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La place de l'éducateur dans la relation parent - enfant

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par Aurélia Véquaud
IEPSCF Tournai - Educatrice Spécialisée 2007
  

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LA RELATION ÉDUCATEUR - PARENT

Educateur

Parents

Enfants

Le lien éducateur - parent ; est un lien assez difficile car les parents ne sont pas toujours coopératifs avec l'équipe pluridisciplinaire. Les éducateurs sont parfois vus comme des « enleveurs » d'enfants aux yeux des parents. Nous devons alors travailler avec la famille, et lui faire comprendre que notre travail est de les aider momentanément dans leurs difficultés familiales. Il arrive souvent que les familles soient en désaccord avec l'ensemble du système judiciaire (juge, assistant social, éducateurs...) soit parce qu'ils ne veulent pas voir leurs difficultés en face, soit parce qu'ils n'acceptent pas qu'on leur ait pris leurs enfants et ont peur des réactions de l'entourage.

A l'inverse parfois, la relation se passe très bien, il y a une forme de cohésion autour du jeune. Il peut y avoir un relais qui s'installe entre les adultes au bénéfice de l'enfant. Lors d'un stage, j'ai rencontré une situation où la maman avait très peur du placement de sa fille (ancienne jeune placée). Voyant sa fille vivre sereinement au sein du groupe de vie, la maman s'est apaisée. Depuis, la relation avec les éducateurs se passe mieux.

a) Relation complémentaire

La mesure de placement signe parfois l'incapacité des parents et entraîne souvent un sentiment dépressif d'insuffisance, voire de déchéance. Parfois il arrive que les enfants soient placés car les parents sont fatigués. Certains parents sont prêts à accepter n'importe quel placement, en revanche, d'autres craignent que l'éducateur accapare leur enfant. La question de la rivalité entre parents et professionnels est certainement l'une des plus difficiles à traiter dans un travail institutionnel. Néanmoins, elle conditionne l'évolution ou à l'inverse la stagnation de l'enfant. En effet, un travail éducatif sera d'autant plus efficace s'il y a une collaboration entre parents et éducateurs.

Fréderic Jésu17(*) parle de co-éducation : « La coopération active et éclairée des parents, des professionnels et des autres acteurs, privés ou publiques, de l'éducation sociale et institutionnelle de l'enfant. » Par définition, l'éducateur spécialisé qui travaille auprès d'enfants ou d'adultes, en milieu ouvert ou en internat, est acteur de cette co-éducation.

A mon avis, co-éduquer implique d'abord de se sentir concerné par la situation des jeunes. Pour une bonne co-éducation, il faut que nous soyons avec les parents, cohérents vis-à-vis de l'enfant. C'est-à-dire qu'il faut que la dyade éducateur - parents, décide ensemble d'une conduite à tenir afin que chacun puisse répondre aux besoins et aux demandes de l'enfant.

Pour moi, en tant que future professionnelle, il s'agit de prouver aux parents que je ne suis pas là pour les juger, ni pour les remplacer mais bien pour leur démontrer la nécessité d'une collaboration dans l'intérêt de l'enfant.

L'important est d'instaurer une relation. Si les parents acceptent l'éducateur en tant que professionnel, le travail axé avec l'enfant sera positif. C'est ce que j'appelle une relation complémentaire ; les deux systèmes, familial et éducatif se complètent l'un l'autre pour une meilleure entente concernant l'enfant.

Il est important de faire participer les parents à la prise en charge de leurs enfants, surtout si un retour en famille est envisagé. Avec les parents il y a un travail d'écoute car beaucoup de parents vivent mal le placement. On peut aussi jouer un rôle de médiateur lorsque les relations entre parents et enfants sont conflictuelles. Toutefois, le travail en collaboration avec les parents est important afin de trouver rapidement la solution la plus adaptée pour leur enfant.

Comment intégrer les parents ? En tant que future éducatrice il est de mon devoir de mettre en place un partenariat entre parents et professionnels dans le cadre de l'éducation de l'enfant. Cette relation peut se faire à travers divers exemples. Il ne faut pas oublier que l'enfant a une place essentielle dans le partenariat car il est l'enjeu des échanges. C'est pour lui que parents et professionnels s'affairent.

· Inviter les parents aux fêtes d'écoles et/ou aux réunions de parents, les appeler personnellement et leur expliquer que l'enfant fait une danse ou un chant avec l'école et que la venue des parents est souhaitable.

· Organiser avec les parents un pique-nique à l'extérieur de l'institution. Ce serait un moment remplis d'échanges entre l'éducateur et les parents mais aussi cela permettrait de passer du temps avec leurs propres enfants. La relation passerait peut-être mieux que derrière un bureau, il y aurait plus de complicité.

· Envoyer des photos aux parents de l'enfant et inversement. Les parents auraient l'impression de rester en contact avec leur enfant, ils pourraient l'imaginer dans l'institution. Prendre une photo quand il joue dans sa chambre, quand il fait ses devoirs, quand il mange, à son anniversaire...Tous ces petits moments qui échappent aux parents et qui peuvent donner l'impression que les parents n'ont pas vu leur enfant grandir.

· Demander aux parents quelles sont leurs habitudes, leurs pratiques personnelles, sans être intrusive. Par exemple qu'est-ce que l'enfant aime manger, est-ce qu-`il y a la lecture d'une histoire le soir...tous ces petits rituels qui rassureront l'enfant.

· Donner un moment de la journée aux parents, dans l'institution, pour s'occuper de leur enfant, avec notre aide. Ce moment peut être au lever. Organiser avec les parents un jour où ils pourraient venir réveiller leur enfant et déjeuner avec lui. Ce moment peut être le soir lors du bain, ou du repas.

Toutes ces propositions ne sont peut-être pas applicables car cela dépend de la situation familiale, de la raison du placement, de l'organisation de l'institution. Mais si je pouvais avoir carte blanche pour travailler avec les parents, si tous les moyens nécessaires était réunis, ce serait un vrai bonheur pour les parents, pour les enfants et pour nous-mêmes que de travailler ainsi en cohésion.

Tout ces exemples amélioreraient la relation éducateurs - parents et favoriseraient l'accompagnement du jeune. Car nous formerions une vraie équipe autour de l'enfant.

b) Relation conflictuelle

Si la relation est mauvaise, notre travail sera d'autant plus difficile car la famille n'est pas en relation avec l'institution.

Le placement fait peser sur la famille l'image de mauvais parents. Il remet en cause leur statut et dévalorise la famille aux yeux de tous. Les parents se jugent alors fautifs et ressentent un lourd sentiment d'incapacité. De ce fait, le retrait de leur enfant est une véritable blessure, et ce, je pense, quelque soit le positionnement des parents à l'égard du placement de l'enfant. Ainsi toute décision de retirer l'enfant de son milieu familial est douloureusement vécue.

Elle peut être vécue comme une atteinte au groupe familial qui est déjà souvent fragilisé, mais elle peut être également vécue comme une blessure narcissique. C'est-à-dire que chaque parent peut se sentir blessé par rapport à son image personnelle mais aussi dans sa fonction de ne pas avoir assuré le rôle parental.

Comme le précise Myriam David 18(*) « Les parents vivent le placement comme une dépréciation, une disqualification, un jugement ; ils se sentent mauvais : parents inaptes, incapables, indignes et aussi coupables donc punis et sanctionnés. »

De plus le placement suscite chez certains parents des réactions agressives de rejet à l'égard de l'institution, voire de leur propre enfant.

Cela je l'ai vécu durant mon stage de première année. Une maman refusait tout échange avec l'équipe éducative et « oubliait » consciemment de prendre des nouvelles de ses enfants. Ces enfants bénéficiaient d'un retour famille tous les week-ends. Tous les vendredis, la maman téléphonait à l'institution pour dire qu'elle avait un empêchement de dernière minute et qu'elle ne pourrait pas venir les chercher.

Toutefois chez certains parents nous pouvons percevoir une relative acceptation de la séparation. D'après Maurice Berger19(*), « ce serait dû au fait d'un aménagement de la part des parents d'une aire illusoire ». Ce qui leur permettrait de supporter de manière prolongée l'absence de leur enfant. Ils se construisent alors comme si leur enfant allait leur être rendu prochainement.

C'est le cas de Madame F, mère de deux fillettes, durant mon stage de troisième, qui a souhaitée elle-même placer provisoirement ses enfants.

c) Où sont mes filles ?

Lors de mon stage au foyer de l'enfance de Lille, j'ai pu remarquer que tous les parents n'avaient pas leur place dans la relation triangulaire idéale : institution - enfant - parent. On parle alors de relation dyade quand seulement deux protagonistes sont réunis, au lieu de trois !

En effet, le foyer de l'enfance de Lille est un foyer d'urgence. Autrement dit, on y accueille des enfants et adolescents qui sont en danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Danger qui peut bien évidemment venir des parents. De même, certains parents sont, suite à un jugement, déchus de leurs droits parentaux, il me semble donc difficile, dans ce cas-ci, de travailler et de prévenir des changements concernant les enfants.

A l'inverse, quand ce n'est pas le cas, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de danger pour les enfants de la part des parents, j'ai constaté que les éducateurs n'étaient pas forcément en étroite collaboration, dans le sens où ils ne demandent pas l'avis des parents mais plutôt, les informent du changement, ce qui est nettement différent. Je me souviens par exemple, que deux soeurs Lisa et Mathilde, sont arrivées au foyer parce que la maman ne savait plus s'occuper d'elles. La maman nous avoua qu'elle risquait de faire une bêtise et qu'elle préférait que ses filles soient placées temporairement, le temps qu'elle se rétablisse moralement. Je trouve déjà que c'est une excellente démarche et je pense sincèrement qu'une collaboration avec la maman est faisable et indispensable, au vu de l'état conscient et responsable de la maman. Le juge a donc décidé d'un placement provisoire de 6 mois avec obligation pour la maman de se faire soigner et autorisation de visite deux fois par semaine (le mercredi et le samedi) au sein de l'institution.

Une semaine après leur placement, il a été décidé par l'équipe éducative que les deux fillettes changeraient d'école à trois mois de la fin de l'année scolaire, il faut le préciser, pour un souci d'organisation de l'équipe. J'ai trouvé ce changement totalement déplacé. Il n'y a eu aucune communication avec la maman pour parler de cette décision brutale. Il est important de préciser je pense, que la maman a été mise au courant deux semaines plus tard !

Je pense que c'est une faute énorme commise par l'équipe éducative et qui a manifestement entravé la collaboration éducateur - parent. La mère s'est sentie trahie, elle a voulu confier ses enfants et elle s'est retrouvée avec des décisions qu'elle était obligée d'accepter.

Quand l'éducatrice référente des deux soeurs a téléphoné à la maman pour, enfin, la prévenir, celle-ci a dit : « Nous avons changé d'école vos filles », alors qu'il aurait fallu dire, pour une meilleure relation et pour un meilleur travail : « Nous pensons changer d'école vos filles ». Nous aurions dû demander son accord, la maman a encore son mot à dire, elle n'est pas déchue de son droit parental, alors pourquoi l'avoir mise dans une situation, que manifestement, elle ne pouvait plus contrôler ?

Ce genre de situation n'est bénéfique pour personne, car cela entrave la relation éducateur - parent ; éducateur - enfant mais aussi enfant - parent.

Cette situation n'aurait jamais du avoir lieu. La maman nous a confié ses enfants le temps qu'elle se soigne moralement, c'était une façon de nous demander de l'aide. Nous aurions du répondre a sa demande et travailler avec elle en collaboration. Au lieu de ça, c'est comme si nous lui avions enlevé ses enfants, cette mère de famille a du se sentir trahie. Comment peut-elle, par la suite, avoir confiance en nous, éducateurs, et travailler en partenariat ?

Nous n'aurions pas du changer d'école les enfants, Lisa et Mathilde étaient je pense assez chamboulées par ce qui leur arrivaient, pour décider de les changer d'établissement scolaire. Il est vrai que ce changement s'est fait pour une question d'organisation du service (la conduite des enfants le matin à l'école). Cela dit, je pense qu'un arrangement avec l'école était possible, autrement dit leur demander si c'était possible que Lisa et Mathilde arrivent avec 5 minutes de retard par exemple.

Il est cependant essentiel parfois, qu'il y ait une coupure entre les parents et les enfants, surtout en cas de graves conflits et/ou de danger. Ceci afin de permettre de repartir sur de bonnes bases. J'entends par le mot coupure, pas un arrêt total des relations, car c'est impossible mais plus une pause dans la relation. Car même si les parents sont maltraitants par exemple, cela reste des parents et les enfants en ont besoin ! Le juge donnera toujours l'autorisation de garder un contact minimum (coup de téléphone, visite encadrée...) Il faut privilégier la relation triangulaire ; institution - enfant - parents afin d'aider au mieux le jeune.

Cependant, le partenariat et la collaboration sont essentiels dans la prise en charge éducative. Il est vrai que lorsqu'un professionnel dénigre ou néglige les parents, comme nous venons de le voir, je pense que c'est l'enfant et son devenir qu'il dédaigne. Mais c'est aussi l'enfant et son avenir qui sont dépréciés quand les parents ignorent ou disqualifient les professionnels.

* 17 Fréderic Jésu, co-éduquer, éd Dunod, 2004, page 23

* 18 Myriam David, Le placement familial, de la pratique à la théorie, éd ESF, 1997, page 72

* 19 Maurice Berger, Les séparations à but thérapeutiques, éd Dunod, 1997, page 183

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