat
tiers ». On ne devrait donc ne retenir dans le champ du droit
d'ingérence humanitaire que les actions transfrontalières des
gouvernements ou des organismes publics internationaux, à l'exclusion
des ONG dans la mesure où, comme leur nom l'indique, elles sont non
gouvernementales.(47(*))
Soulignons en outre que le droit d'ingérence tel que
défini par ses créateurs est, pour eux, un devoir qui est devenu
un droit international. En revanche les opposants au concept le voient par
exemple comme un devoir qui ne manifeste qu'un néocolonialisme malvenu,
illégal donc ne crédite aucune validité au droit
d'ingérence.(48(*))
b. Contenu
Notion âprement discutée et contestée
depuis sa naissance, en 1987, dans la mouvance du « mouvement
sans-frontièriste » (Médecins du monde, Médecins
sans frontière, Reporters sans frontières, etc.), le droit
d'ingérence comporte un contenu éthique, politique et juridique.
Il est à la fois « droit de »,
« droit à », et
même « devoir », selon le
côté où on se situe, celui de l'homme moral qui,
doublement, croit devoir agir et se croit en droit d'agir, ou bien du
côté de la victime, qui est en droit d'attendre une aide. Le droit
d'ingérence sonne à la fois comme un devoir et un droit. Il est
droit pour l'ingéré ; et il est droit et devoir à la
fois pour l'ingérant.
L'ingérence humanitaire est, à la fois, un
droit subjectif (comme attente personnelle) et un droit positif (défini
par des règles explicites, objectives, au niveau international,
notamment par la Charte de l'ONU et par les résolutions du 8
décembre 1988 et du 14 décembre 1990 de l'AG).
Ainsi, par exemple la charte, dans son article 42,
dispose : « si le Conseil de Sécurité estime que
les mesures prévues à l'article 41 seraient inadéquates ou
qu'elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au
moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu'il
juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de
la sécurité internationales. Cette action peut comprendre des
démonstrations, des mesures de blocus et d'autres opérations
exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres
de Membres des Nations Unies. C'est ce qui est couramment appelé
« opération de maintien de la paix des Nations
Unies.
Quant bien même que la charte n'autorise les Nations
Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement
de la compétence nationale d'un Etat, elle reconnaît pour
celles-ci le droit d'application des mesures de coercition prévues au
chapitre VII.(49(*))
Soulignons en sus que l'ingérence humanitaire est un
droit politique en ce qui concerne l'appréciation et la
détermination des normes éthiques et pratiques pouvant justifier
l'ingérence. La politique de l'ingérant détermine aussi
bien l'opportunité que la nature, le degré et la durée de
l'ingérence.
Le droit d'ingérence est ambivalent ou, si l'on veut,
trivalent et, aux yeux de plusieurs juristes, fondamentalement ambigu et
inapproprié parce que véhiculant une confusion dangereuse,
renchérit NGOMA BINDA. Sa prétention à la nouveauté
est récusée. On le juge superfétatoire face à
l'existence de plusieurs instruments juridiques déjà
présents dans le droit international.(50(*))
Olivier RUSSBACH(51(*)) le pense même être une tentative
d'escroquerie : un « détournement du droit
humanitaire » créé depuis Henri Durant avec la Croix
Rouge et confirmé par la Charte des Nations Unies, sur la conventions de
la Hayé et les conventions de Genève (1949) et leur protocoles
additionnels (1977). On le dit être « un droit aux fondements
incertains, au contenu imprécis et à géométrie
variable ». On le pense susceptible de justifier toutes sortes
d'interventions, même agressantes, et secrètement chargées
de désirs d'hégémonie, d'intensification de l'exploitation
et de recolonisation des Etats faibles.
C'est au non de la conscience morale supposée
universelle et, en particulier, au nom de la morale des droits de l'homme que
le droit d'ingérence se trouve affirmé avec insistance. Les
français Bernard KOUCHNER et Mario BETTATI(52(*)), premiers promoteurs de ce
« nouveau » droit, le fondent sur une « morale de
l'extrême urgence face à l'inhumanité, face à la
barbarie de la fin de ce XXe siècle ». Le droit
d'ingérence est donc toujours déjà, selon BETTATI, un
droit humanitaire. Tout autre droit d'ingérence est non fondé, il
est un non-droit, une agression pure et simple. Fondé sur la
« morale de l'extrême urgence ; le droit
d'ingérence se donne comme un droit de réponse au
« malheur des autres », un droit d'agir chez les autres, et
éventuellement sans leur consentement. Il se fonde sur l'aspiration dont
la légitimité interdit à la conscience de refuser
d'apporter assistance à quiconque se trouve en danger réel de
mort et d'indignité.(53(*))
Bien qu'en revanche depuis décembre 1988, la notion
d'ingérence humanitaire soit reconnue par le droit international,
certains pensent qu'elle devrait rester dans la sphère des valeurs
strictement morales. Cette notion est en effet totalement contraire aux
fondements du droit international qui stipule qu'un Etat n'est lié par
une règle de droit que s'il l'a acceptée en ratifiant un
traité ou en adhérant à une règle
préexistante. Dans la pratique, les actions d'ingérence
humanitaire sont toujours réalisées par des contingents
nationaux, ce qui peut impliquer deux situations relativement
différentes ; le « droit »
d'ingérence et le « devoir »
d'ingérence.(54(*))
Le droit d'ingérence, terme créé par le
philosophe Jean-François REVEL en 1979, est la reconnaissance du droit
qu'ont une ou plusieurs nations de violer la souveraineté nationale d'un
autre Etat, dans le cadre du mandat accordé par l'autorité
supranationale. Dans la pratique, au nom de l'urgence humanitaire, il n'est pas
rare que le mandat soit fourni rétroactivement : ainsi
l'intervention de la France en Côte d'Ivoire s'est faite initialement
sans mandat de l'ONU.(55(*))
Cependant, le devoir d'ingérence est l'obligation qui
est faite à tous les Etats de fournir assistance, à la demande
de l'autorité supranationale. Il est évident que c'est cette
notion qui est la plus proche du concept originel d'ingérence
humanitaire. Elle est également largement rejetée par les Etats
membres de l'ONU qui y voient une remise en cause inacceptable de leurs
prérogatives.(56(*))
En dépit des idées généreuses du
concept, qui place au premier rang des valeurs comme la démocratie ou le
respect des droits de la personne humaine, il a dès l'origine
suscité le questionnement, voire critique.
Dans les faits, une mission d'ingérence est parfois
contraire aux objectifs fondamentaux de l'ONU (le maintien de la paix), en tout
cas toujours en contradiction avec l'article 2.7 de la Charte des Nations
Unies.
Pour de nombreux juristes, la création de ce concept
n'a pas lieu d'être. En effet, la charte des Nations Unies contient
déjà de nombreuses dispositions allant dans ce sens, en
particulier, dans chapitres VI et VII. Il ne s'agissait donc pas de la
création d'un nouveau droit, mais simplement de la mise en application
de droits déjà existants.
Plus fondamentale que ce problème de droit,
l'ingérence humanitaire souffre d'un certain nombre de contradictions
qui sont principalement dues à la confusion volontairement entretenue
entre droit et devoir d'ingérence. Il est en effet difficile dans ces
conditions de séparer les mobiles humanitaires des mobiles politiques et
d'assurer du total désintéressement des puissances
intervenant.(57(*))
Bien qu'elle se veuille universelle, la déclaration des
droits de l'homme est fortement influencée par les travaux des
philosophes occidentaux du siècle des lumières et plus
généralement par la morale judéo-chrétienne.
L'ingérence a donc toujours été une action dirigée
depuis le nord vers les pays du sud. Il est ainsi peu vraisemblablement que des
contingents rwandais seront un jour chargés de mission de maintien de la
paix en Irlande du nord, ou que des Libanais interviendront au Pays basque.
En réalité les Etats puissants ont peu de risque
d'être cible d'une action d'ingérence. Par exemple les populations
de Tchétchénie sont sans doute autant en danger aujourd'hui que
l'ont été les Kosovars, il y a quelques années, mais la
Russie étant infiniment plus puissante sur la scène
internationale que la Serbie, il est peu probable qu'une action internationale
se mette en place.(58(*))
Il est donc logique qu'une remise en cause
dissymétrique de la souveraineté des Etats se heurte à des
réticences très fortes. Ainsi le sommet du G-77, qui
réunit les Etats les plus pauvres, a condamné en 1990 le
« prétendu droit d'intervention humanitaire » mis en
avant par les grandes puissances.(59(*))
En occident également l'ingérence humanitaire a
des opposants. Beaucoup trouvent qu'elle ressemble un peu trop au colonialisme
du XIX siècle, propageant les valeurs de la démocratie
libérale et considérant les autres cultures comme quantité
négligeable. Il lui est également reproché son
caractère événementiel : elle a tendance à
s'exprimer dans le chaud de l'action, pour donner bonne conscience aux
téléspectateurs occidentaux, et à négliger les
conflits oubliés par les médias ou les détresses
chroniques. Comme le prouve la crise ouverte autour de l'intervention
américaine en IRAK, le délicat équilibre entre la
répression des bourreaux et le respect de l'égalité
souveraine des nations reste donc à trouver.
Partant de tout ce qui est dit , il y a lieu de remarquer que
le principe de l'égalité souveraine des Etats se heurte à
plusieurs sortes de limitations. Ainsi, l'Etat peut voir son
intégrité territoriale entachée, notamment, dans le cadre
de l'intervention sollicitée où il accepte volontairement
l'intervention d'un Etat soit d'une organisation internationale sur son
territoire. En outre, les organisations internationales, en
générale et l'ONU en particulier , peut agir dans le cadre de
l'application des chapitres VI et VII de la charte, sous forme des
opérations de maintien de la paix dans un Etat avec ou sans le
consentement de ce dernier en vue de sauvegarder la paix et la
sécurité internationale.
Cependant, il sied de le souligner avec toute
sérénité que le droit international n'autorise pas
à un Etat d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre
même sous prétexte d'intervention humanitaire. Cette pratique
devra être rejetée en vertu du principe de l'égalité
souveraine des Etats.
Outre la limitation de l'intervention sollicitée et
d'ingérence humanitaire, le principe d'égalité souveraine
trouve d'autres limitations notamment dans la pratique des Etats,
particulièrement dans leur participation aux organisations
internationales.
B. Participation des Etats aux
organisations internationales
Bien qu'étant égaux sur le plan de droit, les
Etats demeurent différents et inégaux quant à leur niveau
économique, militaire soit de développement. Ainsi, le principe
d'égalité souveraine en trouve quelques limitations, notamment
dans la constitution des Nations Unies (I) et dans les institutions
financières internationales (II).
I. Participation des Etats à
l'ONU
De prime abord, il sied de noter que la charte de l'ONU
apparaît comme une réaction à ce qui a constitué une
cause d'échec de la SDN (son impuissance à mettre sur pied un
système efficace de sécurité collective, les divergences
internes entre ses membres n'ont pas pu empêcher l'Allemagne de reprendre
les armes).(60(*))
De la charte Atlantique (14 août 1941) en passant par
la déclaration de Washington (1 janvier 1942), les conférences de
Moscou et de Teherand (octobre 1943), la conférence du Dumbarton Oars
(7 octobre 1944), la conférence de Yalta (du 4 au 11 février
1945) à la conférence de San Francisco (du 25 avril au 26 juin
1945), la charte de l'ONU fut mise en place. Ont pris part à cette
conférence (San Francisco) les puissances invitantes
désignées par les accords de Yalta, c'est-à-dire ;
les USA, la Grande Bretagne, l'URSS et la Chine. La France s'est rendue en
qualité d'invité car n'ayant pas voulu endosser la
responsabilité des décisions prises en dehors d'elle.(61(*))
Il sied de remarquer de cette organisation que les vainqueurs
de la deuxième guerre mondiale, après la chute de la SDN, se sont
donnés le privilège de se conférer la qualité de
membre permanent du conseil de sécurité. Et, l'assemblée
générale abritera tous les membres originaires comme
adhérants des Nations Unies.
Certes, la charte des San Francisco garantie
l'égalité des membres de l'ONU, quant à leur
participation, au niveau de l'Assemblée générale. Ainsi,
l'article 9 stipule : « l'Assemblée
générale se compose de tous les membres des Nations Unies. Chaque
membre a cinq représentants au plus à l'Assemblée
générale ».
Par ailleurs, notons que chaque membre du Conseil de
sécurité dispose d'une voix. Et bien que les décisions du
Conseil de sécurité sur des questions de procédure soient
prises par un vote affirmatif de neuf membres, les décisions sur toutes
autres questions sont prises par un vote affirmatif de neuf de ses membres dans
lequel sont comprise les voix de tous les membres permanents,...(62(*))
De l'examen de ces dispositions de la charte, il sied de
constater que le principe d'égalité souveraine trouve des
limitations également au niveau, a priori, de la composition du Conseil
de sécurité par la présence des membres permanents et
non-permanents, a posteriori, il convient de signaler qu'au niveau de vote, au
sein du Conseil de sécurité, le système se trouve
dominé par la prééminence reconnue par la charte aux cinq
(5) membres permanents.
Ce système repose donc sur la capacité des Etats
de prendre une part effective à la lourde responsabilité du
maintien de la paix et de la sécurité internationales
dévolue au Conseil de sécurité.
Notons avec BALANDA que le principe du droit de veto
avait était accepté à la conférence de Yalta
et réaffirmé à Dumbarton Oars(63(*)). Les questions autres que
celles de procédure sont prises par un vote affirmatif de neuf (9)
membres parmi lesquels doivent être comprise les voix de tout les membres
permanents.
II. Participation aux Institutions
Financières Internationales
Nous ne saurons étudier toutes les institutions
financière internationales dans le cadre de ce travail. Pour bien
circonscrire notre travail, nous avons pris comme modèle d'étude
une seule organisation internationale à caractère financier
qu'est le Fonds Monétaire International (FMI) pour en
dégager l'inégalité existant entre ses membres dans ce
qu'on appelle système de « pondération de
voix ».
Pour pouvoir venir en aide à ses membres en
difficulté, le FMI dispose de ressources diverses. Celles-ci sont
principalement constituées d'une part par son capital et, d'autre part,
par des emprunts contractés auprès de certains Etats membres ou
de leurs institutions financières, auxquels s'ajoutent les ressources
potentielles au titre des accords généraux d'emprunt. En outre,
le FMI peut créer des instruments de réserve qu'il alloue
à ses Membres : les Droits de Tirages Spéciaux
(DTS).(64(*))
Notons d'emblée, les ressources du fonds proviennent
des contributions des membres liée à leur taille
économique, entraîne de facto, et logiquement, une
inégalité légitime entre les membres, c'est ainsi qu'on
parle du système de « Pondération de
Voix ». En outre, cette inégalité se justifie
surtout dans le monde actuel où le capitalisme bât le record avec
la mondialisation croissante.
Les décisions du Conseil des gouverneurs de FMI,
l'organe supérieur, sont prises sous forme de résolutions qui,
à la différence des résolutions des autres organisations
internationales, les résolutions du Conseil des gouverneurs ont un
caractère contraignant pour tous les membres. Les votes de ces
résolutions n'obéissent pas à la règle
traditionnelle « d `un Etat, une voix ».
En d'autres termes, le nombres de voix dont dispose chaque Etat est fonction du
montant de ses quotes.(65(*))
La répartition des droits de vote suit la logique de
pondération de voix, ainsi demeure inégale entre les membres du
FMI. Le tableau ci-dessous fait l'état de cette répartition.
Répartition des Droit de vote en % : 12
premiers pays
(30 avril 2003)
Pays
|
Pourcentage
|
USA
Allemagne
Japon
Royaume-Uni
France
Belgique
Pays-Bas
Mexique
Canada
Islande
Arabie Saoudite
|
17,82
5,55
5,55
5,00
5,00
4,64
4,31
4,00
3,70
3,47
3,46
|
Source ; FMI, acte in de DELAS, J-P. 2003
Ayant bien examiner l'égalité souveraine des
Etats ; principes, portée et limitations, il convient maintenant de
parler de la mondialisation.
Section 2. La mondialisation
La mondialisation bouleverse la société
internationale. Elle implique une évolution rapide des modes de
production et d'échange capitalistes qui ébranle l'assise des
souveraineté étatiques et les systèmes
d'intégration communautaire. Elle favorise d'importants progrès
matériels, mais entraîne aussi de nouvelles polarisations sociales
une pauvreté de masse d'une ampleur sans précédent, des
guerres civiles, des actes terroristes, des atteintes à l'environnement
planétaire et des mouvements migratoires.
Pour bien cerner cette notion de mondialisation à ce
niveau, il sied pour nous d'en préciser les notions et le Bilan
(§1) et d'élucider les contextes géopolitique et
économique de celle-ci(§2).
§1. Notions et bilan de la
mondialisation
Il convient de voir, d'une part, les notions (A) et d'autre
part, le bilan de la mondialisation (B).
A. Notions de la mondialisation
A ce niveau, il convient de donner l'historique de la
mondialisation (I) et de donner ses définitions(II).
I. Historique
Si le vocable «mondialisation » est
récent, il désigne cependant différentes périodes
de l'histoire, dont certaines anciennes.
En effet, avant le XVII ème siècle
les hommes avaient des représentations du mode différentes
des notre. La terre était peuplée de moins de 800 millions
d'habitants. On ne peut donc pas vraiment parler de mondialisation.
On constate pourtant que des événements
politiques et cultures majeurs ponctuent l'histoire :
v Extension de l'empire romain, unification de la chine,
grands mouvements des population ;
v Extension de l'empire Byzantin à partir du
VIème siècle ( empire Justinien) ;
v Formation de l'empire carolingien aux
IXème siècle, Xème siècle
extension musulmane ;
v Ouverture de routes commerciales dès la fin du
Xème siècle en Europe ;
v La chine lançait dès 1415 des
expéditions vers l'Afrique (amiral Huang Ho) beaucoup plus audacieuses
que les expéditions de Christophe Colomb ;
v La renaissance au XVème siècle
s'accompagne d'échanges maritimes en mer du nord, en mer Baltique (
Hanse) ,et entre la mer du Nord et les ports Italiens qui contournent
l'Espagne. Au XVIème suivant les grandes
découvertes66(*).
Les changements s'accompagnent d'une extension
considérable de l'espace connu ainsi que des échanges
économiques, technologiques et culturels entre civilisations.
L'étude des échanges de biens de ces époques incitent
à penser que l'historiographie du XIXème
siècle à sous-estimé l'importance des échanges
matériels et culturels entre civilisations éloignées
jusqu'à la fin du Moyen âge67(*).
Aux XVème et XVIème
siècle, le mouvement de la renaissance entraîne un grand
bouleversement : l'imprimerie apparaît, on prend conscience de la
rotondité de la terre. Les européens font des grandes
découvertes(68(*)).
Le XIXème siècle marque
véritablement l'essor de la mondialisation sous ses traits
contemporains. Le ressort essentiel du processus est alors l'abaissement des
coûts de transport, avec la généralisation de la machine
à vapeur et celui des coûts de communication avec le
télégraphe. Ces deux éléments permettent la mise
en communication des différentes parties du globe et d'importants
transferts d'hommes, de biens et de savoir en fonction des
inégalité de peuplement, de richesse et de pouvoir(69(*)).
Cependant, les débuts du XXème
siècle sont marqués par une méfiance croissante à
l'égard des échanges mondiaux, entraînant le repli de
nombreux pays sur eux-mêmes au détriment du processus de
mondialisation.
v Le phénomène commence dans le secteur
où les échanges étaient les plus importantes, celui de
flux humains. En mettant en place de quotas à l'immigration, les
Etats-Unis arrêtent brutalement le flux le plus important, tandis que les
révolutions russes privent l'Europe d'un important partenaire commercial
et financier ;
v La plupart des pays érigent alors d'importantes
barrières dans le but de protéger leur économie. Ce
brusque cloisonnement des échanges matériels et financiers est un
facteur essentiel de la crise des années 1930, qui marque le point
d'arrêt quasi-total ;
v Le rejet de ce processus dépasse alors le simple
plan économique pour s'étendre à la politique, avec
l'effondrement de la société des nations et un refus des
cultures étrangères et des étrangers eux-mêmes qui
tourne souvent à la xénophobie(70(*)).
Si le début du XXème siècle
freine la mondialisation, la 2ème moitié du
XXème relance et accélère ce processus.
Après 1945, celui-ci reprend, de manière très
inégale en fonction des domaines. La reconstruction de l'Europe ainsi,
la mise en, place du bloc soviétique puis les décolonisations
limitent la portée des échanges de biens et des services. La
mondialisation s'inscrit alors plutôt dans la création
d'organisation internationales, ONU, Banque Mondiale, FMI ou GATT, ainsi que
dans la généralisation des produits de la culture des Etats-Unis,
en particulier le « cinéma »(71(*)).
Alors que ce terme est déjà utilisé, ce
n'est que vers 1971, que les échanges de bien retrouvent, en part du
PIB mondial, leur niveau de 1940 et que reprend véritablement la
mondialisation économique. Appuyée sur la baisse des coûts
de transport, celle-ci désigne essentiellement le développement
des échanges en biens manufacturés entre pays riches et
nouveaux pays industrialisés (Corée, Taiwan, Brésil,
Argentine...) qui représentent 80% du commerce mondial(72(*)).
Soulignons en outre qu'au début des années 1980
des vastes zones géographiques ( Afrique, essentiel de l'Asie) ainsi
que le secteur primaire ( agriculture) et tertiaire (service) restant hors du
processus de mondialisation économique, tandis que les flux de
population reste faibles. Par ailleurs, l'amélioration des flux
d'information ainsi que l'assouplissement des lois portant sur l'investissement
étranger favorisent la mise en place de marchés financiers
d'échelle internationale(73(*)).
Enfin, la mondialisation au XXIème siècle a pris
son apogée sans précédent. La forme actuelle de la
mondialisation repose sur deux facteur essentiels :
v La faiblesse des coûts de transports au regard des
écarts de coûts de production (au sens économique du
terme), qui touche les bien matériels ;
v La baisse des coûts de communications au niveau
mondial, qui touche la diffusion sous forme numérique des
informations(74(*)).
L'historique étant posée, nous passons
maintenant à la définition de la mondialisation
II. Définition de la
mondialisation
Notons de prime abord que la mondialisation peut être
définie de plusieurs manières. Quant à nous, nous allons
proposer les définitions présentées par des
différents auteurs pour, afin, donner notre propres
définition.
Le professeur WERNER DEBONT situe la problématique de
la mondialisation dans quatre perspectives pour esquisser une tentative de
définition de ce phénomène. Selon le premier de quatres
perspectives, la mondialisation n'est pas un phénomène tout
à fait nouveau. En effet, de tout temps, les nations
interdépendantes de diverses manières : sur le plan
politique, en cas de guerre, de conflits, épidémies, ...
La deuxième perspective nous présente la
globalisation comme une forme d'impérialisme, une sorte
d'américanisation de la vie sur le planète. Pour s'en
convaincre, il n'y a qu'à se rappeler les événements qui
se sont produit au Kosovo, et plus particulièrement l'intervention
musclé des américains...
En troisième leu, il faut signaler que la
mondialisation est soutenue par le progrès technologique et
l'intérêt économique.
En dernier ressort, le monde s'achemine vers une nouvelle
phase de développement social et de création de nouvelles
institutions. D'où la notion d'un gouvernement mondial à travers
le pouvoir d'institutions telles que le FMI, la Banque Mondiale, l'OMC et
autres institutions des Nations Unies(75(*)).
Le professeur NDESHYO renchérit : « on
se situe dans le multilatéralisme, c'est-à-dire les
rapports totaux entre les Etats et les Organisations Internationales et, les
Organisations Internationales elles-mêmes »(76(*)).
De SENARCLENS Pierre définit la mondialisation comme
une vague de libéralisation des échanges, des investissements et
des flux de capitaux ainsi que l'importance croissante de tous ces flux et de
la concurrence internationale dans l'économie mondiale. Elle traduit
surtout une intensification des échanges économiques entre les
principaux pôles de développement capitaliste que sont
l'Amérique du Nord, le Japon, l'Europe occidentale, les nouveaux pays
industrialisés d'Asie et d'Amérique Latine, parmi lesquels il
faut compter la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et le
Brésil. Ces évolutions ont des retombées et des effets
d'entraînement dans plusieurs pays en voie de développement. Elles
sont inséparables de grandes innovations technologiques qui ont pour
conséquence de rétrécir l'espace international en
créant des interactions toujours plus denses entre les
sociétés.(77(*))
A ELUNGU Pene renchérit , « la
mondialisation, c'est l'idée même de la liberté telle
qu'elle s'est réalisée dans l'histoire moderne et qu'elle s'est
accomplie et constituée en civilisation. Bref, la mondialisation c'est
l'histoire et la civilisation de la liberté en
acte »(78(*)).
ALASSANE OUATARA Définit la mondialisation comme
l'intégration commerciale des flux financiers, des transferts de
technologies, des échanges d'informations, des courants
migratoires(79(*)).
La mondialisation peut être également
définie comme étant le développement des relations
interdépendantes de la croissance. Les avantages sont essentiellement
comparables à ceux de la spécialisation et les
élargissements des marchés(80(*)).
Notons par ailleurs que deux conceptions s'affrontent auteur
de l'explication de ce phénomène. Selon la conception unitaire,
la mondialisation évoque la notion d'un monde uni, d'un monde formant un
village planétaire d'un monde sans frontière. Ceci dans une
approche géographique, idéologique ou économique. Cette
conception est soutenue par des organisations internationales ou institutions
internationales ( FMI, OMC, et autres ) par le courant idéologique
notamment le mondialisme » . Elle est également
partagée par quelques analystes(81(*)).
Définir la mondialisation comme l'unification du monde
signifie que l'on parle de l'interpénétration des cultures, des
technologies et des économies. De ce fait, les expressions comme
culture mondiale ou civilisation mondiale, gouvernement mondial,
économie mondiale, voire même citoyen mondial sont des plus en
plus utilisées.
Si l'approche unitaire de la mondialisation
bénéficie dans étants du XIème
siècle ( c'est-à-dire le progrès et
révolution de la technologie qui renforcent l'intégration
physique, l'internationalisation et l'expansion des mouvements financiers, et
la position du capitalisme seul système économique et centre de
l'économie mondiale), il est suivi, cependant, par toutes les critiques
fusant sur l'économie du marché ou le capitalisme(82(*)).
La conception qui définit la mondialisation comme
l'unification du monde contient par ailleurs une certaine exaltation
intellectuelle. Cette conception prône plus d'ouverture pour arriver
à une paix mondiale, une suppression totale de
frontières(83(*)).
En revanche, même si cette conception présente
l'avantage de créer dans l'homme le genre de l'espoir, elle reste
cependant restrictive dans la mesure où négligeant les autres
manifestations de la mondialisation(84(*)).
Opposée à la conception unitaire, la conception
conflictuelle et pluraliste considère la mondialisation comme la
source des nos problèmes. Les sympathisants les plus farouches
à cette conception sont les courants «
Altermondialistes » et «Antimondialistes » bien
qu'on trouve aussi quelques analystes indépendantes en dire quelques
chose(85(*)).
Ainsi, la définition de la mondialisation par
référence aux problèmes, englobe les notions
d'hétérogénéité, d'incompatibilité,
de fragmentation et d'intégration, d'ordre et du désordre,
d'inégalité, d'exclusion et de solidarité,
d'affrontement idéologique, des relations humaines réduites aux
rapports de force sur tous les plans. Cette conception présente
l'avantage d'appréhender un jeu plus clair sur ce
phénomène à multiples aspects sur des
éléments manifestes que la composent alors que la
première s'articule autour d'un seul point(86(*)).
Du fait d'être défendue par les
altermondialistes, cette conception est accusée de promouvoir une
théorie économique et sociale proche du socialisme(87(*)).
Partant de toutes ces définitions, il importe de dire
que la mondialisation est un phénomène qui touche tous les
aspects de la société actuellement. Quant à nous, la
mondialisation est un processus de développement de l'économie
internationale sous l'impulsion des Etats de triade, des instructions
multinationales et les firmes multinationales. Comme toute autre
réalité sociale, la mondialisation comporte des avantages comme
des inconvénients. Pour mesurer l'ampleur de son impact dans la
société actuelles, il sied pour nous d'examiner son bilan.
B. Bilan de la mondialisation
A ce niveau, il convient pour nous de rechercher l'actif
et le passif de la mondialisation à partir, d'une part, des aspects
économiques, de la mondialisation (I) et, d'autre part, dans l'analyse
des aspects politiques, sociaux, culturels et institutionnels de
celle-ci(II).
I. Aspects économiques
L'évolution des conséquences de la
mondialisation économique comprend plusieurs volets, très
contractés selon la richesse du pays considéré. Il sied
pour nous de parcourir cet aspect dans la réalité des pays
riches, des nouveaux pays industrialisés et, enfin, dans les pays
pauvres.
De prime abord, pour les pays riches, la mondialisation
comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au
consommateur, qui a accès à un éventail plus large de bien
(diversité) un prix plus faible que s'ils étaient
fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est
considérable, et peut être appréhendé en
additionnant les gains des consommateurs à l'achat de produits textiles
chinois. Le second bénéfice profite aux détenteurs du
capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leur capitaux(88(*)).
Les pays riches souffrent en revanche de la
délocalisation de leurs industries intensives en main-d'oeuvre peu
qualifiée, ainsi que de la concurrence accrue entre pays riches
eux-mêmes. Quantitativement peu importantes, ces effets, posent
cependant des problèmes du fait qu'ils sont localisées, touchant
particulièrement certains individus ou certaines régions, alors
que les gains sont repartis sur l'ensemble de la population. La part de la
population active en concurrence avec la main-d'oeuvre peu qualifiée
des pays en voie de développement n'est seulement que de 3%(89(*)).
Les étude quantitative
« économiques » tentant d'évaluer ces deux
aspects arrivent toutes à la conclusion que les gains des pays riches
à la division internationale du travail sont supérieurs aux
pertes ( décolonisation, désindustrialisation) par plusieurs
ordres de grandeur(90(*)).
Pour les nouveaux pays industrialisés en outre,
jusqu'à la crise asiatique, les nouveaux pays industrialisés
semblaient les grands gagnants de la mondialisation économique.
Profitant d'une main-d'oeuvre qualifiée et à faible coût,
ils ont bénéficié d'investissements très
importants en provenance des pays riches, ce qui leur a permis de construire
une économie moderne et un système de formation solide, de
sortir de la pauvreté(91(*)).
Le bilan de la mondialisation économique pour ces
pays est ainsi très contraste avec d'un côté des pays,
comme la Corée ou Taiwan définitivement classés parmi les
pays riches, d'autre, Thaïlande, Philippines, ont du mal à se
remettre de la volatilité des investissements, et d'autres encore
bénéficient très largement de la mondialisation au niveau
du pays, mais avec une répartition très inégale de ces
gains ( Brésil, Chine)(92(*)).
Enfin, pour les pays pauvres au niveau économique,
ces pays restent largement en dehors du processus de mondialisation. Celui-ci
requiert en effet des institutions stables, un respect du droit, de la
propriété privée, une absence de corruption ainsi qu'un
certain développement humain ( santé et éducation) que ne
présentent pas la plupart de ces pays. Leur ressource économique
principale, l'agriculture, reste dominée par les stratégies
protectionnistes des pays riches, sauf pour les cultures propres aux pays
pauvres(93(*)).
Par ailleurs, le professeur Ndeshyo situe la mondialisation
économique (libérale) sur trois niveaux : niveau de
production, niveau de commercialisation et niveau de consommation(94(*)).
Au niveau de production il y a ce qu'on appelle la division
internationale du travail au niveau de la production de biens : il y a
deux mondes : le centre et la périphérie. La
Périphérie est constituée de plus ou moins 120 Etats qui
sont tous situés au Sud du globe terrestre (le Tiers-monde) qui sont
tous sous-développés et exploités. Tandis que le Centre
comprend les pays industrialisés qui sont tous développés
et exploiteurs de la Périphérie(95(*)).
C'est la Périphérie qui produit tous les biens
mondiaux et ce sont les pays du Centre qui consomment les produits ou biens
(agricoles et industriels). Dans la division du travail, la
Périphérie sert de pourvoyeur des matières
premières et le centre de décision se trouve au Centre chez les
pays industrialisés. Les règles du commerce sont
décidées par les pays du Centre. Ainsi, les pays de la
Périphérie exécutent seulement et cela conduit au
sous-développement et à l'endettement(96(*)).
Ensuite, au niveau de la commercialisation, les règles
d'origine, la qualité des marchandises sont décidées par
le Centre. A ce niveau, la mondialisation correspond au concept de la
Marchandisation des choses, des hommes, tout se présente sous la forme
d'une marchandise à commerce(97(*)).
Enfin, au niveau de consommation, la mondialisation impose les
habitudes de la consommation de la marchandise à consommer. C'est le
Centre qui décide, exemple le café, les bois, c'est le Centre qui
décide quel café provenant de tel pays. (98(*))
II. Aspect politiques, sociaux,
culture et institutionnels
Notons d'emblée, sur le plan culture et
société la mondialisation favorise l'accès d'un nombre
croissant d'individu à des réseaux de communication communs
conduisant à deux effets :
v Le premier est une prise de conscience accrue de la
diversité des cultures et de l'interdépendance de l'ensemble des
individus. Cela s'exprime par une meilleure connaissance du monde, des enjeux
planétaires, par la multiplication des sources d'information ;
v Le deuxième est l'émergence d'une sorte de
« culture commune » marquée notamment par le
recours à un « anglais de communication » (
parfois appelé « globish », c'est-à-dire
global english), version appauvrie de la langue anglaise, les
références culturelles américaines ou occidentales
portées par des produits culturels ( cinéma, musique,
télévision) ou des modes de vie (sports occidentaux, cuisine
Italienne, chinoise...) certains y voient un risque d'appauvrissement de la
diversité culturelle, voire la domination d'une certaine conception des
rapports économiques et sociaux(99(*)).
En sus, il convient de souligner que les flux humains de
« migration permanente sont les grandes oubliés de la
mondialisation. Dans l'ensemble du monde, les mouvements de population sont
quantitativement faibles. La mobilité internationale durable reste le
sort des plus défavorisés, déplacés par les
guerres, ou l'apanage des mieux formés à la recherche de la
meilleure rémunération pour leurs compétences(100(*)).
En outre, sous l'angle politique, la mondialisation
génère des entités économiques, des moyens
d'information et des flux financiers dont l'ampleur échappe au
contrôle de la structure des Etats-nations. De ce fait, la plupart des
gouvernements déplorent leur impuissance face à ces
phénomènes tant que les relations internationales ne sont pas
réglées par d'autres règles d'intérêt des
Etats(101(*)).
Il se fait que les outils traditionnels de la politique
publique, fiscalité et réglementation, perdent de leur
efficacité dans un environnement mondialisé. Leur application
demande alors la coopération de plusieurs Etats, toujours
délicate à obtenir et à maintenir. Des ONG tentent de
combler ce vide, mais elles manquent de légitimité pour
prétendre représenter les citoyens de la planète, et
sont souvent marquées par des idéologies partisanes(102(*)).
Enfin, sous l'aspect institutionnel, nous constatons la
diminution des pouvoirs des institutions nationales face à une
économie devenue planétaire qui a conduit à monter des
organisations multilatérales et mondiales, telle l'OMC basée
à Genève, et d'autres organisations soit à l'objectifs
parallèles (Banque mondiale, FMI, OIT) sont spécialisées
dans les secteurs économiques et professionnels très
précis. Elles sont chargées d'étendre les
possibilités d'échanges entre pays à la plupart des
transactions, dans un souci de croissance économique, d'équilibre
des flux, et de concurrence non biaisée. Elles tentent de
réglementer le commerce international par voie de traités
multilatéraux d'abaissement d'élévation
réciproques des barrières douanières, et plus
récemment, suite aux critiques des altermondialistes, elle accompagne
cette action d'aide au développement économique et prend
maintenant en compte des aspects sociaux et environnementaux(103(*)).
Partant de cette analyse, il sied pour nous de constater ce
qui suit dans le bilan de la mondialisation :
De prime abord, concernant les avantages, nous pouvons
citer comme exemple la réduction des inégalités
internationales. En s'exportant les entreprises exportent avec elles leurs
techniques, leurs connaissances (transfert de technologie, apport des
investissements directs à l'étranger), qui contribuent au savoir
et à l'alphabétisation des régions concernées.
En effet, les pays du sud ont été les premiers
bénéficiaires, surtout l'Asie qui devient un acteur
incontournable de la mondialisation est le fer de lance des firmes
multinationales et leur permet d'atteindre le but du profit maximal. Pour ce
faire, la mondialisation participe au développement des pays du sud.
Certes, nous constatons que la mondialisation apporte trois
soutiens importants au développement :
v Une source de financement stable. Les firmes qui
s'installent dans un pays suivent une logique d'investissement à long
terme. Concrètement les investissements représentent 60% des flux
financiers à destination des pays du Sud ;
v Un moyen de bénéfice de transfert
technologique. Même si les pays bénéficiaires sont
déjà en cours de développement et disposent des
compétences suffisantes pour justifier d'un transfert de technologie.
v Une ouverture des marchés du Nord aux exportations
du Sud qui suivent les flux des filiales implantées à
l'étranger(104(*)).
Enfin, les inconvénients de la mondialisation sont plus
nombreux que les avantages. Les inconvénients concernent essentiellement
les Etats, leur habitants et les bien publics en général.
D'emblée, on constate que les entreprises remplacent le
rôle de l'Etat en matière de décisions économiques
voire stratégiques. Par exemple en ce qui concerne le projet de
l'accord multilatéral sur l'investissement proposé en 1994
à l'organisation de coopération et de développement
économique (OCDE) et rejeté suite à une contestation de
la part de la France le 15 octobre 1998. Ce projet, initié par le
gouvernement pour obtenir des dommages et intérêts en
compensations de toute politique qui aurait pour effet de diminuer leurs
profits. Le pouvoir du lobbying des firmes sur les Etats s'est
également manifesté. Lors des réticences, toujours
actuelles, des pays à signer les accords de Kyoto, qui
réglementeraient le rejets industriels en faveur de
l'environnement(105(*)).
Il convient par ailleurs de souligner que des nouveaux outils
et moyens sont apparus pour s'adapter à cette mondialisation, souvent
en faveur des pays du triade ( USA, France et japon) qui ont vu les
bénéfices que pouvait leur apporter la mondialisation.
L'écart entre pays du nord et pays du sud se creuse au détriment
des valeurs civiques, sociales, environnementales et humanitaires(106(*)).
Enfin, nous remarquons que la mondialisation est
créatrice et destructive à la fois. Il s'agit d'un processus
inégal et inégalitaire qui produit des gagnants et perdants, dans
le sens qu'à l'heure actuelle de la mondialisation, les pays
sous-développés n'ont pas un grand rôle à jouer, car
seules, la concurrence, la compétitivité, la puissance
financière sont prises en compte. Or, les pays
sous-développés ne possèdent pas tous ces
éléments. C'est ainsi que, grâce à la
mondialisation, les pays du nord, détenant la quasi-totalité du
pouvoir financier et économique, marchent sans inquiétude sur la
souveraineté des Etats du sud, dépourvus de moyens
nécessaires pour palier à leurs problèmes internes, de ce
fait faisant toujours appel aux pays du nord pour régler et stabiliser
leurs économies. Ainsi, nous nous posons la question de savoir si
réellement dans cette perspective nous pouvons parler de
l'égalité souveraine des Etats.
Ayant donné les notions et le bilan de la
mondialisation, il sied pour nous d'élucider le circuit à
travers lequel la mondialisation se véhicule par les contextes
géopolitiques et économiques de la mondialisation.
§2. Contextes
géopolitiques et économique de la mondialisation
Il sera question dans ce paragraphe d'analyser d'une
manière superficielle, le contexte géopolitique de la
mondialisation (A) et ensuite, nous allons axer notre étude sur les
contextes économiques de la mondialisation (B).
A. Le contextes
géopolitiques de la mondialisation
Dans ce cadre, nous allons évaluer l'apport des
grandes puissances dans la mondialisation (I) et les institutions de Bretton
Woods(II).
I. Les grandes puissances dans la
mondialisation
Une triade explique l'émergence et le
développement de ce qu'on a pris l'habitude d'appeler
«Mondialisation » : les USA, l'Europe et le Japon.
1. Les Etats-Unis d'Amérique
Ce sont les Etats-Unis qui ont inauguré la
mondialisation à partir d'un mobile, apparemment neutre :
l'intérêt national.
Derrière cette ambition se cache une volonté
viscérale de rétablir l'hégémonie
américaine. Les USA ont mis en place une politique d'industrialisation
et technologisation roulée à travers un programme nommé
« national information infrastructure » (NII). En fait,
ils craignaient de perdre le leadership de l'industrie et de la
technologie dans la compétition mondiale(107(*)).
Notions par ailleurs, quand la seconde guerre mondiale prit
fin, l'Amérique s'employa à la préparation des
traités, à la mise sur pied des Nations Unies et d'agences
spécialisées, à la démobilisation avec ses
problèmes économiques astreignant par la politique
intérieure et à la réorganisation des cadres de la
politique étrangère et a défense(108(*)).
En outre, en 1988, la politique de compétitive
agressive américaine prend forme. Il s'agit de la fabrication des semi-
conducteurs et des outils informatiques. Les américains se sont en effet
rendus compte que sans les composants, fabriqués pour la plupart au
Japon ( qui en détenait le monopole), il compromettaient gravement les
projets militaires et ses équipements qui dépendaient de ces
composants(109(*)).
Des concessions, des subsides importants vont être
allouées aux entreprises pour soutenir la recherche, et ce,
malgré le clivage politique interne et les problèmes
extérieurs au pays. Les USA vont monter plusieurs programmes pour
marquer la nouvelle politique industrielle et technologique. Parmi eux, le
programme des technologies avancées (advenced technology program),
certains autre touchant les technologies dites «duales » (
à la fois civil et militaire) d'autre encore la fabrication des
véhicules de nouvelles générations, d'autres enfin la
fabrication des écrans plats (flat Panel Display). A cela il faut
ajouter le calcul et les communications haute performance (computing and
communication Program )...(110(*))
Il faut noter aussi que la politique de conversion militaire a
été largement financée (60 %du budget par rapport aux
autres secteurs de la vie nationale : 11% par l'espace, 4% par
l'énergie, 4% par la science, les autres secteurs se contentent de 8%
restant).(111(*))
Sur le plan technologique, il sied de signaler la production
avancée qui nécessite une circulation rapide d'une masse
colossale d'information. Il y a déjà à cette nouvelle
osmose entre les inforoutes et le développement de méthodes de
production avancée.
Compte tenu de son importance, les U.S.A avaient prévu
des instances, de financement dont la plus importante est la HPCCI (High
Performance Computing and Communication Initiative : 1,1 milliards de
dollars).
Les USA avaient créé une structure pour
soutenir ce programme : la TASK FORCE. Elle est constituée des
utilisateurs, des fournisseurs, des services, des organisations et même
des représentants du gouvernement. Ces membres sont divisés en
trois comités comptant cinq groupes de travail. Ils représentent
les divers champs : télécommunication, politique de
l'information, application... et dans ce cadre précis qu'il faut situer
l'INTERNET, version américaine. Le développement fulgurant de ce
réseau des réseaux aux USA va de paire avec des enjeux d'ordre
technologique, économique, juridique, culturel.(112(*))
2. L'Europe et le Japon
L'Europe et le Japon contribuent également à la
promotion de la mondialisation.
De prime abord pour l'Europe, il convient de noter que la
politique de nouvelles technologies de l'information et de communication a
connu deux jalons ponctués par des initiatives
intermédiaires : 1979 et 1993.
En 1979, Etienne DAVIGNO s'inquiète sur l'Europe. Il
recommande qu'elle s'ajuste à un nouvel ordre économique et
à de nouveaux rapports de force politique dans le monde pour ne pas
être avalée par des nations plus puissantes. DAVIGNO propose alors
qu'on mette sur pied une stratégie de relance dans le secteur de
nouvelles technologies. La télématique, à ses yeux,
constitue un des enjeux sur lequel se jouera l'avenir de l'Europe. Elle devra
s'investir à :
v la télécommunication (fabrication des
satellites) ;
v l'information des périphériques et confection
des programmes ;
v fabrication des composants électroniques pour les
équipements en télécommunication, en informatique et en
privatique ;
v les banques de données.(113(*))
Pour être compétitive sur le marché,
l'Europe consent son investissement important dans la recherche technologique
dans le domaine de la recherche scientifique et technique. En 1984, elle lance
le programme ESPRIT ( European strategic program for reseach, information
technologie) disséqué en plusieurs mini-projets pris en
charge par des industriels européens. ESPRIT remporte quelques
succès.(114(*))
Plusieurs autres projets de grande envergure consacrés
à 40% aux technologies de l'information et de développement
voient le jour à travers le programme cadre pour la recherche et le
développement. Ce programme couvre la période 1987-1991. C'est
dans ce cadre qu'il faut situer le programme RACE (Research in Advanced
communication in Europa) qui prendra en compte 50 projets au moins sur les
technologies large bande et le développement des réseaux. Citons
pour terminer le projet EUREKA axé sur la recherche sur la haute
technologie, la télévision haute définition (THD), en
particulier(115(*)).
En 1993 apparaît pour l'Europe le fameux livre
blanc intitulé « Croissance,
compétitivité, emploi ». ce livre est une
réaction contre la politique communicationnelle et informationnelle
américaine. L'Europe est consciente que les Etats-Unis sont en avance
dans les domaines de la télécommunication et de
l'audio-visuel.(116(*))
Elle choisit une politique décentraliste,
sociétale et planétaire axée sur les priorités
suivantes :
v Diffusion de l'exploitation de technologie de
l'information ;
v Doter l'Europe d'un cadre réglementaire
adapté ;
v Doter l'Europe de service de base
transeuropéen ;
v Développer la formation aux nouvelles technologies,
science, technologie ; communication et mondialisation ;
v Renforcer les performances technologiques et
industrielles.(117(*))
Comme ce projet lui tenait à coeur, elle à
confié la gestion à un « groupe de personnalité
sur la société de l'information », à l'image de
ce qui se fait aux Etats-Unis. Les membres de ce groupe ont pour rôle de
tracer le cadre réglementaire et de veiller à ce que les
intérêts des personnes impliquées soient garantis. Le
groupe a défini aussi les applications : les services de base, les
réseaux européens. Il a donné enfin des recommandations
sur le financement au projet et son suivi.(118(*))
Enfin, le Japon, pour faire face aux Américains, le
Japon a usé de son pragmatisme en axant sa politique d'industrialisation
et de technologisation sur la promotion de la créativité
intellectuelle. C'est-à-dire, la promotion d'une société
intellectuellement créative.(119(*))
Il a mis sur pied un cadre, son « programme
21 » qui définit sa nouvelle politique dont l'objectif majeure
est de « créer un large éventail de nouveaux
marchés et de domaines de croissances en ciblant les
développements technologiques sur les nouveaux besoins
socio-économiques.(120(*))
Le Japon a quelque chose du projet Européen en ce sens
qu'il part des besoins de la société (le logement, recherche,
l'enseignement, l'éducation) pour ajuster son alignement sur
l'évolution du marché mondial.(121(*))
Les technologies visées par le « programme
21 » sont au nombre de quatre (4) :
1. L'information et la communication avancée ;
2. La bio-téchnologie ;
3. Les énergies nouvelles ;
4. Les nouveaux matériaux.
Ce projet Nippon est futuriste mais aussi basé sur la
compétitivité industrielle et la production des activités
intellectuelles.
II. Les institutions de Bretton
Woods
Il s'agit du Fonds Monétaire International (FMI) et de
la Banque Mondiale (BIRD). Ces deux organisations ont été
conçues en 1944 à Bretton Woods (USA).
Le FMI a institué le système des quotes-parts.
Il coordonne les politiques monétaires. Il est le gardien des
règles de Bretton Woods et offre des crédits.
En entrant au FMI, chaque Etat souscrit à une part du
capital, dont il verse intégralement le montant, pour partie en devise
ou en DTS (en or avant 1978), pour partie en monnaie nationale.(122(*))
Indépendamment des critiques générales
auxquelles l'aide du Fonds peut être soumise, la politique du FMI
présente un double inconvénient : d'une part, elle est
limitée dans son ampleur par le plafond de 200% de la quote-part ;
d'autre part, elle est indifférenciée et ne prend pas en
considération les causes particulières des difficultés
rencontrées par les Etats membres.(123(*))
Pour y remédier, le FMI a multiplié les
politiques spécifiques destinées à permettre aux Etats
membres d'effectuer des tirages pour surmonter des problèmes
déterminés de balance des paiements, l'encours total des achats
effectués par un Etat (dans le cadre de la politique des tranches et
des politiques spécifiques) ne pouvant cependant dépasser un
pourcentage spécifié de la quote-part (450% en principe depuis
1985).(124(*))
Le schéma général de ces
facilités est identique à celui de la politique suivie par le
Fonds à l'égard des achats dans les tranches de
crédit : les tirages effectués par les Etats sont soumis
à une obligation de rachat, au paiement d'une commission et à la
conditionnalité, en général par le biais d'accords de
confirmation.(125(*))
La BIRD, quant à elle, peut également faire des
prêts à des entreprises privées mais dans ce cas les
entreprises doivent obtenir les garanties ou l'aval de l'Etat dont elles
relèvent. Pour répondre au besoin du pays en voie de
développement, la BIRD a crée des filiales.
B. Les contextes économiques
de la mondialisation
Sous l'impulsion des entreprises transnationales
géantes et les investissements directs à l'étranger que
nous qualifions des contextes économiques, un processus de restauration
de l'économie mondiale en un marché libre, unique,
dénommé mondialisation a été
annoncé.
En effet, le processus fortement marqué par une
invention systématique des multinationales (I) à travers les
investissements directs à l'étranger (II), produit des effets
dévastateurs sous l'impulsion des activités de ces
géants.
I. Les firmes multinationales
Le concept de firme multinationale peut revêtir
plusieurs désignations, c'est ce que nous remarquons parmi de
doctrinaires, ainsi on peut la désigner par société
multinationale, société transnationale, transnationale,
multinationales etc.
Jean Touscoz définit une firme multinationale comme
une société constituée par des entreprises reparties sur
des territoires d'Etats différents et reliées juridiquement entre
elles de telle sorte qu'elles obéissent à une stratégie
commune.(126(*))
Pour une bonne commercialisation et approvisionnement de
leurs produits ainsi que leurs industries en matières premières,
les firmes multinationales ont installé des filiales au-delà de
leurs frontières nationales. D'où, elles utilisent une
main-d'oeuvre bon marché, pour augmenter facilement leur capital.
Selon la définition de la CNUCED, est
considérée comme filiale une entreprise dont la maison
mère détient au moins 10% du capital. Sur cette base, la CNUCED
dénombre en 2002 environ 64.000 firmes multinationales disposant de
870.000 filiales et qui emploient 54 millions de salariés à
travers le monde.(127(*))
Notons cependant qu'une entreprise peut avoir des
représentations commerciales à l'étranger, mais elle ne
sera vraiment multinationale que si elle produit tout ou partie de ses produits
à l'extérieur de son territoire national.(128(*))
Fort à leur puissance économique et
financière, ces sociétés ou firmes n'hésitent pas
à intervenir de multiples façons dans les affaires
intérieures des PVD. Ce faisant, elles influencent fortement le cours de
relations internationales de ces Etats dont beaucoup sont financièrement
faibles face à ces monstres financiers modernes. Elles bafouent ainsi
souvent la souveraineté des PVD. D'où la tentative de la
communauté internationale de réglementer leurs
activités : un projet de code de conduite à leur imposer est
à l'étude aux Nations Unies.(129(*))
II. Problématique des
Investissements Directs à l'Etranger (IDE)
Dans le manuel de balance de paiement du FMI,
l'investissement direct à l'étranger est défini comme
« un investissement qui implique une relation à long terme
reflétant ainsi un intérêt durable d'une entité
résidente (entreprise investie) d'un autre Etat ».(130(*))
Par ailleurs, notons que les IDE correspondent aux
investissements réalisés dans le but de créer ou de
prendre le contrôle d'une entreprise hors du territoire national.
L'intérêt pour les firmes d'exporter le capital est
d'échapper aux taxes nationaux contraignantes pour leur profit. Par la
même occasion, la firme accroît sa part de marché
international en étendant son champ d'action et le nombre de clients
potentiels de différentes nationalités.(131(*))
En effet, l'investissement extérieur prend une
importance grandissante et influe très visiblement sur l'économie
mondiale. A la fin des années soixante-dix, beaucoup de banques des pays
développés ont prêté de grosses sommes aux pays du
Tiers-Monde. Ce flux fut interrompu dans les années quatre-vingt,
décennie de la crise de l'endettement, mais il a depuis repris sur une
grande échelle avec le boom des marchés émergents qui
s'est manifesté après 1990.(132(*))
Nombre des craintes exprimées à propos de la
croissance du Tiers-Monde semble se focaliser sur le flux ce capitaux,
plutôt que sur le commerce. Lorsque Schwab craint de voir une
« restructuration massive de l'appareil productif », il
fait sans doute référence aux IDE réalisés dans le
Tiers-Monde. L'Institut de politique économique, qui prévoyait
que l'Alena allait coûter 500.000 emplois américains avait
fondé son estimation sur un scénario totalement
hypothétique prévoyant le détournement des investissements
américains.(133(*))
Au cours du sommet sur l'emploi réuni à Detroit
en mars 1994, le Secrétaire d'Etat à l'emploi lui-même,
Robert REICH, expliquait les problèmes de chômage dans les
économies occidentales par la mobilité du capital. Il semblait
effectivement affirmer que le capital du premier monde était
actuellement en train de créer des emplois dans le Tiers-Monde
seulement.(134(*))
Ces craintes sont-elles justifiées ?
On peut répondre oui en principe, mais non en
pratique.
Les manuels classiques enseignent que les flux internationaux
de capitaux du Nord vers le sud pourrait entraîner une baisse de salaires
dans le Nord. Pourtant, les flux réellement observés depuis 1990
sont beaucoup trop faibles pour avoir eu des conséquences
dévastatrices que beaucoup de gens imaginent.(135(*))
Le capital exporté vers le Tiers-Monde est du capital
qui ne sera pas investi à l'intérieur, de sorte que
l'investissement du Nord dans le Sud signifie que la productivité et les
salaires du Nord doivent régresser. Les investisseurs du Nord obtiennent
sans doute de ces investissements un rendement supérieur à celui
qui aurait été le leur s'ils avaient investi chez eux.
Toutefois, avant de sauter à la conclusion que le
développement du Tiers-Monde se fait aux dépens du premier monde,
il faut poser le problème non de savoir si les effets négatifs
existent en principe, mais de savoir quelle est leur importance dans la
pratique.
Combien les pays avancés ont-ils exportés de
capitaux vers les pays en voie de développement ?
Au cours des années 80, le chiffre des investissements
nets Nord-Sud était pratiquement égal à zéro
(mieux, les intérêts ajoutés au remboursement de la dette
ont toujours été plus importants que les nouveaux
investissements)(136(*)). Tout s'est donc passé depuis 1990. En 1993,
qui fut jusqu'ici la meilleure année pour les investissements sur les
marchés émergents les flux des capitaux investis par les pays
avancés vers l'ensemble des pays nouvellement industrialisés
totalisaient environ 100 milliards de dollars.(137(*))
L'auteur renchérit que cela peut paraître
beaucoup, mais ce n'est pas si énorme comparé aux chiffres de
l'économie du premier monde. En 1992, l'ensemble des PNB
additionnés d'Amérique du Nord, d'Europe et du Japon atteignait
un total supérieur à 18.000 milliards de dollars. Les
investissements dépassaient 3.500 milliards de dollars pour un stock de
capital d'environ 3% seulement des investissements du premier monde furent
détournés vers l'extérieur, réduisant la croissance
du patrimoine national d'un chiffre supérieur à 0,2%. Depuis
1990, le boom économique des émergents à ainsi
érodé le stock de capital du monde avancé d'environ 0,5%
par rapport à ce qu'il aurait été sans lui.(138(*))
Quelle pression cela a-t-il exercé sur les salaires
des pays avancés ? une réduction de 1% du patrimoine
national diminue la productivité de moins de 1% puisque le capital n'est
que l'un des facteurs de production. Les estimations habituelles aboutissent au
chiffre de 0,3%. Un rapide calcul suggère donc que les flux de capitaux
en direction réelle des pays avancés de 0,15%, certainement pas
la catastrophe annoncée par Schwab, Delors, ou l'Economic Policy
Institute.(139(*))
Enfin, les exportations des capitaux vers le Tiers-Monde
attire l'attention parce qu'elle exhale un parfum d'exotisme, mais les sommes
sont faibles comparés à celles des déficits
budgétaires des pays développés. D'aucun pensent que nous
vivons dans un monde où les capitaux sont très mobiles et que les
mouvements des capitaux observés jusqu'ici modifient fort peu les
choses, tout au moins pour les pays développés.
Ayant analysé, d'une manière explicite, le
principe de l'égalité souveraine et les notions sur la
mondialisation dans notre premier chapitre, il convient pour nous, dans notre
second chapitre, de faire le parallélisme entre ces deux notions afin
d'évaluer la place de l'égalité souveraine dans un monde
pollué par les effets de la mondialisation.
CHAPITRE II. L'EGALITE SOUVERAINE
ET LA MONDIALISATION
La souveraineté était (avec
l'égalité) l'un des deux piliers du droit international classique
avant l'adoption de la Chartes des Nations Unies, laquelle d'ailleurs en porte
la marque. C'est un principe structurel, en ce sens qu'il détermine la
structure de l'actuel système juridique international tel qu'il s'est
constitué en Europe à la suite des guerres de religion. Ce
système juridique postule une organisation horizontale, sans domination
hiérarchique, dans laquelle les Etats exercent un pouvoir exclusif sur
leur territoire et leurs sujets (souveraineté) et ne sont tenus
d'obéir à aucune autre autorité semblable ou
supérieure dans leurs relations réciproques (souveraineté
externe ou l'indépendance). En conséquence, ils sont
considérés comme égaux en droit, quelles que soient leur
dimension, leur richesse, leur puissance militaire, leur forme de gouvernement
ou leur idéologie.
Par ailleurs, il est un fait que les Etats en entretiennent
entre eux des rapports de coopération, rendus possibles par la
mondialisation, fondés sur le respect du principe de souveraineté
et d'égalité. Dans le fait, en réalité les
problèmes se posent toujours autrement.
Cependant, vu l'évolution du droit international et
l'émergence de la mondialisation comme processus d'intégration de
l'économie internationale, des rapports de type nouveau
s'établissent entre les Etats du Nord (développé) et les
Etats du Sud (sous-développés).
Mais ces rapports qui, en principe, devraient être
essentiellement économiques, compte tenu de la nature même du
champ d'activité de ce nouveau phénomène de la
mondialisation, se répercutent heureusement ou malheureusement dans
d'autres domaines de la vie des Etats.
Ainsi, ces répercussions constituent pour la plupart de
cas, des maux qui rongent la souveraineté des Etats surtout ceux du
Tiers-Monde.
De ce fait, pour mettre au grand jour ce qui reste de la
souveraineté et de l'égalité entre les Etats à
l'ère de la mondialisation, il sied pour nous d'élucider les
effets de la mondialisation sur la vie des Etats (section 1) et, logiquement
nous allons chercher des pistes de sortie à cette crise à travers
l'essai de conciliation (section 2).
Section 1. Les effets de la
mondialisation sur la vie des Etats
Puisque nous parlons des relations entre les Etats du nord et
du sud à l'ère de la mondialisation favorisant les premiers au
détriment de la souveraineté des seconds, il nous sera opportun,
pour dégager les effets de la mondialisation sur la vie des Etats
(sous-développés), de prime abord d'étudier les Etats en
développement dans la mondialisation (§1) ensuite, de donner les
avantages et désavantages que ces derniers tirent de la mondialisation
( §2).
§1. Les Etats en
développement dans la mondialisation
Il sera question dans ce paragraphe d'élucider la
conception de la mondialisation par les Etats du sud (A), afin de donner
l'étique de la mondialisation pour l'Afrique (B).
A. Conception de la mondialisation
pour les Etats du sud
Notre lexicologie s'est depuis des années enrichie d'un
vocable nouveau et envahissant : la « mondialisation »
que le monde anglophone désigne sous le terme de
« globalisation ». d'aucuns ont cru qu'il ne s'agissait que
d'une mode passagère ou d'un nouveau mythe qui, cristallisant les
aspirations d'une humanité habituée à renouveler sans fin
son arsenal idéologique, céderait le moment venu à un
autre paradigme, la première place au hit-parade des rêves, et des
utopies des humains. Il n'en est rien, la mondialisation est une dynamique
profonde, durable et têtue. Telle pieuvre géante, elle
étend l'empire de ses tentacules à toutes les sphères de
notre existence et à tous les recoins de notre globe ; et telle une
vague irrépressible, elle déferle sur tous les pays du monde,
bouscule les traditions, les cultures et les habitudes, ne laissant aucune
alternative aux sociétés de notre temps.(140(*))
Faut-il, dans un élan défensif, craindre la
mondialisation, ou faute de mieux, se résigner à son
avancée dans nos existences, à son imposition irréversible
en tant que paradigme donneur de sens au destin et au cheminement de
l'humanité ?
Une méfiance sans discernement, une condamnation sans
appel ou une indifférence insouciante constitueraient un écueil
dangereux devant le devoir de prise en charge d'une dynamique qui pourrait
être soit une chance ultime pour l'humanité en mal de coexistence
et de solidarité, soit une malchance ultime pour les pays faibles en mal
d'identité culturelle, de compétitivité économique
et de gouvernance.
Faut-il au contraire exalter la mondialisation, l'encenser
sans discernement, s'y enfoncer tête baissée ? Une telle
attitude serait suicidaire surtout pour des pays qui, à la faveur de la
colonisation et d'autres vicissitudes historiques, ont déjà
suffisamment perdu leur âme. Que faut-il donc faire ?.
Notons d'emblée que ceux qui
réfléchissent sur l'évolution du monde pensent que les
incidences de la mondialisation ne sont pas encore bien comprises, même
par des pays à revenus élevés. Pour les pays en
développement, appelés aujourd'hui pays du sud, les
problèmes sont éminemment plus complexes étant
donné que la mondialisation modifie radicalement les données du
programme de développement. La mondialisation qui touche la
réflexion et l'action concernant le développement semble
subordonner au marché les préoccupations éthiques et
sociales, et le souci de justice. En effet, devant les résultats
décevants de 30 ans de politique sociale appliquée dans les pays
en développement, une contre révolution néo-classique a
été lancée pour réaffirmer les vertus du
marché.(141(*))
Dès lors, deux questions paraissent essentielles pour
les pays en développement. Premièrement, la mondialisation
entraîne-t-elle sur l'autonomie (exclusivité des
compétences) relative de l'Etat dans les pays en
développement ?
De prime abord, concernant l'idée de
développement, la mondialisation d'aujourd'hui est fermement
enracinée dans le contexte d'un nouveau fétichisme de
marché. On vit une contre-révolution néo-classique pour
réaffirmer les vertus du marchés et l'importance d'un calcul des
prix au plus juste. Avec l'effondrement du communisme, la victoire du
marché sur l'Etat est totale, ce qui a pour conséquence que la
tendance à l'homogénéité qui s'en est suivie ne
laisse guère de place à la prise en compte des questions de
morale et d'équité dans les interactions sociales et les
relations internationales.(142(*))
De manière implicite, le nouveau fétichisme du
marché élève l'idée que la rationalité de
celui-ci repose sur l'intérêt personnel avec une attitude
impitoyable (pas de quartier) dans les relations interpersonnelles et
internationales. Dans la recherche du mécanisme, la manifestation
contemporaine du libéralisme du marché semble ne laisser
guère de place à la charité ou à la
générosité d'esprit qui était
considérée comme l'essence même d'un comportement
civilisé. Ce qui prévaut, c'est la morale du respect du droit de
propriété ; l'idéologie du marché de
l'après-guerre vient légitimer le comportement de
prédateur qui était la tendance naturelle de l'humanité.
Le leitmotiv de la nouvelle doctrine de la coopération américaine
« Trade and not Aid » en dit tout.(142(*))
Par ailleurs, à l'ONU, les pays puissants font valoir
que la fin de la guerre froide a essentiellement vidé de sens toute
distinction entre Nord et Sud, étant donné que ce type de
distinction ne faisait que traduire la dichotomie idéologique de la
guerre froide. Selon ces pays, le nouveau monde est un monde de partenaire et
chaque pays est pleinement responsable de son propre sort. Le nouveau
partenariat est essentiellement une relation d'échange, sauf
peut-être lorsqu'il s'agit des causes purement humanitaires.
Enfin, la baisse de niveau que l'aide publique a connue au
cours des dix dernières années tient, au moins en partie,
à l'idée de plus en plus répandue que l'aide au
développement est un anachronisme. Le pouvoir accru des institutions
multilatérales où les décisions se prennent selon le
principe qu' « un dollar égal une
voix », mieux système de pondération de voix,
semble symptomatique de la reconnaissance éhontée que la
ploutocratie est un fondement acceptable de la conduite des affaires mondiales
méconnaissant l'égalité entre les Etats.
Quant à la mondialisation et à
l'exclusivité de l'autonomie relative de l'Etat dans les pays en dans
les pays en développement, les partisans du nouveau libéralisme
font souvent d'Adam Smith leur prophète, car pour celui-ci la recherche
par les hommes de leur intérêt personnel mène à la
réalisation de l'intérêt général. Ce qui les
intéresse, c'est de voir dans l'Etat un cadre institutionnel qui met en
place des infrastructures économiques et sociales favorables pour faire
fonctionner le marché et un cadre de sécurisation des biens et
des personnes. Il s'agit donc de l'Etat au rôle minimaliste.(143(*))
Mais dans le sens des libéraux classiques, l'Etat est
un indicateur de l'équilibre des forces sociales, c'est-à-dire
qu'on lui reconnaît le rôle de médiateur des conflits
sociaux internes, soit dans un sens positif comme fournisseur de services
sociaux, et de sauvegarde, soit dans un sens négatif, dans la
répression. Il a été admis aussi que l'Etat prévaut
dans la médiation entre domaines intérieurs et domaines
extérieurs.(144(*))
La mondialisation remet fondamentalement en cause le
rôle de la médiation de l'Etat à l'égard des
pressions extérieures. L'effet conjugué de l'instabilité
mondiale de capitaux financiers, l'accroissement de l'IDE et l'apparition de la
coopération mondiale viennent saper l'égalité souveraine
des Etats par le non respect de la souveraineté économique des
Etats faibles.
On peut constater comment les capitaux extrêmement
mobiles conduisent les régulateurs nationaux à passer la main aux
profits mondiaux, qui sont entièrement dérégulés
(marchés des devises), légèrement ou autoréguler
(marchés des valeurs) ou imparfaitement régulés (banques
multilatérales). C'est ainsi que la gestion des taux de change
relève aujourd'hui moins directement des pouvoirs publics que de
l'action des opérateurs économiques pour ce qui est des devises
et des valeurs. L'expérience de certains pays de l'Asie de l'Est et du
Mexique en 1994, montre ce qui peut arriver lorsque la finance internationale
décide de ce replier, quelle que soit la raison.(145(*))
Pour les pays en développement, le problème se
trouve compliqué par le fait que l'Etat activiste (indispensable pour
mettre en place des sauvegardes et conduire le développement) est
démodé sur le plan intellectuel, et irréaliste dans la
pratique ? Sur le plan intellectuel, l'Etat activiste est incompatible
avec l'idéologie de la libéralisation. Les Etats activistes ont
toujours largement compté sur des ressources internes et externes dont
ils ne payaient pas toujours la valeur marchande réelle. Il faut aussi
un contexte politique international se prêtant à des larges
écarts entre pays pour ce qui est des stratégies de
développement et des politiques intérieures.(146(*))
Partant de tout ce qui est dit, il convient pour nous de
souligner que les pays du Sud sont victime de la subversion économique,
de la corruption politique et de la perversion culturelle-spirituelle
liées à la mondialisation.
Le Sud, particulièrement l'Afrique est le champ de
diverses expériences qui ont échoué les unes après
les autres. La mondialisation pourra-t-elle résoudre les
problèmes cruciaux de notre époque ou bien qu'elle ne fera que
renforcer ces problèmes de l'égalité entre les Etats, des
conditions des échanges internationaux, ainsi que le problème de
l'impérialisme, de sa nature et de ses effets ?
Certes, le niveau moyen de vie dans beaucoup de pays de
l'Afrique est plus bas aujourd'hui qu'il ne l'ait au moment de
l'indépendance, un bon nombre des améliorations de la
qualité de la vie qui auraient été obtenues durant les
années soixante et soixante-dix ont subi une érosion grave et
dans les années quatre-vingts on enregistrait partout un échec
profond, un désinvestissement une désindustrialisation sans
bornes.
Bien qu'à travers cette Afrique, il existe des
îlots de prospérité, cependant, dans la grande
majorité des cas, l'Afrique est pauvre et inapte à la
compétition. L'Afrique va prendre un train qui est déjà
parti, qui était déjà parti. A moins de courir plus vite
que le train, ou que celui-ci ralentisse son allure. C'est là une
gageuse.(146(*))
L'étroitesse de la base productive et sa
dépendance vis-à-vis du marché mondial, qui
caractérise aujourd'hui le secteur moderne de l'économie des pays
africains expliquent sa vulnérabilité. Dépendant du
marché mondial, le secteur d'exploitation (et à travers lui,
l'ensemble de l'économie à dominance extravertie) en subit de
plein fouet toutes les évolutions défavorables :
vulnérabilité par rapport aux fluctuation conjoncturelles, aux
substitutions techniques, aux modifications dans les prix et les
dépenses des consommateurs. Pire, il le subit avec usure, en ce sens que
le rapport de force lui est généralement défavorable et
que le protectionnisme déclaré ou larvé des
économies dominantes tend à reporter le poids des adaptations sur
la périphérie.(147(*))
La mondialisation s'impose aux pays du tiers-monde comme la
loi du plus fort sur les faibles. Faut-il résister ? Pendant
combien de temps ?
Nous pouvons conclure avec John FE OHIORHENUAN en relevant un
constat. Au cours des quatre dernières décennies, les
différences se sont accentuées dans le groupe des pays en
développement. Quelques-uns d'entre eux sont presque entièrement
intégrés dans l'économie mondialisée. Mais la
plupart restent marginaux. S'ils veulent devenir de véritables acteurs,
ces pays doivent comprendre les nouvelles possibilités qu'offre la
mondialisation et les nouvelles contraintes qu'elle impose au
développement.(148(*))
La mondialisation semble marquer la redondance de
l'idée de développement devient un anachronisme. Mais ce serait
courir à l'échec à long terme si les valeurs
d'équité et de justice et de bonne conduite étaient
sacrifiées sur l'hôtel de la mondialisation.
Il en va de même de l'autonomie de l'Etat dans les pays
en développement. La mondialisation menace le pouvoir
discrétionnaire de l'Etat où qu'il soit. Or, plus le pays est
développé, plus la capacité de réaction de l'Etat
est grande. Pour les pays en développement, il s'agit de pouvoir
conserver l'idée d'un Etat activiste tout en admettant que le nouvel
activisme doit être différent du dirigisme des années 60 et
70. Pour la communauté internationale, il s'agit d'admettre que le
développement exige une combinaison exceptionnelle, des conditions et
qu'il faut laisser chaque pays en développement libre de trouver son
propre caractère exceptionnel.
B. Ethique de la mondialisation
pour l'Afrique
C'est depuis longtemps déjà que la morale est
invoquée pour tenter d'humaniser les relations internationales et pour
obtenir un nouvel ordre mondial économique, politique et culturel. La
logique capitaliste fondée exclusivement sur l'égoïsme des
intérêts personnels et nationalistes est trop sèche pour
donner des chances à tous les peuples de la planète de pouvoir
connaître une vie heureuse et un avenir radieux. L'exigence de construire
une éthique capable de transformer les relations économiques et
politiques internationales sonne aux oreilles de la conscience morale comme un
impératif pressant pour faire face aux vices de la rationalité
capitaliste. Pire, de cette logique émerge progressivement un
phénomène qui se laisse entrevoir comme un tourbillon aveugle qui
emporte tout sur son passage en intégrant le moindre petit morceau de
matière et de culture isolée dans sa boule fermée sans
cesse grandissante en volume et en furie. Elle résulte de l'assemblage
des volontés de puissance amorale de ces « monstres
froids » (Hoffmann) que sont les « grandes
puissances » nourries aux leçons machiavéliques. Fille
du capitalisme, la mondialisation comporte beaucoup de chances, ou de risques,
de se présenter comme un supercapitalisme, un capitalisme radical qui ne
laisse échapper personne à son étreinte
étouffante.(149(*))
La mondialisation est un nouveau défi éthique
qui est lancé à la conscience du monde, en ce qu'elle
réalise la confluence des individus et des peuples ; elle n'est pas
nécessairement synonyme de solidarisation du monde. Le
phénomène est même bien loin d'un tel sens, d'une telle
direction morale. Il est donc question de concevoir une éthique
appropriée capable d'avoir raison des conséquences en perspective
de la mondialisation, conséquences tout à fait terrifiantes comme
l'achèvement de la massification ou la lamination de toutes les
diversités et la banalisation insouciante de toute forme
d'individualité et de volonté d'authenticité.
Sur le plan politique, il est tout à fait manifeste que
les instruments juridiques internationaux offrent la possibilité de
définition d'une éthique universelle acceptable. En particulier,
les principes énoncés par la charte des Nations Unies et,
principalement, par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
sont des éléments constitutifs d'une éthique
planétaire éventuelle. Les principes du respect mutuel des Etats,
de leur égalité souveraine, du droit à
l'autodéfense, du devoir d'assistance solidariste, de stricte
conformité aux engagements universels, et du respect rigoureux des
droits de l'homme adéquatement déterminés, sont des
exemples des principes qui doivent fonder cette éthique.
Par ailleurs, l'éthique planétaire sera aussi
appuyée par le respect de la sécurité collective
internationale. Ainsi, la sécurité de l'Etat est, sur le plan
national, constituée non seulement par le fait que l'Etat est à
l'abri d'une agression parce qu'il a le moyen de la prévenir mais aussi
d'en faire disparaître les effets, s'il se produit ou en d'autres termes
de rétablir le statu quo ante. Sur le plan international, la
sécurité collective sera constituée par le fait que la
communauté des Etats ou le plus grand nombre d'Etats possible donnera
à chacun l'aide de tous pour prévenir une atteinte à sa
sécurité et éventuellement réprimer et
réduire à néant l'agression si elle a commencé
à se produire.(150(*))
§2. Avantages et
désavantages de la mondialisation pour le sud
Le sud, particulièrement l'Afrique se trouve
aujourd'hui au centre de nouveau enjeux planétaires. Avec près du
tiers de réserves de matières premières de la
planète, abandonnées par les anciennes puissances
métropolitaines qui se dégagent progressivement, tant du point de
vue de la population (laissée désormais aux ONG) que du point de
vue militaire, les pays africains sont devenus la proie facile de la
mondialisation (les grandes puissances, les institutions financières
multilatérales et les firmes multinationales).
Les gouvernements des anciennes puissances, plus les moyens de
leur politique en Afrique, les multinationales propriétaires et
manipulatrices d'énormes capitaux occupent désormais la place
laissée vacante, et de gré ou de force, mettent en place un
nouvel ordre politique et juridique dicté par leurs seuls
intérêts au détriment des populations.(151(*))
Notons que la mondialisation apporte, à travers les
firmes multinationales, aux Etats du tiers-monde un certain nombre d'avantages
non moins négligeables ; tels que le transfert de technologie,
l'apport des IDES et autres.
En dépit de ces avantages, la mondialisation
présente un danger pour la vie politique des Etats d'Afrique.
aujourd'hui, aucune institution, aucune organisation nationale ou
internationale ne peut opposer de résistance notable à ces
nouveaux maîtres du monde. Cette réalité touche
pratiquement tous les pays du sud en général, et d'Afrique en
particulier.
Pour bien examiner ce problème posé par la
mondialisation sur l'égalité souveraine des Etats, partant sur la
souveraineté des Etats du sud, nous allons de prime abord
démontrer la violation du principe de non-intervention sur le territoire
des Etats du sud occasionnée par la mondialisation (A) et la violation
du principe de non-ingérence (B).
A. Violation du principe de
non-ingérence
Certes, aujourd'hui personne n'ignore la dépendance et
la domination politique du sud vis-à-vis du nord. Cette situation se
remarque dans l'impossibilité de diriger les affaires nationales que les
pays du sud présentent.
F. PEROUX définit la domination avec
précision : « la domination est l'effet de
domination ; l'effet de domination intentionnelle ou non, est une
influence dissymétrique ou irréversible. Sa mesure tient dans
l'avantage extérieur au contrat ou au à la marge
d'indétermination introduite par comparaison à l'équilibre
d'échange pur. Les composantes sont la force contractuelle de
l'unité, sa dimension et son appartenance à une zone active de
l'économie. Son action s'exerce directement ou par
intermédiation ».(152(*))
Evidemment, bon nombre d'Etats du sud n'arrivent plus à
faire respecter leur intégrité territoriale à cause des
effets surtout des firmes multinationales, leurs frontières sont
devenues des boulevards publics internationaux où traversent les troupes
armées étrangères en promenade de santé.
D'autre part, les grandes puissances arrivent même
à intervenir militairement, en violation des dispositions de la charte
des Nations Unies. Pour bien illustrer cette prise de position, il suffit de la
remarquer dans l'intervention des Etats-Unis à Kosovo. Le monde devenu
unipolaire, les Etats-Unis interviennent partout en violation
éhontée de la charte même qu'ils faisaient la promotion
d'être le fondateur en vue de maintenir la paix et la
sécurité internationale.
Ainsi, les Etats-Unis ont intervenu à l'Irak(2005) sans
l'accord du Conseil de sécurité qui, juridiquement devrait
disposer du monopole d'usage de force en cas de menace contre la paix, à
travers les opérations de maintien de la paix (l'application du chapitre
7 de la charte).
Outre les interventions militaires américaines, nous
pouvons également citer celle de la France en Côte d'Ivoire
(2002) ; certes, dans la guerre civile en Côte d'Ivoire
l'impérialisme français a la main de deux côtés pour
chercher à préserver la domination dans la région. Le 8
décembre 2004, la France, ancienne puissance colonisatrice, venait de
réaffirmer sa volonté de se maintenir comme puissance
néocoloniale en Côte d'Ivoire. le 06 décembre,
l'armée française a détruit la petite force
aérienne que s'était procurée la Côte d'Ivoire
(quatre avions de chasse et cinq hélicoptères de combat). La
France n'est pas seulement limitée en Côte d'Ivoire mais aussi
dans d'autres pays africains tels que le Sénégal, le Liberia, le
Tchad, République Centre Africaine, Djibouti... Cette pratique, devenue
monnaie courante pour les Etats du Nord, met en cause le principe de
l'égalité souveraine entre les Etats du Nord et du Sud pourtant,
ils devraient tous bénéficier du même niveau du respect de
leur souveraineté nationale pour sauvegarder la paix et la
sécurité internationales, but des Nations Unies. Ainsi, il est
important de nous poser la question de savoir, si eux-mêmes, membres
originaires des Nations Unies, ayant légiféré la charte,
commencent à la violer, quelle sera la raison d'être de
l'ONU ?
Par ailleurs, sur le plan économique, les firmes
multinationales originaires des Etats du Nord, toujours en recherche de
monopole d'exploitation au tiers-monde, bafouent à leur gré le
respect de l'intégrité territoriale des Etats du sud. Ils
arrivent même à renverser le gouvernement, si celui-ci refuse le
marché, ils soutiennent les troupes rebelles pour arriver à
gagner le marché.
Pour soutenir cette position sur l'intervention des grands
géants de l'économie internationale, il convient pour nous de le
remarquer dans la guerre de libération en République
Démocratique du Congo où l'AMFI, compagnie canadienne
opérant à partir de l'Arkansas aux USA, dans le fief de
l'ex-Président des USA, Bill Clinton, avait signé les accords
pour la cession de mines congolaises.(153(*))
Il en résulte qu'après la guerre de
libération et sa victoire, le nouveau Président L.D. Kabila s'est
livré aux dirigeants de l'AMFI, ses futurs meurtriers, avec qui en avril
1997 il avait signait un accord de cession de la GECAMINES. Cependant, le
divorce intervient lorsque L.D. Kabila viole les accords conclu avec l'AMFI, le
Rwanda et l'Ouganda renvoie brutalement les contingents militaires rwandais
présents au Congo-Kinshasa.(154(*))
B. Violation du principe de
l'exclusivité de compétence
L'influence d'un système sur un autre peut
également que le second qui, dépourvu d'infrastructures
nécessaires pour sa survie, se voit inéluctablement contraint de
solliciter de l'aide au plus puissant qui va, de ce fait, le dominer.
Beaucoup d'Etats du sud pour pallier à leur
déficit budgétaire recourent auprès d'institutions du
nord. Il est encore plus malaisé de noter que même pour organiser
leur vie politique, ces Etats attendent toujours l'aide extérieur, ce
qui entraîne la main mise de l'occident sur la gestion de la chose
publique au sud.
C'est ce que nous remarquons, par exemple, en
République Démocratique du Congo, pour réaliser le
processus de paix et organiser les élections, il faudrait
inéluctablement passer par les aides extérieures de l'Union
Européenne et de quelques grandes puissances qui, sans nul doute, ont
octroyé à la République Démocratique du Congo la
constitution de transition du 04 avril 2004, et il est encore imprudent
d'affirmer que la constitution du 18 février 2006 est une oeuvre
nationale de seuls congolais.
Par ailleurs, il convient de remarquer cette situation
également dans le Rapport du Panel qui établit la liste des
firmes multinationales exploitant illicitement les ressources minières
et forestières de la République Démocratique du Congo.
C'est, entre autres, l'AMFI, American corporation-Gencor, Dara Forest, Dara
Europe, Global Minerale, Nyota wold industry, Dara Great Lakes Industry,
Trinity Group, Tristar investisment company. A côté de ces fir mes
multinationales nous pouvons aussi citer des banques du réseaux
financier utilisées pour les opérations commerciales
illégales telles que : Banque à la confiance d'or, banque
de commerce te de développement, City Bank de New York etc. Et aussi
certaines sociétés d'aviation utilisées pour les
transports des produits frauduleux et trafic d'armes : Compagnie
Aérienne de Grand Lacs, SABENA, Jambo Safari, etc.(155(*))
En outre, il sied le souligner l'ingérence
américaine en Irak. Pour une petite histoire, le 11 septembre 2001, il
eu aux USA des attentats qui écroulèrent les deux tours jumelles
du Wold Trade Center, touchèrent une partie de
Pentagone et qui secouèrent la Maison Blanche.
L'administration Bush avait fait de ce problème le fer de lance de sa
politique étrangère et avait, à cette fin, mobilisé
des moyens colossaux pour se venger contre ces actes en utilisant comme
prétexte de lutte contre le terrorisme international.
Ainsi, le 20 septembre 2001, dans son discours sur
l'état de l'Union, le Président Bush avait lancé aux Etats
qui soutenaient le terrorisme un défi. C'est ainsi que l'Irak avait
été considéré comme seul pays, en dehors de
l'Afghanistan, à avoir soutenu les attentats du 11 septembre, car il
n'avait pas condamné ces attaques. Ensuite, lorsque les USA avaient
frappé l'Afghanistan, divers éditoriaux publiés dans un
journal dirigé par le fils de Sadam HUSSEIN avaient exprimé leur
sympathie pour OUSSAMA Ben Laden. En outre, le gouvernement Irakien a
continué d'offrir une formation et des encouragements politiques
à de nombreux groupes terroristes même si sa politique principale
est demeurée l'activité des dissidents irakiens à
l'étranger(156(*)).
Ensuite, l'Irak a fourni de bases à plusieurs groupes
terroristes, notamment, l'Organisation Moudjahidine (MEK), le Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK), le Front de Libération de la Palestine
(FLI) et l'Organisation Abou NIDAL (OAN).
Partant de tous ces griefs, le président
américain, pour l'élaboration de sa politique nationale à
cette matière, il se devait de prendre des mesures énergiques
pour arrêter l'expansion de réseaux terroristes et dans la
déclaration précitée, le président s'assigne des
objectifs cruciaux visant à renforcer la sécurité des USA
contre le terrorisme. En plus de cela il y eu d'autres raisons telles que
l'instauration d'un Etat de droit en Irak, car l'Irak était
classé parmi les Etats où régnait le despotisme absolu.
Mais en dehors des raisons évoquées ci-haut,
nous noterons qu'il y avait d'autres raisons majeures qui avait poussées
les américains à attaquer.
En effet, le golf persique est une des régions du
monde vers lesquelles vivent les regards et intérêts des grandes
puissances. Elle est une région en proie a des conflits insolubles et
partout sujette à l'instabilité permanente. Il est un pôle
d'attraction ou convergent les intérêts de toutes les puissances
occidentales dont la politique étrangère accorde une
prééminence au contrôle politique de la région qui
regorge des intérêts économiques de grande importance,
voilà pourquoi il faut avoir une influence accrue dans la région
et être présent au bon moment. c'est ainsi que les
américains ont compris la leçon et ont essayé
d'élaborer une politique étrangère qui tient compte de ces
paramètres. L'installation des bases militaires américaines du
Koweït et en Arabie Saoudite en est une preuve éloquente.
Dès son investiture après les élections
controversées, le président américain s'était
donné deux autres priorités stratégiques : la
modernisation et le développement de capacités militaires
américaines ainsi que l'acquisition de réserves
pétrolières supplémentaires auprès de sources que
les vastes réserves irakiennes demeureront disponibles,
c'est-à-dire, ne tomberont pas sous le contrôle exclusif de
compagnies pétrolières russes, chinoises ou
européennes(157(*)).
Ainsi donc, le désarmement, la lutte contre le
terrorisme et d'autres causes non révélées sont autant de
motifs et arguments brandis par les américains et leurs alliés
pour le recours à la force. Après avoir réuni toutes ces
raisons, les USA se décident d'attaquer l'Irak en déclenchant les
hostilités le 19 mars 2003.
Cependant, le principe e l'égalité souveraine
des Etats traduit le souci d'avoir, dans le commerce juridique international,
des Etats placés sur un même pied d'égalité et cela
nonobstant les différences liées à la puissance
économique, militaire et autres facteurs subjectifs.
Et pourtant, les américains, en guerroyant contre
l'Irak soupçonné de détenir des armes à destruction
massive, ont méconnu systématiquement ce principe cardinal.
L'Irak, à l'instar de la Corée du Nord
était classé parmi les pays de l'axe du mal qui, non seulement
soutenaient le terrorisme mais surtout puisqu'ils ont eu programme de
fabrication des armes de destruction massive. Pendant que les inspecteurs
recherchaient les armes à destruction massive jusqu'aujourd'hui
introuvables, la Corée du Nord a annoncé sa ferme volonté
et détermination de manière ostentatoire de réactiver ses
centrales nucléaires, non à des fins civiles, mais en vue de se
procurer d'une arme nucléaire. Cette attitude a plutôt
mérité une politique douce et caressante aux américains,
car comment recourir à la force contre un Etat aussi
protégé par une autre grande puissance qu'est la
Chine ?(158(*))
En sus, l'exposé du principe de non-ingérence
fait clairement remarquer que le droit international a posé un fondement
sur lequel reposent les rapports internationaux. En effet, lorsque la Charte
interdit aux Etats de recourir à la force pour régler leur
différends internationaux en son article 2 §4, elle veut d'une
part supprimer la compétence étatique jusqu'alors admise et,
d'autre part, confier à l'ONU, par le truchement du Conseil de
Sécurité le rôle principal du maintien de la paix et de la
sécurité internationales afin d'éviter l'anarchie.
L'intervention américaine se situe en marge de ce
principe car il n'appartient pas (sans aucun prétexte) à un seul
Etat d'intervenir dans le cadre tracé par la charte de l'intervention
collective (chapitre VII) en vue d'éviter l'immixtion dans le domaine
réservé de l'Etat.
Il n'appartient pas aux américains de donner aux
irakiens le profil d'un président de la République ou encore de
leur imprimer un modèle politique démocratique, économique
auquel les irakiens doivent impérativement adhérer.(159(*))
A la suite de l'entrée des troupes américaines
dans Bagdad, Georges W. Bush a fait connaître ses objectifs qui n'avaient
rien avoir avec le problème des armes de destruction massive. Il avait
clairement fait savoir que la production du pétrole (qui devait
être privatisée et concédée aux
sociétés américaines ayant monnayé la campagne
électorale de G.W Bush) devait arriver à la fin de l'année
2003 à 9 millions de barils par jour. Ainsi, le Pentagone par Donald
Pumsfeld a proposé de brut irakien à ce poste, il sera
proposé Philippe Caroll PDG d'une société Tedone
para-pétrolière, un spécialiste, donc qui sait que les
marchés pétroliers ne feront pas longtemps la fine bouche et au
Pentagone. C'est dans cette perspective que la société Kellogg
Brow et Root (KBR) sera chargée le 24 mars d'éteindre les
incendies de puits de pétrole provoqués par les opérations
militaires. Ce marché qui sera attribué par le coprs des
militaires de US Army, sous appel d'offre(160(*)).
Pour terminer, il sied de mettre en exergue, dans cette
rubrique le comportement du gouvernement américain en Irak qui,
après leur victoire éhontée, a pris l'audace d'organiser
des élections en Irak. En somme, le renversement de Saddam Hussein et la
mise en place d'un gouvernement pro-américain à Bagdad,
voilà le scénario idéal dont rêvaient les USA depuis
une décennie. Ce qui traduit en mal le principe de
l'autodétermination de peuple et leur droit à disposer
d'eux-mêmes.
Partant de l'analyse faite ci-haut, nous constatons que la
mondialisation présente beaucoup de mal pour les Etats du sud dans la
jouissance de leur pleine souveraineté vis-à-vis des Etats du
Nord. Pourtant, ce processus de mondialisation a un impact constant sur la
croissance économique et le progrès de l'humanité. Dans la
section qui suit, nous allons tenter de concilier la mondialisation et
l'égalité souveraine des Etats pour que ce dernier principe
trouve néanmoins sa place à l'ère de la mondialisation.
Section 2. Essaie de
conciliation
Dans cette dernière section de notre travail, il sera
question de rechercher des pistes de solution pour concilier le
phénomène de la mondialisation, qui intéresse et s'oppose
à toutes les nations d'une manière inéluctable et
irréversible, à l'égalité souveraine dont disposent
les Etats.
A cet effet, nous allons, d'une part, donner la
possibilité de restructuration des organisations internationales et le
respect du droit international dans la mondialisation en vue de
préserver l'égalité entre les Etats, et d'autre part, il
sera question de donner le sens de la mondialisation dans
l'égalité souveraine des Etats, pilier des relations et de la
coopération internationales garantie par la charte de Nations Unies.
§1. Restructuration des
organisations internationales et respect du droit international dans la
mondialisation
A ce stade, il sera question de prime abord de voir la
restructuration des organisations internationales (A) et enfin, nous allons
axer notre étude sur le respect du droit international dans la
mondialisation (B).
A. Restructuration des
organisations Internationales
Il est un fait que les Etats modernes se regroupent dans des
institutions dotées de la personnalité juridique pour atteindre
un objectif d'intérêt internationale. Ces institutions
internationales, mieux, les organisations internationales d'intégration,
se voient conférer d'une portion de la souveraineté de chacun des
Etats qui les composent. Bien que bénéficiant d'une
souveraineté fonctionnelle, l'organisation internationale agit
efficacement dans certains domaines lui conférés par les Etats
membres. D'où la restriction du domaine réservé de l'Etat,
en vertu du principe de pacta sunt servanda.
Partant de pouvoir exorbitant dont disposent les organisations
internationales, une égalité de composition de leurs membres
serait nécessaire pour sauvegarder le principe cardinal de
l'égalité souveraineté entre les Etats du sud et ceux du
nord.
Notons de prime abord que la notion d'égalité
souveraine des Etats est un principe fondamental du droit international
classique. Or le droit international a été contesté dans
les pays en voie de développement comme masquant
l'inégalité de fait entre les Etats riches et les Etats pauvres.
Les conventions de Lomé, passées entre la communauté
économique européenne (CEE) et divers Etats d'Afrique, des
Caraïbes et du pacifique (ACP), ont établi des
inégalités de droit entre les Etats concernés pour
empêcher l'aggravation du sous-développement dans le second
groupe (ACP) et pour tenter de pallier les inégalités de fait
entre les deux groupes. En application de cette règle, on traite alors
inégalement des Etats inégaux du point de vue de leur niveau de
développement.
Par ailleurs, parmi les organisations à vocation
internationale, l'Organisation des Nations Unies demeure au centre et la plus
importante. Ainsi, il convient de souligner que le Conseil de
sécurité, l'organe des Nations Unies détenant plus de
pouvoir, acquiesce une certaine inégalité quant à la
composition de celui-ci ; au sein du Conseil de sécurité
existe cinq membres permanents et dix membres non permanents.
Notons en sus que le système des Nations Unies
présente de faiblesses tel que le droit de veto dont disposent les
membres permanents du Conseil de sécurité qui risque de paralyser
la mise en oeuvre de plan de sanction dans les situations jugées
même les plus préoccupantes. C'est pourquoi des voix se
lèvent depuis 1984 pour exiger la réforme du Conseil de
sécurité dans le sens de son
élargissement.(161(*))
De point de vue collectivement partagé avec un grand
nombre de Chef d'Etat des pays membres est la nécessité
d'augmenter le nombre des membres du Conseil de sécurité afin
d'assurer une représentation géographique plus
équilibrée et un processus de prise de décision plus
transparent.(162(*))
Ainsi le conseil de sécurité, en vue de
préserver la paix et la sécurité internationales dans une
sphère éprise par l'égalité souveraine entre les
Etats, a été amené à établir un rapport sur
la question de la représentation équitable au Conseil de
sécurité et l'augmentation du nombre de ses membres et questions
connexes. Il sied alors pour nous d'élucider quelques
déclarations des parties.
Dans sa déclaration d'ouverture, le Président de
l'Assemblée générale, JAN ELIASSON (Suède), a tout
d'abord rendu hommage à tous ceux qui avaient été
touchés la veille par les effroyables attaques terroristes à
Amman, en Jordanie. Tout en exprimant sa sympathie et ses condoléances
au peuple et au Gouvernement de Jordanie ainsi qu'aux familles des victimes, le
Président a également observé que ces attaques rappelaient
l'urgence de mener à bien le travail de la communauté
internationale en vue d'adopter une convention générale sur le
terrorisme.
M. Eliasson a ensuite rappelé que les chefs
d'État et de gouvernement, réunis lors du Sommet mondial de
septembre 2005, avaient exprimé leur soutien à une réforme
rapide du Conseil de sécurité en tant qu'élément
essentiel de l'effort général de réforme de l'ONU. Nos
dirigeants, a-t-il poursuivi, ont souhaité que le Conseil devienne plus
largement représentatif, efficace et plus transparent afin de renforcer
son efficacité et sa légitimité et l'application de ses
décisions. Ils ont également appelé à une
adaptation des méthodes du Conseil en vue d'augmenter une meilleure
participation et la transparence dans son travail, en vue aussi de renforcer la
responsabilité de ses membres. Il se sont engagés à
poursuivre leurs efforts afin de parvenir à une décision sur
cette question et ont prié à l'Assemblée
générale de faire le bilan des progrès accomplis d'ici
à la fin de cette année, a conclu le Président qui a par
ailleurs encouragé les États Membres à formuler des
propositions.
M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie),
s'exprimant en tant que Président du Conseil de sécurité,
a présenté le rapport de cet organe, couvrant la période
allant du 1er août 2004 au 31 juillet 2005. Le rapport montre que le
programme de travail fut, au cours de cette période, extrêmement
dense et intense, a-t-il déclaré. Le Conseil a tenu 229
réunions, dont 195 étaient ouvertes, et a adopté 61
résolutions et 58 déclarations présidentielles.(163(*))
Dans le sillage du Document final du Sommet mondial 2005, le
Conseil continue d'adapter ses méthodes de travail afin d'être
plus efficace, y compris en ayant des relations plus ouvertes et productives
avec les pays qui ne siègent pas en son sein. De même, le Conseil
reconnaît la contribution cruciale des pays contributeurs de troupes aux
missions de maintien de la paix des Nations Unies qui relèvent de son
autorité, a-t-il ajouté. L'intervenant a également
affirmé que le Conseil continuerait d'adapter ses consultations avec les
non-membres dans d'autres domaines de ses activités. Par exemple, a-t-il
précisé, les organes subsidiaires du Conseil traitant des
sanctions continueront de dialoguer avec les pays intéressés, en
particulier les pays voisins, afin de rendre plus efficaces un certain nombre
de mesures, comme les embargos sur les armes.(164(*))
M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade), au nom de la
Communauté des Caraïbes (CARICOM), s'est félicité des
efforts faits par les différents organes subsidiaires du Conseil pour
aider les États à appliquer les résolutions pertinentes.
Il a souligné que de nombreux États ont besoin d'une assistance
encore plus grande et a encouragé le Conseil à identifier les
moyens de consolider les normes des rapports qui leur sont
demandés.(165(*))
L'intervenant a par ailleurs affirmé que la CARICOM
avait toujours demandé une plus grande représentation des pays en
développement, et notamment du continent africain au Conseil de
sécurité. Il a indiqué que la CARICOM considérait
qu'il fallait instaurer plus de transparence et d'ouverture dans les
méthodes de travail de cet organe, d'où son soutien au projet de
résolution proposé par la Jordanie, le Costa Rica, le
Liechtenstein, Singapour et la Suisse, et qu'il se félicitait du
principe selon lequel le doit rendre compte à l'Assemblée
générale. Il s'est aussi prononcé en faveur d'un
accroissement du nombre de débats ouverts au sein du Conseil de
sécurité afin de garantir une plus grande intégration et
participation des États non membres. Il a recommandé la diffusion
de communiqués exhaustifs aux non-membres afin d'assurer un plein
partage des informations. Il a aussi rappelé son appui au renforcement
des relations formelles entre le Conseil et les pays fournisseurs de troupes.
Ensuite, il a évoqué la questions des sanctions, et a
indiqué qu'à son avis elles ne devaient être
imposées qu'à titre exceptionnel, et qu'elles devaient être
associées à une stratégie de sortie, assortie de
délais, et qu'elles devaient avoir un impact minimum sur les populations
civiles. Enfin, il a rappelé que la CARICOM considérait le droit
de veto comme un anachronisme, dont l'utilisation devait être des plus
limitées et qui devrait être éliminé à la
longue.(166(*))
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a affirmé que le Conseil de
sécurité devait être réformé afin de le
rendre plus comptable, plus transparent, plus responsable et plus efficace.
Évoquant les différences d'approche de cette réforme, le
représentant a souligné que les propositions du Groupe «
Unis pour le consensus », dont son pays fait partie, offrent les
meilleures bases pour aboutir à un consensus sur ce sujet, en
particulier sur la question de la représentation équitable au
sein du Conseil de sécurité. Ces propositions, a-t-il
ajouté, sont justes et équitables car elles respectent le
principe d'égalité souveraine et ne font pas de différence
entre les États, elles renforcent les chances de tous les États,
y compris les petits et les moyens, d'obtenir une meilleure
représentation, elles renforcent la responsabilité des membres du
Conseil au travers d'élections périodiques ou de
réélections. Elles sont simples, car elles préconisent un
amendement direct de la Charte pour approbation par l'Assemblée
générale et sont réalistes car elles tiennent compte des
intérêts de tous les membres. Leur grand avantage, est la
souplesse, a-t-il assuré.(167(*))
Le représentant a en outre indiqué que son pays
comprenait le désir de l'Afrique d'une représentation plus
équitable afin de redresser une « injustice historique ». Les
propositions du Groupe « Unis pour le consensus » sont
entièrement compatibles avec l'approche de l'Afrique qui réclame
deux sièges permanents au sein du Conseil, a-t-il noté. La
rotation parmi les sièges permanents est de nature à mieux
représenter les intérêts régionaux, y compris ceux
de l'Afrique, a-t-il considéré, précisant que la
proposition du Groupe était basée sur une approche
régionale. La réforme des méthodes de travail du Conseil
de sécurité devrait aller au-delà des améliorations
apportées à son fonctionnement, a-t-il souligné, plaidant
en faveur de l'ouverture, de la transparence et de l'inclusion au sein du
Conseil et de ses organes subsidiaires. Sur le sujet de l'amélioration
des méthodes de travail du Conseil de sécurité, le
Pakistan est sensible à la plupart des propositions contenues dans le
document officieux présenté par le Costa Rica, la Jordanie, le
Liechtenstein, Singapour et la Suisse, a-t-il poursuivi. Le représentant
a estimé que toute décision sur la réforme du Conseil de
sécurité devrait être adoptée par consensus, ou, au
moins, grâce à un accord le plus large possible. Selon lui, un
vote qui diviserait les États membres, risquerait de geler le statut quo
au Conseil de sécurité et laisserait échapper l'occasion
de sa réforme rapide et de sa démocratisation.(168(*))
M. ABDULAZIZ NASSER AL-SHAMSI (Émirats arabes unis) a
estimé que le Conseil de sécurité ne reflétait pas
actuellement la réalité d'une Organisation qui compte
désormais 191 États Membres. Cette situation est, selon lui,
à l'origine d'un déséquilibre politique qui compromet la
transparence des résolutions du Conseil. C'est pourquoi, le
représentant a souligné la nécessité pour la
communauté internationale d'entreprendre une réforme de la
structure et des méthodes de travail de cet organe en élargissant
le nombre de membres permanents et de membres non permanents. Elle devrait
notamment s'appuyer sur les principes de l'égalité souveraine des
États membres et de représentation géographique
équitable et tenir compte de la sous-représentation actuelle des
États en développement et des petits États, a
recommandé le représentant. En outre, les États arabes,
qui représentent, avec 22 pays, 12% des États Membres des Nations
Unies, devraient obtenir un siège permanent au Conseil, qui serait
pourvu selon une rotation, conformément à la pratique
établie au sein de la Ligue des États arabes et des Groupes
africain et asiatique.(169(*))
Les Émirats arabes unis ont par ailleurs appelé
à un réexamen des méthodes de travail du Conseil en vue de
renforcer la transparence de son fonctionnement. À cet égard, le
représentant a proposé de supprimer ou de rationaliser l'usage du
droit de veto et de prendre en considération les intérêts
des États au moment de l'adoption des résolutions. Elle a
également suggéré d'inviter les États non membres,
en particulier ceux qui sont directement concernés par les questions
évoquées par le Conseil, à prendre part à ses
consultations. Enfin, M. Al-Shamsi a appelé au renforcement de la
coordination entre le Conseil, l'Assemblée générale et les
groupes régionaux.(170(*))
M. TAWFEEQ AHMED ALMANSOOR (Bahreïn) a estimé que
tout échec de réforme du Conseil de sécurité
pouvait être négatif pour l'image de l'ONU, car l'opinion publique
considère que les Nations Unies se réduisent au Conseil. Nous
devons effacer une telle image, a-t-il ajouté, parce que les rôles
de l'Assemblée générale et du Conseil économique et
social sont sur un pied d'égalité avec celui du Conseil de
sécurité et ne doivent pas être minimisés. Le
représentant a observé qu'il fallait éviter les conflits
de compétences entre les organes des Nations Unies, leurs relations
devant être caractérisées par la coopération et la
complémentarité, conformément aux dispositions de la
Charte. Il est dispensable pour l'efficacité de l'ONU qu'il y ait une
interaction entre les différents organes qui doivent tenir compte des
intérêts des différents pays. Le Conseil de
sécurité doit servir tous les États, protéger les
intérêts des petits plus encore que ceux des grands, a-t-il
conclu.(171(*))
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a rappelé que son pays
partageait l'opinion majoritaire selon laquelle l'Organisation des Nations
Unies, ainsi que le Conseil de sécurité, devraient être
l'objet d'un processus de réforme intégré. Le Conseil
devrait, tant sur le plan de ses méthodes de travail que sur le plan de
l'élargissement du nombre de ses membres en vue d'une plus grande
légitimité, être plus représentatif, plus
démocratique et plus transparent, et a accueilli avec
intérêt la diffusion d'un document officieux appelant à
l'amélioration des méthodes de travail du Conseil. Il a
précisé que si un accord sur l'élargissement des membres
permanents n'était pas conclu, il faudrait alors amorcer
l'élargissement du nombre de membres non permanents, tout en gardant le
concept d'élargissement du nombre des membres permanents à
l'ordre du jour.(172(*))
Concernant le droit de veto, le représentant a
indiqué que ce dernier devrait être aboli, conformément au
principe d'égalité souveraine entre les États
énoncé dans la Charte de l'ONU. Il a précisé que
l'utilisation du droit de veto par les membres permanents du Conseil de
sécurité devrait être assujetti à une
réglementation sévère, afin de parer à toute
utilisation abusive d'une puissance qui pourrait s'en servir en vue de passer
outre aux souhaits exprimés par la majorité. Ensuite, il a
proposé qu'en attendant l'abrogation du droit de veto, un régime
de veto modifié soit mis en place, par lequel deux puissances disposant
du droit de veto et secondées par trois autres membres du Conseil de
sécurité seraient nécessaires pour bloquer toute
résolution du Conseil de sécurité. Enfin, il a
évoqué la possibilité pour le Conseil de
sécurité de rechercher l'avis du tronc commun des membres pour
les questions exigeant une décision avant de se prononcer.(173(*))
M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria), qui s'exprimait au nom
du Groupe africain, a indiqué que l'Afrique considérait
fondamentale la réforme du Conseil de sécurité, non
seulement au regard du processus complet de réforme des Nations Unies,
mais aussi pour la réalisation des objectifs principaux de maintien de
la paix et de la sécurité internationales conformément aux
dispositions de la Charte des Nations Unies. L'appel de l'Afrique en faveur
d'une réforme complète du Conseil de sécurité, afin
de le rendre plus largement représentatif et transparent, est
fondé sur le jugement selon lequel une telle réforme devrait
renforcer la légitimité de ses décisions et de la
représentation de ses membres, a-t-il soutenu. Ainsi, selon lui, la
réforme ne doit pas se limiter à l'augmentation du nombre des
membres permanents et non permanents, mais également inclure
l'amélioration de ses méthodes de travail.(174(*))
Le représentant a estimé que cette session de
l'Assemblée générale constituait une occasion historique
pour veiller à ce que les réformes aboutissent à la
démocratisation du Conseil de sécurité, à sa
transparence et sa responsabilisation. L'Afrique, a-t-il ajouté, ne
pourrait soutenir ou s'associer à une initiative qui rechercherait une
réforme partielle du Conseil. Il a ainsi rappelé l'appel de
l'Afrique en faveur d'une représentation équitable au sein du
Conseil et d'une augmentation du nombre de ses membres, ce qui veut dire,
l'octroi à l'Afrique d'au moins deux sièges permanents, avec
toutes les prérogatives et les privilèges qui y sont liés,
et de cinq sièges de membres non permanents, propositions, a-t-il
précisé, réaffirmées lors du Sommet de l'Union
africaine d'Addis-Abeba du 31 octobre 2005.(175(*))
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a remarqué
d'abord qu'il y avait plus de 12 ans, avec l'établissement en 1993 d'un
Groupe de travail à composition non limitée, que les États
Membres de l'ONU avaient entamé leurs discussions sur la réforme
du Conseil de sécurité sans pour autant être parvenus
à un accord. Il a relevé que le Document final du Sommet de
septembre avait appelé à une réforme du Conseil de
sécurité en tant qu'élément central de la
réforme générale de l'ONU. Le représentant a fait
part de sa satisfaction au sujet de la décision de l'Union africaine
(UA) de réintroduire son projet de résolution sur
l'élargissement du Conseil de sécurité, dans les deux
catégories de membres.(176(*))
La semaine dernière, a indiqué M. Kumalo, la
session extraordinaire du Sommet de l'UA a réaffirmé la
volonté du continent de voir attribuer à l'Afrique deux
sièges permanents et cinq non permanents, ces nouveaux membres
exerçant tous les droits et privilèges dont disposent
actuellement les membres du Conseil de sécurité. Enfin,
l'intervenant s'est prononcé pour une réforme privilégiant
une approche prenant en charge à la fois l'élargissement du
Conseil de sécurité et l'amélioration de ses
méthodes de travail, pour le rendre plus efficace et plus responsable
à l'égard de l'ensemble des États Membres de
l'ONU.(177(*))
Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) a déclaré que son
pays soutenait l'idée d'une interaction plus forte entre le Conseil de
sécurité et l'Assemblée générale au moment
où le rapport du premier est examiné par la seconde. Il a ensuite
attiré l'attention sur les défis posés, en particulier aux
petits États, pour mettre en oeuvre les mesures de lutte contre le
terrorisme adoptées par le Conseil, ainsi que pour se conformer aux
dispositions de ses résolutions pertinentes. C'est la raison pour
laquelle la délégation a encouragé le Conseil à
poursuivre ses efforts pour coordonner son assistance aux États dans ce
domaine. Les Bahamas ont par ailleurs exprimé leur soutien à un
élargissement du Conseil de sécurité, pour qu'il
reflète plus équitablement les Nations Unies d'aujourd'hui, ainsi
qu'à une réforme de ses méthodes de travail. À cet
égard, Mme Bethel s'est dite encouragée par les discussions
engagées à la suite de l'examen du projet de résolution
élaboré par les délégations du Groupe des Cinq,
à savoir Costa Rica, Jordanie, Liechtenstein, Singapour et Suisse. Cette
initiative, a-t-elle estimé, pourrait être une première
étape dans l'actualisation de l'accord du Sommet de septembre, selon
lequel une réforme du Conseil de sécurité serait
déterminante dans la réforme globale des Nations Unies.
(178(*))
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a affirmé que son
pays, non aligné, africain et arabe, mettait son mandat au sein du
Conseil de sécurité au service de la revendication portée
par ces trois composantes essentielles de l'Organisation et partagée par
l'écrasante majorité des États Membres, de la
démocratisation du Conseil, de la transparence de ses travaux et de
l'amélioration de son efficacité dans le respect des
prérogatives dévolues par la Charte à chacun des organes
principaux. Le représentant a également constaté une
amélioration de la transparence des travaux du Conseil, certes
limitée, à travers l'augmentation du nombre de réunions
publiques et l'amélioration du dialogue avec les parties à des
conflits et avec les pays contributeurs de troupes. Ceci, a-t-il ajouté,
ne doit cependant pas occulter les insuffisances, lesquelles, a-t-il
estimé, ont trait à un recours toujours excessif au Chapitre VII
de la Charte de l'ONU dans les situations où les ressources du Chapitre
VI sont suffisantes pour atteindre un but identique, à un manque de
volonté politique persistant à faire appliquer les
décisions du Conseil prises en vertu de ce même Chapitre VII de
façon non discriminatoire et, enfin, dans l'indigence des outils dont
dispose le Conseil pour apporter les réponses qu'il convient aux
situations post-conflictuelles et de consolidation de la paix.
Souhaitant que la question de la réforme de l'ONU en
général et celle du Conseil de sécurité en
particulier puissent connaître des développements positifs le plus
tôt possible, afin de ne pas perdre l'élan
généré, le représentant a réaffirmé
l'attachement de son pays aux propositions concrètes de réforme
faites par le Mouvement des pays non alignés qui participent de la
volonté de renforcer la représentativité et
l'efficacité du Conseil de sécurité. Le
représentant a également rappelé les propositions de
l'Afrique qui, a-t-il dit, soumettra, conformément à la
décision du Sommet de l'Union africaine d'Addis-Abeba, sans
précipitation et au moment opportun, un projet de résolution
à l'Assemblée générale.
M. JASEM IBRAHIM AL-NAJEM (Koweït) s'est d'abord
félicité, concernant la Question de la représentation
équitable au Conseil de sécurité et de l'augmentation du
nombre de ses membres et questions connexes, du fait que les discussions qui
avaient eu lieu cette année avaient été intenses, et
qu'elles avaient abouti à un nombre important de projets
présentés par divers groupes, ainsi qu'à de multiples
recommandations quant à la réforme des méthodes de travail
du Conseil. Il a regretté l'impasse quant aux mesures visant à
rendre le Conseil de sécurité plus transparent, plus
légitime et plus efficace, une impasse qui dure depuis 12 ans, a-t-il
fait remarquer, mais a loué les progrès qui avaient
déjà été accomplis en matière de
procédure et de méthodes de travail.
Il a ensuite indiqué que son pays restait fermement
acquis à la réforme de l'Organisation des Nations Unies ainsi
qu'à celle du Conseil de sécurité. Il a recommandé
que le Conseil adopte une plus grande transparence dans ses travaux, ce qui
améliorerait le partage des informations et le flux de la communication
entre le Conseil et les États Membres. En ce qui concerne le nombre de
membres et leur statut, il a estimé qu'il ne fallait pas
forcément apporter un amendement à la Charte. Quant à la
question du veto, il a appelé à la mise en oeuvre d'une
réglementation et d'une limitation de son usage.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a estimé que pour
trouver une solution équitable à la question de la
représentation géographique au sein du Conseil, il convient
d'abord de traiter des causes sous-jacentes du mécontentement actuel. Il
faut reconnaître, s'est-il expliqué, la position des membres
élus du Conseil qui ont l'impression d'être des témoins
provisoires, comptant bien peu dans le processus de prise de décisions.
De plus, le travail du Conseil a souvent conduit à une polarisation
conforme aux différentes lignes politiques. Pour démocratiser le
Conseil, peut-être faut-il réévaluer le recours au droit de
veto, a suggéré le représentant en voyant là le
moyen d'aboutir à un système plus représentatif.
Même si un nombre de 15 délégations est plus facile
à gérer, il s'est dit d'avis que ce n'est pas le nombre mais bien
la nature des pays représentés qui compte.
Aujourd'hui, les pays de petite taille ou de taille moyenne
sont pratiquement absents. Compte tenu des changements constants dans les
paysages démographiques et dans les intérêts politiques et
économiques, un plus grand nombre de membres non permanents rendrait le
Conseil véritablement représentatif de toutes les
différentes réalités de ce monde en mutation. Il est
également important, a ajouté le représentant, de lancer
immédiatement un débat sérieux sur les méthodes de
travail du Conseil et leur transparence, ce qui encouragera un échange
d'idées productif entre les membres élus et leurs
électeurs. En toutes choses, le représentant a prôné
le consensus.
M. RICARDO MOROTE (Pérou) a rappelé que du point
de vue historique, tout changement d'un pouvoir mondial s'était fait au
travers de bouleversements géopolitiques, de guerres, de l'essoufflement
d'empires et d'un déclin économique et technologique. Il a
indiqué que le manque de realpolitik ainsi que la méthodologie
appliquée au principe de la réforme du Conseil de
sécurité demeuraient les principales causes de l'échec des
exercices stériles de transformation de cet organe. Il a émis
l'avis que toute réforme du Conseil devrait être amorcée
sur la base d'un consensus minimum atteint au sein des membres permanents
actuels et qu'elle devrait s'accompagner de consultations élargies avec
tous les États Membres. Il a ajouté que l'abandon du droit de
veto devait être de mise. Il a réaffirmé le soutien de son
pays à la candidature du Brésil en tant qu'éventuel membre
permanent. Il a émis le souhait que les décisions du Conseil de
sécurité fassent l'objet de consultations avec des membres non
permanents, et ne leur soient plus présentées comme un fait
accompli, et que les États non membres puissent participer de
manière plus soutenue aux mécanismes de consultation.(179(*))
Il a émis le souhait que les documents de travail et
les projets de résolution du Conseil de sécurité soient
accessibles à toutes les délégations. Afin de contrer le
constat d'inertie à l'encontre du Conseil de sécurité, il
a recommandé que les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité acceptent de ne pas utiliser leur droit de veto en cas
de situation de crimes contre l'humanité, de violations massives des
droits de l'homme, de génocide et de nettoyage ethnique. Concernant
l'amélioration des méthodes de travail du Conseil, il a
donné son soutien à l'initiative suisse.(180(*))
M. LE LUONG MINH (Vietnam) a estimé qu'un certain
nombre de changements positifs ont été apportés aux
méthodes de travail du Conseil de sécurité et a
cité, en l'occurrence, l'augmentation des réunions publiques, les
consultations avec les organisations régionales ou encore le
renforcement de la coordination entre les organes subsidiaires du Conseil. Il a
espéré que ces efforts se poursuivront pour assurer une
véritable démocratie, un réel degré de transparence
et une obligation redditionnelle dans le travail du Conseil. Se plongeant dans
le rapport du Groupe de travail, le représentant a pris note des vues
divergentes sur les six questions relatives aux méthodes de travail du
Conseil et à leur transparence. En la matière, il a pris note
avec intérêt des propositions présentées
récemment par le Costa Rica, le Liechtenstein, la Jordanie, Singapour et
la Suisse.
Il a réitéré la position de son pays
selon laquelle le Conseil doit s'ouvrir à un nombre plus
élevé de membres permanents et non permanents qui le rendent
véritablement représentatifs de tous les États Membres de
l'ONU. Les pays en développement devraient être mieux
représentés, a-t-il insisté, en exprimant son impatience
de travailler avec les autres délégations pour parvenir à
une solution qui ait l'appui d'une large majorité d'États
Membres. Il a rappelé, pour conclure, que son pays s'est porté
candidat à un siège du Conseil pour la période
2008-2009.(181(*))
M. WANG GUANGYA (Chine) a souligné que son pays
était en faveur d'une réforme nécessaire et rationnelle du
Conseil, y compris l'augmentation du nombre de ses membres et
l'amélioration de ses méthodes de travail, et ce, afin de
maintenir son autorité, accroître son efficacité et
renforcer son rôle. La tendance globale à la
démocratisation des relations internationales devrait se refléter
au sein du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, rappelant
que les pays en développement, qui constituent plus des deux tiers des
États Membres, étaient sous-représentés au Conseil.
L'élargissement de la composition du Conseil de sécurité
devrait accorder la priorité à l'augmentation de la
représentation des pays en développement en
général, et des pays africains en particulier, et accroître
les chances de davantage de pays, en particulier les petits et moyens pays,
à participer au pouvoir décisionnel.
Le représentant a également
considéré que la réforme du Conseil de
sécurité devait être effectuée sur la base de
discussions démocratiques en vue d'atteindre le consensus le plus large
possible. Aucune date limite de doit être fixée et aucun vote ne
doit être imposé, a-t-il déclaré. Un train de
réformes qui ne tiendrait compte que des préoccupations d'un
petit nombre d'États et ignorerait celles de la majorité et
traiterait inégalement les Africains et les autres pays en
développement ne conduirait nulle part, a-t-il soutenu. La
réforme devrait en outre, selon lui, refléter l'esprit de
compromis mutuel et constituer un processus graduel dans lequel les
intérêts d'une réforme générale des Nations
Unies doivent être gardés à l'esprit. La réforme du
Conseil de sécurité n'est qu'une partie de la réforme des
Nations Unies, a-t-il précisé, estimant que les réformes
dans d'autres domaines étaient de la même importance.(182(*))
M. JOHN BOLTON (États-Unis) a affirmé que son
pays croyait vigoureusement dans le Conseil de sécurité. Les
États-Unis continueront d'oeuvrer pour que le Conseil soit en mesure de
s'acquitter de son mandat tel qu'il lui est confié par la Charte des
Nations Unies, a-t-il déclaré. Le représentant a
souligné qu'au cours des dernières semaines, le Conseil de
sécurité avait agi sur un certain nombre de questions critiques
affectant la paix et la sécurité internationales, y compris la
République arabe syrienne, l'Iraq et la corne de l'Afrique. Le Conseil
peut faire beaucoup pour mettre fin à ces conflits qui se prolongent,
a-t-il estimé. Selon le représentant, les discussions sur la
réforme et l'élargissement du nombre des membres du Conseil de
sécurité doivent mettre l'accent sur la nécessité
de renforcer, et non d'affaiblir la capacité d'action du Conseil. Comme
cela est clairement établi dans la Charte, le Conseil déterminera
à lui seul ses propres méthodes de travail, a-t-il ajouté,
précisant que son pays continuerait de participer à part
entière au Groupe de travail à composition non limitée.
Le représentant a souligné que les
États-Unis soutenaient un élargissement du nombre des membres du
Conseil qui puissent contribuer à renforcer son efficacité, et
qu'ils étaient ouverts à toutes les options pour réaliser
une telle réforme. Il a indiqué que son pays, tout en demeurant
ouvert aux suggestions d'autres pays, s'en tenait à ses propositions en
faveur d'un élargissement modeste du nombre des membres du Conseil en
ajoutant une combinaison des membres permanents et non permanents. Nous devons
veiller à ce que les nouveaux membres permanents soient hautement
qualifiés pour faire face aux immenses tâches et
responsabilités auxquelles ils sont confrontés, a-t-il
assuré. Les pays qualifiés doivent ainsi remplir les
critères suivants: importance de l'économie et de la population,
capacité militaire, contribution aux opérations de maintien de la
paix, attachement à la démocratie et aux droits de l'homme,
contributions financières aux Nations Unies, actions en faveur de la
non-prolifération et de la lutte antiterroriste, et équilibre
géographique équitable. Le représentant a également
espéré que le Japon occuperait un siège permanent
dès que possible. Selon lui, un élargissement trop important du
nombre des membres du Conseil risquerait de le rendre inapte à relever
rapidement les défis à la paix et à la
sécurité internationales. Les États-Unis, a-t-il
également ajouté, ne soutiendront pas un retour à l'une
des trois propositions avancées lors de la cinquante-neuvième
session de l'Assemblée générale. Le débat qui a eu
lieu en juillet à l'Assemblée générale n'a fait que
révéler de profondes divisions parmi les États Membres et
a paralysé l'effort de réforme globale. Ce serait une erreur de
retourner à ce type de débat, a-t-il
considéré.(183(*))
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a déploré que
la proposition du G4 -une initiative que son pays supportait- n'ait pas abouti.
Il a indiqué qu'elle aurait permis l'élargissement du nombre de
sièges permanents et non permanents ainsi qu'une mise à niveau du
Conseil de sécurité avec le monde réel. Quant au veto, il
a indiqué que son élargissement à un nombre de pays
supplémentaires serait une erreur, car il compliquerait le processus de
prise de décisions au sein du Conseil et compromettrait la
crédibilité, l'efficience ainsi que l'efficacité des
Nations Unies, ce qui encouragerait par là même les grandes
puissances à l'ignorer et à miner le travail du Conseil de
sécurité au détriment de tous. Eu égard au Rapport
du Conseil de sécurité, il a constaté l'absence de
démarche analytique, et le fait que cet organe ne soumettait pas ses
travaux ou sa performance à un examen critique. Il a
précisé que son pays était conscient de la nature
extrêmement complexe des activités du Conseil de
sécurité, et qu'à ce titre, ce dernier se devait de faire
montre d'équité et de justice en matière de prise de
décisions et d'initiatives afin de garder sa légitimité
auprès des États et des particuliers. Il a exhorté le
Conseil de sécurité à faire preuve de plus de transparence
et à abandonner la démarche consistant à annoncer ses
décisions et ses initiatives sans en expliquer le cheminement.
En ce qui concerne les méthodes de travail du Conseil
de sécurité, il a reconnu qu'il y avait certes eu des
progrès mais que des améliorations étaient
nécessaires, et en a profité pour réfuter un argument
avancé par certains, à savoir qu'il n'incombait pas à
l'Assemblée générale de dicter au Conseil de
sécurité ses méthodes de travail -rappelant à ce
propos que l'Assemblée générale et le Conseil de
sécurité avaient été comparés à des
corps législatifs, telles une chambre basse et une chambre haute, une
comparaison faussée, puisque tous les membres du Conseil de
sécurité étaient également membres de
l'Assemblée générale. Ensuite, il a indiqué qu'un
groupe des plus petits pays des Nations Unies avaient fait circuler un projet
de résolution contenant des idées visant à
l'amélioration et au renforcement des méthodes de travail du
Conseil de sécurité -et non leur abandon- et qu'à ce
titre, son pays était disposé à amorcer des consultations
et des discussions avec le reste des Membres de l'Organisation,
individuellement, en petits groupes ou collectivement.(184(*))
M. PETER MAURER (Suisse) a affirmé qu'en tant que
contributeur financier important au budget des Nations Unies, y compris aux
opérations de maintien de maintien de la paix et aux missions politiques
spéciales décidées par le Conseil de
sécurité, son pays souhaiterait une présentation plus
analytique des défis que le Conseil de sécurité avait
relevés durant l'année écoulée. Il a ensuite
noté que la Suisse était en faveur d'un élargissement du
Conseil reposant sur des critères objectifs, ne devant pas conduire
à attribuer le droit de veto à de nouveaux pays, car cela
compliquerait le processus de décision et entraverait sa capacité
d'action. Abordant par ailleurs la question spécifique de la
réforme des méthodes de travail du Conseil, le
représentant a annoncé que le 18 novembre prochain, les coauteurs
(Costa Rica, Jordanie, Liechtenstein, Singapour et Suisse) d'un projet de
résolution sur cette question allaient tenir une réunion
d'information ouverte à tous.
Ce texte comprend deux parties, le projet de résolution
lui-même et une annexe, a-t-il indiqué. Les mesures
proposées tendent à renforcer les relations entre le Conseil de
sécurité, l'Assemblée générale et d'autres
organes principaux de l'ONU. Elles portent également sur le
fonctionnement des organes subsidiaires du Conseil et sur l'usage du veto. Sur
ce dernier point, deux propositions, qui ne touchent en rien à la
substance du droit de veto, a précisé M. Maurer, ont
été faites: la première invite le membre permanent qui
ferait usage de son veto à en expliquer publiquement les raisons; la
seconde vise quant à elle, en conformité avec la notion de
responsabilité de protéger, à empêcher l'usage du
veto dans les cas de génocide, de crimes contre l'humanité et de
violations graves du droit international humanitaire. Rappelant que ce projet
de résolution n'affectait en rien la discussion sur
l'élargissement du Conseil de sécurité, le
délégué a souligné que l'amélioration de ses
méthodes de travail passait essentiellement par des changements dans la
pratique et, éventuellement, par des modifications des règles de
procédure du Conseil, mais ne requerrait pas de modifications de la
Charte de l'ONU. Ainsi, pour éviter clairement toute interférence
avec les discussions sur l'élargissement, ce projet de
résolution, qui devrait intéresser tous les États Membres
y compris les cinq membres permanents du Conseil de sécurité,
pourrait être déposé, le moment venu, dans le cadre du
point de l'ordre du jour de l'Assemblée générale relatif
au suivi du Sommet (point 120), et dans le cadre du point se rapportant
spécifiquement à l'élargissement, a-t-il
suggéré.(185(*))
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a d'abord
rappelé que le Rapport manquait une fois de plus de contenu analytique.
Il a également indiqué qu'il fallait renforcer les liens entre le
Conseil de sécurité et l'Assemblée générale
ainsi qu'entre tous les organes. Eu égard aux rapports existant entre le
Conseil de sécurité et l'Assemblée Générale,
il s'est déclaré inquiet de l'effritement graduel des pouvoirs et
des mandats de l'Assemblée générale au profit du Conseil
de sécurité.
Concernant la question de la composition du Conseil, il a
d'abord indiqué que son pays avait accueilli avec intérêt
l'idée de la réforme, en tant que mesure favorisant une plus
grande représentativité, une plus grande efficience et une plus
grande transparence de cet organe. À cet égard, il a
rappelé que sa délégation avait pris note du projet de
résolution proposé par le Costa Rica, la Jordanie, le
Liechtenstein, Singapour et la Suisse et qu'il appelait de ses voeux la
poursuite de consultations sur ce sujet, en vue de parvenir à un
compromis acceptable par la majorité des États Membres. Il a
également exhorté les membres du Conseil de
sécurité, notamment les membres permanents, à
répondre de manière constructive aux diverses propositions
émises par la majorité des États Membres de l'ONU, et a
insisté sur l'impérieuse nécessité de garder un
esprit de cohésion dans l'Organisation.(186(*))
M. Y. J. CHOI (République de Corée) s'est dit
préoccupé par le fait que l'Afrique continue d'occuper le devant
de la scène au Conseil de sécurité, représentant
ainsi 60% de ses réunions. Saluant l'évolution positive dans
certains pays du continent, le représentant a néanmoins
regretté les situations humanitaire et/ou politique dans la
région du Darfour (Soudan), en Côte d'Ivoire ou encore entre
l'Érythrée et l'Éthiopie. Se félicitant des
missions que le Conseil effectue sur le terrain, il s'est également
félicité des relations plus étroites que le Conseil
entretient avec l'Union africaine et la Communauté économique des
États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Il a estimé que, pour
réaliser une paix durable sur ce continent, il convient de se concentrer
sur les stratégies de développement économique et social
qui doivent être conjuguées aux mesures relatives à la paix
et à la sécurité. Commentant les progrès politiques
enregistrés en Iraq, le représentant s'est dit inquiet du manque
d'avancées en matière de sécurité. Il s'est donc
félicité de la prorogation de la Force multinationale avant d'en
venir à la situation au Liban et de saluer l'adoption à
l'unanimité de la résolution 1636.
Enfin, concernant l'Asie, le représentant a
salué l'évolution des choses en Afghanistan et au Timor-Leste en
qualifiant ce dernier de « modèle d'une transition réussie
du conflit à la paix et au développement à long terme. Il
a conclu sur la question du terrorisme, en se félicitant du rôle
que le Conseil joue dans la lutte contre ce fléau et en souhaitant que
les consultations sur une convention générale sur le terrorisme
international prennent fin au cours de cette session de l'Assemblée
générale. Aussi longtemps que la communauté internationale
hésitera à adopter une démarche unie contre les
terroristes, le monde deviendra de moins en moins sûr, a-t-il
prévenu. Le représentant a terminé son intervention en
évoquant la question de la réforme du Conseil. Il a
réitéré la position de son pays qui appelle à un
Conseil plus représentatif, plus responsable et plus efficace et qui
s'oppose à toute augmentation du nombre des membres permanents. Il a
aussi estimé qu'une réforme plus avant des méthodes de
travail du Conseil est nécessaire pour le rendre plus transparent, plus
démocratique et plus efficace.(187(*))
M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a
rappelé d'abord que les discussions sur la réforme du Conseil de
sécurité avaient mis en lumière de graves divergences
entre les États Membres lors des préparatifs du Sommet. La
recherche d'un dénominateur commun doit donc se poursuivre, a-t-il
lancé, afin que cette question n'ait pas un impact négatif dans
la quête de solutions aux problèmes auxquels la communauté
internationale doit faire face. Le représentant a estimé que
toute formule de réforme du Conseil devait se fonder sur un vaste
accord, qui suppose un appui politique plus important que celui de la
majorité des deux tiers des voix de l'Assemblée
générale telle que prévue par les textes.
Tout en reconnaissant l'importance d'une meilleure
représentativité du Conseil, avec l'entrée de pays en
développement ayant une influence, le délégué russe
a cependant mis en garde contre un trop grand élargissement qui pourrait
porter atteinte à l'efficacité de l'organe chargé de la
paix et de la sécurité. Nous voulons un nombre compact de
membres, à savoir 20 et quelque, a-t-il dit, précisant que la
démarche russe était conforme à celle de ses partenaires
membres permanents du Conseil de sécurité. De même,
l'intervenant a exprimé son opposition à la proposition visant
à donner toutes les prérogatives des membres actuels du Conseil
aux nouveaux membres. La promotion de telles idées est contre-productive
et renforce les tensions, a-t-il prévenu.(188(*))
M. MICHEL DUCLOS (France) a estimé qu'au-delà du
bilan d'activité proprement dit, une des leçons importantes de
l'année écoulée est la volonté claire et
déterminée du Conseil de sécurité
d'améliorer ses méthodes de travail, de les adapter, et d'aller
vers toujours plus de transparence et d'ouverture. Il a assuré que le
Conseil avait veillé à mieux associer les États non
membres du Conseil, en veillant, par exemple, dans le cadre des
différents comités de sanctions, à mieux prendre en compte
les préoccupations des pays voisins. De même, il a, dans cet
esprit, veillé à associer encore davantage les acteurs non
étatiques à ses travaux, que ce soit sous la forme de
réunions « aria », de rencontres avec la société
civile et les organisations non gouvernementales, ou, encore de débats
thématiques ouverts. Des progrès peuvent encore être faits,
a-t-il souligné.
Le représentant a également affirmé que
la position de la France concernant la composition du Conseil de
sécurité n'avait pas varié en faveur d'un
élargissement dans les deux catégories de membres, permanents et
non permanents. La France, a-t-il précisé, soutient plus que
jamais les aspirations de l'Allemagne, du Japon, de l'Inde et du Brésil.
Il est en outre essentiel que l'Afrique puisse avoir toute sa place au sein du
Conseil, a-t-il ajouté. La France réitère son plein
soutien au texte du projet de résolution déposé devant
l'Assemblée générale par 31 coauteurs en juillet dernier.
Ce texte, a dit M. Duclos, semble toujours être un bon compromis,
susceptible de recueillir l'agrément de chacun et permettant de traiter
des deux éléments indissociables sur lesquels repose la
réforme du Conseil: la poursuite de l'amélioration des
méthodes de travail et l'élargissement de sa
composition.(189(*))
M. BRUNO STAGNO UGARTE (Costa Rica) s'est
félicité de faire partie du « Groupe des cinq petits pays
», avec la Suisse, le Liechtenstein, la Jordanie et Singapour, auteur d'un
projet de résolution qui est peut-être le plus important de
l'histoire récente de l'Assemblée générale sur la
réforme des méthodes de travail du Conseil de
sécurité. Le Conseil de sécurité doit être
réformé de façon globale et devenir plus transparent, plus
efficace dans le respect des intérêts de tous et
conformément à la Charte, a dit le représentant, qui a
regretté que les consultations menées ces derniers mois aient
juste porté sur l'élargissement de la composition du Conseil.
Selon lui, les changements nécessaires dans l'administration, le
contrôle interne du Conseil de sécurité, la transparence de
ses activités et son obligation redditionnelle sont importants et ne
devraient pas être pris en otage par un accent trop fort mis sur la
question de l'élargissement de sa composition. Cette amélioration
de ses méthodes de travail fait partie intégrante de la
réforme générale de l'ONU en matière de gestion et
d'administration, comme l'ont montré les failles de cet organe dans le
programme « pétrole contre nourriture », mises en
lumière par le rapport Volcker, a souligné M. Stagno Ugarte.
Enfin, revenant sur certaines critiques émises par ceux qui remettent en
cause le droit de l'Assemblée générale d'examiner les
méthodes de travail du Conseil de sécurité, le
délégué s'est appuyé sur les articles 10, 12
alinéa 1, et 30 de la Charte des Nations Unies, et en a conclu que
l'Assemblée n'allait pas au-delà de ses compétences en
traitant cette question.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Lichtenstein) a déploré
qu'en dépit des efforts diplomatiques concertés
déployés l'été dernier, la communauté
internationale n'ait pu aboutir à aucune proposition concrète de
réforme du Conseil de sécurité. La tâche
immédiate consiste donc à relancer une dynamique de
réforme, a-t-il ajouté tout en se félicitant que le projet
de résolution sur les méthodes de travail du Conseil de
sécurité, que son pays et quatre autres coauteurs (Suisse, Costa
Rica, Jordanie et Singapour) ont fait circuler de façon informelle
depuis le 4 novembre dernier, ait reçu beaucoup d'attention dans les
couloirs de l'ONU. Régler de façon efficace la question des
méthodes de travail du Conseil, à travers un processus continu de
dialogue entre les États Membres, a-t-il estimé, permettra de
lancer une dynamique sur l'élargissement de la composition de cet
organe. M. Wenaweser a par ailleurs signalé que les 18 mesures
proposées dans leur projet de résolution traitaient des relations
entre le Conseil de sécurité et les principaux organes, en
particulier avec l'Assemblée générale. La volonté
politique des États Membres est l'instrument principal à la
disposition du Conseil de sécurité lui permettant d'appliquer
efficacement ses résolutions dans divers domaines de la
sécurité, y compris celui des sanctions, a conclu le
représentant en insistant sur la nécessité d'assurer plus
de transparence au sein du Conseil et un plus grand engagement des
États.(190(*))
M. FERMIN TORO-JIMENEZ (Venezuela) a constaté avec
regret que le Conseil de sécurité avait recours de plus en plus
au Chapitre VII de la Charte pour aborder des questions qui ne
représentaient pas forcément une menace à la paix et
à la sécurité internationales, une pratique qui
prétendait se légitimer par le biais du projet de réforme
des Nations Unies. À son avis, le Conseil de sécurité
devrait se limiter à l'examen des situations représentant une
menace pour la paix et la sécurité internationales, et retirer de
son ordre du jour des questions qui l'amènent à adopter de plus
en plus souvent une stratégie d'ingérence dans les affaires
intérieures d'un pays.
Concernant la question de la composition du Conseil de
sécurité, il a déclaré que son pays souhaitait une
augmentation du nombre des membres dans les deux catégories, que ce soit
celle des membres permanents ou celle des membres non permanents, avec
l'inclusion de pays en développement au sein de la catégorie des
membres permanents. Il a indiqué que le Venezuela considérait que
le droit de veto devait être aboli, afin d'amorcer une
démocratisation de l'Organisation, et que la réforme du Conseil
de sécurité devait être examinée en conjonction
à d'autres thèmes devant faire l'objet d'un débat à
l'Assemblée générale, à savoir l'importance
fondamentale que revêt le développement national -un
problème crucial en termes de sécurité nationale pour le
Venezuela. Enfin, il s'est prononcé contre la création de
nouveaux organes au sein des Nations Unies où la présence et
l'hégémonie en matière du processus de prise de
décisions des membres permanents risqueraient d'invalider le droit des
autres États à participer de manière égalitaire
dans ces instances.(191(*))
SIR EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a affirmé que son
pays soutenait vigoureusement le Groupe de travail à composition non
limitée sur la réforme du Conseil de sécurité. Le
Royaume-Uni, a-t-il dit, appuie depuis longtemps la proposition
d'élargissement des membres permanents et non permanents du Conseil de
sécurité, des sièges de membres permanents devant
être accordés à l'Allemagne, au Japon, à l'Inde, au
Brésil, ainsi qu'à l'Afrique. Le représentant a
ajouté que son pays souhaitait voir une amélioration des
méthodes de travail du Conseil afin d'aboutir à une plus grande
transparence et à une plus grande responsabilisation. Il a reconnu qu'il
incombait au Conseil de continuer d'adapter ses propres méthodes de
travail, un processus qui devrait se poursuivre dans le cadre de la mise en
oeuvre des engagements du Sommet mondial de septembre 2005.
Le représentant a estimé que le Conseil de
sécurité devait impliquer davantage de non membres, au moyen, par
exemple, de réunions informelles, de contacts avec la
société civile et d'un dialogue plus étendu avec les pays
contributeurs de troupes. Il a également plaidé en faveur d'une
coordination accrue avec les organisations régionales et
sous-régionales sur la prévention des conflits, le maintien et la
consolidation de la paix, ainsi que la lutte contre le terrorisme. Le
représentant a en outre souligné que son pays souhaitait trouver
les moyens de simplifier et de rationaliser le travail du Conseil. Il a par
ailleurs déclaré que la lutte contre le terrorisme demeurait au
centre des travaux du Conseil, le Royaume-Uni étant conscient, a-t-il
précisé, des encouragements adressés par les chefs
d'État et de gouvernement lors du Sommet mondial au Conseil pour qu'il
examine une réforme à cet égard.
M. PRINCE ZEID RA'AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a
réitéré l'appui de son pays à une réforme du
Conseil de sécurité visant l'augmentation du nombre de ses
membres, dans les deux catégories de sièges: permanents et non
permanents. Mais nous devons aussi considérer, dans une
résolution séparée et complète, un examen de
l'amélioration des méthodes de travail, a dit le
représentant qui s'est félicité du projet de texte
proposé par le Groupe des petits pays (Suisse, Liechtenstein, Costa
Rica, Jordanie et Singapour). Nous devons contribuer à la mise en oeuvre
de propositions concrètes pour atteindre les objectifs que nous
recherchons tous, tant en matière d'élargissement que de
transparence, de légitimité des décisions du Conseil et de
son obligation redditionnelle à l'égard des autres Etats membres
de l'Organisation. Le délégué a conclu son intervention en
soulignant que l'amélioration des méthodes de travail du Conseil
n'étaient certes pas une fin en soi, mais un moyen qui devra contribuer
à la réforme générale de l'Organisation.(192(*))
U KYAW TINT SWE (Myanmar) a estimé que le Conseil de
sécurité devait rendre des comptes à l'Assemblée
générale et qu'il était donc normal que les États
Membres puissent examiner les travaux accomplis par le Conseil au cours de
l'année précédente. Il a déploré que le
Sommet mondial, qui avait suscité l'espoir que la représentation
au Conseil devienne plus équitable et qu'il accueille davantage de
membres, n'ait produit aucun résultat significatif en la matière.
Selon lui, le Sommet a seulement abouti à reconnaître que le
Conseil doit devenir plus représentatif, plus efficace, plus transparent
et plus légitime. Le Myanmar souhaite que la représentation des
États Membres au sein du Conseil devienne plus large et plus
équitable, ce qui implique d'augmenter le nombre de membres permanents
et non permanents.
Le représentant a également appelé le
Conseil à améliorer ses méthodes de travail et ses
processus de décision pour les rendre plus transparents et plus
démocratiques, comme le demande le Document final du Sommet mondial. Il
a salué les progrès déjà accomplis par le Conseil
dans ce sens, relevant l'augmentation du nombre de réunions publiques et
le renforcement de la coopération avec les pays contributeurs de
troupes. Les débats thématiques ouverts permettent de faire
participer les délégations qui ne sont pas membres du Conseil
à ses débats, a-t-il relevé, demandant que les
résolutions adoptées ensuite tiennent davantage compte des
observations de ces délégations. Il a estimé en outre
qu'avant chaque adoption de résolution, les membres non permanents du
Conseil devraient organiser des consultations avec les pays de la région
qu'ils représentent. Par ailleurs, le représentant s'est
déclaré préoccupé par l'empiètement
croissant du Conseil sur le mandat de l'Assemblée
générale, et par sa tendance à mener des travaux de nature
normative.(193(*))
M. HJÁLMAR W. HANNESON (Islande) a estimé que le
rapport du Conseil de sécurité reflétait l'augmentation
continue du volume de ses activités, ainsi que l'élargissement
permanent de son champ d'action. Insistant sur la question de la réforme
du Conseil, il a rappelé les appels répétés de son
pays pour une plus grande transparence de cet organe, saluant les
améliorations apportées à cet égard, comme la tenue
d'un plus grand nombre de réunions et de débats ouverts.
Le représentant a également souligné la
nécessité d'un Conseil plus représentatif et plus
légitime qui reflète davantage les réalités
géopolitiques d'aujourd'hui, considérant qu'il fallait
étendre le nombre de ses membres, permanents comme non permanents. Un
consensus sur cette question est souhaitable, mais après plus de 12 ans
de débat, nous savons tous que ce n'est pas un objectif atteignable,
a-t-il ajouté, estimant que le temps était venu d'utiliser les
mécanismes de prise de décisions démocratiques à la
disposition de l'Assemblée générale.(194(*))
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a
déclaré que l'accroissement constant des points
évoqués à l'ordre du jour rendait indispensable la
transparence et une meilleure communication dans les procédures du
Conseil de sécurité, ainsi que l'énonciation claire des
décisions prises par celui-ci et la prise en compte des avis des
États Membres. Concernant la tenue de réunions, il a
réitéré que si les débats ouverts
représentaient une excellente occasion d'enregistrer les positions
adoptées par les États Membres, il n'en demeurait pas moins que
la multiplication de petites réunions informelles serait hautement
souhaitable, à l'instar des réunions régionales
organisées lors des négociations de la résolution 1540 du
Conseil de sécurité. Il a également appelé à
l'instauration de groupes de travail associant des États Membres ne
siégeant pas actuellement au sein du Conseil, comme cela s'est fait pour
les questions du Kosovo, du Timor-Leste et de l'Afghanistan, qui pourraient
ainsi décharger le Conseil d'une partie du travail, et contribuer
expertise et transparence. Concernant la question des capacités, il a
rappelé que le Conseil devrait établir un dialogue ouvert et
inclusif avec l'intégralité des États Membres afin de
s'assurer de leur habileté à s'acquitter du fardeau de certaines
obligations internationales, comme la lutte contre le terrorisme.
En ce qui concerne l'utilisation du droit de veto, le
représentant a déclaré que son pays demeurait
préoccupé par l'utilisation d'un simple veto ou d'un veto
silencieux pour infirmer l'adoption d'une mesure, et a
réitéré l'opposition farouche de son pays à cette
procédure. Il a également accueilli avec intérêt le
projet de résolution présenté conjointement par le Costa
Rica, la Jordanie, le Liechtenstein, Singapour et la Suisse et a émis le
voeu que ce texte ouvrirait la voie à de multiples et fructueuses
négociations. Enfin, eu égard à la question de la
représentation équitable au Conseil de sécurité et
de l'augmentation du nombre de ses membres, il a rappelé que la
Nouvelle-Zélande appelait de ses voeux un Conseil de
sécurité plus représentatif, plus efficace et plus
transparent, et qu'il pensait que tout élargissement de celui-ci devait
inclure le Japon.
Pour terminer, M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a estimé
que la réforme du Conseil de sécurité allait de toute
évidence rester à l'ordre du jour de l'Assemblée
générale, parce que le besoin d'une action à ce sujet
était largement reconnu par la communauté internationale. Le
représentant a ensuite rappelé la position globale du G4
(Allemagne, Japon, Inde, Brésil) sur cette question, comprenant
essentiellement trois points: accroître le renforcement de la
légitimité, de la transparence et l'efficacité du Conseil,
assurer la participation des principaux contributeurs au maintien de la paix
internationale, et garantir une représentation équitable des pays
en développement. Selon lui, la proposition du G4 est la plus
complète mais le Groupe reste ouvert à toute proposition qui
pourrait l'améliorer. À cet égard, il a fait état
d'autres propositions de réforme, comme celle de l'Union africaine qui,
à ses yeux, reste proche de celle du G4. Faut-il aborder la question de
la réforme de façon fragmentaire? s'est ensuite interrogé
le représentant. Nous ne voulons pas d'un Conseil élargi qui ne
réforme pas ses méthodes, et dont la structure ne changerait pas,
a-t-il indiqué, ajoutant qu'il fallait un changement structurel dans
l'équilibre des forces du Conseil, privilégiant une augmentation
du nombre de sièges dans les deux catégories de membres,
permanents et non permanents. Il est clair qu'il n'y a pas et qu'il n'y aura
pas de consensus sur cette question, a remarqué M. Pleuger qui a par
ailleurs estimé qu'un vote devenait inévitable. Tous ceux qui
s'opposent à un vote s'opposent à toute réforme du Conseil
de sécurité, a-t-il lancé. Si la composition d'un organe
reflète de façon adéquate les réalités
géopolitiques d'aujourd'hui et si elle inclut, pour la prise de
décisions, les pays qui contribuent le plus à leur mise en
oeuvre, alors vous aurez un organe efficace, a-t-il conclu.(195(*))
Partant de cette analyse du rapport de l'Assemblée
générale sur l'élargissement du Conseil de
sécurité, il est évident de remarquer l'unanimité
de tous les membres de l'ONU sur la restructuration du Conseil de
sécurité pour assurer une représentativité
équitable de tous ses membres afin de garantir l'égalité
des Etats.
B. Le respect du Droit
International dans la mondialisation
Pour assurer l'égalité des Etats dans
l'ère de la mondialisation, il faut en outre que les Etats respectent le
droit international et que l'économie n'affecte pas la vie politique des
Etats. Bien que les Etats se diffèrent quant à leur niveau de
développement, pour assurer la paix et la sécurité
internationales, ils doivent se respecter mutuellement.
En revanche, l'égalité des Etats est une notion
nécessairement plus théorique du seul fait des disparités
économiques, sociales, culturelles et politiques qui existent entre
nations.
L'affirmation du groupe des 77 réuni à la Havane
du 10 au 14 avril 2000 qui déclarait dans son point 54 :
« Nous réaffirmons la nécessité d'une claire
distinction entre l'assistance humanitaire et les autres activités des
Nations Unies. Nous rejetons le soi-disant « droit' d'intervention
humanitaire, qui n'a aucun fondement juridique dans la charte des Nations Unies
et dans les principes généraux du droit international... Nous
confirmons que l'assistance humanitaire doit être entreprise dans le
strict respect de la souveraineté, de l'intégrité
territoriale et de l'indépendance politique des Etats concernés
et qu'elle ne peut être déclenchée qu'en réponse
à une demande et qu'avec l'approbation des Etats
concernés ».(196(*))
Notons par ailleurs, l'évolution du concept de
souveraineté conduit à une limitation volontaire. Au-delà
des pouvoirs d'intervention donnés au Conseil de sécurité
(art. 24 de la charte) pour faire respecter les buts et principes de la charte
notamment en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte
d'agression (combinaison des chapitres VI, VI bis et VII) qui conduise à
une limitation volontaire du périmètre de la notion de la
souveraineté, celle-ci a évolué depuis 1945 sous la
pression de nombreux facteurs.
La notion de la souveraineté évolue, avec la
mondialisation grandissante, a tel point de se vider de contenu ; la
conception classique de la souveraineté nationale absolue est devenue
intenable et doit faire place progressivement à une souveraineté
raisonnable exercée en commun. Du reste, le principe de
souveraineté n'a jamais été absolu, limité qu'il
était par le droit naturel puis, progressivement, par
l'élaboration du droit international.(197(*))
A cet effet, le déclin relatif de la notion de
souveraineté, l'hypertrophie du rôle du Conseil de
sécurité et la tendance à l'unipolarisation du monde
devraient être rééquilibrés par une revalorisation
du principe d'égalité des Etats.
Ainsi, la déclaration du Groupe des 77 à la
Havane permet de souligner un point fondamental : en dépit de
toutes les assertions de principe, l'égalité est un leurre en
terme de droit international et comme le souligne le rapport
« l'ingérence est par nature inégalitaire, impliquant
quelqu'un qui fait l'objet de l'ingérence. L'ingérence ne peut
qu'être suspecte dans un monde organisé autour de
l'égalité souveraine d'Etats, fondamentalement inégaux
dans les faits ».(198(*))
Pour concilier la mondialisation au regard de
l'égalité souveraine des Etats, nous avons suggéré
d'une part, la restructuration du Conseil de sécurité, et de
l'autre part, le respect du droit international dans l'ère de la
mondialisation. Par ailleurs, pour une conciliation complète, il est
aussi important de voir la place de l'indépendance et ses limites dans
la mondialisation
§2. Principes et limites de
l'indépendance à l'ère de la mondialisation
Par rapport à l'interdépendance
modérée, l'indépendance est une alternative radicale
à la dépendance. Attitude spirituelle et éthique,
l'indépendance s'exprime selon deux variantes : négative et
affirmative. Elle est, en tout premier lieu, refus d'un mal, le mal de la
dépendance, laquelle signifie subordination de son être à
une réalité oppressive, léviathanienne. En second lieu et
de manière affirmative, l'indépendance est une exigence morale de
reconnaissance, par les autres comme par soi-même, de sa liberté
de prendre, en toute circonstance, toute décision, en principe
raisonnable, concourante à sa vie , à sa puissance et à
son propre bonheur. L'absence d'entraves extérieures à sa
volonté de décision et d'entreprise fait que la notion
d'indépendance se trouve englobée par celle de
souveraineté.
Certes, à l'ère de la mondialisation où
l'interdépendance bat le record et nul ne peut vivre à
l'isolement, l'indépendance doit être comprise comme une
souveraineté relative (A) et partant, avec sa marge bien limitée
dans la mondialisation (B).
A. L'indépendance comme
souveraineté relative
Il n'y a de souveraineté d'une nation que
vis-à-vis d'une autre. Un Etat ou un peuple jouit d'indépendance
dans la mesure où il se reconnaît et il lui est reconnue ne point
avoir de pouvoir supérieur au sein propre en ce qui concerne la
régulation de l'ordre dans les limites de son territoire.
Trois principes fondent la souveraineté : la
possibilité reconnue de la libre décision sur soi signifie, en
fait, le principe du droit à l'autodétermination. Cette notion
insunie l'idée de mise à l'abri de soi face aux pressions et
influences éventuelles des forces extérieures.
L'autodétermination suppose l'autonomie de soi, la liberté. Mais
il implique un autre principe : celui de l'égalité des
Etats. Ce dernier veut qu'aucun Etat ne s'approprie un droit de pouvoir
supérieur sur aucun autre Etat, et par conséquent qu'aucun Etat
ne soit victime d'un traitement inégal au sein de la
société internationale. Un troisième principe constitutif
de la souveraineté est celui de l'égale réciprocité
dans la coopération interétatique. Un Etat traite l'autre de
manière dont il est lui-même traité. Le principe de
réciprocité prescrit l'exigence d'avantages mutuels correctement
distribués.
L'inégalité de traitement brise non seulement la
possibilité de coopération dans les relations d'échange et
d'aide mais aussi, bien souvent, effrite la capacité de
souveraineté d'un Etat.
Cette dernière idée amène a concevoir que
la souveraineté n'est pas une donnée statique. Elle est une
situation morale susceptible d'affaiblissement ou, au contraire, de
renforcement, à la faveur des moyens disponibles. La souveraineté
n'est réelle que si on dispose de moyens efficaces pour imposer aux
Etats en face de soi le respect des principes d'autodétermination,
d'égalité et de réciprocité dans le
traitement.(199(*))
Dans la souveraineté internationale, le plus
fondamentale de ces moyens est la puissance économique. Aucun Etat ne
peut prétendre pouvoir efficacement affirmer sa souveraineté s'il
est faible sur le plan économique, et donc aussi, sur le plan militaire.
Il n'y a point de souveraineté absolue. Le degré de
souveraineté est fonction, dans l'ère actuelle, de la
capacité matérielle à imposer le respect par les autres de
leurs engagements vis-à-vis de soi. Pragmatiquement, est plus souverain
qu'un autre tout Etat qui, par puissance, est effectivement à l'abri de
toute volonté supérieure effective au-dessus de soi.
Pour illustrer cette pensée, il convient pour nous de
noter la réalité politique de la République
Démocratique du Congo qui, pour organiser ses élections et son
processus de paix, par faiblesse de son économie, attend tout de
l'extérieur, mieux de la Communauté internationale (l'Union
Européenne et quelques grandes puissances), il est logique que ses
élections soient entachées d'une main mise
étrangère, ce qui hypothèque sa souveraineté.
Par ailleurs, au vu du fonctionnement effectif de la vie
internationale, marquée par le réalisme machiaveliens (axé
sur le principe de l'intérêt personnel à tout prix, et de l
loi du plus fort), l'Etat le plus puissant, en l'occurrence les Etats-Unis
d'Amérique, est logiquement plus souverain qu'un Etat économique
faible et paralyser par de conflits armés et d'instabilités
politiques comme la RDC.
En outre, la souveraineté est, en principe,
limitée par les normes supérieures qui structurent
l' »association des Etats » au niveau mondial sous la forme
des Nations Unies. Un de ses principes particulièrement limitatifs de la
souveraineté nationale est le principe du respect des traités
conclu car « Pacta sunt servanda », chascun devant
accepter d'être esclave des traités et accords auxquels il a
librement souscrit. Cette limitation est institutionnelle, tandis que le
précédent est une réalité sur terrain basée
sur le rapport de puissance.
Au total, la souveraineté d'un Etat est doublement
limitée : de l'extérieure par sa puissance politique et
matérielle inévitablement relative, et de l'intérieure par
sa propre moralité collective qui prescrit nécessairement,
même s'il ne les respecte pas de façon stricte, les droits propres
de l'individu. c'est à juste titre que le citoyen est dit souverain
primaire, c'est-à-dire, se situant à la base de la
souveraineté et à travers qui les normes prennent sens. Un Etat
ne se proclame souverain vis-à-vis des tiers que si les personnes
individuelles, libres et raisonnables, qui la composent en décident
ainsi effectivement. Il y a en effet la possibilité qu'à un
référendum national des citoyens libres d'un pays refusent
à leur collectivité nationale de proclamer la souveraineté
internationale.(200(*))
B. La marge de souveraineté
dans la mondialisation
La colonisation politique et culturelle, comme volonté
de domination d'un peuple sur un autre, est probablement la circonstance
essentielle qui fait naître le désir d'indépendance et de
souveraineté.
Il est légitime que la prétention à la
souveraineté des peuples, en particulier les peuples colonisés ou
recolonisés, soit la plus élevée possible. Mais, il faut
bien se rendre à l'évidence : il n'est point de
souveraineté qui ne soit relative, limitée. Du reste, le contexte
moderne de la mondialisation rend la réalité de la
souveraineté encore plus précaire.
Le phénomène » de la mondialisation
tend à rétrécir de manière importante la marge de
souveraineté des Etats, en particulier des Etats faibles
économiquement. La souveraineté des Etats risque de devenir des
plus en plus maigre, étroite, relative. Et on doit assister à
l'évanouissement radical du rêve néomarxiste d'une
déconnexion totale des pays du tiers-monde. Sur le plan politique, le
respect des droits de l'homme, sous réserve d'une définition
impartiale adéquate, sera une exigence fondamentale des plus en plus
évidente s'imposant aux Etats souverain, effritant largement l'espace de
souveraineté absolue deviendra de plus en plus
éloignée.(201(*))
La leçon que tout Etat sage sera obligé de tirer
du plunomine de la mondialisation, c'est l'exigence de la
« porosité assumée », une idée par
laquelle nous faisons entendre une perméabilité
désirée, assumée, dans une ouverture lucide à
l'entrecroisement des impératifs transétatiques, en y extrayant
d'institution des sociétés bien ordonnées tant au niveau
intérieur qu'au niveau international. Cette leçon pragmatique
exigera l'élaboration d'une éthique mondiale fondant et
définition de manière rationnelle et raisonnable les nouvelles
bornes juridiques de l'espace privé au niveau des Etats. Car, en fait la
souveraineté est la préservation pour soi d'un certain domaine
privé, d'un certain espace inviolable au-delà des exigences
d'interdépendance ou de souverainetés croisées. La
définition de l'espace privé à préserver est
déficiente si elle manque de se référer à un ordre
éthique et juridique des relations internationales.(202(*))
Ayant clôturé ce chapitre, auquel nous avons
analysé dans un premier temps, les effets de la mondialisation sur la
vie des Etats, et en deuxième lieu, nous avons donné l'essaie de
conciliation de l'égalité souveraine à l'ère de la
mondialisation, ce qui clôture notre deuxième chapitre, il est
important pour nous de tirer une conclusion générale.
CONCLUSION
Nous voici arrivé au terme de notre travail qui a
porté sur l'égalité souveraine des Etats au miroir de la
mondialisation dans les relations Nord-Sud.
Pour mieux développer cette étude, nous avons
opté pour un plan à deux chapitres, hormis l'introduction et la
conclusion.
Le premier chapitre a porté sur l'égalité
souveraine des Etats, mondialisation : notions et principes. Dans ce
chapitre, nous avons d'emblée analysé, dans une première
section, l'égalité souveraine des Etats. Nous avons noté
que tous les Etats sont égaux, en vertu de l'article 2 paragraphe 1 de
la Charte des Nations Unies. De ce fait, cette égalité sera
réalisée lorsque chacun des Etats, du Nord comme du Sud, respecte
l'intégrité territoriale de ses semblables qui se traduit, d'une
part, par la non-utilisation dommageables du territoire national aux
intérêts des Etats tiers et protection de l'environnement hors des
frontières nationales, et d'autre part, par la non-intervention. Outre
le respect de l'intégrité territoriale, nous avons
également cité le respect de tout Etat de l'exclusivité
des compétences territoriales qui se manifeste par le principe de
non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat tiers.
Cependant, comme à côté de toute
règle, il y a toujours d'exceptions, nous avons donné des
limitations à ces principes ; notamment dans le cas de
l'ingérence humanitaire et intervention sollicitée. Nous avons
également constaté une autre limitation à
l'égalité des Etats dans leur participation aux organisations
internationales : d'une part, à l'Organisation des Nations Unies,
précisément à ce qui concerne la composition du Conseil de
sécurité, l'organe disposant de la prééminence de
pouvoir, en vertu de l'article 23.1 il existe cinq membres permanents et dix
membres non-permanents et l'article 27 stipule que les membres permanents
disposent du droit de veto. Par ailleurs, nous avons noté que dans
d'autres organisations, telle que le FMI, existe le système de
pondération de voix pour le vote de décision au sein du Conseil
des gouverneurs.
A la deuxième section de notre premier chapitre qui a
porté sur la mondialisation, nous avons donné les notions et
bilan de la mondialisation. En effet, nous avons constaté que la
mondialisation est un phénomène qui ne date pas d'aujourd'hui,
c'est un processus qui a évolué avec l'histoire. quant au bilan
de la mondialisation, nous avons remarquer que la mondialisation est un
processus économique avantageux pour les Etats du Nord, détenant
de la force économique, alors que pour les Etats du Sud,
dépourvus d'infrastructure, se voient en mal de rattraper le train de la
mondialisation qui a déjà pris marche ayant atteint sa vitesse de
croisière. Ce processus de la mondialisation, au lieu de se limiter sur
l'aspect économique, influe même sur l'aspect politique et
juridique des Etats du Sud en mal de se positionner dans la mondialisation, car
dit-on « l'infrastructure détermine la
superstructure ». Par ailleurs, nous avons élucidé
les voies de canalisation de la mondialisation, notamment : les grandes
puissances, les institutions de Breton woods, les firmes multinationales et la
réalité de l'investissement direct à l'étranger.
Le deuxième chapitre de notre étude a
porté sur l'égalité souveraine des Etats et la
mondialisation. Ce chapitre, qui a fait le parallélisme entre les deux
sections du premier chapitre, a été axé
premièrement sur la mise en balance des effets de la mondialisation sur
la vie des Etats ; il a été question de donner la conception
de la mondialisation pour l'Afrique. Pour les pays en développement,
les problèmes sont éminemment plus complexes étant
donné que la mondialisation modifie radicalement les données du
programme de développement. Par ailleurs, nous avons
démontré comment le Nord, par le biais de la mondialisation, vide
le principe de l'intégrité territoriale et le principe de
non-ingérence dans ses rapports avec le Sud.
Enfin, nous avons essayé de donner des pistes de sortie
pour concilier la mondialisation avec le respect de l'égalité
souveraine. Notamment par la restructuration des organisations
internationales ; telle que l'élargissement du Conseil de
sécurité de l'ONU pour légitimer ses décisions, ce
qui nous a valu l'analyse du rapport du Conseil de sécurité sur
la question de la représentativité équitable au Conseil de
sécurité et l'augmentation du nombre de ses membres. En
deuxième lieu, nous avons remarqué que pour assurer
l'égalité entre les Etats à l'ère de la
mondialisation, les Etats riches ou pauvres, devraient respecter le droit
international qui consacre cette égalité, car
« pacta sunt servanda ». Enfin, par le souci du
pragmatisme, nous nous sommes amené à limiter aussi
l'indépendance dans la mondialisation. En effet, l'indépendance
ou la souveraineté n'est plus une donnée absolue, elle est
relative notamment par l'immédiateté du droit international,
d'une part, et la réalité de la puissance économique,
si un système politique est plus réceptif aux exigences et
aux pressions internationales, on est en droit de penser que sa
dépendance vis-à-vis de cet environnement sera plus grande que la
survie du système en dépend, il en est ainsi notamment de
l'assistance économique, technique, financière et militaire dont
fond l'objet la plupart de pays sous-développés par rapport aux
grandes puissances et notamment des puissances colonisatrices.(203(*))
En effet, la mondialisation est un thème
d'actualité, un thème à l'ordre du jour. Média,
congrès d'experts, forums internationaux, sommets de chefs d'Etats
et de gouvernement ne cessent d'en parler et cela sur tous les tons.
Certains en vantent les mérites, c'est l'apogée
du capitalisme triomphant, du néo-libéralisme qui dicte
aujourd'hui sa loi au monde après l'échec de l'économie
communiste, économie planifiée. C'est désormais l'unique
voie obligée du développement de l'humanité. Ce
succès du néolibéralisme est redevable aux prouesses
reconnues à la rationalité techno-scientifique contemporaine.
Cependant, la mondialisation n'est pas vécue de la même
manière partout, et par tous les pays du monde.
Evidemment, hormis certains pays du Nord qui tirent avantage
de ce phénomène, beaucoup d'autres n'y voient pas encore leur
place, si ce n'est la mise en vente de leur souveraineté.
Certes, la mondialisation, à l'ère actuelle, ne
devrait que rester sur ses aspects économiques, culturels et sociaux,
tels que : le transfert de technologie, la réduction de
barrières douanières, sur la circulation des biens, des services
et des capitaux (IDE) décidé par les gouvernements, sur la
réduction de coûts de transport, sur la facilité
l'émigration... la mondialisation ne veut pas dire une
opportunité offerte au Nord pour aliéner la souveraineté
des Etats du Sud.(204(*))
La mondialisation est une dimension permanente du
développement des sociétés. Cependant, alors que dans ses
formes anciennes elle permettait d'accélérer l'histoire et
renforçait les chances de rattrapage des retards, dans ses formes
modernes associées à l'expansion capitaliste, elle produit
systématiquement l'inégalité. Les projets
sociétaires de l'après-guerre avaient contraint le capitalisme
à se soumettre aux impératifs des compromis sociaux majeurs dont
les Etats tiraient leur légitimité, et, pour cela, avaient
institué des mécanismes de contrôle de la mondialisation.
Dans la crise actuelle, le capitalisme tente de retourner à son utopie
permanente : celle de la soumission de la vie sociale à la logique
exclusive du marché et à la mondialisation
débridée.(205(*))
Est-ce qu'il faut réfuter le processus de la
mondialisation pour sauvegarder la souveraineté des Etats du Sud afin
de préserver leur égalité vis-à-vis de leurs
semblables du Nord ?
Si la mondialisation a aussi d'avantages pour le
développement des Etats du Sud, quelle politique devraient prendre les
dirigeants et les animateurs des institutions politiques des Etats du Sud pour
préserver leur souveraineté aux inconvénients de la
mondialisation éventuelle ?
La mondialisation contribue certes pour le
développement des Etats du Sud, aussi ce processus est nécessaire
dans la conjoncture actuelle de l'économie mondiale. Ainsi, les
gouvernements du Sud ont tout intérêt de s'adhérer à
ce processus.
Cependant, pour protéger la souveraineté de
l'Etat face aux méfaits de la mondialisation afin d'aboutir à une
conciliation entre la mondialisation et l'égalité souveraine des
Etats, les dirigeants politiques du Sud doivent adopter des stratégies
juridiques, politiques et économiques nécessaires, telles
que :
v L'instauration du système démocratique de la
res publica, basé sur la gestion saine de la chose publique ;
v Le regroupement des Etats du Sud dans de grands ensembles
sous forme des zones de développement puissantes par des
intégrations économiques régionales appelées plus
tard à constituer un vaste marché commun ;
v Le remboursement des dettes extérieures par des
exportations afin de ses libérer d'entre les mains des effecteurs de la
mondialisation (grandes puissances, FMI, BIRD, OMC et firmes
multinationales) ;
v La stabilisation des institutions et la sécurisation
des biens et des personnes pour inciter les investissements étrangers
à venir oeuvrer dans le pays car leur contribution est aussi
nécessaire pour le développement de tout pays ;
v La promotion de l'initiative privée des nationaux,
secteur du développement, et subventionner soit donner des prêts
aux petites et moyennes entreprises nationales afin d'accroître leurs
activités pour aboutir à l'échelle internationale et, de
ce fait, devenir firmes multinationales d'origines des Etats du Sud oeuvrant au
Sud ou à l'extérieur.
v L'organisation d'une armée forte, unie et
structurée pour défendre l'intégrité territoriale
de l'Etat contre toute agression ou intervention venant de
l'extérieur ;
v La promotion des idéologies nationalistes du
développement et l'assainissement la coopération avec l'occident
tout en privilégiant celle engageant les Etats du Sud entre eux.
C'est seulement dans ces conditions que le Sud, en
général et l'Afrique en particulier, verra sauvegarder sa
souveraineté nationale face aux effets néfastes de la
mondialisation qui se heurtent sur les domaines réservés de
l'Etat.
Partant de tout ce qui est dit, nous affirmons et
réaffirmons que la mondialisation doit demeurer économique, elle
ne doit pas toucher la vie politique des Etats, car, si l'économie
internationale est réglementer par le principe de l'économie du
marché, les rapports étatiques restent régis par le droit
international qui consacre l'égalité souveraine des Etats qu'ils
soient riches ou pauvres.
BIBLIOGRAPHIE
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Albanie), Rec. 1949, p.22
9. CIJ, Avis consultatif du juillet 1996 relatif à la
licéité de la menace ou l'emploi d'arme nucléaires.
10. Rapport de la 105e conférence de l'UIP,
Havane, 1e-7 avril 2001, sur le respect des principes du droit
international dans l'intérêt de la paix et de la
sécurité à l'échelle mondiale.
11. Déclaration de Stockholm sur l'environnement
humain, 1972.
II. Ouvrages
1. BAKANDEJA wa MPUNGU, Le droit du commerce'
international : les peurs justifiées de l'Afrique face
à la mondialisation des marchés, Ed. DEBOECK, Paris, 2001.
2. BREWSTER C. DENNY, La politique
étrangère américaine ou l'obligation de
cohérence, Economica, Paris, 1988, 245p.
3. BYE, M., Relations économiques
internationales, 5e éd., Dalloz, Paris, 1987.
4. COEH, D., La mondialisation et ses ennemis,
Grasset, Paris, 2004, 425p.
5. De SENARCLENS, P., La mondialisation ;
théories, enjeux et débats, 3e éd.. Armand
Colin, Paris, 2002, 225p.
6. DUPUY, P.M., Droit international public,
4e éd. Dalloz, Paris, 1998, 583p.
7. DUPUY, P.M., La responsabilité internationale
des Etats pour les activités d'origine technologique et
industrielle, Pedone, Paris, 1976, p.30 et ss.
8. FFONTANEL, J., La globalisation en
« analyse » - géoéconomie et stratégie
des acteurs, L'Harmattan, Paris, 2005, 327p.
9. GOUNELLE, M., Les relations internationales, Ed.
Dalloz, Paris, 1961, 196p.
10. JAIME DE MELO - GRETTERR, J.M, Commerce
international, théories et applications, De Boeck et Larcier,
Paris-Bruxelles, 1997, 590p.
11. KOUCHNER, B. et MARIO BETTATI, Le devoir
d'ingérence. Peut-on les laisser mourir ?, Denoël, Paris,
1987, 436p.
12. KOUCHNER, B., Le malheur des autres, Odile Jacob,
Paris, 1991, 326p.
13. KRUGMAN, P.R., La mondialisation n'est pas
coupable : vertus et limites du libre-échange, Ed. La
Découverte, Paris, 2000, 218p.
14. LA BRANCHE, S., Mondialisation et terrorisme
identitaire ou comment l'occident tente de transformer le monde,
L'Harmattan, Paris, 2003, 285p.
15. MARIO BETTATI, Le droit d'ingérence,
Denoël, Paris, 1987, 233p.
16. MUCCHIELLI, J.L., Multinationale et
mondialisation, Seuil, Paris, 1998, 375p.
17. NGUYEN QUOC DDINH ; PELLET, A. et DAILLIER, P.,
Droit international public, L.G.D.J., Paris, 2002, 1483p.
18. NORBERG, J., PLON, Plaidoyer pour la mondialisation
capitaliste, L'Harmattan, Paris, 216p.
19. PINTO et GRAWITZ, Méthodes en sciences
sociales, Ed. Dalloz, Paris, 1971, 435p.
20. RUSSBACH, O., ONU contre ONU, Le droit
international confisqué, La Découverte, Paris, 1994, 168p.
21. SALMON J. (Direction), Dictionnaire du droit
international, Bruyant/AUF, Bruxelles, 2001, 1435p.
22. SAMIR AMIN, Les défis de la
mondialisation, L'Harmattan, Paris, 1996, 345p.
23. SHOMBA et TSHUNDOLELA, Méthode de recherche
scientifique, MES, Kinshasa, 2003.
24. SUSAN, G. et WOLF, M., Pour et contre la
mondialisation libérale, Grasset et Facquelle, Paris, 2002, 185p.
25. TOUSCOZ, J., Droit international, PUF, Paris,
1993.
III. Revues et autres
1. BANGI BAYO, H., Regard d'Afrique, n°003,
Avril-mai.
2. BARACYETSE, P., « L'enjeu géopolitique des
sociétés minières internationales en RDC, in S.O.S.
Rwanda-Burundi, Buzet, Bruxelles, 1999.
3. DEMANGE BOST, A., Le droit d'ingérence ou la
souveraineté des Etats, mémoire, Institut d'études
politiques de Lyon, Lyon, 2000-2001.
4. Marie Massif-DES, « Le partage armé du
pétrole et de l'eau », in Journal de l'humanité,
du 11/5/2003,
5. NDONGALA TADI, « Les pays en développement
dans la mondialisation », in Mondialisation vue du sud, une
approche multidisciplinaire, Ed. Universitaire du Kasayi, Vol.2, Kanaga,
RDC, 2000.
6. NGOMA BINDA, « Indépendance, Droit
d'ingérence et politiques hégémoniques », in
Les enjeux de la mondialisation pour l'Afrique, Ed. Loyola Canisius,
Kinshasa, Avril 1998
7. OHIORHENUAN, J.F.E, « Le sud dans la
mondialisation », in coopération Sud-PNUD, n°1,
1988.
8. PELLET, A., « Les relations
monétaires », Droit international, Bilan et
perspectives, Tome 2, Ed. A. Pedone, Paris, 1991.
9. Rapport du 27 janvier et 14 février 2003 des
inspecteurs en désarmement de l'ONU.
10. WERBER De BONT, « La mondialisation et
l'Afrique » in Mondialisation vue du sud, une approche
multidisciplinaire, Ed. Universitaire du Kasay, Vol.2. Kananga, RDC,
2000.
IV. Cours
1. BASUE BABU KAZADI, Fonctionnement des institutions
internationales, Cours à option, L2 Droit, UNIKIN, 2005-2006.
2. LUNDA BULULU, Vie internationale, G2 droit, UNIKIN,
2003-2004.
3. MIDAGU BAHATI, E., Méthode de recherche
scientifique II, G2 Droit/B, UNIKIN, 2002-2003.
4. NDESHYO, Théories des relations
internationales, L2 Droit, UNIKIN, 2005-2006.
5. NGANZI-KIRONGO, Droit de coopération
internationale, Cours à option, L1 Droit, UNIKIN, 2004-2005.
6. NTIRUMENYERWA KIMONYO, G., Droit de
sécurité internationale, Cours à option, L2 Droit,
UNIKIN, 2005-2006.
V. Sites web
1. http ://www.monde-diplomatique.fr/Michel T. KLARE,
veillée d'armes contre l'Irak, les vrais desseins de M. Georges Bush, in
monde diplomatique, novembre 2002.
2. http://wikipedia.org/Ing/ingerence_humanitaire.
3. http://wikipedia.org/mondialisation.
4. http://www.agora.qc.ca/mot.nst/Dossiers/Mondialisation.
5. http://www.intelik.info.
6. http://www.senat.fr/uip/memoire105.htm.
TABLE
DES MATIERES
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
ABREVIATIONS ET SIGLES UTILISES
II
ABREVIATIONS ET SIGLES UTILISES
III
INTRODUCTION
1
CHAPITRE I. EGALITE SOUVERAINE DES ETATS ET
MONDIALISATION : NOTIONS ET PRINCIPES
9
SECTION 1. L'ÉGALITÉ SOUVERAINE DES ETATS
9
§1. Les principes
10
A. L'intégrité territoriale
14
I. Principe de l'utilisation non-dommageable du territoire
national et protection de l'environnement hors des frontières nationales
15
II. Principe de non-intervention
16
B. L'exclusivité des compétences territoriales
20
§2. Limitations aux principes
21
A. Ingérence humanitaire et égalité
souveraine des Etats
22
I. Intervention sollicitée
22
II. Ingérence humanitaire
24
a. Définition
25
b. Contenu
26
B. Participation des Etats aux organisations internationales
33
I. Participation des Etats à l'ONU
33
II. Participation aux Institutions Financières
Internationales
35
SECTION 2. LA MONDIALISATION
38
§1. Notions et bilan de la mondialisation
38
A. Notions de la mondialisation
38
I. Historique
38
II. Définition de la mondialisation
42
B. Bilan de la mondialisation
47
I. Aspects économiques
47
II. Aspect politiques, sociaux, culture et institutionnels
50
§2. Contextes géopolitiques et économique
de la mondialisation
55
A. Le contextes géopolitiques de la mondialisation
55
I. Les grandes puissances dans la mondialisation
56
1. Les Etats-Unis d'Amérique
56
2. L'Europe et le Japon
58
II. Les institutions de Bretton Woods
62
B. Les contextes économiques de la mondialisation
63
I. Les firmes multinationales
63
II. Problématique des Investissements Directs à
l'Etranger (IDE)
65
CHAPITRE II. L'EGALITE SOUVERAINE ET LA MONDIALISATION
70
SECTION 1. LES EFFETS DE LA MONDIALISATION SUR LA VIE DES ETATS
71
§1. Les Etats en développement dans la
mondialisation
72
A. Conception de la mondialisation pour les Etats du sud
72
B. Ethique de la mondialisation pour l'Afrique
79
§2. Avantages et désavantages de la
mondialisation pour le sud
81
A. Violation du principe de non-ingérence
83
B. Violation du principe de l'exclusivité de
compétence
85
SECTION 2. ESSAIE DE CONCILIATION
92
§1. Restructuration des organisations internationales et
respect du droit international dans la mondialisation
92
A. Restructuration des organisations Internationales
92
B. Le respect du Droit International dans la mondialisation
126
§2. Principes et limites de l'indépendance
à l'ère de la mondialisation
128
A. L'indépendance comme souveraineté relative
129
B. La marge de souveraineté dans la mondialisation
132
CONCLUSION
134
BIBLIOGRAPHIE
141
TABLE DES MATIERES
146
* (1) Art. 1 al.1 de la Charte
des Nations Unies.
* (2) Résolution 2625
(XXV) AG, du 24/10/1970 sur les relations amicales entre Etats.
* (3) LUHAN Mc cité par
LA BRANCHE Stéphanie, Mondialisation et terrorisme identitaire ou
comment l'occident tente de transformer le monde, Ed. L'Harmattan, Paris,
2003, p.57.
* (4) LA BRANCHE
Stéphanie, loc.cit.
* (5) Ibidem, p.57
* (6) BANGI BAYO H.,
« La mondialisation », Regard d'Afrique, n°003,
Avril-mai 2003, p.22.
* (7) Loc.cit.
* (8) Savoir que la
mondialisation n'implique pas exclusivement les entités
étatiques. Elle concerne aussi des entités infraétatiques
transnationales, etc.
* (9) PINTO et GRAWITZ,
Méthodes en sciences sociales, , Ed. Dalloz, Paris 1971, p.289.
* (10) GOUNELLE, M., Les
relations internationales, Ed. Dalloz, Paris, 1961, p.1.
* (11) MIDAGU BAHATI E.,
Méthode à la recherche scientifique II, Cours
inédit, G2 Droit/B, UNIKIN, 2002-2006.
* (12) SHOMBA et TSHUNDOLELA,
Méthode de recherche scientifique, MES, Kinshasa, 2003, p.95.
* (13) La République
Arable Sahraouie Démocratique (RASD) possède le territoire, mais
aussi la population. Etant encore soumise à la souveraineté du
Maroc, elle n'a pas le statut d'un Etat.
* (14) DUPUY P.M., Droit
international public, 4e éd., Dalloz, Paris, 1998, p.29
* (15) Résolution 2625
(XXV) du 24 oct. 1970 sur la Déclaration relative aux principes touchant
les relations amicales et la coopération entre Etats conformément
à la Charte des Nations Unies.
* (16) LUNDA BULULU, Cours de
Vie internationale, Deuxième graduat Droit, UNIKIN, 2003-2004, p.37.
* (17) NGUYEN QUOC DINH ;
PELLET, A. et DAILLIER, P., Droit international public, 7e
éd., LGDJ, Paris, 2002, p.424.
* (18) DUPUY, P.M.,
op.cit ; p. 54.
* (19) DUPUY, P.M,
op.cit, p.54.
* (20) Charte de l'Organisation
des Etats Américains, art. 6, Bogota, 1948, RTNV, Vol.119, p.49.
* (21) SALMON, J.,
Dictionnaire du droit international, Bruyant, AUF, Bruxelles, 2002,
p.419.
* (22) Rec. 1949, p.22,
cité par DUPUY, P.M., op.cit, p.102.
* (23) Avis consultatif Rec.
CIJ, 1996, pp.241242, §29, Avis consultatif relatif à la
licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires.
* (24) Idem, § 53.
* (25) Voy DUPUY, P.M., La
responsabilité internationale des Etats pour les activités
d'origine technologique et industrielle, Pedone, Paris, 1976, p.30 et
ss.
* (26) CIJ, Affaire du
Détroit de Corfou, p.35.
* (27) SALMON, J.,
op.cit, p.746.
* (28) NGUYEN QUOC DINH ;
PELLET, A et DAILLIER, P., Droit international public, p.424.
* (29) SALMON, J.,
op.cit, p.746.
* (30) Loc.cit
* (31) Voy également la
Déclaration sur l'inadmissibilité de l'intervention dans les
affaires intérieures des Etats et la protection de leur
indépendance et de leur souveraineté ; La Résolution
2131 (XX) AG du 31 déc. 1965 ; ainsi que la Déclaration
relative aux principes du droit international touchant les relations amicales
et la coopération entre les Etats conformément à la Charte
des Nations Unies ; La Résolution 2625(XXV) AG du 24 octobre 1970.
Dans le même ordre d'idées, la Résolution 31/91 du 14
déc. 1976 précise et complète les textes antérieurs
indirects (Subversion, recrutement et envoi de mercenaires, refus d'assistance
au développement économique).
* (32) NGUYEN QUOC DINH ;
PELLET, A. et DAILLIER, P., op.cit, p.442.
* (33) NGUYEN QUOC DINH ;
PELLET, A. et DAILLIER, P., op.cit, p.443.
* (34) Loc.cit
* (35) Loc.cit.
* (36) DUPUY, P.M.,
op.cit, p.109.
* (37) SALMON, J.,
op.cit, p.746.
* (38) DUPUY, P.M.,
op.cit, p.109.
* (39) Rec. 1986, p.109,
§209.
* (40) DUPUY, P.M.,
op.cit , p.110.
* (41) DUPUY, P.M.,
op.cit, p.111.
* (42) Loc.cit.
* (43) DUPUY, P.M.,
op.cit, p.111
* (44) Loc.cit
* (45)
http://fr.wikipedia.org/Ing/ingerence_humanitaire.
* (46) Idem
* (47) Mario BETTATI ,
Le droit d'ingérence, Ed. De noël, Paris, 1987, p.12.
* (48) DEMANGE BOST , A. ,
Le droit d'ingérence ou la souveraineté des Etats,
Mémoire, Institut d'Etudes Politiques de Lyon, Lyon, 2000-2001, p.17.
* (49) Voir art. 2 §7 de
la Charte de Nations Unies.
* (50) NGOMA BINDA,
« Indépendance, Droit d'ingérence et Politique
Hégémoniques », in Les enjeux de la mondialisation
pour l'Afrique, Ed. Loyola xxxx
* (51) RUSSBACH Olivier, ONU
contre ONU, Le droit international confisqué, La découverte,
Paris, 1994, p.56.
* (52) KOUCHNER B. Mario
BETTATI, Le devoir d'ingérence. Peut-on les laisser
mourir ?, Denoël, Paris, 1987, p.86
* (53) KOUCHNER, B., Le
malheur des autres, Odile Jacob, Paris, 1991.
* (54
)http://fr.wikipedia.org/Ing/ingerence_humanitaire.
* (55) Idem
* (56) Ibidem.
* (57)
http://fr.wikipedia.org/Ing/ingerence_humanitaire..
* (58)
http://wikipedia.org/Ing/ingerence_humanitaire
* (59) Idem
* (60) BALANDA MIKUIN, Droit
des Organisations Internationales, Cours inédit, L1 Droit, UNIKIN,
2004-2005.
* (61) Idem.
* (62) Charte des Nations
Unies, Art. 27.1, 2 et 3.
* (63) BALANDA MIKUIN,
op.cit.
* (64) PELLET A,
« Les relations monétaires », Droit
international, bilan et perspectives, Tome 2, Ed. A. Pedone, Paris, 1991,
p.698.
* (65) BAKANDEJA wa MPUNGU,
op.cit, p.36.
* 66
http://www.wikijedia.org/mondialisation.
* 67 Idem
* 68
http://www.wikijedia.org/mondialisation.
* 69 Idem
* 70
http://www.wokijedia.org,
op.cit
* 71 Idem
* 72 Ibidem
* 73
http://www.wokijedia.org,
op.cit
* 74 Idem
* 75 WENER DEBONT, « la
mondialisation et l'Afrique » in mondialisation vue du sud,
op.cit, pp.92-93.
* 76 NDESHYO,
Théories des relations internationales, L2 Droit, UNIKIN,
2005-2006.
* 77 De SENARCLENS Pierre,
La mondialisation : Théories, enjeux et
débats, 3e éd. Armand Colin, Paris, 2002, p.71
* 78 A ELUNGU Pene, « l
mondialisation vue du sud », In Mondialisation du sud,
op.cit, p.117.
* 79 ALASSANE OUATARA,
«Les enjeux de la mondialisation pour l'Afrique », in Bulletin
FMI, 16 juin 1997, p.89.
* 80 perspective de
l'économie mondiale, « les enjeux de la mondialisation, in
bulletin, FMI, 19juin 1997
* 81 Norberg,Plan, plaidoyer
pour la mondialisation capitaliste, L`Harmattan, paris, 2005, p.16.
* 82 COHEN, D., la
mondialisation et se ennemis, Paris, Grisset, 2004,p.58.
* 83 Idem, p.56
* 84 COHEN, D.,op.cit,
p59
* 85 Loc.cit.
* 86 Loc.cit
* 87 Loc.cit
* 88 Fontanel, J.,
op.cit, p.187.
* 89 Idem, p.189
* 90 Loc.cit
* 91 Fontanel, J.,
op.cit, p.188.
* 92 Idem, pp.189 -190.
* 93 Loc.cit
* 94 NDESHYO,
Théories des Relations Internationales, L2 Droit, UNIKIN,
2004-2005, cours inédit.
* 95 NDESHYO,op.cit.
* 96 NDESHYO,op.cit.
* 97 Ibidem
* 98 Ibidem
* 99 Fontanel, J.,
op.cit, p.190
* 100 Loc.cit
* 101 Fontanel, J.,
op.cit, p.190
* 102 Fontanel, J.,
op.cit, p.190
* 103 Idem, p.192
* 104
http//www.agora.qc/mot.nst/dssiers/mondialisation.
* 105
http//www.agora.qc/mot.nst/dssiers/mondialisation.
* 106 Idem
* 107 MWEZE C.KINGI,
« Science, technologie, communication et
Mondialisation » , in les enjeux de la mondialisation pour
l'Afrique, Ed. Loyola, Canusius, Kinshasa, Avril 1998, p.119.
* 108 BREWSTER C. DENNY, La
Politique étrangère américaine au l'obligation de
cohérence, Economieca, Paris, 1988, p.59.
* 109 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, p.119.
* 110 Loc.cit.
* 111 Loc.cit
* 112 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, pp.120-122
* 113 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, p.124.
* 114 Loc.cit
* 115 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, pp.124-125.
* 116 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, pp.124-125.
* 117 Idem, p.125
* 118 Loc.cit.
* 119 MWEZE C. NKINGI,
op.cit, p.126
* 120 Loc.cit.
* 121 Loc.cit.
* 122 PELLET A, op.cit,
p.698.
* 123 Loc.cit
* 124 Idem, p.700.
* 125 PELLET, A.,
op.cit, p.698.
* 126 TOUSCOZ J., Droit
International, PUF, Paris, 1993, p.185.
* 127
http://sena.fr/Definiton de firme
multinationale.
* 128 MUCCHEILLI, J.L,
Multinationales et mondialisation, Ed. du Seuil, Paris, 1998, p.18.
* (129) NGANZI KIRONGO,
Droit de la coopération internationale, Cours à option
1e Licence Droit, UNIKIN, 2004-2005.
* 130 KRUGMAN, P.R., La
mondialisation n'est pas coupable ; vertus et limites du
libre-échange, Ed. La Découverte, Paris, 2000, p.73.
* 131 De MELO, J. et GRETHER,
J.M., Commerce international : Théories et
applications, De Boeck et Larcier, Paris-Bruxelles, 1997, p.390.
* 132 KRUGMAN, P.R.,
op.cit, p.73
* 133 Idem,
pp.73-74.
* 134 Ibidem, p.74.
* 135.KRUGMAN, P.R.,
op.cit, p.75.
* 136 Loc.cit.
* 137 KRUGMAN, P.R.,
op.cit, p.74.
* 138 Idem, p.75.
* 139 Loc.cit.
* (140) MUTUNDA MWEMBO P.,
« Les enjeux de la mondialisation en Afrique », in Les
enjeux de la mondialisation en Afrique, Ed. LOYOLA-CANISUIS, Kinshasa,
Avril 1998.
* (141) NDONGALA TADI,
op.cit, p.12.
* ( ) NDONGALA TADI, op.cit,
p.20.
* (142) Loc.cit.
* (143) NDONGALA TADI,
op.cit. p.21.
* (144) NDONGALA TADI,
op.cit. p.21
* (145) OHIORHENAU J.FF.E.,
« Le sud dans une ère de la mondialisation », in
Coopération Sud-PNUD, n°1988, pp.13-16.
* ( ) OHIORHENUAN J.F.E, op.cit,
p.16.
* (146) NDONGALA TADI,
op.cit, p.23.
* (147) Idem.
* (148) NDONGALA TADI,
op.cit, pp.23-24.
* (149) NGOMA BINDA,
op.cit, pp.146-147.
* (150) NTIRUMENYERWA KIMONYO
G., Droit de la sécurité internationale, Cours à
option, 2e Licence Droit, UNIKIN, 2005-2006, inédit.
* (151) BARACYETSE, P.
« L'enjeu géopolitique des sociétés
minières internationales en RDC », in S.O.S.
Rwanda-Burundi, Buezet, Bruxelles, 1999, p.2.
* (152) PEROUX, F.
Cité par Maurice BYE, op.cit, p.32.
* (153) BARACYETSE, P.,
op.cit, p.7.
* (154) Loc.cit
* (155) Panel, Exploitation
illégal des richesses de la RDC : Lettre du 12 avril 2001, du
Secrétaire général de l'ONU au Président du Conseil
de sécurité.
* (156) Rapport du 27 janvier
et 14 février 2003 des inspecteurs en désarmement de l'ONU.
* (157)
http//www.monde-diplomatique.fr/Michel T. KLARE, veillée d'armes contre
l'Irak, les vrais desseins de M. Georges Bush, in monde diplomatique, novembre
2002.
* (158)
http//www.monde-diplomatique.fr, op.cit
* (159)
http//www.monde-diplomatique.fr/Michel T. KLARE, op.cit.
* (160) Marie Massif-DES,
« Le partage armé du pétrole et de l'eau »,
in Journal de l'humanité, du 11/5/2003, p.6
* (161) NTIRUMENYERWA KIMONYO
G., op.cit.
* (162) Idem
* (163) http :
//www.intelik.info
* (164) http :
//www.intelik.info
* (165) Idem
* (166)http :
//www.intelik.info
* (167)http :
//www.intelik.info
* (168) Idem
* (169) http :
//www.intelik.info
* (170) Idem
* (171) http :
//www.intelik.info
* (172) Idem
* (173)http :
//www.intelik.info
* (174)http :
//www.intelik.info
* (175) Idem
* (176) Ibidem
* (177)http :
//www.intelik.info
* (178) http :
//www.intelik.info
* (179) http :
//www.intelik.info
* (180) Idem
* (181) http :
//www.intelik.info
* (182)http :
//www.intelik.info
* (183)http :
//www.intelik.info
* (184)http :
//www.intelik.info
* (185)http :
//www.intelik.info
* (186) Idem
* (187)http :
//www.intelik.info
* (188)http :
//www.intelik.info
* (189)http :
//www.intelik.info
* (190)http :
//www.intelik.info
* (191)http :
//www.intelik.info
* (192)http :
//www.intelik.info
* (193)http :
//www.intelik.info
* (194)http :
//www.intelik.info
* (195)http :
//www.intelik.info
* (196) Rapport de la
105e conférence de la Havane, 1e-7 avril 2001, sur
le respect des principes du droit international dans l'intérêt de
la paix et de la sécurité à l'échelle mondiale.
* (197)
http://www.senat.fr/uip/memoire105.htm.
* (198) Rapport de la
105e conférence, op.cit.
* (199) NGOMA BINDA,
op.cit, 135.
* (200) NGOMA BINDA,
op.cit, p.136.
* (201)NGOMA BINDA,
op.cit, pp.136.-137
* (202) Loc.cit,
* (203) NTUMBA LUABA,
Introduction à la science politique, G1 Droit/B, UNIKIN,
2001-2002
* (204) SUSAN G. et Wolf, M,
Pour et contre la mondialisation libérale, Ed. Grasset
&Fasquelle, Paris, 2002, p.18.
* (205) SAMIR AMIN, Les
défis de la mondialisation, L'Harmattan, Paris, 1996, p.7.
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