Introduction.....................................................................................................................................................................
2 -
I.L'éducateur et ses
outils..................................................................................................................................-
5 -
1 Qu'est ce qu'être éducateur
spécialisé
?.............................................................................................-
5 -
2. Les outils de
l'éducateur......................................................................................................................................-
9 -
3. Présentation du public
concerné.....................................................................................................................-
19 -
II La relation parent -
enfant.....................................................................................................................-
21 -
1. L'enfant et le
père................................................................................................................................................
- 21 -
2. L'enfant et la mère
.............................................................................................................................................-
28 -
3. L'importance de chacun des deux
parents :...............................................................................................
- 30 -
III L'éducateur dans la relation parent -
enfant..............................................................................-
31 -
1. La relation éducateur -
enfant........................................................................................................................-
36 -
2. La relation éducateur -
parent.......................................................................................................................
- 41 -
3. Quelques modèles dont peut s'inspirer le travail
éducatif..................................................................-47-
Conclusion.......................................................................................................................................................................-
51 -
Bibliographie.................................................................................................................................................................-
53 -
La société ne permet pas à chacun de
pouvoir réussir, elle rejette de nombreuses personnes qui ne partagent
pas la norme collective. Certaines naissent avec une bonne étoile, sont
en bonne santé, ont la chance d'avoir des parents attentionnés,
soucieux de la bonne éducation de leurs enfants...D'autres viennent au
monde avec au pied, un véritable boulet (handicap social, physique,
mental). Ces personnes-là devront s'accrocher un peu plus que les
autres, devront se prouver à eux mêmes mais aussi montrer à
leurs proches que c'est possible, et que le bonheur, le bien-être n'est
pas réservé qu'à une seule catégorie de
personnes.
Le secteur du social m'a toujours intéressé.
J'ai toujours voulu travailler en institution, être présente pour
les enfants qui traversent des périodes difficiles (manque d
`amour, rejet, graves problèmes au sein de la famille...) les aider et
pouvoir partager leur quotidien.
Le choix de ce métier, s'il n'est pas le fruit du
hasard, n'est pas neutre. Je pense que vouloir vivre avec des
personnes en difficulté est signifiant. Pour entrer en relation avec un
être exclu ou différent, l'éducateur doit être
sensible à la souffrance de l'autre, aux problèmes de la personne
dont il a la charge, quelque chose qui lui fasse comprendre de
l'intérieur, ce que peut ressentir un être humain en grande
difficulté.
Un éducateur travaille avec sa personnalité et
non sur des capacités techniques ou une compétence en
matière d'inadaptation, certes utiles mais pas suffisantes. Son action
ne repose pas sur un savoir, bien qu'il soit indispensable mais sur une
capacité à être en relation dans la vie quotidienne de
l'enfant, trouver l'attitude éducative la plus appropriée. Quand
on décide de devenir éducateur c'est pour aider les autres. On
sait très bien, qu'émotionnellement, cela va être dur. Au
fil des années, notre « moi » va être parfois
sérieusement interpellé. Travailler en institution implique de
travailler dans le quotidien des jeunes en difficultés, il n'y aura pas
le bureau du psychiatre ou du psychologue pour nous protéger. On vit la
situation avec et à travers le jeune.
Ce qui implique que l'éducateur doit être au
clair avec ses motivations. Pour ma part, je veux être éducatrice
spécialisée depuis que j'ai 14 ans ! Je pense qu'il y a une
certaine forme de vécu personnel qui joue mais aussi et surtout une
vocation qui est présente depuis longtemps. Familièrement, on
pourrait dire que cela me colle à la peau !
Ce travail de fin d'étude porte sur la place de
l'éducateur dans la relation parents-enfants. Autrement dit, quelle
place, les parents d'enfants placés en institution, accordent-ils
à l'éducateur spécialisé et inversement, la place
des parents lorsque l'enfant est placé. Pour cela, je me poserai la
question : qu'est ce qu'être un éducateur
spécialisé ? Quelle est la vision que les gens ont de
nous ? Je rappelle donc brièvement la transformation du
métier. Ce qu'évoque le mot éducateur avant et de nos
jours ? Ensuite, je parlerai de certains outils de l'éducateur,
importants pour la relation éducative.
En deuxième partie, j'aborderai la place des deux
parents aux côtés de l'enfant, pour permettre de comprendre
pourquoi la place de l'éducateur peut être une question difficile.
Ce passage est important pour comprendre la troisième partie :
Qu'est ce qui fait que les parents ont peur de perdre leur enfant avec
l'arrivée de l'éducateur dans la famille ? Je ferai la
différence entre la relation père - enfant et la relation
mère -enfant.
Et enfin, je tenterai d'expliquer la place de
l'éducateur dans la relation parents/enfants. Comment les parents
ressentent « cet intrus » dans leur relation avec leur
enfant ? Je parlerai du rôle de référent, de
substitut, de pôle identificatoire. Des mots qui peuvent effrayer les
parents. Mais aussi de la relation éducateur / enfant et
éducateur / parents.
Je précise que ce travail de fin d'étude est
basé sur des enfants retirés de leurs parents et placés en
foyer d'hébergement J'illustrerais mon travail avec mes diverses
expériences notamment mon stage de 1ere année effectué
à Notre Dame des Anges à Mouscron.
Les noms des enfants et professionnels que j'ai pu rencontrer
lors de mes différents stages, ont été changés par
souci d'anonymat.
Je suis bien consciente que ce mémoire n'est qu'une
ébauche et qu'il y aurait encore bien des choses à dire et
à apprendre. Car il est vrai que travailler dans ce domaine permet un
enrichissement personnel. Dans la relation, chacun apporte un plus à
l'autre.
QU'EST-CE QU'ÊTRE ÉDUCATEUR
SPÉCIALISÉ ?
Avant d'aborder cette partie, je vais tenter de vous expliquer
« ma » notion du mot éducateur. La profession
d'éducateur est mal connue. Elle est bien souvent restreinte à un
seul type de population : les éducateurs s'occupent des enfants.
Mais ce n'est pas que cela. Les éducateurs travaillent
auprès de personnes handicapées, malades mentaux,
délinquants, asociaux, toxicomanes...Ils peuvent intervenir dans des
foyers, des institutions, des quartiers, des lieux d'accueils, dans les
familles, en milieu ouvert, en internat...Les éducateurs
spécialisés peuvent prendre en charge des enfants, adolescents,
adultes, avec pour but commun de les accompagner, les aider, les soutenir au
mieux dans l'appropriation de leur espace physique, psychique et social.
Mon domaine d'action serait plutôt le placement
familial. Mon analyse s'est faite à travers mes stages en institutions.
Je définirai alors mon métier tel que je l'ai perçu dans
les différents établissements.
- Ecouter, avec attention, précision, respect et
surtout sans jugement. C'est-à-dire, que je dois être capable
d'écouter un jeune. Je dois me mettre à son niveau pour
l'entendre et ne pas toujours lui faire la morale.
- Etablir la confiance. Prendre le temps de connaître le
jeune qui vient d'arriver dans l'institution. Accepter qu'il nous défie
et inversement.
- Aider à parler du conflit, il n'est pas question de
le gommer, mais plutôt de le nommer, de le comprendre, d'aider à
l'éclaircir. Il est nécessaire de prendre un temps pour parler de
la cause du placement, afin que le jeune ait la possibilité de
comprendre un peu mieux la raison du placement.
- Accompagner l'enfant : à travers le quotidien,
nous l'accompagnons par des gestes simples ; que ce soit pour la toilette,
pour l'école, pour les loisirs etc....Etre présent pour l'enfant
comme le feraient ses parents.
- Permettre d'exprimer la souffrance : dans le cas du
placement familial, il s'agit de la souffrance de séparation et des
souffrances antérieures au placement. C'est important pour l'enfant, qui
ne comprend pas toujours la raison du placement, qu'il s'exprimer par des cris,
des pleurs, des colères, des paroles, des dessins etc.....L'enfant peut
parfois avoir des réactions de violence ou de grande tristesse face
à l'incompréhension liée au placement. Il a besoin
d'être accompagné et compris dans ces moments difficiles.
- D'établir ou de rétablir un dialogue :
l'enfant ne doit pas se renfermer sur lui-même, l'éducateur doit
créer le lien puis le maintenir. Tout en respectant sa liberté,
son besoin d'être seul, il faut être attentif et ne pas le laisser
se replier sur lui-même.
- Définir un projet individuel et/ou
professionnel : toute équipe éducative a un projet pour
l'enfant, cela permet de le hisser vers l'autonomie. Le but est de veiller, de
l'aider, de lui apprendre les choses de la vie, comme le feraient des parents,
sauf que nous sommes éducateurs.
Je pense que ces 7 points doivent être le fil conducteur
de notre profession. Car les parents préoccupés par leurs
problèmes personnels ou familiaux, ne sont pas ou plus en mesure de
repérer, de voir ou d'imaginer les besoins spécifiques de leurs
enfants, différents des leurs. Et c'est là que nous intervenons
pour aider les enfants. Les parents sont en difficulté face à
l'éducation de leurs enfants. Ils ne sont pas toujours en mesure
d'apporter des solutions à leur problème.
Un éducateur n'est pas là pour que tout se passe
bien. Un silence entre un éducateur et un enfant peut-être tout
aussi bénéfique qu'une bonne entente. L'éducateur doit
aussi pouvoir « bousculer » l'enfant, le faire
réagir.
Un éducateur a pour rôle de contribuer, en
partie, aux apprentissages essentiels d'une personne pour qu'elle s'inscrive au
mieux dans son environnement. Il s'agit d'être présent,
d'accompagner l'enfant dans l'institution où il vit, et qui nous
délègue une responsabilité. Mais aussi, être
à l'écoute, l'aider dans ses apprentissages, lui donner un cadre
structurant, le valoriser, l'aider à se construire, à devenir
autonome. Il faut aussi lui donner un environnement chaleureux. Etre
éducateur, c'est être substitut parental, sans être
parent.
L'éducateur à un rôle, une mission. Ces
deux termes sont très proches et donc difficiles à
définir. Rôle, mission, on pourrait penser que ces termes sont
équivalents.
En fait je pense plutôt que le rôle de
l'éducateur se définit plus dans le quotidien de l'enfant.
Exemple, c'est notre rôle que de veiller à ce que l'enfant ait
bien fait sa toilette, ses devoirs...Je pense que mon rôle est de dire
à l'enfant qu'il doit aller à l'école, ma mission c'est de
l'aider à y retourner, à l'aide d'un projet.
Tandis que la mission, j'aurais plus tendance à penser
que cela vient de la hiérarchie. Nous avons une mission auprès
des enfants. Quand le juge place des enfants, il nous confie une mission,
d'où la présence de projet pour l'enfant. Par exemple la mission
peut-être de rescolariser un enfant, cela peut être aussi de
prendre le relais des parents, qui peuvent avoir besoin de souffler. Lors du
placement, le juge notifie sa décision.
La famille D.
La demande du juge par rapport au père (ancien
drogué), c'était d'avoir totalement cessé de consommer. Il
devait se trouver un logement suffisamment grand pour pouvoir accueillir ses
deux enfants. Retrouver un travail et le garder.
Le travail d'équipe avec ce papa, c'était
de lui faire prendre conscience qu'il devait garder un emploi durable, qu'il
devait préparer le retour de ses enfants (inscription à
l'école, chambres prêtes...) Si le père est conciliant, on
lui donne plus de liberté pour les retours. On discute avec lui du
programme vacances, ce qu'il compte faire avec ses enfants, on discute aussi
des façons d'appréhender les difficultés (si votre enfant
vous fait une crise dans un magasin, comment allez vous
réagir ?)
Notre rôle avec les enfants, était de
maintenir la scolarisation, de dédramatiser la situation. On va en
équipe se définir des objectifs pour chacun des enfants.
- Pour Marine (7 ans) : c'était le suivi scolaire,
elle travaillait très bien, il fallait que ça continue.
- Pour Aymeric (2 ans) : C'était l'acquisition de
la propreté et son évolution
C'est notre ligne de conduite ; le fil conducteur.
On se définit des objectifs pour remplir notre mission.
Une mission c'est sur du long terme.
L'éducateur n'est pas seulement celui qui travaille en
institution. L'éducateur accompagne une personne en fonction de ce qu'il
est, de ce dont il a besoin mais également en fonction de son
identité d'éducateur, de sa personnalité propre.
Lors de mes premières expériences
d'éducatrice stagiaire, je me demandais toujours ce que je devais faire,
je cherchais quelque chose de spécial à faire, oubliant que la
simple présence et l'écoute sont des qualités de base de
l'éducateur. La société nous demande de conceptualiser
notre pratique, de nous ressourcer sans cesse par la formation continue, de
faire un travail sur nous-même. En bref, il faut continuellement se
remettre en question « Aujourd'hui, c'est donc à une
profession condamnée à une remise en cause que nous avons
affaire » J.L Martinet1(*). Le travail de l'éducateur est flou, peu
défini, l'éducateur doit chercher à resocialiser le jeune.
Voilà ce que nous demande la société.
« L'éducateur spécialisé, sur qui reposent
pour l'essentiel des tâches éducatives est chargé en dehors
des heures de classe ou d'ateliers, de l'observation ou de l'éducation
d'enfants et/ou d'adolescents présentant des déficiences
physiques ou psychiques, des troubles du caractère ou du comportement,
délinquants ou en danger, confiés par les autorités
judiciaires ou administratives ou par les familles à des institutions
spécialisées, c'est-à-dire de ce qui est officiellement
dénommé l'enfance inadaptée 2(*)» Jean Marie
Foucart.
Je reviens sur le travail « flou » de
l'éducateur. En effet, l'éducateur spécialisé n'a
pas de méthode, pas de manuel pour nous donner la réponse
à nos questions. Nous avons un fil conducteur défini en
équipe lors de réunions. Il faut savoir se mettre d'accord en
équipe sur la façon d'amener les choses. (Finir ou ne pas finir
son assiette ?) Cela permet de sécuriser l'enfant, chaque
éducateur fonctionne de la même façon, il faut une
cohérence. Ce fil est l'objectif défini pour l'enfant à
travers la mission. Par exemple le juge nous donne pour mission de redonner un
cadre structurant à Paul. Je vais mettre en place petit à petit
des objectifs pris en accord avec l'équipe. Chaque objectif va se
dérouler sur deux semaines par exemple. Le premier objectif sera le
respect des heures de lever et coucher, puis si le but est atteint, alors le
deuxième sera qu'il arrête de se lever quant on est à
table, puis le troisième objectif sera de corriger son vocabulaire
grossier et ainsi de suite. Par contre, on ne passe pas à l'objectif
suivant si le premier n'est pas atteint, nous aurons peut-être besoin de
plus de temps pour certaines visées. De plus, les objectifs se
définissent en fonction de priorités. C'est notre fil conducteur
et il nous aide à atteindre notre mission : lui redonner un cadre
structurant.
L'éducateur ne travaille qu'avec son propre
savoir-être et savoir-faire, contrairement au médecin par exemple
qui lui, dispose d'outils concrets, il y a des remèdes pour chaque
maladie. Tandis que l'éducateur spécialisé n'a pas de
manuel, il n'est écrit nulle part comment l'éducateur doit
réagir face à un enfant triste parce que sa maman lui manque, il
n'est écrit nulle part comment un éducateur doit réagir
face à un adolescent qui le menace avec un couteau. L'éducateur
travaille avec ses « tripes », avec son coeur, avec son
expérience, il travaille avec le jeune sur le moment présent. Il
fait des projets avec celui-ci, l'aide dans ses différentes
démarches au quotidien. Je pense que l'éducateur doit être
un appui pour le jeune.
Comme dirait Joseph Templier, « Accompagner
quelqu'un, c'est se placer, ni devant, ni derrière, ni à sa
place, c'est être à côté » Je
pense que cette phrase à elle seule résume bien ma pensée
de la pratique éducative. Selon moi, un éducateur consiste
à accompagner, à soutenir, à encourager un enfant dans sa
demande, à parler avec lui de ses réussites et de ses
échecs.
En travaillant dans le milieu ouvert, l'éducateur
travaille avec la famille et dans son environnement. Le cadre et les limites
éducatives sont posés de manière plus invisible, ce qui
peut améliorer la relation entre un éducateur, qui est porteur de
la Loi malgré tout, et un jeune ayant un problème avec
l'autorité par exemple.
L'éducateur en milieu ouvert à pour rôle
d'aider les familles, de les conseiller. Il intervient, en principe, avant le
placement de l'enfant, ou, en fin de placement quand il y a un retour en
famille de prévu. Parfois, l'éducateur est vécu comme un
intrus pour la famille, il est donc difficile pour celle-ci de coopérer
avec cet « étranger » qui vient pour
« régler ses problèmes ». Cependant la
relation peut parfois bien se passer. Il faut installer un climat de confiance.
La famille elle-même doit pouvoir accepter de s'impliquer dans le
désir d'être aidé. En effet, le jeune est dans son milieu,
avec ses repères. Il n'y a pas l'institution que fait office de loi,
d'autorité. Et pourtant les éducateurs en milieu ouvert sont
aussi porteur de loi et de cadre mais le jeune en a moins conscience. Et c'est
peut-être cette subtilité qui favorise l'accompagnement du jeune.
Le fait d'intervenir à l'extérieur, dans un lieu neutre, peut
rendre la relation de l'adolescent plus facile.
LES OUTILS DE L'ÉDUCATEUR
SPÉCIALISÉ :
Après avoir rappelé brièvement ce qu'est
un éducateur spécialisé, parlons maintenant de ses outils.
Avec quoi travaille un éducateur ? Nous venons de voir qu'il oeuvre
beaucoup avec sa personnalité, son savoir-être et son
savoir-faire. Mais notre action se fait aussi beaucoup à l'aide d'outils
permettant de privilégier la relation éducative.
Ces outils sont entre autres, le cadre ; très
important quand on vit en communauté, nous avons tous besoin de limites,
les enfants comme les adultes. Mettre un cadre à la relation
éducative permet de savoir où l'on va et de rassurer l'enfant
aussi.
L'autorité fait aussi partie des outils de
l'éducateur. En effet, nous devons faire autorité sur les jeunes,
dans le sens où nous avons une mission auprès d'eux, et que nous
sommes là pour les aider à respecter la loi.
La relation éducative est un grand mot dans le travail
de l'éducateur spécialisé. Je pense que l'on ne peut voir
l'un sans l'autre. La relation est le fait de créer un lien avec
quelqu'un. Et ce lien est primordial pour être en relation avec l'enfant
et augmente les chances d'un bon accompagnement
Je parlerai également du pouvoir de décision,
car il me semble important de rappeler que nous avons un pouvoir de
décision sur les enfants du fait de leur placement, mais les parents ont
aussi leur pouvoir de décision sur leurs enfants. Et c'est là que
devient important le fait que chacun ait sa place. Sur certains points c'est
nous qui décidons, sur d'autres, c'est aux parents de décider. Il
faut que ce soit clair dans la pensée de tout le monde, et que nous
agissons tous pour le bien-être de l'enfant. Il y a déjà
une démarche de collaboration entre éducateur et parent.
L'éducateur ne travaille jamais seul, il y a toujours
une équipe avec lui. Une équipe doit pouvoir être sur la
même longueur d'onde concernant l'accompagnement des enfants.
L'équipe est un appui pour chaque éducateur, en effet, on y
trouve des réponses à nos questions, un soutien, une ambiance.
Mais c'est aussi un support pour les enfants qui sentent qu'il y à toute
une équipe derrière eux qui les soutiennent. Il ne faut pas
oublier que parfois, l'échange passe mal entre deux personnes, dans ce
cas-ci, l'enfant a la possibilité d'aller voir un autre éducateur
avec qui le rapport passe mieux. Il en est de même pour
l'éducateur.
Et enfin l'implication fait pour moi partie des outils, car un
éducateur doit savoir s'impliquer dans son travail, mettre ses propres
problèmes de côté et être entier, être vrai
avec l'enfant. Cette qualité conditionne l'échange, la confiance
avec l'autre.
Tous ces points me semblent donc nécessaires dans le
travail de l'éducateur spécialisé pour la prise en charge
d'un enfant. Il me parait donc essentiel de les développer dans ce
travail de fin d'étude afin de comprendre comment et avec quoi
l'éducateur met en place son accompagnement.
a) Le cadre éducatif
Il est vrai que le cadre est important pour un enfant. Cela
permet de lui donner des repères sécurisants, de pouvoir
s'appuyer sur quelque chose de stable, de se construire.
Nous avons tous un cadre autour de nous, des règles
à respecter à la maison, au club de sport, au travail. L'exemple
premier est le règlement intérieur, qui nous dit ce qui est
permis et ce qui est interdit. Ça nous permet de voir où l'on va.
On sait ce que l'on peut faire, mais on sait aussi ce que l'on ne peut pas
faire, ça a un côté rassurant. Pour l'enfant c'est pareil.
Quand il arrive dans une institution, il y a un règlement à
respecter. Et nous, éducateurs, sommes là pour lui apprendre
à respecter et à accepter ce cadre.
Cependant, quand un enfant arrive à l'institution, il
enfreindra forcément le règlement, et c'est normal.
1) Il n'est pas au courant de ce qu'il peut ou ne peut pas
faire.
2) Il vient d'être séparé de sa famille,
et il ne comprend pas toujours la raison du placement. Il s'exprime à sa
manière.
Tout cela pour dire qu'il faut lui laisser le temps d'arriver,
de prendre ses marques dans l'institution, avec les autres enfants et avec
l'équipe éducative.
Quand Kévin est arrivé au foyer, il avait la
mauvaise habitude de grimper sur les fauteuils. A la maison il avait le droit,
c'est donc une habitude pour lui et ça lui paraissait normal puisque
tout le monde le faisait à la maison.
Au foyer, je lui dis gentiment que dans un fauteuil on
s'assoit correctement afin de laisser de la place pour les autres enfants.
Malgré mes remarques, Kévin continue. Je lui répète
alors plusieurs fois et lui explique qu'ici c'est interdit. A la maison il fait
comme il veut, mais ici, on se tient correctement dans un fauteuil, ça
fait partie du règlement de bonne conduite.
Je suis donc en train de poser un cadre, mais je le fais en
douceur. Je me mets à la place de l'enfant qui du jour au lendemain doit
intégrer de nouvelles règles de vie. Il vient d'être
séparé de sa famille, il se retrouve seul, dans une maison qu'il
ne connaît pas, avec des personnes qu'il ne connaît pas. Je pense
qu'il faut lui laisser le temps de prendre ses marques. Kévin doit
apprendre à nous connaître, à nous accepter avant de
respecter certaines règles
Ce ne sera que dans un deuxième temps et après
avertissement, que la punition tombera. S'il continue à ignorer les
remarques. Après lui avoir répété plusieurs fois,
après lui avoir expliqué, après qu'il se soit
imprégné de l'ambiance, des enfants, de l'institution, je
l'enverrai s'asseoir sur une chaise le temps qu'il comprenne et qu'il accepte
de se tenir correctement sur un fauteuil. Si on ne veut pas perturber l'enfant
encore plus, il faut que ces changements se fassent petit à petit.
Cependant, il y a parfois des règles de vie qui se mettent en place
naturellement, comme l'heure du coucher, l`heure des repas.
Une rencontre entre un éducateur et un
éduqué ne peut avoir lieu que s'il y a un cadre qui est
posé. La relation éducative intervient dans un cadre
institutionnel. Le cadre tient une place importante dans le travail
éducatif, c'est une des fonctions de l'éducateur d'être
garant de ce cadre. Celui-ci est avant tout un repère sécurisant,
et la base d'un chemin vers la socialisation, le respect de soi et des
autres.
On peut difficilement parler de la notion de cadre sans parler
de la notion de l'autorité.
b) La question de
l'autorité
Qui dit autorité, ne dit pas forcément
puissance, pouvoir. En effet, ce n'est pas parce que j'exerce mon
autorité sur quelqu'un que je vais lui crier dessus. Nous pouvons passer
notre temps à hurler sur un enfant sans pour autant qu'il nous
obéisse.
Nous sommes tous porteur de l'autorité, car nous avons
tous quelqu'un au dessus de nous qui fait autorité. La
Société fait autorité sur les institutions ; qui font
elles mêmes autorité sur les éducateurs ; qui faisons
autorité sur les jeunes. En tant que professionnel, nous devons garantir
la loi et donc faire autorité.
La dernière fois j'écoutais une émission
de radio pour jeunes, un auditeur a appelé la radio pour parler de son
problème. La personne en question fumait régulièrement des
joints et voulait en parler. Les animateurs de la radio recevaient pour
l'occasion un toxicologue. En tant que professionnel, le toxicologue à
rappelé à l'auditeur que la consommation de produit illicite
était interdite par la loi et que le consommateur pouvait être
poursuivi par la justice. Une fois le rappel à la loi fait, l'auditeur a
pu poser ses questions et parler de sa dépendance.
Il a su établir une bonne relation avec son
interlocuteur, qui de ce fait a pu se confier, s'exprimer, trouver de l'aide.
Il a établi une relation de confiance. Il a appliqué son
autorité en passant par le dialogue.
Autrement dit, nous ne pouvons pas interdire à un jeune
de fumer un joint, nous n'en avons pas les moyens. Mais nous pouvons lui dire
que c'est interdit et dangereux.
L'autorité doit passer par la relation. Si les
personnes ne sont pas en relation, elles ne pourront pas exercer leur
autorité. On ne fait pas autorité sur soi-même (ou alors
c'est notre propre conscience).
Maxence, 9 ans, et son frère Jérôme, 7
ans, sont placés depuis peu. Une des raisons de leur placement est la
déscolarisation des deux garçons qui passent leurs
journées dans la rue (vols, dégradations...). Notre principale
mission est de les renvoyer à l'école dès le lendemain de
leur arrivée. C'est un geste autoritaire, mais il n'y a pas lieu de
discuter. C'est la loi qui le dit ! Selon l'article 26.1 de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme3(*) : « Toute
personne a droit à l'éducation. L'éducation doit
être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement
élémentaire et fondamental. L'enseignement
élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et
professionnel doit être généralisé ; l'accès
aux études supérieures doit être ouvert en pleine
égalité à tous en fonction de leur
mérite ». Et les deux garçons le comprennent.
Pourtant retourner à l'école est difficile pour
Maxence. Devoir se conformer à un règlement, devoir se
concentrer, travailler, étudier ne lui est pas facile.
A côté de cela, nous devrions faire
autorité pour leur apprendre à se tenir correctement à
table, et à manger proprement. Pour éviter d'être en
conflit permanent avec eux, et comme nous donnons plus d'importance au suivi
scolaire, nous sommes plus laxistes sur les questions de bonne tenue.
Tout ça pour dire, qu'il y a des priorités, on
intervient moins si c'est moins important.
c) La relation
éducative
Au coeur de l'action éducative, il y a la relation,
l'échange entre personnes qui permet de mettre en place le travail, de
créer du lien, de se construire, de transmettre certaines normes et
valeurs.
Les éducateurs s'investissent dans une relation avec
une personne qu'ils ont en charge, à travers les petites choses du
quotidien. Je pense que la relation éducative doit être un
véritable outil pour les professionnels et un facteur de structuration
pour les personnes en difficulté qui leur sont confiées. Pour
pouvoir aider au mieux la personne, la relation éducative doit
s'inscrire dans un projet mis en place en accord avec l'équipe
éducative et l'instance de placement.
Dans la relation, l'éducateur n'est pas neutre. Il met
en jeu sa personne, sa personnalité, ses sentiments, ses goûts,
ses opinions, ses représentations de lui-même et des autres.
L'action éducative est une réelle relation. Elle
est basée sur des échanges. C'est entendre, écouter
l'autre, se mettre à sa disposition afin qu'il s'exprime, se confie.
L'éducateur est là pour l'aider à se comprendre et
à comprendre ce qui l'entoure. Selon moi la relation est basée
sur le respect de l'autre, la vision de celui-ci en tant que sujet à
part entière, et acteur de son devenir. La relation est basée sur
l'acceptation de la personne avec ses richesses mais aussi avec ses limites. On
prend alors en considération ce qu'il est capable de faire et c'est
à partir de cela qu'on parviendra à travailler les points faibles
de la personne. L'écoute est primordiale dans une relation. Il faut
être à l'écoute des mots mais aussi des gestes, des
attitudes et des silences. L'écoute permet à la personne de se
sentir compris, reconnu et digne d'intérêt.
La relation nécessite une attitude empathique,
c'est-à-dire une capacité à s'identifier à autrui
par l'émotivité, mais en faisant toutefois attention à ne
pas tomber dans la pitié. Il est donc indispensable, pour celui avec qui
on est en relation autant que pour soi, de garder une certaine distance. La
relation est partout et tout le temps, et l'éducateur reste à
l'écoute, dans tous les temps du quotidien.
Il est parfois difficile lorsque l'on est dans l'action de
réagir de manière raisonnée ou distanciée. Je pense
qu'il est alors indispensable de revenir sur ce qui s'est passé, d'y
réfléchir, de l'analyser, puis d'en parler avec la ou les
personnes concernées. On revient sur l'évènement, d'abord
sur ce qui s'est passé, ce qui l'a déclenché. Puis on se
centre sur l'autre, sur sa réaction, ses sentiments supposés, ce
que notre attitude aura pu signifier. Et enfin on se questionne sur soi, sur ce
qui nous a poussé à agir de telle ou telle façon, sur ce
que cela a impliqué pour nous. Il faut comprendre l'autre sans pour
autant accepter ses dérives.
Voilà la manière dont je vois la relation
éducative, et dont je souhaiterais la mettre en place.
Je pense que toute intervention éducative est
vouée à un échec retentissant si l'adulte, dans une sorte
de poussée instinctive généreuse, veut combler par une
affection débordante le vide qu'il perçoit en l'enfant. Je ne
pense pas qu'on aide un jeune carencé en le maternant tout le temps
grâce à des contacts physiques, des caresses ou des marques
exclusives d'attention. Il faut accompagner l'enfant tout en sachant maintenir
une certaine forme de distance sur le plan des échanges affectifs.
L'éducateur doit être disponible, présent, à
l'écoute des demandes du jeune. L'éducateur n'est ni le
père, ni la mère. Il doit leur laisser leur place.
En tant qu'éducateur, nous avons souvent le
désir de combler ce vide, face aux manques de l'enfant. Inconsciemment,
nous voulons représenter un idéal maternel, et c'est par ce biais
que la relation éducative est vouée à l'échec. En
effet, nous sommes des professionnels en charge de l'enfant, nous pouvons
l'aimer, le câliner, mais ce n'est pas notre amour qu'il recherche, c'est
celui de ses parents. Il serait dangereux de s'approprier l'enfant, car en tant
que professionnel, nous sommes de passage dans sa vie. Notre travail est
d'aider le jeune à vivre avec ce manque.
d) Le pouvoir de
décision
L'éducateur ne peut agir sans l'avis des parents, car
ils ont toujours l'autorité parentale sur leur enfant dans la plupart
des cas.
Ne serait-ce que pour une bonne coopération famille /
éducateurs, il est important je pense que toute décision doit
être prise en accord avec la famille. Les parents ne doivent pas se
sentir mis de côté concernant la vie de leur enfant, par exemple
pour les réunions scolaires parents / professeurs, pour les fêtes
de l'école...
Angélique est une fille de 9 ans placée à
l'institution. L'école n'étant pas très loin, nous la
laissons s'y rendre seule. Un matin l'école nous appelle pour nous
avertir qu'Angélique est en pleurs. Une voiture l'aurait suivie jusque
l'école. Nous décidons de la laisser à l'école pour
la journée et d'aller la chercher le soir en voiture. En rentrant de
l'école, elle nous demande de téléphoner à sa maman
et lui raconte alors l'épisode de la voiture. Cette dernière
demande à nous parler et nous fait comprendre qu'elle s'oppose
formellement à ce que sa fille aille seule à l'école.
L'équipe éducative explique à la maman
que cela nous pose un problème d'organisation pour aller conduire tous
les enfants à 8h30 dans trois écoles différentes.
Angélique étant une fille débrouillarde, qui plus est de 9
ans, notre objectif était de la responsabiliser. Cependant la
mère reste sur sa position et refuse.
Lors de la réunion hebdomadaire, nous en discutons avec
le directeur de l'établissement. Il en ressort que la maman a
l'autorité parentale et que de ce fait, nous devons nous plier à
sa demande.
Nous expliquons à Angélique que
dorénavant un éducateur ira la conduire tout les jours à
l'école, ce qui l'arrange plutôt. Deux jours plus tard, en fin de
journée, Angélique nous demande si elle peut aller à la
boulangerie du coin pour acheter des bonbons. Etant donné que sa maman
ne veut pas que sa fille promène seule dans les rues, nous lui disons
que ce n'est pas possible car nous n'avons pas le temps de l'accompagner. Nous
devons surveiller les devoirs des plus grands, préparer le repas, donner
les bains aux plus petits...et lui disons donc que si elle veut des bonbons,
elle attendra le week-end pour que nous puissions l'accompagner.
Cet exemple montre bien que les parents ont encore leur mot
à dire. Ce qui je pense est important pour l'enfant, pour les parents et
pour la bonne relation entre les éducateurs et les parents. Cela permet
à l'enfant de garder certains repères et de savoir que
l'autorité parentale est toujours exercée par ses parents.
Cependant, il ne faut pas oublier que les enfants sont
placés pour une raison bien particulière. Le placement a pour but
de faire une coupure entre l'enfant et ses parents. Nous ne pouvons donc pas
laisser intervenir les parents en permanence, surtout lorsqu'il s'agit de
problèmes internes à l'établissement.
En revanche, l'accord des parents est obligatoire pour
certaines décisions (classe verte, colonie de vacances, choix de la
religion à l'école, autorisation d'opérer, changement
d'école...) Cela dit, si les parents refusent que leur enfant parte en
colonie par exemple, et que nous leur prouvons que c'est pour le
bien-être de l'enfant, c'est alors le Juge qui tranchera, et sans l'avis
des parents.
Cependant, tout dépend du type de placement de
l'enfant. Il faut savoir que si l'enfant a été placé par
le SAJ (Service d'Aide à la Jeunesse), dans ce cas-ci, nous travaillons
au maximum avec les parents. A l'inverse, si l'enfant a été
placé par le SPJ (Service de Protection de la Jeunesse), là
l'accord des parents ne se fait pas forcément.
Antoine est un garçon de 8 ans placé au foyer
avec sa grande soeur de 11 ans, Nadège. Antoine est un garçon
têtu et assez provocateur. Il est censé porter des lunettes, mais
ne veut jamais les mettre, fait exprès de les oublier chez les parents,
à l'école. Après de multiples explications sur
l'importance de devoir porter des lunettes, il rentre de l'école en nous
disant qu'il a encore perdu ses lunettes. Nous lui disons que nous sommes
fâchés parce qu'il en a besoin, et qu'il devrait se
responsabiliser un peu plus. Nous lui demandons de monter dans sa chambre, il
est 16h.
Lors du retour du week-end que les enfants ont passé
chez eux, le père n'est pas content, il nous dit que nous n'avions pas
le droit de punir son fils parce qu'il a perdu ses lunettes, et de le monter
dans sa chambre à 16h. Le papa est furieux. Nous lui expliquons que ce
n'est pas le fait d'avoir perdu ses lunettes, mais plutôt le comportement
d'Antoine que nous voulons reprendre.
Ce problème est interne au foyer et les parents n'ont
pas à intervenir. Les éducateurs ont un pouvoir de
décision et ne doivent pas toujours faire appel aux parents. Les
décisions prises concernant un enfant se discutent souvent lors de
réunions avec l'équipe pluridisciplinaire. Car il ne faut pas
oublier qu'un éducateur ne travaille jamais seul, mais avec une
équipe. Que fait-on lorsque des collègues ne sont pas d'accord
sur une décision concernant un enfant ?
e) Le travail
d'équipe
Comme je viens de le dire, l'éducateur travaille avec
une équipe. Cette équipe peut-être constituée de
psychologues, d'animateurs, de médecins, d'assistantes sociale,
d'enseignants spécialisés...ou uniquement d'éducateurs
spécialisés. Mais c'est toujours avec une équipe
pluridisciplinaire que l'éducateur met en place, pour chaque enfant, un
projet éducatif ou professionnel, selon le lieu d'exercice. Lors de
réunion, l'équipe en profite pour discuter d'éventuels
problèmes et prendre une décision. Mais parfois, il arrive que
l'équipe ne soit pas d'accord. Alors elle peut se donner un temps de
réflexion plus long et décider à la majorité.
Rappelons que les décisions doivent être prises pour le bien de
l'enfant.
Article 3.1 « Dans toutes les décisions
qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques
ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités
administratives ou des organes législatifs, l'intérêt
supérieur de l'enfant doit être une considération
primordiale. »4(*)
Lors de leur placement, une assistante sociale accompagne deux
enfants de religion musulmane : Nasser et Nacira. Elle précise
à l'équipe qu'ils ne mangent pas de porc. Une éducatrice
de l'équipe, Nicole, déstabilisée par ce changement dans
son organisation propose alors au reste de l'équipe de ne pas se soucier
de ce régime particulier. Une collègue, Anna, réagit lui
signalant que la déontologie l'oblige à respecter le choix des
parents.
Nicole indique à l'équipe que les jeunes enfants
(7 et 10 ans) ne savent pas différencier le porc des autres viandes et
donc ne s'apercevront de rien. Comme l'équipe suit la décision de
Nicole, Anna fait intervenir le directeur de l'établissement. Celui-ci
fait la lecture du code de déontologie, et rappelle à
l'équipe la convention des droits de l'enfant qui stipule que dans
l'article 14.1 nous devons tenir compte de la religion de l'enfant.
Je cite : « Les Etats parties respectent le
droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et
de religion. 5(*)» Autrement dit, nous devons respecter et
appliquer leur religion surtout si les parents nous en font la demande. Je
pense que c'est aussi une forme de respect de l'autre. Nous ne devons pas
profiter de l'ignorance de l'enfant pour lui faire croire n'importe quoi ou lui
laisser manger ce que sa religion lui interdit.
Si Anna a fait intervenir le directeur, c'est bien parce que
la décision de l'équipe avait été prise à la
majorité mais à l'encontre de la déontologie.
Article 3 du code de déontologie «Les intervenants ne
peuvent en aucun cas imposer leurs convictions philosophiques, religieuses ou
politiques au bénéficiaire de l'aide.»6(*) La déontologie est comme
une charte. Elle dirige les droits et les devoirs liés au
métier.
f) L'implication
La pratique éducative nécessite une implication
forte de la part du personnel éducatif. L'accompagnement d'une personne
ne se fait pas en quelques jours. Il faut du temps pour mettre en place un
projet individualisé, ne serait-ce que pour apprendre à
connaître la personne. Il en va de même pour les enfants, ils
doivent apprendre à nous connaître, on s'apprivoise l'un
l'autre.
L'accompagnement nécessite à l'éducateur
de s'impliquer entièrement, ce qui permet la constitution d'espace
où la relation entre l'éducateur et l'éduqué pourra
naître.
L'éducateur devient important pour la personne
accompagnée, dans ce sens où l'éducateur est le confident
du soir et en même temps celui qui fait respecter le cadre, qui pose les
interdits et donc suscite les révoltes. Le sujet peut identifier alors
l'éducateur comme son parent. Mais je reviendrai sur ce point de
pôle identificatoire dans la troisième partie.
Il est nécessaire de mettre en place un climat de
sécurité, qui pose des limites à ne pas dépasser.
La personne sait que l'éducateur est là, nous sommes une
garantie. Le cadre est très important car il permet au jeune de se
sentir contenu, il se construit à travers les limites qu'on lui pose.
En effet, l'éducateur est avant tout là pour
accompagner les personnes avec lesquelles il travaille. Il ne faut pas perdre
de vue le fait que notre but premier est de disparaître de la vie de ces
personnes, en les accompagnant vers une meilleure autonomie et une insertion
dans la société.
PRÉSENTATION DU
PUBLIC CONCERNÉ :
Durant mes différents stages, j'ai eu l'occasion de
rencontrer des publics divers, et d'âges différents. Cela m'a
permis de voir les points communs, les bases du métier
d'éducateur, mais également de comprendre la différence du
travail selon l'âge et la problématique de la personne. Dans tout
travail éducatif, il y a des constantes. Celles-ci sont cependant mises
en place de manière distincte et n'ont pas forcément la
même fonction. J'ai effectué mon stage dans un SAAE (Service
d'Accueil et d'Aide Educative) avec des enfants de moins de 10 ans ; puis
dans un centre d'adaptation sociale auprès d'adolescents de 12 à
21 ans, présentant une déficience mentale avec des
difficultés de langage, motrices, d'adaptation sociale et d'adaptation
à la réalité. Et enfin, mon troisième stage s'est
déroulé au foyer de l'enfance accueillant des enfants de 6
à 14 ans.
Mon principal lieu d'étude pour ce dossier à
été mon premier stage que j'ai effectuée à Notre
Dame des Anges au groupe des Loupiots à Mouscron. C'est un stage que
j'ai fortement apprécié. Afin de mieux comprendre le public
rencontré et les exemples cités dans ce travail, voici une
brève description de l'institution et plus particulièrement du
groupe des Loupiots.
L'institution prend en charge des enfants et des plus grands
en difficulté, ressortissant des services de l'aide à la jeunesse
(Belgique) et de l'aide sociale à l'enfance (France). L'ASBL Notre Dame
des Anges est un Service d'Accueil et d'Aide Educative (SAAE). L'institution
possède divers groupes selon les âges. IL y en a 5.
Les Loupiots est un groupe mixte accueillant des enfants de
moins de 10 ans. Ce sont généralement des placements à
moyen ou long terme. Leurs principaux objectifs sont de favoriser
l'évolution de la personne et de développer au maximum les
possibilités de l'enfant. Cela se fait à travers tous les
domaines, que ce soit dans la vie du groupe, la vie avec la famille, la
scolarité ou encore les loisirs.
Le groupe des Loupiots avec lequel j'ai travaillé
comprenait 13 enfants. Le cadre est très important et permet de
travailler sur le maintien des habitudes, des repères pour ceux-ci.
Cette partie a son importance, car
elle montre que les enfants ont une relation primaire, une relation d'amour
avec leurs parents. De ce fait, notre présence dans le cercle familial
n'est pas toujours bien vécue, que ce soit de la part des parents ou des
enfants. Je vais tenter de vous expliquer la relation que peut avoir un enfant
avec ses parents ce qui nous permettra d'appréhender ne serait-ce qu'un
minimum la souffrance de la famille face au placement et surtout pourquoi il
est important de travailler en collaboration avec les parents : Pour ne
pas casser le lien familial.
Je différencie la relation avec le père et la
relation avec la mère car je pense qu'elles apportent des
éléments différents à l'enfant, mais qu'il a besoin
de ces deux échanges. Car les parents sont complémentaires.
Chacun apporte un plus à l'enfant.
L'ENFANT ET LE PÈRE
Qu'entendons-nous par le mot père. Nous allons voir
qu'il peut-être vu de différentes manières.
Cependant je pense que le statut de père ne tient pas
en une définition mais bien dans la façon dont ce dernier prend
son rôle, que ce soit dans une famille traditionnelle, recomposée
ou monoparentale.
On pourrait d'abord définir plus
précisément « qui est le
père » ? Pour cela, voyons quelques chiffres. En effet,
selon Henri Leridon et Catherine Villeneuve Gokalp,7(*) démographes à
l'INED, il y a de plus en plus d'unions libres au détriment du nombre de
mariages qui diminuent.
- Le nombre de mariage (en milliers) 269 en 1985, 287 en 1990
et 255 en 1995.
- Le nombre de divorces en milliers : 110,4 en
1985 ; 108,8 en 1990 ; 124 en 1995.
- Naissances hors mariage (pour 100 naissances) : 19,6 en
1985 ; 30,1 en 1990 ; 37,6 en 1995
Ces démographes notent également une forte
hausse des divorces. Actuellement, cet effondrement du mariage a une
conséquence sur les formes de famille. En effet, le modèle
nucléaire c'est-à-dire les parents unis par le mariage et les
enfants issus de cette union vivant sous le même toit s'effiloche pour
laisser la place aux unions libres et aux enfants naturels c'est-à-dire
issus de parents non mariés. Dans les recompositions familiales, le
père « géniteur » n'est pas forcément
le même homme que le père légal, qui n'est pas
forcément non plus le père qui assure l'éducation de
l'enfant.
Selon Irène Théry8(*), sociologue et juriste, les enfants peuvent avoir
plusieurs pères : des pères légaux et des
pères de faits.
Je ne suis pas d'accord avec cela. Pour moi, un enfant n'a
qu'un seul père. Les autres sont des substituts. Il existe cependant des
modèles familiaux différents :
La famille traditionnelle : également
appelée modèle nucléaire. Les parents sont unis par le
mariage, les enfants sont issus de cette union et vivent ensemble sous le
même toit.
La famille recomposée : se désigne pour
les familles dont les parents ont eu des enfants d'une précédente
union. Par exemple, Martine, divorcée, a 2 filles. Et Paul,
divorcé aussi, a 1 fille et 1 garçon. C'est une famille
recomposée, Paul n'est pas le père des filles de Martine, et
Martine n'est pas la mère des enfants de Paul. Mais ils vivent ensemble,
sous le même toit. Il y a la notion de beau-père ou de
belle-mère.
La famille monoparentale : se caractérise par le
fait qu'un seul parent vit avec ses enfants. L'autre parent peut soit
être décédé(e), soit avoir quitté la maison
(divorce).
Benoît, Mathias et Magali sont frères et soeurs.
Ils ont été placés par le juge pour violences familiales
(lors d'une dispute, la plus jeune à été
hospitalisée). Le père est alors emprisonné. La maman se
retrouve seule avec ses 8 enfants, il y a eu des carences affectives et
alimentaires. Pendant le placement, le père décède.
Les rares week-ends où les enfants rentrent chez eux,
la maman leur présente un nouveau compagnon et leur dit :
« C'est votre nouveau papa. » Les enfants sont
perturbés, ils se sentent perdus et abandonnés par leur
mère qui ne leur montre jamais un signe d'amour. Cependant ils acceptent
sans difficulté leur nouveau papa, et rentrent au foyer tous joyeux
d'avoir un papa !
J'explique alors aux trois enfants que ce n'est pas leur papa.
Que leur vrai papa est décédé, et que l'homme qui vit
aujourd'hui avec leur maman est son nouveau compagnon, donc leur
beau-père. Mais il ne remplace pas leur papa. Même si
dorénavant, c'est le chef de famille, et qu'il faudra lui obéir.
Mon but est de leur faire comprendre qu'on a un seul papa.
Benoît, Mathias et Magali ont vraiment beaucoup de mal
à entendre et à comprendre ce qu'on leur dit, puisque c'est leur
maman qui le leur a dit, et qu'ils doivent l'appeler papa. A moi, de leur
expliquer que même s'ils l'appellent papa, il ne va pas remplacer le vrai
papa dans leurs coeurs.
Nous voyons bien que la définition du père peut
être difficile pour un enfant. Dans cette situation, ce qui a
perturbé les enfants c'est que les éducateurs n'avaient pas le
même discours que la mère concernant leur papa. Pour moi, les
enfants devaient garder en mémoire leur papa
décédé. Et pour la maman, qui reconstruisait sa vie avec
un nouveau compagnon, elle voulait effacer de sa vie l'ex-mari violent et
redonner une place de père à ce nouvel ami.
L'enfant n'a qu'un père, et c'est important qu'il le
sache. Néanmoins, il y a des enfants qui n'ont pas connu leur vrai
père, seulement un substitut de père. Et pour ces enfants
là, si on leur pose la question : qui est ton père ? Je
suis sûr qu'ils répondront le substitut. Car c'est le seul qu'ils
aient connu, même si au fond d'eux-mêmes, ils savent que leur vrai
père est décédé dès leur naissance. Ils sont
conscients que l'homme qui les a élevés n'est pas leur
père géniteur mais ils l'assimilent comme tel. Car c'est lui qui
les a aimés, nourris, aidés, soutenus, encouragés... A ce
niveau là, il y a les sentiments qui interviennent.
Le substitut peut parfois mieux remplir son rôle de
père que le géniteur.
Selon moi, le père ne se définit pas
biologiquement ou même légalement. Ce n'est pas un statut que l'on
possède mais un rôle que l'on tient, que l'on revendique et que
l'on assume auprès de l'enfant. « On devient père
avec sa tête tout autant qu'avec son coeur et son corps »
Jean Le Camus.9(*)
Le point de vue des
professionnels :
A ce sujet, Jean Le Camus, psychologue spécialiste dans
le développement de l'enfant dit : « en tant que
représentant de la loi et incarnation du lien social, le père
aide l'enfant à s'ouvrir au monde des autres, à acquérir
le pouvoir de contrôle et le désir d'affirmation positive de
soi »10(*).
Selon Donald Winnicott, « Il dépend de la
mère que le père en vienne ou non à connaître son
bébé »11(*) cela laisse penser que le père doit être
introduit auprès de l'enfant par la mère.
Aldo Naouri, lorsqu'il parle du père, insiste sur la
place que la mère fait à ce père. « Ce qui
fait un père, ce n'est pas le fait qu'il y ait un homme présent
à côté de la mère. C'est que cette mère
reconnaisse cet homme comme père, c'est-à-dire qu'elle lui
accorde le droit de limiter sa toute-puissance maternelle, de jouer son
rôle de séparateur. »12(*)
Sur ce point-ci, D. Winnicott et A. Naouri se rejoignent
assez, tous deux pensent que c'est la mère qui donne une place au
père. Personnellement je pense qu'un père présent
physiquement dès le début de la vie de son enfant a
déjà son rôle, et ce n'est pas la mère qui lui donne
puisqu'il le possède déjà. Même si l'enfant ne s'en
apercevra que plus tard puisque nous allons voir que l'enfant et sa mère
ne forment qu'une entité surtout dans les premiers mois de la vie de
bébé.
LE RÔLE DU
PÈRE
L'enfant est un avec sa mère même quand le cordon
est coupé. Le rôle du père est capital, c'est l'autre par
rapport à la mère. Pour l'enfant, le père
représente l'autre, devant lequel il va se situer. Papa, c'est
l'autorité, la sécurité, la tendresse aussi.
Le rôle du père dans le foyer est primordial. Il
joue le rôle de chef de famille. La relation du père à
l'enfant ne commence qu'à la naissance ; avant la naissance, la
relation est exclusivement maternelle.
On a longtemps pensé que seule la mère
était indispensable au bon développement de l'enfant. On sait
maintenant que le rôle du père est loin d'être secondaire...
au-delà de la figure d'autorité traditionnelle, il exerce une
influence positive sur l'ensemble de la personnalité de l'enfant, et
ceci dès son plus jeune âge.
La psychologie du XXe siècle s'est accordée
à attribuer essentiellement au père la fonction de
représentant de la Loi : c'est lui qui, par le fait de son
existence empêche symboliquement la relation fusionnelle
mère-nourrisson. Cela permet ainsi à l'enfant de s'ouvrir au
monde des autres. Le père incarne et transmet à l'enfant les
règles qui lui permettront d'acquérir force de caractère,
pouvoir de contrôle, sens moral et désir d'affirmation positive de
soi. La figure traditionnelle du père se situe donc du côté
de l'autorité et il joue un rôle dans la socialisation.
Un des rôles importants du père est la fonction
de séparation. Il est là pour dire à l'enfant que c'est un
être à part entière. Il permet à l'enfant de ne pas
rester le petit objet de sa mère ; le père vient couper le
cordon. Cela permet en même temps de dire à la mère qu'elle
n'est pas que mère, mais aussi femme et amante. Le père prend sa
place dans la relation.
Un modèle
d'identification ?
Il est également établi que le père joue un
rôle important dans la construction de l'identité sexuelle de
l'enfant. Pour le garçon, il est un modèle
d'identification : celui à qui il va chercher à ressembler.
Pour la fille, il est une sorte de modèle idéal de l'autre
sexe : celui qu'elle cherchera à retrouver après la
puberté.
On dit souvent que les femmes recherchent leur père dans
leur amant...
Dans cette perspective classique, c'est à la
mère d'apporter à l'enfant en bas âge affection et
présence active; La fonction qui est attribuée au père est
symbolique et sa présence effective n'est pas considérée
comme indispensable au tout jeune enfant. Ce qui importe, c'est que le
père existe dans la pensée et la parole de la mère,
indiquant ainsi au petit qu'il n'est pas l'unique objet de son désir.
Mais nous allons voir que ce modèle traditionnel est en train de
changer.
Les temps ont changé ?
Le rôle traditionnel accordé au père est
lié à une conception schématique et dépassée
du couple : à l'homme, le monde extérieur et la fonction
économique ; à la femme le foyer et la fonction affective.
Il est également lié à un modèle de structure
familiale construite pour durer.
Or le couple a évolué. Les femmes ont investi le
monde du travail et les pères ont tendance à s'impliquer
davantage auprès du jeune enfant, dans les jeux, mais aussi dans la vie
quotidienne, les repas, les bains... La structure familiale a
éclaté pour faire place à une mosaïque de structures
différentes (monoparentale, familles recomposées...). Enfin, la
vision des rapports au sein de la famille a changé ! La femme
n'accepte plus d'être réduite à la maternité. Les
hommes sont de plus en plus enclins à renoncer au principe de la
puissance paternelle. Ils sont prêts à se reconnaître
sensibles, affectueux envers leurs tout jeunes enfants, sans que cela porte
atteinte à leur identité masculine. C'est comme si il y avait une
ère du « nouveau père » qui arrive.
Qu'apportent les « nouveaux
pères » à leurs enfants ?
Plusieurs études récentes ont été
menées sur l'influence de la présence physique et active des
pères auprès des tout-petits. Elles ont montré que cette
présence les prépare plus efficacement et plus rapidement que ne
le ferait la mère à s'aventurer dans le monde extérieur.
Ils seraient plus vite à même de se débrouiller tout seul,
de se faire reconnaître et accepter dans un groupe d'enfants et
d'intégrer les règles de la vie collective.
Par ses taquineries, ses tentatives de déstabilisation,
le père incite l'enfant à s'adapter à la
nouveauté.
Par sa tendance à encourager l'exploration, il le
prépare à affronter l'inconnu.
Par son inclination pour les jeux physiques (chatouilles,
luttes simulées...), il contribue à le sensibiliser au respect
des règles et de l'adversaire.
En effet, qui n'a jamais joué à se battre avec
son propre père ? Personnellement étant enfant, je me
souviens que j'adorais jouer à ça avec mon père, j'adorais
quand il me chatouillait et que je le suppliais d'arrêter tellement je
riais...Je me souviens de ces fameux jeux de bagarre où ma mère
s'énervait sur mon père en lui disant « arrête de
l'énerver ! » Ses plaisanteries qui font que nous
partions bouder dans notre coin pour revenir à la charge cinq minutes
plus tard ! Je suis sûre que beaucoup d'enfants ont ce souvenir avec
leur papa.
Les pères exercent donc une action dynamisante
dès les premières années de la vie de l'enfant, en
l'aidant à faire le pont entre l'affirmation de soi dans la famille et
l'affirmation de soi à l'extérieur.
Un rôle affectif aussi fort que celui de la
mère ?
Un domaine des relations père-enfant que les
études n'ont pas encore exploré reste celui de la forme que peut
prendre leur attachement affectif, domaine traditionnellement
réservé à la mère. Il a toutefois été
prouvé (assez récemment) que l'enfant de moins de 1 an
était susceptible de s'attacher à plusieurs personnes, et donc
à son père. Toutefois, si l'enfant est en situation de
détresse, la mère reste la plus à même de le
réconforter.
Je
pense que cette théorie est valable pour les jeunes enfants. Pour ma
part, étant adolescente, j'ai toujours été plus
liée à mon père qu'à ma mère. Cependant avec
ces « nouveaux pères » qui arrivent, je pense que
cette étude admettra une transformation dans les relations père
enfant. Le lien qui va se créer entre l'enfant et son père sera
tout autre. Car les papas acceptent maintenant de jouer les hommes au foyer,
d'aller conduire les enfants à la crèche, de les emmener au club
de sport le mercredi, de les aider dans leurs devoirs...La question est de
savoir s'ils acceptent cette situation, ou s'ils y sont contraints car maman
est au travail ? La mère veut (re)prendre sa place dans le monde du
travail. Il y a du changement dans les moeurs, ce qui peut accentuer le lien
qui existe entre papa et son fils. Pour illustrer, de plus en plus de
pères prennent leurs congés de paternité lors de la
naissance de leur enfant.
LE TIERS DANS LA RELATION
MÈRE - ENFANT
Nous
venons donc de voir que le père a de plus en plus un rôle
important auprès de l'enfant et qu'il y a un nouveau lien qui se
crée. Un lien plus fort, plus présent. Le père prend de
plus en plus sa place et vient s'ajouter au duo mère - enfant. C'est la
définition d'une tierce personne.
Comme
nous venons de le voir, le tiers est celui qui supporte la fonction paternelle
en tant que régulateur de la distance entre la mère et l'enfant
et qui empêche alors la fusion. Cela dit, la fonction paternelle peut
être portée par une autre personne que le père
lui-même. Un autre homme, comme dans le cas d'une famille
recomposée, une institution ou encore un éducateur.
Dans
le cas d'une famille monoparentale où l'enfant ne connaît pas le
père et est placé en foyer, la personne tierce peut être
l'éducateur. L'enfant va se référer à
l'éducateur comme étant son père et/ou sa mère.
« Que cette fonction soit portée par le géniteur,
une femme ou un groupe de nurses, peu importe ! L'important est qu'elle
soit incarnée de manière vivante ». Jean-Marie
Vauchez13(*).
L'ENFANT ET LA MÈRE :
Auprès
de l'enfant, la mère pourvoit à différentes choses ;
la satisfaction des besoins élémentaires (l'apport de nourritures
physiques), l'apaisement des tensions (l'apport de plaisirs), la satisfaction
du besoin de présence et de sécurité (l'apport de
nourriture affective). La mère est donc un élément
essentiel à la survie de l'enfant dans les premiers mois de sa vie. Il
se noue une relation de dépendance très forte de l'enfant envers
sa mère qui est « toute ». La mère constitue
la première figure humaine que connaît l'enfant, il fait avec elle
sa première expérience de la relation.
Grâce
à la satisfaction de ses besoins fondamentaux, l'enfant est capable
d'intérioriser les séquences de déplaisirs - plaisirs. La
mère est donc le premier objet d'amour de l'enfant. Cette relation
à la mère est primordiale, elle est la base du
développement de l'enfant et conditionne en partie ses futurs acquis et
relations. Cette fonction maternelle est attribuée à la
mère car elle constitue une sorte de continuité naturelle et
nécessaire de la naissance. Le rôle de la maman est de
présenter le monde extérieur à son enfant en
l'accompagnant dans la vie au quotidien, à travers le langage, à
travers les jeux. La maman est là pour veiller aux
nécessités urgentes de son enfant, pour l'apaiser, la
câliner.
LA RELATION MÈRE -
ENFANT
Relation
première, la relation de la mère semble être aussi la
relation primordiale : « Ce contact maternel constitue la
première expérience de relation humaine : l'avenir de toutes
les autres relations en dépend »14(*) La mère et son enfant
ont un lien particulier. Cette relation qui se noue dans la poche
utérine continue après la naissance. C'est un amour
primitif.
Quand
on parle de relation mère enfant, on pense toujours à la relation
des premiers mois, c'est-à-dire à une relation fusionnelle. On
parle plus de nourrisson que d'enfant. Moi je voudrais qu'on parle de relation
entre une maman et son enfant. Est-elle égale à la relation
père enfant ? J'aurais tendance à répondre que oui.
Même si les parents sont différents et apportent des choses qui
divergent à leur enfant. En tout cas, le jeune à besoin de ses
deux parents. Comme nous l'avons vu, le père apporte plus
l'autorité, la force, la protection et de plus en plus la tendresse avec
ses « nouveaux pères ». Tandis que la mère
incarne plus, dans le schéma classique, la douceur, l'amour, la
tendresse, la patience, l'écoute...Elle console, rassure, apaise,
encourage, berce, soigne...Dans ce sens, on peut comprendre que la relation
mère enfant soit plus forte.
Cela
dit, quelle différence y a-t-il par rapport à la relation, entre
un enfant de 7 ans par exemple avec son père, et ce même enfant
avec sa mère ? Pour le père, on a vu qu'ils étaient
en train de changer de comportement et que par conséquent, une nouvelle
relation entre père et enfant faisait surface. Mais qu'en est-il pour
les mères ?
Certes,
les pères changent, mais les mères aussi puisque je vous ai dit
qu'elles ne voulaient plus être vues que comme des mamans. Elles
revendiquent de plus en plus le fait qu'elles veulent travailler, qu'elles ont
une vie à part de la famille. De plus de en plus de femmes prennent du
temps pour elles, vont manger entre copines, vont à la salle de sport.
En réalité, je pense qu'elles osent affirmer avoir besoin de
souffler et sortir un peu du cocon familial.
Cette
modification joue donc un rôle sur la relation qu'elles ont avec leurs
enfants, et que les relations familiales sont en train de changer, de se
moderniser peut-être.
Nos
grand-mères ont souvent passé leur vie à élever
leurs enfants et ne travaillaient pas, ou très peu. Elles étaient
ce qu'on appelle des femmes au foyer, leurs journées étaient
réglées selon les enfants et selon le mari. A elles de faire le
ménage, la lessive, les courses, les repas, s'occuper des enfants et son
mari qui rentre du travail. Aux grand-mères revenait le statut de chef
de famille qui faisait régner l'ordre dans la maison et qui travaillait
pour nourrir sa famille.
De
nos jours, les mamans n'hésitent plus à mettre leurs enfants chez
la nounou pendant une journée de congé pour pouvoir profiter,
faire du shopping, prendre soin de soi. Je ne dis pas que c'est mal, mais juste
que les temps changent et que peut-être d'ici quelques années, des
études seront faites et pointeront les divergences au niveau des
relations familiales de la famille d'autrefois à celle de
maintenant.
Cela
dit, même si les mamans d'aujourd'hui sont moins à la maison et
plus au travail, elles arrivent à garder une relation extrêmement
forte avec leur enfant, elles sont toujours disponibles pour leur raconter une
histoire, pour les soigner, pour les câliner...Personne ne remplace une
maman.
L'IMPORTANCE DE CHACUN DES DEUX
PARENTS :
Nous
venons de voir que le père tout comme la mère sont importants
dans la vie de l'enfant. Même si les comportements sont amenés
à changer de plus en plus du fait de la mentalité de la
société, les parents restent une figure essentielle dans le bon
développement de l'enfant.
Le
père s'ouvre davantage à la fonction affective tout en gardant
son rôle de tiers séparateur, et la mère ose prendre plus
de temps pour elle, tout en restant la première figure d'attachement de
l'enfant.
Il
est nécessaire pour l'enfant d'être pris en charge par les deux
parents, car ils se complètent pour assurer l'éducation de leur
enfant. Dans une famille monoparentale, il y a un manque même si l'adulte
joue en alternance les deux rôles à la fois. D'abord parce que
celui-ci peut s'épuiser, puis lorsqu'il y a un conflit entre le parent
et l'enfant, il n'y a pas d'autres personnes pour rassurer l'enfant. L'enfant
n'a personne vers qui se tourner pour être rassuré de l'amour de
sa mère.
Pour
grandir un enfant a besoin de la tendresse d'une mère et de la
fermeté d'un père. Cela n'empêche pas la mère
d'être sévère, si nécessaire, et le père
d'exprimer sa tendresse, mais chacun le fera à sa façon. En fait,
l'éducation est la responsabilité des deux parents, mettant en
oeuvre ensemble, une autorité où la tendresse est
inséparable de la fermeté.
Il
est important pour l'enfant qu'il voie ou entende parler de ses parents dans
des termes positifs. Il faut qu'il comprenne qu'il vient de l'union de deux
personnes qui s'aiment. Un enfant à autant besoin de son père que
de sa mère, contrairement à ce que certaines personnes peuvent
penser. Car nous pourrions entrer dans le débat de couple homosexuel qui
a un enfant, mais je m'éloignerai du sujet.
Educateur
Parents
Enfants
Prenons en exemple une situation pour illustrer quel pourrait
être le rôle de l'éducateur dans la relation parent -
enfant.
Cet exemple ne montrera que quelques aspects du rôle de
l'éducateur, car c'est une situation particulière, à un
moment donné, dans un lieu donné avec des personnes
données.
Amélie est une jeune fille de 11 ans, qui a quelques
problèmes de poids, en effet, Amélie est d'une corpulence assez
forte et doit vraiment faire attention à sa santé. Malgré
nos remarques et conseils, Amélie continue de manger beaucoup de
sucre.
Elle rentre tous les week-ends chez elle. Un soir, alors
qu'elle rentre seule de l'école, elle arrive en retard et nous donne
pour explication une histoire abracadabrante sur sa copine qui se serait
foulé la cheville et qu'elle a du raccompagner chez elle car personne ne
pouvait venir la chercher. En me parlant, je trouve qu'Amélie est
bizarre et que son histoire l'est aussi. Au moment du coucher, je monte dans sa
chambre pour avoir une explication et trouve sur son lit un petit sac rempli de
bonbons. Je lui rappelle alors que ce n'est pas bien et qu'elle doit vraiment
faire attention à son poids. Je décide d'en parler à une
collègue et lui explique l'histoire du mensonge (alors qu'en fait elle
était en retard parce qu'elle s'était acheté des bonbons.)
Le lendemain, nous organisons une discussion avec elle pour qu'elle nous
explique ce qu'il s'est passé la veille. Amélie nous dit
finalement que c'est sa mère qui lui a donné de l'argent ce
week-end pour se faire plaisir, et que comme c'est sa mère qui lui a
donné, nous n'avons rien à dire ! Ma collègue et moi
prenons l'initiative d'appeler sa maman et lui expliquons brièvement la
situation. Nous demandons à la maman si c'est bien elle qui lui a
donné de l'argent pour des bonbons. La mère nous dit qu'elle
n'est pas au courant de cette histoire et demande à parler à sa
fille. Elle lui fait quelques remontrances, lui expliquant que beaucoup de
personnes s'inquiètent pour sa santé. Une fois le
téléphone raccroché, nous poursuivons la discussion et
Amélie s'excuse auprès de nous pour nous avoir menti et nous dit
être très étonnée qu'on ait appelé sa
mère.
Je pense que ce coup de fil a eu de grandes
répercussions dans la relation entre l'éducateur et
Amélie, dans la relation entre l'éducateur et la mère, et
aussi dans la relation entre Amélie et sa mère.
Cette situation témoigne des différentes places
de l'éducateur. Analysons maintenant quelle place peut avoir
l'éducateur dans la relation parent - enfant. En effet,
l'éducateur peut être médiateur, il peut aussi avoir une
place de suppléance parentale, c'est aussi un transmetteur des
limites.
a) Le rôle de médiateur :
Dans cet exemple, l'éducateur a une place très
importante : celle de médiateur. Par médiateur on
entend : personne qui intervient entre deux personnes pour aider
à résoudre un conflit, faire avancer un projet. A ce moment
là, l'éducateur a permis que la situation évolue
positivement. Il a été un lien entre Amélie et sa
mère et a permis à celle-ci de retrouver sa place de mère.
Ce coup de fil a permis de réguler la situation, de trouver un
équilibre où chacun est à sa place.
b) Le rôle de suppléance parentale :
Nous avons aussi eu un rôle de suppléance
parentale. En effet, le fait de travailler dans un foyer, l'éducateur a
une importance particulière. Ma collègue et moi avons
tenté d'agir comme une mère l'aurait fait mais évidemment
pas de la remplacer. Amélie faisant référence à sa
mère « c'est ma mère qui m'a donné les
sous », nous avons pris l'initiative de l'appeler pour que
chaque place soit au claire.
Nous nous substituons aux tâches
éducatives : assurer la sécurité d'une bonne
hygiène de vie : alimentation correcte, sommeil régulier,
suivi médical, suivi scolaire, bonne hygiène,
socialisation...Nous devons aussi leur assurer un bon épanouissement
affectif et psychomoteur. Donner du temps, de la disponibilité, de la
tendresse, être présent...
En écrivant ce travail de fin d'étude, je me
rends compte que le bon mot à employer ne serait pas substitut mais
suppléance parentale, qui renvoie peut-être plus à du
temporaire. Nous sommes là en complément des parents, puisque
nous avons vu qu'ils avaient toujours l'autorité parentale sur leurs
enfants. Tandis que la notion de substitut m'évoque plus le fait de
remplacer quelqu'un. Et ce n'est pas notre fonction. Je pense que la
suppléance ouvre plus à des perspectives de collaboration avec
les parents.
c) Le rôle d'être un transmetteur des
limites :
Tous comme les parents le sont, l'éducateur est un
transmetteur des limites qui nous permet de nous construire et de vivre avec
les autres. Nous nous sommes appuyés de l'aide de la mère pour
transmettre une limite ainsi qu'un message à Amélie. Nous avons
agi tous les trois (ma collègue, la mère et moi-même),
ensemble, dans le même objectif, le bien-être d'Amélie.
D'un autre côté, la mère a
été revalorisée dans ses fonctions, en effet, au quotidien
la mère a tendance à éviter les conflits avec sa fille car
elle ne la voit que le week-end. La mère a donc retrouvé une
certaine place auprès de sa fille.
Lorsque les enfants sont placés en institutions, les
parents peuvent se sentir dépossédés de leurs fonctions,
ou ils peuvent aussi ne plus se sentir impliqués dans l'éducation
de leurs enfants. C'est en ça que je trouve qu'il est important de
travailler avec les familles. Je pense qu'on ne les rencontre pas assez. Il est
utile d'associer les familles au travail qui se fait dans l'institution.
Cela a plusieurs effets. Tout d'abord un effet rassurant pour
les parents mais également pour l'enfant (il doit sentir que ses parents
sont toujours là). Ensuite cela permet aux éducateurs et aux
parents de travailler ensemble, avec des objectifs communs. Les parents se
sentent moins isolés, et peuvent peut-être trouver en nous, un
appui, un relais dans leur « métier » de parents.
Je pense que l'éducateur possède une place
primordiale et centrale dans la relation parent - enfant. Et nous ne devons
jamais dénigrer devant les enfants les mots ou les comportements de
certains parents car nous ne sommes pas là pour porter des jugements.
d) Le rôle de référent :
La relation éducateur référent et enfant
est très particulière.
Ainsi durant mon stage de troisième année, j'ai
souvent entendu dire venant d'un enfant « c'est mon
éduc ». A l'inverse les éducateurs me disaient
« c'est mon gamin ». Cela marque bien le processus
d'appropriation dans lequel les deux personnages sont engagés. Le risque
est alors celui de l'enfermement de l'un à l'autre dans une relation
fusionnelle.
Dans certaines institutions, il y a ce qu'on appelle des
éducateurs référent. C'est-à-dire qu'ils ont en
charges un ou plusieurs enfants. En fait, leur propre rôle est
d'être garant du projet de l'enfant.
Au foyer de l'enfance de Lille, chaque jeune a un
éducateur référent. Dès l'arrivée d'un
enfant, un éducateur se propose pour être son
référent. Autrement dit, le jeune va s'adresser plus
particulièrement à « son éduc ». Ce
dernier a pour rôle de travailler sur la globalité de la situation
du jeune. Le référent aura alors une relation plus
privilégiée avec la famille, l'école, les
différents partenaires. Le rôle de référent conforte
aussi tous les partenaires extérieurs qui n'ont affaire qu'à une
seule et même personne et qui plus est connaît bien le dossier du
jeune.
Amandine est une jeune adolescente de 14 ans, placée au
foyer pour avoir subi des violences sexuelles de la part de son père, sa
mère étant malade psychologiquement, elle ne pouvait avoir la
garde d'Amandine. C'est une jeune fille assez rebelle envers les autres
enfants, qui n'accepte pas beaucoup l'autorité, mais finit par s'y
plier. Un soir où je lui demande de m'aider à débarrasser
la table, elle prend ça pour une punition, renverse toutes les chaises,
m'insulte gratuitement, mais au bout de 5 minutes, se calme toute seule,
revient me voir dans la cuisine et m'aide à débarrasser comme si
de rien n'était. C'est une enfant surprenante et déstabilisante
à la fois.
Cela dit, Amandine avait la manie de ne s'adresser qu'a
« son éduc » comme elle l'appelait. Puisqu'elle
avait compris que c'est lui seul qui gérait les visites avec sa maman,
avec son papa en prison, au tribunal...C'était la seule enfant du groupe
qui n'appelait pas l'éducateur par son prénom mais elle disait
toujours « mon éduc ». D'ailleurs il y avait, avec
les autres enfants que l'éducateur avait en charge, une sorte de petite
rivalité gentille. « C'est mon éduc, pas le tien,
j'était là avant toi ». Mais je pense quand même
qu'elle le faisait exprès pour nous déplaire, car elle savait
très bien que l'équipe éducative autour d'elle
démarrait au quart de tour quand on l'entendait dire cette phrase.
Cet exemple montre bien la relation privilégiée
qu'on peut avoir avec un jeune en étant son référent.
La non référence dans une institution peut tout
aussi bien fonctionner. Autrement dit, tous les membres de l'équipe sont
référent de tous les enfants. Par contre dans ce système
là, il est important que le travail d'équipe soit bien fait, et
que la parole circule normalement, d'où l'importance des réunions
d'équipes pour pouvoir échanger avec les différents
collègues. La communication entre nous doit être efficace et cela
permet à chaque éducateur de suivre au mieux le projet de
l'enfant afin de lui apporter les réponses nécessaires, en cas de
besoin de l'enfant, sans attendre le retour de l'éducateur
référent. Le jeune n'est ainsi pas tenu de rencontrer toujours le
même éducateur, car que faire quand le jeune ne s'entend pas avec
l'éducateur référent ? Est-ce l'accompagnement du
jeune qui en pâtit ? De plus, cela permet au jeune de ne pas
différer sa demande. On ne va pas dire à un adolescent,
« ton éducateur est en vacances pour une semaine, reviens la
semaine prochaine avec tes problèmes ! »
Le rôle de référent peut donner lieu
à un débat. Cela dépend des institutions. Pour ma part,
l'éducateur référent permet une bonne relation avec le
jeune et donc peut-être un bon accompagnement (même si un bon
accompagnement ne tient pas qu'à une bonne relation !), en revanche
la non référence permet peut-être une relation plus
homogène dans l'institution.
Pour conclure, l'éducateur a une place primordiale dans
la relation parent - enfant. Il doit avoir une liaison aidante et amener les
parents à s'impliquer davantage dans l'éducation de leurs
enfants. Il doit permettre que chacun (re)trouve sa place, avec les fonctions
qui leur sont propres. Je pense que nous ne devons surtout pas être
inquisiteur, moralisateur et encore moins juge. Nous pouvons parfois aussi agir
pour redonner du sens et du possible à la communication au sein des
familles, en apaisant certains conflits (en expliquant à un adolescent
ce que sont les difficultés d'être parent, et parfois en
rencontrant les parents, leur expliquer ce que vit l'adolescent).
1. LA RELATION
ÉDUCATEUR - ENFANT
Educateur
Parents
Enfants
Il est vrai qu'il y a un certain lien qui existe entre
l'enfant et ses parents. Il existe cependant un lien entre l'enfant et
l'éducateur, mais il y a toutefois une différence.
L'éducateur est là avec son bagage, avec son
vécu, et l'enfant ne tirera profit que de certaines choses de
l'éducateur. Il en est de même pour l'éducateur. Il y a
certaines choses chez l'enfant qui parleront plus que d'autres à
l'éducateur. C'est ce qui fait qu'on apprécie plus ou moins
quelqu'un. La relation passera plus ou moins bien avec un jeune plutôt
qu'un autre.
Le lien éducateur enfant se construit progressivement,
pas à pas, à travers l'attention accordée à
l'enfant. Le lien passe par un tas de choses, ce peut être un geste, une
présence, une écoute. La relation éducative s'exerce
différemment de celle des parents, tout simplement parce que pour
l'enfant, l'éducateur reste un professionnel et n'occupe pas la
même place subjective et symbolique. C'est-à-dire que
l'éducateur n'appartient pas au cercle familial.
L'éducateur peut être sujet à des pulsions
agressives c'est-à-dire en position projective. L'éducateur
travaille généralement avec l'enfant au quotidien, c'est souvent
sur nous que les enfants vont envoyer leur agressivité, leur
incompréhension face au placement, leur solitude. En effet, chaque fois
qu'un enfant s'adresse à moi, il projette ses attentes, ses peurs, ses
espoirs, des soucis dus à son passé, mais aussi des fantasmes
concernant son avenir.
Il existe différentes façons de travailler avec
les enfants.15(*)
Il y a la relation directive ;
c'est-à-dire que l'éducateur impose ses propres règles au
groupe. On peut également l'appeler la relation autoritaire. C'est une
relation à sens unique où l'adulte est prédominant. Les
étapes de la tâche sont imposées au groupe ainsi que les
techniques. Dans ce type de relation, on peut remarquer que les enfants jouent
un rôle pour se conformer à ce que l'éducateur demande. Une
certaine forme d'angoisse se développe ce qui va à l'encontre de
la vraie personnalité de l'enfant.
Chloé est une jeune fille placée à
l'institution depuis déjà quelques années. Elle grandit et
commence à s'affirmer, à s'opposer. Nous sommes en conflit
permanent avec elle, répond et veut continuellement avoir raison. Les
disputes dégénèrent et montent sans cesse en pression.
Avec l'équipe, nous avons donc décidé de réagir de
façon plus autoritaire. « Tu ne veux pas faire ceci, alors
tu montes dans ta chambre un point c'est tout » il n'y a
plus de discussion possible.
La relation non directive, c'est l'enfant qui
décide, mais il y a quand même un cadre. L'éducateur
fournit des matériaux variés et laisse le groupe travailler selon
ses envies. L'enfant est placé au centre de l'éducation. Dans la
relation non directive, on peut retrouver la technique du laisser-faire.
Autrement dit, on ne propose rien à l'enfant ce qui le maintient dans un
certain infantilisme car l'enfant ne se heurte jamais à un obstacle.
Thibaut est un petit garçon de 4 ans inscrit dans
l'école ou je travaille. C'est un enfant assez dur qui refuse tout. La
socialisation est difficile car il ne fait que mordre ou taper ses camardes de
classe. La maîtresse et moi n'avons aucune autorité sur lui. A
côté de cela, quant il est seul ou avec un adulte il peut
être très attachant, du moment qu'on ne lui demande rien. Pour
éviter d'être inlassablement en opposition avec lui, il nous
arrive parfois de le laisser tranquille et il vaque à ce moment
là à ses occupations et n'embête personne. Il ère
dans la classe ce qui le maintient dans une forme d'infantilisme.
La relation démocratique,
l'éducateur fournit la perspective des différentes étapes.
L'éducateur suggère une activité par exemple, mais c'est
le groupe qui décide. C'est le pouvoir à la majorité, il y
a la notion de vote. La relation démocratique s'oppose à la
relation autoritaire, elle s'établit lorsqu'il y a un rapport
d'égalité.
Dans la classe maternelle où je travaille, en
dernière partie d'après-midi, c'est activités manuelles.
Je propose aux enfants en général trois activités
différentes. De la peinture, du découpage et collage ou de la
pâte à modeler. Je dispose le matériel sur trois tables
différentes et les enfants font l'activité qui les
intéresse. C'est eux qui choisissent.
Ces différentes attitudes, qu'elles soient directives,
non directives ou démocratiques, ne sont pas permanentes. Selon les
personnalités des enfants, nous réagiront différemment.
a) Un pôle
identificatoire
L'éducateur est un pôle identificatoire pour
l'enfant, qu'il soit homme ou femme, il offre à l'enfant « un
autre » auquel il peut s'identifier. Selon Daniel Roquefort16(*) « ce n'est que
dans un temps second que l'éducateur pourra jouer le rôle social
dévolu à l'homme ou à la femme et offrir à l'enfant
ou à l'adolescent un pôle identificatoire. »
Autrement dit, c'est dans un deuxième temps qu'intervient cette
identification imaginaire de l'enfant à l'éducateur. Car
l'éducateur supporte la fonction parentale aux yeux de l'enfant
placé.
L'éducateur est donc un pôle identificatoire dans
le sens où il incarne le père et ou la mère. Ainsi, un
éducateur incarnera de façon plus virile son côté
masculin, une éducatrice, sera plus affective que d'autres. Dans
certaines institutions, il y a des « couples
éducatifs ». Lors de mon stage de troisième, j'ai pu
observer ce comportement, c'est-à-dire que chaque enfant avait deux
référents : Un éducateur et une éducatrice.
L'un représente souvent la loi, fait respecter les règles,
l'autre a pour mission de soigner, d'écouter les petites confidences.
L'éducateur homme ou femme n'a pas le même impact sur les enfants.
Ainsi, les différents éducateurs permettent à l'enfant
d'offrir autant de pôles identificatoires.
Le pôle identificatoire de l'éducateur permet
d'avoir une continuité éducative et relationnelle stable, servant
de repère au sujet.
L'éducateur spécialisé est, pour partie,
un transmetteur des limites posées par la société :
les normes. Il sert de repère à la personne accompagnée.
Par sa façon d'être ou d'agir, il indique au jeune ce qui est de
l'ordre de l'admis ou du proscrit, il le guide.
Enfin, l'instauration d'une relation personnalisée fait
entrer le professionnel dans une logique de suppléance parentale, dans
la mesure où l'enfant va s'adresser à l'éducateur
plutôt qu'à ses parents pour ses demandes et besoins. Nous
exerçons en effet, un rôle d'écoute, d'observation et de
guidance. Nous prenons vite une place importante dans l'univers de l'enfant,
étant souvent sollicités pour répondre à ses
besoins. Un enfant quand il nous demande quelque chose il nous demande en
réalité de pouvoir compter sur nous à partir de la
relation privilégiée qui peut s'être établie. Je
pense notamment à la fonction de référent de
l'éducateur.
b) T'es pas ma mère :
Jeanne a 10 ans et est placée en institution avec son
petit frère Antoine. Jeanne est une jeune fille très
intelligente, vive, très protectrice par rapport à Antoine,
à du mal avec l'autorité et aussi très revendicatrice.
Pour comprendre la situation, il faut remonter un peu en
arrière. Le père veut quitter le domicile conjugal. La maman,
qui n'accepte pas la séparation d'avec le père de ces enfants,
commet un acte qui met en danger son fils Antoine ; elle promène
avec lui au milieu d'un carrefour avec une circulation intense. On ne
connaît pas les intentions de la mère à ce moment.
Tentative de suicide entraînant son fils avec elle ? Provocation
à l'égard de son mari pour lui faire peur ? Mais la
conséquence de cet acte est le placement des deux enfants à Notre
Dame des Anges.
Les deux parents doivent se contenter tous deux de visites
encadrées chaque mercredi après-midi durant quelques heures. A la
fin du placement, les parents obtiennent chacun un droit de logement de leurs
enfants un week-end sur deux en alternance.
Comme je l'ai dit, Jeanne avait du mal avec l'autorité.
Elle se croyait suffisamment mûre pour décider. Elle bougonnait
facilement si quelque chose lui était imposé. Et surtout
réagissait fréquemment ainsi : « T'es pas ma
mère, t'as rien à me dire ». Ce à quoi nous
répondions : « Non tu as raison, c'est vrai, mais j'agis
pour elle, comme elle le ferait pour toi. Ta maman voudrait que tu deviennes
une jeune fille bien raisonnable et donc, elle ne te laisserait pas faire tout
ce que tu désires » Elle recherchait des explications quant
à sa situation familiale. Elle avait besoin de comprendre.
Dans le fond, elle n'avait pas tord. Nous ne sommes pas ses
parents et nous ne remplaçons pas ses parents. Cette phrase, traduit
pour moi, une souffrance. Elle souffrait de son placement et aspirait une
amélioration dans la relation père-mère pour qu'enfin elle
puisse rentrer chez elle. Elle voulait que ses parents retournent vivre
ensemble « comme avant ». De ce fait, elle ne voulait pas
qu'on lui dise ce qu'elle doit ou ne doit pas faire. Elle ne voulait pas avoir
affaire à des éducateurs, elle voulait ses parents. Elle avait du
mal à accepter les remarques qui ne viennent pas de ses parents.
« T'es pas ma mère, t'as rien à me dire »
traduit le fait qu'elle nous en voulait d'être placée. C'est une
façon de dire « je ne t'accepte pas en tant qu'adulte qui
décide pour moi. »
Je pense que Jeanne éprouve de la colère. De la
colère envers nous, pensant que nous sommes là pour remplacer ses
parents. De la colère envers ses parents pensant qu'ils ne font rien
pour la récupérer, son frère et elle. Elle ne comprenait
pas car elle savait que la situation de ses parents s'était
améliorée, le père avait une nouvelle compagne, la maman
bénéficiait maintenant d'un droit de logement. Alors pourquoi ne
pouvait-elle pas rentrer chez elle ?
Nous lui avons expliqué que ses parents étaient
encore à l'épreuve pour le juge, qu'un retour en famille serait
trop précoce et donc qu'il y aurait un risque de rechute pour la famille
et par conséquent un deuxième placement pour les enfants. Jeanne
connaissait les raisons de son placement « Maman a mis mon petit
frère en danger » mais ne comprenait pas ce qui avait pu
déclencher ce coup de folie de sa maman. Nous, éducateurs, ne
savions pas et ne pouvions pas lui expliquer. On ne dit pas tout à une
enfant de 10 ans. Il faut préserver l'image des parents.
Mais pour une enfant de 10 ans, c'est normal qu'elle ne
comprenne pas ce qui lui arrive. Elle nous rend responsable d'être
« encore » placée. Quand Jeanne nous dit :
« t'es pas ma mère, t'as rien à me
dire ! » elle nous exprime également sa colère,
son incompréhension, son ras le bol.
LA RELATION
ÉDUCATEUR - PARENT
Educateur
Parents
Enfants
Le lien éducateur - parent ; est un lien assez
difficile car les parents ne sont pas toujours coopératifs avec
l'équipe pluridisciplinaire. Les éducateurs sont parfois vus
comme des « enleveurs » d'enfants aux yeux des parents.
Nous devons alors travailler avec la famille, et lui faire comprendre que
notre travail est de les aider momentanément dans leurs
difficultés familiales. Il arrive souvent que les familles soient en
désaccord avec l'ensemble du système judiciaire (juge, assistant
social, éducateurs...) soit parce qu'ils ne veulent pas voir leurs
difficultés en face, soit parce qu'ils n'acceptent pas qu'on leur ait
pris leurs enfants et ont peur des réactions de l'entourage.
A l'inverse parfois, la relation se passe très bien, il
y a une forme de cohésion autour du jeune. Il peut y avoir un relais qui
s'installe entre les adultes au bénéfice de l'enfant. Lors d'un
stage, j'ai rencontré une situation où la maman avait très
peur du placement de sa fille (ancienne jeune placée). Voyant sa fille
vivre sereinement au sein du groupe de vie, la maman s'est apaisée.
Depuis, la relation avec les éducateurs se passe mieux.
a) Relation
complémentaire
La mesure de placement signe parfois l'incapacité des
parents et entraîne souvent un sentiment dépressif d'insuffisance,
voire de déchéance. Parfois il arrive que les enfants soient
placés car les parents sont fatigués. Certains parents sont
prêts à accepter n'importe quel placement, en revanche, d'autres
craignent que l'éducateur accapare leur enfant. La question de la
rivalité entre parents et professionnels est certainement l'une des plus
difficiles à traiter dans un travail institutionnel. Néanmoins,
elle conditionne l'évolution ou à l'inverse la stagnation de
l'enfant. En effet, un travail éducatif sera d'autant plus efficace s'il
y a une collaboration entre parents et éducateurs.
Fréderic Jésu17(*) parle de co-éducation :
« La coopération active et éclairée des
parents, des professionnels et des autres acteurs, privés ou publiques,
de l'éducation sociale et institutionnelle de l'enfant. »
Par définition, l'éducateur spécialisé qui
travaille auprès d'enfants ou d'adultes, en milieu ouvert ou en
internat, est acteur de cette co-éducation.
A mon avis, co-éduquer implique d'abord de se sentir
concerné par la situation des jeunes. Pour une bonne
co-éducation, il faut que nous soyons avec les parents, cohérents
vis-à-vis de l'enfant. C'est-à-dire qu'il faut que la dyade
éducateur - parents, décide ensemble d'une conduite à
tenir afin que chacun puisse répondre aux besoins et aux demandes de
l'enfant.
Pour moi, en tant que future professionnelle, il s'agit de
prouver aux parents que je ne suis pas là pour les juger, ni pour les
remplacer mais bien pour leur démontrer la nécessité d'une
collaboration dans l'intérêt de l'enfant.
L'important est d'instaurer une relation. Si les parents
acceptent l'éducateur en tant que professionnel, le travail axé
avec l'enfant sera positif. C'est ce que j'appelle une relation
complémentaire ; les deux systèmes, familial et
éducatif se complètent l'un l'autre pour une meilleure entente
concernant l'enfant.
Il est important de faire participer les parents à la
prise en charge de leurs enfants, surtout si un retour en famille est
envisagé. Avec les parents il y a un travail d'écoute car
beaucoup de parents vivent mal le placement. On peut aussi jouer un rôle
de médiateur lorsque les relations entre parents et enfants sont
conflictuelles. Toutefois, le travail en collaboration avec les parents est
important afin de trouver rapidement la solution la plus adaptée pour
leur enfant.
Comment intégrer les parents ? En tant que future
éducatrice il est de mon devoir de mettre en place un partenariat entre
parents et professionnels dans le cadre de l'éducation de l'enfant.
Cette relation peut se faire à travers divers exemples. Il ne faut pas
oublier que l'enfant a une place essentielle dans le partenariat car il est
l'enjeu des échanges. C'est pour lui que parents et professionnels
s'affairent.
· Inviter les parents aux fêtes d'écoles
et/ou aux réunions de parents, les appeler personnellement et leur
expliquer que l'enfant fait une danse ou un chant avec l'école et que la
venue des parents est souhaitable.
· Organiser avec les parents un pique-nique à
l'extérieur de l'institution. Ce serait un moment remplis
d'échanges entre l'éducateur et les parents mais aussi cela
permettrait de passer du temps avec leurs propres enfants. La relation
passerait peut-être mieux que derrière un bureau, il y aurait plus
de complicité.
· Envoyer des photos aux parents de l'enfant et
inversement. Les parents auraient l'impression de rester en contact avec leur
enfant, ils pourraient l'imaginer dans l'institution. Prendre une photo quand
il joue dans sa chambre, quand il fait ses devoirs, quand il mange, à
son anniversaire...Tous ces petits moments qui échappent aux parents et
qui peuvent donner l'impression que les parents n'ont pas vu leur enfant
grandir.
· Demander aux parents quelles sont leurs habitudes,
leurs pratiques personnelles, sans être intrusive. Par exemple qu'est-ce
que l'enfant aime manger, est-ce qu-`il y a la lecture d'une histoire le
soir...tous ces petits rituels qui rassureront l'enfant.
· Donner un moment de la journée aux parents, dans
l'institution, pour s'occuper de leur enfant, avec notre aide. Ce moment peut
être au lever. Organiser avec les parents un jour où ils
pourraient venir réveiller leur enfant et déjeuner avec lui. Ce
moment peut être le soir lors du bain, ou du repas.
Toutes ces propositions ne sont peut-être pas
applicables car cela dépend de la situation familiale, de la raison du
placement, de l'organisation de l'institution. Mais si je pouvais avoir carte
blanche pour travailler avec les parents, si tous les moyens nécessaires
était réunis, ce serait un vrai bonheur pour les parents, pour
les enfants et pour nous-mêmes que de travailler ainsi en
cohésion.
Tout ces exemples amélioreraient la relation
éducateurs - parents et favoriseraient l'accompagnement du jeune. Car
nous formerions une vraie équipe autour de l'enfant.
b) Relation conflictuelle
Si la relation est mauvaise, notre travail sera d'autant plus
difficile car la famille n'est pas en relation avec l'institution.
Le placement fait peser sur la famille l'image de mauvais
parents. Il remet en cause leur statut et dévalorise la famille aux yeux
de tous. Les parents se jugent alors fautifs et ressentent un lourd sentiment
d'incapacité. De ce fait, le retrait de leur enfant est une
véritable blessure, et ce, je pense, quelque soit le positionnement des
parents à l'égard du placement de l'enfant. Ainsi toute
décision de retirer l'enfant de son milieu familial est douloureusement
vécue.
Elle peut être vécue comme une atteinte au groupe
familial qui est déjà souvent fragilisé, mais elle peut
être également vécue comme une blessure narcissique.
C'est-à-dire que chaque parent peut se sentir blessé par rapport
à son image personnelle mais aussi dans sa fonction de ne pas avoir
assuré le rôle parental.
Comme le précise Myriam David 18(*) « Les parents
vivent le placement comme une dépréciation, une disqualification,
un jugement ; ils se sentent mauvais : parents inaptes, incapables,
indignes et aussi coupables donc punis et
sanctionnés. »
De plus le placement suscite chez certains parents des
réactions agressives de rejet à l'égard de l'institution,
voire de leur propre enfant.
Cela je l'ai vécu durant mon stage de première
année. Une maman refusait tout échange avec l'équipe
éducative et « oubliait » consciemment de prendre
des nouvelles de ses enfants. Ces enfants bénéficiaient d'un
retour famille tous les week-ends. Tous les vendredis, la maman
téléphonait à l'institution pour dire qu'elle avait un
empêchement de dernière minute et qu'elle ne pourrait pas venir
les chercher.
Toutefois chez certains parents nous pouvons percevoir une
relative acceptation de la séparation. D'après Maurice
Berger19(*),
« ce serait dû au fait d'un aménagement de la part
des parents d'une aire illusoire ». Ce qui leur permettrait de
supporter de manière prolongée l'absence de leur enfant. Ils se
construisent alors comme si leur enfant allait leur être rendu
prochainement.
C'est le cas de Madame F, mère de deux fillettes,
durant mon stage de troisième, qui a souhaitée elle-même
placer provisoirement ses enfants.
c) Où sont mes filles ?
Lors de mon stage au foyer de l'enfance de Lille, j'ai pu
remarquer que tous les parents n'avaient pas leur place dans la relation
triangulaire idéale : institution - enfant - parent. On parle alors
de relation dyade quand seulement deux protagonistes sont réunis, au
lieu de trois !
En effet, le foyer de l'enfance de Lille est un foyer
d'urgence. Autrement dit, on y accueille des enfants et adolescents qui sont en
danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Danger qui peut bien
évidemment venir des parents. De même, certains parents sont,
suite à un jugement, déchus de leurs droits parentaux, il me
semble donc difficile, dans ce cas-ci, de travailler et de prévenir des
changements concernant les enfants.
A l'inverse, quand ce n'est pas le cas, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas de danger pour les enfants de la part des parents, j'ai
constaté que les éducateurs n'étaient pas forcément
en étroite collaboration, dans le sens où ils ne demandent pas
l'avis des parents mais plutôt, les informent du changement, ce qui est
nettement différent. Je me souviens par exemple, que deux soeurs Lisa et
Mathilde, sont arrivées au foyer parce que la maman ne savait plus
s'occuper d'elles. La maman nous avoua qu'elle risquait de faire une
bêtise et qu'elle préférait que ses filles soient
placées temporairement, le temps qu'elle se rétablisse
moralement. Je trouve déjà que c'est une excellente
démarche et je pense sincèrement qu'une collaboration avec la
maman est faisable et indispensable, au vu de l'état conscient et
responsable de la maman. Le juge a donc décidé d'un placement
provisoire de 6 mois avec obligation pour la maman de se faire soigner et
autorisation de visite deux fois par semaine (le mercredi et le samedi) au sein
de l'institution.
Une semaine après leur placement, il a
été décidé par l'équipe éducative que
les deux fillettes changeraient d'école à trois mois de la fin de
l'année scolaire, il faut le préciser, pour un souci
d'organisation de l'équipe. J'ai trouvé ce changement totalement
déplacé. Il n'y a eu aucune communication avec la maman pour
parler de cette décision brutale. Il est important de préciser je
pense, que la maman a été mise au courant deux semaines plus
tard !
Je pense que c'est une faute énorme commise par
l'équipe éducative et qui a manifestement entravé la
collaboration éducateur - parent. La mère s'est sentie trahie,
elle a voulu confier ses enfants et elle s'est retrouvée avec des
décisions qu'elle était obligée d'accepter.
Quand l'éducatrice référente des deux
soeurs a téléphoné à la maman pour, enfin, la
prévenir, celle-ci a dit : « Nous avons
changé d'école vos filles », alors qu'il aurait fallu
dire, pour une meilleure relation et pour un meilleur travail :
« Nous pensons changer d'école vos
filles ». Nous aurions dû demander son accord, la maman a
encore son mot à dire, elle n'est pas déchue de son droit
parental, alors pourquoi l'avoir mise dans une situation, que manifestement,
elle ne pouvait plus contrôler ?
Ce genre de situation n'est bénéfique pour
personne, car cela entrave la relation éducateur - parent ;
éducateur - enfant mais aussi enfant - parent.
Cette situation n'aurait jamais du avoir lieu. La maman nous a
confié ses enfants le temps qu'elle se soigne moralement, c'était
une façon de nous demander de l'aide. Nous aurions du répondre a
sa demande et travailler avec elle en collaboration. Au lieu de ça,
c'est comme si nous lui avions enlevé ses enfants, cette mère de
famille a du se sentir trahie. Comment peut-elle, par la suite, avoir confiance
en nous, éducateurs, et travailler en partenariat ?
Nous n'aurions pas du changer d'école les enfants, Lisa
et Mathilde étaient je pense assez chamboulées par ce qui leur
arrivaient, pour décider de les changer d'établissement scolaire.
Il est vrai que ce changement s'est fait pour une question d'organisation du
service (la conduite des enfants le matin à l'école). Cela dit,
je pense qu'un arrangement avec l'école était possible, autrement
dit leur demander si c'était possible que Lisa et Mathilde arrivent avec
5 minutes de retard par exemple.
Il est cependant essentiel parfois, qu'il y ait une coupure
entre les parents et les enfants, surtout en cas de graves conflits et/ou de
danger. Ceci afin de permettre de repartir sur de bonnes bases. J'entends par
le mot coupure, pas un arrêt total des relations, car c'est impossible
mais plus une pause dans la relation. Car même si les parents sont
maltraitants par exemple, cela reste des parents et les enfants en ont
besoin ! Le juge donnera toujours l'autorisation de garder un contact
minimum (coup de téléphone, visite encadrée...) Il faut
privilégier la relation triangulaire ; institution - enfant -
parents afin d'aider au mieux le jeune.
Cependant, le partenariat et la collaboration sont essentiels
dans la prise en charge éducative. Il est vrai que lorsqu'un
professionnel dénigre ou néglige les parents, comme nous venons
de le voir, je pense que c'est l'enfant et son devenir qu'il dédaigne.
Mais c'est aussi l'enfant et son avenir qui sont dépréciés
quand les parents ignorent ou disqualifient les professionnels.
QUELQUES MODÈLES DONT PEUT S'INSPIRER LE TRAVAIL
ÉDUCATIF
a) L'approche systémique :
L'approche systémique se distingue des autres approches
par se façon de penser les relations humaines. En effet, la personne
n'est pas le seul élément analysé dans la démarche.
L'éducateur accorde aussi une importance aux différents
systèmes dont l'enfant fait partie, notamment au système
familial.
L'histoire de la famille agit inconsciemment sur l'individu.
Nous ne pouvons donc pas travailler avec un enfant, sans travailler avec sa
famille. Car cet enfant transporte avec lui des valeurs, des émotions,
des comportements véhiculés par la famille. C'est ce qui
constitue une personne à part entière.
Il est donc essentiel de définir avec la famille les
problèmes et les objectifs à atteindre. Car agir sur une personne
seule ne présente pas d'intérêt d'où l'importance
d'une coopération avec la famille. (Si on oblige un jeune enfant
à nous donner la main dans la rue, il faut que quand il rentre chez lui
le week-end, les parents en fassent autant, sinon notre travail n'aura pas de
portée.)
Le public ciblé pour ce genre d'approche est donc la
famille avec un membre porteur de symptôme. En systémique l'accent
est mis sur la communication : « Il est impossible de ne pas
communiquer20(*) » et suppose que la communication
à un effet quant au comportement : « Tout
comportement est communication, et toute communication affecte le
comportement 21(*)» en effet, on ne peut pas ne pas avoir de
comportement, et tout comportement fait passer un message à l'autre. (Si
une personne me parle et qu'en retour je baille ou regarde l'heure, je fais
passer un message involontairement.)
Les éducateurs privilégient le travail avec les
familles et non seulement avec l'enfant. On prend donc une place dans le
système familial en supposant être levier de changement. Nous
sommes là pour que des changements s'opèrent, pour qu'il y ait
une amélioration, pour que la famille trouve un nouvel équilibre.
Pour ce genre de modèle, le travail en milieu ouvert est
privilégié.
b) Le modèle humaniste :
Un des pionniers de l'approche humaniste est Carl Rogers. Ce
modèle cherche à développer chez la personne la
capacité de faire des choix personnels : « Choisir
c'est devenir autonome22(*) ». Cette approche s'applique à
tout le monde : enfants, adolescents, adultes. Chaque personne est
responsable de sa vie et doit accepter d'être libre, de faire les choix
qui se posent à elle dans la vie.
Dans cette optique, la personne a toujours le choix et a le
pouvoir sur sa vie. L'humanisme permet à l'individu de s'exprimer,
d'être entendu, de se développer librement, de faire des choix de
manière autonome. On n'impose rien à la personne, on lui
propose ; à elle de choisir.
L'éducateur doit adopter quelques attitudes pour aider
la personne à se sentir reconnue comme par exemple, être vrai dans
ce que l'on vit et ressent par rapport à la personne, avoir la
capacité de sentir ce que l'autre vit, le respect, la confiance,
l'ouverture à l'autre. Il s'agit de créer des espaces où
la personne peut s'exprimer librement et être entendue.
Je pense que cette approche humaniste est un bon modèle
pour travailler avec les enfants et/ou adolescents. Cela permet de leur
(re)donner confiance en eux et dans la vie, cela les ouvre aux changements, aux
relations avec les autres ; la personne devient un être responsable
par le fait qu'elle prenne des choix, elle devient plus autonome. Une question
s'impose à moi : la responsabilité tient-elle uniquement au
fait de savoir faire des choix ?
Je ferai quand même une critique sur ce modèle
humaniste. Nous sommes dans une relation de non directivité avec ces
personnes, on les laisse décider, faire leurs propres choix, ce qui
soulève une question : comment vivre ensemble si rien ne
dépasse la personne et son désir ? Je trouve que le
collectif y a peu de place.
c) La psychiatrie alternative :
Elle peut s'appliquer à certaines institutions ayant
des personnes souffrant d'un désordre de la personnalité et des
patients des hôpitaux psychiatriques.
Selon Basaglia, nous devons rendre à la personne sa
place d'individu. Il faut la traiter comme une personne capable de
responsabilité et d'autonomie. La personne et sa famille ont besoin
d'aide. Dans la perspective de Basaglia, il faut vider les hôpitaux
psychiatriques et développer des structures faisant partie de la vie
sociale. Pour cela il faut travailler avec les familles même si la
personne est prise en charge dans une structure de soins. Basaglia voudrait
créer des institutions permettant d'accueillir ces personnes, avec le
personnel soignant, où il n'y aurait plus cette étiquette de
« fou » de « folie ». Changer les
représentations par rapport à la folie et changer les modes de
prises en charge. Le personnel soignant assurerait le travail médical
quant aux éducateurs, notre rôle serait de concevoir la vie de
côté du collectif, avec ses règles de vie, la prise de
parole, le développement de l'autonomie, la capacité de faire des
choix. Afin que ces personnes s'insèrent au mieux dans la
société.
c) La pédagogie institutionnelle :
S'adressent aux adultes et/ou aux enfants avec ou sans
problèmes particuliers. Cette pédagogie consiste essentiellement
en des temps de paroles mis en place. Ces lieux de paroles ont deux buts :
permettre à l'enfant de dire ce qui lui tient à coeur et
d'encourager l'expression orale. La personne, enfant ou adulte, est partenaire
de dialogue, partenaire dans l'échange. La structuration de ce mode de
travail nécessite un cadre de vie, des limites, des lieux
d'échanges où chacun peut prendre la parole.
Dans la pédagogie institutionnelle, les enfants sont
impliqués dans l'organisation de l'institution. Cela dit, rien n'est
figé, il n'y a pas de niveau à atteindre, la relation est
adapté au niveau et au profit de chacun.
La pédagogie institutionnelle est un bon mode de
fonctionnement selon moi. Elle permet de devenir responsable et de participer
à l'échange social. La parole et l'échange sont mis en
avant. Attention toutefois, il peut y avoir un risque de s'enfermer dans un
groupe et de ne pas savoir prendre de décision seul si le groupe n'est
pas présent.
La liste n'est pas exhaustive, j'ai juste abordé les
quelques modèles possibles dont je peux m'inspirer pour travailler avec
les enfants et la famille. Sachant qu'il n'y a pas de modèle
idéal et qu'ils ont tous des avantages et des inconvénients.
En effet, l'approche humaniste et la pédagogie
institutionnelle me paraissent être de bonnes approches où la
place de l'enfant est respectée. Il est vu comme une personne ayant une
parole à prendre en compte et permet aussi de responsabiliser l'enfant.
L'approche systémique met l'accent sur la famille. L'enfant n'est pas vu
comme le seul « élément perturbateur » de la
famille. C'est toute la famille en entier qui a besoin d'aide. Cette approche
se destine plus au travail éducatif en milieu ouvert. Enfin, la
psychiatrie alternative permet aux enfants atteints de désordre de la
personnalité de retrouver un peu de dignité et d'identité
en ne les considérant plus que comme des malades mentaux ou des fous.
Etre éducateur spécialisé c'est disposer
d'un certain nombre de savoirs, acquérir des outils, un savoir-faire,
mais également un savoir être. C'est-à-dire travailler avec
ce que l'on est, sa personnalité, mais aussi avec ses convictions, ses
valeurs. Ce métier nécessite un questionnement incessant sur nos
actions, car nous travaillons avec des personnes et avons une influence sur
celles-ci. Il est absolument nécessaire d'avoir élaboré
une éthique personnelle pour ne pas tomber dans le piège que
représente le pouvoir sur l'autre. Il ne faut pas perdre de vue
l'éducateur que l'on souhaite être, afin de le confronter à
l'éducateur que l'on est.
J'ai abordé au cours de ce travail de fin
d'études mes conceptions personnelles du métier
d'éducateur spécialisé. J'ai parlé de la
manière dont je souhaite exercer ce métier, je sais cependant que
tout cela n'est pas exhaustif, et qu'en fonction de nouvelles
expériences, de rencontres et de mon parcours personnel, je pourrais
transformer ma vision du travail éducatif et ma manière d'agir,
tout en restant cependant fidèle à certaines valeurs qui me sont
propres.
La base du métier d'éducateur
spécialisé est d'accompagner, de résonner avec l'enfant
dans sa propre souffrance, afin que celui-ci puisse se construire, trouver son
identité et bâtir son propre bonheur.
Voilà maintenant trois ans que je suis à
l'école d'éducateur spécialisé et tout cela dans un
unique but : obtenir le diplôme qui doit me permettre d'exercer le
métier d'éducateur spécialisé et de devenir une
professionnelle dans le domaine du social et de l'éducatif.
Cela veut donc dire qu'à l'issue de cette formation, je
dois être prête et capable d'assumer un rôle, une fonction au
sein d'une équipe éducative et pouvoir donner le meilleur de
moi-même. Je mettrai tout en oeuvre pour devenir une bonne
éducatrice, mon travail portera ses fruits et permettra à
certains de pouvoir évoluer et grandir.
Selon moi l'éducateur est quelqu'un qui doit toujours
rester fidèle à certaines valeurs comme le respect, la
tolérance, le dévouement, et qui doit souvent se remettre en
question car il est évident que je ne peux pas proposer qu'une seule
réponse éducative et que le travail en équipe est une
priorité. En effet, comment pourrais-je apporter, moi seule, toutes les
solutions aux problèmes d'un enfant ?
L'éducateur spécialisé doit être en
mesure de montrer à son public que le bonheur est toujours possible,
même si l'on rencontre des difficultés.
Pour finir, je reprends ce passage de Alain Vilbrod23(*) « Nous dirons
d'eux qu'ils relèvent d'un métier et non d'une profession :
nous nous en expliquerons. Leur rôle est à la fois central et
ambivalent. Gens de coeur, ils doivent savoir payer de leur personne ;
gens de valeurs, ils doivent s'investir sans trop compter et se donner sinon en
modèle, du moins en pôle identificatoire. Simultanément il
leur revient de relayer une technicité, de faire appel à des
connaissances éprouvées ».
Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que l'éducateur,
c'est avant tout, la personne la plus proche de l'enfant. C'est celui qui le
lave, qui reçoit ses gros chagrins, qui lui apprends les limites, qui
lui explique l'absence de son papa aujourd'hui et peut-être demain
encore, qui le berce avant de s'endormir, qui partage ses week-end et ses
réveillons avec lui, qui se lève la nuit pour apaiser ses peurs
et qui se surprend à penser à lui en dehors de ses prestations.
Vaste programme, non ?
Enfin, je voudrais remercier mes professeurs et tous les
professionnels que j'ai pu rencontrer lors de mes différents stages. Ils
ont contribué à éclaircir ma vision de l'éducateur
spécialisé. L'apport théorique que j'ai pu accumuler au
cours de ces dernières années m'a permis d'élargir mon
champ de réflexion et de compréhension face à certaines
problématiques. Mais c'est sur le terrain que les compétences
humaines et professionnelles se dévoilent et se développent de
façon concrète. De plus ma vocation reste constante et je sors de
ces trois années fortifiée et déterminée dans le
choix de ma profession.
BIBLIOGRAPHIE
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aujourd'hui, éd Dunod, 1993
· Jean marie Foucart, déviance et
société, éd Médecine et Hygiène, 1992
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démographies
· Irène Théry, Couple, filiation et
parenté d'aujourd'hui, éd Odile Jacob, 1998
· Jean Le camus, Le vrai rôle du
père, éd Odile Jacob, 2004
· Aldo Naouri, La paternité moderne,
magazine femme actuelle, 1997
· Cours de didactique de première année
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· Daniel Roquefort, Le rôle de
l'éducateur, éd l'Harmattan, 1995
· Frédéric Jésu,
Co-éduquer, éd Dunod, 2004
· Myriam David, Le placement familial, de la pratique
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· Maurice Berger, Les séparations à but
thérapeutiques, éd Dunod, 1997
· Paul Watzlawick, une logique de la
communication, éd Points essais, 1972
· Alain Vilbrod, Devenir éducateur, une affaire
de famille, éd l'Harmattan, 1995
Lien internet
· www.un.org
· www.cgwb.be/dgde/
· www.psychasoc.com
· www.dictionnaire.sensagent.com
* 1 Jean Luc Martinet, Les
éducateurs d'aujourd'hui, éd dunod, 1993, page 77
* 2 Jean Marie Foucard,
Déviance et société, éd médecine et
hygiène, 1992, page 143
* 3
www.un.org Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme
* 4 Convention relative aux
droits de l'enfant.
* 5 Convention relative aux
droits de l'enfant.
* 6 Code de
déontologie
* 7 Chiffres de l'institut
national d'études démographiques
* 8 Irène Théry,
couple, filiation et parenté d'aujourd'hui, éd Odile
Jacob, 1998
* 9 Jean le Camus, le vrai
rôle du père, éd Odile Jacob, 2004, page 155
* 10 Ibid. page41
* 11 Ibid. page 20
* 12 Aldo Naouri, La
paternité moderne, in femme actuelle n°6684, 1997
* 13 www.psychasoc.com
* 14 André Berge, les
maladies de la vertu, éd : Bernard grasset, 1960, page 223
* 15 Cours de didactique,
première année.
* 16 Daniel Roquefort, Le
rôle de l'éducateur, éd l'harmattan, 1995, page 82
* 17 Fréderic
Jésu, co-éduquer, éd Dunod, 2004, page 23
* 18 Myriam David, Le
placement familial, de la pratique à la théorie, éd
ESF, 1997, page 72
* 19 Maurice Berger, Les
séparations à but thérapeutiques, éd Dunod,
1997, page 183
* 20 Paul Watzlawick,
Une logique de la communication, Ed Points essais
-1972 - Page 45
* 21 Ididem. Page 16
* 22
www.dictionnaire.sensagent.com
* 23 Alain Vilbrod, Devenir
éducateur, une affaire de famille, éd l'Harmattan - 1995-
page 13