L'IMPORTANCE DE CHACUN DES DEUX
PARENTS :
Nous
venons de voir que le père tout comme la mère sont importants
dans la vie de l'enfant. Même si les comportements sont amenés
à changer de plus en plus du fait de la mentalité de la
société, les parents restent une figure essentielle dans le bon
développement de l'enfant.
Le
père s'ouvre davantage à la fonction affective tout en gardant
son rôle de tiers séparateur, et la mère ose prendre plus
de temps pour elle, tout en restant la première figure d'attachement de
l'enfant.
Il
est nécessaire pour l'enfant d'être pris en charge par les deux
parents, car ils se complètent pour assurer l'éducation de leur
enfant. Dans une famille monoparentale, il y a un manque même si l'adulte
joue en alternance les deux rôles à la fois. D'abord parce que
celui-ci peut s'épuiser, puis lorsqu'il y a un conflit entre le parent
et l'enfant, il n'y a pas d'autres personnes pour rassurer l'enfant. L'enfant
n'a personne vers qui se tourner pour être rassuré de l'amour de
sa mère.
Pour
grandir un enfant a besoin de la tendresse d'une mère et de la
fermeté d'un père. Cela n'empêche pas la mère
d'être sévère, si nécessaire, et le père
d'exprimer sa tendresse, mais chacun le fera à sa façon. En fait,
l'éducation est la responsabilité des deux parents, mettant en
oeuvre ensemble, une autorité où la tendresse est
inséparable de la fermeté.
Il
est important pour l'enfant qu'il voie ou entende parler de ses parents dans
des termes positifs. Il faut qu'il comprenne qu'il vient de l'union de deux
personnes qui s'aiment. Un enfant à autant besoin de son père que
de sa mère, contrairement à ce que certaines personnes peuvent
penser. Car nous pourrions entrer dans le débat de couple homosexuel qui
a un enfant, mais je m'éloignerai du sujet.
Educateur
Parents
Enfants
Prenons en exemple une situation pour illustrer quel pourrait
être le rôle de l'éducateur dans la relation parent -
enfant.
Cet exemple ne montrera que quelques aspects du rôle de
l'éducateur, car c'est une situation particulière, à un
moment donné, dans un lieu donné avec des personnes
données.
Amélie est une jeune fille de 11 ans, qui a quelques
problèmes de poids, en effet, Amélie est d'une corpulence assez
forte et doit vraiment faire attention à sa santé. Malgré
nos remarques et conseils, Amélie continue de manger beaucoup de
sucre.
Elle rentre tous les week-ends chez elle. Un soir, alors
qu'elle rentre seule de l'école, elle arrive en retard et nous donne
pour explication une histoire abracadabrante sur sa copine qui se serait
foulé la cheville et qu'elle a du raccompagner chez elle car personne ne
pouvait venir la chercher. En me parlant, je trouve qu'Amélie est
bizarre et que son histoire l'est aussi. Au moment du coucher, je monte dans sa
chambre pour avoir une explication et trouve sur son lit un petit sac rempli de
bonbons. Je lui rappelle alors que ce n'est pas bien et qu'elle doit vraiment
faire attention à son poids. Je décide d'en parler à une
collègue et lui explique l'histoire du mensonge (alors qu'en fait elle
était en retard parce qu'elle s'était acheté des bonbons.)
Le lendemain, nous organisons une discussion avec elle pour qu'elle nous
explique ce qu'il s'est passé la veille. Amélie nous dit
finalement que c'est sa mère qui lui a donné de l'argent ce
week-end pour se faire plaisir, et que comme c'est sa mère qui lui a
donné, nous n'avons rien à dire ! Ma collègue et moi
prenons l'initiative d'appeler sa maman et lui expliquons brièvement la
situation. Nous demandons à la maman si c'est bien elle qui lui a
donné de l'argent pour des bonbons. La mère nous dit qu'elle
n'est pas au courant de cette histoire et demande à parler à sa
fille. Elle lui fait quelques remontrances, lui expliquant que beaucoup de
personnes s'inquiètent pour sa santé. Une fois le
téléphone raccroché, nous poursuivons la discussion et
Amélie s'excuse auprès de nous pour nous avoir menti et nous dit
être très étonnée qu'on ait appelé sa
mère.
Je pense que ce coup de fil a eu de grandes
répercussions dans la relation entre l'éducateur et
Amélie, dans la relation entre l'éducateur et la mère, et
aussi dans la relation entre Amélie et sa mère.
Cette situation témoigne des différentes places
de l'éducateur. Analysons maintenant quelle place peut avoir
l'éducateur dans la relation parent - enfant. En effet,
l'éducateur peut être médiateur, il peut aussi avoir une
place de suppléance parentale, c'est aussi un transmetteur des
limites.
a) Le rôle de médiateur :
Dans cet exemple, l'éducateur a une place très
importante : celle de médiateur. Par médiateur on
entend : personne qui intervient entre deux personnes pour aider
à résoudre un conflit, faire avancer un projet. A ce moment
là, l'éducateur a permis que la situation évolue
positivement. Il a été un lien entre Amélie et sa
mère et a permis à celle-ci de retrouver sa place de mère.
Ce coup de fil a permis de réguler la situation, de trouver un
équilibre où chacun est à sa place.
b) Le rôle de suppléance parentale :
Nous avons aussi eu un rôle de suppléance
parentale. En effet, le fait de travailler dans un foyer, l'éducateur a
une importance particulière. Ma collègue et moi avons
tenté d'agir comme une mère l'aurait fait mais évidemment
pas de la remplacer. Amélie faisant référence à sa
mère « c'est ma mère qui m'a donné les
sous », nous avons pris l'initiative de l'appeler pour que
chaque place soit au claire.
Nous nous substituons aux tâches
éducatives : assurer la sécurité d'une bonne
hygiène de vie : alimentation correcte, sommeil régulier,
suivi médical, suivi scolaire, bonne hygiène,
socialisation...Nous devons aussi leur assurer un bon épanouissement
affectif et psychomoteur. Donner du temps, de la disponibilité, de la
tendresse, être présent...
En écrivant ce travail de fin d'étude, je me
rends compte que le bon mot à employer ne serait pas substitut mais
suppléance parentale, qui renvoie peut-être plus à du
temporaire. Nous sommes là en complément des parents, puisque
nous avons vu qu'ils avaient toujours l'autorité parentale sur leurs
enfants. Tandis que la notion de substitut m'évoque plus le fait de
remplacer quelqu'un. Et ce n'est pas notre fonction. Je pense que la
suppléance ouvre plus à des perspectives de collaboration avec
les parents.
c) Le rôle d'être un transmetteur des
limites :
Tous comme les parents le sont, l'éducateur est un
transmetteur des limites qui nous permet de nous construire et de vivre avec
les autres. Nous nous sommes appuyés de l'aide de la mère pour
transmettre une limite ainsi qu'un message à Amélie. Nous avons
agi tous les trois (ma collègue, la mère et moi-même),
ensemble, dans le même objectif, le bien-être d'Amélie.
D'un autre côté, la mère a
été revalorisée dans ses fonctions, en effet, au quotidien
la mère a tendance à éviter les conflits avec sa fille car
elle ne la voit que le week-end. La mère a donc retrouvé une
certaine place auprès de sa fille.
Lorsque les enfants sont placés en institutions, les
parents peuvent se sentir dépossédés de leurs fonctions,
ou ils peuvent aussi ne plus se sentir impliqués dans l'éducation
de leurs enfants. C'est en ça que je trouve qu'il est important de
travailler avec les familles. Je pense qu'on ne les rencontre pas assez. Il est
utile d'associer les familles au travail qui se fait dans l'institution.
Cela a plusieurs effets. Tout d'abord un effet rassurant pour
les parents mais également pour l'enfant (il doit sentir que ses parents
sont toujours là). Ensuite cela permet aux éducateurs et aux
parents de travailler ensemble, avec des objectifs communs. Les parents se
sentent moins isolés, et peuvent peut-être trouver en nous, un
appui, un relais dans leur « métier » de parents.
Je pense que l'éducateur possède une place
primordiale et centrale dans la relation parent - enfant. Et nous ne devons
jamais dénigrer devant les enfants les mots ou les comportements de
certains parents car nous ne sommes pas là pour porter des jugements.
d) Le rôle de référent :
La relation éducateur référent et enfant
est très particulière.
Ainsi durant mon stage de troisième année, j'ai
souvent entendu dire venant d'un enfant « c'est mon
éduc ». A l'inverse les éducateurs me disaient
« c'est mon gamin ». Cela marque bien le processus
d'appropriation dans lequel les deux personnages sont engagés. Le risque
est alors celui de l'enfermement de l'un à l'autre dans une relation
fusionnelle.
Dans certaines institutions, il y a ce qu'on appelle des
éducateurs référent. C'est-à-dire qu'ils ont en
charges un ou plusieurs enfants. En fait, leur propre rôle est
d'être garant du projet de l'enfant.
Au foyer de l'enfance de Lille, chaque jeune a un
éducateur référent. Dès l'arrivée d'un
enfant, un éducateur se propose pour être son
référent. Autrement dit, le jeune va s'adresser plus
particulièrement à « son éduc ». Ce
dernier a pour rôle de travailler sur la globalité de la situation
du jeune. Le référent aura alors une relation plus
privilégiée avec la famille, l'école, les
différents partenaires. Le rôle de référent conforte
aussi tous les partenaires extérieurs qui n'ont affaire qu'à une
seule et même personne et qui plus est connaît bien le dossier du
jeune.
Amandine est une jeune adolescente de 14 ans, placée au
foyer pour avoir subi des violences sexuelles de la part de son père, sa
mère étant malade psychologiquement, elle ne pouvait avoir la
garde d'Amandine. C'est une jeune fille assez rebelle envers les autres
enfants, qui n'accepte pas beaucoup l'autorité, mais finit par s'y
plier. Un soir où je lui demande de m'aider à débarrasser
la table, elle prend ça pour une punition, renverse toutes les chaises,
m'insulte gratuitement, mais au bout de 5 minutes, se calme toute seule,
revient me voir dans la cuisine et m'aide à débarrasser comme si
de rien n'était. C'est une enfant surprenante et déstabilisante
à la fois.
Cela dit, Amandine avait la manie de ne s'adresser qu'a
« son éduc » comme elle l'appelait. Puisqu'elle
avait compris que c'est lui seul qui gérait les visites avec sa maman,
avec son papa en prison, au tribunal...C'était la seule enfant du groupe
qui n'appelait pas l'éducateur par son prénom mais elle disait
toujours « mon éduc ». D'ailleurs il y avait, avec
les autres enfants que l'éducateur avait en charge, une sorte de petite
rivalité gentille. « C'est mon éduc, pas le tien,
j'était là avant toi ». Mais je pense quand même
qu'elle le faisait exprès pour nous déplaire, car elle savait
très bien que l'équipe éducative autour d'elle
démarrait au quart de tour quand on l'entendait dire cette phrase.
Cet exemple montre bien la relation privilégiée
qu'on peut avoir avec un jeune en étant son référent.
La non référence dans une institution peut tout
aussi bien fonctionner. Autrement dit, tous les membres de l'équipe sont
référent de tous les enfants. Par contre dans ce système
là, il est important que le travail d'équipe soit bien fait, et
que la parole circule normalement, d'où l'importance des réunions
d'équipes pour pouvoir échanger avec les différents
collègues. La communication entre nous doit être efficace et cela
permet à chaque éducateur de suivre au mieux le projet de
l'enfant afin de lui apporter les réponses nécessaires, en cas de
besoin de l'enfant, sans attendre le retour de l'éducateur
référent. Le jeune n'est ainsi pas tenu de rencontrer toujours le
même éducateur, car que faire quand le jeune ne s'entend pas avec
l'éducateur référent ? Est-ce l'accompagnement du
jeune qui en pâtit ? De plus, cela permet au jeune de ne pas
différer sa demande. On ne va pas dire à un adolescent,
« ton éducateur est en vacances pour une semaine, reviens la
semaine prochaine avec tes problèmes ! »
Le rôle de référent peut donner lieu
à un débat. Cela dépend des institutions. Pour ma part,
l'éducateur référent permet une bonne relation avec le
jeune et donc peut-être un bon accompagnement (même si un bon
accompagnement ne tient pas qu'à une bonne relation !), en revanche
la non référence permet peut-être une relation plus
homogène dans l'institution.
Pour conclure, l'éducateur a une place primordiale dans
la relation parent - enfant. Il doit avoir une liaison aidante et amener les
parents à s'impliquer davantage dans l'éducation de leurs
enfants. Il doit permettre que chacun (re)trouve sa place, avec les fonctions
qui leur sont propres. Je pense que nous ne devons surtout pas être
inquisiteur, moralisateur et encore moins juge. Nous pouvons parfois aussi agir
pour redonner du sens et du possible à la communication au sein des
familles, en apaisant certains conflits (en expliquant à un adolescent
ce que sont les difficultés d'être parent, et parfois en
rencontrant les parents, leur expliquer ce que vit l'adolescent).
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